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La Grande Guerre: Tome V - La Victoire
La Grande Guerre: Tome V - La Victoire
La Grande Guerre: Tome V - La Victoire
Livre électronique226 pages2 heures

La Grande Guerre: Tome V - La Victoire

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Extrait : " Au cours de l'année 1917, qui marquait le quatrième millésime de la lutte gigantesque entre les nations du monde, le caractère « scientifique » de la guerre s'est accentué de plus en plus."
LangueFrançais
ÉditeurLigaran
Date de sortie6 févr. 2015
ISBN9782335012415
La Grande Guerre: Tome V - La Victoire

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    La Grande Guerre - Ligaran

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    CHAPITRE 1er

    L’accentuation scientifique de la guerre

    La mise en œuvre des sciences appliquées. – Les gaz asphyxiants. – Les armes à feu. – Le tir à longue distance. – Les projectiles explosifs. – Les avions et leurs trois catégories. – Les « saucisses ». – Le moteur à explosion. – La science à l’arrière.

    Au cours de l’année 1917, qui marquait le quatrième millésime de la lutte gigantesque entre les nations du monde, le caractère « scientifique » de la guerre s’est accentué de plus en plus.

    Notre grand Pasteur, un savant dans la plus haute acception du terme, un homme qui voyait dans la science un instrument de progrès et non un instrument de destruction, avait, dans une page célèbre, écrit cette phrase admirable :

    « C’est l’ignorance qui sépare les hommes et la science qui les rapproche. »

    C’était vrai dans la pensée du grand savant français, qui a consacré sa vie au salut de l’humanité ; ce n’est plus vrai dans la pensée des savants allemands, pour qui la science n’est que le moyen de détruire plus sûrement et plus complètement ses semblables, et cela seul suffisait à démontrer la fausseté de ce principe, cher à nos socialistes-bolcheviks, que « la science n’a pas de patrie ».

    Il suffit de comparer la science française à la science allemande pour voir que, tout au contraire, rien n’est plus séparé par des frontières que la science comprise par deux races aussi différentes que la race de nos vieux Gaulois et celle des Germains.

    Pour ceux-ci, la science n’est que matière à destruction : destruction des hommes et destruction des choses. Tout l’effort intellectuel des savants d’outre-Rhin était dirigé dans le seul but de réaliser des machines à tuer, à incendier, à détruire. Aussi, bien que les alliés de l’Entente eussent hésité longtemps avant de se servir des modernes moyens des barbares, il leur a bien fallu pourtant se décider à les mettre en œuvre. Ce serait duperie que d’employer des armes courtoises contre des adversaires déloyaux et féroces ; pour se servir du dicton populaire : « Avec les loups, il faut hurler. »

    *

    La première application scientifique faite par les Allemands dans la voie de la barbarie fut l’emploi, généralisé par eux, des gaz asphyxiants.

    Cet emploi avait été pourtant condamné par les conventions internationales, qu’avaient signées les délégués plénipotentiaires de l’Allemagne. Mais qu’est-ce qu’un traité aux yeux des Boches ? Un simple « chiffon de papier », comme l’a cyniquement avoué leur chancelier de Bülow ! Aussi violèrent-ils sans se gêner les conventions auxquelles ils avaient adhéré précédemment et employèrent-ils, au mépris du droit des gens et des lois de la guerre, les gaz asphyxiants, d’abord dans la guerre de tranchées, puis, plus tard, dans le bombardement.

    Que sont donc ces « gaz asphyxiants » ?

    Ce sont des gaz qui doivent être, non seulement « irrespirables », mais encore « toxiques », de façon que leur introduction dans les voies respiratoires provoque des accidents graves pouvant entraîner la mort. De plus, ces gaz doivent avoir une grande densité par rapport à l’air, de façon que leur poids les fasse s’accumuler dans les cavités du sol et ramper à la surface de celui-ci en couches épaisses.

    Les premiers gaz employés par les Boches furent du chlore et des vapeurs de brome. Très dangereux à respirer, ces gaz, par leur grande densité, s’entassaient à la surface du sol et y rampaient en épaisses volutes qui rendaient intenables les régions où ils s’étaient ainsi dégagés. Il fallut improviser la lutte contre les gaz. On y parvint en munissant les hommes de « masques » spéciaux, dans lesquels les yeux étaient protégés par des glaces, s’appliquant exactement sur le visage, et dans lesquels la respiration se faisait à travers des tampons d’ouate imprégnée de substances chimiques susceptibles de fixer les gaz toxiques à leur passage. Ainsi « masqués », les poilus prenaient l’apparence d’animaux fantastiques.

    Puis ce furent d’autres gaz plus complexes, chefs-d’œuvre des chimistes d’outre-Rhin, en particulier le gaz appelé « gaz moutarde » dont la respiration, ne fût-ce qu’un instant, amenait en quelques heures des troubles graves, souvent suivis de mort.

    En présence de cet usage systématique de moyens interdits par les lois de la guerre, les puissances de l’Entente protestèrent d’abord par l’intermédiaire des puissances neutres. Rien n’y fit, et les Boches utilisèrent de plus belle leurs gaz toxiques.

    Alors les Alliés durent se résigner à en faire autant. À chimiste, chimiste et demi. Nos savants et ceux d’Angleterre se chargèrent de prouver péremptoirement aux Allemands que notre chimie valait et dépassait la leur. Finalement, les « gaz » que nous envoyions sur les troupes boches étaient autrement efficaces que ceux dont ils se servaient contre nous.

    Dans la guerre de tranchées, ces gaz sont lancés directement, en nappes épaisses, sur l’adversaire, à partir de récipients où ils sont comprimés à haute pression. Mais on a été amené, pour lutter à armes égales avec nos sauvages ennemis, à envoyer ces gaz au moyen d’« obus asphyxiants », dont l’explosion dégage la provision de gaz qui s’y trouve accumulée. Là encore, et bien malgré nous, nous avons dû faire comme les Allemands. Inutile de dire que nous avons fait mieux.

    *

    Le tir des armes à feu a été perfectionné, au cours des deux dernières années, dans une proportion extraordinaire.

    Le fusil automatique est devenu le « fusil-mitrailleur », véritable mitrailleuse portative, d’une manœuvre et d’un transport faciles. La portée efficace de ces armes a été étendue à 2 500 mètres, et même à 3 000 mètres pour certains modèles ; elle permet donc d’effectuer de véritables tirs de barrage et d’employer des balles où, primitivement, on était obligé d’employer des obus de petit calibre.

    L’artillerie a été améliorée par la création de pièces plus portatives, basses sur leurs affûts. Quant au calibre des canons d’usage courant, il a été partout augmenté, à tel point que le calibre de 105 millimètres a remplacé presque partout l’ancien 75, de si illustre mémoire, aux effets duquel nous devons, en partie, la victoire de la Marne.

    Les projectiles ont été, de leur côté, l’objet de perfectionnements importants.

    Nous sommes loin, hélas ! de l’ancien « boulet » rond en fonte de fer, qui était le projectile classique lancé par les bouches à feu lors des guerres du premier Empire. C’était par le choc de pareils projectiles que l’on faisait à la longue des brèches aux fortifications assiégées, et, tout au plus, dans les combats en ligne, l’artillerie en remplaçait-elle le tir par celui des « boîtes à mitraille », dont la portée atteignait à peine quelques centaines de mètres.

    Quand il s’agit de démolir à longue distance des pièces d’artillerie ennemies ; quand il fallut « arroser » de loin des troupes retranchées, démolir des forts aux épaisses cuirasses de béton ou d’acier, ces projectiles primitifs, archaïques, furent vite reconnus insuffisants. On n’avait même plus la ressource de l’ancienne bombe, en fonte creuse, chargée de poudre noire et allumée par une mèche. On s’adressa alors à l’obus cylindro-ogival, lancé par une pièce dont l’âme, munie de rayures en spirale, donne à son tir de la portée en même temps que de la précision, et dont l’explosion est provoquée par une fusée.

    Mais la poudre noire dont étaient, au début, chargés ces nouveaux projectiles, n’avait pas une puissance explosive suffisante pour les effets qu’on en attendait. Il fallait donner aux parois de fonte de l’obus une épaisseur telle qu’elles pussent résister au choc de la décharge du canon ; aussi l’effet destructeur de ces obus primitifs n’était-il pas énorme.

    Pour augmenter l’intensité de cet effet, on chercha à remplacer la poudre noire par un explosif plus puissant : la nitroglycérine, et ses dérivés les dynamites. Malheureusement les obus ainsi chargés étaient par trop sensibles aux chocs de toutes sortes auxquels ils pouvaient se trouver exposés, et pouvaient même éclater dans l’âme de la pièce. Le coton-poudre (fulmi-coton ou pyroxyle) ne donna pas de résultats bien supérieurs.

    Ce n’est qu’en 1885 que le problème fut résolu d’une façon complète par l’invention de la mélinite, due à notre compatriote Turpin. C’était l’explosif rêvé pour les projectiles, explosif à la fois très puissant et très stable. Nous fûmes les premiers à posséder cette poudre, qui, grâce à des indiscrétions criminelles, fut vite imitée à l’étranger, principalement en Allemagne, sous le nom de picrine.

    Mais on chercha à faire plus encore et à augmenter la puissance de l’obus en augmentant la charge d’explosif qu’il contenait. Comme on ne pouvait pas augmenter le volume extérieur du projectile, qui est limité pour chaque calibre, on chercha á accroître la capacité réservée à l’explosif en diminuant l’épaisseur des parois et en constituant celles-ci d’un métal plus résistant que la fonte.

    Ainsi fut réalisé l’obus en acier.

    On alla plus loin encore, en « allongeant » ledit obus de telle façon que le projectile qui, en fonte, contenait 1 kg. 700 de poudre noire, reçut 2 kg. 400 de mélinite et, quand il fut « allongé », put en renfermer une charge de près de 10 kilos.

    C’est à ce système d’obus en acier à parois minces et à forte charge qu’est due l’efficacité de notre canon de 75. Les Boches l’ont appréciée à leurs dépens, et ce n’est qu’après en avoir fait la dure expérience qu’ils se sont mis à fabriquer, eux aussi, des obus d’acier à parois minces. Les marmites, comme les ont baptisées nos poilus, sont donc une invention bien française, comme celle de la poudre sans fumée, due aux découvertes de l’illustre ingénieur M. Vieille, membre de l’Académie des sciences.

    L’explosion de tous ces obus est provoquée par une fusée, vissée sur la partie ogivale du projectile et destinée à le faire éclater quand il rencontre un obstacle résistant.

    L’action de cette fusée diffère, d’ailleurs, selon les résultats qu’il s’agit d’obtenir. Par exemple, pour rompre un réseau de fils de fer barbelés, on emploie des fusées « instantanées », qui font éclater l’obus au moindre contact. Au contraire, si l’on veut que l’obus ne fasse explosion qu’après avoir parcouru, en vertu de son choc, un certain trajet à l’intérieur de l’obstacle rencontré, on utilise des fusées « avec retard », ce retard pouvant être réglé à volonté au moment du tir.

    Enfin les pièces de campagne légères comme le 75, ou lourdes jusqu’au calibre de 150 millimètres, tirent des « shrapnells » ou obus à balles concurremment avec des obus explosifs.

    Il en résulte la nécessité d’un double approvisionnement, ce qui peut présenter, à certains moments, des inconvénients sérieux. Aussi a-t-on cherché à combiner un type unique de projectiles, réunissant à la fois les propriétés des shrapnells et celles des obus explosifs. Nous ne parlerons pas des nôtres par discrétion patriotique ; mais nous pouvons sans inconvénient parler de ceux que fabriquait la maison Krupp. Ce sont des shrapnells dans lesquels les balles sont noyées dans une masse d’un explosif très puissant : le trinitrotoluène. Ces obus « omnibus » paraissent avantageux en ce sens qu’ils ne nécessitent qu’un approvisionnement unique.

    Enfin, dans la variété des projectiles employés au cours de cette guerre, citons trois sortes bien spéciales : les obus incendiaires, projetant, par explosion, des matières susceptibles d’allumer et d’entretenir un incendie ; les obus éclairants qui, lors de l’éclatement qui a lieu en l’air, projettent une poudre métallique, qui brûle en répandant une lumière d’une extrême intensité, qui éclaire le sol sous-jacent dans un très large rayon ; enfin les obus à gaz, dont l’explosion répand, autour du point de chute, des gaz asphyxiants.

    On voit donc que les projectiles ont été notablement perfectionnés.

    *

    Mais le tir des canons, lui aussi, a fait des progrès considérables, progrès dus à l’utilisation judicieuse des données scientifiques.

    Pour en donner une idée, nous rappellerons simplement les tristes exploits du canon à l’aide duquel les Allemands ont pu bombarder Paris d’une distance de 120 kilomètres, et dont un obus, tombant sur une église le Vendredi saint, à 3 heures, c’est-à-dire à l’heure de la mort du Sauveur, fit soixante-quinze victimes, réunissant ainsi, dans un exploit doublement criminel, le sacrilège à l’assassinat.

    Pour réaliser une portée aussi considérable, il faut, d abord, employer un projectile de masse considérable, afin que la résistance de l’air ait sur lui une influence relativement moindre. Cette résistance est, en effet, proportionnelle à la surface du corps qui se meut à travers l’atmosphère. Or considérons un projectile ayant la forme d’un cube de 1 décimètre de côté. Si la densité du métal dont il est fait est égale à 10, son poids sera de 10 kilos, et sa surface totale, somme de celles de ses six faces, sera de 6 décimètres carrés, ou 600 centimètres carrés.

    Partageons maintenant ce cube en centimètres cubes : nous aurons mille petits cubes, d’un centimètre de côté et pesant chacun 10 grammes. Le total de leurs poids sera toujours de 10 kilogrammes ; mais le total de leurs surfaces sera de mille fois 6 centimètres carrés, c’est-à-dire 6 000 centimètres carrés, soit dix fois plus que celle du cube Unique de même poids. La division d’un mobile en masses plus petites augmente donc l’importance relative de la résistance que l’air oppose à son mouvement, et la longue portée est interdite aux projectiles de faible masse.

    Une seconde condition est une grande vitesse initiale. Il est nécessaire, en effet, que cette vitesse soit grande pour compenser la déperdition rapide due à la résistance de l’air.

    Mais, pour augmenter la vitesse initiale, il faut utiliser progressivement toute la force expansive de la poudre. Celle-ci doit donc être puissante et mettre à brûler complètement tout le temps que le projectile emploie à parcourir l’âme de la pièce. C’est ce qu’on appelle l’utilisation optima de la puissance expansive de la poudre.

    Or il faut, pour lancer rapidement un gros projectile, une charge considérable, qui, par suite, mettra d’autant plus de temps à brûler complètement. Il faut donc que le canon soit assez long pour que la poudre ait le temps de brûler entièrement pendant le temps qui s’écoule entre l’inflammation de la charge et la sortie du projectile.

    Dans les grosses pièces de marine du calibre de 305 millimètres, la longueur de la pièce atteint 50 et 60 fois le calibre. La longueur du canon allemand à longue portée était de plus de 100 calibres. Ce calibre étant de 210 millimètres, c’est donc, pour la longueur totale de la pièce, un chiffre voisin de 20 mètres.

    Il y a lieu d’admettre une vitesse initiale voisine de 1 500 mètres par seconde. Dans ces conditions, le canon étant pointé sous l’angle

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