Dossier Pedagogique Hans Walter Muller
Dossier Pedagogique Hans Walter Muller
Dossier Pedagogique Hans Walter Muller
Hans-Walter Mller dans le module gris, Centre international dart et du paysage, 2007
Module gris
Module jaune
Module rouge
K INESIS
Hans-Walter Mller est un artiste cintique. Lart cintique, apparu la fin des annes 1950,
exprimente la notion de mouvement dans luvre dart. Il est principalement reprsent en
sculptures o des artistes comme Jesus Rafael Soto, Pol Bury, Agam, le groupe GRAV, ont
recours des lments mobiles. Mais lart cintique est galement fond sur les illusions
doptique, la vibration rtinienne et sur limpossibilit de notre il accommoder
simultanment le regard deux surfaces colores, violemment contrastes. Dans ce cas de
cintisme virtuel, on parle dOpArt. Bridget Riley et Vasarely en sont les principaux
protagonistes. Lexpression art cintique est adopte vers 1954 pour dsigner les uvres mises
en mouvement par le vent, les spectateurs et/ou un mcanisme motoris. En 1955 a lieu
lexposition-manifeste Mouvement la Galerie Denise Ren Paris. Le mot Cintisme vient du
grec Kinsis, qui a galement servi dsigner une forme dexprience artistique au succs
considrable : le cinmatographe.
Lair joyeux et optimiste des annes 1960 encourage recherches et expriences sur une
question qui passionnait dj les avants-gardes historiques : comment rendre compte sur une
surface plane un mouvement en trois dimensions ?
Ds les annes 1910, les artistes futuristes italiens Balla, Severini, Caro vont dcomposer le
mouvement en peinture en une srie dimages simultanes. En sculpture, les Constructivistes
russes tels que Naum Gabo, Pevsner, Moholo-Nagy, vont rendre mobiles leurs oeuvres,
actionnes par mcanismes ou motorisation. Les mobiles de Calder sinscrivent directement
dans cet hritage. Marcel Duchamp, linstar de ses contemporaines futuristes et
constructivistes, va lui aussi reprendre son compte ces recherches. Laboutissement de ses
exprimentations se manifeste en 1912 par son Nu descendant lescalier, peinture dite
chronophotographique : toutes les tapes du mouvement sont reprsentes dans le mme plan
narratif. En sculpture, sa Roue de bicyclette ralise en 1913, est par ailleurs considre comme
la premire sculpture cintique en France.
La dimension ludique de cet art du mouvement est proclame avec clat et la complicit du
spectateur requise comme ncessaire. Lors de la Troisime Biennale de Paris en 1963, les
artistes du groupe GRAV Joel Stein, Yvaral, Franois Morellet, Francisco Sobrino, Horacio
Garcia Rossi, Julio Le Parc publient leur manifeste Assez de mystifications. En voici un
extrait sur la place du spectateur :
Nous voulons intresser le spectateur, le sortir des inhibitions, le
dcontracter. Nous voulons le faire participer. Nous voulons le placer
dans une situation quil dclenche et quil transforme. Nous voulons
quil soriente vers une interaction avec dautres spectateurs. Nous
voulons dvelopper chez le spectateur une forte capacit de perception
et daction.
Le cintisme doit donc dboucher sur de grandes ralisations, de grandes ftes, o les rapports
entre uvre et spectateur sont profondment modifis.
Le m odu l e san im e
HABI T ER LE P AYSAGE
Hans-Walter Mller vit et travaille sur un terrain qui ne lui appartient pas, quil ne loue pas,
mais quil pratique depuis trente-cinq ans dans une relation quotidienne avec larodrome de
Cerny dans le dpartement de lEssone en France. La structure gonflable quil a conue pour
organiser sa vie et son travail avec sa femme Marie-France respire et crot comme un
organisme en volution constante au cur dun sous-bois naturel. Le gonflable va dterminer
les amnagements domestiques et professionnels du couple. Les subdivisions de la maison
traditionnelle sont remplaces par la cration dun paysage habitable qui associe travail et
plaisir, intrieur et extrieur dans des squences infinies dexpriences. Lide du paysage
habitable, cest de privilgier lespace et de concevoir son amnagement en fonction du son, de
limage et de la projection, pour quil se renouvelle continuellement. Cavits, reliefs, passages,
couloirs et promontoires dessinent une gographie particulire qui associe lhumain lunivers
de la nature. Si lair remplace la pierre dans larchitecture de Hans Walter Mller, cest pour
que limagination circule sans fin et ne se fige pas dans les murs et les cloisons dun projet
dont les usages auraient t prvus lavance.
Lextrieur pntre lintrieur par des jeux douvertures visuelles cres par les bandes ou
formes transparentes. Des parois translucides et poreuses la vue et au toucher, dcolor,
rouge vif, stries, courbes, en zigzags, recouverts de feuilles mortes, de pluie ou de neige qui
transforme le module en igloo : la perception de lespace extrieur nest jamais le mme. Les
parois deviennent des murs vivants et changent au fil des saisons, des jours, des heures. Le
translucide nous donne conscience de lautre ct. Lextrieur cadr par ces ouvertures devient
une vritable uvre dart anime.
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RESP I RA T I ON
Une architecture-corps.
LAntiquit voyait dans la construction du corps humain un modle darchitecture : mobilit,
articulation, circulation, arrive dair, jection des dchets, corps de btiment. Le module de
Mller sinspire lui aussi du systme respiratoire des tres vivants. Le module, comme le
poumon, se gonfle dair et se dgonfle. Inspiration/Expiration. Sa paroi se tend et se dtend.
Comme la peau. Mais galement comme les parois de nos artres, qui se tendent et dtendent
grce la tension artrielle. Ces dernires sont alimentes en sang par le cur. Le module est
rempli dair grce un gnrateur lectrique, son cur artificiel.
Le corps dans une architecture.
Couper du monde, il semblerait que le temps sarrte lorsque lon se trouve dans le module.
Le spectateur est dans un espace autre, un monde part, protecteur, chaud, quil peut
sapproprier autant physiquement que mentalement. Une sorte de rminiscence de la poche
amniotique, bulle de bien-tre pour le bb dans le ventre de la mre. Linstant pass dans le
module devient alors rgressif. On ferme les yeux, on devine, on rve, on pense. Lair du
module est surpressuris, cest--dire plus dense que lair extrieur. La perception auditive sen
trouve transforme. Notre voix change semble lectronique. Le son ne cesse de rebondir sur
toutes les parois du module avant de disparatre totalement. Cette force de larchitecture sur
notre physique se ressent galement la sortie. Changement dair, changement de pression, le
module, ouvert, se relache. Notre corps galement. Il devient tout dun coup plus lourd et nos
mouvements se font plus lents.
Un retour la ralit aprs une vasion onirique dans un autre univers.
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P O U R QU OI LES G ON FLABLES ?
Texte de Hans Walter Muller
Techniques et architectures n304, 1975,
pp.73-74
On pourrait dire : bon march
On pourrait dire : abriter .
On pourrait dire : facile installer :
On pense au provisoire : juste pour servir
btement.
Pour lindustrie
Pour le stockage.
Pour les municipalits (les salles des ftes).
En couverture de piscines.
En couverture de tennis.
La mme forme.
On la connat maintenant cette forme, ce
demi-boudin.
Elles sont extraordinaires ces constructions
magiques, ces gonflables , une architecture
porte par lair.
Si Henri Michaux avait pu les vivre
Je vous construirais une villa avec des loques
moi / je vous construirais sans plan et sans
ciment / un difice que vous ne dtruirez pas
/ et quune espce dvidence minente
soutiendra et gonflera, qui viendra vous braire
au nez / et au nez gel de tous vos Parthnon,
vos arts arabes et de vos Ming / avec de la
fume, avec de la dilution du brouillard / et du
son de peau de tambour
(Contre, Henri Michaux)
Capable de nous apporter de nouveau une
sensibilit de vie et darchitecture, une
construction qui fait appel une nouvelle
conception de la vie qui est en mme temps
la vraie . La rencontre entre les humains et
lespace.
Ainsi sexplique la peur que provoque cette
conception la peur des constructeurs comme
celle des hommes.
Beaucoup de notions habituelles sont remises
en question avec son apparition : scurit,
effondrement, lourdeur, les murs, le plafond,
les contrats dassurance
Alors pourquoi ces gonflables ?
Parce quils nous emmnent dans un autre
monde, nous aident penser, nous font
oublier tout ce que nous avons appris lcole.
Parce que nous redevenons nous-mmes.
Parce que le provisoire nexiste pas, na pas
de sens, ces pauvres gonflables que lon voit et
que lon excuse dtre provisoires sont quand
mme extraordinaires.
Car leur fait en soi leur donne toujours une vie
particulire.
Une vie provisoire ?
Un amour provisoire ?
Un repas provisoire ?
Une architecture provisoire ?
Ainsi jai dcouvert lge dune nouvelle
architecture, celle des gonflables.
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P IST ES P EDAG OG I QU ES
Questionner lvidence.
La lumire, lespace et la perception sont les lments au centre du questionnement de luvre
de Hans-Walter Mller. De fait, depuis plus de vingt ans, il na cess dapprhender les
multiples interactions entre lespace et la lumire, dans des lieux clos ou naturels. Par ses
architectures souffles Hans-Walter Mller met en vidence les mcanismes de la perception
et expose le corps du visiteur comme espace dinscription de luvre.
Loin dtre vou des exprimentations purement scientifiques, ces modules, tout imprgns
de srnit, o le vide saccompagne dun autre rapport au temps, semblent nous inviter
quelques expriences contemplatives o le rve veill trouverait enfin son espace.
partir dexercices impliquant le corps et lespace et tout en analysant le principe constructif
utilis par larchitecte nous explorerons aussi bien, les effets physiques, comportementaux que
luvre de Hans-Walter Mller dclenche chez le visiteur, que les spcificits architecturales
inhrentes cette architecture.
Aprs avoir observ larchitecture en dur du CIAP conue par Aldo Rossi et Xavier
Fabre, les enfants sinvestiront autour et dans lune des architectures gonflables de
Hans-Walter Mller pour la penser comme lieu de vie en ouvrant la rflexion sur
lacte mme dhabiter au-del des fonctions pragmatiques attribues lhabitat :
- quest-ce que je ressens au contact de ces architectures sensibles ?
- quest ce que habiter ?
- quest ce que la vie dun lieu ?
- lair est une matire ?
- quelles expriences puis-je mettre en scne pour rvler les multiples qualits
dun lieu.
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le ple in
les ma tr iaux
les p ro por tion s
le v ide
les limite s ( mu rs e t p la fond) p lanes , cou rbe s les c lo ison s, du res ,so uple s)
les e s pace s ou ver ts e t les e s pace s fe r ms
les pace intime
les p ace ma jes tueux
la tr ans parence,
tr an sluc id it
lo pac it
et
la
la c ou leur
lenv ir onne men t
la lu mi re
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1963
1965
1967
1968
1970
1971
1975
Structure tendue ; scne centrale, Fte de lHumanit, Paris. Volire au parc de Saint
Vrain.
1979
1980
1981
1982
Salle molle de Salvador Dali, Centre Georges Pompidou, Paris. Volume au Trocadro
pour le Ministre de lUrbanisme.
1983
1985
1987
1989
Volume Marseille.
1990
Topoprojection Tokyo.
1992
1993
1994
1996
Jeux
Olympiques
de
Barcelone.
Topoprojection
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1997
1998
Structure gonflable (demi-sphre 20m de rayon) pour la troupe de trapziste les Arts
Sauts . Topoprojection Eglise de Santo Spirito, Florence. Ommagio a Mario
Mariotti .
1999
2002
2006
2007
Inauguration des trois modules gonflables raliss pour le CIAP de lle de Vassivire.
Exposition Le Paysage habitable au Centre dart Contemporain de Brtigny.
BIBLIOGRAPHIE
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E.Benezit, Dictionnaire des peintres, Sculpteurs, dessinateurs et graveurs, Tome 7, J.Leymarie,
Abstract art 1945.
Frei Otto, Subjektive Standorte in Baukunst und Naturwissenschaft, 1984
Michel Ragon, Prospective futurologie, 1978.
R.Huyghe et J.Rudel, Lart et le monde des formes, 1977
F.Popper, Lart cintique, 1970 et Le dclin de lobjet, 1975
Plecy, Grammaire lmentaire de limage, 1968 et 1975.
Catalogue dexposition :
Le paysage habitable, Centre dart contemporain de Brtigny, 2007
Lil moteur, Muse dart moderne et contemporain, Strasbourg, 2006
La force de lart, Triennale dart contemporain, Grand Palais, Paris, 2006
Air-Air, Forum Grimaldi, Monaco, 2000
Electra, Muse dart moderne, Paris, 1984
Architecture et Industrie, Centre George Pompidou, Paris, 1984
Cintisme environnement, Maison de la Culture de Grenoble, 1968
Utopie, Muse dart moderne, Paris, 1968
Lumire et mouvement, Muse dart moderne, Paris, 1967
Quatrime biennale de Paris, Muse dart moderne, Paris, 1965
Revues
Le Moniteur, fvrier 1982 et fvrier 1986
Technique et architecture, avril 1971 et juin 1975
Art vivant, n10,13,14,18, 1970-71
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IN F OS P R A T I Q U ES
Les trois Modules
Rpondant toutes les normes de scurit pour tre habilit recevoir un public de tout
ge, ils peuvent recevoir jusqu' 20 personnes.
Dimensions dun module Hauteur/Largeur/Longueur : 5 m
Ils sont totalement autonomes et trs silencieux.
Le montage et le dmontage sont effectus en quelques minutes par le mdiateur du
centre dart.
Linstallation du module choisi seffectue le matin mme, sur une surface plane de 5
mtres de diamtre dans la cour de lcole ou lextrieur.
Les ateliers
La dure des ateliers est value 1h30 environ, ce qui permet de recevoir 4 classes par
jour.
Tarifs
Le montant forfaitaire de la journe est de 40 pour la rgion Limousin et de 80 hors
rgion, comprenant :
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le montage/dmontage
accompagnement pdagogique de la visite et des ateliers
matriel utilis durant les ateliers par les enfants
assurances.
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