Les Colorants Textiles Et Methodes de Traitement
Les Colorants Textiles Et Methodes de Traitement
Les Colorants Textiles Et Methodes de Traitement
Tous droits réservés © Revue des sciences de l’eau, 2011 This document is protected by copyright law. Use of the services of Érudit
(including reproduction) is subject to its terms and conditions, which can be
viewed online.
https://apropos.erudit.org/en/users/policy-on-use/
Textiles dyes as a source of wastewater contamination: screening of the toxicity and treatment methods
Hedi Ben Mansoura,b,c*, Oualid Boughzalaa, dorra Dridic, Daniel Barilliera, Leila Chekir-Ghedirab,
Ridha Mosratia
a
Équipe de Recherche en Physico-Chimie et Biotechnologie (ERPCB – EA3914), IUT-UFR Sciences, Université de Caen,
Basse Normandie, France
b
Laboratoire de Biologie Cellulaire, Faculté de Médicine Dentaire, Rue Avicenne, 5000 Monastir, Tunisie
c
Institut Supérieur de Biotechnologie Technopole Sidi Thabet, Université Manouba, Manouba, Tunisie
Colorant azoïque
Rouge réactif 2
Colorant azoïque
Jaune mordant 10
Colorant anthraquinone
Bleue de réactif
Figure 1
Figure 1. Exemples des groupes chromophores et auxochromes des colorants de types azoïques
et anthraquinones.
Example of the chromophoric and auxochromic groups of azo dyes and anthraquinone.
Groupes auxochromes
Groupes chromophores
Groupes donneurs d’électrons
Azo (-N=N-) Amino (-NH2)
Nitroso (-N=O) Méthylamino (-NHCH3)
Carbonyle (>C=O) Diméthylamino (-N(CH3)2)
Vinyle (-C=CH2) ou méthine (>C=) Hydroxyle (-OH)
Nitro (–NO2) Alkoxy (-OR)
Thiocarbonyle (>C=S)
H. Ben Mansour et al./ Revue des Sciences de l’Eau 24(3) (2011) 209-238
213
2001; Seyewetz et Sisley, 1896; Welham, 2000; obtenus par réaction du dicyanobenzène en présence d’un
Zhenwang et al., 2000). halogénure métallique (Cu, Ni, Co, Pt, etc.).
• Les colorants anthraquinoniques sont, d’un point de vue • Les colorants basiques ou cationiques : Classe des colorants
commercial, les plus importants après les colorants azoïques. porteurs d’ions positifs et reconnus pour leurs nuances
Leur formule générale dérivée de l'anthracène montre que le brillantes. Les colorants basiques se composent de grosses
chromophore est un noyau quinonique sur lequel peuvent molécules et ce sont des sels solubles dans l’eau. Ils ont
s'attacher des groupes hydroxyles ou amino. une affinité directe pour la laine et la soie et peuvent être
utilisés sur le coton. La solidité des colorants basiques sur
• Les colorants indigoïdes tirent leur appellation de l’indigo ces fibres est très faible. Ces colorants ont bénéficié d’un
dont ils dérivent. Ainsi, les homologues sélénié, soufré et regain d’intérêt avec l’apparition des fibres acryliques, sur les
oxygéné du bleu indigo provoquent d’importants effets quelles ils permettent des nuances très vives et résistantes.
hypsochromes avec des coloris pouvant aller de l’orange au
turquoise. Les colorants de cuve sont des colorants insolubles dans
l’eau, appliqués sur la fibre après transformation par réduction
• Les colorants xanthènes, dont le composé le plus connu alcaline en leucodérivés. La teinture se termine par la réoxydation
est la fluorescéine, sont dotés d'une intense fluorescence. in situ du colorant sous sa forme insoluble initiale. Réputés
Peu utilisés en tant que teinture, leur usage est bien établi pour leur bonne résistance aux agents de dégradation (lavage,
comme marqueurs lors d'accidents maritimes ou comme rayons solaires), les colorants de cuve sont largement utilisés
traceurs d'écoulement pour des rivières souterraines, des flux sur le coton, le lin, la rayonne et autres fibres cellulosiques, à
de rejets, etc. l’image de l’indigo pour la teinture des articles jean ou denim.
• Les phtalocyanines ont une structure complexe basée sur Les colorants directs contiennent ou sont capables de former
l'atome central de cuivre. Les colorants de ce groupe sont des charges positives ou négatives électrostatiquement attirées
Les colorants source de contamination de l’eau
214
par les charges des fibres. Ils se distinguent par leur affinité pour état insoluble dans la fibre. Les colorants au soufre sont
les fibres cellulosiques sans application de mordant, liée à la généralement employés sur le coton pour produire des
structure plane de leur molécule. teintes foncées économiques, dont la solidité au lavage et à la
lumière va de moyenne à bonne.
• Les colorants à mordants contiennent généralement un
ligand fonctionnel capable de réagir fortement avec un sel
d'aluminium, de chrome, de cobalt, de cuivre, de nickel 2.5 Les colorants azoïques
ou de fer pour donner différents complexes colorés avec le
textile. On peut distinguer deux types : C’est en 1863 que Mitscherlich a découvert l'azobenzène
C6H5‑N = N‑C6H5, mais c'est Peter Griess qui a effectué les
• Colorants à complexe métallifère type 1:1 : colorants premiers travaux systématiques à partir de 1858 en décrivant
ayant un ou des éléments métalliques dans leur structure la méthode de préparation très générale de ces produits. Les
moléculaire. Requièrent l’utilisation de l’acide sulfurique. colorants azoïques constituent la famille la plus importante
tant sur le plan des applications qui représentent plus de
• Colorants à complexe métallifère type 1:2 : deuxième 50 % de la production mondiale de matières colorantes, soit
génération des colorants acides traités avec des métaux de 800 000 tonnes (Bauer et al., 2001; Ganech et al., 1994;
mordançage tels que le chrome. Ce type de colorant teint O’Neill et al., 1999; Pandey et al., 2007), que sur celui
les fibres beaucoup plus solidement que les colorants acides de la multiplicité des structures étudiées, soit 60 à 70 % des
courants. Ils sont appliqués en milieu légèrement acide, soit colorants synthétiques (Zollinger, 1987).
en pH 4,5 à 5.
Le nombre de colorants azoïques a connu une
• Les colorants réactifs contiennent des groupes chromophores évolution importante et a atteint, dans les années 90, plus
issus essentiellement des familles azoïque, anthraquinonique de 10 000 molécules commercialisées. Ces colorants sont
et phtalocyanine. Leur appellation est liée à la présence
impliqués dans un large éventail de domaines : textile,
d’une fonction chimique réactive, de type triazinique ou
imprimerie, alimentaire, cosmétique et pharmaceutique
vinylsulfone, assurant la formation d’une liaison covalente
(Zollinger, 1987). L’industrie textile représente la partie
forte avec les fibres. Solubles dans l’eau, ils entrent de
plus en plus fréquemment dans la teinture du coton et majeure du marché de ces colorants (Galindo, 1998).
éventuellement dans celle de la laine et des polyamides.
On nomme « azoïques » les composés caractérisés par le
• Les colorants développés ou azoïques insolubles, appelés groupe fonctionnel azo (‑N = N‑) unissant deux groupements
aussi colorants au naphtol, sont formés directement sur alkyles ou aryles identiques ou non (azoïque symétrique et
la fibre. Au cours d’une première étape, le support textile dissymétrique). Ces structures, qui reposent généralement sur
est imprégné d’une solution de naphtol ou copulant. Les le squelette de l’azobenzène, sont des systèmes aromatiques
précurseurs de la molécule suffisamment petits pour diffuser ou pseudo-aromatiques liés par un groupe chromophore azo
dans les pores et les fibres sont ensuite traités avec une solution (‑N = N‑).
de sel de diazonium qui, par réaction de copulation, entraîne
le développement immédiat du colorant azoïque. Puisque le L'introduction de groupes azo entre deux noyaux
composé phénolique est dissous dans une solution basique, aromatiques déplace le spectre d'absorption du benzène vers les
ces colorants ne sont utilisés que sur les fibres cellulosiques grandes longueurs d'onde de telle sorte que la couleur apparaît
bien que d’autres fibres soient susceptibles d’être teintes en (effet bathochrome). Le plus simple des colorants azoïques,
modifiant le procédé. l'azobenzène, est jaune-orangé. L'introduction de groupes
amines ou phénols a également un effet bathochrome, de
• Les colorants dispersés appelés aussi plastosolubles sont très
même que la multiplication des groupes azoïques, aussi peut-
peu solubles dans l'eau et sont appliqués sous forme d'une
on obtenir presque toutes les nuances du spectre. La présence
fine poudre dispersée dans le bain de teinture. Ils sont en
mesure, lors d’une teinture à haute température, de diffuser dans un tel édifice de substituants sulfonés, nitrés ou halogénés,
dans les fibres synthétiques puis de s'y fixer. Les colorants accepteurs ou donneurs d’électrons n ou π délocalisables sur
dispersés sont largement utilisés dans la teinture de la plupart le(s) cycle(s) aromatique(s), permet d'augmenter le phénomène
des fibres manufacturées, surtout le polyester. de résonance. C'est ainsi que l'on peut jouer sur la couleur et
sur les qualités de teinture. En général, plus le système π de la
• Les colorants au soufre sont insolubles dans l’eau mais molécule est conjugué, plus la longueur d'onde qu'il absorbera
appliqués sous forme d’un dérivé soluble après réduction sera grande. Cependant la complexité des molécules diminue
par le sulfure de sodium. Ils sont ensuite réoxydés à leur la vivacité des nuances.
H. Ben Mansour et al./ Revue des Sciences de l’Eau 24(3) (2011) 209-238
215
Les colorants azoïques forment une gamme étendue 2.6.2 Les dangers à long terme
de nuances (du jaune au bleu, au vert et même au noir) et
se rencontrent dans diverses classes tinctoriales : les colorants • La persistance : les colorants organiques synthétiques, en
basiques, acides, directs et réactifs solubles dans l'eau, les particulier azoïques, sont des composés très résistants à la
azoïques dispersés et à mordant non ioniques insolubles dans dégradation biologique naturelle (Pagga et Brown,
l'eau. 1986). Cette persistance est en étroite relation avec leur
réactivité chimique :
À l’issue du procédé de coloration, une quantité non - Les composés insaturés sont moins persistants que les
négligeable (10 à 15 %) des colorants engagés se retrouvent saturés;
dans les eaux usées (Bauer et al., 2001). Or ces composés - Les alcanes sont moins persistants que les aromatiques;
organiques cancérigènes sont réfractaires aux procédés de - La persistance des aromatiques augmente avec le nombre
traitement habituellement mis en œuvre et sont très résistants à de substituants;
la biodégradation (Pagga et Brown, 1986). - Les substituants halogènes augmentent la persistance des
colorants tels que les groupements alkyles.
2.6 Le traitement des effluents textiles (chargés en colorants en • Bio-accumulation : Si un organisme ne dispose pas de
particulier azoïques) mécanismes spécifiques, soit pour empêcher la résorption
d’une substance telle qu’un colorant, soit pour l’éliminer une
2.6.1 Les dangers évidents fois qu’elle est absorbée, alors cette substance s’accumule. Les
espèces qui se trouvent à l'extrémité supérieure de la chaîne
alimentaire, y compris l'homme, se retrouvent exposées à des
• Eutrophisation : Différents ions peuvent être évacués dans
teneurs en substances toxiques pouvant être jusqu’à mille
le milieu naturel tels que le phosphate, utilisé comme
fois plus élevées que les concentrations initiales dans l'eau.
détergent lors du processus d’ennoblissement (Yusuff
et Sonibare, 2004) ou le nitrate libéré sous l’action des • Sous‑produits de chloration (SPD) : Le chlore utilisé pour
microorganismes sur les colorants (Kaushik et al., 2010). éliminer les microorganismes pathogènes réagit avec la
Ces ions minéraux introduits en quantité trop importante matière organique pour former des trihalométhanes (THM)
peuvent devenir toxiques pour la vie piscicole et altérer la (Santé canada, 1999) dont les concentrations
production d’eau potable. Leur consommation par les plantes peuvent atteindre plusieurs centaines de mg•L‑1. Les SPD
aquatiques accélère la prolifération anarchique de celles-ci et sont responsables du développement de cancers du foie, des
conduit à l’appauvrissement en oxygène par inhibition de la poumons, des reins et de la peau chez l'homme (Mills et
photosynthèse dans les strates les plus profondes des cours al., 1998; Santé Canada, 1999).
d'eau et des eaux stagnantes.
N,N-diméthyl-4-aminobenzène et N-méthyle-
Très mutagènes et carcinogènes
4-aminoazobenzène YAHAGI et al. (1975)
3. TRAITEMENT DES EAUX USÉES Par exemple, dans des conditions alcalines (pH = 9 ‑ 12), à
une concentration en sel de 40 à 100 g•L‑1 et à des températures
Le secteur textile fait partie des six branches d’activités élevées (30 ‑ 70 °C), les colorants réactifs tels que la vinyl-
générant la moitié des flux industriels de pollution. Les effluents sulfone (R‑SO2‑CH = CH2) et le chlorotriazinyl forment des
issus de ce secteur peuvent être très colorés et difficiles à traiter. liaisons avec la fibre sous cette forme. Cependant, les colorants
La coloration de ces eaux usées est de plus en plus perçue comme réactifs subissent dans l’eau une réaction spontanée d’hydrolyse
une nuisance importante. La plus grande part des effluents est qui diminue l’affinité de ces colorants vis‑à‑vis de la fibre. Par
représentée par l’ennoblissement qui englobe les prétraitements conséquent, une quantité élevée de colorant mis en oeuvre se
(désencollage, blanchissement), la teinture ou l’impression et décharge dans l’eau usée (Hao et al., 2000).
les opérations qui confèrent aux fibres textiles des propriétés
particulières (Figure 2). La plupart de ces traitements sont L'efficacité de fixation change avec la classe du colorant
des grands consommateurs d’eau (200 L•kg‑1 en moyenne). azoïque utilisée, qui est autour de 98 % pour les colorants
En France, selon la Fédération de l’Ennoblissement Textile basiques alors qu’elle ne dépasse pas 50 % pour les colorants
(FET), la branche traite 500 000 tonnes de tissu par an avec réactifs comme le montre le tableau 3.
une production d’eaux usées de l’ordre de 100 millions de m3.
Le traitement des eaux polluées par ces types de colorants
Au cours des différentes étapes du procédé de teinture, des est donc devenu une priorité dans notre monde moderne.
quantités plus ou moins importantes de colorants sont perdues La mise au point de méthodes et l’optimisation des procédés
Eau usée Eau usée Eau usée Eau usée Eau usée Eau usée
Produit final
Les colorants source de contamination de l’eau
218
Tableau 3. Taux de fixation sur la fibre textile pour les différentes classes tinctoriales de colorants azoïques (O’Neill et
al., 1999; Azbar et al., 2004).
Table 3. Rate of fixation on the textile fiber for the various tinctoriales classes of azo dyes (O’Neill et al., 1999;
Azbar et al., 2004).
existants, qui doivent être aussi efficaces que peu coûteux, font chargent les rejets finaux en nombreux sous-produits chimiques
donc l’objet d’un nombre considérable de travaux. de réaction.
En effet, le traitement des rejets textiles, compte tenu de la Il apparaît donc intéressant de mettre au point des
composition très hétérogène de ceux-ci, conduira toujours à la traitements alternatifs, notamment par voie biologique, qui
conception d’une chaîne de traitement assurant l’élimination ont l’avantage d’être moins coûteux, moins polluants et plus
des différents polluants par étapes successives. La première étape efficaces car plus spécifiques. Les procédés les plus couramment
consiste à éliminer la pollution insoluble par l'intermédiaire rencontrés seront abordés succinctement dans les paragraphes
de prétraitements (dégrillage, dessablage, déshuilage, etc.) suivants. Nous prendrons soin d'évoquer à la fois leurs avantages
et/ou de traitements physiques ou physico-chimiques assurant et leurs inconvénients vis‑à‑vis du traitement des colorants.
une séparation solide ‑ liquide. Les techniques de dépollution Enfin, la dégradation des colorants par des bactéries, qui fait
intervenant le plus couramment en deuxième étape dans les l’objet de notre travail, sera abordée plus spécifiquement parmi
industries textiles, d'après Hao et al. (2000) et Dos Santos ces traitements biologiques.
et al. (2007) se divisent en trois types : physiques, chimiques
et biologiques.
3.1 Méthodes physiques
Les procédés les plus simples et les plus anciens d’élimination
3.1.1 Filtration sur membrane
des polluants réfractaires aux traitements biologiques sont
des méthodes physiques de transfert de masse : en général,
La filtration sur membrane pilotée par pression hydraulique
la floculation et l’adsorption sur charbon actif. Mais, d’une se décline en microfiltration, ultrafiltration, nanofiltration
part, ces méthodes déplacent simplement la pollution dans les et osmose inverse. L’effluent passe à travers une membrane
grandes quantités de boues ainsi créées et, d’autres part, elles semi-perméable qui retient en amont les contaminants de
ne sont pas suffisamment actives pour résoudre les problèmes taille supérieure au diamètre des pores, pour produire un
liés à la coloration. La coagulation et la floculation sont, par perméat purifié et un concentré qui reçoit les impuretés
ailleurs, inefficaces en ce qui concerne les colorants basiques, organiques (Robinson et al., 2001). Parmi les quatre
et la récupération des colorants de cuve par adsorption sur types de procédés, la nanofiltration et l’osmose inverse sont
charbon actif est médiocre. les plus adaptés à la rétention partielle de la couleur et des
petites molécules organiques (Taylor et Jacobs, 1996)
C’est pourquoi les méthodes physiques sont remplacées et l’osmose inverse reste la plus répandue (Calabro et al.,
par des procédés chimiques de destruction. Ces derniers sont 1990). La nanofiltration s’applique surtout au traitement
basés sur l’oxydation des colorants par des agents chimiques des bains de teinture de colorants réactifs en agissant comme
qui sont généralement des systèmes générateurs de radicaux un filtre moléculaire tandis que la microfiltration retient les
libres, en particulier du radical hydroxyle. Malgré leur rapidité, matériaux colloïdaux tels que les colorants dispersés ou de cuve
les méthodes chimiques se sont avérées peu efficaces compte grâce à une « membrane écran » (Van Der Bruggen et al.,
tenu des normes exigées sur les rejets. Ces méthodes ne sont pas 2003). L’ultrafiltration ne s’applique qu’à la réduction de DCO
universelles pour tous les colorants, elles sont très coûteuses et et des solides en suspension (Anselme et Jacobs, 1996)
H. Ben Mansour et al./ Revue des Sciences de l’Eau 24(3) (2011) 209-238
219
et ne se montre réellement efficace qu’en combinaison avec la traitement chimique, les procédés d’oxydation avancée (AOP)
coagulation/floculation. restent les plus fréquemment utilisés. Ceux-ci sont fondés sur
la formation d’une entité radicalaire extrêmement réactive :
Ces procédés, limités dans leurs applications, nécessitent le radical hydroxyle (•OH) qui possède un temps de vie très
des investissements importants (Van Der Bruggen et al., court, un potentiel d’oxydation élevé et une forte réactivité
2003) et le retraitement du concentré est jusqu’à six fois plus vis‑à‑vis de nombreux composés organiques. Les principaux
cher que celui de l’effluent originel. procédés de production du radical hydroxyle sont présentés.
3.1.2 Adsorption (sur charbon actif ) 3.2.1 Quelques procédés d’oxydation avancée (POA)
Lors de l’adsorption, le colorant est transféré de la phase 3.2.1.1. Réactif de Fenton (H2O2/Fe2+)
liquide vers la phase solide. Le charbon activé est le plus
communément utilisé pour réduire la couleur, mais cette Fenton avait décrit à la fin du XIXe siècle que le fer ferreux
technique n’est efficace que sur certaines catégories de colorants favorisait fortement l’oxydation de l’acide maléique par le
(cationiques, à mordant, dispersés, de cuve et réactifs (Hao et peroxyde d’hydrogène en milieu acide (Fenton, 1894). Des
al., 2000 ; Raghavacharya, 1997; Robinson et al., travaux ultérieurs ont montré que la combinaison de H2O2 et
2001). De plus, ces techniques non destructives requièrent des de Fe2+, nommée « réactif de Fenton », était un oxydant efficace
opérations postérieures de régénération et de post-traitement pour une grande variété de substrats organiques, notamment
des déchets solides onéreuses. Dans la plupart des cas, les les phénols, les pesticides, les aromatiques polycycliques et des
résidus solides sont répandus en décharges et des dispositions colorants, en particulier les azoïques (Benitez et al., 2001;
particulières doivent être prises à l’égard des composés De Heridia et al., 2001; Kondo et al., 2002; Wang
organiques qui peuvent lixivier avec le temps. et al., 2005). Quarante ans plus tard, Haber et Weiss
(1934) identifiaient le radical hydroxyle comme étant l’espèce
oxydante de la réaction présentée ci-dessous et communément
3.1.3 Méthode physico-chimique de coagulation - floculation appelée réaction de Fenton :
Tableau 4. Comparaison de technologies physiques et chimiques, de dépollution des effluents textiles chargés de
colorants synthétiques (Galindo, 1998).
Table 4. Comparative study of physical and chemical technology for the depollution of textile effluents charged by the
synthetic dyes (Galindo, 1998).
À côté de P. chrysosporium, d’autres champignons de types Bien que les champignons soient les premiers
« White rot fungi » ont été testés récemment et se sont révélés microorganismes identifiés capables de dégrader les colorants
capables de simplifier les molécules colorantes. Eichlerova synthétiques et qu'ils se soient montrés efficaces dans certains
et al. (2005), en testant un ensemble de 30 souches, ont observé cas comparés aux autres microorganismes, le traitement des
l’efficacité de ces microorganismes vis‑à‑vis des colorants rejets textiles chargés en colorants par les champignons pose
synthétiques, en particulier celle des souches Dichomitus beaucoup de problèmes. En effet, l’effluent textile n’est pas
squalents, Ischnoderma resinosum et Pleurotus calyptratus l’environnement adéquat pour la croissance et la conservation
identifiées très actives vis‑à‑vis de l’orange G et du bleu de de la biomasse fongique (Robinson et al., 2001), car le
rémazole brillant (RBBR). traitement des colorants dans un volume d’eau important
(unité de traitement biologique) étant très difficile, il est
Harazono et Nakamura (2005) ont montré nécessaire de concentrer les colorants en réduisant la quantité
que la souche Phanerochaete sordida est capable de décolorer d’eau (Nigam et Marchant, 1995; Nigam et al., 1996).
un mélange de quatre colorants réactifs : bleu 5, orange 14,
rouge 120 et vert 5 avec un pourcentage de décoloration de En outre, l’activité de la lignine peroxydase, meilleure à un
90 % après 48 h d’incubation. pH acide (pH = 4,5 à 5), exige une acidification de l’eau usée
qui est généralement très alcaline. Outre un coût d’acidification
L’oxydation des colorants synthétiques (notamment élevé, cela inhibe la croissance des autres microorganismes
azoïques) par les champignons de putréfaction blanche utiles, tels que les bactéries, surtout si le traitement est
impliquerait l’expression d’enzymes lignolytiques réalisé avec un consortium de microorganismes (Swamy et
extracellulaires non spécifiques : les peroxydases telles que la Ramsay, 1999). Par ailleurs, d'autres polluants de l’eau usée,
lignine peroxydase (LiP) et la manganèse peroxydase (MnP) ou particulièrement les composés aromatiques, peuvent interférer
les phénoloxydases tels que la laccase. avec la dégradation fongique des colorants.
Tableau 5. Quelques études sur la réduction de colorants azoïques par des bactéries aérobie incubées dans des
conditions limitées en oxygène.
Table 5. Some studies on the azo dyes reduction by anaerobic bacteria incubated in the limited oxygen conditions.
% de décoloration
Bactérie Colorants Référence
(temps d’action)
2-carboxy-4’ diméthyl-
Bacillus subtilis IFO 13719 100 YATOME et al. (1991)
aminobenzène
Pseudomonas pseudomallei
Bleue directe 6 100 YATOME et al. (1981)
13NA
Acide orange 63
GHORPADE et
Pseudomonas putida Acide rouge 114 -
SPENCER (1993)
Acide orange 51
Rouge de méthyle
Rouge de Congo
Pseudomonas sp. PR41-1 Azobenzène - SUGUIRA et al. (1999)
p-aminoazobenzène
p-diméthylaminoazobenzène
Les colorants source de contamination de l’eau
224
capacité des actinomycètes à décolorer mais aussi à minéraliser blancs de putréfaction et Streptomycètes, à décolorer et
les colorants textiles, notamment azoïques, a été étudiée minéraliser des colorants textiles. Dans cette étude, 14 souches
initialement par trois groupes de chercheurs. de Streptomycètes se sont révélées efficaces sur la dégradation
de deux colorants : le Poly B 411 et le Poly R 478. Les auteurs
Ball et al. (1989) ont testé 20 souches d’actinomycètes, ont suggéré l’implication de peroxydases dans le processus de
représentant un large éventail de ce genre, pour leur capacité décoloration (Pasti et al., 1990). Le même groupe (Burke
à décolorer le Poly R. Ces auteurs ont observé que seulement et Crawford; 1998) a partiellement purifié la peroxydase
trois souches (Streptomyces badius 252, Streptomyces sp. extracellulaire de S. viridosporus T7A dans l’objectif d’identifier
souche EC22 et Thermomonospora fusca MT800) décolorent la classe de peroxydase responsable de la dégradation des
significativement le colorant. colorants par les Streptomycètes. Les auteurs ont observé que
la peroxydase purifiée était similaire et présentait une grande
Zhou et Zimmermann (1993) ont testé séparément homologie avec la manganèse peroxydase de Phanerochaete
l’aptitude de 159 actinomycètes à dégrader les colorants chrysosporium.
synthétiques. Cette étude a été réalisée,dans des conditions
aérobie sur des effluents textiles similaires contenant
séparément des colorants réactifs de structures différentes (le 3.3.3 Décoloration par des algues
rouge réactif 147 et le bleu réactif 116). Les auteurs ont isolé
83 souches capables de décolorer et de minéraliser ces colorants. L’action décolorante des algues a fait l’objet d’un nombre très
limité de travaux. Une étude réalisée par Jinqi et Houtian
Enfin, un groupe de l’Université de l’Idaho a testé la (1992) a montré que les espèces Chlorella, Oscillatoria et Spirogyra
capacité des microorganismes ligninolytiques, champignons étaient capables de dégrader les colorants azoïques. Leur action
H. Ben Mansour et al./ Revue des Sciences de l’Eau 24(3) (2011) 209-238
225
décolorante dérive de l’expression d’une azoréductase (enzyme Dans les paragraphes qui suivent nous allons porter une
responsable de la fission de la liaison azote‑azote) aboutissant attention plus particulière sur les travaux effectués avec des
à la production des amines aromatiques correspondantes qui bactéries du genre Pseudomonas.
sont par la suite complètement oxydées.
3.3.5.1 Dégradation des colorants azoïques par des bactéries dans des
conditions limitées en oxygène
3.3.4 Décoloration par les levures
Dans la littérature, les études portant sur la dégradation La dégradation des colorants azoïques par les bactéries,
des colorants azoïques par des levures sont très limitées. dans des conditions anaérobie, a été très largement étudiée :
Récemment, Ramalho et al. (2002) ont testé la souche de on y distingue des bactéries, strictement anaérobies (Bacteroides
levure Candida zeylanoides pour réduire des colorants azoïques sp., Eubacterium sp., Clostridium sp., Fusobacterium sp., etc.),
modèles. En 2004, cette même équipe a pu caractériser l’activité anaérobies/aérobies facultatives (Proteus vulgaris, Streptococcus
enzymatique responsable de la dégradation des colorants faecalis, etc.) et aérobies (Bacillus sp., Aeromonas hydrophia,
azoïques chez Issatchenkia occidentalis et présenter un an plus Pseudomonas sp., etc.).
tard le système enzymatique d’azoréduction impliqué dans un
travail avec Saccharomyces cerevisiae (Ramalho, 2005). Les conditions de dégradation dans la digestion anaérobie
sont adaptées à la réduction des colorants azoïques par clivage
Le nombre de travaux réalisés sur les levures reste très limité de la double liaison N = N, appelée azoréduction, entraînant
en raison de la difficulté à les manipuler et des inconvénients une destruction subséquente des groupes chromophores (celle
du système d’électrons π largement délocalisé) mais pas une
majeurs qu’elles procurent. En effet, outre la difficulté à les
minéralisation complète. Les amines aromatiques résultantes
cultiver, l’efficacité des levures vis‑à‑vis des colorants est très
étant généralement incolores, la réduction azoïque du colorant
faible (la cinétique de décoloration est lente et peut prendre
est aussi désignée dans ce cas par « décoloration ».
plusieurs dizaines de jours) car les levures nécessitent de
s’adapter, c'est‑à‑dire de s’acclimater avant d’aborder la Brohm et Frohwein (1937) ont isolé, dès 1937,
décoloration proprement dite. la première souche bactérienne lactique intestinale capable
de réduire les colorants azoïques alimentaires. Comme la
formation des amines aromatiques toxiques chez l'homme est
3.3.5 Décoloration par les bactéries un problème majeur, la recherche sur une réduction bactérienne
des colorants azoïques a été la plupart du temps concentrée sur
De nombreuses études ont montré la capacité des bactéries l'activité des bactéries anaérobie (facultatives) des intestins des
à dégrader les colorants. Contrairement aux champignons mammifères (Chung et al., 1978; Chung et al., 1981;
et aux actinomycètes, qui dégradent les colorants par voie Chung et al., 1992; Manning et al., 1985; Rafii et al.,
extracellulaire (implication des LiP, MnP, laccases, etc.), les 1997; Rafii et Cirniglia, 1993; Walker, 1970).
bactéries agiraient plutôt par voie intracellulaire. L’action
décolorante dépendrait alors non seulement de l’activité Horitsu et al. (1977) ont isolé de la boue activée,
enzymatique cytoplasmique mais aussi de la filtration des Bacillus subtilis, la première bactérie non intestinale capable
molécules à travers la membrane cellulaire. de dégrader les colorants azoïques. Le genre Bacillus a été,
par la suite, très largement étudié, à savoir : Bacillus cereus
Dans la littérature, la dégradation complète ou (Wuhrmann et al., 1980), Bacillus subtilis (Yatome et al.,
« minéralisation » de colorants azoïques par les bactéries est 1991), Bacillus sp. OY1-2 (Suzuki et al., 2001), Bacillus sp.
souche SF (Maier et al., 2004). Les études ont aussi concerné
décrite par la succession de deux étapes essentielles : une
d’autres bactéries : Idaka et Ogawa (1978) ont montré en
azoréduction anaérobie suivie d’une oxydation aérobie des
particulier que la souche Aeromonas hydrophila var 24B était
amines aromatiques formées lors de l’étape précédente.
capable de dégrader les colorants azoïques. D’autres souches
L’azoréduction est décrite comme l’étape clé de la minéralisation d’Aeromonas hydrophila ont été par la suite testées sur une
des colorants, notamment cette étape est suffisante pour la gamme plus étendue de colorants (Chen et al., 2003; Ren
décoloration des molécules. et al., 2006).
Certaines souches échappent cependant à cette condition Les Pseudomonas ont enfin fait l’objet d’un nombre
d’anaérobiose et sont capables de réduire les colorants azoïques important d’études et ont révélé une grande capacité à simplifier
en présence d’oxygène. On distingue alors deux catégories de les molécules colorantes (Tableau 5) comme Pseudomonas
bactéries décolorantes selon leur comportement vis‑à‑vis de pseudomallei 13NA (Yatome et al., 1981), Pseudomonas
l’oxygène : aérobie et anaérobe. luteola (Chang et al., 2001; Hu, 1994), Pseudomonas putida
Les colorants source de contamination de l’eau
226
(Abraham et al., 2003; Ghorpade et Spencer, similitudes respectivement de 53,3, 53,9 et 53,3 % avec celle
1993); Pseudomonas sp. PR41‑1 (Suguira et al., 1999); de Bacillus sp. OY1‑2 (Suguira et al., 2006). L’azoréductase
Pseudomonas desmolyticum NCIM 2112 (Kalme et al., 2007); isolée de Staphylococcus aureus ATCC 25923, formée de
Pseudomonas GM3; Pseudomonas Q3 et Pseudomonas Z1 (Yu 188 acides aminés, a été comparée à celle de Bacillus sp. OY1‑2
et al., 2001). Dix souches de Pseudomonas ont aussi été testées et a révélé un degré d’homologie qui ne dépasse pas 32 %
séparément puis en mélange et se sont révélées très actives sur la (Chen et al., 2005).
réduction des colorants azoïques (Fang et al., 2004).
On peut constater que, malgré le fait que les azoréductases
isolées de différentes souches ne soient pas spécifiques
3.3.5.1.1 Azoréduction au colorant substrat, ces enzymes ne sont pas tout à fait
homologues.
On appelle azoréduction le clivage de la double liaison
azoïque (‑N = N‑). Ce phénomène nécessite un transfert de
quatre électrons en deux étapes. Dans chaque étape on donne 3.3.5.1.2 Influence des paramètres physico-chimiques sur la cinétique de la
deux électrons au colorant azoïque qui est en fait un accepteur décoloration
final d’électrons (Dos Santos et al., 2007) :
• Effet de l’oxygène : De nombreuses études ont montré
−
R1 − N = N − R 2 + 2 e + 2 H +
étape 1 r R 1 − NH − NH − R 2 (4) que l’oxygène est un facteur limitant de la biodégradation
uuuuuuuu
des colorants azoïques (Chang et Lin, 2000; Hu,
1994). Selon Chang et al. (2001), cet effet est dû à une
R 1 − NH − NH − R 2 + 2 e − + 2 H + étape
uuuuuuu2r R 1 − NH 2 + R 2 − NH 2
compétition pour le cofacteur NADH entre la respiration
(5) et l’azoréduction. Ces auteurs, en étudiant l’activité
( amines aromatiques incolores )
azoréductase de l’extrait cellulaire brut issu de P. luteola dans
des conditions aérobie, ont prouvé que l’oxygène ne présente
Cette réaction est catalysée par une enzyme cytoplasmique aucun effet direct sur l’activité azoréductase.
non spécifique appelée azoréductase. Afin de comprendre si
l’action de l’azoréductase était intra- ou extracellulaire, Yu et • Effet du glucose : Le glucose a été décrit comme un
al. (2001) ont arrêté la réaction de décoloration au bout de substrat préféré pour la biodécoloration dans des conditions
2 h d’incubation en présence de Pseudomonas sp. et ont repris strictement anaérobie, alors qu’il ne l’est pas pour la
ensuite l’expérimentation séparément, soit avec la biomasse biodégradation des colorants dans des conditions limitées
bactérienne, soit avec le milieu de culture. Les auteurs ont en oxygène par les bactéries aérobie, même si, dans ce
observé une faible décoloration (3 %) avec le milieu de culture cas, sa présence améliore la cinétique de décoloration. En
alors que les colorants disparaissent complètement en présence effet, la décoloration de jaune mordant 3 par Sphingomonas
de biomasse cellulaire. Ils ont conclu, par conséquent, que xenophoga souche BN6 est considérablement augmentée par
l’azoréduction est intracellulaire. L’identification des produits la présence de glucose.
issus de l’azoréduction dans le milieu extracellulaire indique
que les colorants sont transférés à l’intérieur de la cellule où ils Cependant, à des concentrations seuils, le glucose constitue
seront réduits par une azoréductase puis les amines dérivées, un facteur limitant de la décoloration. Il a été montré qu’une
résistant à l’oxydation, sont rejetées dans le milieu extérieur concentration de 5 g•L‑1 de glucose est inhibitrice de la
(Chang et al., 2001; Hsueh et Chen, 2007). décoloration de certains diazoïques par P. luteola.
L’azoréductase nécessite, pour son action, la présence d’un Selon Chen et al. (2003) et Pandey et al. (2007), l’effet
cofacteur tel que le NADH, NADPH ou FMN jouant le rôle négatif du glucose sur la décoloration anoxique peut être
d’un donneur d’électrons (Figure 4). attribué soit à la chute de pH due à la formation d’acide,
soit à une répression catabolique. Chang et al. (2001) ont
Suzuki et al. (2001) sont les premiers à décrire la séquence expliqué ce phénomène par la répression catabolique exercée
de gènes codants pour l’azoréductase de Bacillus sp. OY1‑2. La par le glucose sur l’expression de certains gènes. En effet,
protéine de l’azoréductase exprimée par Bacillus sp. OY1‑2 est le glucose inhibe la transcription des gènes AMP cycliques-
composée de 178 acides aminés constituant alors une nouvelle dépendants (White, 1995) dont font partie les gènes
enzyme de la famille des réductases. Maier et al. (2004) ont codants pour les azoréductases (Chang et al., 2001).
identifié l’azoréductase de Bacillus sp. souche SF, enzyme de
faible poids moléculaire (62,6 KDa). Les azoréductases isolées • Effet de la source d’azote : La régénération du NADH,
de Bacillus subtillis ATCC6633, Bacillus subtillis ISW1214 et cofacteur de l’azoréduction, nécessite une source d’azote
Geobacillus stearotherophilus IFO13737 sont formées chacune comme de l’extrait de levure, de la peptone, du tryptone, du
d’une séquence de 174 acides aminés et présentent des KNO3, (NH4)2SO4, NH4Cl, etc.
H. Ben Mansour et al./ Revue des Sciences de l’Eau 24(3) (2011) 209-238
227
OCH3 OCH3
OH
OH azoréductases NH-NH
N=N
R-O2S R-O2S
NADH NAD+
SO3H
SO3H
NaO3SCH2CH2 - = R
NADH
OCH3 OH NAD+
H2N
NH2 +
R-O2S
SO3H
Figure 4. Réduction du rouge réactif 22 par Pseudomonas luteola (Chang et al., 2001).
Reduction of reactive red 22 by Pseudomonas luteola (Chang et al., 2001).
Figure 4
Yu et al. (2001) ont testé l’influence de différentes sur la cinétique apparente de décoloration. Ces auteurs ont
sources d’azote sur la décoloration de l’acide violet 7 par comparé la biodégradation de colorants azoïques par des
Pseudomonas GM3. La peptone s’est révélée comme la cellules intactes à celle obtenue par des cellules perméabilisées
meilleure source d’azote pour la régénération de NADH, de Bacillus cereus. Ils ont notamment observé que la
alors que le KNO3 limite la cinétique de décoloration et décoloration était plus rapide avec les cellules perméabilisées
inhibe complètement celle-ci à des concentrations élevées. qu’avec les cellules natives.
Parmi de nombreuses études, signalons la seule réalisée avec Si la biodégradation des colorants azoïques dans des
un consortium formé de deux Pseudomonas (Figure 5), qui conditions anaérobie a été très largement étudiée, la bio-
fait l’exception et qui a abouti à la minéralisation totale du décoloration en culture aérée (bien oxygénée) reste encore
Jaune mordant 3 (Haug et al., 1991). peu étudiée et limitée à certaines espèces de bactéries. Ces
dernières échappent aux conditions générales d’azoréduction
• Un système de réacteur anaérobie/aérobie intégré : Dans ce en anaérobiose (Tableau 6).
système, des microorganismes anaérobie et aérobie peuvent
collaborer pour une minéralisation des colorants azoïques
(Libra et al., 2004; Van der Zee et Villaverde, Certaines de ces bactéries, telles que Enterobacter agglomerans
2005). Un des problèmes majeurs est le déséquilibre entre (Moutaouakkil et al., 2003; Moutaouakkil et al.,
le cosubstrat et l’oxygène; ceci est susceptible d’inhiber, 2004) et Pseudomonas fluorescens NCIM 2100 (Pandey et
notamment dans l’étape aérobie, la dégradation des amines Upadhyay, 2006) se limitent à l’azoréduction, première
aromatiques. étape de la biodégradation.
Anaérobie
Souche
BN6
Aérobie
Figure 5. Minéralisation du colorant azoïque jaune mordant 3 (MY3) à l’aide d’un système
Figure 5 de réacteur séquentiel anaérobie/aérobie (Haug et al., 1991).
Mineralization of azo dye mordant yellow 3 (MY3) by the sequential anaerobic/
aerobic reactor (Haug et al., 1991).
H. Ben Mansour et al./ Revue des Sciences de l’Eau 24(3) (2011) 209-238
229
Tableau 6. Principaux travaux portant sur la biodégradation des colorants azoïques dans des conditions oxygénées.
Table 6. Main works concerning the biodegradation of azo dyes in oxygenated conditions.
Niveau de
Bactérie Colorant Références
dégradation
4-carboxy-4’-
Hydrogenophaga palleronii minéralisation BLÜMEL et al. (1998)
sulfoazobenzène
Klebsiella pneumoniae RS-13 Rouge de méthyle minéralisation WONG et YUEN (1998)
NACHIYAR et RAJAKUMAR
Pseudomonas aeruginosa Bleu rapide de navitan minéralisation (2004) ; LIN et LAI (2006); LIN et
al. (2008)
Acide orange 52
Pseudomonas putida mt-2 minéralisation BEN MANSOUR et al. (2009a,b)
Acide violet 7
D’autres sont capables d’utiliser les amines aromatiques groupements électrophiles dans la résistance du colorant à
formées comme sources uniques de carbone, aboutissant ainsi l’attaque enzymatique. Ils ont étudié, notamment, les effets des
à une dégradation complète ou « minéralisation » des colorants colorants, d’une part en tant qu’inducteur, et, d’autre part, en
azoïques. Ces bactéries dégradent les molécules colorantes par tant que substrat sur respectivement l’expression et l’activité de
la succession de deux étapes enzymatiques : une azoréduction, l’azoréductase.
non sensible à l’oxygène, suivie d’une métabolisation à oxygène
dépendant (Blümel et al., 1998; Wong et Yuen, 1998).
Les Pseudomonas sont les plus citées et ont montré une grande Après l’azoréduction vient l’oxydation : les amines
aptitude à la conversion aérobie de colorants azoïques. aromatiques issues de l’azoréduction sont directement
prises en charge par un système de cascade enzymatique
Ces bactéries expriment des azoréductases non impliquant des oxygénases et aboutissant à leur dégradation
sensibles à la présence de l’oxygène. En effet, l’orange I totale (minéralisation). Des amines aromatiques sulfoniques,
azoréductase [NADH(P)H:1-(4-sulfophenylazo)-4-naphtol connues comme étant très résistantes à l’attaque bactérienne
oxydoréductase] et l’orange II azoréductase [NADH(P)H:1- à cause de leur faible transfert à travers la membrane cellulaire
(4-sulfophenylazo)-2-naphtol oxydoréductase], azoréductases (Feigel et Knackmuss, 1993; Tan et al., 2005), ont
non sensibles à l’effet de l’oxygène, ont été purifiées et été facilement biodégradables par des bactéries de genre
caractérisées chez la souche Pseudomonas KF46 (Kulla Pseudomonas (Figure 6).
et al., 1983; Zimmermann et al., 1982). En 2002, une
équipe allemande a identifié la séquence des acides aminés de
l’orange II azoréductase de Pseudomonas KF46 (Blumel et al.,
2002) dont la structure était complètement différente de celle 3.3.6 Résumé de procédés biologiques et analyse critique
de Bacillus sp. OY12. Il a été montré par ailleurs que l’activité
de cette azoréductase dépend fortement de la structure des La dégradation des colorants synthétiques a été décrite
colorants azoïques. En effet, Zimmermann et al. (1982) au moyen de microorganismes tels que les champignons, les
ont établi une corrélation entre l’activité de l’azoréductase et la algues, les actinomycètes, les levures et a montré un certain
structure chimique du colorant et ont souligné le rôle de certains nombre d’avantages parmi lesquels on peut citer :
Les colorants source de contamination de l’eau
230
OH
2 OH
HO OH
HSO3 NH2
ouverture
de cycles
cycle de Krebs
Figure 6. Mécanisme de dégradation de l’acide orange 20 par Pseudomonas K24 (Kulla et al., 1983).
Degradation mechanism of acid orange 20 by Pseudomonas K24 (Kulla et al., 1983).
Figure 6
• L’efficacité dans la dégradation des colorants azoïques Ce constat a beaucoup contribué à l’orientation de beaucoup
sulfonés connus comme étant très résistants à l’attaque de chercheurs vers le traitement des colorants synthétiques
bactérienne (Banat et al., 1996); par les bactéries qui soit plus efficace et qui présente moins
d’inconvénients. Les bactéries se sont révélées très efficaces sur
• La dégradation extracellulaire des colorants qui élimine la les colorants, en particulier les azoïques. Toutefois, certaines
difficulté liée à la filtration de la molécule colorante par la bactéries se limitent à la première étape de la dégradation
membrane cellulaire. « azoréduction » donnant naissance à des amines aromatiques
généralement plus toxiques que la molécule mère alors que
• Le peu d’influence sur ces microorganismes des paramètres d’autres sont capables d’emmener la biodégradation jusqu’à
physico-chimiques connus comme facteurs limitants dans le la fin « minéralisation ». Pour cela, plusieurs procédés ont été
cas des bactéries. développés afin d’améliorer la biodégradabilité de colorants, en
optimisant les conditions de culture en oxygène, température,
Mais elle est aussi caractérisée par un certain nombre pH et la richesse en sources de carbone (glucose) et d’azote
d’inconvénients : (extrait de levure, peptone, tryptone etc.).
Parmi les nombreuses familles de colorants synthétiques, les Abraham T.E., R.C. Senan, T.S. Shaffiqu, J.J.
colorants azoïques sont les plus largement utilisés (60 à 70 %). Roy, J.J., T.P. Poulouse et P.P. Thomas (2003).
Ces colorants constituent un groupe de composés caractérisés Bioremediation of textile azo dyes by an aerobic bacterial
par une ou plusieurs liaisons azoïques (R1‑N = N‑R2) en consortium using a rotating biological contactor. Biotechnol.
association avec un ou plusieurs groupements aromatiques, Progr., 19, 1372-1376.
ce qui les rend très stables et relativement peu biodégradables.
Beaucoup d’études ont montré, d’autre part, des effets toxiques Adedayo O., S. Javadpour, C. Taylor, W.A.
et/ou carcinogènes de colorants azoïques (Medvedev et Anderson et M. Moo-Young (2004).
al., 1988; Miller et Miller, 1961; Umbuzeiro et Decolorization and detoxification of methyl red by aerobic
al., 2005; Yahagi et al., 1975), ce qui contraint à traiter les bacteria from a wastewater treatment plant. World J.
effluents contenant ces colorants avant de les rejeter dans le Microbiol. Biotechnol., 20, 545–550.
milieu naturel.
Les traitements physico-chimiques traditionnels Alvares A.B.C., C. Dlaper et S.A. Parsons (2001).
(adsorption, coagulation/floculation, précipitation etc.) Partial oxidation by ozone to remove recalcitrance from
sont couramment utilisés pour la dépollution des effluents wastewaters – a review. Environ. Technol., 22, 409-427.
industriels; bien qu’elles soient rapides, ces méthodes s’avèrent
généralement peu efficaces en regard des normes exigées sur Alves de Lima R.O., A.P. Bazo, D.M. Favero
les rejets. Elles sont très coûteuses et chargent les rejets finaux Salvadori, C.M. Rech, d. De Palma Oliveira
en nombreux produits chimiques. Il apparaît donc intéressant et G. de A. Umbuzeiro (2007). Mutagenic and
de mettre au point des traitements alternatifs, notamment carcinogenic potential of a textile azo dye processing plant
par voie biologique, qui ont l'avantage d'être moins coûteux, effluent that impacts a drinking water source. Mutation
moins polluants et plus efficaces car plus spécifiques Res., 626, 53-60.
(Moutaouakil et al., 2004).
ANSELME C. et E.P. JACOBS (1996). Water treatment
Les colorants azoïques sont transformés par certaines membrane processes. McGraw Hill Mallevialle, New York,
variétés de microorganismes, incluant des bactéries (aérobies et NY, USA, pp. 401-1087.
anaérobies) et des champignons. Ces derniers ont généralement
des croissances et des cinétiques de décoloration lentes, ce Azbar N., T. Yonar, T. et K. Kestioglu (2004).
qui limite leurs performances vis‑à‑vis de ces colorants. Par Comparison of various oxidation processes and chemical
contre, il a été rapporté (Basibuyuk et Forester, treatment methods for COD and color removal from a
1997; Nachiyar et Rajakumar, 2004) que la polyester and acetate fiber dyeing effluent. Chemosphere
dégradation complète (minéralisation) des colorants azoïques 55, 1, 35-43.
par les bactéries nécessite la succession de deux étapes : une
azoréduction (anaérobie) suivie d’oxydations aérobies des Balan D.S.L. et R.T.R. Monteiro (2001). Decolorization
amines aromatiques formées lors de l’étape précédente. of textile indigo dye by ligninolytic fungi. J. Biotechnol.,
Certaines bactéries se limitent cependant à la première étape 89, 141–145.
de la biodégradation ou « azoréduction » donnant naissance
à des amines aromatiques qui s’accumulent dans le milieu Ball A.S., W.B. Betts et A.J. McCarthy (1989).
de culture. Des colorants qui sont parfois non toxiques à Degradation of lignin-related compounds by Actinomycetes.
l'origine peuvent ainsi évoluer par ce processus en métabolites Appl. Environ. Microbiol., 55, 1642-1644.
toxiques : mutagènes, voire cancérigènes (Rafii et al., 1997).
Néanmoins, les Pseudomonas sont des bactéries très actives sur Banat I.M., P. Nigam, D. Singh et R. Marchant
ce type de molécules et expriment fortement des azoréductases (1996). Microbial decolorization of textile-dye-containing
(Chang et al., 2001; Hu, 2001). Parmi ce genre bactérien, effluents: A review. Bioresour. Technol., 58, 217-227.
Les colorants source de contamination de l’eau
232
Banerjee A., D. Nabasree et B. De (2005). In vitro (2009f ) Mutagenicity and genotoxicity of acid yellow 17
study of antioxidant activity of Syzygium cumini fruit. Food and its biodegradation products. Drug Chem. Toxicol., 32,
Chem., 90, 727-733. 222-229
Ben Mansour H., R. Mosrati, D. Corroler, K. Brown M.A. et S.C. Devito (1993). Predicting azo dye
Ghedira, D. Bariller et L. Chekir (2009d). toxicity. Crit. Rev. Environ. Sci. Technol., 12, 405-414.
Genotoxic and anti-butyrylcholinesterasic activities of
acid violet 7 and its biodegradation products. Drug Chem. Burke NS. et D.L. Crawford (1998). Use of azo dye
Toxicol., 32, 230-237. ligand chromatography for the partial purification of a novel
extracellular peroxidase from Streptomyces viridosporus
Ben Mansour H., D. Corroler, D. Bariller, K. T7A. Appl. Microbiol. Biotechnol., 49, 523-30.
Ghedira, L. Chekir-Ghedira et R. Mosrati
(2009e). Influence of the chemical structure on the
biodegradability of acids yellow 17, violet 7 and orange 52 Calabro V., G. Pantano, R. Kang, R. Molinari
by Pseudomonas putida. Ann. Microbiol., 59, 1-7. et E. Drioli (1990). Experimental study on integrated
membrane processes in the treatment of solutions
Ben Mansour H., R. Mosrati, D. Corroler, K. simulating textile effluents. Energy and exergy analysis.
Ghedira, D. Bariller et L. Chekir-Ghedira Desalination, 78, 257-277.
H. Ben Mansour et al./ Revue des Sciences de l’Eau 24(3) (2011) 209-238
233
CAPON M., V. COURILLEU et C. VALTTE (1999). Chimie colour and other azo, triphenylmethane and xanthene
des couleurs et des odeurs, culture et technique. Nantes dyes. Mutation Res. Rev. Genetic Toxicol., 198, 101-243.
ISBN 2-9502444-2-4
COOPER P (1995). Color in dye house effluent. Society of
Chang J.S., Chou, C., Y.C. Lin, P.J. Lin, J.Y. Ho et dyes and colourists (Éditeur), Bradford, West
T.L. Hu (2001). Kinetic characteristic of bacterial azo Yorkshire, Grande-Bretagne, 197 p.
dyes decolorization by Pseudomonas luteola. Water Res., 35,
2841-2850.
Crips C., A. John, J.A. Bumpus et S.D. Aust
(1990). Biodegradation of azo and heterocyclic dyes by
Chang J.S. et Y.C. Lin (2000). Fed-batch bioreactor
Phanerochaete chrysosporium. Appl. Environ. Microbiol., 56,
strategies for microbial decolorization of azo dye using a
1114-1118.
Pseudomonas luteola strain. Biotechnol. Prog., 16, 979-985.
Chen K.C., J.Y. Wu, D.J. Liu et S.C.J. Hwang (2003). De France B.F., M.H. Carter et P.D. Josephy
Decolorisation of the textile dyes by newly isolated bacterial (1986). Comparative metabolism and mutagenicity of azo
strains. J. Biotechnol., 101, 57-68. and hydrazone dyes in the Ames test. Food Chem. Toxicol.,
24, 165-196.
Chen H., S.L. Hopper et C.E. Cerniglia (2005).
Biochemical and molecular characterization of an De Heridia J.B., J. Torregrosa, R. Dominguez et
azoreductase from Staphylococcus aureus, a tetrameric J.A. Peres (2001). Kinetic model for phenolic compound
NADPH-dependent flavoprotein. Microbiology 151, oxidation by Fenton’s reagent. Chemopshere, 45, 85-90.
1433–1441.
DEPA (Danish Environmental Protection Agency) (2000).
Chen B.Y. (2006). Toxicity assessment of aromatic amines to
Survey of azo-colorants in Denmark, Toxicity and fate of azo
Pseudomonas luteola: chemostat pulse technique and dose-
dyes.
response analysis. Proc. Biochem., 41, 1529–1538.
Dos Santos A., F.J. Cervantes et J.V. van Lier,
Chen H., R.F. Wang et C.E. Cerniglia (2004).
(2007). Review paper on current technologies for
Molecular cloning, overexpression, purification,
decolourisation of textile wastewaters: Perspectives
and characterization of an aerobic FMN-dependent
for anaerobic biotechnology. Bioresour. Technol., 98,
azoreductase from Enterococcus faecalis. Protein Expr. Purif.,
2369‑2385.
34, 302–310.
Christie R. (2001). Colour chemistry. The Royal Society of Eichlerova I., L. Homolka, L. Lisa et F.
Chemistry, Cambridge, United Kingdom. Nerud (2005). Orange G and remazol brilliant
blue R decolorization by white rot fungi Dichomitus
Chung KT., E.G. Fulk et A.Y. Andrews (1981). squalens, Ischnoderma resinosum and Pleurotus calyptratus.
Mutagenicity testing of some commonly used dyes. Appl. Chemosphere, 60, 398–404.
Environ. Microbiol., 42, 641-648.
Fang H., H. Wenrong et L. Yuezhong (2004).
Chung K.T., G.E. Fulk et M. Egan (1978). Reduction of Biodegradation mechanisms and kinetics of azo dye 4BS
azo dyes by intestinal anaerobes. Appl. Environ. Microbiol., by a microbial consortium. Chemosphere, 57, 293–301.
35, 5588-5620.
Feigel B.J. et H.J. Knackmuss (1993). Syntropic
Chung K.T., S.E.J. Stevens et C.E. Cerniglia interactions during degradation of 4 aminobenzenesulfonic
(1992). The reduction of azo dyes by the intestinal acid by a two species bacterial culture. Arch. Microbiol.,
microflora. Critical Rev. Microbiol., 18, 175–197. 159, 124–130.
Combes R.D. et R.B. Haveland-Smith (1982). A Fenton H.J.H. (1894). Oxidation of tartaric acid in the
review of the genotoxicity of food, drug, and cosmetic presence of ion. J. Chem. Soc., 65, 899-910.
Les colorants source de contamination de l’eau
234
Fujian X., C. Hongzhang et L. Zuohu (2001). Solid– Hernandez, R., M. Zappi, J. Colucci et R. Jones
state production of lignin peroxidase (LiP) and manganese (2002). Comparing the performance of various advanced
peroxidase (MnP) by Phanerochaete chrysosporium using oxidation processes for treatment of acetone contaminated
steam-exploded straw as substrate. Bioresour. Technol., 80, water. J. Hazard Mater., 92, 33-50.
149-151.
Hong, A., M.E. Zappi, C.H. Kuo et D.O. Hill (1996).
Galindo C. (1998). Dégradation de colorants par la méthode Modelling the kinetics of illuminated and dark advanced
d’oxydation avancée UV/H2O2. Thèse de doctorat, n° 98 oxidation processes. ASCE J. Environ. Eng., 122, 1, 58-62.
MULH 0520, Université de Mulhouse, France.
Ganesh R., g.d. Boardman ET D. Michelson Horitsu, H., M. Takada, E. ldaka, M. Tomoyeda
(1994). Fate of azo dyes in sludges. Water Res., 28, et T. Ogawa (1977). Degradation of p-aminoazobenzene
1367‑1376. by Bacillus subtilis. Eur. J. Appl. Microbiol., 4, 217-224.
GANESH R. (1992) Fate of azo dye in sludges. Thèse de HSUEH C.-C. et B.-Y. Chen (2007). Comparative study
doctorat, Chimie, Virginia Polytechnic Institute and State on reaction selectivity of azo dye decolorization by
University, Blacksburg, VA, USA, 193 p. Pseudomonas luteola. J. Hazard. Mater., 141, 842-849.
Ghorpade A.K. et H.T. Spencer (1993). Azo dyes Hu, T.L. (1994). Decolourization of reactive azo dye by
metabolism by Pseudomonas putida. Dans : 48th Purdue transformation with Pseudomonas luteola. Bioresour.
International Waste Conference Proceedings, Lewis Technol., 49, 47–51.
Publishers, Chelsea, Michigam, pp. 699-714.
Hu, T.L. (2001). Kinetics of azoreductase and assessment
Glenn J.K. et M.H. Gold (1983). Decolorization of several
of toxicity of metabolic products from azo dyes by
polymeric dyes by the lignin- degrading basidiomycete
Pseudomonas luteola. Water Sci. Technol., 43, 2, 261–269.
Phanerochaete chrysosporium. Appl. Environ. Microbiol., 45,
1741-1747.
IARC (1982). World Health Organization, International
Agency for research on Cancer. Dans : Monographs on the
Golka K., S. Kopps et Z.W. Myslak (2004).
evaluation of the carcinogenic risk of chemicals to human.
Carcinogenicity of azo colorants: influence of solubility
"Some industrial chemicals and dyestuffs", Lyon, France,
and bioavaibility. Toxicol. Lett., 151, 203-210.
29 p.
Idaka E. et Y. Ogawa (1978). Degradation of azo
Guivrach E. et M.A. Oturan (2004). Le problème de
compounds by Aeromonas hydrophila var. 2413. Dyers
la contamination des eaux par les colorants synthétiques :
Colour., 94, 91-94.
comment les détruire? Actualité chim., 277/238, 65-68.
Ince N.H. et G. Tezcanli (2001). Reactive dyestuff
Haber F. et J. Weiss (1934). The catalytic decomposition
degradation by combined sonolysis and ozonation. Dyes
of hydrogen peroxide by iron salts. Proc. Nat. Acad. Sci.,
Pigments, 49, 145-153.
134, 332-351.
Jinqi L. et L. Houtian (1992). Degradation of azo dyes
Hao O.J., H. Kim et P.C. Chiang (2000). Decolorization by algae. Environ. Pollut., 75, 273-278.
of wastewater. Crit. Rev. Environ. Sci. Technol., 30, 449‑505.
Jung R., D. Steinle et R. Anliker (1992). A
Harazono, K. et K. Nakamura (2005). Decolorization compilation of genotoxicity and carcinogenicity ata of
of mixtures of different reactive textile dyes by the white- aromatic aminosulfonic acids. Food Chem. Toxicol., 30,
rot basidiomycete Phanerochaete sordida and inhibitory 635-660.
effect of polyvinyl alcohol. Chemosphere, 59, 63‑68.
Kalme S.D., G.K. Parshetti, S.U. Jadhav et S.P.
Haug, W., A. Schmidt, B. Nortemann, D.C. Govindwar (2007). Biodegradation of benzidine
Hempel, A. Stolz et H.J. Knackmuss (1991). based dye Direct Blue-6 by Pseudomonas desmolyticum
Mineralization of the sulphonated azo dye mordant yellow NCIM 2112. Bioresour. Technol., 98, 1405–1410.
3 by a 6-aminonaphthatene- 2-sulphonate-degrading
bacterium consortium. Appl. Environ.l Microbiol., 57, Kaushik G., M. Gopal et I.S. Thakur (2010).
3144-3149. Evaluation of performance and community dynamics
H. Ben Mansour et al./ Revue des Sciences de l’Eau 24(3) (2011) 209-238
235
of microorganisms during treatment of distillery spent of azo dye (3’-MDAB) as linked to the level of hepatocyte
wash in a three stage bioreactor. Bioresour. Technol., 101, polyploidization. Mech. Ageing Develop., 46, 159-174.
4296‑4305.
Miller J.A. et E.C. Miller (1961). The carcinogenicity
Kondo M.M., M.A.S.V. Arcos, T. Marco, T. et M.T. of 3-methoxi-4-aminoazo-benzen and its N-methyl
Grassi (2002). Dissolved organic carbon determination derivatives for extrahepatic tissues of the rat. Cancer Res.,
using FIA and photo-fenton reaction. Brazil. Arch. Biol. 21, 1068-1074.
Technol., 45, 81‑87.
Mills C., R.J. Bull et K.P. Cantor (1998). Risques
Kulla H.G., F. Klausener, U. Meyer, B. Lüdeke pour la santé liés à la consommation de sous-produits de la
et T. Leisinger (1983). Interference of aromatic sulfo chloration de l'eau potable : rapport d'un groupe d'experts.
groups in the microbial degradation of the azo dyes orange I Maladie Chron. Canada, 19, 3.
and orange II. Arch. Microbiol., 135, 1-7.
Moutaouakkil M., Y. Zeroual, F.Z. Dzayri, M.
Kuo W.G. (1992). Decolorization dye wastewater with Talbi, K. Lee et M. Blghen (2003). Purification and
feteon’s reagent. Water Res.. 26, 881-886. partial characterization of azoreductase from Enterobacter
agglomerans. Arch. Biochem. Biophys., 413, 139–146.
Libra J.A., M. Borchert, L. Vigelahn et T.
Thomas Storm (2004). Two stage biological Moutaouakkil M., Y. Zeroual, F.Z. Dzayri, M.
treatment of a diazo reactive textile dye and the fate of the Talbi, K. Lee et M. Blghen (2004). Decolorization
dye metabolites. Chemosphere, 56, 167-180. of azo dyes with Enterobacter agglomerans immobilized
in different supports by using fluidized bed bioreactor.
Lide D.R. (1999). Hanbook of chemistry and physics. Solubility Current Microbiol., 48, 124–129.
of selected gases in water. 79e Ed., Cleveland (OH), Chemical
Rubber Co.
Nachiyar C.V. et G.S. Rajakumar (2004). Mechanism
of Navitan Fast Blue S5R degradation by Pseudomonas
Lin C.C. et Y.T. Lai (2006). Adsorption and recovery of lead
aeroginosa. Chemosphere, 57, 165–169.
(II) from aqueous solutions by immobilized Pseudomonas
aeruginosa PU21 beads. J. Hazard. Mater., 137, 99-105.
Neamtu M., A. Yediler, I. Siminicanu, M.
Lin C.N., H.L. Chen et M.H. Yen (2008). Flavonoids Macoveanu et A. Kettrup (2004). Decolorization
with DNA strand-scission activity from Rhus javanica var. of disperse red 354 azo dye in water by several oxidation
roxburghiana. Fitoterapia, 79, 32–36. processes – a comparative study. Dyes Pigment, 60, 61-68.
Maier J., A. Kandelbauer, A. Erlacher, A. Nigam P., I.M. Banat, D. Singh et R. Marchant
Cavaco-Paulo et G.M. Gübitz (2004). A new (1996). Microbial process for the decolorization of textile
alkali-thermostable azoreductase from Bacillus sp. strain effluent containing azo, diazo and reactive dyes. Proc.
SF. Appl. Environ. Microbiol., 70, 837–844. Biochem., 31, 435-442.
MANAHAN S.E (1994). Environmental chemistry. Lewis Nigam, P. et R. Marchant (1995). Selection of a
publishing, 6e édition, Atlanta, GA, USA. substratum for composing biofilm system of a textile-
effluent decolorizing bacteria. Biotechnol. Lett., 17,
Manning B.W., C.E. Cernigli et T.E. Federle 993‑996.
(1985). Metabolism of the benzidine-based azo dye direct
black 38 by human intestinal microbiota. Appl. Environ. O’Neill, C., F.R. Hawkes, D.L. Hawkes, N.D.
Microbiol., 50, 10-15.
Lourenco, H.M. Pinheiro et W. Delee (1999).
Colour in textile effluents – sources, measurement,
Mechsner K. et K. Wuhrmann (1982). Cell
discharge consents and simulation: a review. J. Chem.
permeability as a rate limiting factor in the microbial
reduction of sulfonated azo dyes. Eur. J. Appl. Microbiol. Technol. Biotechnol., 74, 10009–10018.
Biotechnol., 15, 123‑126.
Pagga, U. et D. Brown (1986). The degradation
Medvedev Z.A., H.M. Crowne et M.N. Medvedeva of dyestuffs part II: behaviour of dyestuffs in aerobic
(1988). Age related variations of hepatocarcinogenic effect biodegradation tests. Chemosphere, 15, 479-491.
Les colorants source de contamination de l’eau
236
Pandey, A, P. Singh et L. Iyengar (2007). Bacterial Rau J., H.J. Knackmuss et A. Stolz (2002). Effects
decolorization and degradation of azo dyes. Int. Biodeter. of different quinoid redox mediators on the anaerobic
Biodegrad., 59, 73-84. reduction of azo dyes by bacteria. Environ. Sci. Technol.,
36, 1497–1504.
Pandey, B.V. et R.S. Upadhyay (2006). Spectroscopic
characterization and identification of Pseudomonas Rehn L. (1895). Blasengeschwulste bei Fuschin arbeiten.
fluorescens mediated metabolic products of Acid Yellow-9. Arch. Klin Chir., 50, 588.
Microbiol. Res., 161, 311-315.
Ren S., J. Guo et G. Zeng (2006). Guoping sun
decolorization of triphenylmethane, azo, and anthraquinone
Pasti, M.B., A.L. Pometto et M.P. Nuti (1990). dyes by a newly isolated Aeromonas hydrophila strain. Appl.
Crawford DL.lLignin-solubilizing ability of actinomycetes Microbiol. Biotechnol., 72, 1316–1321.
isolated from termite (Termitidae) gut. Appl. Environ.
Microbiol., 56, 2213-2218. Robinson T., G. McMullan, R. Marchant et P.
Nigam (2001). Remediation of dyes in textile effluent:
Paszczynski A., M.B. Pasti-Grigsby, S. a critical review on current treatment technologies with a
Goszczynski, R.L. Crawford et D.L. proposed alternative. Bioresour. Technol., 77, 247-255.
Crawford (1992). Mineralization of sulfonated azo
dyes and sulfanilic acid by Phanerochaete chrysosporium and Russ R., J. Rau et A. Stolz (2000). The function of
Streptomyces chromofuscust. Appl. Environ. Microbiol., 58, cytoplasmic flavin reductases in the reduction of azo dyes
3598-3604. by bacteria. Appl. Environ. Microbiol., 66, 1429–1434.
Percy A.J., N. Moore et J.K. Chipman (1989). Sandhu P. et J.K. Chipman (1990). Bacterial mutagenesis
Formation of nuclear anomalies in rat intestine by benzidine and hepatocyte unscheduled DNA synthesis induced by
and its biliary metabolites. Toxicology, 57, 217‑223. chrysoidine azo-dye components. Mutation Res., 240,
227‑236.
Quillardet P. et M. Hofnung (1993). The SOS
chromotest: a review. Mutation Res./Rev. Gen. Toxicol., 297,
235-279. Santé Canada (1999). Chloration de l'eau, votre santé et
vous.
Rafii F. et C.E. Cerniglia (1993). Comparison of
Seyewetz A. et P. Sisley (1896). Chimie des matières
the azoreductase and nitroreductase from Clostridium
colorantes artificielles. Libraires de l’Académie de
perfringens. Appl. Environ. Microbiol., 59, 1731-1734. Médicine (Éditeur), Paris Masson, France.
Rafii F., J.D. Hall et C.E. Cernigalia (1997). Shu H.Y. et C.R. Huang (1995). Degradation of
Mutagenicity of azo dyes used in foods, drugs and cosmetics commercial azo dyes in water using ozonation and UV
before and after reduction by Clostridium species from the enhanced ozonation process. Chemosphere, 31, 3813-3825.
human intestinal tract. Food Chem. Toxicol., 35, 897-901.
Slokar Y.M. et A.M. Le Marechal (1998). Methods
Raghavacharya C. (1997). Colour removal from of decoloration of textile wastwaters. Dyes Pigments, 37,
industrial effluents – a comparative review of available 335-356.
technologies. Chem. Eng. World, 32, 53-54.
Solozhenko E.G., N.M. Soboleva et V.V.
RAMALHO, DCF (2005). Degradation of dyes with Goncharuk (1995). Decolorization of azo dye
microorganisms studies with Ascomycete yeasts., Université de solutions by Fenton’s oxidation. Water Res., 29, 2206-2210.
Minho, Portugal, 14 p.
Sugiura W., T. Miyashita, T. Yokoyama et M.
MOT00 Ara (1999). Isolation of azo-dye-degrading
Ramalho P.A., H. Scholze, M.H. Cardoso,
microorganisms and their application to white discharge
M.T. Ramalho et A.M. Oliveira-Campos printing of fabric. J. Biosci. Bioeng., 88, 577-581.
(2002.) Improved conditions for the aerobic reductive
decolourisation of azo dyes by Candida zeylanoides. Enzyme Sugiura W., T. Yoda, T. Matsuba, Y. Tanaka et
Microb. Technol., 31, 848-854. Y. Suzuki (2006). Expression and characterization of
H. Ben Mansour et al./ Revue des Sciences de l’Eau 24(3) (2011) 209-238
237
the genes encoding azoreductases from Bacillus subtilis and Vendevivere P.C., R. Bianchi et W. Verstraete
Geobacillus stearothermophilus. Biosci. Biotechnol. Biochem., (1998). Treatement and creuse from the textile wet-
70, 1655-1665. processing industry: review of emerging technologies. J.
Chem. Technol. Biotechnol., 72, 289-302.
Suzuki T., S. Timofei, L. Kurunczi, U. Dietze
et G. Schurmann (2001). Correlation of aerobic Venkataraman K. (1901). The analytical chemistry of
biodegradability of sulfonated azo dyes with the chemical synthetic dyes. National Chemistry Laboratory, Poona,
structure. Chemosphere, 45, 1-9. India ISBN 0-471-90575-5.
Swamy J. et J.A. Ramsay (1999). Effects of glucose and Walker R. (1970). The metabolism of azo compounds: a
NH4+ concentrations on sequential dye decoloration by review of the literature. Food Cosm. Toxicol., 8, 659-676.
Trametes versicolor. Enz. Microb. Technol.,, 25, 278-284.
Wang J., B. Guo, X. Zhang, Z. Zhang, J. Han et J.
Szpyrkowicz L., C. Juzzolino et S.N. Kaul Wu (2005). Sonocatalytic degradation of methyl orange
(2001). A comparative study on oxidation of disperses in the presence of TiO2 catalysts and catalytic activity
dyes by electrochemical process, ozone, hydrochlorite and
comparison of rutile and anatase. Ultrason. Sonochem., 12,
Fenton reagent. Water Res., 35, 2129-2136.
331–337.
Tan N.C., A. van Leeuwen, E.M. van
Voorthuizen et P. Slenders (2005). Prenafeta- Welham A. (2000). The theory of dyeing (and the secret of
Boldu, F.X.; Temmink, H.; Lettinga, G.; Field, J. A. life). J. Soc. Dyers Colour., 116, 140-143.
Fate and biodegradability of sulfonated aromatic amines.
Biodegrad., 16, 527-537.
White D. (1995). The physiology and biochemistry of
Prokaryotes. Oxford University Press, New York, NY.
Taylor J.S. et E.P. Jacobs (1996). Water treatment
membrane processes. McGRAW HILL (Éditeur), New-
York, NY, 238 p. Willmott N.J., J.T. Gutherie et G. Nelson (1998).
The biotechnology approach to colour removal from textile
Tsuda S., N. Matsusaka, H. Madarame, S. effluent. J. Soc. Dyers Colour., 114, 38-41.
Ueno, N. Susa, K. Ishida, N. Kawamura, K.
Sekihashi et Y.F. Sasaki (2000). The comet assay Wong P.K. et P.Y. Yuen (1998). Decolorization and
in eight mouse organs: result with 24 azo compounds. biodegradation of methyl red by Klebsiella pneumoniae RS-
Mutation Res., 465, 11-26. 13. Water Res., 30, 1736-1744.