Son nom est indissociable de la télévision française. D’abord, parce que sa mère, Martine, était une grande reporter dont la signature est longtemps apparue dans les reportages des JT de France 2, ensuite et surtout parce qu’Alexia Laroche-Joubert, sa fille, a pris la relève avec brio : à 55 ans, qu'elle vient de fêter, elle est aujourd’hui PDG de Banijay France.
Des jeux comme Fort Boyard, Koh Lanta ou N’oubliez pas les paroles, des émissions comme Touche pas à mon poste, des fictions comme Versailles, de la télé-réalité avec Les Ch’tis : Banijay est un acteur incontournable de la création audiovisuelle française. Alexia en est la boss de la filiale française depuis plus d’un an. Une femme à poigne qui n’a pas hésité à prendre des risques dans sa carrière.
"J'ai souvent dit que j'étais une 'risk taker', vient-elle d’affirmer au magazine Capital. C'est-à-dire que je me suis souvent mise en danger." Une exposition qui lui a valu de prendre aussi des coups, comme lorsqu’elle a produit Loft Story en 2001, lançant en France la télé-réalité, au grand dam de certains. L’émission avait pourtant été un immense succès, au point qu’Amazon Prime Video y a consacré une saison de son programme intitulé Culte, qui ne fait pas que des heureux...
Loft Story avait alors été lancée par le groupe Endemol, pour lequel Alexia Laroche-Joubert travaillait. Or, en 2008, une information importante tombait. Ainsi dans Challenges : "Endemol a confirmé, jeudi 6 mars, le départ d'Alexia Laroche-Joubert, qui "quitte ses fonctions de directrice des programmes de télé-réalité" du groupe "pour se consacrer à la création de sa propre société de production".
À l’époque, peu de détails avaient fuité sur les circonstances entourant le départ de l’ancienne directrice de la Star Academy. Elle vient aujourd’hui de les donner. "J'ai quitté Endemol une main devant, une main derrière, sans droits au chômage, en claquant la porte après treize ans de boîte," confie-t-elle dans cette même interview à Capital, illustrant on ne peut mieux son côté "risk taker". "Je fais partie de ceux qui n'ont pas peur de partir s'ils ne sont plus heureux. Ça fait vingt-huit ans que je suis heureuse avec Stéphane Courbit (actionnaire majoritaire de Banijay France, NDLR). Mais tout le monde sait que je n'ai pas peur et je pense que ça donne une grande force humainement." précise-t-elle dans les pages de notre confrère.
Une force acquise grâce à son expérience. Femme de conviction, courageuse, elle reconnaît dans ce même entretien avoir à ses débuts voulu parfois aller trop vite, quitte à ce que tout le monde ne puisse pas la suivre. "Avec le recul et la maturité, je me dis qu'avant j'avais un leadership dans lequel tout le monde devait monter à bord. Ceux qui ne montaient pas à bord étaient oubliés sur le quai de la gare. En fin de compte, j'ai probablement oublié des gens très bien sur le quai de la gare."
Avec les années, Alexia Laroche-Joubert a donc appris à faire en sorte que tout le monde monte effectivement dans le train qu’elle dirige. "Le but, c'est qu'on y aille tous ensemble." affirme-t-elle aujourd’hui.
Cette force, voire cette dureté dont elle dit faire preuve dans cet entretien, notamment lors des premiers rendez-vous qu’elle peut avoir avec ses interlocuteurs, Alexia Laroche-Joubert l’a aussi forgée dans les épreuves personnelles qu’elle a traversées, et surmontées. En 2003, elle a ainsi dû faire face à la perte de son compagnon, Yan-Philippe Blanc, décédé dans un accident moto. En avril 2021, c’est son jeune demi-frère, Andreas, qu’elle perdait, lui aussi dans un accident de la route.
La famille, la directrice de Banijay n’y a pour autant pas complètement renoncé pour sa carrière. Si elle admet dans cette interview avoir "clairement mis de côté une partie des siens", ses filles, Solveig et Isaure, n’ont en rien pâti des obligations professionnelles de leur mère. "Je leur ai créé un environnement aimant où je n'étais pas toujours présente. Et je veux croire que mes filles vont très bien et qu'elles réussissent dans la vie, avec des valeurs qui sont importantes pour moi."
Seule concession de cette femme à poigne dans cette discussion avec nos confrères, qui a trait à sa vie sentimentale. Alexia, en couple avec Mathieu Grinberg avec qui elle ne passe que la moitié de l'année, confie pour conclure : "Mes mecs vous diront peut-être que je les ai un peu sacrifiés !"