Finances communales en péril : les villes wallonnes essuient les (em)plâtres
On a reparlé parking gratuit à Verviers et finances des grandes villes au Parlement wallon. Et aussi des banques qui "calent" sur le financement.
- Publié le 14-01-2025 à 20h17
- Mis à jour le 14-01-2025 à 20h40
"Ainsi donc, je suis le méchant ministre qui empêche le redéploiement du commerce au centre-ville", commente François Desquesnes, mi-figue, mi-raisin. C'est que la députée socialiste Valérie Dejardin vient de lui rapporter que, à Verviers, le ministre des Pouvoirs locaux était surnommé le "Boucher des villes" (certains se sont même inquiétés de savoir si c'était Boucher ou Bouchez).
En commission des pouvoirs locaux du Parlement wallon, le ministre a donc fait le point sur le cas verviétois, avec cette heure de parking gratuit que la Région veut interdire, tout en la tolérant provisoirement. Et plus largement sur l'aide financière accordée sous condition aux grandes villes.
Jambe de bois
Ce parking gratuit pendant une heure en ville, en réalité, François Desquesnes trouve que c'est "plutôt une bonne idée". Mais pas quand ça coûte 400 000 euros à la ville sans revenus compensatoires. C'est contraire au contrat passé avec le Centre régional d'aide aux Communes (CRAC).
En quelque sorte, ce n'est pas ce qui est convenu quand une ville est soutenue par la Région pour sauver ses finances, dit-il. Il y a des conditions. Dont l'obligation de maintenir la fiscalité au niveau de 2021. "C'est la règle de base du Plan Oxygène, mis en place par mon prédécesseur Christophe Collignon", rappelle-t-il. En gros, François Desquesnes reste ouvert à la discussion pour Verviers.
Le Plan Oxygène, c'est un emplâtre sur une jambe de bois. Et je le redis".
Mais il pense toujours ce qu'il disait quand il siégeait comme député de l'opposition : "Le Plan Oxygène, c'est un emplâtre sur une jambe de bois. Et je le redis".
La frilosité de Belfius
Peut-être, réagira le socialiste Bruno Lefebvre. Mais les villes ont des charges externes qu'elles ne peuvent supporter seules. "La non-indexation des emplois APE ainsi que l'indexation du Fonds des communes sans la majoration d'un pourcent supplémentaire ne présagent rien de bon. Sans ses villes, la Wallonie n'a aucune chance de se redresser", estime le député wallon de l'opposition.
Au PTB, c'est le refus de Belfius de financer Charleroi, Liège et Mons qui révolte Germain Mugemangango. "La banque refuse donc le financement sans risque : il n'y a jamais le moindre défaut de paiement. En plus, les banques ont un accès direct à des comptes liés aux villes pour se rembourser. Comment expliquez-vous attitude de Belfius ?", lance-t-il au ministre Desquesnes.
"Je suis ministre des Pouvoirs locaux. Je n'ai pas la tutelle ni le contrôle sur les banques", réagit celui-ci. "La Déclaration de politique régionale réaffirme une plus grande responsabilisation des pouvoirs locaux. Chacun devra faire sa part : le Fédéral, la Région et les pouvoirs locaux."
Et s'il a bien lu que Belfius "manifesterait une certaine réticence à formuler des offres en matière de financement des investissements de certaines villes, ça traduit une perte de confiance de la banque envers certaines entités, en raison de leur trajectoire budgétaire. Cette confiance doit être restaurée. C'est ça l'essentiel".
Mais il promet que les grandes villes ne resteront pas sans solution de financement pour leurs projets. "J'y veillerai. On travaille sur le financement des zones de secours, nous cherchons réponses structurelles à la charge des pensions pour les Communes. Mais ne me demandez pas de trouver une solution en 5 ou 6 mois là où mes prédécesseurs n'en ont pas trouvé sur toute une législature."
375 millions en 2025
Il résume. Emplâtre ou pas, le Plan Oxygène sera maintenu pour une vingtaine de villes wallonnes. "Si on arrête, il y aura des risques de défaut de paiement. C'est pour ça que nous poursuivons le mécanisme." Le CRAC lui présentera bientôt un dossier complet à ce sujet.
"La tranche 2025 a été recalculée à 375 millions d'euros. Ce sont des sommes considérables et ça concerne essentiellement les très grandes villes wallonnes. Nous sommes au pied du mur déjà pour l'étape suivante. Mais ça ne nous exonère pas de travailler sur d'autres leviers de redressement des finances wallonnes."