Cours de Soteriologie

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« Toute chair verra le salut

de Dieu »
Cours de sotériologie

© Fr. Silouane PONGA


Introduction
b) La dimension humaine du salut
a) La notion de sotériologie
«L'homme ne peut vivre sans amour. Il demeure pour lui-même un
Notre cours portera sur la sotériologie, autrement dit, la être incompréhensible, sa vie est privée de sens s'il ne reçoit pas la
théologie du salut. Le terme grec :  : sotéria = salut, révélation de l'amour, s'il ne rencontre pas l'amour, s'il n'en fait pas
sauvetage, libération. l'expérience et s'il ne le fait pas sien, s'il n'y participe pas fortement.
C'est pourquoi, comme on l'a déjà dit, le Christ Rédempteur révèle
La parole de Dieu déclare en effet que Dieu : « veut que tous pleinement l'homme à lui-même. Telle est, si l'on peut s'exprimer
les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la ainsi, la dimension humaine du mystère de la Rédemption. Dans
vérité. Car Dieu est unique, unique aussi le médiateur entre Dieu et cette dimension, l'homme retrouve la grandeur, la dignité et la valeur
les hommes, le Christ Jésus, homme lui-même, qui s'est livré en propre de son humanité. Dans le mystère de la Rédemption, l'homme
rançon pour tous » (1 Tm 2, 4-6). se trouve de nouveau "confirmé" et il est en quelque sorte créé de
nouveau. Il est créé de nouveau! "Il n'y a plus ni Juif ni Grec; il n'y a
plus ni esclave ni homme libre; il n'y a plus ni homme ni femme, car
On lira aussi : Rm 4, 25 ; Jn 14, 6 ; Lc 3,6 = Jn 4,22 ; Ac 4, 12. vous ne faites plus qu'un dans le Christ Jésus". L'homme qui veut se
comprendre lui-même jusqu'au fond ne doit pas se contenter pour
Notre étude se subdivisera en trois parties : son être propre de critères et de mesures qui seraient immédiats,
partiaux, souvent superficiels et même seulement apparents; mais il
1. La Foi dans le salut doit, avec ses inquiétudes, ses incertitudes et même avec sa faiblesse
2. Relativisme du salut dans le dialogue inter-religieux et son péché, avec sa vie et sa mort, s'approcher du Christ. Il doit,
3. L’annonce du salut. pour ainsi dire, entrer dans le Christ avec tout son être, il doit
"s'approprier" et assimiler toute la réalité de l'Incarnation et de la
Pour que cette étude ne reste pas abstraite, il nous faut à la suite du Rédemption pour se retrouver soi-même. S'il laisse ce processus se
pape Jean Paul II, rappeler la dimension humaine (ou réaliser profondément en lui, il produit alors des fruits non seulement
anthropologique) du salut. C’est d’ailleurs elle qui justifie le mystère d'adoration envers Dieu, mais aussi de profond émerveillement pour
de l’Incarnation rédemptrice du Christ. soi-même. Quelle valeur doit avoir l'homme aux yeux du Créateur
s'il "a mérité d'avoir un tel et un si grand Rédempteur", si "Dieu a
NB : Ce cours sera aussi fondé dogmatiquement sur les deux donné son Fils" afin que lui, l'homme, "ne se perde pas, mais qu'il ait
précédents cours de : Christologie et du mystère de la Sainte Trinité. la vie éternelle" » (RH, n°10)
1) La foi dans le salut
NT = Réconciliation (Lc 15 ; Col 1,20)
1. 1 Fondements bibliques
He 11 . L’adoption filiale (Ga 4,4-6 ; Rm 8,28-30)
1Tm 2, 4-6 ; Jn 1, 14 ; Ac 4, 12 ; Lc 3, 6. La théologie du Jn 4,22 = Jr 31,31-34 // He 8,8-12
salu est fondée sur la théologie de l’alliance. Mt 5,17-18 = He 9,15-28
He 9,12
L’alliance = Bérit (communion) Rm 5,8 = « pour nous »
[Jn 1,17] Testamentum (témoin) Ga 2,20 = « pour moi »
Jn 17,3 d = diatéké Rm 8,31-39
. signe (ou témoignage) de la communion.
Cf. Annexe : Une synthèse biblique de la théologie du salut
Is 7,14 = l’Emmanuel (le mystère de l’Incarnation) :
1.2 Fondements dogmatiques
«[…] pour nous les hommes et pour notre salut » (Symb. de
Nicée-Constantinople I) « Mais Dieu, qui est riche en miséricorde, à cause du grand amour
(2 Co 5,21) dont Il nous a aimés, alors que nous étions morts par suite de nos
1 Co 1,22-23 : signe de la croix fautes, nous a fait revivre avec le Christ - c'est par grâce que vous
êtes sauvés ! - avec lui Il nous a ressuscités et fait asseoir aux cieux,
Karl BARTH, in Dogmatik dans le Christ Jésus. Il a voulu par-là démontrer dans les siècles à
venir l'extraordinaire richesse de sa grâce, par sa bonté pour nous
L’Alliance : la réconciliation avant la création dans le Christ Jésus. Car c'est bien par la grâce que vous êtes sauvés,
L’homme = Gn 1,26.27 1 Jn 2,1-2 Ep 1,4-5 moyennant la foi. Ce salut ne vient pas de vous, il est un don de Dieu
Col 1,16.19.20 ; il ne vient pas des oeuvres, car nul ne doit pouvoir se glorifier.
AT = Rachat et libération (Rédemption) Nous sommes en effet son ouvrage, créés dans le Christ Jésus en vue
des bonnes oeuvres que Dieu a préparées d'avance pour que nous les
Go’El : Rédempteur (rachat) pratiquions. » (Ep 2, 4-10).
- défenseur (Jb 19,25)
- vengeur (Nb 35,18-19) Is 41,14 a) Le salut donné dans le Christ Jésus
- celui qui rachète (Rt 2,20)
C’est le témoignage qui nous est donné par tous les
kérygmes du Nouveau Testament.

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Ac 2, 36 ; 1 Co 15, 1-7. Jn 3, 14-17 (Jn 11, 27). Les trois annonces c) Le pélagianisme et le semi-pélagianisme
de la passion et de la résurrection par Jésus lui-même = Mt 16, 21-
23 ; 17, 22-23 ; 20, 17-19 (et leurs parallèles chez Mc et Lc). La Le pélagianisme était l’hérésie de Pélage, que l’on rencontre
prophétie du signe de Jonas : Mt 12, 38-42 // Lc 11, 29-32. Le à Rome vers 384 (laïc anglais, puis prêtre à Ephèse vers 411). Cette
témoignage apostolique des Actes des apôtres : Ac 2, 14-39 ; 3, 12- hérésie déforme la théologie du salut car elle amoindrit et relativise
26 ; 4, 10. 12-20 ; 5, 29-32 ; 10, 34-43 ; 13, 16-41. Lc 24, 26 ; 24, l’œuvre de la grâce en nous. Elle met en concurrence la nature
44-48. Rm 4, 25 ; 10, 9-10. humaine et la grâce divine.

b) Le salut est un don de la grâce divine Selon Pélage, la grâce c’est notre nature elle-même telle
qu’elle a été créée par Dieu. Nous sommes toujours en grâce (ou en
Le salut nous est offert par grâce. Elle est rendue possible au état de grâce). Voilà pourquoi aussi, il affirmait que le péché
moyen de la grâce prévenante de Dieu (Ep 1, 4 ; Rm 11, 29 ; Rm 6, originel n’existe pas. C’était le péché d’Adam mais pas le notre.
23). Ce n’est donc pas lié aux mérites personnels de l’homme. Il y a Aussi, disait-il encore, il est inutile de baptiser les petits enfants.
une primauté (ou une priorité) de la grâce sur la nature humaine (et Car, s’ils meurent sans baptême ils vont au ciel, non pas dans le
sa volonté libre) ; car nous dit Jean, c’est Dieu « qui nous a aimé le Royaume de Dieu (il y aurait selon lui deux types de Cieux). Le
premier » (1 Jn 4, 10. 19. Jn 15, 5). L’homme, qui n’est pas son baptême dit-il encore n’efface pas le péché originel. C’est par notre
propre créateur, ne peut donc pas se sauver lui-même. libre-arbitre (ou volonté libre) que le choisissons le bien et le mal et
que nous accomplissons la loi divine).
Selon O. Semmelroth, il faut toujours parler du salut comme
une réalité positive, c’est-à-dire comme d’une grâce. Autrement dit Selon ses disciples Julien d’Eclane (qui fut un évêque italien)
le salut = grâce (Jn 1, 14. 17). Il s’agit de la victoire de l’Amour de et Celestius, par le libre-arbitre l’homme a été rendu à lui même pour
Dieu (la grâce) sur le péché et ses conséquences [art, « Salut », cit, in décider de son salut. En somme la doctrine de Pélage et de ses
Encyclopédie de la foi, Ed. Cerf, Paris, pp. 175-186]. Cette grâce du disciples magnifiaient la volonté humaine au détriment de la grâce
salut en Jésus Christ est : sanante (ou guérissante) par le baptême et divine. Cette doctrine affirme l’inutilité du Christ dans l’œuvre de
les sacrements ; elle est suffisante (par la réalité du salut déjà offert notre salut.
en Jésus une fois pour toute) ; et elle est efficace dans la vie
théologale et la sanctification : en tant que grâce transformante et Comme Pélage, mais de façon plus modérée, le moine Jean
élevante. Cassien (de Marseille, en Gaule vers 430) dans ses Conférences
spirituelles, affirmait un semi-pélagianisme. En effet, dans sa
Conférence XIII, il affirmait qu’il est au pouvoir de l’homme de se
tourner le premier vers Dieu, comme un malade vers son médecin.

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Ce qui voudrait dire que l’initiative du salut ne viendrait pas de péchés " , n'a pas un sens vrai mais faux, qu'il soit anathème. Car on
Dieu, mais de l’homme lui-même. En outre la prédestination ne peut pas comprendre autrement ce que dit l'Apôtre : " Par un seul
éternelle de l’homme dépend de la volonté humaine, car selon lui homme, le péché est entré dans le monde, et par le péché, la mort, et
c’est grâce à sa persévérance finale qu’il sera sauvé. L’homme ainsi la mort a passé dans tous les hommes, tous ayant péché en lui "
s’assurerait à lui-même le rôle divin de la grâce prévenante. Le semi- Rm 5,12 sinon de la manière dont l'Eglise catholique répandue par
pélagianisme sera définitivement condamné au concile d’Arles (en toute la terre l'a toujours compris. C'est en effet à cause de cette règle
473) et au concile d’Orange (en 529). de foi que même les tout-petits, qui n'ont pas pu commettre encore
par eux-mêmes quelque péché, sont cependant vraiment baptisés en
d) Réponse dogmatique rémission des péchés pour que la régénération purifie en eux ce que
la génération leur a apporté » (DS 223)
Ce sera saint Augustin, Docteur de la Grâce qui répondra aux
hérésies pélagiennes. Il écrira un traité de théologie de la grâce : le Pour ce qui est de la doctrine de la grâce salvifique, le
De natura et gratia (415). C’est lui aussi qui au concile de Carthage Concile dit aussi que :
(418) réaffirmera la doctrine du péché originel selon : Gn 3 ; Rm 5,
12 ; 1Co 15, 44-47 ; Rm 6 ; Mc 16, 16 ; Ac 2, 37. 3. « Il a été décidé de même : Quiconque dit que la grâce de Dieu,
qui justifie l'homme par notre Seigneur Jésus Christ, vaut
Le concile de Carthage (en 418) affirme dogmatiquement, à uniquement pour la rémission des péchés déjà commis, mais non
propos du péché originel, que : pour aider à n'en plus commettre, qu'il soit anathème » (DS 225)

1. « Il a été décidé par tous les évêques rassemblés au saint concile 4. « De même : Quiconque dit que cette même grâce de Dieu par
de Carthage : Quiconque dit qu'Adam, premier homme, a été créé notre Seigneur Jésus Christ nous aide à ne plus pécher en ce sens
mortel de telle sorte que, qu'il péchât ou non, il devait mourir seulement qu'elle nous révèle et nous ouvre l'intelligence des
corporellement, c'est-à-dire que quitter son corps ne serait pas une commandements, en sorte que nous sachions ce que nous devons
conséquence du péché mais une nécessité de nature, qu'il soit désirer et ce que nous devons éviter, mais qu'elle ne nous donne
anathème » (DS 222). nullement l'amour et la force de faire aussi ce que nous avons
reconnu comme notre devoir, qu'il soit anathème » (DS 226).

2. « Il a été décidé de même : Quiconque nie que les tout- petits


doivent être baptisés, ou dit que c'est pour la rémission des péchés
qu'on les baptise, mais qu'ils n'ont rien, eux du péché originel
d'Adam que le bain de la régénération aurait à expier, ce qui a pour
conséquence que pour eux la formule du baptême " en rémission des

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Suite au concile de Carthage les précisions suivantes on été
2) Relativisme du salut dans le dialogue inter-religieux
données aux Eglise orientales à propos du péché originel, dans l’ :
Dieu nous a été révélé par Jésus Christ (Jn 1, 17-18 ; Jn 14,
9 ; 11). Le Dieu inconnu dont parle Paul à Athènes dans Ac 17, 22-
Epistula tractoria aux Eglises orientales ( entre juin et août 418)
34.
Signalons qu’il y a trois tendances chrétiennes dans le
«Le Seigneur est fidèle dans ses paroles Ps 145, 13, et son baptême,
dialogue inter-religieux : le théocentrisme (centrer le dialogue de
en sa réalité et en ses paroles, c'est-à-dire par ce qui est fait, par la
façon général sur Dieu) ; le christocentrisme (centrer le dialogue
confession de foi et par la vraie rémission des péchés, contient la
sur le Christ) ; et l’ecclésiocentrisme (centrer le dialogue par rapport
même plénitude pour tout sexe, tout âge et toute condition de
à l’Eglise ; autrement dit, comme le disait saint Cyprien de Carthage
l'homme. Nul en effet ne devient libre s'il n'est esclave du péché, et
: « hors de l’Eglise point de salut »).
ne peut être dit sauvé que celui qui auparavant était véritablement
captif du péché, comme il est écrit : " Si le Fils vous a libérés, vous
Pour nous ce dialogue doit être fondé sur l’unicité de Dieu et
serez vraiment libres " (Jn 8, 36). Par lui en effet nous renaissons
l’universalité du salut.
spirituellement, par lui nous sommes crucifiés au monde. Par sa mort
est déchiré ce décret de mort (Col 2,14 ) qui a été contracté par
propagation, et qui a été introduit par Adam pour nous tous et
2.1 Le lien de l’Eglise avec les religions non chrétiennes
transmis à toute âme - décret auquel tous ceux, sans exception, qui
sont nés sont soumis avant d'être libérés par le baptême » (DS 231).
Selon le CEC, il faut dire que :

« Le lien de l'Eglise avec les religions non-chrétiennes est d'abord


C’est donc au concile de Carthage que Pélage et ses disciples seront
celui de l'origine et de la fin commune du genre humain : En effet,
condamnés et excommuniés.
tous les peuples forment une seule communauté; ils ont une seule
origine, puisque Dieu a fait habiter toute la race humaine sur la face
Synthèse du Concile de Carthage (418)
de la terre; ils ont aussi une seule fin dernière, Dieu, dont la
1. Péché originel (Rm 5, 12) providence, les témoignages de bonté et les desseins de salut
2. Nécessité du baptême pour le salut (y compris celui des enfants) s'étendent à tous, jusqu'à ce que les élus soient réunis dans la cité
3. L’action prévenante et aidante de la grâce sainte [NAE 1 ] » (CEC, n° 842).

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L'Eglise reconnaît dans les autres religions la recherche, "encore apportent souvent un rayon de la vérité qui illumine tous les
dans les ombres et sous des images", du Dieu inconnu mais proche hommes. Toutefois, elle annonce, et elle est tenue d'annoncer sans
puisque c'est Lui qui donne à tous vie, souffle et toutes choses et cesse, le Christ qui est "la voie, la vérité et la vie" (Jn 14, 6) , dans
puisqu'il veut que tous les hommes soient sauvés. Ainsi, l'Eglise lequel les hommes doivent trouver la plénitude de la vie religieuse et
considère tout ce qui peut se trouver de bon et de vrai dans les dans lequel Dieu s'est réconcilié toutes choses. Elle exhorte donc ses
religions "comme une préparation évangélique et comme un don de fils pour que, avec prudence et charité, par le dialogue et par la
Celui qui illumine tout homme pour que, finalement, il ait la vie" collaboration avec ceux qui suivent d'autres religions, et tout en
[LG 16 cf. NAE 2; EN 53] » (CEC, n°843 ) . témoignant de la foi et de la vie chrétienne, ils reconnaissent,
préservent et fassent progresser les valeurs spirituelles, morales et
« Mais dans leur comportement religieux, les hommes montrent socio-culturelles qui se trouvent en eux. » (NA, n° 2).
aussi des limites et des erreurs qui défigurent en eux l'image de Dieu
: Bien souvent, trompés par le malin, ils se sont égarés dans leurs
raisonnements, ils ont échangé la vérité de Dieu contre le mensonge, « Enfin, quant à ceux qui n'ont pas encore reçu l'Evangile, sous des
en servant la créature de préférence au Créateur ou bien vivant et formes diverses, eux aussi sont ordonnés au peuple de Dieu. et, en
mourant sans Dieu en ce monde, ils sont exposés à l'extrême premier lieu, ce peuple qui reçut les alliances et les promesses, et
désespoir ( LG 16 ) » (CEC, n° 844) . dont le Christ est issu selon la chair (cf. Rm 9, 4-5 ), peuple très
aimé du point de vue de l'élection, à cause des pères, car Dieu ne
« C'est pour réunir de nouveau tous ses enfants que le péché a regrette rien de ses dons ni de son appel (cf. Rm 11, 28-29 ). Mais le
dispersés et égarés que le Père a voulu convoquer toute l'humanité dessein de salut enveloppe également ceux qui reconnaissent le
dans l'Eglise de son Fils. L'Eglise est le lieu où l'humanité doit Créateur, en tout premier lieu les musulmans qui professent avoir la
retrouver son unité et son salut. Elle est "le monde réconcilié" [S. foi d'Abraham, adorent avec nous le Dieu unique, miséricordieux,
Augustin, serm, 96, 7. 9] ; [et] selon une autre image chère aux Pères futur juge des hommes au dernier jour. Et même des autres, qui
de l'Eglise, elle est figurée par l'Arche de Noé qui seule sauve du cherchent encore dans les ombres et sous des images un Dieu qu'ils
déluge (1P 3, 20-21 ) » (CEC, n° 845). ignorent, Dieu n'est pas loin, puisque c'est lui qui donne à tous vie,
souffle et toutes choses (cf. Ac 17, 25-28), et puisqu'il veut, comme
Il nous faut surtout réfléchir autour de deux textes du Concile Sauveur, que tous les hommes soient sauvés (cf. 1Tm 2,4). En effet,
Vatican II : Nostra Aetate n° 2, et surtout Lumen Gentium 16. ceux qui, sans qu'il y ait de leur faute, ignorent l'Evangile du Christ
et son Eglise, mais cherchent pourtant Dieu d'un cœur sincère et
« L'Eglise catholique ne rejette rien de ce qui est vrai et saint dans s'efforcent, sous l'influence de sa grâce, d'agir de façon à accomplir
ces religions. Elle considère avec un respect sincère ces manières sa volonté telle que leur conscience la leur révèle et la leur dicte,
d'agir et de vivre, ces règles et ces doctrines qui, quoiqu'elles ceux-là peuvent arriver au salut éternel. A ceux-là mêmes qui, sans
différent en beaucoup de ce qu'elle-même tient et propose, cependant faute de leur part, ne sont pas encore parvenus à une connaissance

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expresse de Dieu, mais travaillent, non sans la grâce divine, à avoir signification et à la valeur que la pluralité des traditions religieuses
une vie droite, la divine Providence ne refuse pas les secours revêt au sein du dessein salvifique de Dieu, l'auteur professe de
nécessaires à leur salut. En effet, tout ce qui, chez eux, peut se façon explicite son intention de demeurer fidèle à la doctrine de
trouver de bon et de vrai, l'Eglise le considère comme une l'Eglise et à l'enseignement du magistère. Et pourtant, conscient du
préparation évangélique et comme un don de Celui qui illumine tout caractère problématique de sa perspective, l'auteur ne se cache pas la
homme pour que, finalement, il ait la vie. Bien souvent, possibilité de susciter des interrogations au moins aussi nombreuses
malheureusement, les hommes, trompés par le malin, se sont égarés que les solutions proposées. Après un dialogue patient et sérieux, au
dans leurs raisonnements, ils ont échangé la vérité de Dieu contre le cours duquel n'ont pas manqué des éclaircissements de la part de
mensonge, en servant la créature de préférence au Créateur (cf. Rm l'auteur, au terme de l'examen du livre, celui-ci a exprimé son accord
1, 25) ou bien vivant et mourant sans Dieu en ce monde, ils sont aux thèses énoncées dans la Notification sus-mentionnée, qui a été
exposés aux extrémités du désespoir. C'est pourquoi l'Eglise, approuvée par le Saint-Père. Cette reconnaissance et cet accord
soucieuse de la gloire de Dieu et du salut de tous ces hommes, se représentent sans aucun doute un signe positif et encourageant.
souvenant du commandement du Seigneur: "Prêchez l'Evangile à Toutefois, comme le rappelle le "Préambule", la Congrégation pour
toutes créatures" (Mc 16, 16), met tout son soin à encourager et la Doctrine de la Foi a jugé nécessaire de publier la Notification
soutenir les missions » (LG, n° 16). dans le but principal d'offrir aux lecteurs un critère d'évaluation
doctrinale sûr. En effet, une lecture attentive du livre fait ressortir
certaines ambiguïtés et difficultés sur des points doctrinaux
2.2 L’Eglise et les religions Face au salut importants, qui peuvent conduire le lecteur à des opinions erronées
ou dangereuses. La Notification, en se référant à la Déclaration
Selon la dernière Déclaration de la Congrégation de la Dominus Iesus, reprend cinq thèmes doctrinaux qui, dans le volume,
Doctrine de la foi : Dominus Iesus (2000), les conditions du dialogue indépendamment des intentions de l'auteur lui-même, sont présentés
signifient : égale dignité des personnes, mais non pas des doctrines à travers une formulation ambiguë et des explications insuffisantes,
et encore moins entre l’unique Christ et les fondateurs des autres et peuvent ainsi susciter des équivoques et des malentendus. Avant
religions (DI, n° 22) tout, on réaffirme la foi en Jésus-Christ, médiateur unique et
universel du salut pour toute l'humanité. Par conséquent, on répète
On lira aussi DI, n° 20-22 (Cf. Annexe). également l'unicité et l'universalité de la médiation de Jésus-Christ,
Fils et Verbe du Père, comme accomplissement du plan salvifique de
«Dans ce climat, d'ouverture et de disponibilité à l'écoute, au Dieu le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Il n'existe pas d'économie de
dialogue et à la compréhension réciproque, la Congrégation pour la salut trinitaire indépendamment de celle du Verbe incarné. En
Doctrine de la Foi propose à présent la Notification relative au livre second lieu, on réaffirme la foi de l'Eglise en Jésus-Christ,
de J. Dupuis, Vers une théologie chrétienne du pluralisme religieux. accomplissement et plénitude de la révélation divine, contre
Dans cet ouvrage, qui tente d'apporter une réponse théologique à la l'opinion que la révélation par en Jésus-Christ est limitée, incomplète

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et imparfaite. Les graines de vérité et de bonté qui se trouvent dans 3. L’Annonce du salut
les autres religions sont des dons de grâce de l'unique médiation du
Christ et de son Esprit de sainteté. A propos de l'action salvifique 3.1 Doctrine du salut et mission de l’Eglise
universelle de l'Esprit Saint, on répète que l'Esprit à l'œuvre après la
résurrection de Jésus est toujours l'Esprit du Christ envoyé par le Is 52, 7 ; Lc 4, 18 ; Ac 10, 34-43. Mt 28, 19-20 ; Mc 16, 15-20.
Père, qui opère de façon salvifique également en dehors de l'Eglise
visible. C'est pourquoi il est contraire à la foi catholique de Selon le CEC, on peut dire que :
considérer que l'action salvifique de l'Esprit Saint puisse s'étendre
au-delà de l'unique économie salvifique universelle du Verbe 1. L'origine et le but de la mission
incarné. Ensuite, l'Eglise étant signe et instrument de salut pour tous
les hommes, il faut rejeter comme erronée l'opinion qui considère les « Le mandat missionnaire du Seigneur a sa source ultime dans
diverses religions comme des voies complémentaires à l'Eglise pour l'amour éternel de la Très Sainte Trinité : "De par sa nature, l'Eglise,
ce qui est du salut. Enfin, tout en reconnaissant l'existence durant son pèlerinage sur terre, est missionnaire, puisque elle-même
d'éléments de vérité et de bonté dans les autres religions, il est sans tire son origine de la mission du Fils et de la mission du Saint-Esprit,
fondement dans la théologie catholique de considérer ces religions, selon le dessein de Dieu le Père" ( AGD 2 ). Et le but dernier de la
prises comme telles, comme des voies de salut, car celles-ci mission n'est autre que de faire participer les hommes à la
comportent des lacunes, des insuffisances et des erreurs, qui communion qui existe entre le Père et le Fils dans leur Esprit
concernent les vérités fondamentales regardant Dieu, l'homme et le d'amour [cf. Jean-Paul II, RMA 23 ] » (CEC, n°850).
monde. Leurs textes sacrés ne peuvent pas non plus se considérer
complémentaires à l'Ancien Testament, qui est la préparation 2. Le motif de la mission
immédiate à l'événement même du Christ. La Notification intervient
pour souligner la gravité et le danger de certaines affirmations qui, « C'est de l'amour de Dieu pour tous les hommes que l'Eglise a de
tout en semblant modérées et, précisément à cause de cela, risquent tout temps tiré l'obligation et la force de son élan missionnaire : "car
d'être considérées avec hâte et ingénuité comme compatibles avec la l'amour du Christ nous presse ..." [2Co 5, 14. AA 6 ; RMA 11]. En
doctrine de l'Eglise, notamment de la part de personnes sincèrement effet, "Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à
engagées dans la réussite du dialogue interreligeux. Dans le contexte la connaissance de la vérité" (1Tm 2, 4). Dieu veut le salut de tous
actuel d'une société qui s'avère toujours plus multireligieuse et par la connaissance de la vérité. Le salut se trouve dans la vérité.
multiculturelle, l'Eglise ressent avec urgence le besoin de manifester Ceux qui obéissent à la motion de l'Esprit de vérité sont déjà sur le
avec conviction son identité doctrinale et de témoigner dans la chemin du salut ; mais l'Eglise à qui cette vérité a été confiée, doit
charité, de sa foi inébranlable dans Jésus-Christ, source de vérité et aller à la rencontre de leur désir pour la leur apporter. C'est parce
de salut » (CONGRÉGATION DE LA DOCTRINE DE LA FOI, Commentaire qu'elle croit au dessin universel de salut qu'elle doit être
de la Notification, n° 5). missionnaire » (CEC, n° 851).

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Dans Redemptoris Missio, le pape affirmait aussi :

1. L’Eglise sacrement du salut 2. Un salut pour tous les hommes

« L'Eglise est la première bénéficiaire du salut. Le Christ se l'est « L'universalité du salut ne signifie pas qu'il n'est accordé qu'à ceux
acquise par son sang (cf. Ac 20, 28 ) et l'a appelée à coopérer avec qui croient au Christ explicitement et qui sont entrés dans l'Eglise. Si
lui à l’œuvre du salut universel. En effet, le Christ vit en elle ; il est le salut est destiné à tous, il doit être offert concrètement à tous.
son époux; il assure sa croissance ; il accomplit sa mission par elle. Mais il est évident, aujourd'hui comme dans le passé, que de
Le Concile a amplement souligné le rôle de l'Eglise pour le salut de nombreux hommes n'ont pas la possibilité de connaître ou
l'humanité. Tout en reconnaissant que Dieu aime tous les hommes et d'accueillir la révélation de l'Evangile, ni d'entrer dans l'Eglise. Ils
leur accorde la possibilité d'être sauvés (cf. 1Tm 2, 4 ), l'Eglise vivent dans des conditions sociales et culturelles qui ne le permettent
professe que Dieu a constitué le Christ comme unique médiateur et pas, et ils ont souvent été éduqués dans d'autres traditions
qu'elle-même est établie comme sacrement universel de salut : religieuses. Pour eux, le salut du Christ est accessible en vertu d'une
"Ainsi donc, à cette unité catholique du peuple de Dieu, tous les grâce qui, tout en ayant une relation mystérieuse avec l'Eglise, ne les
hommes sont appelés ; à cette unité appartiennent sous diverses y introduit pas formellement mais les éclaire d'une manière adaptée à
formes, ou sont ordonnés, et les fidèles catholiques et ceux qui, par leur état d'esprit et à leur cadre de vie. Cette grâce vient du Christ,
ailleurs, ont foi dans le Christ, et finalement tous les hommes sans elle est le fruit de son sacrifice et elle est communiquée par l'Esprit
exception que la grâce de Dieu appelle au salut". Il est nécessaire de Saint : elle permet à chacun de parvenir au salut avec sa libre
tenir ensemble ces deux vérités, à savoir la possibilité réelle du salut coopération. C'est pourquoi le Concile, après avoir affirmé le
dans le Christ pour tous les hommes et la nécessité de l'Eglise pour caractère central du Mystère pascal, déclare : "Et cela ne vaut pas
le salut. L'une et l'autre nous aident à comprendre l'unique mystère seulement pour ceux qui croient au Christ, mais bien pour tous les
salvifique, et nous permettent ainsi de faire l'expérience de la hommes de bonne volonté, dans le cœur desquels, invisiblement,
miséricorde de Dieu et de prendre conscience de notre agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la
responsabilité. Le salut, qui est toujours un don de l'Esprit, requiert vocation dernière de l'homme est réellement unique, à savoir divine,
la coopération de l'homme à son propre salut comme à celui des nous devons tenir que l'Esprit Saint offre à tous, d'une façon que
autres. Telle est la volonté de Dieu, et c'est pour cela qu'il a fondé Dieu connaît, la possibilité d'être associés au Mystère pascal" » (RM,
l'Eglise, et l'a incluse dans le plan du salut : ce peuple messianique, n° 10)
dit le Concile, "établi par le Christ pour communier à la vie, à la
charité et à la vérité, est entre ses mains l'instrument de la
Rédemption de tous les hommes ; au monde entier il est envoyé
comme lumière du monde et sel de la terre" » (RM, n° 9).

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3.2 Le centre du message de salut le Christ n'est pas ressuscité, vaine est votre foi; vous êtes encore
dans vos péchés. Alors aussi ceux qui se sont endormis dans le
Le pape Paul VI disait dans Evangelii Nuntiandi : Christ ont péri. Si c'est pour cette vie seulement que nous avons mis
notre espoir dans le Christ, nous sommes les plus à plaindre de tous
«L'évangélisation contiendra aussi toujours - base, centre et sommet les hommes. Mais non; le Christ est ressuscité d'entre les morts,
à la fois de son dynamisme - une claire proclamation que, en Jésus- prémices de ceux qui se sont endormis. Car, la mort étant venue par
Christ, le Fils de Dieu fait homme, mort et ressuscité, le salut est un homme, c'est par un homme aussi que vient la résurrection des
offert à tout homme, comme don de grâce et miséricorde de Dieu. morts. De même en effet que tous meurent en Adam, ainsi tous
Ep 2, 8 ; Rm 1, 16 Et non pas un salut immanent, à la mesure des revivront dans le Christ. Mais chacun à son rang: comme prémices,
besoins matériels ou même spirituels s'épuisant dans le cadre de le Christ, ensuite ceux qui seront au Christ, lors de son Avènement.
l'existence temporelle et s'identifiant totalement avec les désirs, les Puis ce sera la fin, lorsqu'il remettra la royauté à Dieu le Père, après
espoirs, les affaires et les combats temporels, mais un salut qui avoir détruit toute Principauté, Domination et Puissance. Car il faut
déborde toutes ces limites pour s'accomplir dans une communion qu'il règne jusqu'à ce qu'il ait placé tous ses ennemis sous ses pieds.
avec le seul Absolu, celui de Dieu : salut transcendant, Le dernier ennemi détruit, c'est la Mort ; car il a tout mis sous ses
eschatologique, qui a certes son commencement en cette vie, mais pieds. Mais lorsqu'il dira : "Tout est soumis désormais", c'est
qui s'accomplit dans l'éternité » (EN, n° 27). évidemment à l'exclusion de Celui qui lui a soumis toutes choses. Et
lorsque toutes choses lui auront été soumises, alors le Fils lui-même
se soumettra à Celui qui lui a tout soumis, afin que Dieu soit tout en
Conclusion tous » (1 Co 15, 12-28).

Le salut est pleinement réaliser dans le témoignage de la


victoire du Christ ressuscité. Paul affirme à cet effet :

« Or, si l'on prêche que le Christ est ressuscité des morts, comment
certains parmi vous peuvent-ils dire qu'il n'y a pas de résurrection
des morts ? S'il n'y a pas de résurrection des morts, le Christ non
plus n'est pas ressuscité. Mais si le Christ n'est pas ressuscité, vide
alors est notre message, vide aussi votre foi. Il se trouve même que
nous sommes des faux témoins de Dieu, puisque nous avons attesté
contre Dieu qu'il a ressuscité le Christ, alors qu'il ne l'a pas
ressuscité, s'il est vrai que les morts ne ressuscitent pas. Car si les
morts ne ressuscitent pas, le Christ non plus n'est pas ressuscité. Et si

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Annexe donné son Fils" afin que lui, l'homme, "ne se perde pas, mais qu'il ait
la vie éternelle" » (RH, n° 10).

Redemptor Hominis (1979) II Concile d’Orange (529)


Dimension humaine du mystère de la rédemption 1. «Si quelqu'un dit que, par l'offense résultant de la prévarication
d'Adam, l'homme n'a pas été tout entier, dans son corps et dans son
« L'homme ne peut vivre sans amour. Il demeure pour lui-même un âme, " changé dans un état pire ", et s'il croit que le corps seul a été
être incompréhensible, sa vie est privée de sens s'il ne reçoit pas la assujetti à la corruption cependant que la liberté de l'âme demeurait
révélation de l'amour, s'il ne rencontre pas l'amour, s'il n'en fait pas intacte, trompé par l'erreur de Pélage, il contredit l'Ecriture qui dit : "
l'expérience et s'il ne le fait pas sien, s'il n'y participe pas fortement. l'âme qui a péché périra " (Ez 18, 20) et : " Ignorez-vous que si vous
C'est pourquoi, comme on l'a déjà dit, le Christ Rédempteur révèle vous livrez à quelqu'un comme esclave, pour lui obéir, vous êtes
pleinement l'homme à lui-même. Telle est, si l'on peut s'exprimer esclave de celui à qui vous obéissez ? " (Rm 6, 16) et : " On est
ainsi, la dimension humaine du mystère de la Rédemption. Dans esclave de celui par qui on s'est laissé vaincre " (2P 2, 19) » (DS
cette dimension, l'homme retrouve la grandeur, la dignité et la valeur 371).
propre de son humanité. Dans le mystère de la Rédemption, l'homme
se trouve de nouveau "confirmé" et il est en quelque sorte créé de 2. « Si quelqu'un affirme que la prévarication d'Adam n'a nui qu'à
nouveau. Il est créé de nouveau! "Il n'y a plus ni Juif ni Grec ; il n'y lui seul et non à sa descendance, ou s'il déclare que c'est seulement la
a plus ni esclave ni homme libre; il n'y a plus ni homme ni femme, mort corporelle, peine du péché, et non le péché, mort de l'âme, qui
car vous ne faites plus qu'un dans le Christ Jésus". L'homme qui veut par un seul homme a passé dans tout le genre humain, il attribue une
se comprendre lui-même jusqu'au fond ne doit pas se contenter pour injustice à Dieu en contredisant l'Apôtre qui dit : " Par un seul
son être propre de critères et de mesures qui seraient immédiats, homme, le péché est entré dans le monde, et ainsi la mort a passé
partiaux, souvent superficiels et même seulement apparents; mais il dans tous les hommes, tous ayant péché en lui " (Rm 5, 12) » (DS
doit, avec ses inquiétudes, ses incertitudes et même avec sa faiblesse 372).
et son péché, avec sa vie et sa mort, s'approcher du Christ. Il doit,
pour ainsi dire, entrer dans le Christ avec tout son être, il doit 3. « Si quelqu'un dit que la miséricorde nous est donnée par Dieu
"s'approprier" et assimiler toute la réalité de l'Incarnation et de la lorsque, sans la grâce, nous croyons, nous voulons, nous désirons,
Rédemption pour se retrouver soi-même. S'il laisse ce processus se nous faisons des efforts, nous travaillons, nous prions, nous veillons,
réaliser profondément en lui, il produit alors des fruits non seulement nous étudions, nous demandons, nous cherchons, nous frappons à la
d'adoration envers Dieu, mais aussi de profond émerveillement pour porte et qu'il ne confesse pas que notre foi, notre volonté et notre
soi-même. Quelle valeur doit avoir l'homme aux yeux du Créateur capacité d'accomplir ces actes comme il le faut se font en nous par
s'il "a mérité d'avoir un tel et un si grand Rédempteur", si "Dieu a l'infusion et l'inspiration du Saint-Esprit ; s'il subordonne l'aide de la

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grâce à l'humilité ou à l'obéissance de l'homme et s'il n'admet pas sans aucun bon mérite préalable de notre part, qui d'abord nous
que c'est le don de la grâce elle-même qui nous permet d'être inspire et la foi et l'amour, pour que nous recherchions fidèlement le
obéissants et humbles, il résiste à l'Apôtre qui dit : " Qu'as-tu que tu sacrement du baptême et qu'après le baptême nous puissions
n'aies reçu ? " (1Co 4, 7) et : " C'est par la grâce de Dieu que je suis accomplir avec son aide ce qui lui plaît. C'est pourquoi nous devons
ce que je suis " (1Co 15, 10) » (DS 376). croire très nettement que la foi si admirable du larron appelé par le
Seigneur à la patrie du paradis (Lc 23, 43), celle du centurion
3. « Si quelqu'un affirme qu'il peut par la seule force de la nature Corneille à qui l'ange du Seigneur fut envoyé (Ac 10, 3) et celle de
concevoir, comme il convient, une bonne pensée touchant le salut de Zachée qui mérita de recevoir le Seigneur en personne (Lc 9, 6), ne
la vie éternelle ou la choisir ou donner son assentiment à la fut pas un don de la nature, mais un don de la libéralité de la grâce
prédication du salut de l'Evangile, sans l'illumination et l'inspiration divine » (DS 397).
du Saint-Esprit qui donne à tous son onction lorsqu'ils adhèrent et
croient à la vérité, il est trompé par un esprit d'hérésie et ne SAINT THOMAS, Somme de théologie, IIIa, q. 48 -
comprend pas la parole que Dieu a dite dans l'Evangile: " Sans moi
vous ne pouvez rien faire " (Jn 15, 5) , ni ce mot de l'Apôtre : " Ce 49.
n'est pas que nous soyons par nous-mêmes capables de concevoir
quelque chose comme venant de nous, mais c'est de Dieu que vient 1. « On satisfait évidemment pour une offense, si l'on offre à
toute notre capacité " (2Co 3, 5) » (DS 377). l'offensé ce que celui-ci aime autant ou davantage qu'il n'a détesté
l'offense. Or le Christ, en souffrant par charité et par obéissance, a
offert à Dieu quelque chose de plus grand que ne l'exigeait la
compensation de toutes les offenses du genre humain: 1 à cause de la
Conclusion de Césaire d’Arles : La coopération grandeur de la charité en vertu de laquelle il souffrait ; 2 à cause de
de l’homme à la grâce de Dieu pour le salut la dignité de la vie qu'il donnait comme satisfaction, parce que c'était
la vie de celui qui était Dieu et homme ; 3 à cause de l'universalité de
« Nous croyons aussi, selon la foi catholique, qu'après avoir reçu la ses souffrances et de l'acuité de sa douleur, nous l'avons dit plus
grâce par le baptême tous les baptisés peuvent et doivent accomplir, haut. Et c'est pourquoi la passion du Christ a été une satisfaction non
avec l'aide et la coopération du Christ, tout ce qui concerne le salut seulement suffisante, mais surabondante pour les péchés du genre
de leur âme, s'ils veulent fidèlement y travailler. Non seulement nous humain, selon S. Jean ( 1Jn 2, 2) : " Il est lui-même propitiation
ne croyons pas que certains hommes soient prédestinés au mal par la pour nos péchés, non seulement pour les nôtres, mais pour ceux du
puissance divine, mais s'il était des gens qui veuillent croire une telle monde entier " » (ST, IIIa, q 48, a 2).
horreur, nous leur disons avec toute notre réprobation : anathème !
Nous confessons et nous croyons aussi pour notre salut que, dans « Par le péché l'homme avait contracté une double obligation.1 Celle
toute bonne oeuvre, ce n'est pas nous qui commençons et qui de l'esclavage du péché, car " celui qui pèche est esclave du péché " (
sommes ensuite aidés par la miséricorde de Dieu, mais que c'est lui, Jn 8, 35 ) , et " on est esclave de celui par qui on s'est laissé vaincre "

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(2P 2, 19). Donc, parce que le démon avait vaincu l'homme en toutefois que nous souffrions avec lui pour être glorifiés avec lui" »
l'induisant à pécher, l'homme était soumis à l'esclavage du démon. 2 (ST IIIa, q 49, a 3).
Quant à la responsabilité de la peine, l'homme était débiteur envers
la justice divine. Et c'est là aussi un esclavage, car c'est un esclavage, Concile de Trente (Vème et VI ème sessions. 1546-
que de subir ce qu'on ne veut pas, alors que l'homme libre dispose de
lui-même comme il veut. Donc, parce que la passion du Christ a été 1547)
une satisfaction adéquate et surabondante pour le péché et pour la Le Péché originel
peine due par le genre humain, sa passion a été comme une rançon
par laquelle nous avons été libérés de cette double obligation. Car la 1. « Si quelqu'un affirme que ce péché d'Adam - qui est un par son
satisfaction offerte pour soi ou pour autrui, est comme une rançon origine et. transmis par propagation héréditaire et non par imitation,
par laquelle on rachète soi-même ou autrui du péché et de la peine, est propre à chacun - , est enlevé par les forces de la nature humaine
selon cette parole de Daniel ( Da 4, 24) : " Rachète tes péchés par ou par un autre remède que le mérite de l'unique médiateur notre
des aumônes. " Or, si le Christ a satisfait, ce n'est évidemment pas en Seigneur Jésus Christ qui nous a réconciliés avec Dieu dans son
donnant de l'argent ou quelque chose de semblable, mais en donnant sang (Rm 5, 9+), "devenu pour nous justice, sanctification et
pour nous ce qui était le plus précieux, c'est-à-dire lui-même. Et Rédemption" 1Co 1,30 ou s'il nie que ce mérite de Jésus Christ soit
voilà pourquoi on dit que la passion du Christ est notre rachat et appliqué aussi bien aux adultes qu'aux enfants par le sacrement
notre rédemption » (ST, IIIa, q. 48, a 4). conféré selon la forme et l'usage de l'Eglise : qu'il soit anathème. Car
"il n'est pas d'autre nom sous le ciel qui ait été donné aux hommes
3. « Si la satisfaction du Christ a ses effets en nous, c'est en tant que par lequel nous devons être sauvés" (Ac 4, 12). D'où cette parole :
nous sommes incorporés au Christ, comme les membres à leur tête, "Voici l'Agneau de Dieu, voici celui qui ôte les péchés du monde"
ainsi qu'on vient de le dire. Or il faut que les membres soient (Jn 1, 19), et celle-ci " Vous tous qui avez été baptisés vous avez
conformes à la tête. Le Christ a eu d'abord la grâce dans l'âme, tout revêtu le Christ" (Ga 3, 27) » (DS 1513).
en ayant un corps passible, et il est parvenu à la gloire de
l'immortalité par le moyen de la passion. De même nous, qui 2. « "Si quelqu'un nie que les tout-petits, qui viennent de naître de
sommes ses membres, sommes libérés de toute obligation de peine leur mère, doivent être baptisés", même s'ils viennent de parents
par sa propre passion. Cependant, nous recevons d'abord dans l'âme baptisés. "ou bien dit qu'ils sont certes baptisés pour la rémission des
l'Esprit des fils d'adoption, qui nous marque pour l'héritage de la péchés, mais qu'ils ne portent rien du péché originel venant d'Adam
gloire immortelle, tandis que nous avons maintenant un corps qu'il est nécessaire d'expier par le bain de régénération" pour obtenir
passible et mortel ; puis, configurés aux souffrances et à la mort du la vie éternelle, "d'où il suit que pour eux la forme du baptême pour
Christ, nous sommes conduits à la gloire immortelle, selon l'Apôtre la rémission des péchés n'a pas un sens vrai, mais faux : qu'il soit
(Rm 8, 17) : " Si nous sommes enfants de Dieu, nous sommes aussi anathème. Car on ne peut pas comprendre autrement ce que dit
ses héritiers, héritiers de Dieu et cohéritiers du Christ ; à condition l'Apôtre : "Par un seul homme le péché est entré dans le monde, et
par le péché, la mort, et ainsi la mort a passé dans tous les hommes,

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tous ayant péché en lui" (Rm 5, 12) si ce n'est comme l'a toujours Dominus Iesus (22 août 2000)
compris l'Eglise catholique répandue en tous lieux. C'est en effet à
cause de cette règle de foi venant de la tradition des apôtres" que L'église et les religions face au salut
même les tout-petits, qui n ont pas encore pu commettre aucun péché
par eux-mêmes, sont pourtant vraiment baptisés pour la rémission 1. « Ce qui a été jusqu'ici rappelé impose nécessairement des étapes
des péchés, afin que soit purifié en eux par la régénération ce qu'il au chemin que la théologie doit parcourir pour élucider le rapport de
ont contracté par la génération ". En effet "nul, s'il ne renaît de l'eau l'Église et des religions avec le salut. On doit avant tout croire
et de l'Esprit Saint, ne peut entrer dans le Royaume de Dieu" Jn 3, fermement que l'« Église en marche sur la terre est nécessaire au
5) » (DS 1514). salut. Seul, en effet, le Christ est médiateur et voie de salut: or, il
nous devient présent en son Corps qui est l'Église ; et en nous
La justification par la grâce du Christ enseignant expressément la nécessité de la foi et du baptême (cf. Mc
16, 16 Jn 3, 5) , c'est la nécessité de l'Église elle-même, dans
« Comment comprendre que l'impie est justifié par la foi et laquelle les hommes entrent par la porte du baptême, qu'il nous a
gratuitement ? confirmée en même temps ». Cette doctrine ne doit pas être opposée
à la volonté salvifique universelle de Dieu (cf. 1Tm 2, 4 ) ; aussi, « il
Lorsque l'Apôtre dit que l'homme est "justifié par la foi" et est nécessaire de tenir ensemble ces deux vérités, à savoir la
gratuitement (Rm 3, 22-24) , il faut comprendre ces mots dans le possibilité réelle du salut dans le Christ pour tous les hommes et la
sens où l'a toujours et unanimement tenu et exprimé l'Eglise nécessité de l'Église pour le salut ». L'Église est « sacrement
catholique, à savoir que si nous sommes dits être justifiés par la foi, universel de salut », parce que, de manière mystérieuse et
c'est parce que "la foi est le commencement du salut de l'homme", le subordonnée, toujours unie à Jésus-Christ sauveur, sa Tête, elle a
fondement et la racine de toute justification, que sans elle "il est dans le dessein de Dieu un lien irremplaçable avec le salut de tout
impossible de plaire à Dieu" (He 11, 6) et de parvenir à partager le homme. Pour ceux qui ne sont pas formellement et visiblement
sort de ses enfants (2P 1, 4) ; et nous sommes dits être justifiés membres de l'Église, « le salut du Christ est accessible en vertu d'une
gratuitement parce que rien de ce qui précède la justification, que ce grâce qui, tout en ayant une relation mystérieuse avec l'Église, ne les
soit la foi ou les oeuvres, ne mérite cette grâce de la justification. En y introduit pas formellement mais les éclaire d'une manière adaptée à
effet " Si c'est une grâce, elle ne vient pas des oeuvres ; autrement leur état d'esprit et à leur cadre de vie. Cette grâce vient du Christ,
(comme le dit le même Apôtre) la grâce n'est plus la grâce " (Rm 11, elle est le fruit de son sacrifice et elle est communiquée par l'Esprit
6) » (DS 1532). Saint ». Elle est liée à l'Église, qui « tire son origine de la mission du
Fils et de la mission du Saint-Esprit, selon le dessein de Dieu le Père
» (DI, n° 20)

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2. « Sur la modalité de transmission aux non-chrétiens de la grâce considération respectueuse et sincère de l'Église pour les religions du
salvifique de Dieu, toujours donnée par le Christ en l'Esprit et dans monde, mais en même temps, elle exclut radicalement la mentalité
un rapport mystérieux avec l'Église, le Concile Vatican II s'est indifférentiste « imprégnée d'un relativisme religieux qui porte à
contenté d'affirmer que Dieu la donne « par des voies connues de lui considérer que "toutes les religions se valent" ». S'il est vrai que les
». La théologie cherche à approfondir cette idée. Ce travail adeptes d'autres religions peuvent recevoir la grâce divine, il n'est
théologique doit être encouragé, parce qu'il sert sans aucun doute à pas moins certain qu'objectivement ils se trouvent dans une situation
une meilleure compréhension des desseins salvifiques de Dieu et des de grave indigence par rapport à ceux qui, dans l'Église, ont la
formes de leur réalisation. Cependant, d'après ce qui a été rappelé plénitude des moyens de salut. «Tous les fils de l'Église doivent [...]
jusqu'ici sur la médiation de Jésus-Christ et sur la « relation se souvenir que la grandeur de leur condition doit être rapportée non
singulière et unique » entre l'Église et le Royaume de Dieu parmi les à leurs mérites, mais à une grâce spéciale du Christ ; s'ils n'y
hommes - qui est en substance le Royaume du Christ sauveur correspondent pas par la pensée, la parole et l'action, ce n'est pas le
universel -, il serait clairement contraire à la foi catholique de salut qu'elle leur vaudra, mais un plus sévère jugement». On
considérer l'Église comme un chemin de salut parmi d'autres. Les comprend ainsi que, suivant le commandement du Seigneur (cf. Mt
autres religions seraient complémentaires à l'Église, lui seraient 28, 19-20) et comme exigence d'amour pour tous les hommes,
même substantiellement équivalentes, bien que convergeant avec l'Église « annonce, et est tenue d'annoncer sans cesse, le Christ qui
elle vers le Royaume eschatologique de Dieu. Certes, les différentes est "la voie, la vérité et la vie" (Jn 14, 6) , dans lequel les hommes
traditions religieuses contiennent et proposent des éléments de doivent trouver la plénitude de la vie religieuse et dans lequel Dieu
religiosité qui procèdent de Dieu, et font partie de ‘ce que l'Esprit s'est réconcilié toutes choses ». La mission ad gentes, dans le
fait dans le cœur des hommes et dans l'histoire des peuples, dans les dialogue inter-religieux aussi, « garde dans leur intégrité, aujourd'hui
cultures et les religions’. De fait, certaines prières et certains rites comme toujours, sa force et sa nécessité ». En effet, « "Dieu veut
des autres religions peuvent assumer un rôle de préparation que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance
évangélique, en tant qu'occasions ou enseignements encourageant le de la vérité" (1Tm 2, 4). Dieu veut le salut de tous par la
coeur des hommes à s'ouvrir à l'action divine. On ne peut cependant connaissance de la vérité. Le salut se trouve dans la vérité. Ceux qui
leur attribuer l'origine divine et l'efficacité salvifique ex opere obéissent à la motion de l'Esprit de vérité sont déjà sur le chemin du
operato qui sont propres aux sacrements chrétiens. Par ailleurs, on salut ; mais l'Église, à qui cette vérité a été confiée, doit aller à la
ne peut ignorer que d'autres rites naissent de superstitions ou rencontre de leur désir pour la leur apporter. C'est parce qu'elle croit
d'erreurs semblables (cf. 1Co 10,20-21) et constituent plutôt un au dessein universel de salut qu'elle doit être missionnaire ». Le
obstacle au salut » (DI, n° 21). dialogue donc, tout en faisant partie de la mission évangélisatrice,
n'est qu'une des actions de l'Église dans sa mission ad gentes. La
3. « Avec l'avènement de Jésus-Christ sauveur, Dieu a voulu que parité, condition du dialogue, signifie égale dignité personnelle des
l'Église par lui fondée fût l'instrument du salut de toute l'humanité parties, non pas égalité des doctrines et encore moins égalité entre
(cf. Ac 17,30-31 ).90 Cette vérité de foi n'enlève rien à la Jésus-Christ - Dieu lui-même fait homme - et les fondateurs des

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autres religions. L'Église en effet, guidée par la charité et le respect rédemption, ce sont : la rédemption comme rachat (au sens juridique
de la liberté, doit en premier lieu annoncer à tous la vérité de satisfaction) et comme libération (comme salut divin). Paul
définitivement révélée par le Seigneur, et proclamer la nécessité, synthétisera cette conception lorsqu’il dira : « Christ est mort pour
pour participer pleinement à la communion avec Dieu Père, Fils et nos péchés et ressuscité pour notre justification » (Rm 4, 25). A ces
Saint-Esprit, de la conversion à Jésus-Christ et de l'adhésion à deux idées vétéro-testamentaires s’ajoute deux autres dans le
l'Église par le baptême et les autres sacrements. D'autre part la Nouveau Testament, avec la venue du Messie (le Sauveur), à savoir :
certitude de la volonté salvifique universelle de Dieu n'atténue pas, la réconciliation (Ep 1, 4-10 ; Col 1, 20), inconcevable avant sa
mais augmente le devoir et l'urgence d'annoncer le salut et la venue et, l’adoption filiale (Ga 4, 4-6 ; Rm 8, 28-30). Ceci
conversion au Seigneur Jésus-Christ » (DI, n° 22). correspond à la logique même de l’Alliance, avec un partenaire
divin, qui ne peut jamais être totalement rompue (au moins du côté
de Dieu). Dans une telle relation de liberté pour l’homme et de grâce
Une synthèse biblique de la théologie du salut en ce qui concerne Dieu, un retour est toujours possibles sous les
multiples formes de la réconciliation, de la satisfaction pénale, du
«Le langage sacrificiel et juridique appartient à l’univers biblique à rachat et de la libération. De fait, toutes ces images de la rédemption
travers lequel nous parvient le sens chrétien de la Rédemption. Tout sont autant valables les unes que les autres et elles fonctionnent dans
d’abord, c’est l’Ancien Testament avec la notion du Go’ él qui de la le champ de l’économie biblique. Or, plusieurs de ces images sont-
figure humaine, trouve son sens ultime dans celle du Go’ él divin. Il elles aussi déjà présente dans de nombreuses traditions religieuses
est le défenseur (Jb 19, 25), le vengeur (Nb 35, 18-19), celui qui a extra-biblique.
droit de rachat (Rt 2, 20), celui qui paye la dette du prisonnier et le
défend en justice. Il est par dessus tout le Dieu rédempteur. En effet,
il est écrit au livre du prophète Isaïe : « Moi je viens à ton secours –
oracle du Seigneur – Le Saint d’Israël est ton Rédempteur » (Is 41,
14) [P. MIQUEL, Les Mots-clés de la Bible. Révélation à Israël, Ed.
Beauchesne, Paris, 1996, pp. 103-104].Selon A. Gelin : « Dieu
rachète (padah). Dieu délivre (ga’al). Le premier signifie ‘ payer
rançon’, mais quand il s’agit de Dieu, il n’y a pas de partie habilité à
recevoir une rançon …. (Le second) signifie remplire le devoir de
parenté à l’égard du sang versé, du nom qui s’éteint, ou de l’héritage
tombé en mains étrangère ; mais … là où Dieu est en cause, le sens
est simplement : libération »[ A. GELIN, Les idées maîtresses de
l’Ancien Testament, Ed. Cerf, Paris, 1948, pp. 35-36]. Deux idées
maîtresses se dégagent de cette conception vétéro-testamentaire de la

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