Assassinat de MGR Ruhuna. Extrait Du Livre de Diomède Rutamucero

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Extrait du livre de Diomde Rutamucero : Le gnocide contre les

Tutsi, un crime avou mais impuni , Bujumbura 2009

Chapitre 4. Lassassinat de lArchevque Joachim Ruhuna par le


Cndd-Fdd.
LArchevque de Gitega a vcu jusquau bout en parfaite solidarit avec le peuple burundais quil aimait et
qui souffre. Lui, aussi, victime innocente, est tomb dans une embuscade mortelle comme des milliers de
Burundais dont souvent les corps sont brls ou jets dans les rivires ou disparaissent sans laisser de trace
Comit Permanent de la Confrence des Evques Catholiques au Burundi, 10 octobre 1996.

Cest le 9 septembre 1996 que Monseigneur Joachim Ruhuna, Archevque de Gitega fut
assassin, Murongwe sur la rivire Mubarazi dans la Province de Gitega.

Il est tomb dans une embuscade tendue par le groupe terroriste gnocidaire hutu, le Cndd-
Fdd. Lobjectif de ce chapitre est de montrer comment ce groupe qui a t hiss la tte de
lEtat Burundais a commis ce crime, qui entre dans son programme de gnocide contre de
Tutsi.

Avant dtre tu, la journe du 9 septembre 1996 pour lArchevque de Gitega Joachim
Ruhuna avait t organise comme suit : il est parti du centre de Gitega pour le Grand
Sminaire de Burasira, avec son chauffeur Jean Paul Nkurunziza et la Sur Irne Gakobwa,
de la Congrgation des Surs Bene-Tereziya, qui allait voir sa famille au Camp des dplacs
tutsi Mutaho, un centre situ une dizaine de kilomtres de Burasira. Il allait voir ltat
davancement des travaux de rfection ce grand Sminaire, suite lattaque des bandes
armes du Cndd-Fdd, quelques mois auparavant. A laller, il dposa Gitongo, paroisse situe
prs du centre de Mutaho , Sur Irne et continua sa route. Arrive Burasira il a visit le
Sminaire et prsid une runion avec les responsables du Sminaire.

Au moment de son dpart de Burasira, il prit dans son vhicule Jeep Land Cruiser, deux filles
du Lyce de Busiga sur demande de Monseigneur Pierre Antoine Madaraga, le Vicaire
Gnral du diocse de Ngozi.

Sur la route de retour, ils ont repass la Paroisse de Gitongo et Monseigneur J. Ruhuna a
salu le Cur de la Paroisse Abb Mvuyishanga Dogratias et le diacre Cyrille Kamana.
Ensuite ils sont repartis prendre Sur Irne Gakobwa au Couvent des Surs Bene-Tereziya
la paroisse Gitongo. LArchevque est aussi parti sentretenir un court moment avec les
dplacs. Cest vers 16 heures que lArchevque a dit au revoir aux gens de Gitongo pour
rentrer Gitega.

Dans la jeep de Monseigneur Joachim Ruhuna, il y avait 7 personnes : deux filles du Lyce
de Busiga, Ancile Gateretse et Rebecca Nkurunziza, la Sur Irne Gakobwa, Mademoiselle
Concessa Ndacikiriwe, membre du Foyer de Charit de Bujumbura, une demoiselle Rose
Batorwa, cousine du diacre Cyrille Kamana et comptable la Commune Shombo en Province
de Karuzi, la septime personne tait le chauffeur de lArchevque Jean Paul Nkurunziza.

Cest sur la route Ngozi-Gitega tout prs de la station agronomique de lISABU Murongwe
quune cinquantaine de personnes armes de fusil sortirent de la brousse et demandrent au
chauffeur de sarrter en disant : Halte ! LArchevque donna ordre au chauffeur de continuer.
Le chauffeur neut pas le temps dacclrer parce que les assassins furent feu. La Jeep se
trouva dans limpossibilit daller plus loin. LArchevque et la Sur Irne furent tus sur le
coup. Le chauffeur et Mademoiselle Concessa taient blesss. Cette dernire a succomb de
ses blessures quelques instants aprs.

Les rescaps de lembuscade ont tmoign quau premier moment, les assassins ont laisss
les morts dans la Jeep quils ont eu soin de brler. Ils ont amen avec eux tous les autres sur la
colline Mwumba. Arrivs sur la colline, un des chefs des tueurs sest fch lorsquil a constat
quils ne lui ont pas ramen le corps de lArchevque. Il leur a dit : au lieu damener les
vivants vous auriez d amener les corps. Monseigneur est un homme trs mauvais, cest le
pire de tous . Il y a mme un autre assassin qui a ajout que si au moins il pouvait lcher son
sang.

Les tueurs ont d rebrousser chemin pour aller rcuprer les corps inertes quils avaient
laisss sur le lieu du crime. Ils les ont par aprs enterrs sur la colline Mwumba. Les forces de
lordre ont pris une semaine pour trouver l o les tueurs les avaient enterrs. La dpouille de
lArchevque tait couche sur celle de la Sur Irne dans une fosse commune.

Le caractre gnocidaire de cet attentant sest aussi manifest au moment de linterrogatoire


des survivants de lembuscade.

Daprs le tmoignage de Mademoiselle Rose, les tueurs leur ont demand sils sont tous
tutsi . Ils ont rpondu quils sont des Hutu . Les gnocidaires ont exprims des soupons
envers le chauffeur Jean Paul Nkurunziza qui tait tutsi. Il a fallu que le diacre Cyrille
Kamana vienne tmoigner le lendemain quil nest pas tutsi et que le chauffeur mente en
parlant des faux parents hutu de Gitega quil connaissait ; sil avait t reconnu tutsi, les
assassins laurait aussi tu.

Le premier suspect arrt dans lassassinat de lArchevque Joachim Ruhuna fut le diacre
Cyrille Kamana.

Cyrille Kamana tat diacre la Mission Catholique de Gitongo. La mission o lArchevque a


pris les derniers passagers et o il stait arrt lavant-midi, avant de partir Burasira.

Le diacre Cyrille Kamana, fils de Ntahompagaze Martin et de Wakana Rosalie est n en 1967
Gitongo, Commune Mutaho, Province Gitega. Il a t arrt le 11 septembre 1996. Au cours
de son deuxime interrogatoire par le Commandant de Brigade de Gitega, Kiziba Lonidas, le
diacre Cyrille Kamana a dit qu aprs le passage de lArchevque la Mission de Gitongo :
il est parti la maison chez ses parents Parce que, dclarait-il, ses parents lui avaient
demand de passer, tant donn que son petit frre stait mari le 7 septembre 1996 et quil y
avait les visiteurs de la famille de la marie qui allaient venir. Il a ajout que lui-mme avait
promis daller les voir.

A la question de savoir qui tait au courant de son dpart de la mission. Il a dit quil a averti
labb Mvuyishanga Dogratias (hutu). Plus tard ce dernier dclara que Cyrille Kamana ne lui
avait pas parl de son dpart.

A la question du Commandant sur la manire dont il a su la mort de lArchevque, il a


rpondu Normalement moi je nai pas entendu les coups de fusils. Jai vu les gens courir et
je les ai interrogs. Certains mont dit quils ont entendu ces coups de feu tout prs du pont
sur la rivire Mubarazi. Les autres mont dit quils ont entendu ces coups de feu alors quil y
avait un vhicule qui descendait vers la rivire Mubarazi. Mais par aprs ils nont pas revu la
voiture de lautre ct de la rivire. Je nai reconnu personne de ces gens, mais jai pens que
ctait le vhicule de Monseigneur, parce que cest lui qui venait de partir. Jai continu
descendre doucement, jai rencontr deux garons, qui transpiraient. Quand je leur ai
demand de quoi il sagissait, ils mont dit quils taient de lautre ct de la rivire quand ils
ont entendu les coups de fusils. Ils se sont cachs. Aprs ils ont entendu que les fusils se
taisaient. Ils ont vu une grande fume et une voiture entrain de brler. Ils se sont encore
cachs. Quand ils ont vu quil ny avait personne, ils sont approchs du vhicule et ont vu que
Monseigneur tait gravement bless. Il y avait aussi une sur sur le sige de derrire qui tait
morte. Ils ont dit quil y avait aussi dans le vhicule une autre personne qui criait pour quon
laide .

Dans son troisime interrogatoire, le 13 septembre 1996, la question de comment le diacre


Cyrille Kamana est arriv la 1re fois lendroit o ils ont tu Monseigneur Ruhuna et
comment cela sest pass, il a rpondu : Moi comme je vous lai dit, quand Monseigneur est
parti je suis all la maison, mais je navais pas demand la permission, comme je vous
lavait dit . Il a continu raconter ce qui sest pass comme au deuxime interrogatoire.
Plus loin il raconte quil a rencontr un garon alors quau deuxime interrogatoire il
avait parl de garons. Il dit quavec ce garon nous sommes descendus doucement
jusquaux arbres de lIsabu. Mais je ne voyais personne. Nous avons continu de descendre,
jusqu ce que nous ayons vu un vhicule o il y avait Monseigneur. Il avait cogn le bord de
la route du ct aval de la route. A ce moment le vhicule avait toutes les portes ouvertes.
Il y avait de la fume du ct du chauffeur. Nous nous sommes approches du vhicule. Nous
avons trouv Monseigneur couch devant dans le vhicule. Sur le sige de derrire il y avait la
Sur Irne morte avec Mademoiselle Concessa. Jai demand au garon de maider pour
quils ne brlent pas dans la voiture. Nous les avons sortis de la voiture mais Mademoiselle
Concessa ntait pas encore morte. Celle qui ntait pas encore morte, nous lavons mise dans
une maison de lIsabu pour quon aille avertir aprs lAbb, pour quil regarde ce quil allait
faire. Pendant que nous les enlevions, jai vu une petite mallette, nous lavons sorti. Nous
lavons prise avec nous et sommes partis avertir Monsieur lAbb. Il tait dj au courant. Ils
avaient commenc crire aux militaires de Mutaho pour quils viennent secourir et aider
transporter ces cadavres. Nous avons attendu et jusquau matin, personne nest venu .
Kamana Cyrille a rpondu beaucoup dautres questions au cours de cet interrogatoire, dont
certaines sont plus intressantes :

Q. Pourquoi tu avais ni que tu nes pas arriv lendroit o Monseigneur a t tu ?


R. Jai ni parce que javais peur. Jai entendu quon en avait parl la Radio et jai cru que
jtais en danger.

Q. Tu avais peur de quoi ?

R. Javais peur de ces tueurs, quils allaient venir me chercher.

Q. Tu trouves normal que tu arrives le premier, l on venait de tuer les gens et quil y avait
des coups de feu ? Tu avais quelle force ?

R. Moi je ntais pas tranquille quand jai appris que ctait Monseigneur, cest pour cela que
jy suis all.

Q. Dans la deuxime audition tu mas menti que tu nas pas t Mwumba mais que tu es
parti dormir chez toi la maison ce jour l, et tu ne mas pas dit que tu tais avec tous les
rescaps la paroisse, pourquoi tu las fait ?

R. Tout cela tait des mensonges. Javais dit tout le monde de ne rien dire parce que nous
allions avoir des problmes.

Q. Les tueurs avec lesquels tu es parti ngocier, tu les connaissais ?


R. Je suis tomb sur eux, je ne savais pas o ils taient.

Q. Puisque tu as pu demander la libration de ces personnes alors que nous savions que tu
cherchais ta cousine Marie Rose, pourquoi tu nas pas demand le cadavre de Monseigneur ?
Puisque jai appris que tu as pay de largent, tu aurai pu payer une autre somme dargent
pour quils te disaient o tait le cadavre ?

R. En ralit quand jai appris quil y a des personnes quils ont prises, qui ntaient pas
mortes, je suis parti et je les ai vues, je nai pas demand autre chose.

Le suspect numro un, le diacre Cyrille Kamana est arriv donc le premier lendroit de
lembuscade et le lendemain matin, il est parti au campement des gnocidaires Mwumba
pour rcuprer sa cousine et les autres otages identifis comme hutu ? De ces deux initiatives
il navertissait personne, mme pas le cur de la Paroisse.

Le diacre Cyrille a t aussi le premier rvler ceux qui ont tus Mgr Ruhuna, la quatrime
audition, le 18/09/1996.

Il a t demand au diacre Kamana Cyrille de ne pas mentir encore une fois, puisque les
choses taient dsormais connues. Interrog sur les identits des tueurs de Monseigneur et ses
explications sur le fait quil soit arriv le premier sur les lieux du crime et quil soit sorti de la
mission sans demander la permission alors quil devait le faire. Il a dit moi jai vu que les
gens qui ont tu Monseigneur sont ceux quon appelle les assaillants ceux l qui portent les
armes, parce que ce sont eux qui ont pris ces filles et le chauffeur. En plus je les ai vus quand
je suis all chercher ces personnes. Quand ils frappaient la fille qui sappelle Marie Rose. Jai
entendu certains noms. Ils sinterpellaient : Commandant Znon et Commandant Anicet. Moi
je suis all sur les lieux du crime au moment o les fusils staient tus et je ne savais pas que
je vais y arriver. Je suis all doucement en minformant. Et la fin des fins je suis arriv.

Il lui a t aussi demand si parmi les tueurs quil a vus Mwumba au moment o il allait
chercher sa cousine et les autres qui avaient t pris, il na pas pu voir des gens quil
connaissait.

Il a rpondu : au moment o jtais sur place, je nai pas reconnu personne mais quand jai
quitt les lieux, pas loin de l, jai rencontr un certain Innocent, qui faisait du commerce
avant Songa. Aprs jai pens quil tait avec eux puisquil ntait pas natif de l. Lautre
qui disait quil est commandant Znon, je lai entendu dire que lui-mme, il a frquent le
sminaire de Mureke et quil tait venu l entre 89-90 pour tudier en 3me anne. A ce
moment moi jtais au Grand Sminaire .

Au moment o les otages taient dj librs, deux jours aprs lassassinat, lofficier de
police judiciaire est pass la mission de Gitongo. Le prtre et le diacre Cyrille Kamana nont
pas voulu leur dire que les otages librs par KAMANA taient chez eux la paroisse.

A la quatrime audition, le mercredi 18 septembre 1996, lofficier de la police judiciaire a


pos des questions au diacre Cyrille Kamana ce sujet :

Q. Pourquoi vous avez cach les rescaps la paroisse Gitongo et quand je suis pass vous
mavez menti et vous ne mavez rien dit ce sujet ?

R. Cela a t d du fait quon stait convenu avec le chauffeur Jean Paul et les autres quil
ne faillait pas dire quils ont t chez les assaillants de peur quils nous tuent.
Q. Quand vous avez dcid de faire cela, vous tiez avec les autres prtres ?

R. A ce moment il y avait lAbb Mvuyishanga Dogratias et nous lui avons dit ce que nous
avions dcid.

Au cinquime interrogatoire, le 26 septembre 1996, lofficier de la police judiciaire a


demand au diacre Cyrille Kamana pourquoi il lui a menti en disant quil ne connaissait pas
celui quon appelait Commandant Znon alors quils taient dans la mme classe en seconde
au Petit Sminaire de Mureke. Il a rpondu : je nai pas menti, tout simplement je ne me
souvenais pas de lui .

Le Commandant Znon et le diacre Kamana Cyrille se connaissaient donc bien, mais il na


pas voulu le dire.

Au sixime interrogatoire, le 27 septembre 1996, le diacre Kamana a dit quEtienne dont il a


t question plus haut sappelait Wakana et quil tait agronome lIsabu Murongwe, tout
prs de la paroisse. Comme le tmoigne le chauffeur de Mgr J. Ruhuna, il est vident que le
Diacre Kamana se connaissait bien avec les assassins de son patron.

Il dit Quand Cyrille Kamana est arriv au campement, jai constat quils se connaissaient.
Ils causaient et rigolaient. Quand Kamana Cyrille terminait une bouteille de primus, ils lui
donnaient une autre. Je nai pas remarqu aucune menace de la part des tueurs envers lui.

Quand les otages sont arriv la paroisse, le soir de leur libration et le lendemain de
lassassinat de Monseigneur Joachim Ruhuna, Wakana Etienne est venu les trouver
accompagn par le diacre Cyrille Kamana . Le chauffeur Nkurunziza Jean-Paul a dclar que
le soir de leur libration : Kamana Cyrille est venu avec lassaillant Wakana Etienne. Ils
sont entrs dans la chambre o il y avait les filles. Wakana Etienne leur a demand si elles se
souvenaient de lui. Il leur a dit quil tait avec les assaillants le soir de leur enlvement et quil
tait ladministrateur des assaillants.
Il leur a fait remarquer quil sait bien que les Hutu nont pas de secret et Si vous racontez ce
que vous avez vu, vous ne nous chapperez pas disait-il. Kamana nous a aussi interdit de
dire que nous lavons vu Mwumba.

Cest trois avec lAbb Mvuyishanga quils se sont convenus de mentir la position
militaire de Mutaho et autres autorits. En affirmant quils ont trouv le seul chauffeur de
Monseigneur et non les filles, lAbb Mvuyishanga a crit une lettre dans ce sens la position
militaire le 11 septembre 1996. La mission de Gitongo a cach les filles libres, jusquau 12
septembre 1996, alors que le chauffeur a quitt la mission le 10 septembre 14 heures.

Le 7 dcembre 1997, lofficier du Ministre Public, Nizigiyimana Anatole, du Parquet


Gnral prs la Cour dAppel de Gitega a port plainte contre ceux qui ont particip aux
meurtres de Mgr J. Ruhuna, Sr Irne Gakobwa et Mlle Concessa, sous le dossier RMPG N
1404/N.A. Ceux qui taient poursuivis dans le dossier taient identifis comme suit :

1. Kamana Cyrille, fils de Ntahompagaze Martin et Wakana Rosalie, n Gitongo


commune Mutaho, Province Gitega en 1967. Il habitait Gitongo. Il tait diacre. Il a
t arrt le 11 septembre 1996.
2. Ndimurwanko Pascal, fils de Misigaro Lonidas, alias Monida, alias Lissouba et
Nahimana Candide, n Mwumba , Commune Mutaho, Province Gitega en 1973. Il
habitait l mme, mari et agriculteur. Il a t arrt le 16 juin 1997. Daprs les
tmoignages, Ndimurwanko Pascal tait charg de juger ceux qui nadhraient pas au
Cndd-Fdd. Il avait ses policiers et se faisait appel brigadier. Il rcoltait aussi les
cotisations pour le Cndd-Fdd ;
3. Gahungu Claver, fils de Gahigi Michel et Ntwenga Vronique n Mwumba,
commune Mutaho, Province Gitega en 1954.
4. Ndabaneze Cme, fils de Gahigi Michel, et Ntwenga Vronique, n Mwumba,
commune Mutaho en 1956. Il habitait l mme, mari et agriculteur. Il a t arrt le 13
aot 1997.
5. Sinzobakwira Franois, fils de Gahigi Michel et Ntwenga Vronique n Mwumba,
Commune Mutaho, Province Gitega en 1937. Il habitait l mme, mari et agriculteur.
Il a t arrt le 13 aot 1997.
6. Rwajekera Martin, fils de Bapfanye et Gakobwa Locadie n Mwumba, commune
Mutaho, Province Gitega en 1963. Il habitait l mme, mari et agriculteur.
7. Hakizimana Bernard, fils de Sinzobakwira Franois et Gakobwa Marthe n
Mwumba , commune Mutaho, en 1961. Il habitait l mme, mari et agriculteur. Il a
t arrt le 13 aot 1997.
8. Ndikumasabo Nabor, fils de Sinzobakwira Franois et Gakobwa Marthe n
Mwumba, commune Mutaho en 1961. Il habitait l mme, mari et agriculteur. Il a
t arrt le 13 aot 1997.
9. Bizimana Slavator-Andr, fils de Nahimana Joseph et Siniremera Immacule n
Mwumba, commune Mutaho en 1967. Il habitait l mme, mari et agriculteur. Il a t
arrt le 13 aot 1997.
10. Gahungu Lucien, fils de Bapfanye et Gakobwa Locadie n Mwumba, commune
Mutaho en 1957. Il habitait l mme, mari et agriculteur. Il a t arrt le 13 aot
1997.
11. Wakana Etienne, fils de Muyehe Berchmans et Ciza Ancille n Canzikiro,
commune Bugenyuzi, Province Karuzi en 1957. Il habitait Isabu Murungwe
agronome. Il na pas t arrt parce quil avait fui.

Certains impliqus dans laffaire et emprisonns notamment Ndabaneze Cme, ont


reconnu que Ndimurwanko Pascal faisait partie des assassins de Mgr J. Ruhuna.
Rwajekera Martin a aussi dclar que Ndimurwanko Pascal tait tout le temps avec les
assaillants et que mme au moment o les militaires leur ont lanc une roquette, il tait
avec eux. Ndimurwanko a donc coopr directement dans lassassinat de Mgr Ruhuna et
les deux autres victimes.

Du n 3 au n 10, les impliqus dans lassassinat de Mgr Ruhuna et les deux autres
victimes appartiennent deux familles. Ces personnes ont t arrtes au milieu du mois
daot 1997 aprs quils soient dnoncs par le chef de colline Mwumba. Ce sont eux qui
ont log les assassins de Mgr J. Ruhuna. Mme le cadavre de ce dernier a t trouv
enterr dans le champ de Gahungu Claver.

Gahungu Claver a reconnu quil a log les assaillants, qui narrivaient pas 20 personnes.
Ils taient dans une maisonnette, situe derrire sa maison. Ndabaneze Cme a dclar
avoir vu le diacre Cyrille Kamana Mwumba le lendemain de la mort de Mgr J. Ruhuna
donc il tait l quand les assaillants sont venus. Par consquent, il navait pas fui avant
comme il la prtendu.

Les habitants de la colline Mwumba, qui ont logs les assaillants et qui ont sans doute
particip la cachette du corps de Mgr J. Ruhuna continuaient affirmer quils avaient
quitt la colline. Les otages librs ont tmoign que les habitants de la colline taient tous
l quand ils sont arrivs.
Daprs lofficier du Ministre Public (OMP) et comme je lai dj crit plus haut, il est
visible que le diacre Cyrille Kamana a jou un rle important dans lembuscade tendu
Mgr J. Ruhuna. Il na jamais voulu dire la vrit aux officiers de police judiciaire qui
linterrogeait, il ne faisait que mentir. Contredit, il reconnaissait ses mensonges.
LOMP a crit dans sa plainte que le diacre Cyrille Kamana avait dclarait quil ntait
pas parti jusquo on avait tu Mgr Ruhuna, au premier interrogatoire.

Il a racont comment il est parti jusquau lieu du crime au cours du deuxime


interrogatoire. Ce qui est paradoxal, cest comment quelquun peut aller sur un lieu de
crime situ 3 km de distance de l o il habite sans avertir quelquun, surtout le cur de
la paroisse. Etant donn que ce diacre tait au courant de la destination de Monseigneur
qui se rendait Burasira et quil devait repasser la mission de Gitongo pour prendre la
Sur Irne, il est possible quil ait averti les auteurs sur le programme de Monseigneur;
le diacre Cyrille Kamana a su le programme de Monseigneur par lintermdiaire de la
Sur Gabrielle de Gitongo 11 heures, le 19 septembre 1996.

Il tait au courant du lieu o se trouvait le campement des assaillants mais il na pas


voulu aider la police qui avait besoin des informations pour au moins rcuprer les corps
des tus. Les militaires et la police ont cherch ces corps du 10 septembre au 17 septembre
1996.

Le diacre Cyrille Kamana savait o se trouvaient ces corps puisque le chauffeur


Nkurunziza Jean Paul avait vu quand ils ont amen les corps sur un brancard traditionnel
(inderuzo) au campement Mwumba. Mme Mademoiselle Batorwa Marie Rose a
reconnu quelle a entendu les gens dire que le corps de Monseigneur avait t amen au
campement. Cest sr que le diacre savait o se trouvait le corps de lArchevque, mais il
ne la pas dit aux militaires qui ont pass une semaine fouiller partout, alors quil savait
que le corps se trouvait dans le champs des fils de Gahigi.

Le fait quil a trouv sans problme le campement des tueurs montre quil tait avec eux.
Le campement se trouvait sur la colline Mwumba. Un lieu difficilement accessible. Lui, a
pu trouver facilement le chemin qui lamenait en ce lieu cach. Quon soit Mutaho ou de
lautre ct dans la commune Bugendana, que ce soit sur la route, on ne voit pas cet
endroit.

Le diacre Cyrille Kamana sest montr trs solidaire avec les gnocidaires du Cndd-Fdd
qui ont tu Mgr Joachim Ruhuna. Nous pouvons penser que lui et dautres personnes de
la mission de Gitongo taient au courant de lembuscade qui allait tre tendu
lArchevque. Les tmoins ont confirm que la Sur Irne avant de repartir avec
Monseigneur a dit en dansant : Iraguye idakuvye !.............ubu ni mpfe si kazima
tubonanye na Mama ! ( Lorage sabat sur nous sans avertir !... Si je peux mourir, le plus
important est que je viens de voir ma mre). Sa mre tait vieille, elle avait 83 ans et
cela faisait longtemps quelle ne lavait pas vue.

Hakizimana Marie a tmoign quau moment de lassassinat de lArchevque, une femme


qui tait entrain de puiser leau sest cri : Baramurashe(On tire sur lui). Cette
femme a ajout quelle avait entendu dire : Genda mu mutegere, ni mubona adahagaze
muraca murasa. (Allez lattendre, si vous voyez quil refuse de sarrter, tirez
directement. ).

La population de Gitongo tait sans doute au courant de lembuscade que les tueurs
allaient tendre Monseigneur Ruhuna. Linformation na pas chapp aux surs de la
mission qui en ont sans doute parl Sr Irne. Elles ont peut-tre pris cela comme une
rumeur. Est-ce-que Mgr Ruhuna inform de cette rumeur, allait-il changer ditinraire. Il
se savait attendu de partout mais que Dieu tait sa puissante protection. Et puis, il pouvait
faire partie de ces hommes qui sont convaincus quon ne peut pas chapper la mort et
que chacun a son jour.

Dans laudience du 23 septembre 1998, la Chambre Criminelle de Gitega, les tmoins


ont t entendus. Sauf trois prvenus, tous les autres avaient leurs avocats fournis par le
Centre des Nations Unies pour les Droits de lHomme : Matre Segatwa Fabien (avocat
hutu) pour le prvenu Kamana Cyrille, Matre Atita Paul (Camerounais) pour le prvenu
Ndimurwanko Pascal, Matre Mungo (Congo/Brazzaville) pour les prvenus Ndabaneze
Cme, Sinzobakwira Franois, Hakizimana Bernard et Ndikumasabo Nabor.

Pour la dfense des parties civiles : Matre Ntakiyica Tharcisse pour la famille de Mgr
Ruhuna excus et Matre Nzeyimana Laurent comparaissait pour la CECAB (Confrence
des Evques Catholiques du Burundi) et larchevch de Gitega.

Le sige de la Chambre Criminelle tait prsid par Monsieur Ntawe Patrice de la Cour
dAppel entour de deux magistrats, de trois assesseurs, et dun Greffier. Le Ministre
Public tait reprsent par Me. Nizigiyimana Anatole, Procureur Gnral prs la Cour
dAppel.

Trois tmoins ont t entendus : lAbb Mvuyishanga Do, vicaire de la Paroisse de


Gitongo lpoque des faits, Mlle Batorwa Marie Rose, cousine du prvenu Kamana
Cyrille, Mlle Nkurunziza Rebecca, lve au Lyce Pdagogique de Busiga. Ces deux
demoiselles sont les survivantes de lattentat, qui taient dans le mme vhicule que Mgr
Ruhuna.

Le tmoin Mvuyishanga Do na pas voulu dire la vrit la Cour sur le comportement du


prvenu Cyrille Kamana. Il soutiendra mme quil na rien entendu quand le diacre
Kamana Cyrille et lun des assaillants co-auteur de lassassinat se sont concert pour
donner une version errone des faits prsenter aux autorits (c'est--dire que lattentat
devrait tre attribu aux militaires des Forces Armes Burundaises).

Le Ministre Public a fait remarqur que le cur a cach aux autorits militaires la prsence
des filles rescapes la paroisse en rvlant uniquement celle du chauffeur qui stait dj
adress aux radios.
Mvuyishanga Do ne pouvait pas raisonnablement ignorer les faits. Le Ministre public a
soulign aussi le fait quil y avait eu une contradiction entre ce quil avait dclar lors de
linstruction et la chambre criminelle concernant la mission du diacre auprs des
assaillants. Le vicaire avait dclar avant, que le diacre ne lui avait pas parl de cette
mission. Il a chang sa position devant la chambre criminelle en disant quil len avait t
averti.

Kamana Cyrille a reconnu quil navait dit personne o il allait. Le vicaire a cherch
comment protger le diacre Cyrille Kamana. Matre Atita Paul, Conseil du prvenu
Ndimurwanko Pascal a demand au cours de cette audience pour quelles raisons les
assaillants assassins identifis par les prvenus comme Commandant tel Znon ,
Anicet et Innocent nont pas t cits par le Ministre Public comme les autres prvenus ?
Il a t appuy sur cette question par Me Nzeyimana Laurent, Conseil de la CECAB et de
larchevch.
Il y a aussi eu la confrontation entre Kamana Cyrille et les autres co-prvenus. Kamana
Cyrille a cit les prvenus suivants comme ayant log les assaillants : Ndabaneze Cme,
Ndikumasabo Nabor, Bizimana Salvator et Rwajekera Martin.

Alors que tous les prvenus ont invoqus lalibi en prtendant que lors de lassassinat de
Mgr Ruhuna Joachim ils avaient pris fuite et quitt leurs demeures, le Ministre Public a
rappel que cet alibi tait loin dtre prouv cause de deux raisons :

1. Il se faisait que les prtendus localits de refuge, soit Murimbo et Kavumu en


Commune Rango o ils disaient avoir fui taient prcisment les sanctuaires des
assaillants.
2. Sil y eu fuite, elle a en lieu au moment de la dcouverte du corps de Mgr Ruhuna car,
cette occasion, il y a eu change de coups de feu entre larme rgulire et les
assaillants-assassins.

Le diacre Kamana Cyrille a reconnu aussi que, lors de sa visite au Campement des
assaillants sur la colline Mwumba, cette dernire tait normalement habite par ses
habitants.

A laudience publique du 17 dcembre 1998, la Chambre Criminelle a dcid de se


rendre sur la colline Mwumba, lieu de campement des assaillants. Elle tait accompagne
par quatre prvenus : Kamana Cyrille, Ndimurwanko Pascal, Hakizimana Bernard et
Gahungu Claver. Ils sont arrivs sur les lieux 13 heures.

Le procs-verbal sign par le Prsident du Sige Ntawe Patrice et le greffier Hakizimana


Benot donne certaines prcisions.

1. le schma dimplantation des maisons o taient les assassins de Mgr Ruhuna Joachim

A.
Maison A situe en haut, o KAMANA
Ctait assis avec les assaillants pour les N .B : Entre la maison A o
ngociations . KAMANA a t reu
Une maison en briques adobes couverte assis sur une tablette et
de tuiles. la maison B de
HAKIZIMANA il y a 6 m

La maison B de HAKIZIMANA
B.
Bernard o les filles et le chauffeur
NKURUNZIZA Jean Paul taient
gards.
Une maison couverte de paille en
briques adobes.

C. N.B : Entre la maison de


La maison C de SINZOBAKWIRA HAKIZIMANA Bernard et
Franois, le pre de HAKIZIMANA celle de son pre, il y a
Bernard dcd en prison de Gitega. Elle aussi 6 m
est couverte de tuiles avec des murs en
briques adobes.
Le diacre Kamana C. a montr o il stait assis avec les tueurs et la maison o taient les
otages.

2. Le refus de dire la vrit de certaines personnes trouves sur place, qui ont t
contredit par leurs voisins.

a) La femme de feu Sinzobakwira Franois, Gakobwa Marthe a montr sa volont de


mentir en disant quelle ntait pas au courant des 3 filles et un homme qui ont t amens
l o elle habite aprs lassassinat de Mgr Ruhuna Joachim. Elle a en plus dclar quelle
ne savait pas o on a trouv le cadavre de Mgr Ruhuna parce quelle avait fui.
b) Le diacre Kamana a refus de reconnatre que les assaillants lui ont donn de la bire.
c) Bavumiragiye Jrmie a dclar que tous les habitants qui disaient quils nont rien su
ou entendu sur la mort de Mgr Ruhuna Joachim mentaient parce que mme ceux qui
habitaient loin de lendroit, ont t au courant de ce qui sest pass.
d) Le diacre Kamana Cyrille a confirm que ceux qui disaient quils avaient quitt les
lieux mentaient parce quau moment de son arrive sur la colline, toute la population
tait l. Mme le bar qui tait sur place tait frquent.
e) Ndimurwanko Pascal alias Lisuba a dit quau moment de lassassinat de Mgr Ruhuna,
il tait parti faire soigner sa femme Mutoyi. Mais Hakizimana Marie la contredit en
lui disant de cesser de mentir car il tait sur les lieux avec les assaillants.
Cette dame a ajout que tous ceux qui disaient quils avaient fui mentaient parce que tous
taient l et ils ont tout vu. Elle a ajout quau moment de lassassinat de Mgr Ruhuna,
elle puisait de leau. Elle a eu peur et a cass son pot, elle se demandait o fuir. Madame
Mathilde la femme de Nabor Ndikumasabo (prvenu) lui a dit de rester calme. Madame
Mathilde leur a dit : Restez calme ce sont les hommes quils ont envoy surveiller Mgr
Ruhuna sur le pont de la rivire Ruvyironza. Ils leur ont dit que si Mgr Ruhuna refuse de
sarrter quils lui tirent dessus. Restons calme, ils ne nous feront rien .

Hakizimana Marie a ajout quun moment aprs les coups de feu, elles ont vu passer les
tueurs avec trois filles et un homme. Par la suite nous avons appris que le diacre Kamana
est venu les librer. A ce moment tous ceux qui disent quils ntaient pas l mentent. Ils
taient tous l. Mathilde nous a dit aussi que les assaillants avaient dit que si quelquun va
fuir, ils vont le tuer .

f) La premire femme de Gahungu Claver, Nyandwi Marie a refus de reconnatre quil


y avait des otages qui ont t amen par les assaillants aprs la mort de Mgr Ruhuna
Joachim.

Par la suite, les juges ont demand Gahungu Claver daller leur montrer o ils avaient
enterr Mgr Ruhuna Joachim et les deux surs. Il les a fait descendre peu prs 150 m
des maisons de Sinzobakwira Franois. L o ils les avaient enterrs, cest la limite des
terrains de Gahungu Claver et Sinzobakwira Franois plus ou moins 10 m partir de la
rivire Mubarazi.

Les juges ont demand Gahungu Claver pourquoi il avait dit avant quil ne connaissait
pas lendroit exact. Il na rien rpondu.

Gakobwa Marthe pouse de feu Sinzobakwira Franois a confirm lendroit et a demand


pardon aux juges du fait quelle navait pas voulu dire la vrit sur les questions qui lui
avait t poses avant.
Certains tmoins, tel Matutina, Hatungimana Oscar et Vnrand ont raffirm le rle
important de Ndimurwanko Pascal alias Lisuba, parmi les assaillants.

Dans laudience publique du 28 avril 1999, les conseils des parties civiles, Matres
Ntakiyica Tharcisse, Ngiye Audace et Nzeyimana Laurent ont argument sur le
fondement du renvoi du dossier au Ministre Public pour complment dinstruction. Ils
ont dmontr les dveloppements intervenus au cours de linstruction en audience
publique qui constituaient des lments nouveaux.

En effet, une citation directe avait t introduite par les avocats Ntakiyica Tharcisse et
Ngiye Audace charge notamment de lAbb Mvuyishanga Dogratias comme prvenu
dans cette affaire.

Trois motifs ont motiv ces avocats :

1. Abb Mvuyishanga Dogratias aurait livr aux assaillants des informations prcieuses,
quil dtenait seul avec le diacre Kamana Cyrille, sur le trajet prcis de Mgr Ruhuna,
sans ces informations, le crime naurait jamais t commis.
2. Il a omis de porter assistance aux victimes de lattentat.
3. Il a pris part la runion tenue la paroisse de Gitongo par lun des assassins de Mgr
Ruhuna avec les rescaps en vue de dsorienter lenqute de la police.

Le renvoi du dossier au Ministre Public pour complment dinstruction tait d aussi au fait
quon avait limpression que le dossier judiciaire na pas t suffisamment instruit. Dune part
en effet, les prvenus arrts nont t que, au plus, de simples petits co-auteurs ou
complices, les vritables commanditaires nayant pu tre ni identifis ni videmment
apprhends ; dautre part, mme certaines des personnes cites comme constituant le
maillon intermdiaire et subalternes directs des commanditaires, tel Wakana Etienne,
Ndabaneze Znon, Anicet, Innocent, nont t ni identifis ni inculps pour tre au moins
jugs par contumace.

Lidentification, laudition, linculpation et, sil le faut, le jugement par contumace dautres
prvenus, chefs de criminels et concepteurs du crime devaient tre faits.

En date du 29 juillet 1999, la Chambre Criminelle sous la prsidence de Ntawe Patrice sest
prononce sur le renvoi du dossier au Ministre Public. Cela pour que les questions souleves
par les avocats du CECAB , de lArchevch Gitega et de la famille de Mgr Ruhuna Joachim
dans les audiences qui avaient pour rfrence n Rf.111/NT.T/99 et Rf.16/6579, 02.Git et
les autres questions possibles puissent tre tudies.

Auparavant, le 17 mai 1999, Monseigneur Simon Ntamwana qui avait remplac Mgr Ruhuna
Joachim comme Archevque de Gitega a crit au procureur Gnral de la Rpublique du
Burundi pour donner certaines orientations au dossier de lassassinat de Mgr Ruhuna.

Il crivait entre autre que : Par la prsente, je ritre de tout mon espoir que la lumire se
fasse autour de ce crime ignoble dont la responsabilit fut trs tt identifie du ct des forces
pour la dfense de la dmocratie qui combattent contre lArme du Gouvernement. Il faut
dsormais quitter les ornires de conclusions faciles et quelques peu gratuites qui impliquaient
les prtres et les religieuses alors en prsence dans le lieu de ce meurtre le plus lche de cette
guerre civile, eux ny sont pour rien .

Ce Monseigneur hutu qui na jamais hsit de montrer son soutien aux Hutu qui avaient le
programme dexterminer les Tutsi, le prouvait une fois de plus en dfendant le prtre et le
diacre hutu trs impliqus dans lassassinat de son collgue tutsi. Il rdigerait cette lettre pour
distraire les autorits judiciaires de Gitega et les faire intimider par les autorits
hirarchiquement suprieures. Mgr Ntamwana Simon tait au courant que ces gens quil
dfendait, avez menti la justice et se sont montrs solidaires avec les assassins de leur
Archevque. Mais Mgr Ntamwana Simon ntait pas le seul les dfendre. Dans cette lettre,
il pointait du doigt le commanditaire de ce crime, le Cndd-Fdd.

Dans la lettre confidentielle n 552.10/238/552.12 du 16 juillet 1999, adresse au Procureur


Gnral prs la Cour dAppel de Gitega, le Procureur Gnral de la Rpublique, Grard
Ngendabanka, hutu, a laiss transparatre son penchant envers le diacre Kamana Cyrille en
avanant que les faits qui sont la base de linculpation du diacre Kamana lui semblent
entours de quelques obscurits et ne dgagent pas de ce fait lensemble des trois lments
constitutifs dune infraction savoir : llment moral, llment matriel et llment lgal.
Il sexprimait comme un conseil du diacre Kamana C., alors que le rle du Ministre Public
quil dirigeait tait dinstruire toujours charge et dcharge et ne devait tre frein par
aucune barrire.

Le 20 fvrier 2003, la Chambre Criminelle de la Cour de Gitega a rendu larrt avant faire
droit. Elle ordonnait la comparution personnelle des prvenus Mvuyishanga Dogratias et
Madame Batorwa M. Rose toutes les audiences publiques qui seront appeles dans le
dossier RPCC 893/Git. Elle se disait aussi comptente pour juger les poursuites charge de
Mvuyishanga Dogratias et Madame Batorwa M. Rose.
Le tribunal se fondait sur deux raisons avances par les avocats conseils de Mgr J. Ruhuna.
1. LAbb Mvuyishanga et Madame Batorwa M. Rose sont cits comparatre devant la
chambre criminelle de cans pour avoir, Matongo en commune Mutaho et Gitega,
depuis le 10/09/1996 et les autres jours qui ont suivi, persist donner de fausses
dclarations en justice au cours dune procdure dinstruction charge dautres
prvenus dnomms Kamana Cyrille, Ndimurwanko Pasca alias Lissouba, Gahungu
Claver, Ndabaneze Cme, Sinzobakwira Franois, Rwajekera Martin, Hakizimana
Bernard, Ndikumasabo Nabor, Bizimana Salvator-Andr, Gahungu Lucien, Wakana
Etienne et Ndabaneze Znon, ces derniers tant poursuivis pour avoir, en date du
09/09/1996, particip aux bandes armes ayant assassin Monseigneur Joachim
Ruhuna, Archevque de Gitega, ainsi que deux autres religieuses, Sur Irne
Gakobwa et Concessa Ndacikiriye, faits prvus et punis par larticle 421 du Code
pnal.
2. LAbb Mvuyishanga Dogratias et Madame Batorwa M. Rose sont poursuivis quant
eux dans la mme procdure que ces derniers, pour violation de larticle 266 du
Code pnal.

Larticle 266 du Code Pnal dispose que : Toute personne appele en justice pour donner
de simples renseignements, qui se sera rendue coupable de fausses dclarations, sera punie
dune servitude pnale dun an et dune amande de mille cinquante mille francs burundi ou
de lune de ces peines seulement .

Me. Nzeyimana Laurent a adresse une correspondance au Prsident de la CECAB et


lArchevque de Gitega, le 11 mars 2003 pour leur parler de ltat du dossier RPCC.893/Git.
Il parlait de la lettre que lAssociation Monseigneur Joachim Ruhuna Bon Pasteur
(AMJRBP) a crite au Prsident de la Rpublique du Burundi, P. Buyoya, le 25 fvrier 2003,
pour solliciter son intervention pour ordonner que les services comptents sexcutent et
quaucune entrave ne soit porte laction de la justice .
Cette lettre prcisait que les co-prvenus Mvuyishanga Dogratias et Batorwa Marie Rose
sont poursuivis de deux chefs daccusations :
-les fausses dclarations en justice par citation du Ministre public ;
-comme co-auteurs de lassassinat de Mgr J. Ruhuna par les avocats conseils de la famille de
Mgr Ruhuna , Matres Ntakiyica Tharcisse et Ngiriye Audace.

La lettre soulignait que : Par cette citation, ces avocats mettent en cause le prvenu
Mvuyishanga Do pour avoir, en toute connaissance de cause, dissimul la vrit et dsorient
les Forces de lOrdre et la justice.
Alors quil tait Cur de la Paroisse de Gitongo, il lui est accus :
-de navoir rien fait pour retrouver les corps des victimes et quau contraire il a tent de
dissimuler la vrit en refusant toute collaboration aux forces de lordre envoys sur les lieux ;
-quun outre, dans sa lettre du 11.09.1996 au chef de la position militaire de Mutaho, il a
sciemment cach que trois filles qui avaient t prises en otage avaient t retrouves et se
trouvaient dans les locaux de sa paroisse ;
-quil a galement instruit le chauffeur Paul Nkurunziza de mentir la justice.
Les conseils des co-prvenus Mvuyishanga D. et Batorwa M.R. nont pas t satisfaits de la
dcision des juges et ont exerc un recours en cassation, le 24.02.2003 par une requte auprs
de la Cour Suprme. La prochaine audience devrait se tenir le 17 mars 2003. Mais cette tenue
tait conditionne par la comparution de Ndabaneze Znon et la dcision de la Cour
Suprme.

Les accords entre le Gouvernement du Burundi et le deuxime groupe du Cndd-Fdd ont t


sign le 07/10/2002. Le 8 fvrier 2003 les chefs de ce groupe sont rentrs au pays.

Matre Tharcisse Ntakiyica avocat pour la famille de Feu Mgr Ruhuna Joachim et de la
Confrence des Evques Catholiques du Burundi a adress une lettre urgente au prsident de
la Cour dAppel de Gitega pour lui demander de lancer une citation au prvenu Ndabaneze
Znon en ces termes :

Le nomm Znon Ndabaneze, objet du tlgramme de recherche n 552/12/71/99 RMPG


1404/NA du 26/4/1999, figure au nombre des personnes poursuivies du chef de participation
des bandes armes et dassassinat de feu Son Excellence Monseigneur Ruhuna Joachim.
Alors en cavale, le prvenu susnomm qui exerait et exerce toujours un rle de
commandement au sein du Cndd-Fdd et qui dirigeait lescadron de la mort qui a perptr et
revendiqu lexcrable assassinat de lEx-Archevque de Gitega, feu Son Excellence
Monseigneur Ruhuna Joachim, est rentr au pays le 8 fvrier 2003 et hberg lHtel
Novotel de Bujumbura.

Lobjet de la prsente est de vous prier instamment, Monsieur le Prsident, de lancer une
citation ce prvenu dont la rsidence est aujourdhui connue pour quil comparaisse devant
la chambre criminelle prs votre juridiction et rpondre de lignoble et abject crime quil a
commis. Je demande galement Monsieur le Procureur Gnral prs la Cour dAppel de
Gitega qui me lit en copie de procder promptement larrestation de ce criminel et de le tenir
la disposition de la Cour la prison de Gitega.

Il faut noter que le Commandant Ndabaneze Znon a t nommment mis en cause


respectivement aux audiences du 23 septembre 1998, 23 avril 1999 et 28 avril 1999 par les
co-accuss dans cette affaire en particulier par le diacre Cyrille Kamana qui a toujours
rclam sa comparution mais en vain.

Il avait t assign rsidence inconnue par la Cour dAppel de Gitega mais na pas t
inquit quand il est rentr. Il sest content denvoyer son retour, un fax Gitega pour
confirmer quil allait comparatre la prochaine audience. Le Procureur Gnral de la Cour
dAppel de Gitega a lanc ds le retour de Ndabanez Znon un avis de recherche avec mandat
darrter et de conduire lintress ladresse des diffrents officiers de Police Judiciaire du
pays et en particulier ladresse de lAdministrateur Gnral de la Documentation Nationale
ou du Commandant de District en mairie de Bujumbura.

Cela a t reconnu dans laudience sur laffaire du 20 fvrier 2003. Les avocats des parties
civiles se sont assurs que le mandat de justice a dment t remis son destinataire dans les
meilleurs dlais.

La volont de la justice na pas pu tre satisfaite puisque Ndabaneze Znon a pu prendre


lavion pour aller Nairobi et revenir. Aprs avoir log quelques jours aux frais de lEtat
lHtel Novotel lui et ses amis ont t dplacs lHtel Mridien Source du Nil.

Le gnocidaire na pas t arrt cause de lAccord sign Arusha par des politiciens. Elle
prvoyait limmunit provisoire aux politiciens rentrant dexil. Est-ce-que les criminels qui
tuent un Archevque et dautres citoyens cause de leur ethnie sont des politiciens ? Les
victimes des crimes commis par le Cndd-Fdd nont pas accept que des gnocidaires soient
considrs comme des politiciens. Elles se sont opposes cette immunit provisoire.
Au mois de novembre 2003, le Prsident NDAYIZEYE Domitien (hutu) qui avait remplac
Pierre BUYOYA (Tutsi) suivant le mme accord dArusha a sign le dcret loi n1/022 du 21
novembre 2003 portant immunit provisoire de poursuites judiciaires en faveur des leaders
politiques rentrant dexil.

Mme si cette loi mentionne son article 2, que cette immunit provisoire ne concerne pas
les crimes de gnocide, les crimes contre lhumanit et les crimes de guerre , le Ministre de
la Justice de lpoque, Dr Didace Kiganahe (tutsi, membre du Parti Frodebu) a sign le 05
janvier 2005, lordonnance ministrielle n 550/002 du 05/01/05 portant octroi de limmunit
provisoire des prisonniers combattants et leurs collaborateurs. Cette ordonnance indiquait en
son article 1 que : Sont admis limmunit provisoire prvue par lAccord de cessez-le feu
du 16 novembre 2003 les personnes ci-aprs :

1. Monsieur Kamana Cyrille, fils de Ntahompagaze Martin et Wakana Rosalie, RPCC


893/Git.
2. Monsieur Gahungu Claver, fils de Gahigi Michel et Ntwega Vronique, RPCC
893/Git , RMPG 1404/Na.

Par cette ordonnance le Ministre Kiganahe Didace confirmait lappartenance de Kamana


Cyrille et Gahungu Claver au Mouvement Cndd-Fdd qui stait port responsable de
lassassinat de Mgr Ruhuna Joachim et dont Kamana Cyrille tait poursuivi pour sa
complicit dans ce meurtre.

Cela est vrai que larticle 1er de lordonnance prcite considre que limmunit provisoire
dont les deux prvenus ont bnfici est justifie par lAccord de cessez-le feu du 16
novembre 2003, qui a t conclu entre le Gouvernement du Burundi (reprsent par
Ndayizeye Domitien) et le Cndd-Fdd reprsent par Nkurunziza Pierre.

Il est donc visible que Kamana Cyrille et Gahungu Claver taient des combattants ou
collaborateurs du Cndd-Fdd.

Le Ministre Kiganahe Didace la dailleurs prcis dans une rponse du 8 mars 2003 quil a
adresse aux avocats Matres Ntakiyica Tharcisse et Nzeyimana Laurent. Elle tait formule
comme suit :

Jaccuse bonne rception de votre lettre du 1er fvrier 2005 par laquelle vous demandez
lannulation de lordonnance ministrielle n 550/002 du 5 janvier 2005 portant octroi de
limmunit provisoire des prisonniers combattants et leurs collaborateurs impliqus dans le
dossier RPC 1/Git.

Je voudrais par la prsente porter votre connaissance que les 13 personnes places en
dtention prventive dans le dossier susvis ont t inculpes sur base de larticle 421 du
Code Pnal rprimant les attentats commis par une bande arme.

En retenant cette qualification, le Ministre Publique a considr ces dtenus comme faisant
partie dune bande arme. Les personnes faisant partie de la bande en question sont
bnficiaires d limmunit provisoire suivant les termes du dcret n 100/023 du 23 mars
2004 portant modalits dapplication de limmunit provisoire prvue par lAccord Global de
cessez le feu du 16 novembre 2003 .

Pour que le Ministre puisse signer cette ordonnance de mise en libert de Kamana Cyrille et
Gahungu Claver, le Cndd-Fdd a d les mettre sur la liste de leurs personnes librer. Ce qui
veut dire quils appartenaient la bande arme du Cndd-Fdd et que les accusations portes
contre eux dans lassassinat de lArchevque Joachim Ruhuna taient fondes. Kamana
Cyrille est un criminel poursuivre pour la participation au meurtre du Bon Pasteur Joachim
Ruhuna.

Remis en libert le diacre Kamana Cyrille a t ordonn prtre par Mgr Ntamwana Simon
malgr la protestation de certains prtres qui ont mme crit une lettre au Nonce Apostolique.
Un Evque dcide seul de lordonnancement dun prtre dans son diocse. Devenu prtre, il a
t envoy en formation en Europe.

Lopinion retient que ce diacre hutu a bnfici du soutien de lEvque hutu de son diocse.
Qui ne manque jamais doccasion pour montrer ses penchants ethniques.
A lpoque de la libration de ce diacre gnocidaire du Cndd-Fdd, sur sept vques, il y avait
un seul tutsi, tous les autres taient hutu.

LEglise Catholique a manqu de solidarit envers son pasteur fidle qui a t assassin
sauvagement. Avec son assassinat Ntamwana Simon la remplac comme Archevque de
Gitega.

Du soutien que lvque Ntamwana Simon a tmoign au diacre Kamana Cyrille, il est
vident que cet vque tait complice de ce crime ou tait qui profite le crime donc le
commanditaire. LEglise Catholique a jou un rle ngatif dans lethnisation du Burundi. Les
gnocidaires hutu tiennent dominer et lEtat et lEglise.

Ce chapitre est crit pour mettre la disposition du public les non-dits sur lassassinat de cet
Archevque qui avait essay de tout faire pour ne pas tre embarqu dans les divisions
ethniques qui rongeaient notre pays. Il mrite la justice des hommes. Ce nest pas un Tutsi
qui a t tu mais le seul Archevque de lEglise Catholique que le Burundi avait.

Monseigneur J. Ruhuna tait une des personnalits burundaises qui faisaient tout leur possible
pour protger les Burundais tutsi, hutu et twa confondus. Il a t ordonn Evque du Burundi
selon le rite latin de lEglise Catholique romaine, le 21 septembre 1973, date qui
correspondait la 75me anniversaire de la fondation de la premire mission catholique
dfinitive au Burundi.

Il avait fait beaucoup dtudes. Il a t baptis aprs quatre annes de Catchumnat. En 1947,
il est entr au Petit Sminaire du Mugera en 7me anne. Il a commenc ses tudes au Grand
Sminaire de Burasira en 1955. Il a fait trois annes de philosophie et en suite de thologie et
le stage de probation. Il a t ordonn prtre le 18 septembre 1962, deux mois aprs
lindpendance du Burundi. En 1966, il a poursuivi sa formation en sciences thologique et
philosophique Rome pendant quatre ans. Il a prsent un travail de recherche intitul : Le
sacerdoce pr-chrtien dans les croyances et pratiques religieuses du Burundi . Il est rentr
au Burundi en 1970 avec un doctorat en thologie et une licence en philosophie. Il est devenu
Archevque de Gitega le 30 janvier 1983.

Sous le pouvoir de Jean Baptiste Bagaza, il y et des relations conflictuelles (1980-1987)


entre lEglise Catholique et le Gouvernement du Burundi. Mgr Joachim Ruhuna tait
Prsident de la Confrence Episcopale du Burundi et en tant quArchevque, chef spirituel du
pays, il tait donc en premire ligne.

Le Prsident Jean Baptiste Bagaza a, en 1986, nationalis sur simple lettre du Ministre de
lEducation et ferm les glises paroissiales et les cathdrales. Les chrtiens qui le pouvoir
de Bagaza empchait daller dans les glises ne perdaient pas despoir. Ils disaient qu il y a
le Grand hibou Gitega (Ruhuna signifie grand hibou) qui continue prier jour et nuit, J.B
Bagaza nen a pas eu pour longtemps. Le 3 septembre 1987, il fut remplac par son cousin
et dauphin Pierre Buyoya par un coup dEtat, il restera six ans en exil en Libye.

Ceux qui ont bien connu, lArchevque Joachim Ruhuna, disent que sa position fut toujours
vanglique. Fidle au Christ, il fut souvent incompris de son peuple. Sa ligne de conduite,
ctait la justice dans lanalyse et dans le discours que cette analyse inspirait. Ctait en tout
cas, comme si lui qui, pourtant tait n dans une famille tutsi, ne se reconnaissait pas dethnie.

Au mois doctobre 1993, ce jugement fut prouv par son comportement. A partir du 21
octobre 1993, les Tutsi fuyant les Hutu qui les massacraient sont venus se cacher son
vch, il les a tous reus. Par aprs ce sont des Hutu qui fuyaient les militaires qui sont venus
chercher sa protection, il les a accueillis enfants, adultes, fonctionnaires et autres. Dabord les
Hutu puis les tutsi ntaient pas contents de son comportement. Les Tutsi ne comprenaient pas
comment il cachait les Hutu dont certains venaient de tuer les leurs.

Le gnocide contre les Tutsi excut partir du 21 octobre 1993 a ananti presque
entirement la famille de Mgr Ruhuna qui demeurait en Province Karuzi, Commune
Nyabikere. Cette province a t parmi les plus touches de tout le pays.

Beaucoup de Tutsi de Gitega qui parfois restaient les seuls survivants de leurs familles
considraient ce moment l leur Archevque ni plus ni moins que comme un tratre sur qui,
ils ne pouvaient plus compter. Ils sont venus exiger les Hutu qui se cachaient chez lui derrire
le grand portail de sa rsidence. Il sest prsent lui-mme et leur a dit : Vous ne prendrez
personne de mon vivant. Si vous voulez tuer quelquun tuez-moi dabord. Et sil y a parmi les
personnes qui sont ici, certaines qui se sont rendues coupables datrocits, attendez que le
calme revienne et quune justice quitable soit organise. Vous savez bien quil ny a pas
moyen de juger quelquun dans les conditions actuelles1 . Nombreux cadres hutu ont t
sauvs ainsi mais cela na pas empch quils entrent dans le Cndd-Fdd et quils planifient et
assassinent ce Bon Pasteur dans son diocse et par les natifs de Gitega, qui avez t baptiss
au Nom du Pre, du Fils et du Saint Esprit.

Sa position tait aussi visible dans lhomlie quil a prononce le 6 dcembre 1993,
loccasion des funrailles de Melchior Ndadaye et de ses collaborateurs assassins le 21
octobre 1993. Je vous en propose deux paragraphes.

1
Nimenya, A., Monseigneur Joachim RUHUNA ; Le Pasteur Fidle, Ressource Editions 2001,p.79-80
Nous avons appris que le Chef de lEtat tait tomb aux mains des ennemis, ce fut la
consternation et la panique. Et de fait, cela na pas tard. Des burundais sans cur, Bahutu et
Batutsi, se sont affronts pour des raisons dethnie ou idologie, ils se sont accuss
mutuellement et ont dchir le tissu social. Les gens dmolissent les ponts, obstruent les
routes, sentre-tuent, se dispersent. On pille, on brle, bref, cest lauto-destruction. Certains
pensaient ainsi venger le chef de lEtat, en oubliant quil tait le Pre de tous. Dautres
commencent venger ceux de leurs qui sont tombs et se livrent aux mmes excs que les
premiers. Cest le dsastre gnralis.

Nous sommes solidaires dans le mal commis, nous navons pas tous tu, cest vrai. Mais
les meurtriers sont nos parents, nos frres, nos amis. Regardons ce crime en face ! Maintenant
la terre du Burundi est parseme de cadavres, et elle a t abreuve du sang de nos frres et de
nos surs. Mais oui, promenez vos regards partout sur les collines et dans les bananeraies, ce
nest que cendres et dcombres. Dans tout le pays ce nest que pleurs et lamentations, les
veuves et les orphelins ne se comptent plus. Partout dsolation et larmes .

En 1993, lidologie pour le gnocide contre les Tutsi tait dj dans les ttes de certains
Hutu, qui ne pouvaient pas supporter un Tutsi mme quand celui-ci se met lcart de ceux
qui sont dtermins den dcoudre. LArchevque Joachim Ruhuna a chapp plusieurs
tentatives dassassinat.

A Itaba, province Gitega, alors que lArchevque accompagnait le nouveau Gouverneur de


Province et les responsables militaires pour tenter de rassrner les curs et les esprits, une
foule de paysans hutu en fureur se mirent vocifrer contre lui des menaces de mort. Il fut
dpouill de sa calotte et oblig de se mettre genoux dans la boue et de se coucher par terre.
La garde qui les accompagnait fut interdite par Monseigneur de tirer. Ils furent dsarms par
cette population. Cette dernire disait Mgr J. Ruhuna que ces propos de paix quil leur
rabchait, elle ne voulait plus en entendre parler : Vous aussi vous tes un Tutsi , lui disait-
elle. Un des soldats a averti cette population que sils les tuent une rpression terrible
sabattrait sur elle. Par peur sans doute, ils les laissrent partir.

Cette population tait 100% catholique et cela faisait plus de dix ans qu Mgr Ruhuna tait
leur vque. Lidologie des prtres qui enseignaient le gnocide contre les Tutsi avait
domin le discours de paix de Mgr Ruhuna.

En 1995 sur la route Bujumbura-Bugarama, son vhicule fut cibl par des tueurs des bandes
armes hutu. Il en chappa mais un prtre de la diocse de Bururi et de nationalit rwandaise,
Abb Guy Rurangirwa qui avait t atteint par les tirs croiss en succombant quelques temps
plus tard.

Le 21 avril 1996, suite la recrudescence des tueries dans le diocse de Gitega, Teza, Ndava,
Bukirasazi, Nyabiraba, Mbogora, Nyangwa, Giheta et Gitongo, Mgr Ruhuna adresse un
message pathtique aux chrtiens qui contenait quelques conseils suivants :

Depuis trop longtemps, nous versons le sang de nos frres. Depuis trop longtemps nos
frres ont quitt leurs maisons, leurs terres et tous leurs biens et dorment la belle toile. Ils
souffrent chaque jour de froid, de faim et de nombreuses pidmies. Ils vivent dans la terreur.
Leurs maisons ont t brles et leurs maigres biens ont t perdus. Nous avons appel la
maldiction sur notre terre.

.A ceux qui tuent et ceux qui envoient tuer, ceux qui pillent et ceux qui dtruisent, je
dis ceci : si vous ne vous repentez pas au plus vite, vous ne pouvez esprer nul salut, vous
voyez vous-mmes combien votre avenir est prcaire. Le mal que vous faites, le sang que
vous versez vous accuse ; Dieu aussi vous accuse, car en transgressant les plus sacrs de ses
commandements, cest lui que vous insultez. Votre pays aussi vous accuse car vous le
couvrez de mpris et de honte dans la communaut des nations. Alors o croyez vous vous
diriger ainsi ? Quelle sera votre sortie ? Beaucoup parmi vous risquent la mort chaque jour et
beaucoup sont ceux qui tombent. Ils meurent dans une angoisse sans nom engendre par les
pchs ignominieux dont ils se sont rendus coupables .

Cest un message qui condamnait les criminels mais qui ne plaisait pas ces derniers. Ce
message de Mgr Ruhuna les faisait peur, leurs crimes ntaient pas passs sous silence par
lEglise Catholique du Burundi. LArchevque devenait un tmoin oculaire gnant, un
combattant contre les gnocidaires sur le front de la non-violence. Les criminels naiment pas
quon les dnonce.

Le comportement des chrtiens hutu de la Commune Itaba montrait que lenseignement de


lidologie gnocidaire dans cette commune tait termin et avait atteint son objectif.
LArchevque allait parler de paix entre les Hutu, les Tutsi, les Twa et les autres, entre tous
les fils et filles du pays alors que les gnocidaires disaient que tout Tutsi doit mourir, ftus,
bb, femme, homme vieux et vieille, vque ou athe. Cest cette dcision qui a t prise
depuis 1959 par le laborantin en chef Kayibanda Grgoire.

Le 21 juillet 1996, sous le rgime de Ntibantunganya Sylvestre, un Hutu, membre fondateur


du Frodebu et du Cndd-Fdd et natif de Gitega, se commettait un autre grand crime de
gnocide contre les Tutsi Bugendana. Trois cent soixante dix dplacs tutsi furent
massacrs par le Cndd-Fdd comme la revendiqu le porte- parole de ce groupe, Ndiho
Jrme sur les radios internationales.

Le gnocide des Tutsi de Bugendana a cibl des dplacs qui avaient pu chapper au gnocide
des Tutsi doctobre 1993. Les victimes tutsi taient essentiellement composs denfants et des
femmes dont les pres et les maris avaient dj t massacrs par les membres du parti hutu,
le Frodebu.

Les bourreaux taient les mmes sauf quils avaient mis ce jour la casquette du Cndd-Fdd.
Suite ce gnocide beaucoup de hautes autorits du pays et tous les citoyens burundais qui
sont contre le gnocide des Tutsi ont protest et condamn ce crime par des dclarations
diverses.

Mgr Joachim Ruhuna a t prsent le lendemain pour les funrailles des victimes. Il a
prononc la plus nergique de ces homlies. Devant un crime dune telle gravit il ne pouvait
en tre autrement. Il est important de rappeler et de montrer lintgralit de son homlie
traduite du Kirundi par Nimenya Albert. 2

Aprs que Can se fut jet sur son frre Abel et leut tu, le Seigneur Dieu linterpella en ces
termes : O est ton frre Abel ? Can rpondit : je ne sais pas . Le Seigneur Dieu reprit :
Quas-tu fait ? Ecoute le sang de ton frre crier vers moi du sol. Maintenant sois maudit et
chass du sol fertileTu seras dsormais un errant parcourant la terre. Alors Can dit au
Seigneur Dieu : Ma peine est trop lourde porter. Vois ! Je devrai me cacher loin de ta
face et je serai un errant parcourant la terre : mais le premier venu me tuera ! et le
Seigneur Dieu mis un signe sur Can, afin que le premier venu ne le frappt point (Gense
4,916). Telle fut la maldiction du Seigneur qui frappa le criminel qui ne se repent pas.
Contemplez avec moi les corps de nos frres et surs rangs devant nous. Des centaines
et des centaines qui sont tombs sous les coups des malfaiteurs. Presque tous sont des femmes

2
Nimenya, A., Monseigneur Joachim RUHUNA ; Le Pasteur Fidle, Ressource Editions 2001, p.98-100
et des enfants sans dfense. Dj privs des leurs en octobre 1993, ils ont t chasss de leurs
collines et de leurs maisons ; ils ont cherch refuge en ces lieux de misre. Ils navaient plus
rien ; ils ne connaissaient que la misre, le froid, la faim comme tant dautres dplacs
regroup dans ces camps, un peu partout dans le pays.

Ils sont l devant nous. Ils viennent de quitter cette terre, tus par leurs frres, des
Burundais comme eux. Seigneur, que le sang de tes biens aims soit pour notre pays une
source de salut afin que nous puissions sortir de cette horreur, afin que cessent ces larmes et
cette violence insense et meurtrire qui na pas de nom et qui nous fait honte.
Nous voulons compatir avec tous ceux qui pleurent des tres chers. Parmi eux il y a de
vrais martyrs. Ils nous ont prcds dans le Royaume de Dieu o ils nous prpareront une
place. Que le Seigneur les accueille dans sa maison et les comble de son bonheur sans fin.
Mais, dites-moi, o sont donc ceux qui ont commis ces crimes ? Quel jugement
connatront-ils ? Ils sont en train derrer comme des enfants maudits chasss de leur famille.
Trouveront-ils encore du sommeil ? Ne seront-ils pas tourments sans relche par la
conscience ? Ce sang vers ne va-t-il pas les poursuivre ? La voix du Seigneur ne cessera pas
de les poursuivre : Quas-tu fait de ton frre ? Quas-tu donc fait ? Tu es dsormais un
exil, tu mourras sans avoir fini derrer. Le chtiment sera lourd porter. Lenfer, tu vas le
vivre ds ici bas.

Burundais, Burundaises, mes surs et mes frres,


Laissez-moi madresser ces assassins et ceux qui les envoient. Jlve ma voix, et
que le monde lentende ! Vos crimes sont la honte de lhumanit. Je vous en supplie : dposez
les armes, cessez ces massacres, la paix est ce prix. Vous y aspirez, vous aussi, laissez les
autres vivre en paix. Recherchons ensemble une vie commune, dans lharmonie et la
concorde. Parmi vous, jen suis sr, il y en a qui se disent dans le fond de leur cur : nous
sommes tombs dans le mal et qui nous en sauvera ?
Mais non. Sachez donc que le Seigneur a des entrailles de misricorde. LEglise a
reu mission de la manifester et de loffrir tous ceux qui sincrement se repentent de tout
leur cur.
Sans doute, la justice des hommes taccablera durement. Mais ton cur peut dj tre
guri et tre arrach au chtiment ternel. Les hommes peuvent pardonner celui qui se
ressaisit en reconnaissant son pch et veut se convertir; le Seigneur ne veut pas la mort du
pcheur mais bien plutt quil se convertisse.
A tous ceux qui ont perdu les leurs, je demande de ne pas sombrer dans lillusion qui
donnerait la vengeance ; ceux qui viennent de perdre leur vie, lont perdue cause de leur
ethnie, cest vident. Leurs bourreaux qui pensent venger ou dfendre leur ethnie, viennent de
commettre un crime qui dpasse tous les pchs ; ils ont reni Dieu, leur crateur. Quil ne
sen trouve pas dautres qui se laissent conduire par des sentiments ethniques pour venger
leurs dfunts. Ce nest pas en tuant ton tour que tu feras revenir les tiens. Tu seras devenu,
toi aussi, un assassin et le Seigneur te maudira.
Laissez-moi aussi interpeller les chrtiens de ce pays.
Chers chrtiens, vous avez accueilli lenseignement du Christ et avez t baptiss.
Vous le savez bien, tuer est un pch trs grave. Pour tout homme digne de son nom, mme
sil nest pas baptis, il y a un prcepte de sa conscience qui lui interdit de tuer. Cest une
exigence de la loi naturelle qui se dcouvre par celui qui atteint lge de raison.
Chaque fois que vous avez hberg un assassin, chaque fois que vous tes tombs
daccord avec lui pour quon tue, vous avez dj commis le pch. Vous ntes plus dignes du
nom de chrtien. Vous vous tes exclus de la communaut des fidles, vous tes comme des
errants.
Chers chrtiens du Burundi, grands et petits, que chacun de vous rentre en lui-mme et
sexamine pour voir sil ne participe pas au crime soit par ses propos, ses actes ; soit par tout
son comportement.
Entrons rsolument dans le chemin de la repentance ; convertissons-nous. Rompons
avec le crime qui svit dans notre pays. Il ny a quun chemin qui mne la paix et au
bonheur : cest le culte de la vrit et de la justice, la passion du bien. Apprenons la
misricorde. Pratiquons la sagesse. Ayons le cur doux et humble envers Notre Seigneur et
nos frres les hommes. Tel est lenseignement que nous transmet lvangile de ce jour (Mt 5,
1-12).
Jexhorte tous les chrtiens dignes de ce nom, o quils soient : soyez des artisans de
paix qui rassemblent les hommes. Reprenez les malfaiteurs ; quils reviennent au bercail.
Multipliez les uvres bonnes empreintes damour et de misricorde lgard de tous . Cest
la seule faon dexpier ces crimes qui se commettent dans tout le pays. Oui, la paix est
possible si nous le voulons, si nous la cherchons inlassablement en la demandant de tout
notre cur au Seigneur notre Dieu.
Je continue rver dun Burundi o tous ses fils et ses filles se rconcilient ; dun
Burundi o les dplacs retrouvent leurs proprits ; dun Burundi qui sadonne au
dveloppement.
Burundais, mes frres, Burundaises mes surs, tout dpend de nous. Aimons le
Seigneur, gardons ses commandements, respectons-nous mutuellement. Le Seigneur Dieu, de
qui nous vient tout bien, ne manquera pas de rpondre nos prires.
Et vous chers frres et surs, qui tes dj rendus auprs du Pre, soyez dans la paix.
Priez pour notre pays afin quil retrouve sa dignit aux yeux de Dieu et du monde entier.
Soyez tous remercis.

Dans son homlie Mgr J. Ruhuna condamnait le crime qui venait dtre commis, il dcriait et
prsentait les victimes aux personnes venues aux obsques. Il sadressait aux Burundais et
Burundaises, aux frres et surs, tous ceux qui ont perdus les leurs, aux assassins et ceux
qui les envoyez, aux chrtiens.

Il a parl comme un homme normal, rvolt par un crime o des innocents prissent. Il
sexprimait aussi comme un grand reprsentant de lEglise Catholique, un Burundais sage,
vque qui connat bien sa socit burundaise. Mais les gnocidaires en ont profit pour le
diaboliser et prparer son limination. Pourtant les bbs Tutsi et les dplacs de Bugendana
quils venaient de tuer navaient rien dit. Ils navaient pas autant de sagesse et de
connaissances que Mgr J. Ruhuna. Bien sr que ces gnocidaires trouvaient des raisons pour
supprimer tout Tutsi.

Cest donc le 9 septembre 1996, moins de deux mois aprs que le Cndd-Fdd a tendu une
embuscade Mgr J. Ruhuna. Le dtail a t donn plus haut.

Certains observateurs ont pens que cest suite lhomlie de Bugendana que le Cndd-Fdd a
dcid de tuer Mgr J. Ruhuna. Je pense que ce ne pas cause de cela. Le gnocide contre les
Tutsi ne fait pas de diffrence entre les Tutsi et surtout ne prtend pas prserver ceux qui sont
capables de voir ce quils font.

Mgr Ruhuna tant tutsi, le gnocide contre les Tutsi ne pouvait pas le laisser de ct si une
occasion de le tuer se prsentait. Les occasions ne manquaient pas. Ctait un vque libre qui
allait l o il voulait, beaucoup de fois Bujumbura, Burasira et ailleurs.

Les membres du Frodebu-Cndd-Fdd ont excut dautres hommes dEglise Catholique


comme frre Basile Samoya Munanira, commune Rutegama, des mdecins tutsi en train de
soigner des malades, des enseignants, des ingnieurs, comment hsiteraient-ils excuter un
Evque tutsi.
Ils lont donc tu parce quil tait tutsi dabord et parce quil tait vque catholique.
Noublions pas que parmi les chefs du Cndd-Fdd, il y avait Hussein Rajabu un islam et
Nkurunziza Pierre un admirateur des sectes protestants. En lassassinant ils ont attaqu
lEglise Romaine. Mais lEglise na pas mis les forces quil fallait pour poursuivre ceux qui
ont assassin le seul Archevque que lEglise avait au Burundi ce moment l.

Plus tard un des commanditaires de ce crime Nkurunziza Pierre a t en Italie pour y recevoir
un prix aprs quil ait accd la tte de lEtat Burundais, lEglise Catholique na pas
manifest un signe de rvolte devant cette situation. Javais cru quau moins pour lamour de
Dieu, les chefs de lEglise devraient tre solidaires face un crime du genre.

Le Cndd-Fdd au pouvoir Bujumbura, est incapable de se juger pour ce crime. LEglise


Catholique peut porter plainte ailleurs surtout que ces criminels ont commis et continuent de
commettre dautres crimes.
Ceux qui le connaissaient trs bien disent que Mgr Ruhuna tait un homme qui ne cherchait
pas plaire. Sa parole allait tout droit la vrit et il fuyait les compromissions comme la
peste. Il tait dune grande impartialit .Il tait un homme dEglise dans le sens le plus
plein et le plus sympathique de lexpression .3

Tout homme normal devait condamner les crimes que commettaient les terroristes
gnocidaires du Cndd-Fdd. Dans son message tous les chrtiens, le 12 septembre 1996, trois
jours aprs lassassinat de Mgr J. Ruhuna, Mgr Bernard BUDUDIRA disait entre autre ceci :

Nous venons de perdre un homme de grande valeur. Un vrai Mushingantahe qui na


jamais recul devant les grands combats. () Comment lhomme qui a os verser le sang de
ce saint homme pourra se justifier devant Dieu et devant les hommes ? Puisse t-il avoir des
remords dans sa conscience et rejeter et se dcider rejeter ce crime sans nom.

Pierre Buyoya qui tait Prsident du Burundi aprs le coup dEtat quil a effectu le 25 juillet
1996, a appel les choses par leur nom avant quil dcide de frquenter ces gnocidaires.
Dans son message envoy aux citoyens burundais aprs la disparition de Mgr J. Ruhuna il
dclarait notamment : Lorsque nous avons appris que les bandes terroristes venaient de
nouveau dendeuiller notre pays en assassinant Monseigneur Joachim Ruhuna, Archevque
de Gitega, nous avons ressenti une vive motion . () Lorsque ces mmes criminels ont
perptr laffreux massacre de Bugendana le message qu livr Monseigneur Ruhuna a
touch tous les curs et aucun burundais jamais ne loubliera. Il a rappel que quiconque tue
son frre devra affronter un destin vident : il mourra dans lerrance et jamais il naura la
paix .

Le Cardinal Jozef Tomko, qui reprsentait le Pape a aussi adress un message le 17 septembre
1996, Gitega, au cours dune prire pour Mgr J. Ruhuna alors que son corps ntait pas
toujours trouv. Certains passages de son message sont :

Au nom de Dieu, au nom de lhumanit, de nouveau je crie pour manifester devant le monde
entier la souffrance quprouve ce peuple, face la mort de Monseigneur Joachim Ruhuna,
qui vient couronner le martyre de milliers et de milliers dautres Burundais. Je supplie le
monde pour quil ne continue pas dormir en prsence de cette tragdie.

En assassinant lArchevque, ces gens qui ont opt pour le chemin du crime et de la haine
ne cherchaient rien que la destruction de lEglise, dans la personne de ses pasteurs et de ses
fidles. Ils veulent renier les richesses que nous a apportes lvangile que les burundais vous

3
Nimenya, A., Monseigneur Joachim RUHUNA ; Le Pasteur Fidle, Rssource Edition 2001
avez accueillies en grand nombre. Ma parole daujourdhui fait suite celle que vos Evques
vous ont adresse dernirement en toute clart. Ils vous suppliaient de dfendre lhumanit et
dtre artisans de la paix qui combattent de toutes leurs forces la haine et le meurtre qui font
rage dans la famille burundaise.

Au nom de Dieu, permettez-moi de vos rappeler encore : Tu ne tueras pas ! Personne


ne peut se rendre matre de la vie de son prochainOn ne peut pas faire de son ethnie un
outil de la haine. Comme lon dit vos vques : Ceux qui mettent en avant lethnie dans
leurs luttes politiques, ceux qui enseignent la haine envers ceux dune autre ethnie, le tout
parce quils ont un objectif atteindre. Les richesses et le pouvoir. Ils ne le font pas parce
quils ne croient pas une possible concorde entre diffrentes ethnies. Ces gens-l qui
veulent arriver au pouvoir, au lieu dlaborer des projets clairs pour dvelopper le pays et
tous les citoyens, sappuient sur lidologie ethnique pour atteindre et profiter des avantages
du pouvoir .

Malheur ceux qui esprent instaurer leur rgne sur les tombes dhommes, de femmes et
denfants quils ont ravis leur pays, la justice vienne en aide ces victimes innocentes.
Mme si la justice humaine narrivait pas chtier ces criminels, quils sachent que jamais
ils ne pourront chapper la justice de Dieu ? Nous prions pour que ce Dieu de misricorde
daigne pardonner ceux qui parmi ces criminels reconnaissent leur faute et se repentent du
mal quils ont fait .

Cest le jour de cette grande prire que le corps de lArchevque et de la Sur Irne enterrs
dans une mme fosse ont t retrouvs par les militaires de larme burundaise.

Les obsques ont eu lieu, le 19 septembre 1996. Monseigneur Joseph Nduhirubusa (hutu) qui
tait le successeur de Joachim Ruhuna sur son premier sige piscopal Ruyigi, a fait une
allocution pour la circonstance. Contrairement aux autres homlies et dclarations faites avant
qui condamnaient nergiquement ceux qui venaient de commettre ce crime, Mgr Joseph
Nduhirubusa na pas fait allusion en ces criminels.

Je reviendrai plus loin sur le contact de cet vque avec les criminels du Cndd-Fdd, quil na
pas prfr dnoncer. Quand on ne dnonce pas des criminels qui viennent dassassiner
sauvagement un collgue et quon est vque, les gens peuvent souponner une forme de
complicit avec les tueurs. LEglise tait dj ronge par le vers de haine ethnique entre Hutu
et Tutsi, mais les vrais catholiques ne voulaient pas reconnatre cette ralit.
Depuis le dcs de lArchevque Joachim Ruhuna, sa famille de naissance, certains de sa
famille en Jsus-Christ ont fait tout pour que les criminels du Cndd-Fdd qui lont assassin
soient jugs et punis. Mais il sest trouv des hommes de lEglise catholique au Burundi
surtout de lethnie hutu et dautres de lextrieur du pays qui ont banalis ce crime.

Actuellement les chefs du Cndd-Fdd qui ont commandit son assassinat, sont bien connus. Ils
sont accessibles. La recherche de la justice pour larchevque J. Ruhuna doit se poursuivre.
Ceux qui lont assassin ont commis un crime prmdit, un gnocide qui va dans le mme
cadre que celui des dplacs tutsi de Bugendana.

Rappelons que ses assassins lont bien dclar juste aprs sa mort : LArchevque est un
tutsi comme les autres, il devait mourir, il est le pire de tous .

Ils ont aussi fait savoir aux personnes enleves quils avaient mal fait de voyager dans le
vhicule de Mgr J. Ruhuna. Qui vous a dit de voyager en voiture de lArchevque ? Nous
les avions vus quand lArchevque et le chauffeur sont passs ce matin. Nous les attendions.
se sont-ils vents.
Le tuer ne suffisait pas un des chefs de ces assassins a mme mis le souhait de boire son
sang si je pouvais au moins lcher son sang.

Les assassins de lArchevque J. Ruhuna, qui sont bien connus, doivent tre jugs pour
meurtre prmdit dun grand homme dEglise, pour assassinat mobile gnocidaire, pour
cannibalisme et pour assassinat mobile religieux.

Le crime commis par le Cndd-Fdd en assassinat lArchevque J. Ruhuna est un crime de


gnocide. Il ciblait tout Tutsi indpendamment de ce quil reprsentait dans la socit. Ce
programme de gnocide contre les Tutsi par le Cndd-Fdd a t confirm encore une fois, en
date du 19 mai 2002, quand le mme groupe Cndd-Fdd a tendu une embuscade contre
Monseigneur Joseph Nduhirubusa, hutu, qui tait Evque de Ruyigi. Le mme vque qui
avait tenu ne pas condamner les assassins de Monseigneur Ruhuna.

Les gnocidaires ont directement tu deux gendarmes tutsi qui laccompagnaient en laissant
intact lvque et son chauffeur, hutu aussi. Ils les ont balad dans la fort de la Kibira, pour
les remettre au Noce Apostolique Michel Courtinet devant les autorits burundaises et des
reprsentants diplomatiques 4 jours aprs, avec un grand tapage mdiatique et une grande
publicit pour le Cndd-Fdd. Mgr Michel Courtinet sera tu par le Palipehutu-Fnl.

Le chef des gnocidaires du Cndd-Fdd qui a tendu cette embuscade sappelle Mbonimpa
Manass. Il avait comme chef Nkurunziza Pierre, devenu Prsident du Burundi, suite aux
montages et aux soutiens des pays et des organisations qui ne veulent pas que les gnocidaires
du Burundi soient jugs et condamns.

Monseigneur Joseph Nduhirubusa tait g de 64 ans, en 2002. Au cours de lembuscade, les


gnocidaires du Cndd-Fdd ont tir sur les pneus de son vhicule et ont excut les deux
gendarmes qui navaient pas t touchs au moment de lembuscade. Ils nont pas brl son
vhicule comme ils lavaient fait pour lArchevque J. Ruhuna.

De son interview accord Monsieur Kururu Simon, aprs son retour de la Kibira, lEvque
Joseph Nduhirubusa parle du bien de ceux qui lavaient soi- disant enlev. Le Cndd-Fdd qui
avait dans son actif cette poque le gnocide contre les Tutsi de Tangara, Teza, Bugendana,
Rutana , Campazi, Tangara, Buta, lassassinat de lArchevque J. Ruhuna et autres. Ds le
2me jour de son enlvement, Mgr Joseph Nduhirubusa a inform par tlphone ses amis que
ses ravisseurs sont disposs les librer mais quil a des difficults de marcher jusqu la
route, il lui fallait toute une journe de marche et il tait trs g. Il devait prendre des forces
pour marcher.

Le contenu de linterview montre les bons rapports qui ont exist entre Mgr Joseph
Nduhirubusa et les criminels du Cndd-Fdd. Elle a t publie par le site Internet IN-Burundi.

In-Burundi : Monseigneur, comment s'est pass votre enlvement ?

Mgr Joseph Nduhirubusa : Je rentrais de Kigali o j'ai particip l' Assemble gnrale de
l' Association des Confrences Episcopales de l' Afrique Central (Burundi, Rwanda,
Rpublique Dmocratique du Congo). Je me pressais pour aller clbrer la Pentecte avec
les chrtiens de mon diocse de Ruyigi. A la hauteur de Bugarama, nous avons t surpris par
un groupe de gens arms, en tenues militaires, qui ont barr la route. Nous ne pouvions pas
aller plus loin. Nous nous sommes arrts et avons pri pour qu'on ne tire pas sur nous.
Malgr cette demande de ne pas tirer sur nous, j'ai entendu un coup de feu et j'ai compris qu'
il n' y avait rien faire. Assis sur le sige avant comme le chauffeur, je me suis blotti dans le
petit espace devant le sige. Il y a eu une rafale de balles assez longue. Alors ils ont ouvert les
portires. Ils nous ont tirs dehors, moi et le chauffeur en demandant de leur donner tout ce
que nous avions. Nous avons donn l'argent qui tait sur nous. Ils nous ont amen, nous
disant que puisque nous n'tions pas morts, nous n'allions pas mourir. Ils nous ont demand
nos noms et nos rsidences. Quand ils ont entendu que j tais vque, ils ont communiqu
avec leurs chefs pour savoir ce qu' ils allaient faire de nous. Ils ont eu comme rponse de
nous amener chez lui, dans son camp.

Une longue marche a commenc. Une marche trs dure, parce qu'il y avait de fortes
descentes, le relief tant accident. J'ai d prendre un bton pour continuer le chemin. C'tait
pnible. Voyant que je n'arrivais pas marcher, parce que cela faisant longtemps que je
n'avais pas march pied, et surtout dans les endroits difficiles, ils ont communiqu avec leur
chef pour savoir comment ils devaient procder. Ils ont pris la dcision de me porter sur un
brancard. Ils ont mobilis des gens qui m'ont port. Le voyage a dur jusqu' 3 heures du
matin. Ils m'ont fait dormir dans une habitation (umuhana). Le lendemain, vers 9 heures,
nous avons repris le chemin dans ce fief escarp. Cette marche du dimanche de la Pentecte a
t la plus dure pour moi. La faim, la soif, la fatigue m'ont puis. Nous sommes arrivs mi-
chemin de notre destination dans un des campements vers 21H00. Nous avons dormi l. Le
lendemain, nous avons continu encore toute la journe, sans pouvoir parvenir destination.
L aussi, nous avons dormi chez quelqu'un. C'est le mardi matin que nous sommes arrivs
chez le chef, Manass Nzobonimpa. Comme j'tais trs fatigu, je suis rest l pendant toute
la journe. J'y ai pass la nuit. Entre-temps, il y a eu des pourparlers avec des voix
extrieures qui appelaient par tlphone. La dcision fut prise de me remettre entre les mains
du Nonce Apostolique. Ds mercredi matin, la caravane s'est branle destination de la
zone Mitakataka. La marche a dur une journe. Au matin du 23 mai, nous sommes arrivs
au lieu du rendez-vous.

In-Burundi : Qu'est-ce qui s'est pass avec les deux gendarmes ?

Mgr Nduhirubusa : Nous n'avons pas su ce qui s'est pass. Plus tard, nous avons su qu'ils
sont morts. Jai eu exprimer ma profonde douleur l' endroit des deux gendarmes qui m'
accompagnaient pour me protger. Je voudrais adresser mes condolances leurs familles et
leurs collgues des Forces Armes. En priant pour eux, pour que le Seigneur leur accorde
le repos ternel. Je dois aussi exprimer ma satisfaction pour tous les services que les
gendarmes m'ont rendus durant tous les voyages que j'ai effectu avec eux. Je crois pouvoir
dire qu'aucun gendarme qui a voyag avec moi ne peut se plaindre de ma compagnie. Comme
moi mme je ne me suis jamais plaint de leur compagnie. C'est pour cela que ma plus grande
souffrance est d'avoir perdu les deux gendarmes. Un des gendarmes tus tait un voisin du
terroir de longue date, parce qu'il descendait d'une famille de mon voisinage d'origine
Ruyigi.

In-Burundi : Comment dormiez-vous ?

Mgr Nduhirubusa : Trois fois, nous avons dormi chez les habitants de la rgion traverse,
dans des maisonnettes. Nous dormions sur une natte mme le sol, sans couverture. Deux
fois, nous avons dormi dans les camps et j'ai eu un lit. Je ne sais pas si le chauffeur en a eu.
Un lit, c'est dire " ikirambi ", avec un matelas. Une nuit, j'ai particulirement eu froid chez
un habitant. C'tait une maison de fortune, dtruite par la guerre, elle venait d'tre restaure,
mais la porte n'y tait pas. Je dormais l'entre. J'ai d demander qu'on fasse du feu, mais, le
froid ne m'a pas quitt.

In-Burundi : Vous mangiez comment ?


Mgr Nduhirubusa : Nous avons mang des fruits, du pain (un peu). Nous avons bu de l'eau,
et parfois des limonades. Ils ont eu des difficults avec moi, parce que je ne pouvais pas tout
manger. J'ai parfois mang de la banane grille, de temps en temps un morceau de viande, du
moins dans le camp.

In-Burundi : Comment se passaient les soires ?

Mgr Nduhirubusa : A part la soire de mardi qui tait tranquille, on tait tout le temps en
marche, et quand on s'arrtait, on dormait tout de suite. Le mardi, on a bavard.

In-Burundi : Justement, avez-vous eu le temps de bavarder avec les FDD. Que veulent-ils ?

Mgr Nduhirubusa : Je n'tais pas en mesure d'avoir une pense continue. Mais ils rptaient
qu'ils veulent la dmocratie. Souvent tout le monde ne la conoit pas de la mme faon. Je ne
sais pas ce qu'ils veulent. Si jamais ils entraient dans la ngociation ce sera la chose
dfinir. Je crois qu'ils n'ont pas la mme reprsentation quand ils parlent de dmocratie.

In-Burundi : Ils disent quils veulent ngocier avec l'arme nationale. N'est-ce pas une faon
de demander un coup d'Etat ?

Mgr Nduhirubusa : Quand ils parlent de ngocier avec les vrais belligrants, ils parlent de
ceux qui ont les armes comme eux. Ils pensent que c'est l'arme qui gouverne.

In-Burundi : Ont-ils demand une ranon ?

Mgr Nduhirubusa : Ils ne m'ont rien demand. Au Nonce Apostolique non plus. Mme
l'argent qu'ils m'avaient pris, ils me l'ont rendu aprs trois jours. Ils ont voulu tout me
remettre, mais il y avait des objets qui avaient disparus. Leur chef, Pierre Nkurunziza avait
dclar qu'ils allaient me relcher sans conditions.

In-Burundi :Sont-ils disciplins?

Mgr Nduhirubusa : La discipline, ils l'ont. Mais il y a des carts comme partout ailleurs.

In-Burundi : Avez vous vu des prisonniers ?

Mgr Nduhirubusa : Ils m'ont montr un jeune homme, un militaire, disent-ils, qu ils
cherchent librer. Ils ont voulu le lcher avec moi, mais ils se sont raviss disant que les cas
ne sont pas semblables.

In-Burundi : A les entendre, avez-vous eu limpression qu'ils sont prts vivre avec des
Batutsis ?

Mgr Nduhirubusa : Je n'ai pas discut avec eux sur cette question. Mais, couter ce qu'ils
disent, ils veulent ce qu'ils appellent "un Burundi nouveau dans lequel tout le monde a droit
la parole. O on ne considre pas les ethnies. O tout le monde est trait selon son mrite".
Ils parlent de comptence pour occuper des hautes responsabilits nationales. Ils ne veulent
pas qu'on considre les ethnies, les rgions. Ils disent cela tout le temps. Ils ne veulent pas de
partage des postes entre les partis et les ethnies. Mais, qu'on confie les responsabilits des
gens comptents. Pourvu que le peuple soit servi. Peut-tre que pour eux, c'est cela que
signifie la dmocratie.
In-Burundi : Y a-t-il eu des attaques de l'arme ?

Mgr Nduhirubusa : Non, il n y a pas eu de poursuites pendant le priple.

In-Burundi : C'est la deuxime fois que vous chappez la mort. Allez-vous vous mettre en
scurit ?

Mgr Nduhirubusa : Non. Je crois que les forces physiques et morales vont revenir de par le
Seigneur. Je dois pouvoir continuer ma mission. Je l'accomplirais jusqu' au bout. Je
reprendrai la route. Il y a des obstacles, mais la force du Seigneur m'aidera les braver
comme avant.

In-Burundi : Aprs ce calvaire, quel message, quel souhait, quelle leon ?

Mgr Nduhirubusa : Je dois dire que j'ai vcu une situation et une aventure que je craignais
depuis longtemps, en voyant et en entendant que beaucoup de gens taient pris dans des
embuscades et q' ils y trouvaient la mort ou qu'ils souffraient de quelque manire. Pendant
que je traversais cette souffrance, j'ai pens souvent que je partageais le sort des autres et
donc des gens dont j'ai la charge au niveau du diocse de Ruyigi et de l'Eglise Universelle.
J'ai aussi pens tous les gens innocents qui peinent cause de cette guerre. Parmi eux, des
vieillards, des jeunes gens, des jeunes filles, des enfants, des femmes, et particulirement tous
ceux qui sont envoys au front par le Gouvernement et la Rbellion. Parce qu'ils recrutent
dans la population. Pour moi, il n'y a pas de sens la guerre. Et j'ai souhait souvent dans
mes penses et mes prires que les gens reviennent la raison, ce qui veut dire considrer et
apprcier la valeur de la vie humaine, et partant la valeur de notre nation. Si les burundais
pouvaient comprendre cela, pour qu'ils s'appliquent avec loyaut servir leur patrie et ne
pas l'exploiter. Je souhaite une reprise de soi et que les responsables des diffrents milieux
puissent aider les autres marcher dans le bon chemin o tout le monde trouve sa place
comme homme et comme citoyen. Propos recueillis par Simon KURURU.

Les deux embuscades tendues aux deux reprsentants de lEglise Catholique Mgr Ruhuna
(tutsi) et Mgr Joseph Nduhirubusa (Hutu) par les bandes du Cndd-Fdd prouvent le caractre
ethniste de ces bandes.

Mgr Joseph Nduhirubusa se fait mme le porte parole du Cndd-Fdd, il pense leur place et
explique comment ces tueurs voient les choses. Il le dfend mme en disant que les Cndd-Fdd
ne considrent pas les ethnies ; alors quil sait bien comment Mgr J. Ruhuna a t tu et
comment ils voulaient tuer son chauffeur en disant quil est tutsi. Il a t sauv parce quil a
ni son ethnie et a dit et prouv quil tait hutu. Mgr joseph Nduhirubusa tait aussi au
courant des centaines de Tutsi tus par le Cndd-Fdd travers tout le pays.

Avec le Cndd-Fdd, Mgr Joseph Nduhirubusa a eu tout ce quil pouvait avoir : bien nourri,
transport et a mme rcupr largent quils avaient pris sur eux.

Juste aprs lembuscade, les tueurs ont inform leurs chefs Manass Nzobonimpa et
Nkurunziza Pierre. De lidentit de la personne, ils ont dcid de ne pas le tuer puisquils la
reconnaissaient et ntait pas tutsi. De cette interview. Mgr Joseph Nduhirubusa en a profit
pour mentir sur la mission du Cndd-Fdd en disant quils veulent la dmocratie alors que la
dmocratie ne tue pas et ne prend pas en otage des citoyens. Il comparait mme ceux qui
tuaient des citoyens cause de leur ethnie larme nationale qui protgeait tout le monde. Il
osait dire que ces Cndd-Fdd veulent Un Burundi nouveau dans lequel tout le monde a la
parole. O tout le monde est trait selon son mrite .
Mgr Ruhuna ils le tuent, le brlent dans sa voiture, lenterrent superpos une sur. Mgr
Joseph Nduhirubusa, ils le baladent et le remettent avec une grande publicit au Noce
Apostolique et il dit que pour le Cndd-Fdd, tout le monde a le droit la parole quand, pour ce
groupe, les Tutsi nont pas droit la vie.

Mgr J. Nduhirubusa, docteur en Thologie tait inform de ce que le Cndd-Fdd faisait des
Tutsi quand il arrtait les vhicules sur les routes. Il tuait les Tutsi et laissait les Hutu
continuer leur route. Dans les quartiers et les collines, il tuait seulement les Tutsi, quil prenait
le soin didentifier.

Mgr J. Nduhirubusa ne faisait-il partie de ceux qui soutiennent le gnocide contre les Tutsi en
refusant de condamner ceux qui commettaient ce crime. Demandera-t-il Nkurunziza P. et
ses lieutenants pourquoi ils ont excut Mgr J Ruhuna et les deux pauvres gendarmes qui
taient chargs de laccompagner.

Mme les Hutu chrtiens de Gitega et Bubanza se sont montrs solidaires ceux qui tuaient
les Tutsi y compris leurs vques, qu leurs vques. Le Cndd-Fdd a assassin Mgr J.Ruhuna
et personne des chrtiens hutu de Gitongo na voulu montr o les tueurs aviez amen et
enterr son cadavre. A Bubanza, les chrtiens taient de connivence avec le Cndd-Fdd
puisque leurs mnages lui servaient de transit.

Le christianisme ne sest pas montr faible par rapport lidologie de gnocide contre les
Tutsi mais le problme est que certains hommes hutu de lEglise Catholique du Rwanda et du
Burundi ont plus propag lidologie dextermination des Tutsi au lieu de lvangile. LEglise
catholique doit aider ce que les coupables de la mort de Mgr J. Ruhuna et ces compagnes de
route soient apprhends, ils sont connus et sont la tte des institutions de lEtat burundais il
ny a aucune raison quils ne soient pas poursuivis pour ce crime.

Ce chapitre a t crit pour montrer que lassassinat dune personne, dune haute personnalit
religieuse ne peut pas tre politise. LEglise Catholique a des grands juristes qui peuvent
dmolir les montages de ces assassins qui font tout pour quils restent impunis.

Les chefs du Cndd-Fdd qui ont commandit ce crime et dautres vont occasionnellement dans
lEglise Catholique, ils peuvent tre frapps par lexcommunication Latae Sententia
prvue par le Droit Canon n 1370, paragraphe 2. Les chrtiens devraient en tre largement
informs pour comprendre mieux les exigences et les consquences de leur baptme. Les
autres confessions devraient montrer leur solidarit avec lEglise Catholique.

Un des chefs du Cndd-Fdd, Nkurunziza Pierre qui a t hiss la tte de lEtat par les
concepteurs du gnocide contre les Tutsi au Burundi malgr les crimes que lui et son parti ont
commis. Il va prier dans un temple protestant appel Bon Berger situ Ngagara. Ceux
qui prient dans les temples du genre, nhsitent pas dire que ceux qui vont prier la
Cathdrale ou dans les glises catholiques vont prier le satan. Il est donc visible que ces
individus nont aucun respect envers les vques ou les archevques. Mais ce nest pas une
raison de les tuer.

Le journal Aube de la dmocratie, journal du parti Frodebu qui est le gniteur du Cndd-Fdd,
n 117 du 29 au 5 septembre 2008 a crit : Aujourdhui cest chose faite la communaut
religieuse la quelle appartient le numro un burundais (Nkurunziza Pierre) est dnomme
Fdration pour la paix Universelle dirige par le Rvrand Chung Hwan Kwak comme
Prsident du Conseil de Direction et Hyun Jin Prestor Moon, Vice Prsident. Le Chef dEtat
burundais (Nkurunziza Pierre) a la qualit de membre.
Sans tenir compte de lappartenance cette fdration Nkurunziza Pierre a pens quil peut en
temps que chef de lEtat du Burundi, entrer dans toutes les glises et faire e que bon lui
semble. Il a commenc faire le tour de toutes les confessions religieuses prsentes
Bujumbura. Cela na pas plu lEglise Catholique. Elle a t oblige de lui envoy un
missaire afin de lui demander de ne plus communier car en ce moment le corps du Christ est
rserv aux seuls catholiques qui confessent leurs pchs devant un prtre.

Les prtres et les vques du Burundi ne peuvent pas prtendre quils ne connaissent pas la
religion de Nkurunziza Pierre avant quil ne devienne Prsident de la Rpublique parce quil
priait au Bon Berger ou lautre temple de Jabe chez David.

Un bon prtre qui reprsente son glise naurait pas donn une hostie le corps du Christ
pour les catholiques quelquun qui ny croit pas, quelquun qui na pas suivi la procdure,
qui na pas t baptis au nom du Pre, du Fils et du Saint Esprit ou qui a rejet ce baptme.

Le 30 aot 2008, la Cathdrale Regina Mundi a clbr le jubil dor de cette paroisse.
Monseigneur Ngoyagoye Evariste avait invit la fte un des chefs du Cndd-Fdd qui a
assassin lArchevque Joachim Ruhuna. Etait aussi prsent le Noce Apostolique au Burundi
Mgr Paul Gallagher (photo).

Malheureusement Nkurunziza Pierre na pas attendu la fin de la messe catholique . Avant


la fin de la messe et contre toute attente le Chef de lEtat a dcid de partir. LArchevque de
Bujumbura qui prsidait les crmonies a fait savoir aux fidles quon interrompait la messe
pour accompagner le Prsident de la Rpublique. Pour la premire fois dans lhistoire de
lEglise Catholique du Burundi un Chef de lEtat venait dinterrompre une messe, les
chrtiens ont t plus que gns. Cette clbration de 50 ans dexistence de la paroisse Regina
Mundi se faisait une semaine avant le jour de commmoration de lassassinat de Mgr J.
Ruhuna et ses compagnes de voyage, le 9 septembre 1996.

Au cours de cette clbration personne na rappel que ce Pasteur Fidle a t tu par le


Cndd-Fdd dans le cadre de son programme de gnocide contre les Tutsi. Douze ans aprs
beaucoup ont fait le choix des criminels, faire tout pour que le crime soit oubli. Le jour du 9
septembre 2008, le Mouvement PA- Amasekanya a voulu montrer quil nest pas de ceux-l.
Il a organis une manifestation devant la Cathdrale Rgina Mundi, la sortie de la messe de
18 heures. Lobjectif de la manifestation a t prcis dans une dclaration pour la presse faite
par moi-mme en tant que Prsident de ce Mouvement, le lendemain. Son contenu tait :

Ce mardi le 9 Septembre 2008, les membres du Mouvement PA-Amasekanya ont organis


une manifestation devant la Cathdrale Regina Mundi, aprs la messe de 18h00. Cette
manifestation tait organis pour commmorer la mmoire de lArchevque Joachim Ruhuna
assassin avec la sur Irne Gakobwa et Mlle Concessa Ndacikiriwe par le Cndd-Fdd, le 9
Septembre 1996.
Un papier qui avait pour titre : Souvenons-nous de Mgr Joachim Ruhuna , a t
distribu tous les chrtiens. Son contenu en langue Kirundi tait le suivant :
Ctait le 9 /9/1996, il y a exactement douze ans, les gnocidaires du Cndd-Fdd ont
assassin lArchevque Joachim Ruhuna, Sur Irne Gakobwa et Mlle Concessa
Ndacikiriwe qui taient dans le mme vhicule que lui. Ceux qui les ont tus sont bien
connus. Celui qui dirigeait le groupe qui les a assassins est Ndabaneze Znon. Il fait
actuellement partie de la police nationale du Burundi. Le Cndd-Fdd a tu lArchevque
Joachim Ruhuna et celles qui taient avec lui dans le cadre de son programme de gnocide
contre les Tutsi. Celui qui commet un crime de gnocide ne peut bnficier daucune
immunit. Mme limmunit accorde par Pierre Buyoya, au moment o toutes les victimes
disaient non, a expir depuis le mois daot 2005. Les Burundais et tous les chrtiens doivent
se lever tous ensemble pour exiger la justice pour Mgr Joachim Ruhuna et celles qui ont t
assassins avec lui. Parce quil nest pas comprhensible comment les gens qui ont commis un
tel crime restent impunis. La fin de limpunit est la seule voie qui peut amener au bien- tre
des Burundais. Soutenez trs nombreux le Mouvement PA-Amasekanya qui veut larrt du
programme de gnocide contre les Tutsi et le jugement pour ceux qui ont commis ce crime.
Les criminels seront jugs quand les citoyens pris de paix lexigeront trs nombreux .

Les manifestants ont aussi entonn des chants la mmoire de lArchevque Joachim Ruhuna
et dautres pour fustiger ceux qui lont assassin. Les chrtiens ont apprci ce geste de
devoir de mmoire des membres de PA-Amasekanya envers les victimes tues par le Cndd-
Fdd le 9 Septembre 1996. Ils ont flicit les manifestants qui ont rappel cette date, parce
que mme les journalistes avaient, peut-tre, oubli de rappeler ce crime qui a t commis
cette date du 9 Septembre 1996.

Le Mouvement PA-Amasekanya remercie tous ces membres qui sont venus commmorer cette
date et les encourage de continuer dnoncer ceux qui ont commis le gnocide contre les
Tutsi dans notre pays o ailleurs. Il invite tous les Burundais, toutes ethnies, toutes rgions et
toutes religions confondues suivre leur exemple. Quand un Tutsi, un Hutu ou un Twa est
tu, cest la honte pour tout le pays et cest tout le pays qui perd. Condamnons les criminels et
respectons la vie des autres. Nayez pas peur de dnoncer ceux qui ont os enlever la vie
quelquun, qui quils soient.

Tous contre le gnocide des Tutsi nous vaincrons.

La date du 9 septembre 1996 fait partie des dates que le Mouvement PA-Amasekanya
commmore chaque anne pour exiger le jugement de ceux qui ont os planifier et excuter ce
crime.

Le 10 septembre 2001, une journe avant le 11 septembre 2001, inoubliable pour le peuple
amricain et le monde entier, je fus arrt et emprisonn pour avoir organis le 9 septembre
2001 une manifestation pour commmorer la mmoire de Mgr Joachim et ses compagnes de
route. La manifestation sest droule devant le Grand Sminaire de Bujumbura aprs une
messe ddie sa mmoire. Une fois de plus le rgime de P. Buyoya pensait nous faire taire
avec ces intimidations demprisonnements.

Le chef de lquipe du Cndd-Fdd qui a assassin Mgr Joachim Ruhuna occupe maintenant les
fonctions importantes dans la Police Nationale du Burundi (PNB). Il a pass un bon sjour au
Darefour pour le maintien de la paix sous le casque de lONU. A son retour il est au
commissariat de la Police Pnitentiaire. Dans la 2e moiti de 2009, il a t nomm prsident
de la commission pour le dsarmement des populations civiles et de lutte contrela
prolifration des armes lgres et de petit calibre.
Quelques jours aprs limmunit provisoire accord lui et aux autres gnocidaires, il a
rpondu une radio locale qui linterrogeait propose de lassassinat de Mgr Joachim
Ruhuna que cest un non- vnement auquel il ne valait pas la peine dapporter une
quelconque importance .
Ce chapitre a t crit pour montrer que lasssassinat dune personne, dune haute
personnalit religieuse ne peut pas tre politise. LEglise Catholique a des grands juristes qui
peuvent dmolir les montages de ces assassins qui font tout pour quils restent impunis. Les
chrtiens et ceux qui dfendent les droits de lHomme doivent utiliser tous les instruments b
leur disposition pour que ceux qui ont commis ce crime caractre gnocidaire soient
sanctionns. La mort de lArchevque nest pas un asssassinat simple mais un gnocide sur
les paules des dirigeants du Cndd-Fdd.

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