Développement Du Maroc Depuis 1956 PDF

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L'ÉCONOMIE MAROCAINE DEPUIS L'INDÉPENDANCE

L'indépendance du Maroc fut proclamée officiellement en mars 1956.


Au lendemain de cette indépendance, les problèmes économiques appa-
rurent dans toute leur acuité avec notamment une chute importante des
investissements, la fuite des capitaux, l'accélération de l'exode rural, et
l'aggravation du chômage.
En fait, le principal problème qui se posait était celui d'une reconversion
profonde des structures économiques qui avaient été façonnées par plus de
40 ans de régime colonial, et la création des conditions sociales, politiques
et culturelles d'un véritable décollage économique. ·
D'une économie coloniale, aux structures dépendantes et archaïques, il
fallait faire une économie nationale, qui crée par elle-même des forces
et des mécanismes internes d'accumulation du capital et de progrès.
A partir des années 1960, trois plans furent successivement mis en
œuvre : le Plan quinquennal (1960-1964), le Plan triennal (1965-1967) et le
Plan quinquennal {1968-1972). Ces plans n'ont pas permis de surmonter la
persistance d'une très faible croissance de la production globale, l'aggravation
du chômage, un taux d'épargne et d'investissement très insuffisant, et les
difficultés que cause une balance des paiements très vulnérable.
Ainsi, nous serons successivement amenés à examiner : .
dans un premier point, la situation économique à l'aube de l'indé-
pendance;
dans un second point, l'évolution de l'économie marocaine après 1960 ;
et dans une troisième partie, les principaux aspects de la politique
économique du Maroc indépendant.

I. -LA SITUATION ÉCONOMIQUE


A L'AUBE DE L'INDÉPENDANCE

Après 1956, le volume de l'investissement global avait décru dans des


proportions considérables, ou plus exactement la baisse des investissements
qui avait commencé à se manifester dès l'année 1953 de façon relativement
modérée, s'accentua brusquement.

10
146 L'ÉCONOMIE MAROCAINE DEPUIS L' INDÉPENDAN CE

D e 1956 à 1960, l'investissem ent brut global a connu l'évolution suivante:

Années Valeur e n milliards de francs courants (1) Indic e base


100 e n 1952
1956 79 62
1957 69 48
1958 82 55
1959 76 49
1960 92 56

Source: Comptes de Za Nation . Division du Plan et des statistiques.

A. - LES SECTEURS TOUCHÉS PAR LA CHUTE DE L'INVESTISSEMENT

Un rapport officiel sur la situation économique en 1961 constatait :


« les amortissements du matériel existant au Maroc en 1960 nécessitant une
dépense de 216 milliards de francs pendant le quinquennat soit 43 milliards
environ par an, les investissements bruts en outillage réalisés en 1961 n'ont
donc pas couvert les amortissements ; s'il y a eu des investissements nets
dans certains secteurs, d'autres secteurs n'ont pas renouvelé leur matériel
ancien l' .
Pratiquement tous les secteurs économiques furent touch és par cette
chute : c'est ainsi que l'indice de l'investissement en matériel et outillage est
tombé de 100 en 1952 à 57 en 1960 ; celui du bâtiment pour les mêmes années
de 100 à 45 et celui des travaux publics de 100 à 70.
Les investissements du secteur privé avaient décru fo rtement à partir de
1952 ; en 1959, ils représentaient, environ, la moitié seulement du volume de
l'année 1952. Or ces investissements alimentent principalement les secteurs
productifs de l'économie.
P arallèlement s'opérait une importante réduction de la proportion d'étran-
gers vivant au Maroc: le nombre de F ran çais qui quittèrent le M awc de
1955 à 1960 s'éleva à 175 000 sur un total de 350 000.

B. - LES CONSÉQUENCES DE LA CHUTE DE L'INVESTISSEMENT

Elles furent principalement de deux ordres : d'un côté, la quasi-stagnation


ou la croissance très lente de la production intérieur e brute, et la b aisse de
la production et de la consommation par tête ; d'un autre côté, la baisse du
niveau de l'emploi et l'aggravation du problèm e du chômage et du sous-
emploi.

(1) Il s 'agit de francs marocains. qui équivalaient à peu près aux anc iens francs français .
Depuis 1959. l'unité m on étaire est le di rham (DH) , dont la valeur actuelle est légèrement
supérieure à celle du nouveau f ranc français .
L'ÉCONOMIE MAROCAINE DEPUIS L' INDÉPENDANCE 147

1) L'évolution de la production intérieure brute de 1953 à 1960.

Si on élimine les années anormales de récoltes exceptionnellement bonnes


ou mauvaises (1954 et 1957), on constate que la tendance dominante durant
la période était celle d'une quasi stagnation, comme le montre le tableau
suivant:

Production intérieure brute par secteurs, en milliards de francs de 1958


(Valeurs ajoutées aux prix du marché) .

Secteurs 1953 1954 1955 1956 1957 1958 1959 1960


Agricultur e 228 247 216 224 189 247 230 225
Energie 13 15 17 17 17 17 17 17
Mine s 30 32 34 34 37 39 42 45
1ndustrie et
Artisanat 86 88 88 91 93 97 98 105
Bâtiment et
Travaux publics 75 67 63 49 37 33 35 34
Tralisports et
Ser vic e s 118 125 131 133 138 140 142 146
Commer ce 177 183 18 i 166 147 166 156 172

TOTAL 727 757 728 714 658 739 720 744

Sou r ce: Divis ion du Plan et d es statistiques.

La quasi-stagnation de l'ensemble recouvrait cependant des évolutions


divergentes des composantes de la production intérieure brute de 1953 à
1960 : à côté d'une croissance sensible de la production minière, la production
des industries de transformation et de l'artisanat enregistrait une croissance
lente, tandis que l'activité du bâtiment et des travaux publics subissait une
chute importante et ne se relevait que très le'"ntement après 1958 ; quant aux
oscillations de la production agricole et de l'activité commerciale dues aux
aléas climatiques, elles contrastaient avec la croissance lente, mais soutenue
de l'activité des transports et des services.
148 L'ÉCONOMIE MAROCAINE DEPUIS L' INDÉPENDANCE

2) La tencLance à la diminution de la production et de la consommation par


habitant.

Cette tendance apparaît n ettement dans le tableau suivant :

P.I.B . par tête


Indice
Population
Totale au mi - P . I. B . (en
Année lieu de l ' an- milliards de e n Frs 1958 100 e n 1951
née (e n mil - Frs 1958)
liers)

1 951 9.350 635 67.000 100


1 952 9.750 672 69.000 1 03
1 953 10 . 005 727 73.000 109
1 954 10 . 225 757 74 . 000 110
1955 10.4 80 728 69 . 000 103
1 956 10 . 675 714 67.000 1 00
1957 1 0.860 658 61. 000 91
1958 11. 095 739 67.000 100
1959 11. 350 720 63.000 94
1960 1 1.62 5 744 64.000 96

La consommation apparente par tête d'habitant avait diminué de l'indice


110 en 1954 (base 100 en 1958) à l'indice 94 en 1960.
Mais la signification de cette constatation doit être explicitée: de 1954
à 1960, les départs d' Européens à haut niveau de consommation se sont élevés
à 175000 (sur un total de 350000) ; de ce fait, il est vraisemblable que la
consommation moyenne théorique avait légèrement augmenté au sein de la
population marocaine. Toutefoi~, d'autres indices donnent à penser que cette
augmentation a surtout profité à des groupes sociaux minoritaires, grâce
essentiellement à la m a rocanisationde l'Administration et d 'une partie des
secteurs économiques.

3) La baisse du niveau de l'emploi et l'ag gmvation du chômage.

D ans l'ancienne zone de Protectorat fran çais, la baisse de l'emploi dans


l'industrie (y compris les mines et le bâtiment) fut de 20 % environ entre
1952 et 1961. Elle toucha surtout le bâ timent et certains secteurs de l'industrie.
En 1958, le chômage urbain était trois fois plus important dans le secteur
secondaire que dans le secteur tertiaire (2).

(2) D 'après une enquête par sondage effectuée par le Service central des statistiques à
Casablanca. en mars 1958.
L'ÉCONOMIE MAROCAINE DEPUIS L'INDÉPENDANCE 149

II. - L'ÉVOLUTION DE L'ÉCONOMIE MAROCAINE APRÈS 1960

Cette évolution peut être analysée à travers celle des agrégats nationaux
et des principaux secteurs et branches de l'économie.

A. - LA PRODUCTION INTÉRIEURE BRUTE GLOBALE ET PAR TÊTE D' HABITANT

L'évolution de la production intérieure brute globale de 1960 à 1967 est


retracée dans le tableau suivant (aux prix du marché de l'année 1960. en
dizaines de millions de DR) :
.(

Secteurs économiques 1960 1961 i 962 1963 1964 1965 1966 1967
Agriculture 265 226 287 306 299 315 278 307
Energie 18 18 22 23 25 26 28 28
Mines 54 57 54 53 59 59 58 58
Industrie et Artisanat 110 ll5 121 129 133 132 137 144
Bâtiment et T.P. 32 37 42 46 44 46 50 59
Transports et Services 150 153 160 166 172 178 182 189
Commerce 191 188 206 218 215 213 214 229
Total : Production 820 794 892 941 947 969 947 1014
intérieure brute
Indice de volume 100 97 109 115 115 118 115 124

Source : Comptes de La Nation (1960-1967).

L'évolution de 1960 à 1966 est donc marquée par une quasi-stagnation ou


une croissance très lente de la production globale (sauf 1965) . Pour la décen- f)
nie (1957-1966) le taux de croissance global est d'environ L %, nettement
inférieur au taux d'accroissement démographique qui est de 3 %, ce qui
confirme pour cette période la tendance à la baisse de la production par tête
d 'habitant : (voir tableau page 150).
En 1967, la P.I.B. avait augmenté de 7 % à cause du relèvement de la
production agricole, et en 1968 l'augmentation de la P .I.B. fut de 12 % à
cause d'une récolte exceptionnelle (les 2/ 3 de l'accroissement de la production
globale provenaient de l'augmentation exceptionnelle de la récolte).
Cependant, ces phénomènes conjoncturels ne semblent pas pouvoir modi-
fier une tendance à caractère structurel, comme le montrera l'examen d'autres
données économiques et sociales.
150 L' ÉCONO MIE MAROCAINE DEPUIS L' INDÉPENDANCE

.-
Population tota - Produ ction int é -
Population tota- ri eu r e brute par
Année s l e (indice base
l e (en millions ) tête (bas e e n 100
100 en 1959-60)
1959-60)
1960 11 , 62 101, 5 99,5
1 961 12,08 104, 8 94,5
1 962 12,36 107 , 7 103,2
1 963 12,66 110,3 106,4
1964 12,96 112,9 104,9
1 965 13,32 116,1 104,2
1 966 13,73 119,6 97,9

Source : Divi sion du Plan et des statistiques.

B. - L'ÉVOLUTION DE LA FORMATION BRUTE DE CAPITAL FIXE (3)


(au prix courants, en dizaines de millions de DH).

1960 1961 1962 1963 1964 1965 1 966 1967 1 968


Matéri e l et
Outillage 36 40 41 57 55 58 60 78 86
Bâtime nt 25 28 27 33 34 32 34 36 38
Tra vaux Pub- 31 37 47 51 48 54 59 75 73
blics
TOTAL: 92 105 115 141 137 144 153 189 197

Sourc e: Comp tes de la Nation .

La formation brute de capital fixe a progressé entre 1965 et 1968 à un


taux composé moyen d' un peu plus de 8 % par a n . Mais cette augmentation
est due en grande partie à l'augmentation des investissements publics. Elle
est même contrecarrée par une dimi n ution des investissements privés, comme
en 1968. En tout état de cause, les investissements privés demeurent faibles :
en 1967, cela faisait 39 % du total des investissements, et en 1968, 29 %.
L'augmentation des investissem ents publics s'explique surtout par l'importance
accordée par l'E tat d ur ant les dernières a nnées aux travaux d'hydraulique
et d'irrigation.
La répartitio n d e la fo r mation brute du capital fixe entre secteur public
et secteur privé, s'établit de la façon suivante durant la période (1965-1968) ,
en dizaines de millions de DR.

(3) Pour diverses raisons, cette évaluation ne p eut prétendre à une exactitude comptable .
Elle donnt: toutefois une bonne idée du niveau de l'investissement, abstraction faite <le
l 'auto-équipement agricole.
L' ÉCONOMIE MAROCAINE DEPUIS L' INDÉPENDANCE 151

1965 1966 1967 1968


- Se cteur public ~. 92 115 140
dont Etat 48 52 86
--
92
Collectivité s locales n. d. 12 13 14
Entreprise s publiqu e s
(non inclus e s aill e urs) 31 26 16 34
- S ect e ur pri v é n.d. 61 74 57
Total 144 153 189 197
Source: Rappor t d'une m ission de la B.I.R.D . sur l'évolution éconQmi que récente au
Maroc (août 1969).

Globalement, le rapport de l'investissement annuel brut à la production


intérieure brute a été de :
11,2 % en 1965 ; 12,2 % en 1966 ;
13,9 % en 1967 ; 12,9 % en 1968.

C. - L'AGRICULTURE

L 'agriculture deme ure le principal secteur de l'économie marocaine. Mais,


malgré l'effort d'investissement public, qui sera analy sé plus loin, elle reste
très vulnérable a ux aléas climatiques d'une part, et d'autre part son « secteur
traditionnel », qui regroupe la majorité des paysans, continue de stagner et
m ême de régresser, en l'absence d'une r efonte des structures agraires.
L'élément le plus marquant de l'évolution est constitué par la place
grandissante que prennent certains produits tels que les agrumes, la betterave
sucrière, le coton , etc., par rapport à la production céréalière.

1) La production céréalière.

Les quantités produites des principales céréales ont connu les fluctua-
tions suivantes (en millions de quintaux) :

1957 1 958 1959 1960 1961 196 2 1963 1964 1965 1966 1967 1968
Bl é dur 6. 15 9,6 7 ,1 6. 7 4 ,4 9,2 8,9 8,8 10,1 6,1 8,5 17,7
Blé te ndre 3 ,6 8 3, 1 2, 4 2, 3 1, 6 3, 2 3 ,0 3, 0 3,0 2,0 2, 4 6, 4
Orge 16, a 15,9 11,2 12,7 4, 7 11,8 14,6 11,6 12,0 5,0 11, a 22,2
Mars 2, 5 3,6 3,9 3,3 l, a 3,4 3,9 3,3 2, 7 1,5 2,5 2,4
Tota! 28,33 32,2 24 , 6 25 , 0 11,7 27,6 30,4 26 , 7 27 , 8 14,6 24,4 48 , 7

Source: Division d u Plan et des statist iques.

Malgré la récolte exceptionnelle de 1968, les dernières années ont été


marquées par l'apparition et la persistance d'un déficit céréalier. C'est ainsi
152 L' ÉCONOMIE MAROCAINE DEPUIS L'INDÉPENDANCE

que le Plan (1960-1964) avait évalué les besoins en céréales pour l'année
1965 à plus de 35 millions de quintaux.
La prod uction d e l'année 1958 ne fut dépassée que 10 ans plus tard par
la récolte exceptionnelle de 1968. Pour toutes les années antérieures à celle - ci,
le déficit a été importa nt et a nécessité des importations de cér éales, qui ont
lourdement grevé la balance des paiements.
Mais, en année de bonne r écolte, les prix versés a ux petits producteurs
de cér éales connaissent une baisse considérable. L'intervention de l'Etat est
limitée par l'insuffisance de la capacité de stockage et de collecte, et l'activité
des spéculateurs qui achètent les céréales à des prix la rgem ent inférieurs
a ux prix de soutien , est intense.
L es fluctu ations de la production céréalière touchent le plus durement
le « secteur traditionnel », comme le montre l'exam en des variations des
rendements céréaliers en milieu modern e et traditionnel de 1960 à 1966 :

196 0 1961 1962 1963 1964 1965 1966


M T M T M T M T M T M T M T
Blé dur 7,9 5,4 8,3 3,4 14,1 7,9 10 6,7 10,9 7,0 11,7 7,3 8,4 3 , 5
Blé T e ndre 9, 2 4,6 7,9 2,5 13,5 7, l 10, 8 6,8 12,3 6,8 13,7 5,9 9,3 3,6
Orge 8,0 6, 9 5,4 3,2 11,8 7,6 11 7,5 9,7 7,2 12,1 7,1 6,6 2,7
Mars 7 , 3 6,6 3,4 2,6 8,8 7,3 9, 6 8,6 8 , 9 7,1 8,2 6,2 6,2 3,4

2) L es cultures industrielles.

L e trait dominant a été le progrès réalisé dans le domaine de la betterave


à sucr e. L a production est passée de 376 000 tonnes en 1967 à 780000 tonnes
en 1968.

3) La production d'agrumes.

Elle représente un poste de plus en plus important de la production


agricole et des exportations. En 1963, la production était de 489 000 tonnes,
dont 70 % furent exportées ; en 1967, 697000 tonnes, dont 75 % exportées; en
1968, la production s'est élevée à 787000 tonnes.
Pour l'année 1968, les exportations d'agrumes ont repr ésenté 18 % du
total des exportations marocaines, se rapprochant de la valeur des exporta-
tions de phosphates, qui ont compté pour 25 % des r ecettes d'exportation.
L 'accroissement de la production découle de l'entrée en plein rendement
des pla ntations et de conditions climatiques favorables.

4) L es cultures maraîchères.

L es cultures m araichèr es principales sont passées d' une production de


742000 tonnes en 1960 à 1081000 tonnes en 1966. Toutefois les exportations
L' ÉCONOMIE MAROCAINE DEPUIS L'INDÉPENDANCE 153

ont diminué en pourcentage depuis 1964 ; mais la diminution a été plus en


quantité qu'en valeur, grâce à des conditions plus favorables de commerciali-
sation.

D. - L'INDUSTRIE

Depuis 1962, il y a une augmentation continue de la consommation


d'électricité, mais à un rythme assez lent, qui reflète celui de la croissance
industrielle. Si la consommation d'essence est assez stable, celle de gas-oil
et de fuel oil connaît une augmentation rapide, tandis que celle du charbon
est irrégulière.
La production d'électricité a atteint en 1968 un peu plus d'un milliard
et demi de kW I h.
Quant à la production de pétrole raffiné, elle s'est élevé la même année
à 1 322 000 tonnes.
De 1958 à 1966, le taux de croissance annuel moyen de l'ensemble de
l'industrie s'est élevé à 3,7 %, dont:
6,2 % pour l'accroissement annuel de l'énergie ;
2,6 % pour les mines;
4 % pour les industries de transformations.

Indices de la production industrielle


(Base 100 en 1958)

Industries
Années Energie Mines E nsemble
de transformation
1958 100 100 100 100
1959 98 108 97 101
1960 101 114 111 111
1961 105 119 115 115
1962 129 116 121 120
1963 139 111 128 123
1964 147 125 130 130
1965 153 126 128 130
1966 162 123 137 134
1967 165 124 144 138

En 1968, l'accroissement de la production des industries de transforma-


tion, aurait été de 4,2 %. L'industrie minière, qui fut longtemps un secteur
important de l'économie marocaine, stagne depuis 1964. Le fléchissement
des cours, l'épuisement de certains gisements et la concurrence étrangère
expliquent en grande partie ce phénomène, qui se traduit par une baisse
des effectifs employés dans les mines.
154 L'ÉCONOMIE MAROCAINE DEPUIS L'INDÉPENDANCE

Quant à l'industrie de transformation, y compris l'artisanat, elle repré-


sentait en 1968 environ 15 % de la production intérieure brute, avec des
effectifs employés de 160000 ouvriers. Elle se compose de quelques entre-
prises modernes financées en grande partie par l'Etat, et d'un grand nombre
de petites industries et d'entreprises artisanales. L 'industrie moderne com-
prend quelques sucreries, trois raffineries de sucre, deux raffineries de
pétrole, un complexe chimique, des cimenteries, verreries, manufactures de
tabac, fabriques de carton et de pâte de cellulose, montage d'automobiles
et de tracteurs, une fabrique de pneus, et un certain nombre d'usines textiles,
de minoteries, de conserveries de sardines, de légumes et de fruits.
Depuis l'indépendance, l'industrie n'a connu aucun changement décisif
de structure. Les seuls faits marquants ont été un développement assez rapide
des industries textiles et la création de sucreries par l'Etat. Dans l' ensemble.
l'investissement net privé dans l'industrie demeure faible , et il est financ é
en grande partie par les banques et avec la participation de l'Etat.

E. - L'EMPLOI

En 1969, la population totale avait dépassé les 15 millions; elle se r épartit


approximativement entre un tiers de population urbaine e t de ux tiers de
population rurale. Entre 1960 et 1968, la population totale a augmenté au
rythme annuel de 2,9 % et la population marocaine musulmane au rythme
.>( de 3,3 %.
Malgré la mise en œuvre de différents plans depuis 1960, le chômage et le
sous-emploi demeurent importants et s'aggravent. L e chômage urbain repré-
senterait 30 à 50 % de la main-d'œuvre urbaine, qui comptait en 1968
" environ 1 700 000 personnes. Quant au sous-emploi rural, il est estimé à plus
de 60 %.
Durant les dernières années, les créations d' emplois nouveaux ont été
très faibles, notamment dans l'industrie. Le développement des activités
administratives (qui atteignent actuellement un palier), la marocanisation
de certains secteurs économiques, l'institution de la « Promotion nationale »
(chantiers de lutte contre le sous-emploi rural) , n 'ont nullement empêché
une extension du chômage partiel ou total.
Actuellement, il faudrait créer 150000 nouveaux emplois par an.
L e Plan quinqu ennal (1968-1972) escompte que les emplois agricoles,
actuellement de plus de 70 % du total, progresseront de moins de 2 % par
an ; dans l'industrie, les mines et l'artisanat (actuellement 11 % du total),
l'augmentation ne serait que de 1 % ; dans les autres secteurs (transports,
commerce, services, administration), la progression de l'emploi serait de
4,5 %.
Dans l'ensemble, le nombre des travailleurs augmentera de 3 %, alors
que les offres d'emploi ne s'accroîtraient que de 2 %.
L'ÉCONOMIE MAROCAINE DEPUIS L'INDÉPENDANCE 155

Même si ces prévisions se réalisaient - et la certitude n'en est nullement


acquise - l'augmentation du nombre de travailleurs pendant la durée du
Plan serait supérieure de 225000 au minimum, au nombre d'emplois qui
seraient créés.
Le développement de l'émigration de travailleurs marocains vers les
pays d'Europe occidentale, durant les dernières années, même s'il atténue
quelque peu l'ampleur du chômage et. du sous-emploi, n'en supprime nulle -
ment la gravité.

F. - L'ÉVOLUTION DES COMPTES EXTÉRIEURS

L 'analyse des comptes extérieurs révèle, qu'à l'exception de l'année


1965, où les exportations couvraient à peine les importations, un déficit
permanent de la balance commerciale marque l'évolution des exportations
et importations de biens et services. Ceci se reflète dans les avoirs extérieurs
qui furent marqués par une diminution constante , sauf pour les années
1960 et 1965.
Chaque année, les transferts vers l'extérieur de salaires et de revenus
du capital représentent une lourde ponction sur la balance des paiements.
A titre d'exemple, en 1968, les transferts de salaires à l'étranger ont totalise
225 millions de dirhams. Les mouvement.s de capitaux du secteur privé
continuent à se traduire par un prélèvement net sur les ressources en devises.
Les sorties officielles de revenus du capital privé avoisinent ou dépassent le
chiffre de 150 millions de dirhams chaque année. Quant aux entrées de
capitaux privés étrangers, elles demeurent plutôt faibles: une moyenne de
50 millions de DH par an , entre 1960 et 1967.
L'amortissement de la dette publique extérieure a pris de l'importance
depuis 1963, représentant respectivement 10 % en 1964, 14 % en 1965, 33 % "<
en 1966 et 20 % du total des dépenses en capital de la balance des
paiements ; ce qui traduit une aggravation de l'endettement public vis-à-vis
de l'étranger.
Les chiffres officiels ne mentionnent pas les fuites de capitaux non
autorisées, qui se monteraient chaque année à 200 millions de DH.
La diminution des réserves en devises est régulière depuis 1965. Les
réserves nettes fin 1968 équivalaient à un mois d'importation, ce qui obligea
le Maroc à opérer des tirages sur le Fond.s monétaire international.
156 L' ÉCONOMIE MAROCAINE DEPUIS L'INDÉPENDANCE

Le tableau suivant résume l'évolution de la balance des paiements pour


les années 1966-1967 et 1968 :

Balance des paiements résttmée (1966-1968)


(en millions de DB).

Biens (F. O . B .) 1966 1967 1968


Exportations 2168 2146 2278
Impo rt ations - 2241 - 2431 - 2587
Solde :--?3 =---285 ~

Ser v ices (Net)


Voyages 215 211 243
Revenus des investissements privés - 128 113 110
Intérêt de la dette publique 83 70 110
Divers - 230 - 266 200
Solde - 226 238 117

Transferts courants (Net)


Envois fonds de travailleurs émigrés 108 5 25
Retraites 85 81 84
Divers 100 39 17
Solde 123 37 42

Balance des biens, services et 422 486 444


transferts courants .
Mouvements de capitaux (Net)
Dons (publics et privés) 153 136 181
Capitaux du secteur privé 14 40 17
Capitaux du secteur public 227 298 149
Solde 366 394 313

Déficit global du compte courant


et du compte capital 56 92 131

Modifications des réserves (augmentation = -)


Banque du Maroc, Avoirs nets 52 104 123
Position nette a u F . M . I. (- 5) (- 5) (236)
Divers (y compris erreurs et omiSSions) 4 - 12 8

S ource : D'après le Rap port d 'une mission de la B .I.R.D . sur l'évolution économique
récente du Maroc (août 1969) .
L' ÉCONOMIE MAROCAINE DEPUIS L' INDÉPENDANCE 157

III. - LES PRINCIPAUX ASPECTS DE LA POLITIQUE ÉCONOMIQUE


DU MAROC INDÉPENDANT

L'évolution économique, dont les grands traits ont été précédemment


analysés, est la résultante d'une politique économique de l'Etat et de l'impact
de celle-ci sur les structures et les comportements.
Officiellement, de 1956 à 1960-1061, cette politique économique a été
« dirigiste », et depuis, elle se veut « libérale ». Dans les faits , la séparàtion
n'est pas aussi nette. Car si l'orientation vers un certain capitalisme d'Etat
était assez nettement affirmée jusqu'en 1960-1961, les années postérieures ont
vu s'accroître la responsabilité de l'Etat et des organismes publics dans
l'investissement global, au point que la part du secteur public est maintenant
largement majoritaire. Cependant, la «philosophie » qui sous-tend cette
intervention est animée essentiellement par le désir de contribuer à l'exten-
sion et à l'expansion du capitalisme privé autochtone et étranger.
Cette politique s'est exprimée jusqu'ici à travers la mise en œuvre de
trois « plans » (4) successifs: le Plan quinquennal (1960-1964), le Plan
triennal (1965-1967) et le Plan quinquennal (1968-1972). Pour les années
1958-1959, un programme biennal avait été mis en œuvre, mais il constituait
surtout un prolongement du programme quadriennal d'équipement de la
période (1954-1957).
Les principaux aspects de la politique économique apparaissent essentiel-
lement dans la politique d'investissement, de financement et de commerce
extérieur.

A. - LA POLITIQUE D'INVESTISSEMENT

Devant la crise grave engendrée par la chute de l'investissement durant


les premIeres années de l'indépendance, le Plan quinquennal (1960-1964)
et le Plan triennal (1965-1967) prévoyèrent une forte augmentation de la
formation brute de capital fixe: 22 % par an de 1960 à 1965 et 16 % par an
pour la période (1964-1968) (5).
Avec la réalisation de tels objectifs, la situation à la fin du Plan triennal
aurait pu paraître relativement favorable, car la part de la production inté-
rieure brute consacrée à l'investissement aurait été de 23 % en 1965 et de
21 % en 1968.

(4) Le terme de • plan . n'est pas très approprié. car il s 'agit plutôt de programmes
d'investissements publics.
(5) Note d'orientation pour la Commission d.e la politique f i nancière . Plan quinquennal
(1968-1972) . Division du Plan et des statistiques , Rabat.
158 L'ÉCONOMIE MAROCAINE DEPUIS L'INDÉPENDANCE

Mais les réalisations sont loin des taux supérieurs à 20 %, qui avaient
été fixés comme objectifs. L a moyenne annuelle du taux de formation brute
de capital fixe, par rapport à la production intérieure brute, pour les dix
années (1960-1969) est comprise entre 12 et 13 %.
On n e saurait attendre d'un taux d'.investissement brut de 13 % une
augmentation sensible de la production ; si l'on tient compte de l'amortissement
ainsi que des investissements dans la construction et de ceux à faible rende-
ment, l'investissement net restant ne représente qu'une très faible part
de la production intérieure brute: de l'ordre de 2 à 3 %. Un tel niveau
d'investissement est manifestement insuffisant pour permettre une augmenta-
tion de la production globale de 3 % par an, qui serait nécessaire pour
« maintenir » le niveau de vie.
Par divers moyens, l'Etat s'est efforcé d'encourager les investissements
privés, autochtones et étrangers, dans l'agriculture, l'industrie, le tourisme.
Les aides et encouragements sont prévus par des textes législatifs tels que le
Code des investissements industriels (1961) maintenant étendu au secteur
touristique, et le Code des investissements agricoles (1969).
Il reste que, malgré tout cet arsenal de mesures favorables à l'investisse-
ment privé, celui-ci demeure faible, et une grande proportion de capitaux
continue d'être drainée par le rachat de terres de la colonisation privée,
une spéculation immobilière intense, le commerce, et des placements à
l'extérieur du Maroc.
L'Etat a été amené à é tendre sa participation au financement des investis-
sements, spécialement dans l'agriculture et l'équipement touristiqu e. Quant
au développement industriel, il est considéré comme un objectif qui prend
rang après le développement de l'agriculture et du tourisme.

1) La politique d'investissement cLans l'ag·r iculture.

Elle a été marquée par une intervention importante des investissements


de l'Etat, la création et la r efonte d'organismes d'intervention, ainsi que
l'application de la politique dite de « Promotion nationale » tendant à
l'utilisation du sous-emploi rural pour l'aménagement de sols et dans des
travaux d'infrastructure.
L es prévisions d'investissement public du Plan (1960-1964) dans l'agri-
culture furent réalisées et même quelque peu dépassées: 864 millions de
dirhams de crédits ouverts pour des prévisions d'un montant de 788
millions (6).
Cet effort d'équipement n'a pas permis cependant d'atteindre l'obj ectif
fixé en 1960, d'accroissement annuel de la production agricole de 3,5 % et ce,
malgré la création en 1960 de l'Office national des irrigations et de cinq
grand périmètres d'intervention (Basse Moulouya, Gharb, Haouz, Tadla, Abda

(6) Plan triennal (1965 -1967) , Division du Plan et d es statistiques. Rabat, p. 79 .


L' ÉCONOMIE MAROCAINE DEPUIS L'INDÉPENDANCE 159

Doukkla) et malgré aussi la transformation de la Centrale des travaux


agricoles en Office national de modernisation rurale avec action étendue
à l'ensemble du pays.
Les raisons de cet accroissement très lent de la production globale
agricole (0,6 % par an de 1960 à 1966) (7) peuvent être recherchées dans
deux directions :
a) L'obstacle créé par les structures agraires : outre la division cla.ssique
entre secteur « moderne » et secteur « traditionnel », l'agriculture marocaine
présente une complexité particulière dans la structure de son secteur « tra-
ditionnel », qui est loin d'être homogène. Il faut distinguer d'une part, des
moyens ou gros propriétaires qui possèdent des superficies pouvant être
exploitées de façon rentable, et d'autre part une multitude de petits possédants
(dont la superficie est inférieure à 4 hectares) ou d'associés sur de très petites
surfaces provenant chaque année de propriétaires différentes, et qui consti-
tuent la masse des « micro-agriculteurs ». Environ 85 % des exploitations
agricoles relèvent de cette catégorie (8) .
b) L'échec de certains projets spécifiques (comme l'opération « labour »,
par exemple), et le fait que la mise en valeur agricole n'a pas toujours
suivi la cadence de l'équipement dans les périmètres irrigués. En fait, il
s'agit de tout le problème de l'inefficacité relative de l'intervention de
l'Etat dans le secteur « traditionnel » de l'agriculture.
Le contenu du programme (1965-1967) reposait sur deux orientations
principales :
- Concentration des investissements publics dans les secteurs les plus
rentables en:
+ étendant à de nouvelles superficies des techniques de l'agriculture
moderne,
+ organisant les formes d'exploitation des terres qui relèvent déjà de
cette culture moderne.
Orientation des autres interventions vers « la préparation des trans-
formations » concernant les superficies qui demeurent encore livrées à l'agri-
culture traditionnelle.
Les opérations dans le secteur traditionnel consistaient essentiellement
en : protection des sols, petite hydraulique etc. Elles représentaient, du point
de vue coût, le 1/4 de l'ensemble des interventions agricoles prévues au plan
triennal (9). Cette proportion des ressources du Plan, affectée au secteur
« traditionnel », était loin de correspondre aux besoins de transformation
de ce secteur qui regroupe l'écrasante majorité de la paysannerie marocaine.

(7) PLan quinquennaL (1 968-1972) , vol. 1, p . 47.


(8) PLan triennaL (1965-1697) , p . 77.
(9) PLan triennaL , p. 109.
160 L' ÉCONOMIE MAROCAINE DEPUIS L' INDÉPENDANCE

Comment fut menée la réalisation des objectifs du Plan triennal en matière


agricole? Le tableau suivant (10) en fournit l'illustration :

Exécution du Plan triennal (1965-1967) dans le secteu r agricol.~


(en millions de dirhams)

Crédits ouverts % de ré a li -
Emissions
y compris reports satio n

- Achats de ter- 2,2


3,7 59
rains.
- Direction des étu -
des des affaires
12,7 11,6 91
économiques et juri-
dique s
- Di r ection des ser-
vices vétérinaires et 10,4 6, 0 58
de l'élevage
_ Direction de la
recherc he agrono- 19,6 10,7 55
miqu e
- Di rection de l'en-
5, 8 1,0 18
seignement agricole
- Direction de la
c ons e rv a tion foncière
20,9 15,0 72
et Service topogra -
phique
- Dire c tion des eaux
96,5 80,6 83
et forêts
- Liquidation des ex -
114,7 113,7 99
organismes
Offices agricoles:
- Hy draulique a gri- 244,7 52
469,4
cole
- Culture en sec et 31
147,2 45,2
élevage
- P r ojets a gricoles
45,6 29,8 65
intégrés
- Remboursements
41,5 24,0 58
Promotion nationale

TOTAL 988,0 584, 5 59 %

(10) Pl an quinquennal ( 1968-1972), vol. 1, p . 1~ .


L'ÉCONOMIE MAROCAINE DEPUIS L'INDÉPENDANCE 161

Le retard constaté dans l'exécution du Plan triennal serait dû, selon


les services du Plan, aux raisons suivantes:
- Le lancement tardif du programme de l'année 1965, dû en partie au
r emaniement des structures de l'Office national des irrigations et de l'Office
national de modernisation rurale, remplacés par l'Office de mise en valeur
agricole (11).
- Le manque de cadres techniques aussi bien à l'échelle de la conception
qu'à celui de l'exécution.
- Les délais nécessaires à la définition de la politique d'allotissement
et des modalités d'attribution des lots.
- Dans certains cas, le manque d'études et de projets spécifiques.
- Enfin, les caractéristiques du monde rural traditionnel, en particulier
les structures foncières qui ont souvent constitué un frein à une mise en
vale ur rationnelle des terres et à la pleine utilisation des équipements hydro-
agricoles réalisés.
Cette dernière remarque souligne le problème fondamental de l'agri-
culture marocaine.
Le Plan quinquennal (1968-1972) a fait de l'agriculture sa pr incipale
priorité, en prévoyant un volume global de 2551 millions de dirhams
d'investissements publics dans ce secteur, dont 746 millions pour les barrages.
Toutefois, les dépenses relatives à la petite et moyenne hydraulique ne
s'élèvent qu'à 101 millions de dirhams, soit 4 % environ du total (12).
Aussi, la politique d'investissement agricole favorise essentiellement la
grande hydraulique, qui bénéficie surtout à la moyenne et grande exploitation.
Le Code des investissem ents agricoles, promulgué en juillet 1969, se
place dans le cadre de cette stratégie.
Son objectif proclamé est de r entabiliser les investissements faits par
l'Etat, gr,â ce à l'obtention de la plus forte productivité; les moy ens préconisés
mettent l'accent sur le gros équipement, la concentration des investisse-
m ents dans les périmètres irrigués, l'assolem ent intensif, les cultures indus-
tr ielles, l'utilisation de techniques avancées et un degré élevé de mécanisation.
L'action sur les structures foncières se propose de parvenir à des
exploitations viables, qui puissent être modernisées; quant à l'aide de l'Etat,
elle implique une contrepartie qui est l'obligation de mise en valeur.
Le Code n'institue pas de limitation de la grande propriété. Par contre,
il prévoit toute une série d e mesures destinées à lutter contre le morcellement,
le minimum de l'exploitation « viable» en irrigué étant fixé à 5 hectares.
Les terres collectives seront supprimées et loties dans les périmètres irrigués.
Les baux su r les exploitations de moins de 5 hectares sont interdits (tous les
baux doivent être enregistrés auprès des autorités locales) . Les exploitations
de plus de 5 hectares seront encouragées par lotissement du domaine privé
de l'Etat.
Les agriculteurs participeront aux frais engagés par l'Etat, à raison
de 1 500 dirhams par hectare (alors que le coût total supporté par l'Etat

(11) L'O .M .V ,A . sera par la suite supprimé et remplacé par d es offices régiona ux.
(12) Plan quin quennal (1968-1972) , vol. II, p . 63 ,

11
162 L'ÉCONOMIE MAROCAINE DEPUIS L'INDÉPENDANCE

est estimé à 10 000 DR par ha) , avec un système de paiement échelonné


sur plusieurs années. Les propriétaires de moins de 5 ha sont exonérés
de cette obligation de participation aux frais.
En contrepartie, les agriculteurs bénéficiaires sont soumis à une obligation
de mise en valeur, suivant les directives de l'Etal.
Ce code représente incontestablement une étape importante dans l'évo-
lution de la politique agricole du pouvoir marocain. Durant les dernières
années, les achats de terres de colonisation par des nationaux se sont
multipliés: par exemple; dans la région du Gharb, 75 % des terres de
colonisation privée ont été achetées et payées, en attendant la régularisation
juridique du transfert de propriété (13) . Le Code apporte une aide et une
garantie de la puissance publique, tendant à l'encouragement de l'investisse -
ment, au profit de la nouvelle bourgeoisie foncière. Celle-ci bénéficie même,
pourrait-on dire, d'une subvention déguisée, qui constituera un stimulant
pour amener la grande propriété à s'intéresser de plus en plus aux nouvelles
cultures, et à y investir. P arallèlement, le Code des investissement agricoles
représente une tentative de fixer une partie importante de la paysannerie
à la campagne, en exprimant le souci de ne pas laisser entamer les collectifs
par la grande propriété, et et en intensifiant les travaux de la Promotion
nationale. L'encouragement des exploitations « viables » à partir de 5 hectares,
doit permettre, dans l'esprit de ses promoteurs, de créer une « couche-
tampon » entre les grands possédants et la masse des non-propriétaires. Par
l'obligation de mise en valeur, le paysan sera inséré, individuellement, dans
tout un réseau d'obligations, de contrôles, qu'il n'a pas négociés et qui lui
échappent: il sera encadré, plus étroitement que par le passé, par l'Etat
et ses services.
Le crédit agricole, bien qu'il ait subi une réorganisation depuis les
années 1961-1962, ne touche toujours qu'une faible partie de la paysannerie
(7 %). Les crédits de campagne prédominent, tandis que les crédits à moyen
et long terme demeurent en fait réservés aux moyens et gros exploitants.

2) La politique touristique.

Depuis le Plan triennal (1965-1967), le développement du tourisme est


considéré comme une des principales priorités de la politique économique.
L'actuel Plan quinquennal, qui consacre à l'équipement touristique un
montant de 760 millions de DR, dont l'essentiel est à la charge de l'Etat,
accentue davantage cette orientation, et prévoit l'accueil d'l million de
touristes en 1972.

(13) Les achats d e te rres de colonisation privée sont en principe interdits. sauf autorisa-
tion s pécial e du gouvernement.
L'ÉCONOMIE MAROCAINE DEPUIS L'INDÉPENDANCE 163

Le Bilan du Plan triennal dans ce domaine se présentait de la façon


suivante (en millions de DH) :

Prévisions du Plan 0/0 de réa-


Réalisations
lis ation

- liers
Investis sement hôte-
327 295 90

- Infrastructure touris-
57 42 74
tique

Total des inves tissements 384 337 87 0/0


- Emplois créés 8000 1500 19 0/0

Le nombre de chambres d'hôtels est passé de 12000 en 1965, à 20 000


en 1967 et à 22 000 en 1968.
Mais la progression du nombre de touristes a été inférieure jusqu'ici
aux prévisions des plans. De 1962 à 1968, les entrées de touristes proprements
dits sont passées de 202 000 à 481 000 (non compris les voyageurs en transit) .
Malgré les encouragements substantiels de l'Etat, le développement du
tourisme ne semble pas encore répondre aux espoirs placés en lui par les
responsables. Durant les dernières années, la plupart des hôtels construits
relèvent des catégories de luxe, s'adressant à une clientèle très riche.
L'infrastructure d'accueil pour bourse moyenne est encore très insuffisante.
Reste un problème de fond du point de vue de la politique de développement:
le choix en faveur du tourisme comme « moteur du développement » est-il
un choix vraiment efficace, étant donné la faiblesse des effets de multiplication
et d'entraînement qu'engendre l'investissement touristique, par rapport aux
investissements dans d'autres secteurs? Il ne le semble pas. Même les gains
en devises demeurent limités, dans un pays où, tant les constructions
que les consommations touristiques requièrent de coûteuses importations,
et où le secteur touristique (hôtels, restaurants, etc.) est dominé par des
étrangers, ce qui entraîne d'importantes sorties de bénéfices.

3) La politique industrielle.

Le bilan de l'industrialisation du Maroc depuis l'indépendance apparaît


plutôt maigre.
La place de la production industrielle (non compris les mines et l'énergie,
mais y compris l'artisanat) dans la production intérieure brute demeure
faible, de l'ordre de 15 %.
L es ambitions du Plan quinquennal (1960-1964) étaient principalement
axées sur l'industrialisation, inconcevable sans la création d'industries de base.
Le taux de croissance fixé à la production industrielle était de 10 % (alors
que celui de l'ensemble de l'économie était fixé à 6,5 %).
164 L'ÉCONOMIE MAROCAINE DEPUIS L'INDÉPENDANCE

Ces objectifs furent loin d'être atteints: la progression industrielle,


durant la période (1960-1965), fut seulement de 3,4 %. Si ce plan fut réalisé
à plus de 85 % en ce qui concerne les travaux publics et à plus de 80 %
pour le bâtiment, il devait subir, par contre, un retard important dans les
investissements en matériel et outillage, qui ne dépassèrent pas les amortisse-
ments prévus.
L'abandon de la construction d'un complexe sidérurgique, les réticences
de l'investissement privé, l'absence de transformation des structures agraires
qui aurait permis un élargissement du marché intérieur, peuvent expliquer
la faiblesse des résultats obtenus. D'une manière générale, le secteur privé
n'a pas réalisé les investissements prévus à sa charge, sauf dans le textile
et l'industrie des corps gras. Pourtant, depuis la promulgation du Code des
investissements de 1961, les investissements privés dans l'industrie bénéficient
d'une série d'avantages substantiels: prime d'équipement de 15 à 20 % du
montant de l'investissement, remboursement de droits de douane sur les
équipements importés, diverses exonérations fiscales, amortissements accélérés,
garantie de retransfert du capital investi pour les investisseurs étrangers etc.
De plus, la Banque nationale pour le développement économique, créée en
1959, participe au financement des projets industriels.
Initialement, le Bureau d'études et de participation industrielles, créé
au lendemain de l'Indépendance, devait prendre une part active à la réali-
sation de certains projets industriels. Mais, à partir des années 1964-1965, il fut
mis en veilleuse, pour cesser ensuite toute activité.
D ans le cadre du plan triennal (1965-1967), l'industrie n'occupait plus
qu'une place mineure. Ce plan se contenta de préconiser:
- « l'amélioration de l'organisation du marché du travail »;
- « l'organisation des capitaux vers le financement des projets indus-
triels »;
- « la définition des modalités d'intervention des pouvoirs publics ».
Malgré la « modestie» des objectifs fixés par ce plan, le taux de réalisa-
tion (14) traduisant réellement la capacité de production se situait entre
60 et 70 % des prévisions.
A l'exception du textile et des industries alimentaires, comme ce fut
le cas dans la période couverte par le premier plan quinquennal, les investis-
sements industriels sont demeurés insuffisants dans le cadre du plan triennal.
La réussite relative du textile s'explique en partie par l'existence d'une
d emande jusque-là satisfaite par les importations, la protection de l'industrie
locale, et l'attirance exercée par ce secteur sur la bourgeoisie locale durant
les dernières années (les 2/ 3 des capitaux investis dans le textile depuis
1959 sont d'origine marocaine).
Analysant les causes du retard constaté dans les autres branches, où les
résultats atteints sont souvent inférieurs à 50 %, un rapport de la Commission
du Plan (15) invoquait les raisons suivantes:
- Le manque d'entrepreneurs.

(14) PZan qui nquennal (1968-1972), p . 315.


(1 5) Situation à la veiZZe du Plan quinquennal. Division du Plan et des statistiques.
L'ÉCONOMIE MAROCAINE DEPUIS L'INDÉPENDANCE 165

- La surestimation des perspectives de la demande pour certains projets.


- Des études préalables quelquefois insuffisantes de divers projets.
Le plan quinquennal (1968-1972) avait retenu un montant d'investisse-
ment de 1421 millions de DR, dont plus de la moitié d'origine privée, et
impliquant une croissance annuelle moyenne de l'ordre de 5 % dans
1'industrie; il s'agit surtout du développement des branches alimentaires,
et de divers projets dans les branches du montage, de la chimie, des maté-
riaux de construction, etc.
Même si tous les projets prévus étaient réalisés, la part de l'industrie
dans la production intérieure brute resterait la même en 1973 que celle de
1'année 1968 (15,6 %).
En fait, depuis de nombreuses années, 1'industrialisation du Maroc
marque le pas. N'étant pas considérée comme une priorité fondamentale,
elle demeure tributaire du schéma « libéral » de croissance adopté par les
dirigeants, dans un contexte dominé par la grande faiblesse du pouvoir
d'achat de la masse de la population et une orientation privilégiée du
capitalisme local vers les activités de spéculation plutôt que vers les activités
de production.

B. - LE PROBLÈME DU FINANCEMENT DE LA CROISSANCE

La politique de financement est marquée par un profond déséquilibre \


entre d'une part, les prévisions et 1'orientation de 1'épargne, et d'autre part,
les réalisations concrètes en matière d'l!!Y-estissemenl
Si on déduit du chiffre de l'épargne totale, les variations de stocks, les
transferts de revenus du travail et certaines erreurs et omissions, le rapport
effectif de l'épargne brute à la production intérieure brute se situe à environ 'l
10 %. Ce taux se classe parmi les plus faibles dans le monde; il explique
~ difficultés auxquelles se heurte le financement des investissements sur
ressources internes.
L'épargne du secteur public ne finance qu'une proportion modeste des '
investissements de ce secteur (en 1968, un tiers environ) . Aussi, 1'endettement
du Maroc vis-à-vis de l'ex térieur s'accroît depuis les années 1960.
Pour la période (1960-1967), cet endettement et les réserves en devises
on t ainsi varié :
en millions de DR
Prêts publics ........ . . . .. . ... . . . ...... ...... ......... . 2860
Investissements privés ...... . ...... . . .. ........ . . .. .. . 270
Diminution des avoirs extérieurs . . .. . ............... . . 340
Amortissement de la dette publique .. . .... ............ . -630
Désinvestissements privés ............... ... .. . ... . .... . -280
TOTAL . . .. .. ... .• •.. . . . . . . . . . . • . . . . . . . . 2560
En 8 ans, le passif net du Maroc s'est accru de 2560 millions de DR,
166 L'ÉCONOMIE MAROCAINE DEPUIS L'INDÉPENDANCE

chiffre qui paraît élevé, si on le rapproche des chiffres plutôt faibles enre-
gistrés en matière de formation brute de capital fixe.
En 1968, la dette publique extérieure se présentait de la façon suivante:
million
de dollars US
Dette totale non amortie (y compris dette non déboursés) 701
Dette totale non amortie (uniquement dette déboursée) 566
Service de la dette (en 1968) ..... . ................ . .. . 75
Rapport entre service de la dette et recettes courantes en devises: 12 %.
L'encours de la dette extérieure s'est accru rapidement, passant de
256 millions de dollars en 1963 à 566 millions à la fin de 1968. De 1968 à
1975, l'encours de la dette atteindrait plus du double et le service de la
dette dépasserait les 100 millions de dollars.
Le maintien des emprunts extérieurs au niveau actuel entraîne un
cumul de charges afférentes (intérêts et amortissements) qui, si elles sont
maintenues selon les modalités actuelles, conduiraient avant 1985 à un
montant annuel de remboursement qui avoisinerait le niveau même de
l'emprunt annuel comme cela ressort d'une projection à long terme du Service
du Plan (16).
Le tableau montre que pour un prêt brut annuel de 600 millions de
dirhams (montant reçu en 1965), et aux conditions généralement en vigueur
actuellem ent, le prêt net devient nul en 1980 (en millions de DR) :

Prêt brut C h a rge Prêt net


Années A mortissement Intérêt
annu e l tota le a nnuel

1970 600 140 190 33 0 270


1975 600 260 260 520 80
1980 600 380 310 690 - 90
1985 600 440 350 790 - 190

Les principaux pays prêteurs sont les Etats-Unis, la France et l'Allema-


gne occidentale. La Banque mondiale participe également aux prêts que
reçoit le Maroc. Les pays socialistes ne sont sollicités que pour quelques
proj ets, de faible importance.
La répartition des charges entre la Nation et l'extérieur ne saurait
apparaître comme une option fatale, étant donné que le problème de l'épargne
interne relève essentiellement d'un ensemble de choix relatifs à la mobilisa-
tion et l'affectation des ressources internes.
On peut démontrer que si certaines conditions étaient remplies, dans
le contexte d'un autre cadre socio-institutionnel, le « surplus économique »
mobilisable au Maroc pour l'investissement pourrait s'élever jusqu'à 30 %
du Produit national (17) .

(16) Plan quinquennal (1968-1972), vol. I, p. 24-25.


(17) A. BELAI, c L'investissemen t au Maroc (1912-1964) et ses enseign ements en m at ière
de d éveloppement économi qu e >, Paris Mouton, 1968, pages 339-350.
L'ÉCONOMIE MAROCAINE DEPUIS L'INDÉPENDANCE 167

Le problème du financement est intimement lié à la stratégie d'ensemble


du développement.

C. - LA POLITIQUE DU COMMERCE EXTÉRIEUR

Le commerce extérieur, compte tenu de la faiblesse de l'industrialisation,


n'a pas subi de mutation profonde depuis l'époque du Protectorat.
Il reste essentiellement basé sur l'exportation de produits agricoles
et miniers, et l'importation de biens manufacturés.
On peut même dire que la concentration des exportations sur quelques
produits s'est aggravée durant les dernières années. Ainsi, les phosphates
et les agrumes ont représenté respectivement 24 % et 18 % du total en 1968.
L'orientation géographique des échanges n'a pas varié fondamentalement,
bien qu'elle ait subi quelques modifications. L'Europe occidentale arrive
toujours en tête, avec la France au premier rang. Les modifications concer-
nent une diversification relative des échanges en direction des pays socialistes,
mais qui n'intéresse qu'une part minoritaire du commerce extérieur.
Les pays de la C.E.E. achètent 62 % environ des exportations marocaines
et fournissent 55 à 60 % des importations.
Après plusieurs années d'hésitation, le gouvernement du Maroc avait
engagé des négociations avec la C.E.E., en vue de la conclusion d'un accord
d'association. Les négociations aboutirent à la signature d'un accord, le
31 mars 1969.
Pour les exportations marocaines, il y aura notamment une réduction
de droits de douane de 80 % pour les agrumes, le régime intra-communautaire
sur la France et le Benelux pour les conserves de poisson et pour quelques
conserves de légumes, et le traitement intra-communautaire dans tous les
pays de la C.E.E. pour les produits industriels.
Pour les importations originaires de la C.E.E., le Maroc devra s'appliquer
à réduire ses tarifs douaniers de 13 % en moyenne et à établir trois listes
de contingents en faveur des exportations européennes. Actuellement, 4,4 %
des importations originaires de la C.E.E. ont été libérées.
La portée de l'accord, telle qu'il est possible de l'apprécier au stade
actuel, semble dominée par le souci du maintien des courants d'échange
existants, et l'espoir des dirigeants marocains d'attirer davantage de capitaux
étrangers.
Mais, dans la mesure où il avantage les pays de la C.E.E., il comporte
le risque de gêner la diversification des échanges avec d'autres pays, notam-
ment ceux de l'Est européen, dont la propension à acheter au Maroc est
conditionnée par le mouvement inverse.
Par ailleurs, l'association ainsi réalisée avec les pays de la C.E.E.
constitue une espèce de « prime » au renforcement des structures économiques
et socla\es act'\lelles, à l'accentuation de la spécialisation dans la fourniture
L'ÉCONOMIE MAROCAINE DEPUIS L'INDÉPENDANCE
168
de certains produits, et au maintien des effets de do~ation et de dépen-
dance qui entravent un véritable développement national (18).

APPRÉCIATION D'ENSEMBLE

Les transformations les plus notables qui ont marqué l'évolution de


l'économie et de la société marocaines depuis l'indépendance ne relèvent pas
d'un changement décisif de la structure de l'économie et de ses rapports
avec l'extérieur, mais plutôt de phénomènes de « transfert » d'une partie
du Revenu national et du Capital, auparavant détenu par des étrangers,
vers des nationaux, grâce à la « marocanisation » de l'administration et d'une
partie de l'économie.
La différenciation sociale est plus accentuée, mais les nouvelles couches
bourgeoises n'ont qu'une très faible propension à l'investissement productif.
Les énormes besoins en matière de création d'emploi, en matière de scolar i-
sation et de formation de cadres, en matière d'amélioration du niveau de
vie de la masse de la population subsistent et s'amplifient avec l'accroissement
démographique.
Les générations montantes, qui ont accédé jusqu'ici à l'enseignement
secondaire manifestent de l'inquiétude quant à leur avenir, et contestent
de plus en plus les options économiques et sociales du Pouvoir.
Nul doute qu'à l'avenir leur poids va peser de plus en plus lourd dans
la r echerche d'une voie de développement plus efficace, dont la réalisation
implique de profonds boulversements dans les structures économiques et
sociales héritées du passé. Il s'agit notamment du problème que posent les
structures du monde paysan, et qui constituent un blocage fondamental au
développement. Il s'agit aussi du problème de la formation du capital, qui
demeure hypothéquée par le poids des transferts de toutes sortes vers
l'extérieur, les gaspillages et utilisations improductives de l'épargne, les
comportements de la classe dirigeante, etc. Il s'agit en somme de la création
de conditions sociales, politiques et culturelles d'un véritable « décollage ».

Abdel Aziz BELAL *


Abdeljalil AGOURRAM**
Avril-Mai 1970.

(18) Sur cet accord . cf. dans le présent ouvrage, B. ETIENNE, « Maghreb et C.E.E . ».
• P rofesseur à la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales de Rabat .
•• Maitr e de Confér ences à la Faculté des sciences jur idiques, économ iques et sociales
de Rabat.

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