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République Algérienne Démocratique et Populaire

Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique


_________________________________

Université M’Hamed Bougara- BOUMERDES

Faculté des Sciences de l’Ingénieur

Ecole Doctorale : Science et Ingénierie: Matériaux-Structure et Environnement

Spécialité : Sciences et Génie des Matériaux

Option : Matériaux de structures

Mémoire de Magistère sur le Thème :

Indicateurs de durabilité du béton dans


le contexte Algérien.

Présenté par : OUALIT Mehena

Devant le Jury :

Mr BALI Abderahim Professeur ENP Président


r ed
M ABADLIA M Tahar Professeur UMBB Promoteur
Mr GHOMARI Abdelhamid Professeur UABM Examinateur
Mr BRARA Ahmed Directeur de recherche CNERIB Examinateur
Mr CHAID Rabah Maître de conférence /A UMBB Examinateur

Boumerdès, 2009
REMERCIEMENTS

Je tiens en premier lieu, à exprimer ma profonde gratitude au directeur de cette thèse le


professeur ABADLIA.M.T, qui a bien voulu m’encadrer pour l'élaboration et le suivi
théorique de ce présent travail.

Je tiens à remercier vivement les membres de jury en l’occurrence BALI.A, GHOMARI.A,


BRARA.A et CHAID.R d’avoir accepté d’analyser et débattre le travail réalisé ainsi que
leurs conseils instructifs qui m’ont procuré.

Nous tenons à remercier sincèrement Mr le directeur de l’INSA de Toulouse, le professeur


GILLES ESCADEILLAS qui a proposé ce thème, et pour la confiance qu'il nous a
témoigné, ainsi que pour ces conseils instructifs et précieux.

Nous tenons à exprimer notre vive reconnaissance aux responsables et tous le personnel
de laboratoire de recherches « CNERIB » pour leurs aides et leurs encouragements qui
n'ont épargné aucun effort pour que notre recherche bibliographique se déroule dans de
meilleures circonstances.

Enfin, que toutes celles et tous ceux qui, de près ou de loin nous ont généreusement offert
leurs concours à l'élaboration de ce travail, trouvant ici l'expression de notre profonde
sympathie.
Résumé

Résumé
Le présent travail consiste à une étude de la durabilité des matériaux cimentaires et des
bétons en particulier, par une approche performantielle fondée sur la notion d’indicateurs de
durabilité adaptée au contexte de l’Algérie.

La non-prise en charge de la problématique de la durabilité nous a conduit à proposer ce


thème qui a pour objectif de comprendre les principes physico-chimiques associés aux
différents types d'agressions des structures en béton, comprendre l'effet des principaux
paramètres environnementaux qui influencent l'ampleur des dégradations. La compréhension
de ces phénomènes permettra de formuler un béton durable dès la phase de conception,
susceptibles de protéger les ouvrages en béton armé contre une dégradation donnée, pendant
une durée de vie fixée et dans des conditions environnementales bien précises, en se référant
à une approche performantielle fondée sur la notion d’indicateurs et sur la spécifications de
critères performantiels.
Cette approche est une méthodologie novatrice structurée en différentes étapes, dont l’usage
devrait se systématiser dans l’avenir en Algérie en remplacement aux techniques de
réparations souvent employées qui engendrent des pertes économiques colossales.

Mots clés : Durabilité, matériaux cimentaires, approche performantielle, indicateurs, critères


performantiels.

ABSTRACT
This work consists of a study of the durability of cementious materials and concretes in
particular by a “performantial approach” founded on the concept of indicators of durability
adapted to Algerian context.
The not-catch in load of problems of durability led us to propose this topic which aims to
understand the physic-chemical principles associated with the various types of aggressions
with the concrete structures, understand the effect of the principal environmental parameters
which influence the extent of degradations and capacity to formulate a durable concrete
since the phase of design likely to protect the concrete works reinforced against a degradation
given for a lifetime fixed and quite precise environmental condition while referring at a
“performantial approach” founded on the concept of indicators and the specifications of
performantiels criteria.

This approach is an innovative methodology structured in various stages, of which the use
should be systematized in the future in Algeria in replacement of the repairs techniques often
employed which generate colossal economic losses.

Key words: Durability, materials cementing, performantielle approach, indicators,


performantiels criteria.
‫‪Résumé‬‬

‫اﻟﻤﻠﺨﺺ‪:‬‬

‫ھﺬا اﻟﻌﻤﻞ ھﻮ ﻋﺒﺎرة ﻋﻦ دراﺳﺔ ﻟﺘﺪﻋﯿﻢ ﻣﺘﺎﻧﺔ اﻟﻤﻮاد واﻟﺨﺮﺳﺎﻧﺎت ﻋﻦ ﻃﺮﯾﻖ اﺗﺒﺎع ﻧﮭﺞ ﺗﺄﺳﺲ ﻋﻠﻰ ﻣﻔﮭﻮم ﻣﺆﺷﺮات ﻣﺘﺎﻧﺔ و‬
‫ﺗﻜﯿﯿﻔﮭﺎ وﻓﻘﺎ ﻟﺴﯿﺎق اﻟﺠﺰاﺋﺮ ‪.‬‬

‫ﻓﺸﻞ دﻋﻢ ﻗﻀﯿﺔ اﻻﺳﺘﺪاﻣﺔ أدى ﺑﻨﺎ إﻟﻰ اﻗﺘﺮاح ھﺬا اﻟﻤﻮﺿﻮع اﻟﺬي ﯾﮭﺪف إﻟﻰ ﻓﮭﻢ اﻟﻤﺒﺎدئ اﻟﻔﯿﺰﯾﺎﺋﯿﺔ اﻟﻀﺎﻟﻌﺔ ﻓﻲ أﻧﻮاع‬
‫ﻣﺨﺘﻠﻔﺔ ﻣﻦ ﺳﻮء اﻟﻤﻌﺎﻣﻠﺔ ﻣﻦ اﻟﮭﯿﺎﻛﻞ اﻟﺨﺮﺳﺎﻧﯿﺔ ‪ ،‬وﻓﮭﻢ ﺗﺄﺛﯿﺮ اﻟﻌﻮاﻣﻞ اﻟﻤﺎدﯾﺔ واﻟﺒﯿﺌﯿﺔ اﻟﺮﺋﯿﺴﯿﺔ اﻟﺘﺄﺛﯿﺮ ﻋﻠﻰ ﺣﺠﻢ اﻹﺿﺮار‬
‫واﻟﻘﺪرة ﻋﻠﻰ ﺻﯿﺎﻏﺔ ﻣﻠﻤﻮﺳﺔ ﻓﻲ ﻣﺮﺣﻠﺔ اﻟﺘﺼﻤﯿﻢ اﻟﻤﺴﺘﺪام ﻷﺟﻞ ﺣﻤﺎﯾﺔ اﻟﻤﻨﺸﺂت اﻟﺨﺮﺳﺎﻧﯿﺔ اﻟﻤﺴﻠﺤﺔ ﺿﺪ اﻟﺘﺪھﻮر ﻟﻔﺘﺮة‬
‫ﻣﻌﯿﻨﺔ ‪ ،‬واﻟﻤﻨﺼﻮص ﻋﻠﯿﮭﺎ ﻓﻲ ﻇﺮوف ﺑﯿﺌﯿﺔ ﻣﺤﺪدة ﻣﻦ ﺧﻼل اﻹﺷﺎرة إﻟﻰ إﺗﺒﺎع ﻧﮭﺞ ﯾﺴﺘﻨﺪ ﺣﻮل ﻣﻔﮭﻮم ﻣﺆﺷﺮات وﻣﻌﺎﯾﯿﺮ‬
‫‪.‬‬ ‫ﻟﻠﻤﻮاﺻﻔﺎت‪.‬‬
‫ھﺬا اﻟﻨﮭﺞ ھﻮ ﻣﻨﮭﺠﯿﺔ ﻣﺒﺘﻜﺮة ﻣﻨﻈﻢ ﻓﻲ ﻣﺨﺘﻠﻒ اﻟﻤﺮاﺣﻞ‪ ،‬واﻟﺘﻲ ﯾﻨﺒﻐﻲ اﺳﺘﺨﺪام ﻣﻨﮭﺠﯿﺔ ﻓﻲ اﻟﻤﺴﺘﻘﺒﻞ ﻓﻲ اﻟﺠﺰاﺋﺮ ﺑﺪﻻ ﻣﻦ‬
‫ﺗﻘﻨﯿﺎت إﺻﻼح ﻏﺎﻟﺒﺎ ﻣﺎ ﺗﺴﺘﺨﺪم و اﻟﺘﻲ ﺗﺨﻠﻖ ﺧﺴﺎﺋﺮ اﻗﺘﺼﺎدﯾﺔ ﺿﺨﻤﺔ‪.‬‬

‫اﻟﻜﻠﻤﺎت اﻟﺮﺋﯿﺴﯿﺔ‪ :‬اﻻﺳﺘﺪاﻣﺔ‪ ،‬ﻣﻮاد ﻻﺻﻘﺔ‪ ،‬اﻟﻨﮭﺞ‪ ,‬اﻟﻤﺆﺷﺮات واﻟﻤﻌﺎﯾﯿﺮ‪.‬‬


Tables des matières
TABLE DES MATIERES

INTRODUCTION GENERALE……………………………………………………………..1

CHAPITRE I : « Durabilité des bétons dans leurs environnement »


Introduction………………………………………………………………………………….. 3
I.1/ La durabilité des armatures et du béton d’enrobage…………………………………….. 3
I.1.1/ Généralités ………………………………………………………………………….. 3
I.1.2/ Aspect économique de la corrosion des armatures du béton armé……………….….4
I.1.3/ signes visibles de la corrosion des armatures…………………………………………4
I.1.4/ Les étapes de la corrosion des armatures………………………………………….….4
I.1.5/ Les mécanismes de la corrosion des armatures……………………………………… 5
I.1.6/ Influence de l'enrobage de béton sur la corrosion des armatures……………………. 6
I.1.7/ La corrosion des armatures : Un phénomène électrochimique……………………….7
I.1.8/ Cause de la corrosion : Carbonatation………………………………………………. 9
I.1.9/ Cause de la corrosion : Pénétration des ions chlorures…………………………........11
I.2/ La durabilité des bétons en ambiance hivernale rigoureuse………………………...........14
I.2.1/ Introduction……………………………………………………………………….… 14
I.2.2/ Les mécanismes développés par le gel…………………………………………….... 14
I.2.3/ Action des cycles gel/dégel……………………………………………………….….15
I.2.4/ Action des sels de déverglaçage………………………………………………….…..15
I.2.5/ Les principes de prévention………………………………………………………….15
I.2.6/ Le concept du facteur d'espacement critique…………………………………………16
I.3/ La durabilité des bétons face aux réactions de gonflement endogènes…………........... 18
I.3.1/ Réactions endogènes …………………………………………………………….….18
I.3.2/ Les réactions alcali-granulats…………………………………………………….….18
I.3.2.1/ Facteurs d’influence pour les réactions alcali-granulats……………………….19
I.3.2.2/ Théories concernant les réactions alcalis-granulat……………………………..19
I.3.3/ Réaction sulfatique interne RSI………………………………………………..…….22
I.4/ Durabilité des bétons vis-à-vis des environnements chimiquement agressifs…. …….…27
I.4.1/ Mécanisme général……………………………………………………………….. … 27
I.4.1.1/ Eaux naturelles ………………………………………………………………….. 27
I.4.1.2/ Attaque par les acides……………………………………………………… …… 27
Tables des matières

I.4.1.3/ Attaques d’origine biochimique………………………………………………......30


I.4.1.4/ Milieu marin…………………………………………………………………........30
CHAPITRE II : « Facteurs influant la durabilité des bétons en Algérie »
Introduction ………………………………………………………………………................ 32
II.1/ Climat et durabilité du béton………………………………………………………........32
II.1.1/ Données climatiques………………………………………………………………....33
II.2/ Préservation du béton de l’action du climat……………………………………….....35
II.3/ Dommages dus aux contraintes mécaniques……………………………………………35
III.3.1/ Effet du séisme……………………………………………………………………. 37
III.3.2/ Le tassement ……………………………………………………………………… 42
II.4/ Influence des facteurs environnementaux ……………………………………….......... 43
II.5/ Qualité du béton et durabilité …………………………………………………………. 45
II.6/ Exemple d’expertise…………………………………………………………………….47
II.7/ Conclusion…………………………………………………………….……………….51

CHAPITRE III : « Approche performantielle de la durabilité du béton »


Introduction……………………………………………………………………………….…. 52
III.1/ Contexte, intérêt et objectifs d’une approche performantielle……………………….…53
III.1.1/ Situation actuelle, gestion du parc d’ouvrage…………………………………….. 53
III.2 / Durée de vie, définitions…………………………………………………………….... 55
III.3/ Indicateurs de durabilité et autres paramètres……………………………………….… 55
III.3.1/ Définition des indicateurs de durabilité……………………………………….….. 55
III.3.2/ Indicateurs de durabilité généraux…………………………………………………55
III.3.3/ Indicateurs de durabilité spécifiques…………………………………………..….. 56
III.3.4 / Indicateurs de substitution……………………………………………………….. 57
III.3.5/ Caractéristiques de base ………………………………………………………..… 57
III.3.6/ Paramètres complémentaires……………………………………………………....57
III.4/ Justification du choix des indicateurs de durabilité généraux………………………….58
III.5/ Justification du choix des indicateurs de substitution …………………………….……63
III.6/ Méthodes de détermination des indicateurs de durabilité généraux…………………....65
III.7/ Conclusion………………………………………………………………………….…..72
III.8/ Classes et spécifications relatives aux indicateurs de durabilité………………………. 73
Tables des matières

III.8.1/ Classes relatives aux indicateurs de durabilité …………………………………… 73


III.8.2/ Spécifications en fonction du type d’environnement et de la durée de vie……….. 78
III.9/ Prédiction de la durée de vie d’un ouvrage neuf ou existant……………………….…. 85
III.9.1/ Introduction…………………………………………………………………….….. 85
III.9.2/ Témoins de durée de vie……………………………………………………….…...85
III.9.3/ Méthodes de mesure des témoins de durée de vie……………………………….... 86
III.9.4/ Modèles prédictifs ………………………………………………………………... 89
III.9.5/ Méthodologie de prédiction de la durée de vie …………………………………… 91
III.10/ Application de l’approche performantielle……………………………........................93
III.11/ Adaptation de l’approche performantielle au contexte Algérien…………………….. 99

CONCLUSION GENERALE……………………………………………………..…......... 102


LISTES DES FIGURES

Figure I.1 : Signes visibles de la corrosion des armatures………………………………….. 4


Figure I.2 : Les étapes et les produits de la corrosion des armatures………………………. 5
Figure I.3 : Insuffisance d’enrobage (front de mer Oran)……………………………….….. 7
Figure I.4 : Processus électrochimique de la corrosion des armatures………………….…... 8
Figure I.5 : Evolution de la carbonatation en fonction du dosage en ciment du béton….….. 9
Figure I.6 : Incidence de l’humidité relative de l’air sur la vitesse de carbonatation………. 10
Figure I.7 : Processus général de la carbonatation…………………………………………..10
Figure I.8 : La profondeur de la carbonatation par indicateur coloré……………………… 11
Figure I.9 : Mécanisme de corrosion par des piqures due aux chlorures……………………12
Figure I.10 : Schéma illustratif de dégradation des armatures due aux chlorures…………. 13
Figure I.11 : Fissuration interne…………………………………………………………….. 14
Figure I.12 : Écaillage de la surface…………………………………………………………14
Figure I.13 : L’entrainement d’air dans les bétons………………………………………….16
Figure I.14 : Influence du facteur d'espacement des bulles d'air entraînées sur la durabilité
du béton. …………………………………………………………………………………….. 17
Figure I.15 : Fissuration en étoile de plusieurs millimètres d’ouverture due à la réaction
alcali-granulat………………………………………………………………………………... 18
Figure I.16 : Expansion des mortiers ayant différents rapports E/C (ciment Type III)…….. 23
Figure I.17 : Expansion dans le temps de bétons ayant différents volume d’air occlus ou
entraîné (rapport E/C 0,55; 300 kg de ciment par m3; ciment Type III)………………….…. 23
Figure I.18 : Cube de 0,6 m de côté dans de l’eau saturée en chaux……………………….. 24
Figure I.19 : Température des bétons « autochauffés » durant les 9 premiers jours………... 25
Figure I.20 : Expansion des bétons autochauffés dans le temps …………………………… 25
Figure I.21 : Micrographie de l’ettringite massive, mal cristallisée dans l’interface entre le
granulat et la pâte ; cube TIII-c après 400 jours……………………………………………... 25
Figure I.22 : Echelle macroscopique, réseau de fissures……………………………………. 26
Figure I.23 : Echelle microscopique (MEB), veine d’ettringite secondaire………………… 26
Figure I.24 : Effet de C3A dans un Ciment Portland avec: w/c =0.50, 21 ans dans 50,000
ppm de MgSO4 (sulfates de magnésium)……………………………………………………. 26
Figure I.25 : Schéma illustratif des attaques sur le béton par les acides…………………… 29
Figure I.26 : Schéma illustratif de l’attaque sulfatiques externe……………………………. 31
Figure II.1 : Relief de l’Algérie …………………………………………………….……… 32
Figure II.2 : Bâtiments effondrés lors du séisme de Boumerdès 2003……………………... 37
Figure II.3 : Corrosion accélérée des amorces poteaux…………………………………….. 48
Figure II.4 : Fissures à l’extérieur dues au tassement différentiel…………………………. 48
Figure II.5 : Les facteurs d'influence sur la dégradation des ouvrages d'habitation………... 48
Figure II.6 : Les facteurs d'influence sur la dégradation des ouvrages publics.……………. 50
Figure. III.1 : Essai de porosité accessible à l’eau………………………………………….. 67
Figure III.2 : Mesure de la perméabilité au gaz k selon la méthode CEMBUREAU……… 70
Figure III.3 : Mise en œuvre de l’approche performantielle développée sur la base
d’indicateurs de durabilité…………………………………………………………………… 76
72
Figure III.4 : Organigramme d’utilisation des indicateurs de durabilité spécifiques à
l’alcali-réaction : sélection ou qualification d’une formule de béton pour un ouvrage donné. 84
Figure III.5 : Mise en œuvre de l’approche développée pour la prédiction de la durée de
vie : connexions entre les trois outils fondamentaux (indicateurs de durabilité, modèle(s)
prédictif(s) et témoins de durée de vie). Rôle central du modèle……………………………. 85
Figure III.6 : Témoin de durée de vie relatif à la corrosion des armatures, Cinétique de
carbonatation………………………………………………………………………………… 88
Figure III.7 : Témoin de durée de vie relatif à la corrosion des armatures : Cinétique de
pénétration des chlorures…………………………………………………………………….. 90
Figure III.8 : Mise en œuvre de l’approche prédictive développée sur la base d’indicateurs
de durabilité, rôle des témoins de durée de vie……………………………………………… 92
Figure III.9 : Essai de lixiviation à pH constant……………………………………………. 100

Figure III.10 : Adaptation de l’approche performantielle proposée au contexte de


l’Algérie……………………………………………………………………………………... 101
LISTE DES TABLEAUX

Tableau I.1 : Quelques substances réactives rencontrées dans les granulats………………... 21


Tableau I.2 : Masse du constituant dans un 1 kg de l’eau de mer …………………….......... 30
Tableaux II.1 : Températures maximum et minimum exprimées en °C relevées dans
différentes zones, (littoral)……………………………………………………………………. 33
Tableaux II.2 : Températures maximum et minimum exprimées en °C relevées dans
différentes zones, (haut plateaux)…………………………………………………………….. 34
Tableaux II.3 : Températures maximum et minimum exprimées en °C relevées dans
différentes zones, (Sahara)………………………………………………………………….... 34
Tableau II.4 : Durée d’ensoleillement mensuel exprimée en heures/jour …………………. 34
Tableau II.5 : Pluviométrie moyenne annuelle en (mm) des différentes régions d’Algérie... 34
Tableau II.6 : Définition des rôles des intervenants suivant les types de bétons …………....46
Tableau II.7 : Ouvrages dégradés à usage d’habitation dans la région de Biskra………….. 47
Tableau II.8 : Ouvrages publics dégradés dans la région de Biskra…………..................... 49
Tableau III.1 : Méthodes de mesure directes des indicateurs de durabilité et méthodes de
mesure des paramètres requis pour l’application des méthodes indirectes……………………..66
Tableau III.2 : Durabilité « potentielle » vis-à-vis de la corrosion des armatures :
classes et valeurs limites (indicatives) relatives aux indicateurs de durabilité généraux……. 74
Tableau III. 2’ : Synthèse des classes et valeurs limites (indicatives) relatives à la teneur en
portlandite Ca(OH)2 pour des formules simples. ………………………………………… 75
Tableau III.3 : Valeurs moyennes des indicateurs de durabilité déterminées sur des éprouvettes de
béton conservées dans l’eau en laboratoire pendant 90 jours. Durabilité « potentielle » (F, M, E,
TE) selon chaque indicateur et durabilité « potentielle » globale avec pondération identique
pour chaque indicateur………………………………………………………………………. 77
Tableau III.4 : Types d’environnement influençant la corrosion des armatures………….... 79
Tableau III.5 : Types d’environnement influençant l’alcali-réaction……………………… 79
Tableau III.6 : Exemple de spécifications proposées pour la durabilité vis-à-vis de la corrosion
des aciers initiée par la carbonatation, en fonction du type d’environnement et de la durée
de vie exigée, et dans le cas où l’enrobage est égal à 30 mm……………………………….. 81
Tableau III.7 : Exemple de spécifications proposées pour la durabilité vis-à-vis de la corrosion
des aciers initiée par les chlorures, en fonction du type d’environnement et de la durée de vie
exigée, et dans le cas où l’enrobage est égal à 50 mm………………………………………. 82
Tableau III.8 : Niveau de prévention en fonction du type d'environnement et de la durée de
vie exigée……………………………………………………………………………………. 83
Tableau III.9 : Indicateurs de durabilité et caractéristiques de base à mesurer…………….. 94
Tableau III.10 : Spécification relatives aux indicateurs de durabilité retenus …………….. 95
Tableau III.11 : Les différentes compositions des bétons testés …………………………... 96
Tableau III.12 : Résultats des essais réalisés sur les bétons testés à 90 j ………………….. 97
NOMENCLATURE

AFGC : Association Française du génie civil.


LCPC : Laboratoire centrale des ponts et chaussées
LCTP : Laboratoire centrale des travaux publics
CNERIB : Centre national d’études et des recherches intégrées du bâtiment
ATG : Analyse thermogravimétrique
BHP : Béton de haute performance
BTHP : Béton de très haute performance
BFUP : Bétons à ultra-hautes performances fibrés
CTC : Contrôle technique de la construction
ONM : Office national de météorologie
CTTP : Organisme national de contrôle technique des travaux publics
USTHB : Université des sciences et de la technologie Houari Boumediene
CPS : Cahier des prescriptions spéciales
CGS : Centre du génie sismique : Une structure dont l'objectif est de développer,
appliquer et diffuser les connaissances scientifiques et techniques en génie parasismique
devant contribuer à la réduction du risque sismique en Algérie.
AFPC-AFREM : Groupe de travail durabilité des bétons : méthodes recommandées pour
la mesure des grandeurs associées à la durabilité(France).
Introduction générale

INTRODUCTION GENERALE

Les études et recherches concernant la durabilité du béton connaissent un engouement et


un développement accru, notamment à travers les effets résultants de l’exposition des
ouvrages en béton aux actions climatiques et environnementales.

La durabilité d’un ouvrage caractérise sa capacité à conserver dans les conditions prévues
les fonctions d’usage pour lesquelles il a été conçu (fonctionnement structurel, sécurité,
confort des usagers…etc) et à maintenir son niveau de fiabilité et son aspect, dans son
environnement, avec des frais de maintenance et d’entretien aussi réduits que possible.

Aujourd’hui, la durabilité est appréhendée en considérant un ensemble de propriétés dont,


bien sûr, la résistance mécanique à 28 jours. Les autres caractéristiques prises en compte
visent à assurer l’adéquation entre les propriétés physico-chimiques du béton et les
contraintes qui s’appliquent à l’ouvrage. Les caractéristiques à prescrire pour garantir la
pérennité des ouvrages sont désormais plus complètes et plus précises. Elles dépendent de
l’environnement auquel sera soumis l’ouvrage et se traduisent par des spécifications sur la
nature et le dosage minimal en ciment, la compacité minimale, la valeur maximale du
rapport Eau/Ciment, l’enrobage minimal et la teneur maximale en chlorures dans le
béton…etc

Les recherches et les études touchant à la durabilité des bétons en Algérie connaissent
moins d’engouement par rapport à ce qui se fait dans les pays avancés malgré l’existence
de conditions plus au moins sévères et les pertes économiques colossales engendrées par
l’entretien et les réparations souvent employé chez nous. Il y a lieux de signaler
néanmoins, les recherches entreprises par les chercheurs du « CNERIB » dans ce sens qui
ont mis en évidence les facteurs influant sur la durabilité des bétons à savoir :

-L’effet de la température ;

-La présence d’agents agressifs dans l’air ambiant tel que les embruns marins ;

-Les sulfates dans le sol notamment dans régions du sud du pays ;

-L’effet des vibrations sismiques…..etc.

La non-prise en charge de cette problématique nous a conduits à proposer ce thème qui a


pour objectif de comprendre les principes chimiques et physiques associés aux différents
types d'agressions des structures en béton, comprendre l'effet des principaux paramètres
physiques et environnementaux qui influencent l'ampleur des dégradations et pouvoir
formuler un béton durable et énoncer des recommandations sur la conception d'une
structure durable en se référant à une approche performantielle fondée sur la notion
d’indicateurs qui est une approche unique des problèmes relatifs aux matériaux faisant

1
Introduction générale

appel à un concept nouveau de “Béton de haute durabilité”, dont l’usage devrait se


systématiser dans l’avenir en Algérie.

Pour cela on a divisé ce travail en trois parties :

Le premier chapitre consiste d’abord à une étude bibliographique sur la durabilité des
bétons en général, dans le but d’établir une revue actualisée des connaissances dans le
domaine en décrivant les différents processus de dégradation des ouvrages en béton les
plus fréquents tel que la corrosion des armatures induite par la carbonatation et la
pénétration des ions chlorures, l’attaque par les sulfates, les ambiances chimiquement
agressives, l’alcali-réaction…etc.

La deuxième partie est consacrée à l’identification et l’analyse des facteurs influant la


durabilité des bétons en Algérie selon des recherches récentes et des constatations ainsi que
des expertises effectuées par des organismes spécialisés en la matière.

Enfin, un troisième chapitre qui traite dans une première phase, les détails d’une
méthodologie scientifique (approche performantielle) fondée sur des indicateurs de
durabilité dans le but de concevoir des bétons susceptibles de protéger les ouvrages en
béton armé, contre une dégradation donnée, pour une durée de vie fixée et dans des
conditions environnementales données.

Dans la deuxième phase, nous essayons de voir les possibilités d’application et de son
adaptation au contexte de l’Algérie dans le but d’éviter les techniques de réparation
souvent très employées et qui causent des pertes économiques colossales.

Cette étude s’achève par une conclusion générale et des recommandations ainsi que des
perspectives qui en découlent.

2
Chapitre I
Durabilité des bétons dans leurs environnements
Chapitre I Durabilité des bétons dans leurs environnements

Introduction
La durabilité est définie par la norme NF X 50-501 comme « l'aptitude d’une entité à
accomplir une fonction dans des conditions données d’utilisation et de maintenance,
jusqu’à ce qu’un état limite soit atteint », [1].

Pour évaluer la durabilité "potentielle" d'un béton, il est nécessaire de connaître les
mécanismes susceptibles de conduire à sa dégradation et d'étudier la résistance du matériau
vis-à-vis de ces dégradations. Si l'on exclut, d'une part les événements accidentels, et
d'autre part les effets à long terme des sollicitations mécaniques, tels que la fatigue due à
des sollicitations répétées ou le fluage pouvant engendrer des pertes de précontrainte ou
encore l'abrasion, la durée de vie des ouvrages en béton armé ou précontraint peut être
limitée par :

 la pénétration d'agents agressifs qui peut conduire à l'amorçage (et au


développement) du processus de corrosion des armatures,
 les réactions chimiques internes, mettant en jeu des espèces issues du milieu
environnant ou déjà présentes dans le matériau, telles que l'alcali-réaction ou les
attaques sulfatiques, sources de gonflement et de fissuration du béton,
 les cycles de gel-dégel qui entraînent gonflements et fissuration du béton par gel
interne et un écaillage des surfaces exposées aux sels de déverglaçage, [8].

I.1/ La durabilité des armatures et du béton d’enrobage


I.1.1/ Généralités
L’association de l’acier et du béton forme un couple : le béton armé, qui a fait ses preuves
comme le témoignent les ouvrages construit depuis plus d’un siècle. La corrosion ne se
développe pas tant que le béton assure une certaine durabilité en protégeant physiquement
et chimiquement les armatures. En effet, l’hydratation du ciment produit une solution
interstitielle basique de pH élevé (environ 13) qui confère une stabilité permanente à la
couche de rouille adhérente aux armatures noyées dans le béton, plus exactement, sous la
rouille, une armature est recouverte d'une fine couche protectrice de produits blancs, à base
de ferrite et d'hydroxyde de calcium(4CaO. Fe2O3. 13H2O) et [Fe(OH)2] et [Ca(OH)2],
phénomène appelé passivation,[4 et 3]. En outre, la présence de sulfates alcalins en
quantité mineure dans le ciment qui réagissent avec la portlandite

Ca(OH)2 + K2SO4 → CaSO4 + 2 KOH


Ca(OH)2 + Na2SO4 → CaSO4 + 2 NaOH

Cependant, cette protection disparaît avec le temps et un bon nombre d’ouvrage laisse
apparaître des désordres plus ou moins prononcés (figure I.1). Ainsi, la sécurité et l’état de
service des structures se trouvent fortement altérées (augmentation volumétrique de l’acier
et fissuration du béton), [4].

3
Chapitre I Durabilité des bétons dans leurs environnements

I.1.2/ Aspect économique de la corrosion des armatures du béton armé


La réparation et l’entretien des structures causées par la corrosion des armatures est une
opération onéreuse qui touche plusieurs domaines notamment le génie civil et le bâtiment
voire la plus coûteuse dans le monde, voici par ailleurs quelques statistiques relatives à
quelques pays, [2].

–Amérique du Nord
 USA : 8500 M€ sur 10 ans, 15% des 586000 ponts autoroutiers,
 Canada : 6500 M€ (Québec, 25% des 4000 ponts affectés),
–Europe
 UK : 900 M€, 10% des ponts routiers,
 France : Base IQOA, 28% des ouvrages routiers atteints.

I.1.3/ Les signes visibles de la corrosion des armatures


Voici quelques illustrations de l’effet de la corrosion des armatures, (figure I.1).

a) Tâches de rouille+fissuration b) Eclatement localisé c) Eclatement généralisé

Figure I.1- Signes visibles de la corrosion des armatures, [2].

I.1.4/ Les étapes de la corrosion des armatures


La corrosion avec formation de rouille des armatures dans les bétons comporte deux
phases [2, 3 et 4]. Dans une première phase (ou stade), les éléments agressifs, tels que le
dioxyde de carbone (CO2) ou les chlorures (Cl-), présents dans le milieu environnant,
pénètrent dans le béton. C'est le stade d'incubation. La seconde phase est celle dite de
propagation qui commence lorsque ces corps agressifs se trouvent à des concentrations
assez fortes au niveau des armatures. Elle correspond à la croissance de la rouille, qui peut
ensuite faire éclater le béton d'enrobage, [4].

4
Chapitre I Durabilité des bétons dans leurs environnements

Phase I: Amorçage, Incubation Produits de corrosion


Phase II: Propagation

Figure I.2- Les étapes et les produits de la corrosion des armatures, [2].

Ainsi, pour décrire la corrosion des aciers dans les bétons, il convient de préciser, d'une
part, la pénétration des agents agressifs à travers le béton et, d'autre part, les conditions de
dépassivation de ces armatures, puis la vitesse de dissolution du métal et la croissance de la
rouille.

I.1.5/ Les mécanismes de la corrosion des armatures


Les processus de corrosion des armatures sont les principales causes de dégradation des
ouvrages en béton armé et précontraint. Ils touchent tous les domaines de la construction :
le Bâtiment (balcons, façades, …), le Génie Civil (réservoirs d’eau potable, ouvrages
d’assainissement, silos, aéro réfrigérants, ouvrages industriels ou nucléaires,…), les
ouvrages d’art (ponts, viaducs, barrages…), les monuments historiques, les ouvrages
portuaires… etc. Le mécanisme général est identique à celui des processus généraux de
corrosion des métaux en contact avec un environnement: ce sont des phénomènes
électrochimiques, nécessitant la présence simultanée d’eau, oxygène et d’un ou de
plusieurs agents corrosifs.

Il y a toutefois des particularités dont les propriétés des armatures d’être protégées à la fois
dès la mise en place du béton, par l’alcalinité créée par l’hydratation du ciment (pH entre
12 et 14) ; et tout au long de la vie de la structure, par leur enrobage (distance entre le
parement et la surface de l’armature), [4].

Les principaux paramètres susceptibles d’assurer la protection des armatures sont donc : la
qualité du béton (béton moins poreux), l’enrobage des armatures. L’environnement joue un
rôle néfaste bien sûr, mais la plupart du temps accélérateur, [3].

5
Chapitre I Durabilité des bétons dans leurs environnements

Deux mécanismes principaux, très différents, conduisent à la dépassivation des


armatures : la carbonatation, qui correspond à la neutralisation de l’alcalinité du béton par
le gaz carbonique de l’air, et l’action des chlorures (ceux-ci proviennent de très nombreux
milieux : marin, sels de déverglaçage, industrie,…), [2 et 3].

I.1.6/ Influence de l'enrobage de béton sur la corrosion des armatures


I.1.6.1/ Définitions et caractéristiques
Les dégradations du béton peuvent avoir des origines physiques et mécaniques ou
chimiques. Les facteurs mécaniques surtout sont les charges excessives et les chocs. Les
facteurs physiques sont les températures extrêmes (gel, incendie).
Par ailleurs, des corps vivants (bactéries, végétaux… etc.) peuvent se fixer sur le béton. De
même, des corps chimiques (fumées d'usine, engrains, etc.) peuvent être mis en contact du
béton. Dans ces cas, le béton peut se dégrader par réaction (dissolution, gonflement) des
constituants du béton. Il s'agit d'abord de problème d'esthétique, avant de devenir des
questions de durabilité (stabilité) des constructions.

Les facteurs chimiques sont les plus importants dans les altérations en volume de
l'enrobage de béton. C'est pourquoi ces types d'altérations seront détaillés.
Il ne se produit pas de corrosion lorsque l'atmosphère est très sèche (humidité relative
< 40%, absence d'électrolyte).
Il n'y a pas de formation de rouille lorsque le béton est totalement immergé dans l'eau
désaérée (manque d'oxygène).

L'humidité relative la plus favorable pour que la corrosion se produise est de 70% à 80%.

Le potentiel électrochimique qui est à la base de la formation d'une cellule de corrosion


peut être généré de deux façons :
- Une différence dans la nature des métaux (conduits en aluminium – aciers d'armature) ou
lorsque les propriétés de surface d'un même métal varient considérablement d'un endroit à
un autre;
- Une différence de concentration de certains ions au voisinage de l'acier (alcalis,
chlorures, oxygène).

Dans une cellule de corrosion, un des deux métaux (ou une région du même métal) devient
anodique et l'autre cathodique, [4].

6
Chapitre I Durabilité des bétons dans leurs environnements

Figure I.3 : Insuffisance d’enrobage (front de mer Oran), [4].

I.1.6.2/ Structure de l’interface entre l’acier et le béton


Avant d'être placé dans le coffrage, une armature est exposée à l'atmosphère. Elle est ainsi
recouverte d'une rouille qui est assez poreuse. Lorsque le béton frais est versé autour de cet
acier, la réaction entre l'eau de gâchage et cet acier se résume de la façon suivante : l'eau de
gâchage du béton pénètre par capillarité à travers les pores de la rouille présente sur l'acier.
Elle forme dans ces pores, des cristaux de ferrite de calcium hydraté
(4.CaO.Fe2O3.13H2O).
L'hydroxyde ferreux [Fe(OH)2] et l'hydroxyde de calcium [Ca(OH)2] peuvent aussi se
déposer en couche assez fine sur l'acier. Tous ces produits donnent un pH élevé à la
solution interstitielle. Ainsi, l'interface entre le béton sain et l'acier comporte des couches
superposées :
- Au niveau de la rouille formée sur l'acier, lors de son stockage préalable, le ciment n'a pas
les propriétés du béton voisin. Il s'agit d'une zone épaisse de quelques dizaines de
micromètres qui assure une transition au niveau à la fois des propriétés mécaniques et des
microstructures.
- Au contact direct de l'acier se forme une fine couche, de l'ordre du micromètre, qui est
très liée à la passivation du métal, dans le béton sain.
Ces différentes couches s'étudient soit directement, par observation et identification au
microscope électronique, soit par des mesures indirectes, par exemple de type
électrochimique, [4].

I.1.7/ La corrosion des armatures : Un phénomène électrochimique


La corrosion représente l’attaque destructive d’un métal par des réactions électrochimiques
qui conduisent à un transfert d’ions et d’électrons à l’interface métal-solution, [2].

I.1.7.1/ Réaction anodique (ou d’oxydation, dissolution du métal) : formation, à partir de


l’état métallique, d’ions passant en solution :
Fe → Fen+ + ne-

7
Chapitre I Durabilité des bétons dans leurs environnements

I.1.7.2/ Réaction cathodique : réduction d’un oxydant présent dans la solution par
capture d’électrons fournis par l’anode.
– En l’absence d’oxygène :
2H2O + 2e- → 2OH- + H2
2H3O+ + 2e- → 2H2O + H2

– En présence d’oxygène :
O2 + 2H2O + 4e- → 4OH- (milieu neutre ou alcalin)
O2 + 4H3O+ + 4e- → 6H2O (milieu acide)

Atmosphère
O2 H2O

Fe2O3, H O2
Béton d’enrobage
-
Fe(OH)2 OH
Film passif
Fe2+

e- Armature en acier

Anode (-) Cathode (+)

Figure I.4 - Processus électrochimique de la corrosion des armatures, Duval 1992, [2].

Les réactions principales d’oxydoréduction sont suivies de réactions secondaires de


formation des produits de corrosion à la surface du métal:

Fen+ + nOH- → Fe(OH)n


2 Fe(OH)n → FexOy + H2O

Le schéma réactionnel de la corrosion implique la présence simultanée de quatre milieux :

– Une zone anodique (oxydation du fer),


– Une zone cathodique (réduction d’espèces chimiques en solution : eau ou oxygène
dissous),
– Un milieu conducteur d’électrons (l’acier),
– Un milieu électrolytique (le liquide interstitiel du béton).

8
Chapitre I Durabilité des bétons dans leurs environnements

A l’échelle macroscopique, [3], elles ont lieu simultanément et au même endroit.


Localement, les surfaces des zones anodique et cathodique sont variables.

I.1.8/ Cause de la corrosion : Carbonatation


La pâte de ciment hydratée constitue un milieu fortement alcalin (pH >12) qui agit comme
passivant vis-à-vis de l'acier: l'armature ne rouillera pas, bien qu'elle soit en contact avec
l'eau et l'oxygène pénétrant via les capillaires et les microfissures, [7].

La réaction du dioxyde de carbone(CO2) avec les substances alcalines du béton s'appelle la


carbonatation, [5]. Ainsi, la combinaison du dioxyde de carbone avec l'hydroxyde de
calcium donne lieu à un carbonate de calcium comme le montre la réaction suivante
Ca(OH)2 + CO2 → CaCO3 + H2O

Le milieu basique (pH 12 à 13) se trouve progressivement modifié par la neutralisation de


l’alcalinité du ciment pour atteindre un pH de l’ordre de 9, n’assurant plus la protection des
armatures et entraînant une dépassivation de l’acier. La progression de la carbonatation se
fait de l’extérieur de l’ouvrage, en contact avec l’air ambiant, vers l’intérieur, mais se
trouve freinée par la formation des carbonates. La vitesse de progression de la
carbonatation diminue donc avec la profondeur atteinte.
Cette progression est en fait modifiée par des facteurs liés au béton lui-même : nature et
dosage du ciment, (figure I.5), dosage en eau, porosité du béton et au milieu environnant.

Figure I.5 : Evolution de la carbonatation en fonction du dosage en ciment du béton [5]

L’humidité relative de l’air joue, en particulier, un rôle important : la vitesse de


carbonatation est maximum pour une humidité relative de l’ordre de 60% à 65%,
pratiquement nulle en atmosphère sèche ou saturée, [5 et 6].

9
Chapitre I Durabilité des bétons dans leurs environnements

Figure I.6 - Incidence de l’humidité relative de l’air sur la vitesse de carbonatation, [5].

Dans les atmosphères industrielles, ou même urbaines, l’eau de pluie entraîne des
composés chimiques qui peuvent diffuser dans le béton et attaquer le métal des armatures.
En particulier, le dioxyde de soufre ou les oxydes d’azote provenant des moteurs
d’automobiles peuvent entraîner une acidification des pluies (pH de l’ordre de 3 ou 4) qui
deviennent particulièrement agressives pour le béton et pour les armatures.
Les eaux chargées en sels tels que les chlorures (milieu marin) ou les sulfates (certaines
eaux souterraines) provoquent une corrosion importante des armatures que peut empêcher
un bon enrobage de béton, [5].

Figure I.7 - Processus général de la carbonatation, [5 et 6].

10
Chapitre I Durabilité des bétons dans leurs environnements

I.8.1/ Profondeur de carbonatation


La pulvérisation de phénolphtaléine (indicateur coloré virant au rose vif lorsque le pH est
supérieur à 9), permet de mettre en évidence le front de carbonatation du béton (toutes les
zones qui restent incolores sont carbonatées) figure II.8a, [7].

a/ b/

Figure I.8 : La profondeur de la carbonatation par indicateur coloré, [6].

I.1.9/ Cause de la corrosion : Pénétration des ions chlorures


Les sels de chlorures sont très solubles dans l'eau. Les ions ainsi formés dans l'eau
pénètrent avec celle-ci dans le béton (pénétration des chlorures) , soit par humidification
d'un béton sec (convection), soit par diffusion, due au fait que la teneur en chlorure est
plus forte dans le milieu environnant que dans le béton d'origine (gradient de
concentration). Les chlorures venant de l'extérieur restent, en majorité, à l'état dissous dans
la solution interstitielle du béton. Mais ils peuvent aussi réagir avec certains constituants du
matériau (réaction chimique ou adsorption).

 Les chlorures agissent par rupture du film passif des aciers (processus encore
imparfaitement compris) qui perd son caractère protecteur,

 Les chlorures sont rarement distribués de manière homogène à la surface de l’acier


et le film passif est lui-même variable selon l’endroit,

 Les chlorures entrainent une corrosion qui est localisée (piqûres).

11
Chapitre I Durabilité des bétons dans leurs environnements

O2 H2O Cl- Atmosphère

Béton d’enrobage
- +
Fe(OH)2 , Cl , H

Film passif
OH- FeCl2 FeCl3-, OH-

Cathode (+) Cathode (+)


- -
e Anode(-) e

Armature en acier

Figure I.9 - Mécanisme de corrosion par des piqures due aux chlorures, [2].

On peut définir deux « sortes » de chlorures :


- Chlorures libres : se trouvent sous forme ionique dans la solution interstitielle. Ils sont
extractibles à l'eau et sont de ce fait appelés également "chlorures solubles dans l'eau",

- Chlorures totaux : incluent, outre les précédents, ceux fortement adsorbés sur les C-S-H
et ceux chimiquement liés dans la matrice cimentaire sous forme de composés tels que les
chloro-aluminates de calcium (C3A important pour la fixation).

A partir d'une certaine teneur en chlorures, la couche de passivation de l'acier est attaquée.
La corrosion due aux chlorures est un phénomène dangereux, parce qu'elle se produit
localement et entraîne une réduction importante de la section d'armature, [2].

I.9.9.1/ Seuil d'amorçage de la corrosion due aux chlorures


A la différence de la carbonatation, la corrosion ne démarre pas instantanément lorsque les
ions chlorures atteignent les aciers : il faut atteindre une concentration critique.
Cette valeur, exprimée par rapport aux chlorures libres, peut varier en fonction de
nombreux facteurs (cation associé aux chlorures, teneur en oxygène, humidité relative,
température, degré d’hydratation du ciment, teneur en C3A, porosité, ajouts, composition
acier…).

12
Chapitre I Durabilité des bétons dans leurs environnements

Néanmoins, il est souvent admis la valeur suivante


[Cl-] libre / [OH-] = 0.6

Un rapport [Cl-]libre / [OH-] compris entre 0,6 et 1 conduit généralement à une


concentration "critique" en ions chlorure totaux de l’ordre de 0,4 % par rapport à la masse
de ciment, pour un béton non carbonaté, [2], (et donc à des concentrations "critiques"
comprises entre 0,04 et 0,1 % par rapport à la masse de béton, suivant la formulation)

FeCl2
FeCl2

Cl-
Cl-

Oxygène

Eau Fissure, pore large, ….

Figure I.10 - Schéma illustratif de dégradation des armatures due aux chlorures, [6].

13
Chapitre I Durabilité des bétons dans leurs environnements

I.2/ La durabilité des bétons en ambiance hivernale rigoureuse


I.2.1/ Introduction
Parmi les actions susceptibles de provoquer des dégradations des ouvrages ou des voiries,
le gel peut constituer un facteur particulièrement actif, notamment lorsqu’il s’accompagne
de cycles de gel et de dégel rapidement alternés.
Les dégradations par le gel ne peuvent intervenir que lorsque les matériaux sont au contact
de l’eau, dans un état voisin de la saturation. Le béton durci, dans la majorité des cas,
résiste aux effets du gel, il arrive cependant que des conditions climatiques
particulièrement sévères puissent entraîner la dégradation des bétons mal formulés, mis en
œuvre de façon incorrecte et, de surcroît, saturés d’eau.

Le gel n’est donc susceptible d’occasionner des dégradations aux ouvrages en béton que
dans des cas limités, où se trouvent simultanément réunies plusieurs conditions
défavorables.

A l’action du gel, il faut ajouter celle des fondants (plus couramment appelés sels de
déverglaçage), utilisés sur les routes, les pistes, les parkings, qui peuvent affecter les
ouvrages voisins par rejaillissement : piles de ponts, bordures de trottoirs, murs de
soutènement.

I.2.2/ Les mécanismes développés par le gel


Les dégradations occasionnées par le gel sont de deux types :
– Une fissuration répartie dans la masse du béton, provoquée par un mécanisme de gel
interne, (voir figure I.11).
– Un délitage de la zone superficielle, appelé écaillage, qui résulte d’un gradient thermique
important au voisinage de la surface, (voir figure I.12).

Ces deux types de dégradations, qui peuvent se produire simultanément ou de manière


indépendante, sont dus à des mécanismes distincts, [8 et 10], l’action répétitive de cycles
de gel et de dégel, ou une brusque chute de température superficielle généralement
provoquée par l’action des sels de déverglaçage.

Figure I.11 - Fissuration interne, [8]. Figure I.12 - Écaillage de la surface, [8].

14
Chapitre I Durabilité des bétons dans leurs environnements

I.2.3/ Action des cycles gel/dégel


Il est généralement admis que l’accroissement de volume accompagnant la transformation
de l’eau en glace (de l’ordre de 9%) n’est pas la cause principale de la dégradation du
béton, ainsi que l’ont montré les recherches menées notamment par Powers et Litvan, [10].
Dans la zone atteinte par le gel, des cristaux de glace se forment dans les plus gros
capillaires, créant un déséquilibre thermodynamique qui va déclencher une migration de
l’eau des capillaires les plus fins vers les capillaires dans lesquels l’eau est gelée (l’eau
dans les capillaires les plus fins restants à l’état liquide). C’est l’accroissement des
pressions hydrauliques dans les capillaires, engendré par ces mouvements de l’eau interne
non gelée vers les « fronts de congélation », ainsi que les pressions osmotiques créées par
les différences de concentrations en sels dissous entre l’eau située à proximité de l’eau
gelée et celle non gelée présente dans les capillaires fins, qui sont considérés aujourd’hui
comme la cause principale des dégradations. Ces pressions (hydrauliques et osmotiques)
peuvent localement fissurer la pâte de ciment si elles sont supérieures à la résistance à la
traction de la pâte. Ce sont les modifications répétées et alternées de température
(température positive à température négative) qui après un certain nombre de cycles
peuvent dégrader le béton. Les dégradations sont le résultat d’un endommagement
progressif. Elles dépendent de la vitesse de descente en température, du nombre de cycles
et de la durée du gel, [11].

I.2.4/ Action des sels de déverglaçage


Il est admis que les causes de dégradations dues aux sels de déverglaçage sont
principalement :
– des causes physiques prépondérantes, liées au choc thermique consécutif à la fusion de la
glace ;
– des causes chimiques provoquées par la diffusion des sels dans le béton, [10].

L’importante chute de température de surface, due à la quantité de chaleur consommée


pour provoquer la fusion de la glace, amplifie les effets du gel dans la zone du béton
proche de la surface (la chute de température de surface peut atteindre 4 °C/minute au lieu
de 4 °C/heure habituellement). La dégradation qui peut en résulter se traduit par un
phénomène d’écaillage.
Les causes chimiques, considérées comme moins dangereuses, ont trait à l’action des
chlorures sur les aciers, entraînant leur corrosion, et aux attaques de certains sels contenus
dans les fondants, tels que les sulfates.

I.2.5/ Les principes de prévention


I.2.5.1/ Contre le gel
Pour empêcher l’apparition de pressions excessives dans le béton, on crée, grâce à un
entraîneur d’air, un réseau de bulles qui doivent être nombreuses et bien réparties :

• leurs dimensions ne doivent pas dépasser quelques dizaines de micromètres;

15
Chapitre I Durabilité des bétons dans leurs environnements

• leur espacement, qui détermine le niveau de pression, proportionnel au trajet parcouru par
l’eau pour atteindre le front de gel le plus proche, doit être inférieur à une valeur critique
de l’ordre de 400 μm, [5].

II.2.5.1.1/ Rôles de l’entraîneur d’air


- Entraîner, à l'intérieur du béton, des microbulles d'air parfaitement réparties qui serviront
de vase d'expansion dans le béton durci,
- Faciliter la mise en œuvre du béton.

Pour les bétons devant résister aux cycles de gel et de dégel, la teneur en air occlus doit se
situer entre 4 et 6 %. Leur dosage moyen est de 0,05 à 0,2 % du poids du ciment.

Figure I.13 : L’entrainement d’air dans les bétons, [5].

I.2.5.2/ Contre les sels de déverglaçage


La création de bulles d’air dans le béton apporte une amélioration, notamment vis-à-vis du
choc thermique, mais elle n’est pas de nature à prévenir la diffusion des sels dans le béton.
De ce point de vue, la qualité générale du béton et les soins apportés à la mise en œuvre, en
particulier la vibration et le surfaçage, constituent les meilleures précautions, [5].

I.2.6/ Le concept de facteur d'espacement critique


De nombreux travaux de recherches, [8, 9 et 11], ont démontré qu'un béton est durable face
aux cycles de gel-dégel lorsque le facteur d'espacement est inférieur à une valeur critique
(τ crit) qui dépend des caractéristiques du béton et des conditions d'exposition.

La protection offerte par le réseau de bulles d'air ne diminue pas linéairement avec
l'augmentation du facteur d'espacement mais elle chute brutalement lorsque le facteur
d'espacement dépasse la valeur critique. Ce comportement est illustré à la figure I.14

16
Chapitre I Durabilité des bétons dans leurs environnements

Figure I.14 - Influence du facteur d'espacement des bulles d'air entraînées sur la
durabilité du béton, [8].

17
Chapitre I Durabilité des bétons dans leurs environnements

I.3/ La durabilité des bétons face aux réactions de gonflement endogènes


I.3.1/ Réactions endogènes
Ce sont des réactions sans apport d’éléments agressifs extérieurs, dans des conditions
d’humidité relative élevée, [12].

I.3.2/ Les réactions alcali-granulats


C’est vers 1942, aux Etats-Unis que les réactions alcali-granulats furent découvertes
comme la source principale de dégradation d’un barrage, ces réactions chimiques
produisent dans le béton des gonflements qui sont capable dans le cas échéant, de fissurer
la structure. Les aspects visibles de ces réactions physico-chimiques sont des fissurations
sous forme de faïençage, des colorations le long des fissures, des exsudations de gel ou
encore des éclatements de béton, (figure I.15).

Outre ces aspects visibles, on note également des pertes de résistances mécaniques
importantes (jusqu'à 80% en traction et 60% en compression) et de rigidité (de 60 à 80%
de chute de module d’élasticité), [13].

Figure I.15 - Fissuration en étoile de plusieurs millimètres d’ouverture due à la réaction


alcali-granulat, [14].

On distingue trois types de réactions alcali-granulats, [16], (RAG)


 Les réactions alcali-silice;
 Les réactions alcali-silicate;
 Les réactions alcali-carbonate.

Les réactions alcali-silice et les réactions alcali-silicate sont assez semblables; elles
diffèrent principalement par leurs vitesses: les réactions alcali-silice sont plus rapides. Les
trois types de réactions ont en commun la réaction de la solution interstitielle d’un béton
avec certains granulats, laquelle engendre des gonflements qui peuvent entraîner des
fissures.

18
Chapitre I Durabilité des bétons dans leurs environnements

Dans ce qui suit, on entend par réactions alcali-granulats aussi bien les réactions alcali-
silice que les réactions alcali-silicate; il ne sera traité que ponctuellement des réactions
alcali-carbonate, rarement observées, [15].

I.3.2.1/ Facteurs d’influence pour les réactions alcali-granulats


De nombreux facteurs exercent de manière très diverse une influence sur les réactions
alcalis-granulat. C’est pourquoi on ne connaît pas de solutions universellement applicables
pour les éviter.
Les conditions environnantes sont déterminantes pour que des réactions alcalis-granulat se
produisent. Elles sont en outre importantes:

● La teneur en granulats réactifs ainsi que le type et la taille de ces granulats


● La teneur en alcalins du béton et la composition de la solution interstitielle
● Les propriétés du béton.

I.3.2.1.1/ Conditions environnantes


Il faut surtout tenir compte de trois facteurs,

● Un taux d’humidité élevé du béton est une condition pour que des RAG se produisent. Il
permet la réaction et facilite le transport des alcalins vers les phases réactives.
Les gonflements sont dus principalement à l’absorption d’eau dans les gels de silice.
● Une hausse de la température accélère considérablement la réaction. Lors d’essais en
laboratoire, une hausse de la température de 10 à 40 °C a rendu les RAG au moins 20
fois plus rapides.
● Les charges alcalines externes dues aux eaux souterraines et aux eaux sulfatées.

I.3.2.2/ Théories concernant les réactions alcali-granulat


I.3.2.2.1/ Réactions alcali-silice et alcali-silicate
Bien qu’il existe de nombreuses publications sur le mécanisme de ces deux réactions,
plusieurs points sont encore obscurs. Les phénomènes décrits ici ne sont pas non plus
complètement élucidés.
Les réactions alcali-silice se produisent en général dans un délai de l’ordre de quelques
années, et les réactions alcali-silicate, le plus souvent seulement quelques décennies après
la fabrication du béton. Le mécanisme des deux réactions est à peu près semblable.
Leur vitesse différente s’explique par le fait que les roches et minéraux peuvent présenter
des modifications de l’acide silicique diversement réactives.

On entend par acide silicique le SiO2, dont le nom correct est dioxyde de silicium. Bien
cristallisé, le SiO2 est dans une large mesure stable vis-à-vis des solutions d’hydroxyde.
Les points d’attaque sont les groupes silanol à la surface de l’acide silicique [16 et 15], qui
réagissent avec les hydroxydes alcalins de la solution interstitielle alcaline. Les réactions
qui se produisent sont les suivantes (I.1, I.2)

19
Chapitre I Durabilité des bétons dans leurs environnements

––Si–OH + HO– M+ → ––Si–O– M+ + H2O ……………………………….. (I.1)

L’attaque sur les ponts siloxane (Si-O-Si) situés plus profondément a lieu ensuite:

––Si–O–Si–– + 2 HO–M+ → ––Si–O–M+ + M+ –O–Si–– + H2O……………(I.2)

De façon simplifiée, l’évolution de la réaction, [15] peut être détaillée comme suit:

● Concentration des alcalins dans la solution interstitielle lors de la progression de


l’hydratation.

● Les ions OH–, Na+ et K+ migrent de l’eau interstitielle vers l’acide silicique réactif des
granulats.

● Réaction des hydroxydes alcalins avec l’acide silicique réactif.

● Formation d’un gel de silice alcalin susceptible de gonfler.

● Dans quelques cas, transformation du gel en silicate de calcium hydraté alcalin non
gonflant, qui, sous forme de membrane ou couche semi-perméable sur la surface, laisse
passer de préférence les ions Na+ et K+ ainsi que l’eau.

● Du gel de silice alcalin susceptible de gonfler se forme à l’intérieur des granulats.

● La poursuite de la réaction et l’absorption d’eau augmentent la pression intérieure.

● Fissuration et écoulement du gel lorsque la pression intérieure est supérieure à la


résistance à la traction des granulats et de la pâte de ciment durcie.

20
Chapitre I Durabilité des bétons dans leurs environnements

I.3.2.2.3/ Granulats réactifs


Les principaux minéraux et roches réactifs figurent dans le tableau I.1.

Tableau I.1 : Quelques substances réactives rencontrées dans les granulats, [14].

Granulats Minéraux réactifs Caractéristiques


Amorphe au microscope
ordinaire, comprend une
grande étendue
Opale SiO2.nH2O d’empilements de
cristobalite-tridimite
désordonnés.

Microcristalline à
Calcédoine cryptocristalline souvent
SiO2 + H2O + air fibreuse.

Quartz SiO2 Microcristallin à


cryptocristallin.
Cristobalite SiO2 Cristalline

Tridimite SiO2 Cristalline

Verres depuis les roches acides Siliceux, avec faible Matériaux vitreux ou
jusqu’aux intermédiaires et leur proportions d’Al2O3, de cryptocristallins comme
produits de vitrifications Fe2O3, de terres alcalines et matrice de roches
cryptocristallins d’alcalis volcaniques ou en fragment
dans les tufs
Verres siliceux synthétiques (se Siliceux, avec de faibles
trouve dans les alluvions en aval proportions d’alcalis,
des villes) d’alumine avec ou sans
d’autres substances
Roches réactives
Cherts opalins, calcedoniques, quartzeux, calcaires opalins, et dolomites, roches
carbonatées avec chert ; reholytes, dacites, andacites et leurs tufs, shales opalins

21
Chapitre I Durabilité des bétons dans leurs environnements

I.3.3/ Réaction sulfatique interne RSI (formation différée d’ettringite)


Une forme d’attaque par les sulfates se manifeste lorsque la source des sulfates se trouve
dans le béton lui-même.

Une quantité limitée de sulfates est toujours présente dans le béton car les sulfates font
partie du ciment Portland. D’abord, ils sont présents dans le clinker et par la suite une
quantité de sulfates de calcium est ajoutée au clinker lors de son broyage afin de
régulariser la prise du C3A. Cependant, la teneur en SO3 dans le ciment est limitée à 2,3 %
pour les ciments résistants aux sulfates (contenant moins que 5 % de C3A), à 3,5 % pour
le ciment Portland normal (ASTM Type I) et finalement à 4,5 % pour le ciment à
résistance initiale élevée (ASTM Type III) qui contient plus que 8 % de C3A.

Les sulfates de calcium ajoutés au clinker lors de son broyage réagissent avec le C3A et
l’eau pour former de l’ettringite dite ettringite primaire, qui assure donc la maniabilité du
béton nécessaire à sa mise en place. Pour accélérer la progression des travaux ou la
production dans la préfabrication, un durcissement et une croissance des résistances
mécaniques rapides sont souhaitées. La chaleur, que ce soit celle de l’hydratation elle-
même ou d’une cure thermique, est un accélérateur puissant. Cependant, lorsque la
température du béton dépasse un certain seuil, l’ettringite devient instable.

Il est généralement admis que le seuil critique de l’instabilité de l’ettringite produite lors
de l’hydratation des ciments commercialisés se situe autour de 60 °C. Au-delà de ce seuil,
l’ettringite déjà formée se décompose tandis que la formation de nouvelle ettringite est
empêchée. Les ions SO4 2- sont principalement adsorbés sur les C-S-H dont la formation
est également accélérée. Par la suite, lorsque la température du béton diminue au-dessous
du seuil d’instabilité de l’ettringite, les ions SO4 2- peuvent être relâchés par les C-S-H et
former de l’ettringite. Mais dans ce cas, bien que la formation de l’ettringite ait lieu pour
la première fois puisqu’elle a été empêchée pendant les premières heures, l’ettringite se
forme dans le milieu confiné de la matrice cimentaire durcie. Les ions SO4 2- adsorbés sur
les C-S-H ainsi que ceux des monosulfates présents dans le béton servent de source de
sulfates pour la formation de l’ettringite. Ce processus nécessite la présence d’une
humidité élevée et peut durer très longtemps. Il est connu sous le nom de formation
différée de l'ettringite.

On a d’abord soupçonné les sulfates contenus dans le clinker d’être des sources
potentielles de sulfates pour la formation différée de l’ettringite. Cependant, pour que
l’anhydrite « insoluble » puisse se former dans un clinker, une très grande quantité de SO3
est nécessaire dans les matières primaires. Même dans ce cas, le SO3 est de préférence
incorporé dans la bélite .

Les sources de sulfates pour la formation différée de l'ettringite sont donc ceux adsorbés
sur les C-S-H, ceux qui se trouvent dissous dans la solution interstitielle et ceux qui
rentrent dans la composition de monosulfoaluminates. Ces sulfates sont donc
uniformément répartis dans la matrice du béton. La formation différée de l'ettringite se fait
par conséquent uniformément dans la matrice durcie. L’expansion conséquente se produit

22
Chapitre I Durabilité des bétons dans leurs environnements

lorsque l’espace pour la formation différée de l'ettringite est restreint. Cette expansion
peut, dans certains cas, être contrôlée s’il y a suffisamment d’espace vacant dans la
matrice sous forme de porosité élevée ou de bulles d’air entraîné [17]. La figure I.16
montre la diminution de l’expansion causée par la formation différée de l'ettringite avec
l’augmentation du rapport E/C (augmentation de la porosité capillaire). Cette expansion a
été déterminée sur des échantillons de mortier sans air entraîné, traités thermiquement à
une température maximale de 90 °C. La figure I.17 montre la diminution de l’expansion
des bétons avec l’augmentation du volume d’air entraîné.

Figure I.16 - Expansion des mortiers ayant différents rapports E/C (ciment Type III), [17].

Figure I.17 - Expansion dans le temps de bétons ayant différents volumes


d’air occlus ou entraîné (rapport E/C 0,55; 300 kg de ciment par m3;
ciment Type III), [17].
23
Chapitre I Durabilité des bétons dans leurs environnements

La formation différée de l'ettringite n’est pas réservée exclusivement aux bétons traités
thermiquement, durant les premières heures, à une température élevée pour accélérer la
prise et le durcissement. La formation différée de l'ettringite peut également apparaître
dans les bétons subissant une température élevée causée par le dégagement de chaleur
lors de l’hydratation du ciment, durant les premières heures ou les quelques premiers
jours suivant leur confection. Divet, [21], a démontré qu’une prolongation de la période
durant laquelle la température du béton est élevée favorise la formation différée de
l'ettringite. Cependant, la formation différée de l'ettringite dans les bétons dits «
autochauffés » et surtout sa mises en cause dans l’expansion et la fissuration du béton in
situ est souvent voilée par d’autre facteurs, tels que la réaction alcalis-granulats, le retrait,
les cycles de gel-dégel… etc.

Des bétons fabriqués à partir de différents ciments commerciaux (3 différents ciments de


résistance initiale élevée – Type III et un ciment ordinaire Canadien-Type 10) ayant un
rapport E/C de 0,55, une teneur en ciment de 300 kg/m3 ont servis à confectionner des
échantillons cubiques de 600 mm de côté. La température du béton frais était de 30 °C.

Le béton a été placé dans un coffrage isolé thermiquement (conditions quasi adiabatiques)
pour simuler le développement de la température dans un élément de plus grande
dimension. Une photo du cube expérimental est présentée dans la figure I.18

Figure I.18 - Cube de 0,6 m de côté dans de l’eau saturée en chaux, [17].

Les courbes de développement de la température de ces 4 bétons sont présentées dans la


figure I.19. Après sept jours passés dans le coffrage, les échantillons ont été démoulés et
placés dans de l’eau saturée en chaux à la température du laboratoire. Les déformations
linéaires au centre du cube ont été mesurées quotidiennement à l’aide d’extensomètres à
cordes vibrantes. Le résultat de ces mesures est présenté, sous forme de courbes
d’expansion en fonction du temps, dans la figure I.20.

24
Chapitre I Durabilité des bétons dans leurs environnements

Figure I.19 - Température des bétons « autochauffés » Figure I.20 - Expansion des bétons
durant les 9 premiers jours, [17]. autochauffés dans le temps, [17].

La température du béton fabriqué à partir du ciment TIII-a et de celui fabriqué à partir du


ciment TIII-c est restée au-dessus de 65°C pendant 2 et 3,5 jours, respectivement, tandis
que la température des bétons fabriqués avec les ciments TIII-b et T10 n’a pas dépassé la
limite de 65 °C. Après seulement 100 jours, le béton TIII-c a commencé à prendre de
l’expansion de manière significative. Dans le cas du béton TIII-a, il a fallu 200 jours pour
qu’une expansion significative se produise. Les bétons TIII-b et T10, pour lesquels la
température n’a pas dépassé 65 °C n’ont pas montré d’expansion significative durant les
600 jours de temps d’expérimentation.

Une analyse de la microstructure du béton TIII-c, effectuée après 400 jours, a clairement
démontré l’existence d’ettringite dense et mal cristallisée dans les interfaces entre les
granulats et la pâte, tel que présenté dans le micrographe de la figure I.20. Cette expérience
prouve que la température élevée du béton développée par l’hydratation du ciment peut
causer la formation différée de l'ettringite et l’expansion conséquente.

Figure I.21 : Micrographie de l’ettringite massive, mal cristallisée dans l’interface entre
le granulat et la pâte ; cube TIII-c après 400 jours, [17].
25
Chapitre I Durabilité des bétons dans leurs environnements

I.3.3.1/ Manifestations de la réaction sulfatique interne

Figure I.22 - Echelle macroscopique, Figure I.23 - Echelle microscopique (MEB),


réseau de fissures, [12]. veine d’ettringite secondaire, [12].

12.3 % C3A 7.1 % C3A 3.5 % C3A

Figure I.24 - Effet de la teneur en C3A dans un Ciment Portland avec: W/C =0.50, 21
ans dans 50,000 ppm de MgSO4 (sulfates de magnésium), [12].

L’état actuel des connaissances ne permet pas d’estimer le comportement d’un béton vis-à-
vis de l’expansion liée à la réaction sulfatique interne en fonction des teneurs en SO3 et
C3A du ciment. Il semble confirmé cependant que plus la teneur en alcalin du béton est
élevée, plus la température à partir de laquelle il y a un risque de développement de la
réaction est basse.

26
Chapitre I Durabilité des bétons dans leurs environnements

I.4/ Durabilité des bétons vis-à-vis des environnements chimiquement agressifs


Les substances nuisibles sous forme gazeuse ou solide n'agissent qu'en présence
d'humidité, étant donné que les réactions nuisibles ne peuvent se produire qu'en solution.
Le plus souvent, les substances nuisibles entrent en contact avec le béton sous forme
dissoute, [19].

I.4.1/ Mécanisme général


Les dégradations chimiques provoquées dans les bétons sont issues de réactions
d’hydrolyse ou de dissolution, [18]. L’hydrolyse entraine la décomposition de certains
sels par l’eau qui est elle-même décomposée. Suivant la perméabilité de béton, le pH et la
capacité de renouvellement de l’eau, la réaction peut conduire à un lessivage plus ou moins
rapide de la chaux se traduisant par une perte de masse, un accroissement de la porosité et
la destruction progressive de liant. Ou bien par une précipitation de composés, nocifs ou
non qui va se manifester par : gonflement, fissuration, perte de résistance, [19].

Ces dommages peuvent être provoqués par les eaux naturelles, les attaques par les acides et
celles d’origines biochimiques.

I.4.1.1/ Eaux naturelles


Lorsqu’il y a suffisamment d'eau en qualité de fluide de transport, les composants de la
pâte de ciment sont détachés de la surface par l'eau douce ou les substances chimiques
nuisibles qu'elle contient. Les granulats non-solubles et des parties de la pâte de ciment
durcie sont alors mis à nu, il se forme une surface en forme de "béton lavé" et la porosité
augmente. L’eau douce peut extraire lentement l'hydroxyde de calcium de la pâte de
ciment durcie. Lorsque l'hydroxyde de calcium est lixivié, le silicate de calcium hydraté
(CSH) détache encore de l'hydroxyde de calcium en raison de la perte de résistance. Les
dommages n'apparaissent généralement que sur le béton non-étanche, dans lequel l'eau
douce peut s'infiltrer.

L'eau contenant du gaz carbonique possède contrairement à l'eau douce un plus grand
pouvoir solvant :

H2CO3 + CaCO3 → CaH2(CO3)2


Dioxyde de carbone Calcaire Bicarbonate de calcium

I.4.1.2/ Attaque par les acides


Tous les acides se comportent de manière analogue au gaz carbonique. La base contenue
dans le béton, l'hydroxyde de calcium est neutralisée pour former le sel correspondant.
Rappel : Acide + Base → Sel + Eau

L’agressivité de l’acide est fonction de la solubilité du sel formé, [19].

27
Chapitre I Durabilité des bétons dans leurs environnements

I.4.1.2.1/ Acides organiques : L’agressivité varie selon les acides


 Forte avec l’acide lactique ou acétique;
 Très faible avec l’acide oxalique ou tartrique.

Exemple

2CH3COOH + CaOH2 → Ca(CH3COO)2 + 2H2O


Acide acétique Hydroxyde de calcium Acétate de calcium

L'acide acétique forme avec l'hydroxyde de calcium un acétate de calcium neutre. Le sel
acétate de calcium est très soluble dans l'eau, il est extrait (dégagé) ce qui a pour effet
d'endommager la pâte de ciment.

(COOH)2 + Ca(OH2) → Ca(COO)2 + 2H2O


Acide oxalique Hydroxyde de calcium Oxalate de calcium

L'acide oxalique a un comportement analogue à celui de l'acide acétique et réagit avec


l'hydroxyde de calcium pour former de l'oxalate de calcium. Parce que contrairement à
l'acétate de calcium, l'oxalate de calcium n'est pas soluble dans l'eau, la pâte de ciment
reste exempte de dommages.

Les acides forts ne neutralisent pas l'hydroxyde de calcium, mais réagissent avec toutes les
parties de la pâte de ciment et attaquent également les granulats contenant du carbone,
comme le calcaire. La pâte de ciment se dissous entièrement par exemple dans l'acide
chlorhydrique en formant du chlorure de calcium, d'aluminium, de fer et de manière
colloïdale du dioxyde de silicium, [19].

I.4.1.2.2/ Acides minéraux


Milieux très agressifs (sels très solubles) dissolution

2 HCL + Ca(OH)2 → CaCL2 + 2 H2O

28
Chapitre I Durabilité des bétons dans leurs environnements

Origines :

- Pluies acides
- Produits chimiques Acide Sel Ca++
- Produits de fermentation

- Eaux usées, domestiques….

Dépôt de sels
(couche protectrice)
Eau stagnante

Eau courante

Erosion accélérée

Figure I.25 - Schéma illustratif des attaques des acides sur le béton, [6].

29
Chapitre I Durabilité des bétons dans leurs environnements

I.4.1.3/ Attaques d’origine biochimique


Les graisses et les huiles d'origine végétale et animale réagissent avec l'hydroxyde de
calcium pour former des sels d'acides gras. L'effet de dégradation sur le béton dépend
principalement de la solubilité dans l'eau des produits de réaction formés, [18].

I.4.1.3.1/ Eaux usées


Bactéries (sulfato-réductrices) → H2S → H2SO4
 Dissolution des hydrates et formation d’ettringite

I.4.1.2/ Effluents agricoles


Lisiers → acides acétique et propionique → pH = 5 à 8
 Décalcification partielle des hydrates

Ensilage → Acide lactique → pH = 4


 Décalcification totale des hydrates

I.4.1.4/ Milieu marin


L'eau de mer est constituée de sels chargés en ions chlorures de composés sulfatiques
contenant les ions sulfates (SO4-2)… etc. Ces ions sont nocifs au béton lorsqu'ils pénètrent
en son sein, [18 et 19].

La grande particularité de l'eau de mer est que les proportions relatives de ses constituants
sont sensiblement constantes (c'est-à-dire indépendante de la salinité (teneur en sels
dissous) ; cette propriété à été établie par le chimiste écossais William DITTMAR, [20],
et permet de considérer l'eau de mer comme une solution des onze constituants suivants :

Tableau I.2: Masse du constituant contenu dans un 1Kg d'eau de mer, rapportée à la
salinité.

Anions Cations
Cl- 0,5529 Na+ 0,3075
0,0775 Mg2+ 0,0370
0,0041 Ca2+ 0,0118
+
0,0019 K 0,0114
- 2+
F 0,000037 Sr 0,00022
Molécule non dissociée
H3B03 0,0076

30
Chapitre I Durabilité des bétons dans leurs environnements

Origines :
-Eau de mer
-Sols contenant des SO3 Ca++
sulfates, engrais… Sel de
Candlot

H2 O Expansion

Figure I.26 - Schéma illustratif de l’attaque sulfatiques externe, [6].

31
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES POUR LE CHAPITRE I

[1] : O. COUSSY, V. BAROGHEL-BOUNY, P. DANGLA: « Evaluation de la


perméabilité à l’eau liquide des bétons à partir de leur perte de masse durant le séchage »
Laboratoire Central des Ponts et Chaussées M. Mainguy, Post doctorant au Massachusetts
Institute of Technology 2001.
[2] : V. BAROGHEL-BOUNY, B. CAPRA, S. LAURENS « La durabilité des bétons »,
juin 2008 Amphithéâtre Caquot, ENPC Paris.
[3] : RAHARINAIVO, G. ARLIGUIE, T. CHAUSSADENT, G. GRIMALDI, V.
POLLET, G. TACHÉ « La corrosion et la protection des aciers dans le béton », Ed.
Presses de l'École Nationale des Ponts et Chaussées, Paris, 1998
[4] : R. LASSOUED , K. OUCHENANE , M, OUCHENANE, « Influence de l'enrobage
de béton sur la corrosion des armatures et effet de la corrosion sur l’adhérence », Colloque
National sur les pathologie des constructions : Du diagnostic à la réparation, Novembre
2008
[5] : Le ciment et ses applications : collection technique CIMBÉTON, nouvelle édition
2001
[6] : Choisir un béton durable ; cours de béton armé par : professeur I. boeraeve
[7] : MARTA CASTELLOTE, LORENZO FERNANDEZ, CARMEN ANDRADE
ET CRUZ ALONSO, « Chemical changes and phase analysis of OPC pastes carbonated
at different CO2 concentrations » Juin 2008
[8] : RICHARD GAGNE et RICHARD GAGNE « La durabilité des bétons » par :
CRIB, Université de Sherbrooke et Lionel Linger VINCI Construction « chapitre 10 »
Mardi 17 juin 2008 Amphithéâtre Caquot, ENPC Paris
[9] : MICHEL PIGEON « La durabilité au gel du béton » Groupe de Recherche en
Technologie du Béton de l'Université Laval de Québec. www.springerlink.com
[10] : Université de Sherbrooke, GCI 714 Durabilité et réparation des bétons
[11] : POWERS, T. C., 'The air requirement of frost-resistant concrete', Proc.
Highway Rese. Board 29 (1949) 184- 211.
[12]: ANDRE CARLES-GIBERGUES et Hugues HORNAIN « la durabilité des
bétons » « chapitre 11 » juin 2008 Amphithéâtre Caquot, ENPC Paris
[13] : « Solutions for durability, le gonflement et les réactions alcalis-granulats », Fiche
technique Xand
[14] : PAUL POITEVIN « Dégradations des ouvrages en béton par réactions alcalis-
granulats » ingénieur de l’école centrale de paris « technique de l’ingénieur C 2 252 »
[15] : BRUNO GODART et ANDRE LE ROUX « Alcalis-réaction dans les structures
en béton ; Mécanisme, pathologie et prévention », Techniques de l’ingénieur C 2 252v2
[16] : TFB bulletin de ciment .réactions alcalis-granulats. 68 eme éditions 2001
[17] : NIKOLA PETROV, MICHEL THIBAULT ET AREZKI TAGNIT-HAMOU
« Attaques externes et internes par les sulfates; similarités et différences ».
[18]: GILLES ESCADEILLAS et HUGUES HORNAIN « la durabilité des bétons »
« chapitre 12 » juin 2008 Amphithéâtre Caquot, ENPC Paris
[19] : HERMANN. K "Substances chimiques exerçant une action sur le béton", Bulletin
du ciment 63, No12, 1995
[20] : EMANUEL ROZIERE: « Etude de la durabilité des bétons par une approche
performantielle » thèse de doctorat, l’école centrale de Nantes, novembre 2007

[21] : DIVET, L. « Les réactions sulfatiques internes au béton : contribution à l’étude des
mécanismes de la formation différée de l’ettringite », Laboratoire Central des Ponts et
Chaussées, Ouvrage d’art OA 40, 227 p (2001)
Chapitre II
Facteurs influant sur la durabilité des bétons en
Algérie.
Chapitre II Facteurs influant la durabilité des bétons en Algérie

Introduction
Ce chapitre a pour objectif de mettre en évidence et analyser les principaux facteurs qui
influent sur la durabilité du béton en Algérie, dans le but d’avoir une idée assez vaste afin
de pouvoir préconiser des remèdes et des solutions adéquates pour lutter contre les
pathologies identifiées. En premier, les facteurs liés au contexte local tel le climat
caractérisé par une chaleur importante et les tremblements de terre sont évoqués, par la
suite, les effets de l’environnement sont également mentionnés. Pour finir, les aspects qui
touchent à la qualité des bétons produits sur chantier en relation avec la durabilité sont
traités, sur la base d’études et de recherches ainsi que des expertises récentes effectuées
sur le terrain par des organismes spécialisés (CTC, LCTP….etc.) et particulièrement par
les chercheurs du CNERIB, [10, 9, 8 et 1].

Voici par ailleurs une synthèse des travaux de recherche effectués.

II.1/ Climat et durabilité du béton


L'Algérie est le plus grand des cinq pays composant le Maghreb, le deuxième plus grand
pays d'Afrique après le Soudan et le dixième dans le monde. Il partage des frontières
terrestres avec la Tunisie au nord-est, la Libye à l'Est, le Niger au Sud-est, le Sahara
Occidental, le Mali, la Mauritanie au sud-ouest, et enfin le Maroc à l'ouest. Sa superficie
est de 2 381 741 Km² (dont 85% de désert), il offre une façade maritime de 1 200 km
bordant la mer Méditerranée, [10].

II.1.1/ Relief de L'Algérie


Le relief de l'Algérie est constitué de trois grands ensembles : le Tell au nord, les hauts
plateaux et l'Atlas saharien au centre, et le Sahara au sud.

Figure II.1 : relief de l’Algérie.

Le Tell : C'est une étroite bande côtière de 1 200 km de long et de 100 à 200 km de large.
Elle est délimitée au sud par une chaîne de montagne, plus ou moins parallèle au littoral, et
qui s'étend de la région de Tlemcen à l'Ouest, à la frontière tunisienne à l'Est. Cet ensemble
est constitué de plaines fertiles où se concentrent la majorité de la population algérienne,
de vallées et d'une succession de monts (l'Atlas Tellien) qui dépassent régulièrement les

32
Chapitre II Facteurs influant la durabilité des bétons en Algérie

2000m à l'Est, notamment en Kabylie où les sommets du massif du Djurdjura sont


recouverts de neige en hiver.

Les hauts plateaux et l'Atlas saharien : Après avoir franchi l'Atlas tellien, on entre dans
un grand ensemble de plaines et de hauts plateaux semi-arides qui courent en diagonale
depuis la frontière marocaine jusqu'au nord-est de l'Algérie. Les étés y sont lourds et secs
et les hivers très froids et humides. Le terrain est creusé par de nombreuses dépressions, les
chotts, qui se transforment en lacs salés après la saison des pluies.

Le Sahara : il couvre environ 85 % du territoire Algérien (2 000 km d'Est en Ouest, 1 500


km du Nord au Sud). Le grand sud Algérien alterne entre paysages volcaniques (massif du
Hoggar) et lunaires (Tassili N'Ajjer), plaines de pierres et (les Regs) et plaines de sable (les
ergs).

II.1.2/ Le Climat, méditerranéen au nord et désertique au sud

Un climat méditerranéen couvre le nord, tandis qu'un climat désertique règne sur le sud.
Durant l'été, les mois les plus chauds sont juillet et août, [10].

Au centre, dans les montagnes de Kabylie et des Aurès ainsi que dans les hauts plateaux de
la région de Djelfa, la température avoisine les 5 °C voire -7 °C en hiver. La neige y est
fréquente en hiver. La température estivale varie de 35 °C à 45 °C.

Le climat Algérien est intermédiaire entre le climat tempéré humide et le climat


désertique. Il est caractérisé par une pluviométrie régissant le régime des eaux souterraines
et superficielles caractérisé par deux saisons pluvieuses (une, dominante en automne, une
secondaire au printemps). Le climat est caractérisé également par des précipitations
irrégulières à l’échelle journalière, annuelle et interannuelle, et une sécheresse estivale
forte, (tableau II.5).

II.1.3/ Données climatiques


Pour mettre en évidence ces conditions climatiques, un relevé des maxima et minima
annuels de la température relevé par l’Office National de Météorologie (ONM), touchant
l’ensemble du pays est donné dans les tableaux II.1, II.2 et II.3 ci-après.

Tableaux II.1, II.2 et II.3 : Températures maximum et minimum exprimées en (°C)


relevées dans différentes zones.

Zone côtière :
Tab II.1 Annaba Skikda Jijel Mostaganem Ténès Oran Beni-saf
To min 1.4 3,9 2,3 -0,3 5,6 -0,4 4,8
To max 43,0 42,4 41,9 41,2 38,1 39 ,6 35,8

33
Chapitre II Facteurs influant la durabilité des bétons en Algérie

Les hauts plateaux :


Tab II.2 Batna M’sila Saïda Tiaret Sétif khenchla Oum elb
o
T min -6,6 -2,2 -2,9 -5,0 -4,1 -4,3 -5,1
To max 40,9 44,1 42,0 40,6 38,5 39,9 41,2
Le Sahara :
Tab II.3 Adrar Biskra El oued Touggourt Ouargla Illizi Tindouf
To min -0,4 1,2 0,2 -0,7 -0,5 -0,8 1,5
To max 48,4 46,3 47,3 47,2 48,2 45,9 46,7

On distingue d’après ces données que les températures d’hiver sont clémentes sur la côte,
avec un été relativement chaud. Pour la région des hauts plateaux, l’hiver est nettement
froid avec un risque de gel modéré, alors que l’été est aussi chaud. Au Sahara, le froid est
moins intense que sur les hauts plateaux, mais les températures de l’été sont très élevées. Il
est utile de signaler que l’humidité est très présente sur la partie nord à proximité de la mer.
Elle diminue au fur et à mesure que l’on s’éloigne vers l’intérieur. Tous ces facteurs
peuvent compromettre la durabilité des ouvrages si des précautions ne sont pas prises.

Le tableau II.4 et II.5, représente respectivement la durée d’ensoleillement mensuel se


rapportant à l’année exprimée en nombre d’heures par jour et la pluviométrie moyenne des
différentes régions d’Algérie. Le rayonnement solaire est assez important sur l’ensemble
des régions du pays avec une intensité remarquable pour le Sahara.

Tableau II. 4 : Durée d’ensoleillement mensuel exprimée en heures/jour, [1].

janv. fév. mar. avr mai juin juil. aout sept oct. nov. déc.
Annaba 5.3 6.2 7.3 8.1 9.3 10.4 11.4 10.5 7.9 7.0 5.3 4.6
Sétif 6.0 7.4 7.7 8.9 9.8 11.0 11.4 10.2 8.9 7.8 6.4 5.8
El oued 7.6 8.8 9.1 9.8 10.1 11.2 11.4 10.9 9.0 8.8 7.7 7.6

Tableau II.5 : Pluviométrie moyenne annuelle (mm) des différentes régions d’Algérie, [2]

Région Ouest (mm) Centre (mm) Est (mm)

Littoral 400 700 900

Atlas tellien 600 700-100 800-1400

Hautes pleines 250 250 400

Atlas saharien 150 200 300-400

Sahara 20-150 20-150 20-150

34
Chapitre II Facteurs influant la durabilité des bétons en Algérie

II.2/ Préservation du béton de l’action du climat


Les conditions climatiques peuvent jouer un rôle néfaste vis avis de la durabilité des
bétons, Les principaux effets à prendre en considération sont :

La chaleur intense et le gradient de température très présents en été avec une forte
accentuation pour les régions situées dans la zone Sud du pays d’où le risque de fissuration
et des variations dimensionnelles et le risque de formation de l’ettringite différée.

Le froid en hiver en particulier dans les hauts plateaux où le risque de gel modéré est
présent, [10].

II.2.1/ Effets du climat sur la durabilité du béton


Effets de la température
L’élévation de la température ambiante (> 25 °C) peut influer à deux niveaux :
– Elévation de la température des constituants du béton avec modification de la cinétique
de réaction immédiate pour les constituants actifs (ciment, eau, adjuvants et fines
minérales), [15].
– Elévation de la température du mélange avec accélération des cinétiques de prise et de
durcissement.
Ces effets peuvent être atténués, par exemple, par l’emploi d’un retardateur de prise, ou
par l’application des dispositions prévues lors du bétonnage par temps chaud, sans oublier
la compensation de l’eau d’évaporation pendant le transport.
Les fortes baisses de température ambiantes (Θ < 5 °C) ont des effets inverses :
– Les refroidissements variables des constituants (eau, adjuvants, éléments fins,
gravillons), selon leurs modes respectifs de dosage, entraînent des perturbations
importantes dans les réactions avec les adjuvants;
– Le refroidissement ralentit globalement les réactions de prise.
Ces effets peuvent être corrigés en travaillant sur le matériau à la fabrication par :
– Une meilleure protection thermique des stockages des divers constituants, une éventuelle
baisse des dosages en adjuvants (superplastifiants) et en eau efficace, après vérification en
laboratoire,
– Et, si nécessaire, l’application des dispositions prévues lors de bétonnages par temps
froids.
Impacts sur les matériaux réactifs
Selon leurs modes de stockage, les constituants du béton sont plus ou moins exposés aux
variations de température ambiante, [15].
– La température du ciment stocké dans un silo fermé évoluera d’autant moins que sa
quantité sera élevée,

35
Chapitre II Facteurs influant la durabilité des bétons en Algérie

– Les granulats évolueront davantage s’ils ne sont pas abrités,


– Les variations de la température de l’eau du réseau peuvent être importantes, mais ne
sont pas brutales. Cependant, des écarts de quelques degrés de température de cette eau
peuvent avoir des conséquences majeures sur la défloculation des éléments fins (cas
d’emploi de superplastifiants),
– Les adjuvants sont normalement stockés dans des locaux calorifugés et, donc, moins
soumis aux aléas de température. A contrario, dans le cas où les adjuvants sont stockés en
petites quantités dans des fûts ou dans des locaux non protégés, les variations de
température sont très sensibles et, dans de nombreux cas, l’adjuvant peut perdre toute
efficacité, [5].
Impacts sur la rhéologie initiale
L’action de la température est importante sur le comportement rhéologique du béton. À ce
jour, le problème reste complexe et doit être traité en amont, en laboratoire, car la
multiplicité des facteurs ne permet pas un traitement sur site. De plus, les simulations en
laboratoire autorisent un examen rapide des multiples variations possibles, [15].
– Les effets des variations de température de chaque constituant sont liés à leur dosage et à
leur nature.
- Les conséquences n’évoluent pas nécessairement de façon progressive avec la
température.
– L’action de certains adjuvants (superplastifiants) peut devenir sélective en fonction des
températures différentes des constituants riches en éléments fins (ciments, additions, sables
fillérisés, ajouts en poudre, ...).
■ Dans le cas d’emploi de superplastifiants ou de réducteurs d’eau, les températures
élevées peuvent provoquer :
– Une fluidification immédiate un peu plus élevée, mais qui s’atténue brutalement avec le
temps.
– Une évaporation sensible pendant le transport, provoquant ainsi une chute du rapport
E/C.
– La perte d’eau générée par cette évaporation engendre des difficultés au coulage par
gravité, peut rendre impossible le pompage, et perturber les conditions de serrage;
– Le béton étant alors insuffisamment compacté, ses caractéristiques de durabilité et
mécaniques sont fortement compromises.
■ Dans le cas d’emploi de superplastifiants ou de réducteurs d’eau, les températures basses
peuvent provoquer :
– Une inhibition de la défloculation des éléments fins;
– Une apparition de ressuage générant, à son tour, une ségrégation dommageable pour les
caractéristiques mécaniques et pour la durabilité,
– Une perte de pompabilité, [15].

36
Chapitre II Facteurs influant la durabilité des bétons en Algérie

Une grande partie du pays est exposé à un climat chaud, (sud Algérien notamment).
Cependant, l’intensité du climat chaud est variable selon les régions concernées. Ainsi, si
pour la bande littorale la chaleur est modérée, celle-ci est moyenne sur les hauts plateaux et
forte dans les régions du Sud du pays.

II.3/ Dommages dus aux contraintes mécaniques


II.3.1/ Effet du séisme
Parmi les dommages mécaniques qui touchent la durabilité des ouvrages en béton et béton
armé en Algérie, les tremblements de terre. Les nombreux séismes survenus à travers
plusieurs régions du pays attestent de l’ampleur du phénomène (zones à forte sismicité).
Par ailleurs, le risque est d’autant plus élevé que la plupart des villes, où se concentre la
plus grande partie du parc bâti se situent dans les régions les plus exposées, [1 et 6].

Le séisme est un facteur qui a une forte influence sur la durabilité des ouvrages en
provoquant des fissures et microfissures ce qui va faciliter la pénétration des agents
agressifs et par conséquent contribuer à la dégradation des structures, [12].

Figure II.2 - Bâtiments effondrés lors du séisme de Boumerdès 2003, [12].

II.3.1.1/ La construction parasismique


La construction parasismique est un domaine complexe. Il demande de prendre en compte
une somme de facteurs à gérer simultanément : l'historique du lieu, le ou les types de
séismes, la destination finale de l'ouvrage à projeter et à exécuter, la nature des sols, la
typologie de la construction, le choix des matériaux, le parti architectural… etc. Construire
« parasismique » suppose tout d’abord le respect des règles de conception, de calcul et
d’exécution propres aux situations non sismiques. L’expérience montre que les ouvrages,
lorsqu’ils sont de conception saine et que les règles normales de construction sont
appliquées correctement, ont des chances non négligeables de supporter convenablement
des secousses d’intensité modérée. Ce constat ne doit pas faire oublier le respect des lois et
de la réglementation en vigueur dans de nombreuses régions du territoire Algérien.

37
Chapitre II Facteurs influant la durabilité des bétons en Algérie

De même, les règles parasismiques se révèlent inefficaces en cas de non-respect des règles
normales de construction. Construire parasismique ne demande pas qu'une simple
application des règles et des normes en vigueurs. Une bonne construction parasismique
repose sur une bonne conception, [18]. Une maison bien calculée mais mal conçue
(mauvais choix architectural, mauvais emplacement, etc…) ou mal entretenue connaît un
plus grand risque de destruction important en cas de séisme.

Rappelons que l’application des règles, comme des normes parasismiques, nécessite
l’intervention et la collaboration dès les premières esquisses d’un architecte et / ou d’un
ingénieur.

L’objectif est de sensibiliser les divers acteurs de la construction à l’importance des


considérations parasismiques (cas fréquent en Algérie et nombreuses régions sont touchées
par les séismes). Et de permettre d’appréhender les mesures qui doivent être adoptées afin
d’éviter des désastres.

Une construction parasismique est basée sur 5 piliers indissociables :

a - Choix du site :
Une onde sismique peut être amplifiée sous l’action d’effets de site ou par l’interaction
entre le sol et le bâtiment.

Tout d’abord, l’amplification des oscillations du sol se produit essentiellement :

 Sur les reliefs et en haut d’une rupture de pente ;


 A la limite entre des sols rocheux et des sols mous.

Les effets induits peuvent provoquer la perte de toute construction, parasismique ou non. Il
s’agit principalement de :

 La liquéfaction des sables (perte de la capacité portante des sables gorgés d’eau qui
provoquent le basculement et l'enfoncement des constructions) ;
 Le glissement de terrain : sur les versants, les glissements provoqués par les
séismes ne sont pas rares et entraînent la perte totale des ouvrages concernés ;
 Les éboulements rocheux : ils sont fréquents dans les régions montagneuses. Les
constructions peuvent alors être partiellement ou totalement détruites. Ce danger ne
peut être apprécié que par un spécialiste, [17].

De plus, lorsque la fréquence de résonance propre au bâtiment est proche de celle du sol,
les bâtiments amplifient à leur tour les mouvements sismiques transmis par le sol. Ils
deviennent alors très importants et destructeurs : on parle de résonance entre le sol et le
bâtiment. Ainsi on observe que, sur sol meuble, les ouvrages « flexibles » (hauts par
exemple) souffrent particulièrement. Par contre, les constructions rigides sont davantage
sollicitées sur les sols fermes ou sur rocher.

38
Chapitre II Facteurs influant la durabilité des bétons en Algérie

b - Une conception architecturale parasismique


Implantation judicieuse sur site : sur un terrain instable, sur une faille ou sur un terrain
sujet au glissement de terrain, même la meilleure construction parasismique ne survivra
pas à une secousse.
Architecture favorisant un bon comportement adapté au séisme : le comportement d’un
bâtiment est influencé par sa forme. Certaines configurations amplifient considérablement
les sollicitations dues aux secousses et donc créent de mauvaises conditions de résistance.

c - Un respect des règles parasismiques


Dispositions constructives parasismiques : selon le type de leur système porteur (de leur
structure), deux bâtiments d’aspect identique, sur un même sol, auront un comportement
très différent, [12].

Dimensionnement « au séisme » : les règles de calculs de structure doivent être respectées.


En particulier, le choix de la méthode de modélisation ou de calcul (statique ou
dynamique) est primordial.

d - Une exécution de qualité


Matériaux de bonne qualité : Les propriétés des divers matériaux favorisent plus ou
moins la résistance des éléments constructifs aux tremblements de terre, ainsi que la
dissipation de l’énergie communiquée lors des secousses.

Travaux exécutés dans les règles de l’art : Les assemblages et les liaisons entre les
divers éléments sont les principaux points faibles des structures. La dégradation de leur
résistance et de leur rigidité conduit rapidement à la ruine de la construction. La conception
des assemblages nécessite donc un soin tout particulier.

II.3.1.2/ Les stratégies de renforcement parasismiques


Pour réhabiliter une structure afin de la rendre parasismique, différentes stratégies de
renforcement sont proposées, [17].

On peut chercher à :
 Limiter l’action sismique sur la construction (en optant, par exemple, pour une
isolation sismique) ;
 Augmenter la résistance mécanique de l’ouvrage (en augmentant, par exemple, la
capacité portante de la structure) ;

On peut également combiner ces différentes approches.

Celle qu’on adoptera sera un compromis entre le coût de la réhabilitation et le degré de


dommages que vous considérez comme acceptable.

Développons ces deux stratégies :

39
Chapitre II Facteurs influant la durabilité des bétons en Algérie

a - Réduire le niveau sismique


On peut réduire la vulnérabilité au séisme d’une construction en diminuant sa masse et les
accélérations qu’elle subit (ces deux facteurs influencent directement la charge sismique).

Les deux grandeurs peuvent être minimisées grâce à différents procédés qui peuvent se
révéler lourds. Cette démarche est donc à adopter en cas de réhabilitation lourde.

La réduction des masses est obtenue en remplaçant les planchers, la charpente, la


couverture…etc. autrement dit, opter alors pour des structures plus légères.

Ces travaux sont lourds et nécessitent le conseil et l’intervention d’un professionnel du


bâtiment.

La résonance d’une construction avec le sol est responsable des dégâts les plus importants
pouvant aller jusqu’à l’effondrement. Les déplacements sont susceptibles d’être amplifiés
de façon considérable. Les méthodes de prévention les plus simples sont, également, de
diminuer la masse de l’habitation, voire d’accroître sa rigidité (ajout d’éléments verticaux
de contreventements* type murs en maçonnerie, voiles en béton etc.). L’acier précontraint
et le béton armé peuvent également être utilisés.

La limitation de la torsion* est une démarche qui devrait être systématiquement mise en
œuvre, d’autant que ce phénomène est un facteur important de la vulnérabilité. Il s’agit
alors de faire coïncider le centre de gravité de la structure avec son centre de rigidité (soit
d’avoir une répartition symétrique des éléments assurant la rigidité de la construction). Il
peut être, là encore, nécessaire de rajouter des contreventements.

L’entrechoquement se produit entre deux bâtiments mitoyens ou entre deux blocs d’un
même bâtiment (garage et maison individuelle) séparés par un joint sismique de trop faible
largeur. Les solutions permettant de prévenir ce phénomène sont radicalement opposées.
On peut, soit supprimer ce joint en injectant de la résine qui assurera un couplage entre les
deux constructions, soit augmenter sa largeur. La première méthode est souvent plus facile
à mettre en œuvre.

Contreventement : Dispositif assurant la stabilité d'un bâtiment, d'une ossature, et


s'opposant à la déformation, au déversement ou au renversement des constructions sous
l'action des forces horizontales.

Torsion : Sollicitation qui tend à faire tourner les sections droites autour d'un axe
longitudinal, dit " axe de torsion "

b - Augmenter la résistance mécanique de la structure


Cette démarche nécessite deux approches parallèles et indissociables. On doit conférer à
l’habitation une meilleure résistance mécanique, mais également supprimer ou redistribuer
les zones « faibles », comme les rez-de-chaussée sur pilotis, les ailes, les cages d’escalier
en façade de bâtiment… etc.

40
Chapitre II Facteurs influant la durabilité des bétons en Algérie

Cette stratégie de renforcement est la plus traditionnelle et la plus fréquente lors de la


réhabilitation parasismique d’une construction. Pour conférer une meilleure résistance
mécanique à la structure, on peut faire appel aux opérations suivantes :

 Redimensionner, remplacer ou consolider les éléments structuraux,


 Ancrer efficacement (chaînage indispensable),
 Créer un nouveau système de contreventement,
 Renforcer la liaison avec les fondations,
 Traiter le sol d’assise.

Pour des raisons économiques, on peut limiter le renforcement à une partie des éléments
porteurs. Mais leur répartition doit être homogène. Un renforcement local déplace la
faiblesse sur les éléments voisins non renforcés. Il est nécessaire de conserver une vue
d’ensemble de la structure et de la distribution des éléments rigides. Votre architecte vous
y aidera.

Les zones faibles ; même lorsqu’elles sont renforcées, restent faibles. Il est intéressant et
avantageux de les supprimer ou de les déplacer afin que leur distribution soit homogène.

Eclairons cette démarche, [17], au travers de trois exemples qu’on peut fréquemment
rencontrer, en particulier dans une structure :

 Un rez-de-chaussée sur pilotis, ou largement ouvert constitue un point faible. Un


renforcement des poteaux améliorera la situation mais ne résoudra pas le
problème. Pour y remédier, on peut, par exemple, ajouter un contreventement en
façade ou opter pour une façade légère aux niveaux supérieurs.
 Les cages d’escaliers situées en façade d’une construction constituent une zone
faible.

Les trémies* sont «mal positionnées », car elles affaiblissent les planchers. Afin de pallier
cet inconvénient, on peut les supprimer en optant pour des escaliers extérieurs ou déplacer
les cages d’escaliers vers le milieu du bâtiment.

 Les dalles en porte-à-faux (balcons, auvents…) sont très vulnérables. Le risque


d’effondrement est grand. Au-delà de leur renforcement, il vous est conseillé de
supprimer les porte-à-faux, en faisant porter les dalles par des voiles ou autres
structures latérales ou de faire porter les balcons par des poutres en porte-à-faux,
qui seront moins vulnérables qu’une dalle.

Trémie : Ouverture de forme circulaire, carrée, rectangulaire ou autre, ménagée dans un


plancher pour établir des communications verticales entre les différents étages d'une
construction

41
Chapitre II Facteurs influant la durabilité des bétons en Algérie

II.3.1.3/ Les techniques de renforcement


L’ultime étape est le choix des techniques de renforcement. Il peut s’agir d’un
renforcement de la structure ou du sol d’assise. En pratique, les professionnels du bâtiment
recommandent souvent de cumuler les deux.

Elles peuvent être classées en différentes catégories :

 Renforcement par addition de nouveaux éléments de construction,


 Amélioration de la résistance de la section transversale des éléments constructifs
(augmentation de la section d’enrobage, renforcement de l’armature… etc.),
 Renforcement par confinement (cas des cheminées et de certains poteaux),
 Renforcement par précontrainte,
 Réalisation d’ancrages efficaces (planchers dans les chaînages, équipements lourds
etc.),
 Réparation (injection dans les fissures, remplacement de béton et d’armatures
détériorés… etc.),
 Traitement du sol d’assise visant à augmenter sa portance, prévenir les tassements,
supprimer la possibilité de liquéfaction, prévenir les mouvements de terrain.

Le choix des techniques de renforcement s’effectue selon les critères habituels de coût, de
rapidité de mise en œuvre et de durabilité, [17].

II.3.2/ Le tassement
Tous les sols se déforment sous les charges qui leur sont appliquées, avec des amplitudes
qui peuvent aller de quelques millimètres à quelques mètres. La prévision de ces
déplacements est demandée par les nouvelles normes de calcul, pour vérifier qu’ils seront
acceptables par les ouvrages à construire.

L’amplitude des déformations du sol dépend de la nature et de l’état du sol et des charges
appliquées. Ces charges sont limitées par les conditions de stabilité qu’il faut respecter lors
de la conception des ouvrages. En pratique, les fondations superficielles de bâtiments sont
construites sur des sols relativement résistants et subissent des déformations faibles ce
n’est pas le cas pour plusieurs constructions en Algérie, [11], que l’on peut habituellement
estimer par un calcul linéaire. Les déformations les plus importantes sont celles des massifs
d’argiles molles saturées, qui peuvent durer pendant des périodes longues (quelques mois à
quelques dizaines d’années). Dans ce cas, on utilise une loi de déformabilité non linéaire
pour évaluer l’amplitude finale du tassement et des déformations horizontales, et
l’évolution du tassement au cours du temps est analysée en tenant compte de l’effet de la
perméabilité limitée du sol sur la vitesse de déformation (consolidation) et de la viscosité
du sol (fluage).

42
Chapitre II Facteurs influant la durabilité des bétons en Algérie

II.4/ Influence des facteurs environnementaux


En Algérie, les agents agressifs les plus fréquents sont les sels de chlorures, provenant des
embruns marins présents sur toute la bande littorale du fait de la proximité de la mer
Méditerranée, le dioxyde de carbone CO2 dans l'atmosphère provenant des émissions de
gaz, ces deux agents peuvent provoquer, [10], les pathologies suivantes :

 La corrosion des armatures


Les produits de la corrosion étant expansifs ils provoqueront dans un premier temps la
fissuration du béton de peau puis son éclatement. Deux autres effets nuisibles pour la
sécurité de l’ouvrage se produisent : la perte de section utile combinée à la perte
d’adhérence.

Action de la carbonatation :
La carbonatation entraîne des modifications notables dans la structure du matériau. Le
dioxyde de carbone CO2 qui pénètre dans le béton se dissout dans l’eau qu’il contient et
réagit avec l’hydroxyde de calcium Ca(OH)2, sous forme de portlandite, ou les silicates de
calcium hydratés, pour former du carbonate de calcium CaCO3. Ce phénomène est appelé
carbonatation et il entraîne une diminution du pH de la solution interstitielle. Lorsque le
front de carbonatation atteint les armatures celles-ci sont dépassées. La couche de
passivation n’étant stable qu’en milieu basique, la corrosion des armatures peut débuter.
Insistons sur le fait que la carbonatation n’altère pas forcément les propriétés mécaniques
et de transfert du béton– il semble même qu’elle les améliore dans certains cas. En fait elle
met en danger uniquement les armatures si elles sont atteintes par le front de carbonatation.

La vitesse du front de carbonatation dépend de la perméabilité au gaz du béton car le C02


pénètre par la porosité du béton mais également de la teneur en humidité du béton. Une
humidité relative de 50% est favorable aux réactions, [16].

Action des ions chlorures


Les ions chlorures vont se propager dans le réseau poreux du béton d’enrobage véhiculés
par l’eau. S’ils atteignent les armatures en quantité suffisante, appelée concentration
critique, les aciers vont alors être dépassivés et la corrosion va débuter en présence de
dioxygène puis se propager.

Une concentration critique est donc nécessaire pour que la dépassivation débute. Ce taux
limite est fonction du ratio entre les ions chlorures et les ions hydroxydes présents dans la
solution interstitielle et du traitement de surface des armatures. Des approches utilisées
pour établir ces prévisions reposent sur des modèles simples de prévision, déterministes, ou
sur des modèles faisant appel à des notions de fiabilité, incluant le plus souvent un modèle
de coût de cycle de vie. On peut alors prédire l’évolution dans le temps des indicateurs de
durabilité et les comparer à des valeurs seuils. Tous ces modèles ont besoin de données de
référence, qualifiant :

43
Chapitre II Facteurs influant la durabilité des bétons en Algérie

(a) La géométrie et l’état de l’ouvrage au moment de l’inspection ;

(b) Les propriétés qui en conditionneront l’évolution, [16].

 Gonflement due à la présence de sulfates


L’eau de mer est chargée en ions sulfates. Ces ions ne sont pas passifs vis à vis de la
matrice cimentaire.

Les modes d’action des sulfates dans le béton sont complexes, nombreux, et pas tous
encore identifiés. Cependant la formation de certains composés chimiques a permis
d’expliquer le gonflement résultant de la pénétration des ions sulfates. Les sulfates,
véhiculés par l’eau, en pénétrant dans le béton véhiculés par l’eau vont réagir
chimiquement avec la matrice cimentaire pour former de nouveaux hydrates qui sont
expansifs, ce gonflement entraînant des tensions au sein du béton, tensions engendrant de
la fissuration.

Trois types de composés peuvent se former en fonction entre autre de la concentration en


sulfate de l’eau, du pH environnant, et de la température: l’ettringitte le gypse et la
thaumasite.

L’ettringite secondaire :
La formation d’ettringite est fréquemment associée à la description des attaques
sulfatiques. Elle se forme à partir de C3A non hydraté quand le béton a déjà durci. elle peut
générer de l’expansion. Le caractère expansif ou non de l’ettringite, lié à sa façon de
cristalliser, dépend de la composition de la solution, et en particulier de sa teneur en chaux
CaO donc du pH, [16].

Le gypse
Le gypse peut résulter de la dissolution de l’ettringite, dans des solutions relativement
pauvres en hydroxyde de calcium quand le pH devient inférieur à 11,5-12. Les dommages
causés peuvent être de deux types : l’écaillage et le gonflement du béton. Pour évaluer les
conséquences de la seule formation de gypse, il était nécessaire d’empêcher la formation
d’ettringite, en utilisant des liants sans C3A. On remarque que l’absence de C3A ou
d’ettringite par exemple, n’exclue pas l’occurrence d’une attaque sulfatique celle-ci étant
du à la formation de gypse.

- La présence de sulfates dans les sols pour les régions du Sud : On constate la présence
de sels dans le sol sous forme de sulfates qui constituent un facteur agressif qui attaque le
béton au contact des fondations.

Ces facteurs environnementaux sont aussi liés à la pollution plus ou moins importante de
l’air, de l’eau et des sols en contact localement avec l’ouvrage.

44
Chapitre II Facteurs influant la durabilité des bétons en Algérie

II.5/ Qualité du béton et durabilité


Le béton, résultat d’un processus de fabrication et de mise en œuvre, apparaît au sens de la
norme comme un produit issu de processus à caractère continu. Ses caractéristiques sont
considérées comme intrinsèques tant du point de vue qualitatif que quantitatif. La qualité
du béton est comprise comme l’aptitude de ce matériau à satisfaire les besoins exprimés ou
implicites de chaque intervenant, (tableau II.6), que ceux-ci soient d’ordres techniques,
économiques, esthétiques ou écologiques.
La qualité requise finale est la traduction de tous ces besoins (qualité d’usage) sous forme
d’exigences techniques contractuelles ou complémentaires, ces dernières pouvant être
exprimées en exigences de résultats (spécifications) ou en exigence de moyens
(prescriptions) ; l’ensemble des spécifications et des prescriptions constitue les stipulations
du marché, [14 et 4].
En Algérie, il y a lieu de signaler que les études menées sur les chantiers par différents
organismes, [7, 8 et 9] afin de se renseigner sur le mode de fabrication du béton et des
conditions de sa mise en œuvre sur les chantiers ont montrées plusieurs lacunes que se soit
en matière de qualité ou bien dans sa mise en œuvre :

A partir de différentes études, il ressort :

 Des défaillances (formulation….etc.) qui ont des conséquences sur les


performances du béton, et par voie de conséquence sur sa durabilité.
 Les règles de l’art permettant d’assurer les qualités de fabrication et de mise en
œuvre du béton ne sont pas systématiquement observées dans la pratique sur les
chantiers du bâtiment.

45
Chapitre II Facteurs influant la durabilité des bétons en Algérie

Tableau II.6 : Définition des rôles des intervenants suivant les types de bétons, [14].

Type de béton prescripteur producteur utilisateur

Béton à propriétés Définitions des Contrôle de conformité Définition des


spécifiées spécifications propres à toutes les spécifications
BPS à l’ouvrage. spécifications et particulières a la mise
contrôle de production. en œuvre et a la
maturité.

Béton à Définition des données Si analyse de béton


composition de base suivant la frais prévu sur
prescrite norme NF EN206-1 et chantier : un accord
BCP des données Contrôle de conformité préalable entre
complémentaires. de la composition producteur et
prescrite du béton. utilisateur est
Béton à nécessaire.
composition
Définition de la
prescrite par une
désignation du béton
norme
suivant la norme.
(BCPN)

46
Chapitre II Facteurs influant la durabilité des bétons en Algérie

II.6/ Exemple d’expertises


L’expertise des ouvrages en béton armé dans la région de Biskra a montré que la mauvaise
durabilité des structures en béton est due aux multiples facteurs d’influence qui diffèrent
selon le type d’ouvrage et son milieu environnant.

L’objectif de ce travail est d’arriver à rassembler les facteurs d’influence sur la dégradation
des ouvrages en béton armé dans la région étudiée, et faire apparaître leurs fréquences.

II.6.1/ Les facteurs influant sur la dégradation des ouvrages dans la région de Biskra

II.6.1.1/ Codification
Code 1 : Les facteurs liés à la nature des matériaux.
Code 2 : Les facteurs liés à la mise en œuvre.
Code 3 : Les facteurs liés à la conception.
Code 4 : Les facteurs liés au climat et à l’environnement.
Code 5 : Les facteurs liés aux conditions d’exploitation.
Code 6 : Les facteurs liés au manque d’entretien.

II.6.2.2/ Données et résultats obtenus


A / Les ouvrages à usage d’habitation

Tableau II.7 : Ouvrages dégradés à usage d’habitation dans la région de Biskra, [11].

Année de Année de Cause Facteurs


Ouvrage réalisation R+n dégradation principale de d’influence sur la
dégradation dégradation
90 -Mauvaise qualité
logements à 1975 R+2 1994 de béton.
Biskra
114 -Sol agressif.
logements à
Biskra (cité 1978 R+3 1995 Corrosion -Défauts de
Izdihar) conception
130 R+2 et (étanchéité)
logements à 1990 R+1 1997
Sidi Okba -Absence
d’entretien
100
logements à 1989 R+4 1993 -Sol agressif
Zeriba Tassement de
20 sol -Absence
logements à 2000 R+1 2003 d’entretien
El Kantara

47
Chapitre II Facteurs influant la durabilité des bétons en Algérie

Figure II.3 - Corrosion accélérée des amorces poteaux, [11]


[11].

Figure II.4 - Fissures à l’extérieur dues au tassement différentiel


différentiel, [11].

L’histogramme ci-dessous
dessous met en évidence la prépondérance de trois facteurs (manque
d’entretien 30%, mise en œuvre 25% et climat et l’environnement
environnement 20%)
20%), les autres
interviennent mais assez peu.
peu

(%) 30%
30
25%
25
20%
20
15%
15
10 7%
3%
5
0
1 2 3 4 5 6
Les facteurs

Figure II.5 - Les facteurs d'influence sur la dégradation des ouvrages d'habitation

48
Chapitre II Facteurs influant la durabilité des bétons en Algérie

B / Ouvrages publics

Tableau II.8 : Ouvrages publics dégradés dans la région de Biskra, [11].

Cause Facteurs
Ouvrage Année de R+n Année de principale de la d’influence sur
réalisation dégradation dégradation la dégradation

-Mauvaise qualité
du béton.
-Mauvaise
Lycée M. 1985 R+1 et 1994 Corrosion conception.
Bedjaoui à Al RDC -Sol agressif
Alia -Absence
d’entretien.
CEM Khaoula
la ville de 1978 R+1 2000 -Sol agressif
Biskra Tassement de
sol -Absence
Brigade de d’entretien
gendarmerie a 1989 R+2 1993
Zeribet El
Oued
-Mauvaise qualité
Groupe de béton
scolaire à Beb Dégradation -Défauts de mise
El- Darb 2000 R+1 2000 générale en œuvre et de
conception
-Mauvaise qualité
Mosquée el de béton
Ghaid Maidha -Défauts de
Années 70 RDC 1989 Corrosion conception et
absence
d’entretien

49
Chapitre II Facteurs influant la durabilité des bétons en Algérie

(%) 30%
30
25%
25
20%
20
15%
15

10
8%

5 2%

0
1 2 3 4 5 6

Les facteurs

Figure II.6 : Les facteurs d'influence


d'in sur la dégradation des ouvrages public
publics.

Dans les ouvrages publics, On constate d’après l’histogramme ci-dessus


us, la prépondérance
de quatre facteurs (manque d’entretien 15%, mise en œuvre 30%, climat et
l’environnement 25% et la conception 20%),
20%) la natures des matériaux et les conditions
d’exploitation interviennent mais assez peu.
peu

C/ Les Ponts
Le nombre de ponts sur les routes nationales de la wilaya de Biskra est très important
important, 79
ponts, y compris les dalots de longueur supérieure à 4 m.. Le nombre des ponts dégradés
selon le rapport des visites d'inspections
d'ins détaillées faites par le CTTP (contrôle technique
des travaux publics) en 1993 est de 22 ponts. Il est évident qu’actuellement
qu’actuellement, le nombre est
supérieur, et que les dégradations
dégradation relevées sont plus graves surtout pour ceux qui
présentaient des fissures
sures légères et qui n’ont pas été réparés.

50
Chapitre II Facteurs influant la durabilité des bétons en Algérie

II.7/ Conclusion
Suivant les études et les expertises munies par différents chercheurs et organismes
spécialisés en la matière, on peut conclure que les principaux facteurs qui influent sur la
durabilité du béton et des ouvrages en béton et béton armé en Algérie, sont essentiellement
liés à :

La qualité des matériaux


Les quelques études entreprises ont mis en évidence des lacunes et des manquements qui
ont des conséquences sur les performances du béton, et par voie de conséquence sur sa
durabilité, notamment à moyen et à long terme. Les règles de l’art permettant d’assurer les
qualités de fabrication et de mise en œuvre du béton ne sont pas systématiquement
observées dans la pratique sur les chantiers du bâtiment.

Climat et environnement
La zone maritime, qui génère des embruns marins et une importante humidité relative sur
l’ensemble de la bande côtière qui constitue le littoral, la zone chaude et semi-aride
concerne principalement la région des hauts plateaux, puis celle qui couvre le Sahara
correspondant à un climat très sec avec des températures élevées notamment en été. Pour
ce climat, la prédominance de la chaleur caractérisée par un fort gradient thermique est à
relever dans l’ensemble.

Concernant l’environnement, il y a lieu de relever la présence des chlorures sur tout le


littoral, la carbonatation dans les zones urbaines et industrielles, ce qui vas engendrer le
phénomène de la corrosion des armatures ainsi que l’existence de sulfates dans les sols
dans les régions du sud en particulier.

L’action sismique
A tous ces facteurs cités agissant sur la durabilité s’ajoute, les agressions des secousses
sismiques au nord du pays, qui provoque des fissures et des microfissures due aux
vibrations, ce qui facilite la pénétration des agents agressifs.

Il est utile de signaler d’autres facteurs de dégradation tels :

 Mauvaise conception
 Absence d’entretien

51
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUE POUR LE CHAPITRE II

[1] : K. EL HASSAR, M. KROUBI, A. SACI ONM « Zonage climatique pour la


réglementation thermique des bâtiments » / CNERIB /2004
[2] : Études d’expertises et élaboration des D.A.O. de réhabilitation de vingt-cinq (25)
ouvrages d’art. Document réalisé par : LCTP Hussein dey juin 2004
[3] : ACC «Dosage et contrôle des mélanges de bétons » Association Canadienne du
Ciment Canada 2004. p. 227 et 231 EB 101 07T.
[4] : Fiches techniques CIMBETON G11-10-2006 « Fabrication et mise en œuvre ».
[5] : « Bétonnage en climat chaud » Lafarges Ciments.
[6] : « Règlement Parasismique Algérien »version 1988 / CGS.
[7] : F. KHARCH S. BOUTAMINE « Etude critique de bétons fabriqués dans les
chantiers Algériens » / USTHB, 1994.
[8] : H. BATATA, M. IDIR : « Qualité des bétons produits dans la région du centre » /
CNERIB, 1996.
[9] : Y.BENNA ; S. AIT SAID : Contrôle de la qualité de la construction » CNERIB 2002
[10]: S. AIT SAID .Y. BENNA AH. BENOUA : Projet de recherche sur la durabilité,
intitulé de la phase « identification et analyse des facteurs influant sur la durabilité des
bétons en Algérie », CNERIB, octobre 2006.
[11] : S. HAOUAR1, A. GUETTALA : « Les facteurs d’influence sur la dégradation des
ouvrages en béton arme dans la région de Biskra », juin 2005, pp.109-116.
[12] : VICTOR DAVIDOVIC, Rapport de mission, Séisme de BOUMERDES, 21 mai
2003.
[13]: S. BEDJOU Y. BENNA M. BOUSRI A. BRARA S ; Projet de recherche sur la
durabilité, intitulé de la phase « Localisation des armatures corrodées dans une structure et
moyens de traitement», CNERIB mai 2006.
[14] : Jean-Marie GEOFFRAY : Qualité du béton : Essais, contrôles et vérifications,
édition science de l’ingénieur.
[15] : Jean-Marie GEOFFRAY : Béton hydraulique – Mise en œuvre, Rhéologie et
maturité des bétons ; science de l’ingénieur.
[16] : Stéphanie BONNET et Abdelhafid KHELIDJ : La durée de vie des ouvrages en
béton armé situés sur la façade atlantique Report N°2-1 « Concrète in marine
environment ».
[17] : RENAUT FAVRE, JEAN PAUL JACCOUD ET OLIVIER BURDET, Traité de
génie civil, dimensionnement des structures en béton. Volume 8.
[18] : PIERINO LESTUZZ, séismes et constructions, éléments pour non spécialistes.
Chapitre III
Approche performantielle de la durabilité du béton
Chapitre III Approche performantielle de la durabilité du béton

Introduction
Actuellement, dans les pays avancés (USA, UE…etc.), des travaux importants sont
consacrés au développement de nouvelles approches de la durabilité, afin d’accroitre la
durée de vie des structures en béton armé en faisant appel à des techniques les moins
chères que possible, avec l’utilisation croissante de formules de béton complexes,
incorporant par exemple des additions hydrauliques ou pouzzolaniques, une approche
performantielle semble particulièrement bien appropriée.

De telles approches ont été développées par plusieurs chercheurs et organismes. Elles sont
toutes basées sur des propriétés fondamentales des matériaux, des indicateurs de
durabilité et sur la spécification de critères performantiels adéquats relativement à ces
indicateurs. Elles font intervenir également des modèles prédictifs.
L’objectif est de concevoir des bétons susceptibles de protéger les ouvrages en béton armé
contre une dégradation donnée (par exemple la corrosion des armatures ou l’alcali
réaction….etc.) ; pour une durée de vie fixée et dans des conditions environnementales
données (par exemple celle des ouvrages maritimes…..etc.).

Les indicateurs de durabilité sont choisi sur la base, d’une part de leurs pertinence
théorique dans la quantification et la prévision de la durabilité (par exemple propriétés de
transport impliquées dans les équations fondamentales), et d’autre part, de leur aptitude à
être déterminés de façon fiable et facile, au moyen de méthodes de laboratoire bien
définies et reproductibles.

Nous proposons dans ce chapitre une synthèse générale de cette démarche avec une
adaptation au contexte de l’Algérie.

52
Chapitre III Approche performantielle de la durabilité du béton

III.1/ Contexte, intérêt et objectifs d’une approche performantielle


III.1.1/ Situation actuelle : Gestion du parc d’ouvrages
A l’heure actuelle, les opérations de surveillance des ouvrages ne font pas de détection
préventive du risque de corrosion.
Cette dernière est donc découverte lorsqu’elle se manifeste au grand jour. Des réparations
lourdes, délicates et coûteuses sont souvent nécessaires, alors qu’un entretien préventif
aurait pu les éviter. Leur fréquence est, de plus, néfaste du point de vue de la réputation et
de l’image des constructions en béton armé. En outre, de nouveaux désordres peuvent
apparaître à proximité des réparations effectuées quelques années auparavant.

De plus, les enseignements que l’on peut tirer de l’observation des ouvrages existants
dégradés ne sont pas complètement transposables aux ouvrages nouvellement construits en
raison des modifications de la réglementation, des différences de conception, ainsi que de
l’évolution des matériaux, des méthodes de construction et également des agents agressifs
(nature, fréquence, zones concernées...). En effet et comme évoqué précédemment, entre le
moment où un ouvrage est construit et le moment où des désordres dus à la corrosion des
armatures ou à l’alcali-réaction sont constatés visuellement, il peut s’écouler plusieurs
dizaines d’années, [52].

III.1.2/ Évolution des projets d’ouvrages, intérêt d’une approche performantielle


Les constatations (chapitre I) illustrent l’intérêt d’une approche performantielle, au-moins
dans le cadre de la prévention de la corrosion des armatures et de l’alcali-réaction et
d’autres processus de dégradation, où les règles portent essentiellement sur le résultat à
atteindre et laissent la liberté des moyens, dans une recherche de qualité croissante et afin
de concevoir des structures durables.
En effet, les formules de béton évoluent, avec par exemple l’utilisation de plus en plus
fréquente de bétons à hautes performances (BHP) et de bétons autoplaçants (BAP), ou plus
généralement le recours à des constituants non traditionnels tels que les superplastifiants ou
les sous-produits de l’industrie tels que les additions minérales. Ceci résulte d’un souci
croissant d’augmenter les performances à moindre coût, tout en préservant
l’environnement. Les types d’ouvrages évoluent également, de même que les durées de vie
spécifiées par rapport à la durée de vie de l’ordre de 50 ans classiquement exigée, [52].

III.1.3/ L’approche performantielle, avantages et contraintes


Cette nouvelle tendance de conception des ouvrages sur la base d’une approche
performantielle nécessite de prendre en compte, dès la phase de conception, le
comportement à long terme et de pouvoir spécifier, notamment pour les projets importants,
des critères performantiels sûrs et objectifs en matière de durabilité.

La phase de conception est en effet capitale : c’est à ce stade que l’on peut agir au
maximum sur le niveau de durabilité, en vue de limiter les dépenses de maintenance et
d’entretien futurs. Il est en effet toujours plus facile et moins coûteux d’optimiser la

53
Chapitre III Approche performantielle de la durabilité du béton

formule du béton, plutôt que de mettre en œuvre des moyens lourds et souvent d’efficacité
aléatoire lors de la construction ou lors des phases de réparation. Les critères
performantiels doivent être adaptés aux nouvelles exigences de durée de vie, aux
nouvelles méthodes de formulation des bétons et aux procédés de fabrication
(préfabrication, par exemple), mais aussi, au-delà de la technique, d’une manière générale,
aux objectifs économiques, environnementaux et sociaux spécifiques à chaque ouvrage,
quelle qu’en soit l’importance.

L’approche performantielle de la durabilité doit être appliquée pour la construction, mais


également pour la gestion (ultérieure) des ouvrages, [52].

III.1.4/ Nouvelle approche performantielle et prédictive de la durabilité


Cette approche a été développée pour la prévention de la corrosion des armatures et des
dégradations générées par l’alcali-réaction, en se plaçant au niveau du matériau béton, dans
le cadre du groupe de travail de l’association Française de Génie Civil (AFGC) :
Conception des bétons pour une durée de vie donnée des ouvrages – Indicateurs de
durabilité. Ce groupe rassemblait une vingtaine d’experts des laboratoires publics et privés,
des entreprises et des organismes techniques, ainsi que des maîtres d’ouvrage et des
maîtres d’œuvre. Le travail réalisé a donné lieu à la publication d’un document de
référence, [13].

Cette nouvelle approche de la durabilité offre à l’ingénieur (et au concepteur en général)


une « boîte à outils », c’est-à-dire une méthodologie complète, pour l’évaluation et la
prédiction de la durabilité. Elle fournit des réponses pratiques, applicables dès maintenant
sans attendre de nouveaux progrès scientifiques. Elle est basée sur des paramètres simples,
mais particulièrement pertinents pour quantifier les phénomènes et pour utiliser des outils
prédictifs.

III.1.5/ Etapes de la démarche performantielle


La démarche performantielle se déroule en général de la manière suivante

 Définition de la catégorie de l’ouvrage en déterminant son importance économique


et stratégique, en particulier en sélectionnant la durée de vie exigée,
 Définition des conditions environnementales incluant par exemple le type
d’agressivité, les variations de l’humidité,… etc
 Définition des risques de dégradation : corrosion des armatures, alcali réaction,…
 Choix des indicateurs de durabilité et des caractéristiques du matériau en fonction
des caractéristiques de l’ouvrage, de son environnement et des dispositions
constructives ;
 Sélection des spécifications relatives aux indicateurs de durabilité en fonction de
l’importance de l’ouvrage, du type d’environnement, de la durée de vie exigée et
des dispositions constructives ;

54
Chapitre III Approche performantielle de la durabilité du béton

 Réalisation des essais de laboratoire sur béton suivant un mode opératoire bien
déterminés, sur des éprouvettes conservées dans des conditions précises et pendant
une durée préconisée;
 Choix d’un modèle prédictif de durée de vie où les indicateurs de durabilité
paraissent comme des données d’entrée, [51].

III.2 / Durée de vie, définitions


La durabilité sous-entend un objectif de qualité orientant aussi bien la conception de
l’ouvrage que celle du matériau et sa mise en œuvre.
Il faut entendre par durée de vie, la durée de service sans précaution initiale particulière
(telle que protection cathodique, par exemple), sans entretien spécialisé et sans réparation
importante du gros œuvre ou de la structure. Elle correspond donc à un fonctionnement
normal et à une maintenance courante pour un niveau de service donné qui peut également
faire intervenir des considérations d’esthétique (propreté des parements).

III.3/ Indicateurs de durabilité et autres paramètres


III.3.1/ Définition des indicateurs de durabilité
Il s’agit de paramètres relatifs au matériau constitutif, (béton), qui apparaissent comme
fondamentaux pour l’évaluation et la prédiction de la durabilité du matériau et de la
structure vis-à-vis d’un ou de plusieurs processus de dégradation. Ils interviennent par
exemple dans les équations régissant les phénomènes et figurent parmi les données
d’entrée des modèles de prédiction de la durée de vie. Cette première condition permet
d’assurer leur pertinence théorique. Une seconde condition doit en outre être vérifiée : ces
paramètres doivent être facilement quantifiables à partir d’essais de laboratoire pratiqués
sur éprouvettes ou sur prélèvements, selon des modes opératoires bien définis et validés.
Les méthodes d’essai doivent de plus présenter une reproductibilité, une précision, une
simplicité et une rapidité adéquates.
Deux catégories d’indicateurs sont à distinguer, [13 et 52]. La première est celle des
indicateurs de durabilité généraux, qui sont valables pour différents types de dégradation
(corrosion des armatures, alcali-réaction...etc.). La deuxième catégorie est celle des
indicateurs spécifiques relatifs à un processus de dégradation donné, par exemple l’alcali-
réaction ou le gel.
En outre, la détermination directe de certains indicateurs de durabilité généraux pourra être
remplacée par celle d’indicateurs de substitution.

III.3.2/ Indicateurs de durabilité généraux sélectionnés


Les indicateurs de durabilité généraux que l’on peut sélectionner selon les critères
explicités ci-dessus, sont les suivants

— Porosité accessible à l’eau;


— Coefficient de diffusion (apparent ou effectif) des ions chlorure;

55
Chapitre III Approche performantielle de la durabilité du béton

— Perméabilité aux gaz;


— Perméabilité à l’eau liquide;
— Teneur en portlandite Ca(OH)2 (initiale, dans le cas d’un matériau carbonatable).

Ce panel d’indicateurs de durabilité généraux constitue un ensemble de paramètres non


redondants. Néanmoins, la détermination de l’ensemble de ces paramètres n’est pas
systématiquement nécessaire.
Dans cette liste, les paramètres à déterminer effectivement dépendront des dégradations
prévisibles, de l’environnement, du cas pratique étudié...etc. Ceci est illustré par les
paramètres impliqués dans les spécifications selon le cas considéré ou encore par ceux
requis par les modèles prédictifs.

III.3.3/ Indicateurs de durabilité spécifiques, sélection et justification


Selon le processus de dégradation considéré, il peut s’avérer nécessaire de compléter le
panel d’indicateurs généraux par des indicateurs spécifiques à ce processus à titre
d’exemple, pour la prévention des dégradations dues au gel, les caractéristiques du réseau
de bulles d’air (en particulier le facteur d’espacement : demi-distance entre deux bulles
voisines) semblent être un indicateur spécifique pertinent, [10 et 29]. En effet, ces
caractéristiques peuvent se révéler au moins aussi importantes que les caractéristiques du
réseau poreux, vis-à-vis du gel, selon le type de béton considéré et la quantité d’air
entraîné. Dans le cas de la prévention des dégradations dues à l’alcali-réaction, les
indicateurs spécifiques, [13], concernent deux échelles d’observation.

● Indicateurs chimiques microscopiques (relatifs aux constituants du béton)


Quantité de silice libérée par les granulats en fonction du temps (cinétique), pour
l’évaluation de la réactivité des granulats et la concentration en alcalins équivalents
(Na2Oéq) actifs de la solution interstitielle (où [Na2Oéq] = [Na2O] + 0,658 [K2O]). Le rôle
primordial des alcalins actifs, c’est-à-dire ceux dosés dans le filtrat d’une attaque sélective,
dans le développement d’une alcali-réaction a en effet été démontré. Le moyen le plus
simple d’accéder à cet indicateur est d’effectuer un bilan des alcalins.
On notera que le recours à cet indicateur n’est nécessaire que dans le cas de granulats peu
réactifs (PR), [13].

● Indicateur global et macroscopique (relatif au béton durci)


Déformations de gonflement d’éprouvettes en béton (« essai de performance » d’une
formule de béton vis-à-vis de l’alcali réaction, faisant l’objet de la norme NF P 18-454. Cet
indicateur est requis seulement dans certains cas.

56
Chapitre III Approche performantielle de la durabilité du béton

III.3.4 / Indicateurs de substitution, fonctions et sélection


La nouvelle approche de la durabilité ayant pour vocation de rester très souple et
modulable afin de s’adapter aux besoins de chaque utilisateur, il peut être envisagé de
remplacer la détermination directe de certains des indicateurs de durabilité généraux par
celle d’indicateurs de substitution. Ce pourra notamment être le cas pour des paramètres
plus faciles à déterminer ou tout au moins accessibles par des méthodes d’essai pratiquées
plus couramment dans certains laboratoires, ou bien pour des paramètres plus adaptés au
problème posé ou aux modèles mis en œuvre, ou encore lorsque des méthodes fournissant
des données complémentaires aux indicateurs généraux sont requises, [52].

Les indicateurs de substitution pourront soit être utilisés directement (notamment pour
un simple classement de bétons, sous réserve qu’un système de classement soit disponible),
soit permettre via des méthodes indirectes d’accéder aux indicateurs de durabilité généraux
proposés.
On peut classer parmi les indicateurs de substitution, les paramètres suivants :

— Porosité accessible au mercure;


— Résistivité électrique;
— Quantité d’électricité mesurée selon l’essai AASHTO (Norme ASTM C 1202);
— Coefficient de diffusion du CO2 (ou de l’O2) dans les matériaux carbonatés;
— Coefficient de diffusion de l’eau tritiée;
—Coefficient d’absorption capillaire ou sorptivité.

III.3.5/ Caractéristiques de base, définition et sélection


Il existe des paramètres qui, même s’ils ne sont pas directement liés à la notion de
durabilité et ne constituent par exemple pas des données d’entrée pour les modèles de
prédiction de la durée de vie, n’en demeurent pas moins des paramètres indispensables à
une bonne caractérisation du matériau et à l’évaluation de sa qualité. Dans l’approche
proposée, ces paramètres porteront à la dénomination de caractéristiques de base.
Il semble judicieux de préconiser la détermination systématique de ces caractéristiques de
base pour toute étude de durabilité.

Ainsi, la résistance caractéristique (ou moyenne) à la compression devra être déterminée


(conformément aux normes en vigueur) à l’échéance de 28 jours pour toutes les formules,
et également à 90 jours dans certains cas (en présence de quantités importantes de laitiers
et/ou d’additions pouzzolaniques, par exemple).

III.3.6/ Paramètres complémentaires, définition


Suivant le problème considéré, outre les caractéristiques de base et les indicateurs de
durabilité précédemment définis, la détermination de paramètres complémentaires peut
s’avérer nécessaire. La détermination de ces paramètres complémentaires peut ainsi être
requise lorsque la méthode choisie pour l’évaluation de certains indicateurs est indirecte,
ou lorsque ces paramètres figurent parmi les données d’entrée d’un modèle prédictif que
57
Chapitre III Approche performantielle de la durabilité du béton

l’on souhaite mettre en œuvre, ou encore, de façon plus générale, pour aider à
l’interprétation (par exemple, confirmation d’une tendance), voire à la prévision de la
durabilité.
Le nombre de paramètres complémentaires à déterminer dépendra du problème posé,
notamment des spécificités de la formule de béton, de la catégorie de l’ouvrage et de son
environnement, de la durée de vie exigée par le maître d’ouvrage et de ses exigences
particulières.

Exemple: Il peut devenir indispensable de quantifier plusieurs paramètres


complémentaires dans le cas d’un ouvrage spécial avec un niveau d’exigence élevé (durée
de vie supérieure à 120 ans).

En tout état de cause, les paramètres complémentaires à déterminer seront fonction des
moyens (dispositifs d’essais), du temps et du budget disponibles.

III.4/ Justification du choix des indicateurs de durabilité généraux


III.4.1/ Importance de la porosité accessible à l’eau
La porosité accessible à l’eau est un paramètre de premier ordre dans l’évaluation et la
prévision de la durabilité. Elle est en effet un indicateur de la qualité du matériau. Ce
paramètre est plutôt bien corrélé avec la résistance moyenne à la compression : quand la
porosité diminue [du fait de la diminution du rapport eau sur ciment (E/C), de l’ajout
d’ultrafines...], la résistance augmente. De plus, la porosité accessible à l’eau reste
toutefois un paramètre global, pas toujours suffisamment discriminant.

III.4.2/ Importance des propriétés de transport


La dépassivation des armatures, et de là un éventuel démarrage de leur corrosion, est
initiée lorsque le front de carbonatation ou de pénétration des ions chlorure a traversé le
béton d’enrobage et atteint le premier lit d’armatures. Ceci signifie que les propriétés de
transport du béton (perméabilité et coefficient de diffusion) vont jouer un rôle clé dans
l’évaluation et la prédiction de la durabilité des ouvrages. Dans le cas de la corrosion des
armatures, le transport de l’eau, du dioxyde de carbone, de l’oxygène et, éventuellement,
des ions chlorure s’ils sont présents entrent en jeu.
De façon plus générale, la durabilité est très souvent liée à l’aptitude du matériau à résister
à la pénétration d’agents agressifs. En outre, tout mécanisme de dégradation, même interne
au béton, fait intervenir un processus de transport en phase gazeuse ou en phase liquide, au
moins de molécules d’eau et le cas échéant d’ions, tels que par exemple, alcalins, calcium
et silicates dans le cas de l’alcali-réaction.

Ainsi, leur rôle majeur dans tout processus physico-chimique à l’origine de dégradations
justifie, d’un point de vue théorique, d’inclure des propriétés de transport dans la palette
d’indicateurs sélectionnés, comme l’illustrent les paragraphes suivants.

58
Chapitre III Approche performantielle de la durabilité du béton

III.4.2.1/ Coefficients de diffusion des ions chlorures


III.4.2.1.1/ Processus de diffusion
La diffusion résulte de l’agitation aléatoire d’espèces (molécules ou ions) soumises à un
gradient de potentiel chimique (concentration, dans le cas des ions). La cinétique de
diffusion dépend de la dimension des molécules ou des ions diffusants. À l’échelle
macroscopique, le coefficient de diffusion est fonction de la porosité totale et peut
également être influencé par la fissuration. Si la fissuration est peu intense, on constate que
l’influence sur la diffusion reste limitée.

En présence d’une microfissuration uniformément répartie et traversante, le coefficient de


diffusion subit une évolution significative, mais qui reste faible par comparaison avec la
perméabilité qui peut augmenter de plusieurs ordres de grandeur.

De nombreuses espèces chimiques potentiellement agressives pour le béton ou les


armatures pénètrent dans le béton et/ou transitent dans sa phase liquide interstitielle par
diffusion. Pour ce qui concerne l’alcali-réaction, au démarrage de la réaction, les différents
ions impliqués sont présents sur les sites réactionnels. Cependant, au fur et à mesure de
leur consommation, le renouvellement de ces ions sur les sites nécessite un apport par
diffusion au sein de la solution interstitielle. La détermination d’un coefficient de diffusion
est donc de première importance. De même, en conditions saturées, quand la concentration
en ions chlorure est plus élevée dans le milieu environnant que dans le béton, le gradient de
concentration induit une pénétration et la progression de ces ions par diffusion dans la
phase liquide interstitielle du béton. Comme évoqué précédemment, ces ions ont un impact
direct sur la corrosion des armatures.

De plus, la détermination du coefficient de diffusion des ions chlorure fait l’objet de modes
opératoires. Il apparaît donc judicieux de sélectionner le coefficient de diffusion des ions
chlorure pour quantifier l’aptitude à la diffusion ionique du béton.

III.4.2.1.2/ Coefficient de diffusion effectif des ions chlorure


Si l’on néglige les interactions électriques entre les chlorures et les autres ions présents, le
processus de diffusion est décrit par la première loi de Fick : si les ions se déplacent
suivant une direction perpendiculaire à la surface d’entrée dans un milieu homogène, le
flux massique J (en kg · m–2 · s–1), représentant la quantité d’ions se déplaçant à travers une
unité de surface de béton pendant une seconde, est donné par :

…………………(III.1)

Avec :
Deff : le coefficient de diffusion effectif des ions chlorure dans le matériau (en m2 · s–1).

59
Chapitre III Approche performantielle de la durabilité du béton

Cf : la concentration en chlorures « libres », c’est-à-dire solubles dans l’eau, de la solution


interstitielle (en kg · m–3), à la profondeur x et au temps t.

Le coefficient de diffusion effectif est fonction non seulement du matériau (composition,


âge, degré de saturation, état de carbonatation, fissuration...), mais également des
conditions environnementales (concentration en chlorures, température,...). Des relations
empiriques Deff = f (T, [CI–]...) ont été proposées dans la littérature.

III.4.2.1.3 / Coefficient de diffusion apparent des ions chlorure


En tenant compte de la loi de conservation de la masse, on obtient la seconde loi de Fick,
qui s’écrit, lorsque le coefficient de diffusion effectif est constant, de la façon suivante :

…………………(III.2)

Avec : Dapp : Coefficient de diffusion apparent des ions chlorure dans le matériau (m2 · s -1)
C’est cette équation ci-dessus qui est généralement utilisée pour décrire la pénétration des
chlorures par diffusion dans le béton saturé en régime non stationnaire, [9 et 42].

III.4.2.1.4/ Relation entre coefficients de diffusion effectif et apparent des ions


chlorure
Les deux coefficients de diffusion Deff et Dapp sont liés par la formule ci-dessous, faisant
intervenir notamment la pente de l’isotherme d’interaction chlorures-matrice mb = f (cf) et
la porosité du matériau :

…………………..(III.3)

Avec :
Φ : La porosité du matériau accessible aux chlorures (en m3 · m–3),
mb : La masse de chlorures liés à la matrice par unité de masse de solide sec (en kg · kg–1),
ρ : La masse volumique apparente du matériau à l’état sec (en kg · m–3), la pente de
l’isotherme d’interaction chlorures-matrice (appelée capacité de fixation ou encore
coefficient de partage).
Dans l’hypothèse où la capacité de fixation kd est constante, celle-ci peut être évaluée de
façon simple à partir des paramètres de formulation, [22]. Dans le cas général, l’isotherme
n’étant pas linéaire, kd n’est pas constante. La capacité de fixation peut alors être obtenue
expérimentalement selon les méthodes proposées, ou encore par calcul à partir des
paramètres de formulation, [34 et 35], où le calcul est basé sur une isotherme de
Langmuir).

60
Chapitre III Approche performantielle de la durabilité du béton

III.4.2.2/ Perméabilité aux gaz et aux liquides


La perméabilité quantifie l’aptitude d’un matériau à se laisser traverser par un fluide sous
gradient de pression totale (i.e. selon la loi de Darcy). La vitesse de filtration V (en m · s–1)
d’un fluide régie par la loi de Darcy s’écrit, en négligeant les effets de gravité et les effets
dynamiques, selon :

…………………(III.4)

Avec :
V : le gradient de pression auquel est soumis l’échantillon de matériau,
kr (s) : la perméabilité relative au fluide (qui est fonction du taux de saturation en eau
liquide s),
η : la viscosité dynamique du fluide,
K : la perméabilité intrinsèque du matériau qui est théoriquement indépendante des phases
saturantes.

La perméabilité apparente (K · kr (S)/η) dépend donc des caractéristiques du fluide, du


réseau poreux du matériau (distribution des volumes poreux, connectivité...) et également
de l’état hydrique de l’éprouvette ou de la structure considérée. Ainsi par exemple, la
perméabilité aux gaz d’une éprouvette de béton augmente quand le taux de saturation en
eau moyen diminue, [1, 42, 59 et 83].

La perméabilité dépend également de l’état de (micro)fissuration, bien que la corrélation


entre ces deux paramètres ne soit pas clairement établie. Le degré de connectivité,
l’ouverture, ainsi que la rugosité des lèvres de la fissure interviennent, comme le montrent
les résultats d’essais reportés dans la littérature (où la fissuration est provoquée
volontairement par un chargement mécanique, [31, 32, 39 et 47]. Lorsqu’un matériau est
fissuré, ce sont les fissures qui contrôlent l’écoulement du gaz sous gradient de pression
totale. La perméabilité peut alors augmenter de plusieurs ordres de grandeur par rapport à
celle du matériau non fissuré.
Toutefois, l’influence des fissures ne devient prépondérante devant celle du taux de
saturation que lorsque les fissures sont suffisamment ouvertes (> 10μm).
Lorsque les transferts de fluide dans le béton sont susceptibles d’avoir lieu sous forme
gazeuse et liquide, il est important de quantifier à la fois la perméabilité apparente aux gaz
et celle aux liquides (notamment à l’eau).

61
Chapitre III Approche performantielle de la durabilité du béton

III.4.2.3/ Synthèse
La perméabilité (apparente ou intrinsèque) et le coefficient de diffusion des chlorures
(effectif ou apparent) apparaissent donc comme des paramètres fondamentaux dans les lois
théoriques qui régissent les transferts de fluide dans les bétons.
De plus, ces paramètres sont accessibles expérimentalement à partir d’essais de laboratoire,
par des méthodes bien précises.
Au titre de la pertinence théorique dans la quantification et la prévision de la durabilité du
béton, et au titre de l’accessibilité expérimentale, il est donc justifié de qualifier ces
paramètres d’indicateurs de durabilité.

III.4.3/ Pertinence de la teneur en portlandite Ca(OH)2


La portlandite est très sensible aux agressions chimiques (en particulier aux attaques acides
qui provoquent une lixiviation) à cause de sa forte solubilité (S = 1,36 × 10–2 mol · l–1
à T = 25 oC). La portlandite a dans ce cas un rôle négatif.

De même, le rôle du calcium est unanimement reconnu dans la formation des produits
d’alcali-réaction. Sans ion calcium, la dissolution de la silice n’entraîne pas de désordre.
Plus précisément, les cristaux de portlandite présents dans la pâte de ciment durcie
interviennent dans l’alcali-réaction comme une réserve en ions calcium, permettant de
réapprovisionner la solution (par dissolution) au fur et à mesure de la consommation des
ions calcium par la précipitation des produits d’alcali-réaction.

La nocivité de ces produits est en grande partie imputable au calcium. Dans le cas de
l’alcali-réaction, la portlandite a donc un rôle négatif. À ce titre, la teneur en portlandite est
un indicateur important pour la prévision de la durabilité d’un béton vis-à-vis de l’alcali-
réaction. On notera toutefois qu’il peut se former des silicates de calcium hydratés (C-S-H)
ou des silicates doubles de calcium et de potassium hydratés (C-K-S-H) qui ne soient pas
expansifs en présence de calcium. De plus, il s’avère que les gels des « pop-outs »
essentiellement alcalins sont expansifs, [25].

Le pH élevé de la solution interstitielle du béton (pH ≈ 13,5) est dû à la présence d’ions


OH– provenant des bases alcalines NaOH et surtout KOH, et de la portlandite. En effet, la
portlandite est capable de tamponner la solution interstitielle à un pH de 12,5 jusqu’à
dissolution complète. La réserve basique que constituent les cristaux de portlandite est
donc primordiale pour assurer et maintenir la passivation des armatures au cours du temps.
À ce titre, la teneur en portlandite a un rôle positif et est un indicateur de durabilité
important vis-à-vis de la protection des armatures. La teneur initiale en portlandite est une
donnée d’entrée de la plupart des modèles de carbonatation du béton. On notera que la
teneur en portlandite d’un matériau sain est directement liée au type de ciment utilisé.
Outre vis-à-vis de la durabilité à long terme, cet indicateur joue également un rôle
important au jeune âge, il est par exemple linéairement lié au degré d’hydratation et aux
déformations endogènes.

62
Chapitre III Approche performantielle de la durabilité du béton

III.5/ Justification du choix des indicateurs de substitution


III.5.1/ Porosité accessible au mercure
Il peut être intéressant de mesurer la porosité par intrusion de mercure car cette dernière
technique donne, outre la porosité, accès aux paramètres complémentaires très utiles que
sont les caractéristiques de la structure poreuse telles que la distribution des volumes
poreux en fonction du rayon des pores ou encore le diamètre des pores critique. La
porosimétrie par intrusion de mercure constitue donc l’un des principaux outils
d’investigation de la structure poreuse des bétons.

III.5.2/ Résistivité électrique


Dans un béton saturé en eau, le courant électrique se propage essentiellement via l’espace
poreux saturé. En l’absence de carbonatation et de chlorures, l’influence de la composition
chimique de la solution interstitielle sur la résistivité électrique reste faible, si la solution
reste alcaline. En effet, aux fortes valeurs de pH, la résistivité de la solution interstitielle se
situe dans la fourchette 0,3 à 1,0 Ω · m. Cette valeur est très faible comparativement à celle
d’un béton saturé par cette même solution, qui, après plusieurs jours d’hydratation, atteint
plusieurs Ω · m. Le paramètre prépondérant est donc la connectivité du réseau poreux.
La mesure de la résistivité électrique constitue donc un moyen simple de caractériser de
façon indirecte la connectivité du réseau poreux d’un milieu saturé. En outre, plus la
porosité est élevée, plus la résistivité est faible, du fait d’une plus grande fraction
volumique de pores occupée par la phase liquide interstitielle. La résistivité électrique
caractérise donc également le volume des pores. La résistivité d’un béton saturé en eau est
dépendante de la présence de carbonatation ou de chlorures. En effet, quand le béton se
carbonate, la solution interstitielle est beaucoup plus diluée et la résistivité de celle-ci peut
augmenter significativement. A contrario, dans un béton contaminé par les chlorures, la
présence de ces ions abaisse la résistivité de la solution par rapport à des valeurs typiques
de milieu alcalin.
La résistivité électrique d’un béton sain, saturé en eau, est inversement proportionnelle au
coefficient de diffusion effectif des chlorures.

La mesure de la résistivité électrique constitue donc un moyen simple de déterminer le


coefficient de diffusion effectif des ions chlorure sans mesure directe de ce dernier.
On peut mesurer la résistivité électrique sur n'importe quel type d'éprouvette (cylindres ou
cubes), par exemple sur des éprouvettes identiques à celles utilisées pour la mesure de la
résistance mécanique à la compression. Les éprouvettes doivent être saturées en eau.

La mesure consiste à disposer deux électrodes sur les faces parallèles de l’échantillon
avec des éponges humides pour faciliter le contact électrode-béton, [23]. On applique
alors une différence de potentiel électrique et on mesure le courant induit. La résistivité
électrique est calculée par la loi d’Ohm.

63
Chapitre III Approche performantielle de la durabilité du béton

………………………(III.5)

où E : Différence de potentiel électrique,


I : Intensité du courant,
A : Section transversale des électrodes,
L : Distance entre électrodes ou hauteur de l'échantillon.

Il est possible également d’accéder à la perméabilité aux liquides en appliquant la relation


de Katz-Thompson, via le diamètre des pores critique et le facteur de formation qui peut
s’exprimer soit comme un rapport de résistivités électriques, soit comme un rapport de
coefficients de diffusion, [24].
Par ailleurs, des modèles prédictifs ont été développés sur la base de ce paramètre (voir le
modèle développé par Andrade et al [6], dont le paramètre d’entrée principal est la
résistivité électrique).

La résistivité électrique est calculée à partir de la loi d’Ohm. La mesure est très simple et
peut se pratiquer en laboratoire sur n’importe quel type d’éprouvettes (saturées en eau), à
l’aide d’un courant continu ou alternatif. Il s’agit d’une mesure semi-destructive qui peut
être réalisée en temps réel dès le jeune âge. Elle peut donc permettre de caractériser en
continu le processus d’hydratation ou encore d’évaluer l’évolution de la résistivité
électrique en fonction de l’âge ou du degré d’hydratation.

III.5.3/ Quantité d’électricité selon l’essai AASHTO


La mesure de la quantité d’électricité selon l’essai AASHTO (Norme ASTM C 1202) est
encore beaucoup pratiquée aujourd’hui pour évaluer l’aptitude d’un béton à se laisser
pénétrer par les chlorures.
Un système de classes existe, permettant un classement « qualitatif » des formules de béton
(Norme ASTM C 1202). Cet essai peut donc éventuellement être utilisé à la place de la
détermination d’un coefficient de diffusion des chlorures, lorsque seule une information
qualitative (dans un but comparatif) est recherchée. On notera toutefois que même dans ces
conditions, la signification et l’interprétation du résultat de l’essai, et donc l’utilité du
résultat, peuvent être sujets à caution.

III.5.4/ Coefficient de diffusion du CO2 dans les matériaux carbonatés


Le coefficient de diffusion du CO2 (dans un matériau carbonaté) est très pertinent d’un
point de vue théorique, car il apparaît dans les équations décrivant le processus de
carbonatation en milieu poreux non saturé. Pour la prévention de la corrosion induite par la
carbonatation, et en particulier pour les modèles prédictifs de carbonatation, ce paramètre
peut donc être utilisé préférentiellement au coefficient de diffusion des chlorures.
Cependant, bien que des dispositifs de mesure du coefficient de diffusion du CO2, sur
matériaux carbonatés, aient été mis au point dans différents laboratoires, il n’existe pas

64
Chapitre III Approche performantielle de la durabilité du béton

encore de méthode de mesure validée sur béton durci de ce paramètre. Ce dernier ne peut
donc être retenu qu’en tant qu’indicateur de substitution.

III.5.5/ Coefficient de diffusion de l’eau tritiée


Selon le problème à traiter et afin d’obtenir une bonne adéquation processus physico-
chimiques/matériau/méthode d’essai, d’autres espèces que les ions chlorure peuvent être
choisies dans l’objectif de quantifier l’aptitude à la diffusion. Ainsi, dans le cas des bétons
à ultra-hautes performances fibrés (BFUP), c’est le coefficient de diffusion de l’eau tritiée
(Sous forme chimiquement pure, l’eau tritiée est une forme d'eau dans laquelle les atomes
d'hydrogène ont été remplacés par du tritium), qui devra être déterminé, [2].

III.5.6/ Coefficient d’absorption capillaire ou sorptivité


D’un point de vue théorique, le coefficient d’absorption capillaire (ou encore la sorptivité)
est pertinent, car l’absorption capillaire est le principal processus contrôlant la vitesse de
pénétration de l’eau (contenant éventuellement des ions chlorures, sulfates...) en conditions
partiellement saturées. De plus, les expériences sont très simples à réaliser, [3]. Cependant,
le coefficient issu des expériences fait intervenir des mécanismes physico-chimiques
complexes, rendant l’interprétation difficile (le coefficient d’absorption capillaire n’est pas
une « pure » propriété de transport).
L’information qu’il apporte sur le matériau peut apparaître redondante avec celle fournie
par le panel d’indicateurs de durabilité généraux sélectionnés, [10], et moins facilement
utilisable d’un point de vue quantitatif et prédictif.

III.6/ Méthodes de détermination des indicateurs de durabilité généraux


III.6.1/ Remarques préliminaires
Les méthodes de mesure directes disponibles pour quantifier les indicateurs de durabilité
généraux et les indicateurs spécifiques à l’alcali-réaction, ainsi que les essais utilisables
pour quantifier des paramètres permettant d’accéder indirectement aux indicateurs de
durabilité généraux, sont synthétisés dans le tableau III.1, avec leur précision et les délais
d’obtention des résultats.

Les méthodes qui vont être décrites ici sont pour la plupart relatives à des essais de
laboratoire conventionnels dont les conditions peuvent paraître éloignées de la réalité in
situ. Cependant, ces méthodes ont l’avantage de se référer à des essais praticables par la
majorité des laboratoires, dans des conditions bien définies et sur lesquels il existe un
consensus à l’heure actuelle en France et dans d’autres pays. Ces méthodes permettent de
quantifier les paramètres de manière aussi fiable, répétable et reproductible que possible
avec les moyens actuellement disponibles.

65
Chapitre III Approche performantielle de la durabilité du béton

Tableau III.1 – Méthodes de mesure directes des indicateurs de durabilité et méthodes de


mesure des paramètres requis pour l’application des méthodes indirectes, d’après, [13].

Paramètre à (1) Durée totale Précision


Délai
déterminer Méthode (2) (3)
de l’essai de la mesure
Indicateurs de durabilité généraux
Porosité accessible à Pesée hydrostatique 15 jours 3,5 mois 1,5 %
l’eau (%)
Migration en régime 15 % de la valeur
stationnaire 15 jours 4 mois moyenne
Coefficient
apparent ou effectif Migration en régime 15 % de la valeur
de diffusion des non stationnaire 1 semaine 3,5 mois moyenne
2
chlorures (m · s–1)
Diffusion en régime 15 % de la
non stationnaire 3mois 6 mois valeur
moyenne
Perméabilité
apparente aux gaz CEMBUREAU 45 jours 4,5 mois 30 %
2
(m )
Perméabilité à l’eau Perméamètre à eau sous 1 ordre de
2 pression 15 jours 3,5 mois grandeur
liquide (m )
Teneur en Ca(OH)2 ATD 1 semaine 3,5 mois 1,5 %
(% massique)
Analyse chimique 1 semaine 3,5 mois 2%

Paramètres requis pour l’application des méthodes indirectes


Caractéristiques de Mesures par
la structure poreuse 15 jours 3,5 mois 1,5 %
intrusion de mercure
Résistivité électrique Méthode proposée 10 % de la
(Ω · m) dans [6] 1 semaine 3,5 mois valeur moyenne

Isothermes de Méthode des solutions 10 % de la valeur


sorption de vapeur salines saturées 6 mois 9 mois moyenne
d’eau
Isothermes Par exemple, test 10 % de la valeur
d’interaction d’immersion 2 mois 5 mois moyenne
matrice-chlorures

(1) Ce délai peut varier dans une marge de quelques jours en fonction du matériau testé.

(2) Incluant la durée de cure (3 mois).

(3) La précision dépend de l’essai considéré et éventuellement de la formule de béton. Les


valeurs indiquées sont basées sur les résultats de campagnes inter-laboratoires et d’essais
de répétitivité menés sur des éprouvettes de laboratoire. Ces valeurs sont susceptibles
d’évoluer en fonction des avancées des groupes travaillant spécifiquement sur le sujet.

66
Chapitre III Approche performantielle de la durabilité du béton

III.6.2/ Porosité accessible à l’eau


Parmi les méthodes à disposition, la détermination de la porosité accessible à l’eau par
pesée hydrostatique est une mesure simple et praticable sur une large variété de matériaux.
Elle présente de plus l’avantage d’être largement connue et de longue date. On dispose
donc d’éléments sur sa reproductibilité. Ces critères contribuent à justifier la sélection de la
porosité accessible à l’eau parmi les indicateurs de durabilité. De plus, cette méthode étant
certainement la plus simple parmi toutes celles permettant d’accéder aux différents
indicateurs de durabilité, les spécifications proposées sont préférentiellement basées sur la
porosité à l’eau.
Les mesures sont réalisables selon le mode opératoire recommandé par l’AFPC-AFREM :
détermination de la masse volumique apparente et de la porosité accessible à l’eau, [3].
L’essai comprend les étapes suivantes : saturation en eau sous vide, pesée hydrostatique et
étuvage à T = 105 ± 5 oC jusqu’à stabilisation de la masse, c’est-à-dire lorsque deux pesées
consécutives espacées de 24 heures ne diffèrent pas de plus de 0,05 %.

Il est possible également de déterminer le profil de porosité accessible à l’eau d’une


éprouvette, et a fortiori la valeur moyenne sur l’ensemble de l’éprouvette, par des mesures
de gammadensimétrie, [14]. Le principe et le mode opératoire de cet essai semi-destructif
sont décrits, ainsi que sa méthode de calcul est explicitée, [49 et 11].

Figure. III.1 : Essai de porosité accessible à l’eau, [3].

III.6.3/ Coefficients de diffusion des ions chlorure (en conditions saturées)


III.6.3.1/ Remarques préliminaires
Dans de nombreux cas réels, les chlorures pénètrent dans le béton alors que celui-ci n’est
pas saturé. Cependant, les méthodes existant à la date de rédaction de cet article pour
déterminer un coefficient de diffusion des chlorures en laboratoire en conditions
partiellement saturées, [21], sont trop peu répandues pour pouvoir être proposées dans le
cadre de l’approche décrite ici. Il faut donc plutôt se tourner vers des méthodes en
conditions saturées pour déterminer un coefficient de diffusion des chlorures.

67
Chapitre III Approche performantielle de la durabilité du béton

En conditions saturées, le coefficient de diffusion des chlorures peut être déterminé à partir
d’un essai de diffusion naturelle ou de migration sous champ électrique, en régime
stationnaire ou non stationnaire. Il n’existe pas à l’heure actuelle de méthode de mesure
appliquée unanimement par l’ensemble de la communauté scientifique pour déterminer ce
coefficient. Plusieurs techniques expérimentales et méthodes de calcul existent et elles ont
chacune leurs « adeptes ».

Il est primordial de distinguer si la méthode appliquée (essai + calcul) conduit à un


coefficient de diffusion effectif Deff ou apparent Dapp. En outre, il est important de préciser
que les résultats obtenus avec les différentes méthodes sont très dépendants des conditions
d’essai (composition chimique de la solution diffusante, temps de contact...). Il faut de ce
fait être attentif à la signification des résultats d’une mesure avant de les utiliser pour
l’évaluation de la durabilité et en particulier pour des calculs de prédiction, sinon il peut en
résulter des erreurs importantes.
Lorsque ces précautions sont respectées, on constate une bonne cohérence entre les
différentes méthodes, comme illustré dans les références [5 et 9], pour différents bétons.

III.6.3.2/ Essais de diffusion

■Le coefficient de diffusion effectif des ions chlorure peut être directement obtenu à partir
d’un essai de diffusion en régime stationnaire, en appliquant la première loi de Fick. Il est
à préciser que ces essais sont particulièrement longs et deviennent donc impraticables avec
des matériaux peu poreux.

■Le coefficient de diffusion apparent peut être directement obtenu à partir d’un essai de
diffusion en régime non stationnaire en appliquant la seconde loi de Fick pour l’analyse
des profils obtenus expérimentalement.

■Il est possible de déduire l’un des coefficients à partir de l’autre si l’on a quantifié en plus
la porosité du matériau et les interactions chlorures-matrice, par exemple à partir de la
détermination expérimentale de l’isotherme d’interaction.

III.6.3.3/ Essais de migration sous champ électrique


Les essais de migration sous champ électrique présentent l’avantage d’être plus rapides que
les essais de diffusion. Différentes techniques expérimentales et méthodes sont présentées
en détails avec leurs avantages respectifs dans la référence, [13].

■Le coefficient de diffusion effectif des ions chlorure peut être déterminé directement à
partir d’un essai de migration sous champ électrique en régime stationnaire. Le coefficient
de diffusion peut être calculé soit à partir de la solution de la cellule aval initialement
exempte de chlorures (par dosages des chlorures, [5 et 11], ou par mesure de la
conductivité électrique, [17]), soit à partir de la solution de la cellule amont (par dosages
des chlorures [46]).

68
Chapitre III Approche performantielle de la durabilité du béton

■Le coefficient de diffusion apparent peut être directement obtenu à partir d’un essai de
migration en régime non stationnaire. La méthode proposée par Tang & Nilsson, [43], en
1992 est la plus appliquée.

Elle a depuis, fait l’objet d’un mode opératoire standardisé dans les pays nordiques. L’essai
est très rapide et répétable, [45].

Le coefficient de diffusion apparent peut également être obtenu à partir d’un essai de
migration en régime stationnaire, lorsque les mesures sont effectuées dans la cellule aval
(titrages ou conductivité).
La méthode consiste à identifier le temps Tlag, associé à l’intersection de la droite de
tendance correspondant au régime stationnaire avec l’axe des temps [5, 9 et 17].

■De même que dans le cas de la diffusion, il est possible de déduire l’un des coefficients à
partir de l’autre, [9], si l’on a quantifié en plus la porosité et les interactions chlorures-
matrice, ou en utilisant des formules théoriques ou empiriques prenant en compte ou non
les interactions, [15, 17, 20 et 44]. Il est à noter que les interactions intervenant au cours
d’un essai de diffusion, d’une part, et d’un essai de migration, d’autre part, seront a priori
différentes.

III.6.4/ Perméabilité aux gaz


III.6.4.1/ Méthodes de mesure disponibles
La perméabilité aux gaz des bétons durcis peut être mesurée en laboratoire (sur éprouvettes
ou sur prélèvements issus d’ouvrages) après un séchage préalable en appliquant soit une
charge constante, c’est-à-dire un gradient de pression constant (appareillage
CEMBUREAU, [27]), soit une charge variable [37 et 50]. La mesure au perméamètre à
charge constante a fait l’objet de recommandations de la part de l’AFPC-AFREM, sous
l’intitulé « Essai de perméabilité aux gaz du béton durci » [3]. C’est donc cet essai qui sera
décrit ici.
La description étant volontairement brève, le lecteur pourra trouver des informations
complémentaires et des exemples, [3 et 11].

69
Chapitre III Approche performantielle de la durabilité du béton

Figure III.2 : Mesure de la perméabilité au gaz k selon la méthode CEMBUREAU, [3].

III.6.4.2/ Mesure au perméamètre à charge constante (CEMBUREAU)


L’essai consiste à soumettre l’éprouvette en béton à un gradient de pression constant de
gaz. La perméabilité (en m2) est alors déterminée à partir de la mesure du flux (débit
massique) de gaz traversant l’éprouvette en régime permanent, en appliquant la loi de
Darcy.

Le résultat direct de la mesure est une perméabilité apparente, car il dépend de la nature du
fluide et de la pression appliquée. Le gaz le plus couramment utilisé pour la mesure est
l’oxygène, mais l’essai peut également être pratiqué avec tout autre gaz inerte vis-à-vis du
béton tel que l’azote ou l’air sec (suivant l’alimentation en gaz choisie au niveau du
dispositif expérimental).

Le mode opératoire recommandé par l’AFPC-AFREM préconise de réaliser l’essai à une


surpression P relative = 0,1 MPa.

Toutefois, si l’on souhaite déterminer la perméabilité intrinsèque du matériau, c’est-à-dire


une perméabilité indépendante de la pression du gaz, il est nécessaire de réaliser des
mesures à différentes pressions, afin de pouvoir effectuer le calcul [37, 38 et 48].
L’appareil CEMBUREAU permet de réaliser des essais à une P relative comprise entre 0,1
et 0,5 MPa. On peut par ailleurs accéder directement à la perméabilité intrinsèque par une
technique différente de l’appareil CEMBUREAU, la technique d’impulsion de pression, y
compris pour des matériaux faiblement perméables.

Avec l’appareil CEMBUREAU, il est possible de déterminer la perméabilité aux gaz sur
une large gamme de bétons allant des matériaux très poreux de résistance moyenne 20-25
MPa (Kgaz ≈ 10–15 m2), jusqu’aux bétons à très hautes performances contenant des fumées

70
Chapitre III Approche performantielle de la durabilité du béton

de silice, de résistance moyenne 120 MPa (Kgaz ≈ 10–19 m2). Il est donc envisageable de
comparer et de classer des formules de béton très différentes sur la base de ces mesures.

III.6.4.3/ Pré-conditionnement des éprouvettes


Préalablement à la mesure de la perméabilité aux gaz par l’appareil CEMBUREAU, il est
nécessaire d’une part, de sécher au moins partiellement l’éprouvette destinée à la mesure
afin que le gaz puisse percoler à travers cette éprouvette et, d’autre part, de connaître le
taux de saturation en eau moyen, ou mieux, la répartition de la teneur en eau, de
l’éprouvette, correspondant à la perméabilité mesurée.
Il est possible de sécher les échantillons sous vide, [23], par lyophilisation [28], ou encore
par étuvage, [3].

III.6.5/ Perméabilité à l’eau liquide


III.6.5.1/ Mesure directe dans le cas des bétons perméables
Dans le cas des bétons perméables et très perméables, la perméabilité à l’eau liquide peut
être déterminée expérimentalement à partir d’un essai de perméabilité de l’eau sous
pression. La mesure consiste à saturer en eau une éprouvette, à appliquer une pression
d’eau progressivement croissante par paliers sur l’une de ses faces et à mesurer la quantité
d’eau ayant traversé l’éprouvette (lorsque le flux est constant) en fonction de la valeur et
de la durée des différents paliers. On notera que différents dispositifs expérimentaux
existent et qu’aucun mode opératoire recommandé par l’ensemble de la communauté
scientifique n’a pour l’instant été publié. On peut toutefois se baser pour réaliser l’essai sur
des modalités proches de celles définies par la norme NF P 18-855 relative aux produits
spéciaux pour constructions en béton.

III.6.5.2/ Méthodes applicables dans le cas des bétons faiblement perméables


Dans le cas des bétons faiblement et très faiblement perméables (bétons ordinaires de
bonne qualité et bétons à hautes et à très hautes performances), la mesure directe de la
perméabilité à l’eau liquide avec un perméamètre courant, telle que décrite précédemment,
est délicate et difficile à effectuer. En effet, tout d’abord la saturation préalable de
l’éprouvette peut s’avérer difficile et une forte pression d’eau liquide est nécessaire pour
obtenir des débits mesurables. De plus, pour les bétons très compacts, la valeur escomptée
pour la perméabilité à l’eau liquide peut être inférieure à 10–21 m2. Or les perméamètres
courants permettent d’exercer des différences de pression allant seulement jusqu’à 10 MPa.
De ce fait, pour un ordre de grandeur de 10–21 m2 de la perméabilité, une épaisseur
d’éprouvette de l’ordre de 5 cm et une saturation complète, la loi de Darcy prévoit une
vitesse de filtration de l’ordre du cm/an.

En conséquence, si l’on souhaite mesurer la perméabilité à l’eau liquide de bétons


faiblement perméables de façon purement expérimentale (mesure du flux d’eau traversant
l’éprouvette sous gradient de pression d’eau, il est nécessaire d’adapter le dispositif
expérimental et éventuellement la méthode d’essai. Des techniques spécifiques ont donc

71
Chapitre III Approche performantielle de la durabilité du béton

été développées actuellement pour mesurer la perméabilité à l’eau liquide de ces bétons.
Des exemples sont mentionnés dans la référence, [13].
Il existe également des méthodes basées sur la mesure de la profondeur de pénétration
d’eau sous pression, mais où l’échantillon n’est pas préalablement saturé, qui permettent de
quantifier le transport sous gradient de pression, mais pas la perméabilité à proprement
parler.
Il est également possible pour déterminer la perméabilité à l’eau liquide d’avoir recours à
une méthode indirecte, combinant modèle et expérience, telle que celle décrite dans la
référence [19], ou encore de déduire ce paramètre à partir d’autres indicateurs de durabilité
ou paramètres complémentaires (tel que le diamètre des pores critique) à l’aide de la
relation de Katz-Thompson, développée à l’origine pour les roches sédimentaires et basée
sur la théorie de la percolation, [24]. Des exemples de calcul avec la relation de Katz-
Thompson, pour des matériaux à base de ciment, figurent dans les références, [7 et 8].

III.6.6/ Teneur en portlandite Ca(OH)2


La teneur en portlandite Ca(OH)2 peut être mesurée par thermogravimétrie (ATG). Cette
technique consiste à suivre en continu les pertes de masse d’un échantillon lors d’une
montée en température linéaire, depuis la température ambiante et jusqu’à 1 100 oC.
Le départ de l’eau de constitution de la portlandite se produit entre 400 et 550 oC. Cet essai
fait l’objet d’un mode opératoire des Laboratoires des Ponts et Chaussées, [11]. La
littérature témoigne de la fiabilité et de la précision de cette méthode, [33].

Il est à noter que la thermogravimétrie permet en outre la quantification des paramètres


complémentaires degré d’hydratation et teneur en ciment, ainsi que de la teneur en CaCO3.
Cette méthode permet donc, dans ce dernier cas, d’accéder à un témoin de durée de vie très
utile à la prédiction de la carbonatation du béton.
Dans le cas où la quantité d’anhydres résiduels est faible, la teneur en portlandite Ca(OH)2
peut être mesurée par analyse chimique.

La teneur en portlandite peut également être estimée sur la base du dosage en ciment, du
rapport E/C et de la teneur en additions minérales de la formule de béton. Une formule de
calcul ainsi qu’un mode opératoire sont proposés, [13].

III.7/ Conclusion
Le panel des indicateurs de durabilité sélectionné, assorti des méthodes d’essai requises
pour déterminer ces indicateurs en laboratoire dans des conditions bien définies, constitue
l’élément de base de la « boîte à outils » destinée à l’ingénieur et au concepteur.

72
Chapitre III Approche performantielle de la durabilité du béton

III.8/ Classes et spécifications relatives aux indicateurs de durabilité


III.8.1/ Classes relatives aux indicateurs de durabilité
III.8.1.1/ Système de classes proposé relativement aux indicateurs de durabilité généraux
Pour chaque indicateur de durabilité, des classes de durabilité « potentielle » vis-à-vis de
la corrosion des armatures initiée par la carbonatation ou par les chlorures peuvent être
définies. Le tableau III.2 présente le système de classes (durabilité « potentielle » de très
faible à très élevée) établi relativement aux indicateurs de durabilité généraux sur la base
des travaux du groupe AFGC. On notera que des classes ont également été proposées
relativement aux indicateurs de durabilité de substitution, porosité accessible au mercure et
résistivité électrique, [13].

Les bornes des classes relatives à la teneur en portlandite Ca(OH)2 indiquées dans le
tableau III.2 correspondent à des formules simples. Ces valeurs sont susceptibles de
variations notables selon la valeur des autres indicateurs (perméabilité, coefficient de
diffusion...).

Ainsi, malgré une teneur en portlandite faible, voire très faible, les BHP et BTHP ont
généralement une durabilité « potentielle » élevée ou très élevée vis-à-vis de la corrosion
des armatures, [13].
Les classes proposées dans le tableau III.2 sont applicables pour des mesures réalisées en
laboratoire à T0 = 20 ± 2 oC, selon les méthodes décrites dans ce chapitre, sur des
éprouvettes conservées dans l’eau pendant 90 jours au plus après le coulage et avant le
démarrage des essais (moyennes sur au moins 3 éprouvettes).

Exemple :
En se référant au tableau II.2, si la valeur de l’essai de porosité accessible à l’eau est
inferieur à 16%, on dira que la durabilité potentielle de la formulation de béton testé est
très faible (TF);
Si par contre elle est comprise entre 6 et 9% on dit que sa durabilité potentielle est très
élevée (TE).

73
Chapitre III Approche performantielle de la durabilité du béton

Tableau III.2 – Durabilité « potentielle » vis-à-vis de la corrosion des armatures :


classes et valeurs limites (indicatives) relatives aux indicateurs de durabilité généraux (1).

Classes et valeurs limites

Indicateurs de durabilité généraux Durabilité potentielle


T. faible Faible Moyenne Élevée T. élevée
(TF) (F) (M) (E) (TE)

Porosité accessible à l’eau P eau……(en %) > 16 14 à 16 12 à 14 9 à 12 6à9

Coefficient de diffusion effectif des chlorures


>8 2à8 1à2 0,1 à 1 < 0,1
Deff…… (en 10_12 m2 · s_1)

Coefficient de diffusion apparent des


chlorures (mesuré par essai de migration)
Dapp (Mig)……(en 10_12 m2 · s_1)
1à5 <1
> 50 10 à 50 5 à 10
Coefficient de diffusion apparent des chlorures
(mesuré par essai de diffusion)

Dapp (dif)…………(en 10_12 m2 · s_1) <5

(2) 300 à
Perméabilité apparente aux gaz Kapp
> 1 000 100 à 300 10 à 100 < 10
(gaz)…… (en 10_18 m2) 1 000

Perméabilité à l’eau liquide (à P max, par


mesure directe du flux, après saturation) kliq > 10 1 à 10 0,1 à 1 0,01 à 0,1 < 0,01
(en 10_18 m2)
(3)
Teneur en Ca(OH)2 ……….(% massique par
< 10 10 à 13 13 à 20 20 à 25 ≥ 25
rapport au ciment)

(1) Les valeurs indiquées correspondent à des mesures réalisées selon les méthodes décrites sur des
éprouvettes conservées préalablement dans l’eau. Ces valeurs sont valables pour des bétons âgés de 3
mois au plus.
(2) Mesurée avec un perméamètre à charge constante à Pentrée = 0,2 MPa et après étuvage à
T = 105 oC (taux de saturation S = 0).
(3) Pour des formules simples (par exemple sans additions pouzzolaniques).

74
Chapitre III Approche performantielle de la durabilité du béton

Tableau III. 2’ : Synthèse des classes et valeurs limites (indicatives) relatives à la teneur en
portlandite Ca(OH)2 pour des formules simples.

Classes et valeurs limites

Très Très
Durabilité potentielle vis-à-vis de la faible Faible Moyenne Elevée élevée
corrosion des armatures

Teneur en Ca(OH)2 (%
< 10 10 - 13 13 - 20 20 - 25 > 25
massique par rapport au ciment)

Durabilité potentielle vis-à-vis de Très Faible Moyenne Elevée Très


l'alcali-réaction faible élevé
e
Teneur en Ca(OH)2 (%
≥ 20 12 - 20 8 - 12 5-8 <5
massique par rapport au ciment)

Les valeurs indiquées correspondent à des mesures réalisées selon les méthodes décrites
dans la référence, [13], sur des éprouvettes conservées dans l'eau pendant 3 mois après le
coulage. Les valeurs indiquées sont susceptibles de variations notables selon la
valeur des autres indicateurs (perméabilité, coefficient de diffusion, …).

III.8.1.2/ Méthodologie d’évaluation de la durabilité « potentielle » d’un béton armé


donné

Pour évaluer la durabilité « potentielle » d’un béton armé donné, il s’agira de comparer les
valeurs des indicateurs de durabilité qui auront été quantifiés pour ce béton, avec les
classes et les valeurs limites proposées dans le tableau III.2, tel qu’illustré en figure III.3
(processus No 1). La quantification des indicateurs s’effectuera soit expérimentalement,
sur des éprouvettes fabriquées en laboratoire et dans les conditions requises par les
protocoles d’essai, soit en se reportant à une base de données dans le cas où la formule a
déjà fait l’objet d’études.
Ceci constitue une première utilisation très simple des indicateurs de durabilité. Cette
évaluation peut permettre au concepteur ou au maître d’œuvre de « dégrossir » un
problème et d’évaluer une durabilité a priori ne dépendant que du matériau constitutif de
l’ouvrage (béton).

Exemple : On pourra ainsi sur la base des classes proposées, comparer la durabilité
potentielle de différents bétons et classer ces bétons, dans le but de faire une sélection ou
d’optimiser la formule selon des critères fixés a priori.

75
Chapitre III Approche performantielle de la durabilité du béton

Processus N01 processus N02

Evaluation de la durabilité Sélection ou qualification de


potentielle d’un béton armé. formules pour un ouvrage.

Spécifications
Classes
Comparaison Comparaison incluses dans le
proposées
cahier des charges
de l’ouvrage.

1 2

Indicateurs de durabilité
Mesures en laboratoire ou bases de
données :
 Age
 Conditions initiales et conditions
aux limites
 Mode opératoire

Figure III.3 : Mise en œuvre de l’approche performantielle développée sur la base


d’indicateurs de durabilité, [55].

Comme nous venons de le voir, il est possible d’évaluer la durabilité « potentielle », sur la
base du tableau III.2, selon chaque indicateur de durabilité quantifié.

Le tableau III.3, rassemblant les résultats obtenus sur une série de bétons testés à l’âge de
90 jours, illustre que dans l’ensemble, les qualifications fournies par différents indicateurs
sont cohérentes, mais que dans certains cas la qualification peut varier suivant le paramètre
considéré, mettant en évidence le caractère complémentaire des indicateurs sélectionnés.

Par exemple, la perméabilité et le coefficient de diffusion caractérisent des processus


physiques différents. Il est donc également intéressant d’évaluer la durabilité «potentielle»
au moyen d’une appréciation globale, résultant de celles relatives à chaque indicateur de
durabilité choisi et pondérées en fonction des données du problème (dégradations
envisageables, conditions environnementales, ...). Ceci est illustré dans le tableau III.3, où
une pondération identique a été choisie pour chaque indicateur.

76
Chapitre III Approche performantielle de la durabilité du béton

Tableau III.3 – Valeurs moyennes des indicateurs de durabilité, déterminées sur des éprouvettes
de béton conservées dans l’eau en laboratoire pendant 90 jours.
(3)
Dns (mig) ou
Bétons (2) Kapp (gaz) (4) Durabilité
E/C Dns (dif)
(classés selon R m.28 P eau (
«potentielle»
S= 0) (en
Rm.28) E/liant
(%) 10_18m2) (en 10_12 m2 · globale
(MPa)
s_1)

M25 0,84 0,84 25,1 14,9 (F) 632 (F) 37,6 (3) (F) Faible (F)

CFA 0,74 0,48 28,9 13,7 (M) 173 (M) 2,1 (4) (E) Moyenne (M)

B32 0,44 0,44 46,5 11,8 (E) 217 (M) 8,6 (4) (M) Moyenne (M)

BO 0,49 0,49 49,5 12,4 (M) 245 (M) 7,8 (3) (M) Moyenne (M)

B60 0,34 0,34 68,8 10,1 (E) 196 (M) 1,2 (4) (E) Élevée (E)

B80-S 0,35 0,32 76,9 10,5 (E) 67 (E) 1,2 (3) (E) Élevée (E)

B80-C 0,64 0,37 87,0 8,1 (TE) 242 (M) 2,0 (3) (E) Élevée (E)

B80-SN 0,30 0,28 91,9 9,3 (E) 30 (TE) 0,68 (4) (E) Élevée (E)

(1) Porosité accessible à l’eau (Peau).

Perméabilité apparente aux gaz (Kapp (gaz)) à taux de saturation S = 0.

Coefficient de diffusion apparent des chlorures mesuré en régime non stationnaire par essai
de migration (Dns(Mig)) ou de diffusion (Dns (dif)).

(2) E/C rapport eau sur ciment.

Durabilité « potentielle » (F, M, E, TE) selon chaque indicateur et durabilité « potentielle »


(1)
globale avec pondération identique pour chaque indicateur , [55].

77
Chapitre III Approche performantielle de la durabilité du béton

III.8.2/ Spécifications en fonction du type d’environnement et de la durée de vie exigée


III.8.2.1/ Objectif
Dans le cadre de la sélection ou de la qualification d’une formule de béton pour un ouvrage
donné, les critères à prescrire (valeurs limites pour les indicateurs de durabilité) devront
dépendre des conditions spécifiques de l’ouvrage (notamment son environnement) et des
exigences du binôme concepteur-utilisateur (notamment en termes de performances et de
durée de vie). La décision finale sera basée sur un compromis (optimisation) entre la
durabilité de l’ouvrage et son coût de réalisation. Pour cette raison, la réalisation d’études
de conception spécifiques à l’ouvrage considéré est fortement recommandée.
Afin d’aider le concepteur dans cette démarche, des spécifications types pour le matériau
constitutif béton peuvent être proposées pour différents types d’environnement et
différentes valeurs de durée de vie visée.

Pour les spécifications proposées ici, les types d’environnement choisis sont basés sur les
classes d’exposition de la norme NF EN 206-1 et des Eurocodes, avec l’objectif d’être plus
synthétique et de ne prendre en compte que ceux concernés par la dégradation considérée
(tableau III.4, pour la corrosion des armatures, et tableau III.5 pour l’alcali-réaction).

La correspondance avec les classes de l’EN 206-1 et des Eurocodes figure également dans
le tableau III.4 (pour les classes autres que XF1 à XF4 et XA1 à XA3, qui ne concernent
pas la corrosion des armatures) et dans le tableau III.5 (pour les classes autres que XA1 à
XA3, qui ne concernent pas l’alcali-réaction), avec ses restrictions. Les durées de vie
choisies correspondent aux valeurs les plus fréquemment rencontrées dans les projets
d’ouvrages.

La norme EN 206-1 définit des classes d'exposition en fonction de l'environnement.


Six grandes classes sont ainsi considérées :

 X0 : Aucun risque de corrosion, ni d’attaque,


 XC1 à XC4 : Corrosion induite par carbonatation, le risque étant croissant de 1 à 4,
 XD1 à XD3 : Corrosion induite par les chlorures ayant une origine autre que
marine,
 XS1 à XS3 : Corrosion induite par les chlorures présents dans l’eau de mer,
 XF1 à XF4 : Gel-dégel avec ou sans sels de déverglaçage,
 XA1 à XA3 : Attaques chimiques.

78
Chapitre III Approche performantielle de la durabilité du béton

Tableau III.4 – Types d’environnement influençant la corrosion des armatures.

Processus Classes
No Type d’environnement d’exposition
initiateur
correspondantes
 Sec et très sec (HR < 65 %) de l’EN 206-1
X0 et XC1
1  Humide en permanence (y compris immersion en (limités au climat
eau douce) sec)
2 Humide, rarement sec (HR > 80 %) XC2
Carbonatation
3 Humidité modérée (65 < HR < 80 %) XC3

Périodes d’humidité alternant avec des périodes


4 sèches sans chlorure (sels de déverglaçage, XC4
embruns...)
Exposition aux sels marins ou de déverglaçage,
mais pas en contact direct avec l'eau de mer.
5.1 : [Cl-] faible : concentration en chlorures
5 libres à la surface Cs ≤ 10 g.L-1 XD1 et XD3 (1)
Pénétration des 5.2 : [Cl-] forte : concentration en chlorures
chlorures
libres à la surface Cs ≥ 100 g.L-1

6 Immersion dans l’eau contenant des chlorures XS2 et XD2


7 ⋅ Zone de marnage XS3
(1) Dans le cas XD3, les cycles de gel-dégel peuvent constituer un facteur aggravant pour le «béton
d’enrobage » et de là pour la corrosion des armatures. Dans ce dernier cas, la classe XD3
correspondra au type d’environnement 5.2, ou éventuellement au type d’environnement 7.

Tableau III.5 – Types d’environnement influençant l’alcali-réaction

Classes d’exposition
o
N Type d’environnement correspondantes
de l’EN 206-1
ou des Eurocodes
X0 et XC1
1  Sec et très sec.
(limités au climat sec)
 Humidité modérée avec peu d’alternances.

Périodes d’humidité alternant avec des périodes X0


2 XC1, XC3, XC4
sèches.
XD1, XD3, XS1, XS3XF1, XF3
X0
Immersion en eau douce ou de mer ou fortes doses XC1, XC2,
3 de sels de déverglaçage. XD2,

XS2, XS3

79
Chapitre III Approche performantielle de la durabilité du béton

III.8.2.2 / Spécifications types pour la durabilité vis-à-vis de la corrosion des armatures

Les tableaux III.6 et III.7 synthétisent respectivement les spécifications types proposées
pour la durabilité vis-à-vis de la corrosion des armatures induite par la carbonatation et par
les chlorures. Ces spécifications sont basées sur les classes proposées et sur les enrobages
minimaux imposés par les règlements européens.
Ces critères ont été établis sur la base des données expérimentales précédemment évoquées
et ont été vérifiés par des simulations numériques effectuées à l’aide de modèles
empiriques (approche déterministe ou probabiliste) et physiques, [13]. Ils correspondent à
des mesures réalisées selon les méthodes décrites sur des éprouvettes conservées dans l’eau
pendant 3 mois au plus après le coulage.
Les spécifications types proposées se présentent sous la forme d’un tableau croisé : pour
chaque niveau d’exigence (par exemple, durée de vie) et pour chaque type
d’environnement, un panel d’indicateurs doit être quantifié et des critères doivent être
satisfaits.

Ces spécifications constituent un minimum indispensable. On remarquera toutefois qu’il


n’est pas nécessaire de déterminer systématiquement tout le panel des indicateurs
identifiés. Le nombre requis va de 1 à 4 selon le cas considéré (tableaux III.6 et III.7). En
effet, quand le niveau d’exigence et l’agressivité du milieu environnant augmentent, le
nombre d’indicateurs à contrôler croît également et les critères deviennent plus sévères.
Pour les niveaux d’exigence 1 et 2, les spécifications relatives à la durabilité se réduisent à
la vérification d’une simple valeur de porosité.

Le principe de l’approche proposée est d’offrir un cadre et une méthodologie rigoureuse


pour l’évaluation et la prédiction de la durabilité, tout en laissant néanmoins plus de liberté
au concepteur.

Il est par conséquent parfaitement envisageable d’adapter les critères proposés. Par
exemple, des critères moins restrictifs peuvent être fixés dans le cas où un enrobage
supérieur à la valeur réglementaire est choisi. A l’inverse, un critère supplémentaire peut
être ajouté si nécessaire (sur la base des classes et des valeurs limites indiquées dans le
tableau III.2), pour plus de sécurité, selon les spécificités du problème à traiter et en
fonction du budget alloué à l’étude. De même, les limites peuvent être redéfinies pour des
bétons particuliers du fait de leurs constituants (granulats légers, par exemple) ou de leur
processus de fabrication (démoulage immédiat, par exemple).

On notera pour finir que les valeurs indiquées dans les spécifications types proposées
pourront encore évoluer en fonction du retour d’expérience et du développement de
méthodes ou de modèles plus précis.

80
Chapitre III Approche performantielle de la durabilité du béton

Tableau III.6 – Exemple de spécifications proposées pour la durabilité vis-à-vis de la corrosion


des armatures initiée par la carbonatation, en fonction du type d’environnement et de la
durée de vie exigée, et dans le cas où l’enrobage est égal à 30 mm (1) [55].

Type d’environnement
1 2 3 4
Sec et très sec Modérément Cycles frequents
Durée de vie exigée Humide
(HR < 65 %) humide d’humidification
/Catégorie d’ouvrage (HR > 80 %)
ou humide en (65 < HR < 80 %) -séchage
Niveau d’exigence
permanence

≤ 30 ans

Niveau 1 P eau < 16 P eau < 16 P eau < 15 P eau < 16

de 30 à 50 ans

Bâtiment P eau < 16 P eau < 16 P eau < 14 P eau < 14


Niveau 2
de 50 à 100 ans
Bâtiment et ouvrages de
P eau < 14 P eau < 14 P eau < 12 P eau < 12
génie civil

Niveau 3 K app (gaz) < 100 k liq < 0,1

de 100 à 120 ans P eau < 9

Grands ouvrages P eau < 12 P eau < 12 P eau < 9 K app(gaz) < 10
K app(gaz) < 100 K app(gaz) < 100 K app(gaz) < 10

Niveau 4 k liq < 0,01


P eau < 9
> 120 ans P eau < 9
Ouvrages dits P eau < 9 P eau < 9
D app(mig) < 1
exceptionnels K app(gaz) < 10
K app(gaz) < 10 K app(gaz) < 10
k liq < 0,01 k liq < 0,01
Niveau 5 k liq < 0,01

(1) Peau est donnée en %.

D app (mig) est donné en 10_12 m2 · s_1.

K app (gaz) (à taux de saturation S = 0 et à Pentrée = 0,2 MPa) ; k liq sont données en 10_18 m2.

Les valeurs correspondent à des mesures réalisées selon les méthodes décrites dans ce
chapitre sur des éprouvettes conservées dans l’eau pendant 3 mois au plus après le coulage.

81
Chapitre III Approche performantielle de la durabilité du béton

Tableau III.7 – Exemple de spécifications proposées pour la durabilité vis-à-vis de la corrosion


des armatures initiée par les chlorures, en fonction du type d’environnement et de la durée
de vie exigée, et dans le cas où l’enrobage est égal à 50 mm (1), [13].

Type d’environnement

5 6 7
Durée de vie exigée /
Catégorie d’ouvrage / Exposition aux sels marins ou de
Niveau d’exigence déverglaçage. Immersion dans
l’eau Zone de
↓ contenant des marnage.
5.1 5.2
chlorures.
[Cl-] faible [Cl -] forte

< 30 ans

Niveau 1 P eau < 16 P eau < 14 P eau < 15 P eau < 14

de 30 à 50 ans
Bâtiment
P eau < 15 P eau < 11 P eau < 13 P eau < 11
Niveau 2

de 50 à 100 ans P eau < 11 P eau < 11


Bâtiment et ouvrages P eau < 13
P eau < 14 D app(mig) < 2 D app(mig) < 3
de génie civil D app(mig) < 7
k liq < 0,1 k liq < 0,1
Niveau 3
Peau < 9 P eau < 10
D app(mig) < 1 D app(mig) < 2
de 100 à 120 ans P eau < 12 P eau < 12
Grands ouvrages K app(gaz) < 10 K app(gaz) < 100
D app(mig) < 20
Niveau 4 D app(mig) < 5 k liq < 0,05
k liq < 0,1 k liq < 0,01
> 120 ans Peau < 9 Peau < 9 P eau < 9
Ouvrages dits
D app(mig) < 10 D app(mig) < 1 P eau < 9 D app(mig) < 1
exceptionnels
Niveau 5 K app(gaz) < 10 K app(gaz) < 10 K app(gaz) < 10
D app(mig) < 1
k liq < 0,01 k liq < 0,01 k liq < 0,01

(1) P eau est donnée en %.

_12 _1
Dapp(mig) est donné en (10 m2 · s .)

Kapp (gaz) (à taux de saturation S = 0 et à P entrée = 0,2 MPa) et k liq sont données en 10_18 m2.

Les valeurs correspondent à des mesures réalisées selon les méthodes déjà décrites sur des

éprouvettes conservées dans l’eau pendant 3 mois au plus après le coulage.

82
Chapitre III Approche performantielle de la durabilité du béton

III.8.2.3 / Spécifications types pour la durabilité vis-à-vis de l’alcali réaction

La quantification des indicateurs de durabilité spécifiques à l’alcali-réaction a pour objectif


de faire la prédiction lors de la phase de conception ou pendant l’expertise d’un ouvrage
existant pour se prononcer sur sa durabilité résiduelle.

La démarche préventive définie au niveau du document des recommandations pour la


prévention des désordres dus à l'alcali-réaction (LCPC 1994), [4], repose sur la
détermination du niveau de prévention en fonction de la catégorie de l’ouvrage et de
l’environnement auquel l’ouvrage est exposé. Les niveaux de prévention A, B et C sont
reliés à des durés de vie et donc à des niveaux d’exigences en termes de spécifications vis-
à-vis de la durabilité.
Il est à signaler que plus le niveau de prévention sera élevé plus la durée de vie exigée sera
augmentée (Tableau III. 8).

Tableau III.8 - Niveau de prévention en fonction du type d'environnement et de la durée


de vie exigée.
Type d'environnement

Sec ou Cycles Immersion


Durée de vie exigée I Catégorie d'ouvrage I
modérément d'humid- ou présence
Niveau d'exigence
humide séchage de sels

De 5 à 50 ans
Ouvrages provisoires + produits préfabriqués A A A
Niveau 1 (risque faible ou acceptable)

de 50 à 100 ans
La plupart des bâtiments et ouvrages de génie
A B B
civil.

niveau 2 (risque peu tolérable).


Niveau 2 (risque peu tolérable)
>120 ans

Ouvrages dits exceptionnels C C C

Niveau 3 (risque inacceptable)

Pour le niveau de prévention A, qui correspond au niveau de prévention le plus faible et


par conséquence à la durée de vie exigée la moins importante, aucune spécification
supplémentaire aux recommandations LCPC 1994 n’est requise vis-à-vis de la durabilité.
Par contre, pour les niveaux de prévention B et C interviennent des indicateurs de
durabilité spécifiques à l’alcali réaction notamment la qualification des granulats vis-à-vis
de l’alcali-réaction conformément aux normes NF P18-594, [9], N et NF P18-545, [8] et
les recommandations du LCPC 1994, [4].

83
Chapitre III Approche performantielle de la durabilité du béton

Niveau d’exigence 3 Niveau d’exigence 2


(Durée de vie > 120 ans) (Durée de vie de 50 à 100 ans)

(Niveau de prévention C) + Niveau de prévention B


Quantité de silice libérée par les granulats en fonction de temps ?

NR PRP PR PR PR NR

Présence
Oui
d’additions ?

Déformations de Bilans des Déformations


Non gonflement sur béton alcalins de gonflement
avec sécurité suffisante satisfaisant. sur béton
vis à vis du seuil en satisfaisante.
alcalins.

La formule de béton est acceptée

NR : Non réactif
PR : Potentiellement réactif
PRP : Potentiellement réactif à effet de pessimum

Figure III.4 : Organigramme d’utilisation des indicateurs de durabilité spécifiques à


l’alcali-réaction : sélection ou qualification d’une formule de béton pour un ouvrage
donné, [55].

III.8.2.4/ Méthodologie de sélection ou de qualification de formules de béton pour un


ouvrage donné

Pour sélectionner ou qualifier une formule de béton en vue de la construction d’un


ouvrage, on vérifiera que l’ensemble des spécifications incluses dans le cahier des charges
de l’ouvrage, établies selon les recommandations faites par exemple (notamment les
spécifications types proposées), sont respectées, tel qu'illustré en figure III.3, (processus 2).
Cette vérification s'effectuera en mesurant, sur des éprouvettes fabriquées en laboratoire et
dans les conditions requises par les protocoles d'essai, les différents indicateurs de
durabilité apparaissant dans les spécifications.

84
Chapitre III Approche performantielle de la durabilité du béton

III.9/ Prédiction de la durée de vie d’un ouvrage neuf ou existant


III.9.1/ Introduction
La nouvelle approche de la durabilité peut également être utilisée sous un aspect plus
quantitatif à des fins de prédiction de la durée de vie d’un ouvrage neuf en phase de
conception, ou de diagnostic et de prédiction de la durée de vie résiduelle d’ouvrages
existants (éventuellement dégradés).
La démarche proposée pour la prédiction de la durabilité s’articule dans ce cas autour de
trois outils essentiels : les indicateurs de durabilité, le(s) modèle(s) prédictif(s) et les
témoins de durée de vie. (Figure III.5).

Données d’entrée
de modèle
Indicateurs de durabilité

Modèle
 Equations d’état
 Conditions initiales et conditions aux limites
 Lois de transport
 « lois » de variation des indicateurs :( f(t, T, HR……)

Mesure des indicateurs


de durabilité in situ à Calibration des lois
des échéances données incluses dans le modèle

Témoins de durée de vie Sorties


(Cinétiques ou profils) numérique

Figure III.5 : Mise en œuvre de l’approche développée pour la prédiction de la durée


de vie : connexions entre les trois outils fondamentaux (indicateurs de durabilité,
modèle(s) prédictif(s) et témoins de durée de vie), rôle central du modèle, [55].

III.9.2/ Témoins de durée de vie, définitions dans le cas de la corrosion des armatures
Les modèles prédictifs doivent permettre, à partir des données d’entrée que constituent les
indicateurs de durabilité, de fournir en tant que « sorties » des valeurs numériques pour les
témoins de durée de vie. Dans le cas de la corrosion des armatures, les « témoins » de
durée de vie sont définis par :

85
Chapitre III Approche performantielle de la durabilité du béton

— Environnement sans chlorure : profondeur de carbonatation (c’est-à-dire zone où pH


≤ 9) et évolution en fonction du temps (cinétique), ou évolution du profil de teneur en
CaCO3 (ou de Ca(OH)2 résiduelle) en fonction du temps,
— En présence de chlorures : Profondeur de pénétration des chlorures (c’est-à-dire zone
- -
où [Cl libres] ≥ [Cl libres]crit et évolution en fonction du temps (cinétique), ou évolution du
-
profil de [Cl libres] en fonction du temps.

-
On notera que [Cl libres]crit dépend en fait de [OH]. Ce dernier paramètre est difficile à
déterminer directement dans un béton. On peut toutefois estimer sa valeur à partir de la
teneur en alcalins du ciment, de la teneur en ciment du béton et du volume poreux du
béton. On prend classiquement un rapport [Cl–] / [OH] compris entre 0,6 et 1. Ceci conduit
-
généralement à [Cl libres]crit de l’ordre de 0,4 % par rapport à la masse de ciment, pour un
béton non carbonaté, soit 6,7 g par litre de solution interstitielle.

III.9.3/ Témoins de durée de vie et méthodes de mesure et exemples dans le cas de la


corrosion des armatures

III.9.3.1/ Évolution de la profondeur de carbonatation en fonction du temps


Lorsque seule est requise la détermination de l’avancement du « front » de carbonatation
(pH ≈ 9), l’utilisation d’un indicateur coloré pour évaluer la profondeur de carbonatation
est envisageable, que ce soit en laboratoire ou sur ouvrage. L’indicateur le mieux adapté
est la phénolphtaléine dont le pH de virage de la couleur rose à incolore se situe aux
environs de 9 (la coloration rose indique la zone non carbonatée, figure III.6a). La
phymolphtaléine peut également être utilisée. La mesure s’effectue sur une fracture
fraîche de béton. L’AFPC-AFREM a publié en 1998, [3], des recommandations pour la
mesure de la profondeur de béton carbonaté à des échéances données par phénolphtaléine.

Exemple: l’avancement du front de carbonatation en fonction du temps (cinétique), au


cours d’un essai accéléré réalisé en laboratoire (profondeur de carbonatation mesurée par
phénolphtaléine aux échéances de 7, 14 et 28 jours, selon les recommandations de l’AFPC-
AFREM) sur les bétons M25, CFA et BO âgés de 90 jours, est présenté en figure III.6b.

III.9.3.2/ Évolution de la profondeur de pénétration des chlorures en fonction du


temps
Lorsque seule est requise la détermination de l’avancement du « Front » de pénétration des
chlorures[Cl-libres]≈[Cl-libres]crit, la profondeur de pénétration des chlorures correspondant à
la concentration critique peut être estimée par colorimétrie. Deux méthodes peuvent
notamment être appliquées

— La pulvérisation d’un réactif, le nitrate d’argent AgNO3, et éventuellement d’un


révélateur, le chromate de potassium K2CrO4, [11 et 12], (figure III.7a).

86
Chapitre III Approche performantielle de la durabilité du béton

— La pulvérisation de fluorescéine et de nitrate d’argent 0,1 N, selon la méthode de


Collepardi, [18]. En effet, il a été montré que ces deux méthodes donnaient des résultats
analogues et que la concentration en chlorures libres correspondant au seuil de détection de
ces méthodes était du même ordre que la concentration critique couramment considérée,
[12]. On notera toutefois que les méthodes colorimétriques associées aux chlorures
fournissent des résultats moins précis que celle associée à la carbonatation.

Exemple: l’avancement du front de pénétration des chlorures en fonction du temps


(cinétique), au cours d’un essai de diffusion en régime non stationnaire réalisé en
laboratoire (solution diffusante : NaCl = 30 g · l–1 et NaOH = 0,1 mol · l–1) sur les bétons
M25, CFA et BO âgés de 90 jours, est présenté en figure III.7b. La profondeur de
pénétration a été mesurée par colorimétrie (AgNO3 + K2CrO4) sur CFA et par la méthode
des profils sur M25 et BO.

M25, BO, CFA : (Voir tableau III.3 page 72)

87
Chapitre III Approche performantielle de la durabilité du béton

Xc

(a)

(b)
Figure III.6 - Témoin de durée de vie relatif à la corrosion des armatures, Cinétique de
carbonatation, [55].

a : illustration de la méthode d’évaluation de la profondeur carbonatée Xc à l’aide d’un


indicateur coloré (phénolphtaléine).
b : Profondeur carbonatée Xc mesurée en fonction de temps par phénolphtaléine au cours
d’un essai accéléré sur 3 bétons.

88
Chapitre III Approche performantielle de la durabilité du béton

III.9.3.3/ Évolution du profil de carbonatation en fonction du temps


Dans le cas où la détermination du profil de Ca(OH)2 résiduelle et/ou de CaCO3 de
néoformation est requise, on pourra utiliser par exemple l’analyse thermogravimétrique ,
ou le dosage volumétrique du CO2 [40], ou encore les mesures gammadensimétriques qui
sont semi-destructives, [49].

III.9.3.4/ Évolution du profil de concentration en chlorures « libres » en fonction du


temps
Dans le cas où la détermination de l’ensemble du profil de concentration en chlorures
libres est requise, ce dernier peut être obtenu à l’aide du dosage des chlorures par analyse
chimique à partir de prélèvements (de poudre par forage à différentes profondeurs, [3], ou
par « grignotage » [11], ou encore par sciage sous alcool ou à sec puis broyage). En outre,
l’avancement du « front » de pénétration des chlorures peut également être évalué dans ce
cas, sans avoir recours à des mesures supplémentaires de colorimétrie, en déterminant la
profondeur correspondant à la concentration critique à partir des profils obtenus à
différentes échéances [12], comme illustré en figure III.7b.

III.9.4/ Modèles prédictifs


III.9.4.1/ Rôle et caractéristiques requises
Dans le cadre de la nouvelle approche de la durabilité, les modèles prédictifs permettent
d’accéder aux témoins de durée de vie (sorties numériques de ces modèles) à partir des
indicateurs de durabilité (données d’entrée de ces modèles). Le modèle tient donc ici un
rôle central. Les modèles prédictifs pourront être utilisés soit en phase de conception d’un
ouvrage, soit lors du suivi d’un ouvrage existant, afin de réévaluer la prédiction initiale en
prenant en compte le vieillissement du matériau in situ ou de calculer la durabilité
résiduelle.
Différents types de modèle existent. Les principaux critères de sélection des modèles à
recommander parmi le grand nombre à disposition sont les suivants :

— les modèles (et les hypothèses inhérentes) doivent être fondés physiquement ;
— les paramètres fondamentaux du modèle doivent être les indicateurs de durabilité
sélectionnés (cohérence entre l’approche adoptée et celle du modèle) ;
— le modèle doit être aisément accessible, pour une mise en pratique facile de la méthode
(disponibilité du modèle).

89
Chapitre III Approche performantielle de la durabilité du béton

(a)

(b)

Figure III.7 - Témoin de durée de vie relatif à la corrosion des armatures : Cinétique de
pénétration des chlorures, [55].

a : illustration de la méthode colorimétrique (AgNO3+K2Cr2O7) d’évaluation de la


profondeur de pénétration des chlorures Xd sur le béton BO après 3 mois d’essai de
diffusion.
b : Profondeur de pénétration des chlorures Xd en fonction de temps mesurée au
cours d’un essai de diffusion par la méthode des profils et par colorimétrie.

90
Chapitre III Approche performantielle de la durabilité du béton

En ce qui concerne la corrosion des armatures, il paraît suffisant de se restreindre à la


période d’incubation (chapitre I étapes de la corrosion), dans la mesure où l’approche
développée ici est consacrée au matériau constitutif béton, et que cette hypothèse va dans
le sens de la sécurité.
Les principaux modèles de carbonatation, de pénétration des chlorures et d’alcali-réaction
décrits dans la littérature ont été listés, classés suivant leurs caractéristiques et évalués dans
la référence [13], précisant notamment les paramètres et les couplages pris en compte, les
conditions initiales et les conditions aux limites, les sorties et le domaine de validité.

La tendance actuelle est aux modèles multi-échelles (du matériau à la structure, [30]. Pour
la prédiction de la corrosion des armatures, la tendance est également au développement de
modèles couplés, plus pertinents pour rendre compte des phénomènes de dégradation des
bétons dans les ouvrages réels, [41]. Cependant, la plupart des modèles sélectionnés dans
le cadre de l’approche présentée ici sont des modèles simples, relatifs à un seul processus
de dégradation, dans un objectif de rapidité d’apprentissage et de facilité d’utilisation pour
les ingénieurs futurs utilisateurs. On fait ainsi l’hypothèse que le processus décrit par le
modèle est celui qui prédomine dans le cas pratique étudié. Les modèles doivent toutefois
inclure si possible les couplages physico-chimiques (les interactions chlorures-matrice) et
chimico-mécaniques dans le cas de l’alcali-réaction.

En ce qui concerne le couplage avec les transferts hydriques, celui-ci ne pourra être pris en
compte que dans certains modèles. En effet, par exemple la plupart des modèles
disponibles de pénétration des chlorures travaille en conditions saturées, car des conditions
de saturation partielle, bien que plus fréquentes en environnement naturel, sont plus
difficiles à prendre en compte et rendent les modèles plus lourds.

III.9.5/ Méthodologie de prédiction de la durée de vie. Exemples dans le cas de la


corrosion des armatures
III.9.5.1/ Méthodologie de prédiction de la durée de vie
Il s’agit ici de confronter les valeurs des témoins de durée de vie, calculées à partir du ou
des modèles prédictifs, aux caractéristiques de l’ouvrage, telles que l’enrobage dans le cas
de la corrosion des armatures (figure III.8, processus No 1).

La mesure des témoins de durée de vie, à partir de prélèvements sur un ouvrage existant
(dégradé ou non) à des échéances données, par les méthodes déjà mentionnées, permet
d’effectuer un diagnostic de cet ouvrage (figure III.8, processus No 2).

La comparaison des valeurs des témoins de durée de vie mesurés sur l’ouvrage considéré
avec les sorties numériques du modèle (témoins de durée de vie calculés) permet de valider
le modèle (seconde phase de validation) et éventuellement de le recaler, puis d’évaluer la
durabilité résiduelle de l’ouvrage (figure III.8, processus No 3).

91
Chapitre III Approche performantielle de la durabilité du béton

Sorties numériques
du modèle.
Témoins de durée de vie
calculés (Cinétiques et /ou
Mesure des profils).
témoins de Caractéristiques
durée de vie Comparaison Comparaison de l’ouvrage
in situ à des
(enrobage…).
échéances
données.

2 3 1
Processus N02 Processus N03 Processus N01

Evaluation de Prédiction de la Prédiction de la durabilité


l’état in situ durabilité résiduelle de l’ouvrage (phase de
(diagnostic). de l’ouvrage. conception).

Figure III.8 - Mise en œuvre de l’approche prédictive développée sur la base


d’indicateurs de durabilité. Rôle des témoins de durée de vie, [55].

92
Chapitre III Approche performantielle de la durabilité du béton

III.10/ Application de l’approche performantielle


Nous présenterons dans ce qui suit un exemple d’application de l’approche performantielle
développée par l’AFGC qui a été appliquée au Maroc pour l’étude d’un ouvrage maritime
sis au large de l’océan Atlantique à Casablanca. Néanmoins, la partie prédictive n’a pas été
abordée. Par ailleurs, Le travail consiste uniquement en la détermination de la formulation
d’un béton pour un grand ouvrage classé en niveau 4, soit un ouvrage en zone de marnage
et pour une durée de vie exigée de 100 à 120 ans, [51].

III.10.1/ Déroulement de la démarche performantielle adoptée


La démarche adoptée a comporté les étapes suivantes :

III.10.1.1/ Détermination de la catégorie de l’ouvrage


Grand ouvrage de prestige, ayant un rôle stratégique important;

III.10.1.2/ Détermination des conditions d’exposition


L’environnement de l’ouvrage est un environnement marin (zone de marnage), où les
bétons sont soumis à deux actions majeures qui sont la diffusion des ions chlorures et à la
carbonatation.

III.10.1.3/ Exigence de la durée de vie


La durée de vie a été fixée par le maître d’ouvrage ; elle est de 100 à 120 ans ;

93
Chapitre III Approche performantielle de la durabilité du béton

III.10.1.4/ Choix des indicateurs de durabilité et des caractéristiques du matériau

Tableau III.9 : Indicateurs de durabilité et caractéristiques de base à mesurer, [51].

Indicateurs de durabilité Type d’indicateur Désignation des essais

mécaniques Rc 90 jours (MPa)


Slump (cm)
Caractéristiques de base Air occlus (%)
Béton frais
densité
Coefficient de diffusion des ions chlore en
régime non stationnaire (m2.s-1)
Indicateurs généraux Porosité accessible à l’eau %
Durabilité Perméabilité à l’oxygène (m2)
Quantité d’électricité AASHTO (C)
Indicateurs de substitution Absorption d’eau par capillarité (Kg/m2)
Résistivité (Ω.m)

Indicateurs relatif à l’alcali- Classification des Classes de réactivité par rapport à l’alcali-
réaction granulats réaction

III.10.1.5/ Sélection des spécifications relatives aux indicateurs (Tableau III.9)


Les spécifications relatives à la diffusion des chlorures, exigée par le CPS, ont été
complétées par d’autres essais. Les spécifications retenues pour ces essais sont tirées de la
référence, [13].

94
Chapitre III Approche performantielle de la durabilité du béton

Tableau III.10 : Spécification relatives aux indicateurs de durabilité retenus, [51].

Méthodes Spécifications (guide CPS


Paramètres à mesurer AFGC2004)

Coefficient de diffusion des ions


chlorures en régime non NTB 492 < 2.10-12 m2.s-1 < 1,5.10-12 m2.s-1
stationnaire
Porosité accessible à l’eau AFPC-AFREM < 10 % -

Appareillage < 100 m2 -


Perméabilité à l’oxygène CEMBUREAU

Perméabilité à l’eau NF EN 12390-8 ≤ 0,05 m2 -


ASTM C1202 Très faible -
Quantité d’électricité en ( C ) pénétrabilité des
chlorures
Teneur en silice XRF < 4% < 4%

Les granulats utilisés pour la confection des bétons testés, sont qualifiés de non réactifs NR
sur la base des résultats des analyses chimiques. Ces derniers ont montré que la teneur en
silice est inférieure à la limite de 4% (Recommandations LCPC 1994 et P18-542). Par
conséquent, les matériaux produits à partir de la formation carbonatée sont qualifiés de
Non Réactifs vis à vis du risque d’alcali-réaction.

III.10.1.6/ Formulations et tests en laboratoire de béton satisfaisant les critères


retenus
Les bétons étudiés sont de deux types ; un béton ordinaire et un BHP. Pour chaque type de
béton 5 formules (F) ont été testées.

Les matériaux utilisés pour la confection des deux types de béton présentent les
caractéristiques suivantes :

 Les granulats utilisés proviennent d’une carrière de roche calcaire ;


 Les ciments utilisés sont : un ciment prise mer pour le béton ordinaire et un ciment
prise mer à ajouts de cendres volantes pour le béton haute performance (BHP);
 La fumée de silice est utilisée comme ajout dans le béton étudié;
 L’eau de gâchage utilisée est l’eau du réseau urbain;
 L’adjuvant testé est un adjuvant de nouvelle génération.

95
Chapitre III Approche performantielle de la durabilité du béton

Les exigences du CPS (cahier des prescriptions spéciales) sont les suivantes :

Béton ordinaire
1. Le rapport E/C doit être inférieur à 0,42
2. Un dosage en ciment compris entre 350 et 380

Béton de haute performance BHP


1. Le rapport E/C doit être inférieur 0,35;
2. Un dosage en ciment qui doit être compris entre 400 et 450 avec 15 % du poids de
ciment est substitué par des cendres volantes et 5 % par de la fumée de silice.

Les dix compositions de béton testées sont présentées dans le tableau III.11

Tableau III.11 : Les différentes compositions des bétons testés, [51].

Béton ordinaire BHP

Constituant
F1 F2 F3 F4 F5 F6 F7 F8 F9 F10

Ciment (kg/m2)
CPJ45 prise mer
avec 5% de FS 355 380 380 380 405 400 425 425 425 450
et 15% de CV
E/C 0,41 0,34

E/L 0,35

G/S 1,4 1,4 1,6 1,2 1,4 1,4 1,4 1,6 1 ,2 1,4

96
Chapitre III Approche performantielle de la durabilité du béton

Résultats et interprétation
Les résultats expérimentaux obtenus sont consignés dans le tableau III.12

Tableau III.12 : Résultats des essais réalisés sur les bétons testés à 90 j, [51].

Béton ordinaire BHP


Essai
F5 F1 F3 F2 F4 F6 F7 F8 F9 F10
Slump (cm) 5 13 17 19 22 18 18 18 18 22

Densité (t/m3) 2,46 2,5 2,47 2,47 2,48 2,5 2,4 2,5 2,5 2,5

Air occlus (%) 1 0,7 0,8 0,7 0,9 0,9 0,8 1,2 1,0 0,9

Rc (MPa) 61 58 60 56 55 84 77 90 85 79

Ceof de
diffusion des
chlorures (10-12 10,7 8,4 8,3 12,0 8,6 0,6 1,0 0,5 0,6 0,8
m2/s)
Porosité
accessible à 11 10 11 11 10 8 8 8 7 9
l’eau (%)

Perméabilité
aux chlorures 2397 2059 2361 1917 2209 160 261 168 172 231
ASHTO (C)
Résistivité
électrique 275 357 270 233 380 1269 724 - - 1018
(Ω.m)
Absorption
capillaire 4,2 3,9 3, 3 - 2,9 1,6 1,6 0,1 1,0 1,3
(Kg/m2)

97
Chapitre III Approche performantielle de la durabilité du béton

Ces résultats montrent que les formules des bétons ordinaires n’ont pas respectées les
critères sur les indicateurs de durabilité choisis. Les valeurs ainsi obtenues sont supérieures
aux seuils exigés pour ce type d’ouvrage.

Les coefficients de diffusion sont de l’ordre de 8 à 12.10-12 m2.s-1 ;


Les valeurs de porosité sont de l’ordre de 11 % ;
Les quantités d’électricité sont comprises entre 2000 à 2400 C ces quantités nous
permettent de classer les bétons étudiés en bétons perméables.

Par contre pour le béton BHP, les exigences sur les indicateurs ont été toutes respectés,
avec :

Des coefficients de diffusion de l’ordre de 0,5 à 1 10-12 m2.s-1 ont été obtenus.
Des valeurs de porosité de l’ordre de 8 % ;
Des quantités d’électricité comprises entre 160 à 308 C. Ces quantités nous permettent de
classer le béton étudié en béton très faiblement perméable.

Ces résultats montrent que pour des E/C > 0,4 et des dosages en ciment < 380 kg/m3, les
indicateurs de durabilité choisis pour les ouvrages marins de durée > 100 ans ne sont pas
respectés.
Le ciment utilisé pour la formulation du BHP est substitué en partie par des additions
minérales qui sont les cendres volantes et la fumée de silice. L’utilisation de ces additions
dans un béton présentant un rapport E/L de 0,35 a permis de diminuer le volume poreux en
remplaçant les grands pores par des pores de dimensions plus faibles ce qui a permis
d’améliorer les coefficients de transfert et, par conséquent, d’augmenter la durabilité du
matériau.

Remarque
La manière dont cette approche a été appliquée est relativement incomplète du moment
que la partie prédictive n’a pas été réalisée et que l’ouvrage devrait être divisé en plusieurs
zones (pas seulement la zone de marnage) vue qu’il y a plusieurs parties (zone immergée
sous l’eau ; zone aérée, zone de marnage…etc) dans la même structure.

98
Chapitre III Approche performantielle de la durabilité du béton

III.11/ Adaptation de l’approche performantielle au contexte Algérien


Cette approche performantielle peut être favorablement appliquée et adaptée au contexte
Algérien vu que les pathologies prises en considération (corrosion des armatures induite
par la carbonatation et la pénétration des ions chlorures) sont très répandues dans notre
pays compte tenu des conditions climatiques et environnementales, donc la maîtrise de ces
pathologies et la mise en place de solutions innovantes permettant d’arrêter ou de ralentir
ces dégradations revêtent un caractère d’urgence.

Cependant, elle demeure toujours incomplète par rapport au contexte Algérien, donc nous
préconisons d’introduire ou de mettre au point d’autres critères de performance
(indicateurs) par rapport à d’autres pathologies existantes en Algérie qui influent sur la
durabilité des ouvrages à savoir :

A/ Attaques sulfatiques : surtout dans les sols du sud de l’Algérie, des recherches
récentes, [51], préconisent les essais suivants :

 Indicateurs chimiques (constituants du béton)


 Bilan des sulfates équivalents;
 Nature des hydrates.
 Indicateur global et macroscopique (béton durci) : Stabilité dimensionnelle des
éprouvettes de béton.

B/ La lixiviation
La lixiviation concerne tous les ouvrages immergés, et plus particulièrement ceux exposés
à des eaux faiblement minéralisées ou acides: ouvrages hydrauliques, parois
d’aéroréfrigérants de centrales électriques, conduites et réservoirs d’eaux usées ou
pluviales par exemple.

B.1/ Essai de lixiviation à pH constant


L’essai consiste en l’immersion d’un échantillon de béton 80*30 mm dans une solution
régulée à pH = 5,0 par ajout d’acide nitrique HNO3 de concentration 0,5 mol/l, [53].
Deux dispositifs identiques ont été mis en place, afin de pouvoir étudier la répétabilité
de l’essai, (figure III.9). La solution est renouvelée tous les 30 ml d’acide ajoutés et
dosée pour déterminer sa concentration en ions calcium. L’évolution de la quantité d’acide
ajoutée permet d’évaluer la quantité d’ions hydroxyde lixiviés.

Les quantités cumulées d’ions hydroxyde et calcium lixiviés permettent de déterminer


les cinétiques de lixiviation.
A la fin de l’essai, l’épaisseur dégradée est mesurée à l’aide d’un indicateur pH
(solution de phénolphtaléine) sur l’échantillon fendu.
Trois indicateurs, [53], peuvent être tirés de cet essai de lixiviation à savoir
 Quantité totale de calcium lixivié,
 Épaisseur dégradée mesurée,
 Épaisseur dégradée équivalente.
99
Chapitre III Approche performantielle de la durabilité du béton

Figure III.9 : Essai de lixiviation à pH constant, [53].

C/ L’effet de la chaleur intense ainsi que le gradient de température

Les variations dimensionnelles des matériaux cimentaires sont à l'origine de fissures


souvent préjudiciables. Elles sont dues principalement aux retraits et aux effets de la
température, c’est le cas dans le Sahara où le mercure peut osciller d’un extrême à l’autre
en l’espace de quelques heures seulement (au-delà de 50°C le jour, au-dessous de 0°C la
nuit !) et doivent être prises en compte dès le début de solidification du matériau, c'est-à-
dire dès sa prise.

Les études, [54], touchant ce facteur nous amène à préconiser les critères de performances
(indicateurs) suivants :

 Mesure et évolution du coefficient de dilatation thermique, en µm/m/0C


 Mesure de retrait,
 Propagation de microfissures,
 Conductivité thermique en kcal/m/h°C

100
Chapitre III Approche performantielle de la durabilité du béton

Approche performantielle proposée

 Corrosion des armatures (carbonatation et chlorures)


 Alcali-réactions.

Effet de la température : Effet des sulfates :


- Coefficient de dilatation Indicateurs chimiques :
thermique; -Bilan des sulfates équivalents
-Retrait; -Nature des hydrates.
-Propagation de fissure. Béton durci :
-Stabilité dimensionnelle

Aléa sismique :

-Essais de fatigue ;
-propagation de fissures ;
-Calcul géotechnique et sismique.

Adaptation au contexte de
l’Algérie.

Figure III.10 - Adaptation de l’approche performantielle proposée au contexte


de l’Algérie.

101
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béton. Méthodologie et exemples » édition de technique de l’ingénieur C 2 246.
Conclusion générale et
recommandations
Conclusion générale

CONCLUSION GENERALE

La conception d’un ouvrage en béton ou en béton armé nécessite d’apprécier à priori


l’ensemble des contraintes environnementales et les agressions potentielles qu’il aura à
subir pendant toute sa durée de service, et de respecter et mettre en œuvre les
recommandations en vigueur.

Ce travail nous a permis de sérier les facteurs à prendre en compte pour l’appréhension de
la problématique de la durabilité des bétons en Algérie. Ces facteurs sont essentiellement
le climat, l’environnement, les agressions chimiques ainsi que l’alea sismique dans les
régions à forte sismicité et de proposer par la suite une méthodologie générale, structurée
en différentes étapes ou modules (processus).

Cette approche novatrice a le mérite de clarifier et d’introduire plus de rigueur scientifique


dans l’évaluation de la durabilité des ouvrages en béton armé, tout en restant très souple
(adaptable). Elle propose des critères performantiels sûrs et objectifs pour maîtriser la
durabilité du béton armé et de ses constituants.

Il est désormais possible de fournir à l’ingénieur et au concepteur, fort démunis jusqu’à


présent, une « méthodologie » pour l’évaluation et la prédiction de la durabilité, sur la base
d’un petit nombre de propriétés du matériau béton. Ces propriétés ont une signification
physique précise et sont facilement accessibles par des méthodes bien définies et validées.

Cette « méthodologie » inclut :

- Les indicateurs de durabilité (généraux, spécifiques ou de substitution) et des


paramètres complémentaires optionnels, accompagnés des méthodes d’essais
correspondantes et d’un système de classes (et de valeurs limites) directement utilisable
pour l’évaluation de la durabilité « potentielle » et de là, pour la comparaison et le
classement de différentes formules de béton.

- Des spécifications types par rapport à la corrosion des armatures et l’alcali-réaction


relatives aux indicateurs de durabilité sélectionnés, en fonction de la durée de vie exigée
pour la structure et de son type d’environnement. Ainsi, les « recommandations »
proposées permettent de spécifier des durées de vie (par exemple 30, 50, 100, 120 ans ou
plus) pour les ouvrages en béton, sur la base de 1, 2, 3 ou 4 grandeurs physiques mesurées ;

- Des modèle(s) prédictif(s);


- Des témoins de durée de vie accompagnés des méthodes d’essais correspondantes.
Cette « méthodologie » permet également d’apporter d’ores et déjà des solutions concrètes,
fiables et à faible coût à divers problèmes, dans les deux situations suivantes :

102
Conclusion générale

La conception des bétons et des ouvrages (prévention) : Concevoir des bétons aptes à
prémunir les ouvrages vis-à-vis d’une dégradation donnée, en fonction de la durée de vie
exigée et du type d’environnement (lui-même fonction notamment de la température, de
l’humidité relative et des espèces potentiellement agressives présentes).
La méthodologie proposée permet ainsi la qualification de formules de béton destinées à
un ouvrage à construire. En outre, si les valeurs des indicateurs de durabilité sont
introduites en tant que données d’entrée dans un modèle, il est possible de prédire la durée
de vie de l’ouvrage ;

Le suivi des ouvrages existants : il s’agit ici d’évaluer l’état d’ouvrages existants,
dégradés ou non, à une échéance donnée (diagnostic), et de prédire leur évolution future
(durabilité résiduelle), dans le cadre notamment du contrôle opérationnel et de la gestion
du parc d’ouvrages, et dans un objectif d’aide à la décision.

-Cette approche performantielle peut être favorablement appliquée dans le contexte


Algérien vu que les pathologies prises en considération (corrosion des armatures induite
par la carbonatation et la pénétration des ions chlorures) sont très fréquentes dans notre
pays compte tenu des conditions climatiques et environnementales, donc la maîtrise de
cette pathologie et la mise en place de solutions innovantes permettant d’arrêter ou de
ralentir la corrosion des armatures revêtent un caractère d’urgence.

-En revanche, la deuxième pathologie prise en considération qui est l’alcali-réaction, même
si ce type d’agression est rarement rencontré en Algérie, il a été jugé utile de la maintenir
en raison de la gravité des dégâts causés par cette agression et de le prendre comme mesure
de sécurité sur les granulas locaux employés.

-Cependant, l’incorporation de critères performantiels spécifiques est nécessaire afin de


lutter contre d’autres pathologies existantes en Algérie et que cette approche n’a pas pris en
compte tel que l’effet de la chaleur intense et l’influence des attaques sulfatiques ainsi que
l’alea sismique qui provoque des fissures et microfissures ce qui facilite la pénétration des
agents agressifs et par conséquent, compromettre la durabilité de l’ouvrage et remis en
cause toutes les théories mentionnées par l’approche.

-Enfin, Il est important de souligner que ce type de démarche et les spécifications


correspondantes, aussi élaborés, rigoureux et précis soient-t-ils, ne pourront porter leurs
fruits que si les recommandations pour une mise en œuvre correcte du béton et le contrôle
d’exécution sont appliqués avec la même rigueur.

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