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Pelaio: Roman maritime - Tome II
Pelaio: Roman maritime - Tome II
Pelaio: Roman maritime - Tome II
Livre électronique180 pages2 heures

Pelaio: Roman maritime - Tome II

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À propos de ce livre électronique

Extrait : "Lorsqu'après avoir longtemps couru de nombreuses bordées contre le vent, nous nous trouvâmes rendus à vingt-cinq ou trente lieues par le travers du cap Finistère, sans n'avoir fait aucune rencontre importante, le commandant décacheta les instructions qu'il avait reçu l'ordre de n'ouvrir qu'à cette hauteur. L'accomplissement de cette formalité mystérieuse eut, je me le rappelle, quelque chose de solennel ; c'étaient en quelque sorte les destinées..."

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• Livres rares
• Livres libertins
• Livres d'Histoire
• Poésies
• Première guerre mondiale
• Jeunesse
• Policier
LangueFrançais
ÉditeurLigaran
Date de sortie8 juin 2015
ISBN9782335068696
Pelaio: Roman maritime - Tome II

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    Aperçu du livre

    Pelaio - Ligaran

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    CHAPITRE PREMIER

    Rencontre au large

    Lorsqu’après avoir longtemps couru de nombreuses bordées contre le vent, nous nous trouvâmes rendus à vingt-cinq ou trente lieues par le travers du cap Finistère, sans n’avoir fait aucune rencontre importante, le commandant décacheta les instructions qu’il avait reçu l’ordre de n’ouvrir qu’à cette hauteur. L’accomplissement de cette formalité mystérieuse eut, je me le rappelle, quelque chose de solennel ; c’étaient en quelque sorte les destinées du navire et les nôtres que contenaient les dépêches confiées à notre capitaine, et ce ne fut pas sans une certaine émotion qu’il brisa, en présence de ses officiers, le cachet fatal dont le ministre les avait scellées. À leur lecture, cependant, je vis briller sur sa figure un air de satisfaction qui m’annonça que le précieux paquet dont notre chef prenait connaissance ne renfermait rien de trop désagréable pour lui ; et, en effet, dès qu’il parut s’être suffisamment pénétré de l’esprit de ces fameuses instructions, il s’empressa d’ordonner au second de faire monter tout le monde sur le pont, et lorsque cette disposition fut exécutée, il adressa à l’équipage cette petite allocution :

    « Mes amis,

    L’un de vous, au moment du départ, m’a demandé ce que nous allions faire à la mer. Comme en cet instant je n’en savais pas plus que celui qui m’adressait cette question, je n’ai pu lui répondre autre chose que ce que vous avez entendu. Mais aujourd’hui que, pour me conformer à des ordres supérieurs, j’ai décacheté mes dépêches, je vous dirai que mes instructions me prescrivent de croiser sur la côte de Portugal, jusqu’à ce que j’aie chassé ou coulé une corvette qui doit porter à Lisbonne un ambassadeur anglais. Cette corvette, la rencontrerons-nous ? Je n’en sais rien, et je pense qu’il faudrait plus que du bonheur pour cela. Mais si notre bonne étoile nous faisait gouverner de manière à mettre le cap dessus, je crois pouvoir vous promettre que le courage ne me manquerait pas pour vous fournir l’occasion de bien faire votre devoir. Il est, je le sais, des commandants qui, en recevant les instructions que j’ai ouvertes, les auraient gardées pour eux seuls, tout en se réservant le soin de les suivre avec zèle. Mais moi, qui n’ai rien de caché pour vous qui êtes mes enfants, j’ai mieux aimé vous les communiquer que de vous en faire mystère ; car c’est de votre patriotisme que j’attends surtout les moyens de remplir dignement la mission que l’on a confiée au dévouement de tous tant que nous sommes… »

    À ces mots, prononcés avec la plus paternelle effusion de cœur, les cris d’attendrissement de tous les matelots ne permirent plus à l’orateur de ressaisir le fil de son discours… À genoux ! à genoux ! s’écrièrent les plus enthousiastes… À genoux ! à genoux tout le monde ! répétèrent les notables de l’équipage… Il faut que le père des matelots bénisse ses enfants. Et le bon capitaine, pleurant et sanglotant de joie, tomba évanoui dans les bras de toute cette famille de marins qui demandait la bénédiction de son vénérable et valeureux patriarche… Quand cet accès de douce ivresse fut un peu calmé, et que le commandant eut recouvré l’usage de la parole, il nous fit comprendre par un signe affectueux qu’il avait encore quelque chose à dire, et alors chacun se tut religieusement pour l’écouter.

    « J’avais oublié de vous apprendre, reprit-il d’une voix affaiblie par l’émotion qui l’agitait encore, une nouvelle peu importante pour vous, mais que l’affection que vous avez pour moi vous fera peut-être accueillir avec plaisir… Le citoyen ministre, en me donnant les instructions dont je vous ai parlé, m’annonce qu’il a bien voulu me nommer capitaine de vaisseau… »

    – Et nous qui ne sommes pas ministres, mais qui sommes citoyens, hurla un des phraseurs du bord, nous te nommons le capitaine de vaisseau le plus crânement aimé et chéri de tous les capitaines de la République.

    – Oui, c’est bien dit, ajouta un autre Mirabeau du gaillard d’avant ; mais quand les citoyens matelots de la Sans-Culottes donnent de l’avancement, il faut qu’ils gardent eux-mêmes celui qu’ils viennent de reconnaître pour le chef de leur choix.

    Moi, qui pendant toute cette scène si fortement empreinte de tout le caractère démocratique de l’époque, avais suivi palpitant d’émotion les plus petits incidents du drame militaire qui se passait sous mes yeux, je courus aussitôt dans la chambre du commandant chercher deux de ses paires d’épaulettes de capitaine de frégate, et, réunissant dans ma main les deux épaulettes à torsades, qui pouvaient faire à la rigueur une paire d’épaulettes de capitaine de vaisseau, je les présentai au premier maître de manœuvre.

    Celui-ci, comprenant mon intention, et s’emparant alors de ces insignes en quelque sorte improvisés par moi, alla, au milieu des trépignements de toute l’assemblée, les poser sur les épaules du capitaine, qui, les bras tendus vers le premier maître, le reçut en l’embrassant pour tout l’équipage… Vous voulez donc me faire mourir de plaisir ! s’écriait le commandant ; et comment ferai-je à présent pour justifier l’honneur que je reçois de votre trop grande amitié pour moi ? Non, non, mes enfants, s’écriait-il hors de lui-même, c’en est trop ! c’en est trop… Il y a de la folie à vous de m’accabler de tant de marques d’attachement, quand je n’ai rempli jusqu’à présent que mon strict devoir envers vous et envers la patrie.

    Jamais peut-être grade plus justement mérité ne fut accepté avec plus de touchante modestie, ni décerné avec une solennité populaire aussi imposante dans sa simplicité.

    Une centaine de bouteilles de vin et un petit baril d’eau-de-vie avaient été embarqués au départ dans les caissons du commandant : c’étaient là toutes ses provisions de campagne. Comme notre cambuse n’était pas riche et que l’État ne l’avait garnie que du nombre de rations exactement nécessaire à la consommation présumée du voyage, le capitaine exigea que la double-ration qu’il venait d’accorder à l’équipage, pour célébrer cette heureuse journée, fût prise dans ses caissons mêmes, et l’on vit, chose assez singulière, quelques bouteilles de Bordeaux et une cinquantaine de verres de mauvais Cognac, faire les frais d’une fête à laquelle, trois cents matelots devaient participer… Les danses et les réjouissances qui suivirent le maigre repas du soir se prolongèrent tort avant dans la nuit ; un pitoyable violon, grinçant sous le lourd harchet d’un gabier avec accompagnement de fifre et de tambour, avait suffi pour mettre tout le monde en train et faire sauter toute la frégate. Aux rires immodérés des convives et aux transports de joie qu’excitait la tournure grotesque des danseuses et des valseuses, on eût cru assez difficilement à la tempérance qui avait forcément présidé à ce festin de bord. Un mot, un seul mot jeté de la bouche d’un matelot dans cette foule bruyante, vint tout à coup changer la scène et faire succéder le silence et l’inquiétude à tant d’abandon et de folie.

    Vers deux heures du matin un des hommes, placés en veille au bossoir, loin du tumulte et du bruit auxquels les gens de service étaient seuls restés étrangers, cria : un feu sur l’avant à nous, à tribord !

    À cet avertissement l’officier de quart cherche le commandant qui, plus prompt que lui, est déjà passé sur le gaillard d’avant, sa longue-vue de nuit d’une main et son porte-voix de l’autre.

    – Où vois-tu ton feu ? demanda le capitaine à la sentinelle du bossoir.

    – Là, un peu au vent à nous, commandant, répondit celle-ci… Tenez, le voyez-vous qui se montre à la lame quand la frégate ne plonge pas !

    Le commandant ayant fini par découvrir la lueur mobile et inconstante sur laquelle il avait tenu quelque temps sa longue-vue braquée, ordonna de tenir un peu le vent de manière à ramener le navire dont cet indice nous révélait la présence, par le bossoir de bâbord.

    – Branle-bas général de combat partout ! commanda-t-il ensuite, et aussitôt la fête de la nuit disparut et fut oubliée pour faire place à des préparatifs de guerre. Ce fut plaisir, au reste, de voir avec quelle promptitude l’ordre se trouva rétabli au milieu de la confusion qui, quelques minutes auparavant, remplissait tout le bord… Si nous allions nous taper à la suite du bal ? disaient quelques danseurs en ralliant leur poste. Et, pourquoi pas ? leur répondaient d’autres danseurs. N’est-il pas juste qu’après avoir sauté comme des filles perdues, pour notre compte, nous fassions un peu sauter l’Anglais pour l’amuser !

    Quand toutes les dispositions prescrites par la prudence furent prises, le capitaine fit remarquer à son second que le feu aperçu ne pouvait courir que comme nous. Et en effet, ajouta-t-il, pour appuyer cette observation, s’il avait couru à contre-bord, nous nous serions déjà croisés avec lui depuis le temps où nous l’avons découvert… Pardieu, continua-t-il gaîment après un instant de réflexion, il serait assez plaisant que pour étrenner mes épaulettes de capitaine de vaisseau, j’eusse aujourd’hui à en découdre avec messieurs les Anglais… Ah ! mais c’est que ce ne serait pas de refus au moins, et j’ai là, je ne sais pourquoi, un pressentiment qui semble me dire que cela pourrait bien avoir lieu…

    – Bah, les pressentiments et rien, répondit philosophiquement notre second, c’est bien à peu près la même chose.

    – D’accord ! reprit le capitaine, et là-dessus nous sommes complètement du même avis ; mais comme il n’y a rien que de très possible dans toute celle affaire, vous me permettrez de conserver mon illusion jusqu’à la fin de la journée ; après quoi je vous laisserai entièrement libre de vous moquer tant qu’il vous plaira de ma prévision instinctive, ou plutôt de ma vision, si réellement elle m’a abusé. Mais, poursuivit-il, comme il se peut que d’un instant à l’autre, nous en venions aux mains avec quelques-uns des lurons que nous avons l’ordre de chasser, je vous recommande, mon ami, dans le cas où je manquerais à l’appel, de mettre en usage mon système de foudroiement partiel, qui consiste, comme je vous l’ai déjà répété, à toujours diriger tout votre feu sur une partie unique du corps de votre adversaire. Ce sera là, jusqu’à mon dernier soupir, ma seule manière de combattre, et j’espère fermement avoir l’occasion de vous prouver bientôt qu’elle est aussi facile qu’infaillible.

    Pendant cet entretien sur l’excellence de la méthode préconisée par son inventeur même, notre frégate, toute disposée au combat, filait rondement sous toutes ses voiles du plus près, tenant toujours, par son bossoir de bâbord, le feu qui lui servait de marque et de point de direction. Au bout de deux ou trois bonnes heures de chasse, nous parûmes avoir gagné quelque peu sur le navire que nous voulions atteindre, et ce succès, en ranimant un peu notre espoir et nos forces, nous fit attendre avec plus de patience le moment où nous pourrions enfin être fixés sur la nature de la rencontre que nous avions faite pendant la nuit, et au plus beau moment de notre bal.

    La faible et douteuse clarté du matin commençait déjà à pénétrer les nuages et les vapeurs brumeuses qui nous environnaient ; une pluie fine et froide, chassée par le vent sur nos voiles et notre gréement, allait fouetter les lames que nous continuions à fendre, en effleurant la crête de chacune d’elles ; et à tous les coups de tangage de notre frégate, nous apercevions, à travers le mirage humide que les dernières ombres de la nuit formaient sur les flots agités, la masse informe du navire que nous chassions, entraînant avec elle le feu qui nous avait indiqué sa position, et que l’approche du jour faisait pâlir comme un flambeau prêt à s’éteindre. Nos hommes, rangés à leurs postes de combat, sous leurs vêtements trempés d’eau, étaient devenus mornes et silencieux ; et la sombre tristesse répandue sous le ciel grisâtre qui prêtait à tous les objets une forme fantastique, semblait avoir jeté dans tous les cœurs la mélancolie dont ce spectacle était empreint. Notre capitaine, qui seul paraissait inaccessible au sentiment de découragement qui se manifestait sur nos figures, se donnait un mouvement incroyable pour deviner à quel bâtiment nous allions bientôt parler. Tantôt, passant sur l’avant avec sa longue-vue de nuit, il lorgnait pendant une ou deux minutes notre voisin ; puis, un moment après, revenant sur l’arrière, il faisait bisser à bloc les voiles hautes, ou border à plat les écoutes pour accélérer notre marche trop lente au gré de son impatience. Deux ou trois fois déjà, croyant s’être aperçu que notre sillage diminuait par instant, il avait ordonné de faire grouper nos gens en avant du mât de misaine, et cet expédient n’ayant que faiblement répondu à son attente, il s’était mis ensuite en tête de nous réunir par masse au pied du mât d’artimon. Mais celle seconde tentative n’ayant pas mieux réussi que la première, il s’avisa, en désespoir de cause, d’un autre moyen qui, pour le coup, couronna ses efforts, au grand étonnement de ceux qui n’en avaient d’abord saisi que le côté bizarre.

    – J’ai remarqué, dit-il à ses officiers, que la frégate marchait mieux la nuit que le jour, et je ne puis attribuer cette différence de vitesse qu’à une cause, selon moi, facile à expliquer. La nuit, quand la moitié de nos hommes sont couchés, le balan des hamacs, cédant au mouvement naturel du navire, doit donner une impulsion favorable au sillage ; tandis que le jour, tout le monde se promenant en sens divers dans la batterie ou sur le pont, imprime à la marche du bâtiment un mouvement qui doit la contrarier. C’est là, du reste, ajouta-t-il, une expérience aisée à faire, et très importante à constater dans le moment actuel.

    – Et comment nous y livrer maintenant ? lui demanda le second.

    – Comment ? reprit vivement le capitaine, mais parbleu ! en ordonnant à la moitié de nos gens d’aller se coucher, et de se tenir prêts à sauter de leur hamac pour reprendre leurs postes respectifs, quand l’instant de dormir sera passé, et que celui de combattre sera venu.

    Quelque singulier qu’il lui parût d’envoyer se coucher des hommes, au moment

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