Les Alphabets
Les Alphabets
Pour écrire tous les mots d’une langue sans avoir à apprendre des
milliers de dessins ou de symboles, il est en effet plus simple et plus
rapide d’utiliser des signes permettant de noter les sons de la
langue.
Les premiers à pousser cette logique jusqu’au bout sont les habitants
d’Ougarit, en Syrie, qui inventent vers 1500 avant J.-C. un système
de 30 signes permettant de noter toutes leurs consonnes ; mais il faut
attendre l’invention de l’alphabet phénicien (22 consonnes) vers
1100 avant J.-C., à Byblos (actuel Liban), pour que l’écriture
alphabétique permette enfin de tout écrire, sans plus recourir aux
symboles cunéiformes.
LA BRANCHE ARAMÉENNE
L’alphabet araméen, qui a aujourd’hui disparu, est à l’origine de
l’alphabet hébreu (apparu vers 300 avant J.-C.) et de l’alphabet
arabe (apparu vers 500 après J.-C.).
Les Araméens (parmi lesquels les Hébreux) sont un peuple nomade qui
s’installe lentement dans les empires assyrien et perse entre 1000 et
300 avant J.-C. Leur langue se répand dans toute la région, et leur
écriture remplace peu à peu l’écriture cunéiforme assyrienne, alors en
usage.
L’alphabet hébreu
Les premiers Hébreux adoptent un système d’écriture dérivé
directement de l’alphabet phénicien. Leur écriture évolue au contact de
l’écriture araméenne vers l’alphabet aux formes carrées qui est toujours
le leur et qui sert à noter les premiers textes de la Bible.
L’alphabet arabe
Dans le royaume nabatéen (actuelles Jordanie et Syrie), l’écriture
nabatéenne de l’araméen donne naissance à l’alphabet arabe. L’écriture
arabe se fixe au VIIe siècle, notamment grâce à l’écriture du Coran.
Elle se développe rapidement (littérature, calligraphie), avant de se
répandre en Afrique, en Europe et en Asie.
Les premiers textes écrits en brahmi qui nous sont parvenus datent du
e
III siècle avant J.-C. L’écriture est probablement plus ancienne. C’est de
l’écriture brahmi que dérive le devanagari, qui permettait de noter le
sanskrit.
LA BRANCHE GRECQUE
Descendant direct, comme l’araméen, de l’écriture des Phéniciens,
l’alphabet grec est notamment à l’origine de l’alphabet étrusque
(IIIe siècle avant J.-C.), ainsi que de la plupart des alphabets d’Europe
centrale et du Nord.
L’alphabet grec
Le peuple des Hellènes (les anciens Grecs) s’installe dans le sud de la
péninsule des Balkans et sur les îles de la mer Egée au début du
Ier millénaire avant J.-C. Ils imposent leur langue dans toute la région et
empruntent leur écriture aux Phéniciens. Les conquêtes d’Alexandre le
Grand permettent ensuite au grec de conquérir le bassin
méditerranéen.
L’écriture grecque est empruntée par les Égyptiens au IIIe siècle avant J.-
C. pour former, avec quelques caractères issus des hiéroglyphes, le
copte. Par la suite, la postérité du grec est intimement liée à la
diffusion du christianisme : naissance de l’alphabet gotique au
e
VIsiècle après J.-C., de l’alphabet arménien au siècle suivant, et enfin
de l’alphabet cyrillique au IXe siècle.
La plupart des syllabes des mots des langues sémitiques (comme le phénicien, l'hébreu ou
l'arabe) sont constituées de plusieurs (au moins deux ou trois) consonnes accolées.
Dans ces conditions, les voyelles, qui servent à passer d'une syllabe à l'autre, ne sont pas très
importantes. C'est la raison pour laquelle les Phéniciens, en mettant au point leur alphabet,
n'avaient pas introduit de voyelles.
Les Grecs, lorsqu'ils s'inspirent de l'alphabet phénicien pour bâtir leur propre alphabet,
empruntent la consonne aleph (qu'ils n'utilisent pas) pour créer une voyelle, leur alpha. Le grec
est en effet une langue indo-européenne, dont les syllabes ne sont pas constituées de plusieurs
consonnes accolées, mais plutôt, la plupart du temps, d'une consonne et d'une voyelle. Ils
inventent ensuite les voyelles epsilon, omikron et upsilon, puis par la suite les voyelles iota et
omega.
L’alphabet étrusque
Au VIIIe siècle avant J.-C. les Étrusques, peuple d’Italie, s’inspirent à leur
tour de l’alphabet grec. L’alphabet étrusque comprend 26 lettres dans
sa forme primitive et 20 dans sa version ultime. Lorsque les Étrusques
sont soumis par les Romains, ils leur lèguent leur écriture, dont dérive
l’alphabet latin.
L’ALPHABET LATIN
Dans la région d’Italie appelée l’Étrurie, les Étrusques transmettent aux
Romains leur écriture : le premier alphabet latin naît dès le VIIe siècle
avant J.-C., empruntant la plupart de ses lettres à l’alphabet étrusque,
ainsi que le Y (upsilon) et le Z (zêta) à l’alphabet grec.
L’alphabet latin se fixe au IVe siècle, avant de conquérir l’Europe, au
rythme de sa romanisation (sa conquête par les Romains). Utilisé pour
noter des langues toujours plus nombreuses, il s’enrichit d’abord des
lettres grecques K (kappa) et X (xi), puis des lettres J (variante du I), V
(variante du U) et enfin du W, emprunté aux langues germaniques.
→ 20 consonnes : b, c, d, f, g, h, j, k, l, m, n, p, q, r, s, t, v, w, x, z
→ 6 voyelles : a, e, i, o, u, y