Abcès Non Parasitaires Du Foie. Diagnostic Et Conduite À Tenir
Abcès Non Parasitaires Du Foie. Diagnostic Et Conduite À Tenir
Abcès Non Parasitaires Du Foie. Diagnostic Et Conduite À Tenir
Les abcès non parasitaires du foie restent une pathologie rare. Leur prévalence est de 0,29 à 1,47 % dans
les séries d’autopsies et de 0,008 à 0,16 % chez les malades hospitalisés. Leur incidence annuelle est
faible mais semble augmenter passant de 13/100 000 à 20/100 000. Actuellement, leur pic d’incidence
se situe entre 60 et 70 ans. La prédominance masculine tend à disparaître. Des facteurs prédisposants et
de comorbidité ont été décrits : cancer, hypertension artérielle, diabète, alcoolisme chronique et
immunosuppression. Les abcès bactériens peuvent être uniques ou multiples, de taille variant entre
quelques millimètres et plusieurs centimètres et sont situés dans le foie droit dans plus de deux tiers des
cas. Les bactéries entraînent une nécrose du parenchyme hépatique avec formation d’une cavité
contenant du pus et des débris nécrotiques. Les abcès sont le plus souvent d’origine biliaire de 30 à 70 %
des cas puis viennent les abcès d’origine portale de 15 à 20 % des cas. Ils sont moins souvent d’origine
artérielle. Dans près de 20 % des cas, aucune cause n’est mise en évidence. Un germe est mis en évidence
dans 70 à 95 % des cas. Il s’agit le plus souvent de bactéries à Gram positif. Le diagnostic et le traitement
précoces ont permis de diminuer la mortalité à moins de 20 %. Le diagnostic des abcès du foie est souvent
difficile et il faut savoir l’évoquer devant une masse hépatique hypoéchogène à l’échographie. Du
diagnostic précoce, dépend le pronostic. Le traitement des abcès non parasitaires repose sur la ponction
associée ou non à un drainage de l’abcès et sur une antibiothérapie d’abord à large spectre puis ciblée sur
le germe mis en évidence à la culture. Le traitement chirurgical est réservé aux échecs du traitement
médical et à la cause de l’abcès si elle nécessite une sanction chirurgicale.
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Hépatologie 1
7-015-C-15 ¶ Abcès non parasitaires du foie. Diagnostic et conduite à tenir
Biologie
Les anomalies biologiques sont fréquentes mais non spécifi-
ques. Elles peuvent associer une hyperleucocytose à polynu-
cléaires neutrophiles, une anémie ou une augmentation de
l’activité des phosphatases alcalines et de la bilirubine. L’activité
de l’aspartate aminotransférase (ASAT) est parfois augmentée.
Un syndrome inflammatoire franc est toujours présent avec une Figure 1. Aspect échographique d’un abcès bactérien du foie.
élévation de la protéine C réactive et une hypergammaglobuli-
némie. L’association de 2 des 3 signes biologiques, hyperleuco-
cytose à polynucléaires neutrophiles, élévation de l’activité des injection, il met en évidence une masse hypodense et homo-
phosphatases alcalines, hyperbilirubinémie chez un malade gène ou hétérogène multicloisonnée de densité variable souvent
fébrile doit faire évoquer le diagnostic d’abcès hépatique. Une mal limitée. Après injection, la prise de contraste est périphéri-
baisse de la concentration de l’albumine sérique et une aug- que, sous la forme d’un liseré hyperdense dans environ 40 %
mentation de la bilirubine sont classiquement des facteurs de des cas, connu comme « le signe de l’anneau », alors que le
mauvais pronostic. [11] Un taux de prothrombine abaissé est centre de la lésion ne se réhausse pas (Fig. 2). Parfois, soit dans
noté dans 15 à 60 % des cas. environ 30-40 % des cas, ce liseré est cerné lui-même d’un
anneau hypodense réalisant une image en cible. [17] Cet aspect
Examens morphologiques serait encore plus évocateur d’abcès (Fig. 3). Au temps artériel,
Ils permettent de confirmer le diagnostic et de préciser la il est observé dans 30 à 67 % des cas, un rehaussement du
localisation de l’abcès. De façon générale, l’aspect en imagerie parenchyme hépatique autour de l’abcès très transitoire et
d’un abcès du foie varie selon le stade de l’infection. À un stade parfois segmentaire. [18] Le seul signe pathognomonique mais
aigu, l’abcès se présente fréquemment comme de multiples inconstant de l’abcès est la présence de clartés gazeuses internes.
petites lésions liquidiennes prenant parfois un aspect confluant Imagerie par résonance magnétique nucléaire (IRM)
évocateur. À un stade subaigu, l’abcès prend la forme d’une
lésion où la nécrose et la liquéfaction prédominent. La présence L’IRM n’apporte pas d’élément supplémentaire à l’échogra-
d’air au sein d’une lésion hépatique focale est très évocatrice, en phie et au scanner. On note un hyposignal en T1, un hypersi-
l’absence d’antécédent de manœuvres endobiliaires ou de gnal en T2 avec un réhaussement périphérique après injection
notion de rupture dans un organe creux. Un bilan gastro- de gadolinium. [19] L’IRM n’apparaît pas justifiée en cas de
intestinal complet doit être effectué à la recherche d’un foyer suspicion d’abcès hépatique sauf en cas d’impossibilité de
primitif si celui-ci n’est pas évident. [12] réaliser un scanner avec injection chez un malade ayant une
contre-indication aux produits de contraste iodés.
Radiographies sans préparation
Autres explorations morphologiques
Le cliché pulmonaire met en évidence une ascension de la
coupole diaphragmatique droite dans plus de la moitié des cas. La cholangiographie rétrograde endoscopique a été préconisée
On peut trouver un épanchement pleural droit ou un infiltrat en cas d’abcès cryptogénétique à la recherche d’une cause
basal droit dans près de 40 % des cas. Les clichés d’abdomen biliaire surtout chez les malades ayant un antécédent de
sans préparation montrent rarement une image hydroaérique chirurgie biliaire. Chez 30 % des malades ayant une bilirubiné-
intrahépatique avec un niveau si le cliché est réalisé debout. mie normale et aucun signe d’atteinte des voies biliaires, il a été
mis en évidence des anomalies à l’origine de l’abcès à type de
Échographie abdominale calcul biliaire, de sténose, de dilatation, de fistule cholédoco-
Examen de première intention, sa sensibilité est de 85 à duodénale spontanée ou de communication entre l’abcès et
95 %. [13] La forme et la taille des abcès sont variables. Leur l’arbre biliaire. Un geste endoscopique a été possible chez la
échogénicité dépend de leur stade évolutif. À la phase précoce, moitié des malades. [20] La bili-IRM n’a pas été évaluée chez ces
l’abcès peut apparaître hyperéchogène en raison de son contenu malades mais étant donné son caractère moins invasif, elle
riche en protéines : cet aspect est très trompeur car peut faire pourrait être discutée dans un premier temps et la cholangio-
poser le diagnostic de tumeur solide. À la phase de liquéfaction, graphie rétrograde endoscopique effectuée seulement en cas de
l’aspect typique est hypo- ou anéchogène avec des échos nécessité de geste thérapeutique. Ainsi, à l’heure actuelle, les
internes parfois en position déclive donnant un niveau hori- explorations invasives seront indiquées en fonction de l’orien-
zontal ou simulant des cloisons [14, 15] associé à un renforce- tation clinique ou biologique et pas de façon systématique.
ment postérieur. [16] Les contours sont habituellement irréguliers
(Fig. 1). En doppler, la lésion n’est pas vascularisée. Ainsi, Diagnostic étiologique
l’aspect échographique est très polymorphe et peu spécifique. Sa
sensibilité varie de 65 à 95 % d’autant plus élevée que l’abcès Circonstances favorisantes
est de plus grande taille. De l’air peut être mis en évidence dans
Abcès d’origine biliaire
la cavité abcédée. L’examen échographique peut mettre en
évidence les épanchements éventuellement associés et orienter Les abcès d’origine biliaire sont les plus fréquents (30 à 70 %)
la pathogénie, par exemple, par la mise en évidence de dilata- (Tableau 1) et le plus souvent secondaires à une obstruction
tions des voies biliaires, de signe de cholécystite aiguë ou de biliaire d’origine bénigne ou maligne, associée à une angiocho-
trajet fistuleux entre l’anse intestinale et l’abcès hépatique. lite. Ils sont souvent de petite taille, multiples et communiquent
avec l’arbre biliaire. Les anastomoses biliodigestives, cholédoco-
Tomodensitométrie duodénales ou hépaticojéjunales favorisent la survenue d’abcès
Le scanner spiralé a une sensibilité supérieure à celle de hépatiques à pyogène [21, 22] tout comme un cathétérisme
l’échographie et permet comme elle une ponction guidée. Sans rétrograde endoscopique ou un drainage biliaire percutané.
2 Hépatologie
Abcès non parasitaires du foie. Diagnostic et conduite à tenir ¶ 7-015-C-15
Figure 2. Scanner d’un abcès bactérien du foie avant (A) et après injection aux temps artériel (B), portal (C) et tardif (D).
Figure 3. Scanner d’un abcès bactérien du foie à une phase évolutive précoce (A) et tardive (B).
Abcès d’origine portale d’abcès récidivant. Au cours de la maladie de Crohn, bien que
Les abcès d’origine portale représentent 15 à 20 % des abcès les abcès hépatiques soient une complication rare, leur inci-
bactériens et compliquent des bactériémies portales importantes. dence est environ 15 fois supérieure à celle observée dans la
Alors que la principale cause de pyléphlébite était l’appendicite, population générale. Ils peuvent être révélés par des tableaux
l’origine diverticulaire prédomine actuellement. Les autres septiques graves. [23] Les abcès sont le plus souvent multiples,
causes sont indiquées dans le Tableau 1. Comme pour les abcès survenant chez des malades plus jeunes, généralement de sexe
compliquant une angiocholite ou une cholécystite, les causes masculin, favorisés par un foyer infectieux intra-abdominal plus
coliques droites se drainant dans le territoire mésentérique souvent que biliaire. [24] Dans ce contexte, les bactéries identi-
supérieur donnent lieu à des abcès du foie droit alors que les fiées sont surtout des streptocoques de type milleri. De façon
abcès du foie gauche tirent leur origine de suppurations dans le plus rare, l’abcès hépatique peut révéler la maladie de
territoire mésentérique inférieur ou splénique. Ces abcès sont Crohn. [25] Le diagnostic est parfois difficile entre une poussée
souvent associés à une thrombophlébite portale avec un risque évolutive de la maladie. Le diagnostic ne diffère pas des autres
Hépatologie 3
7-015-C-15 ¶ Abcès non parasitaires du foie. Diagnostic et conduite à tenir
Tableau 1.
Étiologie des abcès bactériens du foie.
Causes biliaires : 30 à 70 % Causes bénignes : lithiase biliaire, cholécystite, anastomose biliodigestive, cathétérisme endoscopique ou
percutané des voies biliaires
Causes malignes : cancers des voies biliaires, de l’ampoule ou de la vésicule, de la tête du pancréas
Causes portales : 15 à 20 % Causes bénignes : diverticulite, suppuration anorectale, suppuration postopératoire, perforation digestive,
abcès pancréatique, appendicite, salpingite, maladies inflammatoires chroniques de l’intestin
Causes malignes : cancers coliques, cancers gastriques
Abcès par contiguïté : 1 à 5 % Abcès sous-phrénique, sous-hépatique, cholécystite aiguë avec perforation
Causes artérielles : 1 à 3 % Associés à immunosuppression
Abcès post-traumatiques : 1 à 3 % Causes bénignes : traumatisme ouvert ou fermé, sclérose endoscopique
Causes malignes : chimioembolisations artérielles, alcoolisation ou radiofréquence utilisées dans le traitement
des carcinomes hépatocellulaires ou des métastases hépatiques
Abcès cryptogénétique : 10 à 20 %
terrains mais l’intérêt de l’IRM a été souligné pour la mise en prélèvement de bile. Les techniques de prélèvement et de
évidence de trajet fistuleux parfois complexe entre l’anse culture rigoureuses, surtout pour les germes anaérobies, permet-
intestinale et l’abcès hépatique. [26] En cas de fistule intestinale, tent d’identifier un ou plusieurs germes dans 70 à 95 % des
le traitement chirurgical est justifié mais la prise en charge par cas [36] et d’effectuer l’antibiogramme. Dans 35 à 70 % des cas,
drainage percutané préalable semble préférable. [27] De façon les hémocultures seront également positives. Ces hémocultures
plus anecdotique, des abcès hépatiques compliquant l’évolution devront être systématiquement effectuées avant de débuter
de rectocolite ulcérohémorragique ont également été décrits l’antibiothérapie. Les germes responsables varient en fonction
et les germes mis en évidence étaient surtout des du site d’infection primaire (Tableau 2). Les abcès compliquant
streptocoques. [28] une cholangite ou un sepsis intra-abdominal sont plus souvent
polymicrobiens associant des germes à Gram négatif et des
Abcès d’origine artérielle anaérobies. Une bactériémie systémique cause généralement une
Les abcès d’origine artérielle sont le plus souvent dus à une infection à un seul germe. [3] Les abcès solitaires sont plus
bactériémie. Ils sont généralement uniques et surviennent souvent polymicrobiens que les abcès multiples.
surtout dans les états de dépression immunitaire. [3, 29] Ils Les germes les plus fréquemment mis en évidence sont les
peuvent être secondaires à des thrombophlébites périphériques bacilles à Gram négatif (40 à 60 %) et les bactéries anaérobies
suppurées en particulier chez les usagers de drogues, à une (40 à 50 %). Certains terrains favorisants peuvent expliquer des
endocardite mais aussi à des infections pulmonaires, urinaires, abcès à des germes inhabituels. Chez les malades en état de
ostéoarticulaires ou plus rarement ORL ou stomatologiques. dépression immunitaire, les agents fongiques sont surtout
responsables d’abcès multiples. Le bacille de Koch est excep-
Autres causes
tionnellement mis en évidence. Lactobacillus acidophilus, bactérie
Abcès de contiguïté ou post-traumatiques. Les abcès à Gram positif habituellement non pathogène, peut être à
secondaires à un hématome intrahépatique sont très rares. Les l’origine d’abcès après transplantation hépatique. [37]
complications des traumatismes fermés du foie surviennent chez Parmi les autres germes responsables d’abcès bactériens, le
10 à 25 % des malades, dans la moitié des cas dans les 24 pre- clostridium perfringens a été responsable plutôt d’abcès miliaires
mières heures. Les abcès sont décrits dans 5 % des cas et du foie dans un contexte septicémique. [38]
seraient favorisés par l’ischémie localisée du parenchyme Klebsiella pneumoniae est trouvé comme seul germe responsa-
hépatique. [30] On peut en rapprocher les abcès secondaires à la ble dans 50 à 90 % des abcès hépatiques dans les cas rapportés
perforation du foie et formation de granulomes sur corps à Taïwan essentiellement chez des malades ayant un diabète.
étrangers. [31] Ces abcès sont plutôt mis en évidence chez Une autre caractéristique de ce type d’infection est l’existence
l’enfant ou chez les malades ayant une pathologie psychiatri- de métastases septiques au niveau de l’œil par voie hématogène
que. Les abcès survenant au contact d’un foyer de cholécystite à l’origine d’endophtalmie septique. [39] Dans une étude récente,
peuvent être difficiles à différencier des tumeurs vésiculaires le sérotype K1 isolé soit à partir du pus, soit dans les hémocul-
envahissant par contiguïté le parenchyme hépatique. Les autres tures était significativement associé à cette atteinte oculaire chez
abcès de contact peuvent être associés aux pancréatites aiguës le malade diabétique. [40] Le traitement par ceftriaxone appa-
compliquées, aux abcès sous-phréniques ou aux ulcères perforés. raissait le plus efficace en raison d’une bonne concentration
Abcès compliquant un geste de radiologie intervention- dans l’humeur aqueuse. Ainsi, chez le malade diabétique, un
nelle. Les abcès bactériens peuvent compliquer les chimioem- abcès à Klebsiella pneumoniae de sérotype 1 doit faire préférer
bolisations artérielles, l’alcoolisation ou la radiofréquence une antibiothérapie plutôt par ceftriaxone afin de prévenir une
utilisées dans le traitement des carcinomes hépatocellulaires ou localisation infectieuse oculaire. [41]
des métastases hépatiques. [32] L’existence d’une anastomose
biliodigestive antérieure semble favoriser les abcès survenant Granulomes bactériens
après chimioembolisation ou radiofréquence [33] et une antibio-
Dans certains cas, les granulomes hépatiques, réaction
prophylaxie a pu être proposée dans ce type de situation. [34] Si
inflammatoire aspécifique à un antigène peuvent fusionner
la fréquence des effets secondaires est estimée à 10 %, les abcès
entraînant la formation de nécrose, de foyer suppuré et consti-
ont une fréquence de 2 %. [35] Des abcès ont été décrits égale-
tuer un véritable abcès. Les germes principalement responsables
ment après cathétérisme rétrograde avec sphinctérotomie pour
sont les mycobactéries, Brucella militensis et Coxiella burnetti.
calcul biliaire récidivant.
Mycobactéries
Abcès cryptogénétiques
Enfin dans près de 20 % des cas, les abcès sont dits crypto- Bacille de Koch. La tuberculose représente la première cause
génétiques car aucun foyer infectieux n’est mis en évidence. d’hépatite granulomateuse en France et survient surtout chez les
Cela doit rester un diagnostic d’élimination. sujets immunosupprimés, migrants ou traités par instillation
intravésicale de Bacille de Calmette et Guérin. [42] Le tableau
Germes responsables clinique typique associe une fièvre à une cholestase plutôt
anictérique. Dans les formes graves pseudosepticémiques, le test
Abcès bactériens à la tuberculine est le plus souvent positif. La biopsie hépatique
L’isolement des germes peut se faire à partir du pus de met en évidence soit des granulomes épithélioïdes intralobulai-
l’abcès, par les hémocultures systématiques et répétées ou par res avec présence de nécrose caséeuse dans près de 10 % des cas
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Abcès non parasitaires du foie. Diagnostic et conduite à tenir ¶ 7-015-C-15
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6 Hépatologie
Abcès non parasitaires du foie. Diagnostic et conduite à tenir ¶ 7-015-C-15
Hémocultures
Pus : abcès
Cultures bactériologiques, parasitologiques
Échec
Drainage
chirurgical
des contre-indications telles que la présence d’une ascite, une drainage doit être déclive et suivre un trajet aussi court et direct
pathologie abdominale nécessitant une laparotomie d’urgence que possible. Il doit rester fonctionnel jusqu’à l’affaissement
ou un abcès rompu. [73, 74] L’aspiration simple associée à complet de la cavité abcédée. Le drain est laissé en place jusqu’à
l’antibiothérapie est recommandée pour certains avec cependant évacuation complète de la collection. Ce drainage percutané
un risque de récidive plus important dans certaines séries. [71, 75] peut se compliquer rarement d’hémorragie, de perforations
Le taux de succès varie de 85 à 100 %. Ce taux de succès intestinales, de fuite péritonéale ou de pleurésie purulente. [79]
variable est en partie lié au nombre de ponctions-aspirations
réalisé par malade. En l’absence d’amélioration rapide, des
ponctions-aspirations répétées, jusqu’à 4 peuvent être effectuées. Chirurgie
En cas d’échec de 3 ponctions-aspirations, il faut considérer
qu’il s’agit d’un échec de cette technique et effectuer alors un Actuellement, les indications de drainage chirurgical sont
drainage. [76] Une première étude randomisée a montré que la exceptionnelles, seulement en cas d’échec du drainage percu-
ponction-aspiration et le drainage permettaient d’obtenir une tané ou de complication telle que la rupture. Il peut être
guérison dans les mêmes délais. [77] Dans cette étude, seuls 22 % effectué après laparotomie ou laparoscopie. En termes de
des abcès étaient bactériens. Une étude randomisée plus récente mortalité ou de complications, les traitements percutanés et
a inclus un nombre plus important de malades soit 32 malades chirurgicaux ne sont pas différents. [5] Cependant, la chirurgie
traités par ponction-aspiration et 32 par drainage. La guérison peut être justifiée d’emblée chez un malade présentant d’autres
était obtenue chez 97 % des malades avec une mortalité très localisations abcédées intra-abdominales. Le drainage chirurgical
faible de 3 % sans différence significative entre les 2 grou- peut également être nécessaire après échec du traitement
pes. [78] Dans cette étude, dans plus de trois quarts des cas, percutané. Cette situation est rare, estimée de 2 à 10 %. [80] En
seules 2 ponctions-aspirations étaient nécessaires. Étant donné cas d’abcès volumineux une résection hépatique peut être
le plus faible coût de cette technique et en l’absence de indiquée. L’abord chirurgical n’est extrapéritonéal qu’en cas
différence significative entre les 2 techniques, on aurait ten- d’abcès unique superficiel situé dans les segments supérieurs ou
dance à préférer la ponction-aspiration au drainage. Lorsque postérieurs du foie. Dans les autres cas, l’abord est transpérito-
l’abcès a une taille inférieure à 5 cm, le drainage n’apparaît pas néal permettant également un repérage du ou des abcès par
indiqué. [71] Le drainage est discuté mais si sa technique est palpation et échographie peropératoire et l’exploration complète
rigoureuse, la récidive de l’abcès est exceptionnelle, le taux de de la cavité péritonéale à la recherche d’un foyer primitif. En
succès est d’environ 90 %, qu’il y ait un ou plusieurs abcès. Le cas d’abcès multiples, les abcès superficiels sont mis à plat puis
Hépatologie 7
7-015-C-15 ¶ Abcès non parasitaires du foie. Diagnostic et conduite à tenir
drainés et les abcès profonds évacués par ponction après [25] Czernichow B, Filippi de la Palavesa MM, Bergier JM, Mutter D,
repérage échographique peropératoire. Krummel Y, Marescaux J, et al. Abcès hépatique révélant une maladie
Le traitement de la cause de l’abcès est habituellement de Crohn. Gastroentérol Clin Biol 1993;17:153-5.
chirurgical : en cas d’origine portale de l’abcès (diverticulite [26] Boudghène F, Aboun H, Grangé JD, Wallays C, Bodin F, Bigot JM.
compliquée ou cancer colique infecté), on pratique une résec- L’imagerie par résonance magnétique dans l’exploration des fistules
tion colique avec ou sans colostomie ; pour les causes biliaires, abdominales et ano-périnéales de la maladie de Crohn. Gastroenterol
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on recourt à la cure chirurgicale de la lithiase ou la réparation
[27] Lambliase RE, Cronan JJ, Dorfman GS, Paolella LP, Haas RA.
biliaire en cas de sténose postopératoire ; dans le cas d’abcès par Percutaneous drainage of abscesses in patients with Crohn’s disease.
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Service d’hépato-gastro-entérologie et d’assistance nutritive, Hôpital Jean Bernard, 2, rue Milétrie, BP 577, 86021 Poitiers cedex, France.
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Service de radiologie, Hôpital Jean Bernard, BP 577, 2, rue Milétrie, 86021 Poitiers cedex, France.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Silvain C., Chagneau-Derrode C., Crugeon C., Tasu J.-P. Abcès non parasitaires du foie. Diagnostic et
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Hépatologie 9