Aciers Et Fontes
Aciers Et Fontes
Aciers Et Fontes
i
La nraicrostmcture des aciers et des fontes
Genèse et interprétation
A) Surface liquidus du diagramme Fe-Cr-C métastabk.
B) Dendrite d'acier observée en microscopie à balayage dans une retassure
d'un échantillon brut de solidification.
u C ) Martensite mixte au centre de dendrites d'une fonte blanche brute de
solidification
La microstructure
des aciers et des fontes
Genèse et intenpr6tation
Madeleine Durand-Charre
Première partie
L'acier du forgeron
1 Du fer primitif à l'acier du forgeron
1-1 Une longue histoire du fer . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
1-2 Les trois sources du fer primitif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1-3 Les procédés par réduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1-4 Propagation de la culture métallurgique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
2 Les aciers damassés
2-1 L'histoire métallurgique au fil de l'épée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
2-2 Les épées dans la tradition des forgerons celtes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
2-3 Les épées mérovingiennes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
2-4 Les épées de Damas forgées en wootz . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
2-5 Les épées corroyées et feuilletées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
2-6 A la recherche d'un art perdu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
2-7 Les épées asiatiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
2-8 Les microstructures damassées contemporaines . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
partie
Genese des microstnuctures dans les alliages de fer
3 Les phases importantes dans les aciers
3-1 Les phases du fer pur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
3-2 Les solutions solides . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
3-3 Transformation par mise en ordre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
3-4 Les phases intermédiaires. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
4 Les diagrammes de phases
4-1 Equilibres entre phases condensées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
4-2 Diagrammes résultants d'un calcul théorique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
4-3 Les diagrammes de phases expérimentaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
4-4 Le système Fe-Cr-C : nappes liquidus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
4-5 Le système Fe-Cr-C : sections isothermes. isoplètes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60
4-6 Le système Fe-Cr-C: chemins de cristallisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62
4-7 Le système Fe-Cr-C : domaine de l'austénite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
Vi LA MICROSTRUCïURE DES ACIERS ET DES FONTES
Troisième partie
Les matériaux ferreux : aciers et fontes
14 L'optimisation des nuances d'aciers
14-1 Qualités de comportement mécanique d'un matériau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 253
14-2 Le rôle des éléments d'addition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 260
14-3 Les éléments d'alliage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 262
15 Macrostructures de solidification
15-1 Les produits de solidification de l'acier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 265
15-2 Structure de solidification d'un acier en coulée continue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 266
15-3 La structure de solidification d'un grand lingot . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 269
15-4 Qualité de la structure de solidification . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 272
16 Macro/microstructures frittées
16-1Lefrittage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 277
16-2 Les aciers frittés en phase solide . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 280
16-3 Les aciers frittés avec une phase liquide transitoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 282
16-4 Les alliages frittés composites Fe-Cu-Co . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 283
17 Les aciers peu alliés
17-1 Les aciers doux pour emboutissage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 285
17-2 Les aciers résistants. peu alliés de construction métallique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 288
17-3 Les aciers multiphasés à effet TRIP . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 291
18 Les aciers à traitements thermiques
18-1 Les traitements classiques des aciers hypoeutectoïdes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 293
18-2 Les traitements spécifiques des aciers hypereutectoïdes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 296
18-3 Les aciers à ouuls et aciers rapides . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 298
19 Les aciers inoxydables
19-1 Les aciers martensitiques riches en chrome . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 301
19-2 Les aciers inoxydables martensitiques durcis par précipitation . . . . . . . . . . . . . . . . 307
19-3 Les aciers inoxydables austénitiques au nickel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 309
19-4 Les aciers à l'azote . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 314
19-5 Les aciers austénitiques au manganèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 316
19-6 Les aciers resulfurés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 317
Viii LA MICROSTRUCTURE DES ACIERS ET DES FONTES
Les multiples transformations structurales se produisant dans les aciers lors de leur solidification et
de leur refroidissement compliquent la lecture et l'interprétation des microstructures qui ne peuvent
plus se suffire à elles seules. De nombreux travaux de recherche éclairent leur analyse par la compré-
hension scientifique des mécanismes mis en jeu et par leur modélisation. Les structures deviennent
alors des "marqueurs" très locaux de ia composition et des évolutions thermomécaniques ; elles
conservent la mémoire des évolutions métallurgiques successives et permettent d'en quantifier les
cinétiques.
Les diagrammes d'équilibre sont une base essentielle pour l'interprétation des structures. Leur déter-
mination expérimentale s'affine par l'analyse précise des microstructures d'équilibre. Les progrès
récents en modélisation permettent de compléter et d'enrichir les diagrammes expérimentaux et de
simuler les structures d'équilibre. La grande originalité de ce livre réside ainsi dans u n échange cons-
tant et enrichissant entre les aspects d'équilibre, les observations microstructurales, la modélisation
des équilibres et des microstructures. Cette approche permet également d'aborder la diversité des
aciers à partir d'une série d'exemples typiques illustrant les grandes classes de phénomènes métallurgi-
ques. Cette démarche éclaire d'un jour nouveau l'interprétation de diagrammes parfois délicate pour
le non spécialiste ; e n parallèle, elle interpelle le métallurgiste expérimentateur sur les limites de
l'observation et de l'interprétation des micrographies, lui évitant de tomber dans le piège des artefacts
ou de conclure de façon parfois trop hâtive sans une prise en compte correcte des aspects cinétiques.
C e balayage très exhaustif des évolutions métallurgiques dans les aciers et les fontes permet a u lec-
teur d'aborder la dernière partie d u livre qui présente de façon déductive les grandes familles d'aciers.
O n prend alors conscience de l'apport de la démarche scientifique dans l'élaboration de nouvelles
nuances, permettant une accélération d u développement et des ruptures dans l'innovation que
n'aurait pas pu apporter kz seule approche empirique.
Cet ouvrage trouvera naturellement sa place dans les bureaux et près des microscopes d'un iarge
public. Il alertera les spécialistes de l'expertise et d u contrôle sur la nécessité impérieuse de s'appuyer
sur une compréhension scientifique rigoureuse pour l'interprétation des microstructures. Il assistera
les ingénieurs de l'industrie dans leur mission de développement de nouveaux aciers répondant
toujours mieux aux défis des utilisateurs. A u x enseignants, il fournira une large base d'exemples
illustrant la métallurgie de façon concrète en les faisant profiter de la riche expérience capitalisée par
l'auteur au travers des nombreux cas étudiés. Il ouvrira aux étudiants le monde des aciers et des
fontes en leur faisant parcourir de façon pédagogique u n vaste domaine de connaissances
métallurgiques.
Ainsi, répondant à la curiosité et à l'envie de connaissance de ces publics variés, cet ouvrage apporte
des pistes de réflexion et prouve qu'au-delà de la connaissance acquise sur les aciers et les fontes, il
reste encore beaucoup à faire en poussant kz science métallurgique dans ses derniers retranchements.
Jean-Hubert S C H M I ~ T
Directeur d u Centre de Recherche dfIsbergues
& A L Z - Groupe ARCELOR
UG~NE
Remerciements
M a génération de chercheurs métallurgistes a pu mesurer les progrès accomplis en quelques décennies
dans le domaine de l'observation micrographique. Grû.ce à l'immense apport technologique de la
microscopie électronique, ta microstructure peut être explorée dans ses moindres détails. Mais te
travail d u chercheur reste toujours d'analyser ses observations, de comprendre et reconstituer la genèse
de la microstructure. L'interprétation d'une micrographie requiert une large culture métallurgique
car souvent de nombreuses transformations ont laissé des traces à différentes échelles d'observation.
C e livre propose une présentation des notions fondamentales nécessaires à cet effet. L'éclairage est
concentré sur les caractéristiques micrographiques qui sont discutées et interprétées en détails. C e
sont encore les caractéristiques micrographiques qui constituent le fil conducteur pour classer les
aciers e n grandes familles afin de permettre aux débutants de se repérer dans le labyrinthe des aciers.
robjectif de ce livre est de constituer un outil commode sous une présentation suffisamment
compacte pour avoir sa phce à coté d u microscope.
U n point important dans mon propos est le rôle des équilibres de phases. La fin d u 2oèmesiècle a v u
se développer les calculs thermodynamiques qui aboutissent à la détermination des diagrammes de
phases à partir des grandeurs thermodynamiques de ces p h s e s et en accord avec les déterminations
expérimentales directes des limites de phases et des températures caractéristiques. Ces modélisations
sont puissantes, bien représentatives et d'utilisation de plus en plus conviviale. Cependant, la bana-
lisation excessive de tels outils, leur utilisation à la façon de boites noires peut conduire à une perte
d'infirmation scientifique, u n "blanchiment des données" que le chercheur doit éviter en maîtrisant
son information. C'est pourquoi je me suis attachée à promouvoir l'utilisation des diagrammes ter-
naires en prenant des exemples de systèmes à base fer, car je suis convaincue qu'ils constituent u n
excellent guide de raisonnement.
M o n projet a été admis et soutenu de multiples façons. Tout d'abord par Bernard Baroux pour le pre-
mier accueil pour la société Arcelor. Il m'a accordé un capital de confiance alors que le contour d u
contenu d u livre était encore flou et s'est fait mon interprète pour défendre mon projet. Je l'en remer-
cie très sincèrement. Je suis également reconnaissante aux membres de l'lnstitut National Polytechni-
que de Grenoble qui ont cru en l'aboutissement de ce travail, tout particulièrement Colette Allibert
pour l'Institut National Polytechnique de Grenoble ( I N P G ) et Claude Bernard pour le Laboratoire
de Tnermodynamique et Physico-Chimie Métallurgique (LTPCM).
Au point de vue scientifique, il était téméraire et u n peu inconscient de m'aventurer dans des thèmes
extérieurs à mes Propres sujets de recherche. Relever ce défi a été possible grâce à la bienveillante dis-
ponibilité de scientifiques dans le milieu industriel ou universitaite et a u sein de mon laboratoire.
J'ai pu, par exemple, faire une incursion dans des terrains aussi mouvants que la transformation
Xii LA MICROSTRUCTURE DES ACIERS ET DES FONTES
bainitique grâce à des filets de sécurité constitués par mes collègues autour de Yves Bréchet. Dans le
domaine des diagrammes de phases, c'est tout l'environnement d u LTPCM qui a constitué le terreau
et en particulier Annie Antoni-Zdziobek qui a satisfait m a boulimie de sections de diagrammes de
p h e s calculées. Mes colkgues enseignants ou chercheurs, Claude Bernard, Yves Bréchet, Catherine
Colinet, Patricia Donnadieu, François Louchet, Catherine TassinArques, Muriel Véron (et Francis
Durand, mon mari) ont été un club de lecture très constructif. Dans le milieu industriel, je nomme-
rai particulièrement Laurent Antoni, Piewe Chemelle, James Davidson, André Grellier, Philippe
Maugis, Daniel Nesa, André Pineau, David Quidort, Pierre-Emmanuel Richy, Sophie Roure,
Zinedine Zermout dont j'ai apprécié les informations et les conseils. Je remercie l'équipe technique d u
laboratoire (et surtout Alain Domeyne) qui m'a aidée à préparer les expériences constituant la source
d'exemples.
Au cours des années, j'ai constitué une bibliothèque de micrographies électroniques de grande qualité
grdce à l'aide et la compétence des membres d u Consortium des Moyens Technologiques Communs
( C M T C ) a u sein de l'INP. Je témoigne m a reconnaissance à Jacques Garden, b u r e n t Maniguet,
René Molins, Florence Robaut et Nicole Valignat.
E n outre, de nombreuses images ont été aimablement fournies par des laboratoires ou musées exté-
rieurs. l'ai trouvé u n accueil chaleureux et une réponse positive à mes exigences sévères vis-à+is de la
qualité des images. Je remercie vivement tous les correspondants cités a u fil d u texte pour cette
contribution précieuse.
Madeleine DURANDCHARE
Prennière partie
Ea'ader du forgeron
« To those craftmen whose intuitive understanding provided the seed from which metallurgical
'
science grew r C.S. Smith, in "A Histoy of Metallography" [Smi65].
«The smith created his artefacts by taming the divine element of fire; and it is significant that the
only human craft which was found sufficiently worthy to be practised by one of the Olympian gods -
Hephaistos/lhulcan - was that of the smith.)>2,H. Nickel in "Damascus Steel" of M. Sache
[Sac94].
1. A ces artisans dont la compréhension intuitive des matériaux a été le germe à partir duquel la
science métallurgique s'est développée.
2. Le forgeron a crée ses objets en domptant le divin feu; et il est significatif que le seul métier
humain qui soit jugé suffisamment digne pour être pratiqué par un dieu de l'Olympe
(Hephaitos/Vulcain) soit celui de forgeron.
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Du fer primitif à l'acier du forgeron
Proverbe sénégaiais
ont inventé des savoir-faire et réussi à fabriquer des objets d'une grande diversité et de
qualité. C'est pourquoi l'étude de la microstructure de ces chefs-d'œuvre anciens s'inscrit
tout à fait dans le thème de ce livre.
Enfin, ce fer a un caractère divin, souligné par Eliade pli771 Retenons cette première
valorisation religieuse des aérolithes : ils tombent sur la terre chargés de sacralité céleste, ils
représentent donc le Ciel. De là, très probablement, le culte voué à tant de météorites ou
même leur identification à une divinité : on voit en eux la formepremière, la manifestation
immédiate de la divinité. »
Le fer tellunque est trouvé à l'état natif dans des basaltes ou autres roches sous forme de
petits grains ou nodules. Il contient souvent beaucoup de nickel jusqu'à 70 %. Ce fer, plus
rare que le fer météorique, a quelquefois été retrouvé dans des objets précieux.
Le nom d e j r terrestre est donné au métal fabriqué à partir de minerai (la magnétite Fe304
ou l'hématite Fe203); il est normalement exempt de nickel. Un tel fer a aussi été trouvé
parmi les objets de la période préhistorique. Quelquefois ce sont de simples morceaux
d'oxydes de fer trouvés dans plusieurs sites en Egypte, à Gizeh dans la vallée du Temple et
la pyramide de Chéops (2 500 av. J.-C.), à Abydos (2200 av. J.-C.). L'authenticité de ces
premiers objets est souvent contestable et contestée parce qu'il n'en reste qu'un amas de
r o d e difficilement reconnaissable. Le nombre de vestiges est réduit.
Le fer non météorique le plus ancien apparaît sous forme de petits objets décoratifs,
d'incrustations dans des bijoux en or ou de menus objets de culte. Une explication
proposée est que ce fer est un sous-produit de la fabrication de l'or. La magnétite, très
présente dans les sables aurifères de Nubie, aurait été entraînée et réduite en même temps
que l'or. Une couche de fer pâteux est susceptible de flotter dans le laitier au dessus de l'or
Figure 1-2-1 :
Photographie d'une section de météorite. A
remarquer les aiguilles imbriquées, assez gros-
sières.
Le fer météorique est un alliagefer-nickel avec
environ 7,5 % de nickel (entre 5 et 26 %) et un
peu de cobalt (0,3-1 %), des traces de soufre,
de phosphore et de carbone. Il est relativement
malléable et constitue presque exclusivement
un des trois types de météorites. Il est issu de
1 'arrachement de matière depuis les couches
profondes d'une planète. Les basses teneurs en
nickel des zones métalliques sont constituées
majoritairement de kamacite ferrite cubique centré, a), les fortes teneurs de tœnite (austénite cubi-
que faces centrées, y). C'est pour de tels météorites que la structure aiguillée de la ferrite a été mise
en évidence par Widmanstatten,structure qui porte son nom. Les aiguilles de ferrite se développent
dans des directions cristallographiquesprivilégiées définissant un octaèdre. Maintenant cette appel-
lation s'applique à une structure dans laquelle les phases croissent en phase solide avec des relations
d'accolement privilégiées entre des plans à bas indices: <Il O>a // < I l l >y. C'est la structure
retrouvée pour des aciers de composition similaire mais beaucoup moins grossière que dans le cas de
ce météorite.
Une réaction eutectoïde entre la kamacite et la tœnite a été invoquée pour expliquer cette structure.
En fait, les calculs thermodynamiquesmontrent qu'un telle séparation de phases est possible à partir
de pressions de 100 à 150 kbar [Bér96]. L'alliage a p u effectivement être exposé à de tellespressions
au cours de sa formation. Quelquefois la microstructure est tellement grossière, avec des plaquettes
larges de plusieurs millimètres, qu'une formation en phase solide paraît peu probable. Dans ce cas,
l'hypothèse avancée est que les grandes aiguilles se seraient formées par solidzjkation lente, dans
des conditions de microgravité [Buc 751, [Bud88].
Echantillonprovenant du cratère Henbury en Australie, largeur environ 8,5 cm.
Document Mineralogical Reasearch Company
fondu. Une autre possibilité est que des oxydes de fer aient été volontairement associés
aux autres oxydes servant de fondants pour la fabrication des bronzes.
Plusieurs archéologues ont maintenant la conviction que le mode d'obtention du fer par
réduction de minerais a été découvert très tôt, antérieurement à 2000 av. J.-C., en plusieurs
lieux différents. Le fer non météorique a été détecté sans être toujours accompagné de
traces d'une exploitation dans les sites à proximité. En Egypte, il n'y a aucun indice d'une
métallurgie du fer, ni de trace d'exploitation des gisements pourtant abondants. Cette
lacune est expliquée par l'absence de forêts capables de fournir le charbon de bois néces-
saire.
En définitive, il y a eu une longue période de plusieurs millénaires entre les premières data-
tions fiables du fer et l'âge du fer proprement dit. Plusieurs causes pourraient expliquer les
longs balbutiements de cette métallurgie primitive. La plus évidente est la difficulté de mise
en œuvre. Les procédés acquis pour le cuivre et l'or ne s'appliquent plus et surtout une
température plus élevée est nécessaire. Le fer de cette période a été qualifié de fer accidentel
[Bér94]. Une cause est peut être tout simplement le fait que le fer obtenu par les procédés
les plus primitifs de réduction du minerai n'est pas un matériau intéressant. Il est pur, très
6 LA MICROSTRUCTURE DES ACIERS ET DES FONTES
malléable, donc utilisable seulement pour des ornements, mais en aucun cas pour des
outils ou des armes car il est trop mou. Il est rare, donc très précieux et sa valeur a pu
dépasser de plusieurs dizaines de fois celle de l'or. Enfui et surtout, lefer rouille et se trans-
forme en oxyde de fer rouge. Cette dernière propriété est probablement la raison des
multiples tabous et interdits religieux qui le font considérer comme un matériau impur,
maudit pour sa dégradation. Chez les Egyptiens, le fer était haï et considéré comme un des
attributs du dieu Seth au même titre qu'une chevelure rousse. Il était d'ailleurs nommé "os
de Seth". Plus tard, les Israélites de l'époque du roi David manifesteront une aversion
semblable, interdisant toute utilisation d'ouuls en fer pour tailler les pierres d'un autel. Les
Grecs de l'époque classique créeront une prière pour prévenir la rouille. Il sera en d'autres
époques déconseillé de l'uthser pour tailler les herbes, la viande. En Afrique, les outils en
fer seront accusés d'éloigner la pluie des terres labourées avec. La littérature abonde en
anecdotes révélatrices.
Depuis la deuxième moitié du 2oèmesiècle, la découverte de nouveaux sites archéologi-
ques, l'uulisation de techniques de caractérisation métallurgique modernes et une métho-
dologie devenue très rigoureuse ont fait beaucoup progresser les recherches en
paléométallurgie. Les quelques références suivantes peuvent servir d'initiation à ce sujet
très vaste : (For641, [Smi65]], [Ty187l, @?le88], [Moh90], [And91].
Le minerai
Le fer est, après l'aluminium, l'élément métallique le plus répandu sur la croûte terrestre. Il
se trouve sous forme de minerai constitué principalement d'oxydes (magnétite, hématite et
limonite) et de carbonates (sidérite : pyrite et marcassite). La préparation de lavage et de
concassage du minerai est la même que celle pratiquée pour les autres minerais. Les gise-
ments sont très nombreux dans l'est du bassin méditerranéen. Certains étaient reconnus
grâce à la couleur rouge du sol due à la rouille et ils étaient exploités et utilisés comme
pigments : ce sont les ocres bruns, jaunes ou rouges de l'Egypte antique. Plus à l'Est et au
Nord-Est de l'Asie Mineure, les gisements sont accompagnés de traces d'exploitation
comme en Syrie et en Cappadoce où ils ont été parmi les premiers à avoir été exploités à
une grande échelle. Citons Germanicia au nord de la fameuse d e de Doliche, berceau de
la métallurgie primitive du fer, les sites de production de Tabriz en Perse et la plaine de
Persépolis où se trouvent des vestiges prouvant un travail primitif du fer. Toute cette
région a une culture métallurgique très ancienne, probablement la plus ancienne, puisque
les Assyriens connaissaient la réduction du minerai de fer depuis le 19 ème siècle av. J.-C. La
présence de gisements riches a favorisé la lente expansion vers l'est en Europe centrale,
Italie du Nord, Est de l'Espagne, France et Angleterre.
Certains minerais ont été réputés sans doute à cause de la présence naturelle d'éléments
d'alliage ;par exemple le manganèse (Siegerland en Allemagne), le nickel (certains minerais
grecs ou corses) ou le phosphore (minerai lorrain) qui est durcissant mais aussi fragilisant
[Sal57l, PpeBl].
La préparation
La forme la plus primitive du fer était préparée sous forme d'un agglomérat spongieux de
fer non fondu, appelé loupe. Le minerai était chauffé en présence de charbon de bois afin
de le réduire dans une installation sommaire constituée parfois d'un simple trou dans le
sol. Une fois les scories les plus grossières éliminées, l'agglomérat était ensuite martelé
vigoureusement à chaud pour éliminer les scories résiduelles ou battitures et donner une
masse plus compacte. Une fois débarrassé des plus grosses inclusions, le fer qui reste est
du fer pur et il est malléable. Il est relativement facile à travailler mais ses qualités mécani-
ques sont médiocres.
Les premiers fours étaient disposés de façon à profiter le plus possible d'une ventilation
naturelle. Il y a eu aussi probablement très tôt l'utilisation de soufflets rudimentaires en
peaux d'animaux. Quelques vestiges de fonte découverts parmi les scories tendraient à
prouver que la température obtenue était quelquefois assez élevée pour arriver à fusion,
mais, dans ce cas, le résultat était considéré comme un déchet. Une telle fonte est dure,
cassante et ne peut pas être travaillée. Les facilités d'approvisionnement en bois et en
matériaux réfractaires pour construire les fours à proximité en minerai conditionneront
l'acquisition de nouveaux savoir-faire.
Le développement du fer a pris son essor seulement lorsque des méthodes ont été trou-
vées pour lui donner une meilleure tenue mécanique. Le premier moyen acquis a été
l'incorporation de carbone par diffusion dans des morceaux ou des plaques minces en
milieu réducteur et carboné. La carburation se fait dans une gamme de température élevée
par contact du fer avec une source de carbone ou une atmosphère carburante de CO au
moyen du charbon de bois. Ce traitement n'induit qu'une carburation superficielle avec
une pénétration au plus de l'ordre du millimètre. De ce fait, la carburation ou cémentation
ne peut être effectuée que localement pour renforcer une zone, pointe ou tranchant, ou
bien sur du fer très divisé en granules ou feuilles amincies. Le fer carburé, plus dur et plus
fragile, est mélangé, soudé au fer doux par martelages répétés à chaud. Si le travail du
métal est intense, il se produit une homogénéisation par écrasement des grains et interdif-
fusion du carbone, mais l'opération comporte des risques d'oxydation et de perte de
carbone. Cette méthode s'apparente au frittage moderne. Le matériau obtenu est très hété-
rogène comme en témoignent des objets datés des premiers siècles av. J.-C. et les
propriétés mécaniques sont mauvaises. L'amélioration de la qualité du fer apparaît comme
une nécessité pour obtenir une plus grande ténacité Fe-991. L'évolution naturelle est la
fabrication de matériaux composites par soudage en disposant astucieusement le fer plus
pur ductile et le fer carburé plus cassant.
La nitruration (plus exactement une tentative de nitruration) a été pratiquée de manière
totalement empirique, en mêlant des déchets organiques azotés avec le charbon. A un
stade plus évolué, il y a eu l'utilisation de poteyages confectionnés selon des recettes
8 LA MICROSTRUCTURE DES ACIERS ET DES FONTES
La trempe
Le refroidissement rapide par trempe d'un objet en cours de forgeage contribue dans tous
les cas à durcir plus ou moins. La formation de martensite très durcissante demande un
certain degré de carburation du fer, une aciération. Ce dernier traitement consistant à
chauffer du fer en présence de charbon de bois avait bien été trouvé dès le 2èmemillénaire
av. J-C., cependant, la présence de martensite a rarement été attestée. En fait, la martensite
est difficile à reconnaître sur les objets préhistoriques à cause de l'état trop corrodé, car
elle est plus sensible à l'attaque que le fer pur. Quelques rares objets témoignent de la
connaissance de techniques de transformation du fer en acier et de la trempe aux 13èmeet
ème siècles av. J.-C. Par exemple, un pic de mineur de cette époque a été trouvé au mont
La métallurgie en Chine
Le fer de réduction semble avoir été connu en Chine mille ans av. J.-C. La coulée de la
fonte a été inventée précocement vers les bème et 5ème siècles av. J.-C Il en a résulté une
10 LA MICROSTRUCïURE DES ACIERS ET DES FONTES
Le fer en Afrique
La particularité de l'Afrique Equatoriale est qu'elle est passée directement à l'âge du fer
après le néolithique, sans connaître celui du cuivre et du bronze. D'après la découverte et
la datation de petits objets fabriqués, la métallurgie du fer remonterait au 3ème,et même
4èmemillénaire av. J.-C. [Gré88]. Au Gabon, des bas fourneaux creusés dans le sol ont été
datés vers le 7èmesiècle av. J.-C. d'après les résidus de charbon de bois trouvés à proximité.
Cependant, la datation est délicate dans la mesure où il faut coupler dans le temps l'objet
et le carbone à proximité. D'autre part, il y a peu de vestiges d'objets en fer car ils ont été
détruits par l'acidité du sol et l'humidité permanente du c h a t . Une autre particularité afri-
caine est l'obtention de fonte très tôt dans les fourneaux préhistoriques. Leur technologe
permettait peut être d'atteindre des températures élevées car il semble qu'ils connaissaient
l'artifice qui consiste à injecter de l'air préchauffé dans le four. Mais surtout, le minerai
contient beaucoup de phosphore dans la région considérée, en Tanzanie, vers le lac
Victoria. De plus, les ingrédients végétaux mêlés au fer spécifiques à cette région appor-
tent encore du phosphore.
Figure 1-4-1 :
Four de réduction lors de la reconstitution, en
1988, d'une fusion au Yatenga (Burkina Faso). Ce
four est parmi les plus élevés, le niveau de combus-
tion est à la base, les scories sont évacuées par une
rigole. Il est destiné à traiter une tonne de minerai
qui donnera 200 à 250kg de fer. Il existait 1000 à
1500 fours similaires au début du 2oèmesiècle qui
fonctionnaient deux à trois fois par saison. Deux
autres fours à soufflets servaient à affiner le fer
avantforgeage.
De nombreuses installations subsistent dans la
région qui s'étend du Niger à l'océan Atlantique. Il
y a une grande variété desformes defours, hauts de
1,3 à 6m, dits à cellule, à colonne ou à chambre,
qui témoignent d'un savoir-faire tribal transmis
[Mar931.
Document UniversitéAix-Marseille, Fr.
En Afrique, plus que n'importe où ailleurs, la métallurgie du fer est étroitement associée
aux structures sociales. C'est le seul continent où l'art et la pratique du travail du fer sont
restées actives jusqu'au &eu du 2oèmesiècle [Sch78]. Du fait que les métiers des ferriers
et des forgerons ont encore été exercés selon la coutume ancestrale' les ethnologues ont
pu recueillir des témoignages d'anciens et même opérer des reconstitutions de coulées
dans tout le contexte social (fig. 1-4-1). Le forgeron est apparu comme un personnage
important, à la fois dans un rôle d'artisan et de sorcier. Il veille à la préparation du four et à
la coulée, il est le grand maître du cérémonial qui célèbre "les épousailles de la fournaise et
du minerai" et "la fécondation par le feu" pour donner naissance au fer. Le grand jour de
la coulée est précédé de rites purificateurs, d'abstinence, de sacrifices collectifs qui ont pu
aller jusqu'au sacrifice d'humains ou d'embryons. La fête est accompagnée de musique et
d'incantations. L'exemple africain met en lumière toute la symbolique quasiment liturgique
associée à lapratiqztepm'mitiuede Iafa.rion dztfer dans le monde entier [Eli77l.
le développement du four catalan équipé d'air insufflé. L'air était comprimé et accéléré par
un mécanisme utilisant une chute d'eau, invention d'origine piémontaise appelée trompe
dauphinoise. Au 16èmesiècle, les méthodes de cémentation pour faire de l'acier ont été
pratiquées à grande échelle. Cela consistait à chauffer longtemps des barres de fer forgé
avec du charbon de bois, scellées dans des jarres d'argde. Abraham Darby trouva en 1709
le moyen de remplacer le charbon de bois par du charbon traité. Le charbon ordinaire
contient beaucoup de soufre et de ce fait ne peut pas être utilisé directement pour fabri-
quer l'acier. Le charbon était pré-brulé de façon à perdre ses éléments volatils, le résidu est
connu sous le nom de coke. Enfin, au 19èmesiècle, la fabrication de l'acier entre dans l'ère
industrielle.
La métallurgie s'est imposée comme une science à partir du moment où les savoir-faire ont
été analysés et écrits. Le premier texte important est le traité qui paraît à Bâle en 1556 sous
la signature de Georgius Agricola De re metaIlica avec ses célèbres planches d'illustrations.
L'encyclopédie franpise à la f i du 18 ème siècle a comporté des chapitres de métallurgie,
par exemple sur la coulée des canons ou les traitements de malléabilisation de la fonte.
Pour conclure dans le thème de ce livre, il faut souligner l'apport mdjeur de L'observation micros-
copique au fondement et développement de la connaissance métallurgique.
Les aciers damassés
Le métier de forger:
« I l n'y a chose aussi belle au monde que de voir travailler tous ces gens-là, si vifs, si adroits, si
savants ou si soigneux, chacun dans sa partie : les uns...; les autres (les armuriers, les couteliers, les
serruriers, les hommes du feu) vous tortillent une barre de métal brut et se la passent de main en
main si vite et si bravement façonnée, qu'en moins de vingt minutes vous la voyez changée en un
outil commode, léger, solide, reluisant et enjolivé à souhait. »
George Sand "La vilk noireN3Levy, Paris, 1860
Instrument mythique
L'histoire de la métallurgie peut se lire à travers l'évolution d'un grand nombre d'objets
trouvés dans la plupart des sites archéologiques de l'âge du fer : des haches, des socs et des
clous très primitifs. Mais il faut bien reconnaître que c'est partout, et toujours, l'armement,
depuis l'arme blanche jusqu'au canon, qui a suscité et bénéficié en premier lieu des progrès
et des techniques les plus sophistiquées. L'arme blanche4 a été un outil de combat pendant
trois millénaires. Mais elle a aussi représentée un attribut de rang social, un objet luxueux
et infiniment précieux. A cause de ce rôle de symbole, des objets richement décorés ont
été conservés, transmis comme un patrimoine, gardés comme objet sacrés ou enterrés
avec les guerriers.
Les artisans forgerons ont été considérés comme des maîtres d'œuvre et honorés dans
toutes les civilisations. Les sépultures témoignent de cette considération dans les civilisa-
tions de Hallstatt et de la Tène. L'acte de forger une épée va au delà du simple travail arti-
sanal car l'épée est un instrument mythique et sacré. Le forgeron forge des armes à
l'imitation des forgerons dwhs qui ont forgé la foudre et les éclairs pour armer les Dieux.
Les légendes populaires racontent l'histoire de ces épées : Durandal dans la chanson de
Roland, Excalibur dans la légende du roi Arthur et bien d'autres. La légende de Wieland,
reprise par les opéras de Wagner, était connue dès le hème siècle mais la tradition remonte
probablement plus haut dans le temps. L'aspect mythique s'est traduit par des inscriptions,
des décors, de véritables rites entourant la fabrication. Le fantasme commun est l'idée
qu'une force est transférée par le forgeron et son environnement au cours de la fabrication
de l'arme.
pas de recevoir une trempe très brusque qui le rendrait aigre et cassant, rappelle une curieuse
tradition orientale, celle de la trempe à l'air de certaines lames de damas. Sitôt après leur
achèvement et quand elles étaient rouges encore, elles étaient, dit-on, emportées dans u n
galop furieux par u n cavalier monté sur u n cheval rapide. C e mode de trempe très douce par
u n courant d'air, convenait probablement mieux pour ces lames très riches en carbone et en
phosphore, qu'une trempe brusque dans l'eau froide. >)
La trempe douce semble confirmée par 2a description d u procédé indien qui consiste à plonger
l'acier a u rouge dans le tronc évidé d'un bananier [Pra95].
Dans les pays musulmans, l'aspect religieux est clairement illustré par des inscriptions
d'extraits ou de versets du Coran sur les épées, et surtout par le symbolique décor en
échelle, dit échelle de Mahomet ou des 40 marches, pour rappeler comment Allah
accueillera le vaillant guerrier mort au combat au cours de la guerre sainte. Dans les pays
catholiques, au Moyen Age, les chevaliers faisaient bénir leur épée lors de la cérémonie
d'adoubement. Au Japon, l'épée du samouraï comportait des gravures d'inspiration boudd-
hique ou shinto, elle était le symbole de son honneur et une sorte de talisman.
Figure 2-2-2 :
Epée en fer ployée (longueur 91 cm) trouvée
avec des ossements calcinés dans une nécro-
pole gauloise datée de la Tène moyenne
autour de 200 av. J. -C. De nombreuses épées
ont été retrouvées complètement tordues dans
les tombes des guerriers celtes, rendues
intentionnellement inutilisables.
Document Musée Dauphinois, Grenoble, Fr
savoir faire est le seul fait des forgerons celtes ou le résultat d'apports extérieurs liés aux
guerres, aux invasions de la première moitié du millénaire ou aux échanges commerciaux.
Les épées celtes de périodes plus récentes, sont constituées d'une partie centrale en fer
doux pur pour l'âme et de parties soudées en fer aciéré alliant rigidité et ténacité pour le
tranchant. La maîtrise du soudage a rendu possible la fabrication d'épées plus longues,
fmes grâce au renforcement modeste obtenu dans les structures composites.
Les microstructures observées sur les lames correspondent dans l'ensemble à des aciers
hypoeutectoïdes ou quelquefois eutectoïdes avec une microdureté variant suivant les
plages de 70 à 250 Hv pour la ferrite et de 150 à 250 Hv pour la perlite. Les constituants
durcissants martensitiques ou bainitiques n'ont pas été observés. Par contre, les tailles de
grains sont très variables [Flu83]. L'étude métallographique d'objets depuis l'époque de
Hallstatt jusqu'à l'époque romaine confirme également la présence majoritairement de
ferrite et de perlite avec des valeurs de dureté entre 100 et 200 Hv [Ty187]. Il en est de
même pour des lames plus riches en carbone dans lesquelles la structure martensitique a
rarement été détectée. La trempe a certainement été pratiquée et la formation de marten-
site a pu affecter seulement une zone étroite sur le tranchant parce que c'est la zone la plus
carburée et aussi la plus fine donc refroidie plus rapidement. Malheureusement, c'est la
partie qui a disparu en premier avec la corrosion. D'un point de vue métallurgique, il
16 LA MICROSTRUCTURE DES ACIERS ET DES FONTES
convient de rappeler que des aciers si peu alliés se transforment très rapidement en perlite
(s
et forment de la martensite seulement si le refroidissement est très rapide 10-3).
La compétition entre l'uulisation du bronze et celle du fer pour les épées a duré plusieurs
siècles. Les romains, qui avaient conquis des provinces espagnoles riches en minerai de
cuivre, utilisaient des épées en bronze. Ils n'ont vu l'intérêt de changer pour des épées en
fer qu'au moment des guerres puniques [peh92]. D'ailleurs, plusieurs auteurs romains de
l'époque ironisaient sur l'efficacité des épées gauloises "insuffisamment martelées", que le
guerrier doit redresser après le premier coup, quand son adversaire lui en laisse le temps !
Figure 2-3-2 :
Epée carolingienne trouvée rue de Veaux à Strasbourg en 1899. La partie supé-
rieure, H sur la photo, correspond à un dessin en chevron sur l'âme de la lame,
obtenu en soudant deux barres torsadées en sens inverse. La partie inférieure pré-
sente des filets sinusoïdauxparallèles à l'axe. La longueur est de 94,5 cm. La data-
tion la situe entre 780 et 950 [Ehr88].
Collections du Musée Archéologique de Strasbourg, Fk
Figure 2-3-4 :
Isoplète du diagramme Fe-Fe3C-P pour
0,3R Le diagramme Fe-Fe3C est esquissé
en traits gris.
Le domaine grisé y/Fe3C/liquide situé en
dessous de la température eutectique de
Fe-Fe3C est le domaine dans lequel le
liquide peut se former et favoriser un sou-
dage. L 'eutectique ternaire y/Fe3P/Fe3Cest
à 955 OC.
L 'eutectique du système Fe-P-graphite soit
y/Fe3P/Graphite se forme à 9 7 7 OC
[Rag88aJ.
l'ensemble métal et fiente. En recommençant l'opération plusieurs fois il a obtenu une épée
incomparable.
L'expérience, renouvelée scientifiquement vers 1930, a montré que la fiente riche e n azote
apportait u n très léger enrichissement en cet élément dans le fer TYpe811.
La présence de phosphore joue probablement un rôle important. Pour des teneurs
comprises entre 0,1% et 0,3 %, une faible quantité de liquide est produite dès 950 OC
environ et qui peut favoriser le soudage (fig. 2-3-4). Malheureusement, l'état d'oxydation et
la dégradation des spécimens anciens rend l'analyse métallurgique délicate. En outre, le
phosphore, comme l'azote, est un très puissant durcissant de la solution solide de ferrite
même à de faibles teneurs, mais l'inconvénient majeur est qu'il est fragilisant. Ce dernier
effet peut être contrecarré par l'alternance de couches ductiles de fer pur. Le phosphore
20 LA MICROSTRUCTURE DES ACIERS ET DES FONTES
peut également inhiber la trop rapide diffusion du carbone entre les couches lors des
multiples pliages.
Tableau 2-3-5 :Fourchette de composition des diffentes couches dans les épées mérovingiennes.
Chifies de France-Lanord
Elément C Mn S P N
Teneur (at%) 0,08-0,15 O-0,05 0,016-0,03 0,14-0,35 0,004-0,Ol
Figure 2-5-1 :
Epée corroyée avec dessin dit en pelure d'oignon (onion rings); longueur 51 cm, Iran ou Azerbaij'an,
1820-1860.Document Musée Historique de Berne, Bernisches Historisches Museum (Suisse).
processus est répété plusieurs fois. Chaque pliage multiplie le nombre de couches par deux
et divise d'autant leur épaisseur. Un martelage adroit courbe les couches de telle sorte
qu'apparaisse, après polissage et attaque, une surface avec le dessin moiré, en ondes ou en
vagues. Les structures feuilletées ondoyantes ont imité le dessin du wootz damas avec un
tel degré de perfection qu'il est difficile même pour des experts de faire la distinction entre
les structures feuilletées et les authentiques "wootz damas". D'ailleurs, de nombreux
forgerons crurent et proclamèrent de bonne foi avoir retrouvé le forgeage des épées de
Damas. Une curieuse particularité rend identifiables les épées authentiques en wootz
forgé : elles rendent un son clair au choc, un son tout à fait cristallin comparé au son sourd
obtenu avec les épées soudées.
La méthode de fabrication par corroyage-soudage autorise une grande diversité de décors
autres que les vagues. L'épée courte (fig. 2-5-1) avec un décor dit en onion bngs ou pelure
d'oignons en est un exemple. De telles lames sont surtout des créations artistiques ; elles
sont apparues tardivement, aux 1gèrneet 19èmesiècles. Des canons de fusil damassés ont
été fabriqués sur le même principe avec une alternance de couches enroulées et soudées.
Au point vue microstructure métallurgique, il y a une grande différence avec la structure
du wootz. Le matériau corroyé est composite du fait qu'il est formé de couches aciérées
alternées avec du fer doux. La teneur moyenne en carbone est plus faible que celle du
wootz. Si le métal a été travaillé longtemps et beaucoup replié, il résulte un acier classique
homogène dont la teneur moyenne peut atteindre 0,5 % de carbone. La structure de
damassé feuilletée est associée à de bonnes propriétés mécaniques et une moins grande
fraghté que les épées carolingiennes grâce à la suppression de soudure entre âme et tran-
chants. Le nom de Damas, devenu synonyme de qualité, est attribué inconsidérément à tous
les objets présentant un décor en volutes sinueuses. En fait, jusqu7àla fm du 19èmesiècle,
la microstructure damassée était encore mal définie techniquement et encore plus mal
comprise, ce qui explique la grande confüsion soulignée par plusieurs auteurs Pig911.
Le langage usuel français a consacré le nom de Damas. Cependant ce nom ne semble pas
approprié pour qualifier n'importe quelle structure composite dans la mesure où il évoque
l'origine orientale associée à un procédé très particulier. La langue américaine a adopté le
terme de "patternwe2ded" (littéralement dessin soudé) pour les structures soudées autres que
le wootq Damas. Le terme n'est pas suffisant car il n'apporte aucune indication sur le tra-
vail de forgeage qui différencietoutes les structures. En outre, le terme américain ou son équi-
valent allemand "schweissdamast" sont intraduisibles en français de façon élégante. En
conséquence, le terme Damas est utilisé dans la suite seulement pour le wootz Damas. Les
autres constituants sont qualifiés de damassés: damassé soudé, damassé feuilleté, damassé
corroyé, damassé laminé, damassé fritté, damassé figuré, damassé incrusté, damassé gravé.
Le terme damasquiné se rapporte à des incrustations superficielles. Une telle nomenclature a
l'avantage d'éclairer le public sur le travail artisanal et de protéger l'authentique création
artistique.
Le secret du wootz
Les forgerons européens étaient les héritiers des techniques des Celtes qui savaient
CO-forgeret souder des aciers et du fer doux dès le début de l'ère chrétienne. Cependant,
leurs descendants ont mis plusieurs siècles avant de pouvoir comprendre et maîtriser le
travail du wootz, si différent de leurs techniques habituelles. Le wootz partait en miettes
lorsqu'il était forgé trop chaud et devenait cassant lorsqu'il était forgé trop froid. Enfin il
perdait ses propriétés lorsqu'il était forgé trop longtemps parce qu'il se graphitisait. Il était
tout à fait décourageant pour les non initiés.
La mode des structures damassées a culminé au 18èmesiècle, à l'époque où les européens
ont su le forger correctement. Les dernières épées damassées ont été confectionnées au
début du 19èmesiècle, en même temps que se développaient des techniques d'obtention
d'aciers performants. De plus, à la fm du 19èmesiècle, l'intérêt a cessé pour les épées en
tant qu'armes. L'épée n'était plus depuis longtemps qu'un simple élément décoratif, ayant
même perdu l'aspect symbolique de notoriété. A cette époque, la pratique du forgeage
s'est perdue et le savoir-faire a été complètement oublié. Les plus beaux spécimens sont
devenus des objets de collection. Il faut rendre hommage à plusieurs collectionneurs, en
particulier Moser qui a rassemblé une magnifique collection encore groupée à laquelle
appartiennent les exemplaires de la figure 2-4-1 [Ba192]. L'ouvrage de Fige1 présente aussi
de nombreuses photos de pièces dispersées chez des particuliers ou dans des musées
pig9 11.
L'étude du wootz et de la structure damassé a débuté de façon scientifique en 1795 avec
Pearson (Angleterre). Michael Faraday (USA) s'y est intéressé en 1819 parce que son père
était forgeron, puis s'est consacré à l'étude de l'électricité. Jean Robert Bréant (France)
24 LA MICROSTRUCTURE DES ACIERS ET DES FONTES
Tableau 2-6-1 :Fourchette de composition du wootz établie d'après les analyses d'objets,
d'après [Er961
Dans les microstructures damassées authentiques, les carbures de cémentite doivent être
arrondis avec un diamètre de l'ordre de 3 à 20 pm, en tout cas jamais facettés. Les particules
apparaissent disposées en alignements correspondant à une distribution en plans distants de
30 à 100 p m et rarement interconnectés. I l n'y a pas de différences significatives entre les
microstructures des sections transversales et longitudinales. Et enfin, les alignements de car-
bures sont constitués en rangées d'environ 4 à 6 carbures.
La microstructure de la lame reconstituée par Al Pendray visible sur les figures 2-6-2 A et
B satisfait tous ces critères. Par comparaison, les carbures obtenus par refroidissement lent
du procédé W-S précédent sont plus grossiers, et ils resteront irréguliers une fois brisés,
LA MICROSTRUCTURE DES ACIERS ET DES FONTES
Figure 2-6-3 :
Poignard avec une poignée de jade. La lame a été
forgée par Al Pendray avec du wootz reconstitué.
La micrographie optique présente une coupe trans-
versale, similaire aux coupes longitudinales, avec
des alignements de petits carbures.
Document de 1 'Université de l'Iowa, USA
clivés par le martelage, et encore facettés malgré un effet de coalescence à chaud. Leur
distribution en taille est plus étalée. C'est un point de différence marquant avec la micro-
structure observée sur les épées authentiques.
Le point essentiel prouvé par les chercheurs de l'équipe citée est que des alignements de
carbures peuvent être générés par des cycles thermiques, en Z'absence de dejcormationplastipe
de forgeage ou de laminage. L'expérimentation a été conduite sur des échantillons de
wootz authentique et des échantillons synthétiques similaires. La réponse pratique est
claire : il faut au départ redissoudre complètement les carbures interdendritiques ou inter-
granulaires grossiers pour en précipiter d'autres mieux répartis. La précipitation se fait
sélectivement dans des zones où les impuretés ont ségrégé. Ces dernières sont le silicium,
le phosphore et le vanadium qui, malgré des teneurs initiales très faibles, jouent donc un
rôle clef en initiant la précipitation le long des lignes de ségrégation ver98al. Il y a une
corrélation entre les espacements de lignes de carbures et l'espacement dendritique
primaire dans l'alliage initial. Cette observation prouve que la formation des alignements
est liée à la ségrégation résiduelle du réseau dendritique. Des différences de composition
faibles mais significatives ont été détectées entre le bord et le centre des alignements. La
structure au moment du forgeage ne comporte pas de carbures grossiers, à la différence de
celle du procédé W-S.
Les températures de traitement doivent respecter certains impératifs pour obtenir le résultat:
1- dépasser la température de 1 0 5 0 OC (au dessus de Acl) afin de dissoudre complètement
les carbures de cémentite; 2- que l'un des cycles au moins descende légèrement e n dessous de
A l ( 7 2 3 ° C ) pour probablement faciliter la germination; 3- que le maintien e n température
pour la dissolution des carbures ne se fasse pas à une température trop élevée, vers 1 2 0 0 OC,
ni pendant longtemps car il y a homogénéisation et alors la précipitation est répartie unifor-
mément sans le moindre alignement.
Une autre observation importante à propos des épées authentiques est la présence d'une
bordure décarburée de pure ferrite sur l'arête dorsale de la lame. L'explication suivante est
proposée ; elle témoigne de l'astuce des forgerons. La mise en solution des carbures est
délicate car l'alliage contient souvent de petites quantités de soufre et de phosphore
susceptibles d'abaisser la température de début de fusion vers 960 O C (fig. 2-3-4) ;il y a
alors "brûlure" et le lingot se délite complètement au martelage. La procédure pour main-
tenir la cohésion du lingot comporte un prétraitement de décarburation lors d'un maintien
à 1200 OC pendant 5 h, suivi d'une trempe. Le résultat est la formation en .rztpe@ie d'une
mince couche de ferrite plus réfractaire que l'intérieur. Cette couche est très ductile et
constitue une enveloppe déformable. Le lingot peut ensuite être martelé à chaud à travers
son enveloppe de ferrite sans problème, avec des cycles de martelage et réchauffage. C'est
un unique premier pliage qui génère l'arête dorsale en ferrite retrouvée sur la lame.
L'espacement des alignements de carbures est plus petit que la taille initiale des dendrites à
cause de l'effet de réduction dû au martelage. La conduite du martelage à chaud requiert
de la dextérité car une température trop élevée ou un temps trop long provoque la trans-
formation de la cémentite en graphite que l'on retrouve réparti en alignements à la place
des anciens carbures. L'observation de lames inachevées a témoigné que le dessin en roses
ou en échelle est produit par l'incorporation de surépaisseurs en bandes ou ponctuelles en
cours de forgeage. Le dessin peut aussi être obtenu en faisant des creux ou des sillons à
coups de poinçon. Les forgeages ultérieurs comblent les creux ou étalent les bosses et
perturbent la régularité de l'espacement des couches.
Il y a 70 ans d'écart entre les conclusions d u travail de l'équipe Verhoeven et celles que
Zschokke publiait e n 1 9 2 4 [Zsc24] : « A v a n t tout, il faut bien préciser que le vieil acier
damassé véritable des Indes nommé "puht'' n'est aucunement de l'acier soudé ... Nous avons
plutôt affaire, a u contraire, à un acier fondu a u creuset, régulier et dont la structure particu-
lière résulte de phénomènes de cristallisation et de ségrégation ...
Par le forgeage répété de l'acier damassé, les armuriers anciens des Indes et de Perse avaient
pour but principal, d'ailleurs, beaucoup moins la production d ' u n damasquinage et l'effet
décoratif e n résultant, que l'obtention d'un métal plus tenace. Cette dernière hypothèse con-
corde également avec u n e observation de Belaïev, suivant laquelle l'étonnante beauté de
l'acier indien n'était qu'un but accessoire et un résultat accidentel. »
Cette deuxième méthode répond effectivement beaucoup mieux aux caractéristiques du
wootz Damas authentique. Cependant, il est probable que la technique par écrasement des
carbures a aussi été pratiquée. Enfin, une troisième méthode qui consiste à le travailler
comme une structure feuilletée ; elle est pratiquée pour le forgeage des lames japonaises.
La décarburation superficielle à chaque cycle produit une fine couche de ferrite qui se
trouve après pliage à l'intérieur de la pièce. La répétition des pliages et forgeages forme des
28 LA MICROSTRUCTURE DES ACIERS ET DES FONTES
bandes de ferrite en alternance avec l'acier plus carburé ou bien un acier homogène moins
carburé si le nombre de passes est supérieur à huit environ.
Japon
Les épées les plus anciennes trouvées au Japon remontent aux 4èmeet 5èmesiècles de
notre ère. Elles sont probablement originaires de Chine via la Corée. En particulier, la
technique d'imprégnation par de la fonte liquide a été importée de Chine. C'est pendant la
période Heian (7961185)' quand la capitale s'est établie à Kyoto, que la technique propre-
ment japonaise s'est développée. La structure de l'épée est constituée d'une âme ductile et
d'une enveloppe extérieure à la surface et au tranchant de la lame, plus riche en carbone,
plus dure. L'art de fabriquer les épées ou les dagues a atteint un très haut degré de sophis-
tication qui a culminé aux 16èmeet 17èmesiècles. Cet art a survécu à bien des périodes
difficiles de l'histoire japonaise. La dernière en date est de 1945 à 1953, après la seconde
guerre mondiale, années pendant lesquelles la fabrication et la possession d'armes étaient
interdites aux Japonais. Les artisans se sont dispersés, reconvertis. Puis quelques uns ont
fait revivre l'art traditionnel, comme Yoshindo Yoshihara à Kyoto, descendant d'une lignée
de dur générations de forgerons d'épées [T<ap87l.
L'acier de départ est un acier fortement hypereutectoïde tamabagane (0,2-1'7 %C) qui est
obtenu à partir du fer réduit, puis recarburé au charbon de bois. Il a quelquefois été
remplacé par l'acier wootz indien d'importation. Pour constituer l'âme de l'épée, l'acier
shingane (fig. 2-7-1 B) est travaillé par pliages et forgeages successifs. Pendant ces opérations
il est purifié des inclusions et il subit une perte de carbone superficiellement au cours de
chaque opération. L'acier est ramené à un taux faible de carbone de l'ordre de 0,2 '/O, ce
LES ACIERS DAMASSES
Figure 2- 7-1 :
Ci-contre longue épée moderne "katana" fabriquée suivant la méthode tradition-
nelle. La lame de style "hira-tsukuriJJmesure 75 cm de long. Le hamon, ou bordure
ondulée de la lame côté tranchant, en contraste clair, a un dessin en boucles et en
vagues appelé "choji midare". Gravures et sculptures traditionnelles "horimono".
Fabrication et photo de Yoshindo Yoshi-
hara à Tokyo
Le hamon
E) coupe transversale montrant les dzflérentes parties : la bordure côté tranchant,
est le hamon de structure martensitique. La zone intermédiaire est le habuchi, zone
du "nie" et du "nioi ".
F) section d'une épée japonaise du 1 4 ~ "siècle
~ de Bizen (Okayama). Le dessin du
hamon est appelé "gunome midare ". La zone "a est la martensite, la zone "b " ou
"
"nioi est un mélange deJine perlite et de bainite . Au dessus, en "c et "d", la sur-
" "
qui le rend suffisamment ducule. Pour l'enveloppe extérieure, le métal de départ est choisi
avec une forte teneur en carbone, éventuellement du wootz. De même, la succession de
forgeages et pliages diminue la teneur en carbone et aboutit à une composition finale de
l'ordre de 0'5 O@/ (kawagane, sur le schéma 2-7-1 A). L'alignement de couches plus ou moins
carburées peut former un dessin damassé s'il est révélé. Le dessin n'était pas apparent dans
les premières épées qui comportaient des couches assez grossières. La mise en valeur du
dessin superficiel a été faite plus tardivement.
Une des nombreuses particularités des épées japonaises est la bordure martensitique du
tranchant (hamon, visible sur la figure 2-7-1 E) obtenue par un traitement spécifique. A cet
effet, des enduits argileux divers, plus ou moins épais, sont étalés sur la lame. Après
réchauffement d'austénitisation, l'épée enduite est trempée. Seule la partie non protégée,
située au tranchant de la lame, se refroidit suffisamment rapidement pour se transformer
en martensite. Les artisans appliquent l'enduit de façon à obtenir une séparation des zones
en ligne droite ou en forme de motifs ou de silhouettes. Les dessins peuvent être révélés
grâce à une grande maîtrise de la technique du polissage. La procédure est codifiée par le
choix d'attaquants variés, par le choix d'abrasifs et par l'alternance de multiples opérations
d'attaque et de polissage. Le résultat est la mise en valeur exceptionnelle de la surface de la
lame. De nombreux métallurgistes ont été très admiratifs de la perfection du procédé qui
est défini dans les moindres détails. Ils en ont souligné le caractère très respectueux de la
tradition et quasiment rituel [Bai62], [Smi65], [Tan80], Fno971, pno991. D'ailleurs tout un
vocabulaire poétique sert à décrire l'aspect de la lame : le Nie (une fine dispersion de sable
argenté) ;le N iai (le spectacle de la multitude des fleurs de cerisiers sous la pâle lumière du
soleil levant) Fan801.
Malaisie
Le kriss malais est une arme typique de la péninsule indonésienne, Malaisie, Java et
d'autres régions des mers du Sud. La lame en acier est construite par soudage de couches
et pliage. Le nombre de pliages est réduit, moins grand que dans le cas des épées japo-
naises, ce qui donne des couches relativement épaisses et un dessin plus grossier, bien
visible. La forme sinueuse de la lame en "serpent rampant" est aussi caractéristique. Son
forgeage aboutit naturellement à la formation de vagues avec les couches alternées. Une
autre originalité est l'uulisation ancienne de fer météorique riche en nickel, ce qui rend le
contraste entre les couches bien apparent. Le fer-nickel météorique a été remplacé par des
aciers inoxydables d'importation durant le vingtième siècle. Il y a une grande diversité de
décors car toutes les techniques anciennes ont été mises à profit : vissage des couches
comme pour les épées mérovingiennes, perçage de trous pour obtenir le dessin en roses.
LESACIERS DAMASSES
Figure 2- 7-2 :
Kriss d 'lndonésie (Bali) représentatif. 1 'influenceHindoue pendant l'empire Maja-
hahit 13 78-1478 (probablement 17-18emesiècle).
La poignée est en or massif décorée de pierres précieuse; elle représente une divinité
protectrice. La lame flammée est faite d'une alternance de couches de fer et de
fer-nickel météorique; les couches sont plus épaisses que dans le cas des aciers
damassésfeuilletés.
Document Musée Historique de Berne (Bernisches Historisches Museum), Suisse.
Figure 2-8-1 :
A) Micrographie électronique d'un acierfeuilleté obtenupar CO-forgeagede nickel et d'acier
B) agrandissement montrant l'alternance de l'acier martensitique et du nickel austénitique.
Echantillon H. VialZon, Thiers, Fr
Figure 2-8-2 :
Exemple de déformation d'un motif
par la torsion du barreau.
Echantillon H. Viallon, Thiers, Fr
Figure 2-8-4 :
Micrographies électroniques d'une
lame damassée frittée attaquée à
l'acide. Les Jins précipités de car-
bure mixte fer-chrome décorent les
grains.
Document INPG, Grenoble, Fr
choisi à cet effet. La poudre pré-alliée (chap.16) de l'autre nuance est versée dans les inters-
tices. L'ensemble est fritté à haute température et sous une pression isostatique de l'ordre
de 1000 bars. La barre ou petit lingot obtenu sert ultérieurement de matière première pour
un travail de forgeage. La préparation est coûteuse car il s'agit d'une technologe sophisti-
quée. L'avantage est de pouvoir employer des poudres beaucoup plus chargées en carbone
ou en chrome, de choisir des compositions qu'il n'aurait pas été possible de travailler
autrement. Les lames bénéficient d'un double mécanisme de durcissement par la marten-
site de trempe et par la formation de très nombreux petits carbures de type M2,C6 à
l'échelle micronique dans la couche la plus riche en éléments d'addition (fig. 2-8-4). De tels
carbures permettent peut être de retrouver le fameux tranchant des authentiques épées de
Damas, tranchant obtenu grâce aux microdentures formées par les carbures de cémentite
dans la matrice. De plus, la possibilité d'incorporer des éléments d'alliage permet d'éviter
une trop grande sensibilité à la corrosion. Un motif répétitif peut être obtenu par simple
torsion à chaud. Le damassé obtenu est techniquement excellent. La différence avec les
damassés coforgés est essentiellement artistique car ce ne sont plus des pièces uniques.
Deuxième partie
des microstructures
dans les alliages de fer
Le microscope optique, sans lequel la microstructure ne pourrait être observée, fut conçu par l'anglais
Robert Hooke (1635-1702) et développé par le hollandais Antoine V a n Leuwenhoek (1632-1723)
pour examiner des draps ! Puis, le microscope devint u n instrument très populaire comme en témoi-
gne cette réflexion d'un humoriste :
N Trouver pour toute chose le microscope qui convient, et si cela n'est possible, essayer de tout voir en
Figure 3-1-1 :
A) Visualisation des empilements pour
les structures cc et cfc.
Les pans coupés sont les plans les plus
denses. Remarquer la symétrie binaire
du plan (110) pour la structure cc et
celle ternaire du plan ( I I I ) pour la
structure cfc.
dans l'interstice). Ces sites sont dits octaédrique ou tétraédrique suivant le nombre
d'atomes de fer immédiatement voisins (fig. 3-1-1 et tableau 3-2-2).
La structure c ~ b i pfaces
e centrées peut être décrite comme un empilement de plans compacts.
Ce sont des plans dans lesquels l'arrangement des atomes est le plus compact possible.
L'arrangement le plus compact pour un plan est formé de triangles équilatéraux qui déter-
minent une symétrie hexagonale. Notons ce plan A et B un plan décalé par rapport à A
dont les atomes sont logés dans une dépression sur deux du premier plan. Les atomes du
troisième plan C se trouvent soit à l'aplomb des dépressions non occupés par le plan B,
soit à l'aplomb des atomes du plan A. La première séquence d'empilement est ABCABC.
La deuxième séquence est ABABAB, elle correspond à la structure hexagonale compacte
avec le même nombre de proches voisins et la même compacité.
Tableau 3-2-2 :Rayon ri des sites interstitiels dans quelques réseaux enfonction du rayon atomique I;
Nc est le nombre de proches voisins, N est le nombre de sites rapporté à un atome:
le rayon atomique du fer est 0,126 nm.
Structure Site Nc N rinm
structures compactes tétraédrique 4 2 0,225 r
cfc et hc octaédrique 6 1 0,414r
CC tétraédrique 4 6 0,291 r
octaédrique<100> et 4 10> 6 3 0,154 r et 0,633 r respectivement
40 LA MICROSTRUCTURE DES ACIERS ET DES FONTES
Tableau 3-2-3 :Rayon atomiques des éléments légers susceptibles de se loger dans les interstices
et rayon du fer pour comparaison.
Elément Hydrogène Oxygène Azote Carbone Bore Fer
r nm 0'03 0,071 0,071 0,077 0,087 0,126
Dans la structure cubique faces centrées de l'austénite, les deux sites interstitiels ont des
tailles différentes. Seul le site octaédrique pourrait loger un atome de 0,052 nm de rayon
(0,414~0,126).Les atomes de carbone sont donc beaucoup plus à l'aise dans les sites
octaédriques même en tenant compte d'une déformation du réseau inévitable compte tenu
de leur taille. Dans la structure cubique centrée de la ferrite, le site tétraédrique est plus
grand que celui de l'austénite. Cependant, c'est le site octaédrique qui sera occupé et, dans
ce cas, la présence de carbone provoque une distorsion dissymétrique. Ces simples consi-
dérations expliquent pourquoi la limite de solubilité du carbone est beaucoup plus grande
dans l'austénite que dans la ferrite.
Néanmoins, l'aspect volumique justifie seulement de façon partielle le fait que l'azote a
une plus grande solubilité que le carbone dans l'austénite. Il n'explique pas son effet
durcissant plus significatif. En fait, l'azote renforce les liaisons interatomiques, il accroît la
concentration en électrons libres, alors que le carbone apporte la contribution de ses élec-
trons à la bande 3d du fer. Cette liaison intermétallique facilite l'établissement d'un ordre à
courte distance dans l'austénite comportant de l'azote (un état précurseur de la structure
Fe4N), tandis que dans l'austénite comportant du carbone les liaisons plutôt covalentes
favorisent la mise en amas [Gav98].
Figure 3-3-2 : r
- TOC
1500
Diagramme de phases Fe-Co calculé. TK
Tc indique la température de Curie; 1100- - .. Y -
0,55-1261 K
Les flèches désignent les maxima -1300
avec la composition et la température
correspondantes. D'après [ColOO]. 900 -
-
- 900
700
I I I I I I I I I
O 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Figure 3-3-3 :
Diagramme de phases Fe-Ni calculé
adapté d'après [Ans961 (voir aussi
[Yan96]).
La loupe L indique la transformation
de mise en ordre avec transfert de
masse. En traits avec pointillés des
transformations magnétiques en
phase cfc paramagnétique et cfc fer-
romagnétique métastable. Bien qu'il
s'agisse d'un système courant, le dia-
gramme ne peut pas être considéré
complètement fiable en dessous de
400°C.
Les composés
Le caractère métallique des liaisons est majoritairement contrôlé par les électrons non
appariés. Du point de vue de la structure atomique fondamentale, les atomes du groupe
VIIIA du tableau périodique dits éléments de transition, dont principalement le fer, le
nickel et le cobalt, ont une couche d'électrons d pratiquement remplie et sont potentielle-
ment accepteurs d'électrons pour achever le remplissage. A l'inverse les atomes des
Tableau 3-4-1 ::Carbures, sulfures et nitrures les plus fréquemment rencontrés dans les aciers.
Phases Symbole de Strukturbericht Groupe d'espace Prototype
Pearson
Fe3C Pnma Fe3C
X-Fe5C2,Hagg C2/c Mn5C2
E-Fe2C-Fe3C ~3ml
Fe2C Pnnm CFe2
Cr7C3, M"7C3 Cr7C3
T - C ~ ~Fe21M02C6
~C~, Fm3m C6Cr23
MoC, WC p6m2 WC
Mo2C, W2C, Fe2C PB3/mmc w2c
~ - w ~ ( FMn)C
e, P63/rnrnc w9co3c4
y-M&, ( N i c ~ F e ) ~ ( M o w T a ) ~ C F d3m cFe3W3
5-Fe2MoC P222, Fe3C modifié
VC(V4C3),VN, CrN Fm3m NaCl
y'-Fe4N Pm3m Ca03Ti
c-Fe2N P63/mmc w2c
y-FeS, CrS P63/mmc NiAs
a-MnS Fm3m NaCl
Z, NbMoN, TaMoN, NbCrN P4/nmm CaGaN
AIN Pm3m ZnS
P-Cr2N (X=N, C) ~31m E Fe2N
groupes IVA, VA et VIA dits éléments réfractaires avec le titane, le vanadium, le zirco-
nium, le niobium, le molybdène, le tungstène et le tantale jouent le rôle de donneurs parce
qu'ils ont des électrons non appariés. De nombreuses phases intermétalliques se forment
entre les éléments de transition et les éléments des groupes IV, V et VI. La plupart des
composés peuvent être classés par rapport à des composés à deux éléments avec une
stœchiométrie A3B, A2B, A5B3,A7B6,AB. Les éléments de type A sont : Sc, Ti, V, Cr, Y,
Zr, Nb, Mo, La, Hf, Ta, W, Ac ; et les éléments de type B sont : Mn, Fe, Co, Ni, Cu, Tc,
RU,Rh, Pd, Ag, Re, Os, Ir, Au. Les principaux composés rencontrés dans les aciers sont
regroupées dans le tableau 3-4-2.
Tableau 3-4-2 :Composition nominale et structure de composés les plus fréquents. [Cam81].
Noms Formules Symbole Struktur- Groupe Prototype
de Pearson bericht d'espace
V, 01186 ~ 2 h ~Immm
~ Mn4Si
X Fe1&r6M05 cI58 A12 143m aMn
Fe36Crl ~ ~ 0 1 0 9
P2 Cr(12-x)Fe13M0(2+x)Ni3 mP30 monoclinique P2 CrFe incliné
G Nil6Ti6si7 Ni16Nb6Si7 C ~ C
Avec une approche similaire Frank et Kasper, dont les travaux ont été publiés en 1958-59,
ont montré que la structure des composés des alliages complexes pouvait se décomposer
en assemblage de polyèdres dérivés de l'icosaèdre ; le polyèdre de Friauf apparaît alors
comme l'un de ces dérivés. Les phases de Frank-Kasper consistent donc en polyèdres
construits à partir d'antiprismes pentagonaux (phases de Laves), ou hexagonaux (phase o
et structures de la même f a d e ) ou mixte (phase P) (voir ouvrage de synthèse [Sin72]).
Les composés de type A2B sont les plus nombreux dans les aciers car le fer forme de telles
phases avec tous les éléments des groupes IV, V et VI sauf le vanadium. Parmi ces
composés, il faut distinguer les phases qui ont les structures cristallographiques C14, Cl5
et C36 et constituent le groupe des phases de Laves. Plusieurs de ces phases ont une
stœchiométrie rigoureuse entre les éléments A et B où A est l'élément de transition.
46 LA MICROSTRUCTURE DES ACIERS ET DES FONTES
L'interprétation des diagrammes de phases binaires étant considérée comme acquise, ce chapitre pré-
sente de façon concise les particularités liées à la lecture des diagrammes ternaires ou même multi-
constitués. Six systèmes ternaires sont analysés en détails à titre d'exemples, ce sont : Fe-Cr-C,
Fe-Ni-Cr, Fe-Mn-S, Fe-Co-Cu, Fe-Mo-Cr et Fe-Cl? 12s ont été choisis parce qu'ils réunissent toutes les
configurations des réactions typiques entre phases rencontrées dans les systèmes à base fer, ce qui les
rend représentatifs des aciers.
Les représentations calculées6 seront largement utilisées dans cette partie d'initiation à la lecture des
diagrammes ternaires car, elles seules, permettent de tracer u n grand nombre de coupes isothermes et
d'isoplètes nécessaires pour une étude homogène et cohérente de leur évolution en fonction des divers
paramè tres.
Un système est une quantité de matière fixée. Le nombre total de moles est fixé, mais non
défini. Seule est définie la composition, c'est-à-dire la concentration des différents consti-
tuants structuraux soit des éléments, soit des composés. Si le système comporte N consti-
tuants, la composition est définie par N- 1 concentrations. Elle peut être définie par les
fractions atomiques ou molaires, les pourcentages atomiques ou massiques. L'usage dans le
domaine des aciers est d'utiliser les pourcentages massiques. Par la suite, la plupart des
diagrammes seront établis ainsi, excepté lorsqu'il est intéressant de mettre en évidence une
stœchiométrie particulière.
6. Dans la majorité des cas les calculs ont été effectués en utilisant les logiciels Thermocalc ou
Pandat avec les données de la base SGTE disponibles en 2003
48 LA M I C R O S T R U ~ U R EDES ACIERS ET DES FONTES
toutes les phases concernées, en particulier les phases intermétalliques. Plusieurs parmi ces
dernières n'existent pas dans les systèmes binaires. Cependant, elles peuvent être trouvées
dans au moins un des systèmes ternaires de base. Cette idée est à la base du présent
chapitre qui accorde une grande place aux systèmes ternaires car ils constituent de bons
guides, indispensables et souvent suffisants pour comprendre les structures d'alliages de
type industriel. Enfin, un aspect pratique essentiel est que les systèmes ternaires offrent
plusieurs possibilités de représentations géométriques.
L'addition d'un élément à un système donné incrémente la variance d'une unité, ce qui
donne un degré de liberté supplémentaire. Par exemple, sur une représentation géomé-
trique, un équilibre à trois phases est représenté par un ensemble de trois lignes poly-
thermales dites monovariantes dans un système ternaire au lieu de trois points dans un
système binaire. La Igne liqziidus d'un système binaire devient une surface dans un système
ternaire. L'ensemble des nappes qui correspondent à l'équilibre entre le liquide et chacune
des phases concernées constitue la surface bziidzis. Pour les mêmes équilibres concernés
dans un système quaternaire, les lignes deviennent des surfaces et les surfaces volumes.
Dans le domaine à trois phases a, b, c, les proportions de phases sont définies en fonction
des segments déterminés sur les conodes en reliant la composition globale avec les points
représentatifs des phases (fig. 4-1-3 et relation 4-1-4). Les proportions ainsi définies se
rapportent à l'unité qui a servi à construire le diagramme : fraction molaire, pourcentage
massique ou atomique habituellement. La relation n'est pas directe avec la proportion
observée sur la micrographie ou mesurée en analyse d'images. Il faut utiliser le volume
molaire de chaque phase pour établir une correspondance.
(a)=rrn/ar ;(b) = sm/bs ; (c) =tmlct
ou aussi (a)=cs/ac ; (a) =btlab
Les règles de voisinage entre les domaines adjacents sont bien définies par rapport au
nombre de phases, aux angles de raccordement et aux tangentes entre domaines Fri661.
Un domaine à une phase ne peut pas être adjacent à un domaine à trois phases, ni à un
autre domaine monophasé (excepté dans le cas de réactions du second ordre comme la
mise en ordre). Il est obligatoirement entouré de domaines biphasés sur les côtés et
triphasés aux sommets. Toutefois, certains tracés peuvent comporter des domaines qui se
LA MICROSTRUCïURE DES ACIERS ET DES FONTES
Figure 4-1-3 :
Représentation d'un diagramme ternaire et
règle du barycentre.
Il y a trois sortes de domaines: monophasé
autour des phases A, B et C; biphasé dans les-
quels sont dessinées quelques conodes et enfin
triphasé à l'intérieur du triangle de conodes
abc. Les pourcentages de phases sont exprimés
par les relations 4-1-2 et 4-1-4. Les extensions
métastables des courbes de limites de phases
qui se coupent en a, b ou c doivent se trouver
toutes les deux à 1 'intérieur ou à l'extérieur du
domaine triphasé au voisinage des points
d'intersection.
réduisent en apparence à une courbe lorsqu'ils sont très étroits. Ces règles découlent des
propriétés des fonctions thermodynamiques, en particulier de leur continuité en fonction
de la température. Elles sont donc respectées lors du calcul des diagrammes.
Les réactions
Puisque l'état d'équilibre est unique, le passage d'un état d'équilibre à la température T I à
un autre état d'équilibre à la température T2 est considéré comme réversible. L'état d'équi-
libre à T2 est l'aboutissement d'une réaction qui se produit au cours du changement de
température entre Tl et T2.Dans un système binaire, les équilibres entre trois phases sont
invariants. Aussi le passage à une autre température inférieure implique la disparition d'au
moins une phase pour que le système puisse à nouveau évoluer. Par exemple, si c'est le
+
liquide qui disparaît, la réaction s'écrit L a + b. Cette réaction est dite eutectique.
Un nom a été attribué à toutes les réactions qui se passent an refraidkrement à partir d'un
état invariant à trois phases, suivant les produits formés. Ces réactions portent un nom
avec le suffure iqne pour les réactions entre un liquide et deux solides et oide pour les réac-
tions entre trois solides. Soient LI et L2 les phases liquides et a' b et c les phases solides :
L+a+b réaction eutectique
c+a+b réaction eutectoïde
L+a+b réaction péritectique
a+b+c réaction péritectoïde
a+b+L réaction métatectique
Ll+a+L2 réaction monotectique
L1+L2+a réaction syntectique
Par extension, les mêmes noms de réactions sont utilisés pour les systèmes ternaires
lorsque l'équilibre de départ n'est plus invariant mais monovariant. Il y a aussi des réac-
tions ternaires à partir d'équilibres invariants à quatre phases. Celles qui sont le plus
évoquées par la suite sont :
LESDIAGRAMMES DE PHASES
Si tous les termes Am pour a, b et l sont positifs, la relation 4-1-5 n'est pas vérifiable. Donc
supposons Aml est négatif, soit une diminution de la proportion de liquide :
la réaction est eutectique si dma et Amb sont positifs,
la réaction est péritectique si Ama ou Amb est négatif.
A partir d'un état d'equilibre à une température donnée avec les trois phases en présence,
le caractère de la réaction dépend de lewsproportians respectives représentées par la position du
point de composition dans le triangle de conodes. D'après la relation 4-1-6, il est possible
que la réaction soit péritectique dans certaines zones de ce triangle, et eutectique dans
d'autres.
Règle de la tangente pour un système ternaire
La distinction entre péritectique et eutectique est simplifiée dans le cas particulier où il n'y
a pas encore de solide à la température T et que la composition globale da liquide est représentée
par unpoint de la Igne monovamante. Ce cas est illustré par le système ternaire bordé par deux
systèmes binaires (fig. 4-1-7) comportant respectivement une réaction péritectique à la
température TI et une réaction eutectique à la température T' L'évolution des équilibres
monovariants est représentée par les triangles de conodes à T2, T3 et T4 dans la représen-
tation spatiale (fig. 4-1-7 A). La projection de la tangente à la ligne monovariante a été
tracée sur l'agrandissement (fig. 4-1-7 B). Elle coupe la ligne aibi en un point indiqué tgi.
Figure 4-1- 7 :
A) Configuration des conodes reliant les phases ai, bi et le
liquide sur la ligne monovariante,
B) tgi est à l'intersection de la tangente avec la ligne aibi
réactionpéritectique a2 + L + bl
réaction eutectique L+ a4 + b4
transition tg3 confondu avec b3
solution géométrique bien connue dans le cas d'un système binaire qui revient à chercher
la tangente commune aux courbes d'enthalpies libres de chaque phase en fonction de sa
composition pour une température donnée. La généralisation aux diagrammes ternaires
consiste à construire les plans tangents communs aux surfaces d'enthalpie libre.
Le calcul des diagrammes d'équilibre nécessite de connaître les valeurs d'enthalpie libre de
toutes les phases présentes en fonction de la composition et de la température. Le
problème est que les valeurs intrinsèques des enthalpies libres ne sont pas connues, ce sont
les différences d'enthalpie libre des phases qui sont exprimées par rapport à un état de
référence commun. Ces différences sont estimées ou déterminées expérimentalement.
L'enthalpie libre de mélange Ai-3 pour former un composé AB est la différence d'enthalpie
libre entre l'état initial des corps purs A, B et l'état final du mélange AB. Un usage
commode consiste à prendre comme état de comparaison un mélange idéaL dans lequel le
potentiel chimique du constituant référence est représenté par une fonction RTln(xlJ
(R constante des gaz parfaits ; T température absolue; 9concentration de l'élémentj.
L'écart à l'idéalité est exprimée par une enthalpie libre d'excès de mélange AG^' exprimée
par la relation 4-2-1 :
Le signe de l'enthalpie libre d'excès de mélange AG^' donne une indication sur le caractère
des liaisons entre les éléments A et B. Une valeur positive est l'indication de forces répul-
sives alors qu'un valeur négative est l'indication de forces attractives. Il est souvent fait
référence globalement à l'enthalpie libre d'excès pour qualifier un système. Une valeur
négative forte implique la formation de composés intermétalhques comme dans le système
Fe-Mo-Cr ($4-11). Une valeur positive implique une tendance à la démixtion comme dans
le système Fe-Co-Cu ($4-10). Ces caractéristiques bien différentes ont motivé le choix de
ces deux systèmes.
Différentes méthodes existent pour donner une expression à l'enthalpie libre ou à la fonc-
tion exprimant les interactions atomiques, les méthodes ab initio et les méthodes par opti-
misation des paramètres thermodynamiques.
développées rapidement depuis 1990. Elles sont qualifiées ab initio, puisqu'il suffit, en prin-
cipe, de connaître les numéros atomiques des éléments du système considéré et la struc-
ture cristalline de/des composés considérés [ColOl]. Les calculs de ce type sont
quelquefois dits apriori soulignant ainsi leur aspect en amont des méthodes d'optimisation.
sites à consulter :
ChemCAD http ://www.chemcad.fr
FactSage http ://www.Factsage.com
MTDATA http ://www.npl.co.uk
Pandat http ://www.computherm.com
Thermocalc http ://www.thermocalc.se
Thermodata http ://online.fr
LESDIAGRAMMES DE PHASES 55
dizaines d'années, servent encore de données de base. Même si les faits expérimentaux
restent d'actualité, l'interprétation doit être analysée de façon critique compte tenu de la
précision des mesures et de la sensibilité des moyens de l'époque.
Date de mise àjour
Un décalage peut exister entre la publication de résultats expérimentaux et la prise en
compte de ces résultats. La correction d'une base de données est un travail très lourd, de
plusieurs années, car il n'estpaspossible de modgeer les données d'ztnepbase isolément. Les données
de base des phases sont remises en question de façon à éviter une utilisation excessive de
paramètres d'ajustement. Quelques systèmes de base ont été révisés un grand nombre de
fois.
Modélisation des phases
Certaines phases sont difficiles à modéliser. Par exemple, la seule phase o des aciers a fait
l'objet de nombreuses tentatives de modélisation [Ans94, [WatOl]. En effet, cette phase
comprend 30 atomes par maille qui sont répartis sur cinq sous-réseaux cristallographique-
ment indépendants. Idéalement, la modélisation devrait aussi comporter cinq sous-réseaux
mais cela impliquerait un très grand nombre de paramètres (selon le type de modélisation).
En conséquence, la phase est décrite avec seulement trois sous-réseaux : (A,B)18(A)14(B)8
OU (A,B)10(A)4(B)16,le fer étant représenté par les atomes B. Des paramètres d'énergie de
mélange (enthalpie libre d'excès de Gibbs) permettent d'ajuster les possibilités de substitu-
tions d'atomes A ou B. Seulement, ces mêmes paramètres peuvent intervenir aussi dans
d'autres équilibres, al? par exemple, et dans d'autres systèmes. Leur ajustement est labo-
rieux afin de prendre en compte l'ensemble des systèmes impliqués.
Les simplifications
De nombreux d'éléments interviennent dans le cas des aciers. Le calcul des équilibres de
phases est alourdi dans des proportions telles qu'il est impossible de prendre en compte
toutes les interactions possibles. La nécessaire simplification du calcul conduit la plupart
du temps à négliger certains paramètres.
Le champ d'utilisation
Les données optimisées pour les équilibres d'un système donné produisent souvent un
diagramme en excellent accord avec le diagramme de phases expérimental consacré.
Cependant, les données extraites de telles bases peuvent s'avérer inexploitables lorsqu'elles
sont utilisées dans un autre contexte, par exemple dans une gamme de température ou de
composition marginales par rapport aux sources expérimentales. C'est le cas de données
extrapolées à des températures relativement basses.
La littérature des diagrammes est devenue volumineuse. Les synthèses, l'examen critique
comparatif des résultats sont devenus indispensables. Citons le célèbre Handbook de
Hansen [Han581 qui est un des premiers recueils de diagrammes binaires provenant de la
compilation des résultats expérimentaux. Pour les raisons citées ci-dessus, même les
compilations plus anciennes méritent l'attention car elles comportent des références non
informatisées par les bibliothèques standard. Depuis les années 80, ce travail de compila-
tion critique a été développé et réactualisé régulièrement en recueils spécialisés : Hdndbook,
livre rouge, séries de diagrammes ternaires publiés par 1'Indian Institute of Metals, VCH,
ASM. Une indication particulière signale ce genre d'ouvrages dans la liste des références.
1 I 1 1 I a
Ferrite 6
K
Ferrite a
Figure 4-4-1 :
Systèmes Fe-Graphite (en gris) et 400
Fe-cémentite (en noir).
Diagramme de phases calculé Fe
Le système Fe-Cr-C
Comme pour le système Fe-C il faut considérer deux possibilités, stable et métastable. En
fait, le chrome est un élément fortement carburigène qui stabilise tous les carbures, y
compris la cémentite. C'est le système métastable qui est la référence dans le cas des aciers
puisque le graphite ne se forme jamais dans la gamme de composition et les conditions de
58 LA M I C R O S T R U ~ U R EDES ACIERS ET DES FONTES
Figure 4-4-2 :
Système F e G
Diagramme de phases calculé.
Fe
diamant
CnC
9 Cr23C6
t
1ooa -4&-
IO 20 I l
Cr
leur élaboration. Le problème est différent pour les fontes dans lesquelles certains
éléments d'addition et certaines conditions opératoires favorisent l'apparition de graphite.
Plusieurs versions des diagrammes stables et métastables ont été publiées parmi lesquelles
[Bun58], [Gri62], IJac701, [For73], [Piv84] (compilation), [Tho85], [And88]. Les modifica-
tions ont porté essentiellement sur l'étendue du domaine de la phase Cr23C6 qui a été
longtemps l'objet de controverses. Le domaine était primitivement raccordée à la nappe
primaire de l'austénite vers des teneurs de 20 % en chrome. La divergence peut s'expliquer
par le fait que les carbures primaires M7C3 ne sont plus stables au refroidissement et se
transforment facilement en carbures M23C6 à des températures encore élevées. Depuis la
fin des années 90, il y a une bonne convergence entre les auteurs, aussi bien pour les
versions expérimentales que calculées.
LES DUGRAMMES DE PHASES
Figure 4-4-4 :
Système Fe-Cr-C métastable.
Vue perspective simplifié adaptée d'après
[Jac70] pour des teneurs en carbone infé-
rieures à 5 %. Les lignes noires sont les
lignes monovariantes qui séparent les nappes
primaires. Conventionnellement les équili-
bres eutectiques sont signalés par une flèche
et les équilibres péritectiques par deux flè-
ches. Les lignes en pointillés sont aussi des
lignes polythermales, elles représentent les
compositions des phases en équilibre avec un
liquide sur la ligne monovariante. Il y a trois
équilibres invariants:
Liquide + a + M23C6 + M7C3
Liquide + a + y + M7C3
Liquide + y + M7C3 + M3C
Figure 4-4-5 :
Système Fe-Cr-C (graphite) dit stable.
Projection du liquidus calculée dans le coin
riche en fer. Dans le diagramme Fe-Cr-C
avec cémentite, dit métastable, le domaine
du graphite n'existe pas.
Fe3C, Cr7C3, Cr23C6,la ferrite et l'austénite. La différence entre les deux versions provient
de la présence de la nappe primaire du graphite dans la version stable. La ferrite est
appelée a-Cr du côté chrome et &-Fe du côté fer mais il s'agit de la même phase cubique
centrée ;il y a rniscibilité totale. Les lignes qui séparent ces nappes sont les lignes monova-
riantes eutectiques et péritectiques.
Isothermes
Dans un diagramme ternaire, Z'isotberme Tiest la section du diagramme par un plan repré-
sentatif d'une température donnée (fig. 4-5-1 A). Deux sortes de lignes figurent sur
l'isotherme : d'une part les limites de phases qui sont les traces courbes des volumes
monophasés sur le plan de la température Tiet d'autre part les conodes, segments de
droites qui relient les phases en équilibres. Par application de la règle du barycentre dans le
triangle délimité par les conodes il est possible de déterminer la proportion de chaque
phase (par exemple M23C6,a et le liquide) en fonction de la composition globale.
Isoplètes
L'isoplète Ciest la trace du diagramme dans un plan vertical pour lequel une seule variable
de composition a été fixée (fig. 4-5-1 B). Les lignes sont les frontières des domaines dans
lesquels apparaissent le même ensemble de phases. Cette représentation permet seulement
de connaître quelles phases seront présentes pour une composition donnée dans le plan à
une température donnée. En général, les conodes ne sont pas contenues dans cette section
(sauf en cas de section quasi-binaire) et la règle da levier ne s'appliqaepas.
Les deux sections des figures 4-5-1 A et B sont perpendiculaires, elles ont une trace
commune pour la teneur en chrome de 80 OO/ sur l'isotherme et la température de 1427 OC
sur l'isoplète. Ces sections peu habituelles dans le cas des aciers ont été choisies à cause du
caractère exemplaire de la configuration des domaines de phases. Les lignes monovariantes
polythermales figurées en gris sont situées hors des plans. Leur intersection avec ces
derniers se limitent à un point, Lors du refroidissement :
+
la réaction eatectiqzie est : L a + M23C6.Il y a disparition du liquide au profit des deux
solides. Le plan tangent à la ligne monovariante coupe la conode a/MZ3C6à l'intérieur du
triangle (voir 5 4-1).
la réactionpém'tectiq~eest : L+M7C3 + M2&5.Il y a disparition d'une phase solide. Le
plan tangent à la ligne monovariante coupe la conode MZ3C6/M7C3à l'extérieur du
triangle.
Equilibre invariant
Pour un système ternaire, à l'intersection de deux lignes monovariantes, quatre phases sont
en présence, la réaction est invanante (fig. 4-5-1 C, D et E). Toujours dans la même fourchette
de compositions, trois isothermes sont tracées, dont deux pour des températures
LESDJAGRAMMES DE PHASES
Figure 4-5-1 :
Système Fe-Cr-C. Les lignes grises représentent les
lignes monovariantes eutectique et péritectique, elles se
situent hors du plan considéré.
Les domaines à trois phases concernés :
a / L i q ~ i d e / M ~; ~L C i q~ ~ i d e / M ~ ~ c ~; / M ~ C ~
L i q ~ i d e / M ~ ~ c ~ sont
/ M ~colorés
C ~ , en gris clair;
A) Isotherme calculée à 1427 OC ;
B) Isoplète calculéepour une teneur de 80 % Cr;
Systèmes multiconstitués
Dans le cas de système à plus de trois éléments, les conodes ne sont pas dans le plan de la
section isotherme et il n'est plus possible d'appliquer géométriquement la règle du bary-
centre. Une exception existe lorsque la section peut être considérée comme quasi-ternaire
avec la composition d'un élément fixé, par exemple entre trois composés stœchiométri-
ques A3B/A3C/A3D. La section isotherme et l'isoplète permettent seulement de savoir en
fonction de la température le nombre et la nature des phases rencontrées mais pas leur
composition.
Conditions réversibles
Lorsqu'un alliage liquide est refroidi dans des conditions dites réversibles, il est supposé
passer par une succession d'états d'équilibre entre les phases homogènes à l'état liquide et
à l'état solide. Le principe de conservation de la masse fait que les conodes aux différentes
températures passent toutes par la composition du liquide initial.
Le chemin de cristalhsation est le lieu des compositions de la phase liquide pour chaque
température. Les deux chemins de cristallisation analysés (fig. 4-6-1 A et B) sont imaginés
pour deux compositions initiales différentes m e t p et les phases solides appelées a et c
pour alléger le dessin. En continuité avec les schémas précédents dans le domaine riche en
chrome, les phases concernées pourraient être MZ3C6et M7C3.En résumé :
A :cristallisation de la composition m 1 B :cristallisation de la compo.sition p
mll m'stallisation de c seule pll m>tallisationde c sede
III3 m'stallisation c + a, en I3 disparition dzl liquide III3 m'stallisation c + a, disparition de c
1,14 m'stallisatioon de a, en I4 disparition du liquide
Figure 4-6-1 :
Evolution de la composition du liquide pour deux compositions initiales m et p entre les températures
décroissantes Ti TI, T2, T3 et T4 dans les conditions réversibles. Les lignes a, c (traitspointillés) et 1
(ligne grise) sont des lignes polythermales, lieu des compositions des solides a et b et du liquide asso-
ciées à l'équilibre monovariant péritectique. En gris, les triangles de conodes à Ti.
A) TL est la température du liquidus et TLm c est ~ la~première conode (tirets);
à Tl le liquide II est en équilibre avec cl et apparition de al;
à T2 les proportions de a2 et c2 en équilibre avec le liquide l2 sont respectivement c2s/a2c2,a2s/a2c2;
à T3 le point m est sur la ligne a3c3; il n 'y a plus de liquide.
B) Les étapes du chemin de cristallisation pour Tl et T2 sont identiques mais le liquide n'est pas
épuisé à T3, il est en équilibre avec une seule phase a, le chemin de cristallisation se prolonge jusqu 'à
épuisement de 1 lorsque le point p rencontre la surface solidus en p4.
point de départ. Le processus se répète de proche en proche pour chaque nouvelle tempé-
rature (fig. 4-6-2). Le chemin de cristallisation s'arrête à l'épuisement du liquide à une
température appelée aussi solidzs.
Des chemins de cristallisation dans des conditions plus complexes et plus proches de la
réalité expérimentale sont analysés 6-3.
Toujours pour la même configuration d'une composition sur la nappe liquidus du carbure
M7C3,les deux chemins de cristallisation sont présentés sur la figure 4-6-2. Le chemin sans
diffusion forme la succession de phases ou de constituants : M7C3primaire, M2,C6 péri-
tectique, M23C6/a eutectique, M7C3/a eutectique, puis (hors schéma) M 7 c 3 / ~ eutectique,
M3C/y eutectique. L'ultime goutte de liquide a la composition de l'eutectique au plus bas
point de fusion.
Pour éviter toute confusion, comme il est précisé sur le schéma de la figure 4-6-2, la fin du
chemin de cristallisation est notée TSthpour les conditions d'équilibre complet, c'est-à-dire
avec toutes les phases en équilibre et homogènes et TSbpour les conditions sans diffusion
ou avec diffusion partielle. Il faut remarquer que dans ces dernières conditions les lignes
péritectiques sont toujours franchies comme le montre le cas considéré.
MICROSTRUCRIRE DES ACIERS ET DES FONTES
Figure 4-6-2 :
Système Fe-Cr-C, chemin de cristallisation
dans le cas réversible et dans le cas sans dif-
fusion. Vueperspective et projection dans le
plan de composition.
Les lignes fléchées en gris sont les projec-
tions des lignes monovariantes eutectique et
péritectique dans le plan des compositions,
les lignes en pointillés sont les projections
des lignes polythermales des limites de pha-
ses a, M23C6,et M7C3 associées aux équili-
bres monovariants.
Le chemin mTL-qthcorrespondant aux condi-
tions d'équilibre réversible s'arrête à I'épui-
sement du liquide. Le chemin mTL-& cor-
respondant aux conditions sans diffusion
dans le solideforméfianchit la ligne péritec-
tique puis suit la ligne eutectique jusqu 'à un
équilibre eutectique invariant ternaire ou
dans le cas présent un eutectique binaire
y/M3C.
Figure 4-7-1 :
Système Fe-Cr-C, section isotherme à
880 OC. Les phases présentes sont 880°C
indiquées seulement pour les domai- Liquid
nes mono et triphasés. + M3c2
La loupe indique le domaine triphasé
a/?/M23C6 àfaire correspondre au
domaine correspondant de 1 'isoplète
à 14 % de chrome.
La répartition des domaines d'existence des carbures apparaît sur une section isotherme à
880 OC (fig. 4-7-1). L'échelle de concentration en carbone a été étendue jusqu'à 10 '/O pour
inclure entièrement les triangles de domaines à trois phases. Les trois carbures M3C M7C3
et M23C6 sont représentés par des droites. La stœchiométrie rigoureuse est imposée par le
calcul, mais elle est proche de la réalité. Grâce à la section isotherme à 880 OC, il est
possible d'évaluer la proportion de carbure M23C6 en appliquant la règle du barycentre au
LA MICROSTRUCTURE DES ACIERS ET DES FONTES
Figure 4-7-3 :
Système Fe-Cr-C, superposition des
isoplètes calculées pour diffërentes
teneurs en chrome.
Le schéma est limité au domaine
austénitique avec l'indication du
raccordement des domaines à trois
phases :
y /M3C/M7C3et y /M7C3/M&.
Figure 4-7-4 :
Système Fe-Cr-C, section isoplète à
0,l % c.
triangle de conodes aly/M2&. Cette proportion est très faible dans le domaine des aciers
à 14 % de chrome. L'isoplète (fig. 4-7-2) a une trace commune à 880 OC avec l'isotherme
précédente. Elle est focalisée sur le domaine de l'austénite, aussi l'échelle de concentration
est restreinte entre O et 1 O h C.
19 % de chrome. Ce schéma d'isoplètes simplifiées, publié en 1962, est devenu classique ;il
a été repris dans de nombreux livres de métallurgie [pob62]. La présentation actuelle est
réactualisée puisqu'elle est basée sur des isoplètes calculées à l'aide du diagramme Fe-Cr-C
récemment optllnisé. La transition entre les domaines M7C3/y et M2&/y est mentionnée.
Elle est matérialisée par la position du domaine triphasé (fig. 4-7-3). D'un point de vue
pratique, il faut remarquer que plus la teneur en chrome est grande, plus le domaine de
stabilité du carbure M7C3régresse vers les températures élevées.
Une autre isoplète à carbone constant est souvent utilisée car elle ~ a d u iles
t modifications
induites par le carbone sur le système Fe-Cr. La version calculée (fig. 4-7-4) pour 0,l O/' de
carbone n'est pas très différente de la version expérimentale publiée en 1958 [Bun58].
Le système Fe-Cr-Ni
Le diagramme de phases du système Fe-Cr-Ni met en évidence le rôle du nickel comme
un élément stabilisateur de l'austénite. Il agrandit le domaine de l'austénite et contreba-
lance de ce fait l'effet du chrome. Les phases du système ternaire sont celles des systèmes
binaires limitrophes. La phase o du système Fe-Cr est présente avec une large extension en
composition et en température et participe à des équilibres bi et tri-phasés.
La surface liquidus schématisée (fig. 4-8-1) comporte seulement deux nappes correspon-
dant à l'austénite et à la ferrite, nappes qui sont séparées par une ligne monovariante. Pour
les compositions le long de cette ligne, la réaction est péritectique côté fer et eutectique
côté Ni-Cr. Ce système de base a été beaucoup étudié expérimentalement [pay88] et les
diagrammes calculés sont en bon accord.
En phase solide, l'étendue des domaines respectifs de l'austénite et de la ferrite varie en
fonction de la température et de la composition au niveau de la boucle y. Une section
isotherme à 1300 OC montre l'étendue des domaines de solution solide à haute tempéra-
ture (fig. 4-8-2A). Pour avoir une idée de la topographie de la boucle y, une série
d'isoplètes calculées à nickel ou à chrome constant sont proposées (figures 4-8-2 B et C).
La trace correspondant aux teneurs de 18 O/O en chrome et de 10 % en nickel est indiquée
LA MICROSTRUCïURE DES ACIERS ET DES FONTES
Figure 4-8-1 :
Système Fe-Cr-Ni, nappe liquidus en vue perspec-
tive et projection des lignes polythermales: en poin-
tillés les lieux des solides en équilibre avec le
liquide de la ligne monovariante en gris pour cha-
que température.
En El et E2 la réaction est eutectique, les composi-
tions sont de part et d'autre de la ligne monova-
riante
En Pl et P2 la réaction estpéritectique, les composi-
tions sont du même côté de la ligne monovariante.
Figure 4-8-3 :
Système Fe-Cr-Ni, section isotherme
à 650 OC constituée de quatre domai-
nes monophasés a et a*, y et o (en
gris), deux domaines à trois phases et
cinq domaines biphasés dans lesquels
sont tracées quelques conodes.
A remarquer que la phase o est sus-
ceptible d'apparaître un peu en des-
sous de 20 % Cr. La température la
plus haute à laquelle elle apparaît
dans le système ternaire calculé est
964 OC au lieu de 818 OC dans le sys-
tème binaire Fe-Cr
Figure 4-8-2 :
Système Fe-Cr-Ni,
A ) section isotherme calculée à
1300 OC. Deux domaines a et y sont
séparés par un domaine biphasé dans
lequel sont tracées quelques conodes.
Les lignes en pointillés indiquent les
traces des isoplètes sur le plan de
composition.
B) série d'isoplètes calculées pour
des teneurs de 9, 18 et 24 %Cr.
Remarquer que le domaine biphasé
s'élargit lorsque la teneur en chrome
augmente.
C) isoplète calculéepour 1O % Ni.
Fe Ni pds %
TC
être lues sur ce type de diagramme. Des isoplètes semblables ont été déterminées expéri-
mentalement en 1930 par Bain et ce travail sert toujours de référence dans les ouvrages
sur les aciers.
La section à 650 OC (fig. 4-8-3) est destinée à montrer l'extension de la phase CF dans le
domaine ternaire où elle est stabilisée à plus haute température. Ce renseignement est un
guide pratique pour l'optimisation des aciers sachant que cette phase est redoutée car elle
adopte souvent une morphologie aciculaire en phase solide, morphologie qui confère une
grande fraghté à l'alliage.
70 LA MICROSTRUC~URE DES ACIERS ET DES FONTES
Figure 4-9-1 :
Système Fe-Mn. Diagramme de phases
d'après [Mas90].
I Liq.
916OC FeS
+A B
Figure 4-9-2 :
Système Fe-FeS.
y + Liq. A) zone montrant les limites de phases très
restreintes de lausténite et de laferrite.
Eutectique, 988°C B) liquidus du systèmejusqu 'à 50 % de sou-
fre. Diagramme calculé d'après [Mie98b],
y + FeS Péritectoïde. 916°C
les températures et les compositions de la
- réaction métatectique sont un peu diffëren-
l
tes suivant les auteurs.
Le système Fe-S a un intérêt pratique dans le domaine des aciers parce que le soufre est
une impureté résiduelle habituelle introduite par les minerais. La zone intéressante pour les
aciers est limitée au domaine entre le fer et le sulfure de fer. Un eutectique ?Fe-FeS se
forme à 988 OC pour une teneur de 44,6 OO/ at. de soufre (figures 4-9-2 B et 4-9-3 D),
LESDIAGRAMMES DE PHASES 71
Fas901. D'autre part, ce système comporte une réaction peu fréquente, la réaction méta-
tectique, appelée quelquefois catatectique Fag741. L'abaissement de température en
dessous de 1360 OC aboutit à la formation de liquide (fig. 4-9-2 A).
La réaction métatectique est dans le système considéré : 6 -+y + Liq
Le système Mn-S (fig. 4-9-3 C) comporte un composé MnS et la zone intéressante pour
les aciers est limitée au domaine entre le manganèse et le sulfure de manganèse. Côté
manganèse, il y a un eutectique très déporté 6-Mn/a-MnS à 1242 OC (soit 4 OC au
dessous du point de fusion du manganèse) pour une teneur de 1 % at. de soufre. Pour faci-
liter l'interprétation par rapport aux composés, tous les diagrammes sont tracés en pour-
centage atomique ou molaire. Ce système présente une réaction de démixtion entre deux
liquides, une réaction monotectique. Le domaine de composition dans lequel se produit
cette séparation est appelé cloche ou lacune de démixtion. Le terme est quelquefois impro-
prement utilisé pour désigner de simples domaines biphasés en phase solide.
La réaction monotectique est : Ll + a + L;!
Par comparaison, le système Fe-S ne comporte.pas de lacune de démixtion, mais simple-
ment une tendance à la démixtion qui est stabilisée par certains solutés. Une tendance
analogue existe dans les systèmes Fe-Cu (voir plus loin figure 4-10-1) ou Co-Cu.
Le système Fe-Mn-S
La principale caractéristique est la lacune de démixtion qui affecte une large plage de
compositions dans le système ternaire Fe-Mn-S (fig. 4-9-3 A, B, C et D). La vue perspec-
tive a été construite d'après les résultats expérimentaux compilés [RagSSb], Was90] et les
calculs à partir des données thermodynamiques optimisées postérieurement qui figurent
dans les bases de données classiques [Mie98b].
La zone la plus intéressante pour les aciers se limite au domaine Fe-Mn-FeS-MnS. Sur la
face du système binaire Mn-MnS, le liquidus borne une lacune de démixtion, dans laquelle il
y a séparation en deux liquides, LI riche en manganèse, et proche de MnS. La lacune
s'étend dans le ternaire presque jusqu'au système Fe-S.
Pour expliquer la dérnixtion, l'isoplète Fe-MnS est souvent utilisée. Elle est tracée comme
une section quasi-binaire. Cette assimilation est justifiée dans la mesure où les conodes, et
en particulier celle de l'équilibre entre les deux liquides, se trouvent presque dans le plan de
la section. L'isoplète Fe-MnS calculée (fig. 4-9-3 A et B) est légèrement décalée par rapport
à la véritable section quasibinaire (assimilée à celle qui comporte les conodes mentionnées
et les extrema des lignes monovariantes). Elle présente un petit domaine à trois phases
G/L1/MnS au lieu du seul point eutectique. Sur la section quasi-binaire, la ligne eutectique
atteint un maximum SI, les chemins de cristallisation empruntent des directions opposées
de part et d'autre. Ce type de maxima est quelquefois appelé selle de cheval. La ligne
monotectique comporte deux maxima S2 et Sg (fig 4-9-3 D). Ce ne sont pas des points
invariants, mais simplement des points pour lesquels le triangle de conodes se réduit à une
ligne.
72 LA M I C R O S T R U ~ U R EDES ACIERS ET DES FONTES
700. , ,
a+MnS
, , . , , , , 1240.! f
O O J O,4 0,6 O,8 I O 0,02 0,04 0,06
Fe MnS mole% Fe MnS mole%
Figure 4-9-3 :
Système Fe-Mn et Fe-Mn-S:
A) section Fe-MnS calculée.
pMn+MnS B) agrandissement côté fer ;le domaine ter-
800 - ,aMn+MnS
Y naire G/liquide/MnS est réduit à un point
O 02 04 0,6 0,8 I invariant dans une véritable section
Mn MnS mole% quasi-binaire.
C) système Mn-MnS. La configuration est dg-
férente de celle du schéma expérimental à
proximité du manganèse dans laquellefigure
un eutectique [Rag88b].
D) vue perspective et projection sur le plan
de compositions, adaptées d'après la projec-
tion du liquidus de [Rag88b] et les sections
calculées [Mie98b].
Par souci de lisibilité, la zone entourant la
lacune de miscibilité est élargie.
La trace de la section quasibinaire proche de
la ligne Fe-MnS est figurée en traits poin-
tillés sur la projection. Les points S appar-
tiennent à cette section. A titre de repères,
quelques températures:
L1-L', 1571 OC
L2-L'2 1654 OC
SI 1512 OC
S2-S3 1671 OC
El 1242 OC
E2 1506 OC
Es 1182 OC
P 1006 OC (pseudo-péritectiqueFeS-Fe-MnS)
F 988 OC (eutectiqueFe-FeS)
LES DIAGRAMMES DE PHASES
Figure 4-9-4 :
Système Fe-Mn-S, section iso-
therme à 1600 OC. Les domaines tri- . MnS
phasés sont indiqués par lesjlèches.
Une loupe grise indique la direction
de q u e l q u e s c o n o d e s d a n s l e
domaine biphasé MnS-Liq. où les
compositions évoluent respective-
ment de (MnFe)S à MnS et L4 à L2.
méthode CVM (g 4-2) d'après PeiOO], [AntOl]. La solubilité du cuivre dans le fer est très
faible à basse température.
Le système Co-Cu est tout à fait semblable avec les phases terminales y-Co ou &-COet
y-Cu. Il présente de même une tendance à la démixtion. Enfin côté cuivre, la solubilité du
cobalt est faible, comparable à celle du fer.
Le système Fe-Co a été présenté à propos de la transformation de mise en ordre
(fig. 3-3-2). Aux plus hautes températures, les phases terminales y-Fe et y-Co ont une
miscibilité complète excepté à proximité du fer dans le domaine &Fe.
Le système Fe-Co-Cu
Ce système a été peu étudié. Citons principalement l'étude expérimentale de Jellinghaus en
1936 [Je136].Une revue par Raghavan [pag92b] utilise les données précédentes ainsi que
les diagrammes binaires limitrophes pour décrire le système. En fait, ce système semble
très simple avec seulement les phases qui sont déjà présentes dans les systèmes binaires:
a-Fe, y-Fe, &Fe, y-Co, &-COet y-CU. Les limites de solubilité respectivement de Fe et Co
dans le cuivre et de Cu dans les solutions solides y-(Co,Fe) ou a-(Fe,Co) restent très
faibles. Des investigations expérimentales récentes, accompagnées de calculs CVM, affi-
nent la description du système [AntOl], [BeiOO].
La démixtion du liquide devient effective dans le système ternaire dans lequel il y a sépara-
tion en deux liquides respectivement riche et pauvre en cuivre. La question subsiste de
LESDIAGRAMMES DE PHASES
Figure 4-10-3 :
Système Fe-Co-Cu, section iso-
therme à 800 OC.
Détail du domaine a-y-yc,..
Le contour noir est le tracé expéri-
mental, le triangle gris clair corres-
pond au calcul CVM, et le triangle
gris foncé au calcul CVMprenant en
compte la contribution magnétique
des phases.
Tracé d'après [BeiOO] et [AntOl].
savoir si cette dernière transformation est stable ou métastable [KimOO].En phase solide,
la majorité de l'espace des compositions consiste en domaines à deux ou trois phases
comme il appar2t sur la section isotherme expérimentale à 900 OC de la figure 4-10-2. Le
tracé expérimental est complété à l'aide des sections calculées pour les limites de phases
dans la bande étroite de la solution solide y-FeCo. Le schéma de la figure 4-10-4 basé sur
les résultats des calculs permet de comprendre la configuration de ce domaine.
La section à 800 OC comporte un seul domaine triphasé (fig. 4-10-3). Les trois tracés
reportés ont été effectués à partir des résultats expérimentaux et par la méthode de calcul
MICROSTRUCTURE DES ACIERS ET DES FONTES
CVM ; ils permettent une comparaison. La concordance est excellente entre les résultats
expérimentaux et ceux calculés qui prennent en compte la contribution magnétique.
L'étude expérimentale d u système M a l 9 9 1 a révélé deux difficultés propres à fausser complè-
tement la détermination des équilibres de phases. Avec les alliages préparés par fusion, les
solutions solides y-(Co,Fe) et y-(Fe,Co) restent sursaturées même après de long recuits entre
700 et 1000 OC ; la germination de la phase cuivre n'a pas lieu. Le probkme ne se pose pas
avec les alliages frittés puisque les échantillons ne sont jamais portés au dessus de la tempéra-
ture de solvus. Par contre, les échantillons frittés sont susceptibles de retenir un peu d'oxygène
présent dans les poudres à cause de leur forme très divisée. Ces traces d'oxygène peuvent modi-
fier les équilibres. D'après le diagramme de phases Fe-Cu-O [Rag92a], il apparaît qu'une
très faible concentration e n oxygène suffit à réduire effectivement la solubilité d u fer dans le
cuivre et à induire la formation d'un peu d'oxyde de fer.
L E S DIAGRAMMES DE PHASES
Le système Fe-Mo-Cr
Dans le cadre de l'application aux aciers, le système Fe-Mo-Cr permet de comprendre le
rôle puissant du molybdène comme stabilisateur de la phase o. Elle est présente dans les
sections isothermes à 1500 et 1600 O C (fig. 4-11-4), et à 1000 et 800 O C (fig. 4-11-5). Le
domaine de la phase o s'étend à une large gamme de compositions et surtout jusqu'aux
très hautes températures. La phase o est stabilisée par les éléments de type A (V, W, Nb,
Ta, Si et Mo) dont beaucoup sont des éléments d'alliage des aciers. La plupart de ces
éléments sont aussi alphagènes mais ce n'est pas vrai pour tous les éléments sigrnagènes.
Figure 4-11-1 :
Système Cr-Mo, diagramme de phases cai-
culé d'après [Ver1871. Cr
O
1
O IO 20
(Cr)+ (Mo)
30 Mo
40 pds%
50 60 70 80 90 '
LA MICROSTRUCTURE DES ACIERS ET DES FONTES
Figure 4-11-2 :
Système Fe-Mo,
diagramme de phases calculé. L'encart est
un agrandissement de la zone indiquée par
la loupe afin de distinguer le minimum et la
réactionpéritectique.
Figure 4-11-3 :
Système Fe- K
diagramme de phases calculé.
Figure 4-11-4 :
Système Fe-Mo- Cr.
Equilibres de phases comportant
une phase liquide: sections isother-
mes calculées à l6OO et 1500 OC.
Les domaines monophasés sont
colorés en gris.
Les triangles de conodes délimitent
les domaines triphasés respective-
ment 1 et 2 entre R-o-liquide, 3
entre o-a-liquide, les autres domai-
nes en blanc sont diphasés.
A) section à 1600 OC.
B) section à 1500 OC.
Figure 4-11-5 :
Système Fe-Mo-Cc sections isother-
mes calculées à 1O00 OC et 800 OC.
Une isoplète est tracée pour un alliage Fe-26Cr-5Ni en fonction de la teneur en molybdène
(fig. 4-1 1-6). La proportion choisie pour le nickel et le chrome est proche de celle des
aciers duplex avec la restriction que, dans ces derniers, l'azote fortement gammagène
décale les domaines de phases. Une plus forte proportion de molybdène est alors accep-
table sans risque de former des phases intermétalliques.
a 71,7Fe-21,6Cr-3,3Ni-3,3Mo
Y 73,7Fe-15,5Cr-8,5Ni-2,2Mo
X 54,9Fe-25,7Cr-ONi-19,4Mo
CY 5 1,3Fe-38,2Cr-3Ni-7,4Mo
Laves 40Fe-13,4Cr-ONi-46,6Mo
à partir des systèmes binaires pour lesquels les données expérimentales sont assez abon-
dantes. Par contre, système ternaire a été peu étudié. Il existe un tracé expérimental de la
nappe Ziqzridus, datant de 1957 [Tak57], qui est bien différent du tracé calculé car il
comporte une phase supplémentaire avec un eutectique ternaire entre X,R et o, à 1345 OC,
soit une température plus basse de 150 OC que la température de hquidus calculée corres-
pondante. Est-ce qu7ilfaut pour autant mettre en cause l'expérimentation ? ou le calcul ?
La discussion qui suit éclaire les sujets à controverse.
La formation de phases métastables est courante et ces dernières peuvent supporter une
longue durée du maintien en température. Inversement certaines phases, supposées
stables, apparaissent après des &ers d'heures de maintien, sans commune mesure avec
les durées habituellement utilisées en laboratoire. De telles observations ont été faites sur
des aciers pour centrales thermiques (g 20-1) et remettent en cause ce que l'on considère
comme un état d'équilibre.
Pour ce système, une deuxième raison possible d'erreur est un risque de confusion sur
l'interprétation de la microstructure, en l'occurrence l'assimilation d'une microstructure
résultant d'une transformation en phase solide perlitique à une morphologie eutectique. La
phase o formée en phase solide peut être observée sous plusieurs morphologies, soit en
82 LA MICROSTRUC~UREDES ACIERS ET DES FONTES
plaquettes à l'aspect d'aiguilles sur la coupe métallographique, soit sous forme de cellules
perlitiques lamellaires. Ces dernières ont une structure grossière, semblable à celle d'un
eutectique, quand elles sont formées à haute température (voir figure 19-8-3).
Critique concernant le calcul
Le système Fe-Mo-Cr a une représentation calculée crédible mais il est probable que cette
dernière subira encore des modifications à cause de la présence de nombreuses phases
intermétalliques particulièrement difficiles à représenter. La répartition dans la maille cris-
tallographique des éléments de type A et ceux de type B des éléments de transition est
décrite en attribuant des sites dans des sous-réseaux (indiqués entre parenthèses ci-après).
La modélisation peut prendre en compte trois, quatre ou cinq sous-réseaux en fonction de
la précision souhaitée pour la description. Une description très fine n'est pas toujours
nécessaire, d'autant plus qu'elle alourdit les calculs. Quelques exemples mentionnés d'après
[Ans971 illustrent la complexité du problème :
La phase h-Fe2Mo (B2A) est une phase intemétallique de type de Laves qui a une stœchio-
métrie très stricte dans le système binaire, d'où une simple ligne sur le diagramme. La
stoechiométrie est plus compliquée dans les systèmes ternaires. Elle est le plus souvent
prise en compte par une formule du type (A, B)2(A, B). Différents modèles peuvent être
adoptés, en particulier suivant que la phase de Laves est du type C14, Cl5 ou C36.
La phase p-Fe7M06 (B7A6)peut être décrite par la formule (A, B)1(A),(A),(A, B), simpli-
fiée à (B)7(A)2(A,B)4 dans le cas du système Fe-Mo-Cr.
La phase o est représentée géométriquement par un domaine qui s'étale tous azimuts
(fig. 4-11-5), prouvant ainsi que les éléments substitutifs ne sont pas cantonnés dans deux
sous-réseaux spécifiques et sélectifs. Elle est décrite par la formule (A, B)16(A)4(A,B)10
simplifiée en (A, B) 16(A)4(B)10.
La phase x comportant 58 atomes par maille est la plus compliquée au point de vue cristal-
lographique. Le nombre de tentatives de modélisation qui la prennent en compte est
encore limité car elle est moins souvent présente dans les systèmes courants que la phase
o. Une formule adoptée est (B)24(A)10(A,
En pratique, il faut accepter quelques simplifications pour modéliser le système quater-
naire Fe-Mo-Cr-Ni représentatif des équilibres de phases dans les aciers duplex
(fig. 4-11-6). La composition calculée pour certains composés prévoit une teneur en nickel
nulle. Or les données expérimentales sur ces phases montrent la présence de nickel à faible
teneur, de l'ordre de 4 à 5 % dans la phase x et de 4 à 6 O/o dans la phase de Laves pour des
aciers types 316 et 317" [Pec77]. La conséquence est une imprécision dans les limites de
phases dont il faut tenir compte. Un autre exemple de confrontation calculs/expériences
pour un acier duplex montre un écart de plus de 100 OC sur la température d'apparition de
la phase o [NilOO].
L E S DIAGRAMMES DE PHASES
Figure 4-12-2 :
Système Fe- V-C.
A) Section quasi binaire citée par [Rag84]. La tempéra-
ture eutectique est donnée à l350f 20 OC.
B) Projection du liquidus d'après [Kes88a]. La ligne en
pointillés est la trace de la section quasi-binaire. La
composition eutectique de la section Eqb de la projec-
tion A est indiquéepar la loupe.
C) isoplète tracéepour une teneur de 0,5 % K
En traits pointillés le diagramme Fe-C. En grisé le
domaine dans lequel apparaît le carbure de vanadium
Ce point est important au regard des applications car une austénite trop pauvre en carbone
est inapte à former de la martensite. Cette capacité à former des carbures, et aussi des
nitrures, des carbonitrures, est mise à profit pour durcir les aciers microahés ($ 17-2).
Les carbures et les nitrures de type MC sont miscibles entre
eux totalement à haute température donnant des carbures
4000 -
+.-,- .,
mixtes ou des carbonitrures qui se décomposent dans la
,
.-
liq.
.O
. a *
-+
+
gamme de température de 1200 OC environ. Un exemple est 3000- ,.",-+*
Figure 4-12-3 :
4-1 3 Les carbures mixtes Section pseudo-binaire
VC-Tac d après [Ho1841
Optimisation
Les diagrammes de phases des systèmes quaternaires,
quinaires sont peu connus dans le détail et de ce fait les calculs manquent de bases expéri-
mentales. Dans l'objectif d'optimiser de nouvelles nuances, le choix d'éléments d'alliage est
fondé sur leurs effets reconnus tels que alphagène, gammagène, carburigène principale-
ment. Il faut prévoir si un nouvel élément est susceptible de s'intégrer ou non dans un
carbure ou dans une autre phase déjà présente dans l'acier en question. Un début de
réponse est fourni par les structures cristallographiques. Les similitudes de structure se
traduisent souvent par une plus ou moins grande solubilité réciproque. Si un élément Y
n'est pas soluble dans un carbure CX dans le système C-X-Y, il y a peu de chances qu'il le
soit dans un système avec davantage d'éléments. Les systèmes ne comportant pas le fer
mettent en lumière des interactions souvent transposables (avec prudence !) aux bases fer.
A cet effet, la large compilation des diagrammes de phases de systèmes ternaires et
binaires à base de carbone et d'azote publié par Holleck constitue un document fort utile
Eo1841. Quelques exemples suivent concernant des diagrammes établis pour des tempéra-
tures données. Lorsque les équhbres se conservent à plus basse température, les domaines
de solubilité des phases ont tendance à diminuer mais jamais à s'élargir.
Figure 4-13-1 :
Système Fe-Mn-C, section isotherme
à 600 OC. La section est calculée
dans le cas de l'équilibre stable avec
le graphite. Dans le cas du système
métastable, le domaine de la cémen-
tite s'étend jusqu 'au binaire Fe-C.
Le manganèse apparaît comme élé-
ment stabilisateur de la cémentite.
Ils admettent aussi une large proportion de cobalt et une faible proportion de nickel, de
niobium, de vanadium, de molybdène et de tungstène. Dans les systèmes Cr-Mo-C et
Cr-W-C le domaine de substitution dans M23C6est plus étendu que dans M7C3à la diffé-
rence du cas du fer (figures 4-13-2 A, B et C) [Cha72]. Dans le carbure Cr23C6seuls huit
atomes de chrome (sur 92) peuvent être remplacés par des atomes de tungstène ou de
molybdène [Hab66].
Les carbures q
Ce sont deux carbures ternaires respectivement de type W3Fe3C et W6Fe6C dans lesquels
le fer peut être substitué par un autre métal de transition et le tungstène par un autre
élément lourd, soit une formule (Mo,W,Nb,Ta),(Mn,Fe,Co,Ni),Cavec x = 3 ou 6. Le
diagramme présenté pour le système Fe-W-C (fig. 4-13-2 D) est une version d'origine
expérimentale dans laquelle les deux carbures q sont distincts lJ?o170]. Savoir s'il s'agit de
deux carbures distincts ou d'un seul avec un large domaine de solubilité est encore un sujet
de controverse. Les diagrammes calculés ne prennent en compte qu'un seul carbure.
Figure 4-13-2 :
A) Système Fe-Cr-C (graphite),
section isotherme à 600 OC calculée
dans le cas du système stable avec le
graphite.
C) Système Cr-Mo-C,
s e c t i o n i s o t h e r m e à 1 3 0 0 OC
d'après le tracé expérimental
[Cha 721.
Figure 4-13-3 :
Système Cr-N-C, partie riche en
chrome du diagramme de phases.
Fe7C3 est métastable. Les possibilités de substitution du fer dans la cémentite sont bien
définies. Le manganèse est très soluble (fig. 4-13-1). Le chrome est également relativement
soluble, mais une forte proportion induit la formation des carbures spécifiques du chrome
(Fe,Cr),C3 et (Fe,Cr)23Cb. Par contre, le silicium et le nickel ne sont pas admis dans M3C
ou peut-être en très faible proportion. Ce fait est invoqué à propos du ralentissement de la
transformation perlitique (voir g 10-3). Le molybdène et le tungstène sont admis dans
M3C jusqu7à des teneurs de l'ordre de 5 %. Lorsque la teneur est plus forte, il s'agit d'un
carbure de stœchiométrie Fe2(Mo,W)C dont la structure cristallographique est très
proche de celle de la cémentite avec laquelle il peut être confondu. Ce carbure 6 est appelé
aussi cémentite du molybdène.
La plupart des métaux et alliages sont élaborés à l'état liquide. Ils prennent leur forme de matériaux
par une transformation : la solidification. Celle-ci laisse des traces identifiées sous forme d'une micro-
structure de solidification, laquelle comporte des défauts que l'opérateur doit contrôler. Par ailleurs,
la microstructure est un traceur. E n effet, l'examen des défauts permet d'identifier les mécanismes
qui leur ont donné naissance, remontant ainsi aux conditions dans lesquelles la solidification s'est
opérée.
Figure 5-1-5 :
Diagramme de phases Cr-Ni calculé. Les
données chiffrées sont les limites de solubi-
lité à la température eutectique et la conode
à 1700 OC qui sert à calculer le coefficient
de partage et la pente du liquidus.
x, = 18,8 %
Xs= 7,8 % à 1700 OC
XL= 18,s % à 1700 OC
k = 7,8/18,8 = 0,4
k<l
Par la deuxième condition, la conservation des atomes prend la forme de la règle du levier
dite aussi règle des segments inverses. Elle est écrite pour un système formé de n atomes :
Régle du levier n Xo = n f X s + n (1 -8 XL (5-1-1)
Elle permet de calculer la fraction solidef lorsque la concentration initiale et les concentra-
tions respectives du solide et du liquide sont connues :
il y a équilibre à l'interface,
le liquide est parfaitement homogène,
il n'y a pas de diffusion dans le solide.
Comme pour la règle du levier, le système solide/liquide est supposé confiné, c'est à dire
que le nombre de moles est inchangé par la transformation. La conservation du soluté est
exprimée pour la transformation infinitésimale f +f+ df :
Par la première condition, XS= mL Lorsque k peut être considéré comme constant dans
l'intervalle de solidification, la relation ci-dessus devient après intégration depuis Xo,
concentration initiale du liquide.
- (1 -k)
Equation Scheil-Gulliver : XS = kXO ( 1 -f ) (5-1-8)
Un exemple d'application est proposé pour le système Cr-Ni (figures 5-1-5 et 5-1-7).
Lorsque k < 1 (cas présent), le soluté est rejeté dans le liquide. En conséquence ce dernier
s'enrichit progressivement, à mesure que f augmente. La relation intégrée prévoit un enri-
chissement sans limite lorsque f tend vers l'unité. En réalité, la composition du solide ne
peut pas dépasser la limite de solubilité prévue par le diagramme de phases. Le liquide
92 LA MICROSTRUCTUREDES ACIERS ET DES PONTES
I I
Ici les compositions sont représentées par des concentrations volumiques CL et CS
pour respecter l'équation aux dimensions du flux. est le coefficient de diffusion du
soluté dans le liquide. Considérons qu'il y a équilibre entre le solide et le liquide à
Figure 5-3-1 :
Front plan en croissance permanente, cou-
che de dzflusion et surfusion solutale.
La courbe noire C(z) représente la distribu-
tion dans le liquide en avant de l'interface
expriméepar la relation 5-2-3:
La courbe grise est la transformée de Teq(z)
en prenant pour chaque valeur la tempéra-
ture correspondante du liquidus dans le dia-
gramme de phases. La droite représente le
gradient thermique dans lefour.
l'interface et que le barreau supposé infini progresse dans des conditions permanentes.
I I
Alors Cs = Co et CL = Co/k et le gradient chimique GC à l'interface, à l'état permanent
s'exprime :
Dans ce cas, l'intégration est possible à partir du repère ? = O de l'interface. Elle donne la
distribution du soluté en avant de l'interface (fig. 5-3-1) :
Les solutés pour lesquels k est inférieur à l'unité sont rejetés par l'interface, la concentra-
tion décroît depuis l'interface vers le liquide (GC < O). Les solutés pour lesquels k est
supérieur à l'unité sont absorbés par l'interface (Gc > O). L'excès ou le manque s'étale sur
une zone appelée couche de diffusion dont l'épaisseur peut être asslrnilée à 6 = DL/ l Z
AT = - '(?) (5-3-2)
La surfusion dans cette frange disparaît dans le cas limite où la courbe T(d (gradient ther-
mique dans le four) devient tangente à Teqiz' Cette condition est formulée par le critère de
h MICROSTRUCTURE DES ACIERS ET DES FONTES
Figure 5-3-5 :
Evolution de laforme dufiont solide-liquide en fonction des
conditions relatives à G et V :
dendrites : V » VpC
surfusion constitutionnelle vil531 (relation 5-3-3). L'indice supérieur I signifie qu'il s'agit
des valeurs d'équilibre à l'interface.
En supposant pour simplifier le gradient G fixé, il vient une valeur critique de la vitesse
notée VPCpour la transitionplan/ cellules :
Lorsqu'il n'y a pas de surfusion constitutionnelle, l'interface est plane. Elle épouse une
isotherme voisine de l'isotherme du hquidus, l'écart étant la surfusion de croissance donné
par la relation 5-1-4. En avant de l'interface, la température dépasse celle de l'équilibre
liquide/solide, donc la solidification y est thermodynamiquement impossible. La concen-
tration du solide formé est uniforme dans tous les plans ou surfaces parallèles à l'interface.
Lorsqu'il y a surfusion constitutionnelle, le front plan n'est plus stable. L'expérience
montre que sa forme évolue : il se forme un système de dépressions, puis des sillons
liquides qui cloisonnent des protubérances, dites cellules de solidification. Pour des surfu-
sions plus fortes, les cellules se transforment en dendrites caractérisées par la présence de
branches latérales dites secondaires et même quelquefois de branches tertiaires comme le
montre le schéma 5-3-5.
r v a u t environ IO-^ m.K pour la plupart des liquides en équilibre avec leur solide. L'inter-
prétation est que lorsque V augmente, la périodicité des protubérances diminue. La
distance sur laquelle la diffusion fait ressentir son effet devient très petite. La limite appa-
raît lorsque la périodicité devient trop fine pour engendrer des effets de ségrégation
significatifs.
Figure 5-3-9 :
Croissance en régime permanent d'un alliage pour dzflérentes vitesses V dans un gradient thermique
de 5 "C/cm. La courbe en traits pleins représente les espacements des branches primaires Ap. La
courbe en pointillés la surfusion globale AT Il y a une discontinuité au passage de laferrite à l'austé-
nite fond gris). Les morphologies correspondant à à chaque régime sont indiquées. Pour situer la
fourchette de vitesses de la courbe, les loupes indiquent respectivement la vitesse de croissance de
monocristaux VMet la vitesse de tirage en coulée continue d'acier Vcc Le tracé est une application
du programme "ALLOY" Université d'Oxford U.K. [Hun97a].
Les résultats sont exploités sous forme de diagrammes représentant AT fonction de V et,
suivant les modèles, A fonction de V ou R fonction de I/; A étant la périodicité du réseau
et R le rayon de la pointe de la dendrite [Tri94]. Des observations in-szh sur des alliages
transparents ont permis de montrer le mode d'évolution des protubérances en branches et
la relation entre les espacements secondaires et le rayon à la pointe de la dendrite [Esa85].
Un exemple est présenté à partir de l'approche de Hunt wun961. Un code numérique issu
de cette approche permet de calculer la surfusion globale en fonction des conditions de
gradient thermique G, de la vitesse de front de solidification V avec le choix de trois
modes de refroidissement. Les résultats ont été calculés pour un alliage fer-carbone à
1'5 Nat. de carbone (0'33 % pds) proche de la transformation péritectique (fig. 5-3-9).
Cette composition a été choisie car elle offre la possibilité d'une compétition entre l'austé-
nite et la ferrite. Pour chaque couple de conditions G et la phase qui se forme, consi-
dérée commephase stable, est celle dont la température d'interface TI est la plus élevée :
Les raisonnements précédents supposent que G et V sont contrôlés et que le régime est
permanent. C'est le cas des expériences de solidification dirigée. Les conditions techniques
de solidification d'un acier, soit en lingot, soit en coulée continue, sont telles que G et V
changent localement. De plus, la comparaison ne peut s'établir que pour la zone de cristal-
lisation colonnaire (voir $ 15-1). Or la croissance colonnaire concerne une faible propor-
tion proche de la zone de peau. Même dans ce cas, l'exploitation des micrographies est
délicate car la mesure de l'espacements des branches primaires doit être effectuée dans un
plan parallèle au front de solidification. Cette condition est difficile à remplir lorsqu'on
examine une pièce après sa solidification complète. En conséquence, la mesure de l'espa-
cement primaire est rarement exploité.
Les vitesses élevées correspondant à la partie droite du diagramme de la figure 5-3-9 sont
atteintes seulement dans des cas exceptionnels, soit lors de la solidification de produits très
minces (gouttelettes ou rubans dont la taille est de l'ordre de 10 à 100 Pm, soit dans le cas
de refusion par faisceau d'énergie (faisceau laser, ou bombardement d'électrons). Dans
tous les cas, G et V varient localement. G peut prendre des valeurs très grandes. Dans les
zones solidifiées le plus rapidement, la microstructure est très fine avec un espacement de
quelques micromètres et s'apparente à une structure de cellules régulières à cause de
l'absence de branches secondaires bien formées.
Figure 5-4-1 :
Micrographie électronique en élec-
trons secondaires de dendrites ren-
dues apparentes dans la retassure de
solidzjkation d'un lingotin d'acier.
Les axes primaires sont le tronc
principal de la dendrite, les bran-
ches secondaires, perpendiculaires
au tronc et symétriques. Des bran-
ches tertiaires sont observables sur
la droite de la micrographie. Les
angles de raccordement entre les
branches dépendent de la cristallo-
graphie de la phase formée. Dans
les structures cubiques la direction
de croissance préférentielle est
[100] et l'angle 90 4
Document INPG Grenoble, Fr
dont l'ordre de grandeur est beaucoup plus faible. Le potentiel chimique de chaque soluté
comporte un terme lié à la courbure locale de l'interface. Habituellement un rayon de
courbure moyen <R> est pris en compte, combinaison des deux rayons de courbure prin-
cipaux RI et R2. La relation Gibbs-Thompson exprime la variation de potentiel :
La relation 5-4-3, qui donne l'évolution de <R>, a une formulation s i d a i r e à la loi LSW
(g 13-3). Pourtant cette dernière est adaptée à la croissance de particules très dispersées et
dont la proportion volumique est faible, ce qui correspond à des conditions fort éloignées
de la transformation des dendrites dans une zone pâteuse. Le seul point commun est la
minimisation de l'énergie d'interface. En effet, dans le cas des dendrites, il y a une forte
proportion de phase solide et une très faible distance entre les grains. De plus, la surface
interfaciale dendritique présente un large éventail de courbures (positives et négatives), ce
qui induit des gradients de solutés et des flux importants. Le transfert diffusif de matière
obéit à des mécanismes différents de ceux invoqués pour des particules dispersées.
D'après les résultats expérimentaux, l'évolution de la taille des particules, grains, précipités
ou dendrites suit approximativement une loi du même type que LSW
Figure 5-4-6 :
Micrographie électronique illustrant
la morphologie d'une dendrite de
carbure NbC primaire dans une
matrice d'austénite. Le début de la
croissance des branches latérales
est nonfacettée, les petites branches
sont arrondies alors que l'extrémité
des plus grosses est franchement
facettée (voir aussi les figures
5-613B et 7-1-3 montrant le même
échantillo~).
Document lNPG Grenoble, Fr
FEgrcre 5-4- 7 :
Micrographie é lectronique de
l'alliage Fe-2,2C-20,5Mo, composi-
tion sur le diagramme de phases
figure. 6-5-1 de 1O,&-1 2Mo % at.
L ëchantillon a été refroidi dans un
four d3ATDà 5 'Clmin depuis l'état
liquide.
Des globules sont observables dans
la matrice austénitique. Les dendri-
tes sont entourées de deux carbures
eutectiques M6C et MosC (les plus
Jins). A remarquer que les carbures
M6C apparaissent poreux; devenus
instables, ils se redissolvent. Document INPG Grenoble, Fr
caractère facetté, la maturation des dendrites se fait en adoptant les plans de croissance
plus facile (fig. 5-4-6).
Globularisation du liquide piégé
Lorsque le liquide piégé est en proportion minoritaire, il est globularisé. Le fait est connu
pour le liquide interdendritique piégé en fm de solidification. Comme le liquide se rétracte
au refroidissement, des micropores peuvent être générés. La formation de globules gros-
siers polyphasés comme ceux de la figure 5-4-7 est moins banale; elle a été observée dans
la matrice austénitique d'alliages contenant des éléments alphagènes (Mo, W, V, Nb).
compacter et souder les grains. Ensuite, des maintiens de différentes durées permettent
d'observer les premiers stades de l'évolution. Toutefois, le cas présenté est différent de
celui des aciers usuels de métallurgie des poudres (chap. 16) à cause de la composition non
classique, et de la température de maintien élevée qui laisse une proportion de phase
liquide plus grande que ce qui est habituellement toléré.
A l'issue du pré-frittage la microstructure est encore fine avec des grains de quelques
micromètres. De ce fait, un maintien de 10 min à 1242 OC suffit à obtenir la mise en équi-
libre, la proportion des phases est supposée stabilisée. Mais la microstructure a déjà subi
une maturation, les grains apparaissent relativement globulaires, sans branchement dendri-
tique (fig. 5-4-8-10 mn). Les petits îlots de liquide intragranulaire visibles proviennent de
liquide piégé en cours de croissance entre des branches de dendrites. Leur alignement
laisse deviner le réseau origmal de branches secondaires. Au bout d'un maintien en tempé-
rature plus long, la microstructure est plus grossière, les grains, aussi bien que les îlots
liquides, sont plus gros et plus globularisés (fig. 5-4-8-80 mn). Les mesures confirment une
évolution conforme à la relation 5-4-3.
Grossissement en milieu multiphasé
Un alliage pré-fritté a été maintenu pendant 40 min à une température légèrement en
dessous de la température de formation de l'eutectique (température déterminée
par ATD). Trois phases sont en équilibre: l'austénite, le liquide et le carbure eutectique
M&. Les grains d'austénite sont délunités par un constituant eutectique. Les carbures sont
classés en différentes populations suivant leur taille et leur localisation (fig. 5-4-9) :
Les constituants eutectiques. Ce sont les carbures très fins formés par la solidification du
liquide intergranulaire au moment de la trempe, à l'issue du temps de maintien.
Les carbures intergranulaires, les plus grossiers, qui sont localisés dans le sillon
inter-granulaire ou à proximité et sont probablement toujours restés au contact du liquide.
LA MICROSTRUCTURE DES ACIERS ET DES FONTES
Figwe 5-4-9 :
Micrographie électronique d'un
alliage Fe-12,7Mo-1,3C (fig.
6-5-1) obtenu par pré-frittage de
poudres alliées. L'échantillon a
subi un maintien isothermependant
40 min suivi d'une trempe. La tern-
pérature a été choisi dans un
domaine à trois phases
y/M6C/liquide. A remarquer les
carbures eutectiques, très fins,
intergranulaires, les carbures gros-
siers aussi intergranulaires, les
carbures isolés dans la matrice,
intragranulaires.
Document INPG Grenoble, Fr
Ils ont grossi facilement dans la phase liquide avec une cinétique presque aussi rapide que
si les carbures étaient libres dans le liquide. Le seul effet limitant provient de ce que les
échanges se font quelquefois à travers des zones étroites, des corridors intergranulaires.
Les carbures intragranulaires sont à l'origine des carbures eutectiques fins qui ont été
piégés par la progression des grains. Dès qu'ils sont incorporés dans le solide, ils grossis-
sent moins vite. La cinétique de grossissement est intermédiaire entre celle prévisible pour
des échanges complètement en phase liquide ou complètement en phase solide.
Les grains d'austénite ont un grossissement qui est significativement freiné par la présence
des particules de carbures. Ce constat est obtenu par comparaison des résultats expérùnen-
taux obtenus à des températures proches, juste au dessus ou en dessous de la température
d'apparition de la troisième phase fl)ur97a].
La plupart des mesures de ils ont été effectuées sur des lingotins solidifiés unidirectionnel-
lement sur refroidisseur (chi4 czasting) et munis de thermocouples. Alors 0s se lit directe-
ment sur les courbes température/temps, Plus rarement, As est mesuré à partir
d'expériences de solidification unidirectionnelle. Trois paramètres servent à définir les
conditions de solidification : Vla vitesse d'avancée de l'isotherme TL en un point donné,
GL le gradient thermique dans le liquide e t p la vitesse de refroidissement. Seuls deux des
trois paramètres sont indépendants puisquep = GL. K
QS est un paramètre difficile à déterminer avec précision parce que différentes interpréta-
tions sont possibles pour évaluer la température Ts de la fin de solidification. Pour les
alliages peu chargés en carbone, peut être confondu avec le sodidgs Siermodynamique,
c'est-à-dire l'intervalle de solidification est alors ATo (fig. 5-1-5). Pour les alliages chargés
qui forment des eutectiques, la température Ts peut être assimilée à la température du
dernier eutectique. En fait, le grossissement des branches est d'abord ralenti par l'appari-
tion du premier eutectique puis s'arrête lorsque la quantité de liquide devient trop faible et
que les grains sont partiellement bloqués. Dans l'exemple présenté figure 5-4-5, les grains
sont figés avec le deuxième eutectique à 1200 O C et la proportion du troisième eutectique
est rnumne.
L'expérience conduit à des lois reliant ils à Bj et à p sous forme de fonction puissance :
r B
/ ~= osn (5-5-3)
L'exposant n varie de 0,2 à 0'45. Il faut remarquer que la relation 5-4-3 conduit à n = 0'33
avec une loi en t1I3.
3 3
Ar (Os) - As ( O ) = BOs (5-5-4)
La régularité de ces lois est suffisamment fiable pour que ils constitue le meilleur marquage
de la cinétique de refroidissement pour une pièce industrielle [Ter771et exemple fig. 21-3-6.
LA MICROSTRUCTURE DES ACIERS ET DES FONTES
Figure 5-5-5 :
Front de croissance d'un alliage
Fe-O, 15 C obtenu par modélisation
en champ multi-phase avec prise en
compte de la diffusion du soluté.
G = 150 "Cfcm;p=-1,5 ' U s . La
simulation montre comment les den-
drites moins déviées par rapport au
gradient de température recouvrent
les autres. A remarquer dans les
sillons entre deux grains les bran-
ches tertiaires gui constituent de
nouveaux troncs de dendrites.
Document Access, Aachen, G ;voir
aussi [Tia98]
Les travaux expérimentaux citées ci-après comportent les lois pour les branches primaires
et secondaires : Oac761, Der771, [Oka78], [Tah82], Pis891.
Seule l'observation de la micrographie d'un échantillon trempé en cours de solidification
unidirectionnelle permet de mesurer l'espacement des branches primaires Ap à partir des
coupes transversales de l'échantiuon correspondant à une température donnée. L'observa-
tion des coupes longitudinales renseigne sur l'évolution de la maturation des dendrites et
permet de mesurer l'espacement des branches secondaires ;ls le long des troncs primaires.
Chaque étape de l'évolution de l'alliage est représentée par une tranche du meme échan-
tillon (figures 6-1-1,6-3-1,6-3-8).
Sur les micrographies, les plages du matériau dans lesquelles les phases a et P sont formées
par croissance eutectique sont habituellement faciles à distinguer, à cause des particularités
géométriques de la structure, particularités présentées ci-dessous, et aussi parce que les
particules correspondantes sont habituellement plus fines que les cellules ou dendrites
correspondant aux mêmes conditions. Comme par ailleurs les propriétés d'emploi sont
spécifiques aussi, les métallurgistes parlent de l'eutectique comme constituant structural.
Le fait que le liquide donne naissance à deux phases simultanément impose des conditions
particulières qui conditionnent la morphologie de croissance. Plus généralement, la forma-
tion simultanée des deux phases a et P à partir du liquide impose :
l'existence de points triples, où les trois phases a , P et le liquide sont en contact et en
équilibre (voir figure 5-6-1 et $ 7-2). Chaque interface apporte sa propre énergie interfa-
ciale le long de la ligne de jonction, de sorte que les interfaces sont nécessairement cour-
bées à l'échelle de la lamelle.
un transfert de soluté. Le transport s'effectue principalement par diffusion dans une
direction globalement tangente à l'interface liquide/solide.
La croissance de chaque phase se comporte selon ses propres caractéristiques physico-
chimiques liées à sa composition, et cristallographiques.Il en résulte différentes morpholo-
gies distinguées en deux catégories d'après l'observation expérimentale :
les eutectiques rhuliers et les eutectiques non-rhuliers.
Comme dans le cas des dendrites, la croissance eutectique se fait avec une certaine
surfusion résultant de la formation d'une couche de diffusion et de l'effet de courbure.
Dans la gamme de vitesses moyennes, le principal effet de surfusion est dû à l'accumula-
tion ou au manque de soluté à l'interface de croissance créée par le rejet ou l'absorption de
soluté lors de la progression du front de solidification. Une relation relie la surfusion à la
vitesse de progression du front de solidification V [Mag88], p<ur90] :
La question est de savoir quelle solution le système va adopter ? Il est démontré que tous
les espacements plus petits que Am (espacement de l'extremum) sont instables vis-à-vis des
fluctuations. En outre, les espacements trop grands (par exemple il > 2Am) donnent lieu à
des creux de liquide dans l'interface qui sont source d'instabilité pis80].
Cette formulation avait été initiée pour la croissance eutectoïde, avec la même indétermi-
nation [Hil71]. A cette occasion avait été proposé le principe de croissance à l'extremum.
En fait, les mesures sur les eutectiques réguliers permettent de proposer la relation :
Une structure biphasée eutectique peut se former dans les alliages à plus de deux éléments.
Cependant, la composition du liquide eutectique n'est plus la même que celle de
l'ensemble des deux phases solides ; l'équilibre eutectique n'est pas invariant. L'écart de
composition entre le liquide et la composition moyenne du solide entraîne la formation de
ségrégations. La surfusion à l'interface est changée à cause du gradient chimique dû au
rejet de soluté. Du point de vue de la morphologie, les ségrégations ont pour effet la
rupture du front eutectique globalement plan et la dégénérescence en cellules et dendrites.
La modulation du front inclut plusieurs espacements interlamellaires qui constituent des
cellules eutectiques.
Figure 5-6-7 :
Schéma de l'interface d'un eutectique irrégulier. Noter qzle
le front de solidz$cation n'est pas isotherme, que les pla-
ques de la phase facettée (en gris) ne sont pas parallèles et
que la formation de plaques intercalaires se fait par bran-
chement latéral quand l'espacement devient suffisamment
large (Ag). La croissance s'arrête lorsque l'espacement
atteint une valeur minimale (Abr).La loupe indique un golfe
liquide entre deux lamelles dont l'espacement est devenu
trop grand.
Adapté d'après [Fis80].
110 LA MICROSTRUCTURE DES ACIERS ET DES FONTES
Figure 5-6-8 :
Micrographie électronique d'un
fonte hypereutectique grise. Le gra-
phite primaire apparaît sous forme
plus grossière. Le graphite est sous
la forme de rubans ou pétales Cfla-
kes).
Document CTIF Paris, Fr.
Lédeburite Fe-Fe$
Figure 5-6-9 :
Micrographie électronique d'un
échantillon solidzjk? unidirection-
nellement puis trempé en cours de
solid$cation de façon à matériali-
ser lefiont liquide/solide.L'alliage
est hypoeutectique, d'où la pré-
sence de dendrites primaires
d 'austénite.
Document INPG Grenoble, Fr
Figure 5-6-10 :
A) Micrographie électronique de l'eutectique Fe-Fe3C solidiJié dans des conditions lentes.
B) Micrographie électronique d'une fonte légèrement hypoeutectique solidifiée rapidement. La micro-
structure est plus fine et il n 'y a pratiquement plus de branchements secondaires. Les plaques de
cémentite se présentent en éventail. (Attaque nital)
Document INPS Grenoble, Fr
Figure 5-6-11 :
Température de croissance calculée en fonc-
tion de la vitesse de croissance pour un gra-
dient donné pour l'alliage eutectique
Fe-4,28C. Trois constituants sont en compéti-
tion: l'eutectique austénite/graphite (Eut. Gr),
l'eutectique austénite/cémentite (Eut.cém.), et
les dendrites d'austénite (Dend. aust.). En
traits noirs, la courbe pour le constituant
dont la température d'intep-face est la plus
élevée. Aux faibles vitesses, 1 'eutectiquegra-
phite se forme, puis l'eutectique cémentite
aux vitesses moyennes, des dendrites dausté-
nite et enjîn l'eutectique graphite aux gran-
des vitesses. D'après [Jon8O].
l'eutectique blanc ou bien inversement passe du blanc au gris wil681, D0n811, Pag88].11
existe des couples vitesse/température de transition pour chaque régime. La transition
grislblanc est mal définie, plus aléatoire que la transition blanc/gris. L'eutectique gris se
maintient pour des valeurs de surfusion correspondant à l'eutectique blanc.
La transition gris/blanc est illustrée par la micrographie (fig. 5-6-9) d'un échantillon de
fonte solidifié unidirectionnellement et trempé en cours de solidification.La zone solidi-
fiée lentement comporte uniquement l'eutectique gris assez grossier. La zone solidifiée
rapidement comporte l'eutectique blanc et quelques plages d'eutectique gris à structure
très fine. Ces dernières plages sont proches des branches secondaires des dendrites.
L'explication est probablement que la ségrégation de solidification a enrichi en silicium le
liquide un peu confiné entre les branches secondaires et facilité ainsi la formation de
l'eutectique gris. En effet, les vitesses de transition de blanc à gris et de gris à blanc chan-
gent à cause de la présence d'éléments d'alliage. Le chrome, le phosphore et le manganèse
facilitent la germination de la cémentite, tandis que le silicium, l'aluminium, le titane et le
soufre accroissent la surfusion à partir d'un certain seuil de concentration et favorisent
ainsi l'eutectique gris. Les fontes techniques contiennent des éléments à tendances oppo-
sées, comme du silicium et du manganèse Wo1851, Cl(ag801 (voir chap. 21 et fig. 21-3-4).
Figure 5-6-12 :
Micrographie électronique d'un
alliage du système Fe-Mo-C pré-
sentant la microstructure eutecti-
que y/MoLC
Document lNPG Grenoble, F:
Figure 5-6-13 :
Micrographies électroniques
d'échantillons ayant subi une atta-
que profonde pour dissoudre par-
tiellement la matrice.
A) système Fe-V-C. Les carbures
fibrés de l'eutectique Fey/VC
rayonnent à partir du centre de la
cellule. La matrice est partiellement
transformée en cell~les perlitiques.
Les lamelles de cémentite sont plus
fines que les fibres d'au moins un
ordre de grandeur:
Figure 5-6-14 :
Eutectique FcyIMnS dans un acier
de type AlSI 303 après attaque pro-
fonde. Les sulfures apparaissent
sous forme de bâtonnets intercon-
nectés.
Document CRU- Ugine Savoie
Imphy, groupe Arcelor:
axes de croissance les plus faciles. La morphologie peut refléter ainsi la symétrie de la
structure cristalline, comme par exemple le carbure NbC qui présente des raccordements à
90 O témoignant d'une symétrie cubique.
Les échanges via le liquide sont schématisés d'après une analyse de Hillert [Hi1791 et
[I<er96] (fig. 5-7-2). L'austénite péritectique croit à la température Tp- ATp avec une
certaine surfusion AT' tributaire des conditions de vitesse et gradient et de la
physico-chimie de chaque phase. A cause de cette surfusion, la solidification de la ferrite
primaire se poursuit de façon métastable entre Tp et Tp- ATp. Une coache de dzffztsion
s'établit tout le long de l'interface solidelliquide pour respecter l'équilibre interfacial. Les
phases solides formées à Tp- ATp ont pour composition respectivement C6 et C, et les
LA MICROSTRUCTURE DES ACIERS ET DES FONTES
Figare 5-7-2 :
Schéma de la croissance péritectique pour une conzgura-
tion de diagramme de phases de type Fe-C et une cornposi-
tion initiale Co dans les conditions avec di&usion partielle
dans la phase solide.
A la température Tu-ATu le liquide est en équilibre locale-
ment avec 6 et mec y. L& teneurs en carbone sont dflérentes suivant la phase avec laquelle il est en
contact.
Adapté d'après [Hi1791 et [Ker96].
liquides à leur contact Cu et CL,. Du fait des différences de composition, des échanges
de soluté se produisent à travers le liquide qui est plus riche en carbone à l'interface avec
l'austénite, ce qui induit un transport diffusif du carbone excédentaire à travers le liquide
vers la ferrite. Le liquide enrichi engendre alors une refüsion locale au contact de la ferrite.
La zone refondue a une étendue qui dépend de la chimie du système et des conditions de
progression du front. Des .microstructures très diverses peuvent en résulter. Si la zone
refondue s'étend transversalement, il peut aussi se former des poches de liquide piégé et
même former des bandes transverses par coupure complète de la phase primaire. Il y a
alternance de la germination et de l'étalement d'une phase sur l'autre [Tri95], [8oe00],
pLOl].
Plus en arrière du front, à des températures plus basses, l'austénite croît au contact du
Liquide par solidification. Cette phase de la transformation est appelée ici en raccourci
Pour les compositions initiales proches de la composition péritec-
solidifi~ationpérZtectiqzae~
tique, TL est proche de Tp et les dendrites primaires sont peu proéminentes par rapport au
front de solidification. La présence de cette zone liquide entre elles fait que les phases
semblent avancer de façon décalée. Il y a alternance de deux phases comme dans une
structure eutectique, mais avec une croissance complètement découplée.
Dans les tranches dont la température est inférieure à Tp-ATp, l'austénite se développe en
phase solide au contact et aux dépens de la ferrite par transformation péritectique. Elle est
appelée azasténite de régression. Dans le cas des alliages Fe-C, la mise en équilibre est rapide et
l'austénite progresse sur les deux fronts. La transformation de régression ne se produit pas
pour tous les systèmes, elle est liée à la configuration du diagramme de phases.
L'alliage Fe-Ni fournit un autre exemple (fig. 5-7-3). La phase primaire est la ferrite 6, puis
l'austénite péritectique. En phase solide, la proportion ferrite/austénite change en fonction
de la température (Pj 4-8). L'évolution a été étudiée à partir de l'examen des tranches d'un
barreau solidifié unidirectionnellement et trempé en cours d'expérience. Lors de la trempe,
la progression de la transformation est stoppée (fig. 5-7-3A). A l'issue du refroidissement
Figure 5-7-3 :
Micrographie optique en contraste interférentiel d'un alliage Fe-4,7Ni (% pds) solidzj2 unidirection-
nellement dans les conditions: V=41,7 p / s : G ~ = 4 * 1 iY.s/m2
0 ~ et trempé en cours déxpérience;
A) section tranversale à 0,9 mm en dessous de l'interface liquide/solide. Les flèches indiquent laposi-
tion de l'interface 6/y au moment de la trempe.
B) section tranversale à 1,3 mm en dessous de la pointe des dendrites. La solid$cation est terminée,
La ferrite est réduite à un mince squelette au centre de l'ancienne dendrite.
Document E.l?FL Swizerland, [Fan971
lent, la ferrite primaire a presque disparu, il ne reste plus qu'un mince squelette riche en
fer, au centre des anciennes branches dendritiques (fig. 5-7-3 B), pun98], PoeOO].
Lorsque les aciers contiennent d'autres éléments que le carbone, la transformation
progresse à partir de l'interface 6 / y en rejetant les solutés en excès qui s'accadmdent en adne couche de
dgusion à PaPzte+ce. La mise en équilibre reste locale pour tous ces éléments (excepté les
interstitiels) car les échanges entre la ferrite primaire instable et le liquide doivent se faire à
travers l'austénite péritectique qui constitue une barrière de diffusion. La formation d'une
couche de diffusion se produit surtout en présence d'éléments d'alliage alphagènes rejetés
lors de la formation de l'austénite. La sursaturation dans la couche de diffusion dépend de
la température, elle donne lieu à toutes sortes de transformations, il y a un véritable
marquage (figure 5-7-4 et voir aussi plus loin g 6-5), Pre761, [Pie90], [Ker96].
L'évolution de la microstructure d'un alliage Fe-C-Mn au cours de la transformation péri-
tectique a été représentée à partir de calculs par la méthode de champs de phases en uuli-
sant les données des équilibres de phases (SSOL-SGTE Solution) et des coefficients de
diffusion du carbone et du manganèse dans l'austénite et la ferrite 6 (fig. 5-7-5). La
concentration en carbone apparaît homogène dans chaque phase (fig. 5-7-5 B).
Des ségrégations de solidification sont marquées dans l'austénite formée au contact du
liquide. Et surtout, le liséré plus foncé marque la couche de diffusion en avant de l'austé-
nite de régression (figures 5-7-5 C et D).
h MICROSTRUCTURE DES ACIERS ET DES FONTES
Figure 5- 7-4 :
Schéma de la croissance péritecti-
que
En gris clair, la ferrite primaire. En
gris hachuré, I'austénite obtenue
par solidification. En gris moyen,
I'austénite obtenue par transforma-
tion en phase solide à partir de
l'interface 6Iy. En gris foncé, une
couche de diffusion induite par le
rejet de soluté de la transformation
péritectique. La largeur de la cou-
che de diffusion diminue avec la
température.
Figure 5-7-5 :
Front de croissance pour un alliage Fe-0,2C-1Mn.
Conditions de croissance :p= -1 "Us,
G =200 "C/cm, Tpointe=15 16 OC, ilp=200 Pm.
Modélisation en champs de phases avec MICRESS*
A) répartition des phases: liquide L, y, 6
B) répartition du carbone avec les concentrations les
plus faibles en noir;
C) répartition du manganèse avec les concentrations
les plus faibles en noir;
D) agrandissement de la zone refroidie lentement de
C qui montre la couche de dzflusion en avant du fron~
de l'austénite.
*MICRESS, ACCESS lnzestrasse 0-52072 Aachen
Transformatioaa de la microstructure
en milieu Biqialde/soBide
La genèse de la microstructure est difficile à reconstituer lorsque les transformations successives ont
accumuk et embroui22é les traces. C e chapitre est consacré à l'étude de quelques cas indépendants les
uns des azctres, U n e doubk motivation a orientée le choix des exemples :
l'illustration des possibilités, mais aussi des limites, de l'interprétation des mécanismes par la
microstructure ;
la présentation de la microstructure d U n large éventait de constituants.
La méthode est applicable pour fabriquer des monocristaux, par exemple des halogénures à
l'état pur utilisables pour l'optique. I l s'agit alors de croissance à front plan. Dans le
domaine métallurgique, les aubes de turbines en superalliages, dites monocristallines, sont
produite par la technique Bridgman. La croissance se passe en régime dendritique. Le quali-
ficatif monocristallin met l'accent sur l'absence de désorientation majeure, donc l'absence de
joint de grains dans tout l'échantillon. Des astuces de sélection de grain (germe,chicanes) per-
mettent d'obtenir une pièce effectivement monogranulaire.
La solidification dirigée
Ce type de solidification contrôlée accompagnée d'une trempe en cours d'expérience est
utilisé pour étudier l'évolution de la microstructure de l'échantillon pendant la croissance
dendritique. Le dispositif expérimental consiste à déplacer le creuset (ou le four) à une
vitesse programmée, constante, à travers un gradient thermique fixe imposé par le four.
En choisissant un creuset et le barreau associé suffisamment longs, avec une faible section,
les transferts thermiques ne sont pas affectés par l'avancée du barreau et un étatpermanent
peut s'établi~Alors, la vitesse de progression du front Vfpeut être confondue avec la vitesse
de tirage Vtjragc De même, la composition chimique reste constante le long du barreau
excepté dans la zone de l'interface liquide/solide. Chaque tranche se met en équilibre en
fonction de la température locale. La trempe a pour effet de figer le liquide à un moment
donné. L'examen des coupes transversales associées à la mesure in-sita de température
donne une image précise de l'état de l'alliage au moment de la trempe. La zone liquide au
moment de la trempe est reconnaissable au fait que la microstructure est très fine à cause
de la rapidité de la solidification, ce qui permet de délimiter l'interface solide/liquide. Un
gradient thermique faible étale les zones de transformation sur une plus grande longueur
de barreau.
L'examen micrographique permet de tracer l'évolution de la proportion de liquide et sa
distribution dans le solide déjà formé. L'analyse et l'identification des phases formées
permettent de reconstituer le chemin de cristallisation. D'un point de vue formel, le
processus de solidification ne se déroule pas dans des conditions réversibles, ni même dans
les conditions Scheil-GulLiver à cause de la rétrodiffusion et de la surfusion de croissance.
En conséquence, le chemin de cristallisation n'est pas l'un de ceux décrits $ 4-6 mais une
situation intermédiaire. La méthode ne convient pas pour tous les systèmes. Par exemple,
lorsqu'il y a formation de phases dont la densité est bien différente de celle du liquide, des
phases peuvent décanter (WC, NbC, Tac) ou flotter (VC, Tic, graphite) aux vitesses lentes
et se retirer de la zone où elles ont été formées. L'interprétation de la microstructure est
alors brouillée.
Le premier cas choisi illustre bien l'évolution en milieu liquide/solide (fig. 6-1-1). C'est un
acier dont l'intervalle de solidification est long, 146 OC entre le liquidas à 1 396 OC et le
solidus expérimental à 1250 OC. Pour une vitesse de tirage de 7 cm/h et un gradient moyen
autour de 70 OC/cm, une tranche mettra 30 min pour se solidifier complètement. Pendant
ce temps, la microstructure se transforme profondément comme il apparaît sur la coupe
longitudinale du lingot. Les branches secondaires grossissent au fur et à mesure que la
Figure 6-3-1 :
Schéma (droite) et micrographies optiques (gauche) d'un acier
X200Cr12 solidiJié unidirectionnellement avec une vitesse de tirage
de 7 cm/h, et trempé en cours d'expérience. Le barreau qui consti-
tue le lingot mesure environ 40 cm avec une section de 0,8 cm de
diamètre.
La fraction encore liquide au moment de la trempe a une micro-
structure fine qui permet de la distinguer de la fiaction déjà solidi-
fiée. La structure dendritique évolue au premiers stades comme
l'exemple précédent iig. 54-51. Mais 1'intemalle de solidz~cation
de l'alliage est grand donc le temps de contact des dendrites avec le
liquide long, ce qui entratne lefiactionnement des branches de den-
drite et laperte totale de leur interconnexion.
Document INPG Grenoble, Fr adapté d'après [f)ur80b]
Figure 6-2-1 :
Exemple d'analyse thermique simple
pour un échantillon d'acier de 35 g ini-
tiallementfondu. La courbe en traits
pointillés est la température du four. Les
courbes en traits pleins sont la tempéra-
ture de l'échantillon en fonction du
temps T et la courbe dérivée dT/dt. Les
accidents sont:
1- Début de croissance de la phase pri-
maire.
2- Température de croissance des den-
drites considérée comme température de
liquidus.
3- Les pointes de dendrites atteignent le thermocoq e au centre de 1ëchantillon, Le régime des
échanges thermiques change.
4- Début de laformation de la seconde phase.
5- Maximum de la réaction de solidiJicationde la seconde phase, le maximum de température est con-
sidéré comme température de formation de la seconde phase.
6- Fin de la solidiJication, la température est considée comme température de solidus.
Document extrait de "A guide for solidification of steels", éditions Jerkontoret [Jer77]
thermocouples sont enregistrées sur un thermogramme. Les échantillons sont petits,
usuellement entre 200 mg et 2 g suivant les installations. Enfin, les thermocouples ne sont
pas en général en contact direct avec l'échantiuon. Un exemple de courbe accompagne une
micrographie plus loin, figure 6-5-2.
La surfusion de solidification
La valeur de la température de solidification mesurée est toujours décalée par rapport à la
température d'équilibre lue sur le diagramme de phases à cause de la surfusion. La
surfusion a plusieurs origines (g 5-3) : la surfusion de croissance due principalement à la
couche solutale en avant de l'interface et la safasion degermination qai n'existepas en solid$-
cation dimgée dans les con&tions permanentes. Les déviations dépendent des méthodes.
Un contrôle a- posteriori de la surfusion de germination peut être effectué en analysant la
courbe d'analyse thermique simgle relevée par le thermocouple en proche contact avec
l'échdntillon. La surfusion se traduit par un crochet de la courbe dû à la remontée de tempé-
rature. Pour éviter la surfusion, il est recommandé de ne pas trop surchaufferl'échantillon
par rapport à la température de liquidus. Une surchauffe de plus de 20-30 OC dans la
gamme de température des aciers favorise un retard de germination. Léxplication est peut
être la destruction d'arrangements précurseurs du germe dans le liquide ou encore la dissolu-
tion de quehues rares inclusions comme des carbonitrures réfractaires, tels que Nb(CN), qui
sont connus pour jouer un rôle d'agents germinants. Les très petits échantillons ((300 mg)
sont davantage sensibks à ia surfusion.
Une méthode est proposée pour s'affranchir de la surfusion de croissance [Old62]. La
température de a'iqaids TL est déterminée à partir d'expériences à différentes vitesses de
refroidissement. La valeur de TL ainsi mesurée diminue lorsque la vitesse de refroidisse-
ment augmente. La température choisie est l'extrapolation à vitesse zéro sur la courbe
T L / V Cette méthode adaptée à 1'ATD consiste à faire subir au même échantillon
plusieurs cycles fusion/solidification à différentes vitesses de refroidissement. L'extrapola-
tion n'est valable que pour la température de transformation d'une phase homogène
comme le liquide. Elle n'est pas transposable aux transformations en phase solide dans un
solide comportant des ségrégations de solidification. Notons que la déviation de tempéra-
ture entre la température extrapolée et la température mesurée est faible pour la gamme
des vitesses de refroidissement lentes, de l'ordre de 2 à 5 OC/mul. Dans l'exemple cité par
[Old62], la déviation est de 5 O C pour une vitesse de refroidissement assez rapide de
100 OC/&.
Interprétation des thermogrammes
Malheureusement YATD fournit seulement les températures des accidents thermiques. La
méthode est aveugZe7 c'est-à-dire sans contrôle des transformations qui se passent effecti-
vement dans l'échantillon. Cela donne lieu à bien des erreurs d'interprétation. 11 est absolu-
ment nécessaire de compléter les résultats par des observations micrographiques, ou
cristallographiques. Une interprétation appuyée sur un diagramme de phases peut être
erronée si le diagramme est incomplet ou inexact ou bien mal utilisé, de fajon inadaptée
aux conditions de l'expérience. L'erreur la plus fréquente consiste à faire correspondre les
accidents thermiques lors dzt refroidissement au franchissement de domaines lus sur une
124 LA MICROSTRUCTURE DES ACIERS ET DES FONTES
Figure 6-3-1 :
Ségrégation de solidzfication dans l'alliage Fe-12Cr-l,65C-0,5M0-0,5 W-0,25 (désigné dans la spé-
czjkation ASTMstandard A681-89a, UNS T30402). Un échantillon a été trempé en cours de solidzj?-
cation unidirectionnelle et la microstructure observée à chaque niveau.
A) micrographie en électrons absorbés' dirne zone qui était à 1300 O C au moment de la trempe,
c'est-à-dire 93 OC en dessous de la température expérimentale de liquidus. Les aiguilles claires au
centre des grains sont de la martensite.
# Les conditions de travail à la microsonde électronique se prêtent à la mesure du courant d'échan-
tillon ou électrons absorbés qui sont complémentaires des électrons émis (rétrodzflusés, secondaires).
Le contraste est de cefait inversé et les carbures contenant le molybdène apparaissent sombres.
B) profil de concentration en chrome obtenu à partir de pointés tous les deux micromètres environ le
long du tracé indiqué par une barre claire.
Echantillon Aubert et Duval, Les Ancizes, FK
Les paramètres à considérer sont, comme pour tout problème de diffusion, la température,
la durée de maintien, et la taille de la structure. La première modélisation à ce sujet fait
intervenir ces paramètres à travers un coefficient correcteur au modèle S-G [Bow66]. Ce
coefficient est un nombre sans dimension de Fourier a = 4ùs+/i12 où ùsest le coeffi-
cient de diffusion dans le solide lié à la température, Os le temps local de solidification et il
l'espacement interdendritique primaire. En fait, il apparaît que la correction de rétrodiffu-
sion est faible, et que sa variation en fonction de la vitesse de solidification peut souvent
être considérée comme négligeable pour les solutés d'éléments en substitution car deux
effets se compensent. D'après le coefficient de Fourier, lorsque la solidification est rapide,
OS au numérateur est petit et il au dénominateur varie de même et, inversement pour les
faibles vitesses.
La microstructure d'un acier à outils riche en chrome et en carbone dlustre la répartition
des ségrégations (figures 6-3-1 et 6-3-2). Les échantillons ont été prélevés dans un barreau
solidifié unidirectionnellement et trempé en cours d'expérience. Pour un échantillon
figure 6-3-1 la solidification s'est faite lentement sur une centaine de degrés ; pour l'autre
échantillon de la figure 6-3-2 elle a été rapide lors de la trempe. Le taux de ségrégation
Figure 6-3-2 :
Micrographie électronique en élec-
trons absorbés du même alliage que
celui de la figure 6-3-1 dans une
zone qui était liquide au moment de
la trempe et qui a formé une micro-
structure très fine. Des dosages
ponctuels ont révélé une ségrégation
du même ordre que celle mesurée
dans les dendrites grossières Cfig.
6-3-1). Le pourtour des dendrites,
enrichi en chrome, a été moins sen-
sible à l'attaque chimique.
Echantillon Aubert et Duval, Les
Ancizes, FK
déterminé expérimentalement est effectivement tout à fait comparable pour les grosses
dendrites solidifiées lentement et les petites dendrites solidifiées rapidement.
Des modèles plus sophistiqués prennent en compte la maturation de la structure Po1991.
La difficulté de modélisation des échanges diffusifs provient du fait que la dendrite a une
forme compliquée, ni axiale, ni sphérique, et de plus évolutive. Il est donc difficile de faire
correspondre exactement le profil de concentration attendu en travers d'une dendrite avec
la fraction solidifiée. Au point de vue expérimental, une difficulté est de localiser précisé-
ment le centre de la dendrite (minimum de ségrégation pour k < 1) sur une section quel-
conque d'un échantillon autre qu'une coupe transversale. Plusieurs mesures sont
nécessaires pour valider le résultat.
Un autre effet s'ajoute à la rétrodiffusion pour diminuer le taux de ségrégation, c'est la
surfusion à la pointe de la dendrite. La composition Cp à la pointe de la dendrite est
définie par l'équilibre à la température de liquidus diminuée de la surfusion (fig. 5-3-9)' elle
est plus riche en soluté pour k < 1. La surfusion augmente avec la vitesse de solidification.
La relation Cp = k.Co n'est approchée que lorsque la cinétique n'est pas trop grande
comme dans la solidification de lingots.
En définitive, il est pratiquement impossible de s'affranchir d'un certain taux de ségréga-
tion en fin de solidification. Ce taux ne varie pas beaucoup dans la gamme courante des
vitesses de solidification. Or, l'hétérogénéité significative due aux microségrégations a des
répercussions importantes sur les transformations ultérieures en phase solide en induisant
une précipitation localisée ou une transformation martensitique non uniforme par
exemple. Les propriétés mécaniques ou la sensibilité à la corrosion en supportent les
conséquences (voir figure 6-3-2). Il faut alors opérer des traitements thermiques pour
effacer ou atténuer les ségrégations. A ce stade, la cinétique d'homogénéisation d@end beaucoup de
lajnesse de la microstructure. En première approximation, le temps nécessaire pour un certain
128 LA MICROSTRUCTUREDES ACIERS ET DES FONTES
t
"155 L 2:-
......
---
Rétrodiffusion
145 Scheil-Guiliver
130@ , , , , , , , , , !
O 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5 0.6 0.7 0.8 0.9 1.0
B fraction solidifiée
Figure 6-3-3 :
Solidflcation d'un alliage Fe-1 Kr-l, l C
A) tracés de chemins de cristallisation sur la projection du liquidus du système métastable
Fe-Cr-Fe3C (voir j 4-6) suivant les trois gammes de conditions:
avec dzflusion (levier), le chemin s'arrête à l'épuisement du liquide lorsque la composition globale
correspond à la composition du solidus, c 'est la ligne en gris terminéepar uneflèche
sans dzflusion (Scheil-Gulliver)le chemin continuejusqu 'à 1 'eutectiqueFe/Fe3C qui est 1 'aboutisse-
ment des lignes eutectiques.
avec dzflusion partielle (rétrodE£fusion)et pour des conditions de refroidissement de 0,5 "CS-' et un
espacement secondaire de 50 p.
B) fiaction de solide en fonction de la température dans chacun des cas considérés (le calcul n 'apas
été prolongé au delà de l'eutectique dans les conditions avec diffusion).
Document INPG Grenoble, Fr.
Figure 6-3-4 :
Micrographies électroniques d'un échantillon d'alliage Fe- V-Ta-C refroidi lentement à 5 OC/min
depuis l'état liquide.
A) dendrites d'austénite y entourées d'eutectique y/(yTa)C. La partie la plus sombre du carbure est
très riche en vanadium et la partie claire en tantale.
B) après attaque chimique profonde, les carbures (yTa)C apparaissent entourés de cémentiteformée
en phase solide (bordure grise lisse). La matrice est perlitique avec quelques précipités secondaires
VC qui ne contiennentpas de tantale (points noirs).
C) agrandissement des carbures MC à contraste clair: Le contraste a dû être poussé pour observer la
démixtion, ce qui empèche de distinguer la bordure de cémentitepourtant présente)
D) agrandissement des carbures MC à contraste sombre. La bordure gris clair est la cémentite, le
cœur gris foncé le mélange des deux carbures dissociés.
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Figure 6-3-6 :
Micrographie électronique de
l'alliage Fe-2,1 C-14,7Cr-1Nb
refroidi depuis l'état liquide à
2,5 "C/min. Au centre des dendrites
l'austénite a été transformée en
martensite d'ou le contraste clair.
Dans le sillon interdendritique se
trouvent les carbures eutectiques
M7C3 noirs et les carbures eutecti-
ques NbC blancs.
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[Kes8 71
Les proportions des deux eutectiques sont grandes et la microstructure est grossière pour
les deux. L'ordre dans lequel se forment les eutectiques est plus difficilement interprétable
d'après la microstructure. La réponse devient claire après une expérience de solidification
dirigée : c'est l'eutectique y/M& qui apparaît en dernier, de façon bien décalée en tempé-
rature par rapport à l'eutectique y/VC.
Figure 6-3-8 :
Structure de solidzfication observée sur
l'alliage
l7e-2,4C-O,9Si-0,9Mn-0,1Ni-2,9Cr-
3,4Mo-5,9 V solidzJié unidirectionnelle-
ment avec une vitesse de tirage de 9
cm/h et un gradient moyen de 95 OC/cm
(gradient non linéaire).
A) Micrographie électronique d'une
section longitudinale. La phase pri-
maire claire est l'austénite, la phase
sous forme de points ou deJibres est le
carbure de vanadium VC. Dans la zone
à microstructureJine du liquide trempé
il y a des cellules y/VC et une zone
noire qui correspond à la Jin de solid$-
cation aussi transformée en Jins consti-
tuants eutectiques.
B) Agrandissement destiné à repérer
l'apparition des cellules de l'eutectique
fibré y/VC grâce à la différence de taille
de la microstructure. La double flèche
indique la zone correspondante sur la
micrographie et 1agrandissement.
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La comparaison des deux images figures 6-3-6et 6-3-7A amène un commentaire sur la trem-
pabilité des ces nuances. En présence de niobium, la teneur en carbone de l'austénite reste
faible à toutes températures, et en particulier à la température eutectique au moment de 2a
solidification (voir produits de solubilité tableau 17-2-5).Il en résulte une meilleure aptitude
de la matrice à se transformer en martensite. En présence de vanadium, la solubilité du car-
bone est plus élevée au moment de la solidification mais diminue au cours du refroidissement
engendrant la formation de précipités secondaires de carbures de vanadium. Cependant les
teneurs en carbone et en vanadium restent trop élevées pour permettre une transformation
martensitique. Il faut un traitement thermique vers 900 OC qui renforce la précipitation,
abaisse davantage les teneurs en carbone et vanadium pour rendre possible la formation de
martensite. Ce point a un grand intérêt pratique car l'alliage offreune meilleure résistance à
l'abrasion quand les carbures VC sont enchâssés dans une fine martensite.
Le troisième exemple est destiné à dlustrer comment repérer le début de solidification d'un
constituant eutectique y / V C sur une micrographie. L'échantillon est une fonte alliée au
vanadium (l,7C-l,2Si-l,lMn-O,BNi-3,6Cr-l JMo-4JV) dont les deux premières étapes du
chemin de cristallisation sont similaires à l'exemple précédent IJay921. L'échantillon a été
solidifié unidirectionnellement et trempé en cours d'expérience. La formation des premiers
constituants y et y / V C est repérable sur les figures 6-3-BA et B par une microstructure
134 LA MICROSTRUCTURE DES ACIERS ET DES FONTES
plus grossière. Toutefois, un repérage précis nécessite l'examen minutieux de coupes trans-
versales. La proportion du constituant eutectique est grande. En fin de solidification, il y a
concentration de molybdène et de chrome dans le sillon interdendritique qui donne lieu à
la formation d'autres constituants eutectiques en faible proportion.
Figure 6-3-9 :
Micrographie électronique de
l'alliage Fe-4,4Cr-1,6V-1C refroidi
à 5 "C/min depuis l'état liquide. Le
constituant eutectique comporte
deux carbures M7C3 en contraste
sombre et M3Cplus clair (le con-
traste a été renforcé). La matrice est
de 1 'austénite transformée en $ne
perlite.
Formule approchée des carbures:
M7c3 = (Fe3,jCr.Z!, 5 vl) c3
M3C = (Fe1,5CrrVo,5)C
Document INPG Grenoble, Fc voir
aussi [De-841
eutectique ou péritectique. Il faut étayer le raisonnement par la détermination de conodes à
plusieurs températures.
La discrimination entre les carbures M 7 C 3 , M 3 C et M23C6 est quelquefois difficile pour les
alliages d u système Fe-Cr-C e n l'absence d'éléments d'alliage ; le contraste e n microscopie
électronique à balayage est pratiquement nul. La difficulté est la même avec les attaques chi-
miques. C o m m e ces phases croissent facilement e n relations d'accolement, il faut une obser-
vation attentive pour les détecter.
Les carbures ne se redissolvent pas en général par un processus inverse de leur formation,
c'est-à-dire par un amincissement progressif. Quand les relations d'accolement sont possi-
bles entre les carbures, par exemple M7C3 et M3C, ou encore M7C3 et M23C6,le carbure
péritectique germe et se développe au dépens du carbure devenu instable. Il y a transfert
des éléments d'un carbure à l'autre. Certains carbures comme M6C se dissolvent suivant
un autre mode, ils se désagrègent et deviennent poreux. Dans les zones intérieures au
carbure délaissées par le carbone, il y a même la possibilité de formation locale de phases
transitoires, par exemple de la ferrite dans les zones riches en éléments alphagènes. Les
carbures M6C en cours de dissolution ont un aspect mité (fig. 6-3-10).
Le second exemple de la figure 6-3-11 est une fonte blanche proche de celle présentée
figure 6-3-8. L'échanullon provient d'une grosse pièce de fonderie dont le refroidissement
a été lent. Les carbures M6C de solidification se sont totalement décomposé en laissant
diffuser du molybdène dans la matrice et en reformant localement des carbures en
Figure 6-3-10 :
Micrographie électronique d'un
alliage Fe-Mo-C avec des carbures
M6C en cours de dissolution.
Document INPG, Grenoble, Fr
h MICROSTRUCTURE DES ACIERS ET DES FONTES
Figure 6-3-11 :
Micrographie électronique micro-
sonde de l'alliage 1,7C-1,ZSi-I, I Mn
0,8Ni-3,dCr-1,7Mo-4,7V refroidi
lentement dans une grosse pièce de
fonderie. Le contraste renforcé fait
ressortir les plages enrichies en Mo
par la dissolution des constituants
eutectiques. Les petits carbures
blancs, aciculaires sont Mo2C. Les
carbures noirs grossiers sont les
carbures eutectiques VC et les
points noirs abondants sont les car-
bures VC de précipitation.
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Figure 6-3-12 :
Micrographie électronique de
l'alliage Fe-20Co-52Cu brut de
coulée illustrant la zone de partage
des deux liquides.
Document INPG, Grenoble, Fr
Figure 6-4-1 :
Micrographies électroniques de coupes verticales d'échantillons d'ATD; les alliages ont été élaborés
par fusion et trempe enJin de solidzjkation
W13) alliage Fe-12,6 W-3,96C refroidi à 5 "C/h.
W20) alliage Fe-19,8 W-3,1C refroidi à 2 "C/h.
y = austénite, c = cémentite, q = M6C, g = graphite.
Document INPG Grenoble, Fr
Tableau 6-4-3 :Compositions et températures des dzflérents eutectiques du système Fe- W-C.
Constituants Composition % pds Température OC Références
y/WC/graphite 4,2C-4,9W 1140 calculé, données [Gus871
~/YFe3c 3,9C-12,8W 1122 calculé en excluant WC, données [Gus871
y/M6C/Fe3C 3,9C-13,2W 1121 calculé en excluant WC et 5, données [Gus871
y/M6C/Fe3C 3,9C-19,8W 1085 expérimental (fig. 6-4-2 A) [She92b]
y/M&/graphite 4,2C- 12,6W 1121 [UhrSO]
y/WC/graphite 4,2C-5,l W 1143 [Uhr801
fait en excluant la phase WC permet cependant de tracer une surface lïgudzis dans laquelle
se retrouvent certaines correspondances avec la microstructure.
La calcul thermodynamique n'est certes pas parfait mais ce n'est pas la seule raison de
désaccord. Plusieurs questions méritent d'être posées.
Est-ce un problème de préparation des échantillons ? La phase WC, se formant transitoi-
rement dans le liquide lors de la fusion des éléments, deviendrait très difficile à redissoudre
complètement, ce qui justifierait les carbures décantés.
Est-ce un problème de germination ? La phase WC est très facettée, caractéristique à asso-
cier avec une surfusion de croissance élevée et qui est peut être très élevée. Cette surfusion
fait qu'une forte sursaturation chimique est nécessaire pour que WC puisse se former à
partir du liquide. Sinon, d'autres phases se forment suivant la logique d'un diagramme de
phases métastable. Les chemins de cristallisation peuvent alors s'interpréter en l'absence de
WC, ce qui arrive lorsque la décantation a eu pour effet bénéfique d'en débarrasser le
paysage micrographique.
Figure 6-5-1 :
Projection du liquidus du système
Fe-Mo-C, Les points remarquables
sont:
quasipéritectiques:
U4 à 1276 OC
L+6 -)M&+y
U3 à 1157 OC
L+M6C -)M2C+y
péritectique ternaire PI à 1O80 OC
L+M2C+y -6
eutectique ternaire E l à 1O65 OC
Liq y+M3C+k +
Le chemin de cristallisation tracé par
la ligne pointillée grise est celui de
l ' a l l i a g e F e - 2 3 , 3 M o - l , l C soit
A A - A A A A Fe-1 4,4Mo-5,3C %. at.
4 8 6 6 3 f i 2 8 3 2 3 6 4 0
Adapté d'après [Gir95]
Une composition a été choisie dans la nappe primaire de la ferrite 6 pour un alliage
Fe-23,3Mo-1,lC pour associer les résultats expérimentaux d'analyse thermique différen-
tielle et les microstructures. Le chemin de solidification prévu dans les conditions S-G a
été tracé sur la projection du liquidus (version expérimentale [Gir95]) de la figure 6-5-1). Il
comporte six étapes:
1) formation de la ferrite primaire 6; 2) formation de l'austénite y ;
3) formation de l'eutectique y/M6C; 4) formation de l'eutectique y/M2C ;
5) formation de l'eutectique ylE, ; 6) formation de l'eutectique ternaire flE,/M3C.
La morphologie des divers constituants eutectiques a été présentée précédemment pour
d'autres nuances : figure 6-3-3 pour y/M6C, figure 5-47' pour y/M6C et y/M2C, figure 6-2-2
pour y15 et une microstructure similaire figure 6-4-2 pour y/E,/M3C.
Interprétation du thermogramme
Le thermogramme de l'alliage précedent est commenté en détails figure 6-5-2. 11 est
marquée par trois accidents thermiques seulement. Les trois transformations détectées
sont les trois premières du chemin de cristallisation, les autres ne sont pas détectables soit
parce que le liquide est épuisé, soit en proportion trop faible. Les courbes sont toujours
délicates à interpréter parce que la solidification progresse de façon continue et de ce fait
les signaux ne sont pas toujours facilement séparables. Les pics sont étales à la différence
d'un corps pur pour lequel le signal est brutal. Une claire compréhension de ce qui se
passe le long du chemin de cristallisation est nécessaire pour interpréter les accidents ther-
miques. L'apparition d'une nouvelle phase change les chaleurs spécifiques et aussi une
chaleur latente plus importante est dégagée à ce moment à cause de la surfusion. C'est le
changement de régime qui indique le début d'une transformation. Les points Am, Bm et
Em sont les débuts de la fusion pour des constituants et Ad, Bd et Ed, les fins de solidifi-
cation des mêmes constituants. Le point Fm est la fin de fusion, il correspond à Fd début
de solidification,c'est le hquidus. Le point Cd est l'apparition de la phase péritectique y et G
la formation de l'eutectique y/M6C.Les sommets des pics Cm, Ed, Bd, Ad indiquent la fin
d'une absortion ou dissipation de la majeure partie de chaleur latente correspondant à une
Figure 6-5-2 :
Thermogramme de 1 'alliage Fe-23,3Mo-1,l C
établi avec une vitesse de chauffage et de
refroidissement de 5 "C/min.
La ligne grise est le tracé de la température,
la ligne noire est le tracé de la différence de
température entre I'échantillon et un témoin
inerte. Unpetit palier P sur la courbe de tem-
pérature marque le fort dégagement de cha-
leur latente en Cd détecté par le thermocou-
ple de mesure proche de I'échantillon. La
zone grise est le changement de régime ther-
mique.
Adapté d'après [Gir95]
142 LA MICROSTRUCTUREDES ACIERS ET DES FONTES
Figure 6-5-3 :
Rappel simpliJié du schémajig. 5-7-4: den-
drite de ferrite primaire (zone claire); austé-
nite (zone grise); couche de diffusion qui
concentre les éléments rejetés (zone noire)
par la transformation 6Iy.
Figure 6-5-4 :
Micrographies électroniques d'un alliage Fe-23,3Mo-1,l C, refroidi depuis l'état liquide à 5 OC/min
jusqu 'à apparition du premier pic sur le thermogrammepuis trempé.
A) les dendrites de ferrite primaire 6 sont en contraste noir, la bordure transformée est en contraste
gris, les constituants eutectiques très fins constitués de y et divers carbures riches en molybdène sont
en contraste blanc.
B) l'agrandissement prouve la présence d'une bordure d'austénite de solidzfication (la bordure noire
colorée et indiquéepar uneflèche). La bordure stratifiée est l'austénite transformée.
C) Micrographie électronique du même alliage refroidi depuis 1 'état liquide à 5 "C/minjusqu'à la
température ambiante. La phase en contraste noir est lausténite et la phase claire est le carbure M6C.
La partie centrale des dendrites dans laquelle les carbures ont précipité garde une trace du contour de
l'ancienneferrite. Document INPG, Grenoble, Fr ;voir aussi [Gir95].
Figure 6-5-5 :
Micrographie électronique d'un échantillon de l'alliage Fe-O,86C-23,8Cr-1,9Si-2,lNi solidijk? et
refroidi à 150 OC/h. Le schéma illustre la position des phases dans un grain dendritique. Au centre la
phase 6 primaire de solidzjkation, entourée par la phase péritectique y, elle même entourée par le
constituant eutectique M7C3/y. Uneprécipitation cellulaire de M7C3 a pris naissance à l'intevface 64.
La micrographie correspond à la zone centrale.
Document INPG Grenoble, Fc voir aussi [De-8.51
sursaturée, d'où une précipitation discontinue de carbures M7C3 qui prend naissance au
joint de phase 6/y marqué par un chapelet de carbures. La précipitation se développe à
l'intérieur de la ferrite alimentée par la diffusion du carbone en sursaturation dans l'austé-
nite à travers l'interface pe-851. Compte tenu de la température à laquelle se passe cette
transformation, l'activité du carbone peut être considérée comme uniforme dans l'échan-
tillon. La précipitation s'arrête lorsque la teneur en carbone a diminué pour atteindre le
seuil tolérable imposé par le produit de solubilité des éléments carburigènes. Dans cet
exemple, il y a marquage de la réaction péritectique par les précipités mais il n'y a pas
d'austénite de régression.
Figure 6-5- 7 :
Projection de la nappe liquidus du système
Fe-Ni-Cr et chemin de cristallisation de 1 'alliage
Fe-1 ~ C ~ - ~ N ~ - I , ~ M ~ - O , ~reconstitué
~C-O,~MO-
approximativement sur le modèle ternaire.
O 10 20 30
Fe Ni pds%
Structure de solidification
Le schéma A correspond à la température de la réaction péritectique, seule la ferrite est
solide (en gris). Sur le schéma B tout est solidifié, il y a l'effet cumulé de la solidification et
des transformations en phase solide. Observons d'abord seulement la structure de solidifi-
cation de la zone qui était encore liquide en A. L'austénite péritectique se solidifie autour
de la ferrite, sa composition évolue en fonction du chemin de cristallisation. Comme les
solutés rejetés sont des éléments alphagènes, le liquide enrichi dans le sillon interdendri-
tique forme à nouveau de la ferrite, une ferrite plus riche en chrome (22Cr-11,5Ni) que la
phase primaire (autour de 16,8Cr-9,3Ni). Appelons cette dernière phase ferrite a parce
qu'elle est plus proche de la phase a-Cr, mais c'est la même phase que 6. Elle apparaît en
contraste légèrement plus clair sur la micrographie figure 6-5-8 D. Enfin le liquide est
suffisamment enrichi en soufre pour former le sulfure (MnCr)S par réaction monotectique
et le constituant eutectique (MnCr)S/a. L'eutectique a une morphologe cellulaire avec des
sulfures interconnectées à la manière d'un corail (fig. 5-6-14). Quelquefois le liquide eutec-
tique est un mince film qui donne en se solidifiant un alignement de précipités.
Austénite de régression
Toujours sur le schéma B, observons la structure de transformation en phase solide.
L'austénite se développe vers l'intérieur aux dépens du grain de la ferrite en rejetant les
éléments alphagènes et le soufre dans la couche de diffusion. Lorsque la concentration en
soufre atteint un certain seuil, la réaction qui transforme la ferrite en austénite devient une
réaction métatectique c'est-à-dii-e une réaction qui engendre du liquide (6 + y + Liq).
Les mécanismes proposés sont fondés sur les diagrammes de phases Fe-S et Fe-Mn-S
(g 4-9). La couche de diffüsion devient un film mince liquide continu qui s'étale le long de
l'interface et draine les éléments rejetés. Le liquide métatectique s'enrichit en soufre puis il
atteint une concentration limite à partir de laquelle il se sépare en deux liquides dont l'un
est très riche en soufre et l'autre riche en fer. Ce dernier liquide au cours du refroidisse-
ment donne lieu à une réaction monotectique contribuant à augmenter la proportion de
liquide riche en soufre (LI + a + L2) La phase L2 est néanmoins en faible proportion et,
du fait des énergies interfaciales, elle devient sphérique. La goutte de liquide ainsi formée
Figure 6-58 :
Evolution de la microstructure d'un alliage Fe-1 7Cr-8Ni-1,5Mn-O,04C-0,2Mo-0,3S de iype AISI 303
solidz$é depuis la température de liquidus à 5 "C/minpuis trempé à 1414 OC, en dessous de la trans-
formation péritectique.
A, B) schémas représentant les étapes antérieures à la trempe.
C) schéma représentant la microstructure après la trempe.
D) micrographie électronique de l'échantillon attaqué au nital. M est la martensite.
E) micrographie électronique d'une zone agrandie d'un échantillon non attaqué qui révèle trois
phases :l'austénite (gris clair), laferrite (gris moyen) et (MnCr)S (noir).
Document INPG Grenoble, Fr; voir aussi [Tas02].
la taille de ces derniers car la séparation de phases 6Iy se passe plus vite et à une tempéra-
ture plus basse que les réactions précédentes engendrant une couche de diffusion plus
fuie. Néanmoins, ce sont encore des sulfures mixtes (MnCr)S issus de la couche de diffu-
sion donc des sulfures métatectiques et/puis monotectiques.
L'examen des échantillons par microscopie électronique (fig. 6-5-8 E) permet de valider la
précédente interprétation. La ferrite issue de la séparation 6/y apparaît en traces long-ilignes
sombres sur l'échantillon attaqué. Les zones de ferrite sont parsemées de sphérules noirs
submicroniques identifiés comme des sulfures (voir micrographie électronique agrandie de
l'échantillon non attaqué fig. 6-5-8 E). La transformation martensitique signalée par M sur
la figure 6-5-8 D dans l'alliage trempé brouille un peu la microstructure finale au centre du
grain. La bordure homogène du grain reste austénitique, elle est épargnée à cause de la
ségrégation qui abaisse la température M p En fin de solidification, l'alliage comporte
quatre phases a, y, la martensite et des sulfures de tailles diverses.
En résumé, plusieurs catégories de sulfures sont créées. Les sulfures les plus grossiers sont
d'origine monotectique ou eutectique en pourtour de dendrite et les plus fins divisés en
deux populations différentes d'origine métatectique-monotectique. Ces suFres appanciennent
à la même catkorie des szi@res de Srpe II ($ 19-6). La distinction entre les sulfures générés dans
la couche de diffusion n'est généralement pas faite. Pourtant plusieurs tailles de sulfures
sont repérables, même dans le produit préparé à l'échelle du procédé industriel illustré
figure 19-6-1.
Figure 6-5-9 :
Micrographie électronique d'un
alliage Fe-l,47C-9V refroidi depuis
l'état liquide à 5 "C/min. L'échan-
tillon a subi une attaque profonde
(annexe 22-4).
Document INPG, Grenoble, Fr
[Kes88a].
TRANSFORMATION
DE LA MICROSTRUCTURE EN MILIEU LIQUIDE/SOLIDE 149
vanadium augmente de 1 ii 2 O/O pour rejoindre une composition sur la ligne monovariante
eutectique. La disposition des carbures de vanadium suivant des aurkoles concentriques
suggkre la re fusion d'une zone de composition eutectique, puis sa re-solidification. Le
processus se rkpkte en cascade.
Figure 6-5-10 :
Micrographie en klectrons absorbks
d'un e'chantillon d'acier a outils
(Fe-O,52C-3,8Cr-O,5Mo- I V-l8,8 W)
refroidi a 5 "C/min depuis le point
de fusion a 1476 "C.
Diflkrents types de morphologies sont distingue's:
A) rkpartition continue des prkcipitks;
B) aurkoles de prkcipitation le long d 'une interface de rkgression,
C) cellules;
D) chapelet de carbures ii 1'interface 6ly formks au dkbut de la transformationpkritectique;
E) eutectique y/M& avec la morphologie en ar2tes de poisson.
Document INPG, Grenoble, Fr
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Grains, joints de grains et interfaces
Le thème "grain et joints de graios" est très vaste, il véhicule u n grand nombre de notions qui sont
invoquées pour expliquer des mécanismes dans des domaines très différents, comme la corrosion ou
les propriétés mécaniques. Il nécessite, de ce fait, l'usage d'un vocabulaire commun rigoureux afin
d'éviter toute confusion.
7-1 Généralités
Le grain et le joint de grain
La structure du grain et du joint de grain fait partie des connaissances fondamentales
nécessaires pour interpréter le comportement des matériaux métalliques. Le sujet est
approfondi dans de nombreux ouvrages de métallurgie générale [Cah83], @?or92], @?hi021
ou plus spécialisés p<au89], [Sut96].
Un grain est un monocmital, c'est-à-dire qu'il existe une continuité du réseau cristallin et de
son orientation dans tout le grain. Les grains adjacents de la même phase ayant des orien-
tations différentes sont séparés par une surface immatérielle appelée joint de grain. Les
réseaux s'étendent avec toute leur régularité jusqu'au joint. Le changement d'orientation
d'un grain à l'autre est brutal dans la plupart des matériaux métalliques. Il se produit sur
quelques rangées atomiques, soit une épaisseur de l'ordre de 0'1 à 1 nm. Un joint de grain
est défini dans l'espace par la désorientation du réseau cristallin du grain par rapport à
celui de son voisin et par l'orientation du joint par rapport au grain. Dans la région du
joint certains atomes sont déplacés de leur position normale dans le réseau, ce qui
engendre une grande quantité de défauts analysables en lacunes et en dislocations ; ainsi,
de l'énergie est accumulée.
Les propriétés du joint de grain sont très affectées par le changement d'orientation d'un
grain à son voisin. Si l'amplitude des angles est faible, soit une valeur inférieure de trois à
dix degrés environ, les défauts s'organisent en un réseau bidimensionnel de dislocations
appelés sous-joints dont le comportement à la déformation ou à la corrosion est celui des
dislocations mises en jeu. Si l'amplitude est plus forte, les défauts sont plus nombreux
mais restent très localisés sur une zone de quelques rangées atomiques. Une telle zone
interagit avec les défauts cristallins. C'est une source ou un puits pour les dislocations
152 LA MICROSTRUCTURE DES ACIERS ET DES FONTES
mobiles et pour les défauts ponctuels engendrés au cours d'une déformation plastique. Les
énergies libres d'excès associées à des joints à forte désorientation sont souvent du même
ordre de grandeur, autour de 500-600 ~ / (erg/cm2). m ~ C'est l'énergie à prendre en
compte dans le cas des joints quelconques de forte désorientation.
L'énergie du joint se répartit en deux composantes, une énerge de de;foormatiandu réseau et
une énergie chimique provenant de la rupture des lidisons. Le joint de grain classique accu-
mule une forte énergie chmique due à la rupture de toutes les liaisons et pratiquement
aucune contrainte. Le joint de macle est un cas particulier de joint pour lequel les orienta-
tions cristallographiques des deux cristaux sont symétriques l'une de l'autre. Il y a concor-
dance parfaite entre les réseaux de part et d'autre du joint, seule la séquence d'empilement
a changé au niveau du joint. Le joint de macle a une très faible énergie puisqu'il n'y a ni
rupture de liaisons ni déformation du réseau.
Figure 7-1-1 :
A) Image en microscopie à transmission à
haute résolution illustrant la configuration
de l'interface entre y cfc et a cc. La phase y
a l'orientation [ o ï l ] et a l'orientation
[OOl]. L'interface est pratiquement paral-
lèle au faisceau incident et c'est un plan
{ i lily.
Document CEA Grenoble, Fr, voir aussi
[Pen89].
B) Dessin représentant une zone au centre de l'image avec les colonnes d'atomes perpendiculaires au
plan de figure, la ligne en pointillé représente lejoint de phase égalementperpendiculaire au plan de
Jigure. Le tracé provient d'une simulation eflectuée en rapport avec les orientations expérimentales.
Les cercles entourent des dislocations de désaccord paramétrique (mis fit en anglais) distantes de
2,6 nm.
Document INPG Grenoble, Fr (voir [Bon94])
Il est semi-cohérent si la correspondance apparaît périodiquement comme dans un vernier
en quelque sorte ; c'est le désaccord paramétrique (mi@). L'accommodation peut être
assurée par la présence de dislocations coins périodiques.
L'existence de joints en cohérence pa$aite est improbable, car cela implique des espace-
ments interatorniques rigoureusement identiques pozlr certainsplans dans les deux phases.
Pourtant, une bonne cohérence entre deux phases est très fréquente car la germination est
énergiquement moins coûteuse, donc plus facile, lorsqu'il s'agit de former une phase en
bonne coïncidence avec la matrice. Le système s'adapte souvent en créant une phase méta-
stable en position de semi-cohérence (voir g 13-1). Le joint cohérent accumule une forte
énergie de déformation pour faire concorder les interfaces mais l'énergie chimique est
minime dans le cas des métaux, puisque les liaisons n'ont pas été rompues.
Les plans d'accolement sont les plans privilégiés de contact entre deux phases, ils sont
appelés plans d'habitat (habitplanes). Ces plans peuvent être irrationnels, c'est-à-dire sans
orientation cristallographique simple à une échelle macroscopique. Cependant, à l'échelle
atomique, ils peuvent apparaître comme des successions de terrasses pour lesquelles les
relations de bonne cohérence sont simples (voir fig. 9-3-1).
Figure 7-1-2 :
Micrographie optique (A) et électro-
nique à balayage (B) d'un acier aus-
téno-ferritique de composition:
O,038C-22,l Cr-1O,4Ni-1,2Si-0,7Mn,
L'échantillon a été déformé plasti-
quement de 1O,5 %. La phase en
contraste sombre est a et la matrice
claire est l'austénite y.
Dans l'austénite, les dislocations
sont dissociées et ont tendance à se
propager dans le plan de glissement
initial, ce qui donne des traces recti-
lignes ou anguleuses. Dans la fer-
rite, les dislocations, majoritaire-
ment de type vis, ne sont pas
dissociées et peuvent changer à tout
moment de plan de glissement, ce
qui donne des traces sinueuses.
Document INPG, Grenoble, Fr
adapté d'après [Ver9 71, voir aussi
[Bér97]
L'échantillon a subi une forte déformation plastique qui a permis de mettre en évidence
les lignes de glissement continues d'une phase à l'autre (fig. 7-1-2 B). Ce trajet des lignes de
glissement est possible seulement s'il existe une continuité entre les plans denses des deux
phases, soit une relation d'orientation par exemple (111)y // (110)a.
Une interface est dite facettée lorsqu'elle présente des larges zones planes à l'échelle
atomique. Cette notion se réfère au processus de croissance. Par exemple lors de la
progression d'une interface liquide/solide, un atome qui vient s'intégrer au solide a
plusieurs possibilités : soit se poser sur une zone plate de l'interface et la nouvelle interface
accroît le nombre de liaisons atomiques ouvertes de quatre, soit se placer contre une
marche le nombre de liaisons atomiques ouvertes sera augmenté de deux, ou s'intégrer
dans un coin, ce qui n'apporte pas de changement. La sélection du site est commandée par
le bilan énergétique. Ld m i ~ ~ a n sefera
c e doncpr~érentiellementszlr les coins e t les marches.
Les plans à hauts indices présentent un grand nombre de sites pour un attachement facile
des atomes, ils forment des interfaces dites rugueuses correspondant à une croissance
isotrope sans plan vraiment privilégié. Les plans à faibles indices (type plans denses)
forment plus facilement des interfaces facettées. La croissance plus difficile des interfaces
facettées nécessite une plus grande force motrice, c'est-à-dire une plus grande sufusion
d'origine chimique comme la sursaturation, ou d'origine thermique comme la surfusion.
La facette qui se forme correspond au plan dont la croissance est la moins facile, la plus
lente. Les carbures de niobium très facettés de la figure 7-1-3, illustrent une telle
croissance.
Figure 7-1-3 :
Micrographie d'un alliage Fe-Nb-C
solid@ lentement.
Des carbures de niobium se sont
développé dans le liquide puis ont été
piégés par la solidzjîcation des den-
drites d 'austénite.L'attaque profonde
de la matrice révèle les facettes de
croissance :La flèche blanche de
droite signale un cube parfait qui a
crû suivant les plans {100) et la jlè-
che du bas signale un plan {Ill).
Document INPG, Grenoble, Fr voir
aussi [Kes88a]
La différence d'orientation entre les grains a une influence sur le comportement en défor-
mation, puisque les plans de glissement facile et de clivage changent au franchissement
des joints qui eux mêmes peuvent constituer des points faibles. La figure 7-1-6 présente
une surface de fracture fragile dans un acier ferritique inoxydable X2CrMoTi29-4 (1,4592)
sur laquelle les grains individuels sont révélés par à la fois des facettes de clivage intergra-
nulaires et des régions de décohésion intragranulaire.
La notion de grain existe pour des constituants polyphasés eutectiques ou eutectoïdes dans
la mesure où les phases croissent avec des orientations préférentielles définies et couplées
(fig. 6-4-2 B). Les grains composites sont alors constitués de plusieurs phases interconnec-
tées de façon rigide entre elles. Ce sont des grains polyphasés au sens cristallographique.
L'unicité de la structure biphasée est soulignée par le vocabulaire qui s'y rapporte : colo-
nies, cellules, nodules.
LA MICROSTRUCTURE DES ACIERS ET DES FONTES
Figure 7-1-4 :
Micrographie électronique de deux
grains dendritiques observés dans
une retassure, dans un barreau
d'acier 1OOCr6 brut de solidiJica-
tion. Les branches de dendrites sont
parallèles à l'intérieur de chaque
grain car elles sont issues du même
germe (voir fig. 5-5-5). Le grain
comprend une multitude de bran-
ches.
Document INPG Grenoble, Fr
Figure 7-1-5 :
Micrographie électronique en élec-
trons rétrodiffusés de la structure
brute de solidification d'un acier
3 6 N i C r M o 1 6 ( n o r m e NE EN
10 02 7). Le contraste clair souligne
le réseau dendritique car le molyb-
dène s'est accumulé dans le sillon
interdendritique. Un paquet de lat-
tes de la transformation martensiti-
que orienté dans la direction du trait
traversent cette zone jusqu'à la
ligne sinueuse souligné en noir.
Cette observation illustre la conti-
nuité du réseau cristallin d'une
branche de dendrite à l'autre.
Document INPG, Grenoble, Fr
Figure 7-1-6 :
Micrographie électronique d'une
rupture mixte fragile et intergranu-
laire dans un acier X2CrMoTi29-4
(1,4592).
Document CRU-Ugine Savoie
Imphy, groupe Arcelov.
Dans le cas des alliages à forte proportion d'un constituant eutectique comme les fontes,
les notions de grain et surtout de joint de grain perdent toute leur signification. En effet, le
monocristal de la dendrite primaire longtemps en contact avec le liquide dégénère à cause
de la coalescence, il se retrouve morcelé en particules monogranulaires noyées au milieu de
l'agrégat eutectique dans le sillon interdendritique (fig. 6-1-1).
O
où c, est la concentration dans la solution solide, T la température en Kelvin, QJl'énergie
d'interaction des atomes de soluté avec le joint de grain correspondant à la différence
d'énergie d'un atome situé au joint ou bien dans le réseau normal. Le processus Limitant
est tout de même la diffusion à l'intérieur du grain de telle sorte que la ségrégation est
fonction décroissante de la température, si bien qu'en pratique le phénomène de ségréga-
tion est surtout sensible aux températures intermédiaires.
Les échanges thermodynamiques peuvent être modélisés en prenant en compte la struc-
ture particulière du joint. Le modèle le plus simple est de considérer l'interface comme un
zone ayant une certaine épaisseur et de l'assimiler à une phase spécifique [Hi199b]. Cette
façon de voir est proche de la réalité, car dans certains cas, l'interface est une couche
mono-moléculaire avec des liaisons de type différent. Un exemple bien connu est celui de
158 LA MICROSTRUCTURE DES ACIERS ET DES FONTES
la ségrégation du phosphore qui forme une couche à la surface du joint dans laquelle des
concentrations de 20 % en phosphore sont mesurées alors que l'alliage contient seulement
une teneur très faible de quelques dizaines de ppm. Il s'agit d'une monocouche correspon-
dant à la formule Fe3P avec des liaisons spécifiques. Le joint est alors très fragilisé Pri901.
Dans le cas des aciers, le problème est compliqué par l'interaction entre le phosphore et le
carbone. Les flux respectifs dépendent de la température et peuvent conduire à une inver-
sion de la ségrégation du phosphore au profit du carbone [Gut77], [Gut82], [Cow98].
A cause du changement d'orientation à travers le joint de grain, les directions de glisse-
ment facile coïncident rarement. En conséquence, les joints de grains sont des obstacles
efficaces à la propagation des dislocations et il en résulte zm renforcement du matériaa. Des
fortes contraintes sont engendrées localement en tête des empilements, aussi ce méca-
nisme de blocage est à utiliser avec discernement, seulement si la ductilité est suffisante
pour supporter un fort niveau de contrainte. Le recours à la précipitation intergranulaire
pour inhiber un possible grossissement de grain après la recristahsation peut conduire à
unefragihation dujoint après revenu excessif ou survieillissement. C'est le cas des aciers
faiblement ahés pour lesquels l'addition d'aluminium et d'azote procure un renforcement
significatif en bloquant les joints de grains par formation de nitrure d'aluminium, à condi-
tion de respecter des conditions normalisées. Dans le cas des pièces moulées en aciers au
carbone, les précipités de carbures peuvent provoquer une rupture intergranulaire.
Dans certaines conditions, les atomes de soluté collectés pendant une transformation sont
entraînés avec mouvement des parois du grain et se maintiennent en position interfaciale
au joint de grain. Le phénomène est connu sous le nom de drainage du soluté.
Figure 7-2-5 :
Micrographie électronique d'un
alliage Fe-Cu. Les particules de
poudres de fer ont été comprimées
avec 3 % de poudre de cuivre,
chauffées ( 3 " C / m i n ) j u s q u ' à
11O0 OC et immédiatement refroidies
(40 "C/min). Le cuivre liquide a
pénétré comme en témoigne le bon
étalement du liquide intergranu-
laire. Un maintienplus long conduit
à la dzflusion du cuivre dans lefer et
à la disparition du liquide.
Document INPG, Grenoble, Fr ;
voir aussi [DubOO]
Figure 7-2-6 :
Cartes d'orientation des grains pour une même plage d'un échantillon d'acier AISI 430 (acier inony-
dable ferritique à 17 %Cr) après laminage à froid et recuit vers 900 OC. Le niveau de gris indique la
proximité d'une orientation cristallographique donnée par rapport à une direction macroscopique de
la tôle, noir très proche et blanc en dehors d'un cône de 20 O autour de cette direction:
A) grains orientés <11O> parallèlement à la direction de laminage fibre a);
B) grains orientés Cl11> perpendiculairement au plan de la tôle @bre y). Certains grains sont blancs
dans les deux images, ils n'appartiennent à aucune de ces deux familles d'orientation.
Document Ugine-CRIIsbergues, groupe Arcelor et INPG Grenoble, Fr
La diffusion est omniprésente dans l
a plupart des transformations métallurgiques et son rôle sera
beaucoup évoqué tout a u long d u texte. Après les définitions de base des lois de la diffusion, l'objectif
de ce chapitre est de présenter trois cas classiques dans lesquels les effets de la diffusion sur la micro-
structure sont très visibles. Les atomes sont transférés à partir d'une interface : 1 ) entre deux solides
(zone appauvrie), 2 ) entre un solide et un gaz (la cémentation), 3) entre un liquide et u n solide (la
galvanisation). Ces exemples correspondent à des phénomènes importants à l'échelle industrielle.
Généralités
La diffusion est un phénomène qui implique le déplacement des atomes par rapport à
leurs voisins. Dans un réseau cristalLin, le déplacement s'effectue par des sauts à une posi-
tion voisine suivant deux mécanismes soit par migration à travers les vides du réseau, les
sites interstitiels, soit par échange de position avec les sites inoccupés proches voisins du
réseau c'est-à-dire les lacunes. D'autres mécanismes plus complexes mettent à profit des
interactions avec l'ensemble des défauts par exemple dans le cas de la diffusion interfaciale
où il y a localement accumulation de défauts divers le long d'une interface (joint de grain
ou joint de phases). Les atomes de faible encombrement sont les seuls à pouvoir migrer à
travers les sites interstitiels, ce sont l'hydrogène, l'oxygène, l'azote, le carbone. Les atomes
plus gros sont contraints de migrer dans les seuls sites vacants en libérant à leur tour un
nouveau site. La fréquence de saut dépend de l'élément diffusant et pour un même
élément, fortement de la température. Dans le cas des hautes températures elle peut
atteindre des chiffres colossaux de l'ordre de plusieurs milliards de fois par seconde.
Cependant les déplacements atomiques s'effectuent aléatoirement dans toutes les direc-
tions, si bien qu'à l'échelle macroscopique le déplacement moyen est beaucoup plus limité.
Au point de vue métallurgique, c'est ce d4lacement apparent qui détermine la pénétration
d'un élément dans le réseau.
Les lois fondamentales macroscopiques qui gouvernent la diffusion chimique sont les lois
de Fick inspirées par les travaux de Fourier sur la conduction de la chaleur. La première
étude mathématique du phénomène a été faite par Fick en 1855. Les phénomènes de
162 LA MICROSTRUCTURE DES ACIERS ET DES FONTES
diffusion chimique jouent un rôle important en métallurgie car ils permettent au système
d'évoluer vers un état d'équilibre. Cependant, ce sont des phénomènes lents, beaucoup
plus lents que la diffusion thermique, aussi l'état d'équilibre sera rarement atteint. Il faut
donc prendre en compte le régime transitoire précédant l'établissement d'un éventuel
régime permanent.
La première loi de Fick exprime le fait que la densité de flux est proportionnelle au
gradient de concentration :
J est la quantité de matière qui traverse la surface unitaire pendant l'unité de temps qui
s'exprime en kg.m-2.s-1 ou en at.m-2.s-1suivant que l'on définit un flux de masse ou un
flux atomique. D est la constante de proportionnalité ou coefficient de diffusion qui
s'exprime en m2.s-l ; 6 est la concentration volumique en kg.m9 ou at.m-3. A remarquer
que le chimiste exprime plutôt un pourcentage qui est une fraction. C'est équivalent à une
densité atomique ou massique. Le signe "-"exprime que le flux se produit vers les basses
concentrations, il s'agit d'une perte par rapport à la concentration initiale qui tend à homo-
généiser spatialement un gradient initial.
La première loi de Fick n'est strictement valable que pour une diffusion selon l'axe des x,
dans le cas d'un système binaire à une seule phase et isotrope, maintenu à température et
pression constantes. Remarquons l'analogie de cette loi avec la loi de transmission de
chaleur par conduction, c'est-à-dire le flux proportionnel au gradient de température. La
loi d'Ohm a également la même forme, l'intensité est proportionnelle à la tension. Plus
généralement, on suppose souvent que le flux est proportionnel à la force thermodyna-
mique qui lui donne naissance.
Le coefficient de diffusion
Les cas de diffusion les plus simples sont ceux pour lesquels on peut considérer que la
difhsion ne modifie pratiquement pas la composition. Le coefficient de diffusion D peut
alors être traité comme indépendant de la concentration locale. C'est le cas de l'autodiffu-
sion ou de l'hétérodiffusion dans les alliages dilués. Cependant, le coefficient de diffusion
varie fortement avec la température. Lorsque le phénomène de diffusion est simple, les
valeurs expérimentales du coefficient D suivent la loi d7Arrhénius:
fi
(annexe 22-5). Les données sont souvent difficiles à comparer parce qu'elles portent sur
des gammes de températures particulières. La technique expérimentale utilisée (par
exemple interdiffusion ou traceur) peut introduire aussi une erreur systématique [Alb74].
Aussi, des valeurs un peu différentes de celles du tableau sont indiquées par adleurs pour
ces mêmes éléments [Hon95]. De toutes façons, il y a une grande différence de diffusivité
entre les éléments interstitiels et les éléments de substitution qui se traduit par plusieurs
ordres de grandeur entre les valeurs de ces coefficients. La diffusivité des éléments en
substitution est en partie liée à leur numéro atomique, les éléments lourds sont supposés
diffuser moins vite. La relation n'est cependant pas si simple puisque le nickel, le cobalt et
le cuivre diffusent plus lentement dans la ferrite que des métaux plus lourds.
Un paramètre très simple à calculer, et évocateur pour le métallurgiste, est la longueur de
diffusion / =
particulier pour interpréter la microstructure. Les chiffres suivants extraits de l'annexe 22-5
illustrent la comparaison pour une heure de traitement à une température de 910 OC (tran-
sition aly) : la pénétration du carbone est de 1080 pm dans la ferrite, de 192 pm dans
l'austénite. Celle du nickel dans l'austénite est 0,2 Pm, ce qui paraît bien faible mais il
convient de la comparer au rayon atomique de 0,167 nm pour le fer, ou à la distance d'un
saut de 0,26 nm (le paramètre de madle de y-Fe =0,37 nm soit une distance 0,37/* m).
Lorsque les solutions solides s'écartent significativement des solutions diluées, les coeffi-
cients de diffusion intrinsèques peuvent être très différents des coefficients d'autodiffu-
sion. Des relations d'après Kaufman et al [Zac62] prédisent la variation de la diffusivité du
carbone dans l'austénite en fonction de la concentration locale. E n fait, dans le cas du
système binaire A-B, il faudrait en toute rigueur traiter le problème du système ternaire
A-B-lacunes. Les problèmes liés à la diffusion des éléments sont traités dans les ouvrages
de métallurgie physique [Cah83], por921, [Bér94], phi021 et des ouvrages spécialisés
phi9 11.
Figure 8-2-1 :
ProJils de concentration en chrome au voisinage des carbures (en gris) pour quatre étapes lors du
refroidissement
A: Ségrégation de solidzjkation au voisinage du carbure eutectique
B: Epaississement du précipité et formation de la zone appauvrie en chrome.
C: Précipitation dans la matrice dont la teneur en carbone diminue.
D: La matrice est totalement homogène avec une teneur en chrome inférieure à la concentration en A
et B mais supérieure au minimum de la zone appauvrie.
étapes sont distinguées illustrées par les schémas de la figure 8-2-1 : les étapes C et D
pouvant aussi représenter des traitements thermiques après refroidissement.
A) S@r@ationde solidzjication dendmtiqzie. L'état initial considéré est celui de la fin de solidifica-
tion dans lequel la concentration de la matrice au voisinage du carbure eutectique est celle
de l'équilibre matrice/carbure à la température eutectique TE.
B) Formation de la ?one appazivrie. L'échantillon subit une étape de refroidissement lent
jusqu'à la température TI.La solubilité en chrome de la matrice diminue, la sursaturation
doit être résorbée, mais comme la force motrice de la germination est insuffisante pour
créer des germes, la matrice reste sursaturée en chrome. Par contre, le germe existe déjà à
l'interface carbure/matrice, alors l'éqiulibre s'établit par échanges diffusifs à travers l'inter-
face provoquant l'épaississement du précipité. La sursaturation est relaxée à une distance
approximativement de la longueur de diffusion.
C) Prénpiation dans la mahice. Un maintien à une température plus basse TIIpermet la préci-
pitation. L'équilibre s'établit au contact de chaque précipité. La matrice s'appauvrit locale-
ment en chrome sur une distance de diffusion. Le potentiel chimique du carbone peut être
considéré comme uniforme dans toute la matrice, compte tenu de la diffusivité du
carbone. A cause de la précipitation la matrice s'appauvrit en carbone, y compris au voisi-
nage du carbure eutectique. Un nouvel équilibre est imposé à l'interface du carbure eutec-
tique. D'après le diagramme de phases Fe-Cr-C (figures 4-7-1, 19-1-2 B et C), la teneur en
chrome peut remonter dans le sillon appauvri. Le flux de diffusion est alors dans le sens
+
carbure matrice. La largeur cette zone de relargage est faible puisque la température est
LA DIFFUSION 165
plus basse (en supposant la vitesse de refroidissement constante). C'est le profil de type
observé en pratique dans un alliage brut de refroidissement.
Pour les aciers alliés le problème est plus compliqué car la mise en équilibre nécessite
l'échange de plusieurs éléments dont les cinétiques de diffusion sont différentes ;parmi les
plus courants, le carbone, le chrome, le nickel, le molybdène. La diffusion au voisinage de
l'interface est le mécanisme qui commande la croissance des carbures tant qu'il subsiste
une sursaturation de la matrice. C'est la diffusion de l'élément le plus lent qui est le
processus limitant. L'élément important pour la sensibihté à la corrosion est le chrome.
La zone appauvrie est directement observable dans le cas examiné figure 8-2-2 pour lequel
la zone déchromée (indiquée par des flèches) est dépourvue de précipité et les carbures
eutectiques M7C3 adjacents apparaissent épaissis.
Le phénomène se rencontre dans des aciers moulés riches en carbone, bruts de solidifica-
tion à microstructure grossière [Dur80a]. Cette zone est préférentiellement corrodée
(fig. 8-2-3). Dans un autre exemple tout à fait représentatif de la microstructure des fontes
blanches (figures 12-3-2 AZ et BZ), la zone appauvrie est révélée par une aptitude diffé-
rente de la matrice pour se transformer en bainite.
La plupart des aciers ne présentent pas de carbures d'origme eutectique car ils contiennent
peu de carbone. De plus ils sont forgés, laminés et traités thermiquement, ce qui réduit les
précipités à l'état de débris très rapprochés et l'homogénéisation complète est facilement
atteinte. La corrosion localisée apparaît au niveau des précipités secondaires et surtout aux
Figure 8-2-2 :
Micrographie électronique d'un
échantillon d'acier type 25-20
(0,5C-24,9Cr-24,5Ni-l,8W-l,9Si-
1,9Mn). L'alliage a subi une solid$-
cation et un refroidissement relative-
ment lent simulant les conditions
d'obtention d'une pièce de fonderie.
L'alliage présente des dendrites
d 'austénite entourées d'eutectique
interdendritique M7C3/y. Le recuit
de 90 h à 750 "Cprovoque la préci-
pitation des carbures secondaires
M23c6.
Document INPG,Grenoble, Fr
MICROSTRUCTURE DES ACIERS ET DES FONTES
Figure 8-2-3 :
Micrographie électronique du même
acier que celui de la figure 8-2-2
(0.5C-24,9Cr-24,5Ni-1.8 W-1,9Si-
1'9Mn) corrodé par un mélange de
clinker et de Na2S04pendant 140 h,
à 1'air, à 700 OC. Le profond sillon
entoure les carbures eutectiques et
correspond à la zone appauvrie en
chrome.
Document INPG, Grenoble, Fr
joints de grain [Tho83]. Les joints de grains sont une zone privilégiée de formation de
précipités créant une zone appauvrie sur le contour du joint. Le phénomène est très
nuisible dans le cas des aciers austénitiques (g 19-3). Il se produit également avec les aciers
ferritiques mais, dans ce cas, la diffusivité de tous les éléments est grande dans la ferrite si
bien que la passivation par homogénéisation est beaucoup plus immédiate.
8-3 La cémentation
Les lois de Fick de la diffusion admettent dans ce cas une solution analytique qui permet
de calculer le gradient de concentration :
Figure 8-3-2 :
Pénétration du carbone dans un acier à Fe-0,2C.
A) Les courbes en traits noirs représentent le pourcentage pondéral de carbone calculé pour des
maintiens en atmosphère carburante à 1000 OC de respectivement 1, 4 et 10 h. La courbe en trait gris
représente une estimation de la teneur en carbone après un maintien de 10 h à 1O00 "Cpuis de 4 h à
870 "Cpour I'austénitisation.
B) Microdureté en fonction de la distance à la surface de l'échantillon pour les trois modes de refroi-
dissement. Les rectangles (A), (B) et (C) correspondent aux micrographies de lafigure 8-3-3.
sodium. Le traitement est bien contrôlable mais délicat d'utilisation à cause de la haute
toxicité des sels et des vapeurs ;
- ungax :la source de carbone est généralement un hydrocarbure ou du gaz naturel.
Figure 8-3-3 :
Micrographie électronique de pla-
ges de l'échantillon d'acier à 0,2 %
de carbone cémenté
A) zone à environ 200 pm du bord
après trempe à l'air. La structure est
martensitique et comporte une assez
large proportion d 'austénite rési-
duelle qui apparaît en contraste
clair.
une variante efficace et non polluante. Les températures de traitement sont respectivement
de 550 OC (liquide) et 500-565 OC (gaz).
La carbo-nitraration utilise comme la nitruration un procédé d'immersion en sels fondus
comportant des cyanures. Il existe aussi un procédé en phase gazeuse avec un mélange
d'hydrocarbure et d'ammoniac et également la méthode par plasma.
Figure 8-4-1 :
A) Profil de concentration en chrome à 1400 OC pour deux
temps différents. Il y a continuité puisque c'est la même phase
pour toutes les compositions
B) Profil de concentration en chrome à 1000 OC au voisinage de
l'interface et diagramme de phases Fe-Cr renversé avec en
ordonnée la teneur en chrome entre O et 30 %. Il y a disconti-
nuité à 1 'interface entre les deux phases.
(voir diagramme completfig. 4-4-2)
LA DIFFUSION 171
au passage d'une phase à l'autre ;il n'y a pas dans l'échantillon de zone de transition à deux
phases.
La représentation (fig. 8-4-1B) fait correspondre les couches successives attendues avec le
diagramme de phases. Cependant, attention, cette présentation peut induire en erreur, car
le profil ainsi obtenu en présence de plusieurs composés n'est absolument pas représen-
tatif de l'épaisseur des couches successives. L'épaisseur des strates dépend seulement de la
diffusivité des éléments dans chaque phase. Certains composés intermétalliques sont
considérés comme de véritables barrières de diffusion parce que la diffusivité y est faible et
ils sont exploités comme tels. Il est aussi possible qu'une phase n'apparaisse pas si les flux
opposés se compensent exactement.
8-5 La galvanisation
Couple de diffusion Fe-Zn
Quand le fer pur est plongé dans du zinc
liquide à une température de 450 OC les Tableau 8-5-1 :Structure des phases du système
Fe-Zn et phase principale du système Fe-Zn-Al,
flux diffusifs croisés donnent naissance à
Fe2A15.
toute une série de phases intermédiaires.
Phases Zn at% Symbole de Groupe
Ce sont a-Fe, r l , r2,61, <, q-Zn avec
Pearson d'espace
respectivement les domaines lisibles sur le
aFe 0-3 cI2 1m3m
diagramme de phases (tableau 8-5-1 et
r1 68-74 ~152 133m
figure 8-5-2). Le fait que le zinc soit liquide
I-2 78,6-8 1 cF408 ~33m
change simplement les cinétiques de réac-
61 86,5-92 hP555 P63/m~
tion. C'est pourquoi la diffusion est dite
6, FeZn13 92,5-94 mC28 C2m
réactive. Les phases se disposent en
rl Zn 1O0 hP2 P63/mc
couches lorsque la surface initiale du fer
Fe2AlS 0-12 OC* Cmcm
est bien plane et que les flux sont unidirec-
tionnels. La transition entre deux phases se
produit à l'interface intepha~eoù les phases en équilibre sont en contact deux par deux. Le
schéma (fig. 8-5-3 A) rapporte la structure obtenue expérimentalement par contact du fer
avec le zinc liquide à 450 OC.
Dans ce cas, la réalité expérimentale diffère du schéma prévisible. Le zinc liquide a une très
forte réactivité vis-à-vis du fer, si bien qu'il se passe de nombreux événements dans les
quelques premières secondes de contact. D'après les observations, la phase qui se forme
en premier au contact du liquide est la phase Guivie des autres phases plus riches en fer.
Cette phase 6 bénéficie de relations d'accolement préférentiel avec le fer, ce qui facilite une
croissance de type épitaxial. En conséquence, l'orientation des grains du fer en substrat a
une incidence sur la microstructure. Lorsque les grandeurs thermodynamiques des
composés considérés ont des valeurs proches, la force motrice pour faire germer une
phase plutôt qu'une autre n'est pas décisive. La phase ri a plus de difficulté à germer si la
172 LA MICROSTRUCTURE DES ACIERS ET DES FONTES
Figure 8-5-2 :
Diagramme de phases Fe-Zn.
La ligne à 450" C représente la
température usuelle de mise en
contact du zinc avec lefer:
D'après [Mas901
f Fea
.O*.. \ I
Figure 8-5-3 :
A) Schéma montrant la stratifïca-
tion typique des phases formées
quand le fer est au contact du zinc
liquide pendant une heure à 450 OC,
la couche formée est de l'ordre de
100-200 Pm.
B) Profil de concentration corres-
pondant. La phase 61 a deux mor-
phologies correspondants à deux
gammes de compositions différen-
tes. La phase 6 dite compacte croît
vers le fer alors que la phase 6 dite
palissade croît vers le zinc liquide.
Schéma adapté d'après [Gra80] et
[Fer 761
La diffusion est active suivant plusieurs modes, en mode intergranulaire et en mode intra-
granulaire. Habituellement, la diffusion au joint de grain est considéré comme plus rapide
(le joint a la réputation d'être un court circuit de diffusion). Mais il peut arriver que la
diffusion soit plus rapide à l'intérieur du grain suivant les caractéristiques des composés
intermétalliques formés. Cet aspect a une incidence sur la morphologie des différentes
strates de phases. Enfin, la diffusion peut être anisotrope dans les composés intermétah-
ques et favoriser un développement non plan de l'interface.
phase, excessive au point d'empiéter le domaine d'une autre phase, reste un problème de
métastabilité.
En conclusion pratique, dans le cas des systèmes multiconstitués :
la microstructure n'est plus formellement astreinte à croître en strates monophasées
mais peut présenter des zones polyphasées ;
des anomalies peuvent apparaître à cause de la difficulté de germination d'une phase
considérée comme stable ;
les éléments présents dans l'acier passent en solution dans le bain de zinc et peuvent,
même à très faible teneur, imposer la formation de nouvelles phases dans le bain ou dans
le revêtement.
Figure 8-5-4 :
Echantillon de fer pur traité à
460 O C dans un bain à 0,18 % Al
pendant 20 min. Les précipités
entourant la cavité sont la phase
Fe2AlS. Barre=l O pm
Une attaque chimique a dissous les
composés formés entre le fer et le
zinc sauf Fe2Alg. L'arborescence a
disparu et la couche Fe2A15 qui la
recouvrait a été désolidarisée de son
substrat. On observe à l'emplace-
ment vide l'émergence d'un joint tri-
ple de ferrite.
Document Sollac et IRSID, groupe
Arcelor ;voir [Lep98a]
est garante d'une bonne aptitude à la mise en forme de l'acier revêtu, ce qui n'est pas le cas
avec le procédé de galvanisation à façon.
L'efficacité de la barrière de diffusion constituée par la phase Fe2A.15dépend beaucoup des
conditions opérationnelles, de la composition de l'alliage et de celle du bain [Gut95].
L'effet de ces barrières est transitoire et joue seulement pendant un temps limité à quel-
ques minutes, au bout duquel des protubérances finissent par apparaître à la surface de la
couche inhibitrice (côté fer) puis s'étalent en arborescences (outburst). Les arborescences
croissent et se multiplient latéralement jusqu'à recouvrement total de la surface par des
composés Fe-Zn, ce qui n'est pas l'effet souhaité. Le phénomène se produit même si la
composition du bain correspond à la gamme de composition correcte impliquant un équi-
libre avec Fe2A15.De nombreux mécanismes sont proposés [Zer02]. Il est prouvé expéri-
mentalement que le joint de grain de l'acier, en particulier, constitue un maillon fragile,
comme il apparaît sur la figure 8-5-4. En conséquence, la taille de grains joue également un
rôle sur la cinétique de la réaction [Jor97].
Par opposition, lorsque la diffusion intergranulaire est négligeable devant la diffusion intra-
granulaire, il ne se produit plus d'enrichissement localisé déstabilisateur. C'est sans doute
par ce mécanisme que le phosphore a un effet favorable en inhibant la formation des
arborescences.
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La décomposition de n'causténite
Ce sont principalement les transformations en phase solide qui conditionnent lu microstructure d'un
acier et par voie de conséquence ses propriétés mécaniques. Ce chapitre propose quelques repères pour
marquer les différentsmécanismes qui les gouvernent.
Figure 9-2-1 :
Schéma TCP (Température-Composi-
tion-Produit) indiquant les phases métasta-
bles susceptibles de se former :
la ferrite intragranulaire (notée RJ. G), la
Cém.
ferrite de Widmanstütten (F Wid.), la perlite
& la bainite supérieure Bg la bainite infé-
rieure BJ la martensite en lattes M. lattes et
la martensite en plaquette ou Martensite
maclée, la cémentite de joint de grain (Cém
J. G) et la cémentite de Widmanstütten (Cém.
Wid-).Dans la suite du texte les appellations
200
- anglaises seront utilisées, en particulier la
Martensite maclée ferrite de joint de grain est dite GBA, la
martensite maclée TM et la martensite en
i 1 1 1 l l 1 1 l lattesLM(§9-5).
0,4 08 13 1,s 28 Schéma d'après [Zha92]
Carbone pds%
refroidissement très rapides. A la différence des courbes T'IT et TRC qui suivent, cette
représentation n'apporte aucun renseignement d'ordre cinétique.
1
Figure 9-2-2 :
Ferrite Diagramme de transformation
(pris%)
F~-O.G!C-O.~C~-I.~N~-O.~MO isotherme de l'acier à 0,42 %C
après traitement d'homogénéi-
600
700
sation de 2 h à 1000 OC puis,
après mise en forme de l'échan-
2 I ( C" Bainite supérieure tillonpar laminage, une austéni-
..0> tisation à 1000 OC pendant
O Bainite inWieure
F
300
5> Martensite en lattes
2 min. Courbes tracéespar Zhao
et col. à partir de mesures de
Martensite rniclée
magnétométrie et des observa-
tions métallographiques de
Morozov et col.
1 10 1O0 1000 1 Hr Schéma d'après [Zha95]
Temps, secondes
Figure 9-2-3 :
Diagramme de transformation isotherme de l'acier
Fe-O,5C-O, 7Mn après traitement d'austénitisation à
I l O0 OC pendant 15 min. Les mesures ont été efSectuées
par dilatométrie.
la température Ael représente la température de la
transformation eutectoïde et la température Ae3 la tem-
pérature du solvus de lausténite à l'équilibre.
Les rectangles représentent les micrographies corres-
pondantes visibles plus loinfigures 12-2-2 et 12-3-1.
Document IRSID, groupe Arcelor:
2 0 0 1 l
1 10 1 O0 1000
Temps,secondes
courbe. Pour beaucoup de courbes, le refroidissement suit une loi classique de dissipation
de chaleur en t%. La courbe se lit exclusivement le long des lignes de refroidissement. En
toute rigueur, une courbe TRC ne peut pas et ne doit absoliment pas être dédzde de la courbe
TTT du même acier [Zha92].
Ces courbes ont un caractère technique, elles sont établies dans des conditions expérimen-
tales définies de façon normalisée par rapport aux dimensions de l'éprouvette et au fluide
de refroidissement qui est habituellement l'air, l'huile ou l'eau. Ce fluide gouverne la ciné-
tique de refroidissement. L'intensité des échanges thermiques dépend des conductivités
intrinsèques de la pièce et du fluide, et surtout de la couche limite de contact entre elles.
Cette dernière est le plus souvent une couche gazeuse de vaporisation ou encore une
couche solide de précipitation. La valeur de la conductivité est pratiquement à diviser par
l'épaisseur de couche limite. De plus, l'efficacité pour un fluide en convection naturelle
peut être plus que doublée avec une forte agitation. Quelques valeurs dans le tableau 9-2-5
rendent compte de l'intervalle de variation. La faible vitesse du refroidissement à l'air
liquide par comparaison avec un simple refroidissement à l'eau s'explique principalement
par un effet d'écran dû à la vive ébullition au contact de la pièce chaude. Cependant, l'air
liquide ou l'azote liquide sont couramment employés pour effectuer des trempes parce que
la température atteinte se trouve en dessous de la température de fin de transformation
martensitique [Kra80].
Il existe un type de représentation peu connu, c'est le tracé T(T), soit température de
transformation versus la vitesse de refroidissement. Ces courbes présentent des plateaux
aux températures BS et Ms de début des transformations bainitiques et martensitiques
respectivement. Elles ont l'intérêt de mettre en évidence le fait que les températures Bj et
Ms sont spécifiques et indépendantes de la vitesse de refroidissement [Zha93]. Par contre,
182 LA MICROSTRUCTURE DES ACIERS ET DES FONTES
plus se déplacer de façon isotrope, elles sont inhibées par une relation de cohérence ou
semi-cohérence avec la phase mère. Les dislocations de désaccord paramétrique qui
accommodent l'interface constituent un ancrage limitant le mouvement. Il faut dépasser
un certain seuil énergétique, c'est-à-dire une certaine température, pour les débloquer par
un mécanisme de montée des dislocations. Au dessous de ce seuil, la progression de
l'interface est énergétiquement plus économe si elle se fait par déplacement latéral des
marches de croissance. La microstructure présente alors des interfaces facettées qui s'éten-
dent le long de plans cristallographques définis.
Figure 9-3-2 :
Micrographie MET en contraste
inversé d'un acier Fe-Mo-C. Elle
illustre la présence de marches le
long de l'interface aly. Quelques
marches sont soulignées S et des dis-
locations sont indiquéespar D et un
mur de dislocationspar DD.
Document Université McMaster,
Hamilton, Can.
D'après [Pur781
Pour une gamme de températures suffisamment élevées, la propagation des interfaces est
isotrope. Par contre, dans la gamme de température en dessous de 800 OC approximative-
ment, la migration ne peut se faire que par développement latéral de terrasses (croissance
par marches). L'interface macroscopique progresse dans une direction perpendiculaire par
empilements successifs des terrasses. Les véritables échanges de soluté ne se font pas à
l'interface macroscopique mais au nez des terrasses sur les marches de croissance. La
présence d'éléments d'alliage a une influence sur la mobilité à travers la cristallographie des
plans d'accolement.
Compte tenu des conditions choisies, l'équilibre à l'interface est imposé. Un critère de
conservation de masse associée aux cinétiques de diffusion permet de choisir la conode
représentative de cet équilibre. Elle sera dite conode opérante ou conode active, elle est
différente en fonction du mode de partage du soluté.
Equilibre thermodynamique local: mode LE (ou PLE)
Considérer un équilibre local signifie admettre que l'équilibre thermodynamique s'est établi
à l'interface, et à l'ipzteface sezlement, par répartition de tous les éléments entre les deux
phases, aussi bien interstitiels que de substitution. L'élément en substitution reste à la
composition initiale au delà d'une longueur de diffusion estimée à 2(DT)'/z. L'élément
interstitiel a une activité constante dans tout l'échantillon. Dans le cas reporté sur un
diagramme de phase schématique (fig. 9-4-1A) la composition initiale est Xo et Co. Une
ligne d'isoactivité du carbone est tracée dont le prolongement dans le domaine biphasé
passe par ce point. Elle coupe la limite du domaine de l'austénite en un point qui a la
même valeur d'activité du carbone et peut de ce fait être considéré comme appartenant à
la conode active KLE. Une seule conode du diagramme de phases passe par ce point.
L'autre extrémité de la conode indique la composition de la ferrite. Cette conode déter-
mine les conditions d'équilibre local avec partition qui sont compatibles avec la conserva-
tion de masse des deux éléments diffusant à des vitesses très différentes. Ce mécanisme est
désigné PLE (PartitioningLocal E q z i b b ~ ~ m ou) simplement LE. La construction géomé-
trique de la figure 9-4-1A définit une ligne qui est le lieu des points d'intersection de la
ligne d'isoactivité du carbone et de la droite horizontale correspondant à la concentration
X dans la ferrite déterminée par la conode active. Cette ligne est dite enveloppe de parti-
tion nulle, elle marque la limite du domaine dans lequel les conditions de partition sont
réalisables. Au delà, la construction aboutit à une configuration dans laquelle la réaction est
privée de force motrice [Hi180].
Equilibre sans redistribution de soluté: mode NPLE
Une autre construction proposée au delà de la ligne de partage précédemment définie
figure 9-4-1B est assortie de nouvelles hypothèses. Puisqu'il n'y a pas de redistribution, la
concentration en X est constante sauf à l'interface où la largeur du pic de soluté est
estimée de l'ordre de 0,l nm. La ligne à X constant donne la composition de l'austénite
mère et de la ferrite fille. Elle intercepte la limite du domaine de la ferrite en un point qui
permet de déterminer la conode active donc les compositions de part et d'autre de l'inter-
face. Ce mode est appelé équilibre local sans partition NPLE (Non/Neglzgeable Partitioning
LocalEqzilib?izim).
Para-équilibre :mode PE
Le mode précédent prévoit une accumulation du soluté, un pic de concentration au voisi-
nage de l'interface. Dans la gamme des températures les plus basses, compte tenu des
vitesses et des concentrations auxquelles ces conditions s'appliquent, la largeur du profil
de concentration diminue. Quand la largeur du pic approche la dimension atomique, le
concept d'équilibre local pert toute signification physique. Une autre approche considère
que la composition interfaciale est déterminée par un pseudo équilibre local pour lequel le
Figure 9-4-1 : Equilibre local
Schémas de sections isothermes Fe-C-X illustrant la avec partition.
répartition, à une température donnée, du carbone,
du fer et d'un soluté X en substitution dans trois
modes d'échanges. Co et Xo sont les teneurs
initiales; K les conodes actives. Les profils de con-
centration de chaque élément au voisinage de
l'interface sont reportés à côté des axes pour chaque
cas
C) para-équilibre PE
\
sans partition.
compte tenu des hypothèses de départ. Il est exclu
que les quatre modes (avec l'équilibre global)
entrent en compétition ensemble. Un mode peut être
inopérant à cause des aspects cinétiques incompati-
bles avec la température choisie pour la section iso-
therme.
Document INPG Grenoble, Fr ;
adapté d'après [Phi021
X% -
---
Para-équilibre
Enveloppe de
partition nulle
LE
Fe C%
188 Zlll MICROSTRUCTURE DES ACIERS ET DES FONTES
la teneur en X reste la même dans les deux phases. Un nouveau diagramme de phases estpris en
compte dont les équilibres sont calculés de façon classique par minimisation de l'énergie
libre sous la condition de même teneur en soluté dans les deux phases. Le potentiel
chimique du carbone est uniforme le long, et de part et d'autre, de l'interface. Le nouvel
état d'équilibre est appelé para-équilibre (Para-Equilibhm)PE. Les limites de phases sont
établies (fig. 9-4-1 C) entre lesquelles les lignes X =constante constituent autant de possi-
bilités de conodes actives. Une seule conode passe par le point de composition initiale.
Figure 9-5-1 :
Micrographie électronique d'un
acier C35E4 (XC38) refroidi à une
vitesse constante de S°C/min. Atta-
que nital. Le joint de grain est souli-
gné par endroits par la ferrite de
type GBA et des aiguilles de ferrite
de Widmanstatten. La matrice com-
porte aussi des précipités "idiomor-
phes" plus fins, formés à plus basse
température qui ont une morpholo-
gie mal définie, quelquefois en den-
drites.
Document INPG Grenoble, Fr
Figure 9-5-2 :
Micrographie optique, après attaque nital et
métabisulJite de sodium, d'un acier de composi-
tion Fe-0,16C-1,4Mn qui a subi une austénitisa-
tion à 1250 OC pendant 15 min suivi d'un refroi-
dissement de l'ordre de 20 "C/sjusqu 'à 840 OC et
déformation à cette température avant refioidisse-
ment contrôlé à 50 "Chjusqu 'à 700 OC, maintien
pendant 1 min et enfin trempe à l'eau. La ferrite
est en contraste clair et la martensite de la
matrice en contraste sombre.
A) la déformation en torsion est nulle,
B) la déformation en torsion est 0,4 à 3,6 cycle/s,
C) la déformation en torsion est 0,8 à 3,6 cycle/s.
Documents INPG Grenoble et IRSID, groupe Arcelov:
La cémentite
De même que la ferrite, la cémentite diteproezltectoide se forme initialement au joint de
grains et se développe également sous forme de précipités grossiers, de plaquettes de type
Widmanstatten ou bien de lattes pour les teneurs plus riches en carbone et des tempéra-
tures plus basses (fig. 9-5-3A). Les carbures précipitent aux joints de grains dans les
alliages hyper-eutectoïdes en un réseau grossier, comme la ferrite dans les aciers
hypo-eutectoïdes. Les phases précipitées sont cependant très différentes. Dans un cas la
ferrite confère une grande ductilité à l'ensemble alors que dans l'autre la cémentite cons-
titue un édifice rigide et relativement fragile (voir dureté des phases, annexe 22-8).
Les aciers au manganèse ont souvent été choisis pour étudier la formation de cémentite
proeutectoïde parce que la température de formation de martensite est abaissée, ce qui
autorise un plus grand intervalle de température. D'autre part, la formation de cémentite
n'entraîne pas de ségrégation car le manganèse est soluble dans la cémentite. Les deux
types de microstructure obtenues sont difficiles à distinguer sur la figure 9-5-3 A ; ce sont
des plaquettes lisses monolithiques et des paquets de lattes plus grossiers qui forment des
blocs striés (fig. 9-5-3 B). A l'échelle atomique, un bon accord de coïncidence est observé
entre les plans denses des deux phases cémentite et austénite, avec des coïncidences entre
terrasses plutôt que plan à plan. Les relations de coïncidences sont de type Pitsch (tableau
10-1-4) pour les monolithes et Farooque-Edmonds pour les paquets de lattes van99al.
LA MICROSTRUCXURE DES ACIERS ET DES FONTES
Figure 9-5-3 :
Micrographies électroniques d'un acier Fe-l,34C-13,lMn ayant subi divers maintiens isothermes.
A) section polie d'un échantillon traité pendant 50 s à 650 OC puis trempé; deux types de morpholo-
gies de cémentite de Widmanstatten sont observés: des plaquettes à l'aspect très lisse et des paquets
de lattes dont l'épaisseur apparaît irrégulière.
B) échantillon traité pendant 500 s à 750 OC puis trempé. Latte de cémentite de Widmanstatten avec
des stries parallèles à la direction longitudinale flèche blanche). Les jlèches noires indiquent la sur-
face polie avant l'attaque chimiqueprofonde.
Document Naval Research Laboratory, WashingtonDC, USA, voir aussi [Man99a]
Avant que les observations métallurgiques soient couramment pratiquées, l'aspect irisé de la surface
de certaines structures avait été remarqué et associé a u reflet des perles, d'où le n o m de perlite.
Figure 10-1-1 :
Micrographie typique de la perlite
lamellaire a/FeJC dans un acier
Fe-0,SC-O, 7Mn. Les cellules sont
clairement délimitéespar le change-
ment d'orientation, cependant elles
sont internes à un même grain
d 'austénite mère. L'espacement est
difJicile à mesurer car il dépend de
l'angle de coupe. A partir de la sta-
tistique d'un grand nombre de mesu-
res sur la même coupe, une exploita-
tion mathématique permet de
remonter à l'espacement réel.
Document IRSID, groupe Arcelor.
Figure 10-1-2 :
Micrographie optique après attaque
nital d'un échantillon d'acier
Fe-O, 55C-5,4Mn austénitisé pen-
dant 20 min à 1200 OC, puis recuit
pendant 16jours à 625 OC. Les cel-
lules perlitiques apparaissent en
contraste sombre, la matrice est
martensitique.
Document University of Virginia,
USA ;voir [HutOl]
Figure 10-1-3 :
Schémas de croissance perlitique dans le cas de la progression par marches:
A) cellule en croissance à partir du joint de grain ;
B) interface de croissance à l'échelle microscopique avec les marches mobiles ;
C) répartition des précipités dans le cas d'une précipitation interphase dans laferrite, par exemple de
carbures VC.
LA TRANSFORMATION PERLITIQUE 195
globalement isotrope et forme des cellules appelées aussi nodules ou encore colonies
(fig. 10-1-3 A). Au sein d'une même cellule, la ferrite et la cémentite sont deux monom'staux
interpénétrés avec des relations d'accolement définies, constituant un monocristal biphasé.
Figure 10-1-5 :
Lamelle de cémentite perlitique.
Micrographie en transmission d'un
acier XC5O traité à 550 OC.
Document IRSID, groupe Arcelor:
pour chaque phase qui adapte l'espacement interlamellaire par formation de décrochement
sur l'interface ferrite/cémentite. Une preuve expérimentale du mécanisme proposé est la
détection de marches et éventuellement la précipitation interphase dans la ferrite perlitique
(figures 10-1-3 B et C). La précipitation se produit sélectivement sur les larges faces des
terrasses immobiles plutôt que sur les nez de marches mobiles [Hac87a], [Hac87b],
[Zho91], [Zho92], Fou95bI.
A la différence d'une croissance classique de précipité, le développement des cellules
biphasées se fait par diffusion à l'interface perlite/austénite en adaptant l'espacement inter-
lamellaire à l'écart avec la température d'équilibre [Zac62]. L'espacement inter-lamellaire
peut varier dans une large gamme de valeurs, de quelques micromètres à quelques
centièmes de micromètres. Les modèles et l'expérience établissent la corrélation avec le
sous-refroidissement, c'est-à-dire l'écart entre la température effective de la transformation
T et la température de la réaction eutectoïde TE pour la composition considérée. L'espace-
ment S est inversement proportionnel au sous-refroidissement dont la valeur peut
atteindre plusieurs centaines de degrés. La perlite peut se former à une température aussi
basse que 35 OC dans le cas d'aciers à grains grossiers. L'espacement interlamellaire est
exprimé par :
Dégénérescence de la microstructure
Lors de maintien en température la microstructure évolue vers une configuration énergéti-
quement plus économe en diminuant le rapport surface/volume des lamelles de cémentite.
Ces dernières se transforment en globules d'où le nom de perlite globulaire, et la matrice
ferritique devient continue. Cette transformation s'accompagne de la perte des relations
d'accolement préférentiel. Des traitements thermiques sont quelquefois pratiqués pour
obtenir ce résultat et adoucir l'acier et le rendre plus ductile.
Des zones de lamelles plus grossières peuvent être observées au milieu de cellules perliti-
ques. Ce phénomène n'est pas rare, il est difficile à repérer compte tenu du fait que l'espa-
cement lamellaire apparaît irrégulier sur une coupe qui sectionne obliquement la plupart
des lamelles de la figure 10-1-7. Un mécanisme possible est la coalescence discontinue.
LA TRANSFORMATION PERLITIQUE
Figure 10-1- 7 :
Micrographie électronique d'un
acier Fe-0,SC-O, 7Mn à structure
perlitique avec une attaque pro-
fonde. Une zone entre des cellules
ou dans ce cas à un joint de grain
triple, a un espacement interlamel-
laire signzficativementplus grand.
Document INPG, Grenoble et
IRSID, groupe Arcelor
A partir d'une structure déjà constituée de cellules perlitiques, de nouvelles cellules nais-
sent aux joints de grains et se développent selon un mécanisme de diffusion au front de la
transformation. La structure se réorganise complètement, les nouvelles lamelles ont un
espacement deux à trois fois plus grand. Il est possible d'imaginer que la recalescence joue
un rôle en activant la diffusion.
Eutectoïde divorcé
Dans certaines conditions de refroidissement suffisamment lentes et à une température
proche de la température de transformation eutectoïde, la croissance de la cémentite a lieu
sans aucune coopération avec la ferrite, la croissance est dite divorcée ou découplée
Fer98bl. La matrice à la composition eutectoïde est transformée directement en une
dispersion de carbures de cémentite ultrafins, bien sphéroïdaux dans une ferrite à grains
fins. Cette dernière transformation est connue sous le nom de DET (Divorced Eutectoid
Tran.$ormation). Il s'agit d'un passage direct à une morphologie globulaire.
y, = 1 - exp(-kP) (10-2- 1)
oùy est la fraction transformée, k et n des paramètres expérimentaux.
198 LA MICROSTRUC~UREDES ACIERS ET DES FONTES
Figure 10-2-2 :
A) Courbe de la relation 10-2-1 tracé pour une tem-
pérature.
B) Report d'un état davancement donné, par exem-
ple 5 %, 50 % et 95 % dausténite transformée pour
chaque température.
y est représentée par une sigmoïde en fonction de log(t) pour chaque température. Une
courbe peut être tracée dans laquelle des valeurs où la transformation a un certain degré
d'avancement sont sélectionnées (fig. 10-2-2). L'usage est de considérer le début de la
transformation poury à 1 ou 5 %, la moitié de la transformation à 50 O/O et la fin de trans-
formation à 95 ou 99 O/O. Le lieu des points représentatifs en fonction de la température
dessine la courbe TTT comme Taux de transformation, Temps, Température présentée
tj 9-2.
Ces courbes sont dites courbes en nez ou en "C" car elle présente un maximum de cinétique.
L'existence d'un optimum s'explique par l'opposition de deux effets : à température peu en
dessous de la température eutectoïde (au dessus d u nez) le sous-refroidissement est faible et,
par conséquent, la force motrice chimique nécessaire pour la germination est faible, la taille
critique que les germes doivent atteindre pour être viables est plus grande et ils sont en nom-
bre limité malgré une diffusion plus active qui accroît la probabilité pour que le germe se
développe rapidement, par contre, à température plus basse, le nombre de germes est élevé
mais leur croissance est faible.
Les aciers choisis ont pratiquement la même teneur en carbone et de faibles écarts en
éléments d'alliage. Pourtant les courbes correspondantes sont très différentes. La courbe
de l'acier C35E4 est une courbe en nez. La rapidité de la transformation rend impossible
de mesurer la cinétique au nez de la courbe. La courbe TTT de l'acier 37Cr4 est décalée à
cause d'une teneur de 0,9 % en chrome (la norme est autour de 1 %). Pour l'acier
36NiCrMo16 les deux domaines perlitiques et bainitiques deviennent deux courbes en nez
distinctes avec un fort décalage pour le domaine perlitique à cause de la présence de
davantage de chrome, de nickel et aussi de 0'23 Oo/ de molybdène. Les transformations sont
beaucoup plus lentes.
Tous les éléments d'addition, y compris le carbone, mais excepté le cobalt, modifient les
courbes TTT. Ils retardent h germination, ralentissent la croixsance e t mod$ent des équilibres de
phases. Certains éléments comme le manganèse, le silicium, le soufre, le phosphore où
l'aluminium sont toujours présents en faible quantité comme résidus de l'élaboration et les
effets sont considérés comme négligeables faute de meilleure approximation. Des addi-
tions plus significatives modifient le domaine de l'austénite qui est diminué par des
éléments alphagènes, comme le chrome et le silicium, ou augmenté par les éléments
gammagènes comme le nickel et le manganèse. En conséquence, la température A l de la
transformation eutectoïde est élevée par les alphagènes et abaissée par les gammagènes
(voir $4-4 et 14-3).
Retard de la germination
Le fait observé est que le temps nécessaire pour l'apparition de la perlite ou temps d'incu-
bation est augmenté. Les courbes de début de transformation sont décalées vers la droite.
Les mécanismes suivant lesquels les éléments d'alliage retardent la germination sont
complexes. Comme pour toutes les germinations, la diffusion joue un rôle significatif
Ipus9OI.
En pratique, il est connu qu'un grain grossier retarde la germination, l'alliage est privé de
sites riches en défauts qui sont des sites potentiels de germination. Le joint de grain est
aussi un lieu privilégié d'échanges diffusifs.
La germination de la perlite est souvent celle d'un eutectoïde divorcé, c'est-à-dire que l'une
ou l'autre des phases sert de germe. Dans ce cas, l'inhibition de la formation de la ferrite
ou de la cémentite retarde la transformation. Cet argument est évoqué pour le nickel. Par
ailleurs, certains éléments d'alliage qui ségrègent aux joints de grains changent localement
la force motrice chimique de germination. Un exemple particulièrement significatif est
celui du bore qui retarde considérablement la germination de ferrite aux joints de grains
[Sak84].
Le bore a focalisé l'intérêt dans les années 60. Cet élément est efficace même à très faible
concentration globale car le rapport de concentration en bore entre le joint de grain et Za zone
intergranulaire peut devenir très grand et croît avec l'abaissement de température. Le pro-
blème est que le bore est susceptible de s'associer à d'autres éléments pour former des phases,
des carbo-borures ou boro-nitrures comme C r B N , parfois fragilisantes, donc néfastes.
200 LA MICROSTRUCTURE DES ACIERS ET DES FONTES
Figure 10-3-1 :
Courbes TTT (taux de transformation-temps-tempéra-
ture) de trois aciers de teneurs en carbone similaires
respectivement :C35E4 (1'1035)' 3 7Cr4 (1,5135) et
36NiCrMo16 (1,6773). Les compositions en pourcen-
tages massiques sont indiquées dans le tableau sui-
vant dans lequel les éléments principalement respon-
sables de la mod$cation des courbes sont indiqués en
gras. Les autres éléments et impuretés ont des teneurs
faibles classiques pour ce genre d'aciers soit
Mn-O, 6% et Si-O, 3 %.
C Ni Cr Mo
Pour éviter ces inconvénients, la procédure d'élaboration de l'acier a u bore doit comporter des
étapes supplémentaires comme la neutralisation de l'azote résiduel avec d u titane par forma-
tion de carbo-nitrure insoluble.
Les éléments carburigènes (Cr, Mo, W, V, Ti, Nb) sont connus pour retarder sélectivement
la germination de la perlite.
Figure 10-3-2 :
Micrographie optique après attaque
nital d'un échantillon d'acier
Fe-O,55C-5,4Mn austénitisé pen-
dant 20 min à 1200°C, puis recuit
pendant 16 j à 625 OC. La matrice
entourant les cellules perlitiques est
martensitique.
Document University of Virginia,
USA, voir [HutOl]
Le cas du nickel est particulier. Il ne se redistribue mal entre les phases (aussi bien austé-
nite/ferrite que austénite/cémentite) et la croissance est possible seulement en mode de
para-équilibre. L'explication tient peut être à une solubilité probablement très faible dans la
cémentite et à une faible diffusivité dans la ferrite.
Les hypothèses sur de tels échanges diffusifs locaux s'appuient sur des résultats expéri-
mentaux et des modélisations. La transition entre les deux modes équilibre
local/para-équilibre est franche et se passe à une température propre à chaque composi-
tion d'alliage en fonction de la difhsivité des divers éléments [Tew85].
Figure 10-3-3 :
Micrographie électronique d'un
échantillon d'acier à outils type T
(Fe-0,52C-3,8Cr-0,5Mo-1V-18,8W)
solidifié unidirectionnellement et
trempé en cours de tirage.
Les précipités interdendritiques
grossiers, en arêtes, sont les carbu-
res eutectiques M6C.
Document INPG, Grenoble, Fr
204 LA MICROSTRUCTURE DES ACIERS ET DES FONTES
L'ziusténitisation
En général, les structures perlitique, bainitique et martensitique se transforment en austé-
nite au chauffage de façon relativement rapide. Pour la plupart des aciers, le temps d'austé-
nitisation est fxé à 30 min, ce qui prend en compte largement une redissolution complète
aux températures supérieures à 800 OC. La redissolution de la perlite ne pose pas vraiment
de problème. Par contre l'étape plus difficile est l'homogénéisation de l'austénite à cause
surtout des ségrégations de solidification, des phases eutectiques ou de carbures
proeutectoïdes.
La germination de l'austénite est instantanée dans le cas des aciers ordinaires, par contre la
présence d'éléments d'alliage a un effet retardateur qui est traduit par des temps d'incuba-
tion plus longs. La croissance est commandée par diffusion dans laquelle les éléments
d'alliage jouent un rôle ralentisseur en fonction de leur diffusivité [Sht99b]. Compte tenu
de la gamme de température plus élevée que pour la transformation perlitique, la diffusion
est plus rapide. Il faut considérer que la diffusion est active suivant trois modes : intergra-
nulaire, interfacial aux interphases et intragranulaire. La différence de cinétique entre la
diffusion inter et intra granulaire est moins sensible que pour les basses températures,
cependant une différence subsiste puisque la température est encore loin du point de
fision de la matrice. Deux cas sont présentés en rapport avec la morphologie de la perlite :
La perlite est globulaire
Une analyse fine révèle que le mécanisme de formation de l'austénite est assez complexe et
se fait en une succession d'étapes décrites de façon schématique figure 10-4-1 à partir de
l'observation du comportement lors du chauffage rapide en continu d'un acier eutectoïde
(figures 10-4-2 A et B) [I<a198]. La première apparition d'austénite est localisée le plus
souvent aux joints de grains ou à l'interface entre les colonies perlitiques, en relation
d'accolement sur la ferrite du grain adjacent. Le carbone nécessaire provient de la redisso-
lution de carbures et il trouve un chemin de diffusion plus rapide le long des joints de
LA TRANSFORMATION PERLITIQUE
Figure 10-4-1 :
Premiers stades de la formation dausténite
en chaufSage continu et rapide d'une struc-
ture perlitique globulaire.
A) diffusion du carbone principalement au
joint de grain,
B) germination et croissance des lattes,
C) coalescence en arrière des lattes,
D) à température plus élevée, ou pour des
temps de maintien plus long, croissance du
grain d'austénite par diffusion interfaciale
et intergranulaire alimentée par la dissolu-
tion des carbures perlitiques.
Adapté d'après [Ka198]:
Figure 10-4-2 :
Micrographie électronique en transmission d'un échantillon d'acier Fe-O, 68C-0,67Mn-0,24Si qui a
été transformé au stade de perlite globulaire puis chaufléjusqu 'à 785 OC, avec une vitesse de chauf-
fage de 1200 "Ch et enfin trempé. Des lattes sontformées des deux côtés d'un joint de grainferritique
A) champ clair sur lequel les lattes apparaissent en contraste sombre
B) champ sombre (220)y qui met en évidence deux contrastes dans les lattes. certaines sont transfor-
mées en martensite M (contraste sombre) et d'autres non Au (austénite en contraste clair). Les lattes
non transformées sont supposées plus riches en carbone (hls plus bas), elles sont situées proches des
joints, donc de la source de carbone.
Document Université de Lille (Fr), voir aussi [Ka1981
présents et que la croissance isotrope est renforcée par la dissolution de tous les carbures
intragranulaires.
La perlite est lamellaire
La transformation des lamelles au chauffage a aussi été observée [Sht99b]. Dans les aciers
ordinaires, l'austénite germe principalement à partir des interfaces entre les cellules perliti-
ques et également à l'interface interlamellaire austénite/cémentite. La germination est
instantanée et la croissance rapide. L'austénite progresse à l'intérieur des lamelles aux
dépens de la ferrite, et simultanément les lamelles de cémentite s'amincissent. Cet amincis-
sement opère par dissolution latérale de marches ou de terrasses et peut isoler transitoire-
ment des particules en arrière du front de transformation. La présence d'éléments d'alliage
est capable de retarder la transformation et de constituer une étape limitante. La croissance
de l'austénite n'est plus commandée par la seule diffusion du carbone mais plutôt par celle
du soluté, en l'occurrence le chrome. Toutefois, le manque de preuves expérimentales
concernant le déroulement précis du processus oblige à recourir à des hypothèses fondées
essentiellement sur les différences de diffusivité des divers éléments.
La microstructure de la martensite n'a vraiment été découverte et comprise que vers 1890 par le
métallographe Adolph Martens.
Thermodynamique de la transformation
Comme il n'y a pas de changement de composition, on peut considérer la transformation
comme un changement de phase dans un système à un seul composant. La martensite
peut se former à partir et en dessous de la température Te correspondant à un équilibre
métastable. Cependant l'énergie libre motrice dont dispose le système à Te n'est pas suffi-
sante pour créer l'interface et pour effectuer la déformation élastique voire même plastique
de la phase mère. C'est pourquoi la transformation débute en fait à une température MJ
(Martensite Start) inférieure à Te. De même au chauffage, il se produit un décalage entre la
température de début de formation de l'austénite AS(Azi~tenite Start) et Te.
La transformation martensitique n'est pas réversible au sens thermodynamique puisqu'il
ne s'agit pas de phases d'équilibre. Elle peut être réversible au sens cristallographique.
Lorsque la variation de volume est faible, la transformation peut effectuer un cisaillement
inverse au chauffage et revenir à l'état initial. Dans le cas des aciers, la formation de
martensite entraîne une déformation plastique trop forte pour être effacée de façon réver-
sible, un effet de relief subsiste.
Certains alliages sont bien connus pour accomplir une transformation réversible appelée effet
mémoire. C'est le cas d u système Fe-Ni. Dans ce cas, l'énergie libre est faibk, elle est insuffi-
sante pour provoquer une déformation plastique et la croissance des plaquettes s'arrête avant
que la limite élastique de la phase mère soit atteinte. La martensite est dite e n équilibre
thermo-élastique. Lorsqu'on abaisse la température, les plaquettes se développent à nouveau,
pour se rétracter ensuite quand on élève la température, d'où la possibilité d'effets spectacu-
laires à température proche de la température ambiante.
Germination de la martensite
La cinétique globale de la transformation dépend des étapes de germination et de crois-
sance. En fait, ces dernières sont bien difficiles à distinguer compte tenu de la rapidité de
la transformation. Aussi on peut admettre que l'énergie d'activation est pratiquement nulle
pour la croissance et que la cinétique est entièrement gouvernée par le processus de germi-
nation. La germination est la formation d'un embryon qui devient stable sous certaines
conditions énoncées dans un modèle classique. Appliqué à la martensite, le modèle prédit
des dimensions tout à fait excessives pour l'embryon. Il faut donc supposer que d'autres
paramètres facilitent la germination, par exemple la présence de défauts importants tels
que des défauts d'empilement répétés, des combinaisons de défauts et la pré-existence de
sites préférentiels dans la matrice. Le nombre de tels défauts est probablement limité, aussi
divers processus sont évoqués. Ils sont tous fondés sur le fait que la formation de la
martensite, accompagnée d'une dilatation, induit de sévères perturbations plastiques et
élastiques dans l'austénite. Le lecteur peut trouver dans la littérature la description de
divers mécanismes de germination sympathique [Bha92], germination autocatalytique
[Ols81] et l'analyse des forces motrices [Gho94].
210 LA MICROSTRUCTURE DES ACIERS E T DES FONTES
La germination semble possible si le germe est au départ une plaquette aplatie semi-cohé-
rente ou bien encore totalement cohérente avec la matrice comme les zones GP dans les
alliages d'aluminium. Le germe se présente sous la forme d'un ellipsoïde maclé pour lequel
l'énergie d'interface est plus faible. La force motrice est la différence d'énergie libre
chimique entre l'austénite et la martensite. Elle doit permettre la création de l'interface,
s'opposer au travail de friction interfacial et compenser les déformations engendrées lors
de la transformation. Suivant l'état du matériau avant la transformation, la force motrice
peut être assistée par l'élimination des défauts présents dans l'austénite. Dans un modèle
développé par Ghosh [Gho94], l'énergie de germination critique AGG prend en compte la
différence d'énergie chimique volumique, une contribution elle aussi volumique de
l'énergie de déformation, un terme d'énergie interfaciale liée à la taille des défauts et un
terme de travail interfacial lié à la composition chimique.
Figure 11-2-1 :
Micrographie électronique en trans-
mission illustrant la formation de
rnartensite E (longues plaques fines
en contraste sombre) et a ' (petites
zones claires à 1 'intersection des
plaques sombres)
Acier inox de type 304L déformé à
10 % sous 77 K
Document Université McMaster
Hamilton, Can. voir aussi [Spe03]
rapprocher d'une valeur plus faible (0,408 nm). Alors les plans denses de la phase E n'ont
plus l'espacement de ceux de l'austénite, mais ils ont celui des plans denses de la phase a'.
La transformation E +a' peut s'effectuer sans création de nouvelles dislocations.
Dans le cas de l'acier de type 304 déformé à 77 I< de la figure 11-2-1, la martensite E se
forme à partir de fautes d'empilement, de maclages répétés dans l'austénite. L'intersection
de deux systèmes de glissement conduit à la formation de martensite a'. La martensite a'
induite par plasticité ne possède pas les mêmes relations d'orientation avec l'austénite que
la martensite de trempe, dite thermique.
Les éléments d'addition de type interstitiel, carbone et azote abaissent fortement MS. En
conséquence, il n'est pas possible d'obtenir une transformation complète à la température
ambiante pour un acier contenant plus de 0,7 OO/ de carbone (fig. 11-2-2). Les éléments en
substitution abaissent tous MJ, sauf l'aluminium et le cobalt. De nombreuses relations
empiriques ont été établies dès les années 40 (citées par [Kra80]) pour évaluer Ms en
LA MICROSTRUCTURE DES ACIERS ET DES FONTES
Figure 11-2-2 :
Intuence de la teneur en carbone sur les
températures Ms de début de transfor-
mation martensitique dans les aciers au
carbone. La température MF est environ
200 OC en desssous. La courbe schéma-
tique en gris est le résultat d'une compi-
lation de Marder et Krauss, la courbe en
pointillés est celle de Mirzayev et al.,
cité dans [Zhu951
Figure 11-3-1 :
Micrographie d'un acier X46Cr13
1,4034 trempé à l'air illustrant la
formation de martensite en lattes.
La structure est morcelée en blocs
avec des lattes groupées, alignées
parallèlement les unes aux autres.
La flèche blanche indique la jonc-
tion de deux groupes de lattes d'un
même grain. Les blocs sont arrêtés
aux anciens joints de grains de
l'austénite, ici le joint triple indiqué
par laflèche noire
Document CRU- Ugine Savoie
Imphy, groupe Arcelor.
estimée à un tiers environ de celle des ondes élastiques dans le même solide soit environ
1015 cm/s, ce qui indique qu'il n'y a pas, ou peu, d'activation thermique et implique une
transformation sans diffusion. Le seuil de vitesse est tellement élevé qu'il a été admis
pendant longtemps que rien ne pouvait inhiber la transformation. Plus récemment, des
trempes ultra rapides ont révélé que chaque acier a une lunite de vitesse de refroidissement
capable de supprimer la transformation [Zha95].
Morphologie de la martensite
Martensite en lattes
La martensite en lattes est observée dans les aciers hypoeutectoïdes peu ou moyennement
alliés. Ce type de morphologie est caractérisé par la présence de blocs, des paquets de lattes
grossièrement parallèles et observables au microscope optique. Les lattes sont longues et
d'une largeur de l'ordre de 0'5 pm (figures 11-3-1 et 11-3-2). Les angles de raccordement
entre les lattes sont le plus souvent faibles. Les orientations préférentielles sont du type
K.S. et le plan d'habitat du type (111) (tableau 11-1-3). De ce fait, quatre f a d e s d'orien-
tations équivalentes sont observées à l'intérieur d'un même grain, mais ne constituent pas
de nouveaux grains. Le maclage entre les lattes est rare dans les aciers ordinaires mais
fréquent dans les aciers contenant du nickel. Le développements des blocs de lattes est
stoppé à la rencontre du joint de grain. Une matrice avec des grains grossiers forme de
larges blocs. Lorsque la l'austénite mère contient des précipités, le développement de ces
blocs est entravé, la microstructure est alors plus fine. Cet effet est souvent recherché car
les propriétés mécaniques sont améliorées. Des exemples de martensite en lattes figurent
par ailleurs dans d'autres chapitres (figures 7-1-5, 8-3-3, 18-1-3, 18-2-1). Lorsque la trans-
formation est incomplète à cause des fortes contraintes générées par la transformation,
.TA MICROSTRUCTURE DES ACIERS E T DES FONTES
Figure 11-3-2 :
Micrographie électronique en trans-
mission de l'acier X12Cr13
(1,4006) traité une heure à 985 OC
puis trempe à l'huile et revenu de 4 h
à 400 OC. Les lattes sont longilignes
avec une épaisseur très faible (0,l à
0,2 pm) par rapport aux deux autres
dimensions. L'intérieur des lattes est
caractérisé par une très forte den-
sité de dislocations.
Document CRY-Imphy Ugine Préci-
sion, groupe Arcelor.
Figure 11-3-3 :
Micrographie électronique en transmission d'un échantillon d'acier 1OOCr6 trempé après austénitisa-
tion à 1050 OC,
A) vue globale avec des grandes plaquettes de martensite, lausténite résiduelle, très sombre, a une
forte densité de dislocations.
B) vue agrandie montrant les lignes de macles à l'intérieur des plaquettes.
Document Ecole des Mines de Nancy, Fr et IWT Bremen, All., Adapté d'après [Sch99]
l'austénite retenue se trouve sous forme de fines bandes, entre les lattes, non visibles en
microscopie optique.
Martensite en plaquettes
La martensite en plaquettes est observée dans les aciers moyennement riches en carbone
ou très riches. Toutefois, rappelons que même les aciers hypoeutectoïdes peuvent former
une martensite maclée à condition que le sous-refroidissement soit suffisant (voir courbe
LA TRANSFORMATION MARTENSITIQUE
Figure 11-3-4 :
Microgaphies optiques d'échan-
tillons trempés à température infé-
rieure à Ms (-196°C).
A ) et B) acier Fe-25Ni-0,66C
(Ms z -1 50 OC). L'échantillon B a
subi une transformation sous con-
trainte constante de 500 MPa. Il en
résulte un épaississement des pla-
quettes de martensite, et une distri-
bution des macles modifiée, plus
visible par les stries transversales
(voir agrandissement); C) acier
Fe-2ONi-O,5C (Ms z -35 OC).
Document INPL, Nancy, Fq
voir aussi [Li-98a], [Gau95]
TPC figure 9-2-1). Elle se présente sous la forme d'un enchevêtrement de plaquettes indi-
viduelles selon des angles bien définis. Cette martensite est qualifiée de martensite acicu-
laire. Cependant, l'appellation convient mal car chaque plaquette a davantage une forme
lenticulaire analogue à celle des macles de déformation lorsqu'elle sont observées en trois
dimensions. La microscopie électronique révèle au sein de chaque plaquette une
sous-structure très fine constituée de macles parallèles, c'est pourquoi ce type de marten-
site est mieux définie par l'appellation de martensite maclée ou TM (TzvinnedMartensite),
(voir figures 11-3-3 et 11-3-4).
Les plans d'habitat de la martensite en plaquettes sont d'indices élevés (225)' (259)' d'où
un nombre important d'orientations possibles au sein d'un même grain. Les plaquettes se
présentent comme un enchevêtrements de plaquettes de différentes tailles. Les premières
plaquettes se développent facilement dans l'austénite jusqu'aux joints de grains, puis la
progression des plaquettes devient de plus en plus difficile au fur et à mesure qu'avance la
réaction (fig. 11-3-4). L'accroissement des contraintes dues au changement de volume a un
double effet de freiner le développement des plaquettes et de créer des défauts favorisant
LA MICROSTRUCïURE DES ACIERS ET DES FONTES
Figure 11-3-5 :
Micrographie électronique d'un
acier
Fe-O,8C-0,34Si-0,lMn-1,2Cr-l W
brut de solidification. Les zones
interdendritiques enrichies essen-
tiellement en tungstène (contaste
clair) sont dépourvues de plaquettes
de martensite.
Document INPG, Grenoble, Fr
La martensite en plaquettes est aussi observée dans les aciers chargés en éléments d'alliage.
La température MSest abaissée en fonction de la proportion d'éléments d'addition. La
proportion d'austénite résiduelle est forte, d'autant plus forte que le point Msest bas. Par
exemple la proportion de martensite est plus grande pour l'échantillon dont le point Mx
est à -10 O C (fig. 11-3-4 C) que pour celui dont le point Msest à -150 OC (fig. 11-3-4A)
[Gau95], Pi-98al. La contrainte constante exercée sur l'échantillon induit un épaississe-
ment des plaquettes, comme le montre la comparaison des micrographies A et B. La
matrice des aciers au nickel présentent souvent un fort maclage (fig. 11-3-4A), la progres-
sion des plaquettes de martensite suit les plans cristallins et dévie sa direction au joint de
macle. La micrographie C de l'acier qui présente de larges plaquettes permet de remarquer
l'arête centrale des plaquettes qui est un joint de macle. En général, la martensite des aciers
à faible carbone ou nickel avec le plan d'habitat ( 2 2 5 ) ~forme d'abord la région maclée à
partir de laquelle se développe le reste de la plaquette, tandis que la martensite des aciers à
fort carbone ou nickel avec le plan d'habitat (259)y est complètement maclée.
Les aciers ahés présentent de fortes ségrégations des éléments lorsqu'ils sont bruts de soli-
dification. La température Msen relation avec la composition n'est pas uniforme et suit le
tracé des ségrégations dendritiques. Un premier exemple de la figure 11-3-5 est celui d'un
acier à ouuls. Sur la micrographie électronique les zones martensitiques dessinent le réseau
des dendrites. Les zones interdendritiques sans martensite sont enrichies en tungstène
comme en témoigne le contraste plus clair en électrons rétrodiffusés. Les plaquettes
peuvent traverser des branches adjacentes et présentent les mêmes familles d'orientation
d'une branche à l'autre parce que toutes les branches d'une même dendrite ont la même
orientation cristallographque.
Le deuxième exemple est un acier riche en chrome et en carbone, presque une fonte. Sur
la figure 11-3-6 la martensite est mixte avec des grandes plaquettes noyées dans des lattes
LA TRANSFORMATION MARTENSITIQUE
Figure 11-3-6 :
Micrographie optique d'un alliage
Fe- 12Cr-3Mo-0,7Mn-0,3Si-l C
refroidi à 60 "C/h depuis l'état
liquide et trempé en fin du cycle
d'ATD. La zone au centre des grains
est martensitique, le bord est resté
austénitique (contraste clair uni-
forme) et la zone intergranulaire est
1 'eutectique y/M7C3. Les petits car-
rés noirs sont des empreintes de
microdureté Kckers qui correspon-
dent à 920 Hv au centre dans la
zone martensitique et à 376 HV
dans 1 'austénite.
Document INPG: Grenoble, Fr, voir
aussi [De-831
au centre du grain. Les contours des grains ou branches de dendmtes sont matérialisés par les
carbures de l'eutectique Y/M7C3.Le bord de la dendrite est plus riche en éléments d'alliage
que le centre, la différence de composition s'élève à 2 O/O pour le chrome et à 0,76 O/o pour
le molybdène. L'écart de température Mx qui en résulte peut être évalué autour de 60 OC.
La teneur en éléments ségrégés est suffisante pour abaisser Mxau dessous de la tempéra-
ture ambiante de la trempe. Une trempe dans l'azote liquide pourrait aboutir à une trans-
formation totale de l'austénite.
Le revenu de la martensite
Le revenu est le traitement thermique dans la gamme de température 500-700 OC (en
dessous de Al) pendant lequel la martensite se transforme en restituant les phases de
l'équilibre thermodynamique : ferrite et carbures, ou cémentite pour les aciers ordinaires
(équilibre encore métastable par référence à l'équilibre ferrite et graphite). Ce sont les
mêmes phases que pour la perlite mais réparties avec une microstructure différente parce
qu'elle a pour origine une précipitation continue, elle est quelquefois appelée sorbite. La
matrice ferritique est continue et présente une grande ductilité. Les précipités de cémentite
sont très fins mais pas suffisamment pour conférer un durcissement structural significatif
à l'ensemble.
Aux tout premiers stades du revenu, c'est la cémentite ou bien le carbure de Hagg qui
précipitent (figures 11-4-1 et 11-4-2). Même dans le cas des aciers alliés susceptibles de
former d'autres carbures thermodynamiquement stables, les premiers précipités sont de
type cémentite [Gho77]. Ils ont une composition très proche de celle de la matrice, avec la
même proportion d'éléments métalliques. Cette observation faite sur des carbures ayant
atteint une taille approximative de 50-150 nm, implique leur formation dans des condi-
tions de para-équilibre malgré l'effet retardateur des éléments d'alliage. Le système évolue
lentement avec le temps vers une mise en équilibre des phases. Les carbures d'équilibre
germent probablement de façon indépendante, hétérogène sur des dislocations et se déve-
loppent ultérieurement. A cet égard, le cobalt a un effet bénéfique indirect sans participer
vraiment à la formation de précipités. Il retarde le réarrangement des dislocations i,e. la
restauration et, de ce fait, préserve un grand nombre de sites potentiels de germination.
La température de revenu est plus élevée dans le cas des aciers très alliés contenant des
éléments alphagènes, puisque le domaine de l'austénite est déplacé vers de plus hautes
températures. La transformation des carbures devient très complexe et se fait en plusieurs
étapes en fonction de la diffusivité et du rang de stabilité des phases [Sht77]. Par exemple,
la séquence dans un acier Fe-4Mo-0,2C est Fe&-+ Mo&-+ M&. Le remplacement de la
cémentite par un autre carbure peut s'effectuer de deux manières :
soit par une transformation in-situ. Les carbures alliés germent à l'interface
cémentite/ferrite en plusieurs sites et grossissent jusqu'à disparition de la cémentite en la
LA MICROSTRUCTURE DES ACIERS ET DES FONTES
Figrcre 11-4-1 :
Micrographie électronique en trans-
mission d'un échantillon d'acier
1OOCr6 austénitisé pendant 20 min
à 1050 OC puis maintenu 1 h à
355 OC suivi d'un refroidissement
par trempe à 1 'huile à 60 OC. Pré-
sence de carbures alignés le long de
plans préférentiels relativement
grossiers. Ces carbures se trouvent
dans certaines zones qui ont été
transformées en martensite à côté de
zones de bainite supérieureformées
lors du maintien.
Document Ecole des Mines de
Nancy, Fr et IWT Bremen, All.,
Adapté d'après [Sch99]
Figure 11-4-2 :
Micrographie électronique en trans-
mission avec extraction sur répli-
que, les précipités sont de la cémen-
tite. L'échantillon d'acier X12Cr13
a été traité pendant 4 h à 450 OC
puis trempé.
Document CRY-lmphy Ugine Préci-
sion, groupe Arcelor:
Durcissement secondaire
De nombreux carbures sont susceptibles de précipiter dans les aciers alliés pendant les
revenus entre 500 et 600 OC. Les particules de Fe3C sont partiellement dissoutes et le
carbone s'associe à d'autres métaux ayant une plus grande affinité pour lui que le fer pour
former divers précipités : M7C3, M23Cb,Mo2C, Tic, V4C3, ( M o C ~ ) ~ W2C C , [Spe72],
Fic781, 1T(ra80]. Les précipités ainsi formés à une température peu élevée sont nombreux,
très fins, dispersés et se développent généralement selon des relations d'orientation privilé-
giées avec la matrice [Por92]. Il en résulte un effet durcissant qui peut atteindre une
centaine de points en dureté Vickers.
LA TRANSFORMATION MARTENSITIQUE
Figure 11-4-3 :
Micrographie électronique de
l'acier 1 OOCr6 après trempe et
revenu. Les carbures globularisés
sont très fins dans une matrice de
ferrite. Les flèches signalent des
carbures plus grossiers qui sont des
carbures de précipitation secon-
daire intergranulaire. Ces carbures
étaient présents dans l'austénite
avant la transformation martensiti-
q u e . La d u r e t é c h u t e d e p u i s
800 -900 H vpour la martensite
vers 200 H v ;la ductilité devient
alors excellente.
Document INPG Grenoble, Fr
Il a été constaté que les carbures avec des faibles chaleurs de formation, de structure
complexes comme M7C3, M6C, M23C6, forment en général des dispersions grossières
(fig. 11-4-3). Si le maintien en température est prolongée, les précipités grossissent et
perdent la cohérence. Certaines phases résistent mieux au grossissement et ont une plus
grande stabilité. Par exemple, les températures limites de stabilité de quelques carbures
sont : V4C3 (600-625 OC), (h40,Cr)~C(570 OC), M7C3 (500 OC). En conclusion, l'adoucis-
sement provoqué par le départ du carbone de la martensite est compensé dans l'acier
anciennement martensitique par un durcissement secondaire de type structural tant que les
précipités ne grossissentpas et ne perdentpas leur cohérence.
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La transfomation bainitique
« R e mechanism of bainite formation has been the subject of numerous original research papers and
reviews for almost a century but without any signs of controversies being resolved. For beginners and
even for experts in rehted fields this wealth of information has been very confusing...»
M . Hillert in "Preface to the Viewpoint Set on : Bainite" [Hi1021
La confusion persiste malheureusement. L'option choisie dans ce chapitre a été de faire parler les
images.
350 OC. Par contre, les précipités apparaissent après un revenu de plusieurs heures à/au
dessus de 500 OC [Fou96]. Cela montre qu'il n'y a pas eu de partage du cuivre lors de la
transformation en bainite supérieure.
Au point de vue cinétique, la transformation n'est pas aussi rapide que la transformation
martensitique. La vitesse de germination et la vitesse de croissance sont contrôlées par la
diffusion du carbone [Qui02].
Dans la gamme de températures considérée, la croissance est restreinte à des intefaces
mobiles à l'exclusion de certaines interfaces en cohérence avec l'austénite et ancrées par des
dislocations d'accommodation (g 9-3). La croissance se fait par un mécanisme de terrasses.
L'alternative d'interprétation est que soit les atomes Fe + X se mettent en place de façon
reconstructive par échanges dans le seul espace de l'interface incohérent au nez des
terrasses, soit ils se mettent en place de façon displacive comme pour une martensite. En
tout cas, ce sont les atomes Fe et les solutés en substitution qui participent au changement
de cristallographie [Aar90], [Bha92], [QuiOl].
La polémique
Un constituant a été appelé bainite dès 1934, en l'honneur de Bain qui avait remarqué une
microstructure particulière en 1933. La transformation bainitique reste un sujet d'actualité
depuis plus d'un demi-siècle. En effet, la base des principaux mécanismes novateurs a été
énoncée dès 1946 par Zener [Zen46]. C'est l'idée d'une croissance contrôlée par la diffu-
sion du carbone dans l'austénite qui a été développée dans les années soixante et n'a pas à
l'époque remportée une adhésion totale [Zac62].
L'extrême complexité de la transformation bainitique a été révélée par beaucoup d'études.
L'usage de techniques fines, comme la microscopie électronique en transmission in situ' est
venu étayer certaines interprétations Fur781. Mais plusieurs mécanismes restent proposés,
et ils suscitent encore de vives controverses. Deux écoles de pensée ont opposé leurs
points de vue : les défenseurs de l'aspect displacif et les défenseurs de l'aspect diffusif
Fur841, [Aar90], [Ohm91], [Bha90], Pey911, [Bha92], [Hil95]. Plusieurs articles ou livres
cités sont des synthèses comportant des centaines de références et qui développent des
argumentations très fouillées, fondées le plus souvent sur des observations expérimentales.
L'interprétation displacive est fondée sur l'affirmation que la formation de la ferrite baini-
tique met en jeu un mécanisme displacif comme la transformation martensitique. Il y a
similitude avec les morphologies de la martensite. Les critères mis en avant sont que la
transformation bainitique engendre un effet de relief et l'existence de relations d'orienta-
tions particulières. Cela a constitué longtemps un argument en faveur de l'interprétation
displacive et un des points les plus fortement controversés. Selon la théorie phénoménolo-
@que dite PTMC (PbenomenogicalTheoy OfMartemite CtystaZIogr@&) ce relief est le témoin de
l'existence d'un plan invariant (IPS, Invaridnt Plane Strain) induit par la transformation.
Cependant, l'effet de relief est susceptible d'accompagner des précipitations en plaques
dans bien d'autres systèmes, sans répondre pour autant à l'ensemble des critères de la
transformation martensitique. Ces aspects cristallographiques au crédit du modèle displacif
LA TRANSFORMATIONBAINITIQUE 225
L'interprétation diffusive affirme que la diffusion à courte distance est nécessaire au voisi-
nage de l'interface de croissance pour induire le changement de structure. La diffusion des
atomes substitutionnels s'effectue à l'échelle atomique par des sauts individuels aléatoires
peu coordonnés, activés thermiquement. Il s'agit de reconstruire l'interface en quelque
sorte, d'où l'appellation de diffusion reconstructive. Ce mécanisme ne préjuge en rien de la
redistribution des éléments substitutionnel par diffusion à longue distance.
Dans le cadre de cet ouvrage, l'objectif est de présenter seulement quelques aspects les plus
fondamentaux des transformations de façon simplifiée, en retrait par rapport à la pokmique.
Seulement, il y a le problème d u vocabulaire, les mots qui sont attachés à des mécanismes ne
doivent pas être équivoques et la définition doit être claire avec u n cadre d'application bien
délimité pour éviter toute confusion. E n conséquence, des définitions ont été choisies. C e sont
celles de Hillert qui mettent en avant des critères physico-chimiques [HilOO]. La bainite est
définie comme une structure eutectoïde, donc avec deux phases qui sont formées a u front de
la transformation.
La bainite supérieure
Figure 12-2-1 :
Micrographie électronique d'un
acier Fe-O,5C-5Ni après traitement
thermique à 450 OC pendant une
heure. La matrice est constituée de
perlitefine 8 et de martensite M. Au
centre quelques lattes de ferrite bai-
nitique F en contrastefoncé.
Document INPG Grenoble et IRSID,
groupe Arcelor ;voir aussi [Qui021
Figure 12-2-2 :
Micrographie électronique d'un
alliage Fe-O,5C-0,7Mn, après atta-
que nital. Traitement isotherme à
500 OC pendant une heure. La tem-
pérature d'apparition de la bainite
supérieure est 525 O C . La phase en
contraste clair est la cémentite.
Document INPG Grenoble et IRSID,
groupe Arcelor.
Figure 12-2-3 :
Micrographies optiques d'échantillons d'un acier Fe-O, 07C-l,5Mn-O,3Si-O,04Al-0,04V-O,04Nb
austénitisés à 11O0 OC pendant 15 min,
puis refroidis respectivement à 25 "C/spour A et à 95 OC/s pour B.
Document IRSID, groupe Arcelor:
L'épaisseur des lattes semble croître avec la température de maintien isotherme, une varia-
tion de 0'2 pm à 2 pm environ pour une gamme de températures de 425 à 570 OC. Une
tendance semblable a été observée pour les lattes de martensite. De même, la vitesse de
refroidissement a une influence sur l'espacement des lattes, comme le montrent les figures
12-2-3A et B).
Figure 12-2-4 :
Micrographie électronique, après
attaque nital, d ' u n acier
Fe-O,5C-I,5Mn-I,5Si. Le traitement
isotherme a été effectué à 450 O C
sur l'alliage après austénitisation.
La structure ressemble à celle d'une
bainite supérieure mais n'a pas de
cémentite. La phase en contraste
clair est de l'austénite partiellement
transformée en martensite dans les
îlots les plus larges.
Document INPG, Grenoble et
IRSID, groupe Arcelor.
Widmanstatten compacte pour exprimer le fait que la transformation envahit tout le grain.
Cet effet du silicium est mis à profit pour une gamme d'aciers T.R.I.P. (voir 17-3)
L'exemple présenté sur la micrographie de la figure 12-2-5 est celui d'un acier riche en sili-
cium. L'échantillon a subi deux maintiens à 600 OC et à 400 OC suivis d'une trempe. Les
constituants visibles sur la micrographe se sont formés au cours de quatre étapes :
1) la ferrite primaire germe à 600 OC au joint de grain en relation d'accolement avec l'austé-
nite et croît dans le grain adjacent ;
2) la bainite germe à 400 OC à partir de la ferrite de joint de grain et se retrouve aussi en
cohérence avec l'austénite ; dans l'autre grain la perlite se forme au voisinage du front
ferritique qui a été enrichi en carbone lors da formation de la ferrite primaire ;
3) la bainite germe à partir de la ferrite perlitique lorsque s'arrête la zone enrichie en
carbone ;
4) lors de la trempe l'austénite résiduelle se transforme en martensite.
LA TRANSFORMATION BAINITIQUE
Figure 12-2-6 :
Micrographie électronique en trans-
mission d'un échantillon d'acier
1OOCr6 austénitisé pendant 20 min
à 1050 OC puis maintien de 1 h à
355 OC suivi d'un refroidissement
par trempe à l'huile à 60 OC. La
microstructure est celle d'une bai-
nite supérieure. Les carbures for-
ment un film continu de lamelles
plus ou moins régulières entre les
lattes de ferrite bainitique.
Document Ecole des Mines de
Nancy, Fr et I WT Bremen, A 11.
Adapté d'après [Sch99]
La martensite, comme la ferrite, n'est pas attaquée, cependant elle a un aspect lisse alors
que la ferrite apparaît rayée par le polissage. Ce contraste topographique provient de la
différence de dureté des phases. La perlite a une structure très fuie, plus fine que celle de la
bainite. La principale remarque est que la présence de ferrite favorise la germination de la
bainite. Les lattes bainitiques ont germé en cohérence avec, soit la ferrite proeutectoïde,
soit la ferrite perlitique. Cette micrographie laisse présager la complexité des microstruc-
tures obtenues après un refroidissement continu !
Figure 12-2- 7 :
Micrographie électronique après
attaque nital d'un alliage
Fe-O,9C-0,3Cr-O, 1 V brut de
forgeage ;en icône une zone ou la
bainite a germé au joint de grain
(trait noir) et sur une inclusion
d'oxyde flèche).
Document INPG Grenoble, Fr
Figure 12-2-8 :
Micrographie électronique après
attaque profonde d ' u n alliage
F e - 3 , 3 C - 9 , 2 V-2Si refroidi à
300 OC/h. Le joint de grains est sou-
lignée par une ligne pointillée. Les
bâtonnets clairs qui croissent à par-
tir du joint sont de la cémentite
entourée de ferrite. Certaines lattes
de cémentite sont irrégulières, en
tronçons comme dans les deux pla-
ges indiquées par des cercles. La
matrice a été transformée en perlite.
Les carburesfoncés sont des carbu-
res eutectiques VC. Ils sont entourés
de halos de cémentite parce qu'ils
ont constitué des germes pour la
précipitation de la cémentite secondaire (comme dans l'exemple de IaJigure 6-3-4).
Document INPG Grenoble, Fr
cellules ont une morphologie échevelée par comparaison avec celles des cellules perlitiques
observées figure 10-1-2.
La bainite inverse
Le nom de bainite inverse est attribué à la bainite qui se forme aussi dans les aciers hyper-
eutectoïdes mais dont la cémentite germe et croît en avant du front et s'entoure de lattes
de ferrite à l'inverse de ce qui se passe avec les aciers hypoeutectoïdes. L'exemple présenté
figure 12-2-8 est un acier allié. La germination a démarré principalement à proximité de la
cémentite interdendritique délimitant les grains. La cémentite bainitique croît sous forme
de lattes. Des irrégularités d'épaisseur de certaines lattes de cémentite témoignent que la
LA TRANSFORMATION BAINITIQUE 231
germination a eu lieu de façon répétitive suivant un processus proposé pour la ferrite et dit
gmpathipe [Bha92]. Le reste de la matrice a été transformé en perlite.
Microstructures atypiques
Une morphologie très particulière est observée dans les alliages riches en carbone et en
molybdène [De-831. Pour les deux exemples illustrés par les micrographies des figures
12-2-9 A et B, la microstructure se caractérise par un réseau à l'apparence d'aiguilles
enchevêtrées et orientées suivant des directions privilégiées constituées de carbures très
fins. Elle est observée dans des alliages bruts de solidification, dans le voisinage des
carbures eutectiques sur le pourtour des dendrites d'austénite où la ségrégation a
concentré le molybdène. Dans la nuance riche en chrome désignée A (figures 12-2-9 A et
AZ) l'image en microscopie à transmission montre des aiguilles irrégulières, constituées
par des empilements de fins précipités cuboïdes orientés à 45 O de la direction principale.
Figure 12-2-9 :
Acier
Fe-O,9C-ll,3 Cr-O, 7Mn-2,95Mo-O,3Si,
refroidi à 150 OC/h.
A) image de la matrice et du carbure eutec-
tique grossier M7C3 en contraste gris.
AZ) image TEM de la matrice avec les
aiguilles sombres constituées par un empi-
lement de précipités cuboïdes de carbures
Mo2 C orientés à 45 O de la directionprinci-
pale et entourés deferrite (contraste clair).
B) Acier Fe-1,33C-6,8Cr-2,4Mo-0,2Si,
trempé au cours du processus de solidijka-
tion unidirectionelle. Image de la zone interdendritique après attaque Vïllella :zone transformée à
côté d'un carbure eutectique grossier M7C3 et un constituant eutectiquefin avec Mo2C.
Document INPG Grenoble, Fr, voir aussi [De-831, [De-851
232 LA MICROSTRUC~UREDES ACIERS ET DES FONTES
Les carbures Mo2C sont entourés de ferrite avec pour relations d'orientations ;
(001)Mo2C// (001) a et [120]Mo2C // [Il l]a.
L'orientation est similaire à celle de carbures E dans la martensite. Or ces carbures ont la
même structure que Mo2C. Dans l'autre nuance désignée B (fig. 12-2-9 B), les aiguilles ou
plaquettes similaires sont aussi des carbures de type M2C, plus précisement (Mo,C~)~C.
Une telle microstructurepourrdit être assimilée à une bainite inverse en ce sens que les carbures
croissent accompagnés d'un liseré de ferrite identifié dans les deux alliages. La matrice de
l'alliage A entourant les doubles aiguilles ferrite/carbure, est constituée d'austénite avec
une forte densité de précipités M6C cohérents en orientation proche de l'orientation
cube/cube (fig. 12-2-9 AZ). La matrice de l'alliage B comporte des précipités M 2 4 6 aussi
cohérents. Les conditions de refroidissement et la composition ont sans doute une
influence sur la morphologe des carbures M2C qui apparaissent quelquefois très facettés,
ou bien plus arrondis, mais toujours en empilements. Des microstructures de ce genre ont
été observées dans des alliages fer-chrome-carbone, localisées près des joints de grains
IJun961, [Kay98].
De multiples qualificatifs sont utilisés pour décrire des microstructures atypiques, comme
f e a t b e ~(en plumes), starhke (en étoiles), spi& (aiguillé). Une certaine confusion en résulte
qui traduit la difficulté à interpréter et même quelquefois différencier une perlite d'une
bainite supérieure.
Figure 12-3-1 :
Micrographie électronique d'un
acier Fe-0,SC-O,7Mn après attaque
nital. L'échantillon a subi un traite-
ment isotherme à 325 OC après aus-
ténitisation. La phase sombre est de
l'austénite non transformée. Les
précipités sont alignés suivant un
angle défini de l'ordre de 60 O par
rapport à la direction de la pla-
quette.
Document INPG et IRSID, groupe
Arcelor:
Les résultats analysés par Zhao et Notis [Zha95] et par Bhadeshia (Bha921 révèlent une
grande complexité. Par exemple, la température Bs est définie différemment suivant le
mode de refroidissement par paliers isothermes ou continu, ce dernier mode déterminant
une valeur BS-cinétique. Une troisième température, BJ-microstructural, a été définie par
Aaronson comme étant la plus haute température à laquelle la bainite est détectée. Compte
tenu de la disparité entre les expériences et les compositions des alliages étudiés, il est diffi-
cile de mettre en évidence l'influence des paramètres, en particulier celle de la teneur
initiale en carbone. Une tendance semble montrer cependant que la formation de bainite
supérieure est facilitée dans les aciers à bas carbone et celle de bainite inférieure facilitée
dans les aciers à fort carbone. Tout se passe comme si la sursaturation interfaciale en
carbone ne pouvait pas être résorbée par l'austénite au delà d'un certain seuil parce que la
diffusivité du carbone diminue en fonction de sa concentration.
Figure 12-3-2 :
Acier Fe-2C-12Cr après solidijka-
tion dirigée
A) tirage à 7 cm/h ;micrographie
optique montrant la configuration
globale avec la matrice austénite,
les carbures eutectiques interden-
dritiques (contraste clair), la bai-
nite supérieure (contrastefoncé), la
bainite inférieure en clair entre la
matrice et la bordure noire de bai-
nite supérieure. AZ) micrographie
électronique agrandie de la zone
bainitique.
BZ) tirage à 60 cm/h ;microgra-
phie électronique de la zone bainiti-
que[Dur80b].
Document INPG Grenoble, Fr
Le deuxième exemple d'un acier a h é à fort carbone (fig.12-3-3) dustre encore la forma-
tion de plusieurs types de constituants. L'échantdlon a subi une solidification unidirection-
nelle suivie d'une trempe en cours d'expérience. Les dendrites d'austénite formées sont
grossières, les premières plaquettes de bainite peuvent croître sur une grande longueur. Ces
plaquettes initiales apparaissent comme des lattes décalées correspondant au modèle de
germination coopérative dit sympathique. Les contraintes induites par la transformation
ont un double rôle : premièrement elles limitent la croissance des plaquettes, et deuxième-
ment les perturbations plastiques et élastiques induites créent des défauts qui favorisent la
germination d'autres plaquettes. Ce processus est dit azitocata&iq~e(fig. 12-3-3 A). En plus,
la formation de bainite inférieure provoque un rejet partiel de carbone dans la matrice qui
inhibe la poursuite de la transformation en élevant MT La précipitation à l'intérieur des
lattes est caractéristique de la bainite inférieure mais, dans le cas de cette composition, il se
LA TRANSFORMATION BAINITIQUE
Figure 12-3-3 :
Micrographies d'un acier,
Fe-1,33C-6,8Cr-2,4Mo-O,2Si.
Echantillon trempé en cours de soli-
dzjkation unidirectionelle déjà pré-
senté Bgure 12-2-9 C; attaque Vil-
lella. La matrice au centre des
dendrites de l'alliage est observée.
A) micrographie optique d'une large
plage.
B) micrographie électronique et BZ)
zone agrandie sur la même plage.
C) micrographie électronique d'une
zone refroidie plus lentement que la
zone B), CZ) zone agrandie et D)
micrographie électronique en trans-
mission révélant les carbures baini-
tiques.
Document INPG Grenoble, Fr, voir
aussi [De-831
236 LA MICROSTRUCTURE DES ACIERS ET DES FONTES
forme aussi une précipitation de carbures entre les lattes révélatrice de la ségrégation
partielle du carbone (figures 12-3-3 B et BZ). Les précipités interlattes sont surtout
présents dans les plus petites lattes formées postérieurement aux grandes lattes et, par
conséquent, dans une matrice plus chargée en carbone.
Une autre microstructure a été observée dans une autre zone du barreau (figures 12-3-3 C
et CZ), il s'agit de bainite avec arête centrale ferritique dite midrib. Une semblable rnicro-
structure a été étudiée dans des aciers hypereutectoïdes non alliés par Okamoto et Oka au
cours de transformations isothermes [Oka86]. Ces auteurs proposent un mécanisme de
transformation en deux étapes. La martensite isotherme apparaît en un premier temps
dans un intervalle de température de 200 à 150 OC en très fines plaquettes. Une telle
martensite se forme seulement dans les aciers alliés ou riches en carbone. La plaquette
constitue l'arête centrale à partir de laquelle se développe latéralement la bainite au cours
de la seconde étape identifiée figure 12-3-3 D. Des structures avec arête centrale et
maclage de part et d'autre d'une zone non maclée ont été signalés et qualifiées de marten-
site dans des aciers au nickel ou au cobalt. Le mode de formation de telles structures a
suscité de nombreuses interrogations [Shi72].
Figure 12-3-4 :
Micrographie électronique en trans-
mission d'un échantillon d'acier
1OOCr6 austénitisé pendant 15 min à
860 "Cpuis soumis à un maintien de
2 h à 220 O C suivi d'un refroidisse-
ment par trempe à l'air. La micro-
structure est celle d'une bainite infé-
rieure. Les carbures sont inclinés à
50-60 "par rapport à l'axe de lapla-
quette.
Document Ecole des Mines d e
Nancy, Fr et I W T Bremen, All.
Adapté d'après [Sch99]
LA TRANSFORMATION BAINITIQUE
Figure 12-3-5 :
Micrographie électronique d'une
fonte à graphite sphéroïdal dite bai-
nitique d ' u n alliage Fe-C-Si-Mn
après un traitement de trempe étagée.
Le traitement d'austénitisation a
homogénéisé la matrice sans dissou-
dre les sphéroïdes (en noir à gauche
de l'image) car le carbone est excé-
dentaire. Le maintien à une tempéra-
ture de l'ordre de 350-400 OC a
transformé la matrice en une struc-
ture aiguillée. Les plages plus claires
sont 1'austénite résiduelle.
Document INPG Grenoble, échan-
tillon prototype Renault
Le revenu de la bainite
Le revenu d'une structure bainitique apporte beaucoup moins de changement que le
revenu de la martensite. La raison essentielle est que la ferrite bainitique est moins sursa-
turée en carbone que la martensite. Les bainites supérieure ou inférieure comportent déjà
un fin réseau de cémentite ou autres carbures qui peuvent croître aux dépens du carbone
excédentaire. Dans le cas de certains aciers alliés, la cémentite bainitique n'est pas la phase
d'équilibre alors la cémentite disparaîtra lentement au profit d'autres carbures (voir 20-1).
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La précipitation
Les phénomènes examinés dans les chapitres précédents sont reliés à la décomposition de l'austénite
dont les mécanismes se rencontrent seulement dans un nombre limité d'alliages. Par exemple, la
transformation martensitique existe aussi dans les alliages à base de titane. Par contre, la précipita-
tion est un phénomène très banal, commun à de nombreux matériaux. Cést l a transformation qui
donne naissance à une phase supplémentaire à partir d'une phase sursaturée.
Le mot même de précipitation appartient a u langage courant, d'ailkurs la pluie entre dans cette
définition, à tel point que les techniques pour la provoquer sont des inoculations d'agents germi-
nants, comme en métallurgie. Les considérations qui suivent sont décrites à propos de systèmes à base
de fer, mais elles sont généralisables à toutes sortes d'alliages à base de plomb, de nickel, de cuivre,
d'aluminium, etc.
où AGR est l'enthalpie libre de germination dans le cas du germe critique, AGv est
l'enthalpie libre chimique proportionnelle au volume v du germe, sy est l'énergie nécessaire
pour créer l'interface du germe, E est un terme lié à l'énergie élastique emmagasinée au
niveau de défauts ou de joints de phases.
240 LA MICROSTRUCTURE DES ACIERS ET DES FONTES
Le germe devient stable lorsque AGR i O . Comme le volume du germe augmente davan-
tage que sa surface à une température donnée, la relation est satisfaite pour une taille
critique du germe. Le sujet est développé dans des ouvrages généraux [Cah83], @?or92].
Il y a économie d'énergie lorsque la germination s'effectue, soit aux joints de grains, soit
de façon intergranulaire à partir de défauts. Il est bien connu que la diminution de la t d e
de grains ou la multiplication de défauts par écrouissage multiplie le nombre de sites possi-
bles. Les défauts utiles sont différents suivant les éléments transférés, les caractéristiques
cristallographiques des phases concernées et les conditions de température et de contrainte
pré-existante ou engendrée par la précipitation à cause des différences volumiques. Il a été
mentionné le rôle important des fautes d'empilements dans le cas de la transformation
martensitique, mais le plus souvent ce sont les dislocations qzii constitzient les sites favorables (voir
plus loin fig. 13-3-3). Cependant, la précipitation dans certains aciers inoxydables est
assistée par la présence de lacunes où d'amas de lacunes, par exemple dans le cas d'alliages
dans lesquels une forte concentration de défauts a été figée au moment de la trempe. Le
phénomène devient significatif en présence d'une faible concentration en bore ou en
phosphore. Ces éléments de petite t d e , mais cependant plus volumineux que les intersti-
tiels classiques, migrent sur ce type de défaut, retardent la restauration et rendent disponi-
bles des sites de germination Pav731, [Row72].
Une autre économie significative d'énergie peut aussi être faite s'il est possible de diminuer
le terme d'énergie d'interface ypar création d'un germe cohérent avec la matrice. Certaines
impuretés ou inclusions fournissent des interfaces susceptibles d'être en cohérence avec la
phase à germer et jouent donc le rôle d'agents nucléants efficaces. La formation d'une
phase métastable présentant des plans en bonne concordance avec la matrice peut se révéler
globalement une meilleure réponse énergétique que la phase thermodynamiquement
stable, bien que moins favorable par rapport à la seule différence d'enthalpie chimique des
deux phases. Lugermination pm'mitive de phases métdstables est zin mécanime extrêmementfréqzient et
il y a de nombreux exemples pour les alliages à base de fer comme, par exemple, la forma-
tion de carbures de type E lors du revenu de la martensite ($ 11-4). Ce genre de précipita-
tion est souhaité car il engendre habituellement un durcissement de l'alliage, appelé
d~rcissementstmctzira4 sans altérer sa ductilité. Il s'agt d'une réponse provisoire car la phase
thermodynamiquement stable finit par l'emporter à plus ou moins long terme. Comme la
phase stable ne bénéficie pas toujours de plans d'accolement préférentiels, l'évolution du
précipité s'accompagne de la perte de cohérence, d'un changement de morphologie et de
la duninution du pouvoir durcissant.
Cependant les précipités de phases stables peuvent aussi se développer dans des plans
préférentiels qui ne sont pas forcément des plans de bonne coïncidence mais plutôt
suivant une ligne invariante susceptible de relâcher les contraintes de cohérence [Dah84].
Un champ de contraintes peut orienter la précipitation en favorisant la formation d'aligne-
ments de précipités. La précipitation est facilitée de proche en proche par les contraintes
générées en avant du précipité qui vient de se former [Toh99].
Figure 13-1-2 :
Images en microscopie électronique à transmission d'un échantillon d'acier contenant 56 ppm de
carbone, 300 ppm de manganèse et 12 ppm d'azote. Il a subi un recuit à 670 OC suivi d'une trempe,
puis un vieillissement à 250 OC pendant 30 min pour A et pendant 24 h pour B.
A) présence majoritaire de fins carbures E coexistant avec des carbures Fe3 C.
B) présence majoritaire des carbures Fe3Cplus grossiers.
Document IRSID, groupe Arcelor ;voir aussi [MauOl].
L'exemple de la précipitation métastable est fourni par un acier doux. Après recuit à
670 OC, les échantillons ont subi un vieillissement à 250 OC respectivement de 30 min. et de
24 h. Deux types de particules sont observables. Sur la figure 13-1-2 A, les carbures iden-
tifiés comme carbures E de structure hexagonale se distinguent par une forme allongée et
orientée moins grossière que celle des précipités de cémentite. Les relations d'orientation
avec la ferrite observée sur la lame mince de la figure 13-1-2 B sont :
<100>ferrite // <1OO>carbures E et <100>ferrite // 4 1O>cémentite.
Après le vieillissement prolongé les précipités de cémentite sont majoritaires et il y épais-
sissement des plaquettes. Les carbures métastable E se sont dissous à leur profit. La densité
de carbures est plus importante que dans l'échantillon vieilli 30 min. suggérant que la
germination de Fe3C n'était pas achevée après le premier traitement thermique.
Le système Fe-Cu fournit un autre exemple avec la précipitation du cuivre dans le fer
[Goo73], [Lle95], [DesOl], [Hab02]. Ce phénomène a été beaucoup étudié car il est
responsable du durcissement structural des aciers par le cuivre observé, en particulier,
dans les aciers utilisés dans l'industrie nucléaire. La solubilité du cuivre est plus faible dans
la ferrite que dans l'austénite. Mais surtout, elle duninue beaucoup dans la ferrite avec la
température jusqu'à atteindre des valeurs très faibles (fig. 4-10-1). Après une trempe de la
ferrite sursaturée, un maintien isotherme vers 500 OC induit la précipitation. Dès les
premiers stades du traitement, un durcissement est constaté, bien qu'aucun précipité ne
soit observable en microscopie électronique en transmission conventionnelle. Des
méthodes plus fines comme la sonde atomique (FIM-Atom Probe) ou la diffraction des
rayons X aux petits angles sont nécessaires pour mettre en évidence le stade précurseur
dans lequel le précipité est un amas cohérent de structure cc. Lors d'un maintien en
h MICROSTRUCTURE DES ACIERS ET DES FONTES
Figure 13-1-3 :
Micrographie électronique en trans-
mission de précipités de cuivre dans
la ferrite. Echantillon après 100 h à
500 OC. Les précipités très petits,
sont arrondis et correspondent à la
phase cubiqueface centrée.
Document INPG, Grenoble, Fr, voir
aussi [DesOI]
Figure 13-1-4 :
Précipitation dans un alliage
Fe-Cu-Co solidzfié rapidement puis
recuit pendant dix jours à 800 OC.
La phase cuivre est en contraste
clair. La précipitation a eu lieu dans
la ferrite. (voir diagramme de pha-
ses Jigure 4-10-4).
Document INPG Grenoble, Fr
Décomposition spinodale
En considérant la précipitation comme la réaction A' +
A+B, dans le processus de germi-
nation classique le germe formé a d'emblée la composition B et la structure d'une phase
stable ou métastable différente de la matrice. La frontière entre la phase mère et le préci-
pité est une interface interphase franche A/B qui marque un changement de cristallogra-
phie et de composition. L'équilibre thermodynamique s'établit au départ à l'interface et le
précipité, de même que la matrice, évoluent par transferts diffusifs d'atomes respectant cet
équilibre interfacial (fig. 13-1-5A).
Un autre mode de précipitation est connu pour
certaines solutions solides. Le premier stade est
une transformation appelée décomposition ginodale
[Por92], Fhi021. La courbe d'enthalpie libre de
mélange en fonction de la composition comporte
deux points d'inflexion ou points spinodaux qui
encadrent un domaine de composition. Le lieu de
tels points à toutes les températures constitue la
courbe spinodale chimique (fig. 13-1-6). Dans la
gamme de compositions limitées par cette courbe
toutes lesfluctzlations de composition sont déstabilirantes. Figure 13-1-6 :
Au lieu d'être amorties par la diffusion, elles sont Solvus, spinodale chimique et spino-
amplifiées au cours du temps. Des zones de
compositions différentes se construisent de façon
continue sans inte$ace matérialisée, issues d'me germination sans laformation d'un germe critique en
quelque sorte (fig. 13-1-5 A). Cependant, les variations de composition produisent des
variations du paramètre cristallin qui ont pour effet d'engendrer des contraintes pour
maintenir la cohérence du réseau. A l'enthalpie libre de mélange, il faut donc ajouter un
terme d'énergie élastique. Compte tenu de cette barrière énergétique, il convient de consi-
dérer une courbe spinodale modifiée dite spinodale cohérente qui limite vraiment le
domaine de composition un peu plus restreint pour la précipitation spinodale. La transfor-
mation des fluctuations en précipités caractérisés est très lente et, à l'état final, les compo-
sitions sont semblables à celles qui résulteraient d'une précipitation classique.
La solution solide Fe-Cr, homogène à haute température, se sépare en deux phases autour
de 475 OC, a riche en fer et a' riche en chrome qui ont la même structure et des paramè-
tres de maille très proches (fig. 4-4-2). Les micrographies des figures 13-1-5B et C illus-
trent la structure modulée avec des zones de fluctuation de l'ordre de 0,7 nm de diamètre,
soit environ une dizaine d'atomes. Un autre alliage, proche en composition de l'exemple
précédent, a été vieilli plus longtemps (fig. 13-1-5D). La microstructure générée est
diphasée avec une morphologie très imbriquée en trois dimensions. Elle est qualifiée de
structure bi-percolée, c'est-à-dire avec une continuité des chemins au sein de chaque
phase. La structure est susceptible de devenir plus grossière au cours du temps, toutefois,
semble-t-il, plus lentement qu'une structure de précipitation classique w 9 5 ] , [Sim89].
Certains éléments d'alliage des aciers contribuent à réduire l'écart paramètrique entre les
phases jumelles a et a' et favorisent la précipitation [So178]. La décomposition spinodale
donne lieu à un durcissement, éventuellement une fragilisation de l'alliage, ou une
LA MICROSTRUCïURE DES ACIERS ET DES FONTES
Figure 13-1-5 :
A) Profil de concentration schématique du soluté en sursaturation dans la matrice, à plusieurs stades
d'avancement de la précipitation pour une
précipitation classique et spinodale :
1) début, II) stade avancé, III) fin de préci-
pitation. Cp, Ci et Cm sont respectivement
les teneurs en soluté du précipité, de
l'alliage initial, de la matrice à l'équilibre.
La précipitation interphase
La transformation dite "précipitation interphase" est discontinue puisqu'il s'agit d'une
transformation qui progresse sur un front et non pas de germination aléatoire, cependant
le résultat a l'apparence d'une précipitation continue. La caractéristique distinctive est la
répartition des précipités en rangées dans des plans régulièrement espacés et parallèles. Les
précipités sont très fins mais relativement rapprochés, aussi quand le volume de phase
précipitée est important cela prend l'aspect d'une plaque irrégulière. Il est reconnu que ce
mode de précipitation est associée au développement de la matrice par marches ou
terrasses. La progression du nez des marches remplace l'austénite par de la ferrite. Dans
les conditions de para-équilibre le carbone excédentaire diffuse à partir de ce front de
déplacement, créant une surconcentration locale. Logiquement, les marches incohérentes
devraient constituer des sites favorables de germination des carbures. En fait, ces derniers
germent à la frontière a/? sur la terrasse immobile qui est une interface plane de basse
énergie. La raison est que les marches se déplacent trop vite pour permettre la germination
sur les marches For921. Les carbures apparaissent intégrés à la ferrite quand une rangée
supplémentaire les recouvre, ce qui implique une marche suffisamment haute pour
pouvoir progresser malgré l'obstacle des précipités (voir exemple figures 13-2-1A, B et C).
Il a été montré, par exemple, que des carbures sont en relation d'accolement avec à
la fois la ferrite et l'austénite. La précipitation interphase est associée à une croissance en
cohérence (K.S.) avec l'austénite Fon801. L'espacement des rangées dépend de la tempé-
rature, il est plus grand pour les températures plus élevées FagOl]. L'échantillon de la
micrographie figure 13-2-1 B a été refroidi immédiatement après le forgeage, la précipita-
tion a dû se faire à une température plus basse et un temps de maintien en température
moins long que celui de la micrographie figure 13-2-1A. Les précipités VC sont beaucoup
plus fins et plus rapprochés.
LA MICROSTRUCïURE DES ACIERS ET DES FONTES
Figure 13-2-1 :
Précipitation interphase de carbures de type MC dans un acier
A) Micrographie électronique en transmission montrant les précipités VC dans un acier
Fe-O,049C-0,30Mn-O,126V laminé à chaudpuis traité à 700 Ocpendant 2 h.
B) Micrographie électronique en transmission montrant les précipités VC dans un acier
Fe-O,38C-1,5Mn-O,5Si-O,1 V brut deforgeage et refioidi à 18 OC/mznjusqu 'à la température ambiante.
Les lignes dans la direction des précipités encadrent une zone où ils sont alignés. (échantillon Asco-
métal-CREAS, Amnéville, Fr)
C) Micrographie électronique en transmission en champ sombre montrant la précipitation interphase
courbe de T i c dans un acier Fe-O,052C-0,18Mn-O,12Ti laminé à chaudpuis traité à 700 OC pendant
2 h.
Documents IRSID, groupe Arcelor:
La précipitation interphase peut également se faire sur des interfaces à haute énergie et
non planaires pour lesquelles la migration ne se fait pas exclusivement par empilement de
terrasses. La répartition des précipités apparaît sous la forme de lignes courbes et porte le
nom de précipitation interphase courbe (fig. 13-2-1C). Cette forme est plus probable aux
plus hautes températures (au dessus de 700°C) pour lesquelles les mouvements des inter-
faces interphases de haute énergie sont plus faciles. Les deux formes plane et courbe
peuvent alors être observées dans le même échantdlon [Sak84]. De nombreux exemples de
précipitation interphase planaire ou courbe se rencontrent lors de la formation de carbures
et aussi carbonitrures dans les aciers. Ils sont plus fréquents avec les éléments comme le
niobium, le titane et le vanadium qui ont une très forte affinité pour le carbone et pour
Figure 13-2-2 :
Micrographie électronique en trans-
mission d'un échantillon d'acier
Fe-0,35C-0,9Mo observé 15 min
après le début de refroidissement
depuis 950 jusqu'à 550 OC. La
structureJibréeferrite plus carbures
Mo2C estformée à l'interface d y .
Document McMaster University,
Hamilton, Can. ;voir [Pur 781
l'azote, et dont les produits de solubilité des carbures et carbonitrures sont très petits
même dans l'austénite. Au cours du refroidissement, la précipitation de carbures tels que
Mo2C, Cr7C3, Cr23C6,W2C, M6C peut être générée. La précipitation interphase peut
donner lieu à un léger durcissement. C'est le mode principal de renforcement de la ferrite
des aciers microalliés [Gla97], [Sak84]. Le cuivre donne également lieu à une précipitation
interphase dans la ferrite Fou95al et aussi dans la cémentite P a 9 3 1 .
La précipitation fibrée
La précipitation avec une morphologie en fibres est un autre processus qui se produit dans
les aciers alliés en compétition avec la précipitation interphase, dans des conditions de
température et pour des concentrations pour lesquelles la croissance de la ferrite est forte-
ment inhibée. Ce mode a été étudié principalement dans des aciers au molybdène pour
lesquels ce sont des fibres Mo2C et se rencontre également avec W2C, VC, Cr7C3 et Tic.
La répartition des fibres très fies, de 10 à 50 nm en moyenne, peut être régulière ou tota-
lement désordonnée. Les deux structures fibrée et interphase peuvent se retrouver au sein
du même grain en fonction de l'orientation de l'interface et de la gamme de température
[Ain79], [Hon80], Fur781. La micrographie de la figure 13-2-2 est extraite d'observations
i n - s i t ~en microscopie à transmission de l'interface a / y en croissance. Les carbures fibrés
Mo2C semblent se former directement à l'interface a / y .
Figure 13-3-1 :
Evolution de précipités Nb(CN) dans un
acier contenant 699 ppm de carbone,
66 ppm d'azote et 843 ppm de niobium.
La courbe est dérivée de l'histogramme
de distribution en taille des précipités.
Au bout de 126 h de maintien à 650 O C
le rayon moyen des précipités a doublé
et leur nombre diminué de moitié par
1 2 3 4 5 6 7 comparaison avec l'état au bout d'une
Rayons des prdcipitbs Nb(CN) nm
heure de maintien. D'après un document
Irsid, groupe Arcelor:
-
faible et d'une distance entre les précipités beaucoup plus grande que leur rayon.
L'exigence d'équilibre local impose l'égalité des potentiels chimiques de part et d'autre de
l'interface, potentiels qui sont fonction du rayon de courbure local selon la relation de
Gibbs-Thompson. Puisque la matrice est supposée homogène, c'est le rayon de courbure
local qui doit évoluer de façon à satisfaire le potentiel imposé. Il en résulte un transfert de
matière par diffusion entre les précipités qui joue de telle sorte que les précipités les plus
petits, les plus instables, ont tendance à se dissoudre alors que les plus gros grossissent.
Les éléments d'alliage peuvent renforcer ou inhiber le processus de grossissement suivant
qu'il participent ou ne participent pas à la croissance du précipité [Bjo72].
L'exemple d'un acier micro-ahé est présenté figure 13-3-1.La courbe montre une diminu-
tion du nombre de précipités et une évolation en taille. Les analyses ponctuelles sur les préci-
pités révèlent une évolation en composition qui se traduit par une différence entre les précipités
les plus gros et les plus petits. Au début de la précipitation, lors de la création du germe,
l'état de cohérence entre le précipité et sa matrice peut modifier localement l'état d'équi-
libre et favoriser une composition pour laquelle le désaccord paramétrique est plus faible.
Puis la situation évolue au fur et à mesure que grossit le précipité et que change la compo-
sition de la matrice. Des gradients de composition peuvent apparaître au sein du précipité
en fonction de l'évolution de la composition de la matrice.
Précipitation anisotherme
En pratique, au cours du refroidissement d'un alliage, les précipités formés à haute tempé-
rature évoluent, coalescent pendant que d'autres précipités se forment. De plus la transfor-
mation de l'austénite en ferrite s'accompagne dans la plupart des cas d'une W n u t i o n de
solubilité des solutés (Nb, Ti, V par exemple) et, en conséquence, d'une nouvelle étape de
précipitation. Les mécanismes sont aussi modifiés car les possibilités de relations d'accole-
ment sont différentes. Enfin, lorsque le refroidissement se passe lors du laminage et du
forgeage, les déformations plastiques créent des sites de germination et influent sur la
Figure 13-3-2 :
Micrographie électronique d'un
a c i e r microallié c o n t e n a n t
3 000 ppm de niobium et 300 ppm
de carbone. Trois populations de
précipités sont observables :
- des précipités en chapelet aux
interfaces (joints, anciens joints et
sous joints),
- des précipites alignés de type
interphase,
- des précipités intragranulaires
classiques.
Document Irsid, groupe Arceloi:
Figure 13-3-3 :
Micrographie électronique en trans-
m i s s i o n d ' u n a c i e r HSLA
O, 07C-1,35Mn-O, 047Ti-O,086Nb.
Champ sombre pour révéler les pré-
cipités aiguillés (Nb,Ti)C. L'échan-
tillon a été examiné brut de fabrica-
tion, après laminage à chaud et
bobinage. La taille de grains est de
l'ordre de 3 Pm.
En médaillon le diagramme de dg-
fraction associé aux précipités, le
cercle blanc correspondant au spot
de diffraction utilisé. Document
University of British Columbia,
Can. et INPG Fi: ;voir [ChaOl]
répartition des précipités. Il en résulte plusieurs populations de précipités qui ont des loca-
lisations et des morphologies différentes en fonction de leur histoire thermique.
L'acier microallié présenté figure 13-3-2 comporte trois populations de carbures de
niobium. Les précipités inter-granulaires sont les plus grossiers, ils se sont formés en
premier à haute température. Ces précipités aux joints de grains sont bordées de zones
dépourvues de précipités révélatrices de la formation de zones appauvries en niobium
(selon le mécanisme expliqué $ 8-2). Les précipités intra-granulaires apparaissent différents
suivant les zones, soit de type interphase, soit de type continu classique. La coexistence de
ces deux types de précipités est couramment observée (en prenant en compte le change-
ment d'apparence en fonction de l'angle d'observation). Un autre exemple de précipitation
anisotherme avec des précipités inter et intragranulaires figure plus loin à propos des aciers
inoxydables martensitiques (fig. 19-1-4).
Un second exemple (fig. 13-3-3) illustre la formation de précipités mixtes @b,Ti)(C,N)
dans la ferrite. L'interprétation d'une micrographie similaire du même échantillon a
soulevé une polémique (voir références groupées [ChaOl]). L'argumentation porte sur
LA MICROSTRUCTURE DES ACIERS ET DES FONTES
Figure 13-3-4 :
Micrographie électronique à balayage d'un pré-
cipité TiN extrait sur réplique. Le précipité
cuboïdal mesure environ 200 pm d'arête. Des
précipités de suljkres de titane apparaissent col-
lés au nitrure.
L'acier initial est un acier de type IF de compo-
sition Fe-1,5Ti-0,025C-O,035N qui a subi un
recuit à 765 OC
Document IRSID, groupe Arcelor:
l'origine des précipités. Ont-ils été formés dans l'austénite, ou dans la ferrite, ou suivant un
processus de type interphase ? D'après les auteurs, ces précipités ont été formés dans la
ferrite, ils sont très fins et fortement allongés sur une direction alors que les précipités
formés dans l'austénite sont habituellement plus massifs. Ils sont localisés sur les disloca-
tions avec une orientation préférentielle de type Baker-Nutting ( ( 1 0 0 ) ~// (100)a et [011]p
// [OlOIa). En fait de nombreux paramètres influent sur la morphologie et la répartition
des précipités : l'état de la matrice (sites de germination), la nature de la matrice (relations
d'accolement différentes avec la ferrite ou l'austénite), la composition initiale (sursatura-
tion qui conditionne la cinétique de précipitation) et enfin la vitesse de refroidissement. Le
débat bien argumenté éclaire sur la difficulté de l'interprétation d'une succession de trans-
formations. La discussion fait ressortir le fait que le processus de précipitation est très
sensible aux conditions de laminage et de bobinage, ainsi qu'à la vitesse de refroidissement
entre ces deux étapes. C'est cette dernière vitesse qui est déterminante pour la précipita-
tion interphase. D'autre part, compte tenu de la limite de solubilité des interstitiels très
basse, un faible écart de composition est susceptible de changer la température d'appari-
tion des précipités.
Des précipités de carbures, nitrures ou carbonitrures peuvent être observés dans les aciers
de type HSLA ou IF sous forme de cuboïdes bien facettés qui ne proviennent pas d'une
précipitation en phase solide. Ces précipités se sont formés en phase liquide probablement
dans le sillon interdendritique enrichi en soluté (par exemple TiN figure 13-3-4). D'autres
éléments minoritaires ou des impuretés peuvent aussi être ségrégés, expliquant ainsi la
présence de sulfures sur le précipité TiN (Ti4C2S2OU TiS). Dans le cas du titane et égale-
ment du soufre, les coefficients de partage entre le liquide et le solide sont très faibles
d'où une forte ségrégation. Ces amas mixtes de précipités peuvent se produire soit par
simple agglomération d'inclusions dans le bain liquide soit par la formation d'empilements
de phases différentes par croissance en phase solide grâce à des relations d'accolement
favorables entre elles.
Les mat6riaux ferreux :
aciers et fontes
((It is now truer than ever that steels are the most important group of engineering materials, for they
are continually evolving to meet new needs and challenges, and this is really the main justification
for doing research in this field. »
R.F.K. Honeycombe 2 9th Hatfield memorial kcture 6 December 1979 [ ~ o n 8 0 ] ' ~
((L'acier, le plus polyvalent de tous les matériaux structurels est présent dans pratiquement tous les
secteurs : bâtiment et travaux publics, transports (automobile, construction navale), emballage,
ameublement, outils, mécanique, produits industriels et grand public. ..
Par ailleurs, par son très bas coût intrinsèque, sa facilité de récupération, et son aptitude au recy-
clage, qui se traduit déjà par le plus haut taux de recyclage effectif,l'acier est particulièrement bien
adapté au développement de cycles de multiples utilisations. »
M Giget, "Propriétésfonctionnelles et choix des matériaux", Le Livre de l'Acier, [Bér94].
10. Il est maintenant plus vrai que jamais que les aciers sont le plus important groupe de matériaux
pour le génie mécanique, car ils évoluent constamment pour répondre à de nouveaux besoins et
performances, et c'est en réalité la principale justification pour faire de la recherche dans ce
domaine.
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L.sptimisatisn des nuances d9aciers
La qualité la plus moderne de l'acier est, sans doute, sa très grande adaptabilité. Malgré le fait que
le tonnage global consommé ait tendance à rester stable, le choix de nuances s'est considérablement
enrichi pour répondre à des exigences de plus e n plus ciblées et rigoureuses. Côté utilisateur, le choix
d'une nuance commence par la comparaison de performances techniques qui constituent une base
objective pour la. sélection en vue d'une utilisation donnée [Ash92], [Ash99], [AshOZ]. Côté concep-
teur, en amont, il est nécessaire que l'optimisation repose sur l'anabse scientifique rigoureuse des
mécanismes impliqués. U n e bonne compréhension des phénomènes garantit une certaine souplesse
d'adaptation et fournit la base d'un contrôle de qualité performant. Cependant, les critères scientifi-
ques ne sont pas les seuls à la base d u développement d'une nuance : il faut prendre en compte le
coût d u procédé de production, le coût des éléments, les effets sur l'environnement, les possibilités de
recyclage et aussi des impératifs d'ordre stratégique ou politique.
Figure 14-1-1 :
Micrographie optique d'un acier
peu allié, laminé en phase austéniti-
que, à une température suffisam-
ment basse pour qu'il n 'y ait pas de
recristallisation. Les grains sont
fortement écrouis, disloqués. Cette
microstructure typique de l'écrase-
ment dû au laminage est appelée
pancake structure.
L'attaque au moyen d'une solution
d'acide picrique à 4 % révèle les
a n c i e n s j o i n t s de g r a i n s de
1 austénite.
Document groupe Arcelor.
comme les joints de grains sont des zones à forte énergie accumulée, une tendance natu-
relle tend à minimiser cette énergie en réduisant la surface de joints par grossissement de
grains. De nombreux paramètres ont une influence sur la stabilité du grain, en particulier
la présence de précipités intergranulaires bloquant un éventuel grossissement et la
présence d'éléments en solution solide qui peuvent freiner la mobilité des parois de grain.
La taille du grain de solidification a une influence en se répercutant même après de
nombreuses transformations en phase solide.
Durcissementpar écrouissage
Le martelage d'un métal produisant un durcissement qui disparaît lorsque le métal est à
nouveau chauffé est un phénomène bien connu et exploité depuis longtemps par les forge-
rons. Ce renforcement intervient après des opérations de laminage, de tréfdage, d'embou-
tissage ou toute autre mise en forme mécanique. La déformation plastique augmente
considérablement la densité de défauts à l'intérieur de la structure cristalline. Elle
engendre, en particulier, la création et la propagation de dislocations dont la densité peut
s'élever jusqu'à 10'' ou 1012 cm-', valeurs à comparer avec 10' cm-2 pour un monocristal.
A chaque dislocation est associé un champ de contraintes à longue distance qui rend le
glissement des dislocations de plus en plus difficile au fur et à mesure que la déformation
progresse et que leur nombre augmente. Cependant, le durcissement s'accompagne d'une
perte de duculité, d'une diminution de l'aptitude à l'allongement. Dans la plupart des cas, il
faut choisir un compromis enee le durcissement et une perte de ductilité modérée.
La modification de la microstructure due au laminage s'observe par l'écrasement des
grains qui deviennent aplatis et fortement écrouis, en structure pancake (le mot français
équivalent "crêpe" n'est pas utilisé) (fig. 14-1-1). Cependant, cette microstructure n'est pas
stable, elle évolue en fonction de la température et du temps de maintien à cette tempéra-
ture. L'évolution s'accompagne toujours d'un adoucissement. Trois étapes sont
distinguées : la restauration, la recristallisation et le grossissement de grains. La première,
qui demande le moins d'énergie, consiste en une redistribution ou une élimination de
certains défauts. Elle est appelé restamation car le cristal est partiellement restauré dans une
meilleure qualité cristalline. Les dislocations sont peu mobiles à basse température mais
elles se réarrangent lorsque la température est suffisante afin de diminuer l'énergie du
système. Elles se groupent en écheveaux qui délimitent des zones de cristal parfait formant
ainsi une structure en sous-grains. Cette structure caractéristique du métal écroui constitue
encore une barrière effective, un obstacle au glissement ultérieur des dislocations. Cepen-
dant, la restauration diminue faiblement la dureté. Seule une élévation de température du
matériau écroui jusqu'à une température proche de Tf12 peut induire la recristallisaation.
Cette transformation consiste en la germination globalement isotrope et la croissance de
nouveaux grains moins disloqués. Chaque grain ainsi régénéré retrouve une densité de
dislocations correspondant à l'état initial. Si la température de recristallisation est bien
adaptée, le nombre de grains recréés est beaucoup plus grand que le nombre initial.
L'objectif de renforcer le métal par une tadle de grain fme est atteint. A température plus
élevée il se produit un grossissement et la coalescence des grains et l'effet de renforcement
disparaît. E n définitive, l'optimisation du renforcement mécanique est essentiellement
maîtrisée par le contrôle des températures des traitements thermomécaniques, comme le
laminage à chaud, pendant lesquels se produit une recristallisation.
Une autre interaction à caractère chimique provient de la différence de liaisons avec les
voisins. Si les atomes étrangers sont suffisamment mobiles, ils peuvent migrer vers les
dislocations, et former un "nuage" ou atmosphère de Cottrell. Les dislocations sont bloquées
256 LA MICROSTRUCTURE DES ACIERS ET DES FONTES
AREMPa
Austénite
A 0,s 1
Pds %
%5 2 23 BO 2 4 6 8
At%
IO 14 16 18
Figure 14-1-3 :
A) Renforcement par solution solide dans des aciers contenant de la ferrite et de la perlite de type
HSLA; B) Renforcement de lausténite.
d'après [Pic 781
ou ancrée3 par le nuage d'impuretés. C'est le cas des aciers extra-dom qui vieillissent à cause
de la migration de l'azote et du carbone. La migration se produit à température ambiante
pour l'azote et vers 100 OC pour le carbone. Cet effet est différent du freinage considéré
dans les paragraphes précédents : une fois la dislocation arrachée à son nuage, elle se meut
librement. A température moyenne (200-400 OC), les atomes interstitiels sont très mobiles,
aussi il se produit une succession d'ancrages et de désancrages. C'est le vieillissement dyna-
mique en cours de déformation, effet Portevin-Le Chatelier qui permet d'interpréter les
crochets répétés sur la courbe de traction [Cah83].
L'effet des éléments d'alliage sur la ferrite est bien connu mais l'intérêt pratique est faible à
cause de la limite de solubilité très basse pour les éléments les plus durcissants comme le
carbone et l'azote (fig. 14-1-3 A). L'austénite peut aussi être renforcée par des éléments
d'addition (fig. 14-1-3 B). Le problème à gérer est la chimie du système car les éléments les
plus efficaces sont les éléments interstitiels susceptibles de générer des précipitations indé-
sirables et les éléments alphagènes qui déstabilisent l'austénite.
La ténacité
Pour un matériau donné, l'aptitude à résister à la propagation d'une fissure sous l'effet
d'une contrainte se traduit par la valeur de résilience qui exprime l'énergie emmagasinée lors
de l'impact qui produit la rupture. La mesure est effectuée sur des éprouvettes normali-
sées, entaillées auxquelles on fait subir un choc à l'aide d'un mouton Charpy. L'entaille
simule une fissure avec un rayon de courbure reproductible en tête de la fissure. La téna-
cité exprime l'aptitude à résister en fatigue et se mesure de même sur une éprouvette
entaillée et pré-fatiguée. La ténacité est un paramètre critique dépendant de la chimie de
l'alliage. Il est corrélé avec la limite d'élasticité avec une tendance opposée (fig. 17-2-4).
si le matérian estfragile, c'est-à-dire non ducule, il n'y a pas de déformation plastique et le
rayon de courbure en tête de la fissure reste petit. Le comportement en tête de fissure
demeure essentiellement élastique ce qui conduit à des contraintes très élevées favorisant
le développement de la fissure qui se propage le long de plans préférentiels. La rupture,
dite fragile, présente un faciès en faisceaux de plan clivés (figures 14-1-4 B et 21-4-7 A).
L'énergie dissipée est faible puisqu'aucun mécanisme de relaxation par propagation d'une
déformation plastique n'est opérant.
si le matémazi est dzictile, il y aura émission de dislocations en tête de la fissure et propaga-
tion d'une déformation plastique qui émoussera la fissure de façon à la rendre moins
critique et à la stopper. La plasticité conduit à un endommagement qui se traduit par
l'apparition de cavités au niveau des inclusions et des joints de grains. La rupture, dite
ductile, se caractérise par un faciès en cupules lorsque les obstacles privilégiés sont les
précipités (figures 14-1-4 C et 21-4-7 B) et par un faciès en blocs lorsque les obstacles
sont les joints de grains (fig. 7-1-6). L'énergie dissipée est grande car le travail plastique
accompli est conséquent.
LA MICROSTRUCTURE DES ACIERS ET DES FONTES
Figure 14-1-4 :
Faciès de rupture de l'acier 1035
ou C35E4 constitué de ferrite et de
perlite:
Al, A2) macrographies d'éprouvet-
tes rompues vers 20 OC; les zones
claires brillantes flèches) sont les
zones à rupture fragile et les zones
sombres sont celles à rupture duc-
tile. (section de 1 cm2 normalisée
de l'essai Charpy) ;
B) micrographie électronique de la
zone fragile; à observer les zones
planes de clivage, des ruptures
rayonnant autour d'une plage cen-
trale appelées rivières, des ruptu-
res avec des sillons profonds cor-
respondant à une décohésion
intergranulaire ;
C) micrographie électronique de la
zone ductile; à observer: les cupu-
les, la présence de précipités au
fond de quelques cupules et la
large plage de perlite au centre
d'un large cratère ;
D) micrographie électronique de la
zone frontière, qui illustre la diffé-
rence de taille des deux faciès.
Figure 14-1-5 :
Comportement en ténacité (essai Charpy) à
basse températurespour les dzflérentesfamilles
d'aciers inoxydables.
Adapté d'après un document Ugine, groupe
A rcelo~
La mobilité des dislocations est liée à la structure cristallographique du matériau ; elle est
faible à basse température dans les matériaux à structure cubique centré. De ce fait, la
température joue un rôle en permettant aux dislocations de franchir les obstacles par glis-
sement dévié. Les énergies mises en jeu diffèrent considérablement suivant le mode de
rupture, soit de 20 à 70 J dans le cas de la figure 14-1-4. Le phénomène est critique pour
les aciers ordinaires parce que la température de transition ductile/fragile est proche de la tempé-
rature ambiante (voir plus loin figure 17-2-2 l'effet du carbone). Dans un large intervalle
de température le faciès de rupture est mixte (figures 14-1-4 A et D). La proportion de
zone fragile/ductile est variable, ce qui donne un large étalement des valeurs d'énergies
dans l'intervalle de transition (fig. 14-1-5). La transition n'existe pas pour les matériaux à
structure cubique faces centrées, comme les aciers en phase austénitique.
Au point de vue pratique, une bonne ténacité est la plupart du temps nécessaire. La solu-
tion réside soit dans la suppression ou la neutralisation des éventuelles sources de micro-
fissures par la diminution de la teneur en éléments précipitant aux joints de grain ; soit
dans la modification de la structure cristalline en rendant le glissement dévié plus facile
(rôle du nickel).
Il suffit d'évoquer le naufrage tragique d u Titanic en 1912 pour apprécier l'importance de
cette caractéristique. Le paquebot a sombré lors de son voyage inaugural à cause de la rup-
ture fragile de l'acier, l'effet d u choc contre l'iceberg a été catastrophique compte tenu de la
température de l'eau à 2 OC. L'acier était performant à l'époque, d'ailleurs u n paquebot frère
sur le même modèle, l ' o l y m p i c , est resté plus de vingt ans e n e n sewice [Fel98]. Les Liberty
ships américains construits pendant la Seconde Guerre mondiale fournissent un autre exem-
ple spectaculaire. Des fissures amorcées en eaux froides dans la coque entièrement soudée ont
développé ultérieurement des ruptures totales cassant le bateau e n deux, en l'absence de tout
effort anormal. C e problème fut résolu, dans la deuxième moitié d u siècle, par la mise a u
point d'aciers capables d'équiper des bateaux brise-glace ou des constructions sibériennes.
La formabilité
C'est l'aptitude du matériau à être mis en forme, sa capacité à subir une déformation
importante sans déchirure lors de laminage ou d'emboutissage profond. La formabilité
260 LA MICROSTRUC~UREDES ACIERS ET DES FONTES
d'un matériau est d'autant plus élevée que sa limite d'élasticité est basse et que sa capacité
d'écrouissage est élevée. C'est cette dernière qualité qui est mise à profit dans le cas des
aciers TRIP. La ductilité propre du matériau est l'exigence essentielle, mais elle doit être
similaire pour les inclusions éventuelles sinon il se produit une décohésion. Certaines
inclusions sont relativement ductiles et ne sont pas nocives, d'autres sont des phases dures
sans ductilité comme des carbures par exemple qui doivent être évitées. La propreté inclu-
sionnaire est maîtrisée au moment de la préparation du métal (g 15-4) @?hi02].
La dureté
La dureté d'un matériau est caractérisée par une mesure macroscopique qui détermine
l'enfoncement d'un indenteur, par exemple une pointe de diamant, sous une charge
donnée. La zone concernée doit englober un volume représentatif du matériau et
comporter éventuellement plusieurs phases. De nombreuses de phases très dures sont
présentes dans des matériaux composites, enchassées dans une matrice comme dans le cas
des fontes, ou bien combinées avec un simple liant (annexe 22-8)' (g 21-2). Elles contri-
buent à la dureté globale. Mais le comportement du matériau est lié également aux
propriétés de la matrice et à la cohésion entre le précipité ou l'inclusion et la matrice. Une
grande dureté est souvent associée à une bonne résistance à l'usure abrasive.
Les micro-additions
Ce sont des additions délibérées avec des teneurs de l'ordre de quelques ppm à 1 %.
Excepté dans le cas des interstitiels, elles modifient peu les équilibres des phases majeures.
Les effets sont multiples et interactifs, ils sont rappelés brièvement :
Précipitation dans le bain liquide. Certains éléments comme le niobium ou le titane dont la
solubilité est très faible en présence de carbone et d'azote jouent le rôle de piège pour
diminuer la teneur en interstitiels. De même le manganèse est utilisé pour neutraliser le
soufre. En outre, les précipités réfractaires formés dans le liquide jouent un rôle d'agents
de germination.
Précipitation due à la ségrégation interdendritique. Des phases mineures se forment en fin de
solidification à partir du liquide ségrégé dans les sillons interdendritiques. Le point de
fusion est localement abaissé avec le soufre (sauf en présence de suffisamment de manga-
nèse pour combiner tout le soufre sous forme de MnS) et avec le phosphore, créant un
risque de brûlure.
Ségr&ation auxjoints de grains en phase solide. Certains éléments diffusant facilement favori-
sent une précipitation aux joints comme le phosphore, le bore, le carbone et l'azote où ils
se combinent avec des éléments à faible solubilité pour former des composés, par exemple
AlN. La conséquence sur les propriétés peut être un renforcement mécanique par freinage
des dislocations, ou bien une fragilisation.
Précipitation lors du revenu de la martensite. Cette précipitation provoque un durcissement
secondaire qui est en fait un durcissement structural complexe par la précipitation de fins
carbures alliés, dispersés. Les principaux éléments qui forment des carbures sont, par ordre
de stabilité croissante : Mn, Cr, W, Mo, V, Ti, Zr, Ta et Nb.
Pré@itdtion engendrant un durcissement structural. Ce sont soit des éléments très peu solubles à
basse température, comme le cuivre, des éléments d'addition indépendants du carbone qui
peuvent former des précipités de composés intermétalliques.
Effetsgr la trempabilité. La trempabrltté est l'aptitude d'un alliage à subir une transforma-
tion martensitique par trempe. Elle dépend de la valeur de la température Ms et du retard
des transformations perlitique et bainitique. A teneur limitée l'effet sur Ms est négligeable
alors que presque tous les éléments d'alliage améliorent plus ou moins la trempabilité en
retardant les transformations. Les éléments à faible produit de solubilité ont un effet
induit : en retirant le carbone de l'austénite ils élèvent MS.
LA MICROSTRUCTURE DES ACIERS ET DES FONTES
Figure 14-3-1 :
Evolution du domaine de lausténite illustréepar la superposition d 'isoplètes calculéespour dzfléren-
tes teneurs en éléments d'addition pour les systèmes ternaires Fe-graphite-Si et Fe-cémentite-Mn. Le
système de comparaison à concentration marquée O est le système Fe-cémentite en gris.
Le silicium réduit le domaine de lausténite, il est alphagène. Le manganèse élargit ce domaine, il est
gammagène. L'effet est sensible même pour des teneursfaibles.
Les équivalents
Il est commode d'évaluer le pouvoir alphagène ou gammagène par référence au chrome et
au nickel. Des équivalents, Eqc, et Ewi,sont déterminés par des formules établies par
ajustement empirique des coefficients pour chaque élément. Les domaines de l'austénite
ou de la ferrite peuvent alors être définis par des diagrammes bi-dimensionnels pour une
certaine température d'austénitisation ; ce sont les courbes noires de la figure 14-3-2. Un
renseignement complémentaire essentiel est la trempabilité interprétée par une deuxième
série de courbes grises limitant les zones où la transformation martensitique est totale ou
seulement partielle en fonction des températures Ms et MF.
Les diagrammes de ce type ont été établis pour prédire la structure de soudures. Le
premier chronologiquement est celui de Schaeffler en 1949 [Sch49], modifié par la suite
notamment par DeLong en 1960 [pelbO] et en 1973 [Lon73]. Une version du diagramme
de Schaeffler est souvent utilisée (fig. 14-3-2) [Lac90]. Les diagrammes diffèrent essentiel-
lement par les formules d'équivalents qui comportent plus ou moins d'éléments d'alliage
(annexe 22-3). Des formules ont été adaptées aux alliages coulés et d'autres affinées à une
certaine gamme de compositions, par exemple pour les aciers à 12 O/o de chrome ou les
aciers duplex en fonction du niveau de concentration d'éléments sensibles [Kra80],
[CamOO]. Plus récemment, une confrontation entre ces formules et celles résultant de
calculs thermodynamiques a montré un excellent accord pour les éléments alphagènes et
une médiocre concordance pour les éléments gammagènes, surtout le manganèse Pnd021.
Le chrome a aussi pour effet de former la phase o fragilisante dans la gamme de tempéra-
ture 500/820 OC (diagramme de phases figure 4-4-2). D'autres éléments stabilisent ou
renforcent la phase o comme le silicium et le molybdène, ils sont dits sigmagènes. Plusieurs
éléments sont à la fois alphagènes et sigmagènes, ce qui explique une tendance à
confondre les deux rôles. Ce rapprochement n'est pas vraiment justifié car la phase o est
un composé électronique dont la formation dépend d'une optimisation du nombre d'élec-
trons mis en commun, alors que la phase a est une solution solide de substitution. Un
autre effet dû au chrome est de provoquer une démixtion, une séparation de phases a et a'
vers 475 OC qui est fragilisante. Cette tendance n'est pas partagée avec tous les autres
éléments alphagènes.
Figure 14-3-2 :
Diagramme de Schaefler
les courbes noires définissent des
domaines de phases ;les courbes
grises limitent respectivement la
zone où les points MS et MF sont au
dessus de la température ambiante
(transformation totale) et la zone ou
seul le point MS est au dessus de la
température ambiante (transforma-
tion partielle entre les d e n )
Les aciers d o ~ et
x micro-aZliés, de structure ferritique, sont proches du fer pur. Ils sont très
ductiles. Ces aciers sont situés dans la zone attribuée à la ferrite a sur le diagramme de
DeLong. Ils servent à fabriquer des produits plats pour emboutissage, des tôles destinées à
être revêtues. Les aciers micro-alliés offrent un compromis entre une bonne ductilité et
une bonne ténacité. Ils peuvent servir aussi à fabriquer des tôles ou des produits longs
pour la construction.
Les aciers à traitements thermiques sont peu alliés, de structure austénitique à chaud, et
martensitique, bainitique ou perlitique après traitement. Ils sont situés dans le domaine
indiqué Martensite. Les aciers alliés à forte teneur en carbone comme les aciers à outils et
les aciers rapides ont une matrice qui dépend aussi complètement des traitements therrni-
ques mais ils contiennent en plus des carbures primaires ou secondaires. Ils servent à fabri-
quer des produits longs, des pièces devant résister à l'abrasion, des roulements.
Les aciers inoqdables martensitiques comportent une teneur élevée en chrome pour assurer
la résistance à la corrosion. Ils sont situés dans le domaine indiqué M. Ils servent à fabri-
quer des pièces devant résister à l'abrasion et la corrosion, de la boulonnerie.
Les aciers inoxydables austénitiques comportent du chrome alphagène et des éléments
gammagènes. Le domaine est concentré autour de l'ovale gris clair. Il servent à fabriquer
des cuvelages et récipients pour l'industrie alimentaire, des garnissages d'appareils électro-
ménagers...
Les aciers inox_ydablesferm'tiquesalliés, de structure ferritique, comportent majoritairement
des éléments alphagènes dont le chrome. Ils se situent dans le domaine indiqué Ferrite. Les
aciers austéno-jerm'tiques très alliés sont représentés par l'ovale gris foncé. Ils sont utilisés
pour fabriquer des pièces pour l'industrie pétrolière, chimique ou nucléaire.
Les aciers et superalliages contenant dufer capables de conserver de bonnes propriétés mécani-
ques et une bonne tenue à la corrosion après de longs maintiens en température (voire
même de très longues durées). Cette famille regroupe des alliages bien différents pour du
matériel performant : turbines, industrie chunique, centrales, aéronautique).
Une récapitulation du rôle des éléments d'alliage est proposée en annexe 22-7.
Macrostructures de solidification
La macrostructure est une image de la structure d u métal à une échelle visible à l'œil nu. C'est essen-
tiellement la répartition en zones des grains générés par la solidification. Les deux principales zones
(zone colonnaire et zone équiaxe) se retrouvent, indépendamment de la taille d u lingot, aussi bien
dans un cordon de soudure de quelques millimètres de large que dans u n gros lingot de forge et même
à l'échelle géologique.
Figure 15-2-2 :
Zone de peau à la bordure d'une
brame d'acier inoxydable type 304.
Coupe transversale et attaque Lichte-
negger et Bloesch. Les dendrites sont
fines en bordure, et quatre à cinqfois
plus grossières à quelques millimè-
tres du bord.
Deux défauts sont visibles: P la trace
d'une ride d'oscillation et S une zone
de ségrégation associée.
Document CRU-Ugine Savoie Imphy,
groupe Arcelor:
métal et laissé une marque visible à cause des changements d'orientation des grains et des
ségrégations associées.
La zone colonnaire est constituée de grains qui se développent à partir des grains de la
zone de peau et croissent perpendiculairement au front de solidification. La sélection des
grains se fait par l'orientation cristalline. Même dans le cas de métaux qui cristallisent dans
un système cubique, c'est-à-dire un système peu anisotrope, certaines directions d'orienta-
tion des grains ont une croissance plus rapide et finissent par prédominer. Le front de soli-
dification suit pratiquement la progression de la surface isotherme à la température du
liqzIidzIs. La croissance de la zone colonnaire progresse depuis les parois vers le centre du
lingot suivant des grains longilignes car le métal liquide se refroidit principalement par
conduction thermique à travers le solide déjà formé.
La structure colonnaire crée des difficultés lors de la mise en forme de l'acier à cause de son
anisotropie cristalline qui se manifeste par une déformation orientée. Toutefois, il existe quel-
ques cas pour lesquels une structure colonnaire est favorable, par exempte celui des alliages
magnétiques de type Al-Ni-Co parce que l'énergie magnétique emmagasinable est supérieure
pour une texture orientée.
à l'évolution de type S-G. Ce ne sont pas non plus celles de l'équilibre thermodynamique.
Les éléments d'alliage comme le manganèse, le chrome et le nickel ont une plus faible
diffusivité mais comme leur répartition est peu différente entre le liquide et le solide, ils
ségrègent peu. Le silicium, le soufre et le phosphore ségrègent davantage et leur teneur
peut augmenter dans le liquide jusqu'à atteindre dans la dernière fraction solidifiée des
Figure 15-3-2 :
Macroségrégation chimique en carbone dans un lingot de 65t
(hauteur 3,5 m et diamètre 1,8 m). Durée de solidzjkation 20 h.
Acier de îype 22CrNiMo6-4.
La partie gauche du dessin est une esquisse de la structure de
grain des diffërentes zones du lingot: zone colonnaire, zone
globulaire dans le cône sédimenté, zone dendritique équiaxe en
haut du lingot. Remarquer à mi-hauteur une zone intermé-
diaire entre la zone colonnaire et la zone globulaire où les den-
drites sont désorientées mais pas équiaxes.
La partie droite du lingot est divisée en régions de composition
chimique approximativement uniforme. Le signe «-N indique
une concentration en carbone inférieure à la composition glo-
bale et les signes «+» et K + + Ndes concentrations supérieures,
1 'écart est de l'ordre de 20 %par rapport à la concentration
moyenne.
Les ségrégations en V apportent également desfluctuations qui
n 'ontpas été rapportées.
Dessin adapté d'après un document INPL, Nancy, Fr,
[Ma2951
Les mésoségrégations
Tous les lingots, y compris les lmgots ESR, VAR ou produits de coulée continue, peuvent
présenter des ségrégations à une échelle intermédiaire entre celle des dendrites ou celle du
produit pourvu qu'ils soient d'une taille suffisamment importante (100 mm ou plus). Ce
sont les ségrégations localisées ou mésoségrégations [Hu173], Uac831, [Les89]. Les zones
ségrégées sont caractérisées par une forme allongée dont la dimension étroite est de
l'ordre de 10 mm, dans laquelle la composition locale a subi une variation brutale. Il y a
trois catégories de mésoségrégations. Les plus évidentes sont les sé@&ations en A nommées
aussi veines sombres à cause de leur aspect sur la section verticale, de leur &sposition en
couronnes tronconiques à partir de la tête du lingot à la limite de la zone colonnaire
(fig. 15-4-1). Les s&régations en V sont localisées dans la zone équiaxe au centre du lingot.
(fig. 15-4-1). Les ségrégations en canazix (en anglais cbannel segregates) se manifestent par de
simples taches rondes lorsque la coupe leur est perpendiculaire, d'où le nom de freckles
(taches de rousseur en anglais). Dans ces zones les micrographies comportent localement
des populations de dendrites de tadle anormale, souvent associées aussi à une proportion
anormalement élevée de phases mineures à caractère eutectique et de présence de pores.
Enfin, la ségrégation axiale se manifeste le long de l'axe de symétrie du produit, lingot ou
produit de coulée continue, également par un saut de composition associé à une propor-
tion élevée de phases eutectiques.
Figure 15-4-1 :
Empreinte Baumann (image du soufie) d'un lingot d'acier calmé de
35 t d'acier mi-dur allié, coulé en chute sous vide.
Les lignes presque verticales sont les traces de ségrégation en A, les
zones pâles centrées sur 1 'axe au milieu du lingot sont les ségréga-
tions en K
Document d'après [Pok67].
La section du lingot qui mesure 2,9 m de hauteur est visible au musée
du fer à Nancy Jarville. Fr:
PYLACROSTRUCTURES DE SOLIDIFICATION 273
Inclusions
Les inclusions sont des particules non-métalliques qui se trouvent dans le produit solidifié.
Considérons à part les inclusions, dites exogènes, de fragments de matériaux réfractaires
des conteneurs que le laitier a entraînés. Ces inclusions peuvent être évitées par contrôle
des outils de coulée (filtres, barrages etc.). Les autres inclusions, dites endogènes, sont des
particules formées par cristallisation à partir du liquide. Elles résultent des impuretés non
274 MICROSTRUCTURE DES ACIERS ET DES FONTES
Porosité
Les pores sont des manques de matière localisés. Une origine possible est la contraction
volumique associée à la solidification (environ 10 O/O),qui crée un manque de matière
chaque fois qu'une poche de liquide est isolée de la surface libre, par exemple une poche
interdendritique. La taille moyenne des pores est proportionnelle à la taille de la poche
liquide. Si elle est petite, de l'ordre de un micromètre ou moins, elle est sans conséquence.
La plupart des pores sont dues à des bulles de gaz provenant du rejet de soluté lors de la
solidification. Ces gaz sont principalement le monoxyde de carbone, l'oxygène, l'azote et
surtout l'hydrogène. Comme pour les inclusions, la maîtrise de la teneur en pores dépend
des traitements de fusion et d'affinage. L'acier liquide de la filièrefonte a été purifié par un
traitement à l'oxygène et le bain est saturé. Même les aciers de la filièrefe~~ailZes,
qui ne sont
pas traités à l'oxygène, contiennent toujours une certaine teneur d'oxygène qui provient de
la charge elle même, ou de l'atmosphère. L'azote est introduit dans l'acier par réaction avec
l'air. Cependant, il peut quelquefois être ajouté comme élément d'alliage dans des nuances
particulières. L'hydrogène provient de l'humidité ambiante ; sa teneur est très sensible à
l'état hygrométrique de la charge et des réfractaires de l'installation.
Lorsque la saturation vis-à-vis de certains éléments est atteinte par ségrégation au cours de
la solidification, il y a rejet de la phase gazeuse sous forme de bulles. Le front colonnaire
est marqué par le chemin suivi par les bulles. Une sursaturation est nécessaire pour assurer
la germination des bulles. Les bulles peuvent se regrouper et coalescer au front de solidifi-
cation. La plupart s'échappent à la surface du liquide, mais certaines peuvent être piégées
dans la zone pâteuse ou entre deux zones de front de solidification et se transforment en
trous ou macropores dans le solide. La teneur nominale d'un bain d'acier liquide est de
l'ordre de 2 à 4 ppm d'hydrogène, 10 à 80 ppm d'azote suivant le procédé uttlisé. Le cas est
surtout critique pour les aciers qui restent ferritiques pendant la majeure partie de l'inter-
valle de solidification à cause d'une grande teneur en éléments alphagènes. La solidification
commence par la formation de ferrite 6 pour laquelle les coefficients de partage pour
l'oxygène, l'hydrogène et l'azote sont faibles, plus faibles que dans le cas de l'austénite. La
saturation est atteinte avant la fin de solidification par concentration du gaz dissous dans le
liquide interdendritique restant, alors qu'un réseau dendritique est déjà constitué. Il y a
rejet d'éléments gazeux mais le réseau entrave le mouvement des bulles et les piège, créant
ainsi des micropores.
Dans l'édifice cristallin instable de la zone pâteuse, les écarts de dilatation entre le solide et
le liquide engendrent des fissures, des effondrements, des criques. Dans le meilleur des cas
le liquide comble les cavités, sinon il reste une fissuration interne source d'amorce de
rupture. Dans la coulée continue, la position des rouleaux (cintrage/décintrage), la pres-
sion qu'ils exercent permet de réparer ce type de fissuration par soudage à haute
température.
pression partielle du monoxyde de carbone. Le soufre est éliminé par une réaction entre le
métal et le laitier en milieu réducteur. L'hydrogène est éliminé sous vide. Deux procédés
courants, associés à la fabrication des aciers inoxydables sont AOD (Argon Oxygen Decarbza-
n'sing) ou VOD (Vaczawz Oxygen Decarbmsind.
Certains aciers spéciaux sont souvent produits par refusion d'une charge à l'arc électrique
et affinage en poche sous vide dans un four à induction ; c'est le procédé VIM (Vaczazam
Indzaction Melting). Cette étape est considérée comme un affinage supplémentaire qui permet
d'opérer, sans risque d'oxydation, l'addition d'éléments d'alliage réactifs tels que l'alurni-
nium ou le titane et l'élimination des impuretés volatiles et des gaz. Ce procédé est utilisé
en fonderie parce que la fusion rapide limite le temps d'interaction entre le creuset, la
charge et l'atmosphère, ainsi que l'évaporation des éléments les plus volatils.
Refusion
Dans de nombreux cas, le métal issu de la fusion par induction sous vide est coulé sous
forme d'électrode, électrode consommable destinée à être refondue. Dans ce procédé, la pointe
de l'électrode est progressivement fondue par l'arc électrique dans une lingotière de cuivre
refroidie, en une sorte de coulée semi-continue. La refusion opère une solidification
dirigée du bas vers le haut du lingot, produisant une macrostructure de solidification plus
uniforme que celle du lingot VIM : taille de grains plus fine, macroségrégation réduite.
Deux procédés (VAR et ESR) peuvent être choisis en fonction de l'affinage supplémen-
taire associé à chacun. Le procédé VAR (VaczazamArc Remelting) effectué sous vide permet
d'abaisser significativement la porosité et la teneur en inclusions gazeuses. Au cours de la
refusion ESR (ElectroSlagRemeltind, l'alliage de l'électrode est transféré aussi par fusion
progressive à travers un laitier chauffé par conduction électrique. Le rôle du laitier est
protecteur et conducteur ; c'est un mélange d'oxydes, de chaux et de fluorures respectant
l'équilibre acido-basique du métal liquide. Son rôle vise également à éliminer le soufre par
échange c h q u e . Dans le cas d'alliages complexes pour des applications particulièrement
exigeantes, par exemple pour les alliages résistants à haute température évoqués g 20,
plusieurs opérations de refusion permettent d'atteindre un niveau élevé de propreté inclu-
sionnaire et de pureté. Ces techniques sont préconisées encore pour la préparation d'aciers
moulés fortement alliés, ainsi que celle des aciers au carbone destinés aux pièces moulées à
forte section pour lesquelles la présence d'hydrogène est très néfaste.
Le frittage fut le moyen ancestral pour obtenir du fer compact après réduction du minerai.
16-1 Le frittage
Le procédé
Au 2oèmesiècle, le procédé de frittage a été dynamisé par le progrès technologique et le
souci de rentabilité parce qu'il permet d'obtenir despiècespresqzleprêtes à l'emploi. En outre,
le frittage permet d'accéder à des gammes de compositions spécifiques qui ne peuvent pas
être fabriquées par les moyens classiques parce que l'un des constituants est trop réfrac-
taire ou bien parce que la solidification donne une microstructure impropre à l'usage.
Le procédé comporte essentiellement deux opérations distinctes ou confondues suivant
les cas : 1- agglomérer des poudres et 2- traiter l'agglomérat de telle sorte qu'il acquière
une bonne cohésion. La première étape consiste à presser et mouler les poudres à chaud
ou à froid pour donner à un objet une forme proche de la forme définitive. Un additif
liant, une sorte de cire, maintient une faible cohésion mécanique, puis est éliminé dans la
suite des opérations. Le traitement suivant est la consolidation à chaud qui consiste en un
maintien en température suffisamment long pour souder et éventuellement compacter
l'ensemble des grains de poudre. Les deux opérations sont confondues lorsque la poudre
est pressée à chaud sous une pression élevée. Signalons une méthode plus sophistiquée qui
consiste à chauffer les poudres sous pression isostatique de l'ordre de 100 MPa HIP (Hot
Isostatic PressinyJ. Cette méthode est destiné à fabriquer un produit à pleine densité.
Les mécanismes mis en œuvre sont bien différents suivant les poudres mises en présence
et les températures de travail ; citons le simple auto-soudage, le soudage par l'intermédiaire
d'un constituant inerte ou bien par l'intermédiaire d'un constituant réactif avec la poudre
de base. Le temps de maintien en température doit être adapté à l'obtention d'une bonne
compacité, un temps trop long induit un grossissement de grains classique (voir $ 5-4).
Le procédé a une grande versatilité car de nombreux métaux ou alliages peuvent être
obtenus sous forme de poudres. La principale utilisation consiste à fabriquer des pièces à
la forme voulue en économisant de la matière première et du travail d'usinage surtout dans
278 L MICROSTRUCTURE DES ACIERS ET DES FONTES
le cas de formes compliquées comme des pignons. Le procédé ouvre de larges possibilités
pour fabriquer des matériaux composites impossibles à obtenir autrement, des matériaux
poreux, ou encore des matériaux hétérogènes à gradient de composition.
Quelques exemples d'aciers industriels et d'alliages à base fer ont été choisis pour flustrer
les principaux mécanismes de frittage pour différents types de poudres. Le livre Powder
Metallztr- ofIron and Steel [Ger981 comporte une étude complète des procédés et des
produits à base de fer.
Les poudres
Une poudre est un matériau sous une forme qui a une grande surface par rapport au
volume et elle a accumulé en conséquence une énergie d'interface significative. Dès que les
conditions thermiques sont favorables, le système tend à rédztire l'énergie intefaciale par
soudage des grains en un premier stade ; c'est la force motrice de la transformation.
L'énergie thermochimique mise en jeu est relativement faible et dépend beaucoup des
poudres en présence et de leur état de surface. Les caractéristiques des poudres imposent
le choix du procédé de frittage et conditionnent les propriétés mécaniques. Citons quel-
ques exemples :
Le fer ex-carbonyle provient de la décomposition du gaz Fe(C0)5 en donnant une
poudre très fine à particules sphériques de quelques micromètres (fig. 16-1-1 A). La
méthode est utilisable pour préparer du nickel et du cobalt ;
L'éponge de fer est obtenue directement à partir de la réduction du minerai. C'est une
poudre grossière à grains très irréguliers et très poreuse (méritant son nom d'éponge). La
taille moyenne est autour de 80 pm avec des grains inférieurs à 212 Pm (taille du tamis) ;
La poudre atomisée est obtenue par pulvérisation d'un métal ou d'un alliage liquide dans
un contre-courant de vapeur d'eau (jet à haute pression) ou de gaz inerte. Les gouttelettes
sont solidifiées rapidement. La structure des gouttes, très variable, dépend des conditions
du procédé et surtout de l'alliage de départ. La taille moyenne est aussi autour de 80 Pm
(fig. 16-1-1 B). Le refroidissement rapide forme une microstructure de solidification
dendritique fine et provoque la formation de martensite. Il est nécessaire d'adoucir la
poudre par un traitement thermique avant de la compacter. Quand il s'agit d'aciers alliés
les poudres obtenues sont davantage poreuses (fig. 16-1-1 C) ;
La poudre dite "prédiffusée" est un mélange de poudre de fer grossière (atomisée par
exemple) avec les éléments d'alliage, soit le nickel, le cuivre, le molybdène, dans les propor-
tions voulues, ajoutés sous forme de poudres élémentaires très fines. Le mélange ainsi
produit subit un traitement thermique. L'opération a lieu en continu dans un four sous
atmosphère réductrice à une température un peu inférieure au point de fusion le plus bas
des éléments présents. Les fines particules des éléments d'alliage s'agglomèrent sur les
particules de fer plus grossières (procédé Distaloy, figure 16-1-1 C) ;
La poudre précipitée est obtenue par précipitation en phase aqueuse d'hydroxydes, ou
autres sels insolubles, qui sont ensuite séchés et réduits. La méthode est applicable
Figure 16-1-1 :
A) Poudre de fer pur ex-carbonyle
obtenue par décomposition chimi-
que du composé Fe(CO)5 gazeux
qui se décompose au chauflage dans
les conditions normales en donnant
du fer finement divisé ;la taille
moyenne est 4 pn environ.
Le nickel et le cobalt peuvent être
préparés de la mêmefaçon.
Document Eurotungstène Poudres,
Grenoble,Fr
B) Poudre de fer atomisée ASClOO.029 de très haute pureté et grande compressibilité. Taille moyenne
<200 pn, autour de 80 pn
C) Poudre de fer prédiffusée avec deJines particules de cuivre, nickel et molybdène agglomérées
Distaloy AE. Document Hoganas
seulement à certains métaux comme le fer, le nickel, le cobalt et le cuivre et peut être
utilisée pour fabriquer des mélanges de poudres dites CO-précipitées.La poudre obtenue
est assez grossière, mais c'est un agglomérat de grains extrêmement fins, sub-microniques
(fig. 16-1-1 D). Le tungstène est obtenu aussi par voie chimique puis réduction de sels ;
La poudre broyée est obtenue par broyage de métaux ou d'alliages suffisamment fragiles
comme le chrome ou le manganèse.
La microstructure présentée figure 16-2-2 est formée de ferrite, de perlite et de pores. Les
pores ont un grand éventail de taille, certains dessinent des joints de grains mais il y a
beaucoup d'autres pores plus petits alignés qui correspondent à d'anciens sillons interden-
dritiques. Il s'agit, en principe d'un frittage en phase solide mais il est probable qu'une
hsion transitoire amorce le début de frittage. En effet, le système Fe-Mo-C (voir plus haut
LA MICROSTRUCTURE DES ACIERS ET DES FONTES
Figure 16-2-2 :
Micrographie optique d'un échan-
tillon fritté à 1120 OC pendant
25 min de 1 'alliage Fe-0,2C-1,SMo.
La microstructure après frittage
présente de la ferrite en contraste
clair, de la perlite en contraste gris
et des porosités en noir. La perlite
n'a pas un structure lamellaire
régulière à cause de la présence de
molybdène.
Echantillon Federal Mogul, Le Pont
de Claix, Fr
figure 6-5-1) comporte un eutectique ternaire à la température de 1065 OC, ce qui rend
possible la formation de liquide eutectique au contact du carbone dans les zones ségrégées
en molybdène. Cet aspect est lié à la structure de la poudre.
Certaines associations de poudres élémentaires peuvent présenter une phase liquide transi-
toire sans qu'aucun des points de fusion des éléments ne soit inférieur à la température de
frittage. C'est le cas lorsque deux éléments sont susceptibles de former un eutectique à une
température inférieure. Le frittage est alors appelé frittage activé.
Figure 16-3-1 :
Micrographie optique d'un échan-
tillonJFittéd'alliage Fe-O,5C-2,2Cu.
La microstructure après frittage
présente de la ferrite et de la perlite.
Macrodureté pour une densité de 7:
Hv=180
Echantillon Federal Mogul, Le Pont
de Claix, Fr
Figure 16-4-1 :
Micrographies de l'alliage Fe-23Co-50Cu (% pds) fiitté pendant 3/5 min sous 35 M a .
A) micrographie optique après attaque électrochimique de l'alliage préparé à partir de poudres clas-
siques. Dureté =220 Hv
B) micrographie optique après attaque électrochimique de 1 'alliagepréparé à partir de poudres préci-
pitées en solution aqueuse. Dureté =320 Hv
C) micrographie électronique de l'alliage B. Le cuivre apparaît en contraste clair, la solution solide
fer-cobalt en plus sombre, quelques oxydes de fer Fe0 en noir.
Documents Eurotungstène, Grenoble, Fr
Les aciers peu ami&
Les artistes contemporains ont peint des tableaux représentants des boites de boissons. Ils jugeaient,
sans doute, qu'elles étaient représentatives de notre époque autant par leur décor que par le côté sym-
bolique de notre société. Ils n'imaginaient pas que leur fabrication était aussi une étape marquante
sur le plan métallurgique, car il a fallu une amélioration importante de la qualité de production d u
métal (acier et aluminium), de sa propreté inclusionnaire, pour aboutir à u n emballage aussi fiable
avec une tôle très mince dont la masse a pu diminuer de 30 % e n vingt ans.
Pour le grand public, l'amélioration de la résistance à la corrosion des tôles pour automobiles a été
plus perceptible. Dans les deux cas, ce sont des produits laminés et emboutis, des produits "plats" qui
constituent le plus gros tonnage de toutes les classes d'alliages ferreux.
Figure 1 7-1-2 :
Micrographie d'un acier de cons-
truction S460, microallié au nio-
bium et au titane. La ferrite acicu-
laire est observée dans la zone à
gros grains d'une soudure. Les
inclusions (petites taches sombres)
sont des oxydes de titane qui servent
parfois de sites de germination.
Document groupe Arcelov.
Figure 17-2-2 :
Effet de la teneur en carbone sur la tempé-
Carbone pds%
rature de transition ductile/fragile lors d'un
essai Charpy pour des aciers normalisés. --------- 0,Il
Figure 17-2-4 :
Répartition des performances en résistance
ou en ténacité en fonction de la gamme de
composition.
d'après [Pic 781.
une surconcentration locale. Dans la zone non fondue mais affectée thermiquement ZAT
(en anglais HAZ, Heat AfSected Zone), le refroidissement rapide peut générer des contraintes
associées à la formation de martensite. La solution passe par une réduction du carbone et
des éléments susceptibles de ségréger tels que soufre, phosphore et même niobium. Des
formules empiriques définissent un carbone équivalent de fissuration à partir de la compo-
sition de l'acier comme par exemple la relation 17-2-3. Si le carbone équivalent est en
dessous d'un seuil de l'ordre de 0,14 %, il n'y aura pas de fisswation, la soudure sera fiable.
En définitive, raffinement de la taille de grain est le sed e t uniqge mécanismefavorable aux deux
exigences, d'où l'importance du contrôle des opérations de laminage à chaud.
Tableau 17-2-5 :
Composé Valeursde produits de solubilité calculées à 900 O C
Figure 17-3-1 :
Micrographie électronique à
balayage d'un acier TRIP à basse
teneur en silicium de composition
Fe-O, 18C-1,33Mn-0,39Si-O,029Al
après une traitement thermique de
6min à 730 OCet5minà370 OC.
A =austénite, B =bainite, F =ferrite.
Remarquer la très fine taille de
grain.
Document Université Catholique de
Louvain, B ;voir aussi [Jac98]
Figure 17-3-2 :
Micrographie électronique en trans-
mission d'une zone "bainitique". Du
fait que les grains d'austénite mère
sont très petits, les lattes traversent
tout le grain.
Document Université Catholique de
Louvain, B ;voir aussi [Jac98] et
(Jaco1]
Une qualité primordiale de l'acier est son adaptabilité. Cette qualité est particulièrement développée
dans le cas des aciers à traitements thermiques. La gamme de possibilités est très vaste, car de faibles
modifications de composition peuvent changer de façon significative la réponse du matériau aux trai-
tements thermiques.
Notion de trempabilité
Les aciers dits à traitements thermiques doivent leurs propriétés au choix et au contrôle rigou-
reux des traitements thermiques, thermomécaniques ou thermochimiques susceptibles
d'orienter la formation de différents constituants : perlite, bainite ou martensite. Ces aciers
servent à fabriquer une grande variété de produits moulés, usinés ou forgés susceptibles
d'être durcis après leur mise en forme. L'optimisation de l'acier tient au couplage entre les
traitements thermiques et la composition. Il a été précédemment montré que l'addition de
certains éléments joue un rôle important en différant et inhibant les transformations perli-
tique et bainitique. Les courbes TTT et TRC sont décalées vers les temps plus longs
(s 10-3 et fig. 10-3-1). Dans ce cas, l'acier peut se transformer en martensite plus facile-
ment, même lors de refroidissements relativement lents. Cette aptitude essentielle est dési-
gnée sous le nom de trempabilité. Concrètement, il faut choisir une nuance appropriée
lorsque la pièce à traiter est volumineuse et par conséquent se refroidit beaucoup plus
lentement à cœur qu'en surface. Les atlas [Atlas] ou les recueils de normes comportant les
courbes TRC et TTT servent de guide pour ce choix. Les traitements thermiques des
aciers sont détaillés dans de nombreux ouvrages PGa801, [Con92].
Figure 18-1-1 :
Micrographie optique d'un acier
1OOCr6 ayant subi un maintien à
81 0 O C suivie d'un refroidissement
lent à 5-1 O "Ch entre 750-650 OC.
La matrice est de laferrite et 1esJins
précipités sont de la cémentite.
L 'alignement des petits précipités
semble garder la trace des ancien-
nes lamelles de la perlite originelle
(voir zone encerclée).
Document SNR Roulements, Annecy,
Fr
de 825 à 950 OC suivant les nuances. Une température trop élevée provoque un grossisse-
ment de grain nuisible à l'obtention de bonnes performances mécaniques.
L'adoucissement est le traitement thermique dans la gamme de températures de
100-200 OC, nécessaire pour diminuer le niveau de contraintes et améliorer la ténacité. La
trempe a transformé l'acier en martensite dure et très fragile. Le recuit a pour effet
d'éliminer une partie des défauts (dislocations, etc.). C'est pourquoi le traitement est
qualifié de traitement de détentionnement. Cependant l'évolution chimique de la marten-
site (formation d'amas de carbone, g 11-4) s'accompagne d'une légère diminution de
dureté mais la microstructure présente encore les caractéristiques de la martensite.
Le terme de revenu désigne le traitement dans la gamme de températures 500- 600 OC. Le
carbone piégé dans le réseau de la martensite forme des précipités de cémentite. Les préci-
pités sont fins, de l'ordre du micromètre, mais cependant trop grossiers pour induire un
durcissement structural. Une structure assez similaire mais plus grossière est celle de la
perliteglobulaire obtenu lors de maintien en température de la perlite lamellaire dont la
microstructure dégénère (fig. 18-1- 1).
Le revenu est souvent un traitement transitoire pour rendre le matériau est suffisamment
ductile pour être usiné et mis en forme facilement. Un traitement thermique ultérieur
confère les caractéristiques mécaniques voulues à la pièce finie. En présence d'éléments
d'alliage, d'autres précipités se forment, par exemple VC, NbC, etc. Ils sont plus fins,
mieux répartis que la cémentite. Ils induisent un durcissement secondaire stable pour des
températures inférieures à 550 OC environ (g 11-4). Les aciers ainsi durcis présentent un
bon compromis duculité/durcissement.
Le refroidissement continu
Le refroidissement d'une pièce se passe la plupart du temps de façon continue. Prenons
l'exemple de l'acier 36NiCrMo16 (1,6773) (fig. 18-1-2 A) avec des transformations très
LES ACIERS A TRAITEMENTS THERMIQUES
Figure 18-1-2 :
Courbe de transformation TRC de deux nuances classiques d'aciers martensitiques austénitisés pen-
dant 30 min à 850 OC.La dénomination des constituants est usuelle, soit A =austénite, F=ferrite,
C= cémentite associée à la ferrite, c = cémentite de précipitation secondaire, F+C signiJieperlite ou
bien bainite. Les courbes en pointillés sont la@ontière pour laquelle 50 % dausténite a été transfor-
mée, les petits chzfles près d'un ligne de transformation indiquent le pourcentage d 'austénite trans-
formée dans le domaine précédent. Les duretésfinales sont marquées dans la barre inférieure pour
chaque vitesse de refroidissement soit en unités Rockwell, soit en unités Yickers pour les faibles
valeurs.
A) acier hypoeutectoïde 36NiCrMo/l, 6773/ (0,34C-3,7Ni-0,35Mn-0,26Si-1,54Cr-0,31 Mo): les duretés
sont mesurées après trempe et maintien 2min dans l'azote liquide.
B) acier hypereutectorde 1OOCr6/L3/52100/A573Gr70 (1C-0,3Mn-1,71Cr-0,04Mo-0,14Cu,.
Document adapté d'après 1 'Atlas de I'IRSID [Atlas].
retardées par la présence de nickel, de chrome et molybdène. Une pièce massive dans un
tel acier peut développer une structure homogène martensitique aussi bien en surface qu'à
cœur. Des processus de trempe évolués deviennent possible, comme la trempe dite étagée
: c'est-à-dire une trempe à une température au dessus du point Ms puis un maintien à cette
température avant de subir une trempe martensitique à la température ambiante. L'avan-
tage de cette trempe est de diminuer le niveau de contraintes dans le produit final.
Figure 18-1-3 :
Micrographies optique d'un échantillon d acier Fe-O,4C-O,7Mn-O,O3P-O,O4S-O,2Si-O,OO2B qui a subi
un traitement de surface par induction, attaque nital. A) zone de transition, B) cœurferrito-perlitique,
C) zone martensitique du bord de la pièce. Entre les deux zones, la structure est mixte avec les trois
constituants :ferrite, perlite et martensite.
Document INPG Grenoble, Fr
dure. De tels traitements sont très pratiqués avec de multiples variantes pour durcir des
pièces d'aciers qui doivent résister à une usure superficielle telles que engrenages, arbres,
etc. [Bro92].
La deuxième méthode pour durcir superficiellement consiste à changer la composition de
l'alliage en surface par cémentation ou nitruration. Le traitement thermique est homogène
dans toute la pièce. La zone à forte concentration en carbone ou azote forme par trempe
une martensite dure (voir g 8-3).
Figure 18-2-1 :
Micrographie optique d'un acier
1OOCr6 ayant subi une austénitisa-
tion à 850 OC suivie d'une trempe.
Document SNR Roulements, Annecy,
Fr
Le temps d'austénitisation doit être adapté et la température doit être suffisamment élevée.
Il n'est cependant pas toujours possible de redissoudre tous les carbures à cause des
éléments d'alliage qui rétrécissent la fenêtre d'austénitisation. De plus, la dissolution
complète des carbures donne une austénite à forte teneur en carbone dont la température
M j est abaissée. Une trempe ordinaire à la température ambiante n'aboutira pas à la trans-
formation totale en martensite. Aussi, une austénitisation à température plus basse peut
être préférée malgré une dissolution incomplète des carbures secondaires et l'inconvénient
de les faire grossir. La présence de carbures avant la trempe est consignée sur la courbe
TRC par la mention A + c (fig. 18-1-2 B). La microstructure obtenue après trempe
comporte encore les carbures, et la martensite (fig. 18-2-1). La martensite se présente en
lattes relativement fines car leur développement est limité par la présence des carbures. Le
matériau obtenu a une grande dureté conférée par la martensite, une bonne résistance à
l'abrasion conférée par les carbures et la martensite.
En définitive, la microstructure idéale dans le cas des aciers à fort carbone, des fontes et
aussi des aciers alliés, est une répartition homogène de la structure de revenu et l'absence
d'austénite résiduelle. Pour atteindre cet objectif, le compromis pratiqué est un traitement
thermique comportant une étape de dissolution suivie d'une étape de courte durée à plus
basse température pendant laquelle la matrice s'appauvrit en carbone par formation de
précipités, ce qui a pour conséquence le relèvement de la température MT Ce dernier trai-
tement est dit dé~tabiIisationde I'amténite.
Lorsque la matrice est chargée en carbone, les contraintes internes engendrées par la trans-
formation martensitique peuvent être colossales. Une pièce brute de coulée est extrême-
ment dure et fragile. Dans le cas extrême de grosses pièces de fonderie comme un cylindre
de laminoir, les contraintes sont telles que la pièce peut devenir une bombe au démoulage.
Le traitement de détentionnement à 200 OC est indispensable pour diminuer le niveau de
298 LA MICROSTRUCTURE DES ACIERS ET DES FONTES
Caractéristiques
Les aciers à outils sont destinés au travail d'autres aciers, ils doivent être durs avec une
bonne ténacité et une bonne résistance à l'abrasion. Certaines nuances sont nommées
aciers rapides à cause de leur capacité à rester dures même lors de la coupe de métaux avec
une vitesse rapide, malgré l'échauffement de l'outil de coupe. La dureté de ces aciers peut
atteindre 1000 Hv Ils sont durcis par la présence de carbures complexes, très durs,
enchâssés dans une matrice suffisamment résistante [Hoy88], (annexe 22-8). L'optimisa-
tion de ces aciers est la réponse à quatre questions :
1- quels éléments d'alliage faut-il choisir pour former des carbures ou d'autres phases plus
performantes que la cémentite ?
2- quelle est la fourchette de composition pour obtenir une forte proportion de carbures ?
3- comment leur conférer une morphologie qui ne rende pas l'acier fragde ?
4- comment obtenir une matrice à la fois dure et tenace ?
Les carbures des aciers de coupe rapide sont principalement de type MC, M6C et M2C qui
sont durs et très stables, surtout dans le cas des carbures MC (cubiques type VC). Les trois
éléments d'alliage usuels, susceptibles à la fois de générer ces carbures et de permettre un
bon durcissement de la matrice par traitements thermiques sont le tungstène, le molyb-
dène et le vanadium (tableau 18-3-1). Une teneur en chrome minimale de 4 '/O permet
d'éviter la formation de cémentite qui résiste mal à la corrosion à chaud. La teneur en
carbone est en général limitée autour de 0,8 à 1 % afin de permettre une remise en solu-
tion de la plus grande partie des carbures pendant l'austénitisation. La teneur enpo~rcentage
atomigzie de (W+Mo+V) est limitée à environ 15 %. Au delà de ces limites, des carbures
primaires de solidification se forment avec des morphologies très grossières. Dans la four-
chette de composition considérée, les carbures de solidification sont des carbures eutecti-
ques VC, M6C, M2C (Mo2C) (figures 5-6-13,5-6-12,6-3-6,6-3-7 et 6-5-10).
Lorsque les aciers sont utilisés bruts de coulée dans les grosses pièces de fonderie, certains
carbures de solidification posent des problèmes de ténacité parce qu'ils sont facettés et
LES ACIERS A TRAITEMENTSTHERMIQUES 299
fragdes et d'autres à cause de la mauvaise tenue à l'oxydation à chaud [Hwa98]. C'est une
optimisation très pointue des proportions des divers éléments carburigènes et de la teneur
en carbone qui permet de prévoir les chemins de cristallisation et de contrôler ainsi la
nature des carbures formés [T<uo55], [Bar72], [Ga174], pre79b], [Fis89].
L'efficacité des carbures pour conférer une bonne résistance à l'abrasion n'est effective que
si ces derniers sont enrobés dans une matrice résistante et tenace. C'est pourquoi, indépen-
damment du problème de coût, le tantale, le titane et le niobium sont écartés bien qu'ils
forment des carbures MC. Ces derniers éléments imposent une très faible teneur en
carbone dans la matrice qui, après sa transformation en martensite, n'est pas suffisamment
dure. Avec le molybdène, le tungstène et le vanadium, la teneur en carbone en solution
reste conséquente, surtout si l'austénitisation est provoquée à haute température afin de
redissoudre un maximum de carbures alliés. Seuls subsistent après austénitisation quelques
précipités de carbures non dissous mais broyés par le forgeage. La transformation marten-
sitique est accomplie grâce à des traitements thermiques assez compliqués, par étapes
[Hoy88]. La première trempe transforme la matrice seulement partiellement et laisse
encore beaucoup d'austénite résiduelle, car la matrice est chargée en carbone et en
éléments d'alliage (températureMs abaissée). Un revenu vers 550 OC provoque l'adoucisse-
ment de la martensite par fine précipitation de carbures et, surtout, simultanément l'appau-
vrissement de l'austénite résiduelle par drainage du carbone vers les carbures dans les
zones déjà transformées. Le traitement thermique consiste en une succession de trempes suivies
de revenm, jusqu'à cinq cycles. A chaque revenu l'austénite résiduelle s'appauvrit davantage
et par suite se transforme davantage en martensite. La vitesse de chauffage est critique et
l'opération est exécutée par paliers car ces aciers sont tellement peu ductiles qu'un excès de
contraintes créées par des gradients de température serait susceptible d'amorcer des
criques et un endommagement du lingot. La structure finale comporte deux populations
300 MICROSTRUC~UREDES ACIERS ET DES FONTES
de carbures. La première est constituée par les carbures résiduels de solidification dont la
taille reste de l'ordre de quelques micromètres après forgeage. Ils ne sont pas durcissants
au sens de durcissement structural, mais jouent un rôle essentiel de résistance à l'abrasion.
La deuxième est constituée par les carbures de revenu dont la taille ne doit pas dépasser
10nm pour que le durcissement secondaire soit efficace.
De nouvelles méthodes ont été mises au point pour préparer des aciers à outils par métal-
lurgie des poudres ; elles permettent d'obtenir une répartition très fine de carbures. Ces
méthodes sont coûteuses et pas toujours applicables à tous les types de pièces mais elles
autorisent l'emploi de nuances plus riches en carbone et en éléments d'alliage
(tableau 18-3-1).
Le rechargement
Les rechargements sont des dépôts sur des pièces déjà finies, localisés sur les seules parties
soumises à une forte usure. Des dépôts peuvent aussi réparer des pièces usées, par
exemple des aubes de turbines de barrages hydrauliques. Il existe une vingtaine de
procédés permettant de réaliser des dépôts, suivant la source d'énergie choisie et le mode
de transfert du matériau déposé. Les sources d'énergie concentrée sont par taille décrois-
sante de la zone d'impact : la flamme de gaz, le jet de plasma, l'arc de soudage, le faisceau
d'électrons et le faisceau laser. Le matériau d'apport est soit projeté sous forme de poudre
avec le jet de plasma, soit amené sous la forme d'un cordon de soudure, soit étalé sur le
substrat avec un liant. Le rechargement est choisi en fonction de critères de sollicitation.
Le caeur de la pièce répond à d'autres critères : ténacité, capacité d'amortissement, coût.
Plusieurs f a d e s constituent le choix de matériaux déposables sur un substrat d'acier : les
alliages à base de cobalt, les alliages contenant du bore et aussi des alliages moins spécifi-
ques au rechargement, à base de nickel et à base de fer. La présence de précipités abon-
dants les rend comparables aux aciers à outils avec des qualités renforcées. Les alliages à
base cobalt ont une meilleure résistance à la corrosion, une meilleure ténacité et biocom-
patibilité que les alliages à base fer. Ils contiennent du tungstène jusqu'à 12 % et forment
des précipités de carbures de type M7C3 et M&. La microstructure est assez semblable à
celle des fontes au chrome.
Les nuances au bore sont développées essentiellement pour des rechargements devant
résister à une très forte abrasion. Le bore forme avec le chrome des borures très résistants
avec une morphologie grossière et facettée lorsqu'ils sont formés lors d'une solidification
conventionnelle. En cas de rechargement par faisceau laser, par exemple, les borures sont
plus fins mais restent facettés. Le carbone, le slhcium et le nickel sont en général associés
au bore, au chrome et au fer. La structure de ces alliages est compliquée, riche en
nombreux précipités [Leb88], [ChrOl].
Les aciers inspsydables
Il a fallu trois millénaires après la découverte d u fer pour apprendre à le rendre inaltérable ; les pre-
mières nuances d'aciers inoxydables remontent seulement a u début d u 2oème siècle. Ces aciers sont
rendus résistants à la corrosion par la création naturelle d'une couche dite de passivation. Or, e n
citant Baroux [Lac90], « c'est là le paradoxe de la passivité, que les matériaux les plus oxydables sont
les plus corrodables, et, que les matériaux les plus corrodables sont les plus passivables ».Ainsi le
chrome, plus oxydable que le fer, est l'additif majeur des aciers inoxydables.
Figure 19-1-1 :
Schéma illustrant les performances des
aciers inoxydables martensitiques en
fonction des éléments ajoutés à la
nuance de base à 13 % Cr dans la barre
grise. Le carbone y est en concentration
croissante.
(Pourfixer des repères, X12Cr13 est la
nuance 1,4006 ou 41 0 et X46Cr13 est la
nuance 1,4034 ou 420).
Adapté d ' a p r è s un document
CRU-Ugine Savoie Imphy, groupe Arce-
lor.
L'austénitisation
Les structures martensitique ou revenue nécessitent au départ la formation d'austénite. Or,
par comparaison avec le système Fe-C, la fenêtre da domaine aasténitique est considérablement
rétrécie par l'addition de chrome. L'apport d'autres éléments alphagènes diminue encore
significativement l'étendue de la solution solide de l'austénite, à la fois en composition et
en température. Les éléments ajoutés sont le plus souvent alphagènes comme le molyb-
dène pour améliorer la résistance à la corrosion et à l'abrasion, le vanadium ou le niobium
pour renforcer la ferrite. Le compromis est de compenser par l'addition d'éléments
gammagènes adaptés tels que le nickel, le manganèse et le cuivre (annexe 22-3). Cepen-
dant, la quantité globale d'éléments d'addition doit être h t é e afin de ne pas provoquer la
formation d'austénite résiduelle par abaissement excessif de la température Ms.
La modification due à l'addition de molybdène est apparente sur les isoplètes et les coupes
isothermes de la figure 19-1-2. Le rétrécissement du domaine de l'austénite est d'autant
plus sensible que la teneur en chrome est élevée (voir plus haut fig. 4-7-3). D e plus, le
molybdène stabilise les carbures M23C6 aux dépens des carbures M7C3 (fig. 19-1-2 B). La
solubilité du carbone dans l'austénite dépend de la teneur en chrome et de la température
(fig. 19-1-2 C). Les températures d'austénitisation nécessaires pour dissoudre tous les
carbures sont sensiblement plus élevées que pour les aciers ordinaires.
LESACIERS INOXYDABLES
Figure 19-1-2 :
A) Superposition des isoplètes de deux
systèmes Fe-14,5Cr-C (lignespleines)
et (Fe-14,5Cr-C-O,9Mo)-C (lignes
pointillées et zone grise du domaine
de lausténite).
La présence de chrome réduit le
domaine y. Le molybdène accentue cet
efet et déplace le domaine de stabilité
contenant la phase M7C3 vers les
hautes températures.
B) Superposition des sections isothermes à 1050 OC des systèmes (Fe-14,5Cr)-C (lignes grises) et
(Fe-14,5Cr0,9Mo)-C (lignes noires).
C) Superposition des sections isothermes du même alliage (Fe-14Cr-O,9Mo)-C à 1050 OC et à
950 OC. L 'eflet de température est prépondérant. Les plans isothermes ne comportentpas les conodes
puisque l'alliage contientplus de trois éléments.
Le molybdène pourrait être remplacé par le tungstène qui a pratiquement les mêmes effets
pour des concentrations atomiques similaires. Le choix est un problème de coût ou de
stratégie d'approvisionnement.
Quand la teneur en éléments d'alliage est trop forte, la température Ms est basse, ce qzti rend
dzfficicile une transfoormation martensitique totale (annexe 22-6). Le traitement thermique est
effectué en plusieurs étapes. de façon dite "indirecte". L'austénite est déstabilisée après
LA MICROSTRUCTURE DES ACIERS ET DES FONTES
Figure 19-1-3 :
A) Micrographie optique de l'acier
X46Cr13 brut de laminage à chaud.
Les zones plus claires sont moins
attaquées à cause de la présence
plus grande d'austénite résiduelle.
Quelques précipités longilignes de
MnS apparaissent en contraste gris
foncé.
hypertrempe, par traitement thermique ou mécanique (voir 18-2). Le lecteur peut trouver
des détails sur les traitements des aciers inoxydables dans des ouvrages ou articles de
synthèse : Fec77J [Lac9O], [pav94], [Fin96], [Sas97], [SouOl].
Figure 19-1-4 :
A) Micrographie électronique d'un acier
Fe-O, 7C-14,5Cr-O,9Mo.
L'attaque a révélé les joints de grains et
les carbures M23C6 intergranulaires (les
plus grossiers) et intragranulaires.
B) Image en microscopie électronique à transmission sur lame mince qui révèle les précipités intra-
granulaires et d'autres précipités formés au cours de l'adoucissement de la martensite.
C) Image en microscopie électronique à transmission à haute résolution illustrant la cohérence des
précipités en relation d'orientation cube/cube avec la matrice, avec la relationpour les paramètres de
maille apkcipité-
-3 *amtYiCe.
Document INPG Grenoble, Fr et Université McMaste~Hamilton, Can
accompagnée d'une bonne ductilité pour un usage à froid. Il est destiné à être forgé à
chaud, trempé et adouci entre 200 et 220 OC. Les teneurs en carbone habituelles sont de
0,3 à 0,6 O/O,mais elles peuvent atteindre de 0,7 à 0,9 Oo/ pour les outils professionnels qui
demandent une grande qualité de tranchant.
Examinons la microstructure de l'échanullon d'acier Fe-0,7C-14,5Cr-0,9Mo qui a subi une
histoire thermique simulant la fabrication d'une lame de couteau (fig. 19-1-4). Trois
niveaux de grossissement d'image sont nécessaires pour mettre en évidence toutes les
populations de précipités de type MZ3C6.Les plus grossiers (0,5 pm environ), intergranu-
laires, ont été formés à haute température alors que les précipités plus fins, intragranulaires
ont été formés pendant le refroidissement (fig. 19-1-4 A). De très petits précipités cohé-
rents, de quelques dizaines de nanomètres ont été formés pendant le traitement d'adoucis-
sement vers 220 OC (fig. 19-1-4 B et C).
LA MICROSTRUCTURE DES ACIERS E T DES FONTES
Figure 19-1-5 :
Evolution de la microstructure en fonction de la
température de revenupour l'alliage X12Cr13.
A) 4 h à 520 OC :précipités Fe3C, Cr2(CN),
MZ3c6 Y;
Les pièces de coutellerie ou d'orfèvrerie d'acier autres que des lames sont souvent réalisées en
nuances austénitiques plus riches en nickel parce qu'elles donnent un meilleur aspect de sur-
face, mieux poli et avec un reflet plus argenté ; un aimant permet de faire la différence entre
les nuances austénitiques non magnétiques et ferritiques magnétiques.
Microstructure de revenu
La présence de chrome élève la température eutectoïde A c 1 et permet d'utiliser une tempéra-
ture de revenztplzts élevée que pour les aciers ordinaires. Cependant, la morphologie, la réparti-
tion et éventuellement la nature des précipités changent significativement en fonction de la
température de revenu.
Figure 19-2-1 :
Micrographies électroniques en transmission montrant des précipités de cuivre E dans la martensite.
Alliage X 5CrNiCuNbl6-4 (PHI 7-4), traité à 1040 OC pendant 1 h puis trempe à l'huile suivie de
maintien à 620 "Cpendant 4 h.
A) champ clair;
B) champ sombre. Les précipités apparaissent allongés le long de directions préférentielles.
Document CRY-lmphy Ugine Précision, groupe Arcelor
Figure 19-2-2 :
Micrographie électronique en transmission de l'alliage X3CrNiMoA113-8-2 (PH 13-8 Mo), traité à
1010 OC pendant 1 h, puis ayant subi une trempe à l'huile suivie de maintien à 590 OC pendant 4 h.
A) lattes de martensite et austénite retenue en champ clair:
B) précipitation de B-NiAl dans les lattes de martensite et pas dans lausténite en champ sombre.
Document CRWmphy Ugine Précision, groupe Arcelor:
L'objectif principal pour l'optimisation de cette famille est de stabiliser l'austénite sans
former de phases indésirables. L'addition de nickel joue ce rôle en élargissant le domaine
austénitique et repoussant le domaine biphasé 6/y ou a l y vers des teneurs plus élevées en
chrome (g 4-8).
Le rapport Cr/Ni est tellement un paramètre essentiel que ces aciers sont souvent dési-
gnés par ce rapport, par exemple 18/8 pour les nuances 302 ou 304,25/20 pour la nuance
310 (tableau 19-3-2). La nuance 310 représente un acier réfractaire dont la teneur en
chrome est à la lunite maxirnale tolérable pour éviter la phase o.
310 LA MICROSTRUCTURE DES ACIERS ET DES FONTES
Tableau 19-3-2 :Exemples de nuances d'aciers austénitiques. La série des nuances 200 en grisé
correspond à une faible teneur en nickel remplacée par le manganèse et l'azote.
Les relations empiriques de chrome équivalent et de nickel équivalent spécifiques pour des
aciers à 12 % de chrome permettent de gérer la proportion entre éléments alphagènes et
gammagènes (voir 5 14-3 et annexe 22-3).
L'austénite de ces aciers est stable puisque la température de formation de la martensite est
très basse (annexe 22-6). Cependant, certaines nuances appréciées pour leur bonne tenue
mécanique sont connues pour avoir une austénite métastable, par exemple les nuances
301, 304 et 307. La germination de la martensite est facilitée par les traitements de lami-
nage et d'emboutissage, et sa température de formation est alors plus élevée que Ms. Une
température Md est définie à laquelle une transformation martensitique partielle est
possible sous l'effet d'une contrainte. Des relations empiriques spécifiques indiquent ces
températures particulières, par exemple Md30 est la température de formation de la
martensite sous une déformation entraînant 50 % de martensite avec une diminution
d'épaisseur de 30 O/O Fic781. Ce point est essentiel car la plus large gamme de nuances de
ces aciers correspond à des aciers à bas carbone destinés à être laminés à chaud en plaques,
puis à subir des taux variés de travail à froid. L'austénite chargée en chrome et en nickel
peut également se transformer en martensite dans les conditions exceptionnelles en
présence d'hydrogène. Ce cas est d'ailleurs connu à cause de la fragilisation induite.
Mécanismes de renforcement
Le renforcement dépend de l'effet de solution solide, de la taille de grains, du taux de
ferrite résiduelle et, en outre, de l'énergie de faxtes d'empilements. L'énergie de fautes d7empile-
ment de l'austénite est diminuée par la présence de chrome, de molybdène, de silicium, de
cobalt, d'azote et de carbone et augmentée par celle de nickel et de cuivre Fec771. Une
basse énergie de fautes permet un taux important d'écrouissage, avec pour conséquence
un espacement de macles faible, c'est-à-dire une grande fréquence de maclage. L'espace-
ment des macles est un paramètre plus important que la tadle de grains dans le cas d'un
taux de contrainte élevé. La présence de ferrite 6 a un faible effet de renforcement indirect
LESACIERS INOXYDABLES
Figure 19-3-3 :
Précipité de carbure M23C6observé sur réplique extractive en microscopie électronique en transmis-
sion dans un acier Fe-0,4C-25Cr-20Ni. Echantillon refroidi depuis l'état liquide à 5 OC/min.
Document INPG, Grenoble,Fr.
à cause d'une concentration des contraintes dans la phase austénite. Le partage des
éléments entre l'austénite et la ferrite augmente encore la teneur en carbone et en azote de
l'austénite, et accentue son aptitude à un fort taux d'écrouissage.
d'un précipité génère un champ de contrainte, qui à son tour favorise la germination de
précipités dans la direction principale ou latéralement le long de boucles de dislocations.
Les carbures M2&6 sont des sites potentiels de corrosion localisée. La présence d'une
teneur même faible en carbone peut induire leur formation aux joints de grains et leur
croissance est liée à la vitesse de diffusion du chrome. La formation d'une zone associée
qpawrie en chrome induit localement une sensibilité à la corrosion. Pour l'éviter, la méthode
la plus simple est d'empêcher la formation des carbures de chrome en abaissant la teneur
en carbone à une valeur très basse et/ou en ajoutant des éléments très carburigènes qui
forment des précipités Tic, NbC (aciers stabilisés). Les nuances au titane sont plus
courantes car moins coûteuses (31673, 321)' mais il existe aussi des nuances au niobium
(347) (tableau 19-3-2). Si la concentration en carbone ne peut être abaissée, la solution
passe par un traitement thermique prolongé, donc coûteux, qui supprime la zone appau-
vrie en homogénéisant complètement la matrice (voir g 8-2 et figure 8-2-1).
Une autre possibilité consiste à optimiser la nuance de façon à conserver une faible
proportion de ferrite répartie en îlots, par addition d'un élément alphagène comme le
molybdène. La ferrite concentre les éléments alphagènes et l'austénite concentre le
carbone, la précipitation se fera aux interfaces ferritelausténite, mais elle sera moins
gênante qu'un précipitation intergranulaire. Lorsque la corrosion s'installe aux joints de
grains, elle se propage le long du réseau qu'ils constituent et favorise la propagation des
fissures.
Formation de phase o
La présence de nickel, de manganèse et essentiellement de chrome induit la formation de
phase o. Cette phase a la réputation d'être très fragilisante. Elle adopte différentes
morphologies suivant la température de maintien et la composition de l'alliage, soit une
précipitation en cellules lamellaires, soit des précipités massifs intergranulaires, soit des
grandes aiguilles ouplapettes intragrandaires. La précipitation cellulaire est observée à haute
température et en présence d'addition d'éléments alphagènes dans les aciers duplex décrits
19-8 ; la précipitation aux joints de grains est observée dans les aciers austénitiques.
Enfin, en dessous de 800-900 OC environ, la précipitation s'effectue lentement sous forme
de longues aiguilles ou plaquettes en relation de semi-cohérence avec la matrice [Bar83].
C'est surtout cette morphologie qui est fragilisante.
La micrographie de la figure 19-3-4 présente la phase o sous deux morphologies intergra-
nulaire et intragranulaire en fines plaquettes d'un acier allié Fe-0,05C-20Cr-12Ni-Si
(1,4828) après un long maintien de 1700 h à 700 OC. Le même traitement d'un acier moins
riche en chrome (Fe-0,06C-17Cr-12Ni-2Mo-Ti, type AIS1 316Ti) donne lieu seulement à
une précipitation intergranulaire sans plaquettes intragranulaires.
Le mode de germination de cette phase est très controversé et les mécanismes très dépen-
dants de la composition de l'alliage. Pour résumer quelques opinions, il semble que la
précipitation dans les aciers austénitiques soit presque toujours précédée de la formation
de carbure M23C6.La phase o précipite directement seulement si la teneur en chrome
LES ACIERS INOXYDABLES
Figure 19-3-4 :
Micrographie optique de l'acier
1,4828 (X15CrNiSi20-12) après une
attaque électrolytique en milieu
basique (potasse). L'échantillon a
subi u n maintien d e 1 7 0 0 h à
700 OC. La phase o décore les
anciens joints de grains. Il y a des
précipités intragranulaires sous
forme de fines plaquettes.
Document CRU- Ugine Savoie
Imphy, groupe Arcelor.
Figure 19-3-5 :
Image électronique d'un alliage
Fe-0,4C-25Cr-2lNi refroidi lente-
ment. La surface de l'échantillon a
été décarburée et les zones eutecti-
ques M23C6/~ont été remplacées
par la phase o. Le cercle est un
agrandissement de la zone de transi-
tion.
Document INPG Grenoble, Fr.
dépasse 18 % et si la teneur en carbone est très faible. Cette teneur critique en carbone est
en dessous de 0,006 O/O pour un acier de type 25-20 [Bar88]. La transformation d'une zone
de carbure en phase o est dlustrée par la micrographie de la figure 19-3-5. La surface de
l'échantillon a été décarburée lors d'un refroidissement lent en atmosphère insuffisamment
protégée. La zone eutectique dans le sillon interdendritique est remplacée par la phase o.
La corrélation entre la décarburation et la formation de phase o est connue pour les aciers
inoxydables [Str99].
Le départ du carbone des carbures M23C6 laisse localement une composition riche en
éléments alphagènes proche de la composition de la phase o ou de la ferrite. La question
de savoir si la ferrite est une étape intermédiaire obligée de la formation de la phase o n'a
pas de réponse définitive. Il est certain que la ferrite facilite la transformation parce qu'elle
concentre davantage les éléments tels que le chrome, le silicium et le molybdène qui ont un
double rôle alphagène et très sigmagène. De plus, la diffusivité des éléments est beaucoup
plus élevée dans la ferrite que dans l'austénite, d'un facteur 10 environ. Elle est également
LA MICROSTRUCïURE DES ACIERS ET DES FONTES
A
Température
de maintien
60Oi70O0C
Temps de maintien isotherme
-- h
7
Figure19 - 3 4
Schéma des étapes successives de la précipitation de la phase o dans les aciers de type 305Nb.
La formation du carbure M23C6précède la phase o. Adapté d'après [Bar88].
élevée parce que les précipités sont localisés aux joints de grains. Comme la cinétique de
précipitation de la phase o est commandée par la diffusion des éléments sigmagènes, le
rôle accélérateur de la ferrite est clair dans les aciers qui en comportent une faible propor-
tion Par831. L'antidote est la présence de carbone fortement antisigmagène.
La formation de phase o semble plus compliqués dans les aciers dits stabilisés par la
présence d'éléments tels que le niobium ou le titane. En une première étape les carbures
NbC ou T i c se forment, captent le carbone, et empêchent la formation des carbures
M23C6et des zones associées appauvries en chrome. Cependant, les carbures M2,C6 appa-
raissent après une évolution de longue durée à chaud. Ils semblent constituer une étape
incontournable de la formation de phase o. Un chemin de transformation est schématisé
figure 19-3-6. La remise en solution de la phase o peut se faire au cours d'un traitement
thermique à haute température, dans la gamme 1000-1 050 OC. D'après la littérature, les
mécanismes mis en oeuvre dépendent beaucoup de la nuance d'acier considérée et égale-
ment de la présence de contraintes pendant le maintien en température [PVIin86], pa~-881,
Pac901, [SouOl].
i\ liquide
élément bon marché dont les ressources sont illunitées. Les aciers ont d'excellentes perfor-
mances mécaniques et un bon comportement à la corrosion car les nitrures ne génèrent
pas une corrosion localisée comme les carbures. La valeur du PREN augmente avec la
teneur en azote (relation 19-3-1).
Le problème crucial est lié au fait que la solubilité de l'azote dans le fer est faible sous la
pression atmosphérique. L'étape critique avec les procédés qui réussissent à imposer une
teneur plus élevée est la solidification qui peut entraîner la formation d'inclusions
gazeuses, voire de macro-pores dans le cas de pièces coulées et également des soudures
Pei991. C'est la chimie de l'alliage qui apporte une solution car la solubilité gazeuse varie
beaucoup en fonction de la composition. L'azote a une forte affinité pour les éléments des
groupes IVB, VB, VIB, et VIIB, ce qui a pour effet d'accroître la solubilité de l'azote dans
le fer lorsque ces éléments sont en solution solide comme le montre la figure 19-4-1.
Cependant le vanadium, le zirconium, le titane et le tantale forment des nitrures NX ou
des carbonitrures N(C,X) ; comme leurs produits de solubilité sont très faibles, la teneur
de ces éléments dans la matrice susceptible retenir l'azote reste négligeable. L'exemple du
diagramme de la figure 19-4-2 montre que la phase VN se forme même pour les faibles
teneurs d'azote. Par contre, le manganèse et surtout le chrome qui restent en solution
solide peuvent significativement accroître la solubilité de l'azote. Le chrome et L'axote sont Lé.
par une forte interaction, plus grande que celle entre l'azote et n'importe quel autre métal
[Sum99]. L'apte estpiege' dans des a m de chrome à L'intérieur du réseau de l'austénite.
316 LA MICROSTRUCXURE DES ACIERS ET DES FONTES
a*VN+CrzN
La gamme des aciers à l'azote comporte une large fourchette de compositions pour le
nickel et le chrome qui va jusqu'à 33 O/O de chrome et 30 % de nickel For991. Suivant les
compositions et les conditions, il est possible d'obtenir Cr2N sous forme d'une fine préci-
pitation cohérente, bénéfique [KobOl] ou bien, pour les fortes teneurs en chrome et en
azote, une précipitation discontinue y '+
y + Cr2N, néfaste pour les propriétés mécani-
ques [Van95].
Par ailleurs, toute une gamme d'aciers austénitiques au manganèse a été développée avec
des objectifs très divers. Le manganèse remplace le nickel et stabilise 17austénitepour des
teneurs de 15,18 et même 25 %. De plus, les aciers au manganèse ont une grande stabilité
vis-à-vis de la transformation martensitique [Tak87]. Ce sont des aciers économiques car
ils comportent relativement moins de chrome, seulement un minimum de 13 à 16 % pour
ACIERS INOXYDABLES 317
assurer une bonne résistance à la corrosion, et de 0'15 à 0,35 % d'azote pour accroître la
stabilité de l'austénite et aussi pour son effet durcissant. Ils ont un coefficient de dilatation
faible, sirnilaire à celui des aciers au carbone. Cette dernière propriété et leur moindre coût
les fait choisir pour fabriquer des barres et des profilés de rails de chemins de fer.
Ils sont amagnétiques. Les nuances avec un fort taux de manganèse assurent un coefficient
de dilatation faible pour des applications cryogéniques particulières où une faible suscepti-
bilité magnétique est nécessaire. Une autre application cryogénique est la fabrication des
pipelines pour du gaz liquide. Pour accroître la ductilité aux très basses températures, le
chrome a été quelquefois remplacé par l'aluminium avec pour rôle de renforcer et de
former une couche de protection à la corrosion.
Un intérêt des aciers au manganèse pourrait être l'absence de nickel reconnu comme aller-
gisant cutané. E n fait, il est admis que le caractère allergisant est lié à la possibilité de
dissolution, dite relargage, du nickel contenu dans certains aciers, en contact avec le corps.
Cette dissolution n'a pas lieu avec les aciers inoxydables et justifie l'utilisation de ces
derniers dans le domaine ahentaire.
Quelques nuances sont présentées dans le tableau 19-5-1. La première nuance est un
simple acier à roulements à teneur renforcée en azote. Les autres nuances comportent à la
fois manganèse et azote. Il faut éviter un teneur en manganèse supérieure à 30 % ou un
vieillissement à 550 OC trop long car la phase &Mn peut se former et rendre l'acier fragde.
Le manganèse est souvent associé à l'azote car il renforce la solubilité de l'azote dans
l'msténite. Surtout, il ralentit la transformation perlitique éventuelle et inhibe la formation
de Cr2N dans les aciers à fort chrome. L'acier 204 Cu est typiquement un acier austéni-
tique renforcé par l'azote. Il a les qualités d'un acier austénitique de type 302 ou 304 et les
particularités propres aux aciers au manganèse ; il n'est pas magnétique.
LA MICROSTRUCïURE DES ACIERS ET DES FONTES
Figure 19-6-1 :
Micrographie optique d'un échan-
tillon prélevé longitudinalement
dans une barre d'acier type 303 au
stade du laminage à chaud. Les pré-
cipités sombres sont des sulfures
mixtes de manganèse et de chrome.
Document CRU- Ugine Savoie
Imphy, groupe Arcelor:
histoire thermique donnée ($ 6-5 et figure 6-5-8). L'interprétation propose une succession
de mécanismes à partir du diagramme de phases du système Fe-Mn-S ($ 4-9). En s'y réfé-
rant, il apparaît qu'un alliage riche en fer subit toute une succession de transformations
lors du refroidissement depuis l'état liquide. Ces transformations péritectique, métatec-
tique, monotectique et eutectique se passent dans un très court intervalle de température.
Dans ces conditions, il n'est pas surprenant que de faibles variations de composition
changent les équilibres de phases et les chemins de transformation et modifient la
morphologie en conséquence.
Le diagramme de phases Fe-Mn-S sert seulement de guide. Le système à considérer devrait
comporter au moins le chrome, le nickel et l'oxygène, en prenant en compte les effets de
solubilité des phases entre elles, par exemple (MnCr)S. Mais les diagrammes de phases
connus de tels systèmes polyconstitués sont insuffisamment précis pour constituer une
base fiable d'interprétation.
L'acier ferritique de base est l'acier à 17 % de chrome (tableau 19-7-2). Il a une structure
de ferrite 6 au moment de la solidification et devient partiellement austénitique pendant le
refroidissement au passage dans le domaine biphasé 6/y appelé boucle gamma. La rnicro-
graphie de la figure 19-7-1 d'un alliage trempé en cours de solidification dirigée prouve la
présence de ferrite et d'austénite dans un certain domaine de température. A des tempéra-
tures autour de 800 à 900 OC, la structure redevient complètement ferritique (voir
diagrammes de phases $4-8). Il existe une large gamme d'aciers ferritiques autour de 17 %
de chrome avec des teneurs en carbone variant de 0'08 à 0'5 % (tableau 19-7-2).
Les aciers sont stabilisés par l'addition d'éléments carburigènes (titane, niobium et zirco-
nium) lorsqu'une bonne résistance à la corrosion intergranulaire est souhaitée, comme
dans le cas des aciers austénitiques. Les précipités de carbonitrures, carbures ou nitrures se
forment à haute température, même en phase liquide. Les interstitiels sont piégés et ne
peuvent plus former des carbures M2& intergranulaires dans la gamme de température
LESACIERS INOX~DABLES 321
des traitements thermiques. Les précipités formés à haute température sont les précipités
les plus grossiers dont la taille est supérieure à 2 Pm. Ils peuvent être fragilisants, c'est
pourquoi une bonne maîtrise de la teneur en interstitiels dès l'élaboration est de toute
façons souhaitable. Les précipités formés dans l'alliage liquide avec le titane et le zirco-
nium sont constitués d'un cœur TiN ou ZrN d'apparence facettée, entouré d'une bordure
T i c ou ZrC respectivement. Avec le niobium, c'est le carbo-nitrure Nb(C,N) qui se forme
avec une morphologie en plaquette. Lors des recuits, des précipités plus fins de carbures
T i c et Nb(C,N) se forment, ainsi que des phases de Laves (Fe,Cij2Nb et éventuellement
quelques rares phosphures (Fe,Ti)$ [Lac90]. Les nuances les plus riches en chrome de ces
aciers ne sont pas recommandées pour une utilisation autour de 400-500 OC à cause des
risques de formation de la phase fragilisante a' (séparation a/a'). D'autres nuances (436,
444 et 441) sont préconisées pour une utilisation jusqu7à700 OC avec de bonnes propriétés
mécaniques et jusqu'à 950 OC en particulier une bonne tenue en fluage [Ant02].
soudabilité accompagnée d'une bonne ténacité, parce qu'ils sont susceptibles d'induire des
précipitations fragilisantes. Comme pour les aciers ferritiques, une réduction des teneurs
en carbone et azote jusqu'à 0'05% (C+N) est obtenue grâce à l'utilisation des procédés de
fusion AOD, VOD et VIM.
Les aciers austéno-ferritiques ont une limite élastique très élevée associée à une bonne
résistance en fatigue. Par exemple, cela permet de les utiliser pour fabriquer des parois
avec une épaisseur réduite d'où un allègement significatif des structures. La réduction
d'épaisseur peut atteindre environ 30 % par comparaison avec l'utilisation d'aciers inoxy-
dables austénitiques présentant un niveau de résistance à la corrosion équivalent. La
deuxième qualité est leur excellente résistance à la corrosion comparable et même supé-
rieure à celle des aciers austénitiques, mais à coût moindre, car la teneur nécessaire en
nickel est faible. En outre, deux propriétés physiques les distinguent des autres matériaux :
une conductivité thermique supérieure de 50 % à celle des austénitiques et un coefficient
de dilatation faible, du mêlne ordre que celui des aciers au carbone. Entre les nuances
1,4435 et 1,4507 représentatives respectivement d'un austénitique et d'un superduplex, la
limite élastique à 0,2% d'allongement passe de 220 à 550, l'indice de résistance à la
corrosion PREN de 23 à 40 et le coefficient de dilatation a.10-~/1<de 16 à 13'5 (données
provenant de uranusm 52N+ pour la nuance 174507),[Cha93], [Cha94], [Cha95], [Gun97].
Leur utilisation est conseillée pour la fabrication de cuvelage, de tubages, de vannes, etc.
destinés à des milieux agressifs ; citons les industries qui utilisent l'acide sulfurique, l'acide
phosphorique, les industries de production de cellulose et la pétrochimie et l'exploitation
des gisements de gaz naturel acide (CO2, SH2). Leurs performances permettant d'alléger
les structures les fait choisir encore pour la pétrochimie en milieu marin et même en archi-
tecture [Gun97], [ChaOO]. Ces aciers apparaissent comme le szccès majeur en développement
d'alliagees depuis les cinquante dernières années (dans la gamme des aciers inoxydables).
Figure 19-8-1 :
Comportement en fatigue. Micrographies électroniques en transmission de l'alliage 1.4460 après
essais cycliquesprogrammés en déformationpour une amplitude totale de déformation de 0,57 %,
à 300 OC, sur la micrographie A, l'austénite (contraste clair) présente unefaible densité de disloca-
tions alors que la densité est plus forte dans le grain adjacent de ferrite.
à 200 OC, sur la micrographie B, 1 'austénite présente une faible densité de dislocations et, sur la
micrographie C, laferrite présente uneforte densité de dislocations réparties en écheveaux denses.
Document CONICET Rosario, Argentine ;voir [HerOOa], [HerOl]
Figure 19-8-2 :
Isoplète (Fe26Cr)-Ni calculée sans
azote et avec 0,2 % N .
A cause de la présence de l'azote, le
domaine de l'austénite ainsi que le
domaine ferrite/austénite sont décalés
vers les plus faibles teneurs en nickel. Le
domaine de la phase o est moins étendu.
divers composés métalliques souvent indésirables. Aussi, cette gamme d'alliages n'est géné-
rallement pas soumise à des traitements thermiques. La description ci-après permet
d'évaluer la sensibilité des alliages en température lors de l'élaboration ou de traitements
thermomécaniques.
Ouvrons une parenthèse pour le cas des aciers qui contiennent du carbone. Une précipita-
tion de carbures est générée à l'interface alyet se développe au sein de la ferrite avec une
morphologe cellulaire. Il s'agt probablement d'une transformation eutectoïde :
a + y2+M6C (carbures Fe, Cr, Mo, W). Suivant les cas, la ferrite de haute température est
désignée par a ou par 6. Le constituant formé par cette réaction est désigné sous le nom
de deltapedite. L'austénite sursaturée en carbone et en chrome est le siège d'une précipita-
tion continue de fins carbures secondaires de type Cr23C6 autour de 800°C [AmaOO].
L'azote ne renforce pas les carbures de chrome dans lesquels il est très peu soluble (voir
figure 4-13-3) mais forme Cr2N ou éventuellement la phase n-Fe7Mo13N4après traitement
de plusieurs heures à 600°C. Les nitrures .n sont trouvés en sites intergranulaires et
souvent confondus avec la phase o.
Les nuances classiques modernes comportent peu de carbone, il a été remplacé par l'azote
(tableau 19-7-2). Le chrome et le molybdène forment avec le fer les composés intermétah-
ques o, X, n et R [HerOOb], [pupOO], [Gun97] (les diagrammes de phases $ 4-1 1 permettent
de situer ces phases dans les domaines de composition). Un exemple de précipitation dans
un acier super-duplex est présenté figure 19-8-3. Les précipités naissent à l'interface aly et
se développent dans la ferrite. La phase o adopte dans ce cas une morphologe en cellules.
Les phases o, x ont des compositions très proches comme dans le système de référence
Fe-Cr-Mo. L'austénite et la ferrite de la matrice apparaissent sur la micrographie électro-
nique avec diverses nuances de gris. Les compositions sont effectivement légèrement
LESACIERS INOXYDABLES
Figure 19-8-3 :
Micrographie électronique d'un
acier Superduplex 52N+.
L'échantillon a subi un chauffage à
20 " C hjusqu 'à 1200 OC suivi d'un
maintienpendant 10 s et enfin refioi-
dissement à 500 "C/h.
La matrice comporte deux phases, la
ferrite (grains les plus noirs) et
l'austénite ;les précipités sont en
contraste gris moyen la phase o et
gris clair, la phase x plus grossière.
Les quatre phases ont des composi-
tions proches comme le montrent les
dosages indicatifs du tableau ci-con-
tre. Il en résulte un contraste faible
sur l'image électronique qu, a été fortement
amplzfié dans le cas présent.
Echantillon Industeel, Le Creusot, groupe a Fe60-Cr29-Ni4-M05-Si0,6-Cu174
Arcelor: y Fe62-Cr24-Ni8,5-Mo3,3-Si0,5-C~1,7
variables d'un grain à l'autre d'après l'analyse mais il n'est pas surprenant de détecter des
ségrégations résiduelles puisque le traitement ne correspond pas à une homogénéisation.
La cinétique de précipitation est relativement lente dans les aciers duplex ordinaires,
comme dans les aciers austénitiques. Un refroidissement rapide (de l'ordre de 70 "C/min)
produit une quantité négligeable de phases intermétalliques WilOO]. Cependant, la redou-
table phase o est stabilisée à haute température par le chrome, le molybdène et par
plusieurs autres éléments sigrriagènes Si, Ta, V, Nb, W, etc. La cinétique de formation est
plus rapide dans la ferrite que dans l'austénite à cause d'une teneur plus élevée en éléments
alphagènes mais surtout à cause de la meilleure diffusivité des éléments, si bien que la réac-
tion de formation a lieu en deux minutes à 900 OC dans un acier super-duplex (fig. 19-8-4).
La phase o est réputée dure et fragilisante, toutefois la morphologie cellulaire obtenue aux
températures élevées est peut être moins néfaste que la morphologie en plaquettes (fig.
19-8-3). La phase o partage avec la phase Cr2N un autre rôle nocif vis-à-vis de la tenue en
corrosion. Les deux phases créent une zone appauvrie en chrome davantage corrodable.
La zone appauvrie apparaît dans l'austénite et n'apparaît pratiquement pas dans la ferrite,
toujours à cause de la différence de diffusivité. Le tungstène peut se substituer partielle-
ment au molybdène, mais les conséquences de ce remplacement ne sont pas établies claire-
ment car le tungstène se répartit dans toutes les phases intermétalliques précipitées
[HerOOb], [LeeOO].
Il a été montré expérimentalement qu'une relation existe entre la ténacité exprimée par
l'énergie d'impact et la proportion de phases intermétalhques nocives. Le seuil le plus bas
LA MICROSTRUCTURE DES ACIERS ET DES FONTES
Figure 19-8-4 :
Courbe TTT de trois alliages (voir Tableau
19- 7-2). La courbe est établie à partir
d'observations optiques de précipités non
différenciés dans la gamme 600-1 050 OC et
de mesures de dureté dans la gamme
300-600 OC. L'alliage S32520 leplus riche en
chrome et molybdène développe rapidement à
haute température une précipitation de pha-
ses intermétalliques incluant Mo.
Schéma adaptée d'après [Cha93]
La durée de vie d'un moteur d'automobile est de 2 000 à 3 000 heures environ, celle d'un réacteur
d'avion civil est dix fois plus longue et celle de composants d'une centrale thermique de plus de
3 0 0 000 heures. E n conséquence, les matériaux doivent être extrêmement stables et avoir une excel-
lente résistance e n fluage à chaud. Leur optimisation est soumise aux lois physico-chimiques évoquées
pour les autres aciers, cependant elle est orientée avec u n souci marqué de stabilité thermique qui
dépend de la nature des précipités, de leur aptitude à ne pas grossir et à conserver ainsi leur pouvoir
durcissant. E n outre, de telles durées font apparaître des transformations très lentes et amènent à
reconsidérer ce que l'on pouvait admettre comme un état d'équilibre. Pour ce type de performances,
les aciers sont e n concurrence avec une certaine gamme de superalliages, c'est pourquoi une incursion
dans le domaine de ces derniers permet de comparer !es possibilités offertes par chaque famille.
Figure 20-1-1 :
Schéma illustrant les performances des aciers ferritiques en fonction des éléments ajoutés aux trois
nuances de base à 2,25, 9 et 12 % Cr. Les nuances les plus classiques sont indiquées dans les encadre-
ments ovales. Adapté d'après [MasOO].
bonne stabilité thermique, une bonne ténacité et tenue en fatigue thermique, une bonne
résistance à la corrosion et une bonne soudabdité sans risques de fissures.
Les nuances d'aciers industriels les plus courants peuvent être classées en trois familles
(fig. 20-1-1). La première comporte la nuance ancienne 2,25Cr-1Mo, Grade 22, développée
depuis les années 50, connue sous un grand nombre d'appellations et encore utilisée pour
certaines pièces. Une nuance dérivée, développée au Japon (Sumitomo Metals Industries)
Grade 23 figure dans la norme ASME depuis 1995 sous le nom T23. L'amélioration est
conférée par des ajouts de tungstène, de vanadium, de niobium, d'azote et de bore (tableau
20-1-2). Outre une meilleure tenue en fluage, cet alliage présente l'avantage de ne néces-
siter ni pré-traitement, ni post-traitement thermique lors du soudage. La deuxième famille
est celle des aciers de 9 à 12 % de chrome mis au point aux USA dans les années 70, et
représentée principalement par l'acier G 91 (homologué P91 et T91). La troisième f a d e
est celle des aciers étudiés dans les années 90. La nouveauté est surtout l'incorporation du
tungstène et de l'azote pour former des carbonitrures. Le premier de ces alliages TB12 est
né au Japon (Nippon Steel) et a abouti à la nuance NF616 homologuée sous les dénomina-
tions P92 et T92. Elle a été suivi par une variante elle aussi japonaise HCM12 (Surnitomo)
homologuée sous les références Pl22 et 7322.
L'optimisation de la composition de tels aciers est très délicate car les ajustements doivent
être validés par des observations après de longzies dzirées de fluage en température pour
simuler le comportement en service. La résistance au fluage est assurée en partie par le
renforcement de la matrice au moyen de molybdène et plus tardivement de tungstène. La
teneur de ces éléments doit être de l'ordre de W+2Mo=2O/!( pds), en dessous la résistance
au fluage est insuffisante, en dessus la ténacité diminue. La résistance est assurée par la
LES ACIERS RESISTANT EN FLUAGE PENDANT UNE LONGUE DURÉE A CHAUD 329
Tableau 20-1-2 :Composition de nuances d'aciers résistants au fluage pendant une longue durée.
Nuance
G 22 (ASTM),
1 OCD9.10 (AFNOR),
X22CrMo(W)V
formation de précipités fmement répartis, obtenus par revenu d'une matrice martensitique
ou bainitique. Cela requiert en amont une matrice capable d'être complètement austéni-
tisée. Or, un accroissement de la teneur en un élément alphagène engendre la formation de
ferrite 6 qui abaisse la résistance en fluage et la ductilité. Le phénomène est sensible dans
le cas des grosses pièces coulées pour lesquelles la vitesse solidification est plus lente ;il se
produit une microségrégation d'éléments alphagènes, difficile à éviter avec les nuances les
plus riches en chrome. L'inhomogénéité due à ces zones ferritiques 6 subsiste après le
forgeage. C'est pourquoi il est nécessaire d'opérer un traitement d7austénitisation/homo-
généisation relativement long.
Globalement l'équivalent chrome doit être limitée à 11 '/O ou à la rigueur compensé par des
éléments gammagènes tels que le nickel, le cuivre en teneur très limitée, ou le cobalt. Ces
derniers éléments ont l'inconvénient d'affaiblir la résistance au fluage de la matrice,
d'abaisser la température M J au risque d'avoir de l'austénite résiduelle. Les nuances
modernes explorent diverses additions de métaux rares (Ir, Ru, Pd et Pt).
Les teneurs basses en chrome, en dessous de 9 % ne confèrent pas une résistance suffi-
sante à la corrosion. Cet inconvénient est compensé par l'ajout de silicium limité à 0'6 %
car il y a un accroissement dommageable de la cinétique de précipitation des phases de
Laves pour les teneurs supérieures.
Le bore est une addition plus tardive ; son rôle bénéfique sur la résistance au fluage pour
des longues durées est incontestable. Le mécanisme invoqué est une inhibition du grossis-
sement des précipités. En ségrègeant aux lacunes et dislocations, le bore ralentit la diffu-
sion. Des observations ont permis de localiser une surconcentration dans la zone de
l'interface entre les précipités. Toutefois, en présence d'un excès d'azote, la phase BN se
forme lors de la solidification et neutralise l'effet du bore.
Le vanadium, associé à l'azote, forme le précipité VN très stable et durcissant. La précipi-
tation de cette phase dès le début du fluage est bénéfique ; pour cela, les éléments
concernés doivent être présents avec la bonne proportion dans la solution solide vers
1050 OC, température d'austénitisation. Les nitrures précipitent alors pendant le traitement
de revenu en dessous de 700 OC.
LA MICROSTRUCTUREDES ACIERS ET DES FONTES
La formation de phase o est aussi un problème pour les aciers à 25 O/O de chrome et 20 %
de nickel (type AIS1 310,314) (voir figure 4-8-3). Ces aciers ne doivent pas être exposés à
des températures entre 600 et 850 OC, auxquelles ils sont sérieusement fragilisés. Cepen-
dant, en cas d'une exposition accidentelle, la phase o peut être remise en solution par un
traitement au dessus de 900°C. La tendance à former la phase o disparaît pour les fortes
Tableau 20-2-2 : Composition d'alliages Qpiques représentant troisfamilles d'alliages àforte teneur
en nickel et durcis par précipitation.
Alliage Fe C Mn Si Cr Ni Co Mo W Ti Nb B Al V
Discaloy 54,2 0,04 0,9 0,8 13,5 26 2,75 1,75 0, 1
A286 53,2 0,05 1,4 0,4 15 26 1,25 2,15 0,03 0,2 0,3
1.4859, Manaurite 900 45 0,l 1 1,5 19 33 <1
(Incoloy 800cast)
1
1.4852, Manaurite XM, A297 36 0,5 1,2 1,5 25 35 <1 <1
Hastelloy X 18,5 0,15 22 48 1,5 9 0,6
In 718 18,5 0,04 19 52,5 3 0,9 5,l 0,02 0,5
In 909 (Pyromet CTX-909 42 0,01 0,40 38 13 1,5 4,8 0,005 0,1
Figure 20-2-3 :
Micrographie électronique d'échantillons vieillis pendant 1O00 h:
A) de Manaurite 900 maintenu à 1O00 OC. Le réseau de carbures est peu transformé.
B) de Manaurite XM (1,4852) maintenu à 11O0 OC. Les carbures ontfortement coalescé.
Document Manoir Industries, Pitres Fr
(fig. 20-2-3A et B). La microstructure de solidification est encore apparente après le long
maintien. Elle est constituée de dendrites primaires d'austénite et de constituants eutecti-
ques, dans l'ordre de leur formation Y / M ~ ~y/NbC,C ~ , puis un constituant triphasé en
faible proportion. Les micrographies présentent un état vieilli dans lequel les carbures
eutectiques ont coalescé et la précipitation secondaire a envahi toute la matrice. La taille
dendritique double d'un échantillon à l'autre, ce qui correspond à une très grande diffé-
rence de temps locaux de solidification. Une des causes est la différence des teneurs en
carbone qui déterminent l'intervalle de solidification. Mais la cause principale est le
procédé de coulée ; la micrographie de la figure 20-2-3 B provient de tubes d'environ
60 mm d'épaisseur, coulés en moules centrifugés, dont le refroidissement est beaucoup
plus rapide que celui des pièces massives coulées en moules statiques de la figure 20-2-3 A.
Comme dans le cas des aciers type 310, 316, les carbures de solidification eutectique
peuvent être M7C3 OU M23C6 mais les carbures de précipitation secondaire sont M23C6.
Compte tenu de la présence de silicium quelques précipités de phase G peuvent être
rencontrés. Le silicium contribue à renforcer la résistance à l'oxydation à chaud.
Figure 20-2-4 :
Phases présentes après un recuit de 100 h à
800 OC dans un alliage (Fe-25Ni-15Cr)-Ti-Al en
fonction de la teneur en aluminium et en titane.
Adapté d'après [Pic 781
1 2 3 4
Fe-25Ni-l5Cr Ti pds %
tionnelle du fait que sa limite d'écoulement augmente avec la température jusqu'à atteindre
un maximum vers 700 OC ; ce comportement, attribué à un mécanisme complexe du glis-
sement des dislocations à l'intérieur de la phase, est induit par les contraintes de cohérence
entre la matrice et les précipités. Compte tenu des structures cristallographiques et des
paramètres de maille très proches des phases en présence, il existe des plans d'accolement
préférentiels pour lesquels la cohérence est excellente. De ce fait, la précipitation est
immédiate et le grossissement des précipités très lent. Toutefois, le désaccord paramétrique
qui dépend des compositions respectives de la matrice et des précipités a une influence sur
la morphologie des précipités et sur leur stabilité. En ce sens, le choix des éléments d'addi-
tion et de leur dosage sont des points essentiels pour obtenir un bonne résistance au vieiIlisse-
ment. En outre, la fraction volumique de la fraction précipitée est un paramètre important
qui peut varier depuis 8 % dans l'alliage A286 jusqu'à 70-80% dans certains superalliages.
La phase y '-Ni3(A1,Ti) est la principale phase durcissante dans les alliages à base nickel. En
présence de fer, elle est stable seulement dans une gamme réduite de composition, avec un
rapport Al/Ti limité à une étroite fourchette en dehors de laquelle d'autres phases appa-
raissent (fig. 20-2-4). Pour une teneur donnée en titane, les phases formées avec des
teneurs croissantes en aluminium sont : q-Ni3Ti hexagonale, y '-Ni3(A1,Ti) cubique faces
centrées LI2, Ni2AlTi cubique ou phase d7Heusler,P-Ni(A1,Ti) cubique [Hug65]. En fait,
presque toutes ces phases ont tendance à adopter des morphologies grossières peu durcis-
santes, même fraghsantes. Il est établi que la phase Ni2(A1,Ti) grossit très rapidement, que
la phase Ni(A1,Ti) ainsi que le mélange Ni2(A1,Ti)+Ni3(A1,Ti)vieillissent normalement,
c'est-à-dire trop rapidement pour un emploi à long terme. Seule la phase y'-Ni3(A1,Ti)
évolue très lentement et elle est de loin h meiIIeurephase durcissante. .
Dans les alliages avec une forte proportion de titane précipitent une phase métastable LI2
comme y', proche de NiGTien composition, sous forme de très fins précipités cohérents
dans un domaine de températures moyennes. Cette dernière phase est souvent considérée,
à tort, comme une version métastable de Ni3Ti. La précipitation est tout à fait bénéfique,
elle renforce l'alliage dans la limitation de température car elle est remplacée par la
LA MICROSTRUCïURE DES ACIERS ET DES FONTES
Figure 20-2-5 :
Image en microscopie électronique
à transmission d'une réplique de
l'acier A286 (A et B échantillons
prélevés dans une barre de 19 mm
de diamètre).
C) L'échantillon (prélevé dans une grosse pièce de forge moins homogène que A et B) a subi un trai-
tement à 900 OC pendant une heure suivi d'une trempe à 1 'huile, puis 725 OC pendant 16 h et refroi-
dissement à l'air. De nombreux précipités sont observables : G, M3B2,M2P Ils n'ontpas de caracté-
ristiques morphologiques particulières sauf la phase Ni3Ti qui se présente sous forme de petites
plaques dans des orientations préférentielles avec une structure @pique de précipitation continue.
D'autres phases formées neJigurent pas sur la plage présentée : TiN et Tic.
Document Imphy Ugine-Précision,groupe Arcelor.
formation de la phase stable q-Ni3Ti après un maintien au dessus de 650 OC environ
(figures A et B) . Elle se présente sous forme de colonies cellulaires aux joints de grain y l q
ou des grandes plaquettes intragranulaires de type Widmanstatten, très néfastes aux
performances mécaniques. Le diagramme de la figure 20-2-4 est un guide pour ajuster la
proportion Al/Ti en fonction de l'obtention exclusive de certains précipités [Pic78]. Les
bases de données pour optimiser de tels alliages à l'aide des calculs thermodynamiques ne
sont pas encore complètement satisfaisantes. Les prédictions sont moins performantes en
présence de fer que dans le cas des alliages à base nickel w 0 2 ] .
Un exemple pour illustrer ce mode de renforcement est celui d'un acier 1,4980, connu
aussi sous l'appellation A286 (X6NiCrTiMoVB25-15-2). Cette nuance est proche de
l'alliage Discaloy et sert à fabriquer des disques de turbines ou de la boulonnerie à chaud.
Le carbone est maintenu à un taux faible afin d'éviter la formation de carbures MC
(tableau 20-2-2) L'échantillon forme, après un maintien à 725 OC pendant 16 h, de
nombreuses phases avec des localisations spécifiques (fig. 20-2-5 C) :
intragranzdaim comme des borures M3B2 (M= Cr, Mo majoritairement), des sulfures ou
carbosulfures Ti2S ou Ti4C2S2,des phosphures M2P (M=Ti, Fe majoritairement) et la
phase G-(Nil 6Si7Ti6).
intergrandaires comme les carbures MC (M =Ti majoritairement), Ni3Ti cellulaire.
La phase dztrcissanteprilaczpale y ' (métastable) est présente uniformément dans la matrice, en
proportion de l'ordre de 8 O/O,sous forme de très petits précipités cohérents avec une taille
de l'ordre de 10 nm et qui n'ont pas été extraits sur la réplique.
parmi les pièces les plus sollicitées e n pression et température. Le durcissement est principale-
ment assuré par y'Ni3(Al,Ti). Ces nuances ne sont pas forgeables à cause de la présence
d'une grande proportion de phase précipitée, jusqu'à 80 %. Elles servent à fabriquer des piè-
ces coulées dans des conditions très sophistiquées pour obtenir une structure de grain mono-
cristalline, puis traitées thermiquement. Certaines nuances chargées en éléments d'alliage
sont préparées par métallurgie des poudres. D'autres nuances à base nickel comportant
moins de précipités sont utilisées pour la fabrication de pièces forgées. Le principal handicap
des superalliages à base nickel est leur coût très élevé.
Les superalliages type 718
Les nuances contenant du fer constituent une gamme utilisée pour de nombreuses applica-
tions qui requièrent des alliages moins performants que les superalliages à base nickel
exclusivement, mais avec un haut niveau de résistance à température moyenne, un niveau
supérieur à celui des aciers. Le fer induit une tenue en corrosion médiocre mais son avan-
tage majeur par rapport au nickel est économique. Le superalliage 718 représente le plus
fort tonnage produit dans le monde dans la famille des superalliages (tableau 20-2-2).
L'In718 a été mis au point par les compagnies du groupe International Nickel dit Inco. Le
brevet a été soumis en 1958 et publié en 1962. L'alliage a connu depuis et connaît encore
un très grand succès. Les caractéristiques microstructurales sont décrites dans les articles
suivants [Co2731 [Coz91], [Ora91], [Gar92], wlo94]. Les actes de congrès intitulés 718,
625 et alliages démvés font connaître les nouveaux développements tous les quatre ans.
Une alternative au titane comme élément renforçant est le niobium qui génère un mode de
durcissement différent. Une phase, appelée gamma seconde y" se forme préférentiellement à
basses ou moyennes températures. Cette phase est de type quadratique centrée, de
formule A3B comme y'. Elle forme de fines plaquettes submicroniques qui produisent un
renforcement très efficace et stable. Cependant, lorsque la proportion Nb/(Ti + Al) est
forte, la phase stable est un autre composé intermétallique de type A3B orthorhombique
DOa 8-Ni3Nb, qui tend à former de grossières plaquettes similaires à q-Ni3Ti de type
D024-
L'alliage 718 développe une double précipitation de phases y' et y", avec une fraction volu-
mique précipitée globale plafonnée à 18-20 O/O ; ce qui lui confère un renforcement excel-
lent. Le traitement thermique avant mise en service consiste en une homogénéisation entre
930 et 1000 OC qui laisse subsister quelques carbures MC et même une faible proportion
de phase 6 aux joints de grains. La présence de ces phases est tolérée car elle empêche un
grossissement excessif du grain. L'alliage est ensuite traité autour de 590-660 OC pour
précipiter les phases y' et y". Après maintien pendant une heure à 760 OC, la fraction volu-
mique de y' est 3,5 et celle de y" de 10,l [Co188]. La taille des précipités est de l'ordre de la
dizaine de nanomètres pour y' et le double pour y ".
Ces alliages sont maintenus en température pendant leur temps de service, c'est-à-dire
pendant des milliers d'heures. Au bout de 50 000 h de service, les deux phases sont encore
présentes avec les mêmes relations de cohérence et d'orientation avec la matrice. La micro-
graphie d'un alliage 718 vieilli pendant 10 000 h à 650 OC révèle une microstructure très
LES ACIERS RÉSISTANT EN PLUAGE PENDANT UNE LONGUE DURÉE A CHAUD
Figure 20-3-1 :
Micrographie électronique d'un
alliage de type71 8 recuit pendant
10 000 h.
A) à 6.50 OC;
B) à 700 OC.
Document Ecole des Mines de
Paris, Fr: ;voir aussi [And941
fine avec des précipités de taille moyenne autour de 26 nm (fig. 20-3-1 A) [And94]). La
phase 6 se trouve en faible proportion décorant le joint de grain. Après un maintien de
10 000 h à 700 OC, la phase 6 a envahi l'intérieur du grain sous forme de longues plaquettes
(fig. 20-3-1 B). La phase 6 provient de la transformation de y" mais elle peut aussi se
former directement dans la matrice à plus haute température. Ces plaquettes sont néfastes
pour les performances mécaniques. Ces micrographies illustrent la principale faiblesse des
superalhages contenant du fer : c'est leur instabilité aa dessas de 650 OC.
Rappelions que ces phases A3B sont toutes formées de plans géométriquement compacts à
symétrie ternaire T o u quaternaire R avec des séquences d'empilement différentes (5 3-4.)'
lDur97-l. Les structures LI2, DOlg et DOz4 ont des plans denses de type T, alors que les struc-
tures DO, et DOzz ont des plans de type R. Le type de structure peut être relié a u rapport
entre les rayons atomiques des atomes A et B. Par exemple, les structures de type R sont plus
compactes que les structures de type T quand le rapport r p / r g augmente. Les orientations
préférentielles de ces précipités correspondent aux plans denses qui sont aussi les principaux
plans de glissement. Le passage d'une dislocation interrompt la séquence d'empilement et
crée localement u n e région de structure cristalline différence susceptible d'amorcer u n e
LA MICROSTRUCïURE DES ACIERS ET DES FONTES
Figure 20-3-2 :
Images électroniques en transmission (champ sombre) de précipités y ' entourés de précipités y en
"
contraste clair :
A) précipités sandwich après vieillissement à 700 OC pendant 200 h.
B) précipités compacts après vieillissement à 750 Ocpendant 16 h.
C) Image électronique en transmission, haute résolution, d'un précipité compact. Le précipité central
est y ', il est entouré de y ", la matrice est y.
Document Chogoku National Industrial Research Institute, Hiroshima, J. ;voir aussi [He 981.
transformation et accélerer le vieillissement sous contrainte. Ainsi, dans l'alliage 718, un glis-
sement a u sein de la phase DOz2 peut créer un germe de structure DO,, c'est-à-dire la struc-
ture de la phase stable 6-N3Nb. De façon similaire, dans l'alliage 2 8 6 par exemple, des
fautes dans la phase Li2 métastable y)-Ni3Ti constituent u n germe pour la phase stable
DO2, q-Ni3Ti. Les phases y' ( 2 8 6 ) et y " (718) sont susceptibles de générer de façon similaire
des phases stables à morphologie en plaquettes. Toutefois, dans les deux cas, les micrographies
montrent clairement que la précipitation se propage de façon discontinue et relativisent ainsi
le rôle de la germination.
Les qberalliages à structure compacte sont des nuances particulières de type 718 qui présentent
une particularité structurale exceptionnelle pour la disposition des précipités. La structure
compacte se produit pour une gamme de composition définie par un rapport Al/Ti
compris dans une certaine fourchette [Coz73]. Suivant les conditions, les précipités y"
recouvrent certaines faces, ou entourent complètement les précipités y' (figures 20-3-2 A et B).
Les interfaces y "/matrice (y) et y7/matrice(y) sont complètement cohérentes, en relation
cube/cube. Les atomes des deux côtés de l'interface maintiennent un accord parfait, sans
structure de transition désordonnée (fig. 20-3-2 C). La double cohérence des précipités semble
expliquer la très grande stabilité thermique constatée expérimentalement [Co188], [Shi96],
Fe-981. L'obtention de la structure compacte requiert un ajustement contraignant à la fois
de la composition et de la fenêtre de traitements thermiques, si bien que ces alliages sont
peu développés. Toutefois, le gain significatif en stabilité a suscité un renouveau d'intérêt
comme en témoignent des publications récentes faites longtemps après leur découverte.
Superalliages àfaible coeffient de dilatation
Une famille spécifique de superalliages à base fer a été développée pour répondre à une
exigence de faible dilatation pour certaines pièce de fonderie. Ces matériaux bénéficient de
l'effet Invar dans lesquels la contraction associée à la perte de ferromagnétisme au chauf-
fage compense la dilatation normale. La composition optimale pour une dilatation mini-
male dans la gamme de températures de 20 à 600 OC correspond approximativement à un
alliage Fe-29Ni-17Co (tableau 20-2-2). Le durcissement est produit par la précipitation de
y'-Ni3Ti ou y"-Ni3Nb [Wan91]. L'alliage doit être optimisé de façon à ce que la matrice
résiduelle après précipitation ait la composition optimale. Le problème majeur de ce maté-
riau est une sensibilité à la fraglisation par corrosion (SAGBO, Stress-Assisted Grain Boun-
da? Oxz'dation embm'ttlement) à cause de la faible teneur en chrome. Ce dernier élément doit
être évité car il diminue fortement le point de Curie. Des nuances récentes compensent le
manque de chrome par de l'aluminium qui améliore la résistance à l'oxydation.
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Les fontes
Sous le nom de fontes sont désignés des matériaux très différents dont le seul point commun est une
température de fusion basse relativement à la gamme des aciers.
Tableau 21-1-1 :Compositions de fontexles chzjî-es entre parenthèses pour lesfontes au chrome
indiquent la teneur approximative restant dans la matrice brute de solidzjkation, d'après [Mar70].
Fontes
blanche
grise
nodules
au chrome
au nickel
Elle forme un réseazi mgide de carbares interconnecth à l'intérieur duquel l'austénite ne constitue
pas une matrice continue (fig. 5-6-10). La conséquence est un fort manque de ductilité,
une médiocre ténacité. Les fontes ordinaires sont habituellement hypoeutectiques pour
compenser cette rigidité par la présence d'une plus grande proportion d'austénite. La résis-
tance à la corrosion est faible. Les nuances de fontes alliées pour pièces moulées sont très
nombreuses ; aussi, seulement quelques repères sont indiqués dans la suite pour illustrer la
logique de l'optimisation des compositions (tableau 21-1-1).
Une famille de fontes peu alliées, pratiquement en continuité avec les fontes ordinaires,
comporte une teneur basse en éléments d'addition, soit 3-5 OO/ de nickel pour retarder la
transformation perlitique et 1- 4 % de chrome pour assurer la formation de carbures en
équilibrant l'effet graphitisant du nickel et du silicium. Une autre famille est plus alliée,
avec une teneur de 7-11 Oo/ de chrome et 5-7 % de nickel. A la différence des fontes ordi-
naires, ces dernières fontes comportent une forte proportion de constituants eutectiques
mais le carbure eutectique est M7C3 au lieu de M3C. Le carbure M7C3est très dur (annexe
22-8) et il a une morphologie en fer de lance qui est médiocrement favorable à la ténacité.
Compte tenu de la morphologie, et peut-être de la plus faible proportion volumique de
carbures dans l'eutectique, la formation du réseau rigide de cémentite est évitée. Ces fontes
blanches mdn'ensitiques sont quelquefois désignées Ni-bard.
Les fontes blanches à haute teneur en chrome comportent de 11 OO/ jusqu'à 23 OO/ de
chrome, et jusqu'à 3,5 % de molybdène. Ces fontes combinent une bonne résistance à
l'abrasion et à l'érosion avec une ductilité un peu améliorée par rapport aux fontes blan-
ches ordinaires ; elles sont très utilisées pour la fabrication de pièces moulées [pog77],
@?ar77]. Les traitements thermiques appropriés permettent d'obtenir une matrice soit
martensitique, soit austénitique.
Une meilleure tenue à l'oxydation à chaud est assurée par la présence de chrome. Ce point
est essentiel pour la fabrication de cylindres de laminoirs par exemple. D'autres éléments
peuvent être ajoutés tels que le molybdène, le tungstène, le vanadium, le niobium, etc. Ils
participent à la formation des carbures eutectiques de la fonte M7C3, M2,C6, M6C et
forment en faible proportion des carbures spécifiques Mo2C, VC. De plus, le molybdène
et le tungstène ont un effet de durcissement en solution solide de la matrice. La micro-
structure d'échantillons bruts de solidification a été illustrée au cours des chapitres
LESPONTES 345
précédents par plusieurs exemples figures 6-3-6, 6-3-7, 11-3-6 et 12-3-2. La structure
dendritique des grandes pièces moulées est assez grossière. De ce fait, les ségrégations de
solidification ne peuvent pas être effacées pendant le traitement thermique et le matériau
reste relativement hétérogène.
Le comportement mécanique propre du carbure est important. Un carbure fragile peut
amorcer un comportement catastrophique. En effet, le frottement abrasif entre deux
surfaces use davantage si les débris fragiles des carbures viennent renforcer l'effet de
l'abrasif. Le meilleur comportement coïncide avec les compositions eutectiques qui
présentent une bonne répartition de carbures [pe-861, [Yu02]. Les éléments d'addition
sont aussi choisis en fonction des carbures secondaires susceptibles de se former pour
renforcer la résistance à l'abrasion de la matrice @3ar72], [De-841. Comme il a été
(s
mentionné à propos des aciers à ouds 18-3), les carbures sont efficaces seulement s'ils
sont fermement enchâssés dans une matrice suffisamment dure et tenace. A cet effet, la
matrice doit garder une bonne trempabilité après précipitation, en évitant une teneur en
carbone trop élevée à cause de l'austénite résiduelle et en évitant également une teneur
trop basse pour laquelle la dureté intrinsèque de la martensite serait trop faible. Les fontes
au chrome et au vanadium présentent un bon compromis (fig. 6-3-7). Un traitement ther-
mique de déstabilisation vers 800 OC est nécessaire pour appauvrk l'austénite en carbone par
une précipitation de carbures secondaires et permettre ensuite la transformation complète
de la matrice en martensite.
Les fontes à très haute teneur en chrome, autour de 25-28 %, avec 1,5 % de molybdène
représentent une famille de matériaux résistants à l'abrasion, connue depuis la première
moitié du 2oèmesiècle. Un inconvénient est le coût du chrome. Enfin, les fontes avec plus
de 30 % de chrome ont une matrice ferritique peu durcie. Elle ont une bonne résistance à
la corrosion et une bonne ductilité. La forte teneur en carbone prévient la formation de
phase o à condition d'éviter l'utilisation en atmosphère oxydante au dessus de 500 OC.
21-3 Lesfontesgrises
Figure 21-3-1 :
Micrographie optique après attaque
nital de fonte grise à graphite en
rubans dit lamellaire. La matrice
s'est transformée au cours du refioi-
dissement lent en zones de ferrite
(contraste blanc) et en cellules de
perlite.
Document INPG Grenoble, Fr
Figure 21-3-2 :
Micrographie optique d'une fonte
hypoeutectique grise, la morpholo-
gie du graphite est dite vermicu-
laire.
Document CTIF: Paris, Fr
Ces fontes sont destinées à fabriquer des pièces coulées dans des moules, en conséquence
une bonne fluidité du liquide métallique est nécessaire pour assurer un remplissage correct
du moule. Or, une teneur en carbone proche de l'eutectique correspond à une température
de hqziidzi~basse et une fludité du liquide médiocre, d'où la limitation de cette teneur dans
une fourchette de 2,9 à 3,8 %.
La structure du graphite à l'échelle atomique apparaît feuilletée, constituée d'empilements
de plans hexagonaux perpendiculaires à l'axe c du cristal. Dans ces plans, chaque atome est
lié à ses trois voisins par des liaisons covalentes très fortes. Le quatrième électron de
valence est délocalisé, ce qui assure la cohésion avec les plans voisins et confère des
propriétés de conductivité électrique typiques du graphite. Les liaisons entre les couches
sont beaucoup plus lâches [AES93]. Cette anisotropie explique la croissance facettée. Les
couches perpendiculaires à l'axe c [O0011 se développent latéralement dans la direction
[IO 7 O]. Ces plans s'étalent librement et des marches à l'échelle atomique induisent la cour-
bure apparente des lamelles. L'action de certains éléments bloque la progression des plans
de croissance et favorise la formation de graphite plus massif ou de graphite vermiculaire.
LES FONTES
Figure 21-3-3 :
Micrographie optique d'un échan-
tillon d e fonte blanche après
traitement de malléabilisation. La
matrice est entièrementferritique et
le graphite se présente sous forme
d'îlots en contraste noir
Document CTII;:Paris, Fr
C pds % C pds %
Fe-C-Mn
O Io
M pds% (M=Si ou Mn)
C pds %
Figure 21-3-4 :
Système Fe-C-Si:
projections des surfaces liquidus calculées
A) du système Fe-Si-graphite ;
B) du système Fe-Si-cémentite ;
C) Système Fe-C-Mn :
projection de la surface liquidus calculée dans la conJiguration avec cérnentite et graphite, le point Us
correspond à une réaction pseudopéritectique L+graphite =M3C+yFe, d'après le présent calcul, les
coordonnées de Us sont 1141 OC, 4,39 % et 1,9 %Mn ;d'après la compilation de résultats expéri-
mentaux [Riv84], elles sont 1139 OC, 4,32 %C et 3,O %Mn
D) température le long de la ligne eutectique A) EsEts, B) EmEtm enfonction de la teneur en silicium
(tracé d'après les valeurs des références [Lac911 et [Mie98a]) et également EsUs en fonction de la
teneur en manganèse d'après la compilation de résultats expérimentaux [Riv84].
LES FONTES 349
les températures des équilibres eutectiques blanc et gris respectivement et, de ce fait, peut
inverser une tendance comme le montre l'analyse suivante.
Les fontes grises commerciales comportent souvent deux éléments d'alliage dont les rôles
sont antagonistes, le manganèse et le silicium. L'effet du silicium, élément graphitisant par
excellence, s'analyse à l'aide des surfaces liquidus des diagrammes de phases calculés dans le
cas du système Fe-Si-graphite (dit stable) et du système Fe-Si-cémentite (dit métastable)
(figures 21-3-4 A et B) [Lac91], jMie98aI. Les deux lignes monovariantes eutectiques ont
pour point de départ la composition de leur propre eutectique binaire et aboutissent à un
eutectique ternaire. Ce sont respectivement pour l'eutectique ylgraphite la ligne EsEts et,
pour l'eutectique y/Fe3C7 la ligne EmEtm. La courbe EsEts passe par un maximum
autour de 5 O/O de silicium mais cette dernière teneur n'est guère dépassée en pratique dans
le cas des fontes. Le silicium augmente donc la température de liquidas de l'eutectique
ylgraphite et d i m u e celle de l'eutectique y/Fe3C (fig. 21-3-4 C). Le fait que l'écart de tempé-
rature se creuse lorsque la teneur en silicium augmente, stabilise l'eutectique y/grapbite et le rend moins
dt$endant des conditions expétiwentales (fig. 2 1-3-4 D) . Inversement, le manganèse diminue
dans tous les cas la température du liquidus et favorise la formation de cémentite. La pente
de la ligne monovariante de la projection du liquidus du système Fe-C-Mn est faible (fig.
21-3-4 C) mais duninue l'écart par rapport à la configuration stable Fe-Si-graphite.
L'aluminium a un effet plus prononcé que le silicium pour augmenter la température de
liquidus de l'eutectique gris et peut être considéré comme graphitisant. Le nickel, le cuivre
et l'étain sont également connus pour leur rôle graphitisant.
Outre les considérations de températures d'équilibre, il faut tenir compte de la surfusion
de germination propre à chaque eutectique. La germination de la cémentite est difficile. En
supposant que des embryons de cémentite soient formés, un effet de ségrégation peut
inhiber leur développement. La cémentite n'admet pratiquement pas de silicium ni de
nickel, alors qu'elle admet une forte proportion de manganèse. Ainsi, le rejet d'éléments
génère une couche de soluté limitant les échanges. De ce fait, la formation de l'eutectique
blanc requiert une forte surfusion et des vitesses de refroidissement rapides.
La notion de carbone équivalent (CEV, Carbon Equivaht) est fréquemment utilisée pour
estimer si une fonte sera hypo ou hyper eutectique. Des relations purement empiriques
indiquent la teneur en carbone de l'eutectique gris en fonction des teneurs en silicium,
phosphore, manganèse et soufre par référence au diagramme binaire Fe-C pour lequel la
teneur de l'eutectique gris est 4'25 '/o. Une des relations usuelles est :
Céqi = C - 0,3 Si + 0,33 P - 0,027 Mn + 0,4 S (pourcentages pondéraux) (2 1-3-5)
Figure 21-3-6 :
A) Macrographie d'un arbre à cames d'un alliage Fe-3,4C-2Si- 1Mn-0,003Ni-0,16P-O,08s. La péri-
phérie a une structure colonnaire et elle est constituée de fonte blanche, le centre est une fonte grise
lamellaire, et une zone mixte est intermédiaire.
B) L'espacement ils des branches secondaires de dendrites a été mesuré enfonction de la distance à la
surface de la pièce. Le temps local de solidiJication correspondant 8s a été déterminé à partir de ils
(relation 5-5-3 dans laquelle B a été calibré expérimentalementpar instrumentation et solidzjication
dirigée, B =830 avec ils en pm et 0s en secondes), 0s varie de 0,6 à 20 s environ.
Document INPG Grenoble, Fr; et échantillon Renault
Figure 21-3-8 :
Micrographies électroniques d'une fonte hypoeutectique
de composition Fe-3,8C-3Si.
A) macrographi ;la périphérie est blanche et colon-
naire, le cœur est gris.
B) vue rapprochée de la périphéri :fines dendrites
d'austénite et eutectique blanc en plaquettes.
C) vue rapprochée à cœur :la structure est mixte avec
des dendrites (quelques branches ont été soulignées en
noir indiquées par la flèche), avec l'eutectique blanc ez
l'eutectique noir.
Document INPG, Grenoble, Fr ;échantillon Madylam,
CNRS.
Figure 21-3-9 :
Micrographie électronique d'un échantillon de boulet de canon ancien.
A) Zone mixte. Cellules d 'eutectiquegris entourées d'eutectique blanc.
B) Image àfort grossissement de 1 'eutectique blanc intercellulaire. Les diverses orientations des cel-
lules eutectiquespermettent d'observer la cémentite soit en larges plaquettes, soit en bâtonnets, en
fonction de l'angle de la section de polissage. Les zones grises intercellulaires sont 1 'eutectique ter-
naire y/Fe3C/Fe31?
Document INPGr: Grenoble ;échantillon musée océanographique de Monaco.
secondaires de l'ordre du micromètre et l'eutectique a une morphologie en fines plaquettes
sans branchement latéral. Le cœur comporte dans l'ordre chronologique de leur
formation : des dendrites primaires grossières transformées en perlite, l'eutectique gris et
l'eutectique blanc (fig. 21-3-8 C). Le graphite eutectique a une morphologie dégénérée de
graphite vermiculaire probablement due à la présence d'impuretés non déterminées. A
cœur, la structure eutectique grise occupe l'espace. La taille de la structure dendritique
témoigne d'une vitesse de croissance initialement grande en surface, qui d i m u e à mesure
que le front de solidification s'enfonce dans l'épaisseur de la pièce. Comme dans le cas
précédent, la transition blanc/gris est observée entre la périphérie et le cœur, et la transi-
tion gris/blanc à cœur.
Le troisième exemple est celui d'un boulet de canon ayant séjourné pendant plusieurs
siècles dans un navire coulé en Méditerranée. Les micrographies de la figure 21-3-9 révè-
lent la microstructure d'une zone interne du boulet après une attaque lente remarquable au
contact de l'eau de mer qui a dissout préférentiellement la ferrite et laissé inattaqués la
cémentite, le graphite et Fe$ La microstructure est mixte dans la partie centrale du boulet
(fig. 21-3-9 A). Les cellules d'eutectique gris se développent à partir d'un germe central
autour duquel rayonnent les lamelles. L'appellation deflakegraphite traduit bien la morpho-
logie du graphite en rubans courbés. Visiblement, les cellules d'eutectique gris se sont
développées en premier, librement, dans le bain liquide et ont été entourées par l'eutec-
tique blanc. Il s'agit dans ce cas de la transition gris/blanc. Entre les cellules grises, la léde-
burite est constituée aussi de cellules relativement grossières. La partie centrale de chaque
cellule est une grande plaquette de cémentite entourée d'une structure fibrée austé-
h~FONTES 353
nite/cémentite. Les zones grises entre les cellules sont l'eutectique ternaire Fe-Fe3C-Fe3P
traduisant une assez forte proportion de phosphore.
La structure grossière des cellules d'eutectique gris témoigne d'une vitesse de solidification
lente, habituelle pour une pièce massive moulée en sable. Les éléments d'alliage détectés
sont le silicium, le manganèse et le phosphore. Pendant la solidification de l'eutectique gris
le liquide s'appauvrit en silicium et s'enrichit en phosphore et manganèse, la composition
devient favorable à la formation de l'eutectique blanc y/Fe3C puis, en fin de solidification,
de l'eutectique ternaire y/Fe3C/Fe3P (voir effet de la composition g 5-6 et 21-4). Comme
le coefficient de partage du silicium entre l'eutectique gris et le liquide est plus grand que
un, il y a consommation du silicum etperte de l'effet stabihateu~
11. Si le coke (qui est chargé en soufre) n'avait pas été utilisé pour fondre le fer et si des minerais de
grande pureté avaient été employés, alors la fonte ductile aurait été reconnue comme la forme
normale du fer, avec la fonte à graphite lamellaire issue d'une découverte plus tardive résultant
d'une addition accidentelle de S et O. C'est ce qui semble proche de la situation en Chine où la
fonte à graphite nodulaire était produite il y a plus de 2000 ans.
LA MICROSTRUCTURE DES ACIERS ET DES FONTES
Figure 21-4-1 :
Micrographies électroniques de
nodules de graphite
A) fonte grise à graphite nodulaire
dont la matrice est partiellement
transformée en ferrite autour des
sphéroïdes, le reste étant la perlite,
en a un sphéroïde avec des grains
rayonnants.
Document INPG, Grenoble, Fr
ont pu être crées, comme des tuyaux de génie civil fabriqués par un procédé original qui
consiste à couler les tubes dans un moule centrifugé. Le métal liquide est projeté sur les
parois du moule et se solidifie avec sa forme définitive.
Plusieurs mécanismes de croissance des nodules sont proposés en fonction des observa-
tions [Mur86]. Le premier décrit le sphéroïde comme un faisceau compact de c6nes rayon-
nant autour d'un noyau commun (figures 21-4-1A et a). Les grains apparaissent rayonnant
à partir du centre sur la section médiane du sphéroïde. Chaque cône est une sorte d'hélice
se construisant autour d'une dislocation. Une second mécanisme propose la croissance
latérale de couches enveloppantes s'emboîtant comme les f e d e s d'un chou (fig. 21-4-1 B).
La morphologie du graphite dégénère lorsque l'alliage devient trop chargé en éléments
carburigènes ou que l'effet des éléments graphitisants s'épuise (fig. 21-4-1 C). Les nodules
se dissocient en arborescences formant des branches plus ou moins longues, une structure
très dégénérée avec un aspect échevelé de longs filaments, structure rejoignant la morpho-
logie lamellaire. Les empilements en strates du graphite sont toujours présents, ils sont
visibles sur l'image d'un branchement brisé (fig. 21-4-1 c). Le mécanisme de croissance à
l'échelle atomique n'est pas clair. L'observation de zones de carbone amorphe a suscité
l'hypothèse d'un mécanisme en deux temps : dépôt de carbone amorphe, puis cristallisa-
tion Fur851.
Figure 21-4-2 :
Micrographie électronique de
l'alliage brut de solidification
Fe-2,38C-2,6Si-0,9Mn-20Ni-2Cr En
contraste noir le graphite sphéroï-
dal, en contraste gris foncé le car-
bure M7C3.
Document INPG Grenoble, Fr
En résumé, la subtile combinaison des éléments d'alliage sert à équilibrer les trois actions
de désoxydation, grdphitisation etgermination.
Les éléments classiques des fontes nodulaires sont C, Si, S, P et Mn. Le carbone équivalent
est plus élevé et la teneur en soufre plus faible que dans les fontes grises ordinaires. Deux
familles sont à distinguer : les fontes grises peu alliées dont la structure finale dépend
essentiellement du traitement thermique et les fontes alliées, pour des emplois spécifiques.
La teneur en silicium des fontes ordinaires peut aller de 1,8 jusqu'à 6 O/O quand une bonne
résistance à l'oxydation est souhaitée. Plusieurs phénomènes imposent des limitations : par
exemple, des teneurs hautes en silicium et en carbone induisent la flottation des sphé-
roïdes, un bas carbone provoque un retrait à la solidification, un bas silicium la formation
de carbures. Du fait de l'absence de soufre, le manganèse n'est pas transformé en MnS. Il
joue pleinement son rôle d'élément d'alliage durcissant de la matrice et stabilisateur de la
perlite ; toutefois, au delà de 0,7 % l'effet carburigène doit être pris en compte. Enfin, les
éléments d'addition agissent sur les transformations en phase solide (voir plus loin).
Les fontes ductiles alliées comportent beaucoup de silicium (5 à 7 Yo), élément graphtisant
par excellence et aussi une forte teneur de nickel (jusqu'à 23 O/o), (tableau 21-1-1). Le sdi-
cium impose une structure ferritique et le nickel une structure austénitique. Les fontes au
nickel ont des performances excellentes dans divers domaines : résistance à la corrosion,
résistance à l'oxydation à chaud, résistance à l'érosion, une bonne coulabilité, une bonne
usinabdité et elles ne sont pas magnétiques. La microstructure est mixte avec des nodules
aux formes déchiquetées et des plages eutectiques interdendritiques y/M7C3 (fig. 21-4-2).
Les fontes au nickel sont destinées à la fabrication de pièces devant résister à des surpres-
sions et dans une large gamme de températures (-196 à +5OO OC) [AES93].
Figure 21-4-3 :
Schéma de la formation des nodules
de graphite.
A) Diagramme de phases schémati-
que. Pour une surfusion donnée, les
concentrations interfaciales sont
lues sur les prolongements métasta-
bles des lignes d'équilibre.
B) Profil de concentration en car-
bone autour du nodule.
Figure 21-4-4 :
Formation des halos de ferrite
autour des nodules de graphite.
A) Diagramme de phases schémati-
que. A une température donnée cor-
respondent des valeurs d'équilibres
métastables aux interfaces.
B) Profil de concentration en car-
bone autour du nodule.
Figure 21-4-5 :
Système Fe-S-graphite, isoplète calculée
pour une teneur en silicium de 4 %.
algraphite
Figure 21-4-6 :
Micrographie optique après attaque
nital d'une fonte
Fe-3,7C-2,5Si-0,5Mn-1Cu.
L'échantillon a subi un cycle d'ATD
refroidissement à 10 OC/min entre
950 OC et la température ambiante.
A cause du refroidissement assez
rapide, les halos de ferrite sont peu
larges et la matrice est perlitique.
Document INPT Toulouse, Fr
Figure 21-4- 7 :
Micrographies électroniques d'un échantillon de fonte ferritique nodulaire dont le bord a été forte-
ment grenaillé. Un test de ténacité a été effectué.
A) partie proche du bord; B) zone centrale.
Document INPG Grenoble, FK échantillonprotoqpe Renault,
360 LA MICROSTRUCTURE DES ACIERS ET DES FONTES
Figure 21-4-8 :
Représentation des traitements ther- - - - Ferrite
.......m..
Perlite
avec une morphologie en lattes ou sortes de lentilles distribuées dans des plans préféren-
tiels donnant une structure de type Widmanstatten (voir fig. 12-3-5 et g 12-3). Cette struc-
ture est parfois appelée (à tort semble-t-il) bainite à cause de la similitude morphologique,
mais compte tenu de la forte teneur en silicium, il ne se forme pas une véritable bainite avec
des carbures [Sch75], [Bha92], [AES93]. La teneur en manganèse est limitée autour de 0,5 %
car aux teneurs supérieures, cet élément favorise la transformation de la matrice en ferrite
et carbures, ce qui n'est pas souhaité. Les autres éléments Cu, Mo, Ni ont une influence
sur la cinétique de transformation [Cis99].
La température d'austénitisation et la durée de maintien ont une influence sur la teneur en
carbone dissous avant la transformation. L'augmentation de la teneur en carbone de
l'austénite provoque un changement de morphologie ; au lieu de la ferrite de Widmans-
tatten (comparable à la bainite supérieure), il se forme une ferrite lenticulaire, disloquée
(comparable à la bainite inférieure) dans laquelle le carbone se partage entre l'austénite
résiduelle et la ferrite. Une température d'austénitisation trop élevée induit la présence
d7austénite résiduelle sous la forme de fines plages interlattes et sous la forme de blocs
massifs. Ces derniers ont tendance à fragiliser l'ensemble en se transformant en martensite
(fig. 21-4-9) [Liu9'-/1.Une température trop élevée peut également provoquer une fragilisa-
tion des joints de grains où le phosphore apparaît habituellement combiné avec le magné-
sium (peut être Mg3P2). Lorsque le composé est redissous au dessus de 1050 OC, le
phosphore libre s'étale aux joints austénitiques avec pour conséquence une chute de la
ténacité.
Les fontes martensitiques
Les fontes martensitiques sont utilisées après revenu. Pour obtenir la formation de
martensite, la température d'austénitisation doit être basse pour limiter la teneur en
carbone dissous avec une température Ms suffisamment haute pour éviter un excès
LA MICROSTRUCTURE DES ACIERS ET DES FONTES
Figure 21-4-9 :
Micrographie électronique d'une
fonte nodulaire ayant subi une
trempe étagée
Gros plan sur une zone dausténite
résiduelle retransformée partielle-
ment en martensite.
Document Ecole des Mines de
Nancy, Fr et IWT Bremen, Ail.,
Adapté d'après [Sch99], [Liu971
Figure 21-4-1O :
Micrographie électronique d'une
fonte n o d u l a i r e d ' u n a l l i a g e
Fe-C-Si-Mn après un traitement de
trempe étagée. Une zone d'environ
100 Fm, indiquéepar laflèche blan-
che, a été écrouie par un fort gre-
naillage. Lausténite résiduelle (pla-
ges plus claires entre les zones de
lattes) a été transformée en marten-
site dans cette zone.
Document INPG Grenoble, Fr,
échantillonprototype Renault
d'austénite résiduelle.
Une martensite mécaniq~epeut être formée à partir d'une fonte grise à trempe étagée, par un
grenaillage intensif qui transforme l'austénite résiduelle en martensite dans la zone de
surface affectée (fig. 21-4-10). Le grenadlage consiste à déformer plastiquement la surface
du matériau par projection à grande vitesse de petites billes d'acier, de fonte ou de verre
pour augmenter la tenue en fatigue ou à la corrosion sous tension en créant des
contraintes résiduelles. Le grenaillage en tant que traitement superficiel ne doit pas être
confondu avec les traitements moins agressifs de nettoyage ou de sablage des pièces.
Annexes
Relations empiriques permettant de déterminer les équivalents chrome et nickel. * En cas de présence de
titane ou de niobium dans les aciers austénitiques stabilisés, il faut prendre en compte le fait qu'une partie de
ces éléments est combinée à haute température sous forme de carbures ou carbonitnires.
LA MICROSTRUCTURE DES ACIERS ET DES FONTES
Les longueurs de diffusion ( l = f i t ) ont été calculées à 910°C, à partir de données de difision dans le
fer. Pour N, C, Mn et Ni les données proviennent de la référence [Les891 pour Cr, Mo et W, de [Alb74] et
pour Co de [Hon95] avec la formule D=Do.exp(-QRT). Pour la diffusion du cuivre dans la ferrite, citons la
référence [Wri6O] qui permet une comparaison dans une gamme de température légèrement inférieure.
soluté D~ (m2s-l) Energie d'activation Q longueurs de difision
Facteur de fréquence (k~mol-l) pour 1 h à 910 OC (pm)
dans a dans y dans a dans y dans a dans y
Elément SS Divers
S L Solubilité très limitée même à haute température, ségrège et forme des eutectiques qui
abaissent le point de fusion sauf avec le manganèse
Améliore l'usinabilité
Détériore la résistance à la corrosion
Sn Ségrégation intergranulaire qui induit une fragilité au revenu
Sb et As Fragilisent les soudures
B L Effet marqué de durcissement à très faibles teneurs (0,001-0,003 pds %)
Inhibe le précipitation de ferrite aux joints de grains
Améliore fortement la trempabilité
Retarde la restauration
Si S A faible teneur (0,2-0,35%) presque toujours présent dans les aciers ; les effets sont
alors considérés comme insignifiants
Augmente la résistance à la corrosion à haute température
Forme des composés intermétalliques et stabilise la phase o
Diminue la ductilité
Détériore la soudabilité
Améliore la trempabilité
Empêche la formation de carbures bainitiques
Graphitisant
V M Forme des carbures et carbonitrures type MC dont la solubilité est faible.
Forme des composés intermétalliques dont la redoutée phase o
La température d'austénitisation doit être plus élevée à cause de la présence de
carbures secondaires
Améliore la trempabilité et génère un durcissement secondaire
Renforce la ferrite par précipitation à basse température
W TS Forme des carbures dont W3Fe3C,WC
Forme des composés intermétalliques et stabilise la phase o
Améliore la trempabilité
Allonge le délai avant restauration
Génère un durcissement secondaire
Ti L Forment des carbures et carbonitrures type MC dont la solubilité est très faible
Nb Neutralisent une partie du carbone ou de l'azote à haute température pour donner des
Ta aciers à taux d'interstitiels très bas (aciers inoxydables plus résistants à la corrosion
Zr localisée dits stabilisés)
Les carbures affinent le grain de solidification mais peuvent être fragilisants
La température d'austénitisation doit être plus élevée en présence de carbures
Diminuent fortement le taux de carbone de l'austénite donc élèvent Ms
Génèrent un durcissement secondaire par revenu de la martensite
Allongent le délai avant restauration
Renforcent la ferrite par précipitation interphase à basse température
Y L Améliorent la résistance à la corrosion à haute température notamment en conditions
Ce cycliques (effet bénéfique sur l'adhérence des couches d'oxydes)
La Modifient la forgeabilité (améliorent à faible teneur, dégradent à forte teneur)
Forment des oxydes durcissants (renforcement par Y203 en métallurgie des poudres)
LA MICROSTRUCTURE DES ACIERS ET DES FONTES
22-8 Dureté
Valeurs indicatives de la microdurelé Vickers de phases homogènes. La gamme de valeurs dépend de deux
effets pour les carbures : une stoechiométrie large pour le carbone (VC, NbC) et une anisotropie de proprié-
tés suivant le plan de coupe considéré (Fe$, le diamant). Dans le cas de la martensite, la dureté augmente
avec la teneur en carbone. Pour l'austénite et la ferrite, la valeur la plus élevée de la fourchette prend en
compte la présence éventuelle d'éléments en solution solide.
Classement des références d'ouvrages
La littérature à propos des aciers est colossale compte tenu de l'ancienneté et de l'intérêt
pratique du sujet. La bibliographie sur les aciers doit prendre en compte les articles dans
les revues internationales, mais aussi de nombreux livres spécialisés à caractère appliqué et
des ouvrages à caractère encyclopédique. Les actes de congrès récents constituent les
recueils les plus actualisés sur un sujet donné. Les références utilisées dans le présent
travail ont des poids divers ; aussi afin de distinguer certains ouvrages généraux essentiels
qui ne peuvent être constamment cités, il est indiqué par un code simple dans quelle caté-
gorie peut être classée chaque référence.
MG Métallurgie générale classique
SpF Ouvrages spécialisés à caractère fondamental
SpA Ouvrages spécialisés à caractère appliqué
E Ouvrages à caractère encyclopédique
DB Banques de données
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