Recueil de Blagues Mathématiques
Recueil de Blagues Mathématiques
Recueil de Blagues Mathématiques
autres curiosités
Bruno Winckler
Édition 3.1
3
4 TABLE DES MATIÈRES
5 Secrets de profession 61
5.1 Vous êtes peut-être un mathématicien si... . . . . . . . . . . . . . 62
5.2 Le dictionnaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
5.3 Test de pureté mathématique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
5.4 L’amour en mathématiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
5.4.1 La drague... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69
5.4.2 La vie en couple... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71
5.4.3 La séparation... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72
5.5 Philosophie (mathématique) de comptoir . . . . . . . . . . . . . . 73
5.6 Comment faire une preuve . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74
5.7 π contre e : la bagarre ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78
5.7.1 ln(e10 ) raisons de préférer e à π . . . . . . . . . . . . . . . 78
5.7.2 E(π E(π) /E(π)) raisons de préférer π à e . . . . . . . . . . 79
5.8 10 excuses pour ne pas faire ses devoirs de maths . . . . . . . . . 79
6 Mystification numérique 81
8 Paradoxes 93
8.1 Les paradoxes de Zénon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93
8.1.1 Le paradoxe d’Achille et de la tortue . . . . . . . . . . . . 93
8.1.2 Le paradoxe de la pierre lancée sur un arbre . . . . . . . . 94
8.1.3 Le paradoxe de la flèche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95
8.2 Le paradoxe des anniversaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96
8.3 L’interrogation surprise . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97
8.4 La vie sur Ganymède . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99
8.5 2 = 1, ou 1/0 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99
8.6 Le développement décimal de l’unité . . . . . . . . . . . . . . . . 101
8.7 Le paradoxe de Russell . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 102
9 Citations 105
9.1 Celles de mathématiciens . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105
9.2 Celles de non mathématiciens . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 108
10 Bibliographie 113
CELUI QUI LIT CETTE
PHRASE EST UN IDIOT !
Alors voilà, il est temps de partager. Vous avez entre vos mains, ou en
format PDF, la meilleure réponse à fournir à ceux qui se fichent complètement
de savoir que vous faites des mathématiques sous prétexte que c’est un art,
que c’est la clé du monde, la beauté à l’état pur, que la philosophie n’est pas
assez exacte ou que tout le monde a essayé de vous dissuader. Soit ils avoueront
beaucoup en rire, soit ils souriront en se disant : « Ah, que voulez-vous, ils
sont ainsi les mathématiciens ! » Mais ce recueil est également destiné à ceux
qui adorent les mathématiques (évidemment !), à ceux qui n’y comprennent
5
6 TABLE DES MATIÈRES
Les ambitions de cette édition sont les mêmes que celles citées dans la
préface précédente, en espérant être toujours à la hauteur ; parmi les ajouts,
on compte une foultitude de nouvelles blagues, anecdotes et citations réparties
dans une dizaine de chapitres, qui eux-mêmes ont gagné en nombre de sections
au nom d’une structure plus cohérente. Vous noterez la prolifération des
blagues anglophones et germaniques, des confrontations entre mathématiciens,
physiciens et ingénieurs, et la naissance d’un chapitre Secrets de profession qui
élude quelques points de la profession de mathématicien ! Il y en a alors pour
tous les goûts, des bonnes et des sottes ∗ , des classiques et des inédites, des
pudiques et des salaces, des compréhensibles pour l’entendement humain et des
surréalistes... Et surtout, vous avez remarqué la jolie nouvelle page de garde ? ? ?
Que demander de plus ? Ah ! si vous avez quelque chose à demander, n’hésitez
pas à me contacter à l’adresse [email protected]. Du moins, tant que je ne
∗. Tout le monde a bien compris que les blagues nulles sont là pour que le recueil atteigne
un nombre de pages premier, index exclu...
TABLE DES MATIÈRES 7
suis pas une superstar snobinarde et que je reste à l’écoute de toutes les critiques.
Enfin, il paraît que c’est l’usage de remercier les proches, les familles... Je
vais commencer par souligner le rôle grandissant d’Hakan Dut qui commence
doucement à contribuer au travers, par exemple, des fonctions auxquelles il
donne vie dans Reconnaître une fonction qui nous aborde dans la rue, si bien
qu’il finira peut-être par avoir son nom, lui aussi, sur la jolie nouvelle page
de garde. Une petite dédicace également à Francescototos avec lequel on a
passé des cours de maths à essayer de créer de nouvelles blagues – sans succès
– mais t’inquiète, on va y arriver, la devinette sur les Martiens tout verts
marchera avec la bonne topologie ! Puis un grand merci à Tata Flo pour sa
patience infinie (ℵ1 , oui, pauvre tata) lorsqu’il s’agit de corriger toutes mes
énormités dans les traductions de l’anglais au français, à Doudou pour ses
conseils de mise en forme bienvenus, à Marmotte qui ne m’abandonnera jamais
dans la quête de la k-ième lettre de l’alphabet pendant que d’autres cherchent
le corps à un élément, à MisterBulles pour crouler de rire quand je lui parle
de (vraies) maths absconses, à Anstressa pour m’avoir évité de perdre toute
crédibilité dès la première ligne de la préface, à Didine pour son opinion sans
pitié (aucune !) sur mes blagues (j’en ai encore des sueurs), à Jon (prononcer à
l’anglaise) parce qu’il est bon public, à Guigui grâce à qui j’ai pris conscience
que les gens ne riaient pas aux blagues matheuses seulement pour me faire
plaisir, à Euler pour ses maths rock’n’roll, à Guitou pour ne pas m’avoir renié
quand il a découvert mes aspirations d’autiste, à Valérie pour me rappeler
qu’il n’y a pas que les mathématiques dans la vie ; c’est la seule que je n’ai
pas appelée par un pseudonyme, j’espère qu’elle ne m’en voudra pas... Mais
surtout, je suis content d’avoir eu affaire à quelqu’un d’aussi retors que Ben, si
bien que l’idée de le réconcilier avec les mathématiques m’a conduit à faire ce
recueil pour la première fois. Ne t’en fais pas Ben, ton édition est collector ! La
liste est encore longue, beaucoup d’autres mériteraient d’être cités (les cama-
rades de l’ÉNS, la famille, les anciens camarades...), mais il faut savoir s’arrêter.
PS : Pour l’édition 3.1, merci à tous ceux qui ont pris le temps de signaler les
milliards de coquilles du recueil. En particulier, Édouard Thomas (j’ai mis le é
majuscule !) et Hakan Dut méritent mes louanges, le premier pour m’en avoir fait
baver avec son passage au peigne fin des règles typographiques non respectées,
le deuxième parce que je lui en ai fait baver en lui déléguant partiellement la
tâche que le premier m’avait soufflée, héhé. Bonne lecture !
8 TABLE DES MATIÈRES
Chapitre 1
En fait j’ai vu un peu gros avec ce chapitre, puisque je n’ai que trois blagues...
Allez, pour remplir la page, on va leur consacrer une sous-partie entière !
La blonde lui assure alors qu’elle a compris, mais pour en avoir la certitude, le
professeur lui demande de calculer une autre limite du même acabit. Voici le
résultat qu’elle propose... :
1
lim = +ω.
x→3+ x−3
Z
Une variante demande à la blonde d’étudier limn→0+ n, après avoir eu en
exemple limn→0+ n8 .
9
10 CHAPITRE 1. HUMOUR SUR LES SYMBOLES
Ceci donne :
Z Z
x 1/n d d d
(e ) = f (u) ⇔ ex = f (u)n ⇒ x
e = f (u)n .
dx dx dx
On conclut : Z
ex = f (u)n .
(x − a)(x − b) · · · (x − z) ?
1.5 Superthéorèmes
Voici une liste de théorèmes qui serviront dans la vie de tous les jours ! Merci
les maths. ∗
∗. Certains remarqueront que certains des théorèmes n’ont rien à voir avec l’humour sur
les symboles, mais je vous rappelle qu’ici c’est moi le chef, que même si « les maths c’est
l’ordre » je peux me permettre une mise en forme anarchique !
1.5. SUPERTHÉORÈMES 11
cheval
= π.
oiseau
Alors, comme il n’y a aucune mesure entre le cheval et l’oiseau, π est incommen-
surable, ou comme on le dit plus familièrement dans le jargon mathématique, il
est irrationnel... Dingue ! Continuons.
T emps = Argent.
F illes = (Argent)2 .
Maintenant, je m’adresse aux filles dont le petit copain a sorti cette blague
vaseuse, vous pourrez leur dire : M oi = Geniale, T oi = −Genial, donc :
M oi + T oi = 0, et en corollaire : M oi − T oi = Doublement Genial (les maths
ne mentent jamais). Il y a même plus rigoureux, en restant dans le cadre
√ de la
démonstration.
√ Il suffit de se rappeler que le Mal est négatif, donc leM al =
i −leM al. On en arrive à F illes = −leM al, et −leM al = leBien. Je pense
qu’il comprendra qu’on ne plaisante pas avec vous...
V ert
Théorème 3 Kroumir = Cassoulet.
12 CHAPITRE 1. HUMOUR SUR LES SYMBOLES
V et
PREUVE : En effet, en simplifiant par r, en obtient Kroumi . D’où, comme v
V et et et et
n’est rien : Kroumi = kroumi . Qui dit umi dit t, alors : kroumi = krot . On
et e
simplifie par t. De plus, le ro se biffe, donc finalement : krot = k . Or k sous l’é
donne bien cassoulet...
travail
argent = .
connaissance
Ainsi, quand la connaissance tend vers zéro, l’argent tend vers l’infini, quel que
soit le travail effectué. Belle leçon de société pour nos enfants !
13
14 CHAPITRE 2. HUMOUR SUR LE JARGON
2.2 En vrac
1. Qu’est-ce qui est jaune, normé et complet ? Un espace de Bananach.
2. Qu’est-ce qui est jaune, normé, complet et meilleur avec de la chantilly ?
Un Bananach Split.
3. Qu’est-ce qui fait Coin-Coin ? Un canard. Qu’est-ce qui fait Boin-Boin ?
Un Banach. ∗
4. Deux suites de Cauchy ont envie de s’amuser, et elles décident d’aller à
une soirée no-limit. Mais à l’entrée, le videur les empêche de passer :
« C’est complet ! »
5. Il ne faut jamais traiter quelqu’un de compact, c’est une insulte. Parce
qu’un compact est un fermé borné !
∗. C’est la meilleure de toutes !
2.2. EN VRAC 15
etc.
32. Pourquoi, pour les Romains, l’algèbre n’était-t-elle pas vraiment intéres-
sante ?
Réponse : Parce que X était toujours égal à 10.
33. Pourquoi ne faut-il jamais raconter de secret à un corps ?
Réponse : Parce qu’il ne tait rien.
34. Quelle est la différence entre un diamètre et un rayon ?
Réponse : Un rayon.
35. Pourquoi les vampires n’aiment que les nombres algébriques ?
Réponse : Parce qu’ils disent que « 1 × π × e ça transcende » (un pieu ça
te rend cendres).
36. Qu’est-ce qu’un dilemme ?
Réponse : Un lemme qui prouve deux résultats.
37. Comment on fait pour savoir si une porcherie est complète ?
Réponse : On prend une suite de cochons...
38. Deux éléphants dont un impuissant (bah oui ça arrive aussi chez les élé-
phants !) sont au bord de l’eau avec un jeune éléphanteau. Question : Qui
est le père de l’éléphanteau ?
Réponse : L’impuissant, car l’heureux père barrit sans trique.
39. Qu’est-ce qui est gris, énorme et a des coefficients entiers ?
Réponse : Une équation éléphantienne.
40. Pourquoi les mathématiciens ont-ils autant de difficultés pour les femmes
que pour les barycentres ?
Réponse : Parce qu’ils sont sans cesse à la recherche du point G.
18 CHAPITRE 2. HUMOUR SUR LE JARGON
2.3 Et en anglais !
1. What’s purple and commutes ? An Abelian grape.
2. What’s yellow and equivalent to the Axiom of Choice ? Zorn’s Lemon.
2.3. ET EN ANGLAIS ! 19
28. Some statisticians don’t drink because they are t − test totalers.
29. What is the first derivative of a cow ? Prime Rib !
30. Trigonometry for farmers : swine and coswine...
31. Underwater ship builders are concerned with sub-optimization.
32. Two math students, a boy and his girlfriend, are going to a fair. They are
in line to ride the ferris wheel when it shuts down. The boy says : “It’s a
sin for those people to keep us waiting like this !”
The girl replies : “No – it’s a cosin, silly ! ! !”
33. Why do you rarely find mathematicians spending time at the beach ?
Because they have sine and cosine to get a tan and don’t need the sun !
34. But there is an exception : a geometer went to the beach to catch the rays
and became a tan gent.
35. You know what seems odd to me ? Numbers that aren’t divisible by two.
36. Who created the addition ? Adam (Add ’em !).
37. How do you make seven an even number ? Remove the “s” !
38. Why was six afraid of seven ? Because seven ate nine !
39. What is 2k + k ? 3 000.
40. How can you tell that Harvard was planned by a mathematician ? The div
school is right next to the grad school...
41. What is the value of the contour integral around Western Europe ? Zero.
Because all poles are in Eastern Europe, except a removable amount of
them !
42. How do you call the largest accumulation point of poles ? Warsaw !
43. Did you hear about the murderous mathematician ? He went on a killing
spree with a pair of axis !
44. This is how I remember X and Y axes : X goes to the sky and Y tries to
fly !
45. Graphing rational functions is a pain in the asymptote.
46. A retired mathematician took up gardening, and is now growing carrots
with square roots.
47. “What’s your favorite thing about mathematics ?”
“Knot theory.”
“Yeah, me neither.”
48. What do you get if you cross an elephant with a mountain climber ? You
can’t do that. A mountain climber is a scalar.
49. 2 is the oddest prime.
50. Without geometry, life is pointless.
51. My geometry teacher was sometimes acute, and sometimes obtuse, but
always, he was right.
2.3. ET EN ANGLAIS ! 21
52. Two matrices meet. The first one suggests : “Let us go into the woods and
do A−1 .”
The other one answers : “Gee ! You are really inverse !”
53. How do you prove in three steps that a sheet of paper is a lazy dog ?
– A sheet of paper is an ink-lined plane.
– An inclined plane is a slope up.
– A slow pup is a lazy dog.
54. If General Calculus actually did exist, he probably knew how to integrate
his troops together and differentiate between his enemies and his allies.
55. A little girl had a parrot named Polly. The parrot died. A mathematician
asked the girl, “How did the parrot die ?”
The girl replied, “Polly no meal, Polly gone.” The mathematician was puzz-
led in his mind thinking : “Polynomial Polygon... Polynomial Polygon...
Polynomial Polygon...”
56. God is real, unless proclaimed integer.
57. A Neanderthal child rode to school with a boy from Hamilton. When his
mother found out she said, “What did I tell you ? If you commute with a
Hamiltonian you’ll never evolve !”
58. Mathematicians have announced the existence of a new whole number
which lies between 27 and 28. “We don’t know why it’s there or what
it does”, says Cambridge mathematician, Dr. Hilliard Haliard, “We only
know that it doesn’t behave properly when put into equations, and that
it is divisible by six, though only once.”
59. A mathematician wandered home at 3 AM. His wife became very upset,
telling him, “You’re late ! You said you’d be home by 11 :45 !”
The mathematician replied, “I’m right on time. I said I’d be home by a
quarter of twelve.”
60. A math professor just accepted a new position at a university in another
city and has to move. He and his wife pack all their belongings into card-
board boxes and have them shipped off to their new home. To sort out
some family matters, the wife stays behind for a few more days while her
husband has already left for their new residence. The boxes arrive when
the wife still hasn’t rejoined her husband. When they talk on the phone
in the evening, she asks him to count the boxes, just to make sure the
movers didn’t loose any of them.
“Thirty nine boxes altogether”, says the prof on the phone.
“That can’t be”, the wife exclaims. “The movers picked up forty boxes at
our old place.”
The prof counts once again, but again his count only reaches 39. The next
morning, the wife calls the moving company and complains. The company
promises to check ; a few hours later, someone calls back and reports that
all forty boxes did arrive. In the evening, when the prof and his wife are
on the phone again, she asks :
“I don’t understand it. When you count, you get 39, and when they do,
22 CHAPITRE 2. HUMOUR SUR LE JARGON
When the hour of the battle came, the three kingdoms sent their squires
out to fight (this was too trivial a matter for the knights to join in).
The battle raged, and when the dust had cleared, the only person left was
the lone squire from the third kingdom, having defeated the squires from
the other two kingdoms, thus proving that the squire of the high pot and
noose is equal to the sum of the squires of the other two sides.
69. There was an Indian Chief, and he had three squaws, and kept them in
three teepees. When he would come home late from hunting, he would not
know which teepee contained which squaw, being dark and all. He went
hunting one day, and killed a hippopotamus, a bear, and a buffalo. He
put then a hide from each animal into a different teepee, so that when he
came home late, he could feel inside the teepee and he would know which
squaw was inside. Well after about a year, all three squaws had children.
The squaw on the bear had a baby boy, the squaw on the buffalo hide had
a baby girl. But the squaw on the hippopotamus had a girl and a boy. So
what is the moral of the story ?
The squaw on the hippopotamus is equal to the sum of the squaws on the
other two hides.
70. The Royal Chain Mail Factory had received a large order for battle uni-
forms. Each uniform consisted of a toga and a pair of short pants. Their
only problem was how long to make the pants, too short and a soldier
could be exposed, too long and a uniform would be excessively heavy. So
they called in a mathematician. He had a uniform made and tested.
The hem on the pants proved to be too short, so he increased it a little
bit, then a little more, and then a little bit more, and so on until finally
he was able to derive an exact trousers-length depending on the leg-length
of the soldier. The chief tailor was curious.
“How did you determine this ratio ?” he asked.
“Easy,” said the mathematician. “I just used the Wire-trousers Hem Test
of Uniform Convergence.”
71. There was once a very smart horse. Anything that was shown it, it mas-
tered easily, until one day, its teachers tried to teach it about rectangular
coordinates and it couldn’t understand them. All the horse’s acquaintances
and friends tried to figure out what was the matter and couldn’t. Then a
new guy looked at the problem and said, “Of course he can’t do it. Why,
you’re putting Descartes before the horse !”
72. “Divide fourteen sugar cubes into three cups of coffee so that each cup has
an odd number of sugar cubes in it.”
“That’s easy : one, one, and twelve.”
“But twelve isn’t odd !”
“It’s an odd number of cubes to put in a cup of coffee...”
73. Théorème 12 Every horse has an infinite number of legs.
PROOF : Horses have an even number of legs. Behind they have two legs
and in front they have fore legs. This makes six legs, which is certainly an
2.4. MÊME EN ALLEMAND ? ? ? 25
odd number of legs for a horse. But the only number that is both odd and
even is infinity. Therefore horses have an infinite number of legs.
74. A math student is pestered by a classmate who wants to copy his home-
work assignment. The student hesitates, not only because he thinks it’s
wrong, but also because he doesn’t want to be sanctioned for aiding and
abetting. His classmate calms him down : “Nobody will be able to trace
my homework to you : I’ll be changing the names of all the constants and
variables : a to b, x to y, and so on.”
Not quite convinced, but eager to be left alone, the student hands his
completed assignment to the classmate for copying.
After the deadline, the student asks : “Did you really change the names
of all the variables ?”
“Sure !” the classmate replies. “When you called a function f , I called it
g ; when you called a variable x, I renamed it to y ; and when you were
writing about the log of x + 1, I called it the timber of y + 1...”
27
28 CHAPITRE 3. HUMOUR SUR LES DIFFÉRENTS MATHÉMATICIENS
plus hype de connaître les Leonhard Euler Facts ! Je vous en présente quelques-
uns qui circulent sur le groupe de fans d’Euler « We fully acknowledge the True
Ultimate Ass-Kicking Power of Leonhard Euler » sur facebook (ici traduits) :
– Euler peut démontrer le Dernier Théorème de Fermat dans la marge.
– Euler peut écrire toutes les décimales de e. Et π. En même temps. Il peut
aussi écrire toutes les décimales de i, ça lui prend juste un peu plus de
temps.
– Euler a traversé tous les ponts de Königsberg sans passer deux fois par le
même.
– Euler a appris à Chuck Norris à diviser par zéro. Euler lui a aussi appris
le roundhouse kick.
– Le ruban de Möbius d’Euler a trois côtés.
– Euler n’a pas calculé la parallaxe du Soleil ; il a dit au Soleil quelle paral-
laxe avoir et le Soleil s’y conforma.
– Euler ne démontre pas de théorèmes. Il décide qu’ils sont vrais.
– Euler démontra l’Hypothèse du continu... Puis il en donna un contre-
exemple. Il ne l’a pas publié parce que c’était « trop facile ».
– Euler se disputa un jour avec un collègue, et il montra que la supposition
de l’existence de son collègue menait à une contradiction. Son collègue
disparut sans laisser de trace.
– Euler peut décomposer n’importe quel objet en morceaux non mesurables
et les réassembler en deux copies de l’objet original, avec ses propres mains.
– Euler peut « trisecter » les angles en un coup de poing sur le vertex.
– Euler peut quarrer le cercle et cercler le carré en même temps avec une
main derrière le dos.
– Euler a tué Évariste Galois lors d’un duel. Le 31 Mai 1782, (avant même
que Galois ne soit né) Euler tira une balle en l’air qui retomba exactement
50 ans plus tard, tuant Galois.
– Euler a factorisé RSA2048. Deux fois.
– Vous vous êtes déjà demandé pourquoi, en dérivant exp, la fonction reste
la même ? Parce qu’elle a vu ce qu’Euler a fait aux équations gouvernant
la dynamique des fluides et décida de rester tranquille.
– Euler n’a pas besoin « d’imaginer » la racine carrée de nombres négatifs.
– Il n’y a pas d’axiome du choix ; il y a seulement ce qu’Euler vous autorise
à choisir.
3.7 En vrac
1. Il y a 10 types de mathématiciens : ceux qui comprennent le binaire et
ceux qui n’y comprennent rien.
2. Il y a 10 types de mathématiciens : ceux qui comprennent le binaire, ceux
qui n’y comprennent rien, et ceux qui comprennent le code Gray.
3. Il y a trois sortes de mathématiciens : ceux qui savent compter et ceux qui
ne savent pas.
34 CHAPITRE 3. HUMOUR SUR LES DIFFÉRENTS MATHÉMATICIENS
17. Un statisticien peut avoir sa tête dans un four et ses pieds dans de la glace,
tout en continuant d’affirmer qu’en gros il se sent bien.
18. Un couple de statisticiens a la malchance d’être séparé à un jour d’in-
tervalle l’un de l’autre. Ils avaient toujours envisagé d’être enterrés côte
à côte. Malheureusement, les pompes funèbres les ont mêlés à un autre
couple qui avait un souhait post-mortem similaire. On connait mainte-
nant ceci comme le premier cas de confusions dans un plan à parcelles
subdivisions (ou split-plot).
19. La statistique la plus importante pour les fabricants de voitures est l’au-
tocorrélation.
20. « Les statistiques ne sont-elles pas merveilleuses ?
– Pourquoi ?
– Si on se fie aux statistiques, il y a 42 millions d’œufs d’alligators pondus
chaque année. Seulement la moitié éclot. De ces œufs éclos, trois quarts
des nouveaux-nés finissent mangés par des prédateurs dans les trente-six
premiers jours. Parmi ceux restant, seulement 5% subsiste jusqu’à ses
un an au moins, pour une raison ou une autre.
– Qu’est-ce qui est si merveilleux là-dedans ?
– S’il n’y avait pas de statisticiens, on se ferait dessus, avec tous ces alli-
gators partout ! »
21. Une entreprise a besoin d’engager des mathématiciens pour établir des
statistiques. Trois jeunes diplômés sont invités pour une interview : l’un
d’eux a un master en mathématiques pures, un autre en mathématiques
appliquées, et le troisième vient d’obtenir sa licence en statistiques. On
pose la même question aux trois : « Combien font un tiers plus deux
tiers ? »
Le mathématicien pur : « C’est égal à un. »
Le mathématicien appliqué sort une calculatrice de poche, entre les
nombres, et répond : « C’est égal à 0,999999999. »
Le statisticien : « Vous voulez que ce soit égal à quoi ? »
22. Deux amis statisticiens prennent du bon temps dans un bar. Dehors, un
terrible orage se prépare. Malgré tout, un des deux mecs décide qu’il est
temps de partir : ayant beaucoup bu, il vaut mieux rentrer. « Tu n’as pas
peur d’être frappé par la foudre ? lui demande son ami.
– Pas du tout. Les statistiques montrent que, dans cette région, une per-
sonne par an est frappée par la foudre, et cette personne était à l’hôpital
il y a trois semaines. »
23. L’entreprise Lipton est à la pointe des statistiques, surtout concernant les
tests T.
24. Les statistiques, c’est comme les mini-jupes : ça montre beaucoup de
choses, mais ça cache l’essentiel !
25. Saviez-vous que 87,166253% des statisticiens revendiquent une précision
dans leurs résultats non justifiée par la méthode employée ?
26. « D’après les statistiques, la plupart des gens sont anormaux !
3.7. EN VRAC 37
– En quoi ?
– D’après les statistiques, une personne normale a un sein et un testicule...
Et un nombre de jambes strictement inférieur à deux ! »
27. Un mathématicien américain retourne dans son pays après une conférence
à Moscou en analyse réelle et complexe. Le douanier, à l’aéroport, jette
un coup d’œil à sa carte de débarquement et dit :
« Alors, votre voyage en Russie était un voyage d’affaires. Quelles sortes
d’affaires ?
– Je suis professeur de mathématiques.
– Et vous faites quel genre de mathématiques ?
Le professeur médite pendant une fraction de seconde, essayant de trouver
quelque chose qui semble suffisamment spécifique sans pour autant éveiller
des soupçons chez le douanier, et répond : « Je suis un analyste. »
Le douanier hoche la tête d’un air d’approbatif : « Je trouve ça super,
que des gens comme vous aillent en Russie pour aider ces pauvres ex-
communistes à remettre leur marché boursier sur pied... »
28. Une firme d’affaires engage des mathématiciens. Après quelques entretiens,
on demande à trois jeunes diplômés pleins d’espoir – un mathématicien
pur, un mathématicien appliqué et un mathématicien en finances – quel
salaire ils attendent.
Le mathématicien pur : « Est-ce que 30 000 $ serait abusif ? »
Le mathématicien appliqué : « Je pense que 60 000 $ devrait aller. »
Le mathématicien en finances : « Pourquoi pas 300 000 $ ? »
L’employeur est sidéré : « Vous savez qu’un mathématicien pur est prêt à
faire le même travail que vous pour dix pourcent de ce que vous deman-
dez ? !
– Eh bien, je pensais à 135 000 $ pour moi, 135 000 $ pour vous, et 30 000 $
pour le mathématicien pur qui ferait le travail. »
29. Une conversation dans un bar : « Logicien ? En quoi ça consiste ?
– Ok, je vais vous l’expliquer sur un exemple : avez-vous un aquarium ?
– Oui...
– Donc vous avez certainement des poissons dedans.
– Oui...
– Et comme vous avez un aquarium avec des poissons dedans, vous aimez
certainement les animaux.
– Oui...
– Et comme vous aimez les animaux, vous aimez certainement les enfants.
– Ouais...
– Et comme vous aimez les enfants, vous en avez certainement.
– Ouais...
– Et comme vous avez des enfants, vous avez certainement une femme.
– Ouais...
– Et comme vous avez une femme, vous aimez certainement les femmes.
– Yeah...
– Et comme vous aimez les femmes, vous n’aimez pas les hommes !
38 CHAPITRE 3. HUMOUR SUR LES DIFFÉRENTS MATHÉMATICIENS
– Bien sûr !
– Et comme vous n’aimez pas les hommes, vous n’êtes pas gay !
– Exactement !
Le logicien s’en va, et un ami de son « étudiant érudit » arrive. « Imagine :
je viens tout juste de rencontrer un logicien !
– Un quoi ?
– Un logicien. Je vais te l’expliquer sur un exemple : tu as un aquarium ?
– Non...
– Pédale ! »
30. Alors que le fils du logicien refuse encore une fois de manger sa soupe lors
du diner, son père le menace : « Si tu ne manges pas ta soupe, tu n’auras
pas de dessert ! »
Le fils, effrayé à l’idée de ne pas avoir de dessert, finit sa soupe en deux
temps trois mouvements. Puis son père l’envoie au lit.
31. Un jeune homme tranquille est amené devant un juge. Le juge regarde
d’abord l’homme, puis son dossier, puis le fixe à nouveau, d’un air étonné.
« Pouvez-vous me dire ce qu’il s’est passé, avec vos propres mots ?
demande-t-il à l’homme.
– Je suis un mathématicien logicien, constamment en lutte avec la vraie
nature d’une preuve.
– D’accord, continuez, dit le juge, stupéfait.
– D’abord, j’étais à la bibliothèque et j’ai trouvé les livres que je cher-
chais, pour finalement les emprunter. Ils m’ont alors dit que ma carte
de bibliothèque avait expiré, et que je devais en obtenir une nouvelle.
C’est pourquoi je suis allé au service d’inscription, et je me suis mis
dans une queue. Et ai rempli les papiers pour avoir une nouvelle carte.
Et suis revenu dans la queue pour avoir ma carte.
– Et ? dit le juge.
– Il me demanda alors : “Pouvez-vous prouver que vous êtes de New
York ?”... Je l’ai donc poignardé. »
32. Que choisirait un logicien entre la moitié d’un œuf et une bénédiction
éternelle dans la vie après la mort ? La moitié d’un œuf bien sûr. Car
rien est mieux que la bénédiction éternelle dans la vie après la mort, et la
moitié d’un œuf est mieux que rien.
33. C’est l’histoire d’un logicien qui voit une pancarte sur le chemin de l’étang
où il va pêcher : « Tous les vers que vous voulez pour 1.00 $. » Il arrête sa
voiture et demande des vers pour 2.00 $.
34. Quel est le comble d’un arithméticien ? Se faire piquer sa moitié par un
tiers dans un car.
35. Si un algébriste tombe malade, est-ce faute d’anticorps ?
36. À quoi reconnait-on un algébriste le jour de son mariage ? C’est le seul qui
cherche à injecter l’anneau dans le corps de la mariée...
37. Que répond une logicienne venant d’accoucher à qui l’on demande « Avez-
vous eu un garçon ou une fille ? » ? « Oui. »
3.7. EN VRAC 39
41
42 CHAPITRE 4. AUTRES BLAGUES GROTESQUES
§. L’hypothèse du continu est une interrogation ; il s’agit de se demander si, oui ou non, il
existe d’autres infinis entre celui des entiers et celui des réels. Sous l’axiomatique classique, il
est impossible de prouver ou réfuter ceci.
4.1. C’EST UN MATHÉMATICIEN, UN PHYSICIEN ET... 45
∗. Et quand on ne prend pas le matheux pour un con : 3 est premier, 5 est premier, 7 est
premier, 9 n’est pas premier ; ah, donc ça ne marche pas. Autre variante : 3, 5, 7, pas 9, mais
11, 13, 17, 19 sont premiers, donc pour tout n impair différent de 9, n est premier.
†. Ou bien : « Bon, en première approximation, ça marche »
50 CHAPITRE 4. AUTRES BLAGUES GROTESQUES
4.3 Contrepèteries
1. La prof de maths aimerait que l’on s’intéresse aux cubes de son cours.
2. Je m’épuise car Thalès est toujours à faire.
3. Quel beau métier professeur !
4. Mon prof de maths a montré Bézout.
5. Les meilleures étudiantes préféraient qu’on leur change les maths.
6. Elles réclament des chambres pour leurs maths.
7. Les jeunes filles trottent dans les facs, et trouvent les maths débiles.
8. Aucun homme n’est jamais assez fort pour ce calcul...
4.4 Charades
4.4.1 Charades derechef
Pour laisser un temps de réflexion, les réponses sont dans la section suivante.
‡. Variante : « Humm... Attendez une minute, je crois que j’ai un algorithme de Knuth
qui trouve les nombres premiers... Encore un petit instant, j’ai trouvé le dernier bug... Non,
ce n’est pas ça... Ah ! Je pense qu’il doit y avoir un bug du compilateur ici, Hmm... Erreur
IEEE-998.0334... Attendez, Hmm... Oui... »
§. Variante : C’est quoi un nombre premier ?
4.5. EN VRAC 51
Charade 1 Mon premier est un rongeur à queue plate qui ne peut pas s’as-
seoir.
Mon second est un rongeur à queue plate qui ne peut pas s’asseoir.
Mon troisième est un rongeur à queue plate qui ne peut pas s’asseoir.
Mon tout est le rapport de la circonférence au diamètre. Quel est mon tout ?
Charade 2 Le premier est « Les » (j’espère que personne n’est allé chercher
parmi les déterminants en mathématiques), le second est « Sally », le troisième
est « et », le quatrième est « id (l’identité) et bar (la conjugaison) », et le
cinquième est « ker ». Le tout est donc « Les alliés y débarquèrent ».
Pour les habitués : le quatrième se trouve en remarquant que, de manière
générale, si f est un automorphisme de C tel que f (R) ⊂ R, l’ensemble des x
tels que f (x) = x est un sous-corps de C, donc contient Q et f est l’identité sur
√ 2 √
Q. De plus, f (y) − f (x) = f ( y − x ) = f ( y − x)2 > 0 pour y > x donc f
est strictement croissante sur R. En utilisant la densité de Q dans R, on montre
alors sans peine par encadrement et théorème des gendarmes que f est l’identité
sur R. Enfin, f (z) = f (x) + f (i)f (y) = x + f (i)y, donc f dépend entièrement
de f (i). f (i2 ) = f (i)2 = f (−1) = −1, donc f (i) = i ou f (i) = −i, ce qui donne
f = idC ou f (z) = z (réciproque immédiate).
4.5 En vrac
1. Lors d’un entretien d’embauche, un chef d’entreprise reçoit quatre ingé-
nieurs : un ayant fait l’École polytechnique, le second HEC, le troisième
informaticien, et le dernier sortant de l’université. Celui-ci explique aux
quatre candidats qu’en définitive, pour faire marcher une entreprise, il
suffit de savoir compter. Il s’adresse donc au premier d’entre eux, le poly-
technicien, et lui dit : « Allez-y, comptez. »
52 CHAPITRE 4. AUTRES BLAGUES GROTESQUES
‡. Renseignez-vous, à cet effet, sur l’histoire vraie mêlant Hardy, Dieu et l’hypothèse de
Riemann. On la trouve dans toute biographie, ou sur Wikipedia. Elle est d’autant plus amu-
sante qu’elle est vraie !
58 CHAPITRE 4. AUTRES BLAGUES GROTESQUES
Secrets de profession
61
62 CHAPITRE 5. SECRETS DE PROFESSION
∗. Il s’agit « syzygy », ou « syzygie » en français. C’est une situation où trois objets sont
alignés.
64 CHAPITRE 5. SECRETS DE PROFESSION
Z n -graded modules,
– Vous connaissez la différence entre vrai et démontrable,
– Savoir comment les gens prononcent « Euler » a de l’importance pour
vous,
– Vous pensez que Zénon était un fouteur de m...,
– Vous savez ce qu’est un nombre d’Erdős,
– Vous avez un nombre d’Erdős (fini),
– Vous écrivez des emails en LATEX,
– Vous prouvez votre innocence lors d’un interrogatoire en commençant par
« Supposez en effet que je sois coupable... », point à partir du quel vous
êtes arrêté,
– Votre célébrité repose sur les questions que vous posez et dont vous n’avez
pas les réponses,
– Quand le docteur vous annonce que votre grande tante vient tout juste de
s’éteindre, vous contestez son manque de rigueur,
– Quand vous faites une conférence dans une salle avec fenêtres, les gens à
l’extérieur font tout le temps des allers et retours,
– On vous demande systématiquement de couper les gâteaux, et vous savez
que vous ne ferez pas mieux, car cos(2π/9) n’est pas constructible,
– Mélanger un jeu de cartes vous fait penser au groupe symétrique Sn ,
– Vous répondez toujours « C’est difficile à expliquer » quand on vous de-
mande ce que vous faites dans la vie,
– Ascoli vous évoque plus l’équicontinuité que le foot italien,
– Vous savez que 1+1 ne fait pas toujours 2,
– Vous avez calculé plusieurs façons (en ignorant les réflexions) de lacer vos
chaussures,
– Vous savez pourquoi le ruban adhésif s’arrache toujours dans un angle...
En utilisant la formule des angles.
– Vous célébrez l’anniversaire d’Erdős avec du benzedrine suivi d’un double
expresso,
– Le chômage est pour vous une opportunité rêvée pour progresser dans
votre travail,
– La caféine fait partie intégrante de votre alimentation,
– Vous utilisez le mot « trivial » quotidiennement,
– Votre correspondance a des notes de bas de page et une bibliographie,
– Vous êtes surpris quand vous tombez parfois sur une page web non ma-
thématique,
– Quand vous lisez quelque chose au sujet d’Hillary Clinton qui dit que sa
fausse déclaration était un « accident mineur » au milieu des « millions de
mots » qu’elle prononce tous les jours, vous vous rendez compte que vous
ne comprenez pas l’humour du propos, puisque tout le monde sait bien
que même sous l’hypothèse d’un mot par seconde, un million de secondes
égalent un peu plus de onze jours et demi,
– Vous grimacez chaque fois que vous lisez ou entendez quelqu’un dire « et
réciproquement » incorrectement,
– Vous relisez les manuscrits à contenu (pseudo-)mathématique que ploucs
5.2. LE DICTIONNAIRE 65
5.2 Le dictionnaire
Le dictionnaire, ou comment savoir ce que les professeurs disent constam-
ment, et savoir ce qu’ils entendent par là. Tout ce qui suit est en supposant
qu’on n’est pas dans la situation critique où le professeur veut dire A, écrit B,
prononce C alors qu’il fallait dire D. Certaines des définitions sont tirées d’une
source qui les tire de [NUT].
On peut prouver que : Ça pourrait prendre pas plus d’une année, mais pas
moins de quatre heures ; il en découlerait cinq piles de brouillon, cent crayons,
ou cent mines de critérium. Si vous n’êtes pas encore doctorant, n’essayez même
pas de le démontrer, ce serait impossible. L’enseignant, ou le conférencier, pense
que la proposition est vraie, mais ne sait pas du tout comment le prouver.
On sait que : J’ai cru entendre que quelqu’un l’a démontré, un jour.
Preuve de deux lignes : Je passe tout sous silence sauf la conclusion, vous
ne pouvez pas questionner la preuve si vous ne pouvez pas la voir !
Trivial : Si je dois le montrer, vous n’êtes pas à votre place ici. Mais en vérité,
c’est seulement évident pour l’enseignant qui a déjà fait le cours cent fois, ou à
un doctorant spécialisé dans le domaine.
5.4.1 La drague...
Je m’adresse à présent aux trois ou quatre personnes qui ont jeté un coup
d’œil à ce recueil parce que dans « curiosités » ils entendaient « techniques
de drague mathématique », car oui, je suis sûr qu’il y en a... Oui... Bon,
d’accord, j’essaye de vendre mon truc piteusement. Mais puisqu’il faut bien
savoir vendre son beefsteak, une preuve par une anecdote qu’on ne drague
pas un mathématicien « juste comme ça », on a besoin de stratégies d’approche :
Je vous l’avais dit, que les méthodes classiques ne fonctionnaient pas. Pour
certains, la situation est même dramatique :
Quoi qu’il en soit, je présente quelques pick up lines comme on dit, des
phrases qui permettent de charmer sur le coup, ou de sauver une situation
désespérée. Ne négligez pas cette partie, la drague mathématique peut marcher
(c’est du vécu) !
1. Voulez-vous Cauchy avec moi ?
2. Et si on engendrait un groupe libre ?
3. Ta beauté défie l’analyse réelle et complexe.
4. J’aimerais être une dérivée, pour être tangent à tes courbes.
∗. Ce qui à notre époque est le cas, et on appelle cette nouvelle application M ariage.
70 CHAPITRE 5. SECRETS DE PROFESSION
Pour aller plus loin, vous pouvez même vous lancer dans la poésie ou la
musique ; on retiendra cette très charmante performance du Klein Four Group
(en anglais), ci-dessous ! Leur musique s’intitule Finite Simple Group (of Order
Two), et on peut les voir à l’œuvre au lien suivant :
http://www.youtube.com/watch?v=UTby_e4-Rhg.
5.4.3 La séparation...
1. « Ce n’était pas hier, ton premier anniversaire de mariage ? Qu’est-ce que
ça fait d’avoir été marié à une mathématicienne pendant toute une année ?
– Elle vient tout juste de remplir les papiers de divorce...
– Je ne peux pas le croire ! Vous avez oublié votre jour de mariage ?
– Non. En fait, alors que je rentrais chez moi, je me suis arrêté devant
un fleuriste, et ai acheté un bouquet de roses rouges pour ma femme.
Quand je suis arrivé à la maison, je lui ai donné le bouquet et ai dit :
je t’aime.
– D’accord... Et après ? !
– Eh bien, elle a pris les roses, m’a frappé avec sur le visage, donné un
coup de pied à l’aine, puis m’a jeté de l’appartement...
– Quelle garce !
– Non, non... Tout est de ma faute... J’aurais dû dire : je t’aime, toi et
seulement toi ! »
2. « Alors, quoi de neuf avec ton copain, cet étudiant en mathématiques ?
– Ne me parle plus de ce pervers fou furieux ! On a rompu.
5.5. PHILOSOPHIE (MATHÉMATIQUE) DE COMPTOIR 73
Preuve par généralisation « Ça marche pour 17, donc ça marche pour tout
nombre réel. »
Preuve par omission « Les deux cent cinquante-trois autres cas sont ana-
logues », « Le lecteur règlera facilement les détails. »
Preuve par citation souhaitée L’auteur cite pour fonder ses assertions la
négation, la réciproque ou la généralisation d’un théorème de la littérature.
Preuve par démocratie « Que ceux qui sont pour lèvent la main. » À utiliser
seulement si la preuve par consensus est impossible.
76 CHAPITRE 5. SECRETS DE PROFESSION
Preuve par référence fantôme Rien n’ayant un rapport même lointain avec
le théorème cité n’apparaît dans la référence donnée. Se combine très bien avec
la preuve par référence inaccessible.
Preuve par référence perdue « Je sais que j’ai vu la preuve quelque part,
mais où ? »
Preuve par entêtement « Quoi que vous puissiez dire, ce résultat est vrai. »
Preuve par probabilité « Une recherche longue et minutieuse n’a mis à jour
aucun contre-exemple. »
5.6. COMMENT FAIRE UNE PREUVE 77
Preuve par tautologie « Le théorème est vrai car le théorème est vrai. »
Preuve par dessin Une forme plus convaincante de la preuve par l’exemple.
Se combine bien avec la preuve par omission.
Preuve par choix de variable intelligent « Soit A le nombre tel que cette
preuve marche... »
Preuve par graphe adapté N’importe quelle courbe peut montrer le résultat
désiré après transformation convenable des variables et de l’échelle des axes.
Preuve très commune dans le travail expérimental.
Preuve par craie invisible « Il n’y a maintenant plus qu’à intégrer sur le
contour en bleu foncé. »
Preuve par assertion véhémente Il est utile d’avoir un peu d’autorité sur
l’audience ; cette preuve est donc particulièrement efficace dans le cadre d’un
cours.
78 CHAPITRE 5. SECRETS DE PROFESSION
Preuve par répétition alias preuve de Bellman : « Ce que je dis trois fois
est vrai. »
Preuve par brassage d’air Agiter vigoureusement les bras fonctionnera très
bien dans le cadre d’un cours, d’un séminaire ou d’un atelier.
8. J’ai pris le temps de casser la croûte avec un beignet et une tasse de café,
et j’ai passé le reste de la nuit à savoir lequel plonger dans l’autre.
9. J’aurais juré avoir mis mon devoir dans une bouteille de Klein, mais ce
matin je ne pouvais pas la trouver.
10. Anniversaire d’Isaac Newton.
Chapitre 6
Mystification numérique
81
82 CHAPITRE 6. MYSTIFICATION NUMÉRIQUE
1 3
+ 1 3
+ 1 3
+ 1 3
+ 1 3
+ 1 3
+ 1 3
2 8
Pour plus de sûreté, il décide de vérifier directement en faisant la multiplication,
1 3
× 7
et il la pose, en disant « Sept fois trois : 21. Sept fois un : 7. 2 1
7
2 8
Ça fait bien 28 (et la preuve par neuf marche, bien sûr !). » Il s’empresse alors
de remplir le premier wagon avec 13 chevaux, puis le deuxième. Il ne reste alors
que 2 chevaux pour le reste des wagons. Il y avait bien une erreur quelque part !
Heureusement le palefrenier a l’esprit pratique. Il décide de se passer des
opérations. Après avoir récupéré les 28 chevaux, il en fait rentrer 1 dans chaque
wagon, puis il recommence jusqu’à ce qu’il ne lui reste aucun cheval. Il ne sait
pas combien il y en a par wagon mais ça lui est égal... Arrive alors le chef qui veut
vérifier si le palefrenier a bien exécuté ses ordres. Hélas pour lui, les portes sont
déjà fermées, mais il peut voir le bas des chevaux grâce à une petite grille placée
dans la partie inférieure de chaque wagon. Il compte alors le nombre de pattes :
1 6 4
il y en a 16 par wagon et il raisonne ainsi : « Chaque cheval a
1 2 1 3
4 pattes et je vois 16 pattes, il y a donc “16 divisé par 4” chevaux par wagon,
voyons si cela fait bien 13 : 4 va une fois dans 6, je mets le 1 au quotient et il
reste 2 que je pose sous le 6. J’abaisse le 1 : 12. 4 va 3 fois dans 12. Il y a donc
bien 13 chevaux par wagon. Le palefrenier a bien exécuté mes ordres, le convoi
peut partir. »
Imaginez une situation analogue dans laquelle on peut ainsi se tromper
en cascade. Par exemple, le même type de faux calculs « montrent » que
17 × 6 = 48.
Chapitre 7
83
84 CHAPITRE 7. PETITES HISTOIRES, ANECDOTES
2
chronomètre. Ensuite en utilisant la formule : x = g·t2 , on trouve la hauteur du
building. »
À ce moment, j’ai demandé à mon collègue s’il voulait abandonner. Il me
répondit par l’affirmative et donna presque 20 à l’étudiant.
En quittant son bureau, j’ai rappelé l’étudiant car il avait dit qu’il avait
plusieurs solutions à ce problème. « Hé bien, dit-il, il y a plusieurs façons de
calculer la hauteur d’un building avec un baromètre. Par exemple, on le place
dehors lorsqu’il y a du soleil. On calcule la hauteur du baromètre, la longueur
de son ombre et la longueur de l’ombre du building. Ensuite, avec un simple
calcul de proportions, on trouve la hauteur du building. »
Bien, lui répondis-je, et les autres ? « Il y a une méthode assez basique
que vous allez apprécier. On monte les étages avec un baromètre et en même
temps on marque la longueur du baromètre sur le mur. En comptant le nombre
de traits, on a la hauteur du building en longueurs de baromètre. C’est une
méthode très directe. Bien sûr, si vous voulez une méthode plus sophistiquée,
vous pouvez prendre le baromètre à une corde, le faire balancer comme un
pendule et déterminer la valeur de g au niveau de la rue et au niveau du toit.
À partir de la différence de g, la hauteur de building peut être calculée.
De la même façon, on l’attache à une grande corde et en étant sur le toit,
on le laisse descendre jusqu’à peu près le niveau de la rue. On le fait balancer
comme un pendule et on calcule la hauteur du building à partir de la période
de précession. »
Finalement, il conclut : « Il y a encore d’autres façons de résoudre ce pro-
blème. Probablement la meilleure est d’aller au sous-sol, frapper à la porte du
concierge et lui dire : “ J’ai pour vous un superbe baromètre si vous me dites
quelle est la hauteur du building.” »
J’ai ensuite demandé à l’étudiant s’il connaissait la réponse que j’attendais.
Il a admis que oui mais qu’il en avait marre du collège et des professeurs qui
essayaient de lui apprendre comment il devait penser.
Pour l’anecdote, l’étudiant était Niels Bohr et l’arbitre Rutherford.
Cette histoire très intéressante (SI, ELLE L’EST) a par ailleurs inspiré beau-
coup d’autres blagues.
Norbert Wiener Wiener était très étourdi. L’histoire suivante tient de lui :
quand ils ont déménagé de Cambridge à Newton, sa femme, sachant qu’il serait
inutile pour ce déménagement, l’a envoyé s’occuper au MIT pendant qu’elle
s’occupait du déménagement. Elle savait qu’il oublierait qu’ils ont déménagé,
et où ils ont déménagé, et elle a donc écrit la nouvelle adresse sur un bout de
86 CHAPITRE 7. PETITES HISTOIRES, ANECDOTES
Toujours au sujet de Norbert Wiener, une anecdote qui semble énorme, trop
énorme :
On raconte qu’un jour, assis à une table de la bibliothèque universitaire, il
semblait plongé dans une profonde réflexion. Un étudiant ayant pourtant besoin
de lui poser une question s’approche, intimidé, et lui dit : « Pardon, Monsieur
Wiener...
– Merci, merci, répondit celui-ci, sortant de sa torpeur, voilà le nom que je
cherchais ! »
Lev Landau Cette anecdote est attribuée à Landau (le physicien russe Lev,
pas le mathématicien de Göttingen Edmund). Le groupe de travail de Landau
discutait au sujet d’une nouvelle théorie brillante, et un des collègues junior
de Landau prétendait qu’il l’avait découverte indépendamment quelques années
avant, mais n’a pas pris la peine de la publier.
« Je ne répéterais pas cette revendication si j’étais vous, répondit Landau : il n’y
a rien de répréhensible à ne pas trouver une solution à un problème particulier.
En revanche, si quelqu’un la trouve et ne la publie pas, il fait preuve d’un
mauvais jugement, et d’une incapacité à comprendre ce qui est important dans
la physique contemporaine. » ∗
∗. Il l’a bien défoncé...
7.3. L’HISTOIRE DE 2 + 2 = 5 87
Russell est le pape Bertrand Russel déclara qu’une fois admis le postulat
« 2 + 2 = 5 », il pourrait démontrer n’importe quoi. (Ce qui est vrai d’ailleurs,
vu que P ⇒ Q est toujours vraie dans le cas où P est fausse.) Aussi, un jour,
un étudiant lui demanda :
« Prétendez-vous que de 2 + 2 = 5, il s’ensuit que vous êtes le pape ? » Bertrand
Russel réfléchit un instant, puis répondit :
« Supposons que 2 + 2 = 5. Soustrayons 2 de chaque membre de l’identité. Nous
obtenons 2 = 3. Par symétrie, 3 = 2. Soustrayant 1 de chaque côté, il vient :
2 = 1. Maintenant, le pape et moi sommes deux. Puisque 2 = 1, le pape et moi
sommes un. Par suite, je suis le pape. »
7.3 L’histoire de 2 + 2 = 5
Cette histoire est de Houston Euler (traduite et adaptée par Denis Feldmann)
Par-dessus tout, c’était un logicien. Au moins trente-cinq années
de son demi-siècle d’existence avaient été exclusivement dévouées à
démontrer que deux et deux font toujours quatre, sauf dans certaines
situations exceptionnelles, où ils font trois ou cinq suivant le cas.
Jacques Futrelle, Le Problème de la cellule 13.
La plupart des mathématiciens sont habitués – ou du moins ont vu dans
la littérature des références – à l’équation 2 + 2 = 4. Cependant, l’équation
2 + 2 = 5, moins connue, a elle aussi une riche et complexe histoire derrière
elle. Comme toute autre quantité complexe, cette histoire a une partie réelle
et une partie imaginaire ; c’est de cette dernière que nous nous occuperons
exclusivement ici.
la preuve ne fut pas causée par une dissimulation analogue à celle tentée
pour la découverte de l’irrationalité de racine de 2. En fait, ils ne purent
tout simplement pas payer les services de scribes. Ils avaient perdu leurs
subventions, à la suite des protestations d’un groupe d’activistes défenseurs des
droits des bœufs, qui n’approuvaient pas la façon dont la Fraternité célébrait
la découverte de théorèmes ∗ . Il en résulta que l’équation 2 + 2 = 4 fut la seule
utilisée dans les Éléments d’Euclide, et l’on n’entendit plus parler de 2 + 2 = 5
durant plusieurs siècles.
Vers l’an 1200, Léonard de Pise (Fibonacci) découvrit que quelques semaines
après avoir mis deux lapins mâles plus deux lapins femelles dans la même cage,
il se retrouvait avec considérablement plus de quatre lapins. Craignant qu’une
contradiction trop importante avec la valeur 4 donnée par Euclide soit accueillie
avec hostilité, Léonard annonça prudemment que « 2 + 2 semble plus proche
de 5 que de 4. » Même cet exposé raisonnable de ses résultats fut sévèrement
critiqué, et faillit mener Léonard à une condamnation pour hérésie, ses justifi-
cations maladroites à l’aide de l’équation 1 = 3 n’ayant pas convaincu Rome.
Soit dit en passant, il persista dans son habitude de sous-estimer le nombre des
lapins ; son célèbre modèle de populations fait apparaître deux nouveaux la-
pereaux à chaque naissance, une sous-estimation grossière s’il en fut jamais une.
Quelque quatre cents ans plus tard, la piste fut à nouveau reprise, cette fois
par les mathématiciens français. Descartes annonça : « Je pense que 2 + 2 = 5 ;
par conséquent cela est. » Cependant, d’autres objectèrent que son argument
n’était pas complètement rigoureux. Il semble que Fermat ait eu une preuve
plus solide qui devait apparaître dans l’un de ses livres, mais cette preuve, et
d’autres résultats, furent supprimés par l’éditeur pour que le livre puisse être
imprimé avec des marges plus larges.
Frege pensa avoir réglé la question alors qu’il préparait une version abrégée
de son Begriffsschrift. Ce résumé, intitulé Die Kleine Begriffsschrift (le petit
Schrift), contenait ce qu’il pensait être une preuve définitive de 2 + 2 = 5.
Mais alors qu’il était sous presse, Frege reçut une lettre de Bertrand Russell,
lui rappelant que dans Grundbeefen der Mathematik, Frege avait lui-même
démontré que 2 + 2 = 4. Cette contradiction découragea tant Frege qu’il aban-
donna complètement les mathématiques pour se consacrer à l’administration
universitaire.
DEMONSTRATION :
“démonstration” n’est pas plus une preuve du Grand Théorème de Fermat que
ne l’est une boîte de sardines (qui, soit dit en passant, a au moins un contenu). »
Une boîte de sardines ? Encore des arguments hystériques. Encore un
mathématicien qui prétend que vous trichez si vous ne respectez pas ses règles.
Avez-vous produit un contre-exemple ? Avez-vous trouvé un endroit précis de
ma preuve qui soit erroné ? Alors fermez-la.
Paradoxes
Énoncé : Zénon d’Élée affirme alors que le rapide Achille n’a jamais pu rat-
traper la tortue.
Paradoxe 1 « En effet, supposons pour simplifier le raisonnement que chaque
concurrent court à vitesse constante, l’un très rapidement, et l’autre très lente-
ment ; au bout d’un certain temps, Achille aura comblé ses cent mètres de retard
et atteint le point de départ de la tortue ; mais pendant ce temps, la tortue aura
parcouru une certaine distance, certes beaucoup plus courte, mais non nulle, di-
sons un mètre. Cela demandera alors à Achille un temps supplémentaire pour
parcourir cette distance, pendant lequel la tortue avancera encore plus loin ; et
puis une autre durée avant d’atteindre ce troisième point, alors que la tortue
aura encore progressé. Ainsi, toutes les fois qu’Achille atteint l’endroit où la
tortue se trouvait, elle se retrouve encore plus loin. Par conséquent, le rapide
Achille n’a jamais pu et ne pourra jamais rattraper la tortue. »
∗. Encyclopédie libre en ligne, consultable sur http://fr.wikipedia.org/wiki/Accueil.
∗. Zénon, oui, comme dans « zénophobie » (la peur des séries convergentes).
93
94 CHAPITRE 8. PARADOXES
Au sujet de Zénon Il serait naïf de croire que Zénon contestait qu’une flèche
puisse frapper un arbre. Les paradoxes qu’il utilisait avaient bien entendu pour
but de mettre en lumière des zones sombres dans le processus de certains types
de raisonnement faisant intervenir l’infini. Il ne remettait pas en cause le fond,
mais l’outil qui nous sert à penser le monde, c’est-à-dire dire notre cerveau. La
difficulté principale mise en évidence par ses paradoxes vient du fait que le temps
96 CHAPITRE 8. PARADOXES
et le mouvement sont des notions par essence continues, qui ne se laissent pas
appréhender de façon adéquate par le truchement d’un séquencement. Découper
le temps sans précaution, comme on découpe un gâteau, mène à des absurdi-
tés. L’esprit a du mal à raisonner sur le temps, l’écoulement, la continuité, le
mouvement ou l’infini. Nos intuitions sur ces sujets sont souvent fautives. Cela
vient de ce qu’à la base, le cerveau humain fonctionne par associations d’idées,
non par déductions logiques. Ainsi, nous ne sommes pas naturellement ration-
nels, et nous avons une conception préconçue du continu par exemple, qui vient
interférer avec tout raisonnement à ce sujet. En conclusion, nous devons nous
montrer particulièrement prudents quand nous nous mêlons de manipuler de
telles notions.
Paradoxe 4 Il se trouve que ce nombre est 23, ce qui choque un peu l’intuition.
À partir d’un groupe de 57 personnes, la probabilité est supérieure à 99 pourcent !
365! 1
p(n) = · ,
(365 − n)! 365n
n p(n)
10 0,12
20 0,41
30 0,70
50 0,97
100 0,9999996
366 1
donc plus valable ; l’interrogation constituera bien une surprise même si elle sur-
vient le vendredi. Finalement, le professeur ne mentira pas si et seulement s’il
est pris pour un menteur. On retrouve donc le paradoxe du menteur.
Ce paradoxe est en réalité inhérent au mot surprise et à la notion d’aléatoire.
Si Lennart dit à Marie : « Je vais te faire une surprise. » alors Marie doit
s’attendre à une surprise. La surprise sera alors conforme à son attente ; donc
non surprenante. Lennart ne peut plus surprendre Marie que par l’absence de
surprise ; c’est-à-dire, en se démentant par le non-faire. En se démentant, il
surprend ; donc ne se dément pas.
En définitive, annoncer la surprise, c’est ôter l’effet de surprise.
8.5 2 = 1, ou 1/0
2 = 1 C’est une preuve qui fait beaucoup rêver la jeunesse. Soient a et b
deux réels, qu’on va supposer non nuls tant qu’à faire, tels que a = b. Alors, en
multipliant par b de chaque côté : a · b = b2 . Soit donc, en soustrayant a2 de
chaque côté : a · b − a2 = b2 − a2 , ce qu’on va s’empresser de factoriser pour
avoir : a · (b − a) = (b − a) · (b + a). On simplifie, car on doit toujours simplifier
quand c’est possible (bon tu vas me dire que a = b est assez simple comme ça),
et on obtient a = a + b. Comme a = b, on conclut : a = 2a, soit donc 1 = 2.
C’est un classique que je n’ai pas à expliquer !
Autre preuve que 2 = 1 : Soit x un entier. Par définition de la fonction carrée,
x2 = x + · · · + x (x termes).
En dérivant par rapport à x : 2x = 1 + · · · + 1 (x termes), d’où en simplifiant
par x : 2 = 1.
L’erreur échappe beaucoup plus souvent aux gens ici. Elle provient du fait que la
première égalité est valable seulement pour des points isolés (les entiers positifs),
alors que la dérivation est une opération qui fait appel aux variations de la
fonction, c’est-à-dire à ce qui se passe « autour du point » (ce qui est clair
quand on écrit f 0 (x) = limh→0 f (x+h)−fh
(x)
).
Cela aurait échappé à personne si j’avais effectué le même raisonnement avec
sin(x) = cos(x) − 1 pour tout x multiple de 2π pour affirmer ensuite que :
cos(x) = − sin(x), ce qui est faux même pour les x multiples de 2π.
J’ai tout de même rencontré une objection au sujet de mon explication ;
même si l’objection reçue, qui consistait à montrer qu’on avait en fait l’égalité
100 CHAPITRE 8. PARADOXES
de la première ligne pour tout réel et pas seulement en des points ponctuels, ne
m’a pas vraiment convaincu, je peux faire remarquer que de toute manière, la
formule de dérivation classique (f + g)0 = f 0 + g 0 ne s’applique plus quand le
nombre de termes de la somme varie avec la variable x ; cet exemple peut même
servir à le prouver, au lieu d’être un paradoxe insoluble !
x(x2 + x + 1) = 0 ⇔ x3 + x2 + x = 0 ⇔ x3 = −x2 − x.
x2 + x + 1 = 0 ⇔ x2 = −x − 1.
R1
2/3 = 0 Considérons l’intégrale −1 t2 dt. Par intégration en tant que monôme
R1 h 3 i1
du second degré : −1 t2 dt = t3 = 32 . Effectuons le changement de variable
−1
de classe C 1 u = t2 ⇔ du = 2tdt. Ainsi :
t = −1 ⇒ u = 1, t = 1 ⇒ u = 1 .
D’où : Z Z
1 1
1 √
t2 dt = udu = 0.
−1 2 1
4a − 3a + 4b − 3b = 4c − 3c.
4a + 4b − 4c = 3a + 3b − 3c.
4 = 3.
Tous les entiers strictement positifs sont égaux Pour montrer cela il
suffit de prouver que pour tout n, des entiers A et B tels que max(A, B) = n
vérifient A = B. Faisons une récurrence. Pour n = 1, max(A, B) = 1 implique
forcément que A = B = 1. Supposons à présent que pour tout n, on ait la
proposition formulée. Alors, si A et B vérifient
max(A, B) = n + 1, on a max(A − 1, B − 1) = n, et par hypothèse de récurrence
A − 1 = B − 1, donc A = B. L’erreur est quelque part dans la dernière phrase...
1+1=2 Ici il n’y a pas d’erreur dans le résultat final, mais je propose cette
démonstration car elle est dans le même esprit que quelques preuves précédentes.
Soit n un entier naturel quelconque. On a n(2n − 2) = n(2n − 2). Alors
(n − n)(2n − 2) = 0.
2n(n − n) − 2(n − n) = 0.
n + n = 2.
x = 0, 9.
10x = 9, 9.
9x = 9, 9 − 0, 9 = 9.
9x = 9 ⇒ x = 1.
Le paradoxe illustré par l’exemple de l’unité est que tout nombre décimal, c’est-
à-dire admettant un développement décimal fini, admet également un dévelop-
pement infini (formé uniquement de 9 à partir d’un certain rang). Le dévelop-
pement fini est l’écriture propre, celui comportant une infinité de 9 est l’écriture
impropre. Finalement, ce sont les objets apparemment les plus simples en écri-
ture décimale qui offrent les pires complexités : on croit que 1 est plus simple
à écrire en écriture décimale que π, et pourtant π admet une écriture unique,
alors que 1 en admet deux. ( !)
Paradoxe 7 Soit B cet ensemble. Il est fini, car les séquences de quinze mots
français sont en nombre fini. Soit a le plus grand élément de B. Soit b l’entier
succédant à a. Il n’appartient donc pas à B. Pourtant b peut être défini en
quatorze mots : « Le successeur du plus grand entier naturel définissable en
moins de quinze mots français. » D’où la contradiction.
104 CHAPITRE 8. PARADOXES
Chapitre 9
Citations
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106 CHAPITRE 9. CITATIONS
[Ada] Colin Adams, The Knot Book, 307 pages, American Mathematical Society, 2004.
[Ang] Dana Angluin, Sigact News, Winter-Spring 1983, Volume 15 (1).
[Apa] Chen Apan, 0% de matière grise, 64 pages, Éditions Pole (simple), 2005.
[Beu] Albrecht Beutelspacher, In Maths war ich immer schlecht..., 204 pages, Friedr.
Vieweg & Sohn Verlag, 2007. ∗
[Int] INTERNETS, 1990-2009.
[Mag] La magie du calcul, 64 pages, Éditions du Kangourou, 1993.
[NUT] NUTWORKS.
[Ovi] Ovide, Les métamorphoses, 620 pages, folio classique, 1992.
[Pól] György Pólya, Uber eine Aufgabe der Wahrscheinlichkeitsrechnung betref-. fend
die Irrfahrt im Straßennetz, Mathematische Annalen 83 (1921), 149-160.
[Wie] Wiener, How to change a light bulb.
∗. En fait je l’ai lu traduit en français, mais ça rend ma bibliographie plus classe comme
ça...
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Index
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