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Ecole thématique "matériaux cimentaires" du 25 au 30 septembre 2011

LA DURABILITE DU BETON : PATHOLOGIES

Gilles Escadeillas

Professeur des Universités

Laboratoire Matériaux et Durabilité des Constructions (EA 3027)


Université de Toulouse, UPS, INSA

La durabilité du béton : pathologies – Gilles Escadeillas 1


Ecole thématique "matériaux cimentaires" du 25 au 30 septembre 2011

PLAN DE l’EXPOSE
Contexte et objectifs
Réactions de gonflement endogènes
• Alcali-réaction (RAG ou AAR)
• Ettringite différée (RSI ou DEF)
• Réactions couplées

Réactions en environnements chimiquement agressifs


• Mécanismes généraux
• Milieux sulfatiques
• Interactions couplées : le milieu marin
• De l’eau pure aux acides forts
• Acides organiques

Démarche performantielle et démarche diagnostic


Conclusion
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CONTEXTE GENERAL
Le béton est un matériau normalement durable…

[ANDRA]

[LCPC] 100 000 ans…

> 100 ans

> 50 ans
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CONTEXTE GENERAL
Mais il peut aussi présenter (rapidement) des pathologies !

Réaction sulfatique interne [LCPC]

Alcali – Réaction [GranDuBé EDF]

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CONTEXTE GENERAL
Pourquoi le béton n’est il pas toujours durable ?
• Le béton est un matériau poreux (fonction du E/C)
→ Pénétration possible des agents agressifs (diffusion)
• Le béton est un matériau basique
→ Composés non stables en milieu basique (silice)
→ Perte de masse et d’alcalinité dans un environnement plus acide
• Le béton est un matériau évolutif
→ Importance de l’âge et de la cure
• Le béton est en interaction avec son environnement
→ Différence de conditions de stabilité thermodynamique des
hydrates
• Le béton est un matériau complexe pas toujours bien utilisé !
→ Nombre de composants (ciment, granulats, additions, adjuvants)
→ Manque de formation (connaissance) de certains utilisateurs

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OBJECTIFS DE CETTE PRESENTATION


Décrire les pathologies les plus courantes du béton
• Réactions endogènes
• Réactions exogènes

Justifier les solutions préventives


• Suppression d’un « réactif » (élément à gauche dans la réaction chimique)
• Limiter l’accès du « réactif » ou du « catalyseur »
• …
Montrer les besoins en recherche
• Eléments qui font « débat »
• Pathologies peu étudiées
• …

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REACTIONS DE GONFLEMENT ENDOGENES

- Alcali-réactions (RAS ou AAR)


- Ettringite différée (RSI ou DEF)
- Réactions couplées

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Alcali-réactions
Désordres observés (souvent après 20 – 30 ans)
• Echelle macroscopique (ouvrages d’art et barrages essentiellement)
- expansion, déplacement d’éléments
- fissuration (réseau polygonal de fissures) Pas facile de faire un
- exsudation de gels diagnostic précis !
- éclatements ponctuels (popouts)
• Echelle microscopique (laboratoire)
- microfissuration
- produits réactionnels (gels) Diagnostic précis !

[EDF]
Thèse
Grimal)

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Réaction alcali-silice
Phases initiales (consensus)
• Attaque acido-basique des silanols Si-OH par les ions OH-
Si-OH + OH-  Si-O- + H2O
• Neutralisation des charges par les ions Na+ (ou K+)
Si-O- + Na+ (ou K+)  Si-O-Na (ou K+)
• Attaque acido-basique des ponts siloxanes par les ions OH- :
Si-O-Si + 2OH-  2Si-O- + H2O

Formation du gel silico-alcalin (débat…)


• Réactions topochimiques ? Réactions de transolution ?
• Origines du gonflement (à partir du gel par pression osmotique,
thermodynamique, corps poreux, par expansion des granulats, …) ?

• Importance reconnue du rapport SiO2soluble / Na2Oéquivalent


• Importance reconnue du calcium (viscosité et aspect du gel)

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Paramètres fondamentaux de la réaction alcali-silice


Teneur critique en minéraux réactifs (dépend de la nature
pétrographique des granulats, de leur dosage et de leur granularité)
Teneur minimale en alcalins du béton (origines interne et externe)
Humidité relative ambiante minimale (80-85%)

[ATILH 2008, d’après LEA 1998] [ATILH 2008]

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Prévention de la réaction alcali-silice (LCPC, 1994)


Qualification des granulats vis-à-vis de la RAG (NR, PR, PRP)
• Essais rapides (< 1 semaine) à lents (→ 8 mois)
Limitation de la teneur en alcalins (3 à 3,5 kg/m3)
Utilisation d’additions pouzzolaniques (en quantité suffisante)
Qualification de la formule de béton (→ 8 mois)
Utilisation d’inhibiteurs chimiques (sels de lithium)

[ATILH 2008]

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Réaction sulfatique interne (RSI ou DEF)


Désordres observés (souvent après 10 – 20 ans)
• Echelle macroscopique (ouvrages massifs ou étuvés)
- expansion, déplacement d’éléments
Pas facile de faire un
- fissuration (réseau polygonal de fissures)
diagnostic précis !
- dégradations sévères
• Echelle microscopique (laboratoire)
- microfissuration
- présence d’ettringite palissadique Diagnostic précis ?

[LCPC] [LMDC]
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Conditions d’apparition de la RSI


Elévation initiale de la température du béton (T°> 65°C)
et durée du maintien
• Exothermie de bétons (dosage en ciment élevé, ciment de type 52,5,
bétons massifs, coulage en été, …)
• Traitement thermique inadapté (préfabrication)

Environnement humide (proche saturation)


Teneurs en sulfates, aluminates et alcalins du béton
• Influence des alcalins sur la stabilité de l’ettringite
Qualité des granulats (siliceux)
Conditions d’accélération de la RSI
Microfissuration
Lessivage des alcalins

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Mécanismes de la RSI [ATILH 2008]

Echauffement du béton (t°> 65°C) Dissolution de l’ettringite


 Formation de nanocristaux de monosulfo-
(étuvage ou éxothermie naturelle du béton)
aluminates AFm
 Adsorption des ions sulfate et aluminate par
Retour à la température ambiante
les C-S-H

Milieu humide

Période de latence
(plusieurs mois à plusieurs années) Période d’accélération
Pénétration de l’eau, diffusion ionique :  Gonflement homogène et microfissuration de
la pâte de ciment
 Recristallisation de microcristaux d’ettringite
 Déchaussement des granulats
 Pressions de gonflement contenues par le
matériau  Expansion et fissuration du matériau

Période de stabilisation
 Epuisement des réactifs
 Recristallisation d’ettringite secondaire dans
les fissures et aux interfaces pâte-granulats

[Taylor 2001]

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Cinétique de la RSI
2
1,8
1,6 Période Période
Mortar BS
Expansion (%)

1,4 de latence d’accélération


1,2 Période de
1 stabilisation
0,8
0,6
0,4
0,2
0
0 50 100 150 200 250 300 350 400 450 500 550 600 650 700
Age (Days)

145 days 200 days 450 days

[Leklou 2009]

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Prévention de la RSI (LCPC, 2007)


Définition des classes d’exposition (fonction de l’humidité, XH1 à
XH3) et des niveaux de prévention (As à Ds) avec précautions à
appliquer :
• Limitation des températures maximales
• Utilisation de ciments particuliers (ciments ES pour le niveau Ds)
• Limitation de la teneur en alcalins actifs des bétons
• Validation de la formulation du béton (niveau Ds) avec essai LCPC
Dispositions liées à la conception de l’ouvrage
• Pour réduire le contact avec l’eau
• Pour réduire l’échauffement du béton
Dispositions liées à la formulation du béton et à sa mise en
œuvre
• Choix et dosage en ciments, utilisation d’additions pouzzolaniques
• Choix du coffrage, heure de coulage, refroidissement du béton, …

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Réactions couplées RAG - RSI


Observations de gel de RAG et de cristaux d’ettringite

RAG RSI

Forte teneur en alcalins pour que la Les alcalins et la température


réaction se produise augmentent la solubilité de l’ettringite

Milieu humide

Les alcalins sont consommés par La diminution de la teneur en alcalins


l’alcali-réaction favorise la précipitation d’ettringite

L’alcali-réaction provoque des ? La fissuration accélère la précipitation


gonflements et de la fissuration d’ettringite

Renforcement mutuel des actions ?


Importance relative de chacune des réactions ?

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REACTIONS EN ENVIRONNEMENTS
CHIMIQUEMENT AGRESSIFS

• Mécanismes généraux
• Milieux sulfatiques
• Interactions couplées : le milieu marin
• De l’eau pure aux acides forts
• Acides organiques

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Mécanismes généraux
Dissolution et hydrolyse des hydrates
• Dissolution : AxBy ↔ xA+ (aq) + yB- (aq)
L’équilibre de solubilité est défini par :
Ks = [A+]x . [B-]y / [AxBy] avec [A+] et [B-] activités des ions en solution
pKs = -log Ks
Ainsi : Ca(OH)2 ↔ Ca2+ + 2OH-
pKs = -log [Ca2+] [OH-]2 = 5,25 et Ks = 10-5,25 = 5,6.10-6 [Adenot, 1996]
• Hydrolyse : AB + H2O ↔ BOH + AH sel AB de base forte et d’acide faible (C-S-H)
Ainsi : C-S-H + H2O ↔ (Ca2+ + OH-) + (H2SiO42- + H+) (non équilibré)

Précipitation de nouveaux composés


• Nocifs avec expansion (ex : ettringite)
• Non nocifs et pouvant constituer une barrière protectrice (ex : calcite)

Existence d’un zonage

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Réaction sulfatique externe


Désordres observés (très rapides après contact avec l’eau)
• Echelle macroscopique
- expansion, déplacement d’éléments
Pas facile de faire un
- fissuration (réseau polygonal de fissures)
diagnostic précis !
- dégradation sévères (perte cohésion)
• Echelle microscopique (laboratoire)
- microfissuration
- présence d’ettringite massive Diagnostic précis ?

[LMDC]
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Milieux sulfatiques
Origine des sulfates
• Internes
- sulfates du clinker et du régulateur de prise
- granulats pollués (sulfates d’origine naturelle ou artificielle, sulfures)
• Externes
- sols gypseux ou pollués
- eaux souterraines séléniteuses
- environnements urbains

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Milieux sulfatiques
Réactions chimiques
a) Formation de gypse secondaire (ex avec Na)
Na2SO4 + 2H2O + Ca(OH)2  CaSO4.2H2O + 2 NaOH
Na2SO4 + 9H2O + C-S-H  3(CaSO4.2H2O) + 6 NaOH + 2 SiO2.3H2O
Vfinal ≈ 2 Vinitial → Possibilité d’expansion
b) Formation d’ettringite secondaire à partir du gypse secondaire
- à partir des reliquats de C3A anhydre :
C3A + 3(CaSO4.2H2O) + 26H2O  C3A.3CaSO4.H32
Vfinal ≈ 3 Vinitial → Expansion
- à partir de l’aluminate tétracalcique hydraté :
C4AH13 + 3 (CaSO4.2H2O) + 13H2O  C3A.3CaSO4.H32 + CH
- à partir du monosulfoaluminate de calcium hydraté :
C3A.CaSO4.H12 + 2 (CaSO4.2H2O) + 16H2O  C3A.3CaSO4.H32
Vfinal ≈ 8 Vinitial → Forte expansion

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Milieux sulfatiques
Mécanismes d’expansion de l’ettringite (Scherer 1999)
• L’intensité de la force développée par la croissance d’un cristal
dépend du degré de sursaturation de la solution
• Le cristal ne croîtra pas là où il doit exercer une pression s’il a la
possibilité de croître dans des espaces libres (pores, fissures)
• Pour un cristal se développant dans un pore, des pressions peuvent
s’exercer sur les parois du pore si son rayon est inférieur à ≈ 100 nm
(confinement) et les contraintes générées localement s’exercent
dans des espaces relativement restreints et confinés.
Rôle du cation associé
• En terme d’agressivité (fonction de la solubilité des sels)
ammonium > magnésium > sodium et potassium > calcium

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Milieux sulfatiques
Précautions à prendre
• Liants
- Limitation du C3A et du SO3 : ciments PM ou PMES
- Limitation du C3S (indice de Sadran)
- Limitation de Ca(OH)2 : additions pouzzolaniques
• Compacité du béton
- dosage minimum en ciment
- rapport E/C maximum

[ATILH 08, d’après Ouyang 88]

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Milieux sulfatiques
Cas particulier de la thaumasite (isomorphe de l’ettringite)
• Conditions de formation (non complètement élucidées)
- température basse (< 15°C)
- humidité relative élevée
- sources de carbonate (CO2 atmosphérique, carbonates...), de
sulfate (endogène ou exogène), de silice (C-S-H, minéraux
argileux...) et présence d'une petite quantité d'alumine
• Réaction chimique (avec les C-S-H)
3CaO.2SiO2.3H2O + 2(CaSO4.2H2O) + 2CaCO3 + 24H2O
 Ca6[Si(OH)6]2(CO3)2(SO4)2.24H2O + Ca(OH)2
• Précautions à prendre
- béton compact (dosage en ciment élevé)
- ciments à forte teneur en laitier
- éviter les fillers calcaires
- protéger l’ouvrage des arrivées d’eau

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Le milieu marin
Une attaque complexe
• Conditions environnementales (immersion totale, marnage, aspersion)
- agressivité faible dans les zones aériennes (XS1)
- agressivité modérée en immersion totale (XS2)
- agressivité sévère en zone de marnage et d’aspersion (XS3)

• Réactions chimiques (chlorures, sulfates, carbonates, magnésium)


- Formation de sels solubles (CaCl2) ou insolubles (CaCO3)
- Formation de nouveaux composés
- Echange d’ions

• Agressions physiques et mécaniques (gel, érosion, vagues, chocs, …)


• (+ conséquences de la corrosion des aciers)

N.B. : Composition eau méditerranée (en g/l) : Cl- : 21,4 ; SO42- : 3,06 ; Mg2+ : 1,8 ; Na+ : 11,6

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Le milieu marin
Présentation schématique (ATILH 2008, d’après Mehta 1980)
Béton
Fissuration due à la
Zone
corrosion des aciers aérienne
Fissuration due au gel-
dégel, aux gradients Marée
thermiques et à haute
l’humidité
Abrasion due à l’action des
vagues, des sables des
graviers et de la glace
Réaction alcali-granulat et Marée
décomposition
chimique des hydrates
basse
Armatures
Attaques chimiques : Zone
 par le CO2
 par les sulfates
immergée
 par les chlorures
 par les ions Mg

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Le milieu marin
Réactions chimiques
ACTION DES CHLORURES

NaCl MgCl2

Ca(OH)2 + 2NaCl  CaCl2 + 2NaOH Ca(OH)2 + MgCl2  CaCl2 + Mg(OH)2


C-S-H + 2NaCl  CaCl2 + 2NaOH + silice C-S-H + MgCl2  CaCl2 + C-M-S-H

 Lixiviation de la chaux de Echange Mg2+  Ca2+


Ca(OH)2 et des C-S-H C3A, aluminates hydratés  Protection si formation de
 Accroissement de porosité Mg(OH)2 insoluble (brucite)
(CaCl2 soluble)  Perte des propriétés liantes
 Corrosion des aciers
CaCl2 + C3A + 10H2O 
C3A.CaCl2.10H2O si formation de C-M-S-H

SO3 SO3 + CO2 + SiO2

C3A.CaCl2.10H2O + SO3  C3A.CaCl2.10H2O + SO3 + CO2 + SiO2


 Expansion
ettringite  Fissuration
 thaumasite

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Le milieu marin
Réactions chimiques
ACTION DES SULFATES

Ca(OH)2 + MgSO4 + 2H2O  CaSO4.2H2O + Mg(OH)2


C-S-H + MgSO4 + 2H2O  CaSO4.2H2O + C-M-S-H

Formation de CaSO4.2H2O Echange Mg2+  Ca2+


 Lixiviation (sel soluble)  Protection si formation de
 Expansion ( gypse secondaire) C3A
Mg(OH)2 insoluble
Aluminates hydratés  Perte des propriétés liantes si
formation de C-M-S-H (M-S-H)

C3A + 3CaSO4.2H2O + 26H2O  C3A.3CaSO4.32H2O

 Précipitation d’ettringite
 Expansion, fissuration

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Le milieu marin
Réactions chimiques

ACTION DU DIOXYDE DE CARBONE

Ca(OH)2 + CO2 + H2O  CaCO3 + 2H2O

Formation de calcite et d’aragonite CaCO3 Formation de thaumasite


 Précipitation de sel quasi-insoluble CaSO4.CaSiO3.CaCO3.15H2O
 Effet protecteur - en présence de CO2, de sulfates et de silice
issue de la dégradation des C-S-H
- par transformation d’ettringite)
 Expansion

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Le milieu marin
Précautions à prendre
• On ne peut pas empêcher l’eau de mer d’arriver…
et il faut donc agir sur le matériau béton !
• Liants
- Limitation du C3A : ciments PM ou PMES
- Limitation de Ca(OH)2 : additions pouzzolaniques
• Compacité du béton
- dosage minimum en ciment
- rapport E/C maximum
• Et ne pas oublier une épaisseur d’enrobage minimale…
et une bonne cure !

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De l’eau pure aux acides forts


Une attaque par lixiviation
• Eau pure
• Acides forts avec sels solubles
• Nitrate d’ammonium
- Dissolution des phases calciques (portlandite, C-S-H)
hydrolyse / réaction acide-base / échange d’ions
- Forte solubilité des sels de calcium (CaCl2, Ca(NO3)2)
Fronts de dissolution

1 2 3 4 5

gel C-S-H C-S-H C-S-H C-S-H


Milieu SiO2 décalcifiés décalcifiés décalcifiés Portlandite
agressif AFt AFt AFt
AFm AFm

Matériau dégradé Matériau sain

[Adenot 1992] [Faucon 1998]

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De l’eau pure aux acides forts


Une attaque par lixiviation
• Eau pure
• Acides forts avec sels solubles
• Nitrate d’ammonium
- Perte de masse et d’alcalinité (diffusion)
- Augmentation de la porosité et de la perméabilité
- Perte de résistance et de rigidité

[Adenot 1992] [Haga 2005] [Carde 1999]

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Attaques par les acides organiques


Contexte
• Environnements agro-industriels sévères (fromagerie, porcherie, …)
→ dégradation rapide des bétons
→ coûts élevés de maintenance
(perte d’exploitation)
→ pas de solution « durable » évidente…

• Difficultés
- diversité des produits (lactosérum, lisier, jus d’ensilage, …)
- complexité des milieux (mélange d’acides)
- activité bactérienne
- peu d’études et de recherches (publiées)

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Attaques par les acides organiques


Caractéristiques des milieux
• Types d’acides : acétique, lactique, butyrique, propionique, oxalique,
citrique, succinique, tartrique, …
• Concentrations : de 30 à plus de 300 mmol/l
• pH : de 4 à 6-8

Caractéristiques des acides


- Constante de dissociation (ou pKa) :

Acetique Propionique Butyrique Lactique Oxalique Succinique Tartrique Citrique

4.76 4.87 4.81 3.86 1.23/ 4.16/ 2.98/ 3.14/


4.19 5.61 4.34 4.77/6.39
Mono-acides Di-acides Tri-acide

• Polyacidité : un di-acide (ou un tri-acide) libère 2 (ou 3) fois plus de


H+ qu’un mono-acide

La durabilité du béton : pathologies – Gilles Escadeillas 35


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Attaques par les acides organiques


Propriétés des sels de calcium
- Solubilité
- sels très solubles : acétate de calcium, lactate de calcium, …
- sels peu solubles : succinate de calcium, tartrate de calcium,
citrate de calcium
- sels insolubles : oxalate de calcium

- Volume molaire (rappel Ca(OH)2 : 33 cm3/mole)


- oxalate de calcium : 66 cm3/mole
- tartrate de calcium : 143 cm3/mole
- citrate de calcium : 518 cm3/mol

La durabilité du béton : pathologies – Gilles Escadeillas 36


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Attaques par les acides organiques


Schéma synoptique d’étude Sels de
calcium

Peu soluble
Soluble
à insoluble

Oueslati 2011

Propriétés Propriétés Propriétés


chimiques des pâtes physiques
de l’acide de ciment des sels

Stabilité des
hydrates de Volume
pKa
calcium molaire

Porosité de Affinité avec


Poly-acidité la matrice la matrice ?

pH de la Forme
solution mésoscopique ?

La durabilité du béton : pathologies – Gilles Escadeillas 37


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Attaques par les acides organiques


Exemples de dégradation Citrique Succinique Acétique

12
Degraded layer depths (mm)

11 Citric
10
Succinic
9
Acetic
8
7
Malic
6 Tartaric
5 Oxalic Malique Tartrique Oxalique
4
3
2
1
0
0 50 100 150 200 250 300 350
Time (days)
Pâtes de CEM I, E/C = 0.27
[acide] = 0.28 M, pH 4 - Acide oxalique pH 0.85 - Le pH n’est pas le paramètre
[Larreur-Cayol et al. CCR 2011]
essentiel de la dégradation !
La durabilité du béton : pathologies – Gilles Escadeillas 38
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Attaques par les acides organiques


Exemples de dégradation
Pâte CEM I – Acide acétique
Immersed specimen Control
(Analyses microsonde)
90 35
specimen [Bertron 2007]
Degraded zone Sound zone
80
30
% Oxides Tot, CaO, SiO2

70

% Oxides Al2O3, Fe2O3


Zone 3 Z. 2 Zone 1 25 % Total
60

50 20
% CaO
40 15
% SiO2
30
10
% Al2O3
20
5 % Fe2O3
10

0 0
0 1000 2000 3000 4000 5000 6000 7000 8000

- Zone fortement décalcifiée / Pas de précipitation de sel de calcium


- Présence de gel de silice et d’alumine (29Si, 27Al RMN)
→ Forte dégradation du CEM I (porosité élevée)
La durabilité du béton : pathologies – Gilles Escadeillas 39
Ecole thématique "matériaux cimentaires" du 25 au 30 septembre 2011

Attaques par les acides organiques


Exemples de dégradation
Pâte CEM I – Acide oxalique
90 40 (Analyses microsonde)
Immersed specimen [Larreur-Cayol 2011a]
80 35

70
30

60
25
50
20
40
% Total % CaO
15
30 % SiO2 % Al2O3
% Fe2O3
10
20

10 5

0 0
0 500 1000 1500 2000 3500
2500

- Pas de décalcification / Formation épitaxique d’oxalate de calcium


- Diminution de la porosité (Vm CH = 33 cm3/ mole et Vm oxa = 66 cm3/mole)
→ Pas de dégradation du CEM I
La durabilité du béton : pathologies – Gilles Escadeillas 40
Ecole thématique "matériaux cimentaires" du 25 au 30 septembre 2011

Attaques par les acides organiques


Exemples de dégradation
Pâte CEM III – Acide oxalique
(Analyses microsonde)
100 60
[Larreur-Cayol 2011b]
90
50
80
% Oxides total ,CaO,SiO2

% Al2O3,SO3, MgO
70 % Total % CaO
Z3 Z2 Zone1 40
60 % SiO2 % Al2O3
% SO3 % MgO
50 30

40
20
30

20
10
10

0 0
0 200 400 600 800 1000 1200 1400 1600 1800
Distance to the surface (micrometres)

- Décalcification des C-(A)-S-H / disparition de l’aluminium


- Formation d’oxalate de calcium / Augmentation de la porosité
(Vm C-S-H = 88 -125 cm3/ mole et Vm oxa = 66 cm3/mole)
→ Légère dégradation des CEM III !

La durabilité du béton : pathologies – Gilles Escadeillas 41


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Attaques par les acides organiques


Exemples de dégradation
Pâte avec additions – Acide acétique
pH 4 (Analyses microsonde)
[Oueslati 2011]

- Influence significative de la durée de cure


- Meilleure tenue des pâtes avec additions
→ Influence de la nature des hydrates (et de l’aluminium)
La durabilité du béton : pathologies – Gilles Escadeillas 42
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Attaques par les eaux pures et les acides faibles


Sans protection supplémentaire, il faut considérer que le
béton est consommable !
Précautions à prendre pour limiter sa dégradation
• Liants
- Limitation de Ca(OH)2 : ciments composés et additions
pouzzolaniques
- Limitation du C3S
• Compacité du béton (perméabilité et diffusivité réduites)
- dosage minimum en ciment
- rapport E/C maximum

Mais ce n’est pas toujours suffisant …


Et il faut continuer les recherches !

La durabilité du béton : pathologies – Gilles Escadeillas 43


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DEMARCHE PERFORMANTIELLE
&
DEMARCHE DIAGNOSTIC

La durabilité du béton : pathologies – Gilles Escadeillas 44


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Démarche performantielle [AFGC 2004]


Définition de la catégorie d’ouvrage (importance économique
et stratégique)
Définition des conditions environnementales générales
(ouvrage) et particulières (parties d’ouvrage)
Définition des risques de dégradation
Choix des indicateurs de durabilité pour le béton (fonction
des caractéristiques de l’ouvrage et de son environnement)
Sélection des spécifications relatives aux indicateurs de
durabilité (fonction de la durée de vie de l’ouvrage)
Formulation des bétons
Qualification des formules de béton
Choix d’un modèle prédictif de durée de vie (optionnel)
Validation par retour d’expérience.
La durabilité du béton : pathologies – Gilles Escadeillas 45
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Démarche diagnostic
Formulation du problème par le client
Information préalable sur l’ouvrage (ou partie d’ouvrage)
Visite du site
• inspection visuelle (ouvrage, environnement, …)
• prélèvements (béton, eau et sol environnants)
• essais sur site (relevés fissures, chimiques, mécaniques, …)

Etudes en laboratoire
• observations macro et microscopique (MEB + EDS)
• essais physiques (masse volumique, porosité, …)
• essais chimiques (dosage en ciment, sulfates, alcalins, …)
• essais mécaniques (Rc, gonflement résiduel, …)

Conclusions

La durabilité du béton : pathologies – Gilles Escadeillas 46


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CONCLUSIONS

La durabilité du béton : pathologies – Gilles Escadeillas 47


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Conclusions
Des pathologies nombreuses et complexes avec pour origine
• Une formulation inadaptée du béton (type de ciment, granulats, E/C, …)
• Un environnement d’ouvrage mal évalué (humidité, agents agressifs, …)
• Des choix constructifs discutables…

Des réparations peu évidentes


• Difficulté du diagnostic et donc de la recherche de la bonne réparation
• Pathologies sans « remède » (RAG, RSI)
• Durée de vie et coût de la réparation

Il faut donc privilégier l’approche préventive :


• Connaître les différentes pathologies et les moyens de les éviter
• Appliquer (autant que possible) une démarche performantielle
• Surveiller et entretenir l’ouvrage

Il faut aussi continuer les recherches !


La durabilité du béton : pathologies – Gilles Escadeillas 48
Ecole thématique "matériaux cimentaires" du 25 au 30 septembre 2011

AFGC 2004, Conception des bétons pour une durée de vie donnée des ouvrages – Indicateurs de
durabilité.
ATILH 2008, La durabilité des bétons. Bases scientifiques pour la formulation de bétons durables dans leur
environnement, Vichot A., Ollivier J.-P., Presses de l'Ecole Nationale des Ponts et chaussées
Adenot F. - Durabilité du béton : caractérisation et modélisation des processus physiques et chimiques de
dégradation du ciment, Thèse de doctorat, Université d’Orléans, 1992, 239 p.
Adenot F., Faucon P. (1996), Modélisation du comportement à long terme des bétons utilisés dans le
stockage des déchets radioactifs ». Int. RILEM Conf. Concrete from material to structure, Arles, p 55-76.
Bertron A., Coutand M., Cameleyre X., Escadeillas G., Duchesne J., L’attaque chimique et biologique des
effluents agricoles et agroalimentaires sur les matériaux cimentaires. Matériaux et Techniques 93 (2005),
pp. 111-121.
Carde C, François R. (1999). Modelling the loss of strength and porosity increase due to the leaching of
cement pastes. Cement & Concrete Composites, 21, 181-188.
Faucon P., Adenot F., Jacquinot J.F., Petit J.C., Cabrillac R., Jorda M. (1998), Long-term behaviour of
cement pastes used for nuclear waste disposal: Review of physico-chemical mechanisms of water
degradation, Cement and Concrete Research, Vol. 28, n°6, pp 847-857
GranDuBé 2007, GranDuBé :Grandeurs associées à la Durabilité des Bétons, Arliguie G., Hornain H.,
Presses des Ponts et Chaussées
Grimal E. (2007), Thèse de l’Université Paul Sabatier de Toulouse, Caractérisation des effets du
gonflement provoqué par la réaction alcali-silice sur le comportement mécanique d’une structure en béton.
Analyse numérique.

Titre de la présentation – Nom de l’orateur 49


Ecole thématique "matériaux cimentaires" du 25 au 30 septembre 2011

Haga K., Sutou S., Hironaga M., Tanaka S., Nagasaki S. (2005), Effects of porosity on leaching of Ca from
hardened ordinary Portland cement paste, Cement and Concrete Research, Vol.35, n°9, pp1764-1775
Larreur-Cayol, S., Bertron, A., and Escadeillas, G. (2011a) Degradation of cement-based materials by
various organic acids in agro-industrial waste-waters. Cement and Concrete Research 41 (8):882-892.
Larreur-Cayol, S., De Windt, L., Bertron, A., and Escadeillas, G. (2011b) Biodeterioration of cementitious
matrices by organic acid in agricultural effluents: experiments and modeling. In S. Godbout (ed.)
Proceedings of 7th International Symposium on Cement Based Materials for a Sustainable Agriculture,
Quebec.
Lea (1998), Chemistry of Cement and Concrete, Hewlett P.C., 1998, 4th edition.
Leklou N., Aubert J.-E., Escadeillas G. (2009), Microscopic observations of samples affected by delayed
ettringite formation (DEF), Materials and Structures, Vol.42, pp369–1378
Mehta P.K. (1980), Performance of concrete in marine environment, ACI SP-65, pp 1-20
Oueslati, O. (2011) Durabilité des matériaux cimentaires soumis aux acides organiques – Résistance
chimique, mécanique et de corrosion, PhD Thesis, Université Laval, Quebec.
Ouyang C., Nanni A., Chang W.F. (1988), Internal and external sulphate sources of sulphate ions in
Portland cement mortar : two types of chemical attack, Cem. Concr. Res., Vol. 18, n°5, pp 699-709
Taylor H.F.W, Famy C., Scrivener K.L. (2001), Delayed ettringite formation, Cement and Concrete
Research, Vol. 31, n°5, pp683-693

Sauf mention contraire explicite dans la bibliographie, les courbes, croquis, diagrammes, photos et
autres illustrations du cours sont de l'auteur.

Titre de la présentation – Nom de l’orateur 50

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