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Les 8 conseils de Colas (Bouygues) pour développer des applications en low-code/no-code

Filiale du groupe Bouygues, Colas a accéléré ses développements en low-code/no-code en 2022, après avoir défini un cadre de gouvernance. En 2024, l’IA pourrait constituer une piste de travail pour aller encore plus loin avec ce type de développements.

Acteur des travaux publics et filiale du groupe Bouygues, Colas employait 58 000 collaborateurs dans le monde (50 pays) en 2022 pour un chiffre d’affaires avoisinant les 16 milliards d’euros. Colas, c’est également une informatique décentralisée et des débuts sur le low-code/no-code en 2020 lors de la crise Covid.

Pour répondre à des besoins liés à la gestion de la pandémie, l’entreprise a dû se doter rapidement de nouvelles solutions applicatives. L’opportunité pour la DSI, Colas Digital Solutions, d’expérimenter et de monter en compétences sur le low-code/no-code afin d’entreprendre des développements plus sophistiqués pour le métier.

Une quarantaine de projets low-code en 2022

Le juridique a été le premier en 2021 à bénéficier d’une application low code. « Nous avons commencé sur cette période à réfléchir à la répartition des rôles entre l’informatique et les métiers », témoignait le 29 février, lors d’une conférence de l’IMA Jean-Michel Maillet, IT Digital Officer de Colas Digital Solutions.

La réflexion a également porté sur le partage des responsabilités entre IT centrale et IT locales. « Cela a été un gros travail en 2021 ». Mais c’est en 2022 que s’engage la phase d’accélération avec le passage de quelques projets à une « quarantaine apportant de la valeur à nos métiers. »

Ce saut quantitatif nécessitait dans le même temps de définir des règles en matière de support et de maintenance des applications développées. En 2023, une équipe delivery est mise en place. Sa fonction est d’accompagner les métiers et le traitement de leurs demandes.

Avec quatre années d’expérience sur ces développements, Colas en retire plusieurs enseignements et souligne ainsi l’importance de l’expérience utilisateur, l’UX.

« Des efforts doivent être faits sur le parcours utilisateur et le design pour favoriser l’adoption » invite l’expert. En termes de gouvernance, il conseille également de confier la mission de la maintenance au concepteur de l’application.

Des plateformes low-code et no-code distinctes

La gouvernance a aussi son importance pour le passage à l’échelle d’applications conçues en local, par exemple le projet Darci, initié aux États-Unis, qui concerne le suivi et la maintenance des équipements.

L’IT de Colas est en effet répartie sur différentes zones géographiques. « Chacune peut développer sur la plateforme, mais localement des personnes sont là pour accompagner. » Un environnement de travail commun est accessible au sein duquel ont été créés des espaces cloisonnés par entités géographiques ou business. Le Corporate dispose aussi de son propre environnement.

La supervision constitue un autre point clé pour la bonne adoption du low code. Elle porte sur les usages de la plateforme, mais aussi sur les performances et les bonnes pratiques des applications hébergées sur celle-ci. Cette supervision a été mise en place en 2023.

Colas a par ailleurs pris le parti de distinguer clairement low-code et no-code. À chacun sa propre plateforme. Le low code repose sur la Power Platform de Microsoft. Pour le no code, l’acteur exploite une solution interne à Bouygues et baptisée Quick Connect.

La plateforme no code traite « des objectifs et des usages distincts », justifie Jean-Michel Maillet. « Les deux plateformes ne font pas appel aux mêmes compétences et n’offrent pas les mêmes facilités d’usage. Le no code fonctionne sur du glisser-déposer de composants ».

100 designers d’applications no-code et 10 000 utilisateurs

Sur le no-code, les métiers bénéficient d’une autonomie complète. L’IT forme des designers – les utilisateurs de l’outil – capables de créer des apps de manière autonome (des formulaires par exemple). « Le no-code offre une façon très simple de capter de la donnée structurée. »

La plateforme compte plus de 10 000 utilisateurs et une centaine de designers chargés. Ces outils ont à ce jour permis la remontée d’un million de déclarations (et donc de données).

Le low-code répond à des problématiques métiers « plus complexes », d’où l’importance d’une UX plus évoluée. C’est sur cette plateforme qu’a été développée l’application Darci, dans l’environnement dédié à l’entité nord-américaine de Colas.

Son but était de répondre aux besoins de surveillance et de maintenance des équipements roulants de l’entreprise. Le suivi a été mis en place dans un mode chatbot sur mobile via des SMS (remontant le numéro de l’équipement). Un échange de SMS permettait ainsi de capter la donnée.

Le fonctionnement a ensuite été optimisé afin de simplifier cette remontée, y compris en mode déconnecté pour répondre à la problématique des zones blanches. L’application Darci a tiré profit du cadre de gouvernance défini pour accéder à des compétences complémentaires au niveau corporate.

Darci enrichie grâce à l’IT centrale

L’accompagnement au niveau du groupe a permis, toujours en low-code, d’intégrer le mode déconnecté, et de basculer sur des QR codes, en remplacement des numéros d’équipements fournis par SMS. L’initialisation (avec du réseau) d’une inspection est déclenchée par le scan du QR code dont est doté chaque matériel.

Les anomalies et les non-conformités signalées par l’utilisateur lors d’une inspection génèrent un bon de travail qui est remonté automatiquement à l’atelier, pour enclencher les opérations de maintenance. L’évolution de l’application Darci a permis un gain de temps estimé à 50 % par rapport aux SMS.

Colas vise les 700 utilisateurs pour Darci (contre 200 aujourd’hui). L’outil low-code a permis par ailleurs de réaliser 2 700 inspections en quatre mois d’utilisation.

Demain l’IA

Pour cette année 2024, la feuille de route de Cola sur le low-code/no code reste à préciser. Mais « l’IA est un des sujets potentiels », confie Jean-Michel Maillet. La filiale de Bouygues souhaite par ailleurs se doter d’une offre de services plus complète sur le low-code no-code.

« L’IA ne concevra pas les applications à notre place. Elle fera plutôt office d’accélérateur », anticipe le responsable. « Pour aller plus loin sur l’intelligence artificielle, nous avons aussi besoin d’identifier de véritables cas d’usage. Sur la base des études que nous menons, nous entrevoyons des perspectives plus intéressantes sur l’automatisation, par exemple afin d’extraire de l’information ».

Comme sur le low-code, le juridique se positionne comme un métier précurseur du fait de ses besoins réguliers d’extraire des informations au sein de documents et de les agréger.

Résumé des bons conseils de Colas

Pour mener un projet de développement low-code/no-code :

  1. Définir un cadre de gouvernance, avec une répartition claire des rôles et responsabilités entre l’informatique centrale, les informatiques locales et les métiers.
  2. Accorder une grande importance à l’expérience utilisateur (UX) et au design des applications pour favoriser leur adoption.
  3. Confier la maintenance d’une application au concepteur qui l’a développée.
  4. Mettre en place une supervision des usages de la plateforme low-code, des performances et des bonnes pratiques des applications développées.
  5. Distinguer clairement les plateformes low-code et no-code, qui répondent à des usages et niveaux de compétences différents.
  6. Pour le no-code, former des « designers » métiers capables de créer des applications de manière autonome.
  7. Pour des développements plus complexes en low-code, faire appel à des compétences complémentaires au niveau corporate.
  8. Identifier de véritables cas d’usage pour aller plus loin avec l’intelligence artificielle, qui pourrait accélérer certains développements.

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