Quand Niels Arestrup nous parlait de ses plus grands rôles

L'acteur franco-danois Niels Arestrup est mort dimanche à l'âge de 75 ans des suites d'une maladie.
Niels Arestrup à la crmonie des Csar en 2019.
Niels Arestrup à la cérémonie des César, en 2019.Francois Durand/Getty Images for The Cesar

Niels Arestrup est décédé dimanche 1er décembre à l'âge de 75 ans. Acteur franco-danois aux trois César, il s'est éteint à son domicile de Ville-d'Avray, en région parisienne, ont annoncé son attachée de presse et son épouse à l'AFP. « J'ai la douleur extrême de faire part du décès de mon époux, l'immense acteur Niels Arestrup, au terme d'un combat courageux contre la maladie. Il s'est éteint entouré de l'amour des siens », a déclaré son épouse, Isabelle Le Nouvel dans un communiqué.

L'acteur s'était fait connaître pour ses rôles dans les films de Jacques Audiard De battre mon cœur s'est arrêté, en 2005, Un prophète, quatre ans plus tard, qui lui avaient tous deux valu un César dans la catégorie meilleur second rôle. En 2014, il avait reçu son troisième César, toujours meilleur second rôle, pour sa prestation dans Quai d'Orsay.

Pour Vanity Fair, l'acteur était revenu sur ses cinquante ans de carrière, au théâtre et au cinéma, à l'occasion de la sortie du film Divertimento en janvier 2023.

Âgé d' « un peu plus de vingt ans » et « paumé comme tous les adolescents », Niels Arestrup arrive à Paris et décroche un rôle dans Crime et châtiment, joué au théâtre de l'Atelier et adapté d'une pièce de Dostoïevski. Le metteur en scène, André Barsacq, le convoque pour lui parler… de son nom. « Il m'avait dit au bout de quelques répétitions, Niels Arestrup c'est pas possible. Parce que les gens n'arriveront pas à retenir votre nom, qui est trop compliqué. Il m'avait proposé de m'appeler Niels Philippe, s'est souvenu le comédien avant d'avouer que l'idée ne le tentait pas. Je n'avais pas envie de faire de peine à mes parents. Puis finalement, au bout de 60 ans, les gens ont fini par le retenir. »

Sa rencontre avec Jacques Audiard

Puis, une rencontre change sa vie, celle avec Jacques Audiard, qui lui propose un rôle dans De battre mon coeur s'est arrêté, après l'avoir vu sur les planches. « C'est la première fois où j'ai retrouvé une forme de liberté grâce à la complicité d'une amitié qui s'était toute suite fixée entre Jacques et moi. Jacques avait vécu une petite part de frustration avec son père Michel Audiard, et moi, pareil. […] Ce qui nous a un peu rapprochés. »

En 2011, dans Cheval de Guerre, Niels Arestrup tourne enfin sous la caméra de Steven Spielberg. Une collaboration que le réalisateur espérait depuis plusieurs années. « Il m'avait vu dans un film que Sophie Marceau était allée présentée aux Etats-Unis. Il avait demandé à Sophie Marceau si j'étais éventuellement disponible. Elle n'en savait rien puisque ce n'était pas mon agent. » Indisponible à l'époque, il reçoit un coup de fil quelques années plus tard. Cette fois-ci, c'est la bonne. « J'étais extrêmement flatté de tourner avec ce grand monsieur », a confié le comédien.

Se débarrasser de son étiquette

« Le cinéma a tendance assez vite à mettre des étiquettes sur les interprètes », poursuit Niels Arestrup, revenant sur son rôle dans Quai d'Orsay, sorti deux ans plus tard. « Ravi » de la proposition de Bertrand Tavernier, le rôle, qui lui offre « une sortie du chemin habituel », le charme : « Je n'avais pas l'impression d'être très éloigné d'un directeur de cabinet d'un ministre des affaires étrangères. C'est un homme comme les autres, qui a des responsabilités différentes. C'est un personnage qui est excitant à jouer. »

Ami avec Kad Merad, Niels Arestup fait ensuite une brève apparition dans la première saison de la série politique Baron Noir, sortie en 2016. Et s'il s'est contenté d'apparaître dans la première saison, c'est parce qu'il ne se « voyait pas faire plusieurs épisodes en [se] prenant pour un président de la République. » « Une fois, ça suffit ! admet-il. Je suis parti de ce poste et je n'en étais pas mécontent. » Puis, en 2022, il signe son ultime projet. Il tourne sous la direction de Marie-Castille Mention-Schaar dans cette « ode à l'éducation » qui le touche. « Là, ce n'est pas l'éducation scolaire, mais l'éducation parentale. Ça m'a paru extrêmement important de participer modestement, à ce message », assure-t-il.