TMO Régions - Parler Breton Au XXIe Siècle
TMO Régions - Parler Breton Au XXIe Siècle
TMO Régions - Parler Breton Au XXIe Siècle
L'éventualité de la disparition du breton comme celle d'autres langues à travers le monde est
une préoccupation forte du moment.
Un nouveau sondage réalisé en décembre 2007 par TMO Régions auprès d'un échantillon
représentatif des personnes âgées de 15 ou plus, d'une part en Basse-Bretagne, d'autre part
en Haute-Bretagne, permet de mieux comprendre dans sa complexité la situation de cette
langue qui se parle surtout en Basse-Bretagne, dans la partie occidentale de la région.
La démographie linguistique
Les premières données sont d'ordre démographique. Aujourd'hui, 13 % des personnes
interrogées se disent à même de parler le breton en Basse-Bretagne et 1 % en Haute-
Bretagne : le breton reste une langue fortement territorialisée.
Ces chiffres traduisent une évolution considérable de la démographie : en dix ans, le taux de
locuteurs a baissé de 7 points et le nombre en a diminué de 30 %.
L'âge reste le caractère discriminant : désormais, ce sont 70 % des bretonnants qui ont plus
de 60 ans. Alors que ces derniers sont au nombre de 120 000, il n'y a que 12 000 locuteurs
parmi les 15-39 ans, soit dix fois moins.
Le bretonnant type est en outre un retraité, de sexe féminin, résidant dans le Finistère. Ce
profil contraste bien évidemment avec le dynamisme des bretonnants qui sont aujourd'hui
impliqués dans de multiples activités en langue bretonne.
Ce que révèle en outre le sondage, c'est que l'usage concret du breton par ceux qui le
savent s'étiole. Est-il la langue du foyer ? Assez peu : 16 % des locuteurs l'utilisent
fréquemment en couple. Est-il la langue du travail ? Encore moins : 2 % l'utilisent
habituellement dans le cadre d'une relation employeur salarié. Est-il la langue des relations
formelles ? Si peu.
Opinions et représentations
Les Bretons, dans leur ensemble, restent très attachés à la langue bretonne : près de 90 %
d'entre eux considèrent qu'il faut la conserver. Ils sont favorables à 83 % à son
enseignement.
Pour autant, son prestige n'est pas aussi fort qu'il y paraît : 43 % lui attribuent une note égale
ou supérieure à 6 (sur une échelle de 0 à 10) quand 55 % lui donnent une note égale ou
inférieure à 5. Par ailleurs, 2 % seulement considèrent qu'il est indispensable de le savoir en
Bretagne et 42 % que c'est assez utile. Ceux qui estiment à l'inverse qu'il ne sert à rien ou ne
représente pas beaucoup d'intérêt sont au nombre de 52 %.
Sur le plan de la démographie, les tendances observées depuis dix ans risquent de se
prolonger. On peut entrevoir pour 2017 un nouveau recul de 4 points du taux de locuteurs
(qui s'établirait alors à 9 %) et une nouvelle baisse de 29 % du nombre de locuteurs (environ
120 000 dans dix ans).
Stabiliser le nombre des locuteurs du breton populaire ne paraît pas réalisable à court terme.
La seule variable sur laquelle il soit possible d'intervenir est la formation de jeunes locuteurs.
Mais une politique linguistique peut s'appuyer sur le large consensus dont bénéficie
durablement la langue régionale.
Fañch Broudic
Fañch Broudic est un spécialiste des sondages sur la langue bretonne. Il a publié de
nombreux travaux en sociolinguistique et en histoire sur la pratique sociale du
breton. Il est membre associé du CRBC (Centre de Recherche Bretonne et Celtique).
Site personnel : www.langue-bretonne.com
Les résultats complets du sondage sont analysés dans le livre de Fañch Broudic :
Parler breton au XXIe siècle, paru aux éditions Emgleo Breiz, à Brest.