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2 Rapport sur les sources de pollution de l’eau au Maroc

SOMMAIRE

Introduction 7
I- Pollution domestique 8
I-1/Pollution urbaine 8
a) Eaux usées
b) Impact sur la qualité des ressources en eau
c) Epuration des eaux usées
I-2/ Pollution rurale 10
II/ La pollution industrielle 11
II-1) Consommation et volume des Rejets 11
II-2) La charge polluante 12
II-3) Impact de la pollution industrielle sur la qualité des ressources en eau 12
II-4) La dépollution industrielle 14
a) FODEP
b) MVDIH
III/ Les déchets 14
a) Quantité des déchets ménagers, industriels et médicaux
b) Composition des déchets ménagers
c) Impact des déchets ménagers sur les ressources en eau
d) Le Programme National de gestion des Déchets Ménagers (PNDM)
IV/ Les carrières 18
a) Nombre et répartition
b) Impact sur les ressources en eau
V/ La pollution agricole 19
a) Quantité d’engrais et de pesticides
b) Impact sur les ressources en eau
VI/ La pollution minière 20
VII/ La pollution accidentelle 21
VIII/ Les cimetières 22
Conclusion 23
Références bibliographiques

Rapport sur les sources de pollution de l’eau au Maroc 3


LISTE DES ABRÉVIATIONS

ABH : Agence de Bassin Hydraulique


CP : Charge Polluante
CNEDS Centre National d’Elimination des déchets spéciaux
DPH : Domaine Publique Hydraulique
DRPE : Direction de la Recherche et de la Planification de l’Eau
FODEP : Fonds de dépollution industrielle
MDP : Mécanisme de Développement Propre
MDH : Million dirhams
MO : Matière organique
MVDIH : Mécanisme Volontaire de Dépollution Industrielle Hydrique
Mm3/an : Millions de mètre cube par année
SDNAL : Schéma Directeur National d’Assainissement Liquide
STEP : Station d’épuration
PDAIRE : Plan Directeur d’Aménagement Intégré des Ressources en Eau
PNDM : Programme National des Déchets Ménagers
VEU : Volume Eaux Usées
VEUE : Volume Eaux Usées Epurées
VLSR : Valeur Limite Spécifique de Rejet
IMME : Industrie de la Mécanique, Métallurgique et Electrique
ITC : Industrie du Textile et du Cuir
IAA : Industrie Agro-alimentaire
ICP : Industrie Chimique Parachimique
UGP : Unité de Gestion des Projets

4 Rapport sur les sources de pollution de l’eau au Maroc


LISTE DES TABLEAUX

Tab 1 : Répartition des charges polluantes domestiques par ABH en DBO5, DCO et
MES
Tab 2 : Répartition des volumes d’eau usée épurée domestiques par ABH jusqu’à
l’horizon 2030
Tab 3 : Volume d’eau rejetée par les principaux secteurs industriels
Tab 4 : Les charges polluantes industrielles en DBO5, DCO et MES de quelques ABH
Tab 5 : Répartition des principales activités industrielles et leur impact sur la qualité
des ressources en eau

LISTE DES GRAPHIQUES

Graphe 1 : Evolution des eaux usées domestiques rejetées à l’horizon 2030
Graphe 2 : Evolution des STEP de 1995 à 2012
Graphe 3 : Répartition des principaux secteurs industriels
Graphe 4 : Composition des déchets au Maroc
Graphe 5 : Evolution du taux de collecte des déchets en milieu urbain
Graphe 6 : Taux de déchets traités dans les décharges contrôlées
Graphe 7 : Répartition des carrières à l’échelle nationale
Graphe 8 : Evolution du tonnage en tonnes (T) des pesticides importés au Maroc de
2005 à 2009

Rapport sur les sources de pollution de l’eau au Maroc 5


LISTE DES PHOTOS

Photo 1 : Déversement des eaux usées domestiques de certains quartiers de la ville


d’Oujda dans Oued Isly

Photo 2 : Lixiviat de la décharge de Tétouan

Photo 3 : Pollution par les déchets solides de Driouch

Photo 4 : Décharge de Salé avant Réhabilitation

Photo 5 : Décharge de Salé après Réhabilitation

Photo 6 : Ecoulement des eaux usées des carrières au niveau de l’Oud Zat

Photo 7 : Renversement du camion citerne rempli du fuel

Photo 8: Décapage du sol pollué et sa mise en décharge

6 Rapport sur les sources de pollution de l’eau au Maroc


INTRODUCTION
Les ressources naturelles en eau au Maroc sont parmi les plus faibles au monde. En
effet, le potentiel des ressources en eau naturelles, est évalué à 22 milliards de m3
par an, soit l’équivalent de 750 m3 /habitant/an, Communément admis comme seuil
critique indiquant l’apparition de pénuries et de crise latente d’eau. Plus de la moitié
de ces ressources sont concentrées dans les bassins du nord et le Sebou couvrant
près de 7% du territoire national.
A cette limitation des ressources en eau s’ajoute la dégradation de la qualité de l’eau
suite à l’augmentation de la pollution.
Dans ce contexte et pour accompagner le développement du pays, le Maroc s’est
engagé depuis longtemps dans la voie de la maîtrise de ces ressources en eau
à travers la réalisation de 135 grands barrages totalisant une capacité de près de
17,5 Milliards de m3 et de plusieurs milliers de forages et de puits captant les eaux
souterraines.
Toutefois, le secteur de l’eau reste confronter à des défis liés principalement à la
raréfaction des ressources en eau sous l’effet des changement climatiques, à la
surexploitation des ressources en eau souterraine, à la faiblesse de la valorisation
des ressources en eau mobilisées notamment dans le domaine agricole et à
la détérioration de la qualité des ressources en eau à cause du retard dans
l’assainissement, l’épuration des eaux usées et la réutilisation des eaux usées
épurées.
Afin de bien cerner l’origine de la dégradation des ressources en eau observée, la
Direction de la Recherche et de la Planification de l’Eau(DRPE) en collaboration
avec les Agences des Bassins Hydrauliques procéde depuis 2000 à l’ inventaire des
sources de pollution des eaux sur l’ensemble du territoire marocain. Cet inventaire
basé sur des enquêtes de terrain actualisées et sur des analyses des rejets et des
ressources en eau, a concerné l’ensemble des principales sources de pollution
(Pollution domestique, industrielle, agricole, minière, accidentelle, les décharges,
les carrières et les cimetières).
Ce rapport présente les différentes sources de pollutions et leur impact sur la qualité
des ressources en eau.

Rapport sur les sources de pollution de l’eau au Maroc 7


I. LA POLLUTION DOMESTIQUE

Les charges polluantes domestiques générées par les rejets urbains et ruraux sont
évaluées à environ 400 000 tonnes de matières oxydables.
Le tableau n°1 ci-dessous donne la répartition des charges polluantes en DBO5, DCO
et MES par ABH en 2012

ABH Charge Polluante domestique


DBO5 (T/an) DCO (T/an) MES (T/an)
Tensift 17 652 35 631 34 884
Moulouya 22 555 45 485 30 065
Oum Er Rbia 30 170 61 489 40 664
Souss-Massa 32 373 67 018 37 234
Boureg-Reg 98 400 213 107 105197
Sebou 64057 160144 -
Loukkos 37 892 66 738 42 231
Ziz Guir 3661 6865 7552
Sahara 1584 3071 1566

Tableau 1 : Répartition des charges polluantes domestiques par ABH en DBO5, DCO, et MES (Source PDAIRE)

I-1/ Pollution urbaine :


a) Eaux usées :
Les volumes annuels des rejets des eaux usées des villes ont fortement augmenté
au cours des dernières décennies. Ils sont passés de 48 à 506,2 Mm3/an entre 1960
et 2012. Une grande partie (61%) de ces volumes est déversée directement dans
l’océan. Le reste (39%) est rejeté dans le réseau hydrographique ou directement
dans le sol.
De même, les prévisions établies montrent que ces rejets continueront à croître
rapidement pour atteindre 741 Mm3 /an à l’horizon 2030. (Graphe n°1).

Source DRPE (Etude Stratégique sur la réutilisation des Eaux Usées


Déversées en mer (Mission I- Août 2012))

8 Rapport sur les sources de pollution de l’eau au Maroc


Plus de 60% des ces eaux usées sont localisées dans les bassins du Bouregreg, du
Sebou et du Loukkos

b) Impact sur la qualité des ressources en eau :


Vu le rejet d’eaux usées non épurées de certains centres urbains et le non
raccordement de certains quartiers au réseau d’assainissement, des problèmes accrus
de pollution des eaux dont notamment la baisse, voire la disparition de l’oxygène
dissous ont été observés dans certains tronçons des oueds. Parmi ceux-ci, oued
Sebou en aval de Fès, Oued Inaouen en aval de Taza,Martil en aval de Tétouan, oued
R’dom depuis Meknès jusqu’au aval de Sidi Kacem,  et oued Oum Er Rbia en aval de
Kasbat Tadla. 

Photo 1 : Déversement des eaux usées domestiques de certains quartiers


de la ville d’Oujda dans Oued Isly

c) Epuration des eaux usées :


Avec la mise en œuvre du programme national d’assainissement liquide en 2006, le
nombre des stations d’épuration fonctionnelles est passé de moins de 20 STEP à 75
STEP en Décembre 2012 (voir graphe 2 ci-dessous)

Source DRPE (Etude Stratégique sur la Réutilisation des Eaux Usées


Déversées en Mer : (Mission I – Août 2012))

Rapport sur les sources de pollution de l’eau au Maroc 9


Ces stations d’épuration existantes, en cours, programmées et projetées permet-
tront d’épurer des volumes annuels de 173.23 Mm3/an en 2012 et environ 658 Mm3/
an en 2030 (voir tableau n°2 ci-dessous).

Volume des eaux usées épurées (Mm3/an)


ABHs 2011 2012 2015 2020 2030
Loukkos 11.81 12.17 13.46 29.51 82.37
Moulouya 23.51 32.08 38.44 46.56 59.59
Sebou 29.11 32.64 104.46 125.59 148.86
Bouregreg 18.00 19.28 26.43 64.71 148.77
O.E.R 12.66 15.95 24.63 32.53 75.06
Tensift 30.09 31.16 35.35 42.08 54.36
Souss Massa 25.50 26.20 49.13 58.85 67.42
Sahara 1.12 1.16 5.36 12.82 15.11
Ziz Guir 2.51 2.58 3.82 5.16 6.36
Total 154.32 173.23 301.08 417.81 657.89

Tableau 2 : Répartition des volumes d’eau usée épurée domestiques par ABH jusqu’à l’horizon 2030 (Source DRPE
(Etude Stratégique sur la Réutilisation des Eaux Usées Déversées en Mer : (Mission I –Août 2012))

Le taux d’épuration des eaux usées est passé de moins de 8% en 2005 à 34% en 2012.
Les bassins de la Moulouya et du Tensift enregistrent un taux d’épuration supérieur
à 90%. Ceci est du à l’épuration principalement des villes de Nador, Oujda, Essaouira
et Marrakech.

I-2/ Pollution rurale :


L’assainissement des eaux usées en milieu rural a pris un retard considérable à cause
de nombreuses contraintes, aussi bien d’ordre national que local. Les eaux usées
générées en milieu rural sont estimés à environ 500 000 m3/j , qui sont évacués
directement dans la nature, et acheminés gravitairement dans des chaâba. Ils
aboutissent, par infiltration, dans le sous-sol ou utilisés pour l’irrigation de petites
parcelles si elles existent.
Leur impact sur la nappe souterraine et les cours d’eau est certes réduit en raison
notamment des faibles teneurs en produits chimiques dangereux (absence de rejets
industriels en milieu rural) mais au niveau sanitaire, les populations rurales sont
fortement exposées aux maladies d’origine hydrique.
Actuellement, pour pallier à cette problématique, une étude stratégique est en cours
pour l’élaboration du Programme National d’Assainissement Rural (PNAR) basé sur
une approche combinant l’assainissement et la réutilisation des produits (eaux usées,
boues, excrétas…) et qui a pour objectif de réduire les risques sur l’environnement
et la santé publique.

10 Rapport sur les sources de pollution de l’eau au Maroc


II. LA POLLUTION INDUSTRIELLE 
Le secteur industriel au Maroc a des répercussions et des retombées positives sur le
plan socio-économique mais il génère en même temps des impacts négatifs qui se
traduisent par l’usage non rationnel de l’eau et par la pollution du milieu récepteur.
L’activité industrielle est assurée par plus de 8000 unités de production, répartie
en 227 activités et regroupant 4 sous-secteurs (cf graphe 3), dont 81 sont jugées
potentiellement polluantes et sont concentrées essentiellement dans les bassins
hydrauliques du Bouregreg, du Sebou, de l’Oum Er Rbia et Loukkos .Plus de 50 % des
établissements industriels se trouvent dans l’axe Casablanca - Kenitra.

Graphe 3 : Répartition des principaux secteurs industriels

IAA
23% 25% ITC
ICP
31% 21%
IMME

Source : Annuaire statistique du Maroc, 2011

Les branches industrielles les plus polluantes sont la chimie et la parachimie,


l’agroalimentaire, le cuir et le textile, Les types de pollutions sont principalement
d’ordre organique ou métallique.
Le secteur agroalimentaire, notamment les huileries et les sucreries, contribue
fortement à la pollution organique des cours d’eau. La concentration des sucreries et
des huileries dans les bassins du Sebou et de l’Oum Er Rbia occasionne régulièrement
des incidents écologiques durant les saisons oléicole et sucrière.

II-1/ Consommation et volume des Rejets :


Au Maroc, l’industrie consomme prés de 1.1 milliard de m3/an dont 81% provient
de l’eau de mer, 14% des eaux superficielles, 4% de l’eau potable et 1% des eaux
souterraines.
Le volume des eaux usées rejetées dans le milieu récepteur par le secteur industriel
s’élève à plus de 964 millions de m3/an dont 80 Mm3/an est rejeté dans le Domaine
Public Hydraulique (voir tableau 3 ci-dessous). Une proportion importante de ce
volume soit prés de 97% est rejetée par le secteur des industries chimiques et para-
chimiques. Ces rejets représentent environ 83% du volume d’eau utilisé

Rapport sur les sources de pollution de l’eau au Maroc 11


Secteurs industriels Volume d’eau utilisé (Mm3/an) Volume d’eau rejeté (Mm3/an)
ICP 1050 931
ITC 11 10
IAA 23 22
IMME 2,1 Faible

Tableau 3 : Volume d’eau rejetée par les principaux secteurs industriels
(source DRPE : Manuel d’élaboration des VLSR dans le DPH, 2009)

II-2/ La charge polluante :


Le tableau ci-dessous présente les charges polluantes des rejets industriels de quelques
Agences de Bassin Hydraulique pour l‘année 2011 et 2012 : 
Charge polluante
ABHs DBO5 (t/an) DCO (t/an) MES (t/an)

2011 2012 2011 2012 2011 2012


Souss Massa 8622 8868 17046 17553 6191 6370
Loukkos 6183 6285 11825 11999 6495 6438
Bouregreg 4500 8400 1800
Sebou 63432 64801 170849 174598 497463 503104
OER 31438 33424 89316 95483 1694 1728
Tensift 189648 861781 13146217

Tableau 4: Les charges polluantes industrielles en DBO5, DCO et MES de quelques ABHs (source PDAIRE)

II-3/ Impact de la pollution industrielle sur la qualité des ressources en eau :


La pollution industrielle génère pour :
- L
 es industries isolées (non raccordés au réseau d’assainissement) des impacts
directs sur les ressources en eau superficielle ou souterraine et sur les usagers de
l’eau à l’aval ;
- L
es industries raccordées, des impacts sur les réseaux d’assainissement, le
fonctionnement des stations d’épuration urbaines, le milieu naturel et sur les
usagers de l’eau à l’aval dont notamment la réutilisation des eaux usées.
Le Tableau 5 ci-dessous présente la répartition des principales activités industrielles
et leur impact sur la qualité des ressources en eau par ABH :

12 Rapport sur les sources de pollution de l’eau au Maroc


Bassin Principales activités indus- Localisation  Impact sur les ressources en eau
trielles et localisation
Sebou Sucreries,Huileries, Papetries, - Fès, Méknès, - A
 rrêt de fonctionnement des stations
Tanneries Kénitra de traitement de l’eau potable par les
rejets des Huileries ;

- Pollution de la nappe de Gharb ;

- P
 ollution de l’Oued Sebou et ses
effluents (O.Fès, Beht, Ourgha,
Berkane,R’dom..) sur des longueurs
pouvant atteindre 50 Km ;

- M
 ortalité des poissons dans la rete-
nue de Barrage de Garde.

- B
 éniMellal, - P
 ollution organique de l’Oued Oum
Eljadida , Azilal Er Rbia ;
Sucreries, Huileries, laiteries, Fkih Ben Saleh,
les abattoirs , les tanneries et sidi Bennour , - C
 ontamination des nappes
O.E.R l’industrie minière phréatiques.
jorf Lasfar

Loukkos Zones industrielle, Tanneries, - T


 anger, - A
 ugmentation de la matière orga-
sucreries, Abattoirs Tetouan, Chef- nique et des métaux lourds (Nickel,
chaoun Arsenic, Chrome et Mercure) le long
des oueds Mghogha et Martil ;
- C
 ontamination de l’O Martil,O.Mgho-
gha , O.Lihoud et O.Loukkos ;
- P
 ollution du barrage Oued ElMakha-
zine par les rejets des Huileries
Souss- Conserve de poissons, laite- - G
 rand Agadir, Pollution organique et problèmes
Massa ries, Huile et Farine de pois- Taroudant, spécifiques liés à la qualité des eaux
sons Inezgane Ait rejetées par les industries agroalimen-
melloul taires (conserveries de poissons, huile
et farine de poisson)
Moulouya Industries Agro- - O
 ujda, Guercif, Pollution métallique du sol et des sédi-
alimentaire,chimiques et para Taourirt ments par les industries minières
chimiques, industries minière
et les Huileries
Tensift Huileries, Abattoir, industrie Marrakech, -Pollution de la nappe phréatique, le sol
minière Essaouira et le réseau publique d’assainissement
Chichaoua,
Alhaouz - Les oueds les plus affectés : Oued
Tensift, Oued Ksoub , O.Zat, O.Ourika
Boureg Reg Agro-alimentaire, textiles, cuir Settat, Casablan- Impact sur les eaux de surface dans la
ca, Rabat zone d’Ain Aouda en amont du barrage
Sidi Mohammed Ben Abdellah (SMBA)
Ziz Guir Industrie minière, farine de Pollution du sol
poissons
Sahara Farine de poissons, Huile et Laâyoune , bou- Impact minime
conserve de poissons craa

Rapport sur les sources de pollution de l’eau au Maroc 13


II-4/ La dépollution industrielle :
La dépollution industrielle en général a bénéficié d’un intérêt particulier dans la
politique nationale de protection de l’environnement qui s’est traduit, d’une part,
par la mise en place d’un cadre réglementaire adéquat notamment à travers la
promulgation de la loi 10-95 sur l’Eau et la loi 11-03 relative à la protection et la
mise en valeur de l’environnement, et d’autre part, par la mise en place de deux
instruments incitatifs : le Fonds de Dépollution Industrielle (FODEP) et le Mécanisme
Volontaire de Dépollution Industrielle Hydrique (MVDIH), qui encouragent la mise à
niveau environnementale à travers un appui technique et financier des entreprises
industrielles et artisanales.
a) FODEP
Dans le cadre du FODEP , 74 projets de traitement des rejets liquides ont été réalisés
et ont permis de traiter 40 000 m3/j d’eau usée.

b) Mécanisme Volontaire de Dépollution Industrielle Hydrique (MVDIH)


Dans le cadre du MVDIH, une convention de partenariat a été signée en décembre
2011 entre le Ministère délégué chargé de l’environnement, le Ministère délégué
chargé de l’eau et le ministère de l’Economie et des Finances.
Plusieurs ateliers ont été organisés aux sièges des ABH pour présenter le MVDIH et
les modalités de son fonctionnement et constituer les comités régionaux.
Dans le cadre de ce mécanisme, seulement 2 projets d’une subvention de 4,1 MDH
qui sont réalisés, le premier concerne la STEP des rejets liquides industriels au niveau
de l’unité d’Oujda de la société Atlas Bottling Company (CocaCola) et Le deuxième au
niveau de la cartonnerie d’Agadir « GPC Souss-Massa ».
Le troisième projet concernant la mise en place d’une STEP des rejets liquides au
niveau de la sucrerie SUCRAFOR est en cours de réalisation.
Pour permettre la liquidation des fonds versés aux ABH depuis 2011, un avenant
pour la période allant du 1er janvier 2014 jusqu’au 31 décembre 2015 a été préparé et
discuté par le comité national et comporte aussi les associations et les coopératives
des exploitants des huileries traditionnelles et les activités artisanales (tanneries,
dinandiers…).

III) LES DÉCHETS :


a) Quantité des déchets ménagers , industriels et médicaux
Le secteur de la gestion des déchets ménagers et assimilés connait une déficience
en matière de collecte et de nettoiement, et a accusé de ce fait un retard important,
la production annuelle des déchets ménagers est de l’ordre de 6.80 MT, dont 5.3 MT
en milieu urbain.

14 Rapport sur les sources de pollution de l’eau au Maroc


Le secteur industriel génère plus de 1,2 million de tonnes annuellement dont environ
289.385 de T sont des déchets dangereux. Seulement, un total de 8% de ces déchets
industriels dangereux est collecté annuellement et la majorité de ces déchets sont
déposés dans des dépotoirs non contrôlés et des décharges municipales sans
traitement préalable.
La production des déchets médicaux est estimé à 21 milles tonne / an, dont 28%
sont dangereux.
Il est prévu que ces déchets dangereux seront traités et déposés au Centre National
d’Elimination des Déchets Spéciaux (CNEDS).

b) Composition des déchets ménagers

La composition des déchets ménagers est en fonction de la nature des déchets et


les habitudes de consommation qui varient en fonction du niveau de vie et des
habitudes culturelles.
Le graphique n°4 ci-dessous présente la composition des déchets ménagers au
Maroc qui montre que la matière organique (MO) est la principale composante, suivi
du papier-carton et du plastic :

Graphe 4 :Composition des déchets au Maroc


16%
2% 4%
8%
Matière organique
Papier
10%
Plastique
Verre débris
60%
Métal
Divers

c) Impact des déchets ménagers sur les ressources en eau :

Selon l’inventaire du degré de pollution réalisé par la DRPE, près de 25% des
décharges sont localisées dans les lits ou en bordure des cours d’eau et 15% sont
situées dans des zones géologiques où les nappes d’eau souterraine sont vulnérables
à la pollution.
Le lessivage des matières organiques et minérales, des germes et des matières
toxiques contenus dans les déchets par les eaux de pluie produit un liquide très
concentré : le lixiviat. Chaque tonne de déchets entreposés génère près de 200 litres
de lixiviat avec une teneur de quelques centaines de grammes de DBO5 par litre. Ce
lixiviat atteint les eaux superficielles et les eaux souterraines respectivement par le
biais du ruissellement et de la percolation.

Rapport sur les sources de pollution de l’eau au Maroc 15


Photo2  : Lixiviat de la décharge de Tétouan Photo 3: pollution par les déchets solides
De Driouch

La décomposition des matières organiques est également responsable de la


production de biogaz qui crée un risque d’incendie et d’explosion ou encore
d’asphyxie pour la population avoisinante.

d) Le Programme National de gestion des Déchets Ménagers (PNDM)


Avec la mise en œuvre du PNDM en 2007, il y a une amélioration du tonnage collecté,
soit environ un taux de collecte de 73% des déchets urbains actuellement (Cf graphe
n°5 ci-dessous).

Le bilan de réalisation des décharges contrôlées en 2012 est comme suit :


• 14 décharges contrôlées réalisées ;
• 4 décharges en cours de construction ;
• 14 décharges sont programmées.
Les 14 décharges contrôlées réalisées (Fès, Oujda, El-Jadida, Essaouira, Rabat,
Berkane, Figuig, Guelmim, El Hoceima, Agadir, Nador, Dakhla, Mohammedia
Benslimane, et Laâyoune) ont permis de traiter 1,72 Millions de T/an, soit 33% de

16 Rapport sur les sources de pollution de l’eau au Maroc


la totalité des déchets ménagers produits au Maroc. Ce taux atteindra 64% après
l’achèvement des 4 décharges contrôlées qui sont en cours de construction (Beni
Mellal, Ifrane-Azrou, Khouribga et Casablanca).

La courbe ci-dessous présente le taux de déchets traités dans les décharges


contrôlées :

A signaler que les travaux de cinq autres décharges sont en cours de démarrage, il
s’agit des décharges contrôlées de sidi Ifni, Smara, Mdiq-Findeq, Séfrou et Safi.

Pour ce qui est des décharges sauvages, le bilan est comme suit :
• 18 décharges sauvages ont été réhabilitées ;
• 30 décharges sont en cours de réhabilitation ;
• 155 décharges sauvages sont programmées.

Photo 4: Décharge de salé avant Réhablitation Photo 5: Décharge de salé aprés Réhablitation

Rapport sur les sources de pollution de l’eau au Maroc 17


IV) LES CARRIÈRES :
Une carrière est le lieu d’extraction des matériaux de construction (Pierres, du sable ou
roche). À ciel ouvert ou complètement souterraines, les carrières peuvent être distinguées
selon le type de roche qui en est tirée, ou selon le type d’extraction qui est faite.
a) Nombre et répartition :
On compte actuellement 1.885 carrières toutes catégories confondues. Les carrières
de sable ne représentent, quant à elles, que 346 dont 138 exploitent le sable des
dunes et 143 produisent du sable de concassage.
Concernant la répartition régionale des carrières, c’est la région de Meknès-Tafilalet
qui arrive en première position avec quelque 285 carrières. La région de Chaouia-
Ouardigha est deuxième avec 239 carrières ;
Environ 1.578 carrières ont une forme d’exploitation permanente. Les 307 qui restent
sont des carrières exploitées temporairement. Actuellement, 1.080 carrières sont
exploitées, le reste sont soit abandonnées (376), soit arrêtées (429). (Cf graphique 7
ci-dessous) :

Graphe 7 : Répartition des carrières à l’echelle nationale

23%
Carrières explotées
Carrières abandonnées
Carrières arrêtées
57% 20%

b) Impact sur les ressources de l’eau :

L’extraction des matériaux dans les cours d’eau causent de nombreux problèmes sur
les ressources en eau :
 La mise à nue des nappes et leur exposition aux différentes sources de pollution ;
 Pollution liée à l’entretien des véhicules utilisés telles que les vidanges d’huile,
qui génèrent des risques directs de contamination des eaux souterraines ;
 Défiguration du paysage avec modification de l’écoulement des eaux qui peut
favoriser les inondations ou encore induire des zones de stagnation de l’eau et
par conséquent de prolifération de germes.

18 Rapport sur les sources de pollution de l’eau au Maroc


Photo 6: Ecoulement des eaux usés des carrières au niveau de l’Oued Zat

V) LA POLLUTION AGRICOLE :
C’est la pollution diffuse provenant principalement de l’utilisation d’engrais et des
produits phytosanitaires qui n’est pas toujours maîtrisée.

a) Quantités d’engrais et de pesticides :


En moyenne, 720 000 tonnes d’engrais et 15 000 tonnes de produits phytosanitaires
sont appliqués annuellement sur les superficies cultivées.
L’utilisation des pesticides au Maroc a connu une nette évolution. Durant la période
de 2005 à 2009, les quantités importées de pesticides ont atteint respectivement
prés de 14700 et 17600 tonnes (Cf figure 8).

Graphe 8 : Evolution du tonnage en tonnes (T) des pesticides importés au Maroc de 2005 à 2009

Rapport sur les sources de pollution de l’eau au Maroc 19


b) Impact sur les ressources en eau :
La pollution agricole, de par son caractère «diffus » et ses causes liées aux pratiques
agricoles non rationnelles, demeure difficile à cerner et à atténuer lorsqu’elle se
manifeste de manière significative dans les zones d’intensification agricole, dans la
plupart des cas irriguées, ou dans des zones à l’amont des retenues de barrage.

Les nappes les plus touchées par la pollution azotée se situent dans les périmètres
irrigués dont les principales sont les nappes de Temara, Tadla, Berrehid, Trifla,
Chaouia, Bahira, Doukkala et R’mel. Dans les périmètres de Béni Amir et Béni Moussa,
on assiste depuis une vingtaine d’année à un accroissement annuel de la teneur en
nitrate de 3 à 4 mg/l.
L’intensification de l’agriculture induit de plus ou moins des pertes en nutriments et
de micropolluants par lessivage ou érosion des sols, ceci aboutit à des dégradations,
souvent préoccupantes, de la qualité des eaux souterraines et de surface.

Certains pesticides se caractérisent par leurs spectres de toxicité très étendu,


leur bioaccumulation et leur persistance dans les différents milieux naturels et les
chaines alimentaires.

VI) LA POLLUTION MINIÈRE


Le Maroc compte prés d’une vingtaine de mines en fonction qui se répartissent entre
les bassins de Sebou, Oum Er Rbia, Moulouya, Souss-Massa, Tensift et Ziz Guir Rhéris.
L’extraction des phosphates représente la principale activité minière au Maroc et
parmi les autres minerais produits, on trouve le plomb, le manganèse, le fer, le cuivre,
la fluorine, le sel, l’agent et le zinc.

Les mines constituent des sources de pollution des ressources en eau par le biais
des eaux usées et des déchets solides qu’elles génèrent suite à l’extraction et au
traitement des minerais. Les eaux sont soit rejetées directement dans le milieu naturel
soit entreposées dans des bassins. De nombreuses mines rejettent directement dans
les oueds apportant ainsi une pollution métallique toxique qui se retrouve dans les
sédiments.

20 Rapport sur les sources de pollution de l’eau au Maroc


VII) POLLUTION ACCIDENTELLE :
 a pollution accidentelle constitue une menace sérieuse pour les eaux superficielles
L
et les eaux souterraines. Elle est par définition la pollution qui se traduit dans un
endroit et à un moment non prévisible. Elle résulte soit, d’une erreur humaine, d’une
défaillance mécanique, d’une négligence, du climat ou de combinaison de tous ces
facteurs. De tels incidents sont généralement associés au transport de substances
dangereuses ou toxiques. On distingue 4 types de pollution accidentelle :

-  ccidents de transport : Accidents se produisent lors du transport des substances


A
dangereuses ;
-  ccident domestique : Pannes accidentelles des stations de traitement des eaux
A
usées ;
- Accident industriels : Rejet ou déversement industriels accidentelles ;
-  ccidents de transfert et de stockage : le déversement accidentel se produise
A
durant le transfert ou le stockage de substances dangereuses ou toxiques.

Depuis 1985, plus d’une centaine de pollutions accidentelles ont été recensées dans
le royaume. Ces pollutions dont la majorité résulte d’accident de circulation.Elles
sont ponctuelles et sont dues généralement à des accidents de camions citernes
transportant des produits dangereux (fuel, hydrocarbures, gasoil….).
Pour lutter contre la pollution accidentelle des ressources en eau, les retenues de
barrage et les eaux souterraines se trouvant à proximité des lieux de l’accident, les
actions suivantes sont réalisées par les départements concernés en collaboration
avec le résponsable de la pollution qui consistent dans un premier temps à
circonscrire et à limiter la propagation de la pollution dans le milieu hydrique, et par
la suite, nettoyer et réhabiliter les zones touchées et enfin éliminer les matériaux
contaminés.

Photo 7: Renversement du camion citerne rempli du fuel Photo 8: Décapage du sol pollué et sa mise en décharge

Rapport sur les sources de pollution de l’eau au Maroc 21


VIII) LES CIMETIÈRES :
Les cimetières génèrent une pollution diffuse constituée de matières organiques,
d’azote, de phosphore et de calcium. Dans certaines conditions, ils constituent un
risque non négligeable de contamination, voire de pollution des nappes souterraines
et des cours d’eau situés à leur proximité.

22 Rapport sur les sources de pollution de l’eau au Maroc


CONCLUSION 
La dégradation de la qualité des ressources en eau est aujourd’hui un des problèmes
majeurs du secteur de l’eau au Maroc. En effet, Le coût de dégradation de la qualité
de l’eau, sous l’effet de différentes sources de pollution, a été évalué en 2003 à 4.3
Milliards de DH par an.
Les niveaux de pollution critiques sont observés dans plusieurs tronçons de cours
d’eau ainsi des problèmes accrus de pollution sont générés par les différentes
sources de pollution des ressources en eau :

• P
 ollution domestique : disparition de l’oxygène dissous dans certains tronçons
des oueds telque oued Sebou en aval de Fès, Oued Inaouen en aval de Taza,
oued Martil en aval de Tétouan, oued R’dom depuis Meknès jusqu’au aval de
Sidi Kacem, et oued Oum Er Rbia en aval de Kasbat Tadla ;
• P
 ollution industrielle : Arrêt de fonctionnement des stations de traitement
de l’eau potable par les rejets des Huileries, Pollution des nappes et du sol,
et mortalité des poissons dans certains retenues de Barrage par les rejets des
Sucreries ;
• Pollution minière : Pollution de l’eau et du sol par les métaux lourds ;
• L
 es décharges : Contamination des nappes phréatiques, prolifération des
insectes et dégagement d’odeurs ;
• Les carrières : Mise à nue des nappes et Contamination des eaux souterraines ;
• La pollution agricole : Contamination des nappes par les engrais et pesticides ;
• L
 a pollution accidentelle : Détérioration de la qualité des ressources en eau
par les différents types de déversements accidentels (hydrocarbures, fuel,
gasoil…).

Rapport sur les sources de pollution de l’eau au Maroc 23


REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

-  tude stratégique de réutilisation des eaux usées déversées en mer (Mission I :


E
DRPE- Août 2012) ;
- Manuel d’élaboration des Valeurs Limites Spécifiques des Rejets (DRPE-2009) ;
- Base de données sur les sources de pollution des ressources en eau (DRPE) ;
- Plan National de l’Eau (Rapport définitif –2013);
- Plan Directeur d’Aménagement Intégré des Ressources en Eau (PDAIRE) ;
- Etude d’impact du FODEP sur la dépollution industrielle au Maroc (FODEP);
-  onvention pour l’opérationnalisation du Mécanisme de Dépollution Industrielle
C
Hydrique (MVDIH, 2011-2013) ;

- PNDM :
• P
 rogramme National des déchets ménagers : Rapport d’activité de l’assistance
technique n°1-Août 2011 ;
• A
 telier du 21 Novembre 2013 : le réseau régional d’échange d’information
et d’expertise dans le secteur des déchets dans les pays du Maghreb et du
Mashreq (SWEEP-NET) ;
• R
 apport sur la gestion des déchets solides au Maroc- Aperçu des besoins
d’assistance du secteur : Août 2013.

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