La chasse aux sorcières est lancée et la naturopathe Irène Grosjean, 92 ans, exerçant son métier depuis 1958, forte de plusieurs ouvrages, d’une reconnaissance médiatique et de centaines d’adeptes, pourrait faire figure de sacrifiée. Alors qu’elle distillait ses conseils de crudivore, le manger cru mais aussi le jeûne comme solution à tous nos maux, le collectif L’extracteur, qui dénonce sur Twitter les dérives des thérapies alternatives, a repéré une vidéo dans laquelle la papesse des naturopathes explique comment soigner la fièvre des jeunes enfants, par des attouchements sexuels associés à des glaçons. La Toile s’empare, d’autant que d’autres messages d’Irène Grosjean sortent de l’ombre : « Les femmes battues sont battables », « les homosexuels qui ont le sida ont mangé trop de pizzas ». Dans le texte.
Du côté sectaire
Elle serait antivax, anti-médecine traditionnelle. Bref, très vite Doctolib, la plateforme privée de rendez-vous médicaux est montrée du doigt, parce que figurent dans son carnet d’adresses de nombreux naturopathes, non-médecins, dont beaucoup ont tout le profil de charlatans.
Sans traîner, Doctolib fait amende honorable et procède à un grand ménage, supprimant quelques « clients » de son site, des naturopathes adeptes d’Irène Grosjean. Voilà pour le contexte. Résultat : la polémique offre une occasion d’entrer dans le vif du sujet, à savoir la régulation des pratiques pseudo-médicales alternatives et leur visibilité, sachant que dans ce magma de disciplines, certaines sont tout à fait encadrées et sérieuses, tandis que d’autres tirent plutôt du côté sectaire et obscur de la force.
Voilà sans doute pourquoi Christian Gravel, président de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires, a réagi, estimant que la démarche de suspension de prise de rendez-vous pour certains profils engagée par Doctolib devait « absolument être menée jusqu’au bout ».