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Voiture connectée : Stellantis s’engage avec Amazon

Le 5 janvier, le groupe automobile Stellantis, ex PSA, a dévoilé un partenariat avec Amazon. Le géant de l’auto fait surtout appel au géant du cloud, AWS, pour consolider sa stratégie logicielle, notamment pour développer les habitacles connectés qui équiperont ses véhicules dès 2024.

Stellantis, propriétaire de PSA et de Fiat Chrysler (14 marques automobiles dont Peugeot, Fiat, Dodge, ou encore Citroën) a profité du CES 2022 pour annoncer un partenariat avec Amazon.

Cette collaboration vise en premier lieu à fournir une infrastructure cloud de référence, à savoir AWS, pour motoriser la plateforme STLA SmartCockpit.

STLA SmartCockpit est présentée comme une plateforme logicielle en développement capable d’animer l’expérience dans l’habitacle des voitures. Il s’agira de déployer des applications basées sur l’IA, un assistant vocal (par exemple Alexa), l’accès à aux sites e-commerce (dont Amazon), et tout un ensemble de services à imaginer.

Dans le cadre de ce contrat pluriannuel, la filiale cloud d’Amazon se chargera également de la formation des ingénieurs logiciels de Stellantis sur ses technologies. Le groupe automobile a déjà annoncé la création d’académies logicielles et data pour « réentraîner » 1 000 ingénieurs et il prévoit d’en former plus de 5 000 d’ici 2024.

Première étape, migrer vers AWS

Dans un premier temps, Stellantis prévoit de migrer les pipelines de données existants consacrés à ses véhicules vers AWS. De son côté, le fournisseur cloud promet de propulser une architecture « data mesh » dotée de capacités « de streaming en temps réel ».

Ce n’est déjà pas une mince affaire. Stellantis revendique 12 millions de véhicules connectés en circulation en 2021. Ceux-ci génèrent plus de 3 000 milliards de points de données par an et les marques du groupe ont assuré plus de 6 millions de mises à jour OTA (Over the air) l’année dernière.

Ce data mesh consiste en un « data lake distribué dans le cloud », selon un rapport du Cigref publié en novembre 2021. PSA voulait remplacer son lac de données maison, et favoriser l’accès aux données éparpillées dans les différentes régions du monde couvertes par le constructeur. D’après le retour d’expérience recueilli par le Cigref, la transition vers le cloud s’est accélérée avec la création de Stellantis en janvier 2021, et les discussions se sont poursuivies toute l’année avec plusieurs fournisseurs. « La politique cloud de Stellantis se construit désormais par des actions de convergence entre les stratégies des ex-PSA et ex-FCA », précise le document.

Pourquoi cette annonce ne concerne-t-elle pas uniquement AWS ? Parce que Stellantis fournira dès 2023 des Dodge RAM ProMaster BEV, des utilitaires 100 % électriques qui compléteront les flottes de véhicules de livraison du géant du e-commerce aux États-Unis. Il s’agit également de proposer les technologies et les services Amazon depuis les véhicules qui sortiront des usines de Stellantis dès 2024.

Cet échange de bons procédés semble avoir pesé dans le choix du fournisseur cloud. Sans dévoiler les détails financiers du contrat, Carlos Tavares, PDG de Stellantis, a évoqué un « accord gagnant-gagnant », lors d’une discussion avec les analystes de Morgan Stanley. Selon lui, Stellantis profite de l’expertise d’AWS dans le développement d’expériences connectées et dans la fourniture de services cloud, tandis que le groupe automobile vend un « nombre significatif » de ces utilitaires RAM à Amazon.

Les trois plateformes logicielles de Stellantis

Revenons à la technique. SmartCockpit s’appuiera sur une architecture embarquée (déclinée par taille de véhicules) et connectée au cloud, intitulée STLA Brain. Comme son nom l’indique, cette unité centrale basée sur un SoC haute performance devra gérer l’ensemble des fonctions d’un véhicule (démarrage, recharge électrique, assistances à la conduite, infodivertissement, etc.) en pilotant les 30 modules dont des ECU et des capteurs embarqués.

STLA Brain est un socle. Il s’agit de bâtir des applications par-dessus l’OS et les middlewares embarqués dans le véhicule. « Des API permettront d’accéder et d’abstraire toutes les données des actuateurs et des capteurs », complète Joachim Langenwalter, SVP, Software Engineering chez Stellantis.

Lancée cet été, Mobile Drive, la joint-venture entre Stellantis et le fabricant de produits électroniques Foxconn, propulse le projet STLA SmartCockpit afin de concevoir des habitacles numériques et des « services connectés personnalisés », selon le communiqué de presse de Stellantis.

Dans le cadre du partenariat avec Amazon, Mobile Drive collaborera avec les équipes d’Amazon Devices, une division qui conçoit des objets connectés grand public, et avec Amazon Last Mile, une entité responsable du développement des technologies en support à la livraison du dernier kilomètre chez le e-commerçant.

En outre, le groupe construit, en partenariat avec BMW, STLA Autodrive, une plateforme logicielle dédiée à la conduite autonome de niveau deux à trois, l’équivalent de ce que propose Tesla aujourd’hui en la matière. Pour atteindre les niveaux 4 et 5, Stellantis s’est tourné vers Waymo, la filiale de Google, dont la flotte de voitures autonomes est principalement composée de minivans Chrysler Pacifica. Ensemble, les deux partenaires développent des capacités d’autonomie de niveau 4 pour le RAM ProMaster Electric.

Stellantis veut générer 20 milliards d’euros grâce au SaaS d’ici 2030

Présentées par Stellantis lors de son Software Day le 7 décembre dernier, les trois plateformes STLA font partie intégrante de la stratégie logicielle du groupe. Cette stratégie motorise un plan commercial basé sur cinq piliers : les services et les abonnements, les fonctionnalités à la demande (augmenter la puissance des véhicules pour les rendre plus sportifs ou pour tracter des charges lourdes), la monétisation des données et la fourniture de services de flotte, l’augmentation du prix des véhicules et de leur valeur à la revente ainsi que la conquête et la rétention des clients.

« Si par le passé, nous avons augmenté nos marges en améliorant les équipements et le niveau de finitions de nos véhicules, notre avenir consiste à offrir à nos clients des services basés sur les logiciels.  »
Mamatha CharmathiSVP Software Business & Product, Stellantis

Objectif : monétiser les véhicules connectés. Le groupe estime qu’il peut proposer des services payants jusqu’à cinq ans après l’achat d’une voiture.

Stellantis prévoit d’administrer 26 millions de véhicules connectés en 2026 et 34 millions en 2030. « Ces services personnalisés généreront de la valeur pour nos clients et des bénéfices économiques conséquents pour notre entreprise », affirmait Mamatha Charmathi, SVP Software Business & Product, chez Stellantis, le 7 décembre 2021. « De cette manière, nous sommes convaincus que nous générerons 4 milliards d’euros de revenus supplémentaires en 2026 et plus de 20 milliards en 2030 ».

Et d’ajouter : « Si par le passé, nous avons augmenté nos marges en améliorant les équipements et le niveau de finitions de nos véhicules, notre avenir consiste à offrir à nos clients des services basés sur les logiciels ». 

Jusqu’alors, les services de connectivité par satellite et la navigation connectée ont été les principaux vecteurs de revenus de cette catégorie, toujours selon Mamatha Charmathi. En 2021, la portion du chiffre d’affaires du groupe liée à cette activité représente 400 millions d’euros.

L’avenir ? Assurance à la demande, service de conciergerie, expérience de conduite augmentée, etc.  Il y a déjà fort à faire. « Notre priorité immédiate est de déployer de nouveaux contenus, dont des services de streaming musical, vidéo et de jeu vidéo, ainsi que des capacités de contrôle à distance dans les voitures déjà en circulation », indique Vishnu Sundaram, SVP, Cockpit & Connected Services, chez Stellantis. 

Stellantis n’est pas le seul à avoir fait appel à AWS. BMW et Volkswagen sont également engagés avec le géant du cloud. Le groupe automobile d’origine française veut devenir une « entreprise technologique », tout comme Renault, Volvo, BMW, Volkswagen, Mercedes qui poussent les mêmes ambitions. Sans oublier la nécessité pour ces constructeurs d’adopter des motorisations plus écologiques. De son côté, Stellantis prévoit d’investir plus de 30 milliards d’euros de R&D et dans des investissements CAPEX d’ici 2025 pour assurer cette transition.

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