Intro System I Que
Intro System I Que
Intro System I Que
Objectif de ce chapitre
-introduction au paradigme des systèmes complexes
-introduction aux thérapies familiales
Comment ?
-présentation épistémologique du passage du compliqué au complexe
-présentation du modèle de Minuchin : L’approche structurale
INTRODUCTION
Dans un contexte où les débats sur les pratiques cliniques et les formations en psychologie
continuent sous forme d’opposition entre la psychanalyse et le cognitivo-comportementalisme, il
nous semble opportun de rappeler l’existence de voies alternatives. Dans les années 50, face à ces
deux forces, l’humanisme a déjà tenté de constituer ce que Maslow a appelé la troisième force.
Cependant, cette troisième force a du mal, encore aujourd’hui, à trouver une reconnaissance chez
les cliniciens comme pratique à part entière. Une raison invoquée est souvent le manque de
références et de cadres théoriques bien qu’une approche comme celle de Rogers n’a cessé d’être
enrichie et précisée en définissant des concepts clés pour la pratique clinique (Embleton Tudor et al.
2004). D’ailleurs, nombreux sont les cliniciens qui les utilisent, sans toujours en connaître l’origine,
en les réduisant souvent en technique d’entretien.
En s’interrogeant sur ce manque dans une perspective épistémologique, nous pouvons
constater qu’un point essentiel différencie la psychanalyse et le comportementalisme d’avec
l’approche humaniste: leur cadre paradigmique. Bien que différentes, l’approche de la
psychanalyse et l’approche du comportementalisme s’inscrivent toutes les deux dans le paradigme
du compliqué caractérisé par un déterminisme linéaire, qu’il soit interne ou externe. Il s’avère que
l’approche humaniste a eu du mal à s’articuler dans ce paradigme analytique. En revanche, un
paradigme alors en émergence, celui de la systémique ou de la complexité aurait pu lui servir de
cadre plus adapté pour son développement. Il semblerait bien qu’il y ait eu un développement
parallèle entre une pratique clinique humaniste et le développement d’un corpus théorique
systémique, dont la formulation théorique élaborée n’interviendra réellement que vers 1975, avec
finalement un rendez-vous raté.
DU COMPLIQUE AU COMPLEXE
L'évolution des idées concernant la nature humaine s'inscrit au plan historique dans le
contexte de la révolution de la pensée scientifique ou révolution paradigmique. L'élaboration de
nouveaux paradigmes devient nécessaire afin d'intégrer les nouvelles sources d'information à la
compréhension d’un phénomène. Kuhn (1983) défini les paradigmes comme "les découvertes
scientifiques universellement reconnues qui, pour un temps, fournissent à une communauté de
chercheurs des problèmes types et des solutions" (p.11). Ce sont par des révolutions
paradigmatiques que procède le progrès scientifique. Ainsi aujourd’hui le paradigme systémique
semble être une des alternatives possibles au réductionnisme de la méthode analytique classique
pour appréhender et étudier la nature humaine.
La méthode analytique et la logique disjonctive vont être identifiées comme « la » méthode
scientifique par Descartes dans son « Discours de la méthode ». Comme le rappel Lemoigne
(1990), la logique disjonctive ou logique formelle repose sur les trois axiomes aristotéliciens
(axiome d’identité, axiome de non contradiction et axiome du tiers exclu) et la méthode analytique
décrites par Descartes peut se résumer à ses quatre préceptes (1.concept d’évidence objective,
2.diviser les difficultés pour les résoudre, 3.aller du plus simple au plus compliqué, 4. s’assurer de
ne rien omettre). Cette approche sous-entend ainsi qu’il "existe des évidences objectives
indépendantes de l’observateur, auxquelles on accède par décompositions ou divisions: l’analyse.
Ces évidences stables sont reliées par des relations de cause-effet que l’on peut identifier dès lors
qu’on a procédé à leur recensement exhaustif, en fermant le modèle."(Lemoigne,1990)
Si, comme l’indique LeMoigne (1990), des pionniers tels que Vigo, DeVinci ou Valéry ont
Lorsque l’on s’intéresse aux systèmes complexes, on ne peut pas parler de théorie systémique
mais d’une approche systémique. En effet, ce paradigme s’est construit grâce à la conjonction de
plusieurs théories. Nous nous intéresserons ici à celles qui vont nous permettre de comprendre les
caractéristiques essentielles d’un système complexe que nous verrons plus tard.
…“the conventional formulation of physics are, in principle, inapplicable to the living organism
being open system having steady state. We may well suspect that many characteristics of living
systems which are paradoxical in view of the laws of physics are a consequence of this fact.”
Bertalanffy, L. von, (1969). General System Theory. New York: George Braziller, pp. 39-40.
Bien que nous parlons de théorie, le travail de Bertanlaffy n’est pas réellement une théorie
mais s’apparente plus à une nouvelle approche de pensée ou à un nouveau pardigme de pensée. Si
Bertanlaffy a présenté son approche dès 1937 à l’université de Chicago, il faudra attendre 1968 pour
que paraisse la première édition de son ouvrage : General System Theory. Ce décalage illustre bien
la difficulté d’intégrer de nouveaux paradigmes. « Un changement de climat intellectuel avait eu
lieu (…) La théorie générale des systèmes n’était plus isolée, ce n’était plus une manie personnelle
comme je le pensais ; elle correspondait bien à un tendance de la pensée moderne » (von Bertalanffy,
p43)
1er cybernétique
Initiée notamment par le mathématicien Norbert Wiener, la cybernétique est la science de la
régulation et des communications dans les systèmes naturels et artificiels. Pour étudier un système
2eme cybernétique
Dans la pensée scientifique liée à la méthode analytique, il est fondamental que les
expériences soient reproductible par quiconque, ce qui revient à nier l’influence que peut avoir
l’observateur sur le phénomène observé. Dans la deuxième cybernétique, dont Von Foerster (1988)
est un auteur important, on considère que l’observateur fait partie intégrante du système qu’il
observe. Les deux systèmes observateur-observé constituent un nouveau système qui les englobe
tous les deux.
En psychothérapie, Freud avait déjà pressenti cet aspect de la relation au travers des concepts
de transfert et contre-transfert. Dans l’approche systémique, on parlera plutôt du concept de
résonance développé par Alkaim (2004).
Le concept central à partir duquel va être décrit un système est celui d'Organisation Active
ou ce que Morin appelle l'Organis-action (Morin, 1977). Ce concept représentant les propriétés
d'un système s'exprime par le paradigme considérant l'éco-auto-re-organisation. L'éco-
organisation exprime le fonctionnement ouvert dans l'environnement, l'auto-organisation
exprime l'autonomie du système et la re-organisation exprime sa transformation téléologique.
Ce concept d'organisation remplace le concept de structure. Dans la démarche analytique,
le concept de structure s’était imposé au cours des siècles précédents car il est capable de rendre
compte de façon intelligible des phénomènes ou objets à décrire, modélisables parce que présumés
structurés (squelette ou charpente). Décrire la structure d’un phénomène c’était à priori le
comprendre et créer les conditions de sa maîtrise. Le concept d’organisation donne au système
complexe sa nécessaire intelligibilité et va se substituer au concept de structure de la méthode
Principe de totalité : La logique de groupe prime sur celle de chaque unité active. Les
propriétés du système sont permises, mais non déterminées, par les propriétés des différentes unités
actives. De « nouvelles propriétés » émergent des systèmes lorsqu’ils atteignent un certain niveau
d’organisation, ces propriétés ne pouvant pas être comprises par l’approche analytique (étude des
parties). Ainsi, l’évaluation de chacun des membres d’une famille ne donne pas une idée juste du
fonctionnement global de la famille. Ce principe est à rapprocher de la notion de qualité émergente
qui correspond à une propriété globale qui va émerger d’une interaction aléatoire entre différents
agents. Ces caractéristiques nouvelles du système ne peuvent pas être anticipées à partir du
fonctionnement connu des agents individuels. Le tout est plus que les parties.
Les systèmes ouverts comme les systèmes vivants sont donc caractérisés par des crises qui
jalonnent leur croissance et leur évolution. La croissance correspondant à un changement qui
s’accompagne de l’augmentation de la complexité du système comme Wallon (1949) a pu l’illustrer
dans son modèle de développement de l’enfant. La notion de crise qui est donc inséparable de la
notion de système complexe a bien été développée par Morin (Voir le document « Vers une
crisologie, 1975). Morin montre comment les réactions du système face à la crise pourront mettre
en danger son intégrité ou au contraire lui permettre d’évoluer et de s’adapter aux changements.
Dans une perspective de « recadrage » face à une famille enfermée dans la peur du danger potentiel
de la crise à laquelle elle se retrouve confrontée nous ne manquons pas de lui rappeler qu’en
chinois le mot crise est représenté par deux idéogrammes, l’un signifiant effectivement danger,
l’autre signifiant opportunité.
LA THERAPIE FAMILIALE
Jusqu’au début du 20 siècle la famille est tenue à l’écart dans la prise en charge du malade
mental : le malade est interné. Esquirol (1772-1840 ; père de l’hôpital psychiatrique) disait qu’il
fallait « soustraire l’aliéné à toutes ses habitudes, en l’éloignant des lieux où il habite, le séparant
de sa famille, de ses amis, de ses serviteurs, l’entourant d’étrangers, changeant toute sa manière de
vivre ». La thérapie familiale correspond à un changement épistémologique : la maladie ne va plus
se comprendre au niveau individuel mais dans un contexte social dont la famille.
Dans les années 50, c’est la convergence de nombreux éléments qui va pousser de plus en
plus à prendre en compte l’importance de la famille. C’est tout d’abord, comme nous l’avons vu,
l’apparition de nouvelles théories, notamment dans le domaine de la communication, mais aussi le
questionnement des prises en charges alors disponibles qui ne sont pas toujours perçues comme
efficaces.
Logique d’intervention
D’une façon générale la thérapie familiale vise à mobiliser les ressources de la famille. Le
rôle du clinicien n’est pas de trouver des solutions mais plutôt d’amener la famille à faire usage de
ses propres forces (Auloos , 1995). La famille est maîtresse et responsable de son fonctionnement :
le thérapeute n’est pas un « expert » qui résout les problèmes. Il prend la position de « celui qui ne
sait pas ». Il ne donne pas de conseil mais stimule l’intelligence collective de la famille, sa capacité
à trouver ses propres solutions . Lorsqu’il y a engagement de toute la famille on peut compter sur
des modifications à différents niveaux (intrapsychiques et interpsychiques) ce qui augmente les
chances pour la survenue de changements durables.
Les thérapies familiales se sont développées dans un premier temps aux USA. Sur la côte
ouest avec l’école de Palo Alto ce sont des théoriciens de la communication qui deviennent
cliniciens. Ils se focalisent sur les schémas de communication et laissent de coté le psyché, les
diagnostics et les concepts cliniques classiques. Sur la côte est ce sont des psychanalystes qui se
convertissent en thérapeutes de la famille, cherchant à intégrer individu et famille.
Ce groupe établi en 1956 la fameuse théorie du double-lien (double bind) pour expliquer
la schizophrénie. Cette théorie a fait du bruit à l’époque. Aujourd’hui elle ne semble plus qu’avoir
un intérêt historique. D’ailleurs une des critiques de cette théorie est de s’inscrire dans un schéma
de causalité linéaire. Elle a eu néanmoins une influence jusque dans les années 80.
Ecole de Milan
C’est un véritablement rapprochement entre la psychodynamique et la systémique
Mara Selvini Palazzoli : psychanalyste milanaise sensible aux travaux de Bateson
Guiliana Prato
Luigi Boscolo
Gianfranco Cecchin
Approche stratégique
Jay Haley (issu de Palo Alto)
Modanes
Approche structurale
Salvador Minuchin
double-lien : Lorsque qu’une personne est dans l’impossibilité de surmonter le paradoxe de deux
messages contradictoires émis par une personne en position supérieure.
Homéostasie : tendance pour un système à retourner à son état initial antérieur après une
perturbation
Recadrage : intervention du thérapeute consistant à proposer d’autres façon de voir les choses
(généralement de façon plus positive et optimiste)
Prescription de tâche : tâche à faire entre les séances. Ceci permet au thérapeute d’observer et de définir
plus précisément le problème (feed-back) et au patient de vivre des expériences pour avancer vers une solution.
Entropie : degrés de désordre d’un système. En thermodynamique, l’entropie est une fonction.
Elle désigne le degré de désordre ou d’incertitude dans l’arrangement des éléments d’un système
physique. L’apport d’information diminue le désordre et augmente la complexité du système.
Notion de triangle (Bowen) : la configuration de la relation entre trois personnes est l’élément de
base de tout système émotif. C’est la plus petite unité de relation stable. Le système formé par
deux personnes serait stable lorsqu’il n’y a pas de tension.
Quand la tension monte, la tendance est d’inclure une troisième personne dans la relation, généralement plus
vulnérable, pour faire abaisser la tension ; c’est le mécanisme de triangulation. Ce mécanisme n’est pas en soi
pathologique mais a tendance de se retrouver souvent dans les familles perturbées
Dans le même temps Haley parle de triangle pervers et Minuchin de triades perverses
Notion de pouvoir : selon Haley toute communication fait partie d’une lutte de pouvoir. Pour
Minuchin le pouvoir se pose plus en terme de responsabilité.
Notion d’alliance : lorsque deux membres de la famille partagent un intérêt commun en vue d’une
action commune. (Alliance parentale indispensable)
Notion de coalition : processus d’action conjointe entre deux ou plusieurs personnes, contre une
autre personne
Axiomes principaux :
1-on ne peut pas ne pas communiquer
2-toute communication à deux fonctions, une fonction informative et une fonction de
commande. C’est cette deuxième fonction qui détermine la façon dont le message doit être décodé et qui définit la
relation entre deux personnes. Ce deuxième niveau constitue la métacommunication. (communication sur la
communication)
3-la nature d’une relation dépend de la ponctuation des séquences de communication, c’est-à-
dire le sens causal de la communication.
Les difficultés de communication seraient souvent dues à des différences de ponctuation
entre deux membres de la famille dans des situations circulaires. En définissant le problème en
termes de cause à effet, deux membres de la famille vont isoler une séquence d’événements
différents
En tant que système ouvert une famille ne peut maintenir indéfiniment le même équilibre,
sous peine de devenir pathogène et même mortifère pour ses membres. Il est naturel que la famille
traverse périodiquement des crises ou phase de déstabilisation qui l’incite à remanier son réglage
homéosatique. Elle le fait en donnant des feedback positifs qui encouragent les nouveaux
comportements. (Ex : l’adolescence ; crise naturelle où les frontières doivent être rediscutées).
L’évolution d’une famille passe par des phases d’équilibre alternant avec des phases de
déséquilibre.
Salvador Minuchin a présenté son approche dès 1974 dans son livre Families and Family
Therapy , (Cambridge, Mass., Harvard Univ. Press, 1974) traduit en français en 1978 sous le titre
Familles en thérapie (Erès, Toulouse, 1978).
Approche structurale
Dans ce modèle la famille est clairement définie comme un système complexe ou système
ouvert. « Selon le modèle suggéré, une famille fonctionnant de manière efficiente est un système
social ouvert en transformation, qui maintient des liens avec le monde extra-familial ; elle possède
une organisation structurée composée de sous-systèmes et elle est dotée de la capacité de se
développer » p284. « L’approche structurale des familles se fonde essentiellement sur la notion
qu’une famille est plus que les dynamiques biopsychiques de ses membres »p103. « En clair,
chaque changement survenu dans la famille n’affecte pas tous ses membres, et le changement d’un
membre n’affecte pas nécessairement tous les autres membres de la même façon « p284.
La famille
« Se marier, fonder une famille, accepter tous les enfants qui naissent, les faire vivre dans ce monde
incertain et même, si possible, les guider un peu, c’est là, j’en suis persuadé, l’extrême degré de ce
qu’un homme peut atteindre » Kafka, Lettre au père
La famille est soumise à une pression de stress interne provenant du changement lié au
développement de ses membres ainsi qu’à une pression externe provenant des exigences
d’adaptation au monde extérieur. « La famille, en tant que système socioculturel ouvert doit
continuellement faire face à des demandes de changements. Ces demandes sont provoquées par des
changements bio-psychosociaux survenus chez un ou plusieurs de ses membres et par les divers
Structure de la famille
Selon la nature des frontières dans une famille Minuchin va parler « d’enchevêtrement » et
de « désengagement ». Les termes « d’enchevêtrement » et de « désengagement » se rapportent à
style transactionnel et non à une différence qualitative entre fonctionnel et dysfonctionnel. En soi
ce ne sont pas des styles de relations « pathogènes » cependant Minuchin à observer
que« fonctionner aux deux extrêmes indique toutefois des zones de pathologie possible » et peuvent
poser « …des problèmes familiaux lorsque les mécanismes d’adaptation sont sollicités » p73.
Une famille enchevêtrée est caractérisée par des frontières diffuses entre les différents
systèmes et sous-systèmes entraînant souvent des phénomènes d’ingérence. (Ex : La grand mère
qui va se « mêler » de l’éducation des enfants, un enfant qui va être le confident d’un parent…).
Chaque membre de la famille peut penser et ressentir facilement pour un autre membre (Ex ; couvre
toi, j’ai froid). Dans ce type de famille l’augmentation du sentiment d’appartenance entraîne un
fléchissement de l’autonomie. Le comportement d’un membre affecte immédiatement les autres, le
stress traverse massivement les frontières et trouve rapidement écho dans les autres systèmes. « La
famille enchevêtrée répond à la moindre variation avec une vitesse et une intensité excessives. »p73
Des frontières rigides vont caractériser une famille désengagée. Ceci entraîne chez les
membres de la famille un manque de sentiments de fidélité et d’appartenance. Ce type de famille
Thérapie
Nous pouvons distinguer différentes phases dans la démarche thérapeutique. Pour des
besoins de présentation elles sont abordées de façon indépendante et « linéaire »… En réalité, elles
peuvent avoir lieu de façon simultané et revenir au cours des rencontres de façon « circulaire »…
1-le thérapeute se joint à la famille en prenant une position de leadership (notion de responsabilité)
2-il perce la structure familiale et l’évalue (détective à la recherche d’indice)
3-il crée des conditions qui permettront la transformation de cette structure
Position du thérapeute
« Le thérapeute fonctionne souvent comme un constructeur de frontières ; il clarifie les
frontières diffuses et ouvre les frontières trop rigides » p73
« Dans les familles ordinaires, le thérapeute utilise la motivation de la famille comme voie
d’accès à une transformation. Dans les familles pathologiques, il faut que le thérapeute devienne un
acteur dans le drame familial, entrant dans des coalitions transitoires pour prendre le système par la
bande et développer un niveau d’homéostasie différent» p79. Le thérapeute devient partie prenante
du système et « …le changement survient par l’intermédiaire du processus d’affiliation du
thérapeute à la famille, de la façon soigneusement planifiée dont il modifie la structure de la famille
afin d’en transformer les patterns transactionnels dysfonctionnels » p109. Pour s’affilier à la
famille (joining) le thérapeute s’appui sur sa personnalité et son expériences qui sont en résonance
avec ceux de la famille.
Une étape clé est donc l’affiliation avec la famille. Pour cela « …le thérapeute doit accepter
l’organisation et le style de la famille et s’y fondre » p143. Il doit découvrir les voies de
Il nous semble difficile de parler de technique de « joining ». Il s’agirait pour nous plutôt
d’une attitude qui consiste à :
-respecter et maintenir le système en observant et suivant le pattern transactionnel en cours
dans la famille pour ne pas la menacer
-suivre la piste (tracking) de la conversation en demandant quand nécessaire des
clarifications. La famille doit ressentir l’intérêt que lui porte le thérapeute.
-imiter, c’est-à-dire apprendre le « langage » de la famille. Ce pourra être des imitations
verbales (vocabulaire commun) ou non verbale (imitation de posture).
Il est important dans cette étape d’être vigilant à tous les phénomènes de résonance qui s’ils
peuvent se révéler comme des leviers d’intervention dans la famille peuvent aussi venir maintenir le
fonctionnement pathologique du système. Attention de ne pas s’affilier de façon complémentaire et
de complémenter un système dysfonctionnel et contribuer à la cristallisation des patterns
transactionnels maladaptatifs. L’enjeu est notamment de ne pas stigmatiser encore plus le patient
désigné par le système. Il faudra pour cela arriver à ce que Boszormenyi-Nagi appelle la partialité
multidirectionnelle qui avec un aspect paradoxal consiste à prendre le parti de chacun sans se laisser
happer dans le jeu des triangulations. « Le but ultime du thérapeute est d’être utile à toute la
famille ; il importe que la famille en soit toujours consciente » p172
Contrat thérapeutique
Une fois que l’alliance thérapeutique est en place, le thérapeute et la famille vont pouvoir
déterminer le contrat thérapeutique. C’est une construction entre le thérapeute et la famille qui
définit sur le plan pratique le sens, l’objectif et les moyens de leur relation à venir. Ce contrat
consiste généralement à :
-définir l’orientation familiale du thérapeute (individu/famille)
Changement
Pour favoriser le changement dans une famille le thérapeute peut apporter de nouvelles
informations au système (pour baisser l’entropie du système encourager sa dynamique) en remettant
en question la perception propre du système et en proposant des alternatives qui ont du sens compte
tenu du style symbolique de la famille. Le changement se traduit en la mise en place de nouveaux
patterns transactionnels. Une fois que la famille a pu expérimenter de nouvelles relations, il est
attendu qu’elles se renforcent d’elles-mêmes.
Restructuration de la famille
« Les opérations de restructuration sont les temps forts de la psychothérapie. Ce sont les
interventions dramatiques qui impulsent le mouvement vers les objectifs thérapeutiques. » p 160
2-délimiter des frontières « …aider la famille à créer l’équilibre souple entre autonomie et
interdépendance qui servira le mieux à promouvoir l’épanouissement psychosocial de ses
membres » p165. « Dans une famille enchevêtrée les frontières doivent être renforcées pour aider à
l’individuation des membres de la famille » p 165. Dans ce cas l’objectif sera d’accroître la netteté
des frontières. « Dans les familles qui sont à l’extrémité désengagée de la dimension
enchevêtrement-désengagement, il (le thérapeute) agit de manière à diminuer la rigidité des
Son assomption est que « Quand les frontières autour d’un sous-système sont renforcées, le
fonctionnement de ce sous-système s’accroît » p168. Ainsi dans son modèle, « Le sous-système
parental doit détenir de l’autorité. Un enfant doit pouvoir explorer et expérimenter la situation et
les phénomènes de sa croissance, sachant que le sous-système parental saura poser les limites de ce
qui est faisable et permis » p167. De même « le sous-système de la fratrie a également besoin
d’une frontière protectrice de manière qu’il puisse exercer ses fonctions en offrant aux enfants les
occasions d’apprendre la coopération, la compétition, comment pratiquer l’évitement ou l’abandon,
comment se faire un allié et comment il est possible de le perdre, et bien d’autres savoir-faire
concernant l’existence avec ses pairs » p167.
3-surmonter le stress. Le thérapeute peut provoquer un stress sur le système pour encourager ses
capacités de restructuration. Il peut bloquer le flot des communications habituelles. Il peut mettre
en évidence les divergences. Il peut rendre explicite les conflits implicites. Il peut faire des
alliances ponctuelles et successives créant des stress successifs.
6-manipuler l’ambiance affective. Le thérapeute peut utiliser une imitation exagérée du style
familial pour déclencher des feed-bak négatifs, partager une indignation avec un membre ou re-
étiquetter une ambiance (par exemple de « hyper autoritaire » en « préoccupation »).
Le diagnostic familial est une évaluation du fonctionnement de la famille. Ce n’est pas une
étiquette sur un individu. Il s’agit plutôt de faire un bilan de fonctionnement évolutif lié au contexte
afin de découvrir les ouvertures aux interventions thérapeutiques. « L’un des processus du
diagnostic est d’élargir la conceptualisation du problème. La vision centrée sur l’individu que la
faille a utilisée pour conceptualiser et aborder le problème doit être élargie pour englober les
interactions familiales dans leur contexte actuel » p150
Le thérapeute commence par noter les patterns transactionnels et les frontières et il formule
des hypothèses sur ceux des patterns qui seraient fonctionnels ou dysfonctionnels. Il commence en
déduire une carte familiale. On peut noter les différents points qui vont aider le thérapeute à
évaluer la famille :
1-étude de la structure de la famille
2-évaluation de la souplesse du système
3-degrè d’enchevêtrement
4-analyse des sources de stress et de soutien
5-examine le stade de développement et la façon si les tâches appropriées à ce stade sont faites
(attention à l’aspect moral)
6-comment les symptômes identifiés sont utilisées pour maintenir les patterns transactionnels
préférés
Recadrage
Le recadrage est une intervention du thérapeute consistant à proposer d’autres façon de voir
les choses (généralement de façon plus positive et optimiste). Le recadrage peut avoir une
signification ouverte correspondant à des commentaires logiques, aisément accessibles à la
compréhension de la famille ou une signification cachée avec des commentaires apparemment
absurdes et illogiques, qui déroute le système familial.
Prescription de tâche
Généralement le thérapeute donne des tâches à faire entre les séances. Ceci permet au
thérapeute d’observer et de définir plus précisément le problème (feed-back) et au patient de vivre
des expériences pour avancer vers une solution.
Le objets flottants sont des objets offre un espace intermédiaire entre la famille et le
thérapeute. Ils proposent un cadre aussi bien pour les demandeurs d’aide que pour l’intervenant.
Ce sont des « objets sur lesquels famille et thérapeute mettront leur empreinte, ils ne sont pas
seulement instruments de ce dernier » p 49. Les objets flottants offrent un « champs
d’expérimentation et de découverte partagé par la famille et le thérapeute » p49. « Les objets
flottants occupent la place de la rencontre. Ils en sont le symbole et en resteront la trace » p23.
Nous allons considérer maintenant deux objets flottants : le SAGA et le génogramme.
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