Il n’aura pas fallu longtemps pour que les perdrix grises se raréfient dans cette région qu’on appelle la Beauce, située entre Blois, Pithiviers et Nogentle-Roi. Au début du XIXe siècle, les chasseurs étaient encore peu nombreux et les automobiles, inhabituelles, ne permettaient pas de se rendre dans les campagnes les plus giboyeuses. Seul le train facilitait les déplacements et donnait la possibilité aux citadins de partir chasser, avec armes et bagages dans les wagons. Mais les bourgades de Beauce comme Patay, Artenay ou Bonneval n’étaient pas encore desservies et les cultivateurs beaucerons tiraient peu la perdrix ; ils évitaient de gaspiller leurs rares cartouches sur ces oiseaux au vol rapide. Ils leur préféraient les lièvres, plus charnus et moins véloces.
Les grands fusils
Certains gentilshommes s’y sont intéressés, tout particulièrement entre les siècle : Jean de Beaumont, Gouvion-Saint-Cyr, Rougemont, Clary, Jean de Tudert, Flament-Hennebique, le duc d’Ayen, le roi d’Espagne Alphonse XIII, etc. Ces « grands fusils », qui parcouraient l’Europe pour la chasse, appréciaient le tir des oiseaux réputés difficiles. Ils allaient ainsi de la grouse en Écosse au faisan en Hongrie en passant par la perdrix de Beauce. Quoi de plus beau, en effet, que de les atteindre en plein vol alors qu’elles ont de l’aile et sont portées par le vent durant d’immenses battues hivernales? Cela a toujours été une prouesse pour les amateurs de tir de chasse.