Utilisation Des Objets Flottants
Utilisation Des Objets Flottants
Utilisation Des Objets Flottants
CALICIS
Intérêt de l’utilisation des objets flottants dans
l’approche des plans les plus douloureux de
l’histoire des patients et de leur famille
RÉSUMÉ DE L’ARTICLE PAR C. BILOCQ (FÉVRIER 2007), THÉRAPIE FAMILIALE, 2006, VOL. 27, N°4,
PP. 339-359,
samedi 17 février 2007 par Bilocq Céline
Cet article a été rédigé par F. Calicis suite à une conférence donnée à Liège pour
l’asbl Parole d’Enfants. L’auteur y présente sa pratique des objets flottants.
Sommaire
Le référentiel théorique
Trois vecteurs de l’effet (...)
Définition des objets flottants
Caractéristiques des objets
Esprit de l’utilisation (...)
L’intérêt de l’utilisation (...)
Le référentiel théorique
Y. Rey et P. Caillé ont créé des médias thérapeutiques utilisés pour faciliter la
rencontre avec les consultants, les objets flottants (le jeu de l’oie systémique, le
conte systémique, les masques, les sculptures avec les statues vivantes et les
tableaux de rêves). Ces médias vont permettre à la famille d’apprendre quelque
chose sur elle, de trouver un sens nouveau et de mettre en lien la culture familiale
et le problème pour lequel elle consulte. Le thérapeute n’est donc plus responsable
du contenu mais du cadre posé pour la rencontre thérapeutique.
Sa place est alors différente de la thérapie “classique”, le thérapeute pourra
concilier ces deux positions, mais pas simultanément. “Les objets flottants sont
proposés par le thérapeute à un moment donné du processus thérapeutique puis
retirés quand ils ont joué leur rôle.”
L’exemple clinique proposé par F. Calicis concerne une fratrie de trois hommes,
dont le cadet (26 ans) est diagnostiqué psychotique. Il a fait une décompensation 6
ans auparavant et est stabilisé. “Il est relativement bien ancré dans la réalité, ce qui
a permis l’usage d’objets flottants qui seraient contre-indiqués avec un patient
délirant.” La famille est envoyée par le psychiatre du cadet, considérant que le suivi
est “calé” sur le décès de la mère lorsqu’il avait 13 ans. Les 3 frères sont
demandeurs de se retrouver par le biais des entretiens, mais “n’ont pas envie
d’aller tout retourner.”
Au bout de cinq mois de thérapie, la thérapeute sent une ouverture sur le passé
tout en étant consciente des réserves des uns et des autres par rapport à la
“cassure” qu’a été le décès de la mère. “J’ai besoin de garanties pour continuer, je
pense qu’il faut freiner plutôt qu’accélérer.” Elle propose alors d’écrire un conte
systémique.
Nous inviterons le lecteur intéressé à lire l’article pour une description détaillée de
cette situation clinique.
Le conte est un récit métaphorique créé à partir des éléments amenés par la famille
en séance. L’histoire contée est analogue à l’histoire familiale mais s’en décale
toutefois. Elle se situe dans une autre époque, dans un autre lieu, avec des
protagonistes souvent non humains. “Le conte est inachevé : il se clôt sur la
dramatisation d’un dilemme que le thérapeute perçoit dans la famille.” Chaque
membre est alors invité à en écrire la fin qui sera partagée et commentée en
entretien.
Les objets flottants amènent une ouverture vers le champ de l’expérience. Ils
mobilisent l’émotionnel et parfois le corporel, ils laissent une grande part à
l’analogique. Ils permettent l’apprentissage d’un autre langage que celui des mots,
souvent fatigués de sens quand il y a eu plusieurs essais de résolution de
problème par la parole.
“Les objets flottants ont une dimension artistique et esthétique à la fois agréable
et stimulante, qui contribue à rassurer les familles sur leur pouvoir créatif propre.”
Ils sont aussi un jeu qui amène de la légèreté et du plaisir en entretien.
Les objets flottants ne sont pas des ouvre-boîtes servant à amener les consultants
dans une sphère qu’ils refusent d‘aborder. Le thérapeute sera respectueux de ce
qui est amené, il veillera à l’authenticité de l’échange et sera rigoureux par rapport
au cadre qu’il voudra fixer.
L’auteur met en garde sur l’utilisation des objets flottants, ils ne sont qu’à
employer occasionnellement, dans un contexte où la famille est dans une “relation
de confiance et de sécurité.”
Le thérapeute restera en retrait du processus et se gardera d’interpréter, il sera le
“facilitateur qui garantit le cadre”. Il aidera à la découverte des consultants par eux-
mêmes.
Dans nos pratiques, nous sommes amenés à rencontrer des familles venant de
vivre un moment douloureux, mais aussi des situations où l’expérience difficile est
ancienne et dont les signes sont encore perceptible dans le présent.
Pourquoi utiliser les objets flottants pour approcher les pans les plus difficiles de
l’histoire ?
“La psychothérapie est un travail de mise en récit, d’« historicisation » , (B. Cyrulnik,
1999).” “Une fois l’événement traumatique réinscrit dans une histoire, la personne
peut se le réapproprier car elle agit sur lui et cesse de le subir, c’est la notion de
« métamorphose du traumatisme » de B. Cyrulnik.”