Dyslexie, Du Diagnostic À La Thérapeutique
Dyslexie, Du Diagnostic À La Thérapeutique
Dyslexie, Du Diagnostic À La Thérapeutique
Résumé
Cet article a pour objectif de fournir au lecteur un état des lieux des prin-
cipales avancées réalisées au cours de ces dernières années concernant la
dyslexie de développement, tant dans sa définition, sa description cli-
nique que dans la compréhension des mécanismes sous-jacents. C’est,
bien entendu, sur ce dernier point qu’ont été réalisées les avancées les
plus significatives, avec au premier chef les travaux utilisant les moyens
modernes d’imagerie. Un accent plus particulier est mis sur les données
consacrées à l’évaluation de méthodes thérapeutiques, un domaine de re-
cherche encore balbutiant mais particulièrement prometteur pour ses ap-
plications directes à la pratique clinique.
Concernant l’apport des techniques d’imagerie, alors que la majorité des
travaux utilisent l’imagerie fonctionnelle, démontrant de manière répé-
tée la sous-activation d’au moins deux zones de l’hémisphère gauche
(l’une supérieure, temporo-pariétale, et l’autre inférieure, temporo-occi-
pitale), c’est surtout l’imagerie morphologique qui apporte les résultats les
plus probants. L’une des constatations les plus robustes dérive de l’utili-
sation de deux techniques récentes d’imagerie par résonance magnétique,
dénommées respectivement DTI (imagerie par tenseur de diffusion) et
VBM (morphométrie voxel par voxel). Ces deux techniques ont amené à
la découverte qu’il existe dans l‘hémisphère gauche, et tout particulière-
ment dans les aires temporo-pariétales, des différences structurelles
concernant d’une part des aires corticales (variables selon la langue ma-
ternelle, ce qui suggère un effet important de facteurs d’environnement),
mais surtout dans les régions sous-corticales, précisément les faisceaux de
substance blanche connectant entre elles les zones corticales impliquées
dans le traitement de la phonologie, et celles impliquées dans la recon-
naissance visuelle des mots. Une hypothèse séduisante, avancée tout ré-
cemment, stipule qu’une aire du cortex temporal supérieur gauche,
normalement apte à réaliser spécifiquement le traitement conjoint de la
forme auditive et visuelle des lettres, serait dysfonctionnelle chez le dys-
lexique, l’empêchant ainsi de réaliser la première étape de l’apprentis-
sage de la lecture, précisément basée sur l’apprentissage des règles de
conversion entre les graphèmes et les phonèmes. Cette hypothèse a dé-
bouché sur la mise au point de thérapeutiques adaptées dont l’efficacité
est en cours d’évaluation. Spécifiquement, l’utilisation d’un entraînement
multimodal, impliquant tout à la fois la modalité auditive, visuelle et
aussi peut-être le système moteur des organes bucco-phonatoires, semble
significativement plus efficace que l’entraînement phonologique clas-
sique, le seul à avoir été, jusqu’à présent, validé scientifiquement. Au-
delà des travaux de recherche proprement dits, cette revue incite
fortement le praticien à une grande vigilance dans le choix de ses théra-
peutiques et l’exhorte à faire preuve de discernement face aux méthodes,
souvent scientifiquement infondées, proposées dans le commerce.
INTRODUCTION
cas de « cécité verbale » décrits quelques années plus tôt en France par
Jules Déjerine chez des adultes ayant perdu la capacité de lire après une
lésion cérébrale, Morgan a utilisé le terme de cécité verbale congénitale,
une démarche que l’on peut qualifier de prémonitoire dans le sens où elle
suppose que le déficit observé est équivalent à celui d’adultes ayant souf-
fert de lésion focale du cerveau. Le fait est que si Dejerine attribuait au
pli courbe (jonction pariéto-occipitale) gauche le rôle de « centre de
l’image optique des mots », l’analogie de Morgan laissait entendre que
cette même région était dysfonctionnelle chez cet adolescent. Depuis lors,
l’application du raisonnement neuropsychologique, par analogie avec les
syndromes neuropsychologiques de l’adulte, à la pathologie développe-
mentale a permis de réaliser des pas décisifs dans la compréhension de
beaucoup d’affections non lésionnelles de l’enfant, volontiers regroupées
sous le terme quelque peu restrictif de « troubles d’apprentissage ».
La dyslexie, qui représente le cas de figure de loin le plus fréquent
parmi les motifs de consultation pour trouble d’apprentissage (Habib,
2003a), a fait l’objet d’intenses efforts de la recherche scientifique inter-
nationale depuis une vingtaine d’année, efforts qui n’ont pas encore per-
mis d’aboutir à une compréhension totale du phénomène mais qui
autorisent à présent à considérer le sujet comme une affection neurolo-
gique à part entière, ce qu’elle n’était pas il y a 20 ans. Cette affection neu-
rologique a cependant quelques particularités notables : a) elle concerne
l’enfant mais est aussi une pathologie de l’adulte, et donc ses consé-
quences s’étendent au-delà du champ de la neuropédiatrie; b) de par sa
fréquence, elle concerne une proportion considérable de la population, ce
qui en fait un problème majeur de santé publique; et surtout, c) différence
profonde avec la plupart des autres chapitres de la neurologie, elle se ma-
nifeste essentiellement dans un lieu particulier : l’école, ce qui fait de
l’Institution scolaire un partenaire incontournable de toutes les étapes de
Dyslexie : état des lieux 251
DÉFINITIONS, GÉNÉRALITÉS
Toutefois, il arrive, en particulier chez l’adulte, que les tests utilisés pour
évaluer la lecture ne puissent pas mettre en évidence de déficit significa-
tif alors que l’orthographe est, elle, significativement déficitaire. Mais ce
cas de figure de la « dysorthographie isolée » est probablement un arté-
fact lié à l’insuffisance d’outils adéquats, plus qu’à une particularité co-
gnitive d’un trouble. Concernant les outils diagnostiques, il est clair que
malgré des apports récents incontestablement utiles, nous manquons en-
core d’une batterie à la fois large, couvrant tous les domaines du trouble
du langage écrit et oral, et qui soit validée pour toutes les tranches d’âge.
Prévalence, épidémiologie
En raison de la difficulté du diagnostic de dyslexie à grande échelle,
les études épidémiologiques donnent des résultats dont la variabilité peut
rendre l’observateur dubitatif sur la réalité même du trouble. C’est ainsi
que l’on peut lire couramment dans les revues sur le sujet que l’incidence
de la dyslexie varie de 3 à 17% de la population d’enfants scolarisés.
(Shaywitz, 2008; Rapport d’expertise collective, INSERM, 2007). En la
matière, l’écart peut être important entre le diagnostic individuel, utili-
sant des tests adaptés à chaque cas, pouvant dans certains cas prendre plu-
sieurs heures avant de parvenir au diagnostic, et la réalité d’une étude
épidémiologique qui doit se « contenter » d’une batterie unique pour tous
les sujets. En outre, les critères diagnostiques eux-mêmes peuvent varier
d’une étude à l’autre, expliquant en partie des chiffres de prévalence par-
fois très différents. Enfin, des facteurs d’ordre socio-culturel sont de plus
en plus clairement invoqués. Ainsi, une étude utilisant trois définitions
différentes de la dyslexie a montré que la prévalence variait, comme at-
tendu, en fonction de la définition, mais aussi en fonction de facteurs
d’ordre géographique, les taux variant de 3,6 à 8,5% en Italie, et de 4,5 à
12% aux Etats Unis, ceci étant probablement lié, comme nous l’avons
déjà évoqué, aux caractéristiques de la langue. De même, une étude an-
glophone réalisée en parallèle à Londres et sur l’Île de Wight a montré une
incidence de 3,6% sur l’île et de 9,3 dans la capitale, où les sujets ve-
naient en moyenne de milieux moins favorisés. Enfin, une vaste étude
largement citée aux Etats-Unis, celle du Connecticut (Shaywitz et al.,
1994), a montré une prévalence de 17,5% tous milieux confondus, et
256 M. Habib & B. Joly-Pottuz
veau qui les décode. On a ainsi prouvé que de telles « paires minimales »
provoquent lorsqu’elles arrivent au niveau du cortex auditif une activité
électrique dont les caractéristiques sont également quasi similaires (Gi-
raud et al., 2005). Cette constatation incite fortement, comme nous le ver-
rons, à considérer qu’au moins une partie du déficit neurologique dans la
dyslexie est attribuable à un problème de perception auditive.
pas en soi cause de dyslexie, mais peut jouer un rôle aggravant chez l’en-
fant dyslexique en cours d’apprentissage (Colon et al., 2009).
Dans une étude de 207 enfants consultant successivement un centre
pour troubles d’apprentissage (Habib, 2003a), les troubles concernant la
motricité (dyspraxie et dysgraphie) représentaient 56 cas, soit 26 % de la
population totale (figure 2). La comorbidité entre dyslexie et troubles mo-
teurs est particulièrement intéressante, car elle a fourni une piste pour ten-
ter d’expliquer la dyslexie (voir plus bas).
L’une des associations les plus courantes en pratique clinique, et
dont la fréquence réelle est probablement sous-estimée, est celle entre
dyslexie et dyscalculie. La dyscalculie, comme son nom l’indique, est un
trouble spécifique de l’accès à l’apprentissage du calcul, souvent carac-
térisé par une incapacité à se représenter mentalement la quantité sous-ja-
Dyslexie : état des lieux 267
cente aux nombres tels qu’ils sont appris sous leurs différentes formes
(code arabe, concernant les chiffres écrits, code linguistique, concernant
le vocabulaire et la syntaxe spécifique aux nombres). A cette difficulté
conceptuelle, s’ajoute le plus souvent une difficulté à acquérir la signifi-
cation des opérations, tout particulièrement la soustraction qui est très
souvent acquise très tard, et une difficulté à retenir les tables, traduisant
un défaut de récupération en mémoire des faits arithmétiques.
Dans l’étude décrite ci-dessus (Habib, 2003a), la dyscalculie est le
deuxième syndrome associé à la dyslexie, par ordre de fréquence (près
d’un quart des cas). Une autre étude française (Cuvellier et coll., 2004),
réalisée au centre de référence de Lille, ne signale en revanche aucune
occurrence de dyscalculie (0/100). Dans une recherche auprès de 3 029
enfants scolarisés, l’équipe israélienne de Gross-Tsur (1996), s’appuyant
sur des critères stricts tirés des modèles en neuropsychologie cognitive
pour poser le diagnostic de dyscalculie, trouve 6,5 % d’enfants dont elle
étudie les caractéristiques démographiques et cliniques. Tous les enfants
dyscalculiques avaient un quotient intellectuel normal, des symptômes
de déficit d’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) étaient trouvés
chez 26 % d’entre eux, 17 % avaient aussi une dyslexie et la dyscalculie
touchait aussi bien les garçons que les filles. Lewis et coll. (1994) ont
étudié la co-occurrence de troubles de la lecture et du calcul chez des en-
fants de 9 et 10 ans, et retrouvé 3,6 % de difficultés spécifiques en arith-
métique. Parmi ces derniers, 64 % étaient considérés comme également
dyslexiques.
Finalement, une des principales questions posées par la comorbi-
dité entre troubles du calcul et de la lecture, est celle du mécanisme sous-
jacent à ce lien. Par exemple, Rourke (1993) proposait que les enfants
souffrant du double déficit (calcul et lecture) aient un problème hémi-
sphérique gauche, alors que ceux souffrant d’une dyscalculie isolée au-
268 M. Habib & B. Joly-Pottuz
outre le mérite d’attirer l’attention sur le lien entre calcul et gnosies digi-
tales, celui de soulever la possible homologie entre un syndrome neuro-
logique classique en pathologie lésionnelle de l’adulte, attribué à une
lésion focale du lobe pariétal inférieur gauche, et un syndrome dévelop-
pemental où la majorité des symptômes évoquent pourtant plutôt un dé-
ficit hémisphérique droit.
Parmi les co-morbidités psychiatriques, le trouble déficit d’atten-
tion avec hyperactivité est de loin la plus communément observée chez les
dyslexiques. Alors que la prévalence de chacune des deux affections est
d’environ 5-7 %, il est admis que 25 à 40 % des enfants hyperactifs souf-
frent de troubles de lecture (Dykman et Ackerman, 1991 ; Semrud-Cli-
keman et coll., 1992), alors que 15 à 40 % des dyslexiques remplissent les
critères de déficit d’attention avec hyperactivité (Gilger et coll., 1992 ;
Shaywitz et coll., 1995 ; Willcutt et Pennington, 2000). De même, il a de
longue date été démontré que les enfants présentant des troubles de lec-
ture ont un risque 5 fois plus fort de présenter des comportements anti-
sociaux que le reste de la population (Rutter et Yule, 1970), alors que des
travaux plus récents ont révélé la fréquence élevée de troubles de lecture
dans des populations de délinquants et d’enfants avec troubles des
conduites (Frick et coll., 1991 ; Hawkins et Lishner, 1987). Globalement,
cependant, on admet que les troubles du comportement chez les dys-
lexiques sont « médiés » par la plus grande fréquence chez eux de signes
d’hyperactivité. Pour autant, la question du mécanisme sous-jacent à cette
association est loin d’être résolue. Pour certains, la plus grande fréquence
de troubles de la lecture chez les sujets hyperactifs serait la seule consé-
quence de difficultés de compréhension liées au déficit d’attention (Sa-
muelson et coll., 2004). Pour d’autres, au contraire, il existerait bien un
lien, sans doute d’ordre génétique, entre les deux affections. Quoi qu’il en
soit, la présence de troubles de l’attention chez un dyslexique va grever
270 M. Habib & B. Joly-Pottuz
tion générale. Cette constatation illustre clairement une donnée qui com-
mence à être bien documentée dans les milieux scolaires, à savoir que la
précocité peut représenter paradoxalement un facteur d’échec scolaire ou
du moins de grandes difficultés. Ici, les facteurs psychologiques sont sou-
vent prévalents, avec, de manière également tout à fait paradoxale, une
fréquence importante de troubles de l’estime de soi, ces enfants et adoles-
cents semblant ressentir de manière accentuée leur différence, et l’inter-
préter comme une infériorité, voire une incompétence. Mais au-delà de la
simple réaction psychologique à un mode particulier de fonctionnement
mental et affectif, il est probable que dans certains cas l’enfant précoce
présente de véritables troubles spécifiques d’apprentissage, rappelant en
général le cadre du syndrome développemental non verbal, plutôt qu’une
dyslexie habituelle. Cette éventualité incite à pratiquer une mesure du quo-
tient intellectuel à chaque fois qu’un enfant ou un adolescent souffre de dif-
ficultés scolaires inexpliquées, en particulier si l’anamnèse met en
évidence un retard du développement moteur sur le développement lin-
guistique. La mesure du QI montrera alors volontiers une dissociation ver-
bal/non verbal, sous la forme d’un indice verbal largement supérieur à
l’indice de raisonnement perceptif.
Si les arguments font encore défaut pour associer dyslexie et préco-
cité, ceux-ci ne manquent pas en revanche pour suggérer un développe-
ment cérébral atypique chez le surdoué. Dans une étude récente de 195
enfants ayant un quotient intellectuel supérieur à 130, Louis et coll. (2005)
ont retrouvé deux types de facteurs significativement associés à la préco-
cité : des facteurs d’ordre psychosocial, en particulier le statut marital des
parents et leur niveau d’études, mais aussi des facteurs évoquant une alté-
ration d’ordre neurobiologique (grossesse anormale, stress périnatal, et
terrain migraineux). La structure même du cerveau pourrait être particu-
lière chez l’enfant précoce : hormis le cas célèbre, mais anecdotique du
Dyslexie : état des lieux 273
ce score chez 187 enfants avec les évaluations scolaires en CE2 de 148
d’entre eux, objective, comme les questionnaires à 3 ans, une bonne valeur
prédictive négative (95 %) mais une faible valeur prédictive positive (58 %).
Récemment ont été publiés les résultats de l’utilisation préliminaire
d’une nouvelle batterie (EVAL MATER) d’évaluation du risque de troubles
d’apprentissage chez l’enfant de 3ans 1/2 à 4 ans 1/2 (Mancini et al., 2008).
Ce test, qui comporte une partie psychomotricité et une partie langage, a
permis de détecter près d’un enfant sur deux dans la tranche d’âge 3 ans-3
ans 1/2, et plus raisonnablement un enfant sur 5 pour la tranche 4 ans – 4 ans
1/2, tranche où il s’avère donc plus fiable. Globalement, la partie linguistique
semble plus discriminante que la partie psychomotrice, en raison probable-
ment de la grande variabilité des performances des enfants de cet âge sur des
tâches psychomotrices.
Au delà de 5 ans, le test le plus largement utilisé aux fins de dépistage
est certainement le BSEDS (Bilan de santé évaluation du développement
pour la scolarité 5-6 ans), mis au point par l’équipe de Grenoble avec l’ob-
jectif de dépister, en grande section de maternelle (GSM), les signes pré-
dictifs de difficultés ultérieures d’acquisition du langage écrit (déficit en
langage oral, dans les compétences phonologiques ou la prise d’information
visuelle). Les normes de référence ont été déterminées par un étalonnage
chez 1 076 enfants. Une étude longitudinale a comparé le niveau de lecture
en second semestre de CE1 aux résultats rétrospectifs de la BSEDS chez
501 enfants (Zorman et Jacquier-Roux, 2003 ; Zorman et coll., 2004). La va-
leur prédictive négative, si l’on considère les compétences phonologiques,
les compétences en production langagière ou les deux, est entre 90 et 92 %.
La plupart des enfants normaux en lecture l’étaient au BSEDS, mais la va-
leur prédictive positive est beaucoup plus faible (compétences phonolo-
giques 30 %, production langagière 40 %, les deux 60 %), donc beaucoup
d’enfants déficitaires au BSEDS lisaient normalement en CE1. L’utilisation
280 M. Habib & B. Joly-Pottuz
Figure 3 : (a) Synthèse de 5 études en DTI ayant identifié les zones de plus forte cor-
rélation entre l’orientation des fibres de substance blanche (anisotropie) et l’efficience
en lecture. (b) représentation tridimensionnelle des faisceaux de substance blanche
impliqués dans la lecture et dont la structure est altérée chez les dyslexiques : (1) fais-
ceau longitudinal supérieur, (2) corona radiata et faisceau pyramidal, (3) fibres
calleuses temporales et occipitales; (4) fibres connectant les cortex occipitaux in-
férieur (VWFA) et latéral (Ben Shachar et al., 2007).
Figure 4 :Six chromosomes dont des régions sont liées à la dyslexie (d’après Grig-
orenko et coll., 2003)
Chaque barre rouge verticale indique la portion de chromosome qui a été liée à la dyslexie dans
une étude. Des barres multiples indiquent que la liaison a été répliquée par plusieurs études. La
flèche pleine simple indique le site 15q21 sur lequel le gène DYX1C1 a été identifié. La flèche
double représente le locus du gène ROBO1 (3p12q13), impliqué dans la croissance axonale et
la flèche pointillée celui du gène DCDC2 (6p22), impliqué dans la migration neuronale.
Figure 4 : 6 chromosomes whose loci are linked to dyslexia (from Grigorenko et al.,
2003). Every vertical red bar indicates one study in which the specific locus has been
linked to dyslexia. Multiple bars indicate that a same locus has been found linked to
dyslexia in several studies
thèse proposée par Tallal centrée sur la notion que le langage, oral comme
écrit, est constitué d’une succession rapide d’événements que le cerveau
doit traiter, et qu’un trouble de cette capacité de traitement rapide pour-
rait faire le lien entre les troubles du langage oral et ceux du langage écrit.
Une notion centrale à l’hypothèse de Tallal est que le déficit temporel est
“supra-modal”, c’est-à-dire qu’il peut se retrouver non seulement dans la
modalité auditive, mais également visuelle, voire somato-sensorielle.
Mais l’un des modèles les plus séduisants est sans doute celui fai-
sant appel à la notion de transfert intermodalitaire d’information. Plu-
sieurs auteurs (voir par exemple Laasonen, 2002) ont ainsi insisté sur une
difficulté particulière chez le dyslexique à discriminer des stimuli non
plus seulement dans plusieurs systèmes perceptifs chez un même sujet,
mais dans des tâches impliquant la confrontation de plusieurs modalités
dans une même tâche, réalisant une condition de transfert intermodali-
taire. Tant chez des enfants que des adultes dyslexiques, ces protocoles
ont mis en évidence des différences très nettes dans la majorité des com-
binaisons étudiées. Pour les auteurs, ces résultats permettent d’affirmer
qu’au-delà de l’altération multimodalitaire suspectée par Tallal dès les
premières formulations de sa théorie, il existe chez le dyslexique un dé-
ficit du traitement temporel nécessitant la mise en commun d’informa-
tion provenant au cerveau par divers canaux sensoriels. Une étude
utilisant un paradigme de jugement d’ordre temporel visuel associé à un
facilitateur sonore suggère chez les dyslexiques un problème d’élargis-
sement de la “fenêtre temporelle” (Hairston et al., 2005). L’extension
anormale de cette fenêtre temporelle chez le dyslexique aurait alors pour
effet d’altérer les processus dépendant du couplage rapide et précis de
deux informations provenant de modalités différentes, comme par
exemple ceux mis en jeu lors de la conversion grapho-phonémique.
Un concept assez proche (voir figure 5) a été récemment avancé
300 M. Habib & B. Joly-Pottuz
par une équipe néerlandaise (Blau et al., 2009; étude commentée dans
Walace, 2009). Ces auteurs ont réalisé une étude en IRM fonctionnelle
dans diverses conditions de perception : auditive seule (sons), visuelle
seule (lettres), et enfin dans deux conditions lettre/son : soit congruent
(le son et la lettre correspondent) soit incongruent. Les résultats montrent
(1) une interaction groupe condition significative dans les deux régions
auditives moyennes, prouvant que le cortex auditif associatif est spécifi-
quement impliqué dans ces tâches et surtout qu’il est impliqué dans la
façon différente qu’ont les dyslexiques de traiter ces tâches ; (2) les dys-
lexiques activent moins ces mêmes régions en unimodal comme en mul-
timodal ; (3) enfin, les témoins ont une moins forte activation pour les
Dyslexie : état des lieux 301
ditif, alors que les témoins vont “fusionner” les deux stimuli pour en créer
un troisième (par exemple, selon l’effet McGurk standard, lorsqu’on en-
tend /ba/ et qu’on voit /ga/, on perçoit en fait /da/). Dans un travail de
notre équipe (Giraud et al., en préparation), ce même effet McGurk a été
recherché chez des adultes dyslexiques et normolecteurs. De façon assez
surprenante, il existait effectivement une altération de l’effet McGurk
chez les dyslexiques, mais en faveur du phonème entendu (par exemple
dans /ba/ auditif vs /ga/ visuel, les sujets déclaraient entendre ba). Ainsi,
l’absence d’effet McGurk chez le dyslexique est un argument supplé-
mentaire en faveur d’un déficit primaire d’intégration d’un message au-
ditif avec un message visuel simultané.
TRAITEMENT DE LA DYSLEXIE
Il est important de garder à l’esprit que, comme dans tout autre do-
maine en médecine, une attitude thérapeutique rationnelle se doit de
suivre un certain nombre de règles destinées à garantir à la fois la perti-
nence des traitements engagés en termes d’efficacité et de reproductibi-
lité et de respecter des notions d’éthique fondamentale, notions souvent
bafouées dans un domaine où l’enjeu commercial peut parfois prévaloir
sur l’intérêt général. Peut-être plus qu’ailleurs, il convient dès lors de se
poser systématiquement la question de la validité scientifique des mé-
thodes utilisées.
Pour ce faire, on peut se référer aux données de la littérature qui ont
été récemment résumées dans un chapitre de l’expertise collective IN-
SERM (chap 22, pp.571 & sq., et chap 23, pp.591 et sq), et dont nous
rapportons ci-dessous les grandes lignes.
Dyslexie : état des lieux 303
vitesse de lecture.
Ces études ont eu ainsi le mérite d’instaurer des principes fonda-
mentaux sur lesquels la plupart des autres études se sont ultérieurement
basées, principes qui sont résumés dans la méta-analyse du National Rea-
ding Panel (Ehri et al. 2001):
- Rôle majeur de l’entraînement de la conscience phonologique qui
améliore de façon significative les capacités de lecture dans pratiquement
toutes les études ou elle a été réalisée
- Effet semblant tout aussi notable voire plus dans les populations à
risque ou normales
- En petits groupes plutôt qu’individuellement ou en classe
- De durée entre 5 et 18 heures plutôt que plus longtemps
- De préférence associant des exercices de manipulation phonolo-
gique à un support visuel utilisant des lettres
- Surtout efficace chez les enfants les plus jeunes
ciblées sur les troubles du langage écrit et/ou oral. La plus célèbre de ces
études est celle menée par l’équipe de Paula Tallal, basée sur la théorie du
« déficit du traitement temporel » défendue par cet auteur.
Dans une première série de travaux (Tallal et al, 1996, Merzenich et
al., 1996), ces auteurs avaient suggéré l’utilisation d’exercices quotidiens
reposant sur la pratique de jeux vidéos interactifs, pour les enfants souf-
frant de troubles spécifiques du langage, jeux dans lesquels était incluse à
leur insu une modification temporelle du signal acoustique, en particulier
un étirement artificiel de la parole (FastForword®). Ce faisant, les auteurs
prétendaient amener une amélioration du déficit du traitement temporel de
la parole et ainsi améliorer les troubles du langage oral et écrit. L’efficacité
spectaculaire de la méthode initialement rapportée a été fortement décriée,
surtout pour ses bases théoriques. Des tentatives systématiques d’évaluation
par des équipes séparées ont abouti à des résultats pour le moins mitigés,
résumés d’abord dans deux articles auquel le lecteur intéressé peut se réfé-
rer (Gillam et al., 2001; Hook et al., 2001). Globalement, l’efficacité de
FastForword® est confirmée, mais ne se différencie pas de celle d’autres
méthodes de rééducation plus classiques, portant en particulier sur la pho-
nologie. En fait, c’est surtout la raison de l’efficacité, qui est contestée, en
particulier l’affirmation par ses concepteurs que le ralentissement acous-
tique est l’élément déterminant de l’efficacité.
La contribution de notre laboratoire à cette problématique (Habib et
al., 1999; 2002; Joly-Pottuz et al., 2006) a consisté à tester l’efficacité d’un
entraînement intensif seulement auditif, afin de limiter l’effet conjoint de la
stimulation multisensorielle et de la surmotivation liée au caractère ludique
de FastForword®. En outre, partant de l’observation que les travaux de Tal-
lal s’adressaient à une population assez mal définie incluant des dyslexiques
mais ne se réduisant pas à ces derniers (SLI = Specific Langage Impaire-
ment), nous avions décidé de n’inclure que des enfants souffrant spécifi-
306 M. Habib & B. Joly-Pottuz
travail est que les 3 méthodes sont également efficaces sur les progrès en
lecture réalisés par les enfants. Assez curieusement, la méthode sémiopho-
nique qui ne fait intervenir aucun exercice de conscience phonologique est
également aussi efficace que les deux autres sur les tâches de manipulation
phonémique et syllabique. Ce travail semble démontrer que quel que soit
le type de stimulation auditive réalisé (parole ralentie, modulation des
basses fréquences, ou exercices orthophoniques classiques), le seul fait d’at-
tirer l’attention de façon répétitive sur le contenu sonore de la parole est
capable d’améliorer significativement les performances en conscience pho-
nologique et en lecture. Il montre également le fait qu’un entraînement in-
tensif sur 4 semaines donne des résultats équivalents à un entraînement
orthophonique classique prolongé sur plusieurs mois ce qui incite à pour-
suivre les études sur cette modalité intensive d’entraînement, et peut-être à
remettre en questions certains aspects de la prise en charge orthophonique
traditionnelle. Des études similaires ont été engagées pour évaluer des trai-
tements à base théorique dans d’autres domaines des troubles d’apprentis-
sage, comme par exemple la dyscalculie (Wilson et al., 2006).
Figure 6 : Dans une tâche de jugement de rimes sur entrée visuelle (lettres riment-
elles ou non?), des enfants normolecteurs activent un vaste réseau hémisphérique
gauche (a). Chez des enfants dyslexiques (b)réalisant la même tâche, ces zones sont
largement sous-activées en particulier dans la partie postérieure du réseau (temporo-
pariétale), en relation avec le traitement auditif et la mémoire de travail auditivo-ver-
bale. Un entraînement spécifique de la phonologie entraîne d'une part (c)une
réactivation partielle des zones sous-activées et d'autre part (d)l’apparition de zones
non activées précédemment (et non activées chez le témoin) : mécanisme de compen-
sation? réorganisation? D’après Temple et al., 2003.
b c
Nous n’avons pu, dans ce paragraphe, que citer une partie de la lit-
térature qui commence à être abondante sur le sujet. Comme le recom-
mande le rapport d’expertise collective de l’INSERM (2007, p.606), il
est capital que cet effort réalisé par les chercheurs pour rendre scientifi-
quement cohérentes les thérapeutiques proposées aux enfants souffrant
de troubles d’apprentissage soit suivi par le reste de la communauté pro-
fessionnelle :« la plus grande prudence est requise vis-à-vis de tous les
traitements préconisés pour la dyslexie et les troubles d’apprentissage, la
plupart n’ayant pas été évalués scientifiquement, ou ayant été évalués
mais donnant des résultats peu différents d’un placebo. Même les mé-
thodes orthophoniques classiques souffrent d’une absence regrettable
d’évaluation scientifique ».
CONCLUSION
ABSTRACT
This article intends to provide the reader with an update of the main ad-
vances obtained during the last few years on developmental dyslexia, with
regard to definition, clinical description as well as comprehension of un-
derlying mechanisms. Unsurprisingly, this latter point is the focus of the
most significant advances, first of all owing to scientific works using mo-
dern neuroimaging methods. Another point of great interest for recent in-
vestigators was that of evaluating therapeutic methods, a very new chapter
in the field of learning disorders, yet holding promise for directly impac-
ting clinical practice.
As to imaging techniques, whereas most studies have used functional neu-
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