Malgré l’annulation de nombreuses compétitions, tous les sportifs ne sont pas au repos. En Roumanie, le Dinamo Bucarest a demandé à certains de ses représentants de renforcer les effectifs de police sur le terrain.
Dan Savenco avait coché la date sur son calendrier. Pour le pivot et capitaine de l’équipe de handball du Dinamo Bucarest, le huitième de finale de Ligue des champions prévu fin mars face au Paris Saint-Germain revêtait une importance particulière : jamais depuis dix ans, une équipe roumaine n’avait atteint ce stade de la compétition. Face à l’armada française, le défi s’annonçait immense. Et puis, le Covid-19 est arrivé, le match a été reporté.
La Roumanie, comme la quasi-totalité des pays européens, a alors demandé à ses habitants de rester confinés chez eux. Une recommandation dont Savenco n’a pas eu à tenir compte… En tant que membre du Dinamo Bucarest, club multisports parmi les plus célèbres du pays (*) et historiquement lié au ministère de l’Intérieur, le sportif de 34 ans a été appelé à troquer son maillot rouge et blanc pour un uniforme de policier au début du mois. Un changement radical.
Envoyé dans le quartier de Ferentari, l’un des plus difficiles de la capitale roumaine, le handballeur décrivait son premier jour « comme un mauvais rêve ». Il n’est pas près d’oublier son expérience dans la bien mal nommée Aleea Livezilor, l’Allée des Vergers, aux allures de dépotoir à ciel ouvert : « C’est une favela ! Quand je suis sorti de là, j’ai dit à la police : « Vous qui patrouillez ici, qui devez résoudre les conflits ici, vous êtes des héros ». Les gens vous insultent. Mais comment diable pouvez-vous vivre avec ce stress permanent ? (…) En fait, il est plus difficile de tenir là-bas que de vaincre Karabatic et son PSG ».
Si Dan Savenco peut compter sur son 1,98 m pour se faire respecter, la gymnaste Larisa Iordache ne peut pas en dire autant. Quintuple championne d’Europe et médaillée de bronze aux Jeux de Londres, la jeune femme a été affectée au contrôle des attestations et à la circulation. S’affichant tout sourire sur les réseaux sociaux au début de sa mission, la sportive a vite déchanté. Elle a rendu le tablier au bout d’une semaine, déclenchant la colère de quelques-uns sur les réseaux sociaux. « J’ai des problèmes au tendon d’Achille. Je n’ai pas fui mes responsabilités, je pense simplement à ma santé, a-t-elle justifié. Ce n’est pas mon travail d’être dans la rue ».
En Roumanie, peut-être plus qu’ailleurs, les sportifs sont pressés de renouer avec leur terrain de jeu favori.
* Les sections masculines de football, handball, volley-ball, rugby et basket-ball du Dinamo Bucarest cumulent 91 titres nationaux. Le club a également vu passer 122 médaillés olympiques dans ses rangs.