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Étude : le retour en grâce des recrutements IT en 2022 (CodinGame)
Selon le rapport annuel de CodinGame, l’année 2022 promet une hausse des embauches des développeurs, dans un contexte de crise sanitaire, d’internationalisation du marché IT et de télétravail pour tous.
CodinGame, la startup montpelliéraine spécialisée dans l’apprentissage du code, rachetée en octobre 2021 par l’Américain CoderPad, vient de publier sa cinquième étude consacrée au recrutement des développeurs.
Entre octobre et décembre 2021, CodinGame a sondé 14 000 développeurs et 4 000 recruteurs en provenance de 131 pays. Ce panel a été constitué auprès de sa communauté composée de 2,3 millions de personnes.
Résultats, l’année 2022 devrait signer un retour en grâce des recrutements IT : 53 % des recruteurs interrogés affirment disposer d’un budget plus important pour embaucher des développeurs.
Mieux, les recrutements de masse s’intensifieront, selon l’enquête. « 35 % des recruteurs prévoient d’embaucher plus de 50 développeurs en 2022 », notent les auteurs de l’étude. Dans le détail, 14,05 % des employeurs veulent engager 51 à 100 programmeurs (contre 14,4 % en 2021).
« Le pourcentage de ceux qui recrutent de 201 à 500 personnes a plus que doublé par rapport à 2021 (2,9 % en 2021 contre 6,7 % en 2022), et le nombre de recrutements de plus de 500 personnes a augmenté de 50 % (4,9 % en 2021 contre 8,2 % en 2022) », précise le document.
Cependant, 38,8 % des recruteurs affirment être à la recherche de 0 à 10 développeurs en 2022, et 25,6 % des entreprises comptent engager 11 à 50 développeurs (contre 38 % l’année dernière).
De manière générale, ce regain des embauches et l’accroissement des budgets annoncés refléteraient « l’urgence, pour les entreprises, de compenser les gels d’embauche, ou les restructurations, liés à la pandémie », constate CodinGame. « Avec le retour à la normale de l’activité, les recruteurs doivent remettre la masse salariale à flot dans des délais serrés ».
CodinGameRapport annuel recrutements IT 2022
La hausse des budgets serait également connexe aux exigences de salaires plus élevés des postulants, d’après les commentaires des employeurs effectués auprès de CodinGame.
Aussi, 42 % des entreprises ont commencé à embaucher des travailleurs indépendants ou externes du fait de la crise sanitaire. Les auteurs de l’étude émettent deux hypothèses pour expliquer ce phénomène : l’incertitude causée par la pandémie et « la difficulté à trouver des candidats sur un marché tendu ; les développeurs ayant aujourd’hui plus de choix avec les possibilités offertes par le télétravail à l’échelle mondiale ».
D’ailleurs, environ 50 % des développeurs interrogés chercheraient un emploi à l’international, contre 35 % en 2020. Les recruteurs suivent de près cette tendance : ils sont 40 % à chercher des profils en dehors de leurs frontières géographiques.
Le télétravail, un prérequis pour les développeurs
De fait, le télétravail est une des exigences renouvelées des développeurs. Dans l’ensemble, 70 % des développeurs souhaitent travailler à domicile, 33 % des sondés désirent télétravailler à 100 % (contre 24 % l’année dernière), 38 % veulent programmer de chez eux quelques jours par semaine et 4 % espèrent rester au bureau à plein temps.
« Heureusement, cela correspond à ce que les recruteurs proposent », remarquent les auteurs du rapport. « Un recruteur sur trois propose le travail à distance complet et 29 % une flexibilité hybride. Moins de 10 % seulement des recruteurs ont déclaré qu’ils n’offraient pas la possibilité de travailler à distance », ajoutent-ils.
Il faut dire que la majorité des programmeurs (66 %) sont passés en distanciel pendant la crise de la covid et assurent qu’ils en sont contents. « En revanche, ceux à qui on a demandé de revenir au bureau sont beaucoup moins satisfaits (33 % de ceux à qui on a demandé de revenir à temps plein ne sont “pas très heureux” ou “pas du tout heureux”) ».
Cela se ressent sur la productivité, d’après les employeurs. L’organisation hybride aurait un impact positif sur la qualité ou la productivité du travail selon 51 % des recruteurs interrogés. Les développeurs en sont moins convaincus : seuls 32 % partagent le même avis.
Ainsi, le télétravail serait à double tranchant : il serait synonyme de gain d’efficacité, permettrait d’enrôler au-delà de ses frontières habituelles, mais augmenterait encore et toujours la tension sur le marché IT et rendrait difficile l’évaluation des « soft skills ».
Un marché « plus tendu que jamais »
D’autant que 46,59 % des recruteurs considèrent que « trouver des candidats qualifiés » demeurent leur défi numéro 1, devant l’identification des talents dont les compétences ne correspondent pas exactement aux rôles recherchés.
« Depuis 2020, “Identifier les potentiels même si les compétences du candidat ne correspondent pas exactement à nos critères” a bondi de la 8e place à la 2e et est en corrélation avec notre constat que davantage de recruteurs recrutent régulièrement des développeurs non issus d’un parcours universitaire ou d’une école d’ingénieurs », constatent les auteurs de l’étude.
En ce sens, 39 % des recruteurs affirment vouloir embaucher des développeurs sans formation initiale ou académique en 2022 (contre 23 % en 2021) et 41 % le feront de manière plus sporadique (56 % en 2021). De l’autre côté, plus d’un développeur sur trois n’aurait pas appris à programmer à l’université.
« Élargir le vivier » : une des solutions envisagées pour lutter contre la pénurie de talents
En outre, 57 % des recruteurs seraient « ouverts à l’abandon du CV », dixit le communiqué de presse de CodinGame. Plus précisément, 30 % d’entre eux répondent oui à la question « seriez-vous prêt à supprimer totalement les CV de votre processus de recrutement ? », 27 % disent « peut être ». Cependant, les entreprises européennes semblent encore attachées au CV : 40 % des recruteurs sont réticents à son abandon en Europe.
La majorité des recruteurs reconnaissent pourtant que les biais sont un problème majeur dans les recrutements IT. Environ 42 % d’entre eux considèrent que le recours à des méthodes d’évaluation basées sur les compétences (celles vantées par CodinGame et CoderPad) permet d’améliorer la diversité, 32 % misent sur l’égalité salariale, 29 % recherchent des candidats issus de la diversité et 28 % des recruteurs font de la sensibilisation aux préjugés inconscients.
Ces déclarations pourraient également expliquer un autre phénomène. Le fait de se démarquer des autres entreprises pour attirer les développeurs est la troisième préoccupation des recruteurs, « signe que le marché est plus tendu que jamais », selon CodinGame. D’ailleurs, la rétention des candidats est la deuxième priorité des recruteurs après « l’expérience candidat » et avant « l’élargissement du vivier de talents ».
Mais « l’élargissement du vivier de talents » passe aussi par la formation en interne. La majorité des entreprises (66,3 %) disposerait de programmes d’acquisition de nouvelles compétences et près de la moitié (49,16 %) de conversion. Cependant, les développeurs ne sont pas forcément au fait de l’existence de ces programmes. Il faut dire que 33,93 % des développeurs interrogés ont moins de deux ans d’expérience.
DevOps, IA et machine learning : les trois compétences les plus recherchées
Cet indicateur est important au regard des compétences techniques les plus demandées en 2022 par les recruteurs. « Cette année, les trois compétences les plus recherchées par les recruteurs sont : le développement Web, le DevOps, et l’IA/Machine Learning, tandis que les développeurs désirent se tourner vers l’IA/Machine Learning, le développement Web, et le développement de jeux vidéo », indique l’étude.
« Cependant, les développeurs souhaitent parfois se tourner vers des domaines qui ne correspondent pas toujours à la demande du marché », remarquent les auteurs du rapport. Les entreprises chercheraient également à embaucher des spécialistes en cloud computing et en gestion de base de données, alors que les développeurs semblent vouloir davantage se former à la blockchain, la robotique, mais aussi – et c’est une exception à la règle – à la cybersécurité.
Concernant les postes les plus difficiles à recruter, les employeurs maintiennent que les ingénieurs full-stack et back-end manquent à l’appel. La majorité des développeurs interrogés ayant un emploi (soit 60 % du panel) disent pourtant occuper ces deux rôles.
« Bien que ces deux postes soient assez courants sur le marché informatique, les recruteurs anticipent des difficultés liées à une importante reprise de l’activité et par conséquent de la demande », explique CodinGame.
Le plus grand écart en la matière concerne le rôle de DevOps, suivi des architectes et des data scientists/experts en IA. L’étude semble présenter un biais : DevOps n’est pas considéré comme un poste par la plupart des développeurs, mais telle une approche ou une philosophie de développement.
Pour autant, les auteurs de l’étude affirment que les programmeurs sondés veulent se former à l’approche DevOps, à l’IA et au machine learning en 2022.
Enfin, les langages les plus populaires chez les deux populations interrogées restent JavaScript, Java et Python, tandis que les entreprises recherchent des individus habitués à React, React Native, Spring, et Angular 2+. À titre de comparaison, Angular est le troisième framework Web le plus utilisé par les 53 000 développeurs professionnels sondés par StackOverFlow, et le troisième le plus réclamé par les recruteurs questionnés par CodinGame.
Comme l’année dernière, les membres français de la communauté de CodinGame sont surreprésentés dans cette étude. Pas moins de 30 % des développeurs et 24 % des recruteurs déclarent vivre en France. Si cela peut fausser la pertinence du rapport à l’échelle internationale, cela s’avère particulièrement intéressant pour évaluer le marché IT dans l’Hexagone.
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