Instant Access to Beginning Functional JavaScript: Functional Programming with JavaScript Using EcmaScript 6 1st Edition Anto Aravinth ebook Full Chapters
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Essouk Tadmekka An Early Islamic Trans Saharan Market Town
1st Edition Sam Nixon (Editor)
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Anto Aravinth
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Referential Transparency
Pure Functions
Reasonable Code
Parallel Code
Cachable
Summary
Strict Mode
Function Arguments
Initial Setup
Gist on Exports
Gist on Imports
Summary
Understanding Data
Storing a Function
Passing a Function
Returning a Function
Abstraction Definitions
every Function
some Function
sort Function
Summary
Understanding Closures
tap Function
unary Function
once Function
Memoize Function
Summary
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Chapter 5:Being Functional on Arrays
map
filter
Chaining Operations
concatAll
Reducing Function
reduce Function
Zipping Arrays
zip Function
Summary
A Few Terminologies
unary Function
Binary Function
variadic Functions
Currying
Revisit Curry
Back to logger Function
Currying in Action
squaring an Array
Data Flow
Partial Application
Summary
Unix Philosophy
Functional Composition
Revisiting map,filter
compose Function
Pipelines /Sequence
Implementing pipe
Odds on Composition
Summary
What Is a Functor?
Functor Is a Container
MayBe
Implementing MayBe
Either Functor
Implementing Either
Summary
The Problem
join Implementation
chain Implementation
Summary
Callback Hell
Generators 101
Creating Generators
Caveats of Generators
Summary
Appendix A
Index
Contents at a Glance
About the Author
Acknowledgments
Appendix A
Index
About the Author
Anto Aravinth
f(X) = Y
Note
All the examples in the book will be written with ES6. The code
snippets in the book are stand-alone so that you can copy and
paste them in any one of your favorite browsers that supports
ES6. All the examples are run in the Chrome browser version
51.0.2704.84. The ES6 spec is over here: http://www.ecma-
international.org/ecma-262/6.0/
var percentValue = 5;
var calculateTax = (value) => { return value/100
* (100 + percentValue) }
Referential Transparency
With our above definition of function, we have made a statement
that all the functions are going to return the same value for the
same input. And this property of a function is called a Referential
transparency. We will take a simple example as shown in Listing 1-
5:
sum(4,5) + 1
Ils étaient bien favorisés, les chevaliers qui vivaient à cette époque !
Dans les vallons, dans les cavernes obscures et les bois sauvages,
au milieu des tanières, des serpents, des ours et des lions, ils
trouvaient ce qu’on aurait peine à rencontrer aujourd’hui au sein des
palais superbes, à savoir des dames à la fleur de l’âge et dignes
d’être qualifiées du titre de belles.
Je vous ai raconté plus haut que Roland avait trouvé dans une
grotte une damoiselle, et qu’il lui avait demandé par qui elle y avait
été amenée. Poursuivant le récit de cette aventure, je vous dirai
qu’après s’être plusieurs fois interrompue par ses propres sanglots,
elle mit le comte au courant de ses infortunes, d’une voix douce et
suave, et le plus brièvement qu’elle put.
« — Bien que je sois certaine, chevalier — lui dit-elle — de
porter la peine de ce que je vais te dire — car je pense que cette
vieille s’empressera d’en donner avis à celui qui m’a enfermée ici —
je suis prête à te révéler la vérité, dût ma vie en dépendre. Quel plus
grand service puis-je du reste attendre de lui, sinon qu’il lui prenne
un jour fantaisie de me faire mourir ?
« Je m’appelle Isabelle ; je fus la fille de l’infortuné roi de Galice.
Je dis bien je fus, car je ne suis plus désormais que l’enfant de la
douleur, de l’affliction et de la tristesse. C’est la faute de l’amour, et
je ne sais si c’est de sa perfidie que je dois me plaindre le plus, car
ses doux commencements furent dissimulés sous la tromperie et
sous la fraude.
« Autrefois, je vivais heureuse de mon sort ; noble, jeune, riche,
honnête et belle. Aujourd’hui, je suis humiliée et pauvre ; aujourd’hui
je suis malheureuse. Et s’il est un sort plus terrible encore, il m’est
réservé. Mais je veux que tu connaisses la cause première du
malheur qui me frappe. Bien que tu ne puisses m’être utile en rien, je
pense que par toi ma situation ne peut pas s’aggraver beaucoup.
« Mon père, voici aujourd’hui douze mois, donna à Bayonne des
joutes dont le bruit attira sur nos terres les chevaliers de divers pays,
venus pour y prendre part. Parmi eux tous, soit qu’Amour me le
montrât ainsi, soit que le mérite éclate de lui-même, le seul Zerbin
me parut digne de louanges. Il était fils du grand roi d’Écosse.
« Après l’avoir vu dans la lice accomplir des merveilles de
chevalerie, je fus éprise d’amour pour lui, et je ne m’en aperçus que
lorsque je reconnus que je ne m’appartenais plus moi-même.
Pourtant, bien que cet amour se fût emparé de moi en maître, je
m’applaudissais de ce que le hasard n’avait point mal placé mon
cœur, mais l’avait au contraire donné à l’objet le plus digne qui fût au
monde.
« Zerbin l’emportait sur tous les autres seigneurs en beauté et en
vaillance. Il se montra épris pour moi — et je crois qu’il l’était en effet
— d’un amour non moins ardent que le mien. Nous ne manquâmes
pas de nous exprimer souvent notre commune ardeur, et quand, par
la suite, nous fûmes séparés, nos âmes restèrent toujours unies.
« Car, les grandes fêtes terminées, mon Zerbin retourna en
Écosse. Si tu sais ce que c’est que l’amour, tu peux juger combien je
fus triste, pensant à lui nuit et jour. Et j’étais certaine que sa flamme
ne brûlait pas moins vive dans son cœur. Il n’avait d’autre désir que
de trouver un moyen pour m’avoir près de lui.
« Et comme nos croyances opposées — il était chrétien et moi
musulmane — ne lui permettaient pas de me demander pour femme
à mon père, il se décida à m’enlever secrètement. Sur les confins de
ma riche patrie aux campagnes verdoyantes longeant l’Océan, était
un beau jardin, sur une rive d’où l’on découvrait toutes les collines
environnantes et la mer.
« Ce lieu lui parut propice à l’enlèvement auquel le forçait à
recourir la diversité de nos religions. Il me fit savoir les mesures qu’il
avait prises pour assurer le bonheur de notre vie. Il avait fait cacher
près de Sainte-Marthe une galère montée par des gens armés, sous
la conduite d’Orderic de Biscaye, maître de bataille sur mer et sur
terre.
« Ne pouvant en personne exécuter cette entreprise, parce qu’en
ce moment son vieux père l’avait envoyé porter secours au roi de
France assiégé, il avait envoyé à sa place Orderic, qu’il tenait pour le
plus fidèle et le plus dévoué de ses meilleurs amis. Cela devrait être
en effet, si les bienfaits suffisaient toujours pour se créer des amis.
« Celui-ci était venu sur un navire armé et à l’époque convenue.
Et c’est ainsi qu’arriva le jour tant désiré où je devais me laisser
surprendre dans mon jardin. Orderic, accompagné d’une troupe de
gens habitués aux coups de main maritimes, remonta pendant la
nuit le fleuve voisin de la ville, et vint en silence jusqu’à mon jardin.
« De là, je fus transportée sur la galère, avant qu’on ne s’en fût
aperçu en ville. De mes serviteurs surpris nus et désarmés, les uns
s’enfuirent, les autres furent tués, quelques-uns furent emmenés
captifs avec moi. Ainsi je quittai mon pays, avec une joie que je ne
pourrais te dire, dans l’espoir de jouir bientôt de la présence de mon
Zerbin.
« Nous étions à peine parvenus à la hauteur de la Mangiane,
lorsque nous fûmes assaillis sur notre gauche par un coup de vent
qui obscurcit l’horizon jusqu’alors serein, troubla la mer et souleva
les ondes jusqu’au ciel. Le mistral se mit à souffler en travers de
notre route, augmentant d’heure en heure en violence, à tel point
que nous essayâmes en vain de louvoyer.
« Vainement aussi on largua les voiles, on abaissa le mât sur le
gaillard d’arrière ; nous nous voyions emportés malgré nous sur les
écueils aigus qui sont devant la Rochelle. Si celui qui réside aux
cieux ne nous était pas venu en aide, la tempête farouche nous eût
brisés contre la terre. Le vent furieux nous poussait avec plus de
rapidité qu’une flèche chassée de l’arc.
« Le Biscayen, voyant le péril, usa d’un moyen qui trompe
souvent. Il eut recours à un bateau dans lequel il me fit descendre
avec lui. Deux de nos compagnons y descendirent aussi, et tout le
reste les aurait suivis, si les premiers descendus l’avaient permis.
Mais ils les écartèrent à coups d’épée. Puis ils coupèrent le câble, et
nous prîmes le large.
« Nous fûmes jetés sains et saufs sur le rivage, nous tous qui
étions descendus dans le bateau ; tous les autres périrent avec le
navire et furent la proie des flots. Pour moi, je levai les mains,
rendant grâce à l’éternelle Bonté, à l’Amour infini qui m’avait sauvée
de la fureur de la mer, afin de me permettre de revoir Zerbin.
« J’avais laissé sur le navire mes riches vêtements, mes joyaux
et mes autres choses précieuses, mais l’espoir de revoir Zerbin me
restant, peu m’importait que la mer eût englouti tout ce que je
possédais. Sur le rivage désolé, où nous étions descendus, il n’y a
aucun sentier, aucune habitation ; on y voit seulement une montagne
livrant au vent sa cime ombreuse, et baignant ses pieds dans la mer.
« Ce fut là qu’Amour, ce tyran cruel, toujours si peu loyal à tenir
ses promesses, toujours préoccupé de savoir comment il pourra
déjouer et ruiner nos desseins, changea d’une manière affreuse mon
espoir en douleur, et mon bonheur en malheur irréparable. L’ami à
qui Zerbin s’est fié brûle de désirs et sent sa fidélité se glacer.
« Soit qu’il m’eût déjà désirée quand nous étions en mer, et qu’il
n’eût pas trouvé l’occasion de montrer sa flamme ; soit que ses
désirs eussent pris naissance en me voyant en sa puissance sur un
rivage solitaire, il résolut d’assouvir sans plus de retard son
immonde appétit. Mais auparavant il songea à se débarrasser d’un
des deux marins qui s’étaient échappés avec nous dans le bateau.
« C’était un homme d’Écosse, nommé Almonio, et qui paraissait
tout à fait dévoué à Zerbin, lequel l’avait recommandé à Orderic
comme un guerrier accompli. Orderic lui dit que ce serait chose
blâmable et imprudente que de me faire aller à pied jusqu’à la
Rochelle ; il le pria en conséquence de nous y précéder et de
m’envoyer un cheval.
« Almonio, qui ne concevait aucune crainte, partit immédiatement
pour la ville dont le bois nous cachait la vue, et qui n’était éloignée
que de six milles. Orderic se décide alors à découvrir son dessein à
son autre compagnon, soit qu’il ne sache comment l’éloigner, soit
qu’il ait en lui une entière confiance.
« Celui dont je parle, et qui était resté avec nous, était un nommé
Corèbe, de Bilbao, qui tout enfant avait été élevé dans la même
maison qu’Orderic. Le traître croit pouvoir lui communiquer sa
coupable pensée, espérant qu’il serait plus sensible au plaisir de son
ami qu’à l’honneur.
« Corèbe, en homme gentil et courtois, ne put l’entendre sans
ressentir une grande indignation. Il l’appela traître et s’opposa par
ses paroles et par ses actes à son mauvais dessein. Tous deux,
enflammés de colère, mirent l’épée à la main. En les voyant tirer le
fer, poussée par la peur, je me mis à fuir à travers la forêt sombre.
« Orderic, passé maître dans les armes, prit en quelques coups
un tel avantage, qu’il renversa Corèbe à terre et le laissa pour mort.
Il s’élança aussitôt sur mes traces, et je crois qu’Amour lui prêta ses
ailes pour me rejoindre et lui enseigna toutes sortes de prières et de
paroles séduisantes pour m’amener à l’aimer et à lui céder.
« Mais tout fut vain. J’étais décidée à mourir plutôt que de le
satisfaire. Après qu’il eut compris que les prières, les promesses ou
les menaces ne lui servaient à rien, il voulut user de violence. En
vain je le suppliai, en vain je lui parlai de la confiance que Zerbin
avait mise en lui, et que j’avais eue moi-même en me remettant
entre ses mains.
« Voyant que mes prières ne le touchaient pas, que je n’avais à
espérer aucun secours, et qu’il me pressait de plus en plus,
ressemblant dans sa brutale concupiscence à un ours affamé, je me
défendis avec les pieds, avec les mains, avec les ongles, avec les
dents, je lui arrachai le poil du menton et lui déchirai la peau, tout en
poussant des cris qui montaient jusqu’aux étoiles.
« Je ne sais si ce fut l’effet du hasard, ou de mes cris qui
devaient s’entendre à une lieue, ou bien encore la coutume qu’ont
les habitants de ce pays d’accourir sur le rivage quand un navire s’y
brise et s’y perd, mais je vis soudain apparaître au sommet de la
montagne une troupe de gens qui se dirigea vers nous. Dès que le
Biscayen la vit venir, il abandonna son entreprise et prit la fuite.
« Seigneur, cette foule me sauva de ce traître, mais, pour
employer l’image souvent dite en proverbe, elle me fit tomber de la
poêle dans la braise. Il est vrai que ces gens ne se sont pas encore
montrés assez sauvages et cruels envers moi pour m’avoir fait
violence ; mais ce n’est point par vertu, ni par bonne intention ;
« Car s’ils me conservent vierge, comme je suis, c’est qu’ils
espèrent me vendre plus cher. Voici bientôt huit mois accomplis, et
le neuvième va commencer, que mon corps a été enseveli ici tout
vivant. J’ai perdu tout espoir de revoir mon Zerbin, car, d’après ce
que j’ai déjà pu entendre dire par mes ravisseurs, ils ont promis de
me vendre à un marchand qui doit me conduire au soudan d’Orient.
— »
Ainsi parlait la gente damoiselle, et souvent les sanglots et les
soupirs interrompaient sa voix angélique, de façon à émouvoir de
pitié les serpents et les tigres. Pendant qu’elle renouvelait ainsi sa
douleur, ou calmait peut-être ses tourments, une vingtaine
d’hommes armés d’épieux et de haches entrèrent dans la caverne.
Celui qui paraissait le premier entre eux, homme au visage
farouche, n’avait qu’un œil dont s’échappait un regard louche et
sombre. L’autre œil lui avait été crevé d’un coup qui lui avait coupé
le nez et la mâchoire. En voyant le chevalier assis dans la grotte à
côté de la belle jeune fille, il se tourna vers ses compagnons et dit :
« — Voici un nouvel oiseau, auquel je n’ai pas tendu de filet et que
j’y trouve tout pris. — »
Puis il dit au comte : « — Jamais je n’ai vu d’homme plus
complaisant et plus opportun que toi. Je ne sais si tu as deviné ou si
tu as entendu dire à quelqu’un que je désirais beaucoup posséder
de si belles armes, des vêtements bruns aussi agréables. Tu es
vraiment venu à propos pour satisfaire mes besoins. — »
Roland, remis sur pied, sourit d’un air railleur et répondit au
brigand : « — Je te vendrai les armes à un prix qui ne trouve pas
communément de marchand. — » Et tirant du foyer, qui était près
de lui, un tison enflammé et tout fumant, il en frappa le malandrin à
l’endroit où les sourcils touchent au nez.
Le tison atteignit les deux paupières et causa un tel dommage à
celle de gauche, qu’il creva au misérable le seul œil avec lequel il
pouvait voir encore la lumière. Le coup prodigieux ne se contenta
pas de l’aveugler ; il l’envoya rejoindre les esprits que Chiron, avec
ses compagnons, garde dans des marais de poix bouillante.
Il y avait dans la caverne une grande table, épaisse de deux
palmes et de forme carrée. Posée sur un pied grossier et mal poli,
elle servait au voleur et à toute sa bande. Avec la même agilité que
l’on voit l’adroit Espagnol jeter et rattraper son fusil [65] , Roland lance
la table pesante à l’endroit où se tenait groupée toute cette canaille.
Il rompt à l’un la poitrine, à l’autre le ventre, à celui-ci la tête, à
celui-là les jambes, à un autre les bras. Les uns sont tués du coup,
les autres sont horriblement blessés. Les moins grièvement atteints
s’empressent de fuir. Ainsi, parfois, un gros rocher, tombant sur un
tas de couleuvres, qui, après l’hiver, se chauffent et se lissent au
soleil, leur écrase les flancs et les reins, et leur broie la tête.
Divers cas se produisent, et je ne saurais dire combien : une est
tuée, une s’échappe sans queue, une autre ne peut se mouvoir par
devant et sa partie postérieure en vain s’agite et se dénoue. Une
autre, plus favorisée, rampe en sifflant parmi les herbes et s’en va
en serpentant. Le coup de la table fut terrible ; mais il ne faut pas
s’en étonner, puisqu’il fut porté par le valeureux Roland.
Ceux que la table avait peu ou point blessés — et Turpin écrit
qu’ils ne furent que sept — cherchèrent leur salut dans la rapidité de
leurs pieds. Mais le paladin se mit en travers de l’issue, et après les
avoir pris sans qu’ils se fussent défendus, il leur lia étroitement les
mains avec une corde, qu’il trouva dans la demeure sauvage.
Puis il les traîna hors de la caverne dans un endroit où un vieux
sorbier projetait sa grande ombre. Roland, après en avoir façonné
les branches à coups d’épée, y attacha les prisonniers pour servir de
nourriture aux corbeaux. Et il n’eut pas besoin de leur passer une
corde au cou. Pour purger le monde de cette engeance, l’arbre lui-
même lui fournit des crocs auxquels Roland les attacha par le
menton.
A peine la vieille femme amie des malandrins les eut-elle vus
tous morts, qu’elle s’enfuit en pleurant, les mains dans ses cheveux,
à travers les forêts et les labyrinthes des bois. Après avoir suivi des
chemins rudes et mauvais, rendus encore plus difficiles par la terreur
qu’elle éprouvait, elle rencontra un chevalier sur la rive d’un fleuve.
Mais je remets à plus tard à vous raconter qui c’était,
Et je retourne à la jeune fille qui supplie le paladin de ne pas la
laisser seule, et lui demande à le suivre en tous lieux. Roland la
rassure d’un air courtois. Puis, dès que la blanche Aurore, parée de
sa guirlande de roses et de son voile de pourpre, eut repris son
chemin accoutumé, le paladin partit avec Isabelle.
Sans trouver aucune aventure digne d’être contée, ils marchèrent
plusieurs jours ensemble. Enfin ils rencontrèrent sur leur chemin un
chevalier qu’on emmenait prisonnier. Je vous dirai par la suite qui il
était, car, pour le moment, je suis détourné de ma route par
quelqu’un dont il ne vous sera pas moins cher d’entendre parler ;
j’entends la fille d’Aymon, que j’ai laissée tantôt languissante
d’amoureux chagrins.
La belle dame, attendant en vain le retour de Roger, était à
Marseille, où elle harcelait presque chaque jour les bandes païennes
qui parcouraient, en pillant monts et plaines, le Languedoc et la
Provence. Elle s’y conduisait en chef habile et en vaillant guerrier.
Elle attendait là, et l’époque marquée pour le retour de Roger
étant dépassée de beaucoup, elle vivait, ne le voyant pas revenir,
dans la crainte de mille accidents. Un jour qu’elle pleurait seule à
l’écart en songeant à cela, elle vit arriver celle qui avait jadis, au
moyen de l’anneau, guéri le cœur de Roger des enchantements
d’Alcine.
Comme elle la voit après une si longue absence revenir sans son
amant, Bradamante devient pâle comme la mort, et tremble
tellement qu’elle ne peut se tenir debout. Mais la bonne magicienne
vient à elle en souriant, dès qu’elle s’est aperçue de sa crainte, et la
rassure avec l’air joyeux que prend d’habitude celui qui apporte une
bonne nouvelle.
« — Ne crains pas — lui dit-elle — pour Roger, ô jeune fille, car il
vit sain et sauf et t’adore toujours. Mais il est privé de sa liberté que
lui a encore enlevée ton ennemi. Il faut que tu montes en selle, si tu
veux le délivrer, et que tu me suives sur-le-champ. Si tu me suis, je
te fournirai le moyen par lequel tu rendras Roger libre. — »
Elle poursuivit en lui racontant quelle erreur magique avait ourdie
Atlante, et comment, en montrant à Roger le beau visage de sa
maîtresse qui semblait captive d’un farouche géant, il l’avait attiré
dans le château enchanté, où la vision avait ensuite disparu. Elle lui
dit comment, par une semblable tromperie, il retenait dans le même
lieu les dames et les chevaliers qui y venaient.
Tous, en voyant l’enchanteur, croient voir ce que chacun d’eux
désire le plus ; sa dame, son écuyer, son compagnon d’armes, son
ami ; car le désir humain n’est pas un. Tous vont à travers le palais,
cherchant longtemps et sans autre résultat qu’une longue fatigue.
Leur espérance et leur désir de retrouver l’objet de leurs vœux est si
grand, qu’ils ne savent plus s’en aller.
« — Dès que tu seras arrivée — ajouta-t-elle — dans les
environs de cette demeure enchantée, l’enchanteur viendra à ta
rencontre sous l’apparence complète de Roger. Par son art
détestable, il te fera voir ton amant vaincu par quelqu’un de plus fort
que lui, afin de t’engager à lui porter secours et de t’attirer ainsi là
où, avec les autres, il te tiendra en son pouvoir.
« Pour que tu ne te laisses pas prendre aux pièges dans lesquels
sont tombés tous les autres, je t’avertis que ce n’est qu’une fausse
semblance de Roger que tu verras t’appeler à son aide. Ne te
laisses pas tromper, mais, dès qu’il s’avancera vers toi, arrache-lui
son indigne vie. Ne crois pas que par là tu donneras la mort à Roger,
mais bien à celui qui te cause tant d’ennuis.
« Il te semblera dur, je le reconnais, de tuer quelqu’un qui
ressemble à Roger ; mais n’ajoute point foi à tes yeux auxquels
l’enchanteur cachera la vérité. Prends une ferme résolution, avant
que je te conduise dans le bois, afin de n’en pas changer ensuite,
car tu resteras pour toujours séparée de Roger, si, par faiblesse, tu
laisses la vie au magicien. — »
La vaillante jouvencelle, bien décidée à tuer cet artisan de
fraudes, est prompte à revêtir ses armes et à suivre Mélisse, car elle
sait combien elle lui est dévouée. Celle-ci, tantôt à travers les
champs cultivés, tantôt à travers la forêt, la conduit rapidement à
grandes journées, cherchant par ses paroles réconfortantes à lui
alléger l’ennui de la route.
En dehors des beaux raisonnements qu’elle lui tenait, elle lui
rappelait surtout et le plus souvent possible les glorieux princes et
les demi-dieux qui devaient descendre d’elle et de Roger. Comme
Mélisse connaissait tous les secrets des dieux éternels, elle savait
prédire toutes les choses qui devaient arriver dans la suite des
siècles.
« — Ah ! ma prudente conductrice — disait à la magicienne
l’illustre damoiselle — tu m’as fait connaître ma belle descendance
masculine pendant de nombreuses années ; dis-moi, de même, si,
de ma race, il existera quelque dame digne d’être mise au nombre
des femmes belles et vertueuses. — » Et la complaisante
magicienne lui répondit :
« — Je vois sortir de toi les dames pudiques, mères d’empereurs
et de rois puissants ; réparatrices et soutiens solides de familles
illustres et de vastes domaines, et non moins remarquables sous
leur robe, par leurs précieuses qualités, leur piété, leur grand cœur,
leur sagesse, leur souveraine et incomparable continence, que les
chevaliers sous leurs armures.
« Et si j’avais à te parler de chacune de celles qui seront
l’honneur de ta race, ce serait trop long, car je n’en vois aucune que
je dusse passer sous silence. Mais je ferai, entre mille, choix d’un ou
deux couples, afin de pouvoir arriver jusqu’au bout. Que ne m’as-tu
fait cette demande dans la caverne de Merlin ? Je t’aurais fait voir
aussi leurs images.
« De ton illustre souche sortira l’amie des œuvres illustres et des
beaux travaux ; je ne sais pas ce que je dois le plus louer, de la
grâce et de la beauté, ou de la sagesse et de la chasteté de la
libérale et magnanime Isabelle, dont l’éclatante lumière fera nuit et
jour resplendir la ville située sur le Mincio, et à laquelle la mère
d’Ocnus a donné son nom.
« Elle luttera, avec son digne époux, à qui prisera et aimera le
plus la vertu, et à qui aura le plus de courtoisie. Si de l’un on doit
raconter que, sur les bords du Taro et dans le royaume, il fut assez
puissant pour délivrer l’Italie des Français, on dira de sa compagne,
qui resta seule et chaste, qu’elle égala Pénélope, la femme d’Ulysse.
« Je résume en quelques mots, et j’en laisse plus d’un, les
grands et nombreux mérites de cette dame que Merlin me fit
connaître autrefois dans la grotte, le jour où pour aller à lui je me
séparai du vulgaire. Et si je voulais déployer ma voile sur cette
grande mer, je naviguerais plus longtemps que Tiphys. En somme,
je conclus que le ciel la dotera des vertus les plus remarquables.
« Elle aura près d’elle sa sœur Béatrice à laquelle un tel nom
conviendra de tout point, car non seulement elle possédera pendant
sa vie tous les biens qu’il est permis d’avoir ici-bas, mais elle rendra
son mari le plus heureux des princes, de telle sorte que, lorsqu’elle
aura quitté ce monde, il retombera au rang des plus infortunés.