Les Adolescents Auteurs Du Cyber Harcelement Et Pathologie Mentale: Quels Liens ?
Les Adolescents Auteurs Du Cyber Harcelement Et Pathologie Mentale: Quels Liens ?
Les Adolescents Auteurs Du Cyber Harcelement Et Pathologie Mentale: Quels Liens ?
11(03), 510-512
RESEARCH ARTICLE
LES ADOLESCENTS AUTEURS DU CYBER HARCELEMENT ET PATHOLOGIE MENTALE : QUELS
LIENS ?
But :préciser les caractéristiques psychiatriques des adolescents auteurs de cyber harcèlement
Méthodes:-
Revue de la littérature concernant les adolescents auteurs de cyber harcèlement.
Résultats et Discussion:-
Les adolescents impliqués dans du cyberharcèlement sont plus susceptibles de présenter des troubles externalisés
(1). Les cyber agresseurs sont surreprésentés dans cette catégorie et présentent plus de troubles du comportement, de
troubles des conduites, d’hyperactivité et d’hostilité (2).Une étude longitudinale a montré que l’impulsivité prédit
directement une augmentation de la cyber agression [3]. Les cybers agresseurs respectent moins les règles sociales
[4] et ont plus de difficultés à réguler leurs émotions [5].
On note également chez ce groupe un plus grand désengagement moral [6]. Selon Fletcher [7], les cyber agresseurs
sont 14 fois plus impliqués dans des comportements violents à l’école que les non-impliqués.
Les traits de personnalité de type psychopathique sont également un facteur prédictif unique de cyber agression.Ces
cyber agresseurs présentent une plus grande colère que les non-impliqués. Une étude longitudinale met en évidence
une association entre cyber agression en classe de troisième et vol en première [8].
Une étude [9] s’est intéressée aux éléments de personnalité entre agresseurs traditionnels et cyber agresseurs en se
basant sur le modèle des 5 facteurs (Big-Five ou Five Factor Model) qui différencie 5 modèles de personnalité : le
Névrosisme, l’Extraversion, l’Ouverture à l’expérience, l’Agréabilité et la Conscience. Les résultats de cette étude
montraient que les cyber agresseurs présentaient des scores significativement plus faibles en Névrosisme (sensibilité
de perception à la menace et aux aspects désagréables de la réalité). De plus, les cyber agresseurs présentaient des
scores d’Agréabilité (dimension régulant la tonalité des relations et les échanges avec autrui) plus élevés que les
agresseurs scolaires et équivalents aux non-impliqués. Ces deux différences étaient expliquées par les auteurs de
l’étude par l’anonymat et le manque d’inhibition
Ainsi que Les adolescents victimes de cyberharcèlement ont des taux de consommations de toxiques 2 à 4.5 fois
supérieurs que chez les non-impliqués, alors que les cyber agresseurs semblent moins touchés [10].
En ce qui concerne les relations sociales et amicales, être impliqué dans du cyberharcèlement réduit la quantité et la
qualité des relations (11). Et plus la sévérité, la fréquence, et la durée du cyberharcèlement augmentent plus les
difficultés dans les relations affectives et sociales sont majorées
Concernant les cyber agresseurs, les études sont discordantes. Selon une étude, ils présentent également de moins
bonnes relations avec leurs pairs, mais selon une autre, ils présenteraient de meilleures relations avec leurs pairs que
les cyber victimes et même que les non-impliqués [10].,
Sur le plan scolaire, Le cyberharcèlement a des conséquences négatives sur presque tous les domaines de la scolarité
: assiduité, performances scolaires, bien-être à l’école [7]. Pour les auteur de cyber harcèlement, on retrouve une
perception plus mauvaise du climat scolaire, de l’implication des enseignants, du sentiment de sécurité à l’école et
du sentiment d’appartenance à leur établissement scolaire .
Par ailleurs des études ont révélés des manifestations psychosomatiques variés sur ces harceleurs surtout des
céphalées, Dans leur revue de littérature, Arsène et Raynaud [10] retrouvent que les cybers agresseurs ne sont sujets
qu’à plus de céphalées que les non-impliqués
Les cyberharceleurs ont une faible estime de soi parrapport aux auteurs d harcèlement traditionnel
Cela peut être expliquée par le fait que les auteurs ayant une grande estime de soi pouvaient être moins préoccupés
par les opinions d'autrui et donc plus à l'aise avec les confrontations en face à face. En revanche, ceux qui ont une
faible estime de soi peuvent être attirés par la sécurité relative et l'anonymat de l'environnement en ligne .
Sur le plan thymique ,Une méta-analyse [4] examinant les facteurs de risque de cyberharcèlement en retrouve
cependant que la dépression est un facteur de risque chez les personnes impliquées en cyberharcèlement.Et Il semble
que le groupe de cyber agresseurs soit moins associé à une augmentation de la dépression et que le taux de
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ISSN: 2320-5407 Int. J. Adv. Res. 11(03), 510-512
dépression des adolescents de ce groupe soit à peu près similaire à celui du groupe des non impliqués cyber
agression.
Par ailleurs Les tentatives de suicide sont également plus fréquentes chez ces adolescents [9].
En plus d’après l’étude longitudinale de Bauman [10], ce sont les garçons qui sont le plus à risque de tentative de
suicide lorsqu’ils sont impliqués dans du cyberharcèlement. Sachant quils sont entre 2 et 3 fois plus
cybeçragresseurs que les filles, cette différence de genre est en cohérence avec un plus fort taux d’incidence des
tentatives de suicide chez les cyber agresseurs.
L’anxiété sociale n’est pas considérée par les auteurs de cette étude comme un facteur de risque de cyber agression.
De plus, une étude sur 898 adolescents argentins a montré que les taux d’anxiété des cyberagresseurs étaient
significativement plus faibles que ceux des agresseurs traditionnels [9]. Cependant, dans leur méta-analyse,
Kowalski et al [10] ont prouvé que les cyberagresseurs ont significativement un niveau d’anxiété plus important que
les non-impliqués.
Paradoxalement aussi, être un cyberharceleur expose fortement à un risque de devenir cyber victime, surtout si
l’agression est fréquente, ce qui peut engendrer plus de difficulté psychosociale.
Conclusion:-
Le cyberharcèlement présente un réel impact sur la santé mentale des jeunes adolescents, auteurs comme victimes,
ce qui nécessite une attention des professionnels de santé à ce phénomène de plus en plus fréquent
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