Pensées de Taule
Pensées de Taule
Pensées de Taule
(Yaoundé, Cameroun)
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(paiement sécurisé)
Méditations
de prison
(Yaoundé, Cameroun)
Échos de mes silences
préface
d’odile tobner, épouse de feu mongo Beti
présidente de « Survie-France »
Éditions Karthala
22-24, boulevard Arago
75013 Paris
Pour magnifier leur dignité, à toutes ces
femmes, à tous ces hommes qui, quelque part
dans le monde, pour quelque raison ou de
quelque manière que ce fût, ont été privés de
leur liberté...
Remerciements
odile tobner
Avant-propos
L’onde de choc !
(20 avril 1997)
Mon rubicon
« delenda Carthago »
(il faut détruire Carthage).
Caton l’ancien
La prison, ma prison
« Carcere duro »
(dur cachot).
« La prison, ma prison,
Ce sont ces murs glacés de cercueil en béton
Qui ont réduit à l’extrême mon espace vital !
Non sans peine, j’ai fini par les intégrer,
Comme des cloisons vivantes de ma nouvelle demeure.
J’y ai reflété l’aura de mon âme,
et les mêmes murs sont devenus mon miroir,
Ma protection, jaloux de toute intrusion intempestive.
La prison, ma prison,
Ce sont ces longues journées avares de soleil,
Ces longues nuits imbibées d’obscurité.
à force de m’y essayer, j’ai fini par faire
de ma solitude, ma meilleure amie,
Et du silence, mon fidèle compagnon.
Mes journées se sont transformées en lumière apaisante,
Et mes nuits en rêves revivifiants...
La prison, ma prison,
C’est cet épais brouillard qui de tout mon être s’est
accaparé,
S’évertuant à me faire croire que la vie ne valait plus
la peine d’être vécue.
Avec mon épée intérieure, j’ai fini par la dompter,
28 méditations de prison
La prison, la prison,
C’est aussi, hélas, une arme aveugle
d’une humanité retardataire contre elle-même,
enivrée de détruire, d’annihiler ce qui ne peut l’être !
Honteuse pleutrerie ! ! ! »
La torture
Le Gendarme
La justice
La politique
Le silence
Le mysticisme :
occultisme ou sorcellerie ?
Le mysticisme
dans son authenticité
Le mysticisme
est une queste spirituelle permanente
tableau i
torah Hiéroglyphes
1) le sens simple (pchat) 1) le synecdoque
2) le sens allusif (rémèze) 2) la métonymie
3) le sens figuré (Drach ou Midrach) 3) la métaphore
4) le secret (sod) 4) l’énigme
1 2 3 4 5 6 7 8 9
a b c d e f g h i
1 k l m n o p q r
s t u v w x y z
– Luxor = 3 + 3 + 6 + 6 + 9 = 27 = 2 + 7 =9
– Paris = 7 + 1 + 9 + 9 + 1 = 36 = 3 + 6 = 9
– Douala = 4 + 6 + 3 + 1 + 3 + 1 = 18 = 1 + 8 = 9
– 8 + 9 = 17 = 1 + 7 = 8
– 5 + 9 = 14 = 1 + 4 = 5
tableau iii
océan primordial
atoUm (atUm) ra
sHoU teFnoUt
seB noUt
HorUs
Les mYstères des nomBres 71
ATUM = 1 + 2 + 3 + 4 = 10 = 1 + 0 = 1
RA = 9 + 1 = 10 = 1 + 0 = 1
SHOU = 1 + 8 + 6 + 3 = 18 = 1 + 8 = 9
TEFNOUT = 11 = 1 + 1 = 2
SEB = 1 + 5 + 2 = 8
NOUT = 5 + 6 + 3 + 2 = 9 + 7 = 16 = 1 + 6 = 7
OSIRIS = 6 + 1 + 9 + 9 + 9 + 1 = 8
SETH = 1 + 5 + 2 + 8 = 16 = 7
ISIS = 9 + 1 + 9 + 1 = 20 = 2 + 0 = 2
NEPHTyS = 5 + 5 + 7 + 8 + 2 + 7 + 1 = 8
HORUS = 8 + 6 + 9 + 3 + 1 = 9
tableau iV
Le nombre d’or
« et dieu géométrisa... »
sagesse ancienne
Le lit du prisonnier.
Le bureau.
MéDiTaTionS DE priSon Vii
Viii
MéDiTaTionS DE priSon
Le destin
La vie et la mort
L’argent et le bonheur4
L’amour
poids elle l’a toujours porté, léger, comme son intime sac
à main... pour me nourrir...
... Puis un jour, entourée de tous ces fusils, mitraillettes
et kalachnikovs menaçants en bandoulière, elle a tangué
d’émotion, et son genou droit de violence sur le macadam
a fléchi. Hiératique, elle est restée droite, stoïque, silen-
cieuse...
... Aujourd’hui, ce genou arbore une cicatrice en déco-
ration : image symbolique de toute une saga, celle d’un
“panier”, le panier de la vie, le panier de l’amour trinitaire
de passion, d’amitié, d’amour sublime ! Ce genou, c’est
celui d’une fidèle et complice compagne, aimée et aimante
à la fois, au mythique visage de Janus, et de prénom...
Geneviève, ma chère épouse ! à elle, je dédie avec émo-
tion, en hommage gratifiant pour son amour, ce chapitre
de l’amour de l’Amour ; et à travers elle, à toutes ces
femmes et à tous ces hommes aux visages anonymes, qui
par amour, se sacrifient dans le silence, ignorés de tous,
pour soutenir leurs bien-aimés de ... taulards... »
« Qu’est-ce qu’aimer ?
aimer, c’est savoir davantage partager ce que l’on est
que ce que l’on a.
Aimer, c’est donner définitivement, sans jamais rien
exiger en retour.
aimer, c’est d’abord se connaître soi-même, avant de
prétendre connaître l’autre, et perdre son temps à vouloir
l’éduquer ou le métamorphoser.
Aimer, c’est apprendre à donner en secret, par respect
et considération pour celui qui reçoit.
aimer, c’est savoir accepter un don, quelque petit qu’il
paraisse.
aimer, c’est d’abord savoir se taire gentiment pour
préserver l’autre, avant d’entreprendre de le consoler.
104 méditations de prison
« Dieu »
Miscellanées
• Le mental
Lorsque vous avez acquis un mental de fer ou d’acier, il
faut sans se lasser jamais, continuer par le détachement à
l’entretenir, afin qu’il ne se rouille point.
• Le savoir
Le plus important n’est pas de savoir, mais de savoir ce
que l’on doit en faire.
• La non-violence
La non-violence, c’est la violence que l’on accepte soi-
même de subir, pour l’épargner aux autres : ce n’est point
de la passivité, mais plutôt un authentique acte d’amour.
112 méditations de prison
• Le succès
Pour le succès d’une initiative, la pensée doit toujours
précéder son actualisation, en même temps que l’encadrer
dans ses effets. Cela exige de la maîtrise avant, pendant et
après... son avènement.
• De la foi et de la raison
La foi est une certitude intérieurement révélée. La raison
est un outil de démonstration de l’intelligibilité des lois
universelles. Les deux sont des instruments complémen-
taires, parce que nécessaires pour naviguer en parfait équi-
libre dans l’océan de la Connaissance, l’une et l’autre se
faisant le relais d’une même divinité, gardienne jalouse et
sévère de la porte de la Vérité.
• La volonté
Elle est la capacité de la conscience à actualiser, par un
effort intérieur soutenu, le contenu de la pensée. si ce
contenu est erroné, la volonté a beau paraître intense, elle
n’est qu’opiniâtreté qui mène à des résultats destructeurs.
La volonté doit toujours être l’instrument d’une pensée
riche et généreuse, pétrie de connaissance.
misCeLLanées 113
• La connaissance
Est illusoire toute connaissance qui exclut toute ouver-
ture de pensée ; constituée de notions superficielles sans
autre référence que soi-même, elle n’est que savoir pédant
des salons, origine dangereuse de l’obscurantisme, et
matrice de fanatisme et de violence.
• La patience
La patience, c’est souffrir en silence, avec la certitude
compensatrice que l’objectif pour lequel l’on souffre sera
atteint.
• La misère
Qu’elle soit mentale et ou matérielle, la misère est l’une
des plus honteuses calamités de l’Humanité, car elle
dépouille l’Homme de ce qu’il a de plus digne en lui : sa
propre dignité.
• Le bonheur
Un bonheur construit sur le malheur des autres est
essentiellement fragile, voire éphémère, car tôt ou tard, il
se retrouve liquéfié dans l’illusion dont il aura été lui-même
l’artisan.
• La calomnie
La calomnie est une flèche empoissonnée, dont l’arc de
soutien est un public naïf, la victime la cible, et le tireur, un
faible d’esprit.
• Le pouvoir
Le pouvoir est une épée redoutable dont ne doit se servir
que le chevalier du Bien, du Beau et du Vrai, c’est-à-dire
un adepte de l’amour et de la justice.
114 méditations de prison
• La tristesse
La tristesse est cette torpeur brumeuse qui enveloppe
l’âme, tel un voile blafard, recouvrant tout ce qui a pu être
beau dans le passé, interdisant dans le même temps tout ce
qui peut l’être à l’avenir. Elle sait entretenir, anonyme, une
nonchalance permanente et destructrice, dont le reflet apa-
thique ternit, affadit et paralyse. et pourtant notre âme est
lumière, et d’un seul de ses rayons de puissance bienfai-
sante, elle possède le secret de la dissolution à tout instant,
comme le vent balayant un nuage. Il suffit de le désirer
intensément, et... hop ! Vive le miracle de la joie explosive
qui, instantanément, guérit ! ! !
• Le rêve et l’illusion
dans la vie quotidienne, le rêve et l’illusion se côtoient
si souvent que la tendance à les identifier est chose
courante. Cela est une méprise, car tandis que l’illusion est
le mirage des désirs insatisfaits et refoulés du passé, le rêve
est l’écriture volontaire de la réalité invisible dans le futur.
• La colère
La colère est une déflagration vibratoire puissante et
violente de l’énergie en soi. elle vide l’âme de sa substance
et ébranle le corps et son environnement. Le meilleur
moyen de s’en guérir, c’est de toujours prévenir son déclen-
chement. En cas d’échec, il faut aussitôt injecter de fortes
vibrations d’amour en soi et autour de soi, afin d’anéantir
ainsi ses effets hautement délétères.
• L’obésité du mensonge
Tout mensonge pèse toujours deux fois son propre poids,
car le menteur, avant de mentir aux autres, doit d’abord se
mentir à lui-même...
21
monsieur le président,
Il est fort possible, même si je n’ose y croire, que ma
lettre, tel un alizé tumultueux et capricieux, vienne de quel-
que manière ébranler, ou tout au moins perturber la quié-
tude des flots aux doux embruns de votre « démocratie
apaisée », ambition pour laquelle vous avez tant œuvré
depuis 29 ans. si c’en était le cas, ce serait bien dommage,
car telle n’est pas mon intention. mais d’un autre côté,
qu’on ne se méprenne point ! Ce n’est pas non plus une
naïve, langoureuse et monocorde mélopée, ni un triste
refrain d’un prétendu coupable miserere, de la part d’une
supposée victime, à la recherche désespérée d’une compas-
sion condescendante... Pour toutes ces raisons, j’impose à
ma plume autant de respect que de douceur, honorant ainsi
ma propre dignité de beaucoup de pudeur, et l’affligeant en
même temps d’une stricte circonspection...
128 méditations de prison
monsieur le président,
Tenez ! Seulement deux jours après ma démission de
votre Gouvernement et ma constitution en candidat à
l’élection présidentielle de 1997, une horde sauvage et
déchaînée de vos cognes aux gros bras prêts à casser de la
castagne, alliée à une justice aux allants de basoche, a
fondu avec une rare férocité sur le citoyen honnête et ordi-
naire que je suis. Et depuis, inlassablement, les uns comme
les autres, n’ont cessé de me faire subir une terrifiante
torture, avec hargne, haine et grossièreté, sous votre regard
passif et atone, mais ô combien scintillant de complai-
sance : embastillement dans des conditions inqualifiables,
harcèlement et acharnement permanents, destruction et
confiscation de mes biens, intimidations et tracasseries
judiciaires et policières, subtiles et ostentatoires menaces
de mort, et que sais-je encore... Ah ! Que ne m’aurait-il pas
valu d’être un alfred dreyfus ou un Jules durand tout
court ? Allusion prétentieuse, n’est-ce pas ? Et pourtant je
n’en demandais pas tant !
monsieur,
Eh bien, souffrez un petit instant que je me pince avec
un peu de violence, après tant d’années de silence d’une
lâche captivité, pour dénoncer avec véhémence, à haute et
intelligible voix, prenant solennellement à témoin la nation
camerounaise tout entière, l’opinion internationale, et tous
ceux qui de par le monde, sont sensibles à la défense des
droits humains, et crier à votre intention : « 14 ans de tor-
ture, Monsieur, ça suffit ! »
J’ai été honteusement réifié en un vulgaire otage de
votre vitrine politique. Ma liberté m’a été confisquée sans
raison. Que votre raison veuille bien me la restituer !
L’image désormais blafarde et tant écornée du Cameroun
en bénéficierait à coup sûr en rayonnement, de l’intérieur
comme à l’extérieur...
A la fin, que sont-elles devenues mes convictions et mes
opinions politiques, artifices qui m’ont gratifié de cette
lourde infortune en 1997 ? Eh bien, elles n’ont pas changé
« 14 ANS DE TORTURE, ÇA SUFFIT ! » 129
mesdames et messieurs,
Honorables membres de la Collégialité,
madame le président,
Honorables membres de la Collégialité,
Il me revient encore aujourd’hui d’écrire avec vous une
nouvelle page de cette interminable saga :
Oui, une interminable saga, véritable épopée, où des
chimères en liasses de millions et de milliards fictifs pour
accusation se seront évertuées à transformer le pou-
voir judiciaire, prestigieuse institution républicaine, en une
prosaïque épicerie, une vulgaire quincaillerie juridiction-
nelle, où comme une marchandise périmée, une denrée
dévaluée, mon destin devait être liquidé à vil prix... pour
l’éternité.
Oui, une interminable saga, véritable légende, où des
fantasmes en bouquets fanés de mensonges flétris par le
temps auront pris en otages les uns et les autres, imposant
sans vergogne leurs obscurs dédales, aux dépens des voies
lumineuses de la vérité...
oui, une véritable saga, véritable tragédie par laquelle,
comme un veau cachectique, exténué par le temps, je
« 14 ANS DE TORTURE, ÇA SUFFIT ! » 133
A) Les dates
B) L’ordonnateur de l’expertise
C) Accusations
D) Mandat de l’ordonnance
Armes de ma défense :
déclinées en trois volets :
– Le temps.
– La douceur.
– L’infrastructure architecturale de mon argumentaire.
Caisse d’avance
Financement
Conclusion
madame le président,
Honorables membres de la Collégialité,
Voilà le détourneur inculpé de détournement et de tenta-
tive de détournement de fonds publics, qui, non seulement
gère avec rigueur les fonds publics, mais enrichit en plus
l’état de sa propre initiative de onze millions cinq-cent-
soixante-huit mille sept-cent-dix-neuf (11 568 719) francs
CFa.
Est-il ce mérite qui m’amène devant vous ? A moins que
ce ne soit l’application de la « Jiustizia sui generis ad
hominem ? ». Et je viens de vous démontrer par le deu-
xième support de mes armes : « Tout ce qui compte n’est
pas toujours compté et tout ce qui est compté n’est pas
toujours ce qui compte ». Mais lorsqu’il m’a été demandé
de compter, je l’ai fait dans le respect scrupuleux de la
réglementation en vigueur sur les Finances publiques...
Et avant de clôturer ma déclaration, je vous prie, Hono-
rables membres de la Collégialité, de partager avec moi
cette pensée : « L’unique Valeur au-dessus des lois, ce ne
sont ni les hommes, ni les institutions, mais la Vérité... »
Je vous remercie de m’avoir entendu avec autant de
bienveillance et d’attention...
Le temps
Yaoundé,
mon amie, malgré tout...
« Ut fata trahunt »
(comme les destins nous conduisent).
Virgile
« Yaoundé !
Ville lumineuse,
malgré ta robe terne de poussière rouge ;
Ville généreuse de tradition,
malgré tes ruelles étroites, sinueuses et défoncées.
Yaoundé !
Ville aux sept collines verdoyantes et mystérieuses !
Ville charmante et chaleureuse,
à laquelle j’ai tant donné :
mes amours, mes passions, ma vie !
Yaoundé !
“Ville cruelle” !
Tu as confisqué ma liberté, tu m’as trahi !
Mais yaoundé, je ne puis te haïr.
à travers toi, j’ai aimé mon pays,
à travers mon pays, l’afrique ;
à travers l’afrique, l’Humanité tout entière.
Yaoundé ! mon amie !
152 méditations de prison
Toi et moi...
vers la liberté !
remerciements............................................................ 7
préface......................................................................... 9
avant-propos............................................................... 11
prologue. L’onde de choc ! (20 avril 1997)................. 15
1. mon rubicon ....................................................... 19
2. Première lettre à la nation................................... 21
3. Une nuit particulière........................................... 25
4. La prison, ma prison........................................... 27
5. Le silence brisé de mes nuits.............................. 29
6. La torture ............................................................ 33
7. Le Gendarme ...................................................... 39
8. La justice ............................................................ 41
9. La politique......................................................... 47
10. Le silence............................................................ 53
11. Le mysticisme : occultisme ou sorcellerie ?........ 57
12. Le mysticisme dans son authenticité .................. 61
13. Les mystères des nombres.................................. 67
14. Le nombre d’or................................................... 77
158 méditations de prison
Collection Méridiens
ISBN : 978-2-8111-0627-0