Le boomerang du silence

Publié le 23/02/2015 à 11:44 par lerenardvoyageur Tags : chez enfants photo travail signature

Vexé par la photo des familles de Tioxide, Jon Huntsman entend négocier personnellement avec les syndicats, à qui il a voulu imposer le silence médiatique. Tout se déroulait comme prévu. Hier matin, l’intersyndicale Unsa-CGT-CFE CGC a remis à la direction locale une liste de revendications préalables à la reprise du travail chez Tioxide. Une réunion entre les délégués syndicaux et la direction a suivi, mais ses conclusions n’ont pas été celles attendues. En milieu d’après-midi, sur le piquet de grève, les délégués syndicaux Christophe Mille pour l’Unsa, et Philippe Lyoen, pour la CGT, ont fait connaître aux salariés les exigences non pas du groupe Huntsman, mais du fondateur Jon Huntsman senior en personne. Des exigences dont les salariés sont restés un temps abasourdis. Bien que retiré des affaires de Tioxide depuis plusieurs années, Jon Huntsman senior a d’abord fait savoir qu’il négocierait en personne avec les représentants des salariés. Surtout, il a conditionné l’ouverture des négociations à une charte par laquelle les représentants syndicaux s’engagent, et engagent les salariés de Tioxide, à ne plus parler à la presse. Un rire nerveux des salariés a ponctué la déclaration de leurs délégués. Philippe Lyoen a relaté les raisons de cette prise de position inattendue de Jon Huntsman : « Il n’a pas aprécié ma lettre à Peter Huntsman (le P-DG de Tioxide), ni la photo de nos enfants qui a circulé sur Facebook. Il s’estime « bafoué et humilié. » Il demande à ce qu’on ‘respecte son nom’…» Parmi les salariés, les rodomontades du multi-milliardaire texan prêtent à rire jaune. Personne n’est dupe : « Jon Huntsman veut nous museler. Il n’y arrivera pas. » Les salariés ont voté contre la signature de cette charte. La « charte de silence » que Jon Huntsman voulait faire signer aux représentants syndicaux n’aurait aucune valeur légale. Et elle serait totalement inutile car tout comité d’entreprise a son règlement intérieur, et la loi protège la confidentialité de certaines informations données aux représentants du personnel. En l’occurrence, les salariés de Tioxide n’ont presque rien révélé des critères préalables à leur reprise du travail ; « il n’est pas question d’argent dans cette feuille de revendication » assure Philippe Lyoen, « nous demandons le paiement de jours de grève, mais les primes supra-légales seront vues dans le temps du PSE… Cinq millions de Français sont descendus dans la rue pour défendre la liberté d’expression. Il ne nous imposera pas le silence. »