Dossier Pedagogique Hans Walter Muller

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CENTRE INTERNATIONAL DART ET DU PAYSAGE / DOSSIER ENSEIGNANTS

LES TROIS MODULES GONFLABLES DE


HANS -WALTER M LLER
COMMANDE PUBLIQUE POUR LE CENTRE INTERNATIONAL DART ET DU PAYSAGE
DE LILE DE VASSIVIERE

La ma iso n immatr iel l e


Maintenant, je voudrais parler rapidement dun grand projet architectural qui me tient cur
depuis toujours, la ralisation de lhabitation rellement immatrielle, mais affectivement,
techniquement et fonctionnellement pratique. Cette maison doit tre construite laide du nouveau
matriau air , souffle en murs, parois, toit, meubles. Cet air doit tre conditionnable, bien sr,
de manire que la matire elle-mme de la construction soit le chauffage ou la rfrigration gnrale
et ambiante de toute la maison. Lensemble des fondations (sous-sol) de cette maison atteindra tout
au plus le ras du sol. Ses fondations seront construites en dur .
Toutes les remises, cuisine, WC, penderie, etc, ce sera la partie de la maison qui pourra tre
ferme clef, elle sera dans le sol. Pour le reste, il ne sera pas ncessaire de prvoir des fermetures,
car il ny aura rien de tangible voler ou prendre. Dans le jardin ou le parc, la fosse aux
machines devra se trouver assez loin, entre 50 et 100 mtres, pour que le bruit mcanique ne
parvienne pas lhabitation, et en prserve ainsi lintimit.
Dans lair, on construit avec de lair : matriaux immatriels.
Dans le sol avec du sol : matriaux matriels.
Pour une ville entire, les possibilits sont plus vastes et intressantes. Un seul et unique toit dair
avec soufflerie et aspiration lextrmit pour rcupration et sections dair pour limiter en espace
sous ce toit immense.
Yves K l e in

HANS-WALT ER M LLER A V ASSIV IER E


Hans-Walter Mller, n Worms en Allemagne en 1935, est devenu prestidigitateur lge de
14 ans, bien avant dtre architecte. Cette fantaisie lui est propre. Il considre dailleurs
quaucune recherche nest valable sans humour et rigueur. En 1961, il obtient son diplme
dingnieur et darchitecte de lcole polytechnique de Darmstadt en Allemagne. Il expose
pour la premire fois en 1963 avec sa Machine Cintique et est le laurat de la Biennale de
Paris de 1965. En 1967, il est laurat du pavillon allemand lexposition internationale de
Montral. Il prsente ces oeuvres la mme anne au Muse dArt Moderne de la Ville de Paris
pour lexposition Lumire et Mouvement et en 1968 et la Fondation Maeght en 1970. Depuis
les annes 1970, il construit des gonflables qui se transforment en ateliers pour Jean Dubuffet,
en dcors pour Maurice Bjart, La Comdie Franaise, ou encore pour les Opras de Paris,
Munich et Vienne, en glise itinrante ou stands publicitaires.
En 2002, Hans-Walter Mller est invit concevoir et raliser pour le Centre international
dart et du paysage de lle de Vassivire des modules gonflables itinrants, lenjeu tant de
pouvoir agrandir les espaces du Centre pour accueillir des ateliers pdagogiques et diffuser ses
actions sur lensemble du territoire environnant. Ce projet conu grce une commande
publique du Ministre de la Culture et de la Communication, sinscrit dans le cadre de la
politique culturelle du centre dart. Lide est de crer un nouveau type dquipement la fois
uvre darchitecture et outil pdagogique mobile destin tre transport, install et pratiqu
comme espace ludique de dcouvertes et comme espace de rencontres, en rapport avec la
notion de pavillon jardin . La conception dune architecture dair lgre, nomade, sa capacit
dusage vocation principalement pdagogique, son installation aise et ludique sur une plateforme amnage pour tre elle-mme fonctionnelle et cologique, sont les bases de ce projet.
Aprs une premire exposition La Force de lart au Grand Palais Paris en 2006, les trois
structures ont t inaugures pour la premire fois le 14 juillet 2007 dans le parc du Centre
dart de Vassivire.

Hans-Walter Mller dans le module gris, Centre international dart et du paysage, 2007

Module gris

Module jaune

Module rouge

K INESIS
Hans-Walter Mller est un artiste cintique. Lart cintique, apparu la fin des annes 1950,
exprimente la notion de mouvement dans luvre dart. Il est principalement reprsent en
sculptures o des artistes comme Jesus Rafael Soto, Pol Bury, Agam, le groupe GRAV, ont
recours des lments mobiles. Mais lart cintique est galement fond sur les illusions
doptique, la vibration rtinienne et sur limpossibilit de notre il accommoder
simultanment le regard deux surfaces colores, violemment contrastes. Dans ce cas de
cintisme virtuel, on parle dOpArt. Bridget Riley et Vasarely en sont les principaux
protagonistes. Lexpression art cintique est adopte vers 1954 pour dsigner les uvres mises
en mouvement par le vent, les spectateurs et/ou un mcanisme motoris. En 1955 a lieu
lexposition-manifeste Mouvement la Galerie Denise Ren Paris. Le mot Cintisme vient du
grec Kinsis, qui a galement servi dsigner une forme dexprience artistique au succs
considrable : le cinmatographe.
Lair joyeux et optimiste des annes 1960 encourage recherches et expriences sur une
question qui passionnait dj les avants-gardes historiques : comment rendre compte sur une
surface plane un mouvement en trois dimensions ?
Ds les annes 1910, les artistes futuristes italiens Balla, Severini, Caro vont dcomposer le
mouvement en peinture en une srie dimages simultanes. En sculpture, les Constructivistes
russes tels que Naum Gabo, Pevsner, Moholo-Nagy, vont rendre mobiles leurs oeuvres,
actionnes par mcanismes ou motorisation. Les mobiles de Calder sinscrivent directement
dans cet hritage. Marcel Duchamp, linstar de ses contemporaines futuristes et
constructivistes, va lui aussi reprendre son compte ces recherches. Laboutissement de ses
exprimentations se manifeste en 1912 par son Nu descendant lescalier, peinture dite
chronophotographique : toutes les tapes du mouvement sont reprsentes dans le mme plan
narratif. En sculpture, sa Roue de bicyclette ralise en 1913, est par ailleurs considre comme
la premire sculpture cintique en France.
La dimension ludique de cet art du mouvement est proclame avec clat et la complicit du
spectateur requise comme ncessaire. Lors de la Troisime Biennale de Paris en 1963, les
artistes du groupe GRAV Joel Stein, Yvaral, Franois Morellet, Francisco Sobrino, Horacio
Garcia Rossi, Julio Le Parc publient leur manifeste Assez de mystifications. En voici un
extrait sur la place du spectateur :
Nous voulons intresser le spectateur, le sortir des inhibitions, le
dcontracter. Nous voulons le faire participer. Nous voulons le placer
dans une situation quil dclenche et quil transforme. Nous voulons
quil soriente vers une interaction avec dautres spectateurs. Nous
voulons dvelopper chez le spectateur une forte capacit de perception
et daction.
Le cintisme doit donc dboucher sur de grandes ralisations, de grandes ftes, o les rapports
entre uvre et spectateur sont profondment modifis.

VERS U NE A RCH I T EC T U RE EN M OU VEMEN T


La sculpture et la peinture sont les mdias privilgis du cintisme. Mais quen est-il de
larchitecture ? Comment la rendre mobile, mouvante, anime ?
Le gonflable va prsenter une rponse possible et simple raliser. Attentifs aux matriaux de
leur temps, plastiques et synthtiques, et se librant de la tradition, les architectes du gonflable
vont essayer de synthtiser la lumire, le son, lair et le corps humain.
Frei Otto et Buckminster Fuller sont les pionniers de la rflexion autour des structures
gonflables, ds les annes 1950. On retrouve, dans les nombreux photomontages des anglais
Archigram, des lments directement emprunts ces deux architectes.
Ron Herron, membre du groupe, cre Air hab en 1967, vocation dun nomadisme fin de
sicle, par le biais dune voiture contenant une maison gonflable ; regroupes, ces habitations
forment le Moment Village . David Greene, membre dArchigram, cre un appartement de
coquille , dont le plancher se gonfle et fait apparatre meubles et cloisons. Les Australiens Poll
& Smith esquissent des immeubles gonflables. Jean-Paul Jungmann, du groupe franais
Aerolande, fond en 1966, conoit lhabitation pneumatique Dyodon , structure externe et
interne entirement gonflable. En 1968, Bernard Quentin cre ses structures molculaires .
Cest la mme poque que Quasar travaille la cration de maisons individuelles gonflables,
en parallle une ligne complte de mobilier. Les Canadiens dInterdesign proposent une ville
gonflable btir en six mois, pour 100 000 habitants, avec des difices de 17 tages !
Enfin Hans-Walter Mller, architecte spcialiste du gonflable, est lauteur de nombreux
projets : lglise gonflable de 200 places pour 39 kilos Montigny-les-Cormeilles en 1969,
latelier de Dubuffet en 1971, et les 35 abris pour sans-domicile quil distribue une nuit de
fvrier 1975.
Les recherches et les avances techniques n'ont cess depuis de repousser les limites de
l'utilisation toujours plus grande des structures gonflables ; mais le gonflable conserve aussi ses
caractristiques d'origine, savoir son faible encombrement, son poids, son cot, sa facilit et
sa rapidit de mise en place, ses diffrentes possibilits d'usage (sur l'eau, sous l'eau, sur terre,
dans l'air, dans l'espace), son transport rduit, le nomadisme ludique...
D'autre part, la structure gonflable a la capacit de runir et d'attirer les projets de toutes les
sphres de la socit, autant des ingnieurs, scientifiques, industriels, que des artistes, grands
couturiers, sportifs, c'est--dire de remplir des fonctions dans la recherche et ses applications
(urbanisme, conqute spatiale...), mais aussi dans les loisirs, les exploits scientifiques et sportifs,
la mode, l'art... La structure gonflable peut transformer toutes les techniques classiques de
fabrication et de construction son avantage, en augmentant celles-ci avec ses spcificits
propres (l'eau, l'air, les diffrents gaz, gels, mousses, fluides...), suivant le type d'enveloppe
d'une part et ce qu'elle contient d'autre part, et en jouant sur le dosage plus ou moins complet
de sa capacit de remplissage. D'une manire gnrale, les structures gonflables reprsentent
deux axes complmentaires: l'un est l'invention technique, et donc tend vers la transformation
de la socit, l'autre est l'expression de la vie quotidienne par diverses applications dans les
champs des arts et des loisirs.

Dyodon-Habitation pneumatique exprimentale


Faade, 1967,
Centre George Pompidou, Crdit : ADAGP

Ron Herron et Peter Cook, Instant City 1969-70

Bernard Quentin, Structure molculaire,


1968

Le m odu l e san im e

F A IRE T O MBER LES P ILIERS DE L AR CHI T ECT U R E


La pression et la tension constituent les principaux problmes poss par une architecture
ascensionnelle. Contrairement toute tradition de la construction, larchitecture des fluides ne
repose pas sur lempilement dont elle est la critique explicite, mais sur une dynamique
ascendante1.
Dans notre sicle, une architecture gonflable, dgonflable, phmre, reprsente une nouvelle
faon de concevoir et de construire qui na rien de commun avec toutes les constructions du
pass. Larchitecture elle-mme est ici remise en question. Une architecture translucide, une
architecture transparente, une continuit de lexprience lintrieur, une architecture de
bandes soudes, une architecture intgrale dombre et de lumire.
Fini les deux poteaux avec la poutre, ternelle base de calcul, seule possibilit autour de
laquelle tournent toutes les combinaisons constructives de la pierre, du bois, du mtal, du
bton. Ces gonflables transforment notre relation au bti en transgressant non seulement la loi
de la gravit, mais la loi humaine qui instaure la sdentarit, lordre et la proprit.
Beaucoup de notions habituelles sont remises en question avec son apparition : scurit,
effondrement, lourdeur, murs, plafond, contrats dassurance, prennit. Le pilier, emblmatique
dans lhistoire de larchitecture et qui, selon le sculpteur et pote Jimmie Durham ressemble
une stle, une pierre tombale dresse , est littralement dmatrialis par Mller. La
propulsion dune nergie homogne dont lair est la matire, construit une multitude de piliers
et de portants invisibles qui la diffrence de tous les difices humains qui font converger leur
force au centre de la terre, dessine ici une multitude dorientations indites pour lhabitat.
Larchitecture des gonflables est rgressive, elle retourne aux fondamentaux de lhabitat
phmre et nomade, comme les yourtes mongoles, les igloos esquimaux, les tentes touareg
Mais elle est en mme temps progressive, puisquelle dtourne et contourne les techniques de
dessins et de construction propre larchitecture.
Lhomme est phmre.
Sa vie est phmre,
Ce quil fait doit-il durer ?
Larchitecture est le lien de sa vie,
Larchitecture doit mourir avec son utilisateur
Hans-Walter Mller, Extrait de Neuf (revue darchitecture), 1970

Alain Charre, Quand lair remplace la pierre , texte en cours 2006

HABI T ER LE P AYSAGE
Hans-Walter Mller vit et travaille sur un terrain qui ne lui appartient pas, quil ne loue pas,
mais quil pratique depuis trente-cinq ans dans une relation quotidienne avec larodrome de
Cerny dans le dpartement de lEssone en France. La structure gonflable quil a conue pour
organiser sa vie et son travail avec sa femme Marie-France respire et crot comme un
organisme en volution constante au cur dun sous-bois naturel. Le gonflable va dterminer
les amnagements domestiques et professionnels du couple. Les subdivisions de la maison
traditionnelle sont remplaces par la cration dun paysage habitable qui associe travail et
plaisir, intrieur et extrieur dans des squences infinies dexpriences. Lide du paysage
habitable, cest de privilgier lespace et de concevoir son amnagement en fonction du son, de
limage et de la projection, pour quil se renouvelle continuellement. Cavits, reliefs, passages,
couloirs et promontoires dessinent une gographie particulire qui associe lhumain lunivers
de la nature. Si lair remplace la pierre dans larchitecture de Hans Walter Mller, cest pour
que limagination circule sans fin et ne se fige pas dans les murs et les cloisons dun projet
dont les usages auraient t prvus lavance.
Lextrieur pntre lintrieur par des jeux douvertures visuelles cres par les bandes ou
formes transparentes. Des parois translucides et poreuses la vue et au toucher, dcolor,
rouge vif, stries, courbes, en zigzags, recouverts de feuilles mortes, de pluie ou de neige qui
transforme le module en igloo : la perception de lespace extrieur nest jamais le mme. Les
parois deviennent des murs vivants et changent au fil des saisons, des jours, des heures. Le
translucide nous donne conscience de lautre ct. Lextrieur cadr par ces ouvertures devient
une vritable uvre dart anime.

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RESP I RA T I ON
Une architecture-corps.
LAntiquit voyait dans la construction du corps humain un modle darchitecture : mobilit,
articulation, circulation, arrive dair, jection des dchets, corps de btiment. Le module de
Mller sinspire lui aussi du systme respiratoire des tres vivants. Le module, comme le
poumon, se gonfle dair et se dgonfle. Inspiration/Expiration. Sa paroi se tend et se dtend.
Comme la peau. Mais galement comme les parois de nos artres, qui se tendent et dtendent
grce la tension artrielle. Ces dernires sont alimentes en sang par le cur. Le module est
rempli dair grce un gnrateur lectrique, son cur artificiel.
Le corps dans une architecture.
Couper du monde, il semblerait que le temps sarrte lorsque lon se trouve dans le module.
Le spectateur est dans un espace autre, un monde part, protecteur, chaud, quil peut
sapproprier autant physiquement que mentalement. Une sorte de rminiscence de la poche
amniotique, bulle de bien-tre pour le bb dans le ventre de la mre. Linstant pass dans le
module devient alors rgressif. On ferme les yeux, on devine, on rve, on pense. Lair du
module est surpressuris, cest--dire plus dense que lair extrieur. La perception auditive sen
trouve transforme. Notre voix change semble lectronique. Le son ne cesse de rebondir sur
toutes les parois du module avant de disparatre totalement. Cette force de larchitecture sur
notre physique se ressent galement la sortie. Changement dair, changement de pression, le
module, ouvert, se relache. Notre corps galement. Il devient tout dun coup plus lourd et nos
mouvements se font plus lents.
Un retour la ralit aprs une vasion onirique dans un autre univers.

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P O U R QU OI LES G ON FLABLES ?
Texte de Hans Walter Muller
Techniques et architectures n304, 1975,
pp.73-74
On pourrait dire : bon march
On pourrait dire : abriter .
On pourrait dire : facile installer :
On pense au provisoire : juste pour servir
btement.
Pour lindustrie
Pour le stockage.
Pour les municipalits (les salles des ftes).
En couverture de piscines.
En couverture de tennis.
La mme forme.
On la connat maintenant cette forme, ce
demi-boudin.
Elles sont extraordinaires ces constructions
magiques, ces gonflables , une architecture
porte par lair.
Si Henri Michaux avait pu les vivre
Je vous construirais une villa avec des loques
moi / je vous construirais sans plan et sans
ciment / un difice que vous ne dtruirez pas
/ et quune espce dvidence minente
soutiendra et gonflera, qui viendra vous braire
au nez / et au nez gel de tous vos Parthnon,
vos arts arabes et de vos Ming / avec de la
fume, avec de la dilution du brouillard / et du
son de peau de tambour
(Contre, Henri Michaux)
Capable de nous apporter de nouveau une
sensibilit de vie et darchitecture, une
construction qui fait appel une nouvelle
conception de la vie qui est en mme temps
la vraie . La rencontre entre les humains et
lespace.
Ainsi sexplique la peur que provoque cette
conception la peur des constructeurs comme
celle des hommes.
Beaucoup de notions habituelles sont remises
en question avec son apparition : scurit,
effondrement, lourdeur, les murs, le plafond,
les contrats dassurance
Alors pourquoi ces gonflables ?
Parce quils nous emmnent dans un autre
monde, nous aident penser, nous font
oublier tout ce que nous avons appris lcole.
Parce que nous redevenons nous-mmes.
Parce que le provisoire nexiste pas, na pas
de sens, ces pauvres gonflables que lon voit et
que lon excuse dtre provisoires sont quand
mme extraordinaires.
Car leur fait en soi leur donne toujours une vie
particulire.
Une vie provisoire ?
Un amour provisoire ?
Un repas provisoire ?
Une architecture provisoire ?
Ainsi jai dcouvert lge dune nouvelle
architecture, celle des gonflables.

Faire de larchitecture porte par lair me


passionnait.
Y ajouter la lumire artificielle, le son,
mlanger la pluie, le soleil, la lune, la neige, le
feu, lombre et le vent.
Jy suis Jaccepte, je vis.
Faire une architecture porte par lair est
difficile et demande une honntet extrme.
Lintrieur est lextrieur. Lun est le ngatif
du positif. Il ne reste pas de petits coins
cacher par un petit mur, enterr pour
toujours,
comme
dans
larchitecture
daujourdhui.
Cette conception naccepte pas le moindre
oubli et se juge elle-mme. Un ensemble qui
vit et quelle surprise si lon croit avoir compris
un volume vu de lextrieur, quand on visite
lintrieur.
Respiration naturelle. Une architecture qui
respire et fait respirer.
On redcouvre larchitecture et lternelle
noblesse de celle-ci. On tremble, on ouvre les
yeux, on coute, on a envie daimer, on est
pris par un silence fort et actif, on vit, on
saperoit quon est capable de vivre.
Cest p our a, les gonflabl es .
Depuis le premier jour, jai vcu ct de
mon pre, un architecte passionn, qui na
pas
connu
la
commercialisation
de
larchitecture.
Aprs
mes
tudes
darchitecture et durbanisme Darmstadt
puis comme collaborateur de E.May
Mayence, jai obtenu une bourse et suis venu
paris. Jai travaill chez R.Lopez et chez
E.Aillaud. Jai appris chez E. Devroux,
pendant deux ans le mtier de mime et cest
peut-tre l que je me suis ouvert la beaut
et la rigueur.
Passionn de notre sicle, jai manipul des
ampoules, des optiques. Je cre un monde
avec la lumire artificielle, ma machine
cintique Gense 63 .
Faire une architecture avec de la lumire,
former un espace par des projections, tre
dans la lumire, avoir encore conscience quil
y a encore la lumire derrire soi, ne pas
regarder un cran comme lcole. Pouvoir
regarder ou pas, comme on veut.
Alors cest p o ur a, mes go nfla bles.
Pour quil ny ait plus dcrans, larchitecture
cest lcran. Le volume devient cran
linfini et transforme mme limage.
Et pourquoi ne pas y pntrer dans ces
crans-volumes, dans ces volux ? (volumes +
lumire = volux)
Jtais heureux, enchant, merveill avec des
matriaux les moins chers, je commenai
fabriquer mes espaces en les scotchant.
Je me rappelle que pour scotcher une
longueur de deux ls de 50 m, je scotchais en

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reculant. Ainsi je voyais ce que javais dj fait


et ne voyais pas ce quil me restait faire.
Lorsque jai expos mes rsultats, une grande
partie des spectateurs ne voyait que la rustine
et tait insensible au mystre de et de ces
architectures-souffles.
Ils
mappelaient
Mller la Rustine .
Ce principe, je lai conserv jusqu
aujourdhui : la diffrence est que je ne
scotche plus, je soude haute frquence, je
suis devenu Mller le Soudeur .
Les conceptions se dessinent dans mes rves
la nuit, souvent jusquau moindre dtail. Le
fait davoir travaill directement la matire
ma appris lessentiel. Jai essay de matriser
les fluides par leurs limites la triangulation
des fluides et les limites, ce sont les
gonflables, la dcoupe de leur forme.
Dans notre sicle, cest une construction
nouvelle qui na rien de commun avec toutes
les constructions du pass.
Cest p our a, les go nflabl es.
Depuis quatre ans, je vis exclusivement dans
et avec mes gonflables, prs dun arodrome.
Nous dormons lt sur ces volumes, entours
des arbres de la fort et des toiles. Des
projections de couleur et de formes projetes
par-dessous font nos draps changeants.
Lensemble guide une symphonie. Nous y
sommes cinq ou six et chaque mouvement
de lun fait participer les autres. Nous restons
ensemble dans le creux naturel qui sest
form. En sloignant, des petites montagnes
se forment, on se perd, on ne se voit plus et ce
toit devenu chambre deviendra demain
latin notre piscine. Un simple tuyau deau
suffit.
Cest a ussi p o ur a, l es go nflables.
Une architecture translucide, une architecture
transparente, une continuit de lexprience
lintrieur, une architecture de bandes
transparentes, une architecture intgrale
dombre et de lumire. Le translucide nous
donne conscience de lautre ct. Les parois
deviennent des murs vivants et changent selon
lheure de la journe.
Fte , ce monde des gonflables. Mais puis-je
proposer cette conception de vie au public ?
qui veut, qui peut vivre ainsi ? je sais
parfaitement que dans les villes modernes est
encore plus traditionnelle quon ne croit. Par
manque dimagination. Mes recherches sur la
conception urbaine mont amen proposer
un lieu en forme de village de vacances . pour
que le public puisse goter ce monde. Ce
village est facile monter et dmonter, on
peut linstaller chaque anne dans un lieu
diffrent.

Cest p our a, les go nflabl es.


Il nous manque la sensibilit la magie des
choses, presque inexplicable. Cest une
erreur de vouloir tout comprendre. Le vrai
phnomne chappe au grand public.
Pour se scuriser, le public rclame le systme
gonflable double paroi, systme qui
correspond le plus nos constructions
statiques et traditionnelles. Les gens ne voient
toujours que le provisoire dans les gonflables
simples parois.
Colre
Le ministre des Affaires culturelles ma
demand de concevoir un thtre o e
gonflable interviendrait en tant qulment
scnographique. Ce gonflable ne serait plus
labri d un lieu scnique mais un vritable
outil pour le metteur en scne, qui permettrait
dobtenir
des
espaces
changeants
et
mouvants.
Jai aussi en projet une sphre qui saute, de 12
m de diamtre ; elle flotte sur un lac, quand on
applaudit, elle slve de 4m au-dessus de
leau, peut tourner sur elle-mme : on peut
suivre un spectacle lintrieur.
Je viens de distribuer des abris gonflables
aux clochards de paris : un abri simple
paroi, en forme de cne et maintenu en
sustentation par lair schappant des bouches
de mtro qui sont les lieux dhabitation
prfrentiels de nos clochards.
La conception dune ville future utiliserait ce
phnomne merveilleux des gonflables mais
ce ne serait pas une ville exclusivement
gonfle !
Autre phnomne intressant : larchitecture
conserver . il na jamais t possible ce
jour de conserver entirement neuve une
architecture nous connaissons larchitecture
plus ou moins bien conserve travers les
sicles et la manire dont elle a vcu lui
apporte naturellement un aspect intressant
mais bien souvent dform.()
Ainsi les gonflables et dgonflables remplissent
ma vie. Ils mont permis dtre rigoureux dans
ma recherche et mont appris lhumour de
linstant sans lequel aucune recherche nest
valable.
Je nai pas pu, ici, que parler de ma passion
des gonflables, de ma vie avec eux et je vous
remercie de mavoir propos le titre :
pourquoi des gonflables ? et non
Pourquoi pas des gonflables ? .
Les volumes gonflables nous montrent la
direction prendre et c est s ur to ut p our a
les go nfla bles.
H-W. Mller

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Action h ors l es murs


Eco l e d es Lys, P r ig u eu x
2 3 n ovembr e 2 0 0 7

15

P IST ES P EDAG OG I QU ES
Questionner lvidence.
La lumire, lespace et la perception sont les lments au centre du questionnement de luvre
de Hans-Walter Mller. De fait, depuis plus de vingt ans, il na cess dapprhender les
multiples interactions entre lespace et la lumire, dans des lieux clos ou naturels. Par ses
architectures souffles Hans-Walter Mller met en vidence les mcanismes de la perception
et expose le corps du visiteur comme espace dinscription de luvre.
Loin dtre vou des exprimentations purement scientifiques, ces modules, tout imprgns
de srnit, o le vide saccompagne dun autre rapport au temps, semblent nous inviter
quelques expriences contemplatives o le rve veill trouverait enfin son espace.
partir dexercices impliquant le corps et lespace et tout en analysant le principe constructif
utilis par larchitecte nous explorerons aussi bien, les effets physiques, comportementaux que
luvre de Hans-Walter Mller dclenche chez le visiteur, que les spcificits architecturales
inhrentes cette architecture.

partir des architectures souffles de Hans-Walter Mller, les enfants peuvent


sinterroger sur le fonctionnement de ces volumes et proposer des rponses en
produisant des maquettes :
- pourquoi ces architectures souffles crent la surprise ?
- quel est le principe constructif en fonction duquel elles sont maintenues en
forme ?
- quels sont les matriaux utiliss ?
- quelles sont les diffrentes manifestations de lair autour de nous et leur
influence sur nous ?
- pourquoi linstallation ne senvole pas ?
- que se passe-t-il lorsquon pntre lintrieur des architectures souffles,
comment ragissent-elles la prsence de nouvelles personnes qui entrent ?
- quel est le projet que jaimerais raliser ?
- comment vais-je procder pour construire ma maquette ?
- diffrentes techniques seront envisages, y compris celle de raliser une
architecture souffle chelle rduite.

Aprs avoir observ larchitecture en dur du CIAP conue par Aldo Rossi et Xavier
Fabre, les enfants sinvestiront autour et dans lune des architectures gonflables de
Hans-Walter Mller pour la penser comme lieu de vie en ouvrant la rflexion sur
lacte mme dhabiter au-del des fonctions pragmatiques attribues lhabitat :
- quest-ce que je ressens au contact de ces architectures sensibles ?
- quest ce que habiter ?
- quest ce que la vie dun lieu ?
- lair est une matire ?
- quelles expriences puis-je mettre en scne pour rvler les multiples qualits
dun lieu.

On pourra dvelopper ce questionnement sur lhabitat en cherchant sensibiliser les


enfants, aux qualits dun espace dans larchitecture dune faon gnrale.
Ce questionnement pourra donner lieu un petit atelier de manipulation invitant les
enfants fabriquer et crer une architecture ajoure et mobile avec du papier (ou
comment une feuille de papier peut devenir suffisamment souple ou structure pour se
transformer en volume), des lastiques (pour la tension), un ventilateur (pour le
souffle) et du scotch (pour ladhsion).

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En partant du module souffl dHans-Walter Mller et aprs avoir dtermin un


primtre dexploration plus grand, nous pouvons remarquer (marquer notre faon
avec des postit, des filtres colors, des projections sonores et lumineuses, linstallation
et le dplacement dobjet dans lespace) et donner voir les lieux (et les volumes) sous
divers point de vue en cherchant mettre en valeur plastiquement les composants de
larchitecture :
le s on
l acou stique

le ple in

les ma tr iaux
les p ro por tion s
le v ide

les limite s ( mu rs e t p la fond) p lanes , cou rbe s les c lo ison s, du res ,so uple s)
les e s pace s ou ver ts e t les e s pace s fe r ms
les pace intime
les p ace ma jes tueux
la tr ans parence,
tr an sluc id it

lo pac it

et

la

la c ou leur
lenv ir onne men t
la lu mi re

Les architectures souffles dHans-Walter Mller, comme toute architecture


humainement penses et conues sont aussi des sortes de bulles ouvertes sur le monde.
Les enfants seront amens dcouvrir les multiples points de vue que lon peut trouver
ou amnager dans larchitecture du CIAP et en imaginer dautres, grands ou petits en
fabriquant (avec des miroirs, de la ficelle, du scotch, des empilements de matires
diverses), des bulles-belvdres phmres qui rvlent les lieux sous leur meilleur
angle.

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EXP OSI T I ONS E T B IBLI OGRA P H I E


N Worms (Allemagne) en 1935. Prestidigitateur lge de 14 ans.
1961

Diplme dingnieur et darchitecte de lEcole Polytechnique de Darmstadt


(Allemagne). Collaborateur de Ernst May, Raymond Lopez, Emile Aillaud.

1963

Premire exposition : Machine cintique.

1965

Laurat de la Biennale de Paris.

1967

Laurat du pavillon de lAllemagne, Exposition internationale de Montral, Lumire et


Mouvement, Muse dart moderne, Paris.

1968

Volux, MAM, Paris Exposition Volume et projection itinrante en France.

1970

Fondation Maeght, Saint Paul de Vence. Volume thtre.

1971

Atelier gonflable pour Jean Dubuffet

1975

Structure tendue ; scne centrale, Fte de lHumanit, Paris. Volire au parc de Saint
Vrain.

1979

Topoprojection ; Les Baux de Provence, Cathdrale dImages.

1980

Dcors pour la Comdie Franaise, les Opras de Paris, de Munich et de Florence.


Dcors pour les ballets de Maurice Bjart, Karin Waehner, Peter Gross.

1981

Topoprojection ; Cathdrale de Troyes.

1982

Salle molle de Salvador Dali, Centre Georges Pompidou, Paris. Volume au Trocadro
pour le Ministre de lUrbanisme.

1983

Volume itinrant ; Espace Villette , Muse des Sciences et de lindustrie.

1985

Volume itinrant pour thtre. Structure tridimensionnelle et volume lentille dair,


Airbus, le Bourget.

1987

Volume la rencontre dun btiment, Paris.

1989

Volume Marseille.

1990

Topoprojection Tokyo.

1992

Volume thtre, pour les


soubassements du Louvre.

1993

Mise en scne. Topoprojection et volume en surpression Florence.

1994

Plafond accoustique et mouvant avec Bernhart Leitner, Vienne.

1996

Volume Thtre itinrant, Maison de la Culture de la Loire Atlantique, Nantes.


Topoprojection, Spectacle dinauguration du nouveau palais de la rpublique de SanMarin. Spectacle, Structures gonflables et projection pour le Festival du vent Calvi.

Jeux

Olympiques

de

Barcelone.

Topoprojection

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1997

Topoprojection, Voyage de lImage, parole du monde , loccasion des vingt ans de


la cathdrale dimages, les Baux de Provence. Trois volumes Gonflables pour la foire
exposition de Bordeaux. Structure gonflable de 900m2, place du Trocadro Paris
Le Printemps en hiver . Topoprojection sur la citadelle Calvi, festival du vent.

1998

Structure gonflable (demi-sphre 20m de rayon) pour la troupe de trapziste les Arts
Sauts . Topoprojection Eglise de Santo Spirito, Florence. Ommagio a Mario
Mariotti .

1999

Conception, ralisation et installation de structures tendues pour salles de spectacles,


Cuba.

2002

Invit du Centre national dart et du paysage de lle de Vassivire pour le projet


Tercera Estacio Benifallet, Espagne. Ralisation de structures gonflables et commande
des trois modules pour le Centre dart de Vassivire.

2006

Prsentation de ces trois modules lors de la triennale dart contemporain La Force de


Lart au Grand Palais Paris.

2007

Inauguration des trois modules gonflables raliss pour le CIAP de lle de Vassivire.
Exposition Le Paysage habitable au Centre dart Contemporain de Brtigny.

BIBLIOGRAPHIE
Franois Sguret, Lentretien des illusions, Editions de la Vilette, 1997
E.Benezit, Dictionnaire des peintres, Sculpteurs, dessinateurs et graveurs, Tome 7, J.Leymarie,
Abstract art 1945.
Frei Otto, Subjektive Standorte in Baukunst und Naturwissenschaft, 1984
Michel Ragon, Prospective futurologie, 1978.
R.Huyghe et J.Rudel, Lart et le monde des formes, 1977
F.Popper, Lart cintique, 1970 et Le dclin de lobjet, 1975
Plecy, Grammaire lmentaire de limage, 1968 et 1975.
Catalogue dexposition :
Le paysage habitable, Centre dart contemporain de Brtigny, 2007
Lil moteur, Muse dart moderne et contemporain, Strasbourg, 2006
La force de lart, Triennale dart contemporain, Grand Palais, Paris, 2006
Air-Air, Forum Grimaldi, Monaco, 2000
Electra, Muse dart moderne, Paris, 1984
Architecture et Industrie, Centre George Pompidou, Paris, 1984
Cintisme environnement, Maison de la Culture de Grenoble, 1968
Utopie, Muse dart moderne, Paris, 1968
Lumire et mouvement, Muse dart moderne, Paris, 1967
Quatrime biennale de Paris, Muse dart moderne, Paris, 1965
Revues
Le Moniteur, fvrier 1982 et fvrier 1986
Technique et architecture, avril 1971 et juin 1975
Art vivant, n10,13,14,18, 1970-71

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IN F OS P R A T I Q U ES
Les trois Modules
Rpondant toutes les normes de scurit pour tre habilit recevoir un public de tout
ge, ils peuvent recevoir jusqu' 20 personnes.
Dimensions dun module Hauteur/Largeur/Longueur : 5 m
Ils sont totalement autonomes et trs silencieux.
Le montage et le dmontage sont effectus en quelques minutes par le mdiateur du
centre dart.
Linstallation du module choisi seffectue le matin mme, sur une surface plane de 5
mtres de diamtre dans la cour de lcole ou lextrieur.
Les ateliers
La dure des ateliers est value 1h30 environ, ce qui permet de recevoir 4 classes par
jour.
Tarifs
Le montant forfaitaire de la journe est de 40 pour la rgion Limousin et de 80 hors
rgion, comprenant :
-

le montage/dmontage
accompagnement pdagogique de la visite et des ateliers
matriel utilis durant les ateliers par les enfants
assurances.

Ne sont pas compris les frais de dplacement.


Contacts
Service ducatif : Madeline Dupuy et Jean-Christophe Radke
e : [email protected]
Documentation : Madeline Dupuy
e : [email protected]
Centre international d'art et du paysage
Ile de Vassivire F-87120
t : + 33 (0)5 55 69 27 27
f : + 33 (0)5 55 69 29 31
www.ciapiledevassiviere.com

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