Strategies de Gestion Des Cadres Et Conditions de Vie Des Populations A Abobo

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European Scientific Journal October 2013 edition vol.9, No.

29 ISSN: 1857 – 7881 (Print) e - ISSN 1857- 7431

STRATEGIES DE GESTION DES CADRES ET


CONDITIONS DE VIE DES POPULATIONS A
ABOBO

Eviar Ohomon Bernard


Atta Koffi, Maître de conférences
Gogbe Téré, Maître de conférences
Université Félix Houphouët Boigny de Côte d’Ivoire

Abstract
In recent years, the Ivorian government has made improving
frameworks of living a priority. Thus was created the Ministry of urban
sanitation. Unfortunately, the implementation of policies and strategies for
managing solid waste and wastewater is a problem in the city of Abidjan in
general and particularly in the Abobo causing degradation of managers and
living conditions of people in this county. This study analyzed the main
strategies for waste management (solid and liquid ) established by the people
of the common objective in Abobo seen to improve their management and
living conditions. To do this, an analysis of the overall approach to solid
waste management systems and wastewater management by the people was
made. Thus, two approaches to solid waste management are adopted by the
people of the town. This is the formal management by dealers and informal
management or management companies door provided by precollectors door.
Precollection door to door is the preferred management as practiced by the
people of the town garbage. This system will remove about 76 tons of
garbage per day. This low rate of pre-collection is explained by the lack of
adequate and appropriate equipment. The pre-fetched quantities are dumped
into garbage bins on the sidewalks, in the wild or in places deposits waves.
Regarding the wastewater management, two services are used by
households. It is the collective system of autonomous t or individual system.
Nearly 79.44 % of the population uses the individual system for the disposal
of their wastewater. This system raises the issue of product management for
emptying septic tanks. These products are not managed in a sanitary manner
and causing diseases and degradation of executives and living
In view of the foregoing , it is recommended that the State and local
authorities are involved benefit in the management of waste ( solid and

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liquid) in the municipality to improve the management and living conditions


of populations this common Abidjan device.

Keywords: Quality of life, living conditions, garbage, sewage, sanitation

Resume
Au cours de ces dernières années les pouvoirs publics ivoiriens ont
fait de l’amélioration des cadres de vie des populations une priorité. Ainsi, a
été crée le Ministère de la salubrité urbaine. Mais, malheureusement, la mise
en place de politiques et de stratégies de gestion des ordures ménagères et
des eaux usées pose des problèmes dans la ville d’Abidjan en général et en
particulier dans la commune d’Abobo provoquant ainsi la dégradation des
cadres et des conditions de vie des populations de cette commune. La
présente étude a pour objectif principal d’analyser les stratégies de gestion
des déchets (solides et liquides) mis en place par les populations de la
commune d’Abobo en vu d’améliorer leurs cadres et conditions de vie. Pour
ce faire, une analyse de l’approche globale de gestion des ordures ménagères
et des systèmes de gestion des eaux usées par les populations a été faite.
Ainsi, deux approches de gestion des ordures ménagères sont adoptées par
les populations de la commune. Il s’agit de la gestion formelle assurée par les
sociétés concessionnaires et de la gestion informelle ou gestion porte à porte
assurée par des précollecteurs. La précollecte porte à porte constitue le mode
de gestion des ordures le plus pratiqué par les populations de la commune.
Ce système permet d’enlever environ 76 tonnes d’ordures par jour. Ce faible
taux de précollecte s’explique par le manque de matériels adéquats et
adaptés. Les quantités précollectées sont déversées dans les coffres à ordures,
sur les trottoirs, dans les dépôts sauvages ou dans les endroits vagues. En ce
qui concerne la gestion des eaux usées, deux services sont utilisés par les
ménages. Il s’agit du système collectif t du système autonome ou individuel.
Près de 79,44% de la population ont recours au système individuel pour
l’évacuation de leurs eaux usées. Ce système pose le problème de gestion des
produits de vidange des fosses septiques. Ces produits sont gérés de façon
non sanitaire provoquant ainsi des maladies et la dégradation des cadres et
des conditions de vie des populations.
Au regard de ce qui précède, il serait recommandable que l’Etat et les
autorités locales s’impliquent d’avantage dans la gestion des déchets (solides
et liquides) dans la commune afin d’améliorer les cadres et conditions de vie
des populations de cette commune périphérique d’Abidjan.

Mots clés: cadre de vie, condition de vie, ordures ménagères, eaux usées,
assainissement

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1 – Intrduction
Située à la périphérie Nord de la ville d’Abidjan, la commune
d’Abobo connait une croissance urbaine et démographique très accélérée.
Avec une superficie d’environ 120 Km2, Abobo compte 632237 habitants
(RGPH, 1998). Cette concentration de population pose de nombreux
problèmes liés à la gestion des cadres de vie des populations dans cette
commune. C’est pourquoi nous avons entrepris une enquête sur les stratégies
de gestion des ordures ménagères et des déchets liquide par les populations
de la commune d’Abobo.

2- Methodes
Notre site d’enquête est la commune d’Abobo, au Nord de la ville
d’Abidjan. Cette commune compte 632237 habitants (RGPH, 1998). Les
estimations de 2010 donnent pour la commune d’Abobo une population
d’environ 820206 habitants. Cette population est originaire des différentes
régions de la Côte d’Ivoire et des pays voisins.
Nous avons enquêté 10 quartiers sur les 28 que compte la commune
d’Abobo. Le choix des quartiers s’est fait selon la méthode à choix raisonné
ou par quota.
Le choix des chefs de ménage à l’intérieur de chaque quartier s’est
fait en un tirage au sort proportionnel aux quartiers. Au total 501 chefs de
ménage ont interrogés. Chaque chef de ménage habitant dans la cour
sélectionnée entrait dans l’étude.
Après un interrogatoire du chef de ménage, des observations de
terrain ont été faites pour apprécier l’impact de ces stratégies de gestion sur
les cadres de vie des populations de la commune.

3- Resultats
3-1-La composition et la quantité des ordures produites
Les déchets de la ville d’Abidjan en général et en particulier ceux de
la commune d’Abobo sont composés de 66,43% de matières biodégradables,
18,04% de matières recyclables et 15,51% de matières inertes sous forme de
sable et de cailloux (Attahi, 1995 ; Sané, 1999).
La forte croissance de la population observée dans la commune
influence fortement la production de déchets. Le tableau 1 ci-après présente
les quantités d’ordures ramassées par les opérateurs dans la commune
d’Abobo.

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Tableau 1 : Quantité (en tonnage) d’ordures ramassées par les opérateurs


pour les mois d’avril, mai, juin, juillet, août et septembre dans la commune d’Abobo
Abobo
INTERCOR SIMKO MBH Total
Avril 2011 5979,16 896,02 951,06 7826,24
Mai 2011 4374,52 1948,86 312,54 6635,92
Juin 2011 4260,06 1294,51 675,54 6230,10
Juillet 2011 5380,31 1827,40 739,89 7947,59
Août 2011 4883,03 2251,35 1026,90 8161,27
Septembre 2011 5361,48 3378,92 401,68 9142,08
Total 30238,56 11597,06 4107,60 45943,21
Source : Projet d’urgence d’Infrastructures Urbaines (PUIUR), 2011

3-2- Les acteurs de la gestion des ordures ménagères


Le ramassage des ordures ménagères dans la commune d’Abobo est
l’affaire de trois sociétés privées (INTERCOR, MBH et SIMKO). Ces
opérateurs assurent ensemble la collecte des ordures sur toute l’étendue du
territoire de la commune. Mais, la pré-collecte des ordures est coordonnée
par l’opérateur INTERCOR. Ce dernier travaille dans ce cadre avec les
groupements de jeunes des quartiers. Ces sociétés de ramassage disposent
pour la conduite de leur activité de plusieurs types de matériels : le petit
matériel utilisé par les éboueurs (pelles, râteaux, fourches, etc.) pour
l’hygiène et la sécurité, et surtout les coffres à ordures et le matériel roulant
pour la collecte et le transport. Le nombre réduit de matériel d’exploitation
constitue un des facteurs de la problématique de la salubrité de la commune.

Figure 1 : Circuit de ramassage des ordures ménagères dans la commune d’Abobo

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3-3-Le mode de gestion formelle des ordures ménagère


Plus de 80% des ménages des quartiers enquêtés affirment ne pas
bénéficier des services des sociétés de ramassage. Sur les 20% restants,
environ 75% parlent d’un ramassage très irrégulier. La fréquence de passage
des camions de ramassage est d’une fois par semaine dans certains quartiers,
pour d’autres on parle d’une fois chaque deux semaine. D’autres par contre
parlent de coup de chance.
Nos enquêtes révèlent que seulement 4,1% des ménages ont recours
conteneurs ou coffres à ordures pour l’évacuation de leurs ordures. Ils disent
que les coffres à ordures sont absents dans les quartiers. Sur une production
journalière d’environ 300 tonnes, ce système (formel) a permis la mise en
décharge de 225,24 tonnes d’ordures, soit 92,85% de la quantité d’ordures
collectées par les concessionnaires. Les quantités restantes, soit environ 75
tonnes d’ordures ménagères alimentent les nombreux dépôts sauvages dans
les quartiers ou sont déversés aux alentours des coffres.
Plus de la moitié (65,82%) des ordures ménagères ramassées est
assurée par l’opérateur INTERCOR. Le reste (34,18%) est assuré par les
deux autres opérateurs que sont SIMKO et MBH (graphique 1). Cette
situation est due au fait que l’opérateur INTERCOR a la gestion d’une
grande partie de la commune. En effet, pour une meilleure gestion des
ordures ménagères, la commune d’Abobo a été divisée en deux zones
séparées par la voie expresse. INTERCOR a la gestion d’une zone et l’autre
zone est occupée par les opérateurs SIMKO et MBH.

Graphique 1: Part d’ordures ménagères ramassées par chaque opérateur


Source: Projet d’urgence d’Infrastructures Urbaines (PUIUR), 2011

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3-4- La gestion informelle des ordures ménagères


La suppression de nombreux dépôts sauvages au sein des quartiers de
la commune et dans le cadre de la lutte pour la sauvegarde de
l’environnement, de nombreux ménages (34% des ménages enquêtés) se sont
abonnés au système de collecte porte à porte. Ce système est beaucoup
apprécié car il est régulier donc permet d’éviter la conservation des ordures
dans les concessions. La fréquence de ramassage dépend du ménage puisque
c’est lui qui paie pour ce service. Malheureusement, un très grand nombre de
ménages (49%) ne se sont pas encore abonné à ce système. Ces derniers
estiment que le coût de service est élevé. Ce système de porte à porte permet
d’enlever environ 76 tonnes d’ordures par jour.
Le financement initial de ces « PME » de pré-collecteurs est
essentiellement constitué d’apport personnel du ou des fondateurs. Puis
viennent s’ajouter la contribution des ménages par le paiement des
prestations des pré-collecteurs. La rémunération se fait en fonction de la
capacité de la poubelle et des quartiers. Ainsi, les poubelles de 3 à 15 Kg
sont payées en moyenne à 50 FCFA, celles de 15 à 40 Kg à 100 FCFA et
celles de plus de 40 Kg sont enlevées à 200 FCFA. Ces coûts ne sont pas
fixes et peuvent toujours être négociés.
Dans certains cas, les pré-collecteurs ont des contrats (verbaux) de
ramassage des ordures et sont rémunérés au mois sans tenir compte de la
quantité d’ordures ramassées. Les ménages qui souscrivent à cette option
paient en moyenne 1500 FCFA par mois pour le ramassage de leurs ordures
ménagères. Cette pratique est beaucoup plus développée dans les quartiers à
haut et moyen standing tels que SOGEFIHA et Plateau Dokui et Abobo-Té
où plus de 60% des ménages interrogés ont souscrit à cette opération. Très
peu de ménages des autres quartiers enquêtés ont souscrit à cette opération.
La raison évoquée est le manque de moyens financiers et les ménages
décrient la cherté de cette opération.
35,90% de la population est desservi correctement par le réseau
d’ordures ménagères. 8,5% y ont un accès moyen alors que la majorité
(55,6%), a une mauvaise accessibilité. 39% de la population d’Abidjan mal
desservie se localisent à Abobo. Cette commune est suivie de Yopougon
(29%) et de Cocody (17%). Ces trois communes regroupent la majeure partie
de la population mal desservie à Abidjan.
Abobo se signale comme étant l’une des communes les plus mal
desservies uniquement par les tournées porte à porte avec 68% de la
population dans ce cas. Elle vient après Attécoubé (74,5%) et est suivie de
Yopougon (50,30%) et de Cocody (32,70%). Les quartiers où l’accessibilité
à ce réseau est mauvaise sont principalement : Sans Manquer (avec 59%),
Abobo Gare SICF (100%), Abobo Sud 2ème extension (76%), Avocatier-
Village (92%) et Akeikoi (62%).

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3-5- Les ménages et la gestion des ordures ménagères


L’usage des poubelles individuelles par les ménages pour la
conservation des ordures ménagères est assez courant. Plus de trois quarts
(3/4) des ménages enquêtés soit 78% en possède. La qualité des poubelles
utilisées influent cependant sur le stockage et l’évacuation des déchets.
Le stockage des ordures dans les ménages se fait essentiellement dans
des récipients solides (95%). Toutefois, une frange des ménages (4%) utilise
des sacs en plastique, tandis que les autres (1%) déversent directement leurs
ordures dans la nature. Pour 23,9% des chefs de ménage, les trous sont
utilisés comme lieu de rejet des ordures, 6% utilisent la broussaille et les
lieux vagues, 16,4% utilisent les proximités des lieux d’habitation et 17,9%
dans autres lieux qui sont en général des caniveaux et les abords des routes
(photo 1). Ces modes d’évacuation des ordures ménagères sont à l’origine de
la pollution solide, sources de nuisances diverses et de risques sanitaires. En
revanche, 35,8% préfèrent mettre les ordures dans les poubelles publiques
qui après sont enlevées par les véhicules de ramassage des ordures.

Photo 1: Abobo avocatier, marché de nuit : le terre-plein de la voie expresse Anyama


est devenu un dépotoir à ciel ouvert

Cliché: www.avenue225.com, consulté le 23-03-2012


3-6- Les systèmes et les acteurs de la gestion des eaux usées
Deux services d’assainissement sont utilisés par les ménages ; il
s’agit du système collectif et du système autonome. Selon les résultats nos
enquêtes, seulement 20,56% des ménages sont raccordés au système collectif
d’assainissement et les 79,44% ont un assainissement individuel ou
autonome.
L’enquête a révélée que 42% des ménages raccordent leurs douches
directement à un puits perdu, 32% les raccordent à des fosses septiques, 20%

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des ménages rejettent les eaux usées de douche dans les rues, 3% des
ménages raccordent directement leurs eaux usées aux caniveaux et 3% des
ménages les rejettent dans les cours d’habitation (graphique 2).

Graphique 2: Lieux de rejet des eaux vannes à Abobo


Source: Nos enquêtes 2008/2009

Il ressort aussi de enquête qu’environ 97% des ménages disposent, au


niveau de leur habitation, des ouvrages d’évacuation des excréta contre 3%
qui n’en disposent pas. Ces équipements se repartissent comme suit : 75,65%
des ménages disposent des équipements dont l’utilisation nécessite de l’eau ;
24,35% des ménages disposent des équipements d’assainissement dont
l’utilisation ne nécessite pas de l’eau. Ce sont des puits aménagés pour servir
de wc.
Parmi les ménages disposant d’équipement dont l’utilisation nécessite
de l’eau, très peu ont des wc avec chasse eau (22,55%). Le reste et les plus
nombreux d’ailleurs (77,45%) disposent des wc sans chasse eau. Ces wc
nécessitent donc l’utilisation d’un récipient pour l’approvisionnement en eau.
Dans les quartiers pauvres et d’habitats précaires (Avocatier,
M’ponon, PK 18 etc.), 68% des ménages disposent de latrines traditionnelles
qui reçoivent des excréta, 23% disposent de latrines modernes (avec chasse
eau) et le reste (09%) utilisant la défécation dans la nature. L’état des wc
dans ces quartiers laisse à désirer. La plus part des wc sont construits en dur,
mais ceux-ci sont délabrés, quelque fois sans toiture, avec des murs fissurés
ou fendus.
3-7- Les acteurs de la vidange des fosses septiques
L’activité de vidange des fosses est exercée principalement par deux
catégories de prestataires que sont les puisatiers ou vidangeurs manuels et les
entreprises de vidange et dans une moindre mesure, les ménages eux-mêmes.

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64% des chefs de ménage enquêtés font appel aux puisatiers contre
26% qui s’adressent aux entreprises de vidange.
Dans l’ensemble, la vidange mécanique est le mode de vidange des
fosses la plus pratiquée. Elle représente environ 57,8% de cette activité
contre 42,2% pour la vidange manuelle (graphique 3). La conséquence du
nombre important de ménage pratiquant la vidange manuelle est qu’une
quantité importante de boues est enfouie in situ. Ce qui pourrait entraîne par
infiltration la pollution de la nappe d’eau souterraine.

Graphique 3: Les acteurs de la vidange des fosses septiques à Abobo


Source; Nos enquêtes 2008/2009

De manière générale, 18,13% des acteurs rejettent leurs boues dans


des caniveaux, 2,20% dans la nature, 30,37% dans des trous et 49,10% des
acteurs affirment déversés les boues dans les sites de dépotage indiqués par
la mairie (tableau 2 et photo 2).
Tableau 2: Site utilisé par les acteurs de la filière pour le rejet des boues à Abobo
Caniveaux Nature Fosses ou Site de
trous dépotage
Ménages 43,18% 5,69% 51,13% 00%

Puisatiers ou vidangeurs 28,11% 8,44% 63,45% 00%


manuels
Vidangeurs mécaniques 3,1% 0,0% 9,53% 87,37%

Total 18,13% 2,20% 30,37% 49,1%


Source: Nos enquêtes 2008/2009

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Photo 2: Fosses creusées pour recevoir les produits de vidange des fosses septiques à
Abobo
Cliché: Diabagaté S., article de recherche, 2009 et Eviar 2008/2009

3-8- La fréquence de vidange des fosses septiques par les ménages


Nos enquêtes révèlent que 96% des ménages ont vidangé au moins
une fois leur fosse contre 4% qui ne l’ont jamais fait.
Au nombre de ceux qui font la vidange de leurs fosses, 40,52% des
ménages procèdent à la vidange au moins une fois par an, 23,15% des
ménages vidangent leurs fosses tous les deux ans et 19,96% des ménages
font la vidange tous les trois ans. Par ailleurs, seulement 16,97% font la
vidange après trois ans (graphique 4).

Graphique 4: La fréquence de vidange des fosses à Abobo


Source; Nos enquêtes 2008/2009

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4- Discussion
On estime à 91886,42 tonnes, la quantité d’ordures ménagères
ramassée par les opérateurs pour l’année 2011. Les quantités très élevées
d’ordures dans les quartiers sont surtout liées à sa composition qui est en
majorité constitué de fermentescibles mais également du taux d’humidité
élevé dans la région. En effet, la ville d’Abidjan et particulièrement Abobo
est sous l’influence du climat tropical humide. Elle reçoit à cet effet en
moyenne 2 200 mm de pluie par an étalés sur 7 mois (Ministère de
l’Environnement et du Tourisme-PNAE-CI, 1994). Les poubelles étant très
rarement munies de couvercle, cette pluviométrie importante imbibe les
déchets et les rend plus lourds surtout qu’ils sont composés à 50,6% de
matières organiques (Sané, 1999).
En moyenne, 7657,20 tonnes d’ordures sont ramassées par an et par
les opérateurs intervenant dans l’espace communal.
Le ratio élevé d’ordures ménagères dans les quartiers est lié non
seulement à la population élevée dans ces quartiers mais aussi à l’activité
commerciale très intense.
Avec l’accroissement rapide de la population et l’extension des
espaces, la gestion des déchets devient problématique pour les élus locaux,
mais aussi pour la population. L’élimination des déchets demande
l’implication de multiples acteurs et l’utilisation de plusieurs techniques.
La gestion des ordures ménagères dans l’agglomération abidjanaise et
particulièrement dans la commune d’Abobo a connu de nombreux
changement au cours de ces dernières années, notamment en raison de
l’instabilité du gouvernement et de la volatilité des sociétés de ramassage.
Cette gestion a été confiée depuis 2002 aux différentes communes qui
composent le district.
La déficience de la commune en infrastructures et particulièrement en
voies carrossables oblige à adopter des stratégies adaptées aux conditions du
terrain. Ainsi, pour la collecte des ordures ménagères générées par les zones
inaccessibles aux véhicules de ramassage, des coffres sont installés sur des
sites qui leur sont accessibles. Et les populations des dites zones viennent y
verser leurs ordures. Des coffres sont déposés généralement dans les
marchés, les établissements scolaires, près des restaurants universitaires, des
hôtels et certains magasins de grandes surfaces pour recueillir les ordures.
La pré-collecte porte à porte constitue le modèle de gestion des
ordures ménagères le plus pratiqué. Elle consiste à sortir les déchets solides
des ménages des zones partiellement ou non desservis par les véhicules de
collecte et de les acheminer aux points de chutes : coffres installés par les
sociétés de ramassage ou sur des terrains vagues, dans les ravins et parfois
dans les caniveaux. Cette pratique a vu le jour en 1991 quand la SITAF,
concessionnaire de l’époque, a présenté des défaillances. Depuis cette date,

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elle a pris de l’ampleur et tous les concessionnaires qui se sont succédé n’ont
pas le choix de composer avec la pré-collecte et les pré-collecteurs parce que
les zones inaccessibles aux véhicules de collecte sont importantes et répandu
sur toute l’étendue du territoire d’Abobo.
Suite à la rareté des voitures de ramassage dans les différents
quartiers de la commune, la collecte porte à porte s’est généralisée. La pré-
collecte actuelle dans la commune relève de l’opérateur INTERCOR. Il
travaille en collaboration avec des coopératives, des associations de jeunes et
des individus (jeunes garçons et jeunes filles) qui le font à titre privé et de
manière informelle.
Le faible taux de pré-collecte s’explique par le manque de matériel
adéquat et adapté. Les pré-collecteurs disposent de moyens très modestes qui
se résument à des charrettes à deux ou trois roues à traction humaine appelé
communément « wottro » , de brouettes, de paniers, de cuvettes, de pelles, de
râteaux, de fourches, de gants, de cache nez et quelques rares fois d’une
tenue. Les quantités pré-collectées finissent dans les coffres à ordures, dans
les dépôts sauvages ou dans les espaces vagues.
Les poubelles rencontrées dans les habitations pendant sont
généralement sans couverture. Or c’est à proximité de ces poubelles que se
déroulent la majorité des activités commerciales du secteur informel et des
ménages. Il en résulte des risques élevés de contamination et de maladies
infectieuses et parasitaires.
Les données de nos enquêtes montrent qu’une proportion
relativement importante des populations des quartiers a des comportements
dommageables à l’environnement et au cadre de vie. La non utilisation des
lieux conventionnels de dépôt des ordures ménagères entraîne l’insalubrité
du cadre de vie des populations.
Par ailleurs, malgré les efforts consentis par les pouvoirs publics en
installant des poubelles publiques et des coffres à ordures dans les quartiers
ainsi que l’utilisation des sacs à ordures par l’entremise des responsables
communaux pour une meilleure gestion du cadre de vie, la population
n’évacue pas toujours les ordures de manière appropriée, c’est-à-dire aux
endroits indiqués.
Les ordures bouchent les caniveaux surtout au niveau des marchés et
les bordures des routes, engendrant ainsi de sérieux problèmes
d’environnement. L’enlèvement des poubelles est surtout l’affaire des
enfants et des femmes de ménages. En effet, la majorité des personnes
enquêtées exercent des activités libérales et sont presque toujours absents du
domicile. Les ménagères qui sont quelques fois présentes confient cette tâche
aux enfants car elles sont occupées à d’autres activités de ménage ou de
petits commerces.

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Le problème qui se pose ici est surtout de savoir si les enfants et les
servantes de maison à qui revient la charge de vider la poubelle, reçoivent les
consignes nécessaires de la part de leurs parents ou leurs employeurs pour
déverser les ordures au bon endroit. Cela ne semble pas être le cas car dans
tous les quartiers sillonnés lors de notre enquête, les ordures sont parfois
déversées à même le sol à proximité des logements, et aux abords des routes.
Tandis que les coffres destinés à les recevoir sont presque vide. Le manque
d’éducation et la négligence sont à l’origine de cette situation susceptible de
provoquer la dégradation du cadre de vie.
L’utilisation du système autonome d’assainissement en majorité pose
le problème de la gestion des produits issus de la vidange des fosses. En
effet, après le remplissage des fosses, les boues sont gérées de façon non
sanitaire.
Dans le souci de ne pas procéder à la vidange des fosses septiques et
donc d’éviter les sorties d’argent, la majorité des ménages disposant d’un
assainissement autonome, déversent directement les eaux de lessive et de
vaisselle dans la nature, dans les caniveaux ou dans les rues. D’autres
procèdent même à un raccordement direct de la douche et/ou du wc à ces
différents milieux. Cette pratique est la cause des nombreux écoulements
d’eaux usées observés sur les voies des quartiers et est à l(origine de la
dégradation des voies de la commune.
Aussi, le rejet des eaux usées de douche dans les rues et dans les
cours d’habitation occasionne les flaques d’eaux constituant des gîtes de
maladies et les causes de nuisances (nid de moustiques). Ces pratiques sont
observées dans tous les quartiers de la commune.
Il convient de noter ici que la gestion des eaux usées cause de
nombreux désagréments aux populations des quartiers. Il arrive que certains
ménages en raison du manque d’argent n’assurent pas la vidange de leur
fosse septique. Dans ces conditions, les eaux s’écoulent sur les voies
entraînant des odeurs, la dégradation des voies et la multiplication des
flaques d’eaux stagnantes propices au développement des larves de
moustiques, ce qui concourt au risque paludéen. D’après nos enquêtes,
environ 75% des ménages attribuent les mauvaises odeurs dans les quartiers
aux écoulements d’eaux usées dans les rues. Le traitement des eaux usées
dans les quartiers n’est guère satisfaisant. Dès lors, on peut dire que les eaux
usées ne sont pas évacuées correctement.
La gestion des boues de vidange dans la commune d’Abobo se fait de
façon anarchique et incontrôlée. Les acteurs ne disposent d’aucune
organisation et l’on assiste à un désordre et une incohérence dans leurs
actions. Il n’y a aucun document d’archive que l’on peut consulter. Ainsi, on
ne peut avoir aucune donnée sur les quantités d’eaux usées et de boues par
quartier et donc de la commune.

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Les lieux de rejet des boues diffèrent selon les acteurs de la vidange.
Les boues extraites des fosses par les puisatiers ou vidangeurs manuels et par
ménages sont déversées dans les caniveaux, dans la nature mais le plus
souvent dans des fosses creusées à cet effet. Ces fosses ou trous sont creusés
non loin du lieu de vidange, donc à proximité des habitations. Après la
vidange, les fosses creusées pour recevoir les boues de vidange restent
ouvertes tout le temps que doit durer l’infiltration totale du liquide
surnageant. Ce n’est qu’après cela qu’elles sont refermées.
Cette pratique a des impacts négatifs sur l’environnement et le cadre
de vie des populations. Elle peut être source de pollution de la nappe
phréatique et de nuisances au sein des populations. Elle contribue à la
prolifération des moustiques, des cafards des mouches et des mauvaises
odeurs dans les quartiers. Elle constitue donc une source de maladies pour
les populations environnantes. Ce mode de gestion des boues et des eaux
usées est beaucoup fréquent dans les quartiers périphériques et les quartiers
sous-équipés.
Quatre facteurs influencent la fréquence de vidange des fosses. Il
s’agit de la taille et du nombre de ménage, de la capacité à payer, de la
dimension de la fosse et de l’incapacité des sociétés à vidanger les boues qui
ne sont pas fluides du fait de la vétusté de leurs matériels. Dans la plupart des
concessions, les fosses sont construites sans le respect des dimensions
prévues par le Ministère de la Construction et de l’Urbanisme.
Dans la commune d’Abobo, beaucoup de concessions abritent à la
fois plusieurs ménages (cours communes). Le plus souvent, une seule fosse
est construite pour tous les ménages de la cours. Cette situation influence
fortement la fréquence de vidange de la fosse.

Conclusion
Il ressort de cette étude que les systèmes mis en place par les
populations de la commune d’Abobo pour la gestion des ordures ménagères
et des eaux usées sont inadaptés et présentent un impact négatif sur les
cadres et conditions de vie des populations de cette commune. La précollecte
porte à porte est le mode de gestion des ordures le plus rependu dans la
commune. Les produits précollectés finissent dans les rues, dans les
caniveaux et dans les endroits vagues provoquant des nuisances de tout genre
et la dégradation des cadres et conditions de vie des populations. La gestion
des eaux usées se fait de façon malsaine. Les eaux usées s’écoulent dans les
rues. Les boues de vidange sont déversées dans la nature ou à proximité des
habitations. Ce qui a un impact négatif sur la santé et le cadre de vie des
populations. Face à ces constats, des stratégies de gestion et des politiques de
sensibilisations de tous les acteurs impliqués dans la gestion des déchets
doivent être mises en place pour une gestion cohérente des déchets dans la

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commune. Ce travail montre la nécessité d’implication des autorités étatiques


et municipales pour une meilleure gestion des déchets dans la commune. Ce
qui permettrait d’améliorer les cadres et les conditions de vie des populations
de la commune d’Abobo.

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