Cours Applications Lineaires Et Matrices Vprof
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7 mai 2021
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Dans tout ce chapitre K désignera R ou C.
1 Matrices et applications linéaires
1.1 Matrice d'une application linéaire
l'application f dans les bases B et B , notée Mat (f ), la matrice de M (K) dont la j -ième
F
Remarque. Attention! La notation Mat peut être utilisée dans certains livres à la place de Mat . Le
programme impose les notations de la dénition.
BE ,BF BF ,BE
et B .
3 1 1 2 1 3 3
4
Exemple 2. On considère l'endomorphisme g de R [X] qui à un polynôme P (X) associe son polynôme dérivé P (X). 0
0 1 0 0
0 0 2 0
MatB,B (g) =
0
.
0 0 3
0 0 0 0
2
Dénition (Application linéaire canoniquement associée à une matrice).
Soit (n, p) ∈ (N ) et A ∈ M (K). On note B et B les bases canoniques respectives de K et K .
∗ 2 p n
L'application linéaire f de K dans K qui vérie Mat (f ) = A est appelée application linéaire
n,p p n
p n
avec
p
X
f ((x1 , . . . , xp )) = (y1 , . . . , yn ) ∀i ∈ [[1, n]], yi = aik xk .
k=1
Si f est une forme linéaire de E, f va d'un espace de dimension p dans un espace de dimension 1 et par dénition
Démonstration.
de la matrice d'une application linéaire, sa matrice sera (quelles que soient les bases choisies, seul le cardinal
de ces bases est important pour la taille de la matrice) dans M (K).
Réciproquement, si A est une matrice ligne à p colonnes, son application linéaire canoniquement associée va de
1,p
coordonnées de x dans la base B le vecteur colonne X ∈ M (K) formé des coordonnées de x dans la
E
base B .
E p,1
E
3
Théorème (Interprétation matricielle de l'image d'un vecteur).
Soit E un espace vectoriel de dimension p ∈ N , de base B , et F un espace vectoriel de dimension n ∈ N ,
∗ ∗
y = f (x) ⇐⇒ Y = AX.
p p n n p
!
X X X X X
f (x) = xj f (ej ) = xj aij fi = aij xj fi .
j=1 j=1 i=1 i=1 j=1
Ce qui nous donne, par identication des coecients dans la base F puis par dénition du produit matriciel :
p
X
y = f (x) ⇐⇒ ∀i ∈ [[1, n]], yi = aij xj ⇐⇒ Y = AX.
j=1
n
X n
X n
X
(λf + g)(ej ) = λf (ej ) + g(ej ) = λ aij fi + bij fi = (λaij + bij ) fi .
i=1 i=1 i=1
D'où Mat BF ,BE (λf + g) = (λaij + bij )i∈[[1,n]],j∈[[1,p]] = λ MatBF ,BE (f ) + MatBF ,BE (g) .
4
Théorème (Matrice d'une composée d'applications linéaires).
Soit E, F et G trois espaces vectoriels de dimension nie, de bases respectives B , B et B . Soit f une
application linéaire de E dans F et g une application linéaire de F dans G. Alors :
E F G
On pose B = (e , . . . , e ), B = (f , . . . , f ) et B = (g , . . . , g ). On pose (a ) =
et (b ) (g). Mat (g ◦ f ) est la matrice dont les vecteurs colonnes sont les
Démonstration. E 1 p F 1 n G 1 m ij i∈[[1,n]],j∈[[1,p]]
MatBF ,BE (f ) = Mat
coordonnées des vecteurs g ◦ f (e ) dans la base B , on va donc commencer par calculer ces vecteurs. Soit j ∈ [[1, p]],
ij i∈[[1,m]],j∈[[1,n]] BG ,BF BG ,BE
j G
n n n m m n
! ! !
X X X X X X
g ◦ f (ej ) = g (f (ej )) = g aij fi = aij g(fi ) = aij bki gk = bki aij gk .
i=1 i=1 i=1 k=1 k=1 i=1
rg(A) = 0 ⇐⇒ A = 0.
Les seules familles de M n,1 (K) de rang 0 sont celles qui ne contiennent que des vecteurs colonnes nuls,
d'où le résultat.
Démonstration.
5
Théorème (Lien entre rang d'une application linéaire et de sa matrice).
Soit E un espace vectoriel de dimension p ∈ N , F un espace vectoriel de dimension n ∈ N et f une
∗ ∗
rg(f ) = rg(A).
On pose B = (e , . . . , e ). Les colonnes de A sont formées des coordonnées des vecteurs f (e ) dans
la base B . Donc par dénition du rang d'une matrice, le rang de A est égal au rang de la famille (f (e ), . . . , f (e )).
Démonstration. E 1 p i
Par ailleurs, comme B est une base de E, on sait que la famille (f (e ), . . . , f (e )) engendre Im(f ). D'où rg(A) =
F 1 p
dim(Im(f )) = rg(f ).
E 1 p
Remarque. Le rang d'une application linéaire est donc le rang de n'importe laquelle de ses matrices associées : le
choix des bases n'importe pas.
Proposition (Rang de la transposée).
Soit (n, p) ∈ (N ) et A ∈ M (K). On a :
∗ 2
n,p
On appelle matrice de l'application f dans la base B, notée Mat (f ), la matrice carrée de M (K)
1 p
dont la j-ième colonne est composée des coordonnées du vecteur f (e ) dans la base B.
B p
j
Remarque. Si E est un espace vectoriel de base B = (e , . . . , e ), on remarque que pour tout i ∈ [[1, p]], Id (e ) = e .
Donc la matrice associée à l'endomorphisme identité est I et ne dépend pas de la base de E choisie.
1 p E i i
p
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Proposition (Formule du binôme de Newton pour deux matrices, rappel).
n
X n k n−k
n
(A + B) = A B .
k
k=0
2.2 Automorphismes
Dénition (Automorphisme).
Soit E un espace vectoriel sur K. On appelle automorphisme de E tout endomorphisme bijectif de E.
On note GL(E) l'ensemble des automorphismes de E.
Remarque. Les automorphismes de E sont donc les applications qui sont à la fois un endomorphisme de E et un
isomorphisme de E dans E.
Dénition (Matrice inversible, rappel).
Soit n ∈ N et A ∈ M (K). On dit que A est inversible quand il existe une matrice B de M (K) telle
∗
que AB = BA = I . Cette matrice est alors unique et notée A . L'ensemble des matrices inversibles de
n n
−1
(Mat (f )) .
BE BE
−1
BE
Supposons que f est bijective. Alors elle admet une réciproque f et f ◦ f = Id . En passant aux matrices
Démonstration. E 1 n
−1 −1
associées, on trouve :
E
Réciproquement, supposons que A = Mat (f ) est inversible. Soit g l'endomorphisme de E tel que les coor-
BE BE BE
données de g(e ) dans la base B sont les vecteurs colonne de A . On a alors, en notant E la matrice des
BE
−1
g ◦ f (e ) = e , car Mat (g ◦ f )E = A AE = I E = E .
i i BE i
−1
i n i i
d'où g ◦ f = Id . Puisque f est un endomorphisme, elle est bijective et d'inverse g. Par construction de g, on
a de plus Mat (f ) = Mat (g) = (Mat (f )) .
E
−1 −1
BE BE BE
7
Exemple 7. Soit f l'endomorphisme de R déni pour tout (x, y) ∈ R par f ((x, y)) = (x + 2y, 2x + 2y). Montrer
2 2
dimension nie qu'un endomorphisme f de K est bijectif si et seulement si son rang est égal à n. Comme le rang
n
d'une matrice est égal au rang de toute application linéaire qui lui est associée, on en déduit :
rg(A) = n ⇐⇒ rg(f ) = n ⇐⇒ f est bijective ⇐⇒ A est inversible .
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Proposition (Règles de calcul).
Soit P et Q deux polynômes de K[X] et λ ∈ K. Soit f un endomorphisme d'un espace vectoriel E de
dimension nie n ∈ N . Alors,
∗
Démonstration. On va montrer le résultat sur les polynômes d'endomorphisme, celui sur les polynômes de matrice
s'en déduit ensuite directement. On pose P (X) = X a X et Q(X) = X b X .
r r
i i
i i
i=0 i=0
Soit k ∈ N. P (X) × X et on a : .
r r r r
!
X X X X
k = ai X i+k ai f i+k = ai f i ◦ f k = ai f i ◦ f k = P (f ) ◦ f k
i=0 i=0 i=0 i=0
suppose que P est un polynôme annulateur de f . Montrer que f est bijective et déterminer une expression de f . −1
Les hypothèses nous donnent 2f + f+ 3Id = 0, c'est-à-dire 2f ◦ f ◦ f + f + 3Id = 0. Donc f ◦ 2f + Id = −3Id
3
E E
2
E E
et par linéarité de f , f ◦ − = Id . Comme f est un endomorphisme, on en déduit que f est bijective et on
2f 2 +Id E
trouve :
3 E
2f + Id 2
E
f −1 = − .
3
9
Exemple 12. Soit A ∈ M (R) et P (X) = X + 5X + 2. On suppose que P est un polynôme annulateur de A. En
2
A + 5I 3
A−1 = − .
2
Remarque. Les polynômes annulateurs permettent aussi de calculer les puissances d'une matrice.
Exemple 13. Soit A ∈ M (R) et P (X) = X − 5X + 6. On suppose que P est un polynôme annulateur de A. En
2
On pourrait tenter de conjecturer ainsi l'expression cherchée, puis la montrer par récurrence. Mais ce serait long.
3 3 3
On va plutôt se servir de la division euclidienne des polynômes : soit k ∈ N , divisons X par P (X) : il existe des
∗ k
X k = P (X)Q(X) + aX + b.
En particulier, A = aA + bI puisque P (A) = 0. Il sut donc de déterminer a et b pour obtenir les puissances de A.
k
Pour cela on recherche les racines de P : ∆ = 25 − 24 = 1 > 0, donc P admet deux racines réelles distinctes : 3 et 2.
3
On en déduit le système :
3 = 3a + b et 2 = 2a + b.
k k
Donc a = 3 − 2 et b = 3 × 2 − 2 × 3 . D'où ∀k ∈ N ,
k k k k ∗
Ak = (3k − 2k )A + (3 × 2k − 2 × 3k )I3 .
10