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Rwanda: Meurtre sous silence
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Rwanda: Meurtre sous silence
Livre électronique165 pages2 heures

Rwanda: Meurtre sous silence

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À propos de ce livre électronique

Joachim Mukangoma, demandeur d’asile rwandais en France, confie à l’écrivain Jean Louis Delayet la vérité sur le meurtre camouflé du journaliste et reporter français Richard Grideau. Ce dernier, dans un contexte de forte tension diplomatique, s’était rendu au Rwanda pour effectuer un reportage sur la détention d’un Franco-Rwandais dans la prison de Kigali. Séquestré et torturé à mort par la suite, son corps fut abandonné sur le lieu d’un attentat.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Originaire du Gabon, Wilfried Styphen Barro est aujourd’hui installé en France où il exerce en qualité de comptable. Par ailleurs, ce passionné d’écriture et de cinéma est membre de l’association des indépendants du 92 sud (FARBEEZ).
LangueFrançais
Date de sortie5 févr. 2021
ISBN9791037718761

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    Aperçu du livre

    Rwanda - Wilfried Styphen Barro

    Introduction

    1

    « Le génocide qui a eu lieu au Rwanda en 1994 est souvent décrit comme une campagne d’extermination ayant visé les Tutsis uniquement, et dans laquelle les violences étaient orchestrées par les Hutus contre les Tutsis. Toutefois, il existe des preuves substantielles et convaincantes qu’environ un million de civils hutus ont été également tués, de manière délibérée et systématique, par l’armée patriotique rwandaise et son service de renseignement avant, pendant et après le génocide. Un témoignage d’un membre fondateur du FPR atteste qu’entre 1990 et 1994, avant le génocide contre les Tutsis, les militaires du FPR ont systématiquement tué les Hutus dans différentes zones du nord de la province de l’Est, qui s’appelaient à ce moment-là Byumba, ainsi que dans la province du Nord qui s’appelait Ruhegeri. Ces massacres ont été précisément commis à Ngarama […]. Cette source confirme également que les militaires du FPR ont délibérément bombardé des camps de civils déplacés à Muvuba et Guyoga avec des mortiers, entraînant la mort de nombreux Hutus. De plus, les Hutus qui décidaient de rejoindre volontairement les camps d’entraînement militaires du FPR à Kushiro, Gabiro et Nakibale, étaient systématiquement tués.

    Un rapport de l’université du Rwanda estima que 40 000 civils avaient été tués par le FPR à Byumba et Ruhengeri, uniquement entre 1991 et 1993. Le FPR aurait également organisé et exécuté les assassinats de politiciens hutus de haut rang à Kigali et à Butare en février 1994. De plus, le FPR aurait abattu l’avion présidentiel à Kanombe le 6 avril 1994, tuant 9 politiciens et responsables militaires dont les présidents hutus du Rwanda et du Burundi de l’époque. Cet acte a déclenché le génocide contre les Tutsis. Trois enquêtes – la première réalisée par Michaël Hourigan pour le compte du Tribunal pénal international pour le Rwanda en 1997, la deuxième réalisée par les enquêtes spéciales de ce même tribunal de 1999 à 2003, et la troisième effectuée par le juge [français] Jean-Louis Bruguière en 2006 – ont toutes démontré que le FPR était responsable de la destruction de l’avion présidentiel.

    Pendant le génocide, d’avril à juillet 1994, le FPR a méthodiquement tué des Hutu dans des régions sous son contrôle tandis que les Tutsis étaient systématiquement tués dans les zones contrôlées par les forces gouvernementales de l’époque ainsi que la milice. Dans le nord de la province de l’Est, les militaires du FPR ont délibérément pris pour cible les Hutus, massacrant environ 5 000 hommes, femmes et enfants dans le stade de Buyumba et dans les écoles de Kibali. 3 000 civils hutus ont été tués par les soldats du FPR dans le centre commercial Karambi et beaucoup d’autres à Kanitumba Gnyagatare […]. Ceux qui ont été blessés ou ont tenté de fuir ont été poursuivis et achevés à l’arme blanche. Des témoins ont estimé que plusieurs milliers de corps avaient été brûlés et incinérés dans le parc national rwandais de l’Akajera. Au plus fort du génocide, en mai 1994, un message de l’ONU a révélé que les militaires du FPR tuaient des Hutus et jetaient leurs corps dans la rivière Kajera. Les assassinats systématiques d’hutus se sont intensifiés à mesure que les militaires du FPR s’emparaient de nouveaux territoires. Après avoir conquis le sud de la province de l’Est, anciennement connue sous le nom de Kibungo, des soldats du FPR ont exécuté environ 2 000 Hutu à Rwamagana et d’autres à Gahieni […]. Lorsque les militaires du FPR avançaient vers la capitale, Kigali, ils continuaient de poursuivre des Hutu dans les régions des provinces de l’Est et du Nord qui faisaient autrefois partie du grand Kigali telle que Gashura […], où près de 9 700 hutus ont été tués. Après avoir conquis Kigali, les militaires du FPR ont exterminé environ 3 000 Hutu à Ndara et des centaines à Kanambe. Un nombre indéterminé de personnes appartenant à l’élite hutu résidant dans le quartier de Rémera a été tué par la branche armée du FPR suite à l’attentat contre l’avion présidentiel. Les autres zones de tueries du FPR sont notamment Kakiru […]. Dans la province du Sud, anciennement connue sous le nom de Gitarama, près de 3 000 personnes ont été tuées dans un camp de réfugiés à Ranbura par le 59e bataillon du FPR. Un rapport de Human Right Watch affirmait que les militaires du FPR ont rassemblé et massacré des civils non armés, dont beaucoup de femmes et d’enfants à Niyazo […]. D’autres exécutions d’hutus ont été constatées à Kagayi […]. André Sibomana, un défenseur des droits de l’homme et journaliste rwandais, a compilé des listes de personnes massacrées à Gitarama, après la conquête de cette préfecture par le FPR en juin 1994 : 18 000 personnes furent tuées. Ces listes sont en possession de l’ONU depuis juillet 1996.

    L’assassinat des Hutus par le FPR est irréfutable […]². »

    ***

    « Selon l’ONU, environ 800 000 personnes […] ont été tuées en trois mois au Rwanda lors de massacres déclenchés après l’attentat contre l’avion du président Habyarimana le 6 avril 1994³. »

    2

    Le 13 mai 2014, l’avion affrété par les autorités françaises et contenant le cercueil de la dépouille du reporter Richard Grideau se pose sur le tarmac de l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle.

    Les caméras d’un parterre de médias français présents ce jour-là filment frénétiquement la scène ; ils avaient été informés de cette arrivée parle communiqué de presse des autorités diplomatiques à Kigali.

    Puis, sous les sirènes d’une escorte policière, le corps, fut convoyé jusqu’à la maison familiale puis acheminé vers le cimetière de Lisieux en Normandie.

    « C’était un incident malheureux, qui se serait déroulé aux alentours de 23 heures à Kigali, lors de l’explosion d’une grenade provoquée par des terroristes proches de l’opposition rwandaise », rappelait la presse rwandaise au lendemain du drame. Et pour finir, selon les propos de l’Office Rwandais d’Investigation ⁴ : « L’attentat n’a toujours pas fait l’objet de revendication de la part des mouvements rebelles. La police pense que ces derniers se sont enfuis vers l’Ouganda avec qui, malheureusement, les rapports ne sont pas cordiaux. Les dispositions pour assurer la sécurité des personnes et des biens ont été prises à Kigali⁵. » Cependant, dans une interview donnée sur une radio américaine, le rédacteur d’un journal de presse rwandais suspendu pour sa supposée accointance avec l’opposition s’interroge : « Les autorités rwandaises ne seraient-elles pas en train de chercher des prétextes pour se débarrasser de ses opposants politiques en leur attribuant la responsabilité de cet attentat ? »

    Après ce décès brutal, de nombreux Français furent plongés dans la stupeur et l’émoi, notamment des journalistes avec lesquels le reporter avait travaillé et tous ceux qui l’avaient connu plus particulièrement dans sa petite bourgade natale. À l’annonce de cette tragique nouvelle, le maire de Lisieux organisa une marche à la mémoire du défunt, qui s’acheva sur la grande place de la ville. Et même Monseigneur Trousville, lors des obsèques dans la basilique Sainte-Thérèse, ne put retenir ses

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