Platon (Z) OC. Oeuvres Completes (GRK-FR) BB (V. Bude. 1965) (V. 4.3 - Fedro) (T. Robin)
Platon (Z) OC. Oeuvres Completes (GRK-FR) BB (V. Bude. 1965) (V. 4.3 - Fedro) (T. Robin)
Platon (Z) OC. Oeuvres Completes (GRK-FR) BB (V. Bude. 1965) (V. 4.3 - Fedro) (T. Robin)
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THE UNIVERSITY
S
I
OF ILLINOIS
LIBRARY
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stamped below.
the University
Theft, mutilation, and underlining of books are reasons for disciplinary action and may resuit dismissal from
L161 Q-1096
PLATON
OEUVRES COMPLTES
TOME
IV
3*
PARTIE
//
t tir de cet
ouvrage
presse
de
200.
COLLECTION
publie sous
le
DES
UNIVERSITS DE FRANCE
GUILLAUME BUD
patronage de rASSOClATION
PLATON
OEUVRES COMPLTES
TOME
IV
PARTIE
PHDRE
m
Lon ROBIN
Professeur la Sorbonne.
PARIS
SOCIT D'DITION
q5,
LES BELLES LETTRES boulevard raspail
ig33
Tous droits rservs.
Conformment aux
Bud,
ce
statuts de l'Association
t
Guillaume
volume a
d'en faire la revision et d'en surveiller la correction en collaboration avec M. Lon Robin.
PHDRE
844287
NOTICE
LE PHDRE
Entre le Banquet et le Phdre la rclal * on est une ^ e ce ^ es < U ' nous son t I e I te Phdre dans tous les deux en plus familires il est parl de l'amour et ce sont eux qu'on utilise pour
:
et
effet
comprise,
cielle.
dfinir la conception que s'en fait Platon. Toutefois, ainsi la relation n'est peut-tre qu'extrieure et superfi-
Sans doute
n'est-il
;
le sujet
du Banquet
pas faux de dire que l'amour est mais c'est une question, comme on le de savoir s'il en' est pareillement du
propos
mme
du premier, on
avait
pu
demander (Notice
autre
p. xcn, n. i) s'il ne s'y cachait pas une intention, celle d'opposer, sur ce thme, le point de
la Philosophie celui des Sophistes et des Rhteurs. Cette intention se dvoile et prend corps dans le second dia-
vue de
logue,
n'tre
o dcidment le problme de l'amour semble bien pour Platon qu'une occasion de dire comment il conoit la culture et l'enseignement, d'une faon qui contraste vivement avec l'ide qu'on s'en faisait dans les coles de rhtorique. Il en rsulte d'ailleurs, ainsi qu'on essaiera de le montrer plus tard (Notice, p. cxxxv sqq.), un approfondissement et un largissement de la conception mme de l'amour par la ncessit, ouvertement reconnue, d'y introduire une thorie de l'me. Il est possible aussi que, dans le Banquet, cette ncessit ft dj entrevue, si vraiment la connaissance de l'me humaine est, comme je l'ai pens
ii
PHDRE
1
(p. 92, n.
et Notice, p. vu),
la
au
mme homme
En
d'exceller
galement dans
comique. l'infirmit de
l'art
l'art de la parole, en gnral et tel qu'il est c'est constitu, prsentement justement l'ignorance o il est du rapport de ses moyens d'action avec la nature vraie des
mes humaines.
Authenticit
GZ
la
CL3.Z&
(iP
composition.
L'authenticit du Phdre n'a pas plus besoin d tre d iscute que ce u e du Ban , ( uet st E,,e l garantie, d'abord par
.
plusieurs rfrences aristotliciennes, soit avec le titre seul, soit avec le nom seul de Platon 1
ensuite parla tradition unanime de l'Antiquit. La question dlicate, c'est de savoir quelle poque Platon l'a crit. Il
y a dans ce dialogue une telle allgresse de vie, une si grande fracheur de jeunesse qu'on a pendant longtemps ajout foi
une allgation rapporte par quelques crivains anciens i d'poque tardive que le Phdre serait le premier ouvrage de Platon, antrieur mme, disent certains, la mort de Socrate et datant de sa vingt-cinquime anne environ. Celte opinion, la vrit, avait rencontr des adversaires mais ce sont les travaux des Stvlisticiens qui l'ont le plus fortement branle. On ne peut dire cependant qu'ils lui aient port le coup de grce et qu'il y ait rien d'entirement dcisif dans les rsultats auxquels a conduit la comparaison de la langue du Phdre avec celle de dialogues que leur parent
,
eux-mmes comme
1. Pour le premier cas: Rhet. III 7 fin ( propos de l'emploi Top. VI 3, ironique de la langue de la posie). Pour le second ces textes, les i4o b 3 sq. ; Metaph. 6, 1071 b, 3i-33, 37 sq. seuls que mentionne Bonitz (Index 598 b, 25 sqq.), il faut sans doute
:
ajouter deux autres passages, qui semblent viser le Phdre mais o Platon n'est mme pas nomm Phys. VIII 9, 265 b, 3 2-266 a, 1 et De an. I 2, 4o/i a, 20-25.
:
p. 9,
Diogne Larce III 38; Hermias, Commentaire du Phdre 1 4- 9 Couvreur; Olympiodore (le Jeune) Vie de Platon (vol. VI du Platon d'Hermann, p. 192 s. med.), tmoignage qui se confond
2.
(Hermann
p.
262), d'aprs
le
commen-
Premier Alcibiade; car la 1 je de Platon est elle-mme extraite de ce commentaire (cf. l'd. de ce commentaire par Creusur
le
zer
II, p.
NOTICE
tardifs
:
une
statistique
de mconnatre les altrations apportes dans la prose du second discours de Socrate par le seul parti-pris potique qui le domine d'un bout l'autre. Encore moins dterminantes pour renoncer voir dans le Phdre une uvre de jeunesse seraient d'ailleurs les raisons tires des rapports on verra plus tard personnels entre Platon et Isocrate combien elles sont fragiles (p. clxxii sqq.). Une discussion aussi me contensur ce point entranerait donc (ort loin sur de indications la terai-je quelques position que me semble avoir le Phdre dans l'uvre de Platon. Tout compte
risque en
effet
:
prtendue objectivit sur des matires historiquement aux vraisemobscures n'est, je crois, qu'une chimre blances qu'on a pu obtenir s'en opposent d'autres, et l'attirail
fait, la
si
:
de dates dont chacun taie sa conviction est un trompe-l'il. Aussi m'appuierai-je uniquement sur l'analyse interne et sur
des considrations relatives au contenu
subjectivit pour subjectivit, celle-ci se reconnat au moins pour telle. En premier lieu, je crois le Phdre postrieur au Banquet.
:
on comprendrait mal que, dans un dialogue spcialement consacr l'amour, Platon en et dpouill la thorie de dveloppements qui, sans la modifier, lui donnent
Si c'tait l'inverse,
cependant toute sa porte. D'autre part, supposer que Platon et dj crit cet entretien de Socrate avec Phdre sur l'amour et propos d'un rticos de Lysias, aurait-il prsent dans le Banquet comme il l'a fait (177 a sqq.) les plaintes de Phdre sur la ngligence des auteurs l'gard d'un tel sujet? On pensera bien plutt que, en donnant ici
pour interlocuteur Socrate Phdre, et non pas un autre, il s'est souvenu des il plaintes dont il s'agit y aurait donc l un renvoi implicite au Banquet. Il y en a d'ailleurs d'autres et qui sont plus manifestes Phdre est celui des hommes de
: :
son temps, exception faite pour Simmias le Thbain, qui a fait se produire le plus de discours (242 ab) et, ce titre, il mrite d'tre appel le pre de beaux enfants (261 a) 2
.
1.
On
la
trouvera dans
"
ma
p.
63-109. ^oi 1 UD* excellente mise au point de A. Dis Autour de Platon, p. a5o-a55.
2.
question dans
Cf.
tation
que
Banquet, Notice, p. xvn et, ici, p. 27 n. 2. L'interprdonne de xaXXi^ai? n'est qu'une de celles que propose j'ai
iv
PHDRE
.
Enfin nombre de passages du Phdre ne prennent, je crois, tout leur sens que si on les rapproche du Banquel 1 Mais une deuxime question se pose aussitt le Phdre est-il immdiatement conscutif au Banquet P C'est ce que suppose le plan de cette dition de l'uvre de Platon (vol. I, p. i3), en mettant le Phdre entre le Banquet et la Rpublique. Mais on a eu soin d'ajouter que la chronologie sur sur une question laquelle se fonde ce plan est conjecturale aussi controverse que celle de la place du Phdre la sagesse tait donc de prendre un parti moyen et, d'autre part, de ne pas le sparer d'un dialogue dont le sujet est voisin. Il n'en reste pas moins que l'antriorit du Phdre par rapport la Rpublique n'est nullement hors de question. Mon sentiment personnel est qu'au contraire il lui est postrieur. D'abord il est psychologiquement peu vraisemblable que, aussitt aprs le Banquet, Platon ait senti le besoin d'en largir la doctrine pour tracer une image, ingalement pousse sans doute, de la culture philosophique dans son ensemble et pour l'opposer la culture rhtorique un temps de mditation semble ncessaire. Cet intervalle assurment pourrait avoir t vide de tout crit. Si en revanche il existe un ouvrage sans lequel le Phdre serait souvent inintelligible, c'est dans l'intervalle qu'il faudra placer celui-l. Or, c'est ce que je voudrais
: :
:
maintenant
condition
crit
et,
tablir, la Rpublique satisfait justement cette par consquent, le livre I tant suppos dj
depuis longtemps, la composition de ce grand dialogue, en un seul ou en plusieurs moments, me parait avoir assez abondamment rempli cet intervalle pour donner l'largissement dont je parlais le temps de se prparer. Ceci se vrifiera peu peu par la suite. Ds prsent je dirai que le mythe de l'attelage ail serait difficilement intelligible si la tripartition de l'me, au livre IV de la Rpublique, ne permettait de l'interprter admet-on que le mythe a prcd
;
Hermias (323, 17
Quaest. platon. II
la n.
1.
sq.),
1,
c'est
1 de la p. 3. Voir p. ii n. 1 fin p. 18 n. 3 ; p. 19 n. 1 ; p. 22 n. 1 p. a3 n. 3 ; p. a5 n. 1 ; p. 28 n. 3 p. 02 n. 1,2 p. 46 n. 3 p. A7 n. 1 et 4 p. 68 ni 1 p. 96 n. 1. Cf. aussi Notice p- 53 n. 1 fin p. lxix sq., les notes de p. lxxii, p. civ n. 2, cxxix etc.
; ; ; ;
; ;
NOTICE
l'explication ? On devra nier alors le caractre de nouveaut que, selon moi, Platon a incontestablement attribu cette explication (cf. p. cxvn sqg.). Sur le problme de l'immortalit de l'me, il y a dans la Rpublique des tmoignages visibles d'embarras (cf. p. cxxv) ne seraient-ils pas fort tranges
;
aprs la dmonstration du Phdre, puisque celle-ci est conserve par Platon la fin de sa carrire, quand il achve les
Lois(X. 8g4 e-8g5 c,
896 ab)
L'eschatologie
du Phdre
serait,
sur certains
similaire
l'eschatologie
du livre X de la Rpublique, notamment la combinaison du choix avec le tirage au sort pour les mes qui vont commencer une nouvelle existence terrestre (249 b) de
;
mme, dans
cf.
la hirarchie
p. xc).
Enfin
il
ne
me
supra-cleste
du Phdre ne
parait pas douteux que le lieu soit rien d'autre qu'un doublet
'
mythique du lieu intelligible de la Rpublique (VI 5o8 VII 517 b), et il n'y a d'autre diffrence, de la bc, 5og d Rpublique au Phdre, pour la situation dans laquelle est ce lieu par rapport au ciel astronomique, qu'une plus grande prcision et une affinit plus marque avec la psycho-astrologie du Time et des Lois.
;
C'est qu'en effet le Phdre prsente de remarquables ressemblances avec les dialogues de la dernire priode. Je laisse de ct le point de vue stylistique et je reconnais quel ils diffrent dans la forme littraire mais il y a des point ressemblances de fond sur lesquelles il est impossible de fermer les yeux. N'est-ce pas tout d'abord un fait significatif que l'aspect, vraiment nouveau en dpit de certaines anticipations de la Rpublique, que prend dans le Phdre la dialectique avec l'importance prpondrante de la mthode de division,
;
soit
prcisment celui que dveloppent avec prdilection le Sophiste et le Politique, celui sur le sens profond duquel le Philbe (16 c-e) insiste avec tant de force (cf. p. cliv sqq.) ? En affirmant la supriorit de la dialectique, sous le rapport
il y a le plus d'exactitude, ce dernier dialogue prcise d'ailleurs, non sans solennit, que la rhtorique est cet gard compltement
1.
Contrairement
ce
que
j'ai
dans
la
Thorie pla-
vi
PHDRE
Phdre que
les
Bien plus, c'est de cette mthode Lois (XII 966 a et cf. p. clvii) exigent une parfaite possession chez les magistrats du Conseil Nocturne. On aura dans la suite plusieurs occasions particuhors de cause (58 a-d).
mme du
de rapprocher Phdre et Philbe (p. 59 n. 1, p. 61 n. 2, 87 n. 1). De son ct le Politique clairera, lui aussi, certains points obscurs (p. cxv) tout ce qui y est dit des caractres de l'art (283 c-287 b) dveloppe des indications, encore imprcises, du Phdre sur le mme sujet. Quant au Time, il est difficile d'en exposer la doctrine sur l'me sans se rfrer constamment au Phdre, et la rciproque, on le verra, n'est pas moins vraie. Au surplus, quand le Phdre affirme solennellement (269 e-270 c) qu'il n'y a pas de vraie rhtotoriquc capable d'agir sur les mes, non plus que de vraie mdecine capable d'agir sur les corps, sans la connaissance de la relation qui unit au Tout l'me aussi bien que le corps, n'y a-t-il pas l comme une annonce du Time? Le dialecticien philosopbe qui la rhtorique empirique veut en substituer une autre, telle qu'elle soit un art ducateur fond sur la science, devra donc pralablement connatre la Nature; or cette exigence est celle laquelle rpond le Time. Enfin nous avons vu tout l'heure comment le livre X des Lois ne retient qu'une seule preuve de l'immortalit, qui est justement celle du Phdre. Tant de points de contact entre notre dialogue et ceux de la vieillesse conduisent donc penser que, postrieur au Banquet et la Rpublique c'est de ceux-l
lires
p.
: ,
d'autre part qu'il est le plus voisin'. Schleiermacher avait cru trouver dans le Phdre
le
protrac
gramme de
programme
dans l'enthousiasme d'une jeunesse inspire; chaque dialogue venait son tour dvelopper un des points de ce programme. L'invraisemblance psychologique d'une telle conception suffirait la condamner. Cependant il n'tait pas faux de c'est regarder le Phdre comme un raccourci de l'ensemble
:
qu'en
1.
effet le
notamment
ancienne
Je
dois
de
mon
conjecture (op. cit., p. ii4-ii8): je n'oserais plus aujourd'hui considrer tout ce qui, dans le Phdre, s'apparente la doctrine des derniers dialogues ou, tout au moins, du Time, comme un rappel sommaire de ce qui a t tabli dans ceux-ci.
NOTICE
du Phdon, du Banquet
temps
il
vu
eher a t de s'imaginer une telle anticipation figeant, pour cinquante ans au moins, la pense de Platon dans un moule
prfigur.
naux que
les dveloppements mthodologiques ou doctriPhdre anticipe sont au contraire tout proches, et le programme ou le plan qu'il en trace est pour tre ralis dans la dizaine d'annes qui suit. En plaant ainsi le Phdre
le
Or
aprs le Banquet et la Rpublique, je suis amen le rapprocher du Thtte ce sont des dialogues du mme type et qui
:
semblent devoir se situer peu prs de mme, tant par rapport aux dialogues de la maturit qu' ceux de la vieillesse. Le Thtte est d'un charme exquis dans le mouvement du dialogue et dans la faon dont il s'engage s'il est, comme on le pense assez gnralement, un peu postrieur 36q, il
;
atteste chez
un homme qui
de
une
la
merveilleuse intensit
un
irrsistible entrain
de
pense
d'une polmique serre, pressante non sans causticit, on y trouve une mditation, vibranted'enthoupiasme, sur ce modle divin qu'il faut s'efforcer d'imiter, une imprcation vengeresse contre le modle humain loin duquel on doit s'carter. Du Phdre ou du Thtte, lequel placerat-on le premier? En faveur de l'une ou l'autre solution on ne prsumerait rien que de fragile. Ce qui importe surtout d'ailleurs, c'est de souligner la signification du rapprochement conjectur. Dans le Thtte, Platon suppose la rencontre de Socrate jeune avec le vieux Parmnide et avec Zenon (i83 e) fiction sur laquelle est construit le Parmnide. Que celui-ci soit ou non antrieur au Thtte, tout le moins y a-t-il dans ce dernier (180 d-181 b, 84 a) une intention dclare de disjoindre l'Llatisme de toutes les autres doctrines philosophiques pour en faire l'objet d'un examen spcial il y a mme l'annonce d'un essai de synthse, qui se fera autant aux dpens de l'Elatisme que de ce qui s'y oppose. Or c'est ce qui sera ralis par le Sophiste et, pour autant qu'il dfinit les rapports de l'Un et du Multiple, par le Philbe. De plus, en distinguant comme il le fait sensation et science, le Thtte dtermine, au moins ngativement, quelles conditions il peut exister un vrai savoir concernant les phnomnes de la nature, objets de la sensation ainsi il serait comme une prface pistmologique au Time. Enfin, si les difficults du problme
;
ct
vin
PHDRE
de l'erreur sont mise.? en pleine lumire par le Thtte, c'est au Sophiste qu'il appartiendra de fournir la solution. De son ct, en montrant que l'amour est dans l'me le lien
du sensible avec l'intelligible, que ce ne sont pas l deux mondes qui se nient mutuellement, le Phdre prend une position antagoniste de celle des lates ainsi en effet cilie le non-tre de la sensibilit avec l'tre de l'Ide.
;
il
rcon-
Ce savoir
pour pendant
dit que chaque me est grosse a latent de s'lever que, d'aprs le pouvoir Phdre, gardent toujours les ailes de celle-ci, dessches et durcies par son union un corps de terre: double expression
secret
dont
le Thlte
le
nous
mythique, par consquent, d'une ide laquelle le Sophiste donnera sa forme dialectique. De plus, la mthodologie du Phdre semble complmentaire de l'pistmologie du Thtte.
Enfin, tandis que ce dernier envisageait l'affection sensible, le Tiao;, sous son aspect de sensation, d'tat individuel et
momentan
n'est
qui,
sans
l'acte
synthtique
du jugement,
considre
l'autre la
d'une jouissance, qui n'est pas le vritable amour ou qui n'en est qu'une dgradation. D'autre part, en un passage (258 e et p. 5g n. i) qui rappelle une analyse de la Rpublique, il prlude au dveloppement que cette analyse doit recevoir dans le Philbe. En somme ce seraient l deux dialogues en quelque mesure parallles, et pareillement liminaires. Avant d'entrer dans des voies qui, prpares de longue date, n'en sont pas moins nouvelles, il semble que Platon ait voulu rgler ses comptes dans le Thtte, c'est avec certaines coles philosophiques, hormis toutefois celle sous la pression de laquelle il s'engageait justement dans ces chemins nouveaux dans le Phdre, c'est avec les coles des rhteurs. Les deux dialogues se placeraient donc dans la priode qui prcde le dpart de Platon, au printemps de 366, pour son deuxime voyage en Sicile.
sous
l'aspect
:
serait
arbitraire.
;
prcd le Phdre Rpublique si le Banquet est de 385 ou de 38o environ, cho plus ou moins attard de la fondation de l'Acadmie (cf. Banquet,
a,
comme
je le crois,
Notice p. ix n. a et p. xci sq.) si l'on rflchit aux tches absorbantes que sa fonction de Chef d'cole dut imposer Platon, on pensera qu'entre le Banquet et le Phdre il a d
;
s'couler
un
une dizaine
JNOTIGE
d'annes au moins.
jx
Notre dialogue suppose en effet une conscience prcise des besoins de l'enseignement, des expriences faites sur les procds les plus fconds de la dialectique, bref toute une organisation mthodique de la culture. Or cela n'apparaissait pas dans le Banquet ; d'autre part,
l'ducation des philosophes telle que la dcrit le livre VII de la Rpublique, ne dessinait que des fondations ou les plus
grandes lignes de ce qui doit tre le couronnement de toute ducation librale. Mais peut-tre aussi, et pour les mmes raisons, le Phdre atteste-t-il chez Platon une soif de dlasse-
ment,
qui
est
la
et
impatiente de se dployer en un mouvement ais et libre de la pense; bref tout ce qui a dtermin Wilamowitz intituler Un heureux jour d't le chapitre de son
:
'.
QUESTIONS D'HISTOIRE
Peut-tre n'est-il pas trs ncessaire de chercher dater la scne du Phdre
:
de
la
scne
ne suffit-il pas, tenant compte de l'allusion qui y est faite au rle de Phdre dans la scne du Banquet, de dire que Platon a voulu qu'on la suppost postrieure celle-ci ? Or celle-ci se place vraisemblablement en hi6. Mais, 2 on manque pour assigner l'autre la date prcise de 4io de base Lysias, dit-on, serait revenu d'Italie Athnes en 4ia, il y aurait fait bientt figure d'homme de lettres et il en aurait donn une preuve en composant un Erticos. Or rien de tout cela, on le verra bientt (p. xiv sqq.), n'est
,
:
assur.
En
il
quoi cela
scne?
La seule chose
Phdre
i.
sans doute dire, c'est que dans le tout question, comme dans d'autres
il
Platon
p. 459. Toutefois
le
que,
finale
2.
comme
de
la
dit,
le
Phdre doive
en quelque sorte
le
soupir de
soulagement
Rpublique.
l'a
Comme
fait
L.
Parmentier,
L'ge de Phdre
dans
le
1926, p. 9.
PHDRE
dialogues, des inimitis que Socrate a suscites contre lui, encore moins de poursuites judiciaires, possibles, imminentes,
ou dj engages.
C'est donc,
si
une scne qui est, en elle-mme, en dehors de toute histoire, que Platon a voulu nous reporter une poque loigne du procs. La scne n'a besoin d'tre situe que dans la srie de ces petits drames fictifs dont Socrate est l'ordinaire protagoniste c'est un cas analogue celui de la Comdie humaine de Balzac.
:
t,
Topographie.
tion, c'est le lieu
soit
^_ or
,i,,
Ce qui, par une singularit remarr e quable, mente en revanche plus d atteni
Il ne semble pas en indications imaginaire, puisque topographiques donnes par Platon nous permettent, avec le secours des dcouvertes archologiques, de le retrouver sur le ter-
mme
de cette scne.
les
effet qu'il
Relevons dans leur ordre toutes ces indications. Phdre va pour faire une promenade hors des Murs et sur la grand'route (227 a) c'est donc qu'au moment de sa rencontre avec Socrate il est encore en dedans, et l'expression, malgr ce
rain
1
. :
qu'un peu plus bas (228 b) elle a d'ambigu, n'y peut avoir un autre sens. De l'endroit o ils se sont rencontrs on voit, Phdre la montre, la maison de Morychus et, tout contre, on aperoit aussi le temple de Zeus Olympien. Phdre invite Socrate marcher avec lui, tout en devisant (b, 1. 8). Si
longue que puisse tre
Socrate est prt
le la promenade projete par Phdre, suivre en partant des Murs jusqu' faire deux fois ce chemin aller et retour,
Mgare,
et
mme
selon le prcepte d'Hrodicus (227 d). Toutefois, puisqu'aussi bien il faudra s'asseoir quelque part pour lire le discours, il
propose un moment de se dtourner de la grand'route pour suivre le cours de l'Ilissus (229 a) jusqu'o il fera bon de s'arrter. Chemin faisant, on discute de l'endroit o Bore
Voir Thompson, The Phaedrus (i868\ notes 229 c et a3ob Wilamowitz, Platon* I, p. 456 n. 1. Je dois tout ce qui que le plan de la page suivante, la comptence de mon collgue Ch. Picard, ancien directeur de l'Ecole franaise d'Athnes,
1.
;
qui j'exprime
ma
problme.
NOTICE
:
xi
enleva la Nymphe Orithye ce n'est pas ici o les rives, tant plates, semblent Phdre propices aux bats des jouvencelles, mais en contre-bas, deux ou trois stades environ, au point o on passe la rivire quand on va vers le sanctuaire
d'Agra, car
il
(229
c).
Maisonr tt-
,+.+.*. +. +
+ +
o.o.o-o-o.oo
cer. C'est ainsi qu'ils se trouvent tout coup devant ce vers lequel ils se dirigeaient (23o a ; cf. 229 a).
haut
il faut maintenant les interprter. D'abord, rencontre a lieu proximit du Mur, du moins est-ce, comme dj cela semblait probable, l'intrieur de la ville
la
sans quoi on ne pourrait voir la Morychienne et l'Olympieon lequel se trouvait en dedans du rempart de Thmistocle.
D'autre part,
Socrate
Phdre pt
si
promenade
Mgare
l'on n'tait
ct d'une porte ouvrant sur la route qui y mne, c'est-dire prs de la porte Dioma ou, ce qui est moins pro-
du
bable, d'une porte voisine, l'Itonia. Dans ce dernier cas, le point o les deux promeneurs, ayant quitt la route, rejoignent l'Ilissus est plus rapproch de celui d'o ils sont partis
IV. 3.
xii
PHEDRE
le
trajet
dans
le
lit
de
la rivire jus-
qu'au gu d'Agra
plus de 3oo mtres. Dans l'autre hypothse, le trajet serait plus long, puisqu'ils auraient atteint la rivire plus en aval: trois stades,
:
deux
stades,
soit
un peu
valuations sont
donnes par Platon, mais comme si la premire lui avait sembl trop modre ce qui est en faveur de la sortie par la porte Dioma, sur la route mme de Mgare. Quant au sanctuaire dont il est parl, ce n'est pas Artmis Agrotra
ou Agraa,
qu'il
est
ici
Mlroon que possdait le nier ', se voyait encore sur les pentes rocheuses qui surplombent la rivire. Ils en remontent le cours et peut-tre passent2 ils sur la rive gauche l'endroit du gu. Peut-tre le lieu o ils vont faire halte est-il, de ce ct, celui o l'on a dcouvert un relief de Pan, au-dessous de l'emplacement o jaillissait, sur la rive droite, la source Callirho. Aujourd'hui la source est obstrue, il n'y a plus d'ombrages, le lit del'Ilissus n'est plus sillonn des filets d'une eau transparente, mais on a plaisir faire avec le philosophe cette promenade dans un paysage dont il a si dlicatement traduit la posie.
Les interlocuteurs.
_..,',,
Le Phdre
sonnages
et
est
mot de Phdre (236 d db.), n'y a rien dire. Quant Phdre j'en ai portrait dans la Notice du Banquet (p. xxxvi
<r
un
esquiss dj le
sqq.) et d'aprs
i.
La prposition xat, 229 a 1, signifie donc ensuivantle lit, non en descendant le cours. L'adverbe xixtwOev (c 1) me parait signifier en contre-bas du point o on se trouve et par rapport mais M. Picard voit un autre sens posla direction qu'on a prise
2.
;
sible
S'ils
le lit
ont
la rivire, tant plus encaiss, semble plus bas. utilis le gu le croit Thompson, la correction
de
comme
lui nous passions, au lieu du prsent 8is6at'vo[j.v, d'habitude, se justifierait. Toutefois jusqu'au moment o ils sont en face du platane, rien n'indique qu'ils aient quitt le lit de la rivire
suggre par
l'autre rive. D'autre part, quand Socrate parlera de passer sur l'autre bord (2^2 a db., b 8), cela semble indiquer qu'ils sont en effet proximit du gu d'Agra. Voir en outre la suite.
pour l'une ou
NOTICE
les trois
:
xiii
tagoras.
ici
dialogues o il figure ce dernier, le ntre et le Proa eu raison ' de ragir contre la tradition qui fait de Phdre un tout jeune homme. C'est ainsi en effet qu'il
On
apparat dans le Protagoras, dont l'action se passe vers 433/a. Mais alors, seize ans plus tard, l'poque du banquet
d' Agathon
il
Si
il
donc
soit
le
Phdre suppose
doit tre environ dans sa trente-cinquime anne. le Banquet, il faut enfin qu'ici
encore plus g. Toutefois, vouloir prciser davande Platon, peu soucieux de l'esprit ces scrupules chronologiques (cf. Banquet, Notice p. xx, n. i)
tage, ne trahirait-on pas
et qui rales ?
s'accommode de vraisemblances psychologiques gnDe ce qu'au cours du Phdre il ait voulu rappeler le
Banquet, s'ensuit-il que l'action du premier doive tre tenue pour postrieure celle du second ? Il n'y aurait alors anachronisme que par rapport nos conjectures sur la relation chronologique des deux dialogues. C'est donc assez, je crois,
d'observer simplement que, quelle que puisse tre la diffrence des ges, Socrate se croit du moins autoris par la
ami l'gard de la rhtorique, de la mythologie, de l'rudition, des livres des Matres, etc., le traiter d'une faon un peu cavalire et, en
navet des enthousiasmes de son
vrit,
comme
un grand enfant
Quant
savoir ce
qu'ensuite devient Phdre et quelle est l'poque de sa mort, cela peut avoir son intrt. Mais c'est ruiner toute vraisem-
que,
il
si la
mort de Phdre
ses derniers
dit-il
de Socrate,
:
aurait certainement t
pas (59 b
fin)
nomms ?
Conjecture arbitraire et que dmentie portrait psychologique du Phdre platonicien son honnte sincrit lui vaut d'tre trait avec une sympathie un peu condescendante et railleuse
;
apparat comme un fervent partisan des totalement Sophistes, incapable par l mme de communier avec la pense de Socrate*.
mais toujours
il
1.
2.
cit,
;
267
3.
xiy
PHEDRE
clbrits
Mais il y a dans le Phdre, derrire les deux interlocuteurs, deux autres perr , ,. prmcipales , sonnages dont la muette prsence y est en cause ils en sont les deux ples capitale ds la fin le seulement commencement, Isocrate, Lysias, Pour des raisons que je dirai plustard (p. CLxxmsq.), la figure prpondrante me parat tre cependant la seconde. Pour le moment, nous pouvons les mettre toutes deux sur le mme plan et runir ici leur sujet quelques donnes historiques
Deux
et littraires indispensables.
le
Phdre
un matre
de rhtorique et qui compose des discours pidictiques, modles sur lesquels on faisait tudier aux lves la technique de la
c'est aussi un logographe, qui crit des plaicomposition doyers que les parties, demanderesses ou dfenderesses, rcitent devant le tribunal 2 L'auteur de la Vie des dix orateurs,
;
.
faussement attribue Plutarque, est surtout abondant et prcis, ainsi qu'il arrive souvent, propos de ce qu'il sait sans doute le moins bien, c'est--dire de l'activit de Lysias en tant que rhteur Il a compos aussi, dit-il (836 b), des Arts de la parole, des Discours politiques, des Lettres, des
:
Eloges (Encmia), des Oraisons funbres, des Discours sur Vamour, une Apologie de Socrate... Or on peut prsumer
les philologues de l'Antiquit n'taient riches ldessus que de conjectures celui-ci, au surplus, n'avoue-t-il pas (836 a) que la moiti peu prs de toute l'uvre attribue
que
Lysias est inauthentique ? Au reste, c'est une question que nous retrouverons propos du discours de Lysias dans le Phdre (p. lx sqq.). Notons seulement ici que toute cette production rhtorique, vraie ou fausse, de Lysias est en
Diogne Lacrce (VI i5) parle d'un crit d'Antisthne qui pougalement un parallle de Lysias et d'Isocrate (cf. Banquet, Notice p. xli n. a) si en effet il s'agit, dans cet crit, de VAmartyros d'Isocrate que nous avons conserv, on sait que Lysias dfendait la partie adverse (Clment d'Alexandrie, Strotn. VI 626 cf. G. Mathieu,
i.
vait tre
c (p.
56 n.
2),
277 a
pour
le
pre-
et c,
aa8 a b, 27a
c.
NOTICE
:
xv
il
ne subsiste majeure partie perdue et un sommaire de l'Olympique dans Denys l'exorde que d'autre part, YOraison funbre des Athd Halicarnasse
des Discours politiques
;
niens
blement authentique. En outre on ne s'accorde pas sur la place que cette forme de son activit aurait occupe dans la vie de Lysias. Pour les uns elle serait du dbut de sa carrire Athnes. C'est ce que semble avoir pens Cicron (Brutus 48) il fait en effet de lui, sur ce terrain, un concurrent de Thodore de Byzance, et sa logographie ne serait qu'une extension ult:
rieure de sa profession primitive 1 L'hypothse est assez vraisemblable. C'est en effet trs probablement en 4i2 que Lysias revient s'tablir Athnes. Fils de Cphale, ce grand
.
ngociant syracusain qui sur les conseils, dit-on, de Pricls, au Pire une fabrique d'armes (cf. p. i n. i), il avait suivi son frre an Polmarque dans un exode d'cmiavait fond
grants allant occuper les lots de terre qui leur avaient t assigns (clrouchi) sur le territoire deThourii, dans l'Italie
mridionale. C'tait une cit de cration rcente (444/3): Hippodame de Milet en aurait t l'architecte et ProtagoHrodote, comme on sait, la visita et ras, le lgislateur il en devint citoyen. Or Tisias, le matre syracusain qui
;
passe pour tre l'inventeur de la rhtorique, y tait venu fonder une cole dont Lysias fut l'lve. Y a-t-il lui-mme
profess
2 ? C'est fort possible Aprs le dsastre d'Athnes en Sicile (4i3), il y avait peu de scurit pour lui rester Thourii on dit mme qu'il en fut banni par le parti anti.
comme
il
semble,
un
i Cicron fonde son assertion, en apparence au moins (cf. 46 db.), sur l'autorit d'Aristote. Mais on doit observer que, dans ce qui nous reste d'Aristote, il n'y a rien de tel Lysias est cit deux fois dans la
:
dans
aucune
2.
d'ailleurs
il
n'est
nomm.
En
ment, car
tout cas, on ne peut conjecturer la dure de cet enseiguela chronologie de Lysias est trs incertaine. Autrefois on
;
le faisait natre
en 45g/8 aujourd'hui on tient gnralement pour 446, parfois mme pour une date plus tardive. La date de 4i2 pour son retour Athnes est mieux assure, pour la raison qu'on va voir.
Mais, faute de savoir quand
il
est n,
quel ge
il
avait alors.
xvi
PHDRE
professeur et que Lysias l'ait t, lui aussi, avant son retour Athnes, il est permis de croire qu'une fois revenu c'est
sous cette forme qu'il commena d'exercer son activit. Toutefois certaines autres donnes peuvent suggrer de la
de Lysias une reprsentation diffrente. Il est remarquable tout d'abord que Gicron, qui nous donnait penser que Lysias avait commenc par s'illustrer comme rhteur, ne connat cependant en lui, comme nous-mmes, que le causidicus, l'avocat (Orator 3o). Il est donc possible que ce soit en appliquant la composition de plaidoyers les connaissances techniques acquises en Italie, qu'il a fond sa rputation. Un tel dbut expliquerait en outre ses ambitions ultrieures. Huit ans aprs son retour Athnes, quand aprs la prise de la ville par Lysandre s'y fut tabli le gouvernement des Trente Tyrans, Lysias se trouva dans une situation prilleuse. Sans doute sa qualit d'isolle, c'est--dire de mtque privilgi, admis sans tre citoyen au droit de possder, tait peu faite pour le rendre sympathique une aristocratie en majorit nationaliste, prte d'ailleurs toutes le
vie
du
parti
adverse.
Mais peut-tre des rancunes contre l'avocat intervenaientelles aussi, plus vraisemblables qu' l'gard d'un rhteur. Toujours est-il que son frre Polmarque fut, sur l'ordre des Trente, arrt par l'un d'eux, ratosthne, pour tre conduit la prison o il devait bientt, prir. Il ne dut luimme son salut qu' une fuite prcipite. On sait comment les bannis et les fugitifs se grouprent sous le commandement du dmocrate Thrasybule. Mais ils manquaient d'armes, il leur fallait recruter des mercenaires Lysias se fit leur bailleur de fonds. Enfin, une fois abattue la tyrannie des Trente, il se crut alors prs de monter sur la scne politique pour laquelle, avocat rompu aux affaires, il devait se sentir
:
mieux prpar que s'il n'avait t jusque-l que thoricien et professeur. Pour reconnatre en effet les services rendus,
fit voter un dcret qui, confrant le droit de cit tous les non-Athniens qui avaient soutenu l'arme des
Thrasybule
un Athnien de premier plan. La conforme la politique traditionnelle des dmocrates radicaux qui, ayant toujours eu l'appui des trangers domicilis en Attique, cherchaient grossir leur majorit civique. Mais le parti dmocratique comptait des.
bannis, allait faire de lui
mesure
tait d'ailleurs
NOTICE
xvii
conservateurs, assez proches de cette aristocratie modre dont Thramne avait t, dans le gouvernement des Trente, le reprsentant malheureux. On attaqua donc le dcret de
Thrasybule
pralable
il
tait illgal,
du Conseil
(la Boul).
Le dcret
fut cass
*
,
et Lysias
dut rester dans Yisotlie. Du dans ses esprances, il n'abandonne pas son lucratif mtier d'avocat, mais il s'occupe surtout de causes politiques il plaide mme en personne, dans cette anne 4o3 qui avait failli voir son triomphe, contre ratosthne, qui avait fait prir son frre. Or, ce serait justement partir de 4o3 que Lysias aurait cherch se faire une rputation d'homme de lettres etde professeur dcomposition litraire. A cette priode appartient en effet son Discours 2 et c'est ainsi que, par l'loOlympique, prononc en 388 il se serait consol de n'avoir quence d'apparat, pu devenir
;
un orateur politique. Il y jetait feu et flamme contre les tyrans, engageant les Grecs se rconcilier contre eux non plus, il est vrai, contre l'ennemi hrditaire, contre la Perse,
;
mais bien contre une puissance redoutable du pays d'o il Denys, le prince syracusain qu'une ambassade somptueuse reprsentait prcisment la Fte. A la dtresse des Grecs il opposait les immenses richesses dont ils avaient sous les yeux le tmoignage insolent. Bref, son loquence chauffa si bien les esprits que, la suite de manifestations hostiles, l'ambassade se retira. Lysias provoquait
tait originaire, contre
un incident qui devait tre fatal la renaissance athnienne. La colre poussa en effet Denys appuyer nergiquement l'hostilit de Sparte et de la Perse, et la duret des conditions imposes par la paix d'Antalcidas (387) en fut
ainsi
la
rpondait au pamphlet de Polycrate (Banquet, Notice, p. x sq.), et enfin, comme si avec l'ge les sujets proprement
sophistiques tentaient davantage
un
le
1.
p.
le
Phdre
faits,
le
passage de
a58 b
les
La
et Notice, restauration
xvm
conserv
PHDRE
un
chantillon
;
voisins de sa
L'extrme imprcision de nos connaissances ne semble pas permettre de choisir entre ces deux faons de romancer quelques pauvres donnes de l'histoire, ou d'une tradition rudite qui n'est peut-tre elle-mme qu'un autre roman
plus ancien. Ce sur quoi, par contre, il faut s'arrter c'est sur l'trange dsaccord qu'il semble y avoir entre la faon
dont l'art de Lysias est apprci par Platon et dont il l'a t par Cicron, par Quintilien et aussi par la critique moderne. Pour Platon en effet Lysias, qui passe aux yeux de Phdre et de tous les fervents de l'criture artiste pour le plus habile des
crivains actuels (228 a), est au contraire un mauvais crivain, qui manque la fois d'invention et de mthode, qui
(cf.
n'a ni spontanit ni logique, aussi vague qu'il est diffus p. lxiv sq.). Or Cicron par exemple, s'il reproche Lysias une maigreur passablement dcharne, loue la faon
dont
pntration,
:
fait, sa finesse lgante et spirituelle, sa naturel de ses peintures et mme, parfois, la 2 Nous n'en jugeons gure vigueur nerveuse de son talent autrement nous louons chez Lysias la sobrit, une simil
va droit au
le
plicit
de ton qui dissimule merveille une technique savante, l'art de faire vivre ses personnages et de les faire
parler selon leur caractre et leur situation, enfin, l'occasion, de la force ou de l'motion, mais sans rien de dclamatoire ni de forc. Sans doute dira-t-on, pour attnuer le contraste brutal de ces jugements, que Platon n'a pas eu
en vue
les
mmes
crits
les
critiques d'aujourd'hui. Est-il croyable cependant que Lysias ft ce point diffrent dans ses plaidoyers de ce qu'il tait
dans
ses
discours pidictiques
Pourquoi,
si
cette diffrence
existait
effet, pas note et ne tient-il aucun compte de ce qu'il y a de meilleur chez Lysias ? On en est d'autant plus surpris qu'en lui il a envisag aussi or il n'a l'auteur de plaidoyers, le logographe (267 c sqq.)
en
Platon ne
l'a-t-il
jug utile d'introduire ce propos ni distinction ni rserve, se bornant mettre hors de cause le fait mme d'tre logographe, pourvu qu'on le soit comme il faut (cf. 208 cd
;
1.
2.
Voir Wilamowitz Platon 2 I p. 2D9. Brutus 38, 63 sq., 285 fin, 393 Orator 29
, ;
sq.
NOTICE
277 ab,
tice
xix
d). Il semble donc qu'on doive taxer Platon d'injusnotoire envers Lysias. Mais, son apprciation ft-elle mme de tout point justifie, il resterait encore se deman-
der pourquoi, entre tant de rbteurs, il a spcialement choisi Lysias pour victime expiatoire de tous les pchs de la rhtorique.
Une premire raison pourrait tre que, au moment de la composition du Phdre, Lysias devait dj tre mort autrement, on concevrait peine que Platon et pu ouverl :
tement lancer contre un contemporain vivant une diatribe un ouvrage littraire, manant du chef d'une grande cole, n'excluait-il pas l'emploi de procds que la comdie mme avait cess d'admettre ? Certes le fait de viser un disparu ne diminuerait pas l'injustice de l'attaque pour notre conscience elle en serait seulement plus dplace. Quoi qu'il en soit, tous les autres motifs qui se prsentent le plus spontanment l'esprit pour expliquer une telle attitude de la part de Platon semblent ne pouvoir tre, en l'espce, d'aucun poids. Ce n'est pas en effet le mtque que Platon peut excrer en Lysias aurait-il, dans sa Rpublique,
ce point injurieuse
;
; :
de faveur Cphale et Polmarque ? aurait-il, ici mme (257 b), oppos ce dernier Lysias en ceci seulement, qu'il s'est tourn vers la philosophie et que l'autre s'en
trait avec tant
tient l'cart
(cf.
Pas davantage,
ni
le
tel
p.
2 n. et
2),
qu'on aurait voulu supprimer comme on le fit de Polmarque, ni celui qui a contribu abattre la tyrannie un des hommes les plus passionnment dvous Socrate, Chrphon, n'tait-il pas justement de ceux-l et fervent dmocrate (Apologie 20 e sq.) ? Socrate lui-mme n'avait-il pas t menac par les Tyrans ? Il faut donc supposer une
Trente
animosit personnelle et essayer d'en deviner
caches.
les
raisons
Un
phrase
il
me
et
n. 2), puisqu'en l'espce il ne s'agit pas d'un personnage du dialogue que d'autre part Isocra te, alors incontestablement en vie, y est
et jug.
nomm
xx
le
1
:
PHDRE
Ceux problme qui rentrrent alors, y lit-on, usrent assurment d'une trs grande modration. Mais voici ce qui ce Socrate, au cercle duquel nous appartenions, est arrive traduit en justice par certains hommes qui avaient du pouvoir... Or l'expression ne convient ni au principal accusateur, Mltus, ni l'un de ceux qui avaient appuy l'accusa:
ce n'taient pas des hommes puissants ; trs tt tion, Lycon ils taient dj des inconnus. Le seul, dans l'affaire, qui et du pouvoir, c'est celui qui avait mis sa signature ct de
:
de Lycon, savoir Anytus. Il tait une des ttes du parti dmocrate et, dans la rvolution de 4o3, son rle avait t de
celle
2 Mais, si le pluriel de la Lettre a une signifipremier plan cation, on peut alors supposer que, derrire l'accusateur en titre et ct d' Anytus, il y a d'autres hommes puissants. Peut-tre l'Apologie nous mettrait-elle sur la voie. De toutes
.
les
haines qui se sont conjures contre moi, y dit Socrate (a3 e sq.), Mltus reprsente celle des potes, Anytus celle des gens de mtier et des hommes politiques, Lycon celle des orateurs. Ordinairement on comprend des orateurs politiques, parce qu'on se rfre au passage de Diogne Larce
:
(II
38) o, peut-tre d'aprs Hermippc, Lycon est appel o/jjxaywyo, orateur du parti populaire. Mais, si le renseignement
est exact, comment se fait-il que, dans l'histoire de ces temps, nous ne trouvions pas trace d'un politicien de ce nom ? De
du mot orateur (pvJTwp) est habituellement dtermine chez Platon par le contexte ou spcifie avec prcision 3 or, rien de tel ici. Il est donc permis de supposer
plus, l'acception
;
i. On ose peine avouer que les multiples arguments allgus aujourd'hui par tant d'illustres critiques en faveur de l'authenticit, totale ou partielle, du recueil des Lettres ne semblent pas dcisifs.
Plusieurs d'entre elles, sans doute, refltent de bons documents et tmoignent d'une remarquable habilet. Le scepticisme dont je ne e n'est pas diminu, loin puis me dfendre, mme l'gard de la vu de l, par quelques rminiscences, trop adroites, du Phdre 344 d e,
,
:
cf.
376 d
a.
348
a db., cf.
a4g
d.
tion, peut-tre
Les motifs qui avaient pouss Anytus contresigner l'accusamme la provoquer, sont fort bien analyss par
M. Eudore Derenne, Les procs d'impit intents aux philosophes Ve et au IV e sicle avant J.-C. (ig3o), p. i33 sqq. 3. Quel est l'art dans lequel tu es savant? demande Socrate C'est donc p^Ttop, La rhtorique! Gorgias (Gorgias 44g a).
Athnes au
NOTICE
que Lycon
n'tait
xxi
brer compltement celle de Mltus, c'est que, grce l'enregistrement officiel des pices prsentes au concours, les potes avaient un privilge spcial. Ainsi, dans l'accusation, Lycon
aurait t le porte-parole des rhteurs. Et maintenant, quand on se demande qui, dans ce camp, avait pu sournoisement
le
personnelle tait comparable en puissance celle d'Anytus, et qui, par intrt ou par vengeance, pouvait souhaiter l'loi-
gnement ou
la perte de Socrate, c'est Lysias que l'on peut penser. Si avant la rvolution il tait dj, comme l'insinue Cicron (cf. p. xv), matre de rhtorique, il devait redouter
l'action de Socrate sur la jeunesse riche. D'autre part, en tant que dmocrate et en tant qu'tranger, il devait partager l'opinion qui faisait de Socrate le matre, non seulement de
Critias,
le
orateur,
qu'il
De mme,
les
orateurs dont
il
est
question dans Mnexene (a35 c), ce sont ceux qui composent loisir des Pangyriques d'Athnes, des oraisons funbres, des loges des
anctres,
Euthydeme a8A b
Peuple
ont
les orateurs,
quand
;
ils
:
du
I (cf. Alcib.
c d)...
3o5 b
un
la pratique des dbats judiciaires, soit de ceux qui composent des discours pour les gens engags dans ces dbats... Dans Thtele 20 1 a, les orateurs sont les avocats. Dans notre dialogue, le mot est
pris
au sens
le
plus gnral
2 58
b 10 (o
il
politique,
le logographe,
le
lgislateur),
260
avoir, dans le passage en question de l'Apologie, entendu fjTwp au sens troit d'orateur politique, que certains critiques (dont Wilamowitz Platon* II, p. 48 n. 2) ont suspect les mots et les
ment pour
hommes politiques la suite de gens de mtier ces mots seraient, d'aprs eux, une trs ancienne glose (antrieure Diogne Larce qui les cite II 4o), inspire du portrait d'Anytus dans le Mnon. Sans doute, dans les pages de V Apologie qui prcdent notre texte, Socrate
:
n'a mentionn,
les
parmi
les
les
hommes
d'Etat,
gens sur lesquels a port son enqute, que potes et les gens de mtier. Mais est-il
:
qu'il y ait, de part et d'autre, symtrie ? L'enqute est incontestablement trs gnrale (cf. ai c) pourquoi se serait-elle limite ces trois catgories et comment les Sophistes, matres de
ncessaire
xxii
PHDRE
mort de Polmarque, mais
;
et l'instigateur probable de la
le
or Charmatre encore de Gharmide, l'oncle de Platon mide avait t l'un des Dix. qui reprsentaient au Pire, l'gard d'une population de mtques et d'Atbniens interdits de sjour, l'implacable autorit des Tyrans. Sans doute
Lysias
tait-il,
comme
un dmocrate
plutt radical,
tandis qu'Anylus appartenait la fraction modre du parti. Mais, puisqu'il s'agissait d'anantir une propagande aussi agissante que celle de Socrate, subversive de toutes les valeurs sociales et politiques admises, bien plus,
thies
anlipatriotique
lgiti-
mement
Ainsi
fait
envisage et accepte.
la
svrit,
la
rancune
en
la coulisse,
S'il
dans qu'il lui aurait garde de sa participation, la conjuration ourdie contre Socrate en 399. la composiest bien ainsi, loin d'apaiser cette rancune,
tion d'une Apologie de Socrate, exercice rhtorique destin rivaliser avec l'exercice contraire de Polycrate, tait une
indcence, avivant encore la blessure. L'animosit de Platon contre Lysias serait donc comparable celle qu'il ressent l'gard d'Aristophane, auquel, en dpit des illusions que peut
suggrer
le Banquet (cf. la Notice, p. lvii-lix), il n'a jamais pardonn avec cette diffrence toutefois que le gnie d'Aristophane a pu lui paratre digne d'un acte de justice que ne mritait pas l'adresse sans scrupule du rhteur. Ce n'est pas crit entre il est tout possible aussi, supposer le Phdre
;
:
366, que Platon ait souhait mnager, soit Denys 370 encore vivant en 368, soit plus gnralement la cour de Syracuse. Aprs l'algarade de Lysias aux Jeux Olympiques de 388, il pouvait sentir le besoin de marquer avec force,
et
son dsaveu de l'insulte et son antipathie pour l'insulteur pas sur cette puissance des princes siciliens que Platon comptait pour raliser son tat modle ?
et
:
n'tait-ce
Bt I socratG
nom
torique. Pourquoi
Ainsi Lysias aurait t dlibrment lu entre tous les rhteurs pour que son dtest portt, lui seul, le poids des fautes de la rhIsocrate est-il au contraire exclu de cette
NOTICE
du
xxih
la fin
Platon pour recevoir, tout sphre empeste et lu par dialogue, des louanges qui contrastent singulirement avec la faon dont Lysias a t constamment trait ? La question est dlicate. Sans doute serait-il assez facile d'y rpondre
si
l'on connaissait
vraiment
l'histoire des
Il
nelles d'Isocrate
avec Platon.
ne
manque
celles qui viennent d'tre sujet de conjectures, analogues le cas de Lysias. Mais, cetle fois, nous avons proposes pour au moins des donnes positives d'une autre sorte ; ce sont les
la nature et la destination d'un art de nous pouvons les confronter avec celles que Platon expose dans le Phdre. La question devra donc tre reprise quand on abordera la conception de la rhtorique (p. clxiv se bornera situer le personnage sqq.). Pour le moment, on d'Isocrate et noter les principales tapes de sa carrire jusqu'aux environs de l'poque au-dessous de laquelle on peut
d'
peu
prs huit ans et, de toute faon, notablement plus jeune que
Lysias, Isocrate tait le fils d'un Athnien qui sa fabrique de fltes avait valu une belle fortune. Il n'est pas impossible
qu'il ait t l'lve de Prodicus et frquent Socrate. En tout cas la situation de son pre lui assurait la meilleure ducation;
permit mme, vers sa vingtime anne, de se rendre en Thessalie l'cole de Gorgias qui, dit-on, vendait fort cher son enseignement. Combien de temps y resta-t-il ? quelle poque rcntra-t-il Athnes ? Nous l'ignorons l'poque o nous retrouvons sa trace il est ruin et, pour vivre, contraint d'utiliser sa culture rhtorique faire mtier de logographe. Les plus anciens plaidoyers que nous possdions de lui semblent tre contemporains, ou peu s'en faut, de la restauration dmocratique de 4o3 '. Mais cela ne prouve pas qu'il n'et point dj plaid, et d'un autre ct la publication, totale ou partielle, parat en avoir t faite bien plus tard, par ses soins, pour montrer aux lves de son cole comment il
elle lui
:
comment on
a,
doit
employer
et
moyen
rhtorique.
Il
y en
comme
le
Trapzilique
i. Sur ceci et sur ce qui suit, voir l'dition d'Isocrate par G. Mathieu et . Brmond dans la collection Bud (t. I, 1928) et la thse du premier Les ides politiques d'Isocrate (iga5).
:
xxiv
PHDRE
;
l'Egintique, qui traitent de dlicates questions d'intrt le dernier avait ceci de particulier qu'il concernait un problme de droit international priv, puisque c'tait gine
mme
que
se jugeait le procs et
que
leurs.
Dans
que
le fds
d'autres, c'est la politique d'Athnes qui est voainsi dans le discours Sur Vattelage, crit vers 3o,5 pour
un
loge de ce dernier en
mme
assez partial bien entendu, des faits auxquels Alcibiade avait t ml. Quelque fructueux que ft le mtier, Isocrate n'y trouvait pas cependant la satisfac-
tion de traiter de grands sujets, ni celle de parler en son propre nom (Antidosis 46-48). Peut-tre alors et-il aim se
consacrer activement la politique de son pays mais manquait des dons naturels indispensables la force et
; :
il
la
souplesse de la voix, l'assurance et mme la hardiesse (A ntid. 189 sq.). 11 se tourna donc vers le professorat et, vers 393,
ouvrait une cole de rhtorique. Ds lors ses crits seront des discours pidictiques. Celui qui s'intitule Contre les Sophistes (vers 390) est un programme de
il
son enseignement, en opposition ce qu'on faisait dans d'autres coles concurrentes. L'Hlne et le Busiris sont des
modles >> du genre loge , proposs l'imitation de ses lves et l'admiration dcourage de ses rivaux. Enfin Isocrate aperoit, dans cette mme voie, un moyen de satisfaire
ses
ambitions dues:
il
va devenir
un
comme on
dit parfois, un publiciste. Il s'attaque d'abord au 1 thme, dj trait par Gorgias et par Lysias , de la concorde entre les Grecs ; il le dveloppe avec clat en 38o dans son
Pangyrique d'Athnes: si Lacdmone voulait faire sincrement sa paix avec Athnes, l'union de ces deux tats ferait celle de toute la Grce contre l'ennemi naturel, le Barbare d'Orient, dont la faiblesse avre garantit l'entreprise les meilleures chances de succs. Puis, Lacdmone persvrant dans sa politique hargneuse et despotique, ce n'est plus contre le le Grand Roi, c'est contre elle qu'il veut raliser l'union rsultat peut avoir t, en 377, la formation de cette nouvelle Confdration athnienne qu'animait une pense, non d'hgmonie, mais de justice. Dsormais Isocrate suit les vne;
1.
<h.
m de G.
a.
Sur
les antcdents,
voir le
Mathieu
op.
cit.
NOTICE
xxv
ments plutt qu'il ne les dirige, mentor qui, devant le dmenti des faits, ne sait que remplacer ses illusions passes par des illusions nouvelles. Quand il voit en effet grandir la puissance de Thbes et que la destruction de Plates lui rvle la menace, contre Athnes, de l'unit botienne en voie de se raliser, alors il crit son Discours plataque: c'est maintenant contre Thbes qu'il faut organiser le front commun. Et le voici qui cherche un homme dont l'autorit personnelle soit assez grande pour imposer l'union c'est d'abord le fils de Conon, le stratge athnien Timothe qui avait t l'un de
:
lves (Antid. 101-189); ce son ' ensuite des Jason et Alexandre de Phres, Denys princes trangers l'Ancien, le roi de Sparte Archidame, fils d'Agsilas, le roi de Chypre Nicocls, fils d'vagoras plus tard encore ce sera
;
Philippe de Macdoine. A tous il crit des lettres qui, encore et toujours, sont des morceaux d'loquence pidictique. Il n'y a pas lieu de suivre cette volution de la pense politique
d'Isocrate jusqu' sa
celle
mort en 338, une dizaine d'annes aprs en effet avec le problme propos duquel il figure dans le Phdre, le problme de la rhtorique. Rien d'autre part ne prouve que, l'poque o il crivait le Phdre et si tardive qu'on la suppose, Platon ait eu connaissance des lettres Jason ou de la lettre Denys, ncessairement antrieure la mort de ce prince en 367 la publication peut avoir suivi d'assez loin la compode Platon
:
sition.
On observera seulement, pour terminer, quelle diffrence y a sous ce rapport mme entre le point de vue d'Isocrate et celui de Platon. Tous deux, en vue de raliser leurs plans, se sont tourns vers des tyrans, investis d'un pouvoir absolu.
il
Mais
le
question de politique extrieure, est rforme sociale et de politique intrieure, applicable tout tat, prsent ou futur, quel qu'il soit. Isocrate est toujours
en qute d'accommodements, il accepte les variations, les renoncements mme, s'ils doivent servir l'ide dont il est obsd. Platon, lui, a la hantise du gouvernement par une science qui est une et immuable, qui n'admet point les coups
de pouce ni
les
retouches
il
xxvi
bilit
PHDRE
d'en raliser intgralement l'objet. Ce sont deux esprits diffrents l'un se meut dans
:
et
le
du contingent,
l'autre
dans celui de
l'ternel et
de l'absolu.
III
Le problme.
texte rebattu
.
n , rlaton attirme
du Phdre C264
c),
la
ncessite
I pour tout
discours, autrement dit pour toute uvre littrairedela pense, d'cc tre constitu la faon d'un tre anim , d'avoir un
corps qui ait une partie centrale, une tte, des membres, bref des lments qui soient solidaires les uns des autres
du tout, se convenant entre eux et au tout. L-dessus maint critique s'tonne que Platon ait si mal appliqu un
et
si bien formul: comment se fait-il que, dans une premire partie, le Phdre traite de l'amour et de la beaut, puisdans une seconde, de la rhtorique oppose la dialectique? Certains en prennent bravement leur parti Platon tait vieux quand il crivit le Phdre, et son art avait perdu de
prcepte
sa souplesse. La plupart font des efforts dsesprs pour dcouvrir une cohsion laquelle ils ne croient gure ils
;
cherchent surtout subordonner l'autre une des deux par2 ties esprant ainsi trouver dans la partie dominante le principe d'unit de l'ensemble. Aussi est-il indispensable, si l'on veut savoir quoi s'en tenir sur une question si controverse, de dterminer le plus prcisment qu'on pourra les articulations essentielles de la structure du Phdre 3
, .
1.
a.
Ainsi Raeder, Platos philosophische Entwickelung p. 267. On voit par Hermias (p. 10, 26 sqq.) que ce dbat sur le vrai
,
sujet
3.
du Phdre
Il
tait fort
ancien
si
d'Emile Bourguet Sur la composition du Phdre, dans la Revue de Mtaphysique et de Morale 1919, p. 335-35 1 et un intressant mmoire de Z. Diesendruck, Struktur und Charakter des plalonischen Phaidros, 1927 (cf. REG. XLV p. n5), o l'on trouvera une bonne revue des opinions principales de la critique allemande sur la question.
faut lire l'tude
NOTICE
L'objet immdiat du dialogue:
xxvn
Ds le dbut; nous sommes mis en face de L ' ias et introduits dans l'cole d'un , ,. ,. T , , matre de rhtorique: Lysias a lu devant la rhtorique. son auditoire un discours de sa composition sur le thme de l'amour, et ce qui" fait l'intrt de celte composition aux yeux de Phdre, c'est qu'il a pris, si l'on peut dire, le thme rebrousse-poil et qu'il a parl d'un amour d'o l'amour est absent (227 c); ce qui est le comble de l'originalit dans l'invention. Quoique la lecture ait lieu dans une maison particulire (ibid. b), il s'agit bien d'une
, .
leon d'cole et l'auditoire est un auditoire d'lves Phdre se plaint en effet d'tre rest assis depuis le petit matin (ibid. a et 228b), et l'on sait que les classes Athnes ouvraient en
:
effet
classe
avec le jour. N'est-ce pas d'autre part l'image d'une qui nous est donne par Socrate, quand il se reprsente Phdre empress se faire analyser par le Matre chacun des
texte
passages qui ont excit son intrt, demandant emporter le du modle pour tudier celui-ci plus loisir, se htant,
avant de
a b)
'
le rendre, de l'avoir en secret appris par cur (228 Si enfin Phdre se dit capable de donner, point par
point,
un sommaire du
discours,
il
est possible
que
ce
som-
maire soit le moyen dont il a us pour aider sa mmoire, mais possible aussi que ce soit le fruit du commentaire mme
du Matre sur
tretiens
le
lire.
Enfin ce Socrate
passionn d'en-
comme un homme
o questionneur et rpondant cherchent en commun la vrit, ce Socrate que l'loquence de longue haleine dcourage (p. ex. Protagoras 328 de, 335 bc Apologie 33 b), est reprsent ici comme follement avide d'y goter et de se prter ses redoutables enchantements (cf. p. 17 n. 3). Ironie sans doute, mais qui rappelle celle qu'on trouve au dbut d'un dialogue dont l'objet est justement l'art oratoire, le Mnexne. Une chose apparat donc ds ces premires
;
pages
c'est
d'tre plus
qu'au
1.
D'aprs O. Navarre,
il
Yexercice dont
est question
228
n'est pas
lequel on s'assure de bien possder ce qu'on s'est propos de savoir par cur, mais un exercice de libre reconstruction, l'aide du plan
et des souvenirs
dit
IV. 3.
xxvm
la rhtorique
PHDRE
en
est l'objet
immdiat.
a
Prambule
sur
la
Puisque Phdre
sur
,
lui
le
texte
fonction des
mythes
y va,
mme du
coin
o faire halte et, tandis qu'on deux promeneurs tombe sur l'enlvement par Bore de la Nymphe Orithye prtexte pour Platon dfinir son. attitude en face des interprtations phyla conversation des
:
un
siques des mythes traditionnels. L'effort qu'elles supposent dtourne, dit-il, du vritable objet de la pense, la rflexion de celle-ci sur elle-mme et la connaissance de soi ainsi on se lance dans une recherche qui est sans fin comme sans
;
base,
on
c-
Mais, si ce n'est pas l ce qu'il faut chercher sous l'affabulation d'un mythe, celui-ci ne serait-il donc qu'un conte
a).
23o
amusant
dit
Encore aurions-nous
lui
demander, comme
la
le
Rpublique (II
est
de ne pas servir dpraver l'esprit. La vrit qu'il est possible au philosophe d'utiliser les mythes existants ou d'en crer lui-mme de faon faire deviner, sous la sduction du vtement, un corps de vrit substantielle. C'est de quoi le Phdre nous fournira trois remarquables exemples. Bien plus, le plus important d'entre eux, celui o est enferme la doctrine de l'me et de l'amour, reprsente l'expiation qui doit purifier d'une souillure relior ce pch consiste gieuse, du pch de mythologie (2/j3 a)
376
du
e sqq.), reste
justement traiter les mythes comme des fables avec lesquelles on peut en prendre son aise, faute d'y voir une occasion de rflchir sur soi-mme. Peut-tre est-il donc permis, en rsum, de penser que cet apparent hors d'oeuvre mythologique du dbut est secrtement motiv par la signification qu'il doit recevoir de la suite mme du dialogue.
L'amour
est le
Comment
s
sujet
du
discours
de
expique a
que Phdre lit Socrate. Seraitcette raison, tout extrieure, pour r ,' ..,.' 1 amour une grande ue I uvre tait I
Lysias,
place?
S'il
en
tait ainsi,
qui
est
une
NOTICE
tielle
xxix
de
la philosophie
particulier,
de dtermin par le dehors. Dans cette hypothse, la rhtorique deviendrait le sujet se demander alors pourquoi principal. Ne peut-on cependant Platon a choisi un discours sur l'amour plutt que sur tout autre sujet? Sans doute allguera-t-on l'existence relle de ce discours de Lysias. Supposons pour l'instant qu'il soit en entre tous effet de lui. Le choix n'en subsiste pas moins
et
les
traits
dans
suppose un blme de la valeur d'un enseignement de la rhtorique se trouvait uni le problme de l'amour. Au surplus, si le premier de ces problmes tait le vrai et le seul sujet, tandis que le second ne serait qu'une matire de fait, accidentellement fournie Platon, certaines particularits de structure s'expliqueraient fort mal. Pourquoi n'a-t-il pas suffi Socrate de refaire le discours de Lysias, puis de le critiquer et, enfin, de joindre cette critique ses propres vues sur l'art de parler ? Pourquoi la critique est-elle ainsi coupe en deux tronons (a34 e-236a, 262 c-265 c) ? Et surtout, pour quoi y a-t-il, au centre de l'uvre, cette palinodie dans laquelle ce n'est plus seulement la forme qui est corrige, mais bien le fond mme et o est institue une doctrine ? Mais si, d'un autre ct, on arguait de ce qu'elle est le point culminant d'un effort en vue de dterminer la fonction de
l'amour, pour prtendre inversement que
le
:
a prfr celui-ci. Or un choix dessein. C'est donc que, dans ce dessein, au pro-
la
rhtorique est
une autre question qui se poserait pourquoi le mythe des Cigales (259 b sqq.) ? Or on voit au contraire qu'il est destin
la
dans
qu'on
serait
Une
conclusion
semble donc s'imposer nous c'est que, conformment ce qu'exige aux yeux de Platon tout discours, il y a dans le Phdre une solidarit organique entre l'lment amour
et l'lment rhtorique ,
rendu indpendant de
l'autre,
qu'aucun des deux ne peut tre mais que tous deux concou-
xxx
PHEDRE
a premire
partie du
dialogue.
Tout l'heure j'tudierai (IV), la fois en eux _ memes e t d ans l eur rapport, le
discours de Lysias et le premier discours de Socrate. Puisque, en appa,.
.
rence au moins, le thme en est identique, on doit les considrer, je crois, comme les deux sections, entre lesquelles il
n'y a diffrence que de forme et de mthode, d'une premire
partie. C'est ce
que
me
parat
marquer
trs
nettement
cette
observation de Socrate:
attention, dit-il (234e sq.), s'est porte tout entire, tandis que j'coutais le discours de Lysias, sur les caractres rhtoriques du morceau et sur le fond semblait tre en effet compltestyle, attendu que le
mon
ment
une autre
remarque parle dans le mme sens asservir d'avance l'orateur une donne fictive et arbitraire (p. 18 n. 2), c'est lui interdire toute libert dans la recherche et dans l'invention
de la vrit, c'est l'astreindre ne dvelopper que les points ncessairement impliqus par la donne ds lors, sa tche est limite l'ordonnance des dveloppements, et c'est en
:
effet
que
se
bornera Socrate en
reprenant, sur l'injonction de Phdre, la donne de Lysias. Reste, il est vrai, un passage assez embarrassant celui o Socrate (235 b-d), invoquant une tradition de l'antiquit
:
que reprsentent des femmes comme des hommes, nomme Sapho et Anacron. Il y faut reconnatre, semble-t-il, un
procd familier d'exposition , qui sert dissimuler sous le voile de mystrieuses autorits le caractre original et perc'est une des exigences du sonnel de certaines opinions motif socratique de Y inscience, qui du reste est rappel ici
;
trois reprises (234 d, e fin, 235 a fin). Toujours estque Socrate dclare qu' ces sources trangres son cur 2 Il me semble s'est empli, il ne sait comment impossible
il
.
mme
1.
Cf.
Banquet Notice p.
xxm
et
Phdon
p. 22
n. 4
de
mon
dition.
2 est
.
Le commentaire d'Hermias sur ces derniers mots (p. 43, 8 sqq.) un loquent exemple des interprtations allgoriques de son
:
Ecole. Voici, dit-il en substance, ce que Platon veut nous faire deviner en parlant ici de la plnitude du cur le cur est dans la poitrine, qui est au milieu du corps j or, tout l'heure (23o b), il
a parl de ses pieds qui lui offrent le
cheur de
la
source
bientt
NOTICE
si
xxxi
qu'une dclaration cours que Socrate va prononcer sur le thme sophistique de l'amour sans amour pourquoi parlerait-il de sources trangres, si elles ne l'taient en effet l'inspiration mme du thme en question et, par consquent, impropres donner, ft-ce sous une forme plus pure, une eau dont la nature n'aurait point chang? C'est donc que Socrate sent dj vaguement qu'il serait en tat, puisant ces sources trangres, d'opposer au discours de Lysias un autre discours, dont le fond cette fois serait diffrent. Tel est, je crois, le sens de ce qu'il affirme en se disant prt soutenir, sans infriorit, le parallle (a35 c mil.). Il y a donc dans ce passage
:
'
:
c'est la
rhtorique seule
divine et, dans le mythe de l'attelage ail, il montrera (a48 a) le cocher levant la tte pour contempler les Ides ; c'est une faon de dire qu'il y a des activits affectives infrieures, puis moyennes et
de se renvoyer
Cf. p. 17 n. 1. 236 c db., il ne s'agit pas proprement la balle . Hermias, qui d'ailleurs voit bien le sens, donne l'appui de son interprtation un exemple qui conviendrait
mieux la prcdente une phrase de l'un des interlocuteurs Je t'ai donn cela , renvoye celui-ci par l'autre, sans y rien changeT
dans
il
y a plutt
sa rplique (p. 6, 8-i5). Mais, puisqu'il s'agit d'une comdie, ici un change des rles : la contrainte que Socrate a
tout l'heure exerce sur Phdre, c'est Phdre qui va maintenant l'exercer sur Socrate ; le rle devenant le mme, il est naturel que
les
termes ne changent pas non plus. Au mme endroit, la plupart des diteurs suspectent ou suppriment le mot grec que j'ai tradut par
Gare toi (eXa^OTixt), ainsi que le 8e qui, dans T, suit vva. C'est aussi l'avis de M. Mridier. On en donne pour raison que
I
phrase se rattache troitement ce qui prcde parler... afin que nous n'en soyons pas rduits ...
Tu
le
aurait donc
t ajout par quelqu'un qui cette relation troite aurait chapp. L'ide importante, au contraire, me parat tre ici que Socrate devra
parler
comme
il
la
pense. Au ijlv, qui accompagne l'obligation de parler tant bien que mal, s'oppose maintenant le 8 Mais, s'il ne le fait pas, il n'a qu' se tenir sur ses gardes et ne pas volontairement s'exposer ... D:
plus, l'impratif Ne va pas... (ut) (So-jXou) justifie l'autre impratif e Tiens toi sur tes gardes... Je conserve donc sXaCrjOriTi.
:
xxin
PHDRE
qui l'intresse, et il croit que Socrate s'engage changer la forme sans toucher au fond (a35 d, a36 a-c) le malentendu roule tout entier sur les mots autre et diffrent, qui dans son
:
ne doivent concerner que le vocabulaire et le style. de quoi justement le raille Socrate quand il lui donne entendre (235 e sq.) que, moins de changer la donne, il a de nouveaut possible. Mais la viorellement n'y pas lence exerce sur lui par Phdre le contraint de garder la donne de Lysias. En dpit du comique de la scne et qui d'ailleurs est surtout dans le rle de Phdre, sa dfense n'est pas feinte pas davantage la honte qu'il ressent d'avoir parler contre la vrit, et le geste de se voiler la face en est l'expression visible (a36 b-237 a). Enfin, nouvel indice de cette annonce implicite, que j'ai cru apercevoir, d'une nouesprit C'est
;
velle position prendre sur la question, il observe une fois de plus avec force (237 b) que la position actuelle est pure-
ne rpond aucune ralit. sujet de Phdre, le second viendrait maintenant ce ne discours, dj prs d'clore,
Concluons
serait pas
:
ment conventionnelle
si
l'amour
et qu'elle tait le
mme,
la
palinodie , une rtractation l'gard de soimais la rfutation d'un autre. Et d'un autre ct, si
une
rhtorique tait
ni rfutation
le
:
sujet,
le
il
tion
premier discours
progrs rhtorique qu'il marque l'gard du discours de Lysias. Ainsi s'affirme de nouveau la solidarit des deux
sujets entre lesquels on a voulu carteler le vrit est donc qu'il n'y a qu'un seul sujet.
Phdre. La
Au moment o, dans son premier discours, Socrate en vient parler de l'amour en tant que forme particulire de la sensualit (2 38 bc), il s'interrompt pour noter que son
loquence a perdu sa froideur mthodique, qu'elle touche presque au ton du dithyrambe, qu'elle semble enfin procder de quelque inspiration divine. Quelle inspiration ? Serait-ce ce mystrieux influx dont il se sentait tout l'heure envahi (a35 cd) et qui se manifestait lui par l'veil imprvu dans sa mmoire d'une tradition vnrable de l'Antiquit ? De fait il n'en est plus question, et ce qu'il all-
gue maintenant, ce sont des influences presque physiques, une magie inhrente au lieu o ils sont et atteste par les conscrations religieuses dont il porte le tmoignage c'est
:
et des
troupeaux, ce sont
les
Nym-
3N01CE
plies, divinits
xxxin
Achlos, leur pre (cf. 263 d) il y a aussi les cigales chanil teuses, servantes des Muses (23oc, 269 cd, 262 d) y a ces Muses mmes, la voix claire, qu'il a invoques en
;
commenant son discours et dont l'inspiration n'est pas sans risques. Or, quand ils rsultent de telles influences, Y enthousiasme et la possession, la prsence intrieure de quelque divinit, ne sont pas les plus belles formes de ces dlires dont il sera plus tard question. Sur cette pente, Socrate est
donc en danger d'en venir aux garements de la nympholepsie Et c'est autre chose encore que ce dlire cory(238 d db.) o Phdre est jet par l'loquence, autre chose que bantique cette bacchanale dans laquelle il a entran Socrate (228 bc, 234 d), au point que le vritable auteur du premier discours de celui-ci, c'est Phdre lui-mme (2^2 de, ikk a) Sans doute cela n'est-il pas, et Socrate en fait Phdre le reproce n'est che, sans avoir contribu le mener o il en est encore il est sorte de dont pourtant lgiqu'une vertige,
1
. !
time de parler avec ironie. Mais voici que l'apparition inattendue, sur ses lvres, d'un hexamtre (2^1 d db.) rvle Socrate que, tout en parlant, il s'est son insu lev du ton du dithyrambe celui de l'pope quel diapason va-t-il donc monter, s'il continue ? Aussi se gardera-t-il bien de donner Phdre ce qu'attendait celui-ci aprs le rquisi: :
de celui qui son gr qu'il avait repris le thme de Lysias plutt que de trahir, plus honteusement encore, les nobles enseignements dont il avait eu le bonheur de se souvenir, il aime mieux tout de suite
l'loge
toire contre
n'aime pas. Dj
honte
:
et contre
s'en aller
La voix du Dmon:
deuxime partie.
son dmon,
C'est
..
alors que,
cetl e
,
Mention
il
.-m
la
allait passer
au h
moment o dans
-,
j de
1 1
autre
a entendu la voix de
rien
s'tait
Voir
la
note de
Thompson ad
ao n.
a.
Peut-
que
l'pilepsie s'appelait
xxxiv
avait
PHDRE
obscurment senti que
:
l'loge
dont
les
les
hommes hono-
un pch contre
l'amour dont
un amour de gens
libres (2^3 c) *. qui a vraiment permis Socrate de prendre enfin pleine conscience de son pch. Il est donc difficile de ne pas voir
l
d'hommes
une coupe significative dans le dveloppement du dialogue une inspiration qui venait d'en bas s'en substitue dsormais une autre, qui vient d'en haut. Car un dmon, selon la doctrine du Banquet (202 e sq.), est un mdiateur : c'est grce lui que l'homme est capable de cette divination de l'me dont Socrate s'tait tout l'heure jug investi, et les divinits dont il lui porte le verbe sont des divinits vraiment souveraines. C'est donc, je crois, une erreur de
:
considrer la discussion sur la rhtorique comme inaugurant la deuxime partie du dialogue ds le dbut, la rhtorique tait son cadre et nous ne sortons pas de ce cadre. Mais
:
ce qui a compltement chang, c'est le rapport ce cadre de son contenu celui-ci tait jusqu' prsent une image sans vrit, dont on n'a fait que rectifier le dessin sans en c'est la ralit mme de corriger l'inconvenance foncire l'amour qu'enfermera dsormais le cadre. La deuxime partie du Phdre, comme partie distincte dans l'ensemble, me parat donc tre constitue par le second discours de
: ;
Socrate.
que Phdre a surtout admir, forme (257 c). Or il s'tait promis, avant de l'avoir entendu, d'obliger Lysias entrer en comptition avec Socrate, en composant son tour un loge de l'amour (2^3 de). Il craint maintenant que cette comptition ne tourne pas l'avantage de son hros, sans penser, bien entendu, autre chose qu' la difficult pour Lysias de raliser dans la forme une pareille lvation. Aussi bat-il prudemment en retraite et allgue-t-il, par anticipation, un prce second discours, ce
c'est
la
Dans
beaut de
la
texte pour excuser Lysias s'il garde le silence dj suspect aux politiques en crdit parce qu'il compose des discours et qu'il est un logographe (p. 56 n. 2), ne risquera-t-il
:
Socrate relve cet gard des passages du discours de Lysias c) et de son propre discours, a38 c-aSg b.
NOTICE
xxxv
pas ainsi de surexciter encore leur hostilit ? Un homme public redoute en effet d'tre appel sophiste cela reviendrait dire qu'il est en dehors de la vie publique, travail:
l lant en effet dans la coulisse pour ceux qui y participent N'y a-t-il pas toutefois, observe Socrate, quelque chose de dconcertant dans ce grief comme dans cette crainte (cf.
.
homme
politique,
qu'il soit
comme
Darius
monarque absolu d'un grand royaume, ou bien comme Lycurgue et Solon orateur dans un Etat grec, n'est-il pas un logographe? Ses lois sont des crits et qui sont destins
d'autres, principalement la postrit sur laquelle rgneront ces lois. L'illustration que se sont acquise de tels crivains prouve donc qu'il n'y a pas de mal, en soi et abso-
lument, se faire crivain, et aussi bien dans des productions qui ne concernent pas le public, en prose tout comme en vers. La question est autre c'est de savoir par quels carac:
d'un bon. A-t-on besoin d'examiner cette question de valeur relative") N'en aurait-on pas besoin, ce ne serait pas une raison pour ne pas goter un
tres
crit se distingue
un mauvais
un
tel
examen
2
.
En
tre
un
plaisir
ou non,
ce n'est
manque
Socrate et Phdre.
La question d'moluments est ici secondaire. Ce qui importe un logographe, un matre de rhto rique ont un faux talent, puisque ce sont des orateurs qui ne parlent
i.
pas, des plaideurs qui ne sont pas partie au procs qu'ils plaident,
des politiques qui ne prennent pas part la vie publique ; ils sont comme des fltistes qui ne joueraient pas de la flte, mais se borneraient en fabriquer l'usage de ceux qui en jouent (cf. Euthydeme 288 d-290 a). Il est possible que le passage 257 c d soit une allusion
il
aux dceptions politiques de Lysias (cf. Notice, p. xvi sq.). Mais pourrait s'appliquer, presque aussi bien, Isocrale (cf. p. xxiv
sq.).
j. 258 d e et la n. 1 de la Quand Platon fait dire p. 5g. Phdre que l'pithte de servtes est donne, ou a t donne, aux plaisirs qui sont dans la dpendance d'un besoin, fait-il allusion l'emploi de cette formule par quelque autre, ou par lui-mme ? Du moins n'est-ce pas, comme on le dit parfois, un renvoi au Phdon
69 b (car ce qui cet endroit est dit servile, ce n'est pas le plaisir, c'est une certaine espce de vertu [de mme Rpublique IV 43o b, pour une certaine espce de courage]), mais peut-tre 66 cd.
xxxvi
PHDRE
s ' es *,e
dps Ciaales
leur
lieu de
ne doivent pas, pareils des esclaves ou des btes, se laisser vaincre par la chaleur le chant ensorceleur des cigales ne les captivera pas, pour leur perte, comme dans l'Odysse celui des Sirnes. Ils peuvent esprer au contraire que, d'avoir rsist leurs enchantements en employant le temps philosopher, cela leur vaudra l'avan? Ils
;
examen
tage d'tre signals par ces dlgues et ces interprtes des celles d'entre ces dernires qui ont le plus noble c'est Galliope, l'ane, et sa rang. Elles sont nommes
Muses
Or la premire est, d'aprs la tradition la plus ordinaire, muse de l'pope et de l'loquence, la seconde, de l'astronomie leur commune musique est la plus belle de et p. 60 n. 1). Je crois apercevoir l un toutes (p. 29 n.
cadette, Uranie.
;
ensemble
significatif
de notations.
Il
hirarchie parmi les Muses et dans l'ordre de leurs fonctions. Socrate leur avait demand, toutes indistinctement, l'inspiration de son premier discours, et on se rappelle o cela le conduisit. Or c'est quand il tait parvenu au ton de l'pope
et qu'il s'est refus continuer par peur d'un pire danger voici qu'il a entendu l'avertissement de son Dmon. Mais
maintenant
ment
qu'il distingue entre les Muses et que, conformd'ailleurs la tradition, il donne Galliope la premire
place. Est-ce
au
titre
seulement de l'pope
et
de l'loquence
La subordination d'Uranie, muse des choses du ciel, l'gard de Galliope, suggre l'ide que la double fonction de celle-ci
commun, qui ne peut donc l, au moins pour ce qui regarde l'loquence, une sorte de prsage de l'existence d'une rhtorique philosophique et de sa relation ncessaire avec l'lude du ciel et de la nature entire (26g d sqq.,
relve en effet de quelque principe tre que la philosophie . Il y aurait
1
surtout e-270 c). Au surplus ce qui est dit de l'incomparable valeur de la musique de ces deux Muses est tout fait dans le sens de ce qu'on lit dans le Time (A 7 de), o les mouve-
et leur
rythme, sont
1. Que Calliope ft chez les Pythagoriciens le nom de la philosophie (p. 60 n. 1), Maxime de Tyr (VII 2. 63) est seul le dire, mais peut-tre bon droit cf. Empdocle, fr. i3i Diels.
;
NOTICE
manifestemont
lis, la fois
xxxvh
la musique proprement dite dont on connat d'autre part l'troite correspondance. En second lieu, ce sont les cigales elles-mmes qui sont en quelque sorte promues en dignit. Elles se rattachaient tout l'heure cet ensemble d'influences locales qui ont inspir Socrate une loquence mensongre (cf. 262 d). Maintenant encore ce sont des sorcires, dont l'inlassable claquette travaille endormir la pense du philosophe. Ces sorcires toutefois rcompensent celui qui rsiste leurs malfices si Phdre et Socrate ne trahissent pas la philosophie au profit d'un repos animal, s'ils persvrent dans leur enqute sur la rhtorique, ce sont elles qui devant Calliope et Uranie en porteront tmoignage.
et l'astronomie,
:
Ainsi
le
mythe des
mde.
le
Il est
Cigales serait autre chose qu'un intercomparable ce qu'est dans le Phdon (84 e-85 b)
mythe des Cygnes, les oiseaux d'Apollon, qui rappelle le thme apollinien du dbut (60 e-6 1 b) pour en faire repartir
ensuite le dialogue. De mme, le mythe des Cigales est comme le pivot du Phdre. Le second discours de Socrate nous a fait
le plus lev dans la conception de l'amour. Mais nous n'en avions pas fini avec la rhtorique et il nous faut revenir notre point de dpart. Ce sera pour-
et l'objet
apparent
est
discours s'est effet ajout ceux qui remplissaient la premire partie. Du point de vue suprieur jusqu'o il nous a levs, nous recommencerons notre enqute, mais avec de
plus vastes horizons, non pas seulement sur la rhtorique, mais sur le rapport qui l'unit l'amour et au-dedans de l'me.
de en
le
faire
sentir.
Un
Nous
comprendre
la
d'une troisime partie ; elle se lie faon la plus intime et elle en fait destination. C'est un nouveau motif de
seuil
la
mme
particulirement
La troisime
partie
subdiviser en trois
,.
sections.
tn Dans
la
les
premire,
conditions
les
aprs
avoir
dtermin
uvre d'un
art quelconque,
plus gnrales auxquelles doit satisfaire toute on s'interroge sur les uvres
que produit
l'usage
de
la
rhtorique
et d'autre
part,
en
xxxvin
PHDRE
exprimentant sur des exemples, on cherche dans quel cas l'usage ne satisfait pas du tout ces conditions gnrales, ou bien y satisfait d'une faon incomplte, ou enfin totalement. Une seconde section envisage l'enseignement de la rhtorique, et dans ce qu'il comporte, et par rapport la contribution historique des Matres la constitution de l'art enseign sous ce nom. Enfin, dans la dernire section, cette rhtorique de fait Platon oppose ce qu'on pourrait appeler une rhtorique de droit, rhtorique philosophique qui n'est autre chose qu'une mise en uvre pratique de sa dialectique '
.
rhtorique
A. La question examiner en premier lieu (a5g e sqq.) est celle qui a t P se tout 58 *) heure
I
se dire un art
comment
actes
)'
et
pourquoi parler
et crire,
reprhensible, ni, ajouterions-nous, de spcifiquement mritoire, peuvent-ils tre tantt quelque chose de mauvais et
tantt quelque chose de bon ? Ce dernier rsultat, Socrate la certitude, ne sera obtenu qu' une condition connatre ce qui est la vrit sur le sujet dont on traite. Ce n'est pas l
en a
pourtant ce que Phdre a appris l'cole de la rhtorique si le but atteindre est de persuader des auditeurs (ou des lecteurs), ce n'est pas le vrai qu'il importe de savoir, sur la justice par exemple, mais uniquement, puisque ce sont eux
:
qui doivent juger et dcider, quelle est l-dessus leur opinion, de faon utiliser cette opinion pour produire en eux telle conviction qu'on veut obtenir. Soit rplique Socrate, appli!
ne sais pas ce qu'est un cheval; jesais uniquement que, dans l'opinion de Phdre, c'est entre les animaux domestiques celui dont les oreilles sont les
quons donc
ceci
un exemple
je
plus longues
la
en conformit avec
i
.
rhtorique m'autorisera-t-elle lui persuader, cette opinion, qu'il fera bien, ayant
ternaires se
ici, cette
festait
La prdilection de Platon pour les divisions dans le Phdon et dans le Banquet. De fait,
mani-
troisime
partie est la premire, j'ai tent de le montrer, dans un rapport dont la seconde est justement la clef. Est-ce dire pourtant qu'elle
? Je ne le pense pas dans ce reste, en effet, il y a une coupe si nettement marque 37^ b, qu'il me semble impossible de ne pas considrer comme une partie distincte tout ce qui concerne la valeur propre de l'crit.
:
NOTICE
xxxix
besoin d'un cheval pour la guerre, d'acheter cet animal aux longues oreilles ? Il n'y a qu' transporter cet exemple au cas de la distinction du bien et du mal, pour se rendre compte de ce que peut valoir en ses fruits une rhtorique ainsi conue. Peut-tre y a-t-il cependant, dans l'expression d'un
tel grief,
d'un de ses suppts (Notice, p. cxxvm sqq.), rponpar dra que la connaissance de la vrit est prliminaire sans doute,
la voix
et
que,
si
le
but du
discours est de persuader, on ne saurait se passer de la rhAinsi une sorte torique, l'art qui en enseigne le moyen.
discipline capable d'tre transmise par soutient qu'elle n'est au contraire qu'une grossire routine. Il procde donc, selon l'usage, l'interrogatoire de la partie adverse (p. 62 n. 3).
art,
;
demandeur de se dire un
rhtorique est dfenderesse. Le lui refuse le droit, telle qu'en fait elle se comporte,
la
une
l'enseignement
il
B. Le but
de
la
La rhtorique
rhtorique,
deman-
dera-t-il,
mes
?
psychag^ogie de l'illusion.
cela
de
d
.>
'
chagogie
comme il
est
dont
Est-elle
le
but
dans toutes
les
circonstances possibles,
que le discours sera tendu. Mais, dans l'Assemble ou au Tribunal demandeur, riposte n'est-ce pas une controverse qui s'engage, une anlilogie, o s'affrontent deux parties dont chacune cherche faire croire aux mmes gens que la mme chose est juste ou injuste, bonne ou mauvaise ? Or n'est-ce pas ce qui se passe aussi
le
petit cercle et portant sur de petits intrts, ainsi l'argumentation de Zenon d'EIe sur la pluralit et le mouvement ? C'est donc que le domaine de la rhto1.
Sur
ment
ici
la section VI.
xl
PHDRE
rique est bien plus vaste qu'elle ne le croit, mais que, d'autre part, son caractre essentiel est de s'appliquer, autant que faire se peut et l'gard de gens capables de s'y laisser pren-
dre
i ,
en
de
crer
une
illusion,
ou bien au contraire
de
telles
discours
d'autrui
comment
pourra-t-on pratiquer contre autrui cet art d'illusion, ou bien viter d'en tre dupe soi-mme, si l'on n'est pas capable de distinguer des choses qui se ressemblent ? Car le
terrain privilgi d'un on peut insensiblement
tel
d'un terme celui qui en est Produire l'illusion aussi bien que la discerner suppose donc qu'on ne se contente pas d'oprer sur des opinions incertaines et vagues, mais que l'on connat l'essence vraie de ce qui, peu ou prou, se ressemble 3 Autrement, la rhtorique n'a aucun droit de se prsenter la barre
glisser
2
.
rellement
le contraire
est
un
art.
e recours
qui spare un discours tait avec art d'un discours sans art, considrons, dit Socrate, les trois discours qui ont t prononcs sur l'amour: celui de Lysias et les deux miens. Et Phdre d'approuver lve des
la ditlrence
;
aux exemples.
concret
rhteurs,
il
est
en
effet
i.
261 e 3
ot est, je crois,
un masculin
et,
de
mme,
sv toi;
Cette proposition correspond celle de c 10 sq., o Platon a distingu entre V objet dont on parle et les sujets qui l'on s'adresse. Nous savons tous ce que c'est qu'un ne et ce que c'est
aXXoi 262 a 11.
qu'un cheval on n'a donc aucune chance de faire prendre quelc'est ce qui faisait de l'exemple qu'un un ne pour un cheval prcdent un argument la fois comique et premptoire. Mais il n'en est pas ainsi pour le juste et l'injuste aussi, devant des sujets qui, sur ces objets, ignorent la vrit, aura-t-on beau jeu pour tout
; ; ;
Le genre
ressemblance , dit
le
soit
constamment sur
glissant . 3. Il suit
l'art vritable
ne peut appar-
un
savoir authentique
ou
qui joue,
comme
Socrate, la comdie de
Y inscience. Cela
rappelle, la
NOTICE
xu
qui sont les compositions pidictiques du matre. Oui, poursuit Socrate, c'est une heureuse chance, vraiment, qu'aient t prononcs les deux discours qui offrent quelque exemple de la faon dont on peut, bien qu'on connaisse la vrit, se faire de la parole un jeu pour garer ceux qui vous coutent (cf. 25 c s. Jin.). Les deux discours en question ne peuvent tre, mon avis, que le discours de Lysias et le N'est-ce pas tout d'abord une premier discours de Socrate heureuse chance que Socrate ait rencontr Phdre et qu'ainsi il ait connu le discours de Lysias? De plus, c'est encore un
l
.
hasard, heureux en
arrts
manent
ils se
sont
xxxn sq.),
sans lesquelles jamais Socrate n'et cd aux objurgations de Phdre ni repris son tour le thme de Lysias. D'un autre
l'indique assez clairement (262 d et p. 66 n. 2), l'audacieux paradoxe par lequel Platon, jeune encore, traduisait en ternies saisissants sa conviction profonde de la valeur absolue du savoir, le paradoxe de VHippias minor. En mme temps, cela annonce l'ananuance que Platon, vieillard, consacre lyse, plus subtile et plus la question dans le Sophiste (233 a-236 d et surtout 266 d jusqu' la
suite
fin
du dialogue)
livre
au
de
la
la
Rpublique,
Sophiste distingue explicitement une production de ralits vraies, qui sont des copies, et une production de simulacres, qui sont de fausses
envisagent
analyses
apparences. Mais, parmi les simulateurs dont les produits sont de ce dernier genre, il distingue ceux qui ont la connaissance vraie de ce l'art des premiers est qu'ils imitent et ceux qui en sont dpourvus
:
une mimtique informe (taxoptxrj tij p.tu,r at) et celui des autres, une mimtique d'opinion, une doxomimtique. Puis entre ces derniers apparat encore une nouvelle distinction il y a le simulateur candide
i :
(erjOr,;),
il
ici le
public, qui se croit en tat de juger et de dcider, cf. 260 a) et le simulateur astucieux (epwvizd, cf. ici 271 c db.), qui affiche ext-
rieurement un savoir dont, au-dedans de lui-mme, il sent l'effroyable nant; selon que son hypocrisie s'exerce dans des assembles publiques ou dans des runions prives, en longs discours ou bien en argumentations, c'est
sophiste.
Dans
comme
dans l'autre,
le
Phdre
dirait,
que c'est un orateur (cf. p. xx n. 3). Sur ce point je m'carte regret de l'opinion de M. Bouril guet s'agit ici d'aprs lui (art. cit. p. 338) des deux discours
:
de Socrate.
xlii
PHEDRE
de l'loquence pour tromper l'auditeur quoiqu'on sache soi-mme ce qui est vrai, cela convient seulement, et au discours de Lysias en une acception ironique et comme
ct, jouer
si
celui-ci dissimulait ce
c db.), et
que rellement il sait (comparer 271 au premier discours de Socrate, puisque le mensonge
de ce discours est celui de l'homme qui sait ce qui est vrai. Sans doute une telle connaissance de la vrit est-elle pareil-
second discours; sans doute celui-ci oratoire (cf. a65 c, db. et fin) sans doute aussi suppose-t-il une heureuse chance, savoir que la voix dmonique soit intervenue pour dterminer Socrate sa palinodie . 11 n'en est pas moins vrai qu'il n'a rien voir avec l'opposition, si nettement marque ici, entre
le
est-il
pareillement un jeu
vrit au-dedans de la pense et mensonge dans l'expression de cette pense au dehors. Enfin n'est-ce pas intentionnellement, plutt que par ngligence grammaticale, que, parlant des deux discours, Platon a crit qu'ils contiennent un exemple d'une telle opposition ? En fait, d'ailleurs, c'est par le discours de Lysias que commencera cette leon des exemples la critique qu'on en a faite du point de vue de la forme doit tout naturellement dispenser d'examiner pour lui-mme le premier discours de Socrate, car il en corrigeait seulement les dfauts de forme l'unique leon en tirer, on le voit en effet (265 sa relation au second discours, en a), est celle qui rsulte de tant qu'avec celui-ci la considration du fond remplace celle de la forme, et que la vrit y est cette fois proclame par
;
;
l'homme qui la connat. Ainsi les trois discours seraient trois exemples celui de Lysias, de jeu mensonger sans art le premier des discours de Socrate, de jeu mensonger avec art le second, de jeu la fois vridique et plein d'art. La critique du discours de Lysias (262 d fin sqq.) porte sur deux points. Le premier prcise des indications antrieures 261 cd) le domaine o se meut la rhtorique dans toute (cf. son extension, c'est celui de ressemblances qui favorisent le passage inaperu d'une notion son oppos. Ici ce sont de nouveau les notions de juste et d'injuste, de bien et de mal qui servent d'exemple pour montrer que nulle part la rhto: ;
les sujets
sur rique n'est plus son aise pour produire l'illusion que qui prtent controverse, tant de ceux sur lesquels
pense, non seulement de divers hommes, mais de chacun de nous en des moments divers. Pour parler
flotte, hsitante, la
NOTICE
ou
crire
xliii
avec art
il
est
d'abord dtermin
si tel
ensuite, de s'tre mis dont il s'agit (cf. 287 c, 277 b). Or c'est prcisment le cas de l'amour: sans quoi Socrate n'aurait pu son gard adopter successivement d ans ses deux discours deux attitudes contraires. Lysias est donc fautif de n'avoir point, comme l'a fait Socrate au dbut de son premier discours, dfini la conception qu'il s'en faisait. Le second point sur lequel on voit que
n'est pas le cas du sujet traiter et, d'accord sur une dfinition de la chose
Lysias a manqu d'art (263 e db.) se lie cette premire faute ne sachant pas de quoi il parlait, il ne pouvait ordonner convenablement son discours il a commenc par la fin
:
donc une composition inorganique. Ce qu'en premier lieu rvle d'autre part l'exemple de la relation qui existe entre les deux discours de Socrate (264 e
sqq.), c'est l'importance significative de leur contrarit. Cette
contrarit nous
espces
mne en
effet
dont l'une est une vraie maladie dans laquelle dchoit notre nature bumaine, tandis que l'autre est une possession divine par laquelle nous sommes au contraire levs au-dessus de nous-mmes. Il est possible que la premire espce corresponde ces dlires dont parle le Time (86 b sqq.) et qui sont suffisamment expliqus par des tats du corps. Mais il me parat plus probable, tant donne la faon dont cette distinction est introduite, qu'elle doit
dlire,
du
dj note, des
deux discours (cf. p. xxxn sqq.). Or l'amour, de son ct, a t reconnu pour tre un dlire, aussi bien par le premier discours (2/4 a 4 b 8 cf. 238 e fin) que par le second. En raison
1
;
toutefois de cette diffrence d'inspiration, le premier a considr ce dlire comme un mal jeu impie le second y a vu au contraire la plus belle des formes de dlire qu'il a distin:
'
gues
auquel
.
il
jeu sacr et qui rend au dieu Amour l'hommage a droit. Peu importe quoi Platon a pu penser au
1 Il est assez surprenant que Platon prsente 265 b la distribution des quatre formes du dlire entre quatre divinits comme si elle correspondait exactement la division de a44b sqq., alors qu'elle constitue une nouveaut relle. On ne peut cependant souponner
ici
une interpolation.
IV. 3.
xliv
PHDRE
juste quand il avoue n'avoir sans doute pas russi garder le contact avec la vrit (p. 71 n. 2); l'essentiel, c'est que cet
hommage
est lyrique et mythique, et que le moment o Platon caractrise ainsi son deuxime discours est celui o il
introduit la notion de la
tant qu'il est
mthode dialectique (a65 bc). En un hymne mythologique, ce deuxime discours est en lui-mme un mlange, c'est--dire qu' la fiction potique se mle une vrit. Mais ce n'est pas par lui-mme
qu'il
la
a motiv l'introduction de la dialectique, c'est par son opposition au premier discours et, comme dit Platon, par
faon dont on a pu passer ainsi du blme l'loge, reconnatre la ncessit d'une division, donc d'une spcification. Aussi, quand Socrate, un peu plus loin (e), parle des deux discours grce auxquels ce rsultat a t obtenu, est-il vident qu'il ne s'agit plus des deux discours, pareillement mensongers, dont il tait tout l'heure question (262 c fin) celui de Lysias est explicitement mis hors de cause (264 e), et
:
du second
ont envisag l'garement d'esprit dans l'unicit de sa nature mais, tandis que l'un a taill d'un ct et ainsi a abouti dterminer la branche gauche et funeste de cette nature, l'autre a taill du ct
ils
;
Or
une branche droite, ce qui lui a permis de dcouvrir une sorte divine d'amour, qu'il a loue comme il convient (265 e sq.). En rsum, si l'on veut tre capable de comprendre comment une rhtorique fonde sur
pur empirisme on pourra substituer une rhtorique philosophique, il est galement impossible d'isoler le premier discours de Socrate de celui de Lysias et, l'un de l'autre, les deux discours de Socrate. Ainsi se manifeste nouveau, et d'une faon particulirement clatante, l'unit dcomposition du dialogue, puisqu'ainsi on voit quelle troite solidarit lie l'examen de la rhtorique la conception de l'amour.
le
II.
Mais Phdre
ne connat qu'une
actuelle
rhtorique, celle des rhteurs qui sont ses matres : une rhtorique qui dpen-
drait de la dialectique ne dit rien son esprit (cf. p. 73 n. 3). 11 rclame donc qu'au contraire, en face de la dialectique,
on envisage
la
rhtorique en elle-mme et
c).
titre
de genre
elle
indpendant (266
Si
c'est
une
discipline
autonome,
iNOTICE
xlv
doit avoir des rgles techniques qui lui soient propres (cf. 269
bc). Aussi y a-t-il lieu de passer en livres o celte discipline est expose,
revue
le
contenu des
quelques-
de
nommer
uns des matres qui en ont fait profession (cf. section VI). Ce qui seul la vrit nous intresse prsentement et par rapport au dveloppement du dialogue, c'est l'examen critique de cette prtendue discipline (268 a sqq.) c'est en effet de cet examen que sortira, rclame par Phdre lui-mme (269 c), la notion d'une rhtorique qui mrite d'tre appele un art. Cet examen se fait par une mthode comparative
:
:
quelles sont les exigences des arts incontestables et, pour ainsi dire, constitus, ayant des reprsentants illustres et dont l'avis fait autorit quant aux exigences de chacun de ces arts?
Or le mdecin, le pote tragique, le musicien s'accordent reconnatre que l'exercice de leur art suppose des tudes
prliminaires spciales un mdecin par exemple, avant de soigner des malades, doit avoir appris quel est l'quilibre du chaud et du froid dont est faite la sant, quelles sont les
:
espces de perturbations qui peuvent survenir dans cet quilibre gnrique, quelles sont pour chaque effet curatif
obtenir les ressources de la thrapeutique. Mais il sait aussi que de telles connaissances, purement formelles, ne suffisent pas pour tre capable de gurir quelqu'un la grande affaire,
:
organiser et de les mettre en uvre en les adaptant des sujets individuels et des circonstances singulires
c'est
de
les
(268 b
met
le
s. fin. ; cf. 270 b). Tout au contraire, la rhtorique tout de l'art dans une thorie qui ne concerne que les
lments, qui est scolaire et livresque, qui se flatte d'tre exhaustive parce que, dans l'abstrait et artificiellement, elle
envisage les opposs d'un mme genre. Quant au surplus, qui est vritablement l'essentiel, elle n'en a cure et c'est
affaire
aux lves de se dbrouiller tout seuls quand ils auront ou crire. Or ce surplus, il n'y a que l'exercice de la dialectique qui puisse le donner (269 bc). C'est justement ce qu'expliquera Platon par la suite quand il parlera de la
parler
'
rhtorique philosophique
1.
actuelle
Surtout 371 c-272 b. C'est de cette dficience de la rhtorique que tmoignait dj l'examen critique du discours de Lysias,
sq.,
235 e
22d-264e.
xlvi
III.
PHDRE
Celle-ci, la vraie,
Platon l'envi-
mthode,
actuelle.
il
en prcise
par opposition
la
rhtorique
A.
lieu
Il
commence
1
par prendre son compte, pour le moment n'tait sans doute dj qu'un
il
commun
mais
en renouvelle compltement
l'esprit
par le commentaire qu'il fait ici du mot savoir. Les dons naturels sont assurment indispensables l'orateur. Mais, comme il va le montrer par l'exemple de Pricls (270 cd 2 ),
ces
par ne rencontre en outre le matre capable de raliser un tel accord, si l'on ne pratique enfin la mthode qui convient l'usage de ce savoir. N'est-ce pas justement toute la doctrine de l'ducation dans la Rpublique?. Elle dfinit le naturel philosophe, en mme
s'ils
ne sont soutenus
si
et consolids
un
l'on
temps qu'elle explique comment il se corrompt (VI 485 a-487 elle indique par quelle sorte d'instruction, a, 489 e-4o5 c) d'abord scientifique, proprement philosophique ou dialectique ensuite, et qui est l'instruction donne par les matres de
;
1. On la rencontre, peu de chose prs, dans Protagoras (Vorsokraliker ch. 7^, B 3) sons la mme forme qu'ici, dans l'crit connu sous le nom d'Anonyme de Jambliquc et qui est probablement contem;
Vorsokr. porain de la guerre du Ploponnse (o5, i3 sqq. Pistelli dans les Doubles raisons (oiaao: Xdyoi ou Dialexes) ch. 82, 1-3 dans l'crit hippocratique Sur la loi 9, i-h (chap. 83 des Vorsokr.)
;
;
le
v e sicle
d'autres
que
lui
1
l'utilisent
galement
comme un
principe,
cf.
p. cxlvi, cli n.
et clxviii.
2. Une me parat gure douteux, malgr l'opinion contraire de Burnet, que 270 a 5 il faille lire, avec les meilleurs mss. et avec Hermias, vo;'a, absence d'intelligence, et non Stavot'a, pense discursive (par opposition l'Intelligence souveraine). Mais il est peu vrai-
semblable que, comme le voudrait Hermias (2^4i i5), d'intelligence dsigne la matire, c'esl--dire le mlange
l,
Yabsence
infini des
particules, sur laquelle, d'aprs Anaxagore, agit l'Intelligence. Il y a me semble-t-il, une plaisanterie, la fois sur l'impopularit o
finit
le
procs
intent au Nous
lui-mme,
c'est--dire
Anaxagore
l'autre,
c'est ainsi
comme
l'envers de
NOTICE
l'Acadmie,
xLvir
;
un
tel
elle
suppose enfin
des exercices appropris d'entranement (VII 52 1 c sqq., 535 a sqq.). Le caractre fondamental du savoir ainsi acquis,
voyons ici, qu'il soit dsintress et gnral 270 a), ce qui le fait prendre par les sots pour un vain bavardage et une rverie dans la lune , et, pour le caractriser, le Phdre use des mmes termes que la Rpublique (VI ^88 c sq. *); gnral (2700c), parce que chaque
c'est,
:
nous
le
dsintress (269 d,
chose est solidaire du tout, et c'est la Rpublique encore qui insiste (VII 537 c) sur l'aptitude caractristique du dialecticien philosophe voir les choses dans leur ensemble, tre un esprit synoptique. L-dessus Platon indique quelles
conditions gnrales la recherche doit satisfaire pour n'tre 2 pas un ttonnement d'aveugle , quelles conditions d'autre
part devrait avoir satisfait la rhtorique avant de prtendre se constituer en discipline autonome (270 e sqq.). Ce n'est pas
encore
la dtermination de sa mthode propre, mais c'est ce qui y achemine. L'exemple de la mdecine lui sert expliquer sa pense. On ne peut en effet soigner le corps sans savoir de ensemble il fait naturel quel partie, sans savoir quelle en est
la nature et si elle est simple ou compose, sans connatre, dans ce dernier cas, le nombre des parties composantes et la fonction de chacune d'elles, sans avoir dtermin dans ce domaine toutes les actions et les effets qu'il est utile de
une psychagogie et si, par son est l'me consquent, objet pour y produire la persuasion, c'est ainsi qu'elle devrait procder, considrant d'une parties
espces d'mes et, de l'autre, les espces de discours, dterminant sur quelles mes agiront tels discours (cf. cxlvii sqq.). Mais comment cela se comprendrait-il si le second discours
de Socrate sur l'amour ne nous avait en effet pourvus d'une thorie de la composition de l'me? Une classification des genres d'mes ne s'explique que par la prpondrance de tel ou tel des lments opposs entre lesquels normalement il
n'est-ce pas ainsi que s'explique la tempraments physiques et la possibilit de les classer? Ainsi, une fois de plus, la relation du second discours
:
harmonie
1.
2.
On
dbut de
la
de
avec le
xtviii
PHDRE
mme temps
on
voit
en quoi
un exemple de
ce qu'est
une
rhtorique fructueuse et qui tend la vrit. B. Voil donc la vraie faon, qui n'est pas celle dont bien parler et de bien crire. parlent en fait les Matres, de
il ne voit cette fois encore, n'a pas compris pas que la mthode de la rhtorique est implique par les conditions de ce qu'elle doit tre et il demande quelle peut
Mais Phdre,
bien tre cette faon de s'y prendre. Ainsi Socrate se trouve amen, en reprenant ce qu'il a dj dit, dterminer avec
la
mthode propre de
davantage sur
la
vraie rhto-
rique (271
c)
Ici, il insiste
la classification
des genres de l'loquence, tantt brve, tantt mouvante, tantt indigne, faisant siennes, au moins provisoirement, les distinctions des rhteurs. Mais le plus important de cette
thorie, c'est
que
la seule
rhtorique constituant
un
ensei-
gnement positif est celle qui ne se fonde pas seulement sur une classification parallle des mes et des discours, mais qui
en outre envisage spcialement leur interaction. Au lieu en effet de laisser l'lve le soin de se tirer tout seul d'affaire en face des cas concrets (cf. 269 c, 277 c s. in.), elle l'aura instruit de la mme manire que, par la clinique, un mdecin apprend ses lves approprier la mdication au temprament du malade et aux circonstances de la maladie dont la (cf. 268 b, 270 b). Instruit par une telle rhtorique, culture dialectique est la base (cf. 266 b, 269 b, 278 de), un
lve saura, le
moment
:
il
doit tenir
1.
Cf. p. 82 n. 2
je ne crois pas que a~ [xiv xh $t\\l<xxx stnev dire la chose en termes propres. Toute la
:
consiste-t-elle pas en effet dire en termes propres la faon de s'y prendre (cf. b 7 oi'toi XXw;, c 3 xv xpzov toutov, c 5 ttva
ne
D'un autre ct, l'opposition (marque par ne se comprend plus entre ce qui prsente de la difficult et ce qu'au contraire Socrate se dit prt montrer et qui concerne prcisment la faon dont on doit s'y prendre pour faire uvre d'art en parlant
-coTov
(xv xpd^ov);)?
Ucv... 8)
tandis
ou eh crivant (w; 8 SsT ypacpstv, si [xsXe-....). En d'autres termes, que Phdre, ainsi que l'y ont habitu ses matres, attend un modle ou un corrig qui lui donne les phrases elles-mmes, un dites ceci, dites cela , o sera mise en action la mthode de est l'Art, c'est seulement une thorie de cette mthode que Socrate
prt lui offrir.
NOTICE
*lix
tels auditeurs, par rapport telles conjonctures, et aussi quelles sont celles dans lesquelles il est au contraire opportun de se taire (271 d fin, e-272 c cf. 270 e). Bref, une
;
thorie qui reste thorique ou formelle et qui est dpourvue d'efficacit, se substitue une thorie qui est thorie de la pratique et qui s'applique un contenu rel. Ainsi se trouve
finalement confirme, parmi les facteurs qui conditionnent le mrite de l'orateur et de l'crivain, la prminence dcisive
du
savoir.
G.
On
voit
mieux maintenant
:
ce qui creuse
un abme
entre la fausse rhtorique et la vraie, entre la rhtorique de fait et la rhtorique de droit c'est que l'objet de la premire
vraisemblance, celui de la seconde, la vrit et que, en fin de compte, seul est apte produire la vraisemblance qui connat aussi la vrit. Sur ce point encore, le dialogue ne
est la
fait que reprendre des ides dj exposes et auxquelles des renvois sont frquemment indiqus ; mais elles sont mises ici dans la lumire qui doit leur donner toute leur valeur
significative.
Socrate commence par rfuter une objection des matres de rhtorique s'il y a, disent-ils, une voie trs courte pour atteindre le but de l'Art, quoi bon en prco:
niser
et
de
circuits? Oui, rpliquera-t-on, s'il ne s'agit en effet, comme on le voit dans les dbats des tribunaux, que d'une routine
du mensonge (272 e-273 c), dont le but est de faire illusion un juge qui n'a ni le dsir ni le loisir de s'enqurir de la vrit, pas plus sur le fait en cause que sur la diffrence du l Quand c'est des sommets qu'on juste et de l'injuste aspire s'lever, on ne reculera pas devant la peine que cotent les longs circuits 2 La rapidit de la marche, dira de
.
.
mme
ordre,
le Politique
et, s'il
(286d-287
faut
un long
dialecticiens,
1.
2.
Comparer Gorgias 455 a et surtout Thlle 201 Cf. p. 84 n. 1. La phrase finale de Socrate
si
a-c.
27/i a
sur l'ac-
poursuite d'une
que, dans
le
Phdon
magnifique esprance rappelle le beau risque (n4d; cf. 84 a b), le philosophe accepte de
courir en pariant pour la croyance l'immortalit et pour ce qu'elle exige de lui dans sa vie prsente.
PHDRE
rang.
Le second point est plus important but apparent de la rhtorique, savoir l'action sociale de ma pense sur celle d'autrui par le moyen d'un discours adapt celte fin, n'en est pas le vrai but si ce n'est par surcrot ce but c'est, par mon effort vers la vrit, de travailler complaire des dieux bons ou, en d'autres termes, de travailler m'lever vers un idal dont la
meilleur
encore
le
souveraine beaut embellira jusqu' ces objets secondaires ou Ici encore, le surrogatoires de mon activit (273 e sq.)
1
.
Politique nous fournit un commentaire instructif: quand, pour arriver dfinir le politique, nous envisageons l'art du
tisserand, notre but vritable n'est pas celui-l ; il est au del, et c'est de nous rendre plus habiles dialecticiens (286 d).
une tude de la rhtorique n'est sans doute pas notre objet dernier le problme de l'amour, qui un moment a paru n'tre que l'occasion d'exemples utiles pour cette tude, s'affirme comme le problme essentiel l'amour est en effet, dans le fond de sa nature, aspiration vers l'idal, et cet idal, qui est le bien de l'me, elle devient par l'amour
Ainsi, dirons-nous,
: ;
capable de
patrie.
le
A
3 G
not en passant (p. xxxvni n. 1), une pour qu'on y voie, non pas une nouvelle section de la troisime partie, mais vraiment une quatrime partie de l'entretien. Platon dclare en effet qu'il n'a rien de plus dire sur l'art et l'absence d'art dans les
vrtie
^u dialogue accuse,
discours , et par ce
mot
il
b, 25g e, 261 b). Le but qu'on de savoir quelles conditions 2690), peut devenir mauvais ou bon un usage de l'activit qui, en lui-mme, est indiffrent, ce but est atteint. Le circuit, qui s'tait ouvert (25g e) sur l'exigence de la vrit, se ferme ici
fois la parole et l'crit (cf. s'tait fix (268 d,
258
Le souvenir de la garderie (eppoup) du Phdon 62 b est vident 86 n. 2) les dieux sont nos matres et nous sommes leur btail humain, leurs esclaves il no faut ni dplaire au matre, ni s'vader de sa tutelle.
1. (cf. p.
:
:
NOTICE
avec notre dfinitive accession
C'est alors qu'apparat
la
la
li
sphre divine de
la vrit.
l'crit tout seul, la question qui jusqu'alors concernait indistinctement l'un et l'autre.
Peut-tre
n'est-ce
pas
d'ailleurs
cette
'
par dernire
^instruction
directe sur l'crit,
P arlie Platon a }f un m > the celui de de l'criture par Theuth il faisait du b (27/4 mythe sqq.), comme
l'invention
;
des Cigales une introduction la troisime partie. Quoi qu'il en soit, son intention est manifeste cette histoire est le
(cf.
p. cxiv sqq.)
la
l'crit
tue dans la
vivante de
Le progrs de l'instruction ne peut rsulter que de la longue patience d'une culture dirige par l'homme qui sait, culture approprie celui qui la doit recevoir et supposant del part
de ce dernier une
donne
communion avec le matre qui la lui bien loin de servir ce progrs, l'crit engendre l'illu-
sion orgueilleuse d'un savoir dpourvu de critique et trop facilement acquis pour tre solidement fond (cf. 275 cd). On sait avec quelle svrit Platon juge la peinture, en tant
un trompe-l'il destin nous donner le fauxsemblant de la ralit vivante 1 la vie des figures qu'elle campe devant nos yeux est rellement une vie morte et,
qu'elle est
:
il
notre appel, ces figures demeurent inertes et silencieuses. Or en est de mme pour l'crit on s'imagine y trouver une
:
pense vivante
il
mais, qu'on lui pose une question, il ne 2 sait que se de plus, incapable comme rpter ou se taire
; ;
est
de discerner
qui
il
doit
ou non
s'adresser,
il
tombe
1.
Voir p.
xl
n.
les
textes sur
l'imitation
et,
plus
parti-
culirement, Rp.
596 de, 697 d-SgSd, 602 d et Soph. 235 e-236c. 2. C'est ce que disait dj le Protagoras 32g a b, mais en comparant les livres aux orateurs populaires qui parlent interminablement ds qu'on les met en branle et qui se taisent quand on leur pose une
question imprvue, pareils des vases de bronze qui vibrent longuement ds qu'on les heurte jusqu' ce que, en y posant le doigt, on
mette
lu
PHDRE
;
enfin, si on l'attaque, ne peut se dfendre lui-mme (276 de cf. 276 c, 277 e278 b). C'est tout l'oppos pour la parole vivante. Sa parent avec l'crit et la communaut de ce nom de discours dont on les dsigne ne doivent pas nous tromper l'crit est l'enfant btard de la pense. Il n'est en effet que le fruit d'un divertissement, qu'elle s'est occasionnellement accord en vue d'une satisfaction facile et passagre. Un crivain ressemble ceux qui s'encbantent de voir en huit jours pousser une petite plante incapable de fructifier et condamne une mort rapide. Toutefois le livre n'est pas toujours uni;
:
* quement un passe-temps dpourvu de srieux et un pur jeu il comme tout crit, est un moyen de remmoration (276 d,
:
cf.
275
de
si elle doit tre a). Indication capitale, prise au pied la lettre. La critique moderne 2 s'est montre dispose
voir dans les derniers ouvrages de Platon des crits kypomnmaliqu.es, destins rappeler pour les lves de l'Acadmie certaines discussions ou leons de l'cole. A en juger par ce passage du Phdre, cette conception pourrait tre tendue d'autres ouvrages n'est-ce pas le cas, semble-t-il, mme du
:
Phdon
Notice, p. xxi sq.) ? Sans doute la plupart rappelaient-ils Platon la circonstance particulire qui en avait t l'occasion et les mditations qu'elle avait suscites
(cf.
;
ma
en sont au moins une image (cf. 276 a fin). Pour le philosophe ce seraient donc, comme il le dit luimme cet endroit du Phdre, autant de tmoignages, dont s'enchantera sa vieillesse, de l'activit gnreuse de sa pense, et il y a l une confidence que l'historien ne peut pas ngliger.
nos yeux
ils
I. On ne doit pas, je crois, comme le fait Wilamowitz I 453, 486, 487,. mettre trop l'arrire-plan, au bnfice de la seule ide du divertissement, cette intention de se constituer pour l'avenir un trsor de remmorations, une sorte de Journal d'un philosophe ,
2
comme
la
biographie
pense.
d'un
telle
moments d'une
Une
d'ailleurs,
impulsion int-
aussi le
mme
critique: en Platon le
pote est en effet, si l'on peut dire, un lyrique de la pense pure ; ce sont des tats de sa pense qu'il exprime avec un magnifique enthousiasme ; ce ne sont pas, comme chez un lyrique ordinaire, des tats du sentiment lis aux circonstances de la vie.
a.
NOTICE
dmie, des
lui
Qu'il y ait eu, et probablement ds la fondation de l'Aca doctrines non crites , c'est ce dont on ne
peut douter. Mme si l'on rpugne en appeler leur gard au tmoignage des Lettres (par exemple VII 34 1 c sqq.), qui malgr tout demeure suspect (cf. p. xx n. i)et qui d'ailleurs inquite par son parfum d'sotrisme, il y a tout au moins le tmoignage d'Aristote. Le livre serait le reflet de cet enseignement, un reflet que seraient seuls capables de reconnatre
les privilgis qui auraient connu la ralit ainsi reflte 1 . Ces reflets de sa pense, ce n'est pas au surplus pour lui
seul
que
l'crivain philosophe
les
ils
comme
valeur d'un
tel
frappe l'esprit de Phdre et ce qu'il retient, c'est seulement l'ide de jeu littraire et d'exercice rhtorique (e et la note
ad loc") il concde donc que les thmes en devront tre ceux dont Socrate a parl, le Juste, le Beau, le Bien (c, s. in. et 277 e db.). S'il y a l de sa part un malentendu, on
;
faon il doit tre dissip (cf. cxv est-il qu'avec cette p. sqq.). Toujours indulgence narquoise et polie qui lui est habituelle, Socrate s'abstient de contredire ouvertement. Il y a cependant, ajoute-t-il, bien plus de beaut dans une activit srieuse s'appliquant ces
c'est celle objets et pour eux-mmes (cf. 278 a, d e) qui, appuye sur un savoir authentique et usant de la dialectique, ensemence par la parole les mes choisies dont elle
:
mmes
a avec
entrepris la culture. Activit essentiellement effet, car elle sait l'gard de quelles mes et dans quelles circonstances elle doit s'exercer ou bien s'abstenir
lective
amour
en
276 a). Dire d'autre part que la dialectique en est la mthode, c'est dire qu'elle est un entretien, car il n'y a pas de dialectique sans dialogue 2 Et cet entretien est un enseignement, mais ce n'est pas un enseignement dogmatique il suppose en effet une participation active du rpondant
(cf.
.
1.
C'est
un problme
ici.
qu'il
suffit d'avoir
sible
de discuter
liv
PHDRE
si
(ou,
puisqu' chacun de ses pas la recherche ne peut avancer qu' la condition d'un assentiment critique donn l'interrogateur, c'est--dire par l'accord des
l'on veut, de l'lve),
deux interlocuteurs
n'est pas strile,
1
.
enseignement dans la mmoire docile de l'lve. C'est au contraire une semence qui lvera dans son me, engendrant ainsi une activit nou-
Voil pourquoi un
le serait
tel
comme
velle
o
il
originaire. Enfin, de
revivra ce qu'on pourrait appeler l'esprit du germe mme qu'un tel discours est capable,
vient au jour, de se dfendre lui-mme contre les attaques et contre les obstacles, la continuation de sa vie travers les gnrations lui garantit pour toujours le mme
quand
pouvoir (27a,esq.
cf. 278 a-c). L'image qu'voque ce morceau du Phdre me semble tre celle d'une association
;
commun
de
la
dans laquelle
amour de cette vrit qui en est le principe et amour du matre pour les mes qu'il a choisi de cultiver, amour des mes lues pour celui qui guide et surveille leur panouissement, amour de tous ensemble pour ce qui est le fruit imprissable de leur mutuel amour ? 11 y a l un paralllisme remarquable avec un passage du Banquet
(209 a-e) o, l'ide d'une ducation fonde sur la communaut dans l'aspiration au Vrai et au Bien, s'associe l'ide d'amour et de fcondit. Dans les deux cas nous serions donc en prsence de confidences dguises au sujet de l'Acadmie est (cf. Banquet, Notice p. xc sqq.). Si ce rapprochement vient c'est de la d'amour nouveau notion affleurer, justifi, qui comme une eau souterraine courant, invisible, travers toute
cette partie
n'tre consacre
qu'
l'examen de
rhtorique.
le terrain sur lequel, C'est l pourtant * ,e dbut ge meut le dialogue) et
Rcapitulation.
cette surface
dg
ne doit pas
finir
se
Cf.
p.
Phdon
p.
lxxv
sq.
et
du
NOTICE
borne dessiner
lv
les grandes lignes de la troisime et de la quatrime parties, de la mme faon que le mythe des Cigales avait lui-mme pour fonction de nous rappeler quel est le terrain effectif de la recherche (cf. p. xxxvi sq.). Deux points y doivent pourtant retenir l'attention. L'un (278 b) est que tout cet examen de la rhtorique a t une occasion de se divertir. Qu'est-ce dire? Mme la dtermination d'une rhtorique philosophique? Oui, mme cela et Platon
l'indique trs clairement ensuite (c d) : il n'y a qu'une chose vraiment srieuse, ce sont les objets mmes que cette rhtorique-l prend pour matire de son action, le Bien, le Beau, le Juste e db. et 278 a) (cf. 277 indpendamment de
;
l'usage qu'elle en
fait,
la
mmes une
l'aspiration qui
indpendante. Ajouterons-nous que nous porte ternellement vers eux, c'est justement l'amour totalement pur ? Ainsi donc ce qui tait un jeu, ce n'tait pas de parler de l'amour, c'tait d'en parcelle-ci
ralit
ler
propos del rhtorique; car c'est proprement de prendre pour objet qui est le vrai jeu ft-il voil, le fond du tableau a plus d'importance que le cadre auquel est attach
:
Le second point (278 cd) est connexe de celui-ci. dnomination de philosophe est la seule qui convienne l'homme qui, de toute son me, s'attache ces objets suprieurs, c'est qu'il est en effet tout entier possd par le divin dlire d amour sous sa forme la plus haute, celle qui seule, selon la Diotime du Banquet (210 a-d, 211 c), est d'ici-bas capable de nous porter l-haut. Ainsi, jusque dans cette rcapitulation, deux lueurs viennent brusquement illuminer les dessous profonds du dialogue, tout en nous en rappelant le visible objet. C'est ce moment en outre que
le voile.
Si
la
Platon prend soin de fermer le cadre l'intrieur duquel il a indiqu ces perspectives. Il avait en parlant de Lysias commenc de le constituer, il l'achve maintenant en parlant
d'Isocrate.
L'locre w
d'Isocrate.
s'est
entre lesquels
Ces deux protagonistes de la rhtorique -v 1 1 j . au iv e sicle sont les deux termes extrmes dvelopp tout l'entretien. Quant aux
.
louanges donnes Isocrate (278 e-279 b), doit-on les opposer aux critiques par lesquelles Lysias a t si durement malmen? ou bien sont-elles une drision? C'est un problme trs discut.
lvi
PHDRE
il
Mais il n'intresse pas la structure mme du dialogue et devra tre examin sparment (cf. p. clxxiii sq.).
semblable souci de rejoindre l'un deux bouts du dialogue se manifeste dans la faon dont Platon boucle l'entretien de Phdre avec Socrate. Au moment o les deux amis vont quitter leur retraite, sont de nouveau voques les divinits
pi
Un
gue.
l'autre les
de l'endroit, aussi bien les Nymphes et Achlos que Pan, dont le nom est seul prononc (279 b, cf. 278 b). On leur doit bien cette politesse pour les remercier d'une inspiration qui a permis Socrate de prononcer son premier discours, sans lequel il n'y aurait pas eu lieu la palinodie du deuxime. Dans la prire que leur adresse Socrate il y a une
recommandation, dans
le sacrifice
manifestation religieuse que l'on comparerait volontiers la le Phdon (118 a), de ne pas oublier
promis Esculape, ou, dans le Banquet (220 d), la prire au Soleil. Si toutefois les divinits invoques ici sont justement responsables d'une faute qu'il a fallu rparer, on sera fond se demander pourquoi c'est des puissances
la Nature capables d'garer ainsi l'esprit, que s'adresse la prire de Socrate. Peut-tre, du fait mme que la bienveillance de Pan est seule explicitement invoque, est-il permis
de
d'infrer des ides analogues celles que le nom Pan inspire Platon dans le Cratyle (^oSb-d) 1
mme
.
de
le
Pan,
Chevrier, est d'aprs la mythologie fils d'Herms, et ce dernier, messager du verbe divin, a aussi pour fils le Discours.
Pan
dans
est
est
la
donc
frre
du Discours. Or Pan
partie suprieure de son corps sa peau est unie et sans poils, velue au contraire dans la partie infrieure, qui
d'un bouc. Cette dualit ne symbolise-t-elle pas la dualit d'un discours qui se partage entre le vrai, qui est uni, divin, tourn vers le haut, et le faux, qui est tourn vers le bas, capricant. embroussaill? tymologie et mythologie s'accordent donc suggrer, propos de Pan, l'ide d'une synthse de contraires. Ds lors le sens de la prire qui lui est adresse ici serait dans les lments mmes qui la constituent, et
1.
Comme Ta
lo
vreur que
dit-il est,
NOTICE
elle serait
lvii
comparable ce que sont, dans le Banquet, ou gnalogie de l'Amour ou, mieux encore, cette bote dont Socrate est l'image et qui, enfermant une figurine sacre, reprsente au dehors un grossier silne (cf. p. 96 n. 1).
bien
la
Que demande en
effet
Socrate
Qu'
la
laideur grotesque
du dehors s'unisse la beaut du dedans et que, inversement, aucun des avantages extrieurs qui peuvent bien lui choir
ne
fasse tort
vu
implicite qu'une bestiale dgradation de l'amour ne vienne jamais appauvrir l'idal qu'il s'en est fait? Puisse-t-il en somme tre un Sage tout en tant un homme, comme Pan
conclure souhait
un bouc C'est, d'autre part, entretien sur la rhtorique, au cours duquel des discours mensongers et pleins de bassesse s'est uni un discours plein de vrit et divinement inspir en
est
un Dieu
tout en tant
un
invoquant le fils du dieu mme de la parole, Pan qui est patron d'un double discours, Pan en qui s'unissent la bte et le dieu, Socrate semble demander un dieu de la rhtorique de lui pargner la dgradation laquelle est expos dans son discours quiconque mconnat l'idal de la parole *.
Conclusion.
tre mise
En rsum,
1
>
l'unit
de
la
>*
composition
pas
pouvoir en doute. L'art avec lequel elle est ralise est d'une lgret subtile et d'une incomparable souplesse; on en alourdit ncessairement le libre jeu dans l'effort qu'on fait pour suivre ce jeu dans ses mobiles articulations. L'harmonie de l'ensemble y est laite de la varit des lments, des sonorits, des rythmes. Ce qu'il faut chercher en effet ici, ce n'est pas la symtrie factice d'un plan conventionnel ; c'est plutt la puissance cratrice de la vie qui, travers
parait
ni. j du Phdre ne
me
1.
A l'gard
que
la
d'un philosophe,
que de chercher
p. 32),
lgitime deviner.
penser, avec Z. Diesendruck (op. cit. rplique de Phdre, sur laquelle s'achve le dialogue Entre amis tout est commun , soit un ultime rappel du thme
: I
de l'amour, sous prtexte qu'elle suppose la thse du second discours de Socrate et signifie l'attachement semblable de l'amant et de l'aim un bien suprieur, qui leur est commun ? Il ne faut pas voir
partout des intentions dfinies.
i.vni
PHDRE
mille dtours elau prix de multiples accommodements, organise ses matriaux. Quoique cette comparaison soit celle-l
que suggre Platon, il en est une autre par laquelle rendu plus aisment sensible l'art singulier que le Phdre rvle c'est celle qu'en a faite Emile Bourl l'art d'une avec Le thme gnguet symphonie musicale ral est celui du discours. Mais un motif dominant se dessine d'un bout l'autre, tantt d'une manire apparente et
est peut-tre
:
mme
d'abord avec scheresse puis avec une majestueuse ampleur, tantt fondu dans l'ensemble et discrtement rappel, juste
assez
pour
se
faire
deviner
c'est
l'entretien,
commencement
la fin
de
se
celui-ci
fait
un autre
;
jour par
du
accents grandioses
un troisime, le motif de l'me, se lie au thme de l'amour dont il est une variation, et le motif de la psychagogie s'y rattache son tour. Tous ces motifs
s'enchevtrent sans se confondre
;
ils s'annoncent, se dvesont rveills ensuite en sourdine. Joignez cela la loppent, varit du ton tour tour froid et d'une pdanterie caricaturale, puis brlant d'inspiration naf ou persifleur selon que
:
domine
la tonalit
ici
vengeur, selon que la parole est la rhtorique ou bien la philosophie. Ces oppositions ou ces alternatives se font valoir rciproquement, sans heurts ni dissonances criardes.
brutal et cynique,
sq.
dveloppe cette ide avec un rare bonheur d'expression p. 346 Chacune des parties composantes p. xxvi n. 3 a son caractre propre, et en mme temps elle contribue avec les autres
i
.
Il
de
l'article cit
par des variations mnages sans choc, par le groupement et la valeur rciproque des effets que les morceaux successifs produisent,
l'effet
convergent de l'ensemble... Cette uvre, construite avec des mots, voque... l'ide d'une composition musicale par les sonorits profondes qu'elle sait grouper. Mais aussitt il introduit une rserve
taire
pleine de sagesse Mme en surchargeant le Phdre d'un commeno tous les motifs seraient nots, je n'arriverais pas faire
:
sentir la
orchestrs dans
NOTICE
lix
s'tonne donc que les critiques anciens soient pour la plupart rests insensibles une russite aussi merveilleuse.
sa Rhtorique (III 7 fin) justifie son caractre ironique l'emploi, dans certaines parties par du Phdre, du style de la posie parat indiquer que l'exem-
On
ple
du Phdre
tel
tait celui
fait,
un
emploi. De
qu'on allguait pour condamner par Diogne Larce (III 38) nous
savons que Dicarque, le disciple d'Aristote, tait trs svre pour notre dialogue, y incriminant la vulgarit ou, tout au moins, l'enflure du style. Ce n'est donc pas, semble-t-il, sans motif que Denys d'Halicarnasse parle du grand nombre de ceux qui, avant lui, ont fait le procs du Phdre, et sans doute n'tait-il pas le premier dire que l'lvation factice du style y dgnrait en un jargon emphatique et obscur, d'une affectation potique insupportable (De Demosthene 5-7).
On voyait l autant d'indices d'inexprience et, par consce dernier caractre est celui que quent, de juvnilit notent pareillement Diogne Larce (ibid.) et Hermias. Ce dernier, dans le Prambule de son commentaire (9, n-19) distingue trois points sur lesquels on fondait ce reproche
;
la critique du discours de Lysias ; le boursouflure, manque l'emphase, l'abus du style potique. Peut-tre la rfutation de ces griefs par Hermias est-elle un peu trop inspire de l'esprit troitement conven-
nire
un
de got,
tionnel dont ils procdent. Elle atteste du moins l'existence, dont l'auteur du Trait du Sublime porte aussi tmoignage, d'un courant oppos, noplatonicien sans nul doute, et o la
du
style.
soit,
seul fait
qu'on a consacr l'expliquer ainsi qu' analyser le sentiment que nous prouvons le lire celui d'tre en face d'un art la fois trs savant et prodigieusement ais, pleinement matre enfin de toutes ses ressources.
IV. 3.
PHDRE
IV
LE DISCOURS DE LYSIAS ET LE PREMIER DISCOURS
DE SOCRATE
Avant d'envisager la structure et le contenu du discours de Lysias ', un problme singulirement pineux s'impose
a nous: ce discours est-il
la
I.
Le discours de
S
fi*
th
tique?
t-il
insr
?
un pastiche de main de Platon ? Ou bien celui-ci adans son Phdre une authentique composition de
Lysias
Entre plusieurs tmoignages anciens, tous postrieurs au dbut de notre re et qui s'chelonnent du i er sicle la fin du v e la plupart n'ont pas plus de signification que notre propre expression le discours de Lysias o nous n'impli2 Deux seulement quons rien dans un sens ou dans l'autre e sont prcis et formels celui de Diogne Larce, III a5 (m e moiti du v Dans et celui d'Hermias ). sicle), (deuxime le premier nous lisons que Platon a rfut le discours de Lysias, ce qu'aucun philosophe n'avait fait avant lui, aprs avoir transport dans son Phdre ce discours mot mot (xf/.evo octov xar Sjiv). Le second affirme comme une chose qu'on doit savoir, que ce discours est de Lysias lui-mme et, de plus, que c'est dans le recueil des Lettres de Lysias un morceau rput 3
, ,
.
Il
Une
faite
par H. Weinstock
er
De
de Tyr, Diss.
Denys d'Halicarnasse, Ad Cn. Pompeium 126 (i s.) Maxime XXIV 5 Hermogne, De or. forma II ^77 (ces deux derniers du 11 e s.). Pour le tmoignage de Fronton, le matre de
2.
;
Marc-urle, voir
3.
la
note suivante.
s.) parle lui aussi des Lettres de Lysias, dont cinq sur sept taient adresses des adolescents ; mais il ne mentionne pas que le morceau du Phdre fasse
Fronton, le fait de dire au dbut de son son troisime message son lve (aot... 7iaTsXX(u) et que les deux premiers provenaient de Lysias et de Platon (8t Auatou xal nXrwvo 7re<JTaXuivojv), ce fait, quoi qu'en
partie
recueil.
du
Quant
'Epwttxd que
c'est
pense
Thompson
(p.
184 sq.),
ne peut servir
prouver,
ni
que
NOTICE
lu
S'appuyant sur ces tmoignages anciens, bon nombre de 1 critiques modernes ont admis l'authenticit du morceau , ou ce soit d'ailleurs une lettre bien ce les que que Anglais nomment un Essai . Il y aurait, dit-on, de la part de Platon une inconcevable stupidit critiquer, avec l'pret qu'il y met (a3/i d-236 a et surtout 262 d-264 e), le discours
de Lysias si la pice tait de sa main lui, au lieu d'tre connue pour tre de Lysias et admire sous son nom par bien des gens. Puisqu'il se proposait de montrer quels sont les dfauts de Lysias dans ses compositions de rhteur, pourquoi en aurait-il fait un pastiche plutt que de prendre justement l'une de ces compositions ? Pourquoi, d'autre pari,
aurait-il
commenc
et l'aurait-il,
faon,
si
comme la suite d'autre chose nouvelle lecture, repris de la mme chaque ce n'tait rellement un fragment dtach d'une
ce pastiche
pice authentique
? Pourrait-on en outre y chercher (262 cd) l'absence d'art chez un crivain, si cet de exemple exemple avait t fabriqu en vue de la critique et pour la
un
justifier
par avance? Au surplus, Platon a tout fait pour nous pargner cette mprise Phdre, nous dit-il, a entendu Lysias lire le morceau, il lui en a emprunt le texte, il en a sur lui l'original autant de traits qui sont videmment des:
considrt
Fronton ft convaincu de l'authenticit du morceau, ni qu'il le comme une lettre. L'envoi d'un crit quelqu'un n'est
pas ncessaisement
drait penser
une missive . De plus, ce compte, il fauFronton considrait aussi comme une lettre le preque mier discours de Socrate. Or celui-ci, mme si on en retranche l'invocation aux Muses qui prcde le dbut proprement dit, ne commence nullement la faon d'une lettre, ce qui devrait tre si
c'tait dj le cas
pour
le
discours de Lysias
c'est
un discours
Au
du Xdfo;
de Lysias.
La plus solide tude en ce sens, celle de Vahlen (Sitzungsb. 1 de l'Acad. de Berlin, XXXIX, iqo3), en bonne partie fonde sur des comparaisons de style, a dcid K. Hude insrer la pice dans
.
(t.
son dition (Oxford 191a) ce que, par prudence, fait aussi M. Bizos II du Lysias de la coll. Bud, 192O). Wilamowitz, Platon I 2 p. 25g, laisse entendre qu'il s'agit l d'un fait entirement avr, et
; ,
impossible
A. E. Taylor, dans son Plato (1926), p. 3oi sq., estime qu'il est sans absurdit d'en juger autrement. Voir dans Weinstock, p. 34 n. 1, une liste d'autres reprsentants de cette opinion.
lxii
PHDRE
nous apprendre que
la pice
tins
est
en
eflet
fin
de Lysias.
ce n'tait
du dialogue,
si
compar
celui de Lysias,
pas vraiment le talent personnel de ce dernier qui tait en cause au dbut. Ces raisons sont la vrit proprement irrfutables, et l'on accordera sans difficult que les arguments du parti
adverse
'
effet
ne rien prouver
du tout que, par exemple, de rappeler quels incomparables chantillons Platon a donns ailleurs, et notamment dans le Protagoras et dans le Banquet, de son habilet dans l'art du pastiche de se demander par consquent pourquoi il aurait, cette fois, renonc un procd dans lequel il tait pass
;
matre.
Raisonner de
justement,
une
mme
quece
c'est
Mais, rpliquerait-on volontiers, n'est-ce pas commettre la faute de logique, que de fonder la thse de l'authenti-
cit sur l'hypothse des Lettres ? Il est fort craindre en effet ne soit justement sur la thse que se fonde l'hypothse :
parce qu'on croit le discours authentique et qu'il peut ressembler une ptre, qu'on ajoute foi l'existence d'un recueil de Lettres de Lysias. Des tmoignages aussi tardifs que ceux dont on fait tat et d'une autorit aussi faible, ne
tmoigneraient-ils pas plutt de la facilit avec laquelle l'rudition de ces temps s'enrichissait d'une fausse monnaie littraire,
lui
fournir,
mme
pouvant en faire figure, on a pu tre tent de fabriquer quatre autres semblables lettres des adolescents, puis de grossir encore un recueil si bien commenc (cf. p. lx et n. 3).
C'est encore
C'est celle qui compte le moins grand nombre de partisans, cf. i Weinstock, p. 34 n. a. Dans l'article dj cit, p. 343 n. a. . Bourguet se dclare beaucoup moins sensible (en 191 9) qu'il ne l'tait autrefois l'argumentation de Vahlen, dont la thse est longuement critique par Weinstock. Cf. aussi A. Dis, Autour de
.
NOTICE
*
Liin
la thse de l'authenticit sur puyer l'hypothse d'une manire diffrente de composer et d'crire, que Lysias aurait adopte, pense- t-on, la fin de sa vie. Cette hypothse n'a en effet d'autre raison que l'embarras, pareillement confess par les deux partis, de retrouver dans le morceau en question la manire du Lysias que nous connaissons, sche et grle sans doite, habile aussi, mais sobre et naturelle, exempte de la prciosit et du dsordre que nous voyons ici
Assurment, les adversaires de l'authenticit en supposant ce propos que la composition de Platon n'est pas tant un pastiche de Lysias lui-mme que de toute une cole d'crivains. La question reste, il est vrai, de savoir quelles raisons a eues Platon de choisir Lysias pour en faire le reprsentant nominal, et c'est une question laquelle j'ai tent de rpondre (cf. p. xrx sqq.). De toute faon, si c'est une opposition de tendances qu'il avait en vue, il lui fallait un nom illustre mettre en face de celui d'isocrate, l'opposition de tendances tant d'ailleurs aussi facile admettre qu'une opposition de per(cf. p.
xvin
sq.).
sonnes.
Sur un terrain aussi mal connu, il est sage de ne pas avancer avec trop d'assurance. Ainsi, peut-on srieusement prtendre que, parce que le morceau commence la faon d'une continuation, Platon n'en saurait tre l'auteur? Il est
tout au contraire permis de penser que Platon a voulu l'crire sous cette forme, pour montrer d'une faon plus comique (264 a) quel point, dans l'cole qu'il a en vue, on ddaigne
les
exigences de la composition.
se confier
De mme,
ment
ser
les
une vue
que de refu-
N'est-ce pas, au contraire, le principe propre du paslorsqu'il n'est suivi, ni d'un corrig tel qu'est le premier discours de Socrate, ni d'une critique ? Ce n'est donc pas en niant le principe propre du pastiche qu'on Au prouvera que le discours de Lysias n'est pas un pastiche
(264
tiche,
mme
surplus, ce n'est pas davantage parce qu'il en serait un, qu'il ne pourrait servir d' exemple . Les deux discours de Socrate ne servent-ils pas pareillement et,
d'exemples,
pour
1.
Ainsi que
le fait
Wilamowitz,
lxi n. 1).
lxiv
PHDRE
titre
que
le
cinq premiers discours du Banquet, et crits par Platon en vue de l'ensemble dont
:
font partie.
Cet ensemble, dans le Phdre, est fait, on l'a vu, d'une gradation de contrastes harmoniss l'harmonie subsisterait-elle encore si l'un de ses lments, le discours de Lysias, tait
extrieur l'uvre
telle
? S'il n'tait plus que l'occasion accidendu choix du thme de l'amour pour motif dominant, on enlverait ce thme son pouvoir vivant d'organisation, et au dialogue son unit intrieure originale (cf. p. xxvm sqq., Enfin toutes les notations du prologue, o p. lvii sq.).
l'on croit trouver la preuve dcisive que Lysias a rellement crit et prononc ce discours, semblent bien appartenir un
procd littraire qui doit produire celte illusion dramatique sans laquelle l'entretien manquerait de couleur et de vie
:
ainsi
le
Banquet tout
est fait
pour donner
rcit,
dment
authentifi et vraiment
historique, d'un banquet qui se serait rellement tenu dans la maison du pote Agathon (cf. mon dition, p. xix sq.).
En rsum, jusqu' ce que les partisans de l'authenticit aient apport des preuves qui ne soient pas au fond de simples opinions, on sera en droit, ces opinions, d'en opposer d'autres qui du moins ne prtendent pas tre rien de plus,
attendu que, dans l'tat actuel de notre information, rien de plus ne semble permis et possible.
De
et contenu.
,
le discours
ce qui vient d'tre dit il rsulte que de Lysias, tant autre chose ' J
,
prtexte, ne peut tre isole de l'ensemble et que par consquent il ne doit pas, ce qui arrive Ce souvent, tre sacrifi dans J'lude de cet ensemble. qu'on y remarque premire vue, c'est qu'il est une mosa-
qu un
.-1,1
que que ebaque fragment y est soigneusement travaill pour lui-mme que l'assemblage de ces fragments, loin d'tre dissimul, est au contraire nettement marqu par deux parti; ;
dans un
le
passage
mtier y est donc peu prs celui que dcrit Platon du dialogue (278 de), quand il parle de ces gens leur existence tourner et retourner leurs consument qui
Le
vers la fin
NOTICE
Aussi n'y
petit
lxv
des morceaux ou les rogner. phrases, coller entre eux a-t-il dans l'uvre nulle vie intrieure, par assimi-
lation et croissance organiques ; le dveloppement se fait au bonheur, sans progrs rel de la pense mais d'une
faon purement mcanique et par le seul jeu des antithses. Le sujet mme n'intresse pas c'est assez qu'il provoque l'tonnement et pique la curiosit (cf. 227 cd). Enfin, c'est l'uvre d'un ouvrier en mots il les a tous bien polis, bien
: :
tournes
sa
langue
bavures
(cf. p.
8 n.
et p. i3 n. 1). Il y a donc lieu d'tudier d'assez prs la conlexture rhtorique du morceau. Il parat tre divis en quatre parties, plus
une
conclusion.
et
:
Amanl
sais dj
La premire, qu'on pourrait intituler aim , est prcde d'une introduction: Tu le ce n'est pas sous l'emje te voudrais moi. Mais
pire de la passion. Autrement, je ne proportionnerais pas ma fortune mes dpenses en ta faveur ; ce qui prouve de ma
part l'espoir de n'avoir pas plus tard regretter mes bienfaits. i (23 1 a vers la fin) Variation sur l'aim: la dpense
tandis que
l'amant passionn s'en fait un mrite qui le dispense de gratitude envers l'aim, celui-ci n'hsitera pas complaire un amant sans amour de qui il n'a pas cela craindre. 2
(c db.) Nouvelle variation, et cette fois sur Vamant le passionn mais sa se dit prt, pour l'aim, braver toutes les haines lui fera tard har celui inconstante, passion, plus que jadis il
: ;
aimait.
3 (c fin) Reprise, du point de vue de l'aim raisonnablement, il ne doit pas cder au caprice d'une folie passal\ (d mil.) gre qui, dans l'avenir, se reniera elle-mme. Complment et, s'il s'agit pour lui, entre des amoureux, de choisir le plus amoureux i le domaine de son choix est videmment limit illimit au contraire, si c'est entre les non-amoureux qu'il veut lire le plus utile. La deuxime partie traite la question au point de vue social. i si l'aim redoute les critiques de l'opinion, il a tout craindre de l'indiscrtion d'un amant passionn et de sa
:
Tel
le
me
semble tre
le sens ici
de zov PXtiotov
le
c'est
bien celui
l'utilit,
qui a
plus de valeur ,
rapport de
mais au point de vue qui prsent occupe Lysias, celui de l'amour passionn. Je m'carte en ceci de l'opinion de M. Mridier.
lxvi
PHDRE
fatuit, tandis qu'un amant qui a de l'empire sur soi prfre la vanit de se faire valoir l'avantage d'en venir ses
fins.
de toute manire,
les assi-
duits
souponn ds qu'on les voit ensemble mais, si l'amant est sans passion, on ne pense qu' l'amiti ou d'autres motifs
3 (b mil.) Nouvelle variation, qui pareillement innocents. l'amiti certes prcise ce thme de l'amiti (cf. p. 10 n. i)
:
rompre; mais, tandis qu'avec n'importe autre le cause, quelle dommage est gal des deux cts, c'est au contraire pour l'aim qu'il est le plus grand s'il a dj cd la passion d'un amoureux. La jalousie de celui-ci aura en effet cart de l'aim tous ceux dont il redoute l'influence bien plus elle le force les loigner lui-mme autour de
est
un
lien sujet se
lui elle
passion la favorise s'il pense en effet devoir seulement son mrite le succs de ses vux, c'est que ce mrite aura t
reconnu de l'aim ; en refusant son amiti ce dernier, on dprcie par l mme la conscration que son mrite a reue, tandis qu'on la confirme dans le cas contraire ; ainsi, plus l'aim aura d'amis, plus lui-mme il s'estimera flatt 1 .
Dans une troisime partie on se place au point de vue moral. i (a32 e) Constance de Vamant sans amour: le passionn ne songe qu'au corps, de sorte que son amiti mourra
avec son dsir
;
l'autre
amiti dont
le
motif est
la
si donc celles-ci s'ajoutent des satisfactions sensuelles, ces 2 (233 a, dernires ne font courir l'amiti aucun risque. n. i) par ses mil.) Amlioration morale de l'aim (cf. p.
flatteries,
par
son
manque
de jugement
et
d'quilibre,
l'avis de M. Mridier, je ne pense pas propose par Heindorf d 7 et adopte par d'autres diteurs. Le sens serait alors que le motif de l'antipathie ou
i.
Contrairement encore
la correction
que s'impose
de
la
sympathie de moi, amant, l'gard de ceux qui refusent ou toi, mon aim, c'est le ddain qu'ainsi ils te tmoignent ou le cas qu'ainsi ils font de ta compagnie. Mais il semble qu'avec ce sens ne se comprenne plus la phrase de laquelle dpend tout le dveloppement en cause quoi aurait-il servi de dire que ce n'est pas sa passion, mais d son mrite propre, que l'aman froid doit son succs, si l'objet de son inquitude devait tre ensuite
acceptent d'tre les amis de
:
la ralit
du mrite
chez Vaim
NOTICE
l'amant passionn
est
lxvii
un corrupteur;
l'autre
au contraire,
puisqu'il se domine lui-mme au lieu d'tre domin par l'amour, reste toujours de sang-froid, et son indulgence est
nouveaux gages d'une amiti Rponse une objection possible 2 si la passion amoureuse devait tre le principe de tout attachement, la force et la valeur morale des liens de la
en
durable
:
mme
1
(223 b
s.
fin.')
les
caractres
sans passion ou au contraire, passionn. i (233 d mil.) Le besoin la base de la requte dans ce cas on devra se dire en effet que, plus
selon qu'elle vient d'un
amant
est grand le besoin qui fait l'objet de la requte, plus sera grande aussi la gratitude esprer de celui qu'on aura satisfait de sorte que c'est le besoin, non le mrite, qui dcidera.
(d fin) Variations ironiques sur le mme thme tandis que passion d'amour est comparable la voracit du mendiant ou du parasite, l'amour sans passion est une garantie de
'2
:
la
3 (a3Z| mrite, de reconnaissance, de discrtion, de loyaut. b db.) Conseil final puisque favoriser une requte dont tels sont les caractres, bien loin de nuire aux intrts de
:
la thse
expose
ne
non-amoureux
ce soit au hasard
qu'on doive choisir (cf. a3i d, dernire section de la premire partie), autrement dit ne pas choisir du tout. Choisir est au contraire un gage de gratitude et de discrtion. Si pourtant je n'en ai pas dit assez pour te convaincre de me
choisir,
tions.
moi qui
rpondre
tes
ques-
En rsum,
on
le voit,
en style prio-
1. Comme a3i b 5 et 23a a 1, ctce me semble a33 b 5 marquer une conclusion destine mettre dans tout son jour l'enseignement de l'antithse qui prcde. a. Bien qu'ici la section ne soit pas marque, comme elle l'est ordinairement, par k'tt 81 ou xou uiv 8tj, je la crois relle cf. Bonitz,
;
a54 note. 3. La faon solennelle dont la conclusion est prsente ici me fait penser qu'elle doit tre dtache du reste, comme elle l'est par
,
Platon. Sludien 2
p.
Bonitz,
toc. cit.
lxviii
PHDRE
(cf.
dique
Banquet Notice,
p.
xl). Les
priodes y sont au
nombre de quatre, dont chacune comprend un exorde et une conclusion. Sauf la premire qui est de quatre membres
(cola), toutes les autres en ont trois : soit troduction et l'pilogue, quinze membres,
en tout, avec l'indont treize constituent le corps mme du dveloppement et quant au rythme desquels il est difficile de saisir aucune relation.
II.
Le premier
discours de Socrate
le
sur
le
thme
trait
par Lysias
xxx
:
change subrepticement un faux-semblant l'amant en question est rellement amoureux, mais il veut faire croire qu'il ne l'est pas (287 ab). Quant au discours mme, il est divis clairement en deux parties l'une concerne la nature de l'amour et l'autre, ses
fiction,
;
:
cf.
p.
j'ai
essay
de dterminer
la
signification
(p.
_,
xxxu
sq.).
Premire
partie.
tour, se divise
mence (237 b fin-d) par tablir un principe gnral sans lequel nulle question ne peut tre utilement dbattue il faut savoir de quoi l'on dbat, s'accorder sur une dfinition de cet objet; faute de quoi, ni les interlocuteurs ne peuvent s'entendre entre eux, ni chacun ne peut s'entendre avec soi-mme, puisqu'on ne sait au juste de quoi on parle. Or le prsent dbat porte sur les mrites respectifs de l'amant fru d'amour
et
l'essence (ousia) de l'amour ? Nullement. Et pourtant, si l'on ignore cette essence, on ne pourra y rapporter ce qu'on voudra dire sur les effets, tels qu'ils dcoulent de l'essence (cf.
238 d fin). Ce principe gnral pos, Socrate va maintenant l'appliquer (237 d-238 c). L'amour est videmment un dsir. Mais est-ce assez dire? De quiconque dsire ce qui est beau,
dit-on qu'il est un amoureux ? 11 faut donc savoir quelque chose de plus pour tre mme de saisir, propos des deux
sortes
diffrence
quelle y a entre les deux dterminations en jeu a aimer et ne pas aimer . Mais voici que, d'un autre ct,
il
:
NOTICE
lxix
une remarque se prsente l'esprit: en nous tous, deux faons de voir se distinguent qui gouvernent notre conduite, et, corrlativement, deux tendances de notre activit. L'une, qui est instinctive et trangre la raison, est le dsir du
plaisir, lequel est jug tre le bien. L'autre, qui est une acquisition de la rflexion raisonnante et raisonnable, est le dsir du meilleur. Parfois elles sont concordantes, parfois
discordantes, et alors c'est tantt l'une qui domine, tantt c'est l'autre tantt nous gardons la mesure, tantt nous la
:
dpassons, nous
l'absence de
sommes temprants ou intemprants Or mesure a justement, dans la langue, une pluralit de dnominations, grce laquelle nous pouvons aisment Y distinguer une pluralit de formes car c'est la prdominance de telle de ces formes en un caractre qui lui vaut le nom dont on le qualifie. Ainsi, nous ferons une classification o nous ayons chance de dcouvrir, entre toutes les espces du dsir, celle qui comporte particulirement l'emploi de ces deux expressions: tre amoureux , ne pas l'tre c'est l en effet ce que nous cherchons (cf. 238 b 8). Gloutonnerie, ivrognerie sont donnes comme exemples de ces
1
.
formes obsdantes et passionnes du dsir, qui sont dceles par le nom qu'on donne au type d'homme o elles prdominent. Or, on appelle amoureux celui en qui est prdo-
minante, par rapport l'aspiration raisonne et raisonnable vers le meilleur, une impulsion non raisonne et draisonnable vers la beaut, dsir irrsistible parce qu'il se renforce d'autres dsirs du mme groupe qui tendent spcialement
la
beaut du corps, et
c'est ce dsir
qu'on
nomme spcialement
amour
Cette premire partie vaut qu'on s'y arrte. Elle voque invinciblement tout d'abord le souvenir du Banquet (cf. p. 19
n. 1). L'amour, y tait-il dit, est amour de quelque chose; ce quelque chose, il le dsire ; c'est ce qui est beau, et si l'on dit bon au lieu de beau , on voit tout de suite que
Les termes dont se sert Platon sont sphrosyn et hybris. Le I dernier se rend bien par dmesure. Mais le premier est difficile traduire dans toutes nos langues modernes c'est une sagesse, mais
.
:
principalement pratique, et surtout faite de mesure, de sorte que modration ou temprance sont, en fin de compte, des quivalents
assez exacts.
lxx
c'est
PHDRE
en vue d'tre heureux par
;
la possession de ce que l'on d'autre part on dit de certains hommes qu'ils aiment et que de certains autres on ne le dise pas, la raison en
convoite
si
troit, est dsigne par un qui est celui du genre tout entier. Entre cette analyse et celle du Phdre il y a toutefois de notables diffrences.
est
nom
du Banquet est la fois plus prcise et plus nourrie poursuit avec une magnifique ampleur dans le discours de Diotime. Par contre, deux traits qui sont totalement absents du Banquet s'imposent ici l'attention d'une part,
L'analyse
;
elle se
de l'autre, dnominations que le langage applique aux varits de la dmesure, un moyen de spcifier et de dfinir cet amour-passion dont parlait le discours de Lysias. Or c'est prcisment parce qu'il s'agit d'un amourpassion que l'analyse devait tre prise de ce biais. Mais d'un autre ct, puisqu'il est une dmesure, cela nous donne penser par avance qu'il y en a un autre dans le plan de la
le
;
l'ide
de chercher dans
les
une aspiration vers le meilleur et qui obit premire anticipation du deuxime dicours. De plus, ce contraste entre la pousse irrflchie des tendances instinctives et les inhibitions rflchies de la raison n'a plus
mesure, qui
est
la rectitude
:
du tout
en
la
mme
signification
pour
celui-ci
effet le
premier terme
signifiait
inconstance, le second, aptitude bien calculer des intrts matriels dans le prsent et en vue de l'avenir. Au contraire,
tel qu'il se prsente maintenant, le contraste fait penser la clbre analyse du livre IV de la Rpublique (43o b-44o d),
o Platon distingue les dsirs, tels que l'amour ou et la soif, qui mnent imprieusement leur objet
s'y
la
faim
ce qu'il
y a en nous de bestial, et la rflexion raisonnante qui toujours oppose bien qu'avec des fortunes diverses. L'analogie de
deux analyses suggre, une fois de plus, qu' l'arrireplan de celle du Phdre il y a ds maintenant l'ide que dveloppera le deuxime discours. Il existe dans l'me deux
ces
forces diamtralement opposes, l'une de gouvernement et d'ordre, l'autre d'anarchie et de dsordre ; s'il arrive cependant que, aprs avoir cd la seconde, on en ait du remords et qu'on veuille dans l'avenir prter main-forte la premire, cela ne signifie-l-il pas l'existence d'une force moyenne, qui aidera la premire matriser la seconde? Voil ce que dit la
NOTICE
Rpublique, et c'est ce que, dans le deuxime discours,
trera le
lxxi
mon-
Ce passage du premier discours est donc comme un germe cach dans un sol ingrat, promis cependant pour plus tard une brillante closion.
mythe de
l'attelage ail.
_ Seconde partie.
.La
,
les eilets
on l'a vu, seconde partie a pour obiet, r J \ ,,,. , , . , , ., chance a tre de l amour a-t-il
, :
lui tre nuisible avantageux ? la bien d-24i fiction, (a38 c) que dmasque, y Puisque reste conforme au thme de Lysias, les effets de l'amour n'y peuvent tre envisags que d'un point de vue unilatral, par rapport l'aim ou l'objet de l'amour, non par rapport l'amant, autrement dit le sujet point de vue qui sera explicitement rejet par le deuxime discours (2^9 e cf. 2^5 b).
:
l'aim
ou, au contraire, de
D'un autre
ct,
comme
la
premire partie
traitait
un
point
que Lysias avait nglig, c'est au contraire dans celle-ci que nous devons nous attendre voir reprises et corriges les
Comme la premire, que Lysias avait allgues cette seconde partie du discours de Socrate se laisse assez aisment subdiviser en deux sections. La premire, que prcde une sorte de plan, est consacre montrer quels dommages cause un aim l'amoureux passionn. Socrate a commenc
raisons
1
.
par montrer (238 e 3-23o, a 5) que l'homme gouvern par la passion et qui est l'esclave du plaisir est un malade, se flicitant par suite de tout ce qui est dans le sens de sa folie, s'irritant de tout ce qui peut la contrarier ou la matriser. D'autre part ce qu'il cherche dans un aim, c'est son plus grand plaisir il ne faut donc pas que cet aim soit son gal,
:
par consquent il le voudra aussi bas que possible pour l'instruction, pour le courage, pour l'habilet parler, pour la vivacit de l'esprit etc. Ces divers points sont groups sous trois rubriques, qui correspondent la division commune des biens de l'me, de ceux du corps et des biens extrieurs. S'agit-il d'abaisser ? Il s'attachera, par sa l'intelligence de l'aim (a3g a 5-c 2) direction comme par sa socit, cultiver en lui la sottise
;
naturelle et
l'cartera
1.
mme
l'accrotre, tandis
il
jalousement de toutes
avec
les socits
il
Comparer en
;
23 1
cd
a^ob-e
232
cd
avec
23g ab;
lxxii
PHDRE
:
il
pourrait au contraire se dvelopper et se mrir, et notamment bon moyen pour que de l'loignera de la philosophie l'amant il soit la chose et le jouet 1 S'agit-il maintenant du
.
corps (23g c 3-d 7)? Il le voudra d'une complexion molle et sans vigueur, tranger dans le pass une culture physique
un peu
svre, dj habitu au rgime d'une vie effmine, artificiellement embelli parles fards et les parures: ainsi,
2 la guerre S'agit-il enfin de la situation sociale de l'aim (289 d 8-2/I0 a g)? Par sa direction comme par sa socit, l'amoureux n'est pas cet gard moins malfaisant. Tous ceux qui, autour de celui qu'il aime, veulent celui-ci le plus de bien, il en souhaite la disparition comme d'autant de gneurs, particulirement celle de ses proches. Afin d'tre plus l'aise pour le conqurir et pour le manier ensuite sa guise, il le voudrait pauvre ou ruin. Comme il n'accepte point de partage, il le dtournera enfin le plus longtemps qu'il pourra de se marier et de fonder une famille.
sans courage
La deuxime section concerne, non plus le dommage caus par l'amoureux l'aim, mais les sentiments de ce dernier, d'abord tant qu'en effet il est aim, puis quand il a cess de l'tre. D'une part en effet (2^0 a 10-e 7), tant que dure sa passion l'amant passionn, bien diffrent en cela de ces autres plaies sociales que sont la courtisane ou le flatteur, est, sans compensation, insupportable pour sa jeune victime il ne lui
:
est pas assorti par l'ge et il prtend tre, toujours et tout 3 entier, son service ; mais c'est pour l'avoir plus complte-
ment
de
lui,
pour
le
soumettre
la
tyrannie de sa prsence ou
espionnages, pour l'assaillir tantt de compliments tantt outrs, d'injustes rcriminations et, quand il aura bu, de grossiers outrages. Puis (2/io e 8-2^1 c 6), quand s'est teinte sa passion, il devient alors tratre ses engagements;
ses
la raison,
4
.
il
Mais
aussi,
pourquoi l'aim
a-t-il t assez
Ces considrations rappellent certains traits du discours de 182 b-d, 184 de). Cf. p. 23 n. 1 le Banquet (181 b, d 2. A l'oppos de ce que, dans le Banquet (1780-179^, Phdre attend de celui qui est aim d'amour et de ce qu'attestaient les bataillons sacres des peuples doriens, tel celui de Thbes.
Pausanias dans
;
.
3.
4.
i84b-d.
i83
e.
ibid.,
NOTICE
attendre que
lxxii!
il
ne pouvait imprudent pour s'abandonner un fou, duquel La conclusion dommage et dsagrment? (24 1 c 7-d 1), c'est que l'amiti d'un amoureux est une
fausse amiti ; car, le dsir se portant exclusivement ce qui doit le satisfaire, c'est une amiti sans rciprocit. Ce discours, on l'a dj dit (p. xxx sq.), est un redres-
sement de
lui-mme
que la forme; au fond, et ce sera la palinodie du pbilosophe. On pourrait donc dire que nous avons ici une premire palinodie , mais elle est, dirait-on, celle de la pure rhtorique. Le progrs de forme qu'elle manifeste n'est pas douteux en dpit de dveloppements qui sont surtout des amplifications, on y trouve une
:
celui de Lysias. Mais il n'en redresse il aura besoin d'tre redress quant
construction mthodique la place de l'aventureux assemblage de fragments qui constituait toute la composition de
Lysias.
Si
l'objet
mme du
dbat, le rapport des deux discours est cet gard particulirement instructif. L'observation finale de Socrate, avec ce
qui la prcde, dgage nettement ce qu'il y a de commun dans le point de vue un amour, qui n'est pas un lan de l'me
:
par del l'objet immdiat du dsir, ne peut tre que la convoisi tise d'une chose l'objet de l'amour n'en est pas en mme
;
temps un sujet, si l'aim n'est pas, pour autant, lui-mme un amant, l'amant de celui qui l'aime, on a le droit de condamner
l'amour. Voil ce que fait Socrate, et l'on n'aurait peut-tre pas tort de dire que le contenu de son premier discours, au
1
comme de celui de Lysias, est ngatif. Lysias en effet prononait surtout l'loge de l'absence d'amour ; Socrate nie la valeur de l'amour tel que le comprenait le
tif
il se refuse (24 t de) faire sa suite un loge poside l'homme qui n'aime pas. Quant voir dans ce rquisitoire contre l'amour, soit une parodie des thses cyniques,
rhteur,
soit
un expos
des ides
mmes du
cil.
Socrate historique 2 , ce
1.
2.
La premire hypothse a
und
Sokratisclie Priode
p. ia sq. t dfendue par K. Jol (Platons der Phaidros, dans les Philos. Abhandl. fiir
Heinze, 1906, p. 78 sqq.), dont on connat le zle, toujours ingnieux, dpister partout Antisthne. Si la fin du dialogue l'loge d'Isocrate devait tre tenu pour sincre, il ne serait pas impossible
Max
que Platon et en
effet l'intention
lxxiv
PHDRE
de prouver que de rfuter. S'il y essay de le montrer, l'harmonie
j'ai
la
premire est plus importante que la recherche conjecturale de prtendues sources, aussi bien d'ailleurs en ce qui concerne ce premier discours de Socrate qu'en ce qui concernait celui de Lysias.
I. Structure et contenu du deuxime discours. L'erreur du premier discours de Socrate tait de dnier toute valeur l'amour passionn sous prtexte que c'est un dlire folie nuisible l'intrt de l'aim, avait dj dit Lysias, et
:
L'autre conjecture est de W. Thompson dans premier appendice de son excellente dition du Phdre. Il cherche l'tablir par un parallle avec le langage de Socrate dans le Banquet de Xnophon, tant admis d'autre part que ce dernier, quoique incomplet et trop attach au dtail, n'a pas cherch du moins transfigurer son matre. Assurment les passages des deux crits que Thompson met en regard (ch. 8, i3, i5, 21, a3 en face de a^ocd.
contre les Cyniques.
le
ai c comparer aussi 19 fin avec a3g e sq., 21 fin avec a4od e) se ressemblent trangement. On ne s'arrtera pas cependant l'insoluble question de savoir qui des deux crivains est l'emprunteur (cf. ma Notice du Banquet, IV). Il faudrait en effet pouvoir dater avec
;
sret les deux ouvrages. Supposez qu'ils aient tous deux une source commune dans les propos du Socrate historique sur l'amour propos
:
d'une rare vulgarit de pense chez Xnophon, d'une singulire troitesse de vues chez Platon dans ce premier discours, ils seraient de toute faon surprenants de la part d'un homme dont l'action fut sans
nul doute prodigieusement animatrice et fcondante.
NOTICE
qui doit lui
lxxv
faire prfrer, pour ses mrites, cet amant qui soi-disant n'est pas amoureux. Ce qui va tre dit maintenant la place de l'loge d'un amant est bien une rtractation
:
sans passion,
la
que Socrate
s'est
refus
prononcer,
nous
allons entendre
un
rtractation apparat la fois comme un changement de point de vue et comme une progression un point de vue suprieur. Une fois tabli de la sorte l'objet du second dis-
cours, il est dans l'ordre que soit justifie tout d'abord l'intention mme de cet loge de la folie .
i.
S(
C'est ce que va faire Platon (244 a 6 .. \ j n W-' en ex P osant tr0,s raisons desquelles
il rsulte que, loin d'tre toujours un au contraire, sous trois formes bien connues, un grand bien pour les hommes, donc un don des dieux ce qui permettra de penser (cf. a4o b sqq.) que, si l'amour est lui-mme une quatrime forme du dlire, l'amour doit tre La pareillement un privilge que nous accorde la divinit. On est double. d'abord ce fait allgue premire preuve qu'il v a des prophtesses, femmes d'un esprit plus qu'ordinaire quand elles sont dans leur bon sens, capables au contraire de lire dans l'avenir quand elles sont inspires du dieu dont Le langage d'autre part tmoigne elles sont les prtresses 1 dans le mme sens. Si en effet, par del les dnaturations qu'il a subies, on remonte jusqu'aux mots primitifs, on voit que les Anciens liaient au dlire la vision immdiate du devin 2 la rflexion mettant en uvre certaines connaissances la divination mdiate de l'augure, en tant qu'elle se fonde sur des signes preuve que leur sagesse faisait du dlire La seconde forme du plus de cas que du raisonnement. dlire est encore religieuse. On lui doit la dcouverte de ces
;
i.
Platon en
nomme
trois
celle
la Pythie, dont le trpied reposait au-dessus d'une crevasse du sol ; celle du temple de Zeus Dodone qui parlait par son chne
(cf.
cf.
doute
que, comme Aristophane {Paix 1096; ne dsigne pas autrement et qui est sans Sibylle d'Erythres (plus probablement la cit botienne, et
enGn
fr.
la Sibylle
il
q D.),
non
a.
sa colonie ionienne).
D'aprs
le
lxxvi
initiations,
est,
PHDRE
de ces rites purificateurs, de ces prires dont pour l'homme qui a fait ou connu celte dcouverte, de se racheter de la peine collective qui pse sur toute sa race, en punition de quelque faute ancienne commise par un individu de cette race rdemption qui s'tend l'avenir,
l'effet
:
par rapport la destine ultrieure de la race, soit par rapport celle de l'individu aprs la mort, comme dans l'Orsoit
phisme.
espce du siasme ou
une troisime
Sans inspiration, c'est--dire sans enthoupossession divine, point de posie ; l'habilet technique ne suffit pas. Encore faut-il pourtant que l'me inspire soit elle-mme pure pour que l'inspiration puisse vraiment * Voil donc de tre considre comme venue d'en haut quels grands effets le dlire est capable. Puisque l'amour est un dlire, pourquoi ne serait-il pas une autre forme de l'inspidlire.
ration divine
un
bienfait
i. Cf. Notice p. xxxiv et p. 33 n. i. La condition pose ici parat prouver que Platon ne dsavoue nullement la svrit qu'il montre ailleurs envers la posie (p. ex. Rp. II 377 d sqq., 379 c sqq. tout X 6o5 a-c, 606 a et en outre les passages qui le dbut du livre III
;
;
seront mentionns plus bas; Lois II 656 bc, 658 e sqq., 660 a et VII 817 a-c). Il note en effet, et que l'lve des Sophistes se trompe
en croyant qu'on peut se passer de l'inspiration pourvu qu'on connaisse les rgles (cf. 268 c d), et qu'un Homre se fait illusion
quand
il s'imagine que, parce qu'il est inspir, on le laissera libre de pervertir les mes par sa propre immoralit (cf. Rp. X bgb b c, 6ooab, 606 e sq ). Mais, s'il arrivait que la posie runt ces deux conditions d'inspiration et de moralit, on pourrait alors dans l'du-
la place laquelle
suprme du lgislateur philosophe, lui accorder son origine divine l'autorise prtendre. Il n'y a pas grand intrt observer, avec la plupart des critiques et aprs Gicron (D\ I 37 db.) comme aprs Horace (Ars poet. ago), qu'avant Platon Dmocrite avait dj dit (fr. 18 D.) que la posie
cation, qui est le but
suppose l'enthousiasme et le souffle divin. Est-il croyable en effet que Dmocrite ait t le premier le penser et le dire ? Rappelons a dans l'/on toute une thorie de l'inspiration poplutt qu'il y
tique (533e-534 e), qui est trs voisine de celle du Phdre: le pote ne compose que sous l'influence d'une possession divine ; la preuve
en
mme
lui
d'inspiration qui
et n. 1.
ne connatre qu'une
est propre, et qu'il peut lui arriver de seule fois l'inspiration. Voir plus loin p. cxxxn
mme
NOTICE
lxxvii
autant pour celui qui reoit le don divin que pour celui qui ensuite en bnficie. Si donc le dlire d'amour est son tour un bien, il le sera tout autant pour l'aim que pour l'amant,
pour celui qui est l'objet de l'enthousiasme amoureux que pour celui qui en est.le sujet c'est ce qui avait t mconnu par la doctrine de Lysias et par celle du premier discours
:
(cf. p. lxxiii).
Mais ce point ne peut tre compris j-.1 la condition de savoir ce qu est la nature de l'me, quelles sont ses affections et ses actions, et cela propos de l'me divine aussi bien que de l'me humaine. Le point A. de dpart de cette recher. ,. M , r Son immortalit. ,, , ,. . che sera une dmonstration de 1 immortalit de l'me. Elle se fait en a. Plaquatre moments.
2.
La nature
,,.
qu
commence (a45 c 6 sqq.) par distinguer, entre les choses mues et qui existent en tant qu'elles sont mues, d'une part celles qui se meuvent elles-mmes et, de l'autre, celles qui tiennent leur mouvement d'une autre chose et le communiton
quent
une
autre.
qu'elles cesseront d'tre mues, tandis que les premires ne peuvent cesser d'exister puisque leur essence est prcisment
et qu'elles ne peuvent perdre outre, c'est d'elles seulement que les autres peuvent recevoir leur mouvement et leur existence pendant 1 La chose qui se qu'elles sont mues et qu'elles existent
d'tre
leur essence.
En
meut elle-mme ne peut donc prir et elle est un principe. b. Or un principe (a45 c io sqq.) est ce qui ne commence pas
i.
le
comme
dans
qui se meut toujours est immortel , on comprendrait mal que ce qui se meut toujours Platon oppost (81) ce qui ne se meut pas soi-mme mais est m par autre chose. D'autre part, il n'y aurait pas lieu de prsenter comme une consquence (5rj) que ce qui se meut soi-mme ne peut cesser de se mou ce
Au surplus, la formule employe e3 parat bien signifier que l'immortalit de ce qui se meut soi-mme tait l'nonc du premier thorme dmontrer et que maintenant Platon
dclare avoir en effet dmontr
:
dmonstration
est, semble-t-il, ce
lxxyiii
PHDRE
mais
II
d'exister,
partir
serait
qui
existe.
en
mme de Principe
que ce qui est principe pt tre quelque chose d'engendr, c'est--dire de drh et d'autre part il n'y
;
aurait plus d'existence, car rien ne pourrait plus commencer d'exister 1 La chose qui se meut soi-mme est donc inen.
c. A ce mme titre gendre en tant qu'elle est principe. elle se rvle encore (2^5 d 3 sqq.) comme incorruptible 2 Il serait en effet contradictoire qu'un principe, une fois ananti, pt renatre, car ce serait partir d'autre chose, de sorte qu il ne serait plus un principe; contradictoire aussi, pour cette mme raison, que rien dsormais pt en provenir.
.
Puisque ce qui se meut soi-mme est principe et que, titre, il ne peut ni avoir commenc ni cesser d'exister, nou3 dirons (aZ|5 d -j sqq.) qu'en cela consiste l'essence et la notion 3 de l'me en tant que di*tincte du corps. Car un corps, s'il est inanim, reoit du dehors son mouvement, mais, s'il est anim, d'un principe interne de mouvement qui est justement son me. Donc, en raison de l'identit de
d.
ce
l'heure propos de la notion de i. Cf. p. 34 n. i. Gomme tout chose automotrice, Platon me parat se fonder, pour faire entendre quel est le rle du principe, sur ce qu'implique logiquement la
. Or un principe engendr en supposerait un ce qui serait la pareillement engendr, et ainsi l'infini ngation mme de la notion de Principe et, corrlativement, la
notion de Principe
autre
ngation d'une existence dpendant du principe comme de sa cause. C'est donc encore une sorte d'argument ontologique. titre de chose inengendre, le prin2. A la vrit Platon dit
:
En
modifiant
comme
j'ai fait
l'expres-
voulu mettre en vidence que nous avons l une nouvelle preuve de l'immortalit de la chose automotrice, mais qui se fonde sur la notion mme de Principe , dont il vient d'tre prouv qu'elle est inhrente cette chose. 3. A propos de tout objet de la pense il y a (Lois X 895 d-896 a) trois choses considrer la ralit de cette chose ou son ousia, c'est-dire, du point de vue de l'idalisme platonicien, son essence ou Ide enfin son nom. la notion ou dfinition de cette ralit, son logos
sion, j'ai
: ; ;
ce qui se
la
de
nom est me a pour notion ou dfinition meut soi-mme et qui est par consquent le principe de la gnration et du mouvement. La notion ou dfinition
chose
nomme
quivaut donc
la ralit
de cette chose
cf.
Phdon
99
e s q-
NOTICE
la
lxxix
la ralit
on
que l'me
13.
est
immortelle
*,
ainsi
Image mythique
de l'me
dmontre, voyons prsent quelle est ^ a nalure de cette chose immortelle (2^6
un
quoi
a 3 sqq.). Pour la dire telle quelle est, savoir divin serait ncessaire ; mais un savoir humain
permet d'en donner une image, c'est--dire de montrer elle ressemble. Autrement dit, quelle est la chose qui, dans le domaine de notre exprience, pourra par ses rapports
constitutifs servir & figurer
la
nature de l'me
et tre consi-
dre
lit,
dont on n'a pas d'exprience directe, au moyen de l'image sensible d'une ralit familire, c'est l'essentiel du mythe.
1 et Notice, p. cxxv sq. L'origine de cette image peut tre (je dois encore cette indication M. Ch. Picard) dans des reprsentations figures comme celles des deux petites faces du sarcophage d'Hagia-Triada (qui
1.
Cf. p. 35 n.
2.
II,
Mais l'me n'y est- pas figure, chevaux et du cocher sur son char
comme
:
ici,
du cocher. Il n'y a donc aucune raison de supposer, avec Natorp (Platons Ideenlehre p. 72), un souvenir direct du dbut du pome de Parmnide (fr. 1 D.). Sans doute y a-t-il l des chevaux, un
plutt des cochers (v. 2/1). Mais l'image est trs diffainsi chez Platon auvwot' s'applique l'attelage appari qui tire le char, tandis que chez Parmnide le terme voisin auviopo
elle est
char,
un ou
rente
s'applique au pote lui-mme, qui s'apparie aux immortels cochers qui le conduisent. Au fond, le spectacle de la vie journalire suffisait, exception faite des ailes, suggrer Platon cette
repr-
sentation.
lixx
PHDRE
dans
les
comme
ainsi
il
y couple des chevaux qui ne sont point En second lieu, tandis qu'un des chevaux ainsi pareils apparis est fait de bons lments, l'autre sera tout, l'oppos. Enfin, dans de telles conditions, la fonction mme de cocher s'exercera avec un succs incertain. Ainsi ce qui carac-
mier
une me humaine est comparable, un mlange du mauvais avec le bon 2 b. tant donn que l'me est un principe de vie qui est commun aux
trise la chose laquelle
c'est
.
hommes
et
de vie
immortelle
Tout
ce qui a nature
d'me
1.
Quand
il
terme qui est employ ensuite pour l'me humaine est synris, qui dsigne un attelage dont les chevaux sont coupls mais ne sont pas identiques. La diffrence ne consiste pas en ce que les chars des mes divines
gnral zeugos
;
Platon se sert en
en gnral, divin
comme humain,
le
n'auraient qu'un seul cheval comme si, la fin de a, le pluriel les chevaux tait dtermin par le sujet pluriel, les dieux. Mais, on le verra par la suite, le cas est le mme que celui des mes humaines.
Toutefois, en ce qui concerne ces dernires, Platon commence par noter seulement une diversit, qui pourrait n'tre que de race ou de taille ou d'ge. Puis il spcifie qu'au bon est associ du mauvais.
2.
Ce
comme
n'est pas en effet simplement un mlange en tant que tel, car les mes divines Platon semble le dire au dbut de b
;
vu, un mlange, mais du bon avec le bon. Ici comme ailleurs, Platon appelle exempt de mlange ce qui est mlang selon des proportions exactement dfinies et sans mlange
comportent, on
l'a
de rien d'tranger sa nature ainsi dans premiers qui, loin d'lre les lments ou
:
la
sont les vritables syllabes, donc des mlanges dont il a dj expliqu ainsi dans le Philbe (5g c) les objets de la dialeccomposition
;
tique, c'est--dire les Ides, dont l'exactitude a t compare (58 cd) la puret d'un blanc qui n'est ml d'aucune autre couleur ou
le
d'un plaisir qui n'est pas ml de douleur (53 a b). De mme dans Phdre 247 d 2, quand il parle de savoir sans mlange , cela ne
doit pas s'entendre la rigueur, puisqu'il n'y a pas de savoir qui comporte des relations (cf. Tht. 201 e-206 b).
3.
ne
Cf. p. 38 n.
1.
Wilamowitz
fait.
Ia
p.
463
suit le texte de
Burnet
L'objet du morceau, qui est d'opposer des vies immortelles des vies mortelles et de dfinir le sens de cette
et traduit
j'ai
comme
NOTICE
est en
effet
lxxxi
contraire, est
c'est--dire
'
cette corps. Mais dans la totalit de l'univers physique relation n'est pas la mme partout o porte la vie l'me
un
conduit distinguer deux formes qui est aile en perfection et qui se meut dans les rgions suprieures de l'univers, du haut desquelles elle est pour l'ensemble de celui-ci le principe d'une
qui y circule.
est ainsi
celle
On
ou espces d'me
vie organise ; celle qui, pour les raisons qu'on verra bientt, a cess d'tre aile et qui ainsi tombe jusqu' ce qu'elle se
dans cette masse, solidement assemble (cf. Time un corps l'ait principalement de terre. Or c'est un compos d'une me et d'un corps que nous donnons 2 le nom de vivant en y ajoutant l'pithte de mortel
soit arrte
43
ciel ,
suggrer l'ide du ciel astronomique, m'a sembl quivoque. 11 ne parait pas douteux en effet qu'ici, au lieu de prendre le mot en son sens
restreint, Platon ait
la
coupole
ainsi que, aprs des fluctuations dont tmoignerait le vocabulaire auquel s'taient finalement arrts les Pythagoriciens (cf. Vorsokr. ch. 3a, 16 ;
du
en
Robin, Pense grecque p. 76 sq.), ouranos en est venu recevoir pour quivalent le terme cosmos, que justement Platon emploie trois lignes plus bas et que nous traduisons par le Monde. Mais au temps de Platon
l'quivalence n'est pas encore assez usuelle pour que l'crivain puisse se dispenser de la signaler. Ainsi dans le Time il se sert d'ouranos
(3
1
a b)
pour
signifier, sans
nul doute,
:
le
monde
prcdemment (28 b) la totalit de Vouranos ou bien du cosmos ou quelque autre nom qu'on veuille lui donner de mme Politique 269 d. Dans lePhiebe 28 d on voitque le tout, x olov, parat tre un autre de ces noms dont on tendait se servir pour signifier l'ensembie des choses ta ajuiavca, et 29 e que le mot cosmos est dans le mme cas. Du reste chez Aristote ouranos a une semblable
crit
;
comme ici il signifie souvent l'ensemble des choses (cf. Bonitz Index Ar. 54 1 a 56 sqq.). Voir Burnet, Aurore de la philosophie grecque (Early Gr. Philos.) p. 3i.
diversit d'acceptions
:
2.
telle
:
La
dissolution de ce
elle renatra
compos est la mort, mais l'me est immordonc, c'est--dire qu'elle formera avec un autre
C'est ce
s'il
corps
un nouveau compos.
gnration
ft
:
de
la
gnration se
en
n'existait pas en tant que cercle ligne droite, alors ce serait la fin du
monde
'
(cf.
lxxxii
PHDRE
Quant au dieu, s'il est vrai que ni l'exprience ni le raisonnement ne permettent de savoir ce qu'il est rellement, du moins pouvons-nous le concevoir pareillement comme un vivant autrement dit, son me est principe de vie d'un l'gard corps; mais, ce corps n'tant pas un corps dans lequel elle aurait ch faute d'avoir su garder ses ailes, un tel 2 assemblage d'me et de corps doit, dans le cas du dieu durer sans fin. G. Ce qu'il faut expliquer prsent S 6 d 3 ). e-tl par laquelle
'
ft
T,e lieu
ciel
^
*
au del du
amc,
puisque
l'est aussi
son
attelage
est
aile
son cocher, peut cependant perdre ce qui est une proprit de sa nature. Platon commence donc par exposer (d 6 sqq.) en quoi consiste la fonction propre de l'aile: c'est d'lever vers le haut ce qui est naturellement pesant, d'tre ainsi, tant admis que le
divin est au-dessus de nous, ce qu'il y a de plus divin parmi
comme
Phdon 72
de l'me
donc plus de vivants mortels et, en ce un sens profond ou, comme le dit fait positif. Ce n'en est pas moins pour
l'me une diminution d'tre que de se trouver dsormais condamne une vie qui est coupe de morts incessantes (cf. Banquet Notice, p. lxxxvii sq.).
(208
Le sens parat tre voisin de celui d'un passage du Banquet o Platon se propose semblablement de distinguer le mode d'existence du mortel et de l'immortel l'existence du premier est
1
.
a b)
discontinue, mais continue, toujours nouvelle mais en apparence identique ; celle du second est une existence rellement et jamais
identique elle-mme. De mme ici le mortel et l'immortel sont pareillement vivants, mais ce n'est pas de la mme manire. 2. Du dieu platonicien seulement, dit entre autres Wilamowilz I
car Platon ne veut pas l'identifier aux dieux respects de la religion nationale, et les mes qui, ailes, gouvernent l'univers sont dpourvues de corps c'est le dveloppement subsquent de l'image qui conduit, en leur donnant des ailes, paratre les pourvoir d'un Mais les dieux du Pantbon hellnique ne reprsentent-ils corps.
46/J
; ;
pas plutt aux yeux de Platon une tradition, qu'il s'agit moins de respecter que de redresser pour en faire sortir une vrit ? Et les seuls
dieux qui pour lui soient rellement des dieux ne sont-ils pas justement les dieux plantaires ? Au fond de ceci le vrai problme est celui de la relation du corps l'me et nous aurons l'envisager par la suite cf. p. cxxxii sqq.
;
NOTICE
les choses corporelles.
lxxxih
Mais Platon a hte de marquer le symbolisme de ce langage ce qui rside dans ces hauteurs vers lesquelles fait monter l'aile, c'est ce qui est beau, savant Voil donc ce qui, tant l'objet auquel tendent les et bon ailes comme ce qui les nourrit (cf. 2/j6 e), donne celles-ci
:
leur vertu propre. Inversement, cette vertu est dtruite par ce qui est le contraire du beau, du savant et du bon.
Ceci dit, on va voir quels sont les effets de cette vertu, d'abord en ce qui concerne le ciel lui-mme ou le monde, puis en ce
qui concerne un autre monde qui est par del le ciel, et, dans chaque cas, pour les mes qui sont divines comme pour
ne le sont pas. Platon dcrit donc (a46 e sqq.) une sorte de procession que des mes de dieux et de dmons accomplissent dans le ciel, chacune avec le cortge d'mes en tte duquel elle s'avance. Celui qui conduit la procession entire, c'est Zeus il l'ordonne dans son dtail et il pourvoit tout. Quoiqu'il y ait douze dieux et dmons, l'arme entire comprend seulement onze bataillons, parce qu'Heslia n'en lait point partie 2 et que, immobile, elle reste au foyer du palais des dieux Si mainChaque groupe enfin a son rang et son rle propres.
celles qui
a.
; .
Comparer Banquet iol\ a db. et ici 2^7 d le savoir est inhrent nature du dieu, et c'est pour cela qu'un dieu ne dsire pas le savoir comme un bien dont il serait dpourvu et que, par consquent,
i
.
la
Il est remarquable que les trois termes semblent rpondre, dans un ordre renvers, la hile Bien inaccesrarchie qu'on trouve la fin du Philebe, 6/4 e sq. il ne sible, la Beaut, la Vrit manque ici que la Proportion. 2. Cf. Le mot hestia dsigne proprement le foyer p. 37 n. 1. auprs duquel est plac l'autel des divinits domestiques c'est la maison mme. Puis le foyer de la famille devient une des grandes divinits olympiennes, petite-fille d'Ouranos et de Gaa, fille de Cronos et de Rha, sur de Zeus, de Posidon, de Hads, de
il
n'est
pas philosophe.
ici
nomms
Dmtr
qu'il
c'est
ne
le
dans
fonde pas sur la tradition mythologique. Mais, comme Time 4ob fin, il parait transposer une mtaphore des Pytha:
goriciens Philolas
demeure
ce n'tait pas en effet la terre, mais le feu central, que la appelait, nous dit-on, le foyer de l'univers , de Zeus , l'autel , etc. (cf. Vorsokr. ch. 32, A. 16 et
7 ; ch. 45, B 37 s. fin.). Quoi qu'il en soit, Cralyle (4oi b ; p. 77 n. 3 de l'ed. de L. Mridier) et les Lois (V 7^6 c) nous disent que Hestia est la premire divinit honorer, avant Zeus et avant Athna.
lxxxiv
PHDRE
les mes nous voyons qu'elle est diffrente selon la constitution de ces mes. Pour les mes des dieux, point de difficult elles montent allgrement, car la tche du cocher
:
un attelage de tout point excellent, elles montent vers ces objets suprieurs qui, comme on l'a vu, sont l'aliment de leurs ailes. Mais il y a pour les suivre d'autres
est facile avec
mes qui sont divines en leur genre et qui ont faim de cette suprme nourriture. Sans doute leur attelage n'est-il pas excellent il est toutefois excellemment appari ou excellemment dress et dirig. Elles suivent donc les dieux, c'est--dire
;
qu'en les imitant elles leur ressemblent, aussi souvent qu'elles n'en sont point empches par quelque cause, trangre en tout cas la volont des dieux ', et aussi souvent qu'elles en ont la bonne volont. De telles mes doivent donc parvenir, avec
mes des dieux, jusqu'aux confins du ciel ou du monde et, dresses alors sur la vote, emportes par la rvolution cirles
elles contemplent les ralits qui sont en dehors du ou du monde. Ce sont l pourtant des mes privilgies la plupart sont au contraire incapables d'tendre ainsi leur horizon parce qu'au bon leur attelage mle trop de mau-
culaire,
ciel
vais et parce
et
dresser
le
poids d'une
rsistance.
mes portes par la bont de leurs aspirations au seuil d'un autre monde, extrieur l'univers physique. Qu'on dise tant qu'on voudra que nous sommes ici en plein mythe. Il n'en est pas moins vrai, si
b.
mme
i.
des
hommes,
L'Envie, ce dmon qui, selon la tradition, jalouse le bonheur est exclue par Platon des churs divins, comme dans le
Banquet (2o3 b) Pauvret a t tenue l'cart du festin par lequel les dieux clbraient la naissance d'Aphrodite. Ici l'exclusion de l'Envie
est l'expression
la
notion du dieu de cette jalousie mchante qui en tait insparable dans la croyance populaire puis dgager la responsabilit des dieux
par rapport des malheurs qui ne sont la consquence que de notre propre mchancet. Cette dernire ide serait donc la mme que
X 617 e) ou dans le Tinte (4i e, ag e) Dieu est innocent de la mchancet des hommes parce que, d'une faon gnrale, le bien seul, non le mal, lui est imputable (cf. aussi Politique 269 e sq., 373 b c).
dans
[\i
la
cf.
NOTICE
le
lxxxt
mythe
un
sens,
que
marque,
avec une clart qu'on ne rencontre nulle part au mme degr, l'intention chez Platon de considrer les ralits intelligibles
comme tant tout fait part de celles de l'exprience, ou, selon la formule d'Aristote, de sparer les Ides. Jusqu' prsent nous tions au sein d'un monde envelopp dans la
sphre du
le
ciel,
ciel.
Nous
voici
maintenant (247
monde
qui
est celui
de
la
Vrit
mes des dieux ne sont pas plus (cf. capables que les meilleures des autres mes de quitter le ciel pour passer dans cet autre monde. C'est au premier qu'elles appartiennent. Mais, quand elles sont parvenues au sommet
248 b
vrai dire, les
comme installes sur sa convexit, leur cocher en tat de porter ses regards dans la direction des ralits vritables, qui sont des objets pour l'intellect seul et sur lesquelles, puisqu'elles sont sans couleur et sans figure, les sens
de
celui-ci et
est
n'ont point de prise la Justice relle, la Temprance relle, Savoir rel et qui, au lieu de s'appliquer des apparences dont la diversit se dploie dans un devenir changeant, est
!
le
une connaissance
(cf.
vraie de vraies ralits, la Pense pure de la Beaut dans toute sa splendeur, etc.
ao b-d). De plus, cette coutemplation n'est pas offerte aux mes divines d'une faon indiffrente, mais pour le temps prcis que doit durer la rvolution qui ramnera le ciel au mme point 1 Au terme de cette rvolution, le cocher, l'intel.
1. Cf. aussi 2^8 a 3 et c 4- Quelle est cette rvolution? Est-elle identique celle dont il sera question 2^7 e sq. et qui concerne le retour de chaque me au chur divin dont elle faisait originairement partie (cf. p. lxxxvii n. 3) ? Si Zeus reprsente ici la sphre des
Fixes, on pourrait penser que la rvolution dont il s'agit est la rvolution diurne, le jour de 2^ heures qui sert d'unit de mesure aux autres priodes de rvolution. Mais ce serait sans doute une bien courte
dure pour une contemplation pareille, le privilge en dt-il se renouveler rgulirement. Doit-on plutt penser que Platon a en vue, comme dans le Time (3g d), ce nombre parfait du temps qui rem? plit une anne parfaite , c'est--dire la dure d'une Grande Anne
Il n'y aurait aucun doute si Platon avait, ainsi que dans le Time, parl de rvolution qui ramne au mme point tous les astres les ans Certes, un esprit moderne a de la peine par rapport aux autres.
lxxxvi
lect,
PHDRE
demeure
ordinaire de son me. C'est alors qu'il donne ses chevaux une nourriture et une boisson choisies, dont les noms prou-
vent assez que, dans l'esprit de Platon, elles sont le produit de cette contemplation suprieure et la quintessence de ce qui est propre entretenir la vertu des ailes (2^7 e fin cf. 248 c db.) ou satisfaire l'aspiration qui porte l'me naturellement vers les hauteurs (cf. 248 a 7). Or cette aspiration, les autres mes s'efforcent bien de la contenter, mais sans succs leurs conducteurs ne russissent mme pas lever la tte d'une faon continue vers les ralits du lieu supracleste. Ce sont tout au moins des mes incapables de soutenir quelque temps l'effort de la contemplation et dont
;
la
vision restera incomplte. Comme elles sont pourtant avides de s'lever et qu'elles pensent n'y pouvoir russir
qu'au prix d'une concurrence presse, elles se bousculent et se pitinent (cf. 247 b 5). Mais le rsultat, c'est qu'ainsi elles gtent leurs ailes et que, faute d'tre capables de se soutenir sur la vole du ciel, elles sont contraintes d'y rentrer avant le terme fix de la rvolution circulaire. C'est un accident auquel,
semble-t-il, n'chapperont pas les
mes
les
mieux trempes.
Toujours est-il qu'elles tombent alors brutalement et que leur cbute ne s'arrte qu' la terre (cf. 246 c et 248 c fin). Dsormais ce sera l'opinion, avec les incertitudes au milieu desquelles elle roule et se trane, ce ne sera plus le savoir,
qui sera leur pture.
D. Voil donc deux sortes d'mes dchues les unes ont eu quelque parla : a contemplation des ralits vraies, les . une double escha,. T autres en ont t prives. La question de savoir se pose alors (248 c 3 sqq.) sera invitablement leur destine (cf. p. 4o n. 2) en
...
quelle
lutions astronomiques et l'exercice de la pense pure. Il ne faut pourtant pas se hter d'y voir de simples fantaisies. On ne doit pas oublier l'tude de l'astronomie est une voie d'ascension vers la en effet
que
dialectique (cf. p
symbolique du rapport spatial des rvolutions clestes aux pures Ides. Ces spculations ne sont pas du reste plus dconcertantes que d'autres du mme genre, celles par exemple qui bientt concerneront l'eschatologie.
montre
de l'ducation platonicienne
NOTICE
lxxxvii
consquence de l'tat o elles seront au terme de la procession pour les unes, initiation incomplte et rvlation ou poptie seulement partielle (cf. p. 44 n. i) pour les autres, absence totale de l'une et de l'autre '. Mais il y a un autre terme: c'est celui des existences terrestres conscutives la chute. Nous avons donc ici une double eschatologie, qui n'a chez Platon d'autre analogue que celle du Time (4i d: ;
42 d, 9oa-c, 91 d-9
c)
il
il
consquence de cette vie mme. Ajoutons cependant que, tandis que dans le Time il s'agit d'un rglement gnral institu par Dieu, avant la premire naissance , pour les mes qui indirectement sortiront de ses mains, le Phdre envisage les consquences de la conduite prempirique d'mes dj existantes. Partout ailleurs, la destine finale des
mes
elles se sont
.
comme une sanction de la manire dont 2 comportes ici-bas et dans l'union avec le corps a. La consiste ,, x _.. premire eschatologie Prdestinations. ... F. , 1M hirarchiser des espces d hommes et
est envisage
.
d'occupations d'aprs la valeur individuelle des mes par rapport la contemplation des ralits vraies. D'une part, on
l'a
vu,
il
divins, ont
ralits
leur
3
rcompense
1.
d'tre
jusqu'
la
prochaine
rvolution
a5ob c, e 1 a5i a 3; 253 c 3 a5/J b 5. Par exemple Phdon 81 c-82 b, 83 d e (cf. mon dition, p. 4a Le fragm. 146 d'Emn., o il faudrait ajouter Lois X go4 c d). pdocle (qui provient probablement du pome des Purifications) peut avoir inspir notre passage mais, si Platon y a pens, c'est pour retourner la dmarche dcrite par Empdocle et qui est une remonte graduelle des mes dchues vers la condition divine. On peut songer aussi au fr. n5, dans lequel est expliqu comment est bannie du ciel en vertu de l'arrt de la Ncessit une divinit crimiCf. 348 b 5; 2^9 c fin
;
2.
nelle.
3. La dure de cette rvolution parat tre de mille ans si l'on se rfre ce qui est dit 349 a et surtout 356 e fin (cf. p. cvn n. 1). Si cette rvolution est celle dont il tait question d 5 lxxxv
247 (p. que celle-ci dure le temps d'une Grande Anne, on en devrait conclure que celle ci est pour Platon un millnaire. Mais chez personne il n'y a trace d'une valuation si modeste, et, en ce qui concerne Platon, on est rduit des conjectures passablement arbin. 1) et
txxxvm
PHDRE
exemptes de dommage, c'est--dire sans doute admises continuer leur existence cleste sans entrer dans la gnra-
Deux cas peuvent alors se prsenter: ou bien elles persvrent pendant ce temps dans la manire d'tre qui leur a valu cette rcompense et elles se l'assurent ainsi
tion
1 .
tout jamais ; ou bien elles n'y persvrent pas et elles en sont punies, sans doute la fin de la rvolution, par une dchance qui les plonge dans la gnration. Celle dchance
deux causes ou bien l'me n'a pas su garder son quilibre (cf. 2/17 b) et, devenue incapable de suivre docilement, elle a t prive de la contemplation ou bien elle est victime d'une malchance 2 qui la rend oublieuse
son tour peut avoir
:
des visions dont elle avait pu tre favorise et qui pervertit compltement sa nature elle tait chose lgre et aile, elle s'alourdit et perd ses ailes. La voici donc terre 3 Une compensation est toutefois promise cette exile, c'est
:
.
qu'elle n'animera pas le corps de n'importe quel vivant, mais, la premire gnration, seulement celui d'un homme.
Cependant, comme il y a des degrs dans la dnaturation prempirique des mes, il doit y avoir aussi, en consquence, une diversit qualitative dans leur existence empirique et une hirarchie dans leur genre de vie la suite de cette
premire naissance.
traires
Il
y a donc
un ordre
prdestin des
et de
1.
voir les commentaires du Time par Th. H. Martin . E. Taylor (p. 216 sqq.).
;
(II p. 78)
que,
Ainsi comprend Hermias i63, i-3, 9 sq. Il admet en outre y a perptuit dans cette continuation, cela ne peut tre d qu' des Gnies bienveillants (i3 sqq.), comme d'ailleurs le contraire dp mauvais Gnies (25 sqq.). Il est superflu d'ajouter que rien chez
s'il
Platon n'autorise celte interprtation voir la note suivante. 2. C'est, dans la vie cleste, le pendant de cette autre malchance
;
dont
lx
Il
:
et qui fait perdre ici-bas tout souvenir y a quelque chose d'analogue, mais
rebours, dans le mythe d'Er avant de revenir dans la gnration et aprs leur sjour dans la plaine brlante du Llh, les mes qui se sont trop largement dsaltres au fleuve Amls oublient tout ce
mort et chez Hads. La prposition dont se sert ici Platon (km et non indiquer que ce n'est pas la chute mme qu'il pense mais plutt ce qui doit rsulter de la chute, une fois
qu'elles ont appris depuis la
3.
s!;)
semble
(cf.
2^6
c),
faite,
pour
NOTICE
incarnations.
la
lxxxix
Les mes qui, avant de se corrompre, ont eu plus abondante vision des ralits vraies produiront en s'incarnant un homme ami du savoir et de la beaut, c'est1
.
un philosophe Le second rang d'incarnation fait paratre un roi fidle l'ordre de la Loi ou qui a dans la guerre l'art de commander. Au troisime, c'est un politique, moins que ce ne soit un bon administrateur ou un financier. Que ces sortes d'hommes viennent ainsi juste au-dessous du philosophe, on se l'explique: il est possible en effet
-dire
qu'ils s'inspirent des principes
que
comme dans le Politique (258e-a6ob, 3oi a fin-c) mment l'idal dfini dans la Rpublique (V ^-3
58*7 ab) ou 709 e sq.).
cd,
cf.
IX
l'esprance atteste encore par les Lois (IV Ces mes sont infrieures sans doute; mais,
quand
les
tendances
commander ou
caractrisent
auront t
acquerront une
querait-il encore
aux mes du quatrime rang, celles d'o vous aux soins du corps, matres de gymnase ou mdecins: ceux-ci en effet sont encore capables de s'ennoblir en se pliant aux directions du philosophe. Avec les rangs qui suivent nous ne trouvons plus au contraire que des mes voues une existence de mensonge ou de au cinquime, les marchands de prophties ou sujtion au sixime, les imitateurs de tout ordre, et d'exorcismes 3 les peintres sans doute aussi bien que les potes (cf. p. xl
natront des
hommes
1.
Il
le
semble
pour
aime
du philosophe ou de celui qui jeunes gens d'un amour philosophique ; ci. ici 3^9 a et Banquet ai 1 b voir aussi p 29 n. 1. 2. C'est peu prs ainsi qu'Auguste Comte dans son systme
les
;
politique faisait des banquiers les organes, pour l'ordre temporel, de ce que prescrivent les philosophes dans l'ordre spirituel.
comme
chez Aristophane les devins des Oiseaux ou de la Paix che^ Euripide ces charlatans auxquels Thse assimile Hippocf. les autres textes cits lyte (Hippol. 952-957 par L. Mridier, Euripide et l'Orphisme, Bulletin Bud, janv. 1938); comme enfin tous ces gens que dnonce Platon lui-mme dans la Rpublique (II 364
3.
;
Comme
xc
PHDRE
n. 3) ; au septime, les travailleurs manuels, ouvriers ou laboureurs. Cequi a pu faire penser qu'en dressant cette hirar-
que s'amuser, c'est la place qu'il assigne, plus bas encore, au sophiste et au dmagogue. Mais n'est-il
pas vrai que les deux classes prcdentes ont au moins quelque utilit, l'une de nous charmer, l'autre de pourvoir aux nces-
Les gens du huitime rang au contraire galement corrupteurs de la conscience prive et de la conscience publique. Quant l'me prdestine l'tat tyrannique, le chiffre de son rang est le mme que dans ce passage de la Rpublique (IX 587 bsits
de l'existence
ne
sont
que
malfaisants,
e) o Platon mesure de combien de degrs le bonheur du tyran s'loigne de celui du roi. S'il y a donc, en somme, dans cet expos une part de fantaisie, c'est justement celle qu'on y pouvait attendre comment savoir l'ordre de valeur des prdestinations si l'on ne s'est fait l'avance quelque
:
opinion sur l'ordre de valeur des prdestins eux-mmes, ou du moins de leurs conditions 1 ? comment parler de ces conditions, sinon d'aprs les types que l'on connat? Or c'est justement ce que Platon fait ici.
Sanctions.
tence et le
b.
,
les
Ces premires naissances sont pour r r ., , , ,. mes la tin a une prcdente exis.
donc
lieu
commencement d'une existence nouvelle. Il y a de s'interroger sur la destine finale des mes par
:
la
pre-
mire mort
5 sqq.).
C'est l'objet de la seconde eschatologie (2^8 e Deux ides la dominent. L'une est que leur sort
?
dpend de ce qu'aura t, dans l'union avec un corps, leur manire de vivre par rapport la justice et l'injustice, et 2 L'autre qu'il doit donc y avoir un jugement des morts
.
1.
les
De mme, Rp. X 618 b, la condition que les mes ont choisie dtermine qualitativement et fonde entre elles un ordre hirar-
chique, Til.
(X 6i4
ait
D'aprs l'eschatologie du Gorgias (5a6 c) et de la Rpublique c d) les mes les meilleures, celles des vrais philosophes, sont soumises comme les autres au jugement. Or ici il semble qu'il n'y
a.
(a/Jp,
a 5)
si
en
effet le
immdiat pour toute me qui, par une vie s'est dcharge de ce qui pesait sur elle (cf. a8 e philosophique, monter 8 sq., y '49 a .\, sq.), les mes des philosophes semblent
renouveau des
.1
NOTICE
ide est
xci
que le dlai au terme duquel les mes, de nouveau reviendront prendre leur place dans le chur divin auquel elles ont appartenu est de dix mille ans, mais que tous les mille ans elles recommencent une nouvelle existence
ailes,
terrestre'.
d'injustice, sa
Ceci pos, voici une me qui achve, souille premire existence terrestre: le jugement la
condamne (cf. 256 e) subir dans les demeures souterraines d'Hads une punition proportionne ses fautes, et cela jusqu' ce qu'elle soit appele mille ans plus tard remonter sur la terre pour y vivre une seconde existence. Mais voici
maintenant une me dont la premire vie fut juste si c'est l'me du vrai philosophe ou de celui qui unit la philosophie l'amour de la jeunesse, elle montera pour mille ans au ciel aprs quoi elle redescendra sur la terre pour y commen:
cer
une nouvelle
existence.
Que
mire, consacre
comme
elle la justice, pareille aussi sera est encore de pour une troi-
mme
me
le
du
troisime millnaire 2 ,
terrestre
peut-tre
mme
la
proportionne cette valeur. Il semble que ce gne soient les mes dont il sera question plus loin (256 c-e et mes gnreuses et nobles mais dnues de p. 55 n. i),
est-elle
philosophie.
tout droit au ciel (cf. 256 b ), tandis que celles dont les efforts pour
le jugea56 d b) voir la suite. i. Ce qui, dans l'eschatologie du Phdon (n3e), est pour touCe que leur refuse, semble-t-il, jours refus aux grands coupables. celle de la Rpublique (X6i5c-6i6a) c'est seulement le droit au recommencement millnaire dont il est question ici. Voir Thorie
ment
(cf.
Ce
cycle de
trois
millnaires
appartenait,
d'aprs
Hrodote
laquelle les Grecs l'auraient (II ia3), la doctrine des gyptiens, sans le dire. Voir en outre Pindare, Olympiques II 75 sqq.
emprunt
3.
le
u^bc)
-g
xcii
,
PHDRE
et
.
Ce qu'il toutefois y a de plus important ^ r , ./ , , , , dans cette double eschatologie, ce sont deux principes par lesquels Platon a voulu rsoudre deux Le premier serait celui-ci. problmes qu'elle implique. Puisque les btes sont des vivants et qu'il n'y a rien de
Hommes
..
betes.
vivant que par une me, les mes des btes viennent-elles aussi des hauteurs qu'avoisine le royaume de la pure intelligibilit? et, si elles en sont descendues, comment leur pense peut-elle tre si pauvre et incapable de cette rminisla richesse
cence qui est permise aux mes humaines ? ou bien comment de pense qui est en celles-ci pourrait-elle merger
de cette pauvret ? Le rponse de Platon (2^8 cd) est que, premire gnration, ce n'est jamais dans un corps debte que s'implante une me dchue, mais toujours dans un corps d'homme, quel que doive tre d'ailleurs son rang dans la hirarchie des valeurs humaines que jamais une me de bte ne peut donc revenir un corps d'homme qu' la
la
;
condition d'avoir originairement anim un tel corps (2/49 b) 1 ; qu'un tel corps ne peut avoir enfin reu d'autre me qu'une
me ayant contempl
toutes les
et sont
les ralits (249 e fin). Autrement dit r mes des vivants mortels ont une nature identique
pareillement dchues, mais celles des btes sont des Le second pnalit additionnelle.
connexe
au prcdent.
ncessairement t un
homme
lors
de
la
1. Il y a sur ce point quelque quivoque dans l'expression. En parlant ici d'mes qui jamais n'ont vu la vrit et qui par l mme sont incapables d'animer un corps d'homme, Platon semble admettre
mes de btes
et
a eu au contraire originairement cette vision. Or, quand il a dress le tableau des incarnations originaires, qui toutes sont des incarnations
humaines, il parat bien spcifier que les mes infrieures sont mes qui n'ont pas vu la vrit (2^8 c 7). On pourrait tre tent de penser que ce sont, dans des corps d'hommes, des mes de btes; un peu plus loin en effet il est question d'hommes qui, dans les
des
choses de l'amour, ne se comportent pas en hommes, mais en btes (a5o e fin). Toutefois cette tentation choue devant le texte dcisif de a^9 e fin. Il n'y a donc aucun doute sur l'intention profonde ne pas voir est pris au sens de voir mal , et l'quivoque signale est seulement due l'lan lyrique de tout le morceau qui nuit parfois la prcision de l'expression.
;
NOTICE
tion, l'tat
xciii
de bte ne peut donc se comprendre que par rapport l'existence terrestre des hommes originaires et par rapport un moment o, une fois morts et aprs avoir pay les peines ou reu les rcompenses dues, ils doivent venir
existence. Gomment se dtermine la condition de cette nouvelle existence? La rponse est, sommairement indique ici, celle que dveloppe le mythe d'Er dans la Rpu-
une nouvelle
il blique (cf. p. 4i n. i) y a un rle pour le sort et c'est le sort qui assigne aux mes rle pour le choix
: ;
un
le
elles
;
sont proposes leur choix en plus grand nombre que celui des candidats; elles sont enfin, semble-t-il (cf. 619c db.), comme de3 paquets clos, qui portent une tiquette simple-
le contenu reste ignor dans son Or, parmi ces existences, il y a des existences de btes, pour des raisons diverses, elles peuvent certaines mes
paratre prfrables des existences humaines '. Il est noter enfin que ce choix, limit par le hasard du rang et qui peut s'orienter vers une vie de bte, appartient, d'aprs le Phdre, aussi bien aux mes qui viennent de recevoir en un endroit
rcompense de leur vie terrestre, qu' celles dont l'expiation vient de s'achever aux enfers. Bien plus, la Rpublique fait observer que ces mes venues du ciel ne sont pas, tant s'en faut, les moins exposes se tromper dans leur choix c'est justement parce que la vertu dont elles ont t rcompenses se fondait moins sur la philosophie que sur l'inertie des habitudes en relation avec un bon naturel
ciel
du
la
peut se demander cependant si l-dessus la pense de Platon Dans le Phdon en effet (81 e-82 b, cf. 83 d fin) et, d'autre part, dans le Time (/41 b c, 76 d, 90 e-gQ b), la condition de
1
.
On
bte n'est pas le fait d'une option, mais le rsultat ncessaire d'une vie humaine antrieure que dominaient de mauvais penchants et un rsultat en harmonie avec ces penchants ; du suprieur l'infrieur,
la srie
de ces dgradations de l'homme commence par la femme, qui provient d'un homme lche et injuste, et elle finit aux animaux aquatiques, qui descendent des hommes les plus intelligents et les
elles pas inconciliables.
plus ignorants. Peut-tre, la vrit, les deux conceptions ne sontPeut-tre aussi Platon pense-l-il que dans
n'est pas loin d'en valoir
xciv
PHDRE
(619 cd). Ce sont des points sur lesquels on aura l'occasion de revenir plus tard (cf. p. cxxix sq.).
3.
Amour
et
ble, a t appele
1
le
1
besoin de faire
comprendre comment le dlire d amour est entre tous le plus beau et le plus bienfaisant. Nous passons donc maintenant la doctrine de l'amour et Platon commence (249 b 8 sqq.) par montrer quel lien existe entre l'une et l'autre doctrine, Nous avons appris que c'est ncessairement dans un corps d'homme que doit, la premire gnration, s'implanter toute me qui a t donne la
possibilit
philosophie,
j/t
de contempler
C'est
intelligence
d'homme
en
est,
comme nous
dirions,
sa fonction est
effet
dans
de rduire
'. Mais en faisant nous ne crons pas, nous ne faisons que nous remmorer 2 ces ralits vraies que nous avons pu voir par del le ciel, quand dans ce ciel nous faisions partie de la suite d'un dieu. C'est de ces ralits, divines en elles-mmes, que ce qui
ble par
un
cela,
3
,
et c'est parce
que
le
philosophe
Il faut,
objections de
n'est pas
l'unit, l'Ide
je crois, garder ici le texte des mss. et d'Hermias. Thompson et d'autres me semblent peu dcisives
l'ide
Les
:
ce
de
que Platon
dit
qu'elle va
de
la
mais bien de
;
l'acte de comprendre, comme pas davantage ce n'est l'ide qui est rassemble par
une
rflexion raisonne, mais c'est l'unit qui apparat ainsi comme une totalit unifie ; cf. a5o e et la note. Il n'y a rien d'autre ici que ce
qu'on trouve dans Mnon 74 d-75 a, dans Phdon 65 d-66 a, 76 cd, dans la Rpublique VII 5a3 e-5a5 a ou X 5g6a b, dans Thtte i48d
et ailleurs encore.
Mnon 80 d sqq., Plidon 72 e sqq. Peut-tre y a-t-il dans ce passage de quoi lever les doutes qui se sont levs sur le sens d'une phrase du Time (37 c) o Platon appelle le monde une image produite des dieux
2. 3.
Sur
la rminiscence, cf.
Cf. p. 2 n. 2.
ternels .
Dans une
intressante
discussion
de son commentaire
(p. i84-i86), A. E. Taylor rejette en effet l'interprtation, qui remonte Plotin, d'aprs laquelle ces dieux ternels ce seraient les
Ides elles-mmes.
est
Certes
;
il
il
que
le
Dmiurge
les
un dieu
ternel (34 a)
ne
l'est
si
dieux
NOTICE
xcv
s'applique sans cesse se les rappeler, en suivant la voie dont on vient de parler, que son me est toujours prte s'lever vers la perfection du mystre auquel il est parfaitement initi. Mais ainsi il se dsintresse de tout ce qui passionne
le reste
des
hommes
il
on
le
dis
qu'en vrit
est possd
c'est justement la mme chose eu (j ans j a quatrime forme i ... , , ,,. j, , , dehre d amour ( a d 4 du dehre le caractres. ^9 sqq.). La vue d'une beaut dans l'ordre sensible provoque le ressouvenir de la Beaut vritable l'me de l'amoureux se sent redevenir aile, elle voudrait s'envoler et elle ne le peut pas. Mais cette impatience de s'lever ne dtache pas des choses de la terre l'amoureux
Le
A. uj
Or
a
'
tan-
'
le
il
passe
est, tout au contraire, la meilleure entre ont t numres. Bien plus, le dveloppement entier qui est conu de faon suggrer que ce dlire d'amour est un quivalent de cet autre dlire dans lequel la foule fait consis-
divine
ter la philosophie.
lente, la fois
philosophe, et
jeune
homme
Et de part et d'autre c'est la forme excelpour celui qui en est le sujet, l'amant ou le pour celui qui en est l'objet, l'aim ou le qui le philosophe brle de se consacrer 2
.
sidraux et plus forte raison les autres ne sont pas ternels la rigueur (4i d db. ; cf. 4oe-4i a )t on peut cependant les considrer comme tels (4o b). Mais, prendre littralement l'expos du Time,
on
est
que cet ternel Dmiurge a travaill d'aprs un modle qui lui-mme ternel et absolument parfait (288-29 a, 3o d sq.), duquel on aurait quelque peine le distinguer s'il n'tait pas l'artisan d'une copie. Ds lors, en quoi serait-il choquant que les ralits
voit
intelligibles, toujours identiques elles-mmes et qui sont le modle, c'est--dire les Ides, fussent appeles par Platon les dieux
ternels
L'expression s'accorde avec celle de dieu futur , appli, la perptuelle existence du Dmiurge
appel
i.
retrouve la fin du Time (92 c), o le monde est dieu sensible qui est la copie du dieu intelligible . Comparer Banquet a 18 d (discours d'AJcibiade).
le
2.
ne
l'oppos de ce que faisaient les deux premiers discours, qui de vue de l'intrt de l'aim et qui ten-
est
de cder l'amant
xcvi
PHDRE
reste les occasions efficaces
Au
de
mes qui en sont capables (cf. Phdon 69 cd), soit faute d'avoir vu d'une faon suffisante les ralits, soit faute d'avoir, par une vie pure, entretenu en elles-mmes l'aptitude se ressouvenir. Aussi, quand une chose sensible
rares aussi les
n'en est pas seulement l'occasion indirecte, mais qu'elle imite autant que cela est possible une ralit vraie ', cette
chose est-elle propre causer dans l'me des transports qui la mettent si bien hors d'elle-mme qu'elle ne se possde
plus et qu'elle est incapable de s'expliquer elle-mme l'motion intense qu'elle prouve. B. Ce qu'il faut donc expliquer, c'est pourquoi le bel
objet qui fait natre l'amour provoque dans l'me ces transports (25o b 2 sqq.). Les ralits absolues ne sont pas toutes
galement lumineuses dans leurs images terrestres ainsi la Justice, la Temprance ont besoin, pour tre tout juste reconnues, que l'on ait recours des moyens artificiels de les reconnatre, et encore ces moyens ne sont-ils la porte que d'un petit nombre d'hommes 2 si elles brillaient de tout
:
amour ou
s'il
et
lxxvi
sq.).
D'un
est vrai
que
philosophie, c'est- dire l'amour philosophique, la proposition pourrait tre illustre par un fameux passage du Banquet (cf. ma Notice
de ce dialogue,
1.
p. xci sq.).
Cette ide d'imitation (a5o a 6) vaut qu'on s'y arrte. Sans doute peut-on dire avec le Phdon (jt\ a-75 a) que les galits sensibles font ressouvenir de l'galit en soi parce qu'elles lui ressemblent
et qu'elles tendent l'imiter quoique toujours imparfaitement. Mais elles sont plutt une occasion mdiate d'y penser et de mesurer la
distance qui les en spare. Aussi n'excitent-elles pas cette occasion l'motion qu'excite la beaut sensible, parce que l'vidence lumineuse
de
celle-ci
imite immdiatement
la
splendeur de
la
Beaut idale.
pourrait rapprocher Banquet 2ioe-2i2 a. ne semble pas que ces troubles instruments d'une reprsentation imaginaire puissent dsigner l'homme juste ou temprant s'il est une image de la justice ou de la temprance, par contre on voit
2.
Il
:
On
je
il pourrait tre appel un instrument . Platon veut, parler des lgislations et des rgles, traditionnelles ou codiGes, de la conduite. Ce sont en effet la fois des instruments et des images, car elles reproduisent artificiellement, tant bien que mal
mal comment
crois,
NOTICE
xcvii
leur clat dans leurs images terrestres, l'amour qu'elles allumeraient ainsi dans nos mes serait le plus ardent qui se
puisse.
A
1
,
la vrit,
le
mme
resplendissement de la Beaut tait sans pareil. Du moins est-ce un fait qu'ici-bas encore ses images sont c'est la les seules qui aient de la clart par elles-mmes vue qu'elles s'offrent, et de tous nos sens c'est le plus pnpiriques
:
trant
a lieu toutefois (25o e sqq.), en ce qui concerne l'impression produite par les images de la Beaut, de voir quelles en sont les diffrences selon les sujets qui la reoivent. Chez les uns l'initiation a perdu sa fracheur, elle Ta garde
G.
H ypossdent
2
;
elles
un charme qui
chez d'autres
les
autres ont t rfractaires la corruption. Il s'ensuit que, ne sont pas galement la vue de l'objet aimable, toutes promptes se porter sur les ailes du souvenir vers la Beaut
absolue. Bien plus, certaines se comportent en
amour
la
mme
le
drglement jus-
et
plutt mal que bien, l'air de famille de ces ralits absolues peu nombreux sont en outre les lgislateurs capables de produire de tels
;
258 c db.) et le code de la conduite (les nomima) que de Sept Sages. C'est justement l'obscurit et l'indistinction de telles images qui dtermine Platon entreprendre de fonder la socit sur de nouvelles bases. Toutes les expressions dont se sert ici Platon viennent sans i doute du vocabulaire des Mystres. En tout cas elles doivent tre rapproches de ce qu'il y a d'analogue dans le Phdon 67 a b et dans le
instruments
(cf.
n'est l'uvre
sq., 210e, 2i c-212 a. Qui sont ces derniers ? Sans doute il peut s'agir d'mes qui ont depuis peu incarnes non bien entendu d'mes nouvelles, car si la quantit d'me (c'est--dire de principes de vie) est constante cf. Phdon 72 a-d, Lois X o/)4 a b), une telle nou(fcp. X 611 a veaut est inconcevable. Ce n'est pas d'ailleurs pour les avoir perdues depuis trop longtemps que les mes oublient les visions idales; c'est
Banquet 209e
2.
parce qu'elles entrent dans la gnration et justement parce qu'elles s'unissent un corps (cf. Phdon 75 d, 76 c d). Ne s'agit-il pas plutt d'mes en qui, par l'ducation ou par l'amour philosophique, la sve
-de l'initiation
prempirique a vu sa fracheur renouvele (cf. 25 1 a-c) ? cas s'oppose trs naturellement celui des mes dont il a t question auparavant et qui, s'tant laiss corrompre, sont incapables
Leur
xcviu
PHDRE
qu' chercher des plaisirs contre nature '. Mais il en est, tout au contraire, chez qui la vue du bel objet renouvelle les motions que dans la vie prempirique donnait leur me la
contemplation de la ralit vraie de la Beaut. Ils sont, en face de lui, comme en face de leur dieu; tour tour ils frissonnent et ils brlent. C'est que de l'aimable mane une chaleur sous l'action de laquelle fond ce qui en leur me s'tait fig et durci, de sorte qu' l'aile est ainsi donn un lan de vitalit.
D.
Pour
qu'il
en
soit ainsi,
une condition
est
pourtant
sqq.); c'est qu'entre ce foyer de chaleur et l'me de l'amoureux rien ne vienne s'interposer. Dans le
ncessaire (a5i
cas contraire, l'me dj prte s'envoler sent se briser son lan elle souffre cruellement, mais elle est dans le
;
c6
mme
temps joyeuse parce qu'elle pense au bien-aim. Ce conflit de sentiments la dconcerte, elle ne sait plus o elle en est ni comment sortir de cette contradiction 2 Dans l'espoir d'y
.
s'emploie avec ardeur se rapprocher le plus possible de l'objet vers lequel elle tend elle travaille, au mpris de tout ce qui l'en pourrait dtourner, se mettre dans la dpendance complte de l'aim, afin de ne plus souf-
mettre
un terme,
elle
frir et
de raliser au contraire
la
3 plnitude de sa joie
i. Ce serait une nouvelle preuve que Platon, tout en parlant le langage de l'amour masculin qui est familier son milieu, y voit cependant une honteuse aberration ; cf. a56 c 3 sq. et Banquet
Notice p. xlv-xlvii.
a.
Le rapprocheCf. p. 46 n. a et Banquet Notice, p. en sq. Valopia et de l'aporia suggre, une fois de plus, l'ide d'une troite parent entre l'amour et la philosophie. La conduite de
ment de
l'amoureux
18a e-i83 c) et
intrieur (ibid. ai6c). De mme Socrate, c'est--dire le philosophe, droute tout le monde par son lranget, mais il ne se sent pas moins
ils
drout lui-mme par lui-mme (Mnon 80 c d). De l l'embarras o sont, amoureux ou philosophe ne sachant comment trouver le chemin qui les mnera leur but (Banquet a 19 d fin, Mnon 80 d).
on porte en soi-mme la promesse racine de la maeutique, ce sentiment d'embarras intrieur (Mnon 84 a, Thl. i5i a, d). 3. Sur la vague de dsir , par quoi j'ai tent de rendre le sens
La naissance d'une
vrit dont
la
suppose justement,
tymologique attribu par Platon au mot himros, cf. p. 46 n. Quant l'impertinence du second des vers
et
citts
NOTICE
xcix
Voil donc comment sont rendues ses ailes l'me E. de l'amoureux et comment elle fait un etort personnel pour se dans le chur divin auquel replacer, en intention et en image, elle a appartenu. Aussi allons-nous voir (a5a c 4 sqq.) ce qui en rsulte, et pour la faon dont l'amant se comporte en
amour,
l'aim.
et pour la faon dont cet amour se communique Tout d'abord l'amant, dans sa conduite l'gard de
l'aim, manifeste son dsir d'imiter le dieu duquel il dpend: il le choisit en effet assorti sa propre nature telle qu'elle
est
rend un vri-
table culte, c'est qu'en lui il croit retrouver son dieu ; ce sont ceux qui ont t les suivants de Zeus, dont l'amour sera
philosophe
(cf.
ainsi choisi,
aoo b 7). Ensuite, dans l'me du bien-aim l'amoureux reverse l'influence laquelle il est
'
semble vidente. N'est-il pas inconvenant en effet de Immortels pour donner au dieu Amour un nom qui, le sien et qui, de si vrai plus, qu'il puisse tre, n'est du moins pa^ devant deux prte rire ? La faute de prosodie serait double consonnes 81 devrait tre une longue et non une brve d'autre part, dans ^Tpouxop', le devrait son tour tre une brve et non pas car il semble qu'oriune longue, au moins selon l'usage moderne
302 b
fin, elle
se rclamer des
ginairement la voyelle ait t longue dans la racine fv, ainsi qu'elle l'est reste dans plusieurs temps du verbe f'jw et comme Aristote en
admet la possibilit dans sa Mtaphysiqae, A db. 1. Avec le texte traditionnel ht Ato; ( la source de Zeus), il me semble difficile de ponctuer aprs les mots pareils aux Bacchantes,
t\
:
ainsi
qu'on
le
fait
d'ordinaire.
a,
comme
le dit l'Ion
534
Quand en
Zeus qui
est l'auteur
de cette
possession, mais bien (ce que note Hermias 191, 22) Dionysos, qui est leur patron. Si donc Platon les prend ici comme exemple, ce
serait
pour les montrer faisant part autrui de ces douceurs que, dans leur ivresse, elles font sortir de l'eau. Ceci n'est pas encore toutefois pleinement satisfaisant, tandis que la conjecture de De Geer (cf. p. 48 n. 1), que je n'ai pas os transporter dans le texte, parat
propre faire disparatre toute difficult. Pourquoi en effet serait-il de nouveau question ici de l'inspiration de Zeus, dj envisage
1 ? Pourquoi Dionysos ne serait-il pas nomm comme le sont plus bas Hra et Apollon ? Il ne semble pas d'ailleurs que Platon mais plutt pense Dionysos en tant qu'il est patron des ivrognes ainsi qu'il le fera plus tard (265 b 3, passage auquel se rfre vrai-
35a e
semblablement Hermias
loc. cit.),
est
patron
PHDRE
:
personnellement soumis
il
le conseille
et le dirige afin
de
l'lever, avec
de lui-mme, au
niveau de son dieu, car il n'est point jaloux de le voir devenir meilleur 1 L'amant qui dlire, quand son dlire s'oriente,
.
comme on l'a
quand
ce dlire est
un retour
jadis, fait donc partager son dlire celui qui s'est laiss prendre son amour.
4. 11 s'est
aux contemplations de
donc
cela
laiss
intrieur
aim, et voici
qu'
Gomment
s'est-il
C'est
:
une
priptie du drame qui se joue quels sont les vrais ressorts de cette priptie et quel y est le rle des deux personnages? Voil ce qu'il reste expliquer (253 c
7 sqq.).
l'me
comme
nous
Le principe de cette explication est dans le mythe de l'me de chacun des deux personnages est en effet la coulisse o se joue secrtement un autre drame,
ses
qui a lui-mme
invite-t-il tout
(cf.
reprsent la nature de l'me par l'image de l'attelage ail 2^6 ab) les deux chevaux de l'me et son cocher. Mais, s'il avait alors indiqu que des deux chevaux de tout attelage
:
mortel l'un est bon et l'autre mauvais, il n'avait pas montr en quoi. Du portrait pittoresque qu'il en fait ici, les lments en quelque sorte moraux sont les seuls que nous ayons retenir. Le bon cheval aime la gloire, mais avec sagesse et mesure ((jcotppoffuv-ri), il a de la rserve (atSw) il y a socit
;
entre lui et l'opinion vraie, c'est--dire qu'il lui est habituel de juger juste, mais sans que la rectitude de ce jugement soit
fonde sur un savoir rel (cf. p. ^9 n. i); pour le mener, le cocher n'a besoin que de l'encourager de la voix 2 L'autre au
.
de
Proclus, dans son 26 sq. Greuzer), fait une allusion textuelle notre passage, mais en omettant, comme s'il en
l'art
des initiations.
Une
dernire remarque
(p.
embarrass, les mots sur lesquels porte la prsente discussion. Comme les dieux qui ne connaissent pas l'envie (2^7 a fi n )> et
contrairement ce qui a lieu pour l'amant sans discours de Socrate (288 e-23g b).
2.
amour du premier
d'une ambigut
Le terme dont
:
se sert
ici
Platon, Xvu>,
est
voulue
il
jplus bas
il dira signifie la fois la parole et la raison. De du bon cheval (a53 e 7 sq.) qu'il obit docilement au
mme
NOTICE
:
ci
contraire ne cde qu' la contrainte il a partie lie avec la dmesure et la vantardise. Aussi en face du bel objet ne se comportent-ils pas de mme. Tandis que l'un garde la pudique rserve qui lui est ordinaire, l'autre va de l'avant avec violence, il se flatte d'tre mme de procurer l'aim les plus
vives jouissances.
Quant au
30 1 ab,
c fin) et s'est
communique
forces qu'il a
la totalit de l'me,
;
o'est--dire
aux deux
or c'est cette chaleur qui, fondant une sve durcie, est capable de rendre l'appareil ail sa vitalit, mais en mme temps
il
ressent ces
mmes
l'absence de la beaut
(cf.
piqres que faisait endurer l'me a5i de). Autrement dit, il est dans
un tat d'instabilit qui lui enlve son pouvoir de contrle et de direction, si bien que les forces dociles son action ne savent plus elles-mmes quoi obir et que celles dont la tendance naturelle est dsquilibre et rvolte finissent, aprs diverses alternatives, par prendre le dessus et conduisent au
pch l'me tout entire
l
.
cocher . Or, le cocher qui sait ainsi se faire couter, conducteur ou pilote de l'me (cf. 2^7 c fin).
i.
c'est l'intellect,
Ce passage
difficile
deux
dveloppements qu'il rappelle et auxquels j'ai renvoy. Le mot dont use Platon a53 e 7, ro'60;, signifie la fois dsir passionn et regret. Si on le prend au premier sens, on attribue au cocher une convoitise qui, d'aprs la description de Platon, est propre au cheval vicieux. Le second sens par contre implique chez le cocher le sentiment d'un
manque, auquel s'oppose cette sensation gnralise de chaleur que provoque la vue du bel objet qu'il a devant lui. Hermias (196, 29197, 7) a raison quand il note que la passion n'est pas le fait du
cocher et que son dsir ne peut aller que vers la Beaut absolue mais il a tort de prtendre que par sensation Platon a voulu dsigner ici la remmora tion . Tout au contraire cette sensation dont l'objet est une beaut empirique est ncessaire pour veiller
;
la
autrement,
ce qui dj aurait lieu, c'est ce qui sera dcrit dans la suite immdiate. Donc ici la beaut est la fois sentie comme prsente puisque
le bel objet est l, et
cence de
la
sq.). C'est le
devine comme absente puisque la rminisBeaut absolue n'est encore qu'amorce (ef. 254 b 6 mlange de sentiments contraires dont il tait question
35i d.
en
dans
1
PHDRE
amoureux ;
raie, et est toutefois trop snCette exposition r , ,, en outre elle ne considre qu un
-ni
deux personnages entre lesquels se joue le drame de l'amour. Il faut donc reprendre l'analyse du drame intrieur, successivement dans l'me de chacun d'eux, et d'abord dans l'me de l'amoureux, autrement dit du sujet de l'amour (a54 b 5 sqq.). Supposons que la vision flamboyante du bel objet ait rveill dans l'me de l'amant les souvenirs
seul des
visible
assoupis de la Beaut idale et des autres ralits absolues que le cocher a jadis contemples dans le voisinage de celle-ci.
sorte de religieuse terreur s'empare de lui, il redoute de profaner ce qu'il vnre, il recule devant le sacrilge et il fait ainsi reculer les deux chevaux qu'il a charge de mener, l'un
Une
sans qu'il oppose aucune rsistance, l'autre de vive force. Le premier a honte d'avoir oubli sa rserve coutumire ; le
second est furieux de n'avoir pu aller jusqu'au bout de son deux autres ont d'abord un si enfin deviennent dlai, impos imprieuses que de nouveau, tous les trois, les voici en face du bien-aim. De nouveau aussi le cocher est anim des mmes sentiments de
dsir. Ses exigences, auxquelles les
vnration craintive
il
et,
sous l'influence de la
soi
;
mme
il
se ressouvient
de
la
Beaut en
de nouveau
cause, recule et
fait reculer fois l'attelage. La mme scne s'est-elle plusieurs rpte, la bte vicieuse est alors dompte ; la peur l'empchera dsormais de se rvolter contre les dcisions de son
conducteur.
De
la sorte,
mme
attitude de respect et de rserve est commune tous les acteurs du drame intrieur. Pour substituer cette attitude
la prcdente,
cocher
ft
du
Plaons-nous maintenant au point de , , ,, C1N ,.*. , * vue de 1 aime (200 a 1 sqq.), c est--dire de celui qui, tant l'objet de l'amour, doit son tour en devenir un sujet, aimant lui mme autant qu'il est aim car sans rciprocit il n'y a point d'amour. Celui qui l'aime l'aime d'un amour sincre quant lui, il ne peut s'empcher d'avoir pour lui de l'amiti. Peut-tre, force de s'entendre
dans l'aim.
.
,
.
mal de frquenter un amoureux, repousserapoursuivant. Mais comment, s'il est bon, ? Ainsi repousserait-il longtemps celui qui est bon lui aussi s'tablissent entre eux des relations, et plus immdiates se
dire qu'il est
t-il
d'abord
le
NOTICE
font
(cf.
cm
les
L'aim en ressent des transports qui le mettent aucune tendresse ne lui semble comparable celle d'un amant que l'amour inspire et qui est ainsi possd d'un dieu (cf. 252 a). Avec le temps leur intimit devient encore plus troite. Alors cette vague de dsir , rhimros (cf. 201 c fin), qui a sa source dans le bel objet roule vers l'amoureux un flot plus abondant, et celui-ci s'en emplit jusqu' dborder. Mais ce trop-plein, au lieu de se perdre, revient par le regard vers sa source la faon d'un cho. Une fois que, ainsi rflchi, il a combl l'me de l'aim,
hors de lui-mme
:
a53 b
reprennent leur vitalit, comme cela brlante de la beaut aperue, les ailes recroquevilles de l'me de l'amant pour (cf. 25 1 ac). L'aim son tour est donc lui-mme devenu un amoules
ailes
de
celle-ci
le
distingue de l'aim
lieu de s'prendre
au contraire charge un peu plus chaque jour. Voil comment un l'objet de l'amour en devient lui-mme un sujet amoureux de son amoureux. Ainsi deux sujets de l'amour sont en >ace 1 i. Deux amants: i> i. n j / un de I autre i contre-amour. +,. o qu en resulte-t-u
>
'
le
que va dsormais
? C est sur ce point poursuivre l'analyse (25 d 3 sqq.). L'closion de l'amour chez celui qui n'tait d'abord qu'un aim a dtermin en lui un trouble qu'il ne s'explique pas
*J
se
(cf.
c'est
256 a db). La vrit est que, sans qu'il s'en rende compte, lui-mme qu'il voit dans son amant ainsi qu'en un miroir. Vision directe de l'amant et image rflchie de l'aim ne font plus qu'un. Aussi se manque-t-il lui-mme en
quelque sorte quand son amant est loign de lui, et, quand il le retrouve, c'est vraiment lui-mme qu'il retrouve, de sorte
qu'aussitt prend fin la souffrance qu'il prouvait rplique fidle de ce qui avait lieu pour l'amant du fait que son aim
:
absent ou prsent (cf. 25 1 de). Une rplique, voil en chez l'aim cet amour qui est l'image rflchie de celui de l'amant: un contre-amour , un ant-ros 1 en
tait
effet ce qu'est
,
Cf. p. 53 n.
ici
Eschyle,
Agamemnon 54 k
Vous
brliez
du
civ
PHDRE
:
face de l'amour, de l'ros, qui en a t le principe et dan lequel il y avait naturellement plus de vigueur voil pourquoi
non point amour , est seulement le nom que tout d'abord l'aim donne ce qu'il ressent (cf. 255 a 3) Comme cependant les tmoignages qu'il donne de cette amiti
amiti , et
1
.
sont particulirement chaleureux, il arrivera forcment que le cheval vicieux de l'amant en prendra avantage pour essayer
de circonvenir son cocher en vue d'obtenir les jouissances qu'il convoite. Celui de l'aim en revanche ne sait que dire, puisque l'me de l'aim ne s'explique pas ce qu'elle prouve et pourtant le dsir dont elle surabonde l'incite manifester celui en qui elle voit simplement un ami une brlante tendresse, expression imparfaite d'une gratitude infinie. Pour peu qu'on le presse, l'aim est donc sur le point de succomber. Mais voici qu'interviennent alors la rserve naturelle au bon cheval et la rflexion propre au cocher leur rsistance 2 prservera l'aim de la chute dfinitive
;
: .
dsirait (trad. Paul Mazon). Mais cette mulation, o l'amant et l'aim rivalisent qui sera le plus amoureux l'un de l'autre, peut aussi se produire entre deux personnes qui aiment une mme chose :
ainsi
dans ce passage de
la possession
la
Rpublique (VII 5a
rapport
les
du pouvoir, met en
face les
amoureux
et les contre-amoureux,
c'est--dire des
rivaux qui se
objet, extrieur eux-mmes. Dans le dialogue pseudoplatonique intitule Antrasta, la rivalit est au contraire entre deux amants qui aiment des choses diffrentes, l'un la philosophie, et
l'autre les exercices physiques,
disputent un
commun
chacun
aim de
:
la supriorit
de
la
y a donc du mot
anlros plusieurs acceptions, qui se rattachent la diversit des sens de anti ce prfixe marque en effet aussi bien rciprocit et change
qu'opposition et antagonisme. i Ceci pour faire voir que la confusion des deux choses dans
.
le
dnomination.
a
.
Cette partie de l'analyse voque le souvenir, dans le Banquet, scne de tentation (ai8 b-aiod): Alcibiade, amoureux de Socrate bien qu'il en croie tre l'aim, voit ses entreprises conqurantes chouer devant la raison et la rserve d'un homme pour qui
de
la
l'amour, celui dont il est l'objet aussi bien que celui qu'il donne, dpasse le plan de la sensualit.
NOTICE
cv
-
Deux pilogues
DOSSllGS
du drame.
marqu ce drame a reconnu es * un vritable amour puisqu'il est un dlire, il ne reste plus qu' donner un
pripties qui ont
Aux
.
d un
am
dont Qn
pilogue. Or celui-ci sera diffrent selon la manire dont se seront dnoues ces pripties, soit par l'impudence brutale chez l'amoureux et l'abandon complaisant chez l'aim, soit par le triomphe chez l'un comme chez l'autre de la raison et
de
la sagesse.
effets
de l'amour selon
Ainsi ce qui reste considrer, ce sont les la faon dont il aura volu, c'est
dommage qui peuvent en rsulter, comme dans son premier discours (cf. a38 e et p. 18 n. 3), mais cette fois propos du vritable amour, de celui qui est un dlire. Il y a donc, on le voit, deux pilogues Le premier (a56 a 7 sqq.) est celui d'un amour possibles. qui a t soumis l'ordre et orient vers la philosophie, dans lequel l'autorit a appartenu ce qu'il y a de meilleur dans l'me, qui a comport la matrise de soi et la mesure, qui a asservi les lments capables de corrompre cette me o il y a du mauvais et du bon, qui inversement a libr ce qui est capable d'empcher que le mauvais ne l'emporte sur le bon. Aprs une existence terrestre faite d'harmonie et de bonheur, les amants de cette sorte ont dlest leur me de ce qui l'appesantissait, et celle-ci, l'heure o elle quittera son
l'utilit
ou
le
disait Socrate
corps,
y reprendra, et mme dfinitivement, sa place originelle quand, deux fois encore, elle aura remport la mme victoire sur les dsirs sensuels, antagonistes de la raison (cf. p. 54 n. 1). Il n'est pas de bien plus grand que puissent confrer,
ni
une
1.
sagesse pratique
dlire divin
1
.
ici distinguer entre les bienfaits du dlire d'amour caractre divin en aura t sauvegard par son application philosophique, et ceux des autres dlires dont il a parl a44 a-2^5 a
Platon veut
le
quand
d'ici-
Mme ainsi limite, leur bienfaisance est cependant suprieure celle des techniques humaines raisonnes, qui en sont de grossires contrefaons (a44 c d). plus forte raison en doit-il tre ainsi d'une
forme du
(2^9
proclame suprieure toutes les autres Il me semble d'autre part moins probable que, comme le suggre Z. Diesendruck (p. 11, i3, i4), la sagesse humaine dont il est ici question soit celle dont le premier
dlire qui a t
;
e db.
cf.
2^5 b
fin).
cvi
PHEDRE
Le second pilogue (206 b 8 sqq.) concerne un dlire d'amour o la philosophie n'a point de part, mais seulement
un
certain souci de l'honneur et qui cependant n'est pas exempt de quelque grossiret. Les mes des deux amants
du
n'y sont pas sur leurs gardes ; elles sont donc sans dfense si, fait mme de l'insouciance morale qui caractrise ce second
couple, elles sont surprises par l'ivresse ou par quelque autre cause de moindre rsistance. Alors s'tablit en effet entre les
forces indisciplines de
but, qui est de se procurer un plaisir dans lequel le vulgaire voit le comble de la flicit (cf. 25o e c'est par ce fin). Or le choix d'un tel but, qu'il y a dans l'me de plus mauvais qu'il a t dict ce n'est point par
pour tendre au
mme
l'me tout entire. Aussi ne s'tonnera-t-on pas que par la suite il ne se renouvelle qu'pisodiquement en d'autres
:
la
offrait le cas
prcdent.
Ce n'est pas dire toutefois que ces amants-l ne soient pas le culte fidlement attachs l'un l'autre qu'ils ont de l'honneur les empche justement de trahir une amiti dont
leurs yeux les plus certains qui Sans doute n'ont-ils pas mrit le sort des premiers ils ont droit nanmoins tre rcompenss des efforts qu'ils ont faits, dans leur dlire d'amour, pour s'lever audessusd'eux-mmes,etaussi du dtachement que signifient ces efforts. N'ayant toutefois fait rien de plus ainsi que se mettre en route pour le cleste voyage, la mort les trouvera donc encore sans ailes, mais du moins allgs; capables par consquent, au lieu de descendre sous terre aux demeures d'Hads, de monter au contraire, mais sans pouvoir dpasser les rgions infrieures du ciel. Leurs mes, toujours unies, y goteront ensemble les joies d'une existence lumineuse. Puis, quand
ils
se sont
se puissent.
;
N'tant la source d'aucun svrement condamne a56 e, elle ne peut en effet tre mise en parallle avec aucun dlire divin, quel qu'il soit. La sagesse en amour n'a de prix que si elle sauvegarde la divinit du dlire et si elle n'est pas un froid calcul ; elle caractrise celui des moteurs de l'me qui est docile la raison (cf. a53 d). Peut-on ds lors prtendre que le second discours de Socrate ne fasse qu'largir, mais sans l'abandonner, le point de vue du premier ? La vrit semble tre plutt qu'on passe alors sur un plan qui est entirement diffrent.
bienfait,
NOTICE
cvn
l'heure en sera venue, c'est--dire aprs un millnaire et une nouvelle existence ici-bas, elles recouvreront toute la vertu
de leurs
ailes, la
mieux comportes en amour (cf. 2^9 at>). Voil la destine promise ceux qui ont connu une amiti dont le fondement, vrai dire mal assur et non philosophique, fut pourtant encore un dlire d'amour.
puni ion des faux amants.
a
Quant
t
premier discours de Socrate, ce sont seulement de sages calculateurs et, chez le jeune garon dont ils se sont faits les poursuivants, ils encouragent la mme arithmtique misrable. Comment des mes de cette sorte pourraient-elles
s'lever vers le divin
?
n'obtiennent
sera
le
suffrage
que
donc, aprs la mort, d'tre plonges dans un tat d'garement et de rouler ou sous ainsi pendant neuf mille annes autour de la terre
la
1
de
foule.
la terre.
Le discours s'achve (257 a 3 sqq.) comme s'achvent ceux du Banquet par des paroles d'offrande l'Amour. Mais ici
l'offrande est en
accueillir avec faveur
temps expiation si le Dieu daigne l'une et l'autre, il le tmoignera Socrate en lui conservant la science des choses d'amour et en
:
mme
ne dtachant pas de lui la jeunesse 2 Les derniers mots sont un encouragement la philosophie, un conseil Lysias de de Polmarque son s'y adonner sans partage, selon l'exemple
.
la
Le Phdon 81 c d parle d'mes qui, incapables au moment de mort de se dtacher de leur corps, sont retenues du ct du lieu
1.
L'eschatologie de a48 e sqq. n'envisage que la destine souterraine, vers laquelle l'tat dont il
s'agit ici n'est peut-tre
Quant la substiqu'un acheminement. du nombre neuf au nombre dix pour les milliers d'annes que doit durer l'exil de ces mes (cf. 2^8 e fin), elle s'explique sans doute, comme le veut Hermias (ao5, 23-25), par l'exemption
tution
suivi
d'preuve, accorde toute me, pour le premier millnaire qui a la rvolution cleste au cours de laquelle elle a eu part la
(cf.
2^8 c
et p.
lxxxvii sq.).
Sur
et la
n.
les textes
rassembls Banquet p. 72
IV. 3.
ctui
frre (cf. p.
PHDRE
56
n.
i
consacrer
son
loquence,
rendre
hommage
l'Amour
de
le
(cf.
260
c db.).
Le second discours Trois problmes particuliers. de Socrate nous impose, je l'ai dit, l'examen de trois proII-
blmes, aussi importants pour l'intelligence du Phdre que pour celle du Platonisme tout entier. i Dans sa plus
grande partie ce discours est un mythe comment doit-on comprendre l'emploi du mythe par la philosophie? 2 11 en quoi cette doctrine difcontient une doctrine de l'me fre-t-elle de ce qu'on trouve ailleurs ? 3 L'amour en est nfin le sujet par quels traits la conception de l'amour qui y est expose diffre-t-elle de celle qu'on trouve dans le
: :
:
Banquet
Un
il
convient
que le second discours ne commence pas par tre un mythe. Ce que nous y trouvons en effet tout d'abord, c'est une classification des diffrentes formes que revt en fait le dlire qui est reconnu
tre d'inspiration divine. Bien mieux, quand Platon veut ensuite dmontrer que, de toutes ces formes, l'amour est la plus belle et qu'il pose la ncessit d'avoir, au pralable, une connaissance vraie de la nature de lame (a45 c db.), il
d'tre
pour
donne tout d'abord cette dmonstration l'aspect d'un raisonnement trs labor, par lequel il tablit logiquement que
l'me est immortelle. C'est seulement aprs s'tre satisfait sur ce premier point, qui sans nul doute, il l'a dit luimme, concerne la nature de l'me, que Platon, sans cesser de considrer cette nature (son \i<x a46 a 4), change cepen-
dant compltement de ton et donne alors son expos le tour mythique. C'est, nous dit-il, faute de pouvoir expliquer en quoi consiste essentiellement la nature de l'me, qu'on doit se contenter de dire quoi elle ressemble c'est parce que nous saisissons cette nature seulement dans ses effets sans en avoir aucune exprience, que nous sommes rduits en donner une image sensible celle de l'attelage ail avec son cocher ail. Ce sont donc les manifestations observables de la nature de l'me qui sont au point de dpart du cheminement de la pense dans la recherche de l'image
;
:
NOTICE
sensible approprie.
il
cix
Or dans le livre IV de la Rpublique, de savoir de quelles fonctions l'me est capable, autrement dit quelle est sa nature (436 b sqq., surtout partir de 43g e), c'est aussi de l'observation des elets de cette nature que l'on part J'ai furieusement envie de faire quelque chose dont je comprends que je devrais m'abstenir je veux m'en abstenir si nanmoins je cde la violence de mon dsir, j'en prouve ensuite regret et remords . Mais ce n'est pas une image mythique que conduisent cette observation et d'autres du mme genre;
quand
s'agit
:
elles sont
au contraire
les
ressorts
le
caractre est principalement logique ; elle se propose en effet, d'aprs les variations de concomitance qui auront t
constates, de distinguer des notions qu'on tent de confondre, celles des fonctions
pourrait tre
nature de l'me. Pourquoi dans le autrement ? Puisque en fin de compte le rsultat devait y tre pareillement de distinguer dans l'me la notion d'un principe directeur et celle de deux forces motrices dont l'une
quilibre et l'autre dpourvue d'quilibre, pourquoi prouv le besoin de figurer sensiblement cette relation et d'en personnifier les facteurs ? Le problme de l'emploi du
est
a-t-il
nettement pos devant nous. a-t-il quelque tmrit conjecturer les motifs qui ont, cette fois, dtermin Platon y recourir. A premire vue, on croit en apercevoir deux. L'un se rapporte la fiction initiale du second discours la palinodie de
mythe
est ainsi
Sans doute y
Socrate est cense tre prononce par Stsichore lui-mme (244 a, cf. 257 a) ; il est donc naturel de recourir aux pro-
cds ordinaires de la posie. L'autre motif, qui apparat assez clairement a53 d db., est que Platon se propose de
reprsenter le drame de l'amour, drame visible et drame intrieur, avec les pripties diverses dont il est susceptible ; il avait donc intrt transformer en acteurs les facteurs
d'une relation fonctionnelle, et d'une faon qui rendit sensible leur solidarit comme le mode de leur action ou de leur interaction. Sans mconnatre la force que donne ces motifs le gnie potique et plastique de Platon, ils ont dans le cas particulier quelque chose d'extrieur et qui ne suffit pas expliquer ce -qui est en question. La vrit me semble tre plutt que, de toute faon, l'emploi du mythe s'imposait
ex
PHEDRE
nature
Platon par des ncessits internes et qui drivent de la mme de ce dont il parle. Elles ont leur principe gnrateur dans La raison d'tre ex ste j eux mondes: celte jj e
^-^
l'un,
rience
ou
celui d'ici-bas, le monde de notre expde notre pratique, monde d'illusions et de fantmes
;
sont vraies, c'est-dire purement intelligibles et logiques tout en tant relles. Pour qu'il puisse y avoir de la vrit dans notre connaissance
l'autre au-dessus
et
les ralits
de nous
dont
ou dans notre conduite, il faut donc qne nous ayons accs de quelque faon ce monde suprieur. Mais, pour que cela soit possible, il faut aussi que, de quelque faon, notre me ait particip l'existence vraie et que dans son existence ici-bas elle soit capable d'y participer nouveau, soit au cours de celle-ci par un rveil mtbodique de ses souvenirs, soit aprs la mort en rcompense de son zle s'affranchir ainsi des liens qui l'emprisonnaient. D'autre parties bautcurs du Vrai ne sont pas les seules: il y en a d'autres qui sont plus prs de nous et qui nous sont moins trangres, dont les ralits sont visibles et font partie de notre exprience, qui s'en distinguent cependant parce qu'elles n'en ont ni le dsordre ni l'irrgularit. Ce sont les hauteurs du ciel, peuples d'tres de lumire et de flamme, dont les rvolutions s'accomplissent avec une rgularit et suivant un ordre qui ne varient jamais, attestant ainsi la sagesse et la divinit de ces tres. 77 faut donc que l'me n'appartienne pas au monde des
-
pourrait-elle l'avoir quitt pour un avoir perdu l'ternit du Vrai pour tre entrane dans le tourbillon des gnrations et des morts?
ralits vraies
:
comment
?
monde
d'illusion
C'est donc, corrlativement, que le ciel doit tre sa patrie d'origine. Mais, puisque le ciel est la patrie imprescriptible d'tres indfectiblement divins, il faut aussi qu'il y ait pour l'me des raisons spciales d'en avoir t un jour exile et
pareillement des conditions qui un jour la rendront digne, ou bien d'y rentrer avec honneur, ou bien d'tre admise par
indulgence y recommencer une preuve laquelle auparavant elle n'avait point satisfait. Tels sont les postulats qui sont l 'arrire-plan de la
formulant dans un langage nous ne parvenons pas les que possible, dpouiller de leur vtement d'images sensibles. Voici dans
pense de Platon.
aussi abstrait
Mme
en
les
NOTICE
'
cxi
le Pkdon les hommes reprsents sous l'aspect d'un personnel embrigad de serviteurs sous la tutelle de dieux qui sont des matres excellents le corps plac semblablement sous l'autorit d'une mc qui pourtant est en lui comme
;
dans une gele, prisonnire se complaisant trop souvent dans son sort cette me, apparente d'autre part ce qui est pur absolument et rendue digne par la purification de retourner sa vraie famille. Voici dans la Rpublique'2 ct de l'analyse du livre IV, d'autres traits qui en attestent le caractre exceptionnel, en mme temps que la difficult pour Platon de reprsenter dans son fond la nature de l'me autrement que par des symboles ce sont par exemple les images fameuses de la triple bte, monstre polycphale, lion, homme; ou bien encore de Glaucus, le dieu marin dfigur
;
par les algues, les coquillages, les cailloux. Sans doute allguera-t-on que sur le thme fondamental de la relation des deux mondes, intelligible et sensible, autrement dit sur la
bouche du
quences place en
participation des choses aux Ides, le Parmnide a mis dans la vieil Elate une critique incisive de cette faon mythique d'exposer le thme, en lui-mme et dans ses cons;
le Sophiste et dans le Philbe elle fera des analyses dialectiques qui ne parlent plus l'imagination. II n'en reste pas moins que, long-
que dans
effet
le
temps aprs le Parmnide, c'est encore le mythe qui dans Time s'impose Platon pour traiter de l'me et de la
S'il
divinit.
en
est ainsi,
comment
le
Phdre
aurait-il,
dans
les
conditions dfinies par les deux premiers motifs, chapp cette exigence foncire du sujet auquel est consacr le
Comme
du
livre
IV,
la
l'immortalit de l'me y est une exception. Celle-ci provient de ce que sur l'ensemble de la question on a pu prendre un point de vue particulier, dgager quelques notions trs gnrales et en envisager les rapports la notion de principe et de ce qui en dpend, la notion de mouvement et de ce qui
:
i. Voir par ex. 61 d c ; 62 bc 82 d-83 a, cd et Notice, p. xxvu 2. Cf. IX 588 b-58g c, 5go 25o c 6.
(cf. ici
et
p.
;
273 c XXXU.
sq.)
70 b
a.
79 a b, e
a-c
611 b-612
Voir Phdre
cxn
est
PHDRE
requis
logiquement pour en rendre compte sans trede reculer sans fin de moteur en moteur. Mais, ds oblig que sont puiss les avantages de cette situation privilgie, le mythe apparat: il pose une donne et il en dveloppe toutes
les
effets
constats qu'il s'agit d'expliquer que par rapport aux exigences gnrales de la doctrine. Il n'y a pas lieu d'y revenir mais, si l'on se reporte ce que j'ai dit plus haut des postulats qu'elle implique, on verra aisment comment chaque dtail
;
vient s'y ajouter la donne premire pour rendre compte de quelque effet observable ou pour satisfaire quelque
donner sur
exigence doctrinale interne. Ainsi Platon, sous peine de ne la ralit de l'me que des vues fragmentaires et
inconsistantes, est amen dployer librement ses conceptions dans l'espace et dans le temps sous la forme d'une
fable,
en dcrivant des configurations sensibles et des rapde situation, en racontant les moments successifs d'une ports
histoire fictive.
Le mythe serait donc pour lui plus que le rveil fortuit il serait d'un gnie potique volontairement assoupi plus
;
aussi
pis-aller, plus qu'un SeuTepo tcXo'j auquel le dans sa navigation vers la vrit, demanderait de philosophe, 1 une Il semble en effet le conduire au port qu'il rponde
qu'un
consciemment accepte, dlibrment utilise et fait natre alors mme qu'on pourrait s'en passer qu'on comme si le plus sr moyen dont on dispose pour se faire entendre des hommes et veiller en eux la pense rflchie tait de parler d'abord leur imagination. Le Phdre me
ncessit
;
autreparat tre cet gard singulirement instructif, et la seule considration du second discours de
tionnels, ceux
D'une part on y voit en effet que les mythes tradidu folk-lore mme, ont du prix aux yeux de
Platon, et prcisment en tant qu'on n'en dissout pas le contenu fabuleux. Bien plus, il y semble d'autre part tout prt en fabriquer, sans y tre oblig par des ncessits internes du genre de celles que nous rencontrions tout
l'heure.
i.
Sur
le
xlvhb
n. 2.
NOTICE
T
,
cxii*
Quand Phdre, au dbut du dialogue (229 b sqq.), demande Socrate s'il croit la lgende de l'enlvement d'Orithye par Bore, celui-ci rejette rsolument l'interprtation rationaliste de cette lgende comme de toute autre. Mais, s'il leur donne
mmes
leur cong, ce n'est point du tout pour les repousser ellesc'est au contraire pour leur laisser libre carrire en leur souhaitant bonne chance, l'inverse de ces esprits tracassiers qui ne leur permettent pas d'aller leur chemin.
;
effet ses yeux, ce n'est pas de dpouiller de l'illusion qu'elles enferment, c'est de s'en dpouiller soi-mme afin de se connatre et de savoir ce qu'on vaut. Et il ajoute (a3o a), comme en exemple, que par
Ce qui importe en
ces lgendes
comparaison
la fable
de Typhon,
le
que le
ferait
une
autre lgende o il s'agirait de quelque animal pacifique et vou une destine divine. En d'autres termes ces mythes traditionnels sont autant de suggestions dont il faut tirer
parti
pour pntrer dans sa propre conscience d'un regard plus clairvoyant et pour y apercevoir une vrit. Le sens me
parat donc tre le mme que dans le prologue du Phdon (61 b, cf. 60 bc) : pour obir l'ordre du songe Socrate a compos en vers or un pote digne de ce nom doit tre
;
capable de crer des fables, mais c'est un talent qu'il n'a point; aussi prend-il o il peut son bien, dans les fables
d'Esope qu'il sait par cur. Et voici du reste qu' l'imitation de ces fables traditionnelles il en a imagin une qui mettrait en vidence, d'une faon dramatique et sensible, les rapports qui en chacun de nous unissent le plaisir et la douleur.
....
qu'a lgues la tradition et pour les faire servir au mme genre d'instruction. C'est ce que Platon parat avoir fait ici dans le mythe des Cigales (208 e sqq.) et dans le mythe de
Theuth (274 c sqq.). Le premier n'appartient pas, que nou9 en l'analysant on verra peut-tre sachions, la tradition quelles raisons a eues Platon de l'imaginer. Or il v a une ide
;
qu'il a
1.
le
Phdon
et
dans
c
;
le
Banquet
1
:
175
a b,
67
a,
68
b, 82 d,
83 b
Banquet 174 d,
cxiv
c'est
PHDRE
qu'il y a
dans ce monde-ci un tre privilgi qui y trs ancienne et par consquent excellente qui est indiffrent aux ncessits de l'existence, galement suprieur du reste l'abondance ou au besoin qui ne vit que pour l'harmonie de la pense dont la mission est d'examiner les autres hommes et de surveiller leurs occupations qui aprs sa mort se trouve uni ce quoi, sa vie durant, il s'tait efforc de ressembler c'est le philosurvit
;
une humanit
sophe.
Table
est
:
Or
cette ide,
il
la
que
le
philosophe
divin, un mdiateur qui sur la terre n'est dj plus de la terre et dont la mission s'achvera auprs de ce divin dont il tait ici-bas l'envoy et l'interprte
(cf.
un missionnaire du
le
Banquet, Notice, p. cvi). Telle est l'ide que symbolise personnage du philosophe, et voici qu' son tour celui-ci est symbolis par la Cigale. Il y a donc ici un double symbole par quoi est-il suggr et comment s'insre-t-il dans le dveloppement organique de l'uvre ? Un effort vers la vrit a t commenc avons-nous le droit, tant philosophes, d'y renoncer pour viter de nous fatiguer, et prfrerons-nous au souci du vrai celui de notre repos ? Ainsi s'introduit sa place l'ide de la mission du philosophe, et l'introduction de cette ide signifie mme (cf. p. xxxvi sq.) un moment important dans le progrs de l'entretien. Mais d'autre part les cigales dans le platane sont surexcites par la chaleur, et la musique de leurs ailes bruissantes se fait plus soutenue cette impression sonore (dj note 23o c) adhre maintenant l'ide et lui fournit le vtement qui sera le plus capable de rendre cette ide sensible l'esprit de Phdre, une fois qu'auront t piques ses curiosits de mythologue. Le mythe des Cigales n'est donc pas, sembleil est une t-il, une simple fantaisie potique tape dans la
:
ralisation
d'un plan
et,
L'invention est moins douteuse philosophique. encore en ce qui concerne la fable de la dcouverte de l'cril'observation de Phdre sur l'aisance de Socrate ture
ide
:
en un conte histori,
il
traduit
une
fabriquer des contes de ce genre et la rplique de celui-ci sont significatives (270 b c). Cette rplique prcise le sens
d'une indication donne au dbut (229 e sq.) le philosophe accueillera telles quelles, et navement, les fables de la mythologie, non comme une matire recherches rudiles,
:
NOTICE
soit d'interprtation allgorique,
soit relatives la
cxv
dtermi-
nation des sources, mais bien comme une occasion concrte pour la conscience de s'interroger elle-mme. La curiosit
historique est une chose et elle a certes son prix elle ne sert en revanche de rien pour apprcier la valeur, par rapport au cela est d'un vrai et au beau, de ce quoi elle s'applique autre ordre et importe davantage au salut de la pense. Un autre endroit du Phdre mrite, . , , Le rle du mythe. .11 . ,.. lV pour 1 intelligence du rle des mythes, une attention particulire on y trouve (276 e) une opposi; ;
'
tion fortement
marque entre
le
divertissement de l'crivain
qui
mylhologise sur
le Juste, le
sur
le
Beau, sur
le
l
le
Bien,
et le srieux avec
lequel, par
de rappros'applique ces mmes objets. On cher ceci d'un passage du Politique, 3o4 cd. L'tranger late vient d'tablir qu'il appartient l'art politique de commander
tous
l'art les autres, parce que seul il sait dans quels cas il faut avoir recours la force ou au contraire la persuasion. Or
dialogue, a eu raison
dialecticien
qui a
le
pouvoir de persuader
la
multitude,
c'est la
rh-
mais sous
soit
la
Que
ces
la
rhtorique
un
art de persuader et
assise chez
il
non
2
.
d'instruire, c'est
une convicfasse
tion bien
Platon
par
le
moyen du mythe
pour nous
le
n'y a, je crois,
que
deux passages
la rhtorique qui use qui a t si rudement traite dans le Gorgias? ou celle qui, ici mme, est envisage avec moins d'pret peut-tre, mais encore sans indulgence ?
dire. Pensera-t-on
soit
que
celle
faudrait alors supposer que, dans l'un et l'autre passage, Platon a en vue des mythes rhtoriques ou sophistiques du type de l'Hercule au carrefour (cf. Banquet, p. 9 n. 3) ou du 3 mythe de Promthe et d'pimthe dans le Prolagoras Sans doute est-ce cela que Phdre pense en effet. Mais on
Il
.
doutera qu'il en
aussi
de mme quand Socrate lui rpond, et que Platon, qui dans sa philosophie a fait aux mythes une si grande place, ait pu voir dans un artifice de la rhtorique des Sophistes un des moyens de gouvernement de son
soit
i.
Thompson,
p. xvi
2.
3.
Cf. par ex. Gorgias 455 a, Thtele 201 a ; Voir A. Dis, Autour de Platon, p. 422 n.
260
a sqq.
et Notice p. lui.
cxvi
PHDRE
Politique.
le
Or il existe, c'est justement ce que nous enseigne Phdre, au-dessus de cette rhtorique dont l'objet est de produire des vraisemblances illusoires (260 b-e) une autre
rhtorique, qui est philosophique. Celle-ci ne se refuse pas sans doute persuader (271 a, e sq.), mais elle le fait en rattachant le vraisemblable au vrai, qui en est le principe
(262
les
consiste
273 d, 277 b). Cette rhtorique philosophique en outre distinguer les diverses sortes d'mes et diverses sortes de discours, puis tablir quelle sorte de
a-c,
discours est propre convaincre telle sorte d'me (271 b, d e 277 bc ; 278 d fin). Ne peut-on ds lors penser que son objet sera notamment de savoir dans quels cas il y a lieu, si
;
on veut convaincre, de recourir au mythe parce que l'usage de la dialectique serait sans effet sur les mes qu'il s'agit de
toucher ? C'est ainsi que, avant de travailler prouver qu'entre les dlires l'amour est le plus beau, Socrate sait d'avance que seuls les Sages seront convaincus par son argumentation et qu'elle ne trouvera qu'incrdulit auprs des habiles, c'est--dire des esprits forls (245 c). D'autre
second discours qui contient sa conception de par lui (265 b c) d'hymne mythologique, o il s'est amus la combinaison d'un morceau oratoire auquel ne manquait pas la force persuasive. Enfin on ne peut se dfendre de rapprocher le mythe du Time de ce
part,
son
l'amour
est qualifi
cf.
p. cxlviii
sq.)o
la
physi-
que apparat comme une application de Ainsi donc, quand celui qui sait le
convaincre, et surtout dans
la vraie rhtorique.
un
crit
yeux qu'un moyen de se dlasser, il du mythe pour rendre sa pense partiellement accessible ceux qui sont capables d'tre convertis (cf. Time 28 c). Or l'tude des mathmatiques et des sciences connexes est aussi, d'aprs la Rpublique (VII 5i8c d, 52 1 c), un moyen de a conversion . Le mythe, quand c'est la vraie rhtorique qui l'emploie, en serait par consquent un autre, mais d'ordre infrieur et fait pour des
la
puri-
fication indispensable de la pense. C'est dire qu'il se justifie dans un crit appel tomber en n'importe quelles mains
(cf.
275 e db.) on lui demandera seulement d'avoir gard au respect d la divinit (273 e sq.), autrement dit d'viter
;
(cf. p.
lxxvi, n.
).
NOTICE
>
.
cxvii-
rapprocher de l'emploi du mythe celuique Platon a fait de l'tymologie. Sans parler du Cratyle, o il est d'ailleurs fort possible que certaines tymologies soient pour lui un objet de rise, nous avons ici mme (a44
b-d)
le
un
il
arrive dans
la
du mythe
leon
me
semble
difficile
Platon se soit amus avec une pareille se complaisance moquer de lui-mme un jeu qui se prolonge un tel point cesse d'tre un jeu, et l'ironie devient
:
fastidieuse force de se rpter. Sent-on d'ailleurs quoi que ce soit d'ironique dans les tymologies qu'on trouve encore
dans les derniers dialogues, ou dans le Time (43 c, 45 b, 62 ab) ou dans les Lois (IV 714 a db. XII 957 es. fin.)? Platon me semble user de l'tymologie ainsi qu'il use du mythe, comme d'un moyen secondaire de rendre tangible une
;
intuition que,
il
est
pour des raisons accidentelles ou profondes, incapable de rvler sous une forme scientifique.
ce qui
rsulterait
les
En rsum,
c'est
de
la
considration
du
Phdre, qu'entre mythes Platon il n'y a pas de diffrence quanta la forme c'est toujours une histoire l'histoire des mes, l'histoire de la procession des Dieux, l'histoire des Cigales, l'histoire de Theuth. Si les tymologies sont elles-mmes une varit du mythe, c'est qu'elles tentent de retracer l'histoire vraisemblable de
;
:
traditionnels et ceux de
la
dnaturation d'un langage primitif. Mais toute cette hisimmorale, comme celle de la mythologie. D'autre part elle ne prtend pas tre une vrit, comme ces
toire n'est pas
faire
prendre pour argent comptant, ainsi qu'une expression de la ralit (cf. Soph. 2^2 c). II s'ensuit que seul est en droit d'employer la vraisemblance du mythe, celui qui sait ce qu'est la vrit, et comme un moyen de prparer l'me
fidle
recevoir celle-ci.
On
que
la
conception de la triplicit de l'me qui s'tale dans le Phdre avec un ralisme si cru tait au contraire fonde dans le livre I\ de la Rpublique sur une analyse de nature logique. Y a-t-il des anticipations de cette doctrine
cxvm
dans
a b)
'
PHDRE
le
?
c),
plaisance
honneurs pour les opposer ensemble au philosophe, comparer un tonneau perc ce qui dans l'me est le sige des dsirs, tout cela, d'ailleurs banal ', est bien loin de la conception dfinie qui est en question. Encore doit-on mme ajouter que, dans le second de ces passages, Platon se rfre expressment une doctrine orphico-pythagorique. Il est difficile d'autre part de n'tre pas frapp de l'insistance avec laquelle Platon introduit celte conception comme une dcouverte laquelle l'a conduit la division de la Cit en trois classes (435 bc, 436 ab). On ne peut du moins douter que le cocher de l'attelage de l'me dans le Phdre soit ce que la Rpublique appelle raison ou fonction de rflexion (Xyo;, to oytffrtxv) que le bon cheval soit le cur au sens moral du mot, ou ce que nous nommerions fonction inhibito-motrice ( Guuio, to OufjLoeioe) le mauvais cheval enfin, les apptits et les dsirs (to 7tc6u[j.T)Ttxv). Que ce soient dans sa pense des parties ou des aspects (et'oV,) de l'me, peu importe le vocabulaire de Platon n'est pas sur ce point bien fix. Ce sont en tout cas
; ;
:
si
le
en
pas
Cette
tripartition, on le verra plus loin, se retrouve, modifie il est vrai, dans le Time, mais avec la
sition
notablement
mme
dispo-
sparation anatomique cette fois, puisque, comme on sait, la raison se loge dans la tte, le cur dans la poitrine au-dessus du diaphragme,
sparer
:
les trois
fonctions
les
qu'
hauteur du nombril.
ici
imp
et composition
ressemblance
avec
les
essences
absolues, qui prouve qu'elle leur est apparente, elle possde l'unicit formelle (jjiovoeios;) qui justement caractrise ces
ralits
;
par
l elle
est le contraire
du
n. 3 et
2.
Ainsi que le font Burncl, Aurore etc. (Early Gr. P/i.) p. 3ig A. E. Taylor, Plalo p. 120 n. 1.
II
1
4
,
p.
846
n. I,
NOTICE
en
effet dfinit l'urne, c'est
cxix
seulement la pense (cdvYjut), en pure de tout mlange de sensation et qu'ainsi elle entre en contact avec l'intelligible '. Or ce point de vue ne semble pas abandonn dans la Rpublique, en
tant
qu'elle est
dpit
la tripartition a t tablie
IV. Celle-ci en effet est prsente dans le livre X ii b-612 (G a) comme une consquence de l'union avec le corps. En cela d'ailleurs l'accord est complet avec le Phcdon,
au
livre
motions connexes de crainte, de la cause de l'asservissement de l'me sont de plaisir, peine au corps c'est au point qu'aux Purs et aux Saints est promise une existence entirement incorporelle (66 bc, 82 e sq., 83 cd, 1 14 bc). Le Phdon la vrit ne connat pas de milieu
les
entre les passions ainsi comprises et la raison qui est incordont le livre IV s'appliporelle. Or cette fonction moyenne,
quait prouver la ralit, le livre X semble lui-mme y voir quelque chose d'tranger la nature essentielle de l'me.
C'est en effet par rapport l'tat dans lequel prsentement nous l'observons, et sous la forme humaine, qu'on a pu tre en droit de considrer l'me comme compose. Il est vrai, poursuit Platon, qu'un compos peut l'tre d'une faon excel2 lente, mais ce n'est pas le cas de l'me et, tout au contraire, du fait de son association avec sa nature est on voit que gte un corps ce qui amne la comparaison bien connue avec Glaucus, le dieu marin (cf. p. cxi). Si pourtant on rflchit quoi s'attache l'me et vers quoi elle aspire en tant que inversement elle est apparente au divin et l'ternel, ce
:
qu'elle deviendrait
faire
si
une
telle aspiration,
80
Voir particulirement 78 c d (comparer Banquet 211b, e) et 76 c, e 79 d e 83 e. moins 2. Le sens de 61 1 b 6 sq. ne me parait pas tre que la composition n'en soit aussi parfaite que vient de nous paratre celle
1.
b. Cf. aussi
de l'me
tuerait
>;.
difficilement explicable. De plus, comment parlerait-on de la perfection d'un compose qui prcdemment a t compar (IX 588 b sqq.) un tre fabuleux dont la structure
une contradiction
comprend un animal froce, un animal paisible et enfin un monstre mille ttes ? Le sens me parat cire difficilement serait ternel un compos qui ne jouit pas de la composition la plus belle, et c'est
:
ainsi
est
apparue l'me
-oxx
PHDRE
fond de l'abme o elle est prsent plonge, c'est alors seulement qu'on pourra discerner sa vritable nature, s'il y a en elle pluralit de forme ou bien unicit, ou bien en quel cas il en est ainsi et de quelle manire. . Or, vers la
lin
du Phdon (107 a b), Platon indiquait que les postulats fondamentaux de sa doctrine de l'me avaient besoin d'tre
approfondis.
la
la Rpublique, et bien
IV dans
le
sens de
n'estime pourtant pas avoir encore compltement lucid le problme. Il remet donc plus tard de
si, dans la vrit de son essence, l'me est simple ou bien compose, dans quels vivants elle est simple, dans quels autres compose et enfin quelle est la modalit de cette
dcider
composition ou de cette simplicit. A l'poque du Phdre, il semble au contraire avoir pris l'me dans son essence est une chose compose. En parti disant dans son essence on veut parler seulement, puisque
:
l'me n'est pas une Ide, de la plnitude et de la perfection de la sorte de ralit qu'elle est. Or il n'est pas douteux que,
mes des d'aprs le Phdre, les mes qui habitent le ciel dieux, mes des dmons, mes qui recevront un jour la forme humaine, sont toutes, ce stade de l'existence, des mes
:
composes. La diffrence qu'il y a entre elles, c'est que, dans les attelages constituant les mes des deux premires catgories, les chevaux sont galement excellents, et parfaits les
cochers. Ceux-ci seront donc bien l'aise,
une
fois le
char
vote cleste, pour contempler les ils ne connatront ralits vraies du lieu supra-cleste pas les tribulations des cochers qui, de leurs deux chevaux, en
parvenu sur
le
dos de
la
ont un qui est rtif (2^6 a b, 2^7 b, 2^8 a b). Ainsi, dans les mes divines elles-mmes, il y a donc les mmes facteurs
<jue dans les ntres des dsirs, de la retenue et un principe directeur dont la fonction est proprement de connatre le
:
vrai. Mais, dira-l-on, si les dsirs sont dans les mes divines toujours bons, qu'est-il besoin de retenue ? Et, si la retenue est alors dans le dsir mme, qu'a-t-on besoin d'une direction ? II ne reste plus au principe qui semblait
en incomber la fonction que l'exercice de la pense pure. La composition la vrit ne disparat pas pour cela mais lie se rduirait deux termes dont l'un est dynamique et un moteur parfaitement rgl et une intell'autre statique
;
:
NOTICE
cxxi
Il est toutefois probable que Platon ligence indfectible. fermait les yeux sur ces difficults de la tripartition. En effet
il
attribue l'me,
dont il veutprouverqu'elle est premire par rapport au corps, une gale convenance aux tats passifs comme aux tats actifs ; en elle il met, ct de la pense pure, les jugements vrais
ou
c'est--dire
faux, c'est--dire l'opinion, les dispositions du caractre un certain comportement , des aspirations et
des dlibrations, des souvenirs et des proccupations d'avemotions et des passions, des joies et des peines,
l'assurance et de la crainte, de la dilection et de la haine
:
mouvements causes-premires qui, prenant en charge les mouvements causes-secondes, les conduisent leurs effets qualitatifs et sensibles *. Or tout cela s'applique l'me en tant que chose qui se meut en elle-mme et qui, ce titre, est principe premier de tout mouvement exactement comme
ce sont l les
;
d'une me qui, en vertu de sa nature mme, a la proccupation et la charge de ce qui est dpourvu d'me, corps du monde ou corps d'un homme (246 b 7 et toute la diversit qui est dans une p. 36 n. 1). En rsum me humaine appartient aussi l'me divine, mais elle s'y trouve dans une harmonie et un quilibre parfaits. N'y a-t-il pas cependant, entre ces deux conceptions extrmes de la simplicit de l'me et de sa tripartition, un stade intermdiaire auquel la pense de Platon se serait un moment arrte ? Peut-tre le trouverait-on dans la doctrine du Time,
dans le Phdre
il
'agit
que
Les motions, aussi bien celles qui sont nobles et gnreuses celles qui sont passionnes et grossires, y sont en effet
:
prsentes (^2 a b, de ; 69 c-70 b) comme n'appartenant pas la nature essentielle et primitive de l'me elles caractrisent une autre espce d'me, l'espce mortelle, celle que
constituer des
dmiurges infrieurs ont mission de fabriquer afin de mes humaines. Mais, si l'on examine de cette une exposition, premire remarque parait s'impoprs ser. Quand Platon passe en revue (69 cd) les tats caractristiques de cette espce mortelle de l'me, c'est d'une faon pjorative qu'il les dtermine ce sont des motions violentes et qui nous contraignent ; c'est le plaisir en tant que princiles
1.
Lois
89/i c,
896 c
d, c sq.
cf.
est
un largissement d'une
indication
cxx.i
PHDRE
pal appt du mal, la douleur qui nous fait fuir le bien, l'audace et la crainte qui sont des conseillers draisonnables
;
s'il
existe
en
elle
elle
est
du moins
emporte et n'coute rien l'esprance se laisse aisment dcevoir; enfin la sensation est irraisonne et l'amour, capable de toutes les entreprises. Aussi est-ce pour viter la
phragme
le le
t loge une partie de l'me qui, en temps qu'elle ressent le contre-coup des agitations qui ont lieu plus bas, serait capable d'entendre parfois les ordres del pense. C'est
mme
donc que l'ardeur gnreuse n'est pas toujours aussi imprudente et indocile qu'il semblait tout l'heure. Il suffirait par consquent d'envisager tous ces tats dans l'me d'un mortel
philosophe pour que le caractre en ft radicalement chang. Peut-tre est-il ds lors permis de penser que la perversit ne
leur est pas essentielle et que ce qui les a pervertis c'est l'union de l'me avec un corps de terre et mortel, auquel elle s'attache et dont le pbilosophe au contraire travaille se dgareste ce que parat dire Platon dans le premier du Time auxquels j'ai renvoy. Or n'est-ce pas cela justement que le Phdre appelle la cbute de l'me? Une seconde remarque prouverait d'une faon plus dcisive encore que la doctrine du Time ne diffre pas au fond de celle du Phdre et des Lois. La nature parfaite de l'me
ger. C'est
du
des passages
y est en effet, sans contestation possible, dcrite comme compose. Bien plus, il y a double composition car l'me que fabrique le Dmiurge a pour essence propre un mlange de l'Indivisible, qui est l'unit de l'tre de chaque ralit intelligible, avec le Divisible, qui est la multiplicit se dployant dans l'tendue puis ce mlange sont leur tour mlangs le Mme et, par contrainte, l'Autre lequel est en 1 cf. Ainsi donc la effet une nature rebelle (35 a b 3^ a)
;
i.
Il
aussi
pineux.
est impossible d'entreprendre ici une discussion d'un texte Je dirai seulement qu'il semble difficile, avec et Taylor (The Timaeus p. 107 sq.), d'identifier
Mme
et Divisible.
monde des essences absolues, corps est quelque chose de l'me, s'il est vrai, comme nous le verrons tout l'heure (cf. p. cxxxm), qu' ce stade de sa pense Platon ne
conoit pas d'me qui ne soit l'me d'un corps.
En
NOTICE
partie divine de notre
a
cxxm
le
me,
celle
que
dmon
et
sommes
les Ides (90 a-d), serait elle-mme tripartite, tant constitue par l'introduction du Mme et de l'Autre dans l'essence mixte dj forme. L'autre tripartition, celle
rapport avec
serait
qui rsulte de l'existence d'une espce mortelle de l'me, une image dgrade de la tripartition essentielle, et toutes les deux se retrouveraient dans le Phdre, spares
par la chute. C'est en substance l'interprtation noplatonicienne d'Hermias (i23, 14-19). Peut-tre celle-ci aurait-elle
pourtant besoin d'tre corrige. Le Mme, dont l'essence est pour Platon d'tre l'Uniforme, ne peut en effet tre symbolis en
toute rigueur par celui des deux chevaux qui, aprs la chute, cdera des entranements passagers. Celui-ci symboliserait
bien plus cette docilit de l'Autre au pouvoir lgitime du Mme sans laquelle, d'aprs le Time (42 cd, 43 a-44 c), il ne peut y avoir que dsordre en tout ce qui agit, se meut
ou
est
rbellion sont
de l'ordre et de la forces tirent le char les deux de l'me humaine rgle qui sont, d'aprs le Phdre (253 c 9), des contraires dans le genre cheval. En rsum, de part et d'autre, l'me apparat triple. Mais le Phdre se borne distinguer les mes des dieux et des hommes, des immortels et des mortels par la qualit des forces qui les meuvent ou par la possession, pleine dans un cas, latente dans l'autre, de l'usage de leurs ailes (246 a-d) le Time, lui, qualifie immdiatement de parties mortelles de l'me les forces en question, quand elles ne sont pas celles qui
;
divines.
Passons
maintenant au
Il
problme de
n'y a pas lieu
les
l'immortalit de l'me.
preuves
du Phdon
Notice, p. xxvii, p. xxxv sqq., p. lxiv (cf. sq.). Un seul argument, le dernier, pourrait tre considr comme philosophiquement valable aux yeux de Platon, en
ma
purement dialectique
(ibid. p.
lv-
mme
1.
du Mme, Time 43
IV. 3.
a.
cxxiv
PHDRE
;
autrement que par analogie l'essence propre de l'me faute de quoi on devra se contenter de dire que l'me a toutes les La meilleure preuve, au reste, chances d'tre immortelle. que l-dessus Platon ne s'est pas satisfait, c'est que, dans le livre X de la Rpublique, on le voit de nouveau en qute de
si
en cela
que par prtention, lorsqu'il fait allusion (611 b, s. fin.) arguments, qu'il y aurait lieu par consquent de remplacer ici par des raisons plus dcisives de fait, tandis que Socrate pourrait, par avance, donner Glaucon, qui ignore si l'me est immortelle, quelques uns des motifsde le croire qu'il en allguera au moment de mourir, c'est au contraire un argument entirement diffrent qui est alors prsent '; Ce qui fait prir une chose, c'est, dit-il, le mal qui est en elle si donc inversement il y a une chose que son mal ne fait pas prir, cette chose doit tre par essence indestructible or, si la mort est inflige l'injuste, c'est l une peine
;
;
qui atteint seulement son corps et qui est propre celui-ci ; elle laisse entire la cause de cette peine, savoir l'injustice, un mal qui est celui de l'me puis donc que le mal de l'me survit, tel quel, la mort du corps, c'est qu'il y a sur;
autrement, le supplice ne une punition, ce serait bien plutt pour l'me unegurison et la fin du mal dont elle souffre (608 d-6r 1 a). Quant au corollaire qui suit (611 ab), s'il complte une de& raisons du Phdon, c'est en la retournant si un anantissevivance aussi de l'me elle-mme
serait pas
;
:
(72 a-d), tait possible, ce serait bientt l'anantissement universel, car l'me est le principe
lisait-on
ment d'me, y
de
la
rciproquement, dit la Rpublique, la quantit s'accrotre dans l'univers sinon aux dpens de ce qui meurt, de sorte que tout y finirait par tre immortel. Qu'en conclure? C'est que, avant la gnration et leur existence d'union un corps mortel, les mes sont quelque part, et de mme aprs la fin de cette existence que le nombre enfin en est fini. Or c'est justement ce qu'exprime le Phdre par sa double eschatologie (cf. p. lxxxvi sqq.). Il semble bien pourtant que Platon n'a pas encore trouv
;
vie
d'me ne peut
L'antriorit
du Phdon sur
la
personne.
NOTICE
cxxv
ce qu'il cherchait, puisque la Rpublique, au terme mme de cette argumentation, remet plus tard de connatre l'me
de son essence (cf. p. cxix sq.). La preuve de l'essence, serait donc la preuve qui se fonde sur la proprit qu'a l'me de se mouvoir ellemme, celle qui est commune au Phdre (cf. p. lxxvii sqq.), au Time et aux Lois (X 8q4 e-8o5 c, 896 ab). Un seul point vaut qu'on y revienne. Comme le Phdre, le Time attribue en effet l'me l'automotricit et il en fait le principe pour les sicles des sicles d'une vie ininterrompue il nous accorde nous-mmes l'immortalit dans la mesure o, par l'exercice de l'intellect, nos mes imitant les mouvements qui rsultent de cette automotricit essentielle (36 e-37 b, 90 cd cf. 43a-44 b). Mais d'autre part il admet un divin commencement de ce mouvement sans dfaillance dont l'me, une fois sortie des mains du Dmiurge, a commenc de se mouvoir elle-mme. Or, tout au contraire, de ce que l'me est ce qui se meut soi-mme le Phdre infre qu'elle devra tre la fois inengendre et immortelle (2^5 e sq. et p. 35 c'est donc qu'elle n'a pas non plus commenc de se n. 1) mouvoir; il l'affirme avec force et il en donne les raisons
dans
la
vrit
'
(ibid. c-e). La comparaison des deux passages est intressante justement en ce qu'elle nous permet de mesurer la porte, dans le Time, du mythe de la fabrication de l'me et des commencements de sa vie immortelle. On sait que Xnocraie, le second successeur de Platon la tte de l'Acadmie,
que Grantor,
le
saient prendre la lettre cette histoire de la naissance de l'me et du monde ; qu'Aristote ait fait le contraire, la raison en est que sa polmique trouve son compte aux inter1. Le passage des Lois, X Qo/J a b, o il est dit que me et corps ne sont pas quelque chose d'ternel (ox atwviov) comme Je sont les
o dieux lgitimes , mais qu'ils sont l'un et l'autre indestructibles, ne contredit pas ceci. L'at'oiv en effet c'est l'ternit, et d'aucune faon il ne pourrait lre question d'ternit pour une chose compose, sinon en ce qui concerne tel ou tel de ses composants. Au surplus le Phdre dit simplement que l'me est inengendre, et non pas qu'elle
est ternelle.
Quant au Time.
il
(a.iv), immobile et une, n'appartient qu'au modle, c'est--dire aux Intelligibles, et que les divers astres doivent tre plusieurs images
mobiles et
numriquement mesurables de
cette ternit.
cxxvi
PHDRE
prtations les plus grossirement ralistes de la doctrine de son matre. Ainsi, sans tre proprement parler une chose
l'me a d toujours exister comme principe de son propre mouvement et du mouvement de tout le reste. Mais pour expliquer cela il faut, semble-t-il, qu'elle soit bien plus, la tripartition que j'ai cru trouver tripartite dans l'me essentielle du Time le fait mieux comprendre encore que la tripartition du Phdre. Si en effet l'me est motrice de nature et par elle-mme, c'est parce que dans sa nature il y a de l'Autre cela ne s'explique pas par la prsence en elle de l'Indivisible et du Divisible, dont le rle est
ternelle,
; ;
le verra plus tard (p. cxxxm) ; pas du Mme seul dans l'essence l'introduction davantage par mixte, car l'me n'aurait alors la possibilit d'aucun change-
diffrent
comme on
ment (07
De
elle la possibilit du mouvement, puisque ce dernier, d'aprs la doctrine du Time (58 a ; cf. 52 e, 53 a fin et aussi 3b b,
57 ab), rside dans le Non-uniforme qui, son tour, a pour condition l'Ingalit, c'est--dire des ruptures d'quilibre. Mais si l'Autre entrait tout seul, sans le Mme, dans la
composition de l'me, le mouvement de celle-ci ne pourrait tre qu'incohrent, perptuellement dsquilibr, toujours dpourvu d'ordre et de mesure, bref tout pareil celui qui rsulterait de ce que le Time appelle la Cause vagabonde
si
celle-ci
et
la le
46
e,
48
a,
52
e).
En rsum,
il
suffit
de
faire
abstraction de la dmiurgie mythique du Time pour apercevoir entre ce dialogue et la dmonstration du Phdre un
accord profond.
eu ^ e s'interroger ici sur # .. exigences logiques de cette interprtation on pourrait en effet se demander si elle ne devrait pas tre tendue au del des mes humaines, imitations imparfaites des mes divines des astres, au del mme de
Aine
:
et ides,
n y a P as
.
''
les
celles-ci
dont
le
mre
qu'est l'me
rapport ne diffre pas l'gard de cette medu monde sensible, et jusqu' cet autre
monde
qui en est le modle, jusqu' ce monde intelligible auquel les derniers dialogues, plus spcialement le Sophiste (2^8 e sq.) et le Philbe (3o cd, cf. 23 c), attribuent la vie,
NOTICE
cxxvn
l'intelligence et le mouvement. Il suffira d'envisager la parent de l'me avec les ralits de ce monde intelligible qui sont sa vraie famille. Ce qui, dans le langage symbolique du Phdre, traduit le pouvoir qu'elle a de rester en
contact avec le
d'y retourner
monde de
elle
ou
dont est pourvue chacune de ses parties constitutives. Certes le Phdon affirmait bien cette parent, mais il parlait seulement (109 e) de la possibilit d'une ascension de notre me vers des rgions suprieures. Le symbole du Phdre affirme davanla facult pour loul ce qui est me de planer au voisitage
si
en est
nage des
heureuse
ralits vraies et
de
les
contempler.
Que
les ailes, se
fltrissent, ce
Dans son premier discours (287 de) Socrate disgnral. tinguait deux principes ou motifs d'action, l'un primitif et
qui nous porte au plaisir, l'autre acquis et qui tend vers le meilleur. Mais ce point de vue est la continuation de celui on tait encore dans le bas-fond de l'humaine de Lysias
:
elle
n'en est
sagesse, celle qui apprend peu peu, l'cole de l'exprience, modrer le penchant au plaisir en vue de s'pargner les
ennuis qui en peuvent tre l'effet. levons cependant notre aussitt la relation dont il s'agit se renverse point de vue
; :
ce qui tait jug acquis apparatra au contraire comme primitif et essentiel, et ce qu'on estimait primitif sera jug
secondaire et driv. C'est qu'il est en effet naturel l'me, tant qu'elle est dans la vrit de sa nature, de n'avoir pas
besoin d'effort pour se porter vers le meilleur
parler le
;
le
cocher,
aucune peine mener pour des chevaux qui sont aussi faciles l'un que l'autre. Quand donc l'intellect n'est pas occup gouverner ce qui en a besoin, il n'a qu' faire son uvre d'intellect (cf. p. cxx), qui est de rester en contact avec ce qui donne l'me tout
langage du Phdre,
n'a
entire son excellence originelle et de la nourrir avec l'aliment 2^8 a db., qui est naturellement le sien (a46de 2^7 cd b fin et sq.). Le Time fait de mme bien qu'il ait dans l'essence vraie de l'me plac l'Autre qui, par soi, est un principe de diversit et de dsordre, il n'en donne pas moins
; ;
:
au
seul intellect le droit de contempler la ralit absolument dtermine, ternelle, immuable et cela parce que, dans la constitution originelle et normale de l'me, il y a subor;
cxxtiii
PHDRE
Mme,
orga-
nisation rgle du divers par l'identique, unification harmonieuse du multiple par l'un (5i d-5a a cf. 35 a fin).
;
Mais,
s'il
en
est ainsi,
pourquoi ce qui,
du moins perdu sa divinit ? Pourquoi la plnitude d'un tre achev, et dont toutes les fins sont atteintes ds qu'il est, se dissout-elle parfois dans l'infinit sans borne des dsirs et dans le drglement ou la mchancet qui en rsultent? Pourquoi la chute ? Le Phdre explique celle-ci par Une faute originelle
sans tre dieu, tait
mme
divin
a-t-il
et
il
De
toute faon
c'est
il
accepte
D'abord
une nces-
en
effet, puisqu'il
y ait des mes de dieux une sorte cCisonomie veut y a des hommes, qu'il y ait des dieux
;
autrement, le Tout ne serait pas le Tout (cf. Time 4i bc et ici p. ex et cxxiv). Il y a donc des mes qui seront, de nature, exclues de cette dignit dont les chevaux ne seront pas des pur-sang, dont les cochers seront malhabiles bref, des mes qui seront condamnes d'avance au risque de la chute. Or ce qui les perdra, ce qui par suite les privera de la contemplation des Ides, ce sera justement qu'elles l'auront voulue avec trop d'ardeur D'o en effet une bousculade, qui tmoignerait d'autre part que les dieux n'ont pas su rgler avec ordre la procession qu'ils conduisent. En dfinitive la chute de l'me supposerait donc bien plutt malchance et maladresse que mauvaise volont et faute morale. Ce n'est pas tout les consquences de cet accident, qui manifestement ne lui est pas de tout point imputable, seront aggraves du fait que l'une en sera punie plus cruellement qu'une autre, puisque l'chelle A ces difficuldes prdestinations en est une des punitions. ts Platon a oppos la solution o, par la suite, viendra
;
:
!
il
du mal
un premier
est
en
ait
au rang qui
lui
aprs tout, si l'on n'tait pas tomb, on n'aurait aucun mrite se relever (Lois qo3 bsqq. surtout go4 a-c). Et en effet, si nous avons t malchanceux dans notre vie
convient
cleste,
il
penser
la prdestination
nous appartient par notre conduite ici-bas de comqui est rsulte de cette malchance.
NOTICE
Encore n'est-ce pas
striction.
cxxix
d'ailleurs sans re-
Platon, il est vrai, concde l'me dchue, une fois qu'elle a vcu selon sa prdestination une premire existence et que celle-ci a t dment sanctionne, le choix d'une nouvelle existence ici-bas. Mais c'est un
choix qui,
comme on
l'a
une chappatoire qui permettrait Dieu de dgager sa responsabilit (p. xcm sq. et p. lxxxiv n. i). Choisir ainsi sa destine, c'est au surplus se prdestiner soi-mme, car la destine, une fois choisie, est
les circonstances
qui l'entourent,
irrvocable (Rp.
617
e,
620
e sq.).
Comment
ds lors Pla-
ton peut-il nous offrir l'esprance consolatrice d'un salut qui serait en nos mains? Comment celui qui, par malheur, se sera
tromp dans son choix fera-t-il pour tenir toujours la route qui mne vers les hauteurs ? Le seul conseil positif qui soit donn cet gard, c'est, pendant cette vie, d'couter les vrais philosophes comparer la valeur des diverses conditions humaines, expliquer les risques de mchancet inhrents certaines
d'entre elles et raconter cet effet des mythes eschatologiques si d'autre (cf. p. cxv sqq.) part on est convaincu que l'me
;
immortelle, on se mettra de la sorte en tat la prochaine fois, mille ans plus tard, de faire un meilleur choix (61 8 bPeut-tre le Banquet 619 a, 621 c et la fin du Gorgias).
est
de ce conseil. Alcibiade est ce comprendre qu'il doit tre, du bon et du mauvais, en vertu de la condition que son me a choisie avant de rentrer dans la gnration. Or le droulement de son destin se croise avec celui du destin de Socrate. Mais en ce dernier c'est seulement l'homme qu'il admire et qu'il aime il se bouche au contraire les oreilles pour ne point entendre les leons de la philosophie et pour mieux couter en lui-mme l'appel de l'orgueil et de l'ambition. Pourquoi donc tout ce qui en lui tait mauvais estil devenu pire, au point d'touffer ce qui y tait bon et pouvait devenir meilleur? Parce qu'il vivait au sein d'une socit et o les passions ne corrompue corruptrice, pouvaient tre domines par la voix de la philosophie (cf. Banquet, Notice p. xcix sqq.). Bref, si le salut est possible, s'il ne faut pas dsesprer d'apporter un remde aux erreurs originelles et aux autres, ou devra demander la philosophie de recrer l'tat social, de rgnrer par de saines mesures le troupeau humain, de prendre le gouvernement. C'est ce dont justement la Repuaiderait-il
le sens
;
cxxx
PHDRE
bliqne a dessin le plan. Bien plus, c'est du pire des maux que sortira ce bien dcisif; car pour le raliser, telle est la convic-
IV 709
commencer par
Mais que
apprivoiser celui
le
dont
tyran.
au philosophe pour se faire l'initiateur de cette uvre grandiose et redoutable ? Sans doute cette vocation ducatrice, ce dsir divin de fconder pour toujours d'autres mes par son enseignement en les unissant la sienne et entre elles par un amour dont la philosophie est la substance. Voil en effet ce qui caractrise l'homme dont le Banquet (209 bc) fait le portrait enthousiaste, et en lui on
reconnat
aussi
le
loyal
la
ami du
savoir *
du Phdre,
la
un ami de
rectitude l'amour
de la jeunesse et dont la parole enfin est une semence toujours vivante et active (2^8 d, 2Z19 a db., 276 e sq.). A la racine de la rforme sociale d'o natra le salut, il y a donc une inspiration divine et l'amour qui en est la plus magnifique manifestation. Ainsi l'me ne peut se relever de sa dchance que
moyen d'une dispensation ou grce divine, d'une Osc'a par laquelle un homme devient, pour un temps plus ou moins court, capable de se dpasser lui-mme Quand de la sorte ils prennent possession de nous, les dieux tmoignent qu' notre gard ils ne connaissent point l'envie (p. lxxxiv
par
le
[xopi,
1
.
un rayon de leur lumire qui vient se rflchir sur nous et par lequel nous sommes transfigurs. Enfin, si toute possession divine apporte aux hommes un remde quelqu'une des misres de leur condition, la prcellence de celle qui consiste dans l'amour associ la philosophie et se confonn. 1): c'est
dant mme avec elle, est due ce qu'elle les gurit de la misre d'tre des hommes. Il est donc trs important de comprendre, et comment s'opre la possession d'une me humaine par un dieu, et pourquoi elle nous lve au-dessus de nousmmes. Qu'on se rappelle cette trange physique de la communication de l'amour, dont la doctrine du contre-amour
I, Le principal expos s'en trouve dans le Mnon 99 b sq. Mais on rencontre aussi dans Y Apologie aabc, dans VIon 534 bc, dans le Banquet 2o3 a, mme dans les Lois III 682 a, IX 875 c et le Phdre
la
s'en souvient
et
trs
videmment
xl\!\ a.
c, e sq.,
a45
cf.
a3o a
a56
b.
NOTICE
avec l'image rflchie sur
le
cxxxi
est l'expression dans le expliquer la naissance de
miroir
(cf. p. cm) prtend l'enthousiasme par une sorte d'irradiation qui se propage partir de la Beaut absolue; ainsi, deux mes communient
:
Phdre
elle
le divin, bien plus avec ce qui est le prindivin (a5o a, a^Q c). Si elles ne font pas ce bnqu'il faut pour conserver ce contact, pour profiter de la diction qui leur est chue, alors l'enthousiasme aura le sort
cipe
mme du
de tout autre semblable don divin il s'teindra soudainement ou par degrs. Pour qu'il n'en soit pas ainsi, il faut que toute l'me y porte intrt; autrement dit, que l'intellect, si l'on peut dire, prenne en main l'motion et que
:
l'amour devienne philosophie, allant de la sorte ce qui est l'aimable vrai, la ralit de la beaut et non plus une image de celte ralit (256 c, a5o d 7). Or cette conception prsente de remarquables analogies avec la thorie de la divination qu'expose le Time (71 b-72 b). 11 semble tout d'abord qu'en celle-ci l'me infrieure soit seule en cause. C'est en effet grce au foie, dont la place est au-dessous du diaphragme, qu'est possible la divination dans certains cas, ce sont des images terribles qui, venues de l'intelligence, se rflchissent sur le miroir poli de sa surface et aussitt il se rtracte et se ride; inversement, quand de l'intellect mane une inspiration contraire, il retrouve son poli et ce sont des images de vrit qui viennent s'y rflchir. Mais ce n'est pas celui quia reu ces images qu'il appartient de les interprter: c'est au sage, parce qu'au sage seul il appartient de se connatre luimme et d'agir selon ce qui est dans sa nature. Ainsi faisait le philosophe quand il mettait en uvre l'motion dont la Beaut intelligible est la source. Au reste certains traits du Phdre s'expliqueraient fort bien par cette thorie. Pour chapper au pril d'avoir faire l'loge de l'homme sans amour, Socrate va repasser la rivire c'est que de son dmon, interprte d'une intelligence divine (cf. Banquet 2o3 a), lui sont venues obscurment les images terribles d'un pch qu'il allait encore aggraver. Mais alors de l'intelligence sont manes d'autres images qui lui ont rendu sa srnit il les a interprtes et, en comprenant son pch, le sage a
:
dcouvert
pnitence qui convient. Aussi se dit-il un de petite envergure il est vrai, et assure-t-il qu'en l'me rside un pouvoir de divination, et cette divinala
devin
cxxxn
PHDRE
;
cf.
244
b-d)'.
Le corps
et l'me.
par
amour
et
.1
la
philosophie a notre
condition d'hommes, il n'en demeure pas moins que nous restons des hommes et qu'il y a des dieux. Il importe donc
de dfinir le mieux possible en quoi ceux-ci diffrent de nous ; ce qui nous conduira prciser la nature de la relation qui Tout d'abord, on a dj pu existe entre le corps et l'me.
cxxn sq.) quelle difficult il y a de dire dieux. Pour en reprsenter la nature on est donc
que pour l'me, d'user sous certaines conditions d'un langage mythique (cf. p. 36 n. 3). Sans doute on peut noncer quelle est l'exigence gnrale d'une nature divine,
affirmer que le divin c'est ce qui a bont, beaut, savoir (246 e db. ; cf. Banquet 202 c, 204 a db.), rattacher par cons-
quent ces caractres ce qui d'autre part possde la perfection de l'existence et de la vrit (249 c). Mais, au del de ces convictions trs assures, on ne peut gure faire autre chose que de chercher ce qu'elles excluent ou ce que, inversement, elles impliquent. Or ce qu'elles excluent, c'est justement la
thologie traditionnelle, telle qu'elle a t labore par les
de la mythologie le Time en parle (4o d-4 1 a) avec une ironie souverainement mprisante c'est une histoire o il n'y a nulle vraisemblance et, si nous en croyons
spcialistes
:
comme
sur parole ceux qui nous la content, c'est qu'ils la donnent Ce qu'impliquent l'histoire mme de leur famille au contraire ces convictions, c'est une tout autre thologie, la
!
thologie astrale
trs sages, trs
si
les
bons
et trs
dieux y apparatront comme des vivants beaux, dont les rvolutions sont
exactement calcules qu'on ne peut, moins de manquer de sens, y voir les actions d'tres dpourvus d'me et d'inen chacun d'eux on reconnatra au contraire telligence une me divine et une intelligence parfaite, capables de gouverner toutes choses pour le mieux. Sans doute est-il difficile de savoir comment cette me meut le corps de
;
1.
e,
ils
85 b Socrate
comme
c'est
Cygnes quand
parce qu'il
est,
comme
possd
par ce dieu.
NOTICE
chaque
;
cxxxiii
astre mais il est certain qu'elle est un dieu et, vraisemblablement, un dieu qui a son corps appropri donc un vivant analogue au vivant que nous sommes, mais d'une espce suprieure {Lois X 896 e-897 c, 898 c-899 d XII 967 ab, de; cf. Time 3o bc, 38 cd, !*o a-d et aussi Philbe 28 a-3o d).
; ;
Ainsi se pose une deuxime question les mes des dieux meuvent-elles le corps visible des astres, tant loges en ceuxci comme nos mes le sont dans nos corps ? Ou bien pour cela
:
un autre corps titre d'instrument ncessaire ? bien enfin sont-elles dpourvues de toute solidarit de ce genre et meuvent-elles l'astre en vertu d'on ne sait quel mystrieux pouvoir ? A la vrit Platon ne prend pas parti une
leur faut-il
Ou
seule chose importe, c'est qu'on ne doute point de l'excellence de telles mes (898 e-899 D )- Son incertitude semble donc
de
concerner moins l'union mme de l'me au corps que le mode cette union. Au surplus, si dans le noyau de sa constitution l'me est dj un compos dont un lment est ce que le Time appelle le Divisible selon le corps (cf. p. cxxn), on voit
telle
union ne
L'me
qui se meut soi-mme, mais c'est pour tre le principe inengendr et imprissable du mouvement de tout le reste (Phdre 246 a db.) et, par consquent, de la gnration, c'est--dire de tout l'univers de notre exprience. A cet gard il y a dans le livre X des Lois (904 ab cf. p. cxxv
;
n. 1) un texte particulirement instructif: pour que la gnration soit imprissable, y est-il dit, il faut que le corps ne soit moins pas imprissable que l'me. C'est donc que, corr-
lativement,
ils
non sans
la
doute au
mme
commencement de
gnration partir de la spontanit automotrice de l'me. Que l'Etranger athnien se borne, il est vrai, dclarer que
ni l'un ni l'autre ne sont ternels et
que l'ternit appartient dieux lgitimes , il n'y a pas lieu d'en tre surpris ce n'est pas des philosophes qu'il s'adresse. Mais, si ses interlocuteurs avaient entendu les leons de l'Acadmie,
seulement aux
:
peut-tre comprendraient-ils qu'il ne peut y avoir d'autre ternit divine que celle des ralits xciv
intelligibles (cf. p.
et n. 3).
En rsum il
fussent-elles des
n'y aurait pas d'mes entirement spares , mes de dieux. Dans le ciel, aucune me ne
cxxxiv
serait incorporelle, et n'ait
PHDRE
il est vraisemblable, bien que Platon mythologis l-dessus, que les mes dont le rle est seulement d'essayer de suivre les dieux ne sont pas cet
pas
gard diffrentes: c'est ce qu'exprime l'image des ailes, qui de la sorte ne serait pas aussi dpourvue qu'on l'a dit de
sont dans
signification doctrinale (cf. p. lxxxii n. 2). Toutes ces tnes le lieu naturel de l'me. Celles qui n'y sont plus
et qui sont
tombes dans
la
ment en
ce
feu (cf. Timc Uo a), mais principalement de terre (Phdre 2^6 c), ou, parler par symbole, en ce que, si la vertu des ailes
subsiste encore l'tat latent, elles en ont du moins perdu l'usage. Quand donc Platon dfinit la mort une sparation
de l'me et du corps (Phdon 64 c), cela se rapporterait seulement ce corps sans gloire dont la substance principale a tant d'assiette et si peu de mobilit qn'il en rsulte pour
elle
der
lent
les
(cf.
relative; on peut mme se demandamns n'en doivent pas conserver quelque quivaPhdre 256 e sq. et Notice du Phdon p. lxii et
lxxvii sq.). Enfin cette union ncessaire, dans laquelle l'me a sur le corps la primaut de nature et d'action, aurait sa raison d'tre dans la composition mme de l'me. Le Divisible selon le corps
corps, possibilit d'une rsistance et la ralit d'un point d'application pour ce mouvement dont l'me est elle-mme le principe. Ainsi ce serait comme un intermdiaire entre les intentions de l'intellect, avec ce qu'elles contiennent d'nergie motrice, et, d'autre part, la masse s'unir
la
un
que meut l'me. Laviedu philosophe, disait le P/icfon, une mortification la prdication morale y tait empreinte du mysticisme le plus exalt. Le ton change avec
sensible doit tre
;
le
Phdre, car
:
il
demande
donc
s'agirait pour elle, non point de mourir tout corps, mais de se prparer reprendre une autre sorte de corps, savoir celle qui originairement lui est propre.
ailes
il
alors
C'est ce que dj le Banquet (212 a) et plus tard le Time (90 bc) appellent s'immortaliser aussi pleinement que cela est possible la nature humaine. Or cela se fait moins par
l'asctisme
que par
le savoir et
de
l'autre.
NOTICE
i.
cxxxt
'77' , , , , remettre a maintenant le soin de fixer, autant que possible, les traits de la conception que Platon se fait de l'amour *.
3.
L'amour.
Dans
la
.
notice
,
du Banquet,
.
j'ai
cru devoir
le
en
lui s'opre
le moins prpars s'unir. L'aspiration qui le constitue n'est-elle pas le fruit de la rencontre et de l'union de deux dispositions tout fait contraires? L'une est la
qui se rveille inlassablement, une force d'expansion en il ne fait dfaut aucune des sphres de l'existence, la fois moteur de la roue des gnrations et me
lit
vertu de laquelle
de la philosophie. C'est que l'amour a pour objet la cration dans la beaut; c'est qu'il reprsente l'effort de la nature mortelle, aussi bien dans l'ordre de la chair que dans celui de un effort l'esprit, pour s'immortaliser autant qu'elle le peut le terme o il tend et n'atteint qui jamais pour toujours qui pourtant jamais ne s'teint, un effort qui est le ressort mme de la vie, de la vie spirituelle comme de la vie physique. L'amour est donc une synthse de mortel et d'immortel il joint mystrieusement l'un l'autre deux mondes qu'un abme semblait sparer il refait ainsi l'unit du Tout. Mais,
:
i. Voir p. lxxix et Il va sans dire p. xciv sq. que, dans ce qui suit, je laisse de ct les cinq premiers discours du Banquet, puisqu'ils ne reprsenlent pas le point de vue de la philosophie sur
la question.
cxxxvi
si
PHEDRE
fonction,
il
telle est sa
discipline qui rgle ses aspirations, sans une mthode qui les empche de se dtourner de leur but discipline progres-
gravit successivement une suite d'chelons, allant de la beaut sensible des corps la beaut intellectuelle
sive, car elle
des connaissances
et
en
mme
ou
spciaux. Le terme en est, pour qui aura t convenablement initi par un guide instruit de la route qui y mne, une rvlation soudaine, celle de la Beaut absolue entre
:
mme
et la multiplicit des choses belles qui sont dans le devenir, il n'y a point de parit ; ce n'en est pas une gn-
celle-ci
ralisation, intelligible
6
mais
elle est
l'essence
du Beau en
S
par
les
-
soi.
Tels sont
pbMre
la le
^u
est
dans dans
ou
accompagnent l'emploi du mythe dans la discussion avec Agathon, la recherche est conduite dialectiquement enfin dans le discours d'Alcibiade le tour devient dramatique lorsque Socrate, incarnation de la philosophie, nous apparat comme
;
image de l'amour (Banquet, Notice p. cm sqq.). faon dont le Phdre son tour traite le problme il y a d'videntes analogies. Le discours de Lysias et le premier discours de Socrate sont l'quivalent des points de vue
la vivante
Dans
la
incomplets des cinq premiers discours du Banquet. D'autre part Stsichore, le pote, tient la place de la prophtesse seuls des inspirs sont capables de prendre sur Diotime l'amour le point de vue qu'il faut. Mais, tandis que l'amour
:
est l'unique sujet du Banquet, le Phdre unit, par un lien trs serr malgr la complication de ses inflexions, le problme de
l'amour au problme de l'ducation. A qui doit appartenir la formation intellectuelle et morale de la jeunesse? Est-ce la rhtorique et sa technique toute formelle de l'illusion, qui 1 fera triompher une vraisemblance o il n'y a point de vrit ?
i Il faut du reste noter que, dans le cadre limit du Banquet, le problme de savoir ce que vaut la formation rhtorique de la pense a sa place cf. 198 d-199 b.
NOTICE
cxxxvit
Est-ce la philosophie, qui par la mthode dialectique vise seulement faire communier les mes dans la vrit ? Sur le fond mme de la question peut-tre n'ap porte- t-il rien qui
soit spcifique. Il
la plus instructive,
transpose toutefois la doctrine de la manire autant dans son esprit que dans ses appli-
cations.
Sur un premier point cette transposition nous est rendue immdiatement sensible. Comme une consquence de sa donne initiale, l'loge de l'Amour, le Banquet personnifiait celui-ci; cependant il le qualifiait non pas de dieu, mais seulement de dmon, de faon qu'il ft un agent de liaison entre les hommes et les dieux, un intermdiaire entre deux domaines radicalement distincts. Or, dans le Phdre, la place du dmonisme de l'amour, nous trouvons dans l'me la
possession divine et l'inspiration.
l soit
impliqu
le
c'est bien
certain
cxxx sq.). 11 n'en est pas moins vrai que, en mettant enthousiasme dans l'me de l'tre sensible, en faisant de l'amour une des espces, et la plus belle, de cette possession divine, on exprime la ebose en des termes qui s'loignent
la
davantage de
l'exprience
humaine c'est en effet dfinir un tat que chacun connat plus ou moins, soit chez d'autres soit par lui-mme: n'tre plus soi ou tre hors de soi. La consquence en est que maintenant ce n'est plus le dmon Amour qui est un tre intermdiaire, c'est l'me elle-mme. C'est ce que le Phdre tablit doublement il le fait certes en un langage mythique,
;
la signification de ce langage il n'y a pas possible. L'me est d'abord intermdiaire en tant
tite,
mais sur
de mprise
que
tripar-
par ce qu'il y a de meilleur en elle, au Sensible par ce qu'elle a de moins bon, avec une fonction moyenne entre ces deux extrmes; et cela n'est pas
l'Intelligible
touchant
moins
p. cxx
c'est
vrai des
(cf.
sq. et p. cxxxn). En second lieu la rgion qui est l'habitat naturel des mes est-elle une :
le
ciel
astronomique, car
astres et elles
moteurs des
les autres
rgion moyenne mes des dieux sont les sont suivies tant bien que mal par
les
mme
mes; de plus
l\i
mes (Time
c-e).
Or
une
telle
conception se
cxxxvm
lie
l
PHDRE
:
celle que se fait Platon de l'ducation des philosophes en tudiant l'astronomie et les autres sciences mathmatiques,
ils
se
dgageront du Sensible
;
et ce sera
la
une propdeutique
science
de il l'Intelligible y a donc l une culture moyenne (Rp. VII 5a4 c-53i c; Philbe 56 de). En disant que l'amour est un dlire, il s'est donn pour tche d'intgrer la doctrine de du mme l'amour une doctrine de l'me (Phdre 2^5 c) il clairement ne l'avait fait dans le intgrait, plus qu'il coup Banquet, la doctrine de l'amour toute sa philosophie. On peut mme ajouter que l'me devient ainsi le mdiateur dont les objections du Parmnide accusent la ncessit par l'amour vrai dans l'me, l'Intelligible et le Sensible se rejoignent c'est un pont jet sur le gouffre et ces deux en soi deviennent
la
science exacte
entre toutes,
dialectique,
alors l'un
pour l'autre
n'est pas tout. L'amour tait conu dans le Banquet ex. ao3 d) comme une tendance qui est toujours soit en (par action soit prte l'action parce que l'amour dsire tou-
Ce
jours autre chose que ce qu'il a, il est sans cesse en chasse, il va toujours de l'avant. Ainsi l'amour est moteur et ce qu'il meut, c'est lui-mme, mais aussi du mme coup tout le
reste, les
corps, puisqu'il n'y a de perpgnration, pour l'esprit comme pour la chair, l'amour. Or cette double motricit, c'est l'me par que qu'elle est transfre par le Phdre. En mme temps le dsir
les
mes comme
la
tuit
dans
de se perptuer en d'autres mes ou en d'autres corps, ce dsir de s'immortaliser qui tait d'aprs le Banquet le grand ressort de l'amour, se transforme en une immortalit essentielle de l'me, sans laquelle l'amour mme ne saurait tre compris. Donc c'est prsent l'me qui se meut elle-mme et qui meut tout le reste. Mais ce mouvement est amour l'me s'aime elle-mme, et c'est ce qui lui fait accomplir ses rvolutions dans le ciel, mue par le dsir de contempler ces ralits vraies dont la vision est l'aliment de ce qu'il y a de meilleur en elle. Or l'me gouverne et administre tout ce qui est dpourvu d'me c'est donc le dsir dont elle se meut
:
qui
meut
ment,
i.
aussi tout ce quoi elle communique le mouvecar c'est ce dsir qui attache les mes non divines aux
lui
Ce que
reproche
Aristote,
d'ailleurs
sans
le
nommer,
Mtaph.
a,
997 b i5-ao.
NOTICE
traces
cxxxix
du dieu, exempt de jalousie, au cortge duquel elles appartiennent. C'est ce dsir enfin qui, rveill dans l'me par la rminiscence, provoque un enthousiasme, duquel pourra natre ensuite cet amour philosophique o elle trouvera l'lan capable de la ramener son lieu naturel. Certes, sur ce point encore, le Phdre ne fait que dvelopper la pense du Banquet, mais il le fait de faon lui donner plus
de porte et en approfondir les perspectives. A cet approfondissement se rattacherait peut-tre la solution d'une difficult qui subsistait dans le Banquet (cf. Notice, p. xcvi sqq.): si l'amour est un mouvement vers un but, peut-tre, une fois ce but atteint, ne cessera-t-il pas avec le succs obtenu, mais du moins perdra-t-il son caractre de moteur. Or le Phdre, par l'image physique du miroir (255 d e), reprsente le mouvement essentiel l'amour comme un mouvement qui revient deux fois sur lui-mme de l'aimable l'aimant, puis de l'aimant l'aimable et, de nouveau, de celui-ci l'autre. Et l'image ne s'applique pas moins bien l'amour cleste qu' celui d'ici-bas. En effet, ce qui meut l'me dans
:
le ciel,
meut elle-mme, c'est, de contempler les ralits du lieu supracleste, qui sont les aimables absolus. Ainsi c'est en elles qu'est le principe du mouvement, puis il revient spontanment vers elles, et de nouveau il en repart, de faon possder une continuit incessante. Par l'ternelle effusion de leur attrait, ces ralits ternelles prolongent sans fin l'lan d'amour qui vers elles avait mis l'me en branle: elle se meut elle-mme parce qu'il y a en elle une soif inextinguible de l'idal. Enfin, bien que le Banquet parle beaucoup de l'amour charnel, il est certain que, dans la partie du dialogue o s'exprime la pense de Platon, le point de vue qui compte est celui de la gnration, parce qu'il atteste dans l'ordre de la chair le dsir de l'immortalit (cf. 207 a-d, 208 e). Quant l'amour masculin, ceux qui se complaisent en faire
ou plutt
ce qui fait qu'elle s'y
on
l'a
vu,
le dsir
non-philosophes qui prononcent les cinq premiers discours. Il s'agit ensuite, tout au contraire, de dgager l'amour de cette gangue de sensualit, pour insister finalement sur l'aspect spirituel d'un amour qui dsire surtout la possession ternelle du bon et du vrai (cf. 210 bc; 211 de; 20Qa,c-e; 217 esq. ; 21g a-c). Assurment
IV. 3.
cxl
l'ide
PHDRE
que l'amour est condition de la reproduction n'est pas trangre au Phdre mais, la diffrence du Banquet, il en
;
de prfrence ressortir l'abjection (25o e sq.). C'est qu'en ralit il est plus soucieux encore que n'tait le Banquet de montrer comment de la sensualit, mme la plus naturelle, on peut passer l'idalit c'est en vue d'expliquer dans quels cas ce passage ne se ralise pas, qu'il est conduit d'autre part analyser avec le soin le plus attentif l'motion sensuelle sous l'aspect que le milieu social tenait pour le plus noble et le plus tranger l'animalit. Il le fait de telle sorte que son analyse en est une peinture si extraordinairement vivante que certains ont voulu y voir le souvenir, encore chaud 1 Cette insistance, d'motion, d'une exprience personnelle nanmoins, ne semble pas avoir d'autre objet que de faire sentir quelles embches est expose l'me dans son union un corps terrestre de donner comprendre sur quel point prcis doit porter son effort pour tre capable d'en tourner la bassesse, la perversit mme, au profit de son lvation. Sans doute un motif d'quilibre intervient-il aussi dans la pense de Platon s'il y a un amour droit et un amour gauche, la mthode de division dichotomique exige que ce dernier, dans l'analyse ou dans la description, ne soit pas
fait
;
.
srement
les joies
obtiendrait ainsi
l'effet
i.
Cf.
a53 e-a5A
b,
468
grand
lui-mme prouvs
et
s'il
au motions qui ne sont pas les siennes, au point mme de sympathiser avec elles. Dira-t-on que Plaute ou Molire ou Balzac doivent avoir
tion d'autrui et grce
t
avec force que les sentiments qu'il a n'est pas capable d'y russir par l'observapouvoir qu'il possde de faire vivre des
eux-mmes des
fait ?
pu peindre
l'avarice
comme
ils
plus sage de voir ce qui est, que d'riger en fait ce qu'on ignore totalement. Or ce qui est, c'est la condamnation
ont
Peut-tre
par Platon de pratiques dont il avait autour de lui d'innombrables exemples et dont la psychologie spciale tait pour lui d'un si grand
intrt.
Que
cette
un triomphe de
la volont,
condamnation provienne d'un repentir et manifeste c'est une chose que sans doute nous ne
NOTICE
surplus, la peinture passionne d'un
verti,
cxli
Platon ne
manque
:
de
la rprobation passion surgissent dans l'me du coursier docile ou dans celle du cocher des sentiments de honte, de respect, de
marque
la
amour sensuel perpas d'entremler des traits o se au milieu des pires emportements
pudeur (254 a-e, 256 a). Ds lors, on le comprend, il n'y a plus place dans le Phdre pour une discipline progressive de l'amour conue comme une mthode particulire, ainsi que cela se voyait dans le Banquet. Ce que Platon cherche maintenant crer, c'est une nouvelle psychagogie , une mthode philosophique gnrale pour conduire les mes par la vrit la
vrit,
qui ne dans le
en opposition la fausse psychagogie des rhteurs, vise qu' la persuasion par la vraisemblance. C'est
mme
:
esprit
que sont
du Banquet il y tait question de l'loquence que dploient l'homme n pour tre un ducateur ou celui qui montre gravir les chelons de l'amour (209 c; 210 a, c). A la fin du Phdre cette ide se dfinit dans une apologie fervente de la
parole de vrit, celle o s'exprime la vie d'une me soucieuse de dposer des semences choisies dans des mes aptes les recevoir, prpares cette fin et dans lesquelles ces semences puissent fructifier, pour se resemer leur tour dans d'autres mes ainsi une existence imprissable sera assure l'me mme dont la pense leur adonn la vie (276 b, e sq., 277 e278 b). On pouvait deviner dans le Banquet que Platon songeait au lien d'amour qui doit dans son cole unir les disciples au matre qui les guide. Ici on voit ce qu'il espre c'est la prennit de l'action que son enseignement a exerce sur les mes qu'il a lui-mme conquises en les aimant et en
; :
En rsum, si sur la doctrine de l'amour le Phdre n'apporte rien qui soit proprement parler nouveau, en revanche il l'a transforme du fait de qu'il y a incorpor une thorie
sa philosophie.
l'me, dont le retentissement esl profond sur l'ensemble de La raison en est, je crois, celle que j'ai dj
indique (cf. p. c sqq.): dans le Phdre, au lieu d'envisager l'amour dans son essence et de transfigurer la mythologie, il a voulu surtout y voir le drame intrieur de l'me
tout entire, avec la diversit des motifs et des mobiles qui, en elle, s'unissent la pense rflchie, avec toutes les pri-
cxlii
PHDRE
en rsultent et
les
pties qui
dnouements auxquels
elles
conduisent.
VI
RHTORIQUE ET DIALECTIQUE
Si l'on voulait
donner
qu'elle comporte, prendrait dans la Notice, si 1 Pour le but qu'on s'y longue dj, une place dmesure il suffira de dfinir, avec autant de prcision qu'on propose, pourra, la position que Platon a adopte dans le Phdre envers la rhtorique en gnral, et de signaler quelles difficults on rencontre ds qu'il s'agit de dterminer son altitude envers tel ou tel rhteur en particulier. Au reste, l'objet du
elle
.
ment
dbat est clairement marqu par Socrate (266 b cf. 269 b) la discipline qu'il enseigne, jusqu' prsent, en tout cas ,
;
:
l'appelle dialectique quel nom faut-il pour le prsent donner l'enseignement de l'art oratoire? Si ce n'est mme pas un art, comme on l'a dj prouv (262 c), plus forte raison pourra-t-on penser qu'il n'y a pas non plus de discipline qui l'enseigne. Phdre en conclut qu'il reste, par
il
;
consquent, dfinir
la rhtorique comme objet distinct d'tude. Est-ce donc dire, demande alors Socrate, qu'elle existerait comme discipline technique, part de la dialec-
tique? Tout entrelaces qu'elles sont, les grandes lignes d'un i plan se dessinent pourtant ici critique de la rhtorique de fait, dans ses productions et dans son enseignement ;
:
droit,
qui se fon-
derait sur l dialectique ; 3 caractre de la dialectique en tant que propre fonder cette nouvelle rhtorique.
Pour montrer Critique de la rhtorique existante. quel point sont injustifies les prtentions de la rhtorique se dire un art, Platon se place, comme on vient de le
I. 1. Sur la question, voir O. Navarre Essai sur la Rhtorique grecque avant Aristote 1900 (thse Paris); E. Drerup, die Anfnge der rhetor.
.
Kunstprosa (Jahrb.
f. class. Philologie, Supplem.-bd 27, 1902, p. 21835 1); H. Gomperz, Isokrates und die Sokratik (Wiener Stud. vol. 28, 1906, p. i-4); W. Sss, Ethos, Studien z. lteren Rhelorik, 19 10, etc.
NOTICE
noter,
celui
cxliii
celui
des uvres et
de
discipline
communicable.
a P res
e second discours
de Socrate,
est
introduite,
avec
la
supposition
que
Lysias crira une rplique, la notion capitale de logographie . C'est d'autre part sur cette notion que s'achvera l'examen de la rhtorique qu'est-ce en effet, la fin du Phdre, que l'apologie de l'enseignement vivant sinon une
:
la composition oratoire crite ? Mais, au de prendre le terme dans son sens usuel et concernant spcialement la composition des plaidoyers, Platon le gnralise (p. 56 n. 2) lgitimement, il signifie en effet l'acte d'crire des discours. Peu importe que l'objet n'en ait rien de juridique, qu'il s'agisse par exemple de proposer ou d'dicter une loi, et mme simplement de dfendre une thse spculative ou de la combattre; la forme littraire, que ce soit de
condamnation de
lieu
la prose ou des vers, n'est pas moins indiffrente par rapport au caractre de l'uvre (a58 d fin 277 e fin; 278 c, e). Aussi a-t-on grand tort de mpriser ou de suspecter la logographie en raison de son application professionnelle: le jugement qu'on portera sur ce qu'elle vaut doit rester indpendant du fait qu'elle est, ou le mtier des avocats qui crivent pour les plaideurs, ou celui des Sophistes qui crivent pour mettre en vidence (genre pidictique) leur talent de professeurs (257 c-258 d cf. 261 a-e, 278bc). Ce qui par contre constituera pour la logographie un
;
justement condamnable, c'est qu'elle fasse rapport au sujet qu'elle traite qu'au contraire elle soit uniquement soucieuse de l'opinion de ceux qui elle s'adresse, soit pour la flatter en s'y conformant, soit pour la sduire. Quand en effet l'art dont elle procde se donne pour une a psychagogie , pour un art de mener les mes, le seul objet qu'en cela il ait en vue est la persuasion. Or, si celle-ci ne se rapporte pas la vrit, elle ne peut tre qu'un artifice pour faire croire, en abusant de
fi
vice essentiel et
de
la
vrit par
de la quel que composition oratoire, celle-ci se prsente comme une opposition de thses: c'est donc une controverse ou a antilogie ,
soit le sujet
cela
et,
aussi
bien, le
cxliv
PHDRE
dans laquelle une des deux parties en prsence cherche persuader lecteur ou auditeur, pour faire triompher la thse qu'elle dfend. En vue d'y russir, on s'appliquera d'abord dissimuler aux yeux de ceux-ci l'ambigut de ce qui est en cause et, au lieu de se mettre l-dessus d'accord avec eux, les empcher au contraire de s'en faire une ide nette, viter soi-mme de le dfinir pralablement d'un autre ct, on fera en sorte de si bien embrouiller les choses en les jetant toutes ple-mle que, faute de pouvoir s'y reconnatre, ils passeront leur insu de la ralit son contraire. C'est de quoi justement tmoigne merveille le discours de Lysias. Mais si, pareil au rhapsode, on dbite ainsi des choses dont
;
on n'a pas auparavant examin si elles sont vraies, comment ne se laissera-t-on pas prendre soi-mme au pige de l'illusion dont on cherche duper autrui? La conclusion, c'est que, sans la connaissance du vrai, la composition oratoire ne
qu'il n'y a l par
peut obir qu' de mystrieuses ncessits logographiques consquent qu'une routine misrable et un tour d'adresse qui n'est pas transmissible (a58 e-26/ie; cf. 273 d, 277 e fin). _ Mais prcisment la rhtoce qu'assure r * Enseignement. ,, ,, rique, c est qu elle serait une technique pouvant tre enseigne et acquise sans qu'on et aucune connaissance du vrai. Voici donc le second point de vue: comment enseignerait-on un art dont on vient de dire qu'il n'en est pas un ? Or c'est un fait (266 d-267 e) qu'il y a des traits de rhtorique qui contiennent, dit-on, une foule de
;
.
merveilles, et qu'il y a des coles o se donne cet enseignement (266 d; 269c; 271 c db., e; 272c). C'est un fait aussi qu'il y a eu, qu'il y a des matres qui ont acquis une
grande renomme et qui se font payer trs cher (266 c), si soucieux d'ailleurs de graver leurs prceptes dans l'esprit des lves qu'ils ne ddaignent pas de les consigner en vers mnmotechniques (267 a). Mais, au vrai, que renferment ces traits et qu'apprend-on de ces matres dans leurs
? Rien de plus que des expdients qui ont russi en diverses occasions et dont on donne la formule (p/r^ct,
coles
figure); ou bien des lieux communs, dveloppements ou bien passe-partout qui serviront n'importe quel sujet enfin des conseils et des n'ont rapport qu' la rgles qui forme littraire, soit au style, soit au vocabulaire.
;
NOTICE
cilv
Or ce qui fait l'orgueil des matres, ce sont les dcouvertes dont ils accroissent un si prcieux trsor. Platon ne s'attache
et il se borne en donner pas en dtailler les richesses quelques chantillons. On enseigne choisir ses mots, les barber pour qu'ils soient bien nets, ou les ciseler ; on
recommande au prosateur
;
d'viter
les
termes
potiques
(234 c, e; 207 a) on donne des conseils pour la correction ou pour l'lgance de la langue (267 c) redoubler le mot * il y qu'on vient de dire est un moyen d'exciter l'attention
; ;
y a un style imag et et 269 a), qu'on apprendra employer mtaphorique (ibid. selon les cas on dira comment s'y prendre pour tre tantt sobre et tantt copieux (267 b, 268 c, 269 a, 272 a cf. a35 a). Du matre l'lve reoit en outre une sorte de patron d'aprs lequel il construira mcaniquement n'importe quel discours, soit devant l'Assemble, soit au tribunal, et qu'il s'agisse exorde ou prambule, expod'accuser ou bien de dfendre
un
style doctoral
et sententieux,
il
indices
ou prsomptions, puis la preuve laquelle s'ajoutera au besoin le complment de preuve, enfin ce que les uns nomment le rsum, d'autres la rcapitulation, et qui consiste
du
Ajoutez 272 mtier, dont l'exprience du matre est mme de garantir au lieu de louer ou de blmer ouvertement, le le succs dtourne et pratiquer l'insinuation faire d'une faon (267 a) faire natre le soupon par une adroite calomnie exciter ou apaiser tour tour les fureurs d'une (ibid. d)
a, e).
:
267
cela
toutes
c, 272 a); l'apitoyer et lui arracher des enseignant aux lves tous ces moyens, on leur inculque en outre la conviction que l'unique ressort en est, non pas la vrit, mais la probabilit et la vraisemblance le vrai peut quelquefois n'tre pas vraisemblable , gardez-vous donc alors de dire le vrai si vous voulez qu'on
268
larmes
(ibid.).
En
d).
Quant
la
matire
la
dment
catalogus,
qui
appartiennent
1. Platon s'amuse user de ce procd dans le passage, plein de Epouvantable, Phdre, pouvanverve, qui prcde la palinodie table est le discours... (a/Js d).
:
cxlvi
PHDRE
rflexion la plus commune et dont chacun donne lieu une richesse et pauvret, jeunesse et vieillesse, antithse facile
:
amour
e,
267
c).
Certes,
serait
il
est
impossible de mconnatre
tels dveloppements ce renoncer dire sur chaque sujet ce qu'il appelle naturellement. Mais ce qu'on reprochera l'enseignement rhto-
la ncessit
de
rique, c'est devoir l-dedans le domaine privilgi de l'invention ce n'est pas tre original que de prendre sur tout
:
le contre-pied de ce qui est raisonnable et de se complaire aux paradoxes. Gonfler de petits sujets pour les faire paratre grands, vider les grands pour qu'ils semblent du vieux, petits, faire du vieux avec du neuf ou du neuf avec rien de tout cela non plus n'est inventer c'est seulement
sujet
donner
arrangement tant qu'on s'en tient des thmes invitables, mais rebattus, il n'y a
des banalits
un
certain
pas place pour l'invention, et c'est l justement quelque chose qui ne se laisse pas formuler en prcepte, mais un don de nature (236 a, 267 ab, 268 c). A la vrit, quand les rhteurs noncent quelles conditions on peut, leur cole,
devenir
un bon orateur, ils ne manquent pas de joindre les dons naturels l'instruction et l'exercice (269 d) en quoi ils ne se trompent pas. Ce n'est pas toutefois par leurs mthodes que cela se fera la faon superficielle dont ils comprennent l'instruction et le savoir fait que les dons naturels ne signifient plus qu'une agile dextrit dans l'usage des artifices qu'ils ont enseigns, et les exercices par lesquels ils prtendent la faire acqurir ne sont qu'une parodie de culture. Pour atteindre le but ils se flattent d'avoir trouv mais la la voie la plus courte et la moins pnible (272 d) vrit est que leurs lves n'apprennent d'eux que l'ABC d'un art, et qu'eux-mmes d'ailleurs, moins de supposer qu'ils en gardent perfidement le secret, ils ne possdent pas une fois l'art qu'ils enseignent. Affaire donc au disciple, achev son cours d'tudes, de se dbrouiller tout seul en face des ralits, d'organiser son discours par rapport aux
:
lieu
conjonctures et d'apprcier les questions d'opportunit! Au d'une base solide de la pratique, tout ce qu'ils lui ont donn ce sont des corrigs ces misrables modles, tout
:
d'eux-mmes
NOTICE
Quant
cxlvii
nulle raison d'tre, que sont leurs discours pidictiques . lui, il les apprendra par cur ou bien il s'essaiera
un canevas
au dbut du dialogue, l'occupation laquelle se livre Phdre sur Vrlicos crit par Lysias (269 bc; cf. 368 b sqq., 271 bc, e sq., 277 c, 278 b-e et, d'autre part, 228 a, c-e voir p. xxvn
;
n.
et p.
xLvin n.
1).
les
Ainsi donc, ni par leurs uvres, ni par leur enseignement matres de rhtorique ne manifestent qu'il existe en fait
un art rhtorique fond sur un savoir dfini, comportant des rgles prcises, capable enfin d'tre enseign. S'il doit y avoir un tel art de la parole, c'est d'un autre ct qu'il
faudra
le
Or
;
cet art,
on
pressentiment, solennellement affirm, qu'il existe en droit qu'un imposteur en a usurp la place qu'il n'a qu' faire valoir ses titres, prouver qu'il est la rhtorique dont
le
cf.
serait le
fondement (267
e sq.
la parole sa c'est en effet pour r r . , , , fonction propre de conduire les mes, d'tre une psychagogie , on dira que l'me est l'objet propre de la vraie rhtorique (271 c). Mais, tandis que l'autre
Comme
c
objet.
pure vraisemblance et emploie l'illusion psyproduire persuasion, celle-ci entend n'appuyer sa chagogie que sur la connaissance de la vrit de tout sujet auquel s'appliquera le discours (269 e, cf. 260 e fin). A l'gard de son objet, l'me, elle se comportera donc comme le fait la mdecine l'gard du sien, qui est le corps (270 b, tout art digne de cf. 268 a-c), comme du reste se comporte
se fonde sur la
la
ce
nom,
soit qu'il
la
autrui
manire
produise une uvre, soit qu'il enseigne de s'y prendre (270 d db.). Aussi
:
commencera-t-elle par analyser la nature de son objet c'est ce qu'a fait Socrate quand il a voulu prouver dans son second discours que le plus beau de tous les dlires est celui qui
par l'amour (cf. 2^5c-24gd). D'abord, l'objet simple ou ne l'est-il pas? S'il l'est, quelle est sa proprit, soit titre d'agent, soit titre de patient ? S'il est compos, quelles sont les natures simples dont il est form?
est inspir est -il
cxlviii
PHDRE
Une
fois qu'on les aura dnombres, on se posera propos de chacune les mmes questions qu'on se serait poses propos de l'objet s'il avait t simple. Voil donc ce que
commencera par
S
faire la
cf.
objet (2700-2718,
domainp
277 b). Mais est-il possible de se faire une ide suffisante de la nature de l'me indpendamment de la nature du Tout?
1
.
d'Hippocrate est vrai, et que ce soit impossien ce qui concerne seulement le corps C'est ainsi le Platon vient de montrer effet, qu'en que (269e sq.), tout art important, c'est--dire sans doute tout art qui n'est pas un mtier manuel, exige en quelque sorte de se dpasser lui-mme autrement, il est impossible d'en comprendre la porte et les relations. L'loquence de Pricls a d beaucoup au hasard qui sur sa route mit Anaxagore, savant et philosophe. Si donc la rhtorique veut tre un art qui compte, il faut qu'elle ne s'enferme pas dans le cadre de sa spcialit, il faut qu'elle ait la tte en l'air, qu'elle ne craigne pas de jeter les regards au del de son horizon born On voit quel point tout cela est loin de la (cf. p. cxvi). rhtorique usuelle, qui ne songe qu' grossir ce fatras de Ce n'est procds et de formules dont est faite sa routine. pas cependant la seule signification qu'il y ait lieu de donner cette remarque incidente le passage sur Pricls et Anaxagore n'est pas non plus le seul qui l'clair. Douterat-on en effet que le second discours de Socrate, cet hymne
si
Non,
ble
le dire
mme
et
d'o n'est pas absente la force persuasive mythologique (265 bc), soit un chantillon de la vraie rhtorique, de celle qui se fonde sur la philosophie ? Or l'me n'y est pas conue
seulement comme individuelle, ce qui est le cas quand il ou encore pros'agit de celles de chacun des astres-dieux,
1
.
Pour savoir
rudits, on n'a qu' lire la trs intressante revue qu'a faite . Dis de ces discussions (en 191 2) et qu'il a rimprime dans le vol. I de
Autour de Platon (p. 3o-45). On comprendra que je ne puisse m'ardont tant d'efforts divergents semblent
prouver qu'il est actuellement insoluble. Au surplus, si l'importance en est peut-tre grande pour la question hippocratique, il n'en est pas de mme en ce qui concerne l'intelligence de la pense exprime par le Phdre.
NOTICE
;
cxlix
elle est conue essentiellement pos de nos mes humaines comme universelle, attendu qu'elle est, en tant qu'automotrice, le principe premier du mouvement et de l'ordre des
mouvements dans
l'univers.
Une
entre la combinaison
du mythique
dre, et
sant la
l'me et
la
un De mme,
c'tait l
;
divertissement et
des
exigences
se la
un
Time combine un mythe simplement vraisemblable (27 d29 d, 68 d) en le faisant on se livre un divertissement,
un
mythique de ce dialogue, c'est--dire presque tout, serait un exemple de ce que rclame le Phdre une extension la Nature et au Tout de la rhtorique philosophique, en tant prcisment qu'elle est une psychagogie et que l'me est
son objet. _ ,. Ses conditions.
.
Mais
...
1
la
ame, n
ni,.
rique que la premire de ses conditions. La seconde est qu'elle dise au moyen de quoi l'me agit ou ptit et de quelle faon il lui est propre d'agir ou de ptir (271 a). Cette condition est la mme que pour le vrai mdecin l'gard de
son objet il doit savoir par quels effets se manifeste la nature du corps tant qu'elle n'est pas pervertie par quelque dsordre et, d'autre part, la fois quelles causes troublent
:
cette nature et quelles causes, neutralisant les prcdentes, rtablissent en elle sant et vigueur ; drogues ou rgime et
exercices sont
leur tour des causes qui, dtermines par ou la restaurer par une
action approprie. De mme en est-il pour l'me : si ce par quoi elle agit ou ce qui agit sur elle ce sont des discours et
des pratiques, de telles causes ou de tels effets sont assortis sa nature tous les mouvements d'ordre physique qui consti:
nos actions rsultent en effet de ces mouvements, d'ordre moral qui, comme on l'a vu, sont les mouvements cf. propres de l'me (270 b p. cxxi). Ainsi donc, dans
tuent
;
le cas
me
agit sur
une
cl
PHDRE
me ou
ptit de la part d'une autre, ce sont des discours par la force persuasive desquels elle sera amene telles faons de penser et de se conduire qui soient, en cf. effet, ce qu'elles doivent tre (270 b, 271 a db. Banquet
;
autre
209 b fin sq., 210 bc). La troisime condition est celle qui concerne le plus immdiatement la pratique. Elle comporte deux moments, dont le premier se rapporte peut-tre l'une et l'autre, respectivement, des deux premires conditions (cf. 270 d 6). D'une part en effet il s'agit alors de dnombrer et de dcrire des espces d'me or, aprs le second discours, on sait que l'me est une chose compose, de sorte qu'il y aura ncessairement une diversit dans le rapport des lments qui, dans chaque cas singulier, forment ce compos d'o une classi; ;
fication des caractres, fonde sur celui qui, en mdecine, est la base
un principe analogue
de
la classification
des
tempraments. D'autre part il y a lieu de procder un semblable dnombrement et classement des diffrentes sortes de discours, chacune tant affecte de sa dtermination
a
1
caractristique
1.
Il
Une
que
fois
dnombres
et
classes
les
semble
difficile
excitent la piti ou bien la fureur, etc. Hermias (2^7, 29 sq.) parle de discours dmonstratifs ou sophistiques, abondants ou secs ce qui
:
n'est gure plus vraisemblable. L'indication donne par Platon, 277 c db., discours varis ou simples selon la qualit de l'me, est une indication bien gnrale. Elle suggre cependant l'ide qu'il y a
des discours dont le ton est uniforme, par exemple entirement dialectiques et dmonstratifs, comme l'a t dans la Palinodie la preuve de l'immortalit ; d'autres o la posie du mythe et l'analyse
psychologique
se
mlent
fin).
On
que
les divers
doivent correspondre les diffrentes sortes du discours sont dtermins, semble-t-il, par la prdominance en elle de tel ou tel de ses
composants. Ainsi, une me o domine l'intelligence on parlera la les encouragements conviendront langue de la dmonstration
;
celle qui, capable d'entendre la voix de la raison, est plutt caractrise par la noblesse instinctive de ses sentiments ; la remontrance
conviendra au contraire l'gard d'une me en qui dominent la passion et la dmesure qui en est l'accompagnement. Ce que dit
NOTICE
cli
diffrentes espces d'mes et les diffrentes espcesde discours, il n'y a plus qu' mettre en parallle ces deux classifications. il C'est le second moment consiste reconnatre quels
:
rapports de causalit lient, chacune chacune, les espces de ces deux sries. Voil qui constitue une pratique vritable, car
on
duire en
elle
sait alors ce qu'il faut dire telle me pour protelle conviction dont elle a besoin et qu'on
fin).
qu'on est, de faon authentique, un orateur ou un professeur de l'art de parler. Faute d'un tel savoir en ce qui regarde le corps, n'est-on pas incapable d'exercer ou d'enseigner la mdecine? Quand au contraire on sait cela, on sait donc aussi l'opportunit et l'inopportunit
(exaupt'a, xatpt'a), soit
d'appliquer
tel
quer
tel
remde.
Telles
et
Son fondement.
de
sont les
usage
l'art de parler. Elles sont incomparablement plus efficaces dont que ces trois autres conditions traditionnelles s'accommodent les rhteurs et qui, ncessaires sans doute, demeurent cependant indtermines. Or ce qui fait qu'on ne s'en est pas content, ce qui a permis d'y substituer des
conditions capables de produire coup sur l'effet que l'on cherche, c'est la connaissance de la dialectique autrement, la rhtorique n'a d'autre base qu'une aptitude aventureuse
;
conjecturer, laquelle on se flatte de donner par l'exercice une sret qu'elle ne peut avoir 2 Que dans cette direction
.
Socrate Callicls dans le Gorgias, 5o6 c sqq., serait un chantillon de ce dernier genre de discours et nous en aurions de mme un canevas dans Plidon 9,4 d.. A.u surplus le Phdon tout entier serait
un
trs bon exemple de cette varit dans le discours tour tour on y trouve le plaidoyer, la confidence historique, le sermon rconfor:
n'ont pas
la
foi,
1'
;
lvation , la
dmonstration dialectique,
et, selon que Socrate parle Simmias ou Gbs, on sent qu'il mesure le ton sur la qualit diffrente de leurs mes (Notice du Phdon, p. xvi). I. Cf. p. cxlvi. Voir sur ce point Paul Shorey, <>udt, u.sXsT7), stc a tt| txTj dans les Transactions of the American philological Asso-
l'apologue,
le
mythe
ciation, vol.
a.
XL, 1910,
p.
i85-200.
Cf. Gorgias 463 a ( comparer avec avec Philebe 55 e sq., 57 e sq., 58 a-5p, c)
Phdre 260 e
si
et
surtout
la dialectique est
pour
cm
la
PHDRE
route soit longue et pleine de circuits, il n'importe si elle mener certainement au but, au lieu d'tre un ttonnement d'aveugle et de n'y conduire que par l'effet d'une
doit
heureuse fortune (272 c db. d; 270 de). Quant au but, il connu c'est une psychagogie lgitime. Les caractres du discours qui la constituent attestent assez que ce but est atteint. Ce discours en effet n'aborde pas le sujet avant de savoir s'il ne recle aucune ambigut il dfinit exactement il n'en la question (cf. a65 d) poursuit l'analyse qu'aprs assur que ceux qui l'coutent sont l-dessus s'tre d'accord avec lui il dduit avec ordre et en accord
,
est
avec lui-mme (ibid.) tout ce qui rsulte de la dfinition ainsi pose et accepte; bref il ressemble un tre vivant
ment
(a63
plus,
solidaires
les
comme
de l'ensemble
De 269 en suivant cette mthode , autrement dit cette surtout route, on donne l'me une vritable culture condition de renoncer, sinon en vue de la satisfaction d'avoir fix ses mditations passes, la vanit d'immobiliser la vie du discours dans une composition crite condition de le considrer au contraire comme une semence vivante qui, seme dans une me propre la recevoir, y germera pour produire ses fruits et ainsi, indfiniment, ensemencer d'autres mes. On voit ainsi quel est l'aboutissement de la route par laquelle nous mne la rhtorique philosophique, art de parler et de penser (266 b) c'est l'enseignement, mais non pas un enseignement fig et dogmatique c'est au contraire celui qui suppose la recherche en commun et un effort vers la vrit, qui est dans l'esprit du disciple aussi vivant et aussi fcond qu'il l'est dans l'esprit du matre. C'est qu'en effet, comme on l'a vu (cf. p. cxli), les liens d'un amour inspir les unissent l'un l'autre.
a-c,
264
c,
277 bc
cf.
III.
La dialectique.
sommet de
Le fondement de
des arts,
il
la
rhtorique
l'exactitude au
la hirarchie
y en a cependant
qui, au moins sous ce rapport, en approchent des degrs divers, soit dans une certaine faon de les pratiquer, soit par une de leurs subdivisions ; mais la rhtorique n'est aucun de ces arts, telle que
Gorgias
la
premier de tous.
NOTICE
philosophique, c'est donc Phdre dont l'examen de
la
cliii
dialectique.
De
fait,
dans ce
rhtorique constitue le cadre, se trouve la description la plus labore et la plus prcise que Platon ait jamais donne de sa mthode, celle qui selon
la
...
Parmi
chose dans l'universalit de son essence, mais sans en ngliger les espces, la considration des espces tant justement, ou
bien ce qui nous fait apercevoir les diffrences qui, progressivement limines, laisseront comme rsidu l'essence gnrique, ou bien ce qui nous aide reconnatre que l'essence
en cause a vraiment la gnralit que nous lui avons attribue ; enfin existence relle et substantielle de l'objet de ces notions,
sensibles
qu'elles
elles
sont d'une
la
dnomment, indpen-
damment
aussi de l'aspect
Or
l'affirmation de la transcen-
dance de ces
a Ides est dans le Phdre plus dcide que nulle part ailleurs. Qu'elle s'exprime sous la forme mythique du lieu supra-cleste , cela ne peut s'interprter, semblet-il,
l'intention chez
*.
Platon de
Mais
il
y a en outre
dans le Phdre un expos, qui y est mme par deux fois repris, d'un certain aspect de la mthode sur lequel Platon n'avait
pas jusqu'alors explicit sa pense. Peut-tre cet aspect tait-
impliqu dans d'autres exposs, dans le Phdon par exemple (101 e db.) ou surtout dans la Rpublique (VI 5n bc cf. V 454 a)- Mais Platon insistait alors principalement sur le mouvement ascendant de sa dialectique, celui qui doit aboutir un terme inconditionnel ou non dpendant (l'vintdeTov),
il
;
que
des Ides (i3o b sqq.) est besoin d'tre expliqu, la seconde partie le suggrait, c'est la liaison de ces Ides spares avec ce qui en dpend et entre elles.
Parmnide est antrieur au Phdre, du dbut contre la sparation tenue pour ngligeable; ce qui a encore
Si le
la critique
cliv
et le
PHDRE
mouvement de
descente,
s'il
y tait
fait allusion,
n'appa-
raissait
il
l'autre. Ici
devient, sous le nom de division, le dialectique, sans lequel celle-ci ne serait, comme dit le Parmnide (i3o ab), qu'un lan enthousiaste vers l'intelligila
bilit pure. Or ce n'est pas tout de s'envoler ainsi vers les hauteurs les plus sublimes ; il faut en outre tre capable de
redescendre ensuite jusqu'au point d'o l'on a pris son vol. e le Phdre (260 a-266 c, 273 _ ,,, D'aprs r ' Deux procds. ,> ,,, N
,
.
deb., 277 b), la dialectique comporte deux dmarches, dont chacune a une fonction qu'il s'agit de
dterminer techniquement, c'est--dire comme procd d'une mlhode. Le premier procd consiste rassembler (eruvayorpi) ce qui est dispers un peu partout, en l'embrassant d'un coup
d'oeil
(cf. p.
l'unit
72 n. 1), et ramener ainsi cette multiplicit d'une forme ou, comme nous disons, d'une
tju'a t'SIa, e 4 sv :i xoivff etSo;, rsuxo; eISo?, b5 8v xai. kr. rcoXXa keuxo; e!8o. Le texte de cette dernire formule est, il est vrai, controvers (p. ^3
1.
366
a 3
n. 1). Si l'on adopte la leon des mss., dont l'altration s'expliquerait d'ailleurs aisment, la formule apparat du mme type que la prc-
dente, sauf que Platon cette fois insiste sur ce point que, dans sa
nature, l'unit atteinte doit tre prcisment l'unit de la multiplicit considre. C'est ainsi que parat avoir compris Hermias (236, 6) :
choses .
...l'homme qui est capable de poser son regard sur la nature des Mais ce qui est mon sens dcisif, c'est la comparaison
avec Philhbe
doctes
car c'est
hommes
cet endroit Platon raille les (cf. i5 e) de ce temps-ci, qui font un comme cela se trouve , un danger de s'lever une gnralit trop ample et qui ne
iesq.
serait pas de nature recouvrir (resux 7:1) la multiplicit que seule on envisage. Il est clair en effet que, si on a commis celte faute
initiale
contre la nature des choses, la division fera dcouvrir des espces qui seront prises par erreur pour les espces du genre, mais qui en ralit supposent une gnralit beaucoup plus leve et plus
NOTICE
d db.
;
clv
cf.
277 b 6
et
262 b
fin)
il
La seconde dmarche
dans
et elle cherche reconnatre quelles formes sont enveloppes sa nature et dpendent de cette nature ; on dcoupe
l'unit selon ses articulations naturelles, autrement dit selon ses espces 4 L'unit dont il s'agit est en effet comparable
.
d'un tre vivant le dcoupage ne doit donc pas se faire l'aventure, mais selon la division naturelle des membres, dont l'ensemble solidaire exprime la constitution de cette individualit vivante. De mme que nous y voyons une semcelle
:
blable partie, il, oreille, bras, jambe exister droite et exister gauche, de mme, aprs avoir dit indistinctement que l'amour est un dlire, nous nous sommes aperus que,
aprs avoir dans le premier discours vilipend l'amour en tant que dlire, on l'a dans le second lou au contraire, et encore en tant que dlire. Or cette faon de passer du blme l'loge
l'intrieur d'une forme cependant commune (cf. 265 a, c), est particulirement instructive. Elle montre que, dans cette
forme commune,
espce droite
et
:
il
doit y avoir
et
une
un
dlire
humain
et
un
dlire divin,
un amour
qui est une sous-espce de cette premire espce de dlire, un autre amour qui est une des formes comprises dans la
seconde espce. Cette seconde espce comporte d'ailleurs des sections, dont tout le monde admet qu'elles en sont des
s'agit
(244 a sqq., 265 b) ce qu'il de faire en tablissant que l'amour droit est un amour inspir des dieux, c'est d'introduire en elle une subdivision de plus. Cette spcification, ajoute Platon, devra se poursuivre
manifestations particulires
; ,
jusqu' ce qu'on ait atteint l'espce indivisible (277 b) ou, ce 2 car qui revient au mme, la forme de la chose envisage
1.
a,
(Sur
dans tudes de philosophie ancienne, p. 6a) veut indiquer que l-dessus le Phdre n'apporte aucune nouveaut, est tout extrieur. A cet endroit il est en effet question, d'une faon trs gnrale, de l'action de couper, puis de l'action de brler, mais pour signifier enfin que l'action de nommer ne peut se faire n'importe
porte quel instrument.
a.
comment
ni,
non plus,
l'aide
de n'imla
On
comment
se fait le passage
IV. 3,
de TBo,
clvi
PHDRE
dans cette forme on n'aperoit plus de contrarit, donc plusde diffrence pouvant donner lieu un sectionnement. Elle est le dernier chelon de la descente. Ainsi les deux dmarches seraient lies comme la monte et la descente. Mais, comme la monte s'est souvent faite d'un hond dans la direction de l'unit qu'on suppose tre au sommet et sans tenir compte de tous les degrs qu'il doit y avoir entre ce sommet et la base laquelle est accoutume notre exprience, rien n'assure que nous ne nous sommes paslancs dans une fausse direction. Il faut donc que, partir de notre point d'arrive, nous cherchions maintenant sous nos
un premier appui, puis un autre aprs celui-l, et ainsi de suite jusqu' ce que nous retrouvions notre base initiale. C'est la solidarit mme de ces deux dmarches que Platon se dit fermement attach, la solidarit du a rassemblement qui unifie et de la division qui dtaille (266 b; cf. 273 e db.). Ceux qui sont capables de faire l'une et l'autre sans les sparer, ceux-l, dit-il (266 c fin et 269 b), tort ou raison dialecticiens . La raison de cette jusqu'ici je les appelle des dnomination est suppose dj connue c'est qu'elle se fonde essentiellement sur l'emploi du dialogue on le voit dans le Phdon (73 a, 75 d, 78 d; cf. p. 12 n. 1 etp. 3i n. 1) quoique le mot dialectique ne soit pas prononc, mais plus clairement encore dans le Cralyle (390 c ; cf. aussi Mnon 75 d) o
pieds
: ;
c'est
soit indispensable la
explicitement dfini. Que le dialogue premire des deux dmarches, les dialogues de jeunesse, avec les inductions qui y sont le but d'une recherche en commun, suffiraient le prouver. Pour se convaincre d'autre part qu'il n'est pas moins ncessaire
par
qu'il est
nature essentielle de
la chose, forme ou Ide , 6tSo r a l'espce , qui signifie galement une dtermination formelle, mais conue comme dpendant d'une autre forme, moins diffrencie
et,
par consquent, plus leve, le genre. Ajoutons d'ailleurs que, dans la langue de Platon, le rapport logique de yvo; et de 6i8o n'est pas constamment le mme que celui, dans nos langues modernes,
des termes genre et espce
tion
:
ainsi, dans le Time (57 c, d), il est quesqui sont des subdivisions de certaines e'St) (espces) langage trs naturel si l'on se reporte au sens originaire, car ce sont proprement des Jamilles qui sont issues d'une souche
de
fvr\ (genres)
;
commune,
Ph.
laquelle est la
forme
n. 1.
initiale, le type
de
d. Gr. II 1*, p.
626
NOTICE
la
clvii
et
au
Politique.
L'insistance avec laquelle est souligne dans le Phdre l'importance de la division, la place qu'elle tient dans les deux dialogues qu'on vient de nommer, tout cela suggre qu'en ce point le Phdre apporte
la
et le
peut-tre le Philbe, crit tardif lui aussi, qui commente avec le plus de prcision (i5 c-18 d, surtout 16 c-e) la pense de notre dialogue. Enfin le XII e livre des Lois (963 a sqq.,
surtout 964 a, 960 b-d, 966 a) en est encore une illustration par la faon remarquable dont il applique au problme
Un double mouvement de pense part d'une multiplicit confuse et indtermine, mais dans laquelle on a aperu une certaine
moral
la
mthode de
division.
est envisag.
On
diversit spcifique que signale notre attention une certaine contrarit il y a donc l quelque chose qui dj nous lve
;
au-dessus
du point de vue de
la
perception sensible
2
.
Or, en
essayant de surmonter cette contrarit, on s'lve une unit dtermine, dfinie, et qui doit tre assez large pour envelopper en elle les deux termes de la contrarit en ques-
de sorte que, du point de vue suprieur o on s'est Mais on peut s'tre tromp il est en n. 1) que cette unit soit trop effet cliv, possible (cf. p. tendue, que par consquent elle ne soit pas l'unit naturelle dans laquelle se fondra la multiplicit considre. Il faut donc revenir sur ses pas, et cela progressivement, en observant un ordre rgulier de conscution et en dnombrant exactement les tapes. A la place de la multiplicit indtermine du dbut, on se trouve maintenant en face d'une multiplicit dfinie, celle qui est faite de toutes les diffrences,
tion, lev, celle-ci disparatrait.
;
diffrences analogues la contrarit par laquelle initialement la rflexion avait t mise en branle, qui auront successi-
vement
1.
t aperues
s'tait lev
Bud)
les
schmes de divi-
3n.
connu de
Cette ide est mise en bonne lumire par un morceau trs la Rpublique VII a.'i a-.") 3 5 a, surtout 5a4 a, d.
clvih
PHDRE
donneront
lieu constituer des
espces distinctes. On poursuivra de la sorte jusqu' ce qu'on arrive une forme dans l'unit de laquelle on n'apercevra
par consquent, un progrs dans la spcification c'est l'espce indivisible. Au del, l'unit se perdra dans l'infinit des existences individuelles, qui ne se distinguent plus les unes
:
donc on en revient, mais par degrs, la multiplicit confuse de laquelle on avait dans le premier moment tent de s'vader. C'tait en effet un essai il fallait en contrler la celle-ci est donc le valeur, et c'est le rle de la division procd capital de la dialectique en tant que mthode de la science. Du sensible on est all vers l'intelligible, et c'est par l'intelligible que l'on revient au sensible; d'un terme l'autre la dialectique se meut donc continuellement dans le
:
:
plan de l'intelligibilit, et c'est ce que dj disait la Rpublique (VI 5 1 1 bc) mais sans s'expliquer suffisamment utiliser les Ides mmes, en laissant de ct le sensible, pour aller aux Ides par le moyen des Ides et, en terminant, aboutir des
:
Ides.
quand on dit de la dialectique qu'elle est la mthode mme du savoir en tant qu'elle fait place la division, il faut bien s'entendre. Cela n'est vrai en effet que d'une aspiration vers le savoir,
.
Toutefois,
confondue (278
savoir ne saurait tre 2o3 e Banquet sq.). Si la division consiste dduire le sensible en faisant le compte des intermdiaires qui le sparent de l'intelligible, n'est-ce pas le signe d'une renonciation de l'intelligence, puisqu'en atteignant l'espce indivisible elle avoue son impuissance spcifier
mme du
du sensible n'est peut-tre qu'une du c'est--dire de l'intelligible, mais c'est dfini, complication une complication rebelle toute dtermination et devant
davantage?
L'infinit
laquelle
l'infini et le fini
vient chouer l'intelligence humaine. Bref, entre il n'y a de commune mesure que dans cer-
taines limites.
Autrement
dit,
phie , ni dfinitivement
subsiste
un
pour qu'il y ait une philosoqui ne soit jamais entirement faut que toujours de l'infini
Platon,
NOTICE
eux
indiqu que c'tait l une dnomination provisoire. Est-ce dire que, l'ayant jusqu'alors employe, il veuille dsormais y renoncer? Non sans doute, puisqu'il s'en sert encore comme d'un terme technique dans le Sophiste, dans le Politique et
mme du Phdre qu'elle quand il cherche quel nom convient l'homme qui pratique un art de la parole fond sur le savoir, c'est un autre nom qu'il propose, celui de philosophe (278 cd). Qu'il y ait cette substitution un motif
dans
le Philbe. C'est l'intrieur
est provisoire, et
de
fait,
p. ce
laquelle je viens d'insister. Ainsi, la dialectique serait philosophie en tant qu'elle est, comme l'amour, une aspiration toujours renaissante, un effort vers le savoir et qui se renouvelle incessamment de mme que, de nature, il y a dans
:
un
lan int-
indfectible (cf. Banquet 2o3 c-204 b), ainsi la philosophie, comprise comme elle doit l'tre, comme
la science des hommes libres (Sophiste 23 c), est une chose vivante et fconde, pour qui les checs auxquels elle se sait promise seront toujours la raison de nouveaux efforts. Peut-
tre est-ce
spiri-
tuel et de la philosophie, pour avoir fait de celle-ci une chose dfinitive et l'objet d'un enseignement fig, qu'Aristote
mconnu la dialectique de son matre. Il l'exclut en effet du nombre des sciences auxquelles, des degrs divers, il rserve le nom de philosophie . Dans le groupe des sciences qu'il
a
qui tudient les conditions de la crapense, discours ou pome, la dialectique reprsente pour lui la science architectonique : c'est qu'elle est, dit-il, celle du vraisemblable et du persuasif. Quoi
a
nomme
potiques
et la
tion d'une
uvre de
la
Rh-
torique et sur la Potique d'Aristote, il n'en est pas moins vrai que, par l, Aristote a compltement trahi la conception
platonicienne d'un art de parler qui se fonderait sur un savoir rel, unissant de faon ncessaire la connaissance du beau
et
du
vrai celle
_ ,_ ,.
du
juste et
Il
du bon.
propos de
l'art
du ralisme
et
peut que cette conception soit chimrique. Le problme qu'elle pose de parler, c'est en somme le problme gnral de l'idalisme dans l'art, et souvent Platon a
se
clx
t
PHDRE
rendu responsable des
vices de l'art idaliste, de ce qu'il a Or, ce qu'il a voulu dans le cas dont l'art de la parole en il s'agit, c'est qu'on ne ft pas consister artifices conventionnels propres produire l'illusion et dnaturer la ralit des valeurs morales ; c'est que, au lieu de s'appliquer imiter le travestissement qu'inflige ces
d'artificiel et d'abstrait.
valeurs
une
vie sociale
corrompue, on
ft
effort
pour en
imiter la ralit vraie, en se donnant toutes les peines imaginables pour la chercher et pour la dterminer par la pense avec exactitude. Qui voudrait lui en faire un grief? Il Ta
dit,
il
dans le Phdre mme, avec une force admirable (2^3 esq.) ne s'agit pas de parler de faon complaire aux prjugs et aux mensonges de la socit dans laquelle nous vivons ce qu'il faut, c'est chercher inlassablement la vrit et avoir le courage de la dire par l se justifie la pnible longueur d'un si grand effort, et celui-ci communique aux discours qui en sont les fruits sensibles la beaut de l'idal vers lequel
:
il
tendait.
IV. Interprtation historique. Quelles que soient les diffrences de l'attitude actuelle de Platon l'encontre de la
rhtorique, compare celle que manifestait le Gorgias, c'est
encore une opposition trs vive. Ceux qui estiment que dans le Phdre elle s'est considrablement attnue, que Platon y
distingue entre l'cole sicilienne et une cole attique dont Gorgias serait le chef et pour laquelle il aurait plus d'indulgence, ceux-l n'ont gure d'autre raison de le penser que
final adress Isocrate, lve de Gorgias. justement une question de savoir si c'est bien un compliment. Or on ne peut, sans ptition de principe, juger de l'attitude prsente de Platon en se fondant sur un passage dont l'interprtation est subordonne ce jugement mme. Il faudrait en outre savoir de faon certaine si c'est
le
compliment
c'est
Mais
rellement contre
le
mene
milieux
la
bataille.
littraires
du
iv* sicle n'est ni assez complte ni assez prcise. Faute de pouvoir tablir avec quelque assurance la relation chronologique des uvres, nous ne pouvons, sans risquer de nous fourvoyer compltement, faire l'histoire des polmiques dont ces uvres portent la trace. Sur ce point encore le
mme
NOTICE
dates
ctxi
d'aprs l'opinion qu'on s'est faite sur le sens de la polmique, tantt c'est la date, gratuitement suppose, qui sert fonder cette opinion. Une seule chose ici n'est pas c'est que la douteuse critique de la rhtorique dans le Phdre suppose de multiples relations et que l'histoire de ces relations nous est trs mal connue. Peut-tre est-il impossible de ne pas en effet mler quelque hypothse une simple exposition des donnes du problme, tel qu'il se prsente dans le Phdre on laissera du moins de plus perspicaces le mrite de le rsoudre.
:
Notre dialogue nomme ple-mle (266 en j\ j* j 26 7 c cf. 261c d) une dizaine des matres de la rhtorique et, dtachs de
en
cette numration, Lysias ds le commencement et jusqu'au voisinage de la fin, Isocrate dans la dernire page seule-
ment, d'une faon d'ailleurs tout fait imprvue et sans que jusqu'alors son nom ait t une seule fois prononc. D'autre part, cette numration associe des hommes d'poques trs
diffrentes et dont le rle dans l'histoire de la rhtorique n'est, semble-t-il, ni du mme ordre, ni de la mme impor-
tance
manifestement,
ici
c'est l'esprit
de
la
intresse
sive de
l'Art.
chacun de ses protagonistes au dveloppement de peut donc penser qu'il a surtout affaire la rhtorique telle qu'elle se pratique et s'enseigne au temps o il crit et, par consquent, aux rhteurs alors les plus en vue. Souvent il a l'air de n'employer les noms propres que pour donner l'argumentation une couleur individuelle ici, c'est Lysias ou un autre (258 d, 273 c, 277 d); l, Tisias ou tout
On
expressions analogues propos de 271a); ou bien encore une citation, qui sera ensuite dclare littrale, est cependant introduite dans les termes les plus gnraux, comme reprsentant le langage de ceux qui s'occupent de cela (272 esqq., 273 a); mais une autre, par contre, est un peu plus loin mise expressment au compte de Tisias (273 b c). Passons l'examen des noms qui composent l'numration mme. Pourquoi l'un des premiers est-il celui de Zenon, le Palamde d'le , le hros subtil qui serait due l'invention de la dialectique ? Difficilement on croira qu'en lui
;
autre (273 c)
ailleurs,
c,
Thrasymaque (266
clxii
PHEDRE
un
reprsentant de la rhtorique pas davantage, la controverse chicanire et vide des
;
Platon voie
rhteurs une dialectique srieuse, qui s'est mise au service d'une philosophie qu'il critique sans la repousser tout entire Zenon, c'est en effet le dfenseur du vnrable
:
Parmnide
ces
S'il lui
(cf.
Parmnide 128
donne cette place, ne serait-ce pas plutt qu'il songe une autre dialectique, la sienne? Mais la dialectique de Zenon a donn naissance une ristique, la dispute philosophique ou l'escrime rhtorique (par exemple dans l'crit de Gorgias Sur le non-tre), peut-tre mme, dans son pays
la chicane judiciaire. Or ce sont des tares sa auxquelles dialectique chappe, et la rhtorique qu'elle doit fonder sera d'une autre sorte. Ce sont ensuite les prod'origine,
cds classiques de la rhtorique qui, au hasard de la rencontre, lui suggrent les noms des matres (cf. p. 74 n. 2). Or les uns sont des Sophistes qui furent rhteurs, soit qu'ils
appartiennent,
comme
,
vnus
A la vrit, l'activit de Gorgias, sous l'influence, dit-on pard'Empdocle, s'tait dj certainement exerce en Sicile avant son ambassade Athnes en ^27. Quant la date de sa mort, pour la placer en 376 ou 370 comme on le fait d'ordinaire, on s'appuie sur la tradition qui le fait vivre cent sept, huit ou neuf ans. Ne peuton supposer cependant que cette tradition se fonde sur une mauvaise lecture PZ (107), au lieu de I1Z (87)? Confusion facile si, comme il arrive dans les anciennes critures, le second jambage du II tait dans l'original plus court que le premier. La mort de Gorgias se placerait ainsi aux environs de 3g6. Par suite, on viterait d'tre oblig de croire que le Gorgias a t crit alors que vivait encore le grand Sophiste. Et surtout, cela permettrait d'expliquer que dans le Banquet (198 c), dont la composition se place sans doute vers 384, Platon
fois,
:
fasse dire Socrate (par anachronisme, il est vrai, se place en 4 16) que le discours d'Agathon lui a
mmoire
tte
2.
futur la
mme
le
nomme
comme
Illia,i4i36i3
mpris de certaines nouveauts que sa Rhtorique avait introduites dans la terminologie usuelle (ibid. i3 fin) et note enfin que, d'aprs
NOTICE
listes
GLxin
la
plus dnis del pure rhtorique et, particulirement, de technique du plaidoyer, comme Tisias lequel n'a peut-tre pas, autant qu'on le veut parfois, le rle d'un initiateur *,
(celui dont le nom revient le plus souvent) qui tait vraisemblablement dj connu Athnes avant que Gorgias y vnt, Thodore de Byzance enfin, qui parat avoir t un vieux contemporain de Lysias. Si maintenant, par
Thrasymaque
on tente de marquer
le
la filiation
des
Phdre, sont
les protagonistes
de
rhtorique, c'est Tisias qu'on rattachera Lvsias, mort vers 385, et Gorgias, Isocrate qui est encore en vie. Notez enfin qu' l'numration il manque deux noms importants
2 d'Antiphon de Rhamnonte qui, contemporain de aurait t son lve et qui prit en [\i i ; Gorgias, cependant celui d'Alcidamas, autre disciple de Gorgias et son successeur, dit-on, la tte de l'cole, contemporain de Platon et rival d'Isocrate, un rhteur dont nulle part Platon n'a prononc le nom et que pourtant il a cit au moins une fois 3
celui
ou la sonorit qui fait la beaut d'un mot (2, i^o5 Suivant Hermias (a3g, ia), il aurait appris Polus la distinction des mots en primitifs et composs, mots de mme famille,
b 7).
mots
1.
de la rhtorique en Sicile, Gorax qui, peut-tre encore aprs Empdocle, passe pour tre l'initiateur. Or Corax n'est pas nomm par Platon, moins qu'il n'ait voulu, comme le pensait Thompson, suggrer son nom dans le passage de 273 c (cf. p. 85 n. 2) le corbeau (corax) symboliserait cet 11 est esprit de rapine duquel est issue la rhtorique judiciaire.
c'est
en
(cf.
1^0), rapport par Platon la par Aristote (Rht. II 24, i4oa a 12-20) celle de Corax et qu'il l'a t, par le mme Aristote (i&id. 23, i^oo 68-16), celle de Tho!
dore de Byzance Tout cela rend sceptique l'gard de Corax comme auteur authentique de la te^vtj en question, aussi bien d'ailleurs qu' l'gard de toute attribution qui ne concerne pas une
poque rcente.
dans le Mnexne (236 a) comme un trs Etant admis qu'il serait l'auteur des Ttralogies, qui seules intressent l'histoire de la rhtorique, il n'y a pas se demander s'il est distinct (ce que je ne crois pas) d'Antiphon le Sophiste, dont on connat d'autres crits. 3. Banquet 196 c (cf. p. 52 n. 1 et Notice, p. lxviii n. 1). Il est
2.
Platon
le
nomme
-clxit
PHDRE
J'observe simplement Je fait, sans prtendre en rien infrer quant aux motifs de ce silence.
Ceci dit, envisageons les parallles qu'on peut trouver entre les thmes du Phdre et ceux de la rhtorique contemporaine. La plupart me semblent tre d'une signification mdiocre par rapport la position chronologique rciproque des crits en cause et, par consquent, peu dcisifs sur la question des emprunts. Dans un milieu restreint, o certaines questions sont au mme moment sur le tapis, il est fatal que reviennent les mmes expressions sous la plume de divers auteurs, et une revendication de priorit en faveur de tel ou tel semble par l-mme
fort
compromise. De plus,
la
fait
touchent peu le fond mme de la pense. Entre tous ces parallles celui dont on fait le plus volontiers tat est celui qui concerne la supriorit du discours vivant sur le discours crit. On sait assez ce que Platon
entend par
sujet le
lu sq., p. cxli, p. clii). Or, quel est ce de vue d'Isocrate? C'est qu'il y a des inconvpoint nients exposer ses ides quelqu'un dans une lettre ou tout autre crit et que le tte--tte est prfrable (cf. Phdre 275 e 3) si en effet celui qui on s'adresse n'est pas instruit de quelque point ou qu'on ne l'ait pas convaincu, on pourra
l (p.
:
alors lui expliquer ce qu'il ignore ou rpondre ses objections et, de la sorte, dfendre ses ides (cf. Phdre 275 e 5,
276 a 6)
fait
mais, si l'on n'est pas l, c'est une assistance qui dfaut autant au correspondant qu'au lecteur lui-mme
;
(Lettre
crite,
que manque cette assistance (270 e 5, 276 e 9, 277 a 1, 27806). La pense d'Isocrate est encore que ce qui manque l'crit pour tre persuasif, c'est
telle,
2 sqq.).
Pour Platon
c'est
l'uvre
de l'orateur, l'accent de sa parole, l'appui des conjonctures (xaipot') et de l'intrt qu'offre prsentement pour un auditoire l'affaire dont on lui parle ;
l'autorit personnelle
aussi,
l'crit
ajoute-t-il,
n'a-t-on pas
tort
de
surtout voir
dans
l'excution (it'Bst;i) et
possible que dans le Thtete il y ait une rponse A. Dis, Autour de Platon, p. 417 n. 1.
Alcidamas
cf.
NOTICE
<l'une
le
clxt
commande , tandis que les choses srieuses exigent discours parl (Philippe 25-27). T ces dclarations semblent avoir pour but principal, dans l'intention d'Iso-
crate, de prvenir cette objection que, puisqu'il s'est avr incapable de devenir un orateur politique, autrement dit un
homme
par
l
mme
public, les questions srieuses de la politique lui sont interdites. Quant Alcidamas, il avait
expressment envisag question dans Sur ceux qui crivent des discours ou Sur
la
un
les
trait spcial
sophistes,
l'authenticit est aujourd'hui gnralement admise et lequel, en tout cas, on s'accorde voir une attaque contre
Isocrate. Or le point de vue d'Alcidamas n'est pas moins loign de celui de Platon, en dpit d'analogies d'expression plus nombreuses. Les gens qu'il vise, ce sont ceux qui
dont dans
mettent leur
faire
fiert
plement parce qu'ils sont aussi impuissants parler que le premier venu. Ils ne comprennent pas qu'crire n'est qu'un amusement (iratBt cf. 2760-6, 277 b, 278 d) et un passe;
temps
celles
que
la
le
de
peinture
de
la
parl est anim, vivant, adapt aux choses (cf. 275 d, 276 a 9) ; que cependant on peut, en certains cas, user de l'crit
oomme
d'un miroir o l'on contemplera plus aisment ses progrs passs (cf. 276 d). Gardons-nous donc de nous mettre l'cole de gens qui sont seulement des faiseurs de -discours, mais non des matres (ffocptaxai) capables, ainsi
qu'ils le promettent, ralit de la
infrieure (Sur les sophistes 1 cf. 12). sq., i5, 27-30, 32, 35 ; Sur ce dernier point la suite offrira l'occasion de revenir
A plus forte d'autres rencontres analogues. Ainsi, les trois crivains sont d'accord pour affirmer la ncessit d'adapter le discours aux
circonstances dans lesquelles
il
clxx sqq.). semble donc tre nullement raison en serait-il de mme pour
p.
se produit (xatprf;).
Mais ce
qui, chez Isocrate (Contra Soph. 12 sq., 16 et al.) et chez Alcidamas (3, 9 sq., 22, 28, 33 sq.), est plutt une agilit saisir l'occasion et profiter de conjonctures accidentelles,
signifie chez
Platon
clxvi
PHDRE
une connaissance
relle des genres d'me et des genres de discours qui y correspondent (2710-2728, 278 e). Les trois conditions qui, d'aprs le Phdre (269 d), sont ncessaires pour devenir un orateur accompli se retrouvent chez
Isocrate
(C.
Soph. 17 et
l
cf.
i4 sq.
Antidosis
186-189).
commun, et il n'y a pas matire qu'un parler d'emprunt, de l'un quelconque des deux l'autre. Au surplus ces trois conditions, Platon les a remplaces, on l'a vu (p. cxlvii sqq.), par trois autres, dont le caractre est nettement technique. De mme, la logographie est condamne par Platon (257 c-28 d), par Isocrate (Antidosis 2 4o-2, 48 fin cf. C. Soph. 20) et par Alcidamas (Soph. 3). Mais ce n'est pas dans le mme esprit Alcidamas cherche atteindre Isocrate o le bt le blesse; celui-ci proteste que,
lieu
Mais ce n'est
ruin, il n'avait pas d'autre moyen d'existence Platon enfin estime qu'en soi l'acte d'crire des discours n'aurait rien de blmable s'il ne se faisait avec une telle malhonntet
;
(272 de, 273 bc). Beaucoup d'autres exemples encore pourraient tre cits 1 qui feraient apparatre, sinon la fragilit,
,
1 Rapprochement entre la politique et la rhtorique Phdre 258 bc, 377(1, 3780,0; Antidosis 79-83. Platon dit que les choses dont il parle sont grandes et srieuses, et, d'un autre ct, que ses crits ne sont qu'un jeu, et il n'attend pas la fin du Phdre pour le dire (26a d 2, a65 c 1, 8 sq.). Or Isocrate observe (Hlne ii-i3)
.
qu'il est bien plus facile de jouer avec les grands sujets que de les traiter avec le srieux qui leur convient. Isocrate (Hlne 64) parle
dans
termes que Platon de la palinodie par laquelle Il Stsichore, insulteur d'Hlne, a obtenu que ft leve sa peine. fait remonter (f/Z. 67) la guerre de Troie l'origine des arts et des philosophies (entendez de la rhtorique). Platon voque (261 b)
les
mmes
que Nestor
et Ulvsse ont
composs Le reproche
sous les
d'tre
un enseignement de
rhtorique auquel fait dfaut la pratique (269 a-c), peut tre retrouv chez Alcidamas (25 sq.), sans doute contre Isocrate. Lysias, dit Phdre (228 a 1), a pris tout son temps pour crire son
discours. Alcidamas (4, 10) le dit, exactement dans les mmes termes, de tout discours crit. Quand une partie d'un crit, dit encore ce dernier (i), a t trs soigne, elle fait l'effet d'une
ne vaut pas
dclamation d'acteur ou de rhapsode. Et Platon de son ct dit qu'il la peine, ni qu'on l'crive, ni qu'on le rcite la faon
NOTICE du moins
connatre
l'inutilit
le
clxvii
pour mieux
Oppositions.
Il Y a, par contre, un avantage positif : . i i noter les points sur lesquels une diver :
i-
gence
se manifeste
on
en quoi
elles consistent.
voit ainsi
o sont
les
Une premire
extrieure en apparence, mais fort importante en un temps o le mtier salari dconsidre celui qui l'exerce, apparat
propos de
faisait
la
rtribution de l'enseignement.
;
Or
Isocrate se
payer
et,
comme
nombreux, il avait gagn un grosse fortune (Antid. l\i, 86 sq., i5q sq.). Platon, riche personnellement, ne demandait au contraire de contribution aux lves de l'Acadmie
que pour
l'entretien
de
l'cole. Si cette
contribution n'avait
pas t plus modeste que le salaire exig par les matres de rhtorique, pourquoi attirerait-il railleusement l'attention
sur les dons que, pareils des rois, ceux-ci daignent accepter de leurs disciples (266 c) ? De son ct Isocrate s'excuse, quand il reproche ses rivaux de dprcier un
enseignement auquel ils attribuent une si haute valeur, en le donnant si bas prix et en affectant de prfrer l'immortalit tous les biens
de
la terre (C.
Soph.
[\,
7,
3 fin
cf.
Busiris
qui
1).
Evidemment il s'adresse
gtent le mtier , et on peut penser qu'en fait il vise spcialement Platon. Au reste, si l'cole d'Isocrate cote
cher, faut
du moins n'y reste- t-on pas plus longtemps qu'il ne sa mthode est la plus expditive qui se puisse et la
plus dgage de toute superftation oiseuse (Antid. 271). Une telle prtention se retrouvait vraisemblablement chez
d'autres Matres. Toujours est-il que Platon la relve comme on sait (272 b-d ; cf. p. cxlvi et p. cm). Que main-
tenant on envisage en elle-mme cette mthode Isocrate est fort embarrass pour dfinir la place qu'y occupe l'invention
:
et
pour en caractriser
le rle.
Sans doute
est-ce certains
de
ses mules qu'il s'en prend, quand il rejette la comparaison de la rhtorique avec l'ducation de l'orthographe ce sont,
:
dit- il,
toujours les
mmes
lettres
la
fin).
d.
damas (34)
et
Phdre 269
clxviii
PHEDRE
est
rhtorique
technicien
un
art
crateur.
ses
yeux,
le
meilleur
est celui qui, parlant comme l'exigent le sujet et les circonstances, sait renouveler un sujet ; qui est capable
d'inventer
celles
une faon de le prsenter diflrant entirement de il saura notamauxquelles on a eu recours avant lui
;
ment
il
rapetisser ce qui est grand et grandir ce qui est petit ; donnera l'antique (par ex. la politique de Thse) un-
de nouveaut et ce qui est nouveau un air d'antiquit Pang. 8; cf. Hl. 35 sq.). Or, on doit reconnatre que c'est difficile lorsqu'on parle sur un sujet connu que ce talent est avant tout un don naturel, lequel peut la vrit se dvelopper par l'ducation (Hl. i3; ci. Philippe 8l\ fin, C. Soph. i4 sq.). Mais finalement ce pouvoir de cration se rduit choisir dans chaque cas les formes oratoires (tSou) les mieux appropries, les mlanger entre elles et les ordonner ou les arranger comme il faut, en donnant la langue du rythme et de l'harmonie, sans tomber pourtant dans le style potique (C. Soph. 16 sq. ; Antid. 46 sq. vagoras 8 sq.). Chacune de ces thses impose le souvenir de quelque proposition du Phdre, qui en est l'exact contrepied. Qu'on interprte comme on voudra cette symtrie dans le contraste: je me borne la constater. Ainsi, ce n'est pas de sa faute si Socrate a abus du style potiqne (257 a) quand sur le sujet on a dit ce qu'il y a dire, il est bien inutile de le reprendre sous des formes diffrentes et se croire alors mme de dire autre chose, c'est le fait r non pas du meilleur technicien, mais d'un crivain au-dessous mme du mdiocre s'il n'est question que de tourner les
air
choses autrement,
c'est simple affaire d'arrangement et il n'y a pas l la moindre parcelle d'invention (a34 e-235 b, d236 a), pas plus qu'il n'y a de mirifique dcouverte changer
p. cxlvi).
aussi nette
que profonde
quoi doit avoir gard l'orateur ou l'crivain ? est-ce l'opinion de ceux qui l'coutent ou le lisent, la 8^a ? est-ce au
savoir et la connaissance
du
entendre le
langage que Platon fait tenir la Rhtorique et aux rhteurs, la rponse ne saurait tre douteuse Apprenez, si vous vou:
lez,
du
connatre la vrit parce qui s'appelle lesavoir que ce soit moins au commencement, et sans vous attarder une tude
:
NOTICE
clxix
qui ne vous servira absolument de rien pour apprendre persuader. Si c'est en effet la persuasion qui est le but de l'orateur, il n'y a que nous pour en enseigner l'art. Or le principe
de la persuasion n'est pas du tout la vrit c'est la vraisemblance, telle enseigne que, si le vrai est invraisemblable, il vaut mieux le taire et que, au contraire, le vraisemblable peut
:
de
la ralit
du
vrai. C'est
la vrit
beaucoup moins
a,
utile
de connatre
gens qui l'on s'adresse a-c 277 e db.). de Tout 273 (260 272 au contraire, d'aprs Platon, s'il y a un homme qui il appartienne, et encore seulement pour s'amuser, d'employer
quelle peut
362
la parole garer ses auditeurs, c'est uniquement celui qui sait la vrit (262 d). Ce qui prtend tre indpendant d'un tel savoir, et par consquent la pure instruction rhtorique,
voil ce qui en ralit ne saurait tre rien de plus qujune prparation ce qu'il est ncessaire d'apprendre (269 bc). Interrogeons prsent 1' honnte Isocrate. On verra sans
peine que la thse qui, selon Platon, est celle de la Rhtorique et des rhteurs, c'est justement la sienne il se contente d'en dissimuler les consquences scandaleuses. Pareil en cela
:
au
Callicls
consacrer
qui s'intitulent a philosophes , mais ne pas s'y desscher Gomment de pareilles mditations serviraient-elles jamais la conduite de nos affaires ou de celles de l'tat ? Il n'y a rien l (exception faite du profit qu'y trouvent les
l'esprit.
gens qui en font commerce !) qu'une gymnastique de l'esprit et une prparation des tudes plus srieuses et les seules qui soient utiles (Antid. 261-269, 285). Les gens qui se livrent des occupations de cette sorte et qui se flattent de possder
le savoir sont incapables de donner le moindre conseil pratique on a bien raison de les mpriser comme des diseurs de riens et de tenir leurs tudes, sans rapport avec la cul:
ture de l'me, pour un vain bavardage (ooXea/t'a ; cf. Phdre 270 a db.). Ceux qui en jugent ainsi sont au contraire
sens, qui
le
au lieu de
;
faire des
embarras
qui prfrent la prtendue rigueur d'un savoir vide les opinions gnralement reues. C'est un enfantillage de croire qu'elles puissent tre remplaces par
des paradoxes auxquels personne, sauf des trs jeunes gens
monde
clxx
n'ajoutera foi
c'est
;
PHDRE
ce
de
la virilit
dans
;
C. soph. 8, 17; Hl. 1, 5, 7, 11 ; Antid. Panathnaque 234 d sqq.). C'est pourquoi il est indispensable, si l'on veut tre persuasif, de ne rien dire qui heurte
vrit (Nicocls 4i
84
les
le
opinions accrdites. Bien plus, on doit les utiliser pour succs de la cause qu'on soutient : ainsi, ce qui est reu
tre
pour
celui
une
dont on
fait l'loge
;
Busiris 4).
La dnomination
de philosophe.
lo P in on
j
>
Cette opposition j ,, d
du
,
>
e le7riaxr
iR
vrai savoir et de j 1 ^ /
et
de
la oo;a,
s'exprime d'une faon particulirement significative dans la dnomination que, de l'un et l'autre ct^ on revendique pour l'enseignement. Rappelons tout
d'abord
cien
comment au
lois,
Phdre (278 c-e) oppose son dialectirclame pour celui-ci, non pas le nom de sage ou de savant, mais celui d'homme qui aspire la sagesse et au savoir, celui de philosophe parfois, comme
de textes de
;
le
comment
il
si
une quivoque tait craindre, il spcifie que le philosophe dont il parle est celui qui l'est a loyalement , dignement et au sens droit du terme 4 Or ce nom est
.
celui
que
se
donnait Isocrate, et
les
il
serait fastidieux
de men-
tionner tous
lui philosophie . C'est du reste un qu'Alcidamas (2, i5) lui reproche de s'arroger, sans cependant douter lui-
nom
1.
bien
ici
Ainsi dans le Phdon, p. ex. 64 b 9, 67 d 6 et e 3, 69 d 1 ; ou a4g a 1 (8oXw), 261 a 4 (xavw;); comparer la droite
conception de l'amour des jeunes gens (opOco; 7tat8paaTtv) du Banquet an b 6. Ordinairement c'est le contexte qui dtermine
l'acception dans laquelle le terme est employ. C'est ainsi que la comparaison de 289 a 4 avec b 4 permet de penser que, dans ce dernier endroit, la philosophie dont il est question, toute divine qu'elle est, n'est pas entendue en son vrai sens, mais en un sens rhtorique, puisque c'est du point de vue de la rhtorique que Socrate conoit son premier discours. Peut-tre en devrait-il tre de
mme
182 c
pour
1,
1
la
83 a
1.
NOTICE
clxxi
mme,
la
semble-t-il,
rhtorique.
c'est
mthodes
lirement
rivales
que philosophie soit le vrai nom de Puisque ce titre tait disput par deux de culture, ce qui nous intresse particu-
de savoir sur quelles raisons lsocrate appuyait La connaissance absolue de ce qu'il faut dire ou faire est, disait-il en substance, impossible la nature humaine. Aussi la sagesse (cocpi'a) consiste-t-elle pratiquement dans le bon sens (^pow^t;), une certaine rectitude de jugement qui, dans la plupart des cas (w lui to tzoXu)), permet de trouver l'opinion qui vaut le mieux. Cette justesse d'esprit, quoiqu'elle soit le plus souvent un don naturel, peut tre nanmoins acquise, doit en tout cas tre cultive ce qui se fait, avec toute la rapidit possible, au moyen de certaines tudes et pratiques, auxquelles le nom de philosophie sera lgitimement rserv culture de l'me analogue ce la culture du qu'est corps par le moyen de la gymnastique (Antid. 270 sq., 181). Ainsi, au lieu d'tre un effort, qui n'est jamais entirement content, vers un savoir toujours suprieur au plan humain, la philosophie serait une mthode toute pratique pour s'lever ce qu'il y a, dans ce plan mme, de meilleur par rapport aux croyances communment
sa revendication.
:
reues. Quant la philosophie des soi-disant philosophes, lsocrate l'englobe tout entire, comme fait Platon pour la
hostilit.
rhtorique des rhteurs, dans le mme mpris et la mme Sans doute, au dbut de l'loge d'Hlne, fait-il des distinctions. Mais, si elles sont obscures pour nous, on peut
se
prcision.
si elles avaient dans sa propre pense quelque Disputes logiques, recherches sur la nature des choses, tude de la gomtrie et de l'astronomie, enseignement scientifique de la vertu et de la politique, prtention
demander
d'atteindre la vrit, tout cela est mis ple-mle. S'il est certain qu'Antisthne et les Cyniques sont viss, s'il est trs
probable que les ristiques de Mgare le sont galement, il n'est gure douteux d'autre part que Platon, surtout aprs la fondation de l'Acadmie, ait t pour lsocrate un concurrent plus redoutable qu'aucun des philosophes et qu'aucun autre parmi les matres de rhtorique. Quand donc lsocrate
parle de disputeurs
ou
d' ristiques
qui se targuent de
chercher
la vrit et puis,
;
des mensonges
quand
il
clxxii
PHDRE
controverses par demandes et rponses ' ; quand il dit de tout cela, aussi bien que des spculations sur la Nature, que c'est
il
que Platon ne soit pas compris dans cette rprobation. Isocrate ne peut consentir qu'il dcore du beau nom de philosophie une tude dont l'ambition n'est
utilit ni
d'aucune
pour
la
2
.
Mais, dit-on, cette hostilit contre le Les relations perde l'Acadmie n'a pas toujours r * sonnelles d Isocrate ., ., , Antistnene est pour tous les existe et de Platon deux l'ennemi commun le Discours contre les Sophistes tmoigne de mnagements l'gard de
^r
.
Platon. C'est un tmoignage, vrai dire, qui n'est pas d'une vidence aveuglante en jugerait-on de mme si l'on n'tait pas obsd par le compliment final du Phdre ? On fait en
;
outre
tat de
Larce,
l'appui desquelles il nomme ses autorits fait Platon une visite dans la maison de
Isocrate aurait
campagne de
ce
;
dernier et leur entretien aurait port sur les potes (III 8) Speusippe, le neveu de Platon aurait le premier donn la clef de ce qu'on appelle les secrets d'Isocrate (IV 2).
Mais,
s'il
est vrai
que
Macdoine 3 on y verrait un indice d'hostilit plutt que d'amiti de la part des Platoniciens A Quant la premire assertion, elle est
tions d'Isocrate dans son attitude envers la
.
Le Parmnide et le Sophiste pouvaient-ils tre considrs autre1 ment que comme des dialogues ristiques par un esprit aussi rebelle
.
spculation philosophique que l'tait celui d'Isocrate? Au surplus, ristique n'avait sans doute pas pour lui l'acception historique dfinie que nous lui attribuons.
la
le
mot
2. Sur tout cela, voir C. Soph. 1, 3, 6, ai ; Hl. 1-10; 45, 84, a^8, 266, 269, 274, a85 Panathn. 29.
;
Antid.
Speusippe
(si la
XXX*
Lettre Socra-
primitivement hostile. Cf. H. Gomperz, op. cit., p. 3g G. Mathieu, Les ides politiques d'Isocrate, p. 1 54 sq. 4. Parmi les ouvrages de Speusippe, Diogne mentionne d'ailleurs (IV 5) un Contre l'pdp-zvpos (le discours sans tmoignages), dont
tique est de lui),
;
qu'il visait le plaidoyer d'Isocrate qui porte ce sous{Contre Euthynos). Cf. Banquet, p. xu n. a et ici p. xiv, n. 1 : Antisthne l'aurait aussi critiqu dans son Isagog ou Lysiaset Isocratetitre
on peut penser
NOTICE
clxxiii
vraisemblablement une fiction de Praxiphane, qui en avait fait le sujet d'un dialogue de sa composition. En fait, il parat difficile que Platon ait pu avoir beaucoup de sympathie pour l'homme et l'crivain qu'tait Isocrate ce sont deux esprits dont la structure et l'orientation sont diamtralement opposes. On s'est donn une peine infinie pour
:
essayer de prouver qu' Isocrate ne doit pas tre reconnu dans le personnage hybride dont Platon avait fait le cruel portrait
dans son Euthydme (3o5 c-3o6 c cf. la Notice de L. Mridier i33 sqq.) peut-tre se refusera-t-on aussi voir dans le discours du Pausanias du Banquet une parodie de la manire
;
p.
d'Isocrate (cf. ibid. Notice, p. xLsqq.) ; peut-tre n'est-ce pas non plus lui que devrait se rapporter, contrairement ce que je crois (cf. ibid.), le passage de la Rpublique (VI 498 c
sqq.)
qui
de Thrasymaque qui est prononc. Ce que, dans YAnlidosis (qui est de 354/3) Isocrate parle d'ennemis cachs derrire ceux qui l'attaquent ouvertement, peu prs comme, dans l'Apologie,
c'est le
nom
du moins
Socrate parle d'Aristophane dont les calomnies ont de longue date fait mrir l'accusation dont il est l'objet. Or il
y semble bien avoir en vue une hostilit ancienne et tenace, non pas celle de quelques rhteurs dont il n'a plus craindre la concurrence, mais celle de rivaux qui ont su acqurir sur la jeunesse et dans le public une autorit dont il l'esprit de y a lieu pour lui de s'alarmer ils sont passs matres dans les discours ristiques et en mme temps ils s'occupent de gomtrie et d'astronomie ce sont eux qui ont t les
; :
agresseurs et sur son compte ils ont toujours quelque mchancet dire ; sans que leur orgueil soit tout fait injustifi,
il
l'est
s'agit
cf. 243-2^7). Bref, il cependant (Antid. 257-261 d'ennemis qu'il est impossible de traiter par le ddain.
;
Le Phdre, dans
L'loge d'Isocrate
ses
* im tout solidaire, apcontre la donc comme un rquisitoire rhtorique d'Isoparat crate '. Tous les autres Matres dont il est question et l
,
la fin
du Phdre.
tj es et
,
un
1.
Thompson (173, 178), qui pourtant fait jusqu'au bout de ce que semble appeler Que la comparaison d'Isocrate avec Lysias ft,
clxxiv
PHEDRE
ne sont nomms que pour donner le change sur l'intention Bien plus, si l'objet principal semble en tre constamment Lysias, c'est qu'une aversion personnelle se
essentielle.
(cf. p.
xix sqq.)
pas, pour donner au trait final sa vritable valeur, de meilleur artifice que de concentrer l'attention tout entire sur l'homme que le public littraire se plaisait mettre en parallle avec Isocrate. Tout au long du dialogue, c'est le nom de
que devait attendre le lecteur du temps, et il n'tait Ce lecteur ne pouvait cependant question que de Lysias si tout ce manquer, qui a t dit plus haut est vrai, de
celui-ci
!
ressentir quel point s'appliquaient mal Lysias la plupart des observations de Platon, quel point au contraire elles portaient contre Isocrate. La brusque apparition de son nom
quand
loge,
l'avait
la lecture est dj presque acheve, l'inattendu d'un tout cela lui rvlait enfin que son sentiment ne
:
pas tromp le compliment n'tait qu'une nasarde, et, dans un clat de rire, il devait savourer la malice de l'effet comique ainsi obtenu. Examinons au reste les lments de l'loge d'Isocrate.
a des dons naturels suprieurs. En effet, c'est ce qui, nous l'avons vu, est ses yeux la condition fondamentale de l'loIl
quence; mais qu'est-ce que cela, pour Platon, sans la philosophie entendue comme une recherche dsintresse de la Il vrit ? y a dans son caractre une particulire noblesse. Or c'est justement ce que sa vanit solennelle ne cesse de
proclamer; mais, quand on a gagn tant d'argent enseigner par quels adroits mensonges il est possible de duper autrui, suffit-il pour tre cru d'affirmer qu'on est honnte? Vient ensuite le pronostic sur ce qu'on peut dans l'avenir attendre d'Isocrate quand il aura un peu vieilli. Mais, quelque date qu'on place la composition du Phdre, du moment qu'on renonce en faire un crit de jeunesse, certainement alors Isocrate est dj un vieillard chacun est donc mme d'apprcier si ces merveilleuses promesses ont t tenues et si, malgr l'tude et l'exercice, la supriorit de ses dons
une pointe
s'ajoute
ici
cela arrivera,
mme
un indice
la fin de ia
NOTICE
si
clxxv
son loquence s'applique encore aux mmes objets que maintenant. C'est rappeler discrtement Isocrate, devenu professeur d'loquence et auteur de discours d'apparat, des
dbuts dont prsent il rougit et son ancienne carrire de Mais peut-tre ces succs crasants, que logographe . le progrs de l'ge doit assurer Isocrate, ne lui suffiront-
ils pas ; peut-tre un lan plus divin le portera-t-il plus haut encore. Ne serait-ce pas une allusion la prtention qu'a eue Isocrate d'tre le conseiller de la politique athnienne,
l'intrieur
comme
l'extrieur?
Le Pangyrique d'Athnes,
vers 38o, en fut la premire manifestation. Que peuvent valoir au regard d'un Platon, btisseur de la Cit future, de
telles
tier
ambitions chez cet homme qui n'est qu'un vieux roude la chicane judiciaire et des artifices rhtoriques?
si
On
Isocrate atteint
un jour
la
sorte de philosophie
logographe, qui vient d'ouvrir son cole, publie le discours Contre les sophistes (3g i/o), aurait pu trouver matire honorer srieusement Isocrate du compliment qui termine le Phdre.
VII
TABLISSExMENT DU TEXTE ET APPARAT CRITIQUE
Des quatre manuscrits qui ont t utin ,, r> pour le Phedon et le Banquet, trois seulement contiennent le Phdre il manque en effet dans
Manuscrits.
<
,
lises
i.
On
connat le
i3, kl
Haec de aduIl
lescente Socrates
auguratur,
ajoute
question est
de Platon, si l'on n'aime pas Isocrate. Mais plutt de savoir si Platon pouvait l'aimer.
clxxvi
le
PHDRE
Vindobonensis 21,
1
.
Entre
et
:
il
existe,
pour notre
assez gnral 2 ainsi, tous deux ont faute absurde, iuyfju^t, l'ascription dea4'3d5 la d'autant plus singulire qu'elle y est l'ita tant ici dans
dialogue,
un accord
mme
le
alors
il
244 b
yp.
aprs Tu;i.apTupa<jat,
W un
no tou dvdjxaTo, qu'on retrouve pareillement dans la marge de T ( la vrit, ni dans un cas ni dans l'autre, il ne semble tre de la main mme du copiste) 272 a 2 ils
crivent tous
celui
deux de 261 a 4, o
touoS.
revanche, un cas comme a w v, tandis que T a l'w <x*v semne dpend pas directement de T. En
En
en ce que, pour
la
dsinence de
la
du sing. de l'indicatif prsent moyen, il crit Il est noter enfin constamment au lieu de et. que
y)
2e pers.
(<E>
de
de Burnet), mais qu'il en semble tre pareillement indpendant 270 a 5 Siavota V, vot'a 370 d 7 274 d 3 -rv V, 'v outo) V, aTcp *.
Bekker,
:
Quatre papyrus nous ont conserv desdu texte du Phdre. Le premier et le plus important, dcouvert en 1 906 au verso d'un acte d'achat de terrain (n 1016 5 des Oxyrynchus Pap. de Grenfell et Hunt, vol. VII p. 1 15 sqq.), est du premier tiers du 111 e sicle de notre re. Le dbut du dialogue jusqu' a3oe 4 s'y trouve dans un tat parfait et avec d'excellentes leons ainsi, 228 b 5 7rvu rt, 7 Ewv [x^v, 229 e 4 ta TOiaixa,.
Papyrus.
dbris
1.
a.
Voir Phdon, Notice p. lxxix sq. et ici la Table des Sigles. De quelque faon qu'on doive l'interprter cf. Alline, Histoire
;
suis abstenu d'en faire chaque fois mention dans l'Apparat. Il s'ensuit, bien entendu, que dans plusieurs cas il est dlicat de dcider quelle a t sa leon. Ex. a5o c 7 a5i d 5 IxuTT), a5a a 7 gyYUTctTw, a56 e 5 awcppoauvr] 8vt)tt}, tAVfxT),
:
379
4.
a 9
pfxT)
0totlpa.
il
Pour V je me fie aux collations de Burnet, mais qu'elles ne soient pas plus exactes que celles de W. 5. Sur ce Papyrus et le suivant, cf. Alline, op. cit., p.
(o l'on trouvera
la
se
peut
I/J4 n. 2-
rfrence
un important
article
de
la
Revue de
NOTICE
clxxvii
a3o b 7 oi ysDcouvert en mme temps que le prcdent, le second (n 1017, p. 127 sqq.) serait un peu plus e ancien, peut-tre de la deuxime moiti du 11 sicle, mais il apporte moins de variantes dignes d'attention. Il a t,
plus certainement que l'autre, l'objet d'une revision, dont tmoignent des corrections dans l'interligne ou en marge 2 (indiques dans l'Apparat par Oxy. ) et l'addition parfois ou d'accents. Sauf une d'esprits grosse lacune de a4o d 5 a 45 a 5 et quelques autres moins tendues (notamment de 2/16 c 6 2^7 d 2 et de 248 c 1 25o b 2), il contient le texle de 238 c 6 25 1 b 3 Le fragment contenu dans e le troisime (n 2102, vol. XVII peut-tre de la fin du 11
1
.
beaucoup plus court, 242d-244d. C'est trs probablement un reviseur qui a ajout dans ce papyrus les signes diacritiques, la ponctuation, l'indication du change-
sicle) est
ment
en
11
e
d'interlocuteur.
le texte.
Il
ancien (premire moiti du pour mais plus bref encore (266 b i-5, d i-e 3), est le dernier qui appartient Columbia University (n 492 A ; dsign dans l'Apparat par Pap. G ) et qui a t publi par G. W. Reyes dans Y American Journal oj Philology (vol.
tirer
sicle),
n'y Plus
L, 1939, p. 260-262)
2
.
Tradition indirecte.
tout
fait
....
...
de
La question du recours n
.
,.
mme
la tradition . , , ,
quet. 11 y a lieu de distinguer entre celle qui, alors le cas, provient de citations et celle que nous
comme
c'tait
devons au
le
1. Les mots n'tant spars ni dans l'un ni dans l'autre, les signes d'lision le plus souvent omis ainsi que l'ascription de l'ita muet, on est parfois incertain du texte. Ex. : a3o d 5 a46 a 6 eotxetciiSt).
L'ita long est constamment crit e: (ainsi xivr <ji). 2. Je dois l'obligeance de mon collgue Paul Collart d'avoir
(
[xesXst,
connu
3.
les
deux derniers.
Exception faite de deux lacunes, l'une qui porte sur le texte de a3a e 4 a34 d 1 (p. 3g, 7 Couvreur), l'autre au cours d'un long dveloppement sur a45 c d (p. 108, 1), mais par laquelle n'est pas interrompue la consculion de l'exgse du texte lui-mme.
clxxviii
PHDRE
Ce commentaire reprsente la tradition noplatonicienne de 1 interprtation du Phdre. Avec Proclus, Hermias (deuxime moiti du v e s.)
avait t
n'ait fait
l'lve
de
Syrianus,
et
il
est
possible
qu'il
en l'enrichissant de ses propres rflexions, des leons de son matre sur notre dialogue. Ces leons semblent avoir eu la forme, alors commune dans les coles, de la diatribe ou de l'entretien quelque part en effet (92,6-8), Hermias parle d'une difficult souleve par Proclus et de la solution qu'en proposa le or, d'aprs une scholie, sans doute philosophe ancienne, qui est rpte en marge de trois bons manuscrits, ce serait Syrianus. C'est plus haut encore pourtant que,
la vrit
selon toute probabilit, on devrait remonter jusqu' Jame blique (deuxime moiti de iv s.), dont Proclus (Theol. Pla:
IV 16) mentionne expressment un commentaire sur le Phdre, auquel du reste Hermias lui-mme fait plus d'une Il allusion l n'y a pas lieu de parler ici des ides d'Herton.
.
de son commentaire un chantillon en a (p. xxx n. 2), sur lequel toutefois il ne serait pas quitable de fonder une condamnation globale. Le fatras certes n'y manque pas, ni le pdantisme, ni mme la sottise. Mais, pour en dclarer fausse toute l'interprtation, il faudrait d'abord avoir prouv que les Noplatoniciens n'ont radicalement rien compris Platon que notamment ils ont eu tort de se servir si souvent du Time pour faite. Mais interprter le Phdre. Or cette preuve n'est pas ce qui maintenant nous importe, c'est seulement la contribution d'Hermias l'tablissement du texte. Elle est d'une valeur critique indniable par les lemmes qui donnent les premiers mots de chacune des petites sections entre lesquel-
mias ni de
l'esprit
donn en passant
il divise le texte; par des notes dtaches qui expliquent certains des termes du passage ; par l'insertion de tel ou tel
les
cf. aussi 1^3, 23 sqq., 1. Notamment 9, 9 sq. et 21 5, 12 sqq. Sur tout ceci, cf. Am. Bielmeier, Die Neui5o, 24 et 200, 28 sq. ihre Eigenart, platonische Phaidros interprtation ; ihr Werdegang und ig3o, dans les Rhetor. Studien de E. Drerup, fasc. 16 (REG XLV,
lui D'aprs l'auteur, Jamblique et ceux qui dpendent de sont, par rapport Plotin et son cercle, les reprsentants d'une
p. 116).
du dialogue
NOTICE
;
clxxix
mot du texte au cours d'une paraphrase par la reprise de membres de phrase entiers par des citations faites et l en dehors de la suite du texte. Il lui arrive mme, propos de 249 c 6 sq. (p. 171, 3a sqq.), de signaler qu'il existe du
;
passage quatre variantes, dont l'une a ses prfrences puisqu'il en fait son lemme. Entre les citations constitues par
les
gse,
lemmes et celles que fait Hermias au courant de son exune distinction s'impose dans ces dernires il pouvait
:
mme
lettre
exactitude. J'ai
al, place en
nom
de
ses
lemmes.
que j'ai dit dans la notice du Phlxxx sqq.) sur la forme usuelle de la tradition indirecte, je voudrais ajouter quelques remarques dont l'tude de cette tradition pour le Phdre a t Il n'est certes l'occasion. pas douteux que souvent les auteurs citent de mmoire. Mais, quand en plusieurs endroits un mme auteur cite de faon diffrente, on peut se demander si l'on est en prsence d'une variation de sa mmoire ou
ce
don
(p.
d'une variante relle, en rapport avec l'utilisation de copies diffrentes. C'est ainsi que le passage de par 246 e 4 [/.iv 8yj jxeyoc Tjyefjuov ...Zeu; est cit deux fois par Plutarque. Or, dans les Quaestiones conuiuales VIII 3, 5 722 d, son texte: b yp Bv) fiiya Tiyejxojv ...Zeu est trs voisin du dans le Non posse suauiter uiui secundum Epicurum, ntre 22 1102 e, il crit bien 6 [xv, mais il omet Stq et, ce qui
bien
lui
; ,
pourtant qui s'loigne le plus de notre texte celui qui a le plus l'apparence d'une citation textuelle. On peut donc se demander si l'omission de Yiyejxwv n'y est pas le tmoignage d'une tradition
importe davantage,
ces
il
omet
^yejAtov. C'est
un
fait
que de
celui
diffrente.
De mme
lit:
25od 4:
:
es/exat
aiffTjffewv.
o Plutarque ne
parat pas citer mais se souvenir (Aqaa an dx'.v ignis utilior i3, 958 e), il crit (ou eT<tiv) atar^ecov ; mais l o il semble citer textuellement (Quaest. conuiu. III
6,
4 654e), on
dlicat est
pystat
relle
Ta9r,[i.!XTo.iv.
Ce dernier mot
manuscrite
si
serait-il
une variante
Plutarque
de
la tradition
;
Moins
le cas
de 243 d 6
Apparat)
crit
glxxx
PHDRE
endroits (Quaest. conuiu. VII 5, 4 706 c! et De esu carnium II 3, 998 a) o il retient notre 7toxXuffa<r6at sont ceux o il
parat citer la lettre. Autre observation.
.
Une phrase du
<L irat, ..vaY**] est cite par trois commentajrgpt Trave, teurs d'Aristote avec des dformations au moins partiellement
identiques. Philopon (fin du v s. et dbut an. 33, 21 et 43, 8 Hayduck), David (fin 9, 21 ellsag. gb, 18 Busse), Elias (fin du
et Categ. 127, 7 Busse),
s., Isag. l\\, 4 lieu de tgT [asXXoikji xaX (ou1 to" x. fi. , 'tou au lieu )*U<Tae, s'accordent crire itepl
vm
au
de
irept ou,
to
7tavTo;
au
lieu
de
7tavr';.
Tandis qu'aprs
otou Philopon a notre texte, les deux derniers donnent une commune variante oriv x^t. Sans doute est-il possible:
-Jj
qu'lias ait copi David ; mais, puisqu'ils s'accordent aussi avec Philopon, une autre tradition, peut-tre dans quelque
florilge scolaire, n'est pas invraisemblable.
ment
(I
Enfin un passage du Phdre, 238 b 9-c 3, est textuellecit par Denys d'Halicarnasse dans le De Demosthene i4o, i4 Usener et Radermacher) et dans la Lettre Cn.
(II
1
Pompe
les diteurs
signalent l'accord complet de la seconde citation avec notre texte, tandis que la premire comporte quatre variantes (cf.
Apparat). Nous serions donc manifestement ici en prsence de deux traditions manuscrites qui auraient t tour tour
suivies par
Denys et dont l'une aurait prdomin dans les manuscrits mdivaux 2 Mais la diffrence des deux textes est purement apparente, et elle a t fort bien explique par les derniers diteurs de Deny3. Les manuscrits de la
.
transport Demosthene. Or, en voulant combler cette lacune, ce n'est pas au texte de ce dernier trait qu'Henri Estienne a eu
recours, mais son propre Platon. dsaccord de citations 3
.
citation
Il
n'y a donc
ici
aucun
(in
La seconde fois Philopon a pourtant tw uiXXovxt. SimpliciusAr. Phys., 75, 3 Diels) lit notre texte. 2. Il y en a des exemples dans Stobe, mais qui intressent des1
. ;
cf.
ad a3g b
3.
La
liste
NOTICE
.
.
.
clxxx*
du Phdre sont Les ditions spciales r j n moins nombreuses encore que celles du Banquet. J'ai utilis celles de Friedr. Ast (1810, i83o), de Stallbaum (2 e d. 1857) et surtout celle de W. H. Thompson, The Phaedrus of Plafo with english notes and dissertations
Editions etc.
.
L'dition de J. G. Vollgraff 2 professeur l'Universit d'Utrecht, est purement critique et, trs souvent, extrmement hardie. Comme je l'ai fait pour le Banquet et au risque
I868
le surplus,
Commentateurs grecs
depuis la publication tionne l'dition dont je me suis servi que pour les auteurs au sujet desquels cette indication n'a pas t fournie dj par les ditions du
Phdon
(p.
1).
Aristote
(De anima, Apelt, bibl. Teubner ; Mtaphysique, W.-D. Ross 192/i); Cicron (C. F. W. Mller, bibl. Teubner) ; Denys d'Halicarnasse (Usener et Radermacber, ibid.) ; Heraclite le Stocien (Allgories
homriques,
Mehler
i85i)
;
Herms,
bibl.
Teubner)
;
d'Aphrodise (In Ar. Topica, Wallies, Coll. de l'Acad. de Berlin ; De an., Ivo Bruns, ibid.) Albinus (Jntroductio in Platonis Dialogos, Lucien vol. VI du Platon de K. Fr. Hermann, bibl. Teubner)
;
(Jacobitz, ibid.); Hermogne Plotin ; Origne; Clment d'Alexandrie Eusbe ; Jamblique (in Nicom. arithm. introd., Pistelli, ibid.) ;
;
Stnsius
Kroll
de an.
Aristnte
Jean Stobe
;
Berlin)
in Crat.,
Strianus (in. Ar. Metaph. Hermias Proclus (in Rempubl., Teubner) Jean Philopon (in Ar.
;
;
Simplicius
(in
Ar.
David (Prolegomena
(in
et
in
;
in
Porphyrii Isagog,
Busse, ibid.)
Elias
Porph. Isag. et
Categ.
Busse, ibid.)
;
Photius
1.
Nigphore
A.necdota
graeca de Bekker.
Socrates
On the erotic discourses oj Prface; Introduction; Appendix I II On the philosophy oj Isocrates, and the relation to the Socratic schools III The Eroticus oj Cornlius Fronto.
;
Platonis dialogus qui inscribitur Phaedrus, ad optimorum librorum, codicis Bodl. praecipue, jidem recognovit, Leyde, 191 2. Le texte du Bodleianus (B) y est reproduit en face du texte tabli par l'diteur.
2.
On y trouve galement le recueil des scholies et un recueil de* corrections proposes au texte. Au bas de chaque page sont rassembls les Testimonia.
clxxxii
PHEDRE
d'allonger
tions
abusivement l'apparat critique, j'ai voulu, non pas seulement y rappeler les principales conjectures ou correc-
dont le texte a t l'objet', mais y donner aussi une 2 image de celui qu'ont imprim les diteurs les plus rcents
ont t rares, par contre le nombre est considrable des tudes qui ont t consacres telle ou telle des questions que pose le Phdre. Or, on a pu s'en rendre
Si les ditions
sition
compte, il y en a beaucoup et d'espces trs diverses compodu dialogue authenticit de Yrlicos de Lysias rle du mythe et conception de la dialectique aspects particuliers de la thorie des Ides ou de la doctrine de l'me attitude de Platon l'gard de la rhtorique ou l'gard de ceux qui l'enseignent, spcialement en ce qui concerne Isocrate, etc. Les
:
bibliographies classiques, par exemple celle de J. Marouzeau, plus accessible au lecteur franais, ou la bibliographie sp-
du Phdre dans le manuel d'histoire de la philosophie ancienne (Grundriss der Geschichte d. Philos, des Altert. d'Ueberweg-Prchter, fourniront aisment des indications) qu'il et t trop long de donner. On trouvera dans le premier chapitre de la dissertation (cite p. xxvi n. 3) de
ciale
Les conjectures de Gottfried Hermann sur le texte proviennent i des notes marginales de son exemplaire du Platon de Heindorf, qui est la bibliothque de l'Universit de Cambridge. C'est Thompson
.
fait
Dans
l'Apparat critique,
de cet auteur et Richards 2 , de nouvelles remarques publies par lui en iqi5 dans le Classical Quarterly (p. 2o5 sq.). 2. J'ai procd en cela comme pour le Banquet (cf. p. cxvn n. a)
Richards dsigne
;
sont donc signals seulement quand leur texte n'est pas celui que j'ai adopt, sans que je m'astreigne d'ailleurs les nommer sparils
J'ai nglig
l'exception d'un seul (exe), tous sont du mme avis. de signaler que Rurnet et Vollgraff, d'accord en cela, comme on l'a vu (p. clxxvi), avec la copie du Phidre dans W, e adoptent constamment la dsinence tj pour la 2 pers. sing. de l'indic. prs, moyen. D'autres particularits orthographiques de peu d'im-
ment quand,
pour
vuv
;
87J,
Rurnet
les
et Vollgraff crivent
constamment
vuv8tj
pour
ut, te;
mmes
Ge
;
du temps, crivent
;
pour l'augment des verbes commenant par eu pour enfin l'emploi du au lieu du a dans les mots composs avec ouv pour le v ephelkystique. Sur ces deux derniers points j'ai suivi la rgle que je m'tais fixe pour le Phdon (cf. Notice p. lxxxv).
Go;,
NOTICE
clxxxih
Z. Diesendruck ou dans le livre de A. Dis, Autour dePlaton (surtout p. ioo sqq., p. 4oo sqq.) des exposs qui permettent d'avoir un aperu des conflits d'opinion auxquels le Phdre
a
donn
lieu.
Le
les
texte
que j'imprime est, comme dans deux autres parties de ce tome IV,
:
mme que je traduis c'est--dire que, sans jamais usage des crochets droits, je rejette l'Apparat les mots ou membres de phrase dont l'interpolation m'a paru, ce qui
celui-l
faire
est d'ailleurs trs rare
*,
tout
fait
incontestable.
le texte
2
.
De mme,
J'ai
dans
une transposition
adopt
qui
me
semblait amliorer
la suite
des ides
3 plusieurs corrections proposes par mes devanciers ; en face autres sans certaines non de j'ai hsit, regret *. De moi-mme
i. a5i c 3 rapt ta ouXot, malgr les mss. et contrairement aux autres diteurs, cf. p. 45 n. a ; 257 d 9 toute la phrase explicative
de fuxs yxiov, cf. p. 56 n. 3. 2. 229 d 1 sq., transpos entre b 5 et 6 cf. p. 5 n. 2. 3. 228 b 6 Se Tj>, correction d'H. Estienne, adopte par Thompson et Vollgraff 24 1 d 5 as txsaoOv, avec Hermann, au lieu de ys [xeaouv
; ;
des mss. et des autres diteurs, ce verbe s'employant en effet ordinairement avec un sujet de personne (ex. Banquet 175 c 7) et le
complment d'objet au gnitif 244 d 7 svt xtai, correction suggre 249 d 7 xs xat plac devant ^poutAoixsvo;, avec par Thompson
;
Spengel, au lieu de l'tre devant vanTspojfxsvo 6, cf. p. 4a n. 3 255 c 8 va^Xripiaav, avec Heindorf, car, si le courant a fait l'me de nouveau aile (vaicceptoaav codd. Eusbe), on ne comprend plus
; ,
dont il est ensuite question 258 a 1, sans accepter la suppression de avSpd propose par Bergk et qui ne parat pas indispensable, j'adopte sa correction av-{yp[Lp.azos au h eu de auyypauiiaTi, codd. 260 b 9, en outre de arpaTsta; au lieu de aipatiS (d l'arme), j'adopte avec Burnet et Vollgraff le -p6$ y' htyy.zh de Thompson, au
l'effet
; ;
lieu
du
rrpoaEVyxv
;
d'excellentes raisons
(cf. p.
des mss., contre lequel celui-ci a apport 260 c 3, en accord avec un passage du Philbbe
61 n. 2), j'ai crit comme Burnet ysXoov xat tXov, ce qui parait avoir t le texte d'Hermias et rpond en tout cas son interprtation (220, i5 sq.).
k'jova
244 e 3, quoique le aijv s/ovxa d'Aristide ou le su sauTj de Bichards pussent tre tentants, j'ai cependant gard le tv iauTrj yovxa des mss, en donnant ce dernier mot le sens de (astI253 a 6 je n'ai pas os /ovTa, comme dans dipe Roi, v. 709 suivre Geer en crivant Atovaou au lieu de At;, mais cette correction me semble nanmoins trs probable, cf. p. 48 n. 1 (49)4.
;
clxxxiv
j'ai rtabli,
PHDRE
dans
la
discours de Lysias, la conformit du texte avec celui qu'il lit la seconde et la troisime fois *. En plusieurs cas, en revanche,
le
tre
maintenu 2
Dans d'autres
-que je
me
suis dcid
i Puisque Phdre lit et relit son cahier, il est peu naturel qu'il y lise une fois yevoij.*viov totcov (23o e 7), et, les deux autres fois, toutwv yevouivtov. La divergence n'existe d'ailleurs que dans B. a. a3a d 7, avec Burnet je repousse la correction de Heindorf 0' ujt'
.
,
xei'vwv
au lieu de
ut'
d'avoir russi dans son entreprise aura des satisfactions d'orgueil voir qu'on recherche le jeune garon qui a cd ce mrite et se
ne font aucun cas de sa conqute (cf. p. lxvi n.) ; a36 c 3 je garde zv\a.6i\Qr\-zi qui est dans tous les mss. et, avec T, je lis la 1. a tva 81, en coupant la phrase ce 8 me parat en effet rpondre au uiv de la ligne avant, aprs e!
sentira personnellement insult par ceux qui
:
rpond c 7 un autre impa38 a 6 xExX9Ja0ai, que lit aussi Stobe, me parat devoir tre prfr la leon de B xEx-rjaat quand on a une passion dominante ou qu'on est possd par elle (a 5, b a sq.), on est appel d'un certain nom sur a45 d 3 et e 1, cf. p. 34 n. tj a t Notice p. lxxvii sq. a46 a 6, cf. p. 35 n. a il n'y a pas de raison de prfrer la leon des mss. loixl xw 8t{ ou 8rf tu la variante oixtw StJ ; a48 b 6 8r), donn par les signale dans T et dans
et,
EXa6r}8r)Tt
que je
lie xat
[atj
(3ouXou,
;
ratif
XX
8tavo7J(h)T[ (cf. p.
xxxi n. 1)
d'Hermias, me parat, tant repris 7, devoir tre gard ici, et de mme b 7 ou Vctv malgr sa proximit de ou 8t) l'interprtation d'une dittographie Eve/', qui peut faire penser initiale a4o c 1 le neutre t'o'v, grammaticalement injustifiable, est cependant maintenu comme se rapportant au groupe 'v9pto7cov
mss. et par le
lemme
jjuviivat,
et d'ailleurs garanti
lemme
d'Hermias (a34, aa), cf. p. xciv n. 1. 3. aa8 b 7 !8wv, aprs t'8wv jjiv, que
l'on cherche, soit corriger, oit justifier par un trange motif (p. 3 n. a), n'est pas rpt dans de T; l'Oxy. 1016 et il est d'ailleurs suspect par un reviseur
239 e 4 t* TOtauxa est bien meilleur que ata et surtout que tocutoi; a45 c 6 axoxt'vriTov, pour les raisons donnes p. lxxvii n. 1 et p. 33 n. 3, doit tre prfr etxtvTjTov a46 b 7 ^"X.*! 7 * aa ( c f* P- 36 n. 1), confirm d'ailleurs par une citation de Plotin, donne un trop bon sens pour que, en dpit des mss., on ne tienne pas compte du fait que cette leon est retenue en outre par Eusbe et par Simplicius 248 a 2 le pluriel Geo, puisqu'il s'agit en gnral des mes autres que celles des dieux, est plus naturel que le singulier Oe des mss.,
; ;
NOTICE
clxxxv
.
1 lion, je l'ai rarement modifie d'une faon significative Il existe en franais une excellente traduction du Phdre
par E. Chambry (avec d'autres dialogues, Classiques Garnier, 19 rg) et aussi par Mario Meunier (Payot, 1922). J'ai souvent utilis avec grand profit une traduction allemande anonyme, suivie de notes (Leipzig, 18A6). Sans parler de celles qui font partie de collections compltes des uvres de Platon, il y a en anglais, en allemand (celle d'O. Apelt notamment), d'autres traductions du Phdre, mais je n'ai pu les avoir
ma
disposition.
cette Notice, il m'est trs agrable de tmoigner ma profonde gratitude mon collgue M. Louis Mridier pour l'amical dvouement avec lequel il a accept de reviser
En terminant
tout
la
Il
mon
beaucoup
sa
comptence,
:
sre prcision de ses remarques, son attention minutieuse. y subsiste encore assurment bien des imperfections c'est
qu'il ne pouvait tout redresser et aussi, j'en conviens, je n'ai pas toujours suffisamment cd ses avis.
que
et l'ide d'assimilation, exprime par les mots xal stxacjiivir] qui manquent en effet dans l'Oxy. 1017, est tout fait hors de propos
;
2^8 c 3 et 2^9 c 3 on a le singulier 8sw, c'est qu'il s'agit du cortge d'un dieu dtermin. 1. a36 c 2, 253 a 6 je point en haut aprs e, cf. p. prcd. n. 2 mets, comme Schanz, la virgule devant uxnzep a Baxyat et non aprs ce mot, cf. p. xcix n. 1 ; 269 b 2 je supprime la virgule aprs axi, cf. p. 78 n. 2 276 d 4 je lis un point au lieu d'une virgule aprs [XET'.dvTt parce que, dans ce qui suit, on ne peut disjoindre l'opposition du plaisir en question d'autres plaisirs qui sont sans dlicatesse.
si d'autre part
; ;
SIGLES
1.
Papyrus
p. clixvi sqq.
IV. 3.
PHEDRE
[ou
De
la
Beaut
genre moral.]
SOCRATE,
227
PHDRE
O vas-tu comme cela, Socrate. cher Phdre, et d'o viens-tu ? Phdre. De chez Lysias, le fils de Cphale Socrate et c'est que j'ai je vais de ce pas me promener hors des Murs pass l-bas bien des heures de suite, assis depuis le petit matin Or, sur les conseils d'Acoumne 2 ton familier et le mien, c'est le long des grands chemins que je fais mes prop
mon
menades
elles
sont ainsi,
dit-il,
b qu'on fait dans les praux. Et il a, ma foi, raison de le dire, camarade Socrate. Mais au fait, il faut croire, Lysias tait donc en ville? Phdre. Oui, chez picrate, dans cette maison, tu la la vois, qui avoisine le temple de Zeus Olympien Morychienne 3 Eh bien alors, quoi passait-on le temps? Socrate. C'est d'loquence, bien sur, que Lysias vous aura rgals? Phdre. Tu l'apprendras, si rien ne t'empche, en poussant plus loin, de m'couter.
i.
livre I
Cphale, dont Platon trace un vivant portrait au dbut du de sa Rpublique, tait un mtque qui possdait au Pire une
Un
autre de ses
fils,
Polmarque, chez
qui se passe l'entretien sur la justice, objet de ce premier livre, sera mentionn plus bas, 257 b. Sur Lysias voir Notice, p. xiv sqq.
Mdecin renomm, pre du mdecin ryximaque cf. 268 a. nous dit-on, tait un orateur du parti dmocratique. Quant Morychus, il avait eu la rputation de mener la grande vie, et son nom tait rest attach la demeure o s'talait son faste.
2.
;
3. Epicrate,
OAIAPOS
[t]
xtpi xaXo-
7)61x0';.]
IQKPATHE
ZOKPATHZ. *n
TtopeojiaL
tCE
<t>AIAPOZ
;
227
npo TteplnaTov
xeI^ou,
au)(v6v
yp
e,
coBivoO. T> Se
au
Kal
Kax x
So,
ttoioGuou xo TTEpinTouc;
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yp KOTicoxpou Evoa
TV EV TOL SpO^Ol.
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ExapE, XyEi. 'Axp
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*H
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xv Xyov
ji Auala Elaxla
Titulvs:
(alia
BTW
||
tc.
rj6ixd{
B2
ibid.
227 a 3 8 8t) Dionys. e. t. rcp. tc. Tcp TcepiTcaiov 2a> tefyou Hermias Te; s. u. Oxy. 5 'Axouxetyou eru/vv petxpov Oxy. 6 r,at -atv T Oxy. b a yaip, ai y esTj ta Oxy. pevw -jxcvw codd. 1 om. 4 *ou 'OXou.t:ou jv p' Badham U tJv (et Oxy. Hermi. ) t. -rciEtou 6 5tj om. 3 3 BT* Oxy. Vollgraff 7 eurcfa: iffria om. Oxy. 8 TCEuast -<jtj Oxy.
:
:
||
||
||
||
||
Il
W
||
TW
||
||
||
227 b
PHDRE
Socbate.
Quelle ide Ne suis-je pas tes yeux, comme Pindare, homme sacrifier tout empchement au soin d'couter ce quoi vous passiez votre temps, Lysias aussi bien que toi ?
!
dit
Phdre.
Socrate.
parler...
Phdre.
Phdre, auditeur
.
Eh
est
de ton ressort,
chose qu'il
sur l'amour.
faut te dire, a
effet dont nous nous occupions avait, je ne sais 1 comment, rapport l'amour Lysias, il mis en crit la sduction d'un beau garon, et
s'agit d'couter.
La question en
.
mme justement l qu'est doit donner ses faveurs celui qui qu'on n'aime pas, plutt qu' celui qui aime.
non par un amant
il
!
Mais, c'est
l'ingniosit,
dit
Socrate. Ah le brave homme "Que n'crit-il que c'est obligatoirement au pauvre plutt qu'au riche, au vieux plutt d qu'au jeune sans parler de toutes les misres qui me sont personnelles, comme la plupart d'entre nous Voil en effet
! ! ;
des
propos
2 ...
dont
la
civilit
servirait
aussi
l'intrt
des
gens
Aussi, ma foi, me suis-je senti une telle envie de t' couler que, devrais- tu en faisant ta promenade marcher
,
jusqu' Mgare,
3 aller de l et, selon la mthode d'Hrodicus Murs sur revenir ensuite tes pour pas, non, je ne jusqu'aux
me
Qu'est-ce dire, excellent Socrate? T'ima228 gines-tu que des choses dont la composition a t pour Lysias l'affaire de beaucoup de temps et d'une patiente tude, pour lui le plus habile des crivains actuels, ces choses-l, moi un
Phdre.
par
toi
d'une semelle
profane, je les redirai par cur d'une faon digne de cet homme ? Ah il s'en faut de beaucoup ; et pourtant, oui, bien
!
davantage
le
souhaiterais-ie
*...
que de
me
voir
tomber une
Phdre,
la
que
1.
j'ai
perdu jusqu'
et p. 7a, n. 1.
;
Aristophane, Nues ao4 sq. physique (Prol. 3 16 e, Rip. 4o6 a) il tait de Mgare, puis s'tait install Slymbrie. 4- Phdre est pauvre, mais plus avide d'instruction que de chesse. Sur ce trait de son caractre, cf. Banquet, Notice p. xxxvn
2.
cf.
Dmagogie humanitariste
Mdecin
;
3.
et matre de culture
III
ri-
sq.
$AIAPOS
ZG. Tl
5
;
227 b
ok v oei
jie,
x8
cnf|V
te
Kal
ripayE
8/|.
Kal
uf)v,
o ZebKpaxE, npoa^Koua
fjv
yp TOI X6yO
TTEpl 8v SlEXptSoUEV,
xpnov, IpcTiic. rypa<pE yp 8f) Auoia TtEipdbuEvov Tiva xv KaSv, ou)( Tt IpaaToO Se XX' ax 8r| toOto
-
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Z.C.
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Baa aXXa
jiol
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&KoOaai, ax' iv fta8tov
Kal,
Tioifj
Kax 'HpSiKov,
ri Xyei,
TtpoaBc;
x xeI^ei
u^ aou TtoXEi(p8.
4>AI.
8>
|5XxiaxE
ZKpaxs
Oei
jie,
fi
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Auata v ttoXX yjpva Kax a^oX^v auv8r|KEv, 8elv6- 228 cv xv vOv ypcpsiv, xaOxa t8u>xr)V ovxa TTouvr)uovec?eiv
^loq ekeIvou
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54) Burnet
(ut uid.)
||
ut] ...
r]
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:
[jlj
...
B Hermi.
rec.
2 ytoy' ouv av av i\i' ci. Richards Oiy. u. Oxy. 2 E-farfS [xvxoi uel yw 8 xa vuv ci. iax' Herwerden 'yuy' op.w; Vollgr. 3 xouaai auxwv ax. Oxy. -te v T w. xav Vollgr. v aicxe av 228 a 1 <JuVc6r)xev (et xooxwv (et Oxy. 6 yp D 4 ^oX (et Oxy.) rcoXv T Oxy.) -x B eu eu 8' T Oxy. Hermi.) auct. Naber del. Vollgr. i<rti -xtv Oxy.
Tpo; loti
-x:v
:
oa'
||
ut'
||
||
xar eywye
Oxy. ouv
s.
||
||
||
. . .
||
||
|j
228 a
PHDRE
non,
la vrit
:
est
que ce
bien certain
discours,
une
de Lysias qu'il coutait un seule audition ne lui a pas suffi, mais maintes
puisque
c'tait
il a voulu se le faire dire, et reprises, revenant la charge, b l'autre lui obir a mis de l'empressement. Pour lui cependant ce n'tait pas encore assez, mais finalement des mains de
celui-ci il a pris le cahier, et le voil revoyant les passages de travailler ainsi et qu'il dsirait le plus revoir ; enfin, las d'tre rest assis depuis le petit matin, le voil parti pour sa
promenade, ayant dj (c'est, par le chien! ce que je crois) le discours dans la tte, d'un bouta l'autre, moins qu'il ne ft trs long. Et, s'il s'en allait hors des Murs, c'tait pour
s'exercer le rciter! Or, voici qu'il
dont
C
c'est la
voyant
il
s'est rjoui
et il corybantique de parler par celui qui se passionne pour les discours, voil s'il ne grillait pas de qu'il faisait des manires, tout comme parler Et, pour finir, il tait sur le point, au cas o l'on n'aurait pas consenti l'couter, de se faire entendre par
!
celui qui s'associerait son dlire l'a invit pousser plus avant. Mais, pri
l
force! A toi donc, Phdre, puisque bientt il ne manquera pas de s'excuter, de lui demander que ce soit ds maintenant. Phdre. Pour moi, en vrit, le meilleur parti, et de beaucoup, c'est de parler comme je pourrai attendu que tu
me me
laisser partir,
!
de n'tre pas le moins du monde prt que je n'aie, n'importe comment, pris la
effet,
parole
me
d
en ce qui
j'ai dit.
je ferai
comme
En
ralit, vois-tu, ce qu'il y a surtout, Socrate, c'est que je n'ai pas appris fond le mot mot du discours. Pour ce qui
est toutefois
i.
ce qu'a dit
Ou, en
autrement,
.sur
l'homme dont...,
comme
si
de
passion notoire. N'est-ce pas plutt un rappel de ce concours oratoire auquel Platon le fait participer dans le Banquet? i. La rptition, dans de bons manuscrits, de ces deux mots tra-
Socrate c'tait
en Phdre par cette rencontre Les danses des Corybantcs, prtres de la Desse-Mre (Cyble), avaient, par leur furieuse agitation, les apparences d'une passion forcene, telle qu'est celle de Phdre pour les discours.
duirait, dit-on, l'enthousiasme excit
3.
1
KAIAPOS
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228 a
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Et TtEplTTCCTOV
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8 XX (et Oxy.): XX xa Hermi. D b a s;:s0pst (et Oxy.) Badham 3 xaO^psvos (et Oxy.) secl. Hirschig (\ y^
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||
||
Jtavu ti Oxy. n. xi om. Oxy. os tcp codd. Schanz 8s tw Stephan. Oxy. Burnct 7 8wv psv T 2 (et Oxy.) 8. p. Soiv BT(8. exp.) Thompson Burnet 8. p. oiv Ven. 54 (G) ovxa uulg. sic <Xv Winckelmann 2 s't'a olim Schanz vvowv Vahlen stSw; Kramm axo'v Richards auyxo-
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: : :
||
||
Il
||
||
Vollgr.
228 d
PHDRE
Lysias sur la diffrence de l'homme qui aime compar l'homme sans amour, chacun des points, je l'exposerai sommairement dans l'ordre, commencer par le premier.
Socrate.
II a sur lui le discours
i
f amour, tu m auras lait voir ce ta main tu qu'en gauche peux bien tenir
. ,
sous ton manteau... Je gage en effet que c'est le discours Mais, si c'est bien cela, mets-toi sur mon compte ceci dans l'esprit, que moi je t'aime beaucoup, mais que,
l,
lui-mme
e
avec Lysias ainsi prsent lui aussi, je ne suis pas du tout dcid me laisser utiliser pour te permettre de rpter ta leon Eh bien allons, fais voir...
!
Phdre.
culbut
En voil assez
espoir de te
1
!
mon
entranement
229
Tu as de ce coup, Socrate, prendre pour champ de mon Mais dis-moi, o veux-tu que nous nous
!
asseyions pour faire notre lecture ? Socrate. Quittons ici la route et suivons
le
cours de
l'Ilissus.
Aprs, en
un endroit que
tu jugeras paisible,
nous
Quant
me
De la sorte il nous sera tout fait facile, en y trempant nos pieds, de suivre ce filet d'eau; et ce ne sera pas dsa3 grable, en cette saison surtout et ce moment de la journe Socrate. Avance donc et, tout en A la recherche marchant, examine o nous pourrons
Socrate.
i.
Eh bien
la-bas
ce
trs-
Si l'on a sous la
main
le discours
mme
de Lysias, pourquoi
Socrate se prterait-il servir Phdre de terrain d'exprience, afin qu'il s'assure si son exercice de mmoire est au point ? Cf.
Notice, p. xxvn et n. i. a. C'est un trait bien
a,
220 b)
et
que note
aussi Aristophane dans les Nues (io3, 363). Quanta Phdre, s'il est nu-pieds, peut-tre n'est-ce pas par hasard, mais pour se conformer,
c'est
(cf.
Banquet, Notice
il
p.
xxxvn).
3. C'est le plein t, la rivire est presque entirement sec, et va bientt tre midi (cf. 23oc, 2^2 a, 258 e sq., 25g d, 279 b).
*AIAPOS
uf),
228 d
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3 Sa/.vus (et Oxy.) -vu Hirschig et, Vollgr. 8' xst'vou Badham 2 rec. i. m. exe. Burnet, omnes || 4 xxxpoux (et Oxy ) yx.
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2 6 xaOtopevot xocOe. Oxy. probat Wilamowitz Platon II 363 Vindob. 89 Hermi. Stallb. Vollgr. 229 a 1 Ssup' -po Oxy. Hermi. sed 'rcou 7 'IXiav Oxy. -aav codd. 2 orcou (et Oxy.): ony av eav Oxy. v fjauyt'a: xa0 Tjauyiav Oxy. xa0tyioo'ji.8a (et Oxy., Anecd. gr. I 101): -^oi;j.a Stephan. -s8ou.8a Vollgr. ex Oxy. in u. om. Oxy. Ven. 184 et (et Oxy.) ai. 4 8) 7 paaxov Gaacov ouv Oxy. piaxov ouv ci. Naber 5 xo xo sic B 6 exou
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-t^r)ao'p0a
codd.
et, exe.
229 b b
PHDRE
Phdre. C'est l qu'il y a de l'ombre, une brise modre, du gazon pour nous asseoir et, si nous le voulons, pour nous tendre.
Socrate. Phdre.
n'est-ce pas en vrit de Bore selon la lgende enquelque part que d leva Orithye 1 ? Ou bien est-ce de la colline d'Ares? La lgende en effet admet aussi cette autre version, que c'est de l et non
ici,
de
l'Ilissus,
Phdre.
Enfin voyons
est-ce
d'ici ?
Quel charme,
conviens-en, quelle puret, quelle transparence offrent aux yeux ces filets d'eau, et comme leurs bords se prtent bien des amusements de jeunes filles
!
plutt en contre-bas, quelque deux ou trois stades, l'endroit o nous passons la rivire dans la direction du sanctuaire d'Agra 3 il y a l justement
Socrate.
Non,
c'est
un
autel de Bore.
Phdre. Tiens je ne m'en suis pas du tout aperu. Mais, par Zeus explique-toi, Socrate, sur cette fable Crois!
! !
Si i'tais, comme les Doctes, .' , incrdule, je ne serais pas un extrav vagant ; ensuite, doctement, je dclarerais qu'elle a t pousse par un vent boral en bas des rochers voisins, tandis qu'elle
Mythologie.
Socrate.
.
un
.,
Pharmace, et que des circonstances mmes de sa ne la lgende de son enlvement par Bore. Quant d moi, j'estime d'ailleurs que des explications de ce genre, Phdre, ont leur agrment mais il y faut trop de gnie,
jouait avec
mort
est
i. Cette Nymphe, selon la lgende, tait fille d'rechthe, le vieux hros de l'ttique. Pharmace, sa compagne (cf. c) est la Nymphe qui tait consacre une fontaine, peut-tre curative, prs de l'Ilissus. 2. Cette dernire phrase me parat tre, non l'interpolation d'une
glose (Alline, Hist. du texte de Platon 267, 3), mais une omission, d'abord rtablie en marge, puis mal replace dans le texte. Avec la transposition, la suite des ides semble plus naturelle la rplique de Socrate rpond exactement la remarque de Phdre, lequel se proccupe de n'oublirr aucune des versions de la lgende.
:
3.
Agra
tait
un deme de
:
l'Attique
n'a sans doute rien faire ici. Cf. Notice, p. xu. celui qui ne suit pas les sentiers battus et 4. Au sens propre
*AIAPOS
<AI. 'Eke aKid x' taxlv Kal TtvEOua uxpiov, Kal
229 b
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KaSt^EoBai
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KpaxE, a xoOxo x6 u.u8oXyr)u.a heIGei Xr|8 Evai ZO. 'AXX 3 eI maxoirjv, SoTtEp ot ao(|>ol, ok av axonoq
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'IXiaou sic
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i
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...
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||
||
||
||
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||
u.) Eustath. Schol. x (uel xx Bratuschek) v "Ayp. 2 rco x (et iaatvojiev : oteS. ci. Thomps. Oxy. as. u.):
(a
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xouxi fort. Oxy. 5 au ce Oxy. || 4 vevYjxa ewcv. Oxy. r.ziiz: exe. Thomps. omnes (et Oxy.): -67) 7 aiV v (et Oxy.): 3. av Ast Schanz 8 av : ou T) Oxy. -xta tou 4>apfAaxta (et
||
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||
||
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post
x.
xoiauxa Galon.
4 Xav
Xetav
Oxy.
229 d
PHDRE
trop d'application laborieuse
le
1
,
du tout
ne serait-ce que parce qu'aprs cela, on sera bien forc de remettre d'aplomb l'image des Hippocentaures, puis et nous voil submergs par plus tard celle de la Chimre une foule presse de semblables Gorgones ou Pgases, par la multitude, autant que par la bizarrerie, d'autres cratures inimaginables et de monstres lgendaires Si, par incrdulit, on ramne chacun de ces tres la mesure de la vraisemblance, et cela en usant de je ne sais quelle grossire sagesse, on n'aura Or ma flnerie moi, ce pas le temps de beaucoup flner n'est point du tout vers des explications de ce genre qu'elle est tourne; et en voici, mon cher, la raison je ne suis pas jusqu' prsent capable, suivant l'inscription delphique, de me connatre moi-mme je vois donc clairement le ridicule
: ;
! !
bonheur
230 qu'il y aurait, pour moi qui cette connaissance fait encore dfaut, d'examiner les choses qui y sont trangres. En foi de
quoi, je donne ces fables leur cong et, leur sujet, je m'en rapporte la tradition ; je le disais l'instant, ce n'est point
elles
que j'examine,
c'est
moi-mme
Typhon
peut-tre suis-je
la nature participe je ne sais quelle destine divine et qui n'est point enfume d'orgueil?... Eh mais propos, est-ce que ne voici pas, camarade, l'arbre vers lequel prcisment tu nous menais ?
Phdrk.
Eh oui
le bel
endroit
3
,
pour y
est
faire halte
Ce platane vraiment
qu'il
!
grand
et
magnifiquement ombreux
il
Dans
le
plein de sa
floraison
comme
!
est, le
embaum
l'originalit
i
.
Et encore,
l'endroit n'en peut tre davantage charme sans pareil de cette source
ingnue (atopia) dconcerte {Banquet, Notice en sq.). Ces interprtations rationalistes de la mythologie taient en faveur auprs des Sophistes. En celle-ci l'tvmologie semble avoir
sa place
2.
Il
ainsi, Orithye serait la coureuse de montagne. y a l un intraduisible jeu de mots. La racine typh exprime une ide de fume, de souffle typhon est le nom d'un vent qui fume
:
Or
peu
qu'on vaut, rend modeste a-typhos, diront plus tard les Sceptiques. 3. Ou petit poivre, ou encore poivre de moine arbrisseau fleurs
:
$AIAP02
3 c
229 e
nvu eutuxoO v8p6, koit' aXXo u.v ouSev, 8ti 8 aT<3 vyKr|, u.ETa toOto, t8 tv lTrnoKVTaupcv eSo enavopou
SoOaBai Kal aSBu; t6 Tf] Xipalpa- Kai emppE 8 xXo toioutqv ropyvcov Kal nr)yaQv <o. aXXav ur|)(v(v TtXr|8r| te Kal xonlai TEpaToXyov tivSv cpaEOV. A e e
ti mcrrv Ttpoa6L6a KaTa t6 ek EKaaTov ccte ypolKca
Tivl aocpla xp<*>uevo, TtoXXf]c; auxco a^oXfj Se^gel. 'Epol
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(piXs,
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ypuua yvSvai
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230
vOv
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Tuy^vco Tucpovo TtoXuTcXoic(ibT,pov Kal uaXXov ettlteBu^juivov, ete T^u.Epci>Tp6v te Kal nXouaTEpov &ov,
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1
Kal dVrcpou p.olpa cpasi u.ete)(ov. 'ATap, <S s Sp ou t6Se t)v t8 SvSpov
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Zfi. Nf) Trjv "Hpav, KaXr] yE f) KaTayoyi') "H te yp 5 TtXaTavo aTr) u.X pcpi.Xacp1 | te Kal uv(jr|Xf)' toO te ayvou
to uipo Kal t auaKLov TtyKaXov, Kal o <[if]v EX EL "^ avBn, o av EcScrTaTov nap^OL tv t6ttov. "H te aC
5 5': 8c Oxy.
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||
Xeifiaipr;?
Oxy.
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Galen. )
Vollgr.
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||
Athen.
* (et Oxy. (et Galen.): -si... -t'a exe. Burnet omnes. Post x.
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scrips.
6spfxr,v
:
reuera
5 toutou
ax B edd. TauTa 4 x ToiaTa Oxy. exp. tou toutou Oxy. || tum (et Oxy.) cou 6 8r{ (et
:
TW
||
Oxy. Procl. (Alcib. I 289, 5): Se Vindob. 80 Heindorf Schanz Vollgr. 230 a 3 vuv 3rj vuv&7] Schanz Burnet XX' - T Oxy. l\ Gripi'ov Burnet 0. div uulg. Vollgr. 5 TUTeOupp'vov (et Oxy.): 6. ov 2 (et Oxy.): pr. p. eras. B sic Plut" (adu. Col. ai, 1119 b) Teuup. ci. Naber cf. Photi. Itc ts6. ci. Buhnken b 3 Syvou <yv. x. oTto ci. Heindorf /.. ix.avS Winckelm. xa: 4 xal to; (et Oxy.) ^w; Madvig xat Schanz Vollgr. xaXfTj; t' uel xat xaXw; ci. Richards.
:
: Il ||
TW
:
||
||
||
||
230 b
PHDRE
:
qui coule sous le platane, la fracheur de son eau il suffit de mon pied pour me l'attester C'est des Nymphes, c'est
!
Achlos, si j'en juge par ces figurines, par ces statues de c dieux 1 qu'elle est sans doute consacre. Et encore, s'il te plat, le bon air qu'on a ici n'est-il pas enviable et prodigieusement plaisant ? Glaire mlodie d't, qui fait cho au
,
2 Mais le raffinement le plus exquis, c'est cigales ce gazon, avec la douceur naturelle de sa pente qui permet, en s'y tendant, d'avoir la tte parfaitement l'aise. Je le
chur des
vois,
un tranger ne peut
cher Phdre
mon
Phdre.
ordinaire
tu
fais
Et
quidam
se voie
d'un tranger qu'on guide, et non pas d'un d indigne. Le fait est que tu ne quittes la ville, ni pour voyager au del de la frontire, ni tout compte fait, si je m'en crois,
l'effet
pour
Sois indulgent pour moi, mon bon ami apprendre, vois-tu. Cela tant, la campagne et les j'aime arbres ne consentent pas rien m'apprendre, mais bien les
Socrate.
Murs
3
!
hommes de la ville Toi, pourtant, tu m'as l'air d'avoir dcouvert la drogue pour me faire sortir N'est-ce pas en agitant devant elles, quand elles ont faim, un rameau ou un avec fruit, qu'on mne les btes ? Ainsi fais-tu pour moi
. ! :
moi tu tendras
ainsi
en
feuillets,
en grappes, violettes ou parfois blanches, trs abondant chez nous sur le littoral mditerranen (vitex agnus castus). i. Statuettes votives de terre cuite, figures en marbre d'Achlos,
le
patron des eaux potables et des rivires. Voir plus bas, a58 e-a5g d, le mythe des Cigales. 3. L'hyperbole est certaine. Qu'on laisse mme de ct
3.
les
exp-
ditions militaires (Potide, Dlion, Amphipolis), puisque c'tait alors le devoir civique qui appelait Socrate hors d'Athnes. On ne doit
pourtant pas oublier que le Lyce, o il frquentait le plus volontiers (Banquet p. 92, n. 2), tait au del des Murs, et de mme l'Acadmie o, dit-il au dbut du Lysis, il se rendait parfois et le Criton nous apprend (52 b) qu'il tait une fois all aux jeux Isthmiques. Sre;
ment les voyages, en tout cas, ne lui (lisaient rien autre preuve de son atopia (p. 5, n. ) Cf. aussi Mnon 80 b. l\. Socrate, dit Diogne Larce (II ai), aimait dfinir l'objet de C'est ce qui dans les sa recherche en citant un vers d'Homre demeures des hommes se fait en mal tout comme en bien.
: :
7
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230 b
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Nu^(pv t xivcv Kal x$ te Kal xSv n Kopv yaXuxcov eoikev 'A^eXcou ispv toO x6ttou xeutcvouv S aS Et Evai. o yaTtr|xv IJoXei,
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7 w ye Oxy.
B non omnino pri. manu Schanz Burnet Ci "c om. Oxy. uacuum spatium rclinquens 2 te (et Oxy.) te" ti 2 r,8 r\br\ B Oxy. un^e t<5 B Stephan. 4 *jpe'p<* (et Oxy. ?) -pa T rec. ut;xei xto Oxy. Ororp/eto B izpo-xXivavti B 2 rec. xotxatxXtvvxi (et Oxy.) avTEi B reuera 7 au
Aristaenet. Hcrmi.
||
||
||
||
||
||
||
: o codd. d 1 x -V7] reuera) avet (et Oxy.) xx. -xso codd. del. Vollgr. ci. dubit. o'x' a. xou 'aiew; Oxy. 2 rco^pEt (et Oxy.) ojV e? ouxe e Oxy. -psv Hirschig oiV -te Oxy. D 5 p' OsXst (et Hermogen.) [ae SIXei B (utrum
Oxy.
(W
|j
||
||
||
||
|j
6 au fors. T (em. paru m Oxy. incertum) Hermogen. in alio loco Soxe; (et Oxy.): distincta) Oxy.: o codd. psvxot pEvxot yE Oxy. -Et B 7 pri; (et Oxy.) om. B sGpqxivat (et Oxy.) )6p. exe. o o noipve; Vollgr. 8 7iEtvwvca iziv. Oxy. Thomps. omnes 2 7tpoatdvxe codd. -poaE''ov:E; T (Et s. u.) Oxy. 9 youatv -ovte ci. Richards au po't Xo'you; otw outto au pot Xoy. Oxy. 7cpoxev(ov auct. Hartman del. Vollgr. 7z?OTtv. Oxy. y lv (tSXtot (et Oxy.)
2
||
||
||
II
||
||
||
||
||
||
||
230 e
e
PHDRE
visiblement tu
me
et ailleurs encore,
soit,
puisque trouve bon, pour ma part, de m'tendre tout de mon long A toi de prendre la position que tu jugeras la plus commode pour pouvoir lire, et, quand tu l'auras trouve, fais ta
!
me
feras circuler travers l'Attique entire, serait ton bon plaisir Quoi qu'il en voici pour l'instant parvenu jusqu'ici, je
o ce
lecture.
Phdre.
J'y suis!
(<
coute.
est
Quel
et
mon
cas, tu
en
es instruit;
1
ifteScowTMte""
Lysias.
mono P inion
la
avons
231
ne crois pas que ma chouer doive valablement pour ce motif que, requte justement, je ne suis point ton amoureux. La preuve en est que les gens dont je parle, le jour o leur dsir aura pris fin, en viennent regretter le bien qu'ils ont pu faire, tandis que pour les autres il n'y a pas de saison o les repentirs soient propos. Ce n'est pas en effet sous la pression d'une ncessit, mais librement, en s'appliquant consulter au mieux leur situation personnelle, que ces derniers mesurent ce qu'elle leur permet le bien qu'ils 2 ceux qui aiment considrent, et celles font. Autre chose de leurs propres affaires qu'ils ont mal rgles du fait de leur amour, et tout le bien qu'ils ont fait y ajoutant enfin ce qu'ils se sont donn de peine, ils estiment avoir depuis longtemps dj acquitt son prix leur gratitude l'gard de leurs aims. Ceux qui n'aiment pas n'ont lieu, au contraire, ni d'allguer cette mauvaise raison pour avoir nglig leurs affaires personnelles, ni pour mettre en compte toute leur peine passe, ni pour incriminer les dissentiments
entendue. Or, je
:
il
suit que,
une
fois
nients carts d'autour d'eux, il ne reste plus qu' s'empres ser de leur accorder l'acte dont on pense qu'il leur fera
c
plaisir.
i.
Autre chose
admettons
fin
grand
cas
G.--d. la ralisation de la
poursuivie;
la
ailleurs l'acte
:
ou
l'affaire.
Mais
le
passion amoureuse
l'ori-
mettra en gine il doit y avoir un calcul rflchi, o le poursuivant balance les intrts, matriels ou moraux, aussi bien de celui qui est
l'objet
a.
de
la poursuite,
C'est
les parties
du dve-
*AIAP0S
230
'Attuc^v cpalvsi Ttept^Eiv airaaav, Kal 8ttoi av aXXoae e BoXr). NOv S' oSv Iv t TcapSvti SsOp' <piK6u.Evo yob u.v
p.01
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Ipcopvoi'
to Se
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npoar)Kovxac; Siacpop
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||
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||
Oxy.
||
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fors, Oxy.) 8' bitoUp (et Oxy. ot s. u.) Oxy. -xo codd. Schanz vay^Yvcocxs (et Oxy.): 6 ;av (et Hermi. ): ;jl. ov ci. Herwerden 7 xoxiov vayt'v. yevojjLvwv (cf. a6a e 2, a63 e 7): y. :. B edd. addub. Herwerden 3 xtj EziOufAta raawvxat jr. t. s. Hermi. 231 a 2 oxu om. 8 aitwv T reuera au. b 3 xouxo k'at; -xo' iaxt codd. (T in 5 at'xtaaaaOat obelo not. compendio) x. laxiv Schanz Burnet
: :
BW
||
Sep'
-po Oxy.
||
8s (et
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||
ex oxw
4 xoOG'
||
jj
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BW
||
||
||
axtdOat
:
quod
scrib. Vollgr.
||
del.
Badham
Tcai-ct. y 7:ptT)pr,(Xva>v
^epir,p.
xo;
B2
3.
(em.): xo B.
IV.
231 c
PHDRE
de ceux qui aiment, parce qu'ils prtendent avoir pour ceux dont ils peuvent tre pris une amiti particulirevive et qu'ils sont prts, par leurs paroles comme leurs actes, se faire dtester d'autrui pour se rendre par a agrables leurs aims. Il est ais de se rendre compte
ce
ment
s'ils
a seront
disent la vrit, par le fait que tous ceux dont plus tard amourachs, d'eux ils feront un
ils
se
plus
l, ils iront
videmment
ce
ce
ce
ce
ce
ce
ce
Mais vraiment, quel bon sens y a-t-il de consentir pareil abandon un homme qui prouve pareille disgrce, disgrce que nul ne voudrait, sachant ce qui en est, entreprendre seulement de conjurer? Et le fait est qu'ils conviennent eux-mmes d'avoir la tte plus folle que bien pensante, d'tre aussi conscients du dsordre de leur pense qu'ils le sont aussi de leur incapacit se dominer comment, par suite, une fois leur pense rentre dans l'ordre, estimeraient-ils qu'il y a quelque chose de bon dans les projets qu'ils forment quand ils sont dans cet tat? Il y a plus s'agit-il pour toi, entre ceux qui aiment d'lire celui qui aime le mieux ? c'est sur un petit nombre que tu auras faire ce choix est-ce, parmi tout
:
ce
le reste,
l'homme qui
sur
ce
tu as beaucoup
la
plus d'espoir,
cette multitude,
ta
ce
ce
Il la rgle tablie, supposons-le, te fait y a plus craindre que, connue du public, ta conduite ne te vaille
ce
des reproches.
ils
ils
Dans
ce cas
il
232
chez
ce
l'ide
sont aussi enviables qu'ils le sont leurs propres yeux ; brlent de parler et, dans leur dsir de se faire valoir,
ils
ce
n'est pas
montrent complaisamment tout le monde que ce pour rien qu'ils se sont donn de la peine Au
!
contraire, ceux
ce
dominer,
la
:
c'est
qui n'aiment pas, tant capables de se ce qui a le plus de valeur qu'ils donnent
prfrence sur la rputation auprs du public. Autre chose avec ceux qui aiment, une foule de gens sont force
loppement celle-ci revient quatre fois dans dont la premire a3i d, une autre formule
:
le discours, et
Il
cinq
fois,
y a
plus.
..
<1>AIAP0X
Tt<HEa8ai 8xi xoxou ^lXiax <paoi (piEv
231 c
Sv av poiv,
ko etoi(jloI Elai
Kal ek
xv
Xycov
ical
ek xv epycov,
xo aXoi aTiE)^8av6^EVOL, xo pco^voi ^aplo8ai, pSiov yvvat. eI Xr)8f] Xyouaiv, oxi octqv av OaxEpov
IpaaSaiv, eke(vou auxv TtEpl ttXeIovo Ttoiijcjovxai, <al SfjXov bxt, v ekeIvol SoKrj, Kal xoxou kcxk
!
Ttou |aouai.v.
Kalxoi *n
Ttpfiy^a
o8' Sv etu^ei-
wv TtoxpTtEiv
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Kal yp axol
Kal slSvai bxi
aco<ppovv,
kok (ppovoOaiv XX' o SvaoBai axv KpaxEv oxe tt av. e8 (ppovr^aavxE, xaOxa KaX e^eiv fjy^aaivTO,
TtEpl
v 08x0 SiaKEl^iEvoi
-
liouXExiovxai
Kal
jiv
Sn,,
et
^v ek xv pvxov x&v (Xxlctxov alpoo, kE, oXlyav av a aoi ^ ekXe^i el 8' ek xv aXXov xv aaux EmxrjEr)
a
ttoXXo a
a
Et xolvuv xv v6^lov
xv
TtuSojivcov
xv
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-
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Kal,
<piXoxiu.ouu.vou,
ETii8EtKvua8ai Ttp&
OTtavxa oxl ok aXXco axo TTETrovrjxai xo 8 jir) pvxa, KpElxxou axv Svxa, x6 (JXxi.axov vxlxfj
86rj xfj Ttap
xv avSpTteov
atpEo~8ai.
"Ext 8 xo
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Il
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||
B2
rec.
(i.
m.): om.
et,
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||
5 oxi oatuv
:
^daov
ot
:
-atovxai
||
oiixto
argument] diuisionis, non w, ovxat Stephan. floXovxat codd. Heindorf Schanz Yollgr. addub.
:
(e,
||
notam
pouXsu-
Badham
||
apoo
-oxo
B B
||
232 a 3
5 auxwv
:
xoi Xyetv
x X. Vollgr.
xw X. T 2 xojxo X. Bckh
:
|j
au. codd.
vx
av B.
232 a
PHDRE
10
cment au courant; on les a vus faire cortge leurs aims et s'en assigner l'obligation aussi, quand on les train on est alors en de s'entretenir ensemble, aperoit persuad que leur commerce suppose qu'ils ont donn dj ou qu'ils vont donner satisfaction leur dsir. A l'gard de ceux qui n'aiment pas, au contraire, on ne cherche mme pas les incriminer cause de leur commerce on sait en effet que s'enlretenir avec quelqu'un est un effet Il normal de l'amiti ou de quelque autre agrment y a plus une crainte est-elle venue ton esprit au sujet de la difficult pour l'amiti de durer ? te dis-tu que, de quelque faon que naisse le dissentiment, elle nous sera commune tous les deux la disgrce qui en rsulte, tandis que, si tu as fait abandon de ce que tu mets au plus haut prix, c'est pour toi que grand sera le dommage? Alors ce sont naturellement ceux qui aiment, qui davantage te feront peur tant de choses en effet sont motifs les chatoutes sont interprtes par eux comme tournant griner
; ;
' .
leur
propre
dommage
leur
tout
le
commerce de
aim avec
conjurer, de peur que ceux qui possdent de la fortune se servent de leur argent pour surenchrir sur eux, ou que ceux qui ont de l'instruction ne se servent de leur
ne
intelligence
le
dessus
possdent quelque autre bien, c'est chaque ascendant qu'ils se mettent en garde le
;
contre son
c'est
rsultat,
qu'en te persuadant de te faire dtester de ceux-ci, ils en viennent faire autour de toi le vide des amitis Mais si, en considrant ton intrt personnel, tu montres plus de jugement que n'en ont les gens dont je parle, c'est avec eux alors que tu en viendras rompre. Quiconque justement est, au contraire, sans amour et doit plutt son mrite d'avoir ralis l'objet de sa requte, celui-l ne sera pas ce sont plutt jaloux de ceux qui ont commerce avec toi ceux qui s'y refusent qu'il prendra en haine, dans l'ide
!
i.
Ici,
cet
amour
soi-disant sans
amour commence
se substituer
subrepticement l'ide d'une amiti sophistique, ide qui sera plus ouvertement mise en lumire un peu plus loin, a3a e-a33d voir
;
sur cette quivoque que reposent la plupart des apologies de l'amour masculin (cf. note suiv.).
1
aussi 23
e, a3Zj a. C'est
io
<>AIAPOS
vayKr)
232 a
Kal tSev
ockoXou-
pvxa, TtoXXo
*nu8o8oi
ocf>8coai
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m-
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||
6 S^Xovxa
19.
Herwerden.
232 d
PHDRE
que
les
n
que dans ton commerce
seconds font
fi
de lui, alors
l te
ce
il trouve son profit. J'en conclus que celuidonne bien plus d'espoir de voir l'amiti natre de la ralisation de ses vux, la place de l'inimiti. a II y a plus parmi ceux qui aiment, beaucoup commencent par faire du corps l'objet de leur dsir sans connatre le naturel de l'aim, sans s'tre mis au courant de ce
qu'est d'autre part sa situation personnelle par suite ils ne peuvent tre certains qu'ils tiendront encore cette
;
233
amiti le
jour o leur dsir aura pris fin. Mais chez ceux n'aiment qui pas il y a eu, pour commencer, une mutuelle amiti, avant mme qu'ils aient ralis leur dessein; ainsi il n'est pas vraisemblable que la satisfaction qu'ils en auront ressentie fasse diminuer cette amiti que, bien plutt, elle subsistera comme un gage de ce que promet il l'avenir. Il y a plus t'appartient d'acqurir, en me cdant, une valeur plus haute qu'en cdant un amoureux. Ces gens-l en effet vont jusqu' louer chez l'aim paroles et actions, mme l'encontre de ce qui est le meilleur, en partie dans la crainte de se faire dtester, en partie aussi parce que le dsir a pour effet de corrompre en eux le jugement car voici de quelle sorte sont les effets que manifeste l'amour une malchance qui pour le reste des hommes n'est pas motif se chagriner, il la leur fait tenir pour une affliction une bonne chance qui ne mrite
;
:
pas qu'on se rjouisse, il les contraint d'y trouver matire louange de leur part. J'en conclus que c'est la
piti,
mme
beaucoup plus que l'envie, qui convient l'gard de ceux qui sont aims! Si en revanche tu me cdes, d'abord
commerce avec
l'avenir
;
toi,
mais encore
l
;
sans
me
laisser
me dominant moi-mme
sans
me laisser non
plus empor-
tandis qu'un authentique i. L'amant sans amour se domine, amoureux en est incapable (cf. a3i d, 23a a) c'est en effet son amour qui le domine. Il y a l une sorte de doublet du mot qu'on prte au
;
vieil Arislippe, le
protagoniste de
!
la
morale du
plaisir
Je possde
Las, je n'en suis pas possd Ainsi, ce de prouver par cette fiction d'un dsir
celui-ci,
que
le
discours entreprend
loin
d'abolir
l'exercice
4>AIAP0
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232*
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K^Ei xuy^vEiv. "Ooxe TtoX uSXXov eXeev xo pouvoi f| r|XoOv axo TtpoarjKEi. 'Ev 8 uoi TiEl8r|,
Tipxov uv ou xr|v TtapoOaav r|8ovf|V SepaTtEcv auvaotat aoi XX Kal tr]v uXXouaav xpXEiav laeaOai,
ox
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5 axo
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et I.
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6 xo'xe om. B Schanz Vollgr. (om. au.) Hermann Schanz Vollgr. 233 a 3 ^Owat -aiv T xaoxa om. Vollgr. 4 p.v)[ma <TY)usa Heindorf b 2 rioEi'xvuxat (et Stob.) Stob. 7 raivouatv -ai
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||
W
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Badham
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3 rcott (et Stob.) -ev 5 xo Vollgr. xo -vou; Ven. 184 (E) uulg. Schanz Vollgr.
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del.
Ast
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Ven. 184
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8i ixot 6 axo (et Stob.) -ot Burnet, omnes jcsiO) J. Herwerden Vollgr.
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1
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Tipccov auct.
Naber Vollgr.
|j
omnes.
233
PHDRE
ter par
raisons graves lent concevoir une lgre irritation, pour les fautes involontaires ayant de l'indulgence et, celles qui
ne sont-ce sont volontaires, m'efforant de les conjurer amiti vivra l des indices d'une qui longtemps? Si pas cette ide pourtant a bien pu te venir, qu'il n'est pas pos
:
te
une amiti forte de se former s'il ne quelqu'un qui aime d'amour, il te faut alors
sible
se trouve pas
rflchir que,
fils ne nous importeraient gure ni, sans doute, nos pres et nos mres, ni nous n'aurions d'amis fidles, puisque ce n'est pas dans une passion de cette sorte que ces attachece ments ont leur principe, mais dans des convenances d'un
ni nos
si c'est ceux dont la requte est la plus qu'on doit accorder ses faveurs, alors ce n'est pas plus, par ailleurs, ceux qui valent le plus convient de faire du bien, mais ceux qui sont le qu'il puisqu'en effet ils auront t dbarrasss des plus dnus maux les plus grands, infinie sera leur gratitude envers vous aux festins privs ce ne sont pas les e Il y a plus encore amis qui mriteront d'tre invits, mais les mendiants et ceux ne sont-ils pas, eux aussi, qui aspirent se gorger gens tout prts marquer de la tendresse, faire cortge, se rendre votre porte, ressentir une joie sans bornes, avoir envers vous la gratitude la plus vive, vous sou haiter abondance de biens Mais non ce qui probablement convient, ce n'est pas d'accorder ses faveurs ceux dont la requte est vhmente, mais ceux qui sont le plus mme a d'acquitter une dette de gratitude ce n'est pas non plus ceux qui se contentent d'aimer, mais ceux qui mritent 234 l'affaire ce ne sont pas davantage tous ceux pour qui la fleur de ta jeunesse doit tre objet de jouissanee, maisqui conque te donnera, quand tu seras devenu vieux, part ses biens pas davantage ceux qui, l'affaire faite, aimeront se faire valoir auprs des autres, mais quiconque par
:
pressante non
pudeur dont le
monde pas davantage ceux de courte dure, mais ceux dont l'amiti
;
contraire et que, supposant le mrite moral chez le poursuivant, il est pour l'autre, si ce dernier cde par raison, un instrument de culture a3a a, d morale (a3i d a33 ab, d a34 b). A cet gard, quelles
;
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SoOvai X^P IV Suva^ivot ouS xo p&oi ji6vov, XX a xo xoO oS 8aoi xfj af] pa 234 Ttpyjjiaxo ^ioi 1 XX TtoXaaovxai, otxivE TtpEaBuxpca yEvoiava xv
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234 a
PHDRE
vivra sans changer d'un bout l'autre de l'existence
;
r3
pas
davantage quiconque, quand sa passion aura pris fin, cherchera l'inimiti de mauvaises raisons, mais ceux pour qui, quand il en sera pour toi fini de ta fleur, ce sera le moment de faire montre de ce qu'est leur propre mrite. Toi, donc, garde le souvenir de mes paroles; rflchis ce point, que ceux qui aiment reoivent de leurs amis des reprsentations sur le mal qu'il y a dans une telle pratique et que, au contraire, ceux qui n'aiment pas ne s'entendent jamais reprocher par personne de leur famille d'tre ainsi conduits mal consulter leur intrt personnel. Probablement me demanderas-tu enfin si c'est indistinctement quiconque n'aime pas que je te conseille d'accorder tes faveurs. Pour ma part, je pense que l'homme qui aime ne t'engagerait pas davantage avoir cette pense l'gard, indistinctement, de ceux qui aiment pour qui fait bien son compte, cela ne mriterait pas gratitude
:
que
les
cne
pas que de
serait pas pareillement possible. Or il ne faut cela rien provienne qui soit dommage, mais,
au contraire, de l'utilit pour tous les deux. Quant moi, j'estime qu'il suffit de ce que je t'ai dit. Si tu as pourtant
regret de quelque omission qu' ton jugement j'aurais commise, interroge
!
Gomment trouves-tu ce discours, Socrate? N'est-ce pas, tous les gards, une merveille d'loquence, et spcialement l pour le vocabulaire ?
il y a quelque anacontre la passion et la franche apologie de l'amour dorien par le Pausanias du Banquet. i. Il suffit de lire le discours de Lysias pour en sentir la monotone
que soient
les
diffrences de
forme
et
de fond,
purement
fictif
scheresse.
C'est justement ce
Phdre, lui, y juge spcialement admirable, c'est ce qu'on a appel de notre temps une criture artiste , une sorte de ciselure verbale, s'accommodant de la plus pauvre matire. Voil ce que lui
concde en
prcise,
la langue de Lysias est claire et soigneusement travaill sur le tour clart sans force, sche prcision, virtuosit toute mcanique.
effet
Socrate (a34 e)
est
chaque mot y
i3
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234
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Herwerden Vollgr. -Saotatv dubit. ci. Schanz 8 7cauaapvou G. Hermann -aapivot Winckelm. Schanz Vollgr. -aapvw et postea
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Thomps. -aapeviri Ast 1829 Laur. a643) Stallb, 7aapevoi Ast 1810 7iaupau.. Bckh b autwv au. T? x. ov. Hermi. 3 ovto; xaxou
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II
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Thomps., omnes
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BW
234 d
d
PHDRE
i*
Disons mieux, Socrate. divin, Et cette impresrade, au point que j'en suis tout tourdi sion, c'est loi, Phdre, que je la dois: j'avais les yeux sur toi et, pendant ta lecture, tu me semblais tout illumin par
cela tient
!
du
mon cama-
ce discours et, vois-tu, dans la conviction qu' ces sortes de choses tu t'entends mieux que moi, je me mettais ta suite,
et,
oui avec
dans
la
bacchanale
1
,
Allons bon
C'est
comme
l'effet
cela, alors,
que tu
fais
de plaisanter et de
Point du tout, Socrate. Mais la vrit vraie, 2 moi, au nom du Zeus de l'Amiti penses-tu qu'il puisse y avoir en Grce un autre homme capable de prononcer sur le mme sujet un second discours qui ait plus d'lvation et d'abondance? Eh quoi est-ce aussi notre Socrate. devoir, moi comme toi, de louer le de Socrate discours, de ce que l'auteur y a dit les choses qu'il fallait 3 ? et non pas plutt, de ceci seulement que sa langue est nette et prcise et chaque mot exactement fait au tour ? Si nous avons en effet ce devoir, c'est bien cause de toi qu'il faudra le reconnatre car, moi du moins, en raison de ma nullit l'ide ne m'en tait point venue
Phdre.
dis-la
235 C'est que, seule, la rhtorique du morceau avait attir mon attention, et, pour ce qui est de l'autre point, non, pensaisje, Lysias
mon
lui-mme ne pense pas y avoir satisfait. En somme, sentiment moi, Phdre, c'est, sauf objection de ta
part, qu'il dit les mmes choses deux et trois fois, comme si, pour rester dans le sujet, son loquence tait passable-
ment court de matire, ou que, peut-tre bien, une question de ce genre ft pour lui sans aucun intrt. Il me faisait ds lors l'effet d'un jouvenceau qui s'vertue faire montre du talent qu'il a, en disant les mmes choses comme ceci et puis comme cela, de les exprimer en perfection d'une faon comme de l'autre.
I.
Le
a. 3.
Phdre
C'est
dlire corybantique de tout l'heure (cf. p. 3, n. 3). a besoin d'tre confirm dans la ferveur de sa foi.
e sq.
i4
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235 b b
PHDRE
i5
!
Phdre. Ce que tu dis l, Socrate, ne signifie rien Voici en effet quelle est justement la qualit, et mme la qualit matresse, du discours entre les lments du sujet qui valaient la peine d'tre exprims, il n'en a laiss
:
aucun de
de notre
tenir
ct
homme,
J'en conclus qu'en comparaison du langage il n'y a personne qui soit capable d'en
un
Voil quelque chose qu'il Socrate. , ! j ne me sera P us P 9slD le, a moi, de te concder L'Antiquit, sache-le, compte des Sages, hommes aussi bien que femmes, qui ont trait de ces matires, oralement ou par crit. Ils me confondront si, pour l'amour de toi, je me range ton avis
dis
?
comme
ai
cela,
:
de
te
foi, je ne suis pas mme, renseigner! Ce qui est clair, c'est que j'en
entendu la belle Sapho ? le sage Anacron ? ou mme quelque prosateur? Sais-tu donc ce qui me le fait supposer? Une mystrieuse plnitude de l'me me donne, divin Phdre, le sentiment d'tre en tat, s'il le faut, de soutenir ici le Or parallle en termes diffrents, sans demeurer en-dessous ce n'est point, en tout cas, de mon propre fonds que me viennent ces ides-l j'en ai la certitude, conscient que je suis de mon incomptence. Reste donc, voil mon avis, que d c'est des sources trangres, ne sais d'o, que par l'oreille je me suis empli, la faon d'une cruche! Mais une fcheuse paresse d'esprit m'empche de mme me rappeler et dans
!
hommes, tu ne poude quelles personnes tu l'as ou dire, dans quelles conditions, tu n'as pas en effet m'en parler mme si je t'en prie, pourvu que tu fasses ce que justement tu dis. En parallle ce qu'il y a dans le cahier, lu t'es
!
Phdre.
Ah
le
vais
mieux t'exprimer
engag parler diffremment, la fois mieux et avec non moins d'abondance, sans t'en inspirer. De mon ct, envers toi je m'engage, pareil aux neuf Archontes, faire offrande Delphes d'une image en or, grandeur naturelle, non pas de moi seulement, mais aussi de toi
!
i5
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235 b
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235 e
PHDRE
Socrate.
16
!
Comme
c'est
Et
tu te figures qu'
mon
avis Lysias a totalement manqu son affaire et que par suite est possible, point par point, de parler toujours autrement qu'il n'a fait : voil qui n'arriverait pas, je crois, au
mme
Tiens, prenons le sujet du displus mdiocre des crivains cours avec celte thse qu'il faut accorder ses faveurs celui
!
qui n'aime pas plutt qu' celui qui aime, qui crois-tu capable, s'il renonce clbrer la prudence du premier,
236 blmer l'imprudence du second dveloppements qui tout de trouver aprs cela quelque chose , prendre s'imposent
? De pareils thmes, je crois au contraire qu'il a lieu de les y passer l'orateur, de les lui pardonner, et que, pour tout ce qui est du mme genre, ce n'est pas
encore dire
l'invention, c'est plutt l'arrangement, qu'il y a lieu de louer tandis que, pour ce qui ne s'impose pas et dont l'invention
;
louer.
Phdre.
il
Je
me
Phdre oblige
le
que pour ma part je ferai que b l'homme amoureux est plus malade que celui qui n'aime pas, telle est la thse que je te donnerai pour point de dpart quant au reste, diffrence du fond, abondance plus grande et plus grande valeur de ton discours compar celui-ci, c'est dit je te veux en pied, or martel, Olympie,
donc
ce
'
!
pris la chose
au srieux parce
m'attaquais tes amours ? Et te tout de bon, je vais entreprendre, suite figures-tu par que, en parallle avec un personnage de ce talent, de dire du
que, en te taquinant,
nouveau avec un surcrot de varit ? Phdre. Voil en vrit, mon cher, o t'attend la Tu n'as plus qu' pareille et tu y es venu te faire prendre
parler et t'en tirer comme tu pourras. vitons d'en tre rduits faire des comdiens le pitre mtier, en changeant
i. Les descendants de Gypslus, pre de Priandre, le fameux tyran de Gorinthe et l'un des Sept Sages. Sur cette offrande, on ne s'accorde pas mieux que sur celle des neuf Archontes (a35 de).
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235 e
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3 vavxa^wpieOa
del.
||
Xa6r|6T)Xi
auct.
Schanz
Burnet
Thomps.
IV.
3.-3
236 c
PHDRE
mutuellement nos
rles
1 ;
17
donc gare
toi! et
ne va pas, je
:
rduire tenir un langage que tu connais t'en prie, Socrate, si de moi Socrate est ignor, cest que j'ai perdu jusqu' la conscience de ce que je suis ! et encore il grillait
:
me
de parler
n'aies
dit
et
plutt dans
faisait pourtant des manires . Mets-toi bien la tte que nous ne nous en irons pas d'ici que tu ce qu' t'entendre tu as en l'me Vois, nous
!
sommes
suis le plus fort et le plus jeune bon entendeur, salut 2 Non, non,
1
par force plutt que de bon gr Socrate. Mais, bienheureux Phdre, je vais tre ridicule, moi profane, de me mettre dans une improvisation en parallle, sur le mme sujet, avec un auteur accompli Sais-tu ce qui en est? Finis de minauder avec Phdre. moi je ne suis pas loin en effet de tenir la formule qui te
ler
contraindra parler... Socrate. Garde-toi bien alors de la prononcer Non pas, je la dis au contraire, et tout de suite Phdre.
mais, et par e qui? quelle divinit choisir? Tiens, veux-tu? par le platane que voici Oui, je l'atteste si, face l'arbre qui est l, tu ne prononces pas ton discours, jamais aucun autre discours, ni
: ! ! :
Ce
sera
un serment
Je te le jure...
Ah
d'aucun orateur, ne te sera par moi ni produit, ni signal Peste Socrate. Comme tu as bien trouv, gredin,
le
secret
pour contraindre un
homme ami
Phdre. Qu'as-tu donc tergiverser ? Socrate. Non, c'est fini, puisqu'aussi bien tu as fait ce serment comment serais-je capable en effet de me priver d'un rgal pareil 3 ? Phdre. 237 Alors, parle
:
sais-tu
comment
je vais procder
Explique-toi...
vais
afin
1.
cache son
Phdre, ce que cachait son manteau. a. Adaptation d'un vers de Pindare (fr. 71), pass en proverbe. 3. Cette passion maladive de Socrate pour les discours (228 b, 23o de) est pour le dialogue un motif fondamental, et Platon ne la
c)
me (a35
comme
7
fcif)
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237 a
PHDRE
d'arriver au plus vite au terme de
te
18
mon
discours et d'viter
regardant je n'aille, de honte, perdre contenance. qu'en Phdre. Pourvu que tu parles, libre toi, quant au
Socrate.
discoursteSoc'rate.
vous que j'invoque, voix lgre qe vous deviez ce surnom la qualit de votre
C'est
Muses
la
chant ou bien
la race
Prenez
en main, avec moi, la fiction 2 dont me force discourir le beau sire que voici, dans l'intention que l'homme dont il
davantage encore une fois un jeune garon, un ado lescent plutt, dou d'une grande beaut, et celui-ci avait des amoureux en grand nombre. Mais il y en avait un qui tait un malin sans avoir pour le garon moins
le lui fasse apprcier
!
Or donc,
il
y avait
d'amour qu'aucun autre, il lui avait donn croire qu'il ne l'aimait pas. Un jour mme, comme il le sollicitait,
prcisment ce qu'il lui fit accroire c'est qu'un qui n'aime pas a plus de droit aux faveurs que celui qui aime. Et son langage tait celui-ci
:
voici
homme
Quel que
soit l'objet
dont on dlibre, un unique point c'est, gars, permet de s'en bien tirer
on manque complte la
pour cbaque chose, quelle en ainsi, se figurant le savoir, ils ne se mettent point en peine d'un accord au point de dpart de la recherche et, mesure qu'ils y avancent, eomme de
qu'ils est l'essence
Or un
;
fait
qui chappe
pas,
plupart des
ne savent
lui prte pas ailleurs (cf. p. 3, n. i). de lui un matre d'loquence (Nues,
et
de
1.
mme Xnophon
:
(Mm.
I 2,
A la vrit, Aristophane fait 98-118, 260, 667, 874 sqq), 3i); mais, pour des raisons difl'allitration
frentes, leurs
tmoignages sont pareillement suspects. Exactement claire (cf. 23o c 2). J'ai tent de garder
avec le
des Ligures qui, selon la lgende, taient si musiciens qu' la bataille ils rservaient au chant la moiti de leur arme. 2. Impose Socrate (236 b), la thse est en effet sans ralit
nom
(cf.
3.
Passage capital
si
l'on
ne
s'est
18
AIAPOE
prj
237 a
tt'
|}Xttqv Ttpo a,
alaxvr| Sicmo-
<AI.
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va 8 xcpo auxoO, <al Ttp6b TEpov Sokv xooxcp cotyb evcu, vOv etl liSXXov 86r). a *Hv oSxco St ttol, p&XXov Se pELpaiciatco, pciXa KaX
8 ftXxLaxo ouxoal XyEiv,
1 1
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1
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BouXi?),
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Xtytat
om. Stob. Xiyeiai (et Dionys. Hermogen. Stob.) t A. p.. Dionys. p. t Xty ov 9 poatxv x Atyuwv Stob. p. t Xiyupv Gornari. ti pouatxv Heraclit. prob. Gobet p. tt
: :
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||
Vollgr.
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Stob.) : lyjt' I<r/6Te ttjv Dionys. Heraclit. ut uid. i'va Xa6ea6e Xae^Oat Stob. n tV exe.
||
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||
Schanz omnes
||
BT
||
5 aTv at'xwv
W uulg.
||
||
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Richards addub. ah. Vollgr. ejceiev -6e 6 tout' -to B 8 xa> p. x. Philop. tou x. id. to pe'XXoua'. xaXi (et Albin. Simplic.) alibi David Elias c i fiouXeeaOai (et Alb. Philop. Simpl. Dav. Eli.): -ao6at T Burnet 8vat 8e (et Alb. Phil. Simpl.) tt. S Set
:
Winckelm.
au. X'ytDV
||
||
||
TW
t
rj
ou (et Alb. Simpl.) otou Phil. Dav. Eli. Sv l av f] p\ 3 Alb. iarxtv rj axe^/i Dav. Eli. |3ouXr[ (et Phil. Simpl,)
e?.
Dav.
Eli.
||
||
mxvT; papTavetv (et Hermi. Simpl.) jiavxo . rcap touto Alb. tou tz. Stap. (Phil.) uel . (Dav. Eli.) tou jc. papTtv a 3 e8dT? ox et. Albin. Vollgr. 4 rcpoeXo'vTe T Hirschig
:
||
TW
j|
||
rcpoaeXO.
BT.
237 c
PHDRE
19
juste ils le paient, puisqu'ils ne s'accordent, ni avec eux mmes, ni entre eux ! Ne nous mettons donc pas, toi et
moi, dans
le
contraire, ds lors que nous sommes, toi et moi, en face de la question de savoir si c'est avec un
sons d'autres.
Au
amoureux, ou avec un homme sans amour, qu'il vaut mieux lier amiti, le problme est celui de l'amour, de sa nature et de ses effets mettons-nous d'accord pour en dfinition une poser ayons l-dessus les yeux fixs et rapportons-nous y, tandis que nous examinons si c'est utilit, ou bien dommage, que l'amour apporte avec lui.
; ;
Et maintenant,
c'est
ceci dit,
que l'amour
le
soit
un
dsir,
que, d'autre part, mme des gens qui n'aiment pas dsirent ce qui est beau, on le sait: quel signe distinguons-nous donc entre celui
;
monde
rflchir
qui aime et celui qui n'aime point? Il faut par ailleurs qu'en chacun de nous il existe deux formes de principes et de motifs d'action, que nous suivons o ils peuvent bien nous mener: l'un, qui est inn, est le dsir des plaisirs l'autre, qui est une faon de voir acquise, Or ces deux tendances sont en nous au meilleur. aspire
;
a parfois concordantes, mais il arrive aussi qu'elles soient en lutte, et c'est parfois celle-ci qui domine, mais d'autres fois c'est celle-l. Gela c'est une faon de voir
pos,
quand
le
qui,
238
meilleur et qu'elle domine, cette domination s'appelle temprance quand c'est le dsir qui, draisonnablement, entrane aux plaisirs et gouverne
par
la raison,
conduit vers
en nous, voil le gouvernement auquel on a donn le nom de dmesure. Or la dmesure a justement de multiples dnominations; multiples sont en effet ses membres et multiples ses formes 2 et, parmi ces formes, celle qui vient tre mise en relief fait que sa propre dnomination sert
,
de la recherche en dfinissant cet objet, il est impossible ensuite de dire rien qui vaille sur les effets ou la fonction (cf. a38 de).
l'objet
C'est quoi le Socrate du Banquet, aprs Agathon qui n'a fait que le principe, affirme la ncessit de procder au sujet de l'Amour (ig4 e sq., 199 bc, aoi de, ao4 e et Notice, p. lxxii-lxxvi).
poser
I.
Tout ce morceau doit tre rapproch du Banquet, surtout 199 6 aoo a 3, e 3 ao5 a aoi a 5,8 (cf. ao4 d 3-8, e 3); 8-d 8 ao6 b-209 e.
a, e
a.
DAIAP02
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237 c
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lv
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(et Stob.)
II
W^W
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5 vojj.adpEvov
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Stob."
Stob. au.
238 a
PHDRE
nommer l'homme
qui
la
20
:
possde
une dnomination
!
n'est
gure
prcieuse
Est-ce par
exemple la mangeaille que se rapporte le dsir par lequel sont domins, et la raison du meilleur, et le reste des dsirs ? Voil la gloutonnerie, dont le nom servira prcis-
ment aussi dsigner celui chez qui elle existe. Est-ce d'autre part aux excs de boisson qu'a rapport ce dsir tyran nique ? Puisque c'est de ce ct qu'il mne l'homme dont
il est devenu l'apanage, il n'y a pas de doute sur l'pithte en ce qui dont celui-ci sera gratifi. Et ainsi du reste concerne les noms et ceux-ci, qui sont ceux apparents de dsirs eux-mmes apparents, le nom qu'il convient d'employer pour un dsir dont le despotisme est sans relche, ce nom est de toute vidence. Or, quel est le but o tend tout ce qui a t dit prcdemment ? Peu s'en faut sans doute qu'il ne soit manifeste il est, en tout cas, sr le faire entendre que de le sous-entendre Le de plus dsir, sur un dirai-je, qui, dpourvu de raison, prdomine c lan rflchi vers la rectitude, quand il se porte au plaisir que donne la beaut et quand, fortement renforc son tour par les dsirs de sa famille dont la beaut corporelle
est il s'y porte victorieusement, alors, empruntant l'objet, sa dnomination sa rhm, sa force, il a reu le
nom
d'ros ou d'amour... *
Eh mais
Pause
:
ne
te fais-je point,
mon
cher
Phdre,
l'effet
perce d/
mme,
divin
2
d'tre
?
que je dans un
me
fais
moi-
du
dnomme
qui est l'objet du dsir, plaisirs du manger, du boire, de l'amour charnel. C'est une dsarticulation des membres du genre (cf. a65 e
peu prs l'analyse du Banquet, ao5 a-206 a. ne peut rendre la cascade de jeux de mots la racine rh, que sa fantaisie tymololaquelle s'amuse ici Platon gique veut retrouver dans ros, amour, est authentiquement constitutive des mots grecs qui ont t traduits par fortement, renforc, force.
sqq.) et qui rpond
1.
Le
franais
la suit jusqu' la reprise, prpare distinction (a65 ab, 266 a) de deux dlires, auxquels semblent respectivement se rapporter ce discours de Socrate et celui a.
de loin
ao
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238 a
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aaca ImBuLa, np& n.8ovr|V ^SEto-a KXXou Kal tc6 a8 xv auxf| auyyEvv EmSuLiiv ettI aeLixov KXXo
ppcLivco pco<j8etaa,
viK^aaaa
ycoyf],
p<>[ir\q ETtcavuLiiav
'Axp,
<j)IXe
TtdtSo TTETtovSvat
cf b 2,3): -xxjaat B Thomps. Burnet XExXrjaSai (et Stob -8 Hermi. xou Xd-j-ou xe xoi xxrjaGa'. Scbanz 7 *io7)v (et Stob.) xou X. xou B Hermi. (?) Schanz Vollgr. (hic etiam xou (et Stob.)
a 6
||
||
X.
tupa
del. ci.
:
"ce te xX]6TJ<Jxai (ci. xaXExai) Vollgr. f| 2 xaxv xauxov Vollgr. codd. 3 xExxTjpivov (et Stob.) [\ ou fox/jui. Schanz (et Stob.): 2 o B 5 t) : and xfj Badham Vollgr. 6 eux a. codd. ^ B B Stob. Schanz om. Stob. 8 rcavxios (rec. ut uid.) tj 7 x
Il
:
Il
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Thomps.
Vollgr. 7zv
Tci;
BW
(ace.
Hermi.): auct. Hartman del. Vollgr. knl ta pGv (et Stob. Hermi.) tc: x^aGov B 2 m. v 'XXco) Dionys. (cf. Notice, p. clxxx sq.) C 1 yjlsaa (i.
uid.)
a'vEu Xo^ou^et Dionys. Stob.
:
|j
||
m. ut
i.
||
m. B 2 Dionys. 2 xuxrj; B i. m.
||
xa &J au
(et Dionys.
:
xat au
Stob.):
:
B aux?); Vollgr. 3 ppwpvw... 8 vixTJaaaa secl. G. 2 Hermann rec. (em. et i. m.) (et Dionys. Stob.) ppwu.'vw B 2 poJpEvo B ptudEiaa (et Dionys. Stob.) -aav i. m. B Dionys." addub Badham vixrjaaaa (et Dionys. Stob. Hermi.) xtvrjdaaa dubit. ci. G. Hermann y^yf] B 2 i. m. --p) Dionys. Stob. Schanz del. Vollgr. Stob." ^t8u[xt'av B 2 i. 4 7a)vuptav (et Stob. Hermi.) xf,v ^wv. m. Dionysii codd. 5 &e (et Hermi.) om. idem.
|| : j| :
||
||
Il
||
238 c
PHDRE
ar
Phdre.
mon
avis, Socrate.
On
n'est
!
pas habitu te voir ainsi emport par le flux de l'loquence Chut! alors, et coute-moi. C'est que, tout de Socrate.
bon, l'endroit a bien l'air d'tre divin De sorte que, si des avec le progrs de mon discours, j'en viens tre un possd des Nymphes, ne t'en tonne pas. De fait, les paroles
!
fois,
rambiques Phdre.
Socrate.
suite:
il
C'est A
trs vrai, ce
que tu
dis l.
!
toi la
Mais coute
la
pourrait se faire que se dtourne de moi ce que je sens venir; ceci, aprs tout, ce sera l'affaire du dieu; la ntre est de revenir au discours qui s'adresse au jeune
garon.
bien donc, mon brave, quel est prcisment l'objet sur quoi il s'agit de dlibrer, voil,' c'est chose dite et dfinie. Les yeux donc l-dessus fixs, ce qu'il nous reste encore faire, c'est de dire quelle utilit ou quel dommage, pour qui accorde ses faveurs, doit probablement rsulter aussi bien de l'homme qui aime que de l'homme sans amour. Eh
Eh
bien! dis-je
4
,
quand on
de
est
gouvern par
le
dsir,
quand
jouissance, forcment on doit, semble-t-il, s'arranger obtenir de l'aim la plus grande somme de jouissance. Or une inclination malade s'en
se fait l'esclave
la
on
239
chante de tout ce qui ne la contrarie pas, dteste ce qui est suprieur ou gal. Donc, ni supriorit, ni galit ne seront par l'amoureux de bon gr supportes chez ses amours mais toujours au contraire il travaille leur abaissement et leur infriorit. Or l'ignorant est au-dessous du savant le poltron, au-dessous du brave le parleur inhabile, de celui qui a appris la rhtorique celui qui a l'esprit a lent, de celui qui l'a vif. Quand chez l'aim l'intelligence a de pareilles faiblesses et bien d'autres encore, forcment
; ; ;
prononcera ensuite. prsent, son tat de possession, son enthousiasme, doivent venir (cf. a^i de, 262 d, a63d) des divinits de ce lieu champtre, et si, en traitant un sujet glac, il en est venu au ton du dithyrambe, c'est--dire d'un chant bachique, c'est qu'un
qu'il
menace, et c'est pour y chapper qu'il interrompra (a4i c) ce qu'il appelle ici le progrs de son discours. 1. Socrate, dans son discours, reprend tous les lments de celui
dlire nympholeptique dj le
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238 c
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Hermi.
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a y'vcuai
om. tax' pa (et Oxy.) Dionys. 3 ox^T'. (et Oxy.): ante npoovxo Dionys.
:
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Hermi.)
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7
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Thomps. omnes
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napaaxEua^Eiv
:
Jt.
xpEtTToai o Stobaei
:
Stob.)
s.
om. Hermi.
||
u. (et Oxy. Stob. Hermi.): om. B || 239 1 xpETTOv (et Oxy. ut uid. Stob. Hermi.) : t x. Hirschig Vollgr. aov (et Oxy. ut uid. Stob. Hermi. 1 ) : foou-Evov Hermi. (cf. 23g a
||
\xi\
(et
(
.. 3 ei Oxy. 8t) (oe) Oxy. s. u. Oxy. Stob.): -aaETat Stephan. Vollgr. r TTov Vindob. 209 Stob."
2) D
||
o.
codd.
||
^EpyasTat
j|
tjttcov (et
Oxy. Stob.):
239 a
PHDRE
l'amoureux s'attache
celles
aa
qui se forment
:
comme
celles qui sont congnitales, tant pour se fliciter de ces dernires que pour faire natre les autres faute de quoi,
ce
chapper la jouissance du moment Il va de soi qu'il est forcment jaloux qu'il tient l'aim l'cart d'une foule de relations, de celles surtout qui lui seraient utiles en contribuant faire de lui au plus haut point un homme qu'il lui cause ainsi un grand dommage, et le dommage le plus grand si c'est l'cart de cette relation d'o rsulterait pour lui la plus grande lvation de la pen1 se. Or c'est un justement le cas de la divine philosophie
il
laisse
cc
amoureux, forcment, loin d'elle carte ses amours, par peur extrme d'tre ainsi ddaign N'importe quel stratagme lui est bon pour faire que son aim soit ignorant
!
de tout,
et
:
qu'en tout
il
ait les
amoureux
doute
une
celui-ci,
le
tel tat,
il
dom-
mage
plus grand
il
En somme
l'intelligence, qu'il
collaboration,
ce
n'y
2
,
Passons au corps
:
ee
dre soin
ce
ce corps,
cc
quand il en sera devenu le seigneur, l'homme qui, par la force des choses, poursuit le plaisir de prfrence au bien? Voil ce qu'il faut, aprs cela, considrer,
ce
Or
cet
homme, on
le
ce
c
ce
non d'un garon solide; pas davantage, de quelqu'un qui ait t lev au plein soleil, mais couvert de
lasse et
ce
ce
ce
l'ombre d'un demi-jour qui ne soient pas familires les viriles fatigues et les sueurs de l'effort, mais qui soient familires les dlicatesses d'un rgime sans virilit; qui, faute d'en avoir lui propres, se parera de couleurs et de
;
de Lysias, en vitant, non pas seulement d'omettre la dtermination de l'objet considr, mais aussi de n'en pas classer les diverses manifestations
:
ce qu'il
reprochera Lysias de
n'avoir
pas su
faire
Le premier morceau concerne l'me. i. L'amour du savoir, la philosophie, loin de favoriser d'autres amours (Banquet i83 a; p. 18, i) les exclut au contraire. Peut(a64
a-e).
cf. a3o.
(\
et Notice, p.
Maintenant
c'est le
point de vue
du
corps.
aa
<I>AIAPOE
Stvoiav !paaTr]v Ipcouvcp.
vcxyKr]
239 a
yiyvouvcov xe Kal
cpaei ivvxov xv uv fjSeaSai, x Se TrapaaKEu^eiv. xoO TtapauxiKa fiSo. <J>8ovEp8v Sfj vyKr) f\ axpeaSai
etvai,
cbcpEX'iucDv.
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ToOxo 8
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8vxa xoO
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Kaxacppovr|8^vai.
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Ttvxa yvoSv Kal Ttvxa TtoBXTtcov eI xv Epaaxrjv oo 8>v x$ uv fjSLaxo, lauxco 8 (5Xa6Ep<*>xaxo av etrj.
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f|vyKaoxai Slqkeiv, 8e UEx xaOxa ISev. uaXSaicov xiva Kal ou axEpEv Slwkcov.
aKifi, Ttvcov
Ka8ap xeSpauuvov, XX tto auuuiyE uv vSpEicov Kal ISpdbxov r|p5v aTtEipov, EUTtEipov 8 TtaXfj Kal avvSpou Siatxrj, XXoxploi xpw^iaaL Kal Kauoi X^1 TEL keIov KoauouEvov, 8aa xe d
pw. post vvxwv 7 et pa. v. post ytyvouivwv (et Oxy. Stob.): yy.yv. auct. Naber 2 x<5v (et 7 vo'vxwv B (em.) (et Oxy. Stob.): ev ovxwv B
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||
||
2 Oxy. Stob.) auct. Nutzhorn secl. Burnet del. Schanz xo; Oxy. (s. 8 5t) fj8ca6ai (et Oxy. Stob.) xtjS. Hirschig u.) Heindorf Vollgr.
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s.
3 ppoviptiSxaxo (et Oxy. Stob.) Oxy. Stob. [IV, 478, 6]) f. xi Stob. [III, 209, i3] 5 ndppwOev i. 2 m. Oxy. 7zoppoixaxa 6 rj nept d6ov B nepi'spoov B (et Stob.) B 2 i\ B Oxy. 7 ^vxa addub. G. Hermann 8 tiiv (et Oxy. Stob.) B 2 (tj s. u.) y aux (et [ut uid.] Oxy. Stob.) xw I. B Schanz p.T] av Vindob. 109 om. codd. J3Xa6epwxaxo -xepo i. m. Oxy. Stob."
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C 4 SEparreGst -aetsv Oxy. Oxy. i. m. 6 81 (et 5 [Asx B 2 (x s. u.) (et Oxy. Stob.) ue B Stob. 2 7 o8' v B (ace. exp.) Oxy. Stob.) 8r) Hirschig Schanz Burnet oBv B -sev Oxy. d 1 ypwp.aot (et Stob.) xspot; (et Oxy.
Oxy. (ut uid.) Stob.
Il
:
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||
II
||
Stob.)
ayrj[j.aatv
Plut.
239 d
PHDRE
23
parures d'emprunt, dont toute l'occupation sera ce qui par ailleurs s'y rattache. Toutes choses manifestes et ne valant pas la peine qu'on aille plus avant, mais plutt, aprs avoir
sur un point particulier dfini le principal, que l'on passe un autre point un corps de cette sorte, la guerre comme dans toute autre ncessit importante, inspire en
:
aux ennemis, tandis que les amis, et les amoureux justement, tremblent pour lui Voil, bien sr, un point laisser de ct comme mani feste, pour parler de celui qui vient ensuite quelle e utilit ou quel dommage, concernant ce que nous avons nous, devons-nous attendre de la socit comme de la direction de l'homme qui aime 1 ? Eh bien oui, voici qui ne fait doute l'amoureux surtout pour personne, pour * toutce qu' lui l'aim a dplus cher, de plus bienveillant son gard, de plus divin, c'est de cela que pour celui-ci l'amoureux souhaiterait par-dessus tout la perte pre, mre, parents, amis, il ne demanderait pas mieux que de 240 * l'en voir priv autant d'empcheurs, pense-t-il, autant de censeurs de l'extrme agrment de son commerce avec lui! Ce n'est pas tout: ce qu'il jugera, c'est qu'un aim qui a du bien soi, soit en argent, soit en proprit d'autre sorte n'est, ni de prise pareillement aise, ni, une fois pris, aussi facile manier ; il s'ensuit que, de toute ncessit,
effet l'audace
!
:
un amoureux
au contraire,
de mariage
est
et,
ravi de leur ruine. Il y a plus encore point pour ses amours, point d'enfants, point de
!
voil la condition que l'amoureux 2 puisque son dsir est de se plus longtemps possible l'goste jouissance de
doux
fruit.
appel
le soleil pur.
Plus
ce qui est
athlte, par opposition celles qui suivent le bain c'est de mme sec que l'athlte se frotte d'huile, la diffrence de qui vient de se
baigner.
i. Le troisime point est relatif aux avantages extrieurs, soit de naissance et de famille, soit de fortune. a. C'est ce que l'Aristophane du Banquet (iQ3 b) dit des hommes
provenant de la bissection d'un mle primitif, cherchent en aimant les garons retrouver la moiti d'eux-mmes.
qui,
a3
$AIAPOS
&XXa TOUTOU; ETtETaL TtvTa ETtLTT]SEOVTa
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239 d
SfjXa <al
ok a,Lov TTEpanpcD TtpoBalvEiv, XX, iv KECpaXaiOV pLaauvou, an' aXXo levai' t6 yp touoOtov acoua ev tiote Kal aXXat ^pEtai aai uEyaXai, ot uv l)(6pol X^icp
BappoOaiv, ol Se cptXoi Kal auTol ot Ipaaxal cpoBoOvTai. ToOto uv ouv co SfjXov laxov t S' l<pEE,f]<; p*r|Tov,
xlva (iX6rjv TtEpl x^v Kxfjaiv f\ e xoO IpcovTo uiXla xe Kal ETnxpoTiEta Ttap^Exai. Zacp S^) xoOx y navxl uv, uXiaTa 8 x paaxfj, 8ti tcv
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xat 5.
5-rj
Stob.
||
(et Stob.)
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T2
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reuera
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BW
:
xEsXatov (et Oxy. Stob.) v xepaXaf'co Ast Schanz l\ piaapitchoutov -xo Oxy. vou; -aauEvov Oxy. i. m. 7 8' (et Oxy. Stob.) 8 e 1 tsXetav (et Stob.) -cXt'av T Oxy. et, exe. Thomps., omnes
:
||
||
II
Il
secl.
Hartman
del. Vollgr.
||
:
a 7:ixpo7tea (et
||
Oxy.)
--fa Stob.
:
xi
add.
s.
||
om. Oxy. Stob. Stob.) ys B D 4 te 2 Stobaei codd. e'atx' (ai ex em.) (et Oxy. [ut e spatio uid.] xat om. B ait. (et Oxy. Stob.) 6 eSex' Stob.) uyyevcov
:
||
BW
:
||
||
||
(et
ci.
Oxy. Stob.)
ao-fy.
Stob." Burnet
:
||
240 a
:
o'atxo
eu. dubit.
||
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2
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Oxy.
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tiiXt'a
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6 x=xxt|ue'voi (et Oxy. v s. u.) -si Oxy. Naber xtt);j.v(o Vollgr. a7roXXua^vri (et Oxy. [ut uid.] Stob.) -vot 2 8 auxou T2 uulg. y 7 'oixov B rec. (em.) (et Oxy. Stob.): olxov B au. au. B. Stob. (em )(et Oxy. [spir. fecitj):
(et
: :
||
||
TW
240a
Il existe d'entre
PHDRE
'
.
ik
assurment bien des maux divers A la plupart eux nanmoins un dieu, sur le moment, mla du
plaisir
une
ment
nuisible, et pourtant la nature y a ml un certain plaisir qui n'est pas sans saveur; d'une courtisane aussi,
d'une chose nuisible, on vous fera grief sans foule de cratures et de d'une parler pratiques analogues, qui ontlapropritd'tre, au moins pour un jour, on ne peut plus agrables. Il n'en est pas ainsi de l'amoureux par rapport ses amours il n'est pas nuisible seulement, son assiduit journalire fait de lui tout ce qu'il y a de plus dsa3 fait grable. Chaque ge en effet, c'est un vieux proverbe ses dlices de ce qui est de son ge tre du mme temps porte, j'imagine, aux mmes plaisirs, et cette similitude a
;
: , :
comme
l'amiti pour effet; ce qui n'empche, il est vrai, la satit d'tre inhrente, mme de telles relations. C'est la vrit
que la contrainte est, son tour, qualifie de pesante, tout le monde et en tout; ce qui videmment, en outre pour de la diffrence des ges, est au plus haut degr le cas de dans ses relations avec l'amoureux envers ses amours
aussi
:
quelqu'un de plus jeune, l'homme plus g n'accepte en effet pas volontiers d'tre dlaiss, ni jour ni nuit. Mais alors, c'est par la contrainte et sous l'aiguillon qu'est men celui qui, pour l'homme dont je parle, est la source perptuelle des jouissances qu'il gote le voir, l'entendre, si bien le toucher, sentir par tous les sens son aim que ce sont des jouissances qui accompagnent son ferme assujettissement auservice de celui-ci. Quant l'aim, comment l'encourager, ou quels plaisirs lui donnera-t-il goter pour faire que, galit de temps, ce commerce ne l'amne
;
pas l'extrme point du dplaisir ? oui, quand ce qui s'offre sa vue, c'est la vision d'un tre dj g et qui n'est pas
i.
d'abord, tant que dure sa passion, il l'objet de la quatrime section est insupportable ; puis (a^o e-alii c), celle-ci teinte, il devient un
ingrat.
ment
lui on ne peut donc esprer un plaisir qui compense vraidsagrments et les dommages dont il est la cause. a. Flatteur grugeant les riches, courtisane plumant les jeunes gens, sont des types traditionnels: celui-ci, surtout de la comdie moyenne,
De
les
3.
Le proverbe complet
;
dit:
chaque ge
plais-toi
avec qui a
ton ge
un
vieux.
*!>
*AIAPOS
a
240 a
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3 in' (et Oxy. ut uid.) ixt Vollgr -oxatov Aristaenet. 5 au (et Stob.) eTvi
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:
||
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||
IV. 3.
240 d
PHDRE
a5
cette vision, et
dans sa fleur, avec tout ce qui encore suit d'autre part dont il rpugne d'entendre seulement parler, pour ne rien dire du fait mme d'une contrainte de se
manier, qui perptuellement
le
laisser
il
harcle? oui,
le
est,
des espionnages
faire des
malignement souponneux ? qu'il s'entend compliments hors de propos et qui passent les bornes ? mais des reproches aussi bien reproches qui, lorsque l'amoureux n'a pas encore bu, ne sont pas tolrbles, et qui, lorsque l'ivresse le gagne, ne sont pas intolrables seulement, mais en plus outrageants, et desquels se saoule l'impudence dbride de son langage? Ce n'est pas tout l'amoureux est nuisible et dplaisant tant qu'il aime mais, quand il a cess d'aimer, il est sans foi pour le temps d'aprs ce temps en vue duquel il multi: : ;
:
pliait
de
ces promesses grce auxquelles, grand renfort serments et de prires 1 , il avait pniblement russi
si
241
maintenir,
commerce
d'alors cause des biens qu'il faisait esprer Voici donc venue de sa dette. Mais en-dedans de luil'obligation payer
mme
s'est
opr
un retournement 2 dans
l'autorit et
dans
la direction: raison et sagesse ont remplac amour et folie; il est devenu un autre homme, et l'aim ne s'en est point
dout! Celui-ci donc lui rclame la rmunration du pass, ilvoque le souvenir dece qu'a fait l'amoureux, de ce qu'il
:
a dit
comme
si
mme homme
Quant
de dire qu'il est devenu un autre homme, et de trouver moyen de donner corps aux serments, aux promesses du rgime antrieur, celui de la draison prsent qu'il a acquis la raison et qu'il est devenu sage, il ne veut pas qu'une conduite identique celle de l'homme d'autrefois le fasse ressembler celui-ci et redevenir le mme. De ce pass il est donc prsent le transfuge, et c'est dsormais
;
Comparer Banquet (discours de Pausanias) i83 bc. Ici apparat une des deux images qui se mlent dans le morceau, celle de la coquille qui se retourne allusion un jeu o deux camps s'opposent au milieu du terrain, un joueur lance en l'air une coquille selon qu'elle tombe ou non sur la face nacre, c'est l'une des
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Burnet oaav om. B Schanz Vollgr. a Ixtveiv xtei. Coislin. i55 xTEv'. Ven. hl\ et fors. T 2 et v (ras. s. u. ante ait. exp.) 3 autw [XTa6XX(ov -Xftov corr. Goislin. i55 Thomps. au. BT au. 5 Xe^Oe -Oev BT 8 ott ov'gf 7 Gre : une B y 9 [X7tE8iaT) -aEt uulg. et, exe. Burnet, omnes b 1 vouv... 3 yvTjxat secl. llartman del. Vollgr. a tar Taura B (sed B 2 rec. fecit ace. in ait. a) 3 fuy; ... toutwv (et Hermogen.) del. Vollgr.
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241 b
PHDRE
26
pour lui une ncessit de faire dfaut, maintenant qu'en tombant la coquille s'est retourne et, retourn lui-mme, il se hte de prendre la fuite L'autre, de son ct, est dans
;
!
la ncessit
ce
d'tre le
les
et
tmoin
dieux
c'est
que, ds
le
principe,
il
vrit,
un homme
;
ce
mais bien plutt celui qui qui a toute sa tte [qu'autrement il ne pouvait manquer de se mettre aux mains d'un tre sans foi,
lui,
difficile,
d'humeur
biens, nuisible aussi pour la complexion de son corps, nuisible enfin, par dessus tout et de beaucoup, pour la culture de son me un bienfait, au prix duquel il n'y a,
:
ralit
qui
vaille
Voil
mettre
ce
qu'il faut se
que
les
bon-
ce
ns intentions n'ont point de part la gense de l'amiti chez un amoureux, mais que, comme dans le cas de ce qui
se
ce
mange, la rpltion en est l'objet la tendresse du loup pour l'agneau, voil l'image de l'amiti qu'ont des amoureux
:
'
on doit
il
continuer,
faudra
ton.
Tu
un
changer de
seul
mot
.>
,.
et dls - to1
utot
A.
maintenant
P)
Phdre. Pas possible Et moi qui me figurais que tu n'en tais qu' sa moiti et que tu allais l'quilibrer avec un dveloppement sur celui qui n'aime pas, sur l'obligation de lui accorder par prfrence ses faveurs, et dire tous les biens
!
que
le
qu'en retour cela comporte. Or voici que justement, Socrate, tu veux en rester l pourquoi ? Socrate. Ne t'es-tu pas aperu, bienheureux ami, que e
l'amoureux a pris des engagements au temps o, en demandeur, il prsent, il les rcuse, fait voulait gagner sa cause prs de l'aim dfaut, et l'autre ainsi devient le demandeur. 1 C'est une fin d'hexamtre voil Socrate au ton de l'pope. Il l'observe tout de suite in petto et le fait ensuite remarquer Phdre. a. Les membres d'une priode doivent se balancer; de mme,
;
. :
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241b
TTOTpr|K<i> (m* vyKr| & Ttplv paaxn., oxpaKou c ^eTaTtea6vxo<;, Exai <puyfj fciExaBaX&v. O 8 vayKa
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fj
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x]
Xr)8Ela xipidbxEpov
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TaOx te
xpnov \&piv TtXr|au.ovf], &>q Xukoi pva yaTtSaiv, 8> d TtaSa (piXoOaiv ipacnal.
Ttpa aKoaai IpoO Xyovxo, XX' fjSr) aoi xXo e^to 6 X6yo. 4>AI. Kalxoi &u.r)v <je pEaoOv auxoO Kal IpEv x cra
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8>
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3 Oukex av x
xoO pf) Epvxo, &q Bel eke'lvc xapl^EaBai p&XXov, Xyov 8aa au l^ei ayaBa. NOv Se 8f|, 8> ZcKpaxE. xl
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(et Stob.)
-sptoTpco auct.
Naber Vollgr.
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yarwa' Hermi.
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omnes
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3 xouto
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Vollgr.
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241 e
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PHDRE
37
ma
dithyrambes
l'autre
Et cela dans
le
faire?
que je dois commencer, juges-en qu'est-ce que je devrai As-tu ide que, par la vertu de ces Nymphes, aux:
quelles avec prmditation tu m'as livr, je vais tre pris d'un enthousiasme indiscutable ? Je le dis donc d'un seul trait tout ce que nous avons vilipend chez l'un, le contraire en revient l'autre titre de biens quoi bon allonger le discours, puisque sur tous deux il en a dit autant qu'il fallait? Quel que soit donc le sort qui, en bonne justice, convienne
;
242
je
passe la chaleur brlante ment dj midi tapant, l'heure o justement, comme on dit, 1 a tape dur ? Attendons plutt ici, tout en nous entretenant
Socrate, pas avant que soit ne vois-tu pas que c'est quasi-
de ce qui s'est dit aussitt la fracheur venue, nous partons Socrate. Pour les discours, Phdre, tu es en vrit
divin
et,
:
C'est
mon
avis
en effet ton temps a vu se produire des discours, mais perb sonne n'en a fait se produire un plus grand nombre que toi, soit que tu les aies toi-mme prononcs, soit qu' autrui tu les aies de faon quelconque imposs. Je fais exception pour Simmias de Thbes mais les autres, tu les surpasses, et de trs haut. Et voici, je crois bien, qu' prsent encore tu viens de prendre l'initiative d'un discours que j'ai, moi,
;
prononcer
2
!
Eh! ce n'est pas l dclaration de guerre 3 Phdre. Mais dis-moi comment, et quel est ce discours?
dans un discours, la thse et l'antithse (Banquet, Notice p. xl-xlii). 1. Il n'y a l, semble-t-il, aucune tautologie, mais une allitration. J'ai essay de la rendre, en changeant toutefois l'image qui, en
grec, est celle de station (du soleil), de stabilit (de sa chaleur). 2. Dans le Banquet Phdre a t l'initiateur du sujet, son pre Ici il est (177 a-e), donc le pre aussi de tant de beaux discours
!
cause de celui que va prononcer Socrate, et l'pithte dont le gratifie celui-ci 361 a pre de beaux enfants n'est sans doute pas de pur
:
Plutarque Quaest platon. II 1, 1000 f sq.). Avec l'autre exception, l'allusion au Phdon n'est pas moins transparente (Phdon, Notice p. xi v). 3. Phdre est trop grand amateur de discours pour voir dans la
style (cf.
37
<J>AIAPOi:
241 e
i^Eyeov
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S' rrai-
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242 b
PHDRE
Deuxime partie.
dmonique.
28
Socrate.
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j'tais sur
point de traverser
rrv ire, ce signal divin, ce signal dont la manifestation est habituelle chez moi 1 ,
s'est
manifest.
vais faire
venait et
Or c'est toujours pour m'arrter quand je une chose. Et j'ai cru entendre une voix qui en qui ne m'autorisait pas m'en aller avant de m'tre
acquitt d'une pnitence, en raison de quelque pch de ma part envers la divinit: preuve certaine que je suis un devin, pas trs fort c'est vrai, mais, la faon des gens qui savent
mal leurs lettres, juste assez rien que pour moi Donc j'ai dj claire conscience d'avoir pch. Incontestablement une chose, camarade, qui a ce pouvoir mme de divination, c'est aussi l'me: il y avait en effet un je ne sais quoi qui me
!
troublait, et depuis
un bon moment,
mon
discours; j'tais tout dcontenanc, par peur, selon la parole 2 d'Ibycus , qu'ayant Jailli auprs des dieux, je ne fusse, en
me
suis
rendu compte de mon pch Phdre. Quel est donc le pch dont tu parles? Socrate. pouvantable, Phdre, pouvantable est le discours dont tu t'es toi-mme charg, aussi bien que celui que tu m'as forc de prononcer... Phdre. Comment cela ? Une niaiserie, et, dans une certaine mesure, Socrate. une impit Dans ces conditions peut-il y avoir plus pou-
vantable discours
Impossible, pour peu que ce que tu Socrate. Quoi donc Amour pas ton jugement un dieu? d'Aphrodite, Phdre. En tout assurment tradition
Phdre.
la vrit.
!
dis soit
n'est-il
le fils
et
cas c'est
la
dclaration de Socrate
une menace sa rponse est celle qu'on fait par antiphrase au messager d'une bonne nouvelle (cf. a43 b fin). 1 Je garde, bien que contest, le texte traditionnel la voix
:
. :
intrieure vient
aussi donne-t-elle
Vdme qui
l'entend une divination (cf. a4 a-a&5 cla suite d'ides qui aboutit tudier la nature de l'me; Notice p. cxxxi sq.), d'ailleurs toute personnelle; jamais elle ne fait que dtourner Socrate d'agir (Apologie 3i d).
2.
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Il
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3.
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242 d
PHDRE
Socrate.
39
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,
Du moins
.
bouche, une fois que rellement il est) un dieu ou bien quelque chose de divin, ne saurait tre quelque chose de mauvais. Or c'est ainsi qu'il a t caractris par les deux discours qui viennent d'tre prononcs son sujet tous deux en cela ils pchaient donc envers Amour. Et de plus ils sont, l'un et alors qu'ils ne l'autre, d'une niaiserie absolument exquise
!
Amour,
s'il
est (ce
243 disent rien de sain ni de vrai, ils se font gloire d'tre quelque chose, si d'aventure ils doivent faire illusion je ne sais quels
bouts
C'est
d'homme et
s'tre
donc pour moi une ncessit de me purifier. Or il y a, pour ceux qui pchent en matire de mythologie, une antique purification dont Homre, lui, ne s'est point avis, mais bien Stsichore 1 Priv de la vue pour avoir mdit d'Hlne, il ne partagea pas l'incomprhension d'Homre il avait de la culture, il comprit la raison et il se hta de composer les
.
// n'y a pas de vrit dans ce langage ! montas non, tu ne Non, point sur les nefs bien pontes, b vins pas au chteau de Troie! Et, quand il eut achev de composer la Palinodie (c'est le titre du pome), sur le champ il
vers
que
voici
tu ne
recouvra la vue.
En
effet je
que
ce rapport
sans attendre quelque disgrce pour avoir mdit d'Amour, m'efforcer de lui payer ma palinodie , avec la tte dcouvert et non pas en m'encapuchonnant, comme de honte je
le faisais tout l'heure. allusion au discours de
Pcnia (Banquet aoa d-ao3 c). 1. Stsichore (premire moiti du vi e s.) avait, au dbut de son pome La destruction d'Ilion, durement parl d'Hlne, la femme aux deux, aux trois maris, l'infidle pouse . Puisque c'tait Aphrodite qui punissait Tyndare en donnant la vertu de sa fille une telle son tour l'innocente hrone tait en droit de punir ceux fragilit,
Amour
et de
est
dmon
et
non dieu,
fils
qui,
comme Homre
A. Dis Autour de Platon, p. 108 sq.J. Mais le second, tant un lyrique, donc un musicien (et le philosophe n'est-il pas, pour Platon, et en le parfait musicien [Phdon 61 a] ?), comprit qu'il avait pch quoi. D'o sa rtractation ce n'est pas Hlne, c'est son fantme qui a
:
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243 b
PHDRE
Phdre. Ah Socrate, c'est tout ce dire de plus agrable!
!
3o
que tu pouvais
me
Socrate.
Cela prouve,
mon bon
ce qu'il y avait d'impudent dans les deux discours prononcs, aussi bien celui-l que celui que tu as lu sur ton cahier.
Supposons en effet qu'il se soit trouv, pour nous entendre, un homme dont le caractre et de la noblesse et de la bienveillance, et qui en aimt un autre tout pareil ou bien qui l'et aim auparavant; quand nous lui parlerions de ces
amoureux
qui, pour de faibles motifs, s'emportent une vigoureuse inimiti, qui l'gard de leurs amours se conduisent en jaloux et leur sont nuisibles, comment pourrais-tu ne
pas penser qu' son jugement les propos entendus sont ceux de gens nourris parmi des matelots et qui n'ont jamais eu
le spectacle
d pas de beaucoup qu'il ft d'accord avec nous dans ces reproches dont nous chargeons Amour ?
Phdre. Socrate.
fais
cet
je
me
honte, et c'est
alors,
j'aspire
un
discours dont l'eau douce lave ce que j'appelle* Mais Lysias galepropos entendus
ment
vite sur l'obligation, toutes choses gales d'ailleurs, d'accorder ses faveurs l'amoureux, plutt qu' celui qui n'aime pas.
je conseille d'crire
au plus
Phdre.
!
Eh
bien
sois-en
que
se
passera Du moment que tu auras prononc l'loge de l'amoureux, toute force il faudra que Lysias soit par moi forc d'crire son tour un discours sur le mme sujet 2
Socrate.
L -dessus
je
me
fie
toi,
ma
parole
!
aussi
longtemps que tu seras qui tu es. Phdre. Parle, alors, en toute assurance O donc est pass ce jeune garon qui je Socrate.
IX 586
c).
Pour
offrir
au dieu
qu'il a
offens sa palinodie, prventive celle-l, Socrate sera le pnitent qui proclame ouvertement sa faute ; se serait-il, s'il ne l'avait dj sentie,
(si
premier discours (287 a) ? Mais le vrai coupable 257 ab) est Phdre, l'ensorceleur qui l'entranait dans la bacchanale (234 d cf. 344 a). cf. 1. Se purifier en lavant la souillure (2^2 d sqq. 267 a). 2. C'est l'ide sophistique de comptition (Banquet, p. lxx sq.).
voil la tte avant son
ce n'est Lysias,
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Oxy. Hermogen. Plut.): xaxaxX. Plut. Quaest. conuiu. 1g, 4, 627 f et Vil 8, a, 711 d cto T 2 (a interpos et 9 otw -w codd. Oxy. o BT et 10 tov e a signum mut.) (et Oxy.) yp. interpos. 2 &v (et Oxy.) 3 XyE Totvuv (et Oxy. 2) eoj av Stp Oxy. fftocntEp 4 touto toutou Xeyoi vuv Oxy. Oxy.
II
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243 e
m'adressais?
tendait pas,
Il
PHDRE
faut
3i
S'il
que
ceci,
il
l'entende aussi.
ne
l'en-
peut-tre bien prendrait-il les devants et donnerait-il ses faveurs l'homme qui n'aime pas...
Phdre.
Il
cts et tant
que tu voudras
((
Socrate.
Eh
bien
(j
js
voici,
Second discours
loae de l'amour
244
a
est
g arg) ce q Ue lu
fc en te
mon beau me tt re en
bourgeois de Myrrhinonte, tandis que celui que je vais dire de Stsichore, fils d'Euphme et natif d'Himre.
Voici maintenant comment doit s'exprimer son discours
n'y a pas de vrit dans un
:
prsence d'un amoureux tant admise, prtendra que c'est celui qui n'aime pas qu'on doit de prfrence accorder ses faveurs, et cela pour ce motif que le premier est en dlire,
et le second, restriction,
il
langage qui, la
de sens
rassis
Si
en
effet
il
que
le dlire est
un mal,
Mais le fait est que, parmi nos biens, les plus grands sont ceux qui nous viennent par l'intermdiaire d'un dlire, dont coup sr nous dote un don Les , divin Qa le voit en cffet la proph_ quatre^formes tesse de Delphes, les prtresses de inspir des dieux Dodone, c'est dans leur dlire qu'elles ont t pour la Grce les ouvrires de nombre de bienfaits
.
(<
vidents, tant d'ordre priv que d'ordre public, tandis que, elles taient dans leur bonsens,leur action serdui-
quand
sait
peu de chose, ou mme rien. Aprs cela, parleronsnous de la Sibylle ? de tous ceux qui, usant d'une divinaqu'un dieu inspire, ont d'avance dict bien des gens, en bien des occasions, le droit chemin de leur avenir? Ce
tion
pour tout
. :
le
monde.
Etymologies.
la
produit
en tmoignage
noms que ne tenaient pas le dlire, mania, pour une chose honteuse, non plus que pour un opprobre. Autrement, ils n'auraient pas en effet, enlaant ce nom- l au plu s beau des arts, celui qui permet de discerner l'avenir, appel celui-ci manik, l'art dlirant Mais c'est parce qu'ils regardaient le dlire
les
instituaient les
3i
&KO\iar]
DAIAPOS
Kal,
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243 e
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auct. Gobe rtapsativ (et Oxy.) 2 244 a 1 rjv (et Oxy. 2) Oxy. om. Oxy. y Mupp-.vouatou (et Oxy.): Muptvv. B a vSpo' secl. Herwerden del. Vollgr. et. 4 Xexxo (et Oxy.) om. B xup.o ex. B ex. T Xo>? (et Oxy.) : X. T 9 Srj (et Oxy.) eras. B om. Aristid. Burnet b 2 etpyicfavco (et Oxy. Arislid.) rjpy.
Oxy.)
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||
244 c
PHDRE
comme une
3a
belle chose, toutes les fois qu'il provient d'une dispensation divine, c'est pour cela qu'ils instituaient cette dnomination. Lesmodernes au contraire, n'ont le
sens
du beau, y ont
qui, introduit le
et l'ont
l'art divinatoire.
l'art
La preuve en
est aussi
que
justement
des gens qui se possdent, s'employant la recberche de l'avenir par le moyen des oiseaux et des autres signes ;
un
art qui en effet, l'aide de la rflexion, procure l'opinion des hommes, osis, rationalit et information, nous et hisloria. C'est pour cela que cet art fut par ces Anciens
Aujourd'hui les modernes l'appelde l'augure, avec un o d nom imposant Autant donc, cela va long, pour de soi, sont suprieurs en perfection et en dignit, et l'art du devin par rapport celui de l'augure, et le nom comme la fonction de l'un par rapport au nom comme la fonction de l'autre, autant le dlire est par sa beaut, les Anciens en
dnomm
oo-no-histik.
tmoignent
suprieur la sagesse, le dlire qui vient du dieu, la sagesse dont les hommes sont les auteurs! Ce n'est pas tout ces maladies mme, ces preuves,
1 ,
:
toutes rigoureuses, qui en consquence d'antiques ressentiments, existent, venant on ne sait d'o, dans cer tains individus d'une race, le dlire prophtique, en
entre
produisant chez ceux qui y taient destins, a trouv le moyen de les loigner, et cela par un recours des prires aux dieux, des services en leur honneur; grce quoi, ayant abouti des rites purificateurs et d'initiation, il a
se
ce
245
qui y participe, par rapport au prsent par rapport au temps qui suivra, en faisant trouver l'homme, en qui sont ce qu'il faut dlire et possession, un moyen de s'alranchir des maux prsents *. Il y a encore un troisime genre de possession et de dlire, celui dont les Muses sont le principe si l'me qui en est saisie est une me dlicate et immacule, elle en reoit l'veil, il la plonge dans des transports qui s'exl'abri celui
mis
comme
i. Ce morceau suppose la doctrine du Cratyle institution du langage par des lgislateurs philosophes, qui combinaient les sons de faon traduire des ides plus ou moins complexes. 2. Passage controvers de races maudites, il s'agit sans doute payant la ranon de quelque faute ancestrale, et dont pourtant cer: :
tains
membres
3a
DAIAPOS
potpa
ylyvr|xai.,
244 c
cVrtEipoKXco xo
ouTCi vo^taavTe IBevxo* o Se vOv, xaO ETtp6aXXovx, [iavTiKr]v EKEaav. ys xSv p<pp6vcv, ^xrjaiv xoO ^XXovto
ttolou^ivcov
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Siavota TTopiopvcv vBpoTtlvr) otrjaEi voOw te icaltaToptav, otovotaxiKr) v Ttv6p:aaav, fiv vOv oIcvi
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Kaxaa^o^vcp
Tptxr)
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8
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j|
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8 7ropiope'vwv (et Aristid.) -v)v Stephan. -ojaevov HeinRichards dorf y v0pa)7::v7) orj'ast B 2 (et Oxy. Aristid.): -vtjv ol. B -vtj vorjaei
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||
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:
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s/ovra
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Badham
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ci.
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xaTox.
(cf.
a^g e 3)
||
245 a
1
||
B2
xaxo-.x.
:
xva6ax.
IV.
3.-5
245 a
PHDRE
l
33-
que en fin de compte suffire faire de lui un pote, celui-l est lui-mme un pote manqu, comme est clipse par la posie de ceux qui dlirent celle de l'homme qui se
portes
bilet doit
priment en odes, en posies diverses , il pare de gloire mille et mille exploits des Anciens, et ainsi il fait l'ducation de la postrit. Mais qui se sera, sans le dlire des Muses, pr sente aux de la Posie avec la conviction l'ha-
possde
et encore ne sont-ce pas de rapporter un dlire dont les dieux sont le principe. Concluons donc que ce n'est pas l en vrit chose dont, en elle-mme, nous ayons avoir peur, et ne nous laissons pas dconcerter par cet pouvantail d'une doctrine d'aprs laquelle il faut, l'amiti de l'homme passionn, prfrer celle de l'homme qui se possde. C'est le contraire quand, non contente de dire cela, elle aura prouv la thse que voici, qu'elle se flatte
Tu
les seuls
beaux
effets
que
je suis
mme
d'emporter le prix la thse d'aprs laquelle ce n'est dans l'intrt de l'amant et de l'aim que leur vient pas l'amour envoy par les dieux Et nous, ce qu'en revanche nous avons dmontrer, c'est, inversement, que les dieux ont voulu le bonheur de ceux-ci suprme quand ils leur c ont fait don d'un semblable dlire 2 Sans doute cette dmonstration ne convaincra-t-elle pas les esprits forts, mais Dans ces des sera elle convaincante. sages pour conditions, ce qui est tout d'abord Ncessit de savoir j 1 i requis, c est ou au suiet de la nature ,,. J * : ce qu'est l'me .. ?.. ,. , de 1 me, aussi bien divine qu humaine, on se fasse des ides vraies en observant ses tats et ses
alors
!
'
actes.
son immortalit ;
effet se
i
.
,.
toute
,,
.-,
meut soi-mme 3
est
immortel, au
lieu que,
pour ce
vraiment
Platon
:
divine.
ceux dont
impure
immorale seul un pote philosophe Lois IV 719 cd, VII 801 bc).
;
a. L'amour inspir des dieux ne peut tre qu'un amour philosophique, celui qu'exalte Diotime (Banquet Notice, p. lxxvii sqq.). 3. La plupart des diteurs lisent ici le texte qu'a traduit Cicron
33
kcxtcx
*AIAPOS
xe cbSq Kal Kax
xfjv
245 a
^iupi.a xov
aXXrjv TtoLr|aLV,
8'
av, Sveu
uavla Mouacov,
ETtl
TtoirjXiK
8upa
c apa ek T^vr| tKavo Tioir|xr)c; o\ivoq. xXf|c; auxcS te <al f\ "notr|ai utt8 xfj xv uaivouvcov f} toO acocppovoOvxo f^<pavta8r|.
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xovavxtov
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J
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M.
:
tx.
Proclus
Proclus
||
||
rotrjTty.
(et
Oxy. Seneca
-xrj;
||
u>; pa (et Oxy. Aristid.): 'pa Vollgr. xa au. Proclus w Stob. txav -vw Aristid." 7 axo' xe xat 8 f] Stob. \ r) B H b I Jiv acu (et Oxy. Aristid. Hermi. ) uvTot B Schanz Vollgr. JtXsto xXzibii Oxy. 2/w p.avt'a (et a touto ye 3 sSittuvo (et y., Aristid.) e/w Oxy. ye t. Stob. Oxy.) 8ei8. Stob." a'.vtxx. auct. Naber Vollgr. 4 xxcvr tiivou xexiv. 6 weXe/a -Xc'a T Oxy. ut uid. (et Oxy. ut uid.) om. Oxy. Vindob. 109 Stob. 8 Tfj 7 7:i7:e'[i;:eTat (et Oxy.): toc, Stob." om. Stob. 6ev (et Oxy. i. m.) 8eou Oxy. c p.Ey(aTT] (et Oxy.) 3 p'jaecu; 4 epya (et Hermi. ) epya xat post Oei'a Oxy. i. m. stSri Oxy. y 5 p/rj ... rjSe (et Oxy. -Hermi. ): auct. Naber del. 6 aTOxt'vir)Tov Oxy. (et Hermi. [io4 7, 9, 28; n5 1]): eix. Vollgr. codd. Oxy. 2 (i. m.)Cic. (quod semper mouetur) Hermogen. Stob. Hermi.
||
:
Il
TW
||
||
||
||
||
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Il
n3
omnes
Oxy.)
:
||
8* (et
/./.o
a. Tt Alex.
Aphrod.
Gt:'
||
(et
W Stob.
Oxy.
?):BW
245 c
PHDRE
34
qui, moteur d'autre chose, est m aussi par autre chose, la cessation de son mouvement est la cessation de son existence. Il n'y a ds lors que ce qui se meut soi-mme qui, du fait qu'il ne se dlaisse pas soi-mme, ne finit jamais d'tre en mouvement mais en outre il est, pour tout ce qui encore est m, une source et un principe de mouvement. Or un principe est chose inengendre car
; ;
d'un principe que, ncessairement, vient l'existence tout ce qui commence d'exister, au lieu que luimme, ncessairement, il ne provient de rien si en effet
c'est partir
;
partir de quelque chose, il n'y aurait pas commencement d'existence partir d'un prinil
commenait
1
.
d'tre
D'autre part, puisqu'il est chose inengendre, l'inil est corruptibilit aussi lui appartient ncessairement vident en effet que, une fois le principe ananti, ni jamais
cipe
;
lui-mme d'tre partir de quelque il ne commencera chose, ni autre chose partir de lui, s'il est vrai que c'est partir d'un principe que toutes choses doivent commencer
d'exister.
ment,
c'est ce
Concluons donc: ce qui est principe de mouvequi se meut soi-mme; or cela, il n'est pos-
sible, ni qu'il s'anantisse, ni qu'il commence d'exister: autrement, le ciel entier, la gnration entire venant
tout cela s'arrterait et jamais ne trouverait nouveau, une fois mis en mouvement, un point de dpart pour son existence. Maintenant qu'a t rendue vidente l'immortalit de ce qui est m par soi-mme, on ne se fera 3 pas scrupule d'affirmer que c'est l l'essence de l'me, que
s'affaisser
,
(Tusc.
il
s'agirait
de
(dbut du
tablir
soi
que
comme
s. Platon veut en effet ap. J.-C.) est bien prfrable ce qui est automoteur est principe de mouvement pour pour ce qu'il meut, et cela ternellement ; ce sont les
deux parties de
la
la preuve rsume la fin de d. Avec le texte usuel, dmonstration semble boiteuse (Notice, p. lxxvii sq.).
:
il n'y i. Avec un autre texte, que suit Cicron, le sens serait aurait plus de principe. Soit ; pourvu qu'ici on ne garde pas le mot grec qui, trois fois dj, a signifi venir l'existence, car on ne peut,
sans absurdit, dire qu'il ne natrait plus de principe 2. Nouvelle variante le ciel, la terre se confondant... Mais l'ide
1
est
3.
que, le principe automoteur disparu, tout Cicron n'a peut-tre pas lu ce texte,
?
mouvement
car
il
niera...
Autrement
dit
34
fcAIAPOS
aXXou klvo^evov, TtaOXav Ix ov KLvr|ceto, TtaOXav X ei Mvov Sn, t6 aTo kivoOv, &te ok TtoXETtov
245C
cof)<;.
Iout6, ottote X^|Y El kivouevov, XX Kal tol &XX01. Kal p\A Kivf^aEo. 'Apx^l Ttriyr)
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Kivf)<jQ
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e
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lauToO kivou-
toOtov aT6v ti
||
8 auto (et C 7 xtvTGw ... 8 %<or ; (et Oxy.) . ... xtv. Stob. Stob." axaux (cf. d 7) Herwerden Vollgr. Oxy. sauxo): axo 10 xoxo t. yp Stob. d 2 x tou (et Stob. lamblich.) lx tou B 3 ox v I ipy_rj (et Oxy. Stob.) ox v p/T] Vindob. 8g Gic. [nec enim esset principium] Simplic. Ast ox v fa pyr\ lamblich. Theodoret. (ad Tim. Locr. referens ?) Buttmann Burnet xouxo ox av s py Schleierm. Schanz ox v 7xav py^. Heindorf yt'fvotxo ait. (et Oxy. Stob.) ysvotxo Buttmann Vollgr. e'r) Simplic. Ast rjv Theo-
BW
||
]j
||
||
doret. (cf. supra) 4 axtv (et Oxy.) -T SttpGopov (et Oxy.) au. et. v. ax vyxr) dvat (et Oxy.) -opov B cpopov Stob. Stob. y 5 txoxe (et Oxy.) om. Simplic. 6 x (et Stob.): om. Oxy. ax (et Ar. Top. VI 3, om. Simplic. H 7 t) (et Oxy. Stob.)
. :
||
W
||
||
|[
||
8 a6x (et Oxy. gajxo) axo B Stob. n exp. ut uid. 8i (et Oxy.) 0" ouv Stob. e 1 ye'veatv (et Oxy. Gic. [omnisque natura] Stob. Syrian. Hermi.): yf^v (T i. m.) e; sv Philopon. Burnet
i4o
b 3)
: :
j|
||
||
||
oufAHaouaav
||
Oxy.): auax. Stob. axT^agaGai lttv Oxy. Stob. auGt Syrian. ly,. axjvat codd. Hermi. uulg. -6"v xt xivr,0svxa yEVTJaExat (et Oxy. Stob.) ysv. Bohde x'.vTjrJjexaE Vollgr. 3 o (et Oxy. Alex. Aphrod. Stob. Phiut: auxou l\ oatav lopon.) om. B y u' auxou Oxy. sed cp s. u. (et Oxy. Ar. [I. c. a 34, 64] Alex. Stob. Philopon.) aiv ci. Naber|| xouxo' Alex. xoixov axo'v xt; ox (et Oxy. Alex. Stob. Philopon.): xt; (om. ox) e Ciceronis quis est qui... neget Herwerden Vollgr.
:
uu.;:.
:
axfjvat (et
||
||
||
||
||
245 e
sa
PHDRE
notion est cette notion
reoit du dehors son est au contraire un
35
mme. Tout corps en effet qui mouvement est un corps inanim corps anim, celui pour qui c'est du
;
qui en tient de lui-mme le principe, attendu cela que consiste la nature de l'me. Mais, si que c'est bien ainsi qu'il en est, si ce qui se meut soi-mme
dedans
et
c'est
en
246
n'est
pas autre chose que l'me, alors ncessairement l'me devra tre la fois inengendre 1 et immortelle. Aussi bien, voil qui suffit sur la Sa nature: <( q Ues ti on ae son immortalit. Quant x le mythe ? . . , ,., a ce <l est de sa n at"re, voici ce qu il de Vattelage ail. en faut dire la caractriser, c'est
<c
m
.
d'une exposition entirement, absolument divine et fort tendue mais en donner une image, l'affaire d'un expos humain et de moindres proportions; en cons quence, c'est ainsi que nous devons parler. Cette image donc est 2 celle de je ne sais quelle force active naturelle, qui unit un attelage et un cocher, soutenus par des ailes. Cela tant, les Dieux ont des cbevaux, des cochers qui, tous, b sont eux-mmes bons, composs de bons lments, tandis
l'affaire
;
que, pour
c'est,
le reste des tres, il y a du mlange. Pour nous, premirement, d'un attelage appari que le conducteur est cocher ensuite, des deux chevaux, l'attelage en a un qui est beau, bon et form de tels lments, tandis que la
;
Il s'ensuit
composition de l'autre est contraire, et contraire sa nature. que, dans notre cas, c'est ncessairement un mtier difficile et D'o vient ingrat que celui de cocher
!
donc, ceci pos, que mortel aussi bien qu'immortel soient des dnominations du vivant? Voil ce qu'on doit tcher
i.
Ou
bien
il
faut admettre
que
ceci est
en contradiction avec
Time, de la fabrication de l'me-mre par le Dmiurge, ou bien y voir la confirmation de la thse que ce serait le symbole mythique d'une analyse de sa nature c'est le plus probable.
l'histoire,
dans
le
Bien entendu, l'ingnrabilit est plus que Phdon, de nos mes par rapport au corps.
2.
la prexistence,
dans
le
passe
te
;
Dcrire rellement l'me serait long et suppose un savoir qui dl'homme en donner une image sera vite fait et est notre por; ;
voici
donc
cette
image.
Un
autre
texte,
gnralement
suivi,
garde
ici
est, je crois,
me
parat
35
Xyav
*AIAP02
ok alaxuvexai. riv yp ccoua. uv I,c8ev t KLVEaSai, t^u^ov Se IvSo8ev au-r E, aToO,
245 e
Iui|ju)(ov,
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246
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W|
Ka ^
ouv
SuokoXo kE, vyKr| f) TtEpl r|ua f^vi6xr)ai. fj 8f| BvtjtSv te Kal &8vaTOv >ov k<Ki]dr\, TTEipaTov eItceIv.
6 aTS (et Alex): 6 5 ata/uvtTai -ytfvTjTat Stob. n Philopon. a auTO: auTou ax Stob. Simplic. outou B Oxy. au. Stob. -iv BT loti 8 touto tout' ov (et Oxy. Stob.) 7 Oxy. (et ey t aT sauT xtvouv (et Oxy. Ar. [Metaph. Oxy.) om. Stob. to auToxetvouv sic Oxy. i. m. t au. au. x. Stob. 6, 107a a a])
: ||
||
||
||
||
||
A
Il
om. Oxy. 5 paxp; Oxy. i. m.): exp. 8erj<j. Pro3^7 a 4) 8tT)y7j'aeu> (et Oxy.) mus 6 ov (et fors. Oxy. i. m.) 8r) Oxy. X^yeo(jLsv (et Oxy.) Stob. n y oiv.i toi OY] (et Hermi.) E. 8/j tw Vindob. 109 ~).iyo. 2 2 i. m. Stob. Hermi." edd. otxsTwS) T Yp. et (pro uerborum continuitate et muti solita omissione nihil ex Oxy. induci potest) 7 8 7:avT aTo( ts (et Oxy.) upuTw (et Oxy.) oup. Burnet xa X. au. B 7t. om. Hermi. 7:. xa au. Baiter b 1 t Ta dubit. ci. aXXv (et Hermi.): vOpuijKov (errorem putans e compendio Vollgr. a JpoiTOv piv 7tp. natum) Vollgr. p'utXTai pipei. Burnet Vollgr.
246 a 4
aTris (et
(cf.
:
||
paxapt'a
Il
Oxy.
||
||
W
:
||
||
Il
||
||
Herwerden Vollgr. fjpwv om. Hermi. auvwpoo twv exp. ut uid. 3 auT (et uvw. Oxy. Thomps. Vollgr. 8s l\ 8' Oxy. ut uid.) -twv Vindob. 8g Heindorf -t Grumme Oxy. 6 ts (et Oxy. Hermi. ) om. B Schanz Vollgr.
p. rJTTtov
eiv
1
:
||
|j
||
||
||
j|
246 b
PHDRE
36
' d'expliquer. C'est toujours une me qui a charge de tout ce qui est dpourvu d'me; mais, en circulant dans la
totalit
de l'univers,
elle
rentes. C'est ainsi que, lorsqu'elle est parfaite et aile, elle chemine dans les hauteurs et administre le monde entier ;
quand au
jusqu' ce qu'elle se soit saisie de quelque chose de solide ; elle y tablit sa rsidence, elle prend un corps de terre et
qui parat tre l'auteur de son propre mouvement cause de la force qui appartient l'me: ce qu'on a appel un vivant, c'est cet ensemble d'une me et d'un corps solidement ajust, et il a reu la dnomination de mortel. Quant celle d'immortel, il n'est rien qui permette d'en rendre mais nous nous forgeons, raison d'une faon raisonne
;
sans en avoir ni exprience ni suffisante intellection, une ide du dieu 3 un vivant immortel qui possde une me,
:
qui possde aussi un corps, mais tous deux naturellement unis pour une ternelle dure. L-dessus cependant, qu'il
en
soit
en
;
Divinit
les ailes,
et qu'on en parle ainsi qu'il plat la maintenant passons la raison qui fait tomber qui les fait se dtacher de l'me. Or, voici quelle
et Il est
somme
La procession
cleste des mes.
des
mener
en l'levant du ct o habite
race
Dieux, et ainsi
i.
me. Mais
la
un
qui est hors de propos en cet endroit o Platon distingue les mes par rapport
2.
la
e.
:
a48 ab, c fin ne disons pas, sans plus, qu'elle la prcipite dans un corps (car les mes divines, qui sont exemptes de cette chute, n'en ont pas moins un corps [a46 d db.]), mais dans un corps solide et fait de terre, non
de feu,
3.
comme
cxxxm
sq.).
le
Le
on n'en peut parler autrement que par que image ou par analogie et sous la forme d'un mythe, pourvu que ce soit en des termes qui ne les dprcient pas (ainsi 2^6 e db.) et qui mme leur agrent (Phdon, Notice, p. l, n. 3). Platon en donne ici c'est que la raison et, la fois, celle de plusieurs emplois du mythe
celui de l'me
:
mme
36
<>AIAP02
H'uxr] Traa Ttavx
246 b
opavv
Kod
TtEpiTtoXEl,
aXXoxE lv ccXXoi
ical
eSecti yiyvo^vr|.
ce
ETTTEpC^vr|,
Sloike*
f\
JlEXECpOTTOpE
TE C
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8 TtXEpoppur|oraaa
(ppETtxi
CC
Si xf|v
xo E,pTtav ekX^Bti, ipux^l eke(.vt]<; Suvapiv, c3ov <al acua Ttayv, 8vr|x6v te ect^ev ETtcavupiav. 'ASvaxov
-
XX TtXxxouEV,
oxe ISvTE oxe Kav vor|aavxc;, Bev 8vax6v tl d >ov. e^ov pv vpu)(f)v, E)(ov Se aS^ia, xv si Se xpvov
xaOxa
cplXov,
Sf),
0Ttr|
xc^ Gec^
xaxrj e^xc xe
ical
XV TtXEpV
"Eoxi 8 xi
cc
TtoBoXfjC;, Si f)v
IpU^
CXTTOppEL,
X6(3UV.
ce
xolcxSe.
ricpuKEV
fj
cc
(jETEcoplc^ouaa
b 7 <J,ux.r) rcaa (et Oxy. Plotin. [III 4, a ; IV 3, i ] Euseb. B exe. Burnet omnes rj c[. r. 7C. r\ || cp. [ex Attico] Simplic.) 8 'vGpw^ov Se ocavv (et Oxy. Plotin. [III 4 a 2 ] Euseb. Simplic.) 8 Vindob. iog 8' ov Herwerden Vollgr. op. secl. Badham
1
:
33
TW
||
XXoTS Oxy.
(ut uid.)
-t'
codd.
||
C
||
i teXs'ci
-sia
Oxy.
||
ov
om. B Oxy.
: ||
(Oxy.
2 i.
Te x. Syrian et
psTStopo-opi te xac (et Hermi.) -T.okti Hermi." -roXeiTat xat Oxy. a rzdvza. (et
Stot^vEt
ototxe (et Oxy. Plotin. Hermi.): Oxy. Plotin. Hermi.): arcavra Naber Vollgr. jct. nu; Oxy. (prob. Wila7tTepoppu7[cTaca
||
:
j|
TW
:
mow.)
||
ciTEpso" (et
Oxy.
:
i.
m.)
axeppou Oxy.
:
||
ou
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B
j|
||
4 ax
n 5 pxav Oxy. a&. sic) auxo <zuto B <xt Hermi. au. id. ? Burnet 6 -xt)v 6v7)To'v (et Oxy.) (et Oxy.) Oxy. i. m. ap.7;. te Oxy. t' codd. t O. 8 avaTov (et Oxy. Hermi.) Heindorf t 3 0. Vollgr. \z\oyia7 o8' (et Oxy.) ox Hermi. uivou (et Procl. Hermi.) -apsa Badham Vollgr. XX XXo ci. Wilam. tiXottou-ev corr. Vindob. 109 Proclus TiXaTTopvou codd. 8 ou'ts o'vts? oV eio'te B ti jov t jtXaTt. 0? G. Hermann d 1 h.v. a. codd. . B xi t X,. Procli codd. Tt X,. xXscav Heindorf 1 3 T om. a S-upTiEuxOTa crupr. Burnet Stj (et Hermi. ) rfir\ B vaX. ci. Naber S' 8s 6 8uvau.i (et HerD 4 XwuEv d
cxutq (et
||
||
||
'
||
||
:
||
Il
||
||
||
Il
||
||
||
mi. ):
1
ocit;
Plut.
Il
7 f
t
xsxotvoivrjxs (et
Hermi.
-xsv
BT.
246 d
rapport au corps, a eu,
PHDRE
au divin. Or
le
3?
le plus largement qui se puisse, part divin, c'est ce qui est beau, savant, bon, avec tout ce qui est du mme ordre ; rien certainement ne contribue davantage nourrir, dvelopper l'appareil ail
de l'me
au
lieu
que
le
laid,
le
contraste avec les prcdentes qualits, le dgrade et le ruine fond. Or donc celui qui dans le ciel est le grand cbefde file, Zeus, lanant son char ail, s'avance le pre-
est
247
plombe
le
le ciel
pour
les attelages
qui portent
les
Dieux,
les dcrire, ni
dieu n'est l'objet, ni d'une exprience sensible qui permettrait de d'une intellection qui permettrait d'en acqurir, dia-
On remarquera la parent avec picurienne du dieu (A Mnce ia3). 1. Quoique Platon, plus bas (a5ac,e; a53 ab), puisse paratre avoir ici song aux dieux de l'Olympe, ce n'en est sans doute pas le nombre qu'il envisage. Il s'agit plutt d'un mythe cosmologique
de
la dfinition
:
aux mouvements dans le ciel de onze dieux et dmons s'oppose en effet l'immobilit del terre (Hestia, Vesla); ce rang o chacun fait sa tche signifie la distance au centre et l'tendue de l'orbite sur 2^8 a). Par suite, celui laquelle se meut l'astre (cf. aussi 2^7 b, de qui mne cette procession circulaire et rgle tout ce qui en dpend,
;
Zeus, doit tre la sphre des fixes. Mais une premire difficult dans les cinq plantes qui suivent, on retrouvera Zeus surgit le {Jupiter). Une autre difficult concerne les trois rangs aprs septime et le huitime (soleil et lune) et qu'occupent peut-tre des
:
dmons
(X 616
d) ne nous
37
8
Ttr|
$AIAPOS
uXiaxa xv nepl x& aSua xoO Gelou. T6 8 Seov KaXv, aocpv, ya86v Kal Tt&v 8 xi xoioOxov xoxoi Sf) ^X^fc xp<pxal xe ical aC,exai ^lXiax y e T0
246 d
^S
Ttxpoua, ataxp^ 8 Kal KaK$ Kal xo Ivavxtoi <b8LvEi c te Kal SuSXXuxai. O \iv 8r| uya f|yuebv ev opav$
Ze, Xauvov TtTT]v8v appa, TtpSxo TtopEExai, SiaKoaucov Ttvxa Kal etuiieXouuevo.
T&
ETtExai axpaxi
8ev te Kal 8aiu6va>v, Kax IvSEKa upr| KEKoaur|uvr|' 'Eaxla iv 8ev oKcp, u6vr|. Tqv 8 aXXov 8aot 247 jjivEi yp
ev
x$ xSv
8<*>8Ka pi8u>
f\v
8ev yvo ESai^ivov EmaxpcpExai., Ttpxxcov EKaaxo axSv x& axoO* ETtExai Se El eSXqv xe Kal Suv^ievoc;.
Sf]
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8eIou xP axaxai.
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secl.
d 8 Burnet
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Plut.
0.
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alibi
||
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del. cett.
||
[jeu
:
auS-stat (et
Proclus."
jjuxXiax yE
B2
secl.
vavTot; (et
Hermi.)
Hermi.
ci.
TW
3 xal toj
I.
(uel xa 'XXoi; .)
lx fjiv (et Dionys. Plut.) Hirschig Vollgr. xa toioutoi k. Suckow om. Stob. (uerba referens Platonici cuiusd.) yp alibi Plut. 8r)
:
||
om. Plut. c. fjiv {et Dionys. Plut. [c. yp]) Tjyp.wv (et Dionys. om. Plut. Hermogen. Plotin. [III 5, 8 7 ] Stob. Hermi. 1 Procl.) alibi Hermogen. Plut. del. Vollgr. 247 a 4 SioSot o8o[
: j|
:
||
5 E8aifxova)v (et Dionys. Hermi. Syrian. Damasc.) -o'vco Dionys. Schanz xai 8ai[Ao'vwv Badham 6 aTv xo a&Tou 8i' auxou Ta aTwv
:
||
||
as a. codd. Hermi. au Dionys. Dionys. om. Hermi. Xwv te xa 9. xa Hermi. 6IX. t. x. Dionys. Hermi. al. 7 e'w
:
||
||
||
{et Dionys. Plut. Alex.) : -6ev Plut. al. Plut. Alex.) laraTat (et Plut.) y 8. T
: .
0t'ou
||
:
70'pou (et
Dionys.
1
||
Alex.
Procl.
Il
te x.
',
TW
te
||
del. Vollgr.
:
k.
x. utoupavi'av
.
Heindorf
t.
noupavav
||
jsl t]v
urcoupviov
(e s. u)
Exe. Palat.
i^3
Badham
t.
opviov
6. t.
B Hermi. n Winckelm.
(sed
r.ope.-
secl.
87]
Schanz
:
Badham
xat del. b 2)
||
rj
Procl.
rj8)
247 b
PHDRE
comme
la
38
sont quilibrs les rend faciles conduire, la monte est aise. Mais, pour les autres, elle se fait grand peine celui des chevaux en effet chez qui il
ils
:
faon dont
y a de la rtivet appuie pesamment il tire vers la terre son cocher, alourdissant la main de celui qui n'aura pas eu l'art de le dresser. C'est l, sache-le, que l'me est en face de Les mes en l'preuve et de la joute suprmes effet nomme une fois immortelles, qu'on qu'elles sont au sommet, s'avancent au dehors, se dressant alors sur le dos de la vote cleste, et, ainsi dresses, sa rvolution cir
;
!
culaire les
les ralits
(<
suprlcleste.
l'honneur de ce lieu supracleste nul P ote P anni ceux d ic i- bas n a encore chant d'hymne, et jamais ne
'
' .
chantera d'hymne, qui y soit proportionn. Or, voici ce qui en est car, si vraiment il est un cas o l'on doive avoir
le
courage de dire
!
la vrit, c'est
sur la Vrit
Eh
bien
donc,
la ralit
;
sans couleur, sans figure, intangible celle qui ne peut tre ' contemple que par le pilote de l'me, par l'intellect ; celle le du vrai elle est c'est savoir, qui patrimoine qui occupe ce lieu
2
.
Il
se nourrit d'intellection et
mme,
la
pense d'un Dieu, en tant qu'elle de savoir sans mlange, et, de pense de toute me qui se soucie de recevoir
s'ensuit
que
la
qui lui convient, lorsqu'avec le temps elle a fini par apercevoir la ralit, elle en prouve du bien-tre, et la contemplation des ralits vritables est pour elle une
l'aliment
moment o
la
rvolution
mais Ypinom is (98/4 bc) assigne les trois places vacantes ; l'ther (d'autres disent le feu), l'air et l'eau. Il s'agirait donc des zones intermdiaires entre le ciel et la terre (le domaine de la mtorologie chez Aristote), influences par le premier, agissant sur la seconde, dont elles conditionnent l'existence. 1. C'est le sens du mot grec, mais l'image alors a chang, car il est bien clair qu'il s'agit toujours du cocher qui mne l'attelage.
2.
Ce
;
(a48
Temprance ou Sagesse, Science (ici, Beaut (a5o b-d) sont seules nommes. Le rapport de
ligibles
Justice,
des Ides au ciel des astres symbolise celui de la dialectique l'astronomie et au reste de la mathmatique, soit dans la hirarchie du
38
<>AIAPOE
paS'uo
247 b
jiv 8eSv 8)(f|paTa, laoppTtQ et) via 8vxa, TtopEi&ETai, x Se aXXa ja.6yic;' (SpCBei yp ' xr
tTTTtO UET)(COV, ETtl Tr|V yf]v pTICV
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Ttp<5K E|-Ti.
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KaXouEvai, ^vLk' av Ttp aicpcp yvovTai, I^o nopEUBeaca, EOTTjaav nl t$ toO oupavoO vtu, araaa 8
aTa TtEpiyEt
f\
TTEpKpop' al Se BecopoOat Ta
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Tov 8 TTEpoupviov
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ToXpnrov yp ouv t6 yE Xr|8 eIttev, aXXco te Kal TtEpl XrjGE'ia XyovTa. 'H yp a^pcibuaT Te lca
a^rniTiaro Kal
'-
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ouaa,
ipu^fj
vS, TtEpl |v t6 if\ XT]8o0 Ku6Epvf|Tr| u-vcp EmoTi )ur| yvo, toOtov e^ei t8v t6tcov. "At' oSv 8eo0 d Sivoia, vu te Kal marr|pr| <XKr|pTcp Tp<pouvr|, Kal
SEaT^)
!
aTtar|
ipu^fj
8ar|
av
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t8 TtpoafJKov 8E,aa8at,
Kal ETtaSE,
EQ &V
KkXg
||
f|
TTEpi(|>Op eI
||
b 2 pv : p. ouv em, Goisl. i55 Hermi. 3 xxYj : xaxrj B add. alia man. i. m. 5 j (et Niceph.) : rjv 4 bel... 5 f^vidycov om. recc. Schanz Burnct av r Heindorf Vollgr. 6 ^"X.!) T T <!* Euseb.
:
W
t
||
Procl.)
iax.
codd.
1
Il
T (em.) (et copouai Paris. i8i4 Ven. 189 em. (et 4 itox: om. Aristid. Origen. j| 7 ouaa, u X*i?
||
7 'xpco
'xpov
||
||
a-rocaa
<{'
^u/.^ s (
om
ou.) Stob.
Syrian. o. (om. (j*u^9)) Madvig Schanz Vollgr. [cf. Alline op. cit. 8 po'vto eaiT) vu edd. v. p. eax) Origen. p. 6eto 6eaiT) aa4 sq.] Clem. p.. vi 0aT7) Syrian, p.-j v. B -rj v. ypf^xai uulg. p. ov Origen. d 1 xo'rcov EaTfj (om. vu) Hermiae codd. Procl." ||5^v V (et Hermi. ) tj t' Heindorf Schanz (et Simplic.) Tpo'7:ov B
:
TW
||
||
||
post 2 Tpstpop^vr)
:
ci.
Richards
2 xr,pTa>
TpeopvT) (et Damasc.) xr{pxTO{ atpe. vl. et ace. in i\, a s. Tp.) -aTw aipe. T
BT2
||
Suckow
pXT)
del. Vollgr.
:
||
oor)
oorj
TW
2
:
(o s. auct.
||
Ven. 54
oieaOat
P&Xt) codd. Hermi. edd. iid. S^aaOat (et Hermi.): 4 yarca Oxy. iid. ya-at auct. Naber Vollgr.
:
||
247 d
circulaire la
PHDRE
3cj
ramne au mme point. Or, tandis qu'elle accomplit ce tour, elle a sous les yeux la Justice en elle mme, sous les yeux la Sagesse elle a sous les yeux un savoir n'est qui pas celui auquel est li le devenir, qui n'est pas non plus celui qui se diversifie avec la diversit
;
auxquels il s'applique et auxquels, dans notre prsente existence, nous donnons le nom d'tres, mais le Savoir ' Aprs qui s'applique ce qui est rellement une ralit
des objets
ce
.
de la mme faon, contempl les autres choses qui rellement sont des ralits, aprs qu'elle en a fait son rgal, de nouveau elle s'enfonce dans l'intrieur du ciel et revient son son logis. Une fois qu'elle y est rendue, cocher installe les chevaux devant la mangeoire, il y jette
qu'elle a,
et,
aprs l'ambroisie,
il
leur
donne
boire le nectar.
Voil
((
248
pour l'existence des dieux ; p a830ns aux autres mes. Celle-ci fait j i t\ - e son mieux pour suivre les Dieux ; elle lve vers le lieu qui est en dehors du ciel la tte de son cocher entrane dans la rvolution circulaire, elle est grand peine capable, dans l'embarras que ses chevaux lui causent, de porter les yeux sur les
.
<c
enfonce sa tte
et,
ne matrisant pas ses chevaux, elle voit les unes et non le& autres. Quant au reste des mes, comme elles aspirent mais c'est toutes monter, elles prennent bien la suite les dans le remous qui elles sombrent peine perdue entrane, se pitinant et se bousculant entre elles, chacune s'efforant de se placer en avant d'une autre. C'est donc
;
:
le tumulte, la lutte, les sueurs, tout cela son comble, et, comme de du fait juste, l'occasion pour beaucoup d'mes, de d'tre des cochers, estropies; pour beaucoup l'impritie d'entre elles, d'avoir
froiss
savoir, soit dans l'ducation (Rip. VII 5a i c-534 e, Philkbe 55 c-5q c)r l'ordre d'tude exprime le rapport rel des objets connus.
i. Opposition de l'tre et de l'apparence, et, corrlativement, du savoir dont les objets sont ternels, invariables dans leur constitution intrinsque comme dans leurs rapports mutuels, et de la connais-
sance sensible, dont les objets naissent, prissent, changent sans cesse fondement ruineux de l'opinion (cf. note suivante).
;
39
a
$AIAPOS
xauxv
TtEpiEVyKr). 'Ev Se
xfi TtepidScp
247
KaBopfi p.v axr|v
KaBopfi Se
StKaioavr|v,
KaBopa Se
aco<ppoauvr)V,
tu-
a
a
7\ yveai Ttp6aeaxiv, oS' fj iaxtv itou e xpa Iv ETpco oSaa Sv ^uc vOv 8vxav koXoOuev, XX xfjv Iv x 8 iaxiv 8v Svxo ETuax^)ur|v oSaav. Kal
orfm^v, ox
xSXXa cboaxco x 8vxa Svxo Bsaaa^vri Kal laxtaSeaa, SQaa TtXiv eI x6 Eaco xoO oupavou, chkocSe fjXBEV
IX8oar| Se auxf] S i^vlo^o, Ttp xf)v <pxvr|v xo axfpa, TtapBaXEV ^6poai.av xe Kal ett' axfl
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At Se aXXai
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8
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xv
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yXi^^Evai pkv &Ttaaai xoO ava>, ETtovxai, SuvaxoOaai Se TtoBpO^iai au^TTEpi(ppovxaL, Ttaxoaai XX^Xa Kal
ETuBXXouaai, xpa Ttp6 xf] ixpa TtEipo(xvr) yEvaSai. OpuBoc; oSv Kal uiXXa Kal tSp la^axo ylyvExai, oS KaKia ^vl6)(qv TtoXXal uv ^coXEiiovxai, TtoXXal 8 Sf)
b-
TtoXX TTXEp
d 6 xaopa pv B 2 (at s. u.) (et Oxy.) -ixsv B ax7jv (et 2 Syrian. Hermi.): au xrjv Oxy. (i. m. au xt]v) Coislin. i55 Heindorf 8' Oxy. utuid. e 7 txatoauvTjv 8. [o rc]t SixatoauvT) Oxy. o8 'rj (et Oxy. [oj8s f, sic] Simplic.) o8) T o8' fj uulg. Iaxtv -xt WOxy. 2 ouaa (i. m. Oxy. 2 seu prius omissum seu pro alio uerbo) 3 ov om. Oxy. Simplic. Vollgr. 8 rcoxtdEv (et Oxy. ut uid.) -ae 248 a i u-v (et Hermi.) a. 8) Oxy. a 0eo Oxy. (prob. Wilamow. II 363) 8ew codd. edd. TCop'vT) Oxy. In. xat xa<jp;VTi codd. (quae uerba damn. id. ibid.) ||6repr)pev -fjpev T 3 raptoptv W*
||
: ||
: i
||
||
||
||
j|
||
||
||
(rapts, u.)
5 xox ... xox xo'xe ... Oxy. -cote t.q-\ Hermi." r T 7,ps jpev (et Oxy.) r;paxo fors, legit Hermi. 8' I8u fors. ISuse Hermi. 8'ou Oxy. (cf. 6 x 8 aufinsptlpovxat utx7:. Hermi. b 2 ou (et Oxy. [spir. et 8*ou) ace. fecit] Proclus) ou B 4 T.oWk (et Oxy. [ut uid.] Proclus): secl.
W
||
||
||
4 u-y-
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||
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||
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||
r/ouaat
r/ouaai Egelie.
248 b
PHDRE
t inities la
4o
Toutes enfin, accables de fatigue, s'loignent sans avoir contemplation de la ralit, et, une fois 1 c'est l'Opinion loignes, qui fait leur nourriture. Oui, ce qui est le mobile d'un si grand effort pour apercevoir o est la Plaine de Vrit, c'est justement que la pture convenant ce qu'il y a dans l'me de meilleur se tire du pr qui s'y trouve, et que c'est l ce dont se nourrit la nature de ce "plumage qui donne l'me sa lgret. Et maintenant voici ce qu'a dcrt Adraste 2 Toute me qui, en faisant partie du cortge d'un Dieu, a eu quelque vision des
.
exempte
d'preuve, et, si toujours elle est capable de raliser cette condition, toujours elle est exempte de dommage; au faute d'avoir t capable de suivre docicontraire, quand
ne voit point; quand, par l'effet de quelque comble d'oubli et de perversion, elle s'est alourdie; que, s'tant ainsi alourdie, elle a enfin perdu
lement,
elle
disgrce,
son plumage
et
gt
sur
la
terre,
c'est
alors
une
loi
aucune sorte de bte ds mais que celle qui aura eu la plus la premire gnration copieuse vision aille s'implanter dans la semence d'un homme appel devenir ami du savoir ou ami de la beaut, ou bien d'un homme qui a de la culture et qui est instruit en matire d'amour; que, pour celle du second rang, ce soit dans la semence d'un roi qui obit la loi, ou bien
qu'elle n'aille s'implanter en
;
que celle du troisime guerrier et habile commander rang vienne animer un politique, moins que ce ne soit un bon intendant ou un financier; celle du quatrime, un homme qui aime la fatigue des exercices physiques, ou bien
; ;
encore qui s'emploiera gurir le corps la cinquime aura droit une existence de devin ou consacre quelque forme d'initiation
Tandis que
appa-
rentes ont le savoir pour aliment (a^7 d db.). 2. L'Invitable, pitbte de Nmsis, ou Justice distributive. Ici, son dcret concerne la destine finale des mes, par rapport ce que
sera leur existence dans la vie terrestre et aprs.
soit
Que
l'eschatologie
pour Platon une croyance srieuse, on n'en peut douter; mais, que le prsent expos comporte une part de fantaisie, c'est possible
:
4o
ce
<>AIAPOS
cxxeXe xfj xoO vxo
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248 b
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fj
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f) ^pr)^axLOXLKoO, xxcxpxr)v eI cpiXcmvou yuuvaaxiicoO f) TtEpt acuaxo aatv xivo ao\ikvov. TT^Ttxr|v uavxiK&v |itov \ xiva xeXectxik&v E,ouaav 2<xr|
oticovouiicoO
Ttoir|Xuc8<;
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xv
b 6 en 8f, ivy tj (et Hermi. Ven. i85 auct. Madvig edd. tou
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corr.
||
Ast tov 8' v. t) Badham 7 ou axtv (et Oxy. [ut uid. sed ante raSov] Hermi. ) ctiv (ouom.) Madvig Schanz utrumcpie damn. Wilam. II 364 oZ eotiv Ast 8' oto'v auv. Burnet Badham Vollgr. C 3 tyu/ji 4 uvoJ:a8 -t} B
8t) ev.
1 : :
5 x&V
a.
xiv
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a.
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j|
xv
&XaSrj (et
(
ypr,aaavr
-vr)
BT 2
ao. Plotin. I 3, I 8 om. Vollgr. y 3 vvTiao{iEvo'j ^ tXoxXou 5 xa rj x. (ci. rj) Badham Vollgr. Plotin. ibid. et cf. 10 tsvo; r) 6 iXo7to'vou tivo; t] otx. Vollgr. fors, non leg. Hermi. oxovojAtxou
||
||
:
||
Y'javaoTixoj (et
|
.J)
rj
y-
Thomps. Burnet
te
t'.vo;
Hermann
Ttva
codd.
Thomps.
r\
Eparasav
xtva
Heindorf.
IV.
3.-6
248e
PHDRE
Ai
peuple la neuvime, l'homme tyrannique. Et maintenant, admettons que, dans l'ensemble de ces il ait un ait en men une vie juste il reoit hommes, y qui en partage un meilleur lot, et un pire si c'est une vie d'injustice. C'est que le mme point d'o chaque me est venue
; :
du retour qu'aprs dix mille ans ce temps que l'me en effet reoit des ailes, exception faite pour celle de l'homme qui a t un loyal ami du savoir ou qui a aim les jeunes garons d'un amour philosophique. De fait, ces mes-l, la troisime
n'est
pour
elle celui
le cas o, trois fois de suite, ont choisi ce genre de vie, s'tant de la sorte donn des ailes, la trois-millime anne elles s'loignent Quant aux autres, une fois qu'elles ont termin leur premire existence, elles sont soumises un jugement, et, aprs qu'elles ont t juges, les unes s'en vont aux maisons de justice qui sont sous terre et y paient leur juste peine, tandis que celles que l'arrt de justice a fait monter,
elles
lgres, jusqu' tel ou tel endroit du ciel, celles-l mnent une vie qui rcompense la vie qu'elles ont vcue sous une forme humaine. Or, la millime anne, pour celles-ci
moment est venu de tirer au sort de choisir leur deuxime existence, le choix de cette existence dpendant de la volont de chacune. C'est ce moment qu'en une existence de bte vient passer tout comme, d'une existence de bte, une me d'homme
comme pour
et, la fois,
celles-l, le
revient la condition
humaine
celui
fois
n'y aura pas en effet, pour l'me qui jamais n'eut une vision de la Vrit, de passage cette forme qui est la ntre.
:
homme
il
ainsi sont
dtestables
sortes
et du dmagogue, au-dessous des travailleurs manuels, ordinairement si mpriss. Sur les autres points, voir Notice, p. lxxxvii sqq. i. Toute me, sa chute, commence par animer un homme
d'hommes
On
remarquera notamment
la place
du sophiste
(a48 d db.). Mais elle peut ensuite choisir, selon le rang que le sort a fix pour ce choix, d'animer un corps de bte. Comparer le mythe d'Er l'Armnien, Rp. X 6i7d-6i8b, 6igb-6aod.
tu
*AIAPOS
248 e
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Il
vv. 6 3 Syiuoxorixo; (et Hermi.) Sju/mx B Thomps. l\ vt) 6 peTaXauSvei : 5 8n (et Hermi. ) 81 (vv) W* (v s. u.) Xayyjxvst Hermi. 7 at om. Theodoret. ||r) om. Euseb. Theodoret. 3 y^Xtrcet -exta 249 a 1 So'Xw t\ (et iid.) y\ ko. Vollgr. Euseb. Theodoret. SvTar xpl 81 v sXtovtai (et Euseb.)
: :
||
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||
||
||
||
||
Theodoret.
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||
(et
5a 1 c 3
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|
II
t tp. Theodoret. Tpia/ iXtoaxw (et Euseb.) Euseb. Theodoret.): v^py. Vollgr. cf. Remp. VII 5 TEXEOTrfawaiv Euseb. Theodoret. -01 7 sxx4
: ||
||
Theodoret. xxt'v. Eus." xtt. Vollgr. 8 topavou xoii Euseb. Theodoret. viz tr^ op. auct. Herwerden del. Vollgr. 5XTJ (et Euseb. Theodoret.) M. 3 iIXt) (et Euseb.) b 1 ei8 W rec. (s. u.) om. Euseb. n Hermi. Thomps. Vollgr. 4 xai 8t) x. Euseb. pov (et Euseb. Hermi. 1) p\'ou B 6 tj ye (et Philopon.) 8ij y id. alio loco
:
Tt'vouatv
:
Euseb.
TW
: :
||
||
||
||
||
||
T7)v XrJ8e;av
to v id.
249 b
PHDRE
La cause en
,
4a
est
et la
L'Ide rminiscence ;
({
<c
dlire
(<
d'amour
qu'une intelligence doit s'exercer selon ce qu'on * n TJ n j u appelle ide, en allant d une multide sensations vers une unit, plicit
d'homme
dont l'assemblage est acte de rflexion Or cet acte consiste en un ressouvenir des objets que jadis notre me a vus, lorsqu'elle s'associait la promenade d'un dieu, lorqu'elle regardait de haut tout ce quoi dans notre prsente existence nous attribuons la ralit et qu'elle levait la tte vers ce qui est rellement rel. Aussi est-il juste assurment que, seule, la pense du philosophe soit aile
' . :
c'est
grands objets, auxquels constamment par le souvenir elle s'applique dans la mesure de ses forces, sont justement ceux auxquels, parce qu'il s'y applique, un dieu doit sa divinit 2 Eh bien c'est en usant droitement de pareils moyens de souvenance qu'un homme, dont l'initiation de parfaits mystres est toujours parfaite, est seul devenir rellement parfait. Mais, comme il s'carte des objets o tend le zle des hommes et qu'il s'attache ce
que
les
qui est divin, la foule lui remontre qu'il a la tte l'en vers, alors qu'il est possd d'un dieu mais la foule ne s'en rend !
;
o en arrive tout le dveloppement oui, du quatrime forme du dlire dlire la la beaut au vue de ressoud'ici-bas, quand, venir de celle qui est vritable, on prend des ailes, de nouveau ail et 3 impatient aussi de s'envoler mais im puissant le. faire, portant vers le haut son regard la manire de l'oiseau 4 mais ngligeant les choses d'en-bas, on a ce qu'il faut pour se faire taxer d'tre atteint de dlire... La conclusion, c'est que, entre toutes les formes k de possession divine, celle-l se rvle tre la meilleure, en
concernant
:
Pour
cette discipline logique d'un exercice normal de la pense a un pendant motif, le don divin du dlire d'amour (Notice p. xciv sq.). la ralit intelligible a. Au-dessus du dieu il y a donc du divin
:
dont
le
dieu
fait sa
substance
(cf.
a^7 d db.
:
et p. 38, n. a).
de nouveau ail. Mais, lis 3 Le texte usuel place ce et avant l'impatience de voler, ces mots ne sont plus une rptition superflue. k. Avec ces jeunes ailes il est plutt un oisillon, levant en effet la
tte
quand
il
4a
<>AIAPOS
249 b
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Hermi.):
||
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Hermi.
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Hermi.
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Hermi. ):
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dob. 89 et
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T ttj 8 (et Hermi. ) to t|8c B t' rjSrj uulg. Stobaei codd. tou... 6 va^TEpoupEvo om. add.
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||
:
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m.
||
6 ^teptat
1
-pouTcu
Stob. EJTspcoTat
:
Herm.
1 ||
va^TEpoOpevd te xa Spengel(prob. Wilamow. II a64) te xcu vaJtT. codd. Stob. Hermi. Burnet te x. secl. Schanz varx. secl. Thomps.
8 ot'xrjv post StXTjv -u.tjt<xi Ven. 184 Hermi. 174 3a sq. . pEXiv (et Stob. Hermi.) e 1 SiaxEXfj Vahlen tyu 1/7) Ven. 184 -eiv Stobaei codd. aTrj (et Hermi. ) jAav.xw -x B auTr, B auTr] Stob.
Il
||
distinxisse uid.
||
||
||
||
249 e
PHDRE
4S
mme
bien
temps que faite des meilleurs lments, aussi pour celui qui en est le sujet que pour celui qui y est associ et, en outre, que la prsence de ce dlire chez aime les beaux garons fait dire de lui qu'il est fou qui d'amour Toute me d'homme en effet a par nature,
;
!
ainsi
250
que je l'ai dit, contempl les ralits: autrement, elle ne serait pas venue dans le vivant dont je parle. Mais trouver dans les choses de ce monde-ci le moyen de se
de celles-l n'est pas ais pour toute me,
ressouvenir
ni pour toutes celles qui alors n'ont eu qu'une brve vision des choses de l-bas, ni pour celles qui, une fois tombes en ce lieu-ci, ont t assez malchanceuses pour se
laisser tourner l'injustice par on ne sait quelles frquen tations et pour y trouver l'oubli des augustes objets dont
<r
en ce temps-l elles ont eu la vision il n'en reste donc qu'un petit nombre auxquelles appartienne en suffisance
;
don du souvenir. Mais, quand il arrive celles-ci d'apercevoir une imitation des choses de l-bas, elles sont
le
hors d'elles-mmes et
ne
se possdent plus
Quant
la
nature de ce qu'elles prouvent, elles ne s'en rendent pas faute de pouvoir s'analyser comme il faut. compte,
Le P
deJa Beaut.
qu'il y a de sr, c'est que Justice Sagesse, tout ce qu'il y a de prcieux encore pour des mes, ne possdent
*
:
Ce
aucune luminosit dans les images de ce monde-ci grand peine, au contraire, de troubles instruments permettent-ils, et mme un petit nombre de gens, de recourir aux reprsentations de ces objets pour contempler en elles les traits de famille que ces reprsentations ont gards. La Beaut, elle, tait resplendissante voir,
ce
en ce temps o, unis un chur fortun, ces gens-l en spectacle la batifique vision, nous la suite de Zeus et dans son cortge, d'autres dans celui d'un autre
avaient
dieu
ce
temps o
yeux
ils s'ini-
tiaient
dont
il
y a justice dire
qu'elle atteint la suprme batitude ; mystre que nous clbrions dans l'intgrit de notre vraie nature et exempts de tous les maux qui nous attendaient dans le cours ult-
du temps intgrit, simplicit, immobilit, flicit l'initiation a appartenant leur tour aux apparitions que fini par dvoiler nos regards au sein d'une pure et cla rieur
43
AIAPOE
auaeov plaxr) te koI plaxov, x$ te e^ovtl Kal x> koivqvoOvti auxf), ylyvExai, KOt ^ ^TL Tauxrj uexx<v
249 e
xfj pavla,
'Avajmiv/|CKEa8ai 8 Ik xvSe Ikelvoc ou ^ASlov aTtcrr|, 250 oxe 8aai |ipa)(<ac; eSov x6xe xKE, 008* at, SsOpo
TtEOoOaai,
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eTSov tEpv e^eiv Xf|8r|v Sv x6xe x8 XElTtovxai a Xlyai 8r| xf] jiv/|tirjc; tKavS TtpE8xav xi xv KE uolua Scocnv, ctxiv. AOxai 8,
&5lkov xpa-njiEvai,
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Schanz b 1 yvoouai -atv T 5 Xt'yot T 2 (a olim Hermann 6 -coxe i^v tt' r)v B Oxy. t' rjv Bekker 8 te (et Oxy. 2) om. Oxy. 9
:
||
||
||
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Il
||
||
250 c
PHDRE
tante lumire
1
,
44
parce que nous tions purs et que nous ne portions pas la marque de ce spulcre que, sous le nom de 2 attachs corps, nous promenons actuellement avec nous lui de la mme faon l'est l'hutre sa coquille !... que Trve au souvenir en nous C'est assez de cet hommage donnant regret de ce pass, voici qu' prsent il nous a fait trop longuement parler Or c'est de la Beaut qu'il
,
!
Dans
sa ralit, disions-nous, elle resplendissait ralits dont il tait question. Depuis notre
venue en ces rgions, c'est elle encore sur qui nous avons eu prise au moyen de celui qui est le plus clair des sens que nous possdons, elle-mme brillante d'une sup-
rieure clart.
De
fait, la
tions qui nous viennent par l'intermdiaire du corps mais la Pense, elle ne la voit Quelles inimaginables point
!
si pareillement elle donnait d'elle-mme quelque claire image qui parvien drait la vue, et ainsi des autres ralits, toutes aimables, autant qu'elles sont Mais non: seule la Beaut a obtenu ce lot de pouvoir tre ce qui est le plus en vidence et ce dont le charme est le plus aimable, e A la vrit, celui qui n'est pas frachement initi ou
celle-ci
bien qui s'est laiss corrompre n'est point vif, d'ici, se a porter l-bas, vers la Beaut en soi, quand il contemple
ce quoi,
en ce monde-ci,
est
n'est-ce point avec vnration dans cette qu'il tourne direction ses regards ;* mais au contraire, s'abandonnant
ce
au
plaisir,
il
agit
il
se
met en
251
d'engrosser, et, se familiarisant avec la dmesure, il ne craint pas, il n'a pas honte non plus, de au un plaisir contre nature. Quant celui poursuivre
devoir de
saillir et
objet de ses contemplations, ce furent les ralits de jadis, celui-l, quand il voit un visage d'un aspect divin, imi
ou quelque corps
:
pareille-
C'est le terme
du mystre, Vpoplie
l'initi
contemple l'image
sion
3. 4.
Allu(cf. Crat. 4oo c). au sma-sma (corps-tombe) des Orphiques (Gorgias !\<$ a). Sur la Pense, valeur suprme, voir Phdon 69 a-c et al. L'Ide est l'unit d'une multiplicit, qui lui doit sa dnomination
44
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mo
X ELP E^ Ka ^
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TTpccoTtov rj
,
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ci.
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Herwerden Richards
||
||
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||
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om. Bet,
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B
1
v8<5e<j.vir]
'|
(se.
<!rj/r|)
exe. Burnet, omnes 6 88apEup'vot : Plut, sed 80ia. Stob., einsd. Plut,
1
:
uerba referens
Hermi. Hermi.
||
||
8 c<j7:p <w 7 uv-urj (et Hermi. ) pvipY] d 1 ov ov B ov Oxy. o'v uulg. |j 3 jTacTi (et Plut.) -T^pa 4 tp/j'01.1 (et Plut.): Eatv uel iaT'.v id. alibi, auct. Baiter
: ||
:
BW
del. Vollgr.
||
||
fj
rj
y po'vr)<j: (et
Oxy.
:
[ut uid.]
Hermi.)
p. pv Vollgr.
||
au-r);
vapy 8wXov
scrib. y 7
m
1
uel
oov x.
...
p..
v. uel eV8. om. Oxy. et eau. post Buttmann Vollgr. TaJTr,v ... popav
||
alterutr.
(et
Pro-
clus)
(et
TOtaTriv
)
:
Hermi.
ut]
p. olim Ast
pTiT.
||
||
p*) veoteXt);
||
Geer
3
(cf.
a5i a a)
<i<JT'...
:
2 pTtTEXrl (et
V8tj
:
npo'aw^ov
t.
251 a i 08' i\ veot. Gcer Oxy. Hermi. ) xXXo: r\ x. s. u. Oxy. r.p. Oxy.
1
:
||
rj
Oxy.
||
||
||
acipaTo; (et
251 a
PHDRE
ment
bien
fait,
il
45
prouve d'abord un frisson, et quelque chose l'envahit sourdement de ses effrois de jadis. Puis
le voici qui tourne ses regards
dans
la direction
;
du
bel
objet
il
le
s'il
ne craignait
il
mme
offrirait,
comme
une
!
image
et
un
il
:
bien-aim
Or, au
moment o
le frisson
se fait
en
lui le
fois reue par la voie des yeux l'manation de la beaut, il s'chauffe, et l'manation donne de la vitalit au plumage; rchauffement, de son
ct,
fait
vitalit,
fondre ce qui, concernant l'expansion de cette s'tait depuis longtemps ferm sous l'action d'un
dans la dedans de
de germer. Mais l'afflux de gonflement, un lan de croissance produit tige des plumes partir de la racine, dans tout le
la
effet,
jadis, tait
tout
emplume
la voil
au temps donc, en
;
celui-ci, dans une bullition gnrale et toute palpitante ses impressions sont exactement ce que sont, dans le cas de la dentition, les de ceux qui font leurs dents,
quand
en
ils
une dman-
geaison,
un agacement 2
c'est
identiquement ce qu'prouve
vrit l'me
;
plumes
dans
le temps o elle fait ses ailes. Or donc, le voil qui regarde dans la direction de la beaut du jeune garon. De l provient un flot de parti-
que ce
flot est
chacun de ses termes. Cette opposition s'exprime souvent par celle de deux mondes l'un au-dessus de nous, perdu dans le lointain, perdu aussi pour l'actualit du souvenir ;
:
ces grands, ces l'autre, d'ici-bas et actuel. Cf. a4a c, a5o ab, 274 a augustes objets sont la ralit rellement relle de 2^7 c fin, e db.
:
1. Cette physiologie de l'motion amoureuse, qui est bien dans le ton du mythe, se comprend mal si, au mot grec que j'ai rendu par donner de la vitalit (ranimer), on donne partout son sens propre arroser. On ne s'explique plus alors que, par l'effet de la chaleur, ce
:
qui tait durci, puisse fondre et donner issue la pousse du germe. a. Les mots dans les gencives ont t limins ici comme tant une
glose
:
45
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251 a
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Oxy.
||
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Oxy.
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Heusde teste Geer 8sip.Tu>v (et Oxy. Hermi." Heusde 6 \lv\ eSsSet Oxy. (xr; oso.
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B 2)
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SeStoi Ast \ir\ oodSpa (et Oxy.) -a; B (a s. u.) 7 xai toi; Oxy. Hermi.) addub. Schanz Herwerden del. Vollgr. 8s (et Oxy.) iaiotxo (et Oxy. Hermi.) auct. Herw. del. Vollgr. 5' B Hermi. b a fl... 3 apSsTai (et Oxy.) secl. Schanz del. Vollgr. B 3 os (et Oxy. Hermi.) yp Schanz 7 n yj T) f) (et Oxy.) to tAXol'. om. Hermi. i85 18 sed habet 126 7 (et Hermi.): s^ Gray
Bultmann
sij (et
||
||
Il
||
||
Il
T 2 W 2 (si s.
(et
||
T2
(cm.)
:
Hermi. ):
BW
a
||
oovtosuouvtwv
:
xvtjs
xt'v7)cr{
BW
||
||
3 toaiv
-ai
TW
||
||
yavxtTiai;
del. ut
glossema
:
5 s
jbt.
||
9j
BW
y.
Jispt x.
||
Cet...
legit
Hermi.
ou. ta
auct.
Herwerden
xaXstTai
s.
secl.
Ast
u.):
.
kizip.
xai tdvxa
W apogr.
5 jrrspa : forsan non del. Vollgr. || 7 pipy)... 8 2 : xat jvsovxa et ps' (to'v
W
^.
(tpps'.) in.
t.
Br^nou x.
sjtipps.
Ficin. rc.
x.
p*
Vollgr.
ai-'
l.
x. p.
Herwerden
x.
Badham.
251 c
la
PHDRE
1 .
46
Une fois que l'me l'a reu, sa appel vague de dsir vitalit est stimule, elle s'chauffe alors elle se repose de sa souffrance, elle est dans la joie. Qu'elle vienne au
;
les
contraire en tre isole et qu'ainsi elle se fltrisse, alors embouchures des pertuis par o la plume se fait sa
route se schent toutes ensemble et, s'tant fermes, in terceptent le germe de la plume. Mais celui-ci, ayant t, en commun avec la vague de dsir, intercept dans l'int rieur de l'me, saute la faon d'un pouls qui bat fort ;
vient gratter dans les pertuis, chaque germe chaque pertuis ; si bien que, tout entire encercle de piqres, l'me bondit follement sous la douleur, tandis que le souil
ce
bel objet la met en revanche dans la de ces deux sentiments fait qu'elle se mlange tourmente de ce qu'il y a de droutant dans son tat, et aussi qu'elle enrage de ne pouvoir en sortir 2 dans le dlire o elle est, elle ne peut, ni dormir la nuit, ni pendant le jour demeurer en place mais elle court, pleine de convoitise, aux lieux o, pense-t-elle, elle pourra voir celui qui possde la beaut. Or, quand elle l'a vu, qu'elle a fait driver vers elle la vague de dsir, elle commence alors dgager ce qui auparavant tait obstru elle a repris son
;
; :
du
pour elle c'en est fini des piqres ainsi que du douloureux travail, et c'est en quoi aussi elle cueille pour
souffle,
252
l'instant le plaisir le plus dlicieux. Voil certes une condi tion de laquelle elle n'accepte pas volontiers d'tre loigne,
et
il
que du
au
n'y a non plus personne dont elle fasse plus de ca3 bel objet : mres, frres, camarades, tout cela est contraire oubli ; la perte des biens, fruit de son
incurie, ne compte ses yeux pour rien ; les bons usages et les belles manires, dont jusqu'alors elle faisait sa
un mme ddain
elle
est prte l'esclavage, elle est est prte dormir o on 3 lui donnera permission, au plus prs de ce qu'elle convoite
!
C'est que,
l'tre
qui possde
la
i. Le mot grec est himros, dont respectivement les trois syllabes traduiraient (cf. a5i bc) les ides de mouvoir en avant (hina) les et p. 3a, i. particules (mre) d'un courant (rho). Cf. Crat. 4aoab
a.
de trouver issue.
3.
Avec a5i
e db.
a (Pausanias),
ao3 d
46
4>AIAP0S
251 c
&
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KaXexai) Se^ouv^, apSrjxai xe Kal 8epualvr|xai., cocfiS KOt ^ ^ Svrjc; Kal Yyr)8V. "Oxav 8 xP^ Y^ VT TOa
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8. xv C 8 8e)(0[v7) rpspov codd. xv Schanz Vollgr. 8. x$ jJ^pw Heindorf
:
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t.
secl.
Thomps. Burnet
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||
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B ppa (et Herr\ post axo'paxa transpos. Heindorf Vollgr. 7j mi. 1 ): opv ci. Naber 3 auvauatvopeva paavxa: a. xai p. Stephan > a7uoxXe(et 4 rcoxe-xXVjet edd. post. a. interpunx. Heindorf
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BT
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a&T7)v
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saepiss. in
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5 Ixaxr) Ruhnken. -xrj BT 6 ttJ xa' dficiente, huius cod. lectio dubia)
-rjp'vT)
edd.
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8 Hermi. quasi non legens 5 xfj SieB e a ) h IXuue pspiYp^vwv fl pe;xety. Burnet Vollgr. 1 5 xs XuQ] Hermi. juprespayiiiva (et Hermi. ) aop7te:ip. B om. Hermi. ||>otvcov (et Hermi.): Suvv Badham 252 a a xs xat xi x. naxpwv xat Heindorf 3 XT]axat 7:iX^X. ci. Vollgr. Vollgr.
xaO' au. BteoSoj
:
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||
7 yyu^'w
-Vf
BT
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W incertum,
252 b
b
PHDRE
,
47
un mdecin
des peines
les plus
grandes '. Eh bien cet tat-l, mon beau gars, toi qui je m'adresse, les hommes, il est vrai, le nomment amour, mais si je te dis comment l'appellent les dieux, ta jeunesse sans doute ne fera qu'en rire On cite (certains Homrides, je crois bien, qui les tirent de leurs rserves) deux vers en l'honneur d'Amour, dont le second en prend tout fait son aise et n'est pas d'une prosodie trs rgu!
Hre.
Or
voici ce qu'ils
chantent
tek, c'est
nom pour les mortels ; mais, pour les immorVEmplum, cause de son pouvoir de faire pous cela,
Amour-qui-vole
est,
ser des plumes. Permis, bien entendu, de croire 2 permis aussi le contraire I Toujours est-il que,
c'est
qui s'est fait de ceux qui ont fait cort 8e Zeus est capable de porter, dont^elle a suivi * avec une P ms solide assiette, le far2e cortge. deau du dieu qui tire son nom de son ceux Quant qui furent les servants emplumage. d'Ares et ont accompagn sa rvolution, quand Amour s'empare d'eux et qu'ils pensent avoir t injustement traits par leur bien-aim, ils sont ports au meurtre et prts se sacrifier eux-mmes en mme temps que leurs d mignons. Et de mme, en rapport avec chacun des Dieux dont chacun fut le choreute, c'est honorer ce dieu-l,
:
Poursuivons
Chaque me
prendre,
s'il
est
>
C(
l'imiter le plus
tant
compltement possible, que se passe la vie et que l'exisqu'il n'y a pas eu contamination tence vcue est celle de la premire gnration ici-bas, c'est encore selon cette manire d'tre qu'on se comporte dans les relations avec les bien-aims comme l'gard des hommes en gnral. Ainsi donc, pour ce qui est de
:
(Diotime) et 192 de (Aristophane). Bien entendu, tout ceci rpond au discours de Lysias et au premier de Socrate, passim. cf. ig3 a. 1. C'est ce que dit Aristophane, Banquet 189 d a. Tout le passage est visiblement une moquerie, d'abord de l'an;
une
mme
l'autre, profane (il y en a des exemples dans Homre) ; ensuite de ces trsors de variantes qu'avaient constitus les exgtes d'Homre.
comme
au propre.
47
*AIAP02
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252 d
PHDRE
48
l'amour des beaux garons, chacun fait son choix de la manire voulue et, l'objet de ce choix reprsentant
pour
lui la divinit
mme,
c'est
comme une
!
sorte d'image
sainte qu'il se fabrique et qu'il orne, dans l'intention de l'honorer et de lui rendre un culte secret Ceux-l donc,
qui dpendent de Zeus cherchent que de Zeus soit l'me de celui qui sera aim par eux ils examinent en consquence si, de sa nature, il est philosophe et apte conduire, et quand, l'ayant dcouvert, ils se mettent
dis-je,
:
l'aimer,
ils
il
soit tel
1
.
Par
suite, si c'est l
lequel aupa-
ravant
la
ils
ne
ils
main,
s'instruisent
source
ils
possibilit ; par eux-mmes aussi, ils poursuivent cette recherche. Or, quand ils tiennent la piste, leur
quelque
effort
pour dcouvrir, par leurs moyens personnels, la nature de leur propre Dieu est couronn de succs, parce que c'est pour eux une intense ncessit de regarder dans la direction de ce Dieu. Lorsqu'enfin ils l'atteignent par le souvenir et que le Dieu dont il s'agit les possde, c'est
lui
qu'ils
tion
de
empruntent leurs faons habituelles et l'occupaleur activit, pour autant qu'il est possible
participer la
divinit.
l'homme de
rsultat, c'est
Bien entendu, ce
au bien-aim
encore mme de Zeus, pareils aux Bacchantes ils reversent ce qu'ils y ont pris sur l'me du bien-aim, le rendant ainsi le plus compltement possible semblable au Dieu Tous ceux qui, d'autre part, ont suivi qui est le leur dans le cortge d'Hra cherchent un aim de type royal, et, quand ils l'ont trouv, en tout ils procdent son
chrissent
source
gard de la mme faon. Ceux qui relvent d'Apollon ainsi que de chacun des Dieux, rglant leur marche sur la sienne, cherchent que leur propre mignon ait un naturel assorti. Et, quand ils ont acquis ce rsultat en imitant eux-
mmes leur Dieu tout comme en conseillant leurs bienaims et en les disciplinant, ils les amnent rapporter ce Dieu l'emploi qu'ils font de leur activit ainsi que leur de aspect extrieur. Cela dpend de la capacit de chacun leur part il n'y a point d'envie, pas de mesquine malveillance
:
Il se
le
mot
diios
un
48
*AIAPO
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252 d
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8Tav aTv EpvTE paaSoi, Ttav TtoioOauv bnco toioOto EOTai. 'Ev oSv p.r) npTEpov k\i%s.&8>ai T
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1
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8 auTO Heindorf
au. codd.
Hermi.
IV.
3.-7
253 b
PHDRE
*9
l'gard de leurs mignons ; tout au contraire, c'est leur ressembler eux-mmes et, totalement, de tout point,
tel
Dieu
plus tout
qu'ils honorent, c'est cela qu'ils s'efforcent le possible de les amener, c'est pour cela qu'ils se
conduisent
comme
ils
font.
Concluons
les aspirations
de
amant vritable
du moins
pour raliser ce quoi il aspire, la voie dont je parle, voil quelles en sont la beaut, la flicit pour celui qu'un ami dont Amour cause le dlire a pris en amiti, condition que celui-ci ait t conquis. Or voici maintenant de quelle faon Les alternatives se fait prendre celui qui a t de l'amour.
qu'il prenne,
mencement de
cette fable
com-
me
il distingu trois sortes de choses y en a deux qui sont du type cheval, tandis que la troisime a fonction de cocher prsent encore tout cela devra demeurer. Et
;
maintenant, de ces chevaux l'un, disons-nous, est bon, non mais en quoi consiste l'excellence du bon ou, pas l'autre chez le vicieux, son vice, c'est ce que nous n'avons pas le expliqu et qu' prsent nous avons dire. Eh bien dont la des et est celui belle est deux, premier plus qui
;
!
condition, a le port droit; il est bien dcoupl, il a l'encolure haute, la ligne du chanfrein lgrement courbe ; son pelage est blanc ; ses yeux, noirs ; il est amoureux
d'une gloire qu'accompagnent modration et rserve comme il est compagnon de l'opinion vraie 1 pour tre conduit il n'a pas besoin qu'on le frappe c'est assez d'un encouragement ou d'une parole. Le second, par contre, il est de travers, massif il est bti on ne sait comment ;
;
, :
a l'encolure paisse, la
nuque
courte, le
masque camard
nom ; l'homme qui, ayant suivi Zeus, garde son quilibre sous le poids de l'amour (a5a c), qui est philosophe et apte diriger, qui cherche rendre tel l'aim chez qui il en a devin la
calembour sur son
Plus loin (a fin), peut-tre promesse, ce serait Platon lui-mme. faut-il lire Dionvsou (de Bacchus) et non Dios (de Zeus). On voit mal en effet pourquoi celui-ci serait de nouveau mentionn, et l'image
des Bacchantes convient mieux l'autre.
Aprs ce qui a t dit a46 e sq., on se sent ici en pleine astrologie notre caractre dpend de l'astre d'o provient notre me. Il docile aux ordres du i possde en effet une nature moyenne
:
49
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au^TtE(popr)pvo,
KpaxEpa- e
XT
iotouat : -atv Vollgr. 7tpo8ujjua (et || 3 xeXexz{ em. Paris. 1808: -xt{v Vollgr. (cf. c 4) 14 20 x v xeXo) Vollgr. (cf. ibid.) xeXeuxr) codd. (cf. Hermi. 19a v ye 8ta7tpu>vxati : ye... TtpoOotxouvxai : del. Badham Vollgr.
C 2 oxto
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Hermi.
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7 atpeOe (et Hermi.) secl. Schanz del. 8 Stet'Xoaev Hermi. (Heindorf): Vollgr. eupe. Heindorf 8o (et Hermi.") : 8tia> codd. || 9 jtTtojApco -u> B 8ieiXo'fAT)V
Badham
Hermi.
||
|[
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3
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||
ajilv (et
Hermi.):
Iajxev Gornar.
<
Vollgr.
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Hermi.
xa xou Hirschig Vollgr. || 4 axotv (et Hermi. 1) : axaei (et Hermi.) : eet dubit. ci. Herwerden 7 xe om. H xat ait. del. Badham Vollgr. || Xr)6tvrj$: om. Heraclit. 8 ||
j|
:
||
||
xeXeucfxaxt
T 2 (a interpos.)
(et
Hermi.)
[
xeXeup..
BT Thomps.
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Vollgr.
||
Herwerden Winckelm.
noX,
(et
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Hermi.):
iz.
:
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damn. Naber
:
xapxep. Hermi.
||
|3apu.
W Vindob. 109.
xpotxepaupjv
253 e
PHDRE
sa couleur est noire et ses
5o
sanguine
'
;
compagnon de
de
2
oreilles, pleines
poil, sont
le fait obir.
sation a
254
vue de l'amoureuse apparition le cocher, qui par la senrpandu de la chaleur dans la totalit de son me, a presque son compte du chatouillement et des piqres causes par le regret, alors celui des chevaux qui obit docilement au cocher; celui qui, aussi bien toujours qu' prsent, s'impose la contrainte de sa rserve, se retient de fondre sur l'aim. Mais l'autre, qui ne se soucie plus ni des pointes du cocher ni de son fouet, d'un bond violent s'lance et, donnant son compagnon et son cocher toutes les peines
imaginables, il les contraint se porter vers le mignon et lui faire entendre combien sont dlicieux les plaisirs
!
d'amour
Au dbut, tous deux se raidissent avec indignation devant une contrainte qui tend ce qu'ils jugent
abominable
et contraire la
loi
;
ils
finissent
pourtant,
mal ne connat plus de borne, par se laisser sans rsistance mener de l'avant et ils consentent faire ce quoi on les invite.
quand
le
regardent l'apparition ; Mais, sa vue, les souvenirs du cocher se portent vers la ralit de la Beaut il la revoit, accompagne de la Sagesse et dresse sur son
;
ils
3
elle
c'est le
bien-aim
l'a vue dans son souvenir, et un mlange de vnration l'a fait se renverser en arrire ; c du coup, il a t forc de tirer par devers lui les rnes avec une telle vigueur qu'il a fait s'abattre les chevaux sur
socle sacr
11
de crainte
et
la
croupe, l'un et l'autre: l'un, sans contrainte parce qu'il l'autre, le rvolt, en le contraignant qu'ils se retirent plus loin, l'un, sous
cocher, l'intellect qui connat le vrai (2^7 c), mais attel avec la passion ; il se confond donc avec le thumos (Rp. IV 43g e-44i c). Aussi s'en tient-il l'opinion droite, moyenne entre ignorer et savoir
(Banquet 20a a)
classe
1.
s'y tiennent les militaires de la Rpublique, qui les philosophes dictent ce qu'elle doit croire. Peut-tre ceci concerne-t-il les yeux : injects de sang.
;
comme
moyenne
le
les
2.
Ou
:
fouet avec
le
secours de
infrai).
la
le
grec dit
3.
pointes (ici et
Rplique de l'apparition de
l'idole
au terme du mystre
le
5o
a
*AIAPOS
p^axoq,
Ttepl
253 e
u^ai^oq,
Xaio,
6pecoq
Kal
Sxa
Keocpo,
8*
utrriyi
8
tieIkqv.
"Oxav
o8v
r^vlo^c-c;,
x6 IptoxiKv
Xta^ioG
a
x ^vi6x tv
oflxE
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8 8
KVXpOV aKipxv 8 (ila cppExai Kal, Ttvxa Ttpyuaxa nap^cov x$ o-uuyl xe Kal f)vi8x<p, vayKa^Ei levai xe Ttp8<; x
TtaiSiKa
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Winckelm. Hermi. 197 3 ): addub. Heindorf al'Qet G. Hermann tuipw Herwerden 254 a 1 7 xivxptov Ktepiv auct. Herwerden (cf. a55 d 1) Vollgr. 8 xio x B et at. codd. 5 tjvio-/u> x<5 tj. auct. Herw. Vollgr.
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5i
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ce
honte et l'effroi, mouille de sueur l'me tout entire mais l'autre, une fois passe la souffrance que lui ont fait endurer et le mors et sa chute, n'a pas encore repris haleine que dj sa colre se rpand en invectives et qu'il abreuve de ses reproches le cocher ainsi que son compagnon d'attelage par lchet, par pusillanimit, ils ont dsert le rang et trahi leur engagement Et, comme de nouveau, malgr leurs refus, il les met en demeure de revenir la charge, c'est grand peine qu'ils obtiennent de lui qu'on remette une autre fois. Puis, quand arrive l'poque convenue, comme ils font tous deux mine d'en avoir perdu souvenance, il les en fait de force se ressouvenir, il hennit, il tire une fois de plus il les a contraints d'approcher du
:
!
bien -aim,
ce
pour
mmes
il
propos
lui,
proximit, dploie sa queue, il mchonne vergogne. Le cocher cependant a ressenti, plus vivement encore, le mme sentiment ; comme s'il avait devant lui la
il
tenant que
les voil
se
ce
barrire
1
,
il
ramne
le
mors en
il
arrire et,
cheval rvolt,
ensanglante
;
mchoires de
croupe,
celui-ci
il le
et sa
la bouche injurieuse et les forant toucher terre ses jambes 2 livre aux douleurs / Or, quand elle a t
plusieurs
fois traite
de
la
mme
;
enfin
ce
renonce
la
dmesure
elle suit
ce
basse, la dcision rflchie du cocher et, lorsqu'elle aperoit le bel objet, elle se meurt d'effroi. Ce qui en rsulte
l'me de l'amoureux est dsormais pleine de rserve autant que de crainte, quand elle
se fait suivante
ce
du bien-aim.
<c
255
Comment
il
se
Voil donc que, par l mme, ce dernier est voue une dvotion sans
explication
physique.
cc
(<
Dornes comme un gal des dieux l'amant ne joue pas la comdie 3 c'est
>
bien-aim est
i.
souvenir
;
la ralit resplen-
cf.
p. 44> n. i).
3.
La corde barre la piste; le cheval se cabre, impatient. Formule assez frquente, d'origine homrique (Od. XVII, 567). Comme celui de Lysias, qui feignait n'tre pas amoureux.
5i
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ala\tivT]c;
254 c
te
kc
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255 a
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PHDRE
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il
'
!
5a
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ait t
2 et que, pour ce motif, procher quelqu'un qui vous aime il fois l'amoureux. Une pourtant que le temps a repousse march, l'ge aussi bien que la force des choses l'ont amen l'admettre dans sa socit c'est, sans nul doute, qu'un mchant n'est pas prdestin avoir de l'amiti pour un
:
mchant, et pas davantage un brave homme, tre sans amiti l'gard d'un brave homme 3 Or, aprs qu'il l'a admis, qu'il a accueilli et son entretien et sa socit, c'est de prs que se manifeste la bienveillance de l'amoureux, et
cela
met
il
se
parents, le lot d'ami ti lui n'est rien au prix de celui qu'ils peuvent procurer que procure l'ami possd d'un dieu Puis, quand il a perce svr dans cette conduite et qu'il approche cet ami, en y
mme runis,
amisou
!
4 ajoutant les contacts des gymnases et autres lieux de ru nion, ce moment le flot du courant dont et j'ai parl, auquel le nom de vague de dsir fut donn par Zeus alors qu'il
commence se porter en abondance vers l'amoureux. Mais, tandis qu'il y en a une part qui se perd en lui, l'autre, une fois qu'il a t rempli jusqu'au bord, s'coule l'extrieur. Pareil au souffle, ou bien au son que des surfaces lisses et rsistantes font rebondir et renvoient en sens inverse son point de dpart, ainsi le courant, qui est venu de la beaut, chemine en sens inverse par la voie des yeux vers le bel objet. Quand, par le chemin qui natu Tellement le mne l'me, il y est parvenu et qu'il l'a entirement de la plume en reoivent les emplie, passages
aimait
Ganymde
1. Dans la doctrine de Pausanias (Banquet, i8 b-e), celui dont la fonction est de servir, c'est au contraire l'aim. 2. C'est ce que disaient les deux premiers discours (a3a b, a3 b, a^o c) et aussi Pausanias (Banquet, i83cd).
3. Mais non pas en vertu du principe que le semblable aime son semblable, car alors le mchant aimerait le mchant voir la discussion du Lysis ai3 c-ai5 c (cf. aussi Banquet, p. 4o, n. i).
;
Par ce moyen, dans le Banquet 217 c, Alcibiade espre amener comparer en outre a56 a avec Banq. 319 b-d. 5. Platon cette fois s'amuse appuyer sur l'autorit du Matre des dieux son interprtation de himros (cf. a5i c fin); voir Lois I 636 cd.
4.
Socrate se dclarer
5a
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255 a
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255 d
PHDRE
53
la
de
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:
le
branle a t
donn
est
pousse du plu-
mage
de l'aim
maintenant pleine
il
d'amour
peine
:
mais quoi ?
en
est
il
bien en
n'est pas
n'est
ne
davantage
bien plutt
comme s'il avait d'un autre attrap une ophtalmie: il pas mme de rien allguer qui l'explique il ne se
pas compte que dans son amant, ainsi qu'en
c'est
rend
qu'il voit quand ce tiquement qui a lieu pour ce dernier, sa souffrance prend fin, et, lorsqu'il est absent, c'est encore identique:
lui-mme
un
ce
ment qu'il
regrette et qu'il
est
regrett,
ayant ainsi un
'
.
256
contre-amour qui est une image rflchie d'amour Mais le nom qu'il y donne, et son avis c'est bien cela, ce n'est point amour, mais amiti; son ambition, analogue celle de l'autre quoiqu'avec moins de vigueur, est de voir, de toucher, de donner des baisers, de s'tendre contre. Ds lors, il y a bien des chances pour que, dans Tandis ces conditions, la chose ne tarde pas se faire donc qu'ils partagent la mme couche, celui des chevaux de l'amoureux qui est indisciplin a des choses dire au cocher comme un juste retour de toutes ses peines, il demande goter de lgres jouissances Quant celui de mais, gonfl de l'aim, il n'est pas mme de rien dire dsir et bien en peine de savoir de quoi, il jette ses bras autour de l'amoureux, il lui donne des baisers dans l'ide quelqu'un qui lui veut qu'il tmoigne ainsi son affection
!
cte,
grand bien ; et, toutes les fois qu'ils sont tendus cte il en est au point de ne pas se refuser peut-tre, pour sa part, accorder ses faveurs, au cas o l'amant demanderait les obtenir. Mais, d'un autre ct, le compagnon de joug se joint au cocher pour opposer cette concession une
rsistance qu'inspirent la rserve et la rflexion. Supposons pour l'instant que ce soit, en consquence,
l'amour de la sagesse que conduit le de bience triomphe qu'il y a de meilleur dans l'esprit
vie d'ordre et
:
une
i .
La contagion de l'ophtalmie
d'un simple regard.
passait
le
suffisait
De mme
53
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xa^ xaOxa. Ev oSv xfl auyKoiuf|<ji, xoO uv IpaaxoO 8 &K6Xaaxo titto I^el 8 xl Xyfl Ttp xSv fjvlo^ov, Kal c a,iot vxl TtoXXv Tt6vosv auitcp aTroXaOaai. O 8 xv
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256
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256 b
PHDRE
54
heureuse et pleine d'harmonie est l'existence qu'ils passent ici-bas, puisqu'ils ont la matrise d'eux-mmes et le souci de la mesure puisqu'ils ont rduit l'esclavage ce qui faisait natre le vice de l'me et donn au contraire la
;
libert ce qui
y produisait
la vertu.
Quand donc,
parve-
la vie, les voil ports par leurs ailes et dlests, alors, des trois manches de cette joute qui est
nus au terme de
olympique, c'est la premire qu'ils ont et il n'est pas de plus grand bien que puissent gagne procurer un homme, ni l'humaine sagesse, ni le divin dlire! Supposons maintenant, au contraire, qu'ils aient pratiqu une vie plutt grossire et qu'en mme temps l'amour de la sagesse ils aient substitu celui de l'honneur sans doute pourra-t-il arriver que, dans l'ivresse ou quelque autre moment d'abandon, les deux btes qui, dans leurs deux attelages, sont indisciplines, trouvant lsmes sans tre sur leurs gardes, s'unissant pour les mener au mme but, choisissent le parti qui, aux yeux de la foule, reprsente la flicit et qu'elles en viennent l'affaire L'affaire faite, c'est un parti que par la suite on prend encore, mais rarement, attendu que c'est un acte qui ne suppose pas une dcision de l'esprit tout entier. Amis,
vritablement
*
prcdents c'est l'un pour l'autre qu'ils vivent, aussi bien au beau temps de leur amour qu'aprs en tre sortis,
:
convaincus d'avoir mutuellement donn et reu les plus hautes garanties, celles dont il est, leurs yeux, impie de
ennemis Au terme mais non sans avoir fait effort pour tre ails, qu'ils s'en vont de leur corps. Aussi n'est-il pas de mince valeur, le prix qui rcompense leur amoureux dlire ce n'est plus en effet vers les tnse dlier
tre
pourtant de leur
la
est sa
cause en est ce contre-amour, antros, qui, sans qu'il s'en doute, propre motion rflchie par son amant, miroir o il se voit
lui-mme. Ainsi,
ils ne font qu'un. Ceci semble donc tre la reprise, sur une autre base, de ce que dit l'Aristophane du Banquet (193 b-e).
Pour
les
potes et
les artistes,
complte,
il
fallait trois
succs de suite;
cf.
54
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256 b
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TiTEpoOaSai,
a interpos. 8 8) om. Euseb. xal T 2 (interpos.) (et Euseb.) om. T c 1 iX<mp.w (et Euseb.) ptXotvw Vollgr. (cf. 2^0 e 5, 276 d 6 App. crit. i46) 2 to xoXcora) (et Tofy' av (et Euseb. Hermi. ): tdfyi sic axotv (et Euseb.) axfjv Euseb.) tw -tu BT (et cf. 265 d 1) X6wvxai Euseb. Xa6dvT 3 u7tooY''w ( e * Euseb.): -a> BT Taxdv -td Euseb. uv. B auvayaYOVTS T Euseb." auvaYayovTS iter. T ante iwv 4 efXeoat id. n tXlTT,v 4 XaOr,v Euseb. T/;v
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55
la
pour
le
Loi
partent ceux qui dj ont commenc le voyage qui se fait au-dessous du ciel ' Elle veut au contraire que, passant une
existence
lumineuse, ils soient heureux tandis que, en compagnie l'un de l'autre, ils font ce voyage, et qu'ensem ble, raison de leur amour, ils soient pourvus d'ailes quand ce sera pour eux le temps d'en tre pourvus. Voil quelle est la grandeur, mon gars,
257
que te donnera une amiti qui est celle d'un amoureux Quant la liaison dont l'initiateur est un homme qui n'aime pas, celle-ci, trempe de sagesse mortelle, s'employant des rglements d'une conomie mortelle, enfantant dans l'me amie une mesquinerie que la foule loue l'gal d'un mrite, vaudra cette me de rouler pendant neuf milliers d'annes, autour de la terre et sous la terre, dans un
tat
toi,
expiation
ment pour
tique Eh bien
:
!
vocabulaire, l'loquence en est d'un tour poc'est une ncessit dont Phdre est responsable.
le
en accordant mon premier discours ton pardon, au second, ta faveur, sois bienveillant, sois propice cette science de l'amour que tu m'as accorde, par colre ne me la retire la ne rends pas infirme accorde-moi au pas contraire d'tre, plus encore qu' prsent, en crdit auprs des beaux garons Si, dans le pass, nous avons tenu quelque propos trop dur ton gard, Phdre aussi bien que moi, 3 c'est Lysias, le pre du sujet que tu dois incriminer:
: !
! !
qu'au terme impartit ce n'est pas la survie souterraine, rserve avec le vagabondage circumterrestre (infr) au faux ami des deux premiers discours c'est une survie infra-cleste Sans doute, tandis que montent plus haut d'autres mes (2^9 a fin), celles-ci restent-elles au
1.
la
Loi
pied des escarpements qui mnent au fate du ciel (2^7 a sq.). A ceux au contraire dont l'amour a t philosophique, Socrate promet (b) la mme batitude que Diotime celui qui a gravi tous les chelons de
l'initiation
2.
amoureuse (Banquet 211 a-ana). Socrate rpte ce qu'a dit Phdre (234 c) du discours de Lysias. 3. De lui sont ns en effet les trois discours (cf. p. 27, n. 2).
55
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,
|| aliquid eras. post a 7 -/iXidxexpauiv) xccX. ttjv codd. || xuXiv3o j<j.v7]v y^v recc.
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Hermi. 8 v. B Hermi. n t' ett Burnet bnv: om. B Hermi. et, exe. Burnet, omnes Hermi. Burnet Auai'av (et Hermi.) damn. Naber. wiyi^
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267 b
PHDRE
56
guris-le de parler comme il fait ; tourne-le plutt, ainsi que l'a t dj son frre Polmarque, vers la philosophie
,
afin
que son amoureux, ici prsent, ne soit plus comme aujourd'hui entre deux selles mais que sans partage, avec
!
il
philosophie
Phdre.
Intermde.
c
est vrai
1
que
il
ce
y a d'admiration, tellement tu as dpass le premier dans la beaut de l'excution. Aussi ai-je peur que Lysias ne m'appaau cas d'aventure o il consentiraisse bien terre--terre,
discours,
* i* _>i mienne pour que cela se ralise, s il soit un Quant ton avantage pour nous beau temps que je me sens son gard plein
la
discours, faire assaut contre le tien sais-tu bien, merveilleux ami, que tout l'heure c'est justement l ce que lui reprochait un de nos hommes politiques,
rait,
:
avec
un autre
l'invective la
La
logographie
gon invective)
!
le traitait
de discours, de logographe 2
notre cas, par
Socrate.
d
te
La drle d'ide que voil, jeune homme Tu trompes du tout au tout sur le compte de ton ami, en le
!
de fabricant dans
prenant ainsi pour quelqu'un qui se laisse intimider. Mais sans doute penses-tu galement que l'auteur de l'invective mettait un blme son gard dans les propos qu'il tenait? C'tait de toute vidence, Socrate! El, mme Phdre. toi, tu n'es pas sans savoir, je pense, que ceux qui dans les Cits ont le plus de pouvoir et dont la respectabilit est le mieux assise, rougissent d'crire des discours tout comme de laisser aprs eux des crits de leur main, par crainte des jugements de l'avenir et de peur d'tre appels Sophistes. Socrate. Dtour dlicieux, tu ne t'en aperois pas 3
i.
Voir
?
Socrate
Ou
p. i, n. i. Est-ce dire que Polmarque ceci vise-t-il son rle au livre I de la Rpublique ?
ft
un
disciple de
Membre
du
des Trente tyrans. parti dmocrate, il prit victime a. Au sens usuel, le logographe faisait mtier, sorte d'avocat dans
la coulisse, d'crire
tribunal.
La
suite
des discours que les plaideurs rcitaient devant le montre que Platon dsigne par l, en un sens plus
:
large,
3.
tu
56
a
*AIAPOS
X8you TtaTpa atxuibuEVo, TtaOc xv xoioxov X6yav,
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257 b
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:
8.
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:
Hermi.)
damn. Naber
:
5 xerpa^Tai
:
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(et Aristid.):
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Hermi. Thomps.
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auct. Heindorf Schanz del. Vollgr. (cf. Alline op. cit. 37a sq.) pro uaxpo ci. 6 ltxpou Schneider (et cf. Hermi. 21 1 ) Xpupo ci. Naber.
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BT
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xo paxpou yxivo
codd.
Thomps. Burnet
IV.
3.-8
257 e
e
PHDRE
non plus
57
Phdre! Et, en outre du dtour, ce dont tu ne t'aperois pas c'est que, parmi les politiques, ceux qui se croient le plus, sont au plus haut point frus de logographie et avides de laisser aprs eux des crits de leur main la preuve, c'est que, chaque fois qu'ils crivent quelque discours, ils ont pour les approbateurs 1 une telle tendresse, qu'ils font mention supplmentaire, en tte, de ceux dont, en chaque endroit, l'approbation est par eux obtenue. Phdre. Que veux-tu dire par l? Je ne vois pas. Tu ne vois pas que, en commenant leurs Socrate. 258 crits, ce qu'inscrivent en tte messieurs les politiques, c'est
:
Il a Socrate. plu , ce sont quasiment les termes, au Snat , ou bien au Peuple , ou bien tous les deux la fois, sur la proposition de Un tel ... Et voici que
l'crivain
se met parler de lui-mme avec beaucoup de solennit et chanter ses propres louanges aprs quoi, voici
;
cas
tient la scne,
du thtre;
si,
au contraire,
rpertoire et qu'il soit, lui, priv du droit de logographie et de la dignit d'crivain, c'est un deuil pour lui aussi bien que pour ses partisans.
du
Ah je crois bien Phdre. Il est clair alors Socrate. que, dans leur pense, il n'y a pas de ddain pour cette pratique, mais plutt de l'admira!
tion.
expression vient du long dtour dans la descente du Nil. En liminant cette explication suspecte, trs probablement interpole, la suite des ides s'claire le langage des politiques est, dirions-nous, cousu
:
blanc , tu ne le vois pas et tu ne vois pas non plus... Il n'y a pas lieu de discuter l'origine de la formule. i. G.--d. les gens dont le rle est, ventuellement, d'approuver: ainsi le Snat (boul, le Conseil des Cinq Cents) qui prparait les
de
fil
lois et
les discutait.
Ce que
vise
57
$AIAPOS
yicvi,
257 e
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k<xtcxXeii|jcoc;
ZO. Ou uav8vEi
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258
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I~l;
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b luoiyE. v pv oSxo uuvr|, yeyT]Bd) np^exai Ik xoO SEaxpou 8 Tcoirix^" v 8 /xXi(f>6fj Kal auoipo
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ZO. OkoOv,
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-^watv Hermi.
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258 a
:
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Bergk et ffuyypppaxo Bergk -tt codd. Thomps. 7tou om. Hermi. addub. Schanz secl. Burnet 4 I8o -'v T Heindorf ax Winckelm. 9. axwv x ouyYpappa jaiv xat Hermi. x. os xat o eI. Winckelm. Burnet 5 xat 0; 7tv tJ t. auxv 8tj Hermi. x. au. xv auxv 8] 0; xat o T. Vollgr. B au. Eauxv or, Stephan. au. lau. e Winckelm. *7j 7 o*t) pex
v) secl.
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||
Schanz
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Winckelm.
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del. Vollgr.
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||
Krische Vollgr.
9
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xo; natv'xai
||
:
pr.
a pp^vr) (et
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ci. cum Herwerden Vollgr. 3 sx w Vollgr. B Vollgr. StaypaspTj Winckelm. xa... 4 auyypaEtv damn. Winckelm. 7 w oxj 8 XX* a> XX' w xe sic W.
Hermi.):
saXEtOfj
crupp.
-Xtprj
||
j|
||
||
258 b
PHDRE
58
absolument. Phdre. Et quoi? lorsqu'un orateur, ou bien un roi, Socrate. C s'est rendu capable, tant investi du pouvoir d'un Lycurgue, d'un Solon, d'un Darius 1 d'tre dans un tat un immortel logographe, ne juge-t-il pas qu'il est lui-mme, tandis qu'il est encore en vie, un gal des dieux? et n'est-ce pas celte mme opinion que se fait son sujet la postrit, les yeux
Phdre. Socrate.
cette sorte,
Ah
?
!
je crois bien
n'importe lequel et qui aurait contre Lysias une animosit quelconque, lui fasse prcisment le reproche 2 d'tre
un
crivain?
Ce n'est gure probable en tout cas d'aprs ce que tu dis ce compte, semble-t-il bien, il se reprocherait lui-mme sa propre passion d Socrate. C'est donc une chose claire pour tout le monde
Phdre.
:
non, il n'y a rien, en soi, de vilain crire des discours Phdre. Et pourquoi, en effet?
Socrate.
belle faon,
la
mon
c'est
quand on ne
!
parle ni n'crit de la
mais d'une vilaine et d'une mauvaise. Eh oui, c'est clair Phdre, Socrate. Qu'est-ce donc qui caractrise le fait d'crire, ou non, de la belle faon? Avons-nous, Phdre, quelque besoin de nous enqurir l-dessus prs de Lysias, ou de quiconque a jamais crit et crira ? que l'crit concerne les choses de la Cit ou bien quelque affaire prive, et qu'il use du mtre, tant uvre de pote, ou qu'il s'en passe, comme dans la prose ? e Tu demandes si nous en avons besoin Mais Phdre.
ensuite Platon, c'est un texte de proposition de loi, son intitul rglementaire, l'expos des motifs o l'auteur fait valoir la sagacit de ses vues. Enfin la proposition est compare une pice de si elle thtre passe en loi, c'est un succs pour lui et pour son
:
parti
l'inverse
si
ou
si
sa loi est
le
abroge et que la
prive de la possibilit
de recommencer.
i. L'uvre lgislative de Darius est loue Lois III Sur la pense, cf. Banquet 209 d. Lettre VII 33a a.
6q5 c et
357 cd.
a.
Le reproche que,
dit
les politiques,
58
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253 b
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258 e
PHDRE
59
quelle raison aurait-on, mme de vivre, si ce n'tait en vue de semblables plaisirs ? De fait, ces plaisirs ne sont pas en vrit de ceux que doit prcder une souffrance, sans
laquelle il n'y aurait mme pas plaisir. Or c'est le caractre de tous les plaisirs, ou peu s'en faut, qui intressent le corps,
et c'est encore
cas nous avons le temps, ce qu'il Et tout ensemble, j'en ai l'ide, les cigales qui, selon l'usage au fort de la chaleur, chantent et conversent entre 259 elles au-dessus de nos ttes, ont l'il sur nous. Si donc elles nous voyaient, mme nous deux, l'heure de midi imiter les gens du commun et ne point converser, mais au contraire laisser choir notre tte et cder leurs enchante-
Socrate.
!
En tout
parat
ments par inertie intellectuelle, juste titre elles se riraient de nous, dans la pense que je ne sais quels esclaves leur sont arrivs en cet asile pour y dormir, ainsi que des moutons, leur mridienne l'en tour de la source! Si, au contraire, elles nous voient converser, et notre esquif les
ctoyer comme des Sirnes, sans cder leurs enchantements, b alors ce privilge dont les dieux leur ont accord de faire aux hommes le prsent, peut-tre nous en feraient-elles prsent dans leur satisfaction Et quel est ce privilge ? Dis-le moi, car c'est Phdre. une chose dont il se trouve que, vraisemblablement, je n'ai point entendu parler.
Socrate.
En
vrit,
il
n'est gure
biensant pour quelqu'un qui est ami des cigales. des Muses de n'avoir point entendu 2 Or voici la lgende. Jadis les choses de parler pareilles la cigales taient des hommes, de ceux qui existaient avant
!
naissance des Muses. Puis, quand les Muses furent nes et qu'on eut la rvlation du chant, il y en eut alors, parmi les
hommes
C
sir
de ce temps, qui furent ce point mis par le plaihors d'eux-mmes, que de chanter leur fit omettre le manger et le boire, et qu'ils trpassrent sans eux-mmes
s'en douter
!
la suite
de cela, ont t
la
i.
du besoin (cf. Notice, p. xxxv n. a). Double allusion aux gots littraires de Phdre, ses
curiosits
59
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cp' fjSovf^ ote, cSovte, f)^Xr)aav alxcov te Kal tiotv, Kal IXaBoV TEXEUTf)CTaVTE aTO. 'EE, ov to TETTlyOV
Vindob. 109 (atj cuxsv Bernhardy (cf. 1) et Stob.) -xe Ilermi. Tliomps. Burnet Soxouaiv w w om. Stob." -ai vu Badbam Yollgr. 259 a a xa r,ij. (et Stob.) : om. B et, exe. Burnet, omnes vw (fors, ex vu T) (et Stob.) vco B 3 xtiXoujjl^vou (et Stob.) xaxaxrjX. Hermi. &* axtov (et Stob.)
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Hermi. 1 ) C a aGxo
8*) ci.
au.
W Stob.
Heindorf
au.
non
legit
Hermi.
259 c
PHDRE
60
souche de la gent cigale. Elle a des Muses reu le privilge de n'avoir, une fois ne, aucun besoin de se nourrir, et de se mettre cependant, estomac vide et gosier sec, tout de suite chanter jusqu' l'heure du trpas, et puis
les
aprs d'aller trouver les Muses pour leur rapporter qui honore ici-bas et laquelle d'entre elles va cet hom-
mage. Ainsi, Terpsichore, c'est sur les hommes qui l'ont honore dans les churs de danse que les cigales font leur d rapport, lui inspirant pour eux de la prdilection rato, sur ceux dont les matires d'amour sont l'occupation et aux autres de mme, selon la faon dont chacune est spciale;
;
ment honore. Or
l'ane,
Galliope,
et
sa cadette,
Uranie, ceux qu'elles signalent ce sont les hommes qui passent leur vie philosopher et qui honorent la musique propre ces deux Muses; car entre toutes, avec le ciel pour principal objet et les questions de l'ordre divin aussi bien
qu'humain, ce sont elles qui font entendre les plus beaux Nous avons donc, tu vois, mille raisons de parler et de ne pas nous endormir l'heure de midi. Phdre. Entendu Parlons donc.
accents
1
!
Troisime partie.
Premire
section
:
Socrate.
Alors,
,
les conditions
de l'uvre d'art.
l'heure, de savoir quels sont les caracun jj 0n dJ scours comme d'un teres
bon
crit et quels
.,
..
de ceux qui ne le sont pas, voil ce qu'il faut examiner. Phdre. C'est clair Eh bien est-ce que ce ne doit pas tre une Socrate. qualit de ce qu'on voudra dire, au moins bien et de la belle faon, qu'il y ait, dans la pense de celui qui parle, une
la vrit
du
ce
il
Phdre.
260 dessus:
que
j'ai
ou-dire l-
destine tre orateur, d'avoir appris ce qui en est de la ralit de la justice, mais plutt ce que peut bien en penser la mulmythologiqucs (239 b). Si cette fable est une invention, le reproche d'ignorance est, son tour, ironique (cf. p. 87, n. 1). 1. Sans doute suppose- t-il l'Harmonie des Sphres, la parent de
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259 c
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260 a
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260 a
PHDRE
61
titude, celle qui prcisment doit dcider; pas davantage ce qui rellement est bon ou beau, mais ce qu'elle en pensera. Voil quel est en effet, dit-on, le principe de la per-
suasion, mais
Socrate.
non pas
la vrit.
1 parole impossible rejeter ... impossible, mais cette parole est celle de savantes gens
;
La
n'y a pas du vrai dans ce qu'ils Et, en particulier, ce que tu viens de dire, il ne faut
s'il
fi.
!
pas en faire
faire
je veuille, toi, te persuader d'aller combattre l'ennemi aprs avoir fait acquisition d'un cheval que tous les deux, nous ignorions le cheval ; mais qu'il y ait pourtant une chose que, sur ton compte, je me trouverais connatre, c'est que, au jugement de Phdre,
;
Parfaitement Socrate. Voici maintenant l'examen... Phdre. De quelle faon Socrate. Suppose que moi,
Phdre.
?
le
les
animaux domestiques
plus longues
Mais que, maintenant, je persuader au moyen d'un discours de ma composition un loge dont l'ne serait le sujet, o je donnerais le nom de cheval cette crature, dont je
veuille
Phdre. Socrate.
Ma
oreilles...
foi,
ce serait ridicule!
pour tout de
bon
te
pour chez qu'en campagne, et non moins utile pour combattre de haut que, bien entendu, avantageuse eu gard la capacit de porterie bagage et des tas d'autres choses... Ah maintenant ce serait, ma foi, ridicule Phdre. c achev Socrate. Dis-moi, est-ce qu'il ne vaut pas mieux le ridicule chez un ami que la puissance' redoutable chez un
dclarerais inapprciable l'acquisition aussi bien
soi
!
ennemi
Phdre. Socrate.
musique
1.
C'est vident
talent, igno-
tion pythagorique
a.
d'astronomie avec philosophie, peut-tre enfin une tradio la philosophie est Calliope (p. 39,1 et 38, a). Formule proverbiale qui vient de l'Iliade (II 36i).
et
Ce
remarque iden-
61
<>AIAP02
260 a
SiKaaouoiv o8 x Svxeo yaG f| KaX, XX' 8aa S,ei. 'Ek yp xoxcov Evai xo tteLGeiv, XX' ok ek xf} Xr|SEla.
etio evat 8e, S aSpE, XX aKOTtEv p-f) xi Xyccu Kai 8f) Kal
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1.
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II
7 Xyov
del. Vollgr.
||
-Tia; :rpd; y' vEyxEv ci. Thomps. rcpoaev. 2 codd. Schanz et etiam Thomps. sed cum obelo C 2 TayysXo'.ov 1 3 p' (et Hermi. ): p* B p' T xal o&ov (add. o-.): -Xov
: ||
Thompson, omues
BW
Spalding -Tij
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Hermi.
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||
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om. Hermi.
Et.
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I.
pfXov
secl.
Thomps.
260 c
rant le bien et
PHDRE
il
6a
le mal, ayant affaire une Cit pour laquelle en va de mme, se met lui persuader, non pas propos de l'ombre de l'ne que c'est d'un cheval qu'il compose
1
l'loge, mais, propos du mal, que c'est du bien ; lorsque, aprs avoir fait des opinions de la multitude une particulire
il lui aura , persuad de faire le mal au lieu du bien, quelle sorte de produit penses-tu que l'art oratoire doive, dans ces conditions, recueillir pour moisson de ce qu'il a
tude
d
sem
Phdre. Un produit qui sans doute n'est pas du tout recommandable. Socrate. Eh mais n'avons-nous pas, mon bon, outrepass les bornes de la rusticit en vilipendant ainsi l'art des discours ? Sans doute dirait-il a A quoi, extraordinaires bonnes gens, peuvent bien rimer vos calembredaines ? Moi, c'est
!
un fait, je n'oblige personne, qui la vrit est inconnue, d'apprendre parler ; mais (suppos que mon avis vaille quelque chose) c'est une acquisition faire avant, moi, de
prendre en main. Et voici donc ce que je dclare c'est que, sans moi, celui qui possdera la connaissance de l'tre des choses n'y gagnera rien abso lument pour l'art de persuader e Phdre. N'y aura-t-il pas, de sa part, justice parler
a
me
hautement
ce langage
Socrate.
J'en conviens,
au cas du moins o
les
se prsentent la barre attesteraient, en sa une ide que j'en faveur, qu'il est un art Car j'ai entends d'autres, qui se prsentent leur suite ; et ces argu-
arguments qui
comme
n'est pas
un
art,
mais
tique
i.
du Philbe dans
l'analyse
du
plaisir
a).
G.--d. moins que rien : expression familire amene pai l'exemple allgu, propos duquel en effel la mprise ne serait rien au prix d'une illusion qui fait prendre aux gens le mal pour le bien.
a. Cf. a6o a db. de mme, dans la Rpublique (VI 4g3 ab), celui qui s'extnue tudier les caprices du monstre dont il fait l'levage. 3. Ici et a^ob on retrouve les expressions mmes dont le Socrate
;
du Gorgias
stigmatisait la rhtorique (463 b). Il vient ici de supposer (ce qui peut-tre avait eu lieu) que celle-ci se dfend contre cette
attaque sauvage ; il en rappelle donc les termes et ensuite, comme devant le tribunal qui jugera la cause, il va reprendre son rquisi-
6a
*AIAPOS
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260 c
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1
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S'iKaia pE, Xyouaa xaOxa v o ys etuovxe auxf] Xoyoi uapxupaiv ^ripl, evcu x)(vr|. "ftortEp yp koeiv Sokq xivcv TtpoaiovxcV
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xpiBn,
ToO
8 XyEiv,
<pr|alv
auct. Spalding del. Schanz Vollgr. (et Hermi.) 9 10 ya6cov auct. Hirschig del. Vollgr. 10 Ttv' av Hirschig ttva codd. Vollgr. yp xtva Hermi. d 1 wv ov B anttpe -pev T a ye (et 3 ap' (et - 6epietv Hermi.): om.
C 7 oxta?
||
86at...
||
Il
||
||
TW
1
||
||
wyaGi Hermi. Vollgr. w'ya. fors, non leg. Hermi. 5 oSv' -va Thomps. ov B Hermi. exe. Burnct omnes il Vctv ci. Ast tt 7 Tt rceiOsTat H p)) upSouX/; (ou(ji6. Burnet) pfj-Xf, TW(?) Hermi. suppl. Hermi. add. Badham /pr^xai Stephan. Schanz ypfjaOatt (soXerat auct. Ma tthiae Vollgr. xT7)<ja(ivov Vahlen -vo codd. Hermi. et, exe. Burnet, omnes otw -zot B Xap6otvetv -vt Hermi. Schanz -Svciw auct. Naber Vollgr. 8td8e8'ouv(etHermi. ): TooeS'oauct. Herwer1
Hermi.
): p*
B
:
5>
||
yaO
1
II
TW
||
TW
||
||
||
||
6 1 i8) 9 t/vt] del. Vollgr. (cf. ibid.) oxouv ... xaoxa Phaedri, 3 ript... 7 yvr)xa Socratis, 8 toTtov... Oi a 2 Xeyouatv Phaedri (sic etiam personas distribuunt) oxouv ... Tarca Socratis, Yjpi' ... Xeyouatv Phaedri B et, ante Bekkerum, edd. tpir)pt Phaedro v ... Xe'youatv Socrati adscr. Heindorf
crit.
:
||
||
TW
Il
oxouv
-ootv
oxouv Vollgr. a ye (et Hermi. 1 ) y' B || papxupwatv 5 tou... 7 ysVjTat (et Hermi. 1 ) auct. Schleierm. secl.
:
||
Schanz
del. Vollgr.
||
Adtxiov (et
Hermi.
Xo/tov Nitzsch.
260 e
PHDRE
un
art authentique,
n'existe, ni
63
261
Phdre.
Allons
!
jamais ne pourra natre dans l'avenir . Ces arguments, Socrate, il nous les faut
ici
;
produis-les
questionne-les
que disent
ils
et
en
donc, nobles cratures, et persuadez Phdre, pre de beaux enfants, que, s'il n'a pas dignement philosoph, il ne sera pas digne non plus de parler de rien ' Que Phdre maintenant rponde...
Comparaissez
!
Phdre.
j 1 de
Interrogez-moi
. .
Socrate.
e . I
Eh
bien
est-ce
que,
ne serait pas art oratoire. , *, une psycnagogie, une faon de mener les 2 mes par l'entremise de discours, non point uniquement devant les tribunaux et dans tout autre endroit public de une faon runion, mais aussi dans les runions prives b qui ne change pas avec la petitesse ou la grandeur du sujet trait et dont l'emploi, j'entends l'emploi correct, n'est en rien plus honorable quand la matire est srieuse, que lorsqu'elle est sans importance ? Est-ce en ce sens que tu as entendu parler de cela ? Phdre. Non, par Zeus pas du tout en ce sens. Bien au contraire c'est, dirait-on, principalement aux procs que se rapporte l'art de parler et d'crire, quoique parler ait aussi sa place dans les dlibrations de l'Assemble du Peuple. Mais qu'il s'tende au del, on ne m'en a pas
toute, l'art oratoire
, ;
;
somme
instruit.
Socrate.
Eh bien
il
3
n'y a qu'eux dont tu sois instruit? ceux leurs moments de dis-je, qu'ils ont composs devant Troie loisir. Quant ceux de Palamde, ton instruction n'est pas
tor et d'Ulysse,
alle jusque-l
toire, avec
i. ?
moins d'pret, mais avec plus de prcision (cf. note suiv.). L'objet de cette partie du dialogue est ainsi bien dfini opposer la rhtorique, telle que la conoivent les Matres attitrs, une rh:
torique philosophique ayant sa mthode propre (269 d-272 b). 2. Ces derniers mots paraphrasent le terme grec (cf. 271 c fin). 3. Socrate s'amuse ici, ce que semble indiquer la rplique de
faire Phdre, un jeu auquel fait allusion le Banquet (221 cd) deviner le nom d'un contemporain, qu'on dsigne sous celui de
:
63
<>AIAP02
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ecttiv,
<t>AI.
260 e
f)c|>8ai,
ouV
ote
uf|
TtS Xyouaiv.
SpuuaTa yEvvaa,
3
te
<l>at8pov heISete , lv ^f| ticavco iKavq txote XyEiv tarai TtEpl o8ev6.
<piXoao(p^|OT|,
oS
8f)
ATtoKpivo~8co
aSpo.
<t>AI.
'EpOT&TE.
Zf. *Ap* o8v o, x6 pv 8Xov, f) j5r)TopiKr) av etj t^vt] ipu^aycayla ti 8i Xycov, o jivov v 8ucao-Tr|ploi<; Kal
8aoi aXXoi Sr)^6aioL aXXoyoi, XX Kal lv tSloi, fj oxfj a^LKpuv te Kal pEyaXov Ttpu, Kal ouSv EVTiu^TEpov, i6 yE b
8p86v, TtEpl onouSaa
f)
TiEpl <J>aOXa
yiyvuEvov
*H
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au TaOT' &K/|Koa
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.
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o TtavTaTtaatv
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jiv tiq TtEpl tA SlKa XyETal te Kal yp<f>ETai XyETai 8 Kal TtEpl 8r|urjyopta- -nl TtXov 8 ok
OKrjKoa.
ZQ.
'AXX'
f\
u.6vov
TtEpl Xycov
K#)Koa,
^Tnv; tv 8 riaXauf)8ou
yyova
e 6 ETupoj x^vt) (et Hermi.): sxoi. (om. x.) B sed locus in macula rescriptus vrj xw <jic!> t. Plut. 261 a 7 GaxEpov om. Plut. 6 1 o: 8tj B Hermi. (anacoluthon significat aa3 ) 8e xpoaflat ci. Richards Xywv (et Hermi. ) X. ilf/ou (ci. Herwerden) uel xpoaaOat
:
||
||
||
(interpos.) om. Xifouaiv 3 pE^fiaxa (et Hermi. ): top. Ast 4 rattexE (et cf. Hermi. -Exat B w; v wj av Hermi.' ui av T 7CE''<jaxe) 7 ipwxxE 28 (Phaedro adscrib. codd.) Socrati, ut uid., Hermi. (aa3 ) et, ante Bekkerum, edd. Socrati interroganli Ficin. p Ast paixa 8tJ
(scrib. Vollgr.)ci. Richards
-at
||
2 xal
1
W
||
||
codd.
j|
||
||
Krische
Hermi.
?)
:
XX'
v 'IXt'co:
Hermi. ) ap B o\ov 6X * ov b 4 A t'a (et Schanz omnes 6 kizl ttXsov 7ct7tX. 8 XX' Hermi. XX] B xat xex. 9 rapt secl. Thomps. auct. Herwerden del. -xe em. Vollgr. o/oXovxE
1
: :
'
'
||
W
:
||
|| :
BW
:
||
TW
]|
||
||
Goislin. i55
Thomps.
Vollgr.
261c
PHDRE
Phdre. Et, par Zeus,
!
64
mme pas, ma foi oui, jusqu' ceux de Nestor A moins que ce ne soit de Gorgias que tu ou bien d'Ulysse, une manire fais une manire de Nestor de Thrasymaque ou de Thodore Socrate. Il se peut. Mais, aprs tout, ne nous occupons de ces plus gens-l A toi la parole: dans les tribunaux, que font les parties adverses ? n'est-ce pas en vrit une contro;
verse
' ? Appellerons-nous cela autrement ? Phdre. Prcisment ainsi. Sur le juste comme sur l'injuste Socrate. Phdae. Oui.
n'est-ce pas ? celui qui s'acquitte de cela en conformit avec l'Art, fera que la mme chose apparaisse aux mmes gens, tantt juste, puis injuste quand il- le
Socrate. Et,
?
voudra...
Phdre. Socrate.
politiques,
Et pourquoi pas
...et,
s'il
s'agit
maintenant de
harangues
que
les
mmes
bonnes et tantt tout le contraire... ? Phdre. C'est bien cela. Socrate. Passons au Palamde d'le
ne savons-nous
pas qu'il parlait avec tant d'art que cela lui permettait de faire les mmes choses apparatre son auditoire semblables
et dissemblables,
unes
!
et
aussi bien
que mues ?
donc que les tribunaux et l'loquence politique ne sont pas le seul domaine de la contromais que, ce qu'il semble, toutes les formes de la verse relveraient d'un art unique (s'il est vrai qu'il existe !), parole celui grce auquel on sera en tat de rendre toute chose semblable toute chose, de celles, bien entendu, qui le peuc'est
;
Phdre. Socrate.
Ah je Alors,
crois bien
c).
Quant
:
Palamde, le hros
:
c'est un inventif de Y Iliade, la suite (d) fait tomber son masque late, et ses thses sont celles de Zenon le double trajet sur le stade, la flche qui vole, immobile, etc. gal la moiti
;
1.
Ou
antilogie (cf.
Phdon 91
a),
un duel de
la
thses
o la
vrit de
thse qu'on soutient, et c'est, au besoin, tour tour l'une et l'autre. Voil l'escrime immorale qu'Aristophane, dans les Nues (cf. p. 17, n. 3), accuse Socrate d'encelles-ci
seigner.
Que
le
il
U
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C
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Hermi. neque
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Vollgr.
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3 x*
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H r.v
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ut uid.
||
xat ot Suvaxv
ci. del.
Vollgr.
IV. 3.
261 e
PHDRE
;
&
quand un autre
vent et l'gard de ceux pour qui c'est possible ou encore, fait en les dissimulant de telles assimilations,
d'amener celles-ci au grand jour. Phdre. Quelle est, dis-moi, ton ide en parlant de
la
sorte
Socrate.
A chercher dans
le sens
que
qu'elle apparatra... L'illusion, est-ce dans les choses qui diffrent beaucoup qu'elle se produit, plutt que dans celles
262
Phdre. Socrate.
Eh
Dans
celles
bien
mouvement dans
la direction
si
te
Phdre. Le moyen qu'il en soit autrement Il faut donc, alors, si l'on doit faire illusion Socrate. autrui, mais sans tre soi-mme dupe de l'illusion, que l'on connaisse fond bien exactement les similitudes de la
Phdre.
Socrate.
C'est
une
ncessit, disons-le
En consquence,
sera-t-on
mme, pour
les
la vrit,
de discerner chez
ou grande ?
Phdre.
Socrate.
lit et
Impossible.
est
si
Donc, quand on juge contrairement la radupe d'une illusion, il est manifeste que, ce mal s'est insinu en nous, c'est l'effet de certaines
qu'on
similitudes.
Phdre.
Socrate.
faire
Oui,
c'est
Est-il
un changement,
petit
bien ainsi que la chose se passe. donc possible qu'on ait l'art d'oprer petit, en usant des similitudes pour
en chaque cas passer de la ralit son contraire, et que d'ailleurs on chappe soi-mme cet accident si l'on n'a pas acquis la connaissance de l'essence de chaque ralit ? Phdre. Non, jamais
vrai que, sur le fond, la pense de Platon est la mme iantilogie des Sophistes ou, ce qui est tout un, des matres de rhtorique et des logographes, est coupable de la malhonntet des plaideurs (cf. 37a de r
:
373 a)
et
de
65
Suvcitov
Kotl,
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aXXou ^oioOvto xt oVnoicpuTTTo^vou, et
261 e
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riyvETat yoOv outo. Zft. "EaTiv oCv 8ttq texvik6 Iotou ^ETaBiS^Eiv KaT apiKpv, Si tcov 5^o loti tco v no toO 8vto EKcrroTE ItcI
1 )
PAI.
^in,
iyvco-
|dj TtOTE.
TXr 8; . Vollgr. (^4pp. crii. i^g) 7 xjSe ... avclausulam uersum esse cens. Heindorf || T)Touai -jtv BT . Galen. 8 t] (et Galen.) i\ iv Hirschig Vollgr^aTT] r\ 262 a a ye Stj t] xata6. Galen. tj.e-ca6acvcDv |at]v Galen. 5 'pa a. rcpiTov Galen. 7 8iet8vat : etevac Galen. 9 r\ (et 1 1 b 2 8oou<Ji Galen.) r\ reuera B Siaytyvoiaxetv Biaytv. -mv BT 5 oGtw -tw Galen. edd. 6 [xTa6tj3a^iv (et Gai.) -et B aXXov jjl. Hirschig \x. ~:vz Badham -v 8 r-iywv : 7 ajjuxpv
6 5
||
eaat
Il
Il
TW
||
||
||
||
||
l|
||
II
||
||
||
[cf.
d 2])
Badham
Vollgr.
262 c
c
PHDRE
Socrate.
66
c'est
Alors,
mon
camarade,
donc qu'un
art
oratoire, que manifestera celui qui ne connat pas la vrit et qui n'a t en chasse que d'opinions, est un art risible, ce
qu'il semble, et
Phdre.
Peut-tre bien.
:
mme sans
art
Socrate.
Vrification
Veux-tu, par
que tu
suite,
dans ce
discours de Lysias,
as sur toi, et
par l'exemple
* LyS7
Hi
sans art
-*
j'ai
.
- <"
prononcs, envisager
art ?
!
d.
Phdre. Voil, ma foi oui, mon vu le plus cher D'autant qu'en vrit nous parlons prsent quelque peu en l'air, faute d'avoir des exemples 1 convenables.
C'est d'ailleurs pour nous une vraie chance, Socrate. semble- t-il bien, qu'aient t prononcs deux discours o d il y a un exemple de la faon dont celui qui connat le vrai 2 peut, en se faisant de la parole un jeu, garer ses auditeurs C'est une chose, Phdre, que pour ma part je dois aux divimais il se peut aussi que les interprtes des nits locales Muses, ces cigales chanteuses qui sont au-dessus de nos tles,
. ;
ou plein d
nous aient
insuffl ce privilge je ne pense pas tre en effet, quant moi, loti d'aucun art de parole Mettons que tu aies raison, pourvu seulement Phdre. que tu prouves ce que tu affirmes Socrate. Allons lis-moi alors le dbut du discours de
:
Lysias.
e
Phdre.
Quel
est
mon
cas, tu en
es instruit,
et
mon
opinion sur Vintrt que nous avons la ralisation de ceci, tu l'as entendue. Or, je ne crois pas que ma requte doive valablement chouer pour ce motif que, justement, je ne suis La ton amoureux. pas preuve en est que les gens dont je parle
en viennent regretter...
Socrate.
Halte-l
En
dnue
263
Phdre. Socrate.
i.
Oui.
Eh bien
n'y
a-t-il
a65
L'insistance de Platon sur cette ide (comparer infra a64 e, c) est significative de son intention : cf. Notice, p. xl sqq. a. Seul peut sciemment dire faux celui qui sait le vrai (cf. Hip-
66
$AIAP02
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262 c
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lTE^VOV Ttap,ETCU.
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263 a
PHDRE
67
qui pour tout le monde est claire, savoir que, dans des questions de ce genre, il y a des points sur lesquels nous sommes d'accord, tandis que sur d'autres il y a dissentiment?
plus clairement encore. Socrate. Quand, nommment, on nous parle de fer ou d'argent, est-ce que nous ne pensons pas tous la mme chose ?
tefois
dis
parle tou-
certain.
dans une direction nos contestations mutuelles ne diffrente? Est-ce qu' s'ajoutent pas celles que nous avons avec nous-mmes? Phdre. H absolument, b Socrate. Alors, c'est donc qu'il y a des cas o nous sommes en accord, et d'autres, non? Phdre. C'est cela. Socrate. Or donc, dans lequel de ces deux cas sommes-nous le mieux dupes de l'illusion et dans lequel des deux domaines la rhtorique a-t-elle plus de pouvoir ? Phdre. Dans celui, la chose est claire, o notre pense
se passe-t-il
?
Chacun ne
et
du bon, que
est
S'il en est ainsi, l'homme pour qui l'art rhtorique va tre l'objet de sa recherche doit avoir commenc
flottante Socrate.
.
par instituer une division en rgle de ces deux espces, et par se rendre compte de ce qui caractrise chacune d'elles aussi bien celle o la pense de la foule doit forcment flotter, que celle o il n'en est point ainsi. c La bonne espce, en tout cas, Socrate, il Phdre. en aura sans doute pris conscience, celui qui se rend compte de cela Et puis aprs, en toute question laquelle on Socrate. s'attache, je pense qu'on ne doit pas laisser chapper, mais, au contraire, percevoir finement auquel des deux genres se trouve appartenir le sujet sur lequel on aura parler.
:
pias II). Mais, pour qu'il se plaise un tel jeu, il y faut quelque influence trangre, une influence laquelle, averti par son Dmon,
le
premier discours
a63 d
d'erreur. Mais
s'agit
67
jiv
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;
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a 3 twv totouTtov xtSv ovtwv em. Coislin. i55 Thomps. 2 ovouaTwv Richards Vollgr. quovotjtix); B (post em. rescrips.
:
||
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fors,
o uo'vov -otrjTtx; B (ut uid.) (rraa'.aai. l\ axaotwxtx 5 o Xyc. Xfyov Galen. 7 ovoua -jx' B ap' (et GalenHermi. ) ap' B 10 (et Galen.) touto Hermi. 1 11 u.t<j6]ToupLev : -TsTat Galen." v ). b 3 Jjptv (et Galen.):
pr.
m.)
||
Galen.
||
||
||
||
||
||
||
OTepuOi (et
:
ouv (et Galen.) om. Hermi. 8. l\ 8vaxat Hermi.): -0ev Galen. vvaa Galen. 8t) Galen." 7 Set 8trjpT)aGat (et Hermi.): rjup. 2 Galen. 8 ^XtjGo (et Galen.) etSo; c 1 xaXv (et yp. Galen. Hermi. ) uXXov uel xotXXtov Badham xaXw (uel xaXo'v ti) addub. Richards del. Vollgr. eT8o; (et Galen.) Vollgr. iXi\ 1T1]
:
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||
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BW
||
Il
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fiv
Galen.
||
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Galen.): -xov
(se. xov
/apaxTTjpa
[cf.
b 7 sq.])
Badham
Vollgr.
263 c
PHDRE
Phdre.
Socrate.
68
et l'amour? Devrons-nous prtendre qu'il appartient la classe des choses qui sont sujettes contestation, ou de celles qui ne le sont pas 1 ? Phdre. De celles qui sont sujettes contestation, c'est
vident: autrement, penses-tu qu'il et t possible pour toi d'en parler comme justement tu viens d'en parler, le donnant
aussi bien
pour
tre
dommageable
que pour
d'or
tre,
des biens
d
Socrate.
vrai, j'tais
Tu parles
en
effet
dans un
:
tel tat
discours
m'en souviens pas trop !) est-ce qu'en commenant mon donn de l'amour une dfinition? j'ai 2 Phdre. Oui, par Zeus, et avec une incroyable rigueur
Socrate.
Quelle supriorit, t'entendre, l'art des Nymphes, filles d'Achlos, et de Pan, fils d'Herms, n'a-t-il donc pas, en matire d'loquence, sur celui de Lysias,
!
Misricorde
!
Ou bien ne dis-je rien qui compte, et de Gphale 3 tout au contraire Lysias, quand il a commenc son discours sur l'amour, nous a-t-il forcs concevoir l'amour comme la e ralit particulire que lui-mme il voulait nous faire concevoir? Est-ce en rapport cette notion qu'il a, ds lors, tout
fils
ordonn
la suite de son discours* ? Veux-tu nous en lisions le commencement? de plus qu'une Bien sr, si cela te plat; mais, dire vrai, Phdre. ce n'est pas l que se trouve ce que tu cherches
et
men au terme
fois
Socrate. Phdre.
Lis, que j'entende ses propres paroles. Quel est mon cas, tu en es instruit, et
mon
opinion sur l'intrt que nous avons la ralisation de ceci, tu l'as entendue. Or, je ne crois pas que ma requte doive
264
valablement chouer
l'objet prte,
pour
ou non, au doute
la
du
caractre de
l'objet
f.
dpend
Time 29 bc).
a (Notice, p. lxxii).
Pan, la divinit paysanne, les Nymphes, m'ont mieux guid que Lysias ne
la critique
C'est l'annonce
:
jusqu' 264 e
le
dfaut de composition.
68
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263 c
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OaTEpov X6yov SiETtEpvctTO BoXei Ttaiv uayvG^Ev xfjv py^v atoO <t>AI. Et aoi yE Soke* 8 ^ivtoi r)TE ouk fax' ax68i. ZO. AyE, '(va cxkocjc atoO ekeIvou.
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vopi.co crupcppEiv ^)pv totcov yEvopvcov, icn.icoac;. A^i 8 pfj Suit toOto xux^crcu av Sopou, 8xi ok
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264.
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tuy^vo.
C 7 rotspov (et Galen.) r.ozpoyv Hirschig Vollgr. 9 y] ol'ei... ia vjfyiva ; Phaedro et apiaxa Xsye' d 1 Socrali primus trib. Heindorf j priora Socratis, altra Phaedri faciunt codd. (et
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Galen.):
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Thomps.
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Galen.):
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:264 a
PHDRE
69
pas ton amoureux. La preuve en est que les gens dont je parle en viennent regretter le bien qu'ils ont pu faire, le ' jour o leur dsir aura pris fin...
Socrate.
Point de doute
Il
semble,
de
faire ce
mme
que nous cherchons, cet homme qui ne prend le pas sujet par le commencement, mais plutt par la
!
en faire la traverse en nageant sur le dos qui commence par ce que l'amoureux, quand il en aurait dj fini, dirait au bien-aim Est-ce que je n'ai rien dit qui compte, Phdre, mon cher cur 2 ? Phdre. C'est bien vrai, ma foi, que c'est une fin, b Socrate, ce dont il traite en s' exprimant ainsi Mais que dire du reste? N'a-t-il pas l'air Socrate. d'avoir jet ple-mle les lments du sujet ? Ou bien existe-t-il
fin, s'essayant
reculons
et
quelque vidente ncessit, qui obligeait celui qui vient le second dans son discours tre mis la seconde place, plutt
que telle autre des choses qu'il a dites ? Quant moi, comme je n'y connais goutte, j'ai eu en effet l'impression que, bravement, l'crivain les disait comme ils lui arrivaient Connais!
quelque ncessit logographique qui l'ait oblig, lui, de mettre ainsi ces lments la file les uns ct des autres 3 ?
tu, toi,
Phdre. Tu es bien honnte de me juger capable de discerner ses intentions, lui, avec une pareille prcision Socrate. Voici pourtant une chose au moins que tu
je
affirmerais,
pense
c'est
tre
constitu la faon d'un tre anim : avoir un corps qui soit le sien, de faon n'tre ni sans tte ni sans pieds, mais
avoir
t crits
bouts, qui aient de faon convenir entre eux et au tout 4 Phdre. Comment le nier en effet ? Eh bien examine donc si le discours de ton Socrate.
Cette fois Phdre a lu une phrase de plus, et c'est sur le dermot que va repartir l'examen. Lysias est compar un nageur qui, ayant un but, s'interdit de le voir puisqu'il fait la planche , et qui de plus s'en loigne en nageant reculons.
1.
nier
2. 3.
Le grec
les
dit
tte
chre
t-il
Peut-tre l'Art a
:
; expression homrique (II. VIII 281). des exigences secrtes Socrate feint nave1
ment de
l\.
ignorer c'est le procd de l'ironie. Voir plus bas 268 d et Notice, section III. Cette ide de l'unit
organique de toute construction de la pense est profonde chez Platon, en relation avec sa conception finaliste du cosmos lui-mme.
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264 c
PHDRE
ami
est
70
dans ce
cas,
ou bien
si
c'est
autrement
tu ne le
trouveras pas du tout diffrent, alors, de l'pitaphe qui, diton, fut faite pour Midas le Phrygien!
tu
Phdre. Quelle est-elle et quelle en est l'histoire? Socrate. En voici la teneur: Vierge de bronze, au tombeau de Midas y ai place ; tant que coulera teau, verdoieront les grands arbres, fixe au mme lieu, sur le tertre
o l'on pleure, aux passants je dirai: L, sous terre est Midas 4 / Or, il est compltement indiffrent que tel lment
en
soit dit le
!
premier ou
railles
le
dernier
tu le comprends assez,
je suppose
Phdre.
Tu
<L Socrate
notre discours, Socrate... Socrate. Eh bien pour que, toi, UrS tu n a * es P as de chagrin, laissons-le donc
en paix, ce discours Ce n'est pas pourtant qu' mon avis il n'abonde en exemples sur lesquels il y aurait profit fixer les yeux, en essayant de ne les gure
!
Venons-en plutt aux discours qui ont suivi ils effet, voil mon avis, quelque chose qu'il convient d'envisager quand on veut examiner la question de
imiter
!
contenaient en
l'loquence.
Phdre.
265 tu parles? Socrate.
'
est la
chose dont
quelque sorte
ses faveurs
contraires en
pas.
Et quelle n'tait pas leur ardeur Je pensais que tu dirais le vrai mot leur Socrate. dlire! Et ce qu'en vrit j'avais en vue, c'tait cela mme. Un dlire voil en effet ce que nous avons affirm qu'est
Phdre.
! :
Phdre. Socrate.
Oui. Mais
le dlire, sais-tu,
parmi
attribue Clobule de Lindos, parfois nomm Sept Sages, et raille par Simonide dans une de ses odes, 6 Bergk). Dans Diogne Larce qui la cite (I 6, 2), elle a deux (fr. autres vers, pure amplification du second. heua. La contrarit met en vidence deux espces d'un genre
1.
pigramme
les
7o
d>AIAPOE
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264 c
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T
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3 f [3v
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Stob.)
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II
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||
265 a 7 ^
(et
265 a
PHDRE
l'une qui est due des maladies humaines, l'autre, divin qui nous fait sortir des rgles coutumires.
71
un
tat
Phdre.
Socrate.
dlire divin, nous l'avons divis en quatre sections qui relvent de quatre dieux, rapportant
Absolument, Quant au
ma
foi
Apollon l'inspiration divinatoire, Dionysos l'inspiration mystique, aux Muses l'inspiration potique, la quatrime nous avons alors proclam enfin Aphrodite et l'Amour l'excellence suprieure de l'amoureux dlire Et voici que, tandis nous ne sais faisant une comment, je qu'en image de l'motion amoureuse nous mettons probablement la main sur quelque vrit, mais peut-tre bien aussi nous fourvoyonsnous d'un autre ct 2 voici que, ayant ainsi compos un
; 1
.
d'une sorte d'hymne mythologique que nous 3 fait plein de convenance et de pit honneur celui qui est ton matre comme le mien, Phdre, l'Amour sous la garde de qui sont les beaux garons Phdre. Un hymne, ma parole! qu'il ne m'a pas du
avons, en
un badinage
..
Socrate.
La mthode
,.
,
nous avons
.
,
de la manire, dis-je, dont le discours de passer du blme l'loge. Phdre. Comment l'entends-tu donc? Socrate. Pour moi c'est vident dans le reste nous n'avons rellement fait que jouer un jeu; mais, dans ces choses qu'une heureuse fortune nous a fait dire, il y a deux faons de procder dont il ne serait pas sans intrt, suppos d qu'on le puisse, de comprendre techniquement la fonction 3 Phdre. Et quelles sont-elles? Socrate. La premire vers une forme unique mener,
fut
dialectique.
que
.,
...
mme,
,.
mme
Socrate a dit en effet que l'amour est un dlire; que le proest une illumination exceptionnelle ; que la divination en inspire n'a rien de commun avec l'art augurai ; que l'ouvrier
I.
phtisme
posie n'est pas un pote ; qu'il n'y a pas d'amour sans un lan dsintress du cur; il a distingu quatre espces du dlire (a^4 a sqq., 3^9 d sqq.). Mais cette thologie du dlire est nouvelle.
a.
Dans
Dans
les allusions
au
drglement de l'amour? Plutt parce qu'un mythe n'est pas la vrit. 3. Le contenu de l'hymne est un mythe et ce mythe est un jeu ;
7i
$AIAPOS
265
Al.
ZO.
uevoi,
I"lvu ye.
b
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Ao-
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Ttoir)xiKf|v,
XExpxr|v
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Kat,
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iiELKii^ovxE, aaq uv Xr|8o0 xivo E<paTtx6uEvoi, x)(a 8' &v <al &XXoaE Ttapa<pp6uEvoi, KspaaavxE ou navxTtaaiv ntSavov Xoyov, jiuBlkov xiva uuvov TrpoaETTalaauEV,
"Epcxa,
4>AI.
<t>aSpE,
ZG.
Kal uaXa luoiys ouk r)8 aKoOaai. T68e xotvuv ax66Ev XBcouEv, &>q nb xoO
vjjyeiv
HS>q 8r| oCv ax XyEi 'Euol uv cpalvExai x uv &XXa xS 8vxi TtatSiSl TtETtaaSai, xouxov 8 xivov, ek x)(r| ^tjOvxov, Suov eISolv
;
Al.
Z.
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Al.
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Et
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giwOdxiov vou/[acov (et ifaXXa-pj; (et Stob.) : XX. || ci. del. Schneider voia. del. Vollgr. || b 2 xexxpwv 6swv (et Stob.) : fors, non legit Hermi. secl. Schanz del. Vollgr. || 5 -Qvo> X-po Schleierm. om. Stob. || C i KOctvov \6yov : an. Xoyou
Stob.):
dm.
BT
||
Gjjlvov
tj.v
:
pr.
8
||
Hermi.
uo jjlev T 8 l\ Iixotye postca interpung. Heindorf Ast x uiv 'XXa (et Galen.) ta XXa uel xXX. Galeni codd. naria (et Galen.) -8t'<x B fors, non legit Hermi. 9
: ||
||
||
||
nenaaac (et Galen.): r.zr.. BnnayOai Galen." Hermi. uel r.tr.pSiy n X'.vc&v ... (sed referri uid. ad npoajnat'aaiAev c 1) ^tjOevtwv (et -xotv Galen. Stob.): xi v<v ... prfiv x xotv Badham 7]Qvxa>v
.
||
||
Hermi.
a56 c a) Galen." Stob. uulg. -xo? Galeni Marcian. x'^vt] ovatxd (et Stob.): Suvaxa Galeni -vrjv Stob. (etGalen. Hermi. ) 3 e? (et Galen. Stob. Hermi. ) x et; (sicut e 1) Vollgr. |( Marcian. ouvopSvxa (et Galen. Stob.) ouveipovxa auct. Naber Vollgr.
(cf.
||
1
:
||
e'.Sov
eov Galen.
||
axov
-xf)v
||
||
265 d
PHDRE
72
grce une vision d'ensemble, ce qui est en mille endroits dissmin, afin que, par la dfinition de chacune de ces units 1 , on fasse voir clairement quelle est celle sur laquelle
on veut, en chaque cas, faire porter l'instruction. C'est ce que nous fmes nagure propos de l'amour voil ce qu'il est d'aprs notre dfinition et, que la formule de celle-ci ft bonne ou mauvaise, tout le moins l'effet en a t de
:
mettre
le discours
Phdre.
en
e
C'est, en retour, d'tre capable de dtailler 2 en observant les articulations naturelles; c'est par espces de s'appliquer n'en casser aucune partie et d'viter les faons d'un mchant dpeceur. Tout au contraire, c'est de
,
Socrate.
en tat de raliser, en ce qu'il disait, la soi-mme. Et l'autre faon de procder, qu'est-ce que tu
dis, Socrate?
procder comme tout l'heure avec les deux discours qui, dans l'unit d'une forme commune, comprenaient ce qui est dmence de l'esprit mais, tout ainsi que d'un corps unique
;
266
partent des
membres
qui,
et
de
mme nom, sont dsigns comme gauches ou droits, de mme aussi le fait du drangement d'esprit, aprs avoir t,
comme une espce ct gauche par l'un des deux, et celui-ci, taillant nouveau, n'a point eu de relche qu'il n'et, de ce ct, dcouvert une sorte gauche
en nous, considr par naturellement unique,
les
deux discours
a t taill
du
d'amour,
qu'il
a vilipend
et tout
fait
lgitimement
le
mais, ce jeu tant ce qu'il doit tre, il s'ensuit que l'objet en est vraisemblable. Or, dans ce dlassement on va trouver les indices
On
le
comprend
si
mythe
.
est,
comme
dit le
Time 5g cd,
le
remords du dialecticien qui sait la vrit (cf. 262 d). Le grec dit simplement chaque chose, au neutre. Or il ne peut 1 s'agir de chacun des lments de la multiplicit, mais seulement de chaque rsultat de l'acte qui rduit la multiplicit Puni t, c.--d. en somme de chaque unit (cf. 2^9 bc). Quant la vision d'ensemble, ou synoptique, qui permet cette rduction, c'est ce qui s'appellera, 266b, le rassemblement. Par cette aptitude la Rpublique (Vil 53 7 c)
caractrise le dialecticien,
et les Lois
les
membres du
on au
Sur la division, Notice, p. cLvusq. La dualit du plan organique, le voit, est le principe du procd dichotomique, dont l'application dlire et l'amour rpond chacun des deux discours.
7a
$AIAP02
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-
265 d
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||
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Galeni Marcian.
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||
B
||
||
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Madvig sxaax'
e;'.
Badham
del.
Vollgr.
(Append.
crit.
||
iflg)
*iaxpviv (et
Galen.
Stob.
Stob.): xpv.
B
:
et
'.
fors.
Hermi.
-poivxa Vollgr.
Il
Galen. Stob.) Xdyco Stob. : xw -ta codd. 266 a 1 awaaxo (et Hermi. 1): -xt Stob. 2 niuxE axai : -xe; xa sic B k. xat xxa uel 'x. Stob. n 7t. x av <s. x o Stob. : x8 rj codd. (tj B) x x Stob. 3 Vollgr.
II
zuxv
ci.
||
Zipperer
Stob.
2
||
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(et
Galen.):
:
||
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||
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||
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||
||
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(-vo)
gv gv w; (et Stob.) del. Vollgr. T) -otv:a Stob. Heindorf v rj. Stob. ev 0. B Tjyriaapivw tu Xdyw -vu n B) xw-io codd. Stob. (Xdyw Stob. ) l\ xo om. Stob. ptaxeo
(-.
s.
u.
TW
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||
||
||
||
(et
Hermi.)
-pa
Stob.
||
Stob.)
||
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||
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||
(et Stob.):
iv
del.
Vollgr.
4 ^avrjxEv
tvj.
Stob. Vollgr.
ovotxa'fj.Vo;
:
axo
v ax<5 ci.
Stob. n
-vov
Stob.
||
Hermi.
IV.
3.
io
266 a
PHDRE
second discours, nous menant ce qui est
dlire, lequel porte le
le
73
ct droit
du
mme nom
que
l'autre, a dcouvert
son tour une sorte divine d'amour, et, la prsentant aux b regards, il l'a loue comme la cause pour nous des biens les
plus grands.
Phdre. Socrate.
cela,
suis
et
et
pour
mon
compte, oui, fort amoureux: de ces divisions semblements, en vue d'tre capable de parler
En
outre,
si
homme-l,
j'en suis
poursuivant, sur la trace qu'il laisse derrire lui, comme sur celle d'un Dieu 2 Ce qui est vrai aussi, c'est que les hommes qui sont aptes ce faire (ai-je raison, ou non, de les dsigner ainsi? Dieu le sait!), jusqu' prsent en tout cas, je les
!
appelle des dialecticiens. Pour le moment, quel nom ceux qui sont de ton bord et de celui de Lysias doivent-ils recevoir ? Ce dont il s'agit, n'est-ce pas cet art oratoire dont l'emploi
a permis Thrasymaque et aux autres, et de se rendre habiles personnellement parler, et de donner ce talent d'autres, ceux qui consentent leur apporter des prsents,
comme
pas,
des rois
Phdre.
c'est vrai,
mais non
connaissance de ce quoi se rapta Mais, si ce genre-ci (quant moi il question portait me le semble) reoit de toi son vrai nom quand tu l'appelles le genre rhtorique dialectique, par contre il me semble que
nous
d
fuit
encore 3
j..
Socrate.
:
Comment
,
l'entends-tu
.
..
procds
rhtoriques et rhteurs
Lst-ce, que par hasard, il y aurait quelque belle tude, que la privation de
cette
connaissance
n'empcherait
Il
pas
faut
d'tre
techniquement acquise?
absolument que nous n'en fassions point fi, ni toi ni moi, mais que nous disions en quoi aussi consiste vraiment ce qu'on a laiss de la rhtorique.
i
.
2.
Plus souvent on rapporte naturel aptitude, cf. Notice, p. cliv n. Fin d'hexamtre et pastiche probable d'Homre.
3.
ses
73
5
<>AIAPOS
S
266 a
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'Ev t Tiva aXXov f^yf^aa^ai SuvaT&v eI ev Kal Sp&V, ToOTOV SlCKOD KaT6Ttia8E fclET
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aXXoi xpc^EVOL aocpol ^iv aTol XyEiv yEyvaaiv, aXXou te ttoloOctlv 6 av ScopocpopEv aTot, > (JaaiXEOaiv, eSXcolv
;
PA\. BaaiXiKol ^v avSpE, o ^iv 8f) ETtiaTfj^ov ye Sv pciTS. 'AXX toOto ^iv t6 eSo op8> Ipoiys Soke
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||
||
8 OEupwv (et Stob.) del. Vollgr. secl. -/.ai b i ^poTetv(et Stob.) Thomps. del. Scbanz Vollgr. iaevo; l\ Sta-.paewv -vjjlevo; Stob. uvaip. Pap. G. auvaYto^wv v va Stob. 5 xtva (et Stob.): Ttv' exe. Schanz uv. id. omnes 6 re^ux; (et Stob. n) -xdxa uulg. -xO' exe. Vollgr. omnes
:
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||
||
||
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-6v codd. Stob. ||8tjB 2 (s. u.) : Et B rj Stob. || oSev Stob. || c i toc 8s vuv : ta v. 8 tocvuv 81 Hermi. 1 to v.
: :
||
Richards
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-vtj
paOdvTa 6
TW -te; TW
:
||
otvSpE;
Hermi.
to; p. Madvig -ta Bekker 'vSpE; codd. 'aTt -Ttv Hermi. 4 Tf,
:
||
266 d
PHDRE
Phdre.
pense
:
74
Et mme,
Socrate,
une masse de
les
que contiennent
!
livres
choses, je qu'on a
tu as bien fait, oui, de me les rappeler Il y a d'abord, si je ne me trompe, le prambule qu'on doit prononcer en commenant le discours. Voil, n'est-il
Socrate.
!
Et mme
Socrate. En second
aprs
elle, les
indices',
si
les
raffinements de
l'art
l
.
lieu vient
sition et,
tmoignages qui
je
Et
la
preuve s'ajoute,
preuve, au dire
du moins de
homme
de Byzance qui
Phdre.
267
Socrate.
rfutation
il
C'est
Belle question!
y a lieu
du magistral Thodore 2 que tu parles ? Pour lui, en outre, aprs la de procder un supplment de rfutation,
dans l'accusation aussi bien que dans la dfense. Mais le magnifique vnus de Paros, ne l'introduisons-nous pas dans la lice, lui qui, le premier, a dcouvert l'insinuation et i'loge indirect; lui qui a aussi, certains l'assurent, mis en vers mnmotechniques le blme indirect? Quel savant homme, en effet! Et Tisias? Et Gorgias? Les laisserons-nous sommeiller, eux qui ont vu que, par-dessus la vrit, c'est la probabilit qu'il faut davantage honorer; qui encore, par la force de la parole, donnent aux petites choses l'apparence d'tre grandes et aux grandes, d'tre petites qui mettent de l'archasme b dans ce qui est nouveau et, dans son contraire, de la nouveaut; qui, pour discourir sur tout sujet, ont invent une mthode, aussi bien de concision que d'allongement indfini? Un jour pourtant Prodicus, m'entendant lui parler de Je suis le seul, me dit-il, cette mthode, se mit rire avoir dcouvert quels discours rclame l'Art ceux qu'il rclame ne sont ni longs ni courts, mais d'une juste mesure
;
: : !
Socrate avait insinu, ce qu'il dira explicitement 269 b, que la dialectique, art de penser, fonde la rhtorique, art de parler. Celle-ci est vaine, on va le voir, si elle n'est pas philosophique (269 d).
f
.
2.
n'est pas sr
Quoique le Sophiste soit professeur de parole et de style, il que tous les gens nomms ici aient crit des traits sur
7*
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: : :
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(cf.
ot 8* k fuptv j5. exe. Thomps. omnes aopsv 6) -pt 5 aatv del. ci. id. axv del. ci. Vgelin 6 vjp Bekker 6 . Heindorf v. codd. T'.at'av (et Hermi. ) Te:, ubiq. Burnet Vollgr. || 8 zoiouji -atv 8k T reuera neque in ras. b 1 pyoco; . Xystv
|| : :
Vollgr.
||
Jyojuv
gg. ci.
Richards
||
||
||
||
BW
:
a vgypov av eu. vr j. exe. (uel Ststva'.) Vollgr. omnes || 3 yeXaaev -m [\ 6upr,xsvai || r/jp. ut supra
: ]|
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W
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Thomps.
||
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Aid.
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Stephan.
cum
||
8av
1808)
Seivi
BT.
267 b
PHDRE
Phdre. Socrate.
le
75
!
Le comble de
Et Hippias
:
crois
en
effet
la sagesse, Prodicus, en vrit ne parlons-nous pas de lui ? Je Prodicus obtiendrait aussi le suffrage de
?
l'tranger d'lis.
Phdre.
Socrate.
comment nous y
prendrons -nous pour donner une ide de ses Sanctuaires oratoires des Muses l ? des chapitres, par exemple, du Redouc
blement, du Style sententieux, du Style imag? Et aussi bien, son Vocabulaire de Licymnius, cadeau que lui fit ce dernier
pour la composition de La beaut de la langue? Phdre. Mais, Socrate, n'y avait-il pas en vrit chez Protagoras quelque tude de ce genre ? Socrate. Oui, mon garon, une Proprit de la langue,
et
pauvret
qu'on
mes yeux,
qui en de
Chalcdoine Homme qui s'est, en mme temps, montr suprieur pour mettre une foule en fureur et ensuite, d ces furieux tant soumis ses enchantements, pour l'apaiser ce sont ses expressions sans gal aussi, quel que soit le cas,
:
aussi bien
dissiper la calomnie!...
:
Mais passons
la thorie
en
est
commune,
nom.
semble-t-il, tous; certains pourtant l'appellent rcapitulation, tandis que d'autres lui donnent un autre
Phdre. Tu parles du rsum, dans lequel, en on rappelle l'auditoire chacun des points du lequel on a discouru ?
finissant,
sujet sur
la matire. Peut-tre aussi Platon pense-t-il plus ses propres Thrasymaque, au livre I de contemporains qu' ceux de Socrate. la Rpublique, dfend avec feu une conception de la justice voisine de celle de Calticls (Gorgias). Tisias (cf. 273 a-c), lve de Corax et matre de Lysias quand celui-ci vivait Thurii, peut-tre aussi
ici l'Ecole sicilienne. Protagoras (infra 267 d), Prodicus, Hippias sont figures familires de l'ancienne sophisclxi sqq. tique. Pour vnus, cf. Phdon 60 d. Voir Notice, p. 1. Si ce sont des exemples, c'est, je crois, que les premiers mots en italiques sont le titre du livre, dont ce seraient les parties. De mme, ensuite, pour cette tude qui en rappelle une semblable, de
75
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267 b
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ZO.
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Richards
(cf.
a 3)
||
:
10 (ppaiopEV o <ppdao. Schanz Vollgr. aopev Winckelm. au: om. -aopEv del. Winckelm. c i a>? 8; (cf. ad c 3 irp r.oir\<jiv) del.
a-jptjrtriov
TW
B 2 (em.)
ap.
||
8 'HXeov
rjXtov
||
||
TW
||
Winckelm.
ci.
Richards
||
StrcXaatoXoYt'av (et
:
||
Hermi.)
Hermi. a3p, u) izpoaTzoi-r\aev Cornar. -Etav (cum ;:po<j7:oi7]av) Schanz Vollgr. -rjaato Ast EUErea -t'a Hermi. Heindorf Schanz t. T 5&TTa: 4t. 6 r.al -rtv ci. Naber 8 xy;v) -vy) BT ||*jxot om. \\'q XaXy.Ypovou KaXy Her2 werden, Vollgr. te(e interpos. t' fors. xoB d 1 vf,p 6 ) Heindorf av. Bekker et, exe. Thomps., omnes 3 GevStj Paris. 1808 oO. 8e codd. 8 8s 5 TtEvrai (et Her4 & 8 (o6ev Sf )
Vollgr.
H
a At'xupvftov -vtstcjv Ast Ppa/uXoyav y.a o. (cf. 269 a 7) Vollgr. Schanz -VEicoy Vollgr. S... iioipi[<ja-:o secl. Ast Schanz del.
:
||
3 r.p
r.oii]<jiv
(et cf.
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W
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B.
267 d
PHDRE
Socrate.
cela
je parle...
76
C'est de Mais peut-tre que sur chose dire quelque Phdre. Bah! des qui ne mritent pas qu'on
l'art oratoire...
vtilles, et
268
Examen
.,.
Socrate.
.
Eh
,
bien
,
les
vtilles
au
critique.
moins, laissons-les de
cote.
,.,,-.
Quant aux
choses dont nous parlions, regardons-les davantage au grand jour, pour voir quelle est et dans quels cas, du point de vue de l'art, la vertu qu'elles possdent... Phdre. Une vertu, Socrate, qui est tout fait puissante au moins, c'est vident, dans des runions populaires
Mais pourtant, mon divin ami, de ton ct aussi regarde bien si, par hasard, il ne t'apparat pas, toi comme moi, que le tissu n'en
Socrate.
Elles la
possdent en
effet.
est
gure serr. Phdre. Tu n'as qu' me le faire voir Socrate. Eh bien dis-moi, si l'on venait trouver ryximaque, ton familier, ou bien son pre Acoumne, en Moi leur 'disant je sais administrer aux corps des choses,
intention aussi bien chauffer qu' mon bon plaisir, faire vomir ou, si faire aller du bas 1 ; plus quantit d'aud'avis, je change trs effets de mme sorte Et, puisque j'ai ce savoir, j'este time que je suis capable de gurir, et d'en rendre capable
propres suivant
refroidir, et,
si
mon
c'est
un
autre
quand
je
lui aurai
transmis
la science
de ces
choses.
demander
d'autre faire que de lui en outre, et quels sont ceux qu'il faut traiter ainsi, et dans quels cas on doit administrer chaque traitement, et dans quelle mesure? Socrate. Suppose maintenant qu'il leur rponde
Phdre.
En
entendant
que
diraient-ils ?
Qu'auraient-ils
s'il
sait
Je n'en sais absolument rien. J'estime cependant que celui qui, auprs de moi, s'est instruit de ces choses est en tat, lui, de satisfaire l'objet de ta question.
Polus y aurait insr une sorte de uvre d'un collaborateur bnvole.
;
Protagoras
pas... ,
Dites...,
ne dites
en I. L'ide, dj nonce 267 ab, cd, reparat 268 c fin, d fin tout art l'essentiel serait, sans avoir gard la vrit, d'tre galeSur ryximaque et ment apte produire un contraire ou l'autre. Acoumne (227 a), cf. Banquet, Notice, p. xxxvn, li sq.
:
76
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: || : : :
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-vo> codd. 10 'xta Vindob. 109 b 1 piv u.r) B ex em. ax ut uid. 3 iTV.aTijAEvo; B 2 rec. (a supra 0) -Tajiivou; codd. 6 S* aXXo y (et Her-t; Egelie 4 UrtptxA( -tp T -xpo
del. ci.
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c 1 Jiotev Schleiermacher.
||
268 c
PHDRE
77
:
Phdre. Ils diraient, homme est fou je crois, que cet en avoir dans un livre ou entendu pour parler quelque part pour avoir mis par hasard la main sur quelques remdes, il se figure tre pass mdecin, alors qu'il n'entend goutte
cet art
!
Eh bien suppose qu' prsent ce soit Sovienne trouver, et Euripide, et qu'on leur phocle qu'on Je sais, sur de menues matires, dise composer d'inter minables tirades, et de toutes menues sur une ample maSocrate.
!
te
tire
s'il
me plat, et,
inversement,
d'autres qui soient, leur tour, terribles et menaants... Et tout le reste l'avenant, avec l'ide enseignant
qu'en
on transmet la recette pour faire une tragdie. Phdre. Ceux-ci galement, Socrate, se riraient, je crois, d'un homme qui se figure la tragdie autrement que comme l'organisation de ces lments, et une organisation qui convienne leur rapport mutuel aussi bien qu' l'ensemble Socrate. Mais, au lieu, je pense, de l'invectiver avec
cela
'
ils
imiteraient
un musicien
qui, sur
un homme
se figurant tre
un har-
pour
e
moniste, parce qu'il se trouve savoir comment on s'y prend faire rendre la corde le son le plus aigu ou le son le
;
:
!
il n'irait Malheuplus grave pas lui dire brutalement reux, tu as le cerveau malade 2 . Au contraire, en musi-
il
parlerait plus
doux
S'il
est
indispen-
homme
aussi
quand on
un harmoniste,
!
n'entende rien, ou presque, l'harmonie quand on a la capacit que tu as Tu sais ce que, pralablement l'har
269
monie, il est indispensable de connatre, mais la matire de l'harmonie, tu l'ignores. Phdre. Rien de plus juste, assurment. Socrate. Et ce serait aussi la rponse de Sophocle
1. L'importance capitale de l'arrangement, dj indique 236 a, symbolise par la formule de a64 c que Phdre rpte en cho, sera de nouveau souligne 269 c. Gela suppose en tout art un acquis
pralable, mais qui n'est pas condition suffisante (ib. b fin). 2. En tu as la bile noire, ce grec qui pour nous est autre
:
chose.
77
<t>AI.
$AIAPOS
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268 c
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<PA\.
crcpicuv
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269
C 2 tTffOUV
et
tX.
'v Stephan. itxot avcodd. xi v.r.ouv av; Socratis supra v ibi Phaedri esse censuit. Cornar. Socratis xi et', 'v Phaedri
: :
otpai oxi Heindorf efcev 'v Burnet vOpcorco Bekker vOp. codd. Hermi. av. Heindorf 3 piSXou 0u. B 5 8' U B 2 (em.) (et Hermi. 1 6 cpixpou pt. 8st B 8 au xai au BT (sed api. 7 et e 5) 8)
||
: || :
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||
||
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Hermi.
t. x. 8.
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||
||
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Hermi.)
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Madvig Osann
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||
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2,3).
269 a
PHDRE
:
78
celui qui fait sa parade devant Euripide et devant lui il sait ce qui est pralable la tragdie, mais non la tragdie ; la rponse aussi d'Acoumne : il sait ce qui est pralable la
mdecine, mais non la mdecine. Phdre. H absolument. Socrate. Voyons nous imaginons-nous Adrasle aux 1 paroles de miel , ou bien encore Pricls, s'ils entendaient ces merveilleux artifices qu' l'instant nous passions en revue, ces styles concis et ces styles imags, tout ce dont encore nous disions, aprs l'avoir parcouru, qu'il faudrait l'examiner au les imaginons-nous, grand jour, dis-je, rudoyant en des b propos impolis, comme toi et moi par rusticit nous l'avons 2 fait quiconque aura, dans ses crits ou dans son enseigne-
ment, donn cela pour tre la rhtorique? Ou bien est-ce que, plus sages en effet que nous, ils ne nous taperaient pas tous deux aussi sur les doigts en nous disant Phdre, et toi, Socrate, au lieu de les rudoyer, il faut plutt traiter avec indulgence ceux qui, faute de connatre la dialectique, se seront mis hors d'tat de dfinir l'essence de la rhtorique ceux qui, du fait de cette ignorance, se sont figur, parce
: ;
blement
dis-je,
l'art, avoir dcouvert la rhtorique qui, enseignant d'autres ces choses, estiment qu'ils leur ont en perfection enseign la rhtorique et, quant
;
employer en parlant chacune d'elles de faon plausible aussi bien qu' en organiser l'ensemble une tche qui ne compte
leurs lves, tout seuls et par leurs , que pas de s'en procurer le moyen lorsqu'ils ressources, propres auront parler ?
le caractre
foi oui, Socrate, il y a chance que tel soit de l'art que ces personnages, dans leur enseignement et dans leurs crits, donnent pour tre l'art oratoire et je suis d'avis, quant moi, que tu as dit vrai. Mais alors,
;
c'est
Phdre.
Ma
1. Roi d'Argos, il avait su par sa douce parole apaiser la fureur de Thse. L'pithte parat venir de Tyrte (fr. 8, 7 sq. Bergk). a. L'expression, et la suite semble y inviter, doit tre jointe, je elle rappelle en effet le reproche que Socrate, en crois, toi et moi mme temps qu' Phdre, s'est fait ce sujet, 260 d. 3. Bien que le texte soit incertain, le sens est clair puisque c'est
;
:
ou non, des
figures selon le
78
<i>AIAPOS
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269 a
(pair)
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Aristid.
||
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em.
269 c
l'art
PHDRE
de celui qui, en
et
ralit, est la fois
79
loquent
et
?
persua-
sif,
comment
est-il
possible de se le procurer
Socrate.
un
La
possibilit,
(et sans
Phdre, de
doute est-ce
la
Troisime section
l;Lo^uf! philosophique;
.
devenir
vraisemblablement
1 conditions.
du
res t e
une
mme
faon qu'ailleurs s'il est dans ta nature d'tre loquent, tu seras un orateur apprci condition d'y 1 joindre le savoir et aussi l'exercice ; mais, si l'une quelte fait dfaut, par l mme tu de ces conditions conque
seras
un orateur
imparfait.
Quant
ce qui est
d'un art
rpondant
avis, la
Thrasymaque qu'en apparat, mon mthode. Mais dans quelle voie, alors ? Phdre. Il Socrate. e y a chance, mon bon, que Pricls se soit, selon toute apparence, lev entre tous la plus haute perfection dans l'art oratoire. Phdre. Et la raison ? Socrate. Tous les arts, j'entends ceux qui ont de l'importance, exigent en surplus que, touchant la Nature, on 270 bavarde et qu'on ait la tte en l'air 2 c'est en effet de l que proviennent en eux, semble-t-il, cette sublimit de pense qu'on y trouve et la perfection de la mise en uvre Voil ce que Pricls notamment a possd, en outre de ses dons naturels c'est, je pense, parce que le hasard mit sur son chemin Anaxagore, lequel tait un homme de cette sorte parce qu'il s'est empli de visions en l'air parce qu'il en est venu la nature de l'intelligence, aussi bien que de
et par Lysias et par
l'absence d'intelligence : sujets sur lesquels Anaxagore tendait abondamment ses propos 3 Et ainsi il a tir de l, en vue
.
de
l'art oratoire, ce
Phdre.
Comment l'entends-tu?
Du
qui
s'y adaptait.
une valeur prcise du sens qu'il y donne science. 2. C'est de quoi le Cratyle (4oi b) fait honneur ceux qui ont institu le langage et les Nues (io5, 36o), un grief contre Socrate. 3. Sur ce passage, si riche de sens, voir Notice, p. cxlviii sq.
reoit-il
commun
79
tpr)Kvai.
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269 c
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rec.
r.epi
||
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^poasp. B.
270 b
PHDRE
Socrate.
est-il
80
la
cine,
Sans doute en de mme pour mdeque prcisment pour rhtorique. Phdre. Comment, enfin? Socrate. Dans l'une dans on doit procder
la
et
l'autre
l'analyse d'une nature: dans la premire celle du corps, dans l'autre celle de l'me si l'on veut, au lieu de se contenter de la routine et de l'exprience, recourir l'art pour administrer, l'un remdes et rgime et ainsi produire en lui sant et vigueur, l'autre, propos et occupations en accord
avec
telle
la rgle,
et ainsi lui
communiquer
'
.
telle
conviction et
Phdre.
c
Il
en
est
ainsi, Socrate.
Mais la nature de l'me, penses-tu qu'il soit Socrate. possible de la concevoir d'une faon qui vaille d'tre men2 tionne, indpendamment de la nature du tout ?
Ma foi, si c'est Hippocrate qu'il en faut croire, qui est un Asclpiade, on ne peut mme pas traiter du corps sans recourir cette mthode Il a raison, vois-tu, mon camarade, de dire Socrate. cela. Il faut pourtant, en sus d'Hippocrate, s'enqurir auprs de la raison et examiner si la voix de cette dernire sonne d'accord avec son dire.
Phdre.
lui
Phdre.
Socrate.
Oui, Eh bien
c'est cela.
!
examine
alors ce
que sur
la
Nature
peuvent bien dire et Hippocrate et la raison. N'est-ce pas de la faon que voici qu'il faut se faire une ide sur la d nature de quoi que ce soit? D'abord, est-il simple ou bien
multiforme, l'objet touchant lequel nous voudrons tre personnellement des techniciens, capables aussi de produire en autrui le mme rsultat ? En second lieu, dans le cas o cet objet sera simple, en examiner la proprit quelle est celle qu'il possde naturellement, et par rapport quoi eu gard l'agir ? ou celle qui lui appartient eu gard au ptir et sous l'action de quoi ? Si au contraire l'objet comporte une pluralit de formes, alors, aprs les avoir dnombres, cela mme qui tait envisag dans le cas de l'unicit le sera pour chacune de ces formes par laquelle est-il dans la nature de
:
2.
Elle est en effet une psychagogie (26 1 a Pour le sens de ces lignes, cf. Notice,
cf.
27 1 c
p.
fin et p.
6a
3.
3).
foc. cit.
79 n.
80
*AIAPOS
Zf.
c
270 b
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^T]TOpiKf^.
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Ta yoOv eIk6, S ZKpaxEc;, oxo. M^u^ oSv <paiv E,icq XSyou Kaxavofjaai
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om. B 3' BT 5 8s x$ M B 8 PoXt) 7 zr 6; 3 pv (et C a o'Xou 9 rcapaSoiaciv -aei Xdyou B xe codd. om. Galen. Henni.'): ;jl. ouv Laur. a643 y Heindorf rcet'. xwv interpos. T pr. m. ut uid. t\ t.-M^olk Thomps. 08; Gornar. o. ttjv xo Stephan. Vollgr. o8s T.zl 5 tw 'Izrco-
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JouXtj
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phan. Vollgr.
7ct
Hermi.
IV. 3.
270 d
PHDRE
81
l'objet de produire une action, et quelle action ? ou bien par laquelle, d'tre patient, en quoi et par l'action de quoi ? Phdre. C'est bien possible, Socrate. Socrate. Ce qu'il y a au moins de sr, c'est que, sans
mthode aurait toute l'apparence d'une dmarche d'aveugle On ne doit certainement pas se faire une image de celui qui avec art poursuit l'tude de quoi que ce soit, en le comparant un aveugle, non plus qu' un sourd! Il est
cela,
la
!
est
la
manifeste au contraire que l'enseignement de l'loquence, s'il donn avec art, fera voir dans sa ralit, avec exactitude,
ses
discours.
Or
271
s'est
en
Phdre.
Socrate.
donc manifeste que Thrasymaque, ou un enseignement srieux de l'art oratoire, commencera par dpeindre l'me en toute exactitude, par faire voir s'il est dans sa nature d'tre une chose une et homogne ou si, la faon d'un corps, elle est multiforme car c'est cela, disons-nous, qui est montrer la nature
Il est
Oui.
par le moyen de quoi de produire une action et laquelle ? ou bien de ptir, et sous l'action de quoi ? Phdre. Bien sr Enfin (c'est le troisime point), aprs avoir Socrate. b fait une classification des genres de discours comme des genres d'me, ainsi que de leurs modalits respectives, il fait la revue des relations causales, tablissant ainsi la correspondance de chaque genre chaque genre, et il enseigne, de quelle sorte tant l'me et de quelle sorte les discours, quelle est la cause en vertu de laquelle ceux-ci produisent ncessairement en l'une la persuasion, l'incrdulit dans une autre En tout cas, qu'il en pt tre ainsi ce serait Phdre. apparemment tout ce qu'il y a de magnifique
Voici
:
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PHDRE
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est sr,
mon cher,
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qu'il n'y
aura jamais d'aulre faon, morceau d'apparat ou discours, de parler ou d'crire, ni sur un autre sujet, ni sur celui-ci c Mais ceux qui aujourd'hui crivent des Arts oratoires, et que,
!
toi,
bien qu'ils sachent merveille ce qui concerne l'me. Ainsi donc, en attendant qu'ils manifestent cette faon de s'y prendre, dans leurs discours comme dans leurs crits, ne les
laissons pas
ia
nous persuader qu'ils ont l'art d'crire Cette faon de s'y prendre, Phdre. IX16ZI10CI& i
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est-elle
les
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2
,
Mais sur
manire dont
il
faut qu'on
pour que
Puisque justement la fonction propre du une faon de mener les mes, une psychaveut tre un jour un orateur de talent gogie, celui qui d doit ncessairement savoir de combien de formes l'me est susceptible. Or il y en a tel et tel nombre, de telle sorte et en consquence de quoi les hommes prende telle autre nent, les uns, telle nature dtermine, les autres, une nature diffrente. Et maintenant, une fois ces formes ainsi il distingues, c'est le tour des discours y en a des formes, en tel ou tel nombre, et ayant chacune tels caractres dtermins. Or donc, les hommes de telle nature, sous l'action de discours de tel caractre, en vertu de cette cause-ci, se
Socrate.
discours est d'tre
;
:
laisseront porter telles convictions, tandis que ceux qui ont telle autre nature ne se laisseront pas facilement persuader par les raisons que voici 3 Ce qu'il faut donc, quand on a suffisamment rflchi sur ces dterminations, c'est ensuite considrer ce qu'elles sont dans la pratique et prati.
quement appliques*
et, ainsi,
pour en
on n'en
mme
encore pas
Ou
discours pidictique
le
C.--d., je crois, ce ne sera pas un modle de ce qu'il faut dire, mais une thorie de la faon d'y russir (Notice, p. xlviii n. i). 3. C'est l'application des trois principes poss, 271 ab.
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271 e
PHDRE
83
plus qu'il n'y a dans ces cours qu'on coutait jadis, du temps qu'on frquentait l'cole, Mais, lorsqu'on est suffisamment en tat de se prononcer sur la sorte d'homme que convaincra telle sorte de discours, lorsque, l'ayant ct de soi, on est capable de voir clair en lui et de se faire soi-mme la leon Voici l'homme, et voici la nature dont voulue jadis il 272 tait question dans mes cours maintenant c'est en ralit qu'elle est devant moi et que j'ai lui appliquer le lance gage que voici, de la manire que voici, en vue de faire
:
:
natre la conviction
que
voici
du moment,
dis-je,
qu'on a runi
de s'abstenir
conjonctures dans lesquelles c'est le qu' leur tour style concis, style apitoyant, indignation vhmente, et toutes les formes de discours qu'on
i
;
aura appris distinguer, on en sait discerner l'opportunit aussi bien que l'inopportunit, c'est alors que l'Art a
achvement jusquenon. Disons-le plutt si une partie quelconque de cet ensemble fait dfaut l'orateur, au professeur, l'crivain, b il aura beau affirmer la conformit de son langage avec
atteint la beaut, la perfection de son
l,
:
l'Art, c'est celui qui n'en croit rien Eh bien! conclure? dira
que revient l'avantage. 2 peut-tre notre auteur , est-ce l votre Ou faut-il et Socrale? bien Phdre opinion, admettre quelque autre dfinition de l'art oratoire?
que
Phdke.
Il est,
:
une
autre, Socrate
il faut retourner a ra j son p r 0ur laquelle * en tout sens toutes les thories et, ainsi, examiner si par hasard ne s'offre pas nos yeux un chemin C plus ais et plus court qui mnerait cet art, et qui nous viterait de nous en aller en pure perte sur une route longue et raboteuse, quand nous en avons une qui ne l'est pas et tout
j
Vrit
je crois bien, impossible qu'il y en ait ce n'est pourtant pas une petite affaire Socrate. Tu dis vrai c'est justement
et vraisemblance.
si par hasard quelque moyen de nous aider est en ton pouvoir, toi qui as t l'auditeur de Lysias ou de tel autre, essaie de nous en faire part en rappelant tes souve-
unie. Mais
nirs
i.
Ce que, pour
le corps, fait le
mdecin (268 b
et
270
b).
Celui qui traite de la rhtorique en homme srieux (271 a), et dont ensuite Socrate se fait le porte-parole (i6jrf. c mil.).
a.
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S'il ne s'agissait que d'essayer, ce serait en mon ' pouvoir mais pas comme cela et tout de suite Eh bien veux- tu alors que ce soit moi qui Socrate.
te dise le langage que j'ai entendu tenir par quelques-uns de ceux qui s'occupent de cela ? Bien sr Phdre.
Socrate.
lequel
il
En tout
que
cas,
Phdre,
il
est juste
le
loup
mme
ait
Phdre.
Socrate.
prtendent donc qu'il ne faut pas du tout prendre ainsi de grands airs, non plus qu'imposer aux gens une ascension qui allonge leur route par tant de lacets. De la vrit, en effet (c'est mme ce que nous avons dit en
Ils
C'est
mme
commenant ce propos ), on doit n'avoir absolument que faire quand il s'agit du juste ou du bon, ni dans les affaires ni, bien sr aussi, dans les hommes, qu'ils doivent leur nature ou leur ducation d'tre ce qu'ils sont il ne le faut pas, si l'on veut tre, dans la bonne mesure, un orateur de
;
tribunaux personne n'a, l-dessus, le mais bien de ce qui est convaine cant. Or cela, c'est le vraisemblable et c'est quoi doit s'attacher quiconque se propose de parler avec art. L'acte en luimme, il y a des cas o on ne doit mme pas l'noncer, quand la faon dont il a t accompli n'est pas une faon vraisemblable, mais noncer les vraisemblances, et cela dans l'accusation comme dans la dfense. C'est mme, de toute faon,
talent
! :
les
vrit,
vraisemblable qu'il faut poursuivre, tandis qu'au vrai on donnera tous les bonsoirs du monde C'est le vraisemblable 273 en effet qui, traversant d'un bout l'autre le discours, constitue la totalit de l'art. Phdre. Tu viens littralement, ma parole de rapporla thse soutenue par ceux qui se donnent pour ter, Socrate,
le
!
me
Or il
y a
l,
semble-t-il,
un
cela.
3.
Phdre recule devant la confession qu'on lui demande. Sans est-il une citation littrale, cf. 273, db. de a et b. Ce qui rpond au franais se faire l'avocat du diable. Renvoi probable (de mme 3^3 a db.) a5o, e sq. 260 cd.
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1
:
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tyrfliai. B.
273 a
PHDRE
Socrate.
85
lui,
Mais pourtant
!
Tisias,
tu
l'as,
point par
point, battu et rebattu Eh bien, il y a encore ceci qu'il faut que Tisias nous dise : par le vraisemblable, entend-il autre
b chose que l'opinion de la masse ? Et quoi d'autre, en effet? Phdre. Socrate. Ainsi, voil apparemment sa profonde dcouverte et qui, du mme coup, est le secret de l'art S'il arrive, a-t-il crit, qu'un homme sans vigueur et hardi en ait ross un autre, vigoureux et lche qu'il lui ait arrach son manteau ou autre chose et puis qu'il soit traduit devant les tribunaux, ni l'un ni l'autre ils ne doivent dire la vrit. Bien au contraire, le lche prtendra que le hardi n'a pas t tout seul pour le rosser, quoi l'autre sans doute ripostera qu'ils taient seul seul mais le grand argument auquel il recourra,
serais-je, moi, fait comme je suis, fait comme il est? Quant l'autre, il ne lui, attaqu dira pas, bien entendu, sa propre lchet mais tout nouveau mensonge auquel il s'essaie fournira sans doute une riposte
c'est
comment me
quelconque
c'est
la partie adverse.
Varions
les circonstances
l'art
Socrate.
Misricorde! On
mon
?
en
Mais au
fait,
ou non,
d
dire...
Phdre. Quoi donc? il Socrate. Ceci y a longtemps (c'tait mme, Tisias, avant ton intervention) que justement nous le disons 3 cette vraisemblance vient, somme toute, se pro duire dans l'esprit de la masse en raison d'une similitude avec la vrit quant aux similitudes, nous l'avons expli:
l'heure, celui qui partout sait le mieux les dcouvrir, c'est celui qui connat la vrit. Par consquent,
que tout
i.
Ou
le
2.
Est-ce Gorax
habilement, tombant, soit sur t mis, soit sur a fait. ? et la formule rituelle a-t-elle ici un sens cach
aprs
loup de 27a c, une autre bte de proie, corax, le corbeau ? 3. Supra, b db. Le renvoi, ici et ensuite, est 263 a-c; cf. 260 a,
c.
85
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l'couterons-nous
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tu as autre chose dire sur l'art oratoire, sans doute mais, s'il n'en est pas ainsi, nous nous ;
'.
dnombr
;
les divers
naturels
de ceux qui vont tre les auditeurs faute d'tre capable, aussi bien de distinguer les choses selon leurs caractres spcifiques que de les embrasser en une seule ide selon
chacune de
on ne sera un technicien de pour autant que c'est possible un homme Or c'est un rsultat qu'on n'obtiendra pas sans beaucoup d'application et ce n'est pas pour adapter son langage et sa conduite ses relations avec les hommes que le sage doit s'en donner toute la peine, mais pour tre capable, et d'un langage qui soit agrable aux dieux et, en toute chose
ces espces, jamais
l'art oratoire,
!
en
autant qu'il le peut, d'une conduite qui leur agre. Non effet, tu le vois dsormais, Tisias, et ceux qui sont plus
274
que doit s'exercer complaire, moins que ce ne soit par surrogation, l'homme qui a du jugement, mais c'est des matres bons eux-mmes et faits de bons lments 2 Voil pourquoi la longueur de ce circuit, tu n'as 3 avec de grands objets pour but, les point t'en tonner circuits sont ncessaires ce n'est pas comme dans ta Ce qui est sr, et voil ce que notre thse conception
d'esclavage
.
affirme, c'est que, pour peu qu'on accepte cette ncessit, mme ces objets infrieurs auront reu des autres la beaut
plus grande Phdre. Magnifique en paroles, Socrate, oui, si je m'en condition qu'on soit la hauteur crois, Socrate. Eh bien ajoutons que, pour qui certes s'attaque ce qui est beau, il est beau aussi de subir les consla
Socrate.
ce qui est,
j ans
,,
,
j es
de
l'art
...
comme
,
de
absence
dart,
en
voila
largement
assez...
1.
2.
Cf. 271 b, d et, pour ce qui suit, 265 d-266 b. C'est la pense orphique, inspiratrice de Phdon, 62 b.
3.
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274 b
PHDRE
Phdbe. Bien sr Socrate. tandis
!
87
... que, de savoir si justement c'est biensant ou malsant d'crire, dans quelles conditions il est
bon que cela se fasse et dans une question qui nous reste,
Phdre. Socrate.
les
alors, est-ce que tu sais quelles sont meilleures conditions, concernant les discours, pour se
!
Oui. Eh bien
rendre agrable la divinit, quand on s'en occupe ou qu'on en parle ? Phdre. Pas du tout Et toi ? H y a du moins une tradition que je suis c Socrate. mme de rapporter, une tradition de l'antiquit 1 Or le vrai, si nous c'est elle qui le connat pouvions, par nous-mmes,
qu'en vrit nous nous soucierions encore de ce qu'a cru l'humanit ? Phdre. Allons, ce que tu Quelle drle de question assures avoir entendu dire, raconte-le moi. Socrate. Eh bien j'ai entendu
le dcouvrir, est-ce
L'invention de rcriture.
conter que vcut du ct de Naucratis, & j -mi j*' j en Lgypte, une des vieilles divinits de
.
l-bas, celle
tu
le sais, l'ibis, et
que
le
ci
premier qui dcouvrit la science du nomgomtrie et l'astronomie, et aussi le trictrac et les ds, enfin, sache-le, les caractres de l'criture. Et d'autre part, en ce temps-l, rgnait sur l'Egypte entire Thamous, dont la rsidence tait cette grande cit du haut pays que les Grecs nomment Thbes d'Egypte, et dont le dieu est appel par eux Ammon. Theuth, tant venu le trouver, lui Il faut, lui dclara-t-il, les commufit montre de ses arts niquer au reste des gyptiens Mais l'autre lui demanda
C'est lui, donc, le
bre avec
le calcul, la
des lacets dont il allonge la route qui mne au sommet de l'art (27a d), tandis qu'au contraire ils prtendent savoir (ibid. c) comment on y arrive au plus vite. Mais, si ce sommet est la Vrit (cf. p. 44,4),
circuits.
bien probable, comme le prouve la suite (275 b), que ce mythe est une invention de Platon, aussi bien que celui des cigales. Theuth, qu'on retrouve dans Philbe (18 b), est le Thoth gyptien, l'inventeur divinis des arts, des sciences, des lois, de l'criture.
87
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274 b
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(et Stob.) Il d 1 nercea; ... xu6et'a; (et Stob.): -av...-av Hermi. || a 8 '(et Stob.) : 8 Hermi. 1 || 4 Tnoi (et Stob.): vojaou ci. Naber || ov codd. Stob. || xo (et Stob.) x. axov Badham }V Vindob. 109 5 6ev (et Stob.) : aaov auct. Postgate Vollgr. Il "Atxpwva
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6 in-
274 d
PHDRE
88
quelle pouvait tre l'utilit de chacun d'eux, et, sur sesexplications, selon qu'il les jugeait bien ou mal fondes il prononait tantt le blme, tantt l'loge. Nombreuses furent
donc
fit,
les rflexions
dit-on, part
finirait
dtail
Roi de rpliquer
Et le matre es arts, Theuth, Incomparable autre est l'homme qui est capable de donner le jour l'institution d'un art autre, celui qui l'est d'apprcier ce que cet art comporte de prjudice ou d'utilit pour les hommes qui devront en faire usage. A cette heure, voil qu'en ta qualit de pre des caractres de l'criture,
!
plus instruits et plus capables de se remmorer aussi bien qu'instruction ont trouv leur remde
:
mmoire
575
tu leur as, par complaisance pour eux, attribu tout le contraire de leurs vritables effets Car cette connaissance
!
aura pour rsultat, chez ceux qui l'auront acquise, de rendre leurs mes oublieuses, parce qu'ils cesseront d'exercer leur mmoire mettant en effet leur confiance dans
:
l'crit, c'est
du dehors,
eux-mmes qu'ils se remmoreCe n'est donc pas pour la mmoire, c'est pour la remmoration que tu as dcouvert un remde Quant l'instruction, c'en est la semblance que tu proet grce
non du dedans
ront
les choses.
'
non point la ralit: lorsqu'en effet regorgeront de connaissances sans avoir reu d'enseignement, ils sembleront tre bons juger de mille choses, au lieu que la plupart du temps ils sont
cures tes lves, et
ils
et ils seront
en outre insup-
parce qu'ils seront des semblants 2 instruits, au lieu d'tre des hommes instruits
d'hommes
la vie
De mme, de Thamous,
Thcbes,
grec qui
i
.
Ammon,
de Thamous.
de
la mmoire dfaillante ; cf. 375 d in. 275 bc voquent certains mots de bien faite que bien pleine. Fascheuse
L'crit ne fait
que soulager
2.
Ce passage
:
et celui
Montaigne
Plustt la tte
88
c
4AIAP02
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274 d
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Stob.
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Thomps. Vollgr.
IV. 3.
1a
275 b
PHDRE
Phdre. Quelle
histoires gyptiennes, te plaire
!
89
facilit
Socrate. C'tait, mon cher, une tradition dans le sanctuaire de Zeus Dodone, que d'un chne taient issues les premires rvlations divinatoires. Ainsi donc, pour les gens de ce temps-l, pour eux qui n'taient pas des savants votre manire, vous autres les jeunes, c'tait assez, vu leur 1 navet, d'couter le langage d'un chne ou d'une pierre c pourvu seulement qu'il ft vridique. Mais pour toi, ce qui sans doute importe surtout, c'est de savoir qui est celui qui cela ne te suffit pas, en effet, parle et quel est son pays
, :
d'examiner
autre faon
si
c'est
bien
comme
cela qu'il
en
est,
ou d'une
les
il
Phdre.
Tu
as
eu raison de
me
donner sur
doigts,
de l'criture,
en
est
celui qui se figure que, dans des caractres d'criture, il aura laiss aprs lui une connaissance technique, et celui qui, son tour, la recueille avec l'ide
:
Socrate.
Conclusion
et
du
doute ont-ils largement, ces gens-l, leur compte de navet et mconnaissent-ils en ralit la prdiction d d'Ammon eux qui se figurent qu'un trait crit est plus qu'un moyen, pour celui qui sait, de se remmorer les matires que concerne l'crit Tout fait juste Phdre. Ce qu'il y a de terrible en effet, je pense, Socrate.
:
dans
qu'enfante pose quelque question, pleins de dignit ils se taisent Il en on croirait que de la penest de mme aussi pour les crits
! :
l'criture, c'est aussi, Phdre, qu'elle ait vritablement tant de ressemblance avec la peinture. Et de fait, les tres celle-ci font figure d'tres vivants ; mais, qu'on leur
qu'une suffisance pure livresque ; le second dnonce plus spcialement la pure curiosit historique, qui se dsintresse de la valeur, morale ou esthtique, de son objet. 1. Peut-tre la pierre de Delphes, aprs le chne de Dodone. Adaptation d'un proverbe (Od. XIX i63) qui, sans allusion aux deux sanctuaires, signifiait une origine exempte de mystre.
suffisance
a.
Pour Platon
la
l'art d'illusion.
89
*AIAPOS
275 b
Al. *C1 ZcKpaxe, paSlco au AtyuTtxlou kcxI ttoSaTto av l8r| X6you TtoiE. Zft. Ot 8 y', S <ptXs, Iv x xoO Ai xoO AcoSovalou
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B 2 (exp.):
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8 IpT) Stob.
IV.
3.
ia.
275 d
se
PHDRE
anime
;
90
ce qu'ils disent mais, qu'on leur adresse la parole avec l'intention de s'clairer sur un de leurs dires, c'est une
jours
e
chose unique qu'ils se contentent de signifier, la mme touAutre chose quand une fois pour toutes il a t crit,
!
chaque discours s'en va rouler de droite et de gauche, indiffremment auprs de ceux qui s'y connaissent et, pareille-
ment, auprs de ceux dont ce n'est point l'affaire, et il ne sait pas quels sont ceux qui justement il doit ou non s'adres-
Que d'autre part il s'lve son sujet des voix discordantes et qu'il soit injustement ddaign, il a toujours besoin lui seul, en effet, il n'est de l'assistance de son pre capable, ni de se dfendre, ni de s'assister lui-mme. Ton langage est encore on ne peut plus Phdre.
ser
1
. :
juste
276
un
du prcdent
et
lgitime celui-l,
dans quelles conditions il a lieu et de combien il surpasse l'autre par la qualit et la puissance de sa sve ? Phdre. Quel est ce discours dont tu parles et dans
quelles conditions a-t-il lieu d'aprs toi ? Socrate. C'est celui qui, accompagn de savoir, s'crit
dans l'me de l'homme qui apprend, celui qui est capable de se dfendre lui-mme et qui, d'autre part, sait parler aussi bien que se taire devant qui il faut. Tu veux dire le discours de celui qui sait, Phdre. discours vivant et anim, duquel en toute justice on pourrait dire que le discours crit est un simulacre ? b H oui absolument. Et maintenant, disSocrate. moi le cultivateur intelligent, s'il a des semences dont il se soucie et dont il souhaite qu'elles portent fruit, est-ce que tout de bon il ira, en plein t, les ensemencer dans les jardinets d'Adonis, pour la satisfaction de voir ces jardinets devenus superbes au bout de huit jours 2 ? Ou bien ne serait-ce point pour se divertir, aussi bien qu' cause de la fte, qu'il procderait de la sorte, supposer qu'il lui arrivt de le faire ? Mais plutt, s'il y en a qui rellement l'intressent,
1.
explique 371 8-272 b (cf. 269 bc, 373 de). Mme ide 276 a-e fin. 2. Aux ftes d'Adonis, on faisait pousser, hors saison, dans une coquille, dans un panier, dans un vase, des plantes qui mouraient vite
:
90
frAIAPOS
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275 d
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S'
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Suvoto
ot.
Kal TaOx aoi pSdxaTa Epnrai. "AXXov SpopEv X6yov, toutou SsXcpv yv/|- 276 aov, t TpTtcp te ylyvETai Kal 8aa pElvcv Kal SuvaTdbTEpoq totou ^OErai
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109 Vollgr.
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ci.
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B 2 rec.
rec.
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:
3 y : xe Hirschig Thomps. Vollgr. || 2 u. Xoujae) : rX)[jipevo B || 4 Se xa : om. 2 a!, T' et codd. 6 aut<}> m.) || || (spir. em.) :
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1
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Hermi.
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fors,
non
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W.
276 b
il
PHDRE
mettra profit
l'art
de
la
terrain appropri, et il se flicitera sans doute si, au bout de huit mois, toutes celles qu'il a semes ont atteint leur terme.
Phdre. C'est bien comme cela, Socrate, qu'il ferait, je crois: dans un cas, pour de bon; dans l'autre, d'une manire diffrente et de la faon que tu dis. Socrate. Mais l'homme qui possde la science du juste, celle du beau, celle du bien, devrons-nous affirmer qu'il a moins d'intelligence que le cultivateur, par rapport aux semences qui sont proprement les siennes? Pas le moins du monde, c'est certain Phdre. Socrate. Ainsi, tu vois, ce n'est pas pour de bon qu'il * ces choses-l au moyen d'encre, usant ira crire sur Veau d'un roseau pour ensemencer avec des discours, qui ne sont pas seulement impuissants se porter assistance eux-mmes par la parole, mais impuissants aussi enseigner convenablement la vrit 2 Tout au moins ce n'est pas probable. Phdre. Socrate. Non, en effet. Ces jardinets en caractres d'criture, ce sera au contraire, selon toute apparence,
pour se divertir, et qu'il les ensemencera, et qu'il crira mais quand il lui arrive d'crire, c'est un trsor de remmorations 3 qu'ainsi il se constitue, et lui-mme en cas qu'il
;
piste*.
arrive l'oublieuse vieillesse, et quiconque suit la mme Il prendra son plaisir voir pousser ces tendres cultures;
de beuveries
de tous
les plaisirs
ceux-l, pendant que lui, c'est bien probable, il leur prfrera ceux dont je parle et qui sont le divertissement de son existence
!
Phdre.
la bassesse
Quelle magnificence, Socrate, au regard de des autres, dans le divertissement que tu dis 5
:
offrandes qui symbolisaient la fin prmature de l'aim d'Aphrodite, i. Locution quivalente notre crire sur le sable.
2. Ce sont les deux points qui seront distingus ibid. c sq., passage rapprocher de Banquet 209 c (et la Notice, xci sq.). 3. Ainsi tout crit de Platon remmorerait, soit son enseignement,
moment de sa rflexion. Cf. Notice, p. lu sq. Son plaisir contraste avec ceux des autres; je coupe donc ici. 5. La rplique de Phdre suppose un malentendu, que Socrate s'empresse de dissiper (cf. Notice, p. cxv sq.).
soit
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Winckelm.
rec.
manu
m.
276 e
celui de
traire,
PHDRE
l'homme capable de
se divertir la
92
composition
lit-
en imaginant de beaux discours sur la Justice, ainsi sur les autres objets par toi nomms que Socrate. En fait il en est bien ainsi, mon cher Phder. Mais il y a beaucoup plus de beaut, je crois, dans une c'est certaine faon de s'appliquer pour de bon cette fin quand, par l'usage de l'art dialectique et une fois prise en main l'me qui y est approprie, on y plante et sme des discours que le savoir accompagne discours qui sont en mesure de se donner assistance eux-mmes ainsi qu' celui 277 qui les a plants, et qui, au lieu d'tre striles, ont en eux une semence de laquelle, en d'autres naturels, pousseront d'autres discours en mesure de procurer toujours, imprissablement, ce mme effet et de raliser en celui qui le possde le plus haut degr de flicit qui soit possible pour un
homme
il
y a en
effet
beaucoup
sume
a ensemble.
nous
fois
1
sr, Phdre, une dsormais capables, r . , , ,, , accord tabli sur ces points, de
voil
.
A prsent bien
Phdre.
Socrate.
clair et
celui sur lequel nous dsirions voir a nous amens o nous en sommes C'tait de qui nous livrer une enqute sur le grief qu'on faisait Lysias
!
Lequel? Eh mais!
et aussi,
d'art
Aussi bien suis-je d'avis que, pour ce qui caractrise la prsence ou l'absence d'art, nous avons convenablement fait voir ce qui en est.
Phdre.
Nous
en fmes
et
d'avis,
je
ne
dis
pas
non
Revenons-y pourtant Socratb. Jusqu' ce qu'on connaisse la vrit de chacune des questions dont on parle ou dont on crit jusqu' ce qu'on se soit rendu capable de dfinir toute la chose pour elle-mme et qu'on sache en outre, aprs l'avoir dfinie, la subdiviser en retour selon ses espces, en ne s'arrtant qu'
;
remmore-moi comment.
l'espce indivisible
lyse,
fonde sur
la
mme
ga
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276
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i.
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||
277 c
C
PHDRE
sorle,
93
dcouvre l'espce qui correspond chaque nature; que, de la on tablisse et qu'on organise le discours, en offrant une me bigarre des discours la fois bigarrs et embrassant tous les modes, ou, au contraire, des discours sans diver-
sit
une me sans diversit non, jusqu' ce moment il n'y aura pas possibilit que le genre oratoire soit mani avec art dans toute la mesure o il est dans sa nature de l'tre, ni en rien pour enseigner, ni en rien pour persuader; et c'est ce que nous a rvl toute la prcdente discussion. Phdre. Mais oui, absolument C'est bien peu prs
1
,
comme
d
il
cela
que
Socrate.
est
chose nous est apparue. Et que dire, d'autre part, des conditions o
la
beau ou vilain de prononcer comme d'crire des discours? et aussi des circonstances o, en bonne justice, on fera de cela un sujet, ou non, de blme? Est-ce qu'on n'a pas mis en lumire dans ce qu'on a dit un peu auparavant... 2 ? Phdre. Et quoi ?
Socrate.
...que,
si
Lysias ou
un autre
a jamais crit
ou doive
crire, soit titre priv, soit qui, instituant des lois, crit ainsi un avec l'ide en outre qu'il y a l-dedans
comme homme
public
ouvrage politique, et une grande solidit, voil o certes il y a motif de blme, une grande certitude, dclar ou non 3 l'gard de celui qui crit. C'est que man4 de toute notion concernant le quer, veill ou bien en songe
juste et l'injuste, le
mal et le bien, est chose qui vritablement n'chappe pas au blme qu'elle mrite, obtiendrait-elle
l'unanime loge de la tourbe Phdre. Non, effectivement! Socrate. Quant cet autre, au jugement de qui un discours crit, quel qu'en soit le sujet, contient ncessairement une large part de divertissement pour qui jamais nul discours, usant du vers ou se passant du vers, ne vaut la peine de l'crire, ou de le rciter la faon dont les rhapsodes rcitent les leurs 5 s'il ne suppose ni examen pralable
mme
Rsum: i de 25qc-24 e ; 2 de 371 a-272 b, 273 de. Voir 257 c 258 d, 261 a-e, 274 b, 278 c. 3. Les politiques de 257 c n'eussent-ils pas blm ouvertement Lysias, cela ne changerait rien son cas. le rve mme n'en donnerait pas l'illusion. A. Locution 5. Les rcitations des rhapsodes (cf. Ion) ont pour but le plaisir
i.
2.
93
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:
Il
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||
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X.
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oaot Schleierm.
277 e
PHDRE
94
;
278
ni volont d'instruire, et que la persuasion en ait t le but pour qui, au contraire, les meilleurs de cette espce constituent en ralit chez l'homme qui sait un moyen de se ressouvenir, tandis que les discours qui sont matire d'enseignement, ceux dont l'objet est d'instruire et qui, en ralit, s'crivent dans l'me concernant le juste, le beau, le bien, sont les seuls o il y ait vidence, perfection et qui vaillent notre peine; pour qui, enfin, de semblables discours doivent tre appels ses enfants lui ses fils lgitimes en quelque sorte en premier lieu, celui qu'il porte en lui-mme quand l'invention le lui a rendu prsent ensuite, les rejetons du b premier, et ses frres la fois, s'il en est qui soient ns chez d'autres hommes, en d'autres mes proportion de ce qu'elles valent 2 qui au reste des discours dit adieu... cet homme,
, '
:
dis-je, et toi
qui
est tel, il
ce que, quant moi, je dsire souhaite. Sograte. Ainsi donc, en voil dsormais bien suffisamPhdre.
!
y a chance, qu'il soit, Phdre, ce que voudrions tre l'un et l'autre Mais oui Ton langage rpond absolument
!
et
a donn la question de A toi, maintenant, d'aller expliquer Lysias l'loquence qu'tant tous les deux descendus jusqu'au ruisseau des Nymc
phes et jusqu' leur sanctuaire, nous nous sommes entendu charger de la commission que voici, pour Lysias et aussi bien
pour quiconque compose des discours; pour Homre galement, comme pour tout autre qui aura compos des posies, soit sans accompagnement musical 8 soit pour tre chantes; troisimement enfin, pour Solon et pour quiconque, dans l'ordre de l'loquence politique, a crit des ouvrages en leur Si c'est avec la connaissance de donnant le nom de lois ce le constitue vrai, qui que tel de vous a compos ces crits en mesure aussi de leur porter assistance, au moment d'en venir aux preuves relatives la question que concerne son crit capable enfin par sa parole de mettre lui-mme en 4 vidence le non, ce n'est aucune peu que sont ses crits
, :
qui,
du public, non son ducation aussi se dispensent-ils de cette enqute au pralable, dterminerait les lments de la cause. i. Par opposition ces btards dont il tait question 376 a.
:
2.
3.
l\.
Ceci correspond l'me approprie de 276 e. Cf. Lois 665 d, o cette sparation signifie dcadence. Ainsi que l'a fait justement Platon, 276 d.
9-i
<>AIAPOS
277 e
aveu voucplaec ical SiSa^fj, TteiSoO iveKa X)(8r|aav, XX x$ Svxi axv xo fieXxiaxou etoxcov Ttu.vr|ai.v 278
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v iovot codd. Thomps. axwv -xi B 4 fi-ovot Heindorf xo Burnet Heindorfii v tojtoi prob. Thomps. $)yoBurnet 6 tdnoi: au. codd. Vollgr. uteic lisvo to u'dtx; v au. B iau. v Hermi. Ge exe. Thomps. omnes 7 v a6T<
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||
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8t| Heindorf Vollgr. 7 7tE7rai'a9u> 8 <ruye Hermi. -/Ou) Hermi. -<rcat Bergk vu T xaTa6avte -te; T ; e B to
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I/ei
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278 c
des
PHDRE
g5
dnominations en usage ici-bas * qu'on emploiera pour l'homme qui est de cette sorte, mais celle de l'objet supauquel il s'est appliqu Phdre. Et quelles sont donc
rieur
les
dnominations dont
c'est
tu
le lotis ?
Socrate.
excessif,
Mais l'apPhdre, 2 peler un ami de la sagesse, un philosophe , ou bien de quelque nom analogue, cela lui conviendrait davantage et, en mme temps, serait mieux dans le ton. Phdre. Et ce ne serait, ma foi, pas du tout dplac Socrate. Mais en revanche, est-ce que celui qui ne possde rien de plus prcieux que ce qu'il a compos ou crit, passant des heures le retourner sens dessus dessous, cole 1er des morceaux les uns aux autres ou en retrancher, est-ce que sans doute tu n'auras pas le droit de le saluer des noms de pote, de faiseur de discours ou d'auteur de textes de loi? Phdre. Bien sr Socrate. Eh bien! c'est cela que tu dois expliquer
ne sied qu'
la divinit.
ton camarade!
Phdre.
dras-tu
?
Et
3
:
toi?
comment
!
t'y
Pas davantage, en
le
effet,
prenton
279
plus ngliger Qui Phdre. Le bel Isocrate Socrate, quel message caractriser porteras-tu Comment allons-nous Socrate. Isocrate encore jeune, Phdre: ce que de veux bien pourtant j'augure Phdre. Qu'est-ce donc Socrate. M'est dons de que, en ce qui touche
camarade
Socrate.
toi,
on ne doit non
est-ce ?
lui,
le
est
lui, je
te le dire.
avis
les
a trop de supriorit pour qu'il y ait lieu un parallle avec l'loquence de Lysias, et, en outre, que son temprament moral a plus de noblesse. Aussi ne serait-ce
nature,
il
i. Celles qu'il dira un peu plus bas, db. de e. Cf. p. l\t\, n. 42 . Il rsulterait de ce passage que l'usage spcifique du mot philosophe
est
encore mal
fix,
d'Isocrate Contre les sophistes vise ceux que nous appelons philosophes. Ce nom, il se le rservait lui-mme, et, si Platon le dfinit, c'est
pour en revendiquer
la proprit (cf. Notice p. clxx sqq.). 3. Voil donc, aprs tout ce qui prcde, le prince des rhteurs aussi cher Socrate que Lysias l'est Phdre ! Cf. Notice, p. clxxiii sqq.
95
$AIAPOS
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point du tout merveille qu'avec
le
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l'ge, et
progrs de
il
dans
il
le
genre
mme
d'loquence auquel
prsent
s'emploie,
ne
quiconque s'est jamais attaqu l'loquence, et en outre, si cela ne devait pas lui suffire, qu'il ne ft d'autre part conduit de plus
surpasst, plus
que
si
un plus
mon
homme-l
je
ne
sais
quelle philosophie! Voil donc le message que moi, au des divinits de ces lieux, je porte Isocrate comme
bien-aim. Pour
toi,
Phdre.
bien
la
Entendu
Sur
ce,
en marche, puisqu'aussi
La prire du Sage.
sied-il pas qu'avant de en route on adr esse une prire aux divinits de ces lieux ? Phdre. Bien sr Socrate. mon cher Pan et vous autres, toutes tant vous Divinits tes, d'ici, accordez-moi d'acqurir la que beaut intrieure, et, pour les choses extrieures, faites que toutes celles qui m'appartiennentaient de l'amiti pour celles du dedans Puiss-je aussi me persuader de la richesse du 2 Et puisse tre ma fortune juste de la grandeur qu'il Sage faut, pour que le seul capable de l'emporter et de Yemme,
.
Socrate.
Ne
se mettre
l'bomme temprant! Avons-nous, Phdre, quelque autre demande encore faire? Quant moi, c'est
vrai, j'ai fait
ner 3 , ce soit
Phdre. Associe-moi, moi aussi, amis tout est commun*. En marche Socrate.
mes
tes souhaits
Entre
1. Comme la prire Pan rappelle la prire au Soleil du Banquet 220 d, ceci voque la fameuse comparaison de Socrate avec ces boites qui, sous les dehors d'un Silne, cachaient au dedans l'image d'un dieu (210 ab, 216 c sqq., 219 e sq.).
souvent repris, surtout par les Epicuriens. Les deux temps du pillage ; ou, en supposant un double sens, Dorter sur soi tout son bien, n'tre point en peine de le grer.
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