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Le diable amoureux
Le diable amoureux
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Livre électronique286 pages2 heures

Le diable amoureux

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À propos de ce livre électronique

DigiCat vous présente cette édition spéciale de «Le diable amoureux», de Jacques Cazotte. Pour notre maison d'édition, chaque trace écrite appartient au patrimoine de l'humanité. Tous les livres DigiCat ont été soigneusement reproduits, puis réédités dans un nouveau format moderne. Les ouvrages vous sont proposés sous forme imprimée et sous forme électronique. DigiCat espère que vous accorderez à cette oeuvre la reconnaissance et l'enthousiasme qu'elle mérite en tant que classique de la littérature mondiale.
LangueFrançais
ÉditeurDigiCat
Date de sortie6 déc. 2022
ISBN8596547441359
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    Le diable amoureux - Jacques Cazotte

    Jacques Cazotte

    Le diable amoureux

    EAN 8596547441359

    DigiCat, 2022

    Contact: [email protected]

    Table des matières

    CAZOTTE

    I

    II

    III

    IV

    V

    AVIS DE L'AUTEUR POUR LA PREMIÈRE ÉDITION.

    I

    II

    III

    IV

    V

    VI

    VII

    VIII

    IX

    X

    XI

    XII

    XIII

    XIV

    XV

    XVI

    XVII

    XVIII

    XIX

    ÉPILOGUE DU DIABLE AMOUREUX .

    CAZOTTE

    Table des matières

    I

    Table des matières

    illoillo

    illo

    L

    L'AUTEUR du Diable amoureux appartient à cette classe d'écrivains qu'après l'Allemagne et l'Angleterre nous appelons humoristiques, et qui ne se sont guère produits dans notre littérature que sous un vernis d'imitation étrangère. L'esprit net et sensé du lecteur français se prête difficilement aux caprices d'une imagination rêveuse, à moins que cette dernière n'agisse dans les limites traditionnelles et convenues des contes de fées et des pantomimes d'opéras. L'allégorie nous plaît, la fable nous amuse; nos bibliothèques sont pleines de ces jeux d'esprit destinés d'abord aux enfants, puis aux femmes, et que les hommes ne dédaignent pas quand ils ont du loisir. Ceux du dix-huitième siècle en avaient beaucoup, et jamais les fictions et les fables n'eurent plus de succès qu'alors. Les plus graves écrivains, Montesquieu, Diderot, Voltaire, berçaient et endormaient par des contes charmants cette société que leurs principes allaient détruire de fond en comble. L'auteur de l'Esprit des lois écrivait le Temple de Gnide; le fondateur de l'Encyclopédie charmait les ruelles avec l'Oiseau blanc et les Bijoux indiscrets; l'auteur du Dictionnaire philosophique brodait la Princesse de Babylone et Zadig des merveilleuses fantaisies de l'Orient. Tout cela, c'était de l'invention, c'était de l'esprit, et rien de plus, sinon du plus fin et du plus charmant.

    illustration6

    Mais le poëte qui croit à sa fable, le narrateur qui croit à sa légende, l'inventeur qui prend au sérieux le rêve éclos de sa pensée, voilà ce qu'on ne s'attendait guère à rencontrer en plein dix-huitième siècle, à cette époque où les abbés poëtes s'inspiraient de la mythologie, et où certains poëtes laïques faisaient de la fable avec les mystères chrétiens.

    illo7

    On eût bien étonné le public de ce temps-là en lui apprenant qu'il y avait en France un conteur spirituel et naïf à la fois qui continuait les Mille et une Nuits, cette grande œuvre non terminée que M. Galland s'était fatigué de traduire, et cela comme si les conteurs arabes eux-mêmes les lui avaient dictées; que ce n'était pas seulement un pastiche adroit, mais une œuvre originale et sérieuse écrite par un homme tout pénétré lui-même de l'esprit et des croyances de l'Orient. La plupart de ces récits, il est vrai, Cazotte les avait rêvés au pied des palmiers, le long des grands mornes de Saint-Pierre; loin de l'Asie sans doute, mais sous son éclatant soleil. Ainsi le plus grand nombre des ouvrages de cet écrivain singulier a réussi sans profit pour sa gloire, et c'est au Diable amoureux seul et à quelques poëmes et chansons qu'il a dû la renommée dont s'illustrèrent encore les malheurs de sa vieillesse. La fin de sa vie a donné surtout le secret des idées mystérieuses qui présidèrent à l'invention de presque tous ses ouvrages, et qui leur ajoutent une valeur singulière que nous essayerons d'apprécier.

    Un certain vague règne sur les premières années de Jacques Cazotte. Né à Dijon en 1720, il avait fait ses études chez les Jésuites, comme la plupart des beaux esprits de ce temps-là. Un de ses frères, grand vicaire de M. de Choiseul, évêque de Châlons, le fit venir à Paris et le plaça dans l'administration de la marine, où il obtint vers 1747 le grade de commissaire. Dès cette époque, il s'occupait un peu de littérature, de poésie surtout. Le salon de Raucourt, son compatriote, réunissait des littérateurs et des artistes, et il s'en fit connaître en lisant quelques fables et quelques chansons, premières ébauches d'un talent qui devait dans la suite faire plus d'honneur à la prose qu'à la poésie.

    De ce moment, une partie de sa vie dut se passer à la Martinique, où l'appelait un poste de contrôleur des Iles-sous-le-vent. Il y vécut plusieurs années obscur, mais considéré et aimé de tous, et épousa mademoiselle Élisabeth Roignan, fille du premier juge de la Martinique. Un congé lui permit de revenir pour quelque temps à Paris, où il publia encore quelques poésies. Deux chansons, qui devinrent bientôt célèbres, datent de cette époque, et paraissent résulter du goût qui s'était répandu de rajeunir l'ancienne romance ou ballade française, à l'imitation du sieur de la Monnoye. Ce fut un des premiers essais de cette couleur romantique ou romanesque dont notre littérature devait user et abuser plus tard, et il est remarquable de voir s'y dessiner déjà, à travers mainte incorrection, le talent aventureux de Cazotte.

    La première est intitulée la Veillée de la bonne femme, et commence ainsi:

    illustration

    Tout au beau milieu des Ardennes

    Est un château sur le haut d'un rocher

    Où fantômes sont par centaines.

    Les voyageurs n'osent en approcher:

    Dessus ses tours

    Sont nichés les vautours,

    Ces oiseaux de malheur.

    Hélas! ma bonne, hélas!

    que j'ai grand'peur!

    On reconnaît déjà tout à fait le genre de la ballade, telle que la conçoivent les poëtes du Nord, et l'on voit surtout que c'est là du fantastique sérieux; nous voici bien loin de la poésie musquée de Bernis et de Dorat. La simplicité du style n'exclut pas un certain ton de poésie ferme et colorée qui se montre dans quelques vers.

    illustration

    Tout à l'entour de ses murailles

    On croit ouïr les loups-garous hurler,

    On entend traîner des ferrailles,

    On voit des feux, on voit du sang couler,

    Tout à la fois,

    De très-sinistres voix

    Qui vous glacent le cœur.

    Hélas! ma bonne, hélas! que j'ai grand'peur!

    Sire Enguerrand, brave chevalier qui revient d'Espagne, veut loger en passant dans ce terrible château. On lui fait de grands récits des esprits qui l'habitent; mais il en rit, se fait débotter, servir à souper, et fait mettre des draps à un lit. A minuit commence le tapage annoncé par les bonnes gens. Des bruits terribles font trembler les murailles, une nuée infernale flambe sur les lambris; en même temps, un grand vent souffle et les battants des portes s'ouvrent avec rumeur.

    Un damné, en proie aux démons, traverse la salle en jetant des cris de désespoir.

    illustration

    illustration

    Sa bouche était tout écumeuse,

    Le plomb fondu lui découlait des yeux...

    Une ombre tout échevelée

    Va lui plongeant un poignard dans le cœur;

    Avec une épaisse fumée

    Le sang en sort si noir qu'il fait horreur.

    Hélas! ma bonne, hélas! que j'ai grand'peur

    Enguerrand demande à ces tristes personnages le motif de leurs tourments.

    —Seigneur, répond la femme armée d'un poignard, je suis née dans ce château, j'étais la fille du comte Anselme. Ce monstre que vous voyez, et que le ciel m'oblige à torturer, était aumônier de mon père et s'éprit de moi pour mon malheur. Il oublia les devoirs de son état, et, ne pouvant me séduire, il invoqua le diable et se donna à lui pour en obtenir une faveur.

    Tous les matins j'allais au bois prendre le frais et me baigner dans l'eau pure d'un ruisseau.

    illustration

    Là, tout auprès de la fontaine,

    Certaine rose aux yeux faisait plaisir;

    Fraîche, brillante, éclose à peine.

    Tout paraissait induire à la cueillir:

    Il vous semblait,

    Las! qu'elle répandait

    La plus aimable odeur.

    Hélas! etc.

    J'en veux orner ma chevelure

    Pour ajouter plus d'éclat à mon teint;

    Je ne sais quoi contre nature

    Me repoussait quand j'y portais la main.

    Mon cœur battait

    Et en battant disait:

    Le diable est sous la fleur!...

    Hélas! etc.

    Cette rose, enchantée par le diable, livre la belle aux mauvais desseins de l'aumônier. Mais bientôt, reprenant ses sens, elle le menace de le dénoncer à son père, et le malheureux la fait taire d'un coup de poignard.

    Cependant, on entend de loin la voix du comte qui cherche sa fille. Le diable alors s'approche du coupable sous la forme d'un bouc et lui dit: Monte, mon cher ami; ne crains rien, mon fidèle serviteur.

    illustrationillustration

    Il monte, et, sans qu'il s'en étonne,

    Il sent sous lui le diable détaler;

    Sur son chemin l'air s'empoisonne,

    Et le terrain sous lui semble brûler.

    En un instant

    Il le plonge vivant

    Au séjour de douleur!

    Hélas! ma bonne, hélas! que j'ai grand'peur.

    Le dénoùment de l'aventure est que sire Enguerrand, témoin de cette scène infernale, fait par hasard un signe de croix, ce qui dissipe l'apparition. Quant à la moralité, elle se borne à engager les femmes à se défier de leur vanité, et les hommes à se défier du diable.

    Cette imitation des vieilles légendes catholiques, qui serait fort dédaignée aujourd'hui, était alors d'un effet assez neuf en littérature; nos écrivains avaient longtemps obéi à ce précepte de Boileau, qui dit que la foi des chrétiens ne doit pas emprunter d'ornements à la poésie; et, en effet, toute religion qui tombe dans le domaine des poëtes se dénature bientôt, et perd son pouvoir sur les âmes. Mais Cazotte, plus superstitieux que croyant, se préoccupait fort peu d'orthodoxie. D'ailleurs, le petit poëme dont nous venons de parler n'avait nulle prétention, et ne peut nous servir qu'à signaler les premières tendances de l'auteur du Diable amoureux vers une sorte de poésie fantastique, devenue vulgaire après lui.

    On prétend que cette romance fut composée par Cazotte pour madame Poissonnier, son amie d'enfance, nourrice du duc de Bourgogne, et qui lui avait demandé des chansons qu'elle pût chanter pour endormir l'enfant royal. Sans doute il aurait pu choisir quelque sujet moins triste et moins chargé de visions mortuaires; mais on verra que cet écrivain avait la triste destinée de pressentir tous les malheurs.

    Une autre romance du même temps, intitulée «les Prouesses inimitables d'Ollivier, marquis d'Édesse», obtint aussi une grande vogue. C'est une imitation des anciens fabliaux chevaleresques, traitée encore dans le style populaire.

    illustrationillustration

    La fille du comte de Tours,

    Hélas! des maux d'enfant l'ont pris;

    Le comte, qui sait ses amours,

    Sa fureur ne peut retenir:

    Qu'on cherche mon page Ollivier,

    Qu'on le mette en quatre quartiers...

    —Commère, il faut chauffer le lit;

    N'entends-tu pas sonner minuit?

    Plus de trente couplets sont consacrés ensuite aux exploits du page Ollivier, qui, poursuivi par le comte sur terre et sur mer, lui sauve la vie plusieurs fois, lui disant à chaque rencontre:

    «C'est moi qui suis votre page! et maintenant me ferez-vous mettre en quartiers?

    —Ote-toi de devant mes yeux!» lui répond toujours l'obstiné vieillard, que rien ne peut fléchir; et Ollivier se décide enfin à s'exiler de la France pour faire la guerre en Terre sainte.

    Un jour, ayant perdu tout espoir, il veut mettre fin à ses peines; un ermite du Liban le recueille chez lui, le console, et lui fait voir dans un verre d'eau, sorte de miroir magique, tout ce qui se passe dans le château de Tours; comment sa maîtresse languit dans un cachot, «parmi la fange et les crapauds»; comment son enfant a été perdu dans les bois, où il est allaité par une biche, et comment encore Richard, le duc des Bretons, a déclaré la guerre au comte de Tours et l'assiége dans son château. Ollivier repasse généreusement en Europe pour aller secourir le père de sa maîtresse, et arrive à l'instant où la place va capituler.

    illustration

    Voyez quels coups ils vont donnant,

    Par la fureur trop animés,

    Les assiégés aux assiégeants,

    Les assiégeants aux assiégés;

    Las! la famine est au château,

    Il le faudra rendre bientôt.

    —Commère, il faut chauffer le lit;

    N'entends-tu pas sonner minuit?

    Tout à coup, comme un tourbillon,

    Voici venir mon Ollivier;

    De sa lance il fait deux tronçons

    Pour pouvoir à deux mains frapper.

    A ces coups-ci, mes chers Bretons,

    Vous faut marcher à reculons!...

    —Commère, il faut chauffer le lit;

    N'entends-tu pas sonner minuit?

    On voit

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