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Théorème de la base de Burnside

Clarence Kineider

Leçons : 101, 104, 108, 151

Référence : Zavidovique, Un max de maths.

Théorème : Soit p premier et G un p-groupe (i.e. |G| = pn ). Alors les parties génératrices minimales (pour
l’inclusion) de G sont toutes de même cardinal.

Dans la suite, on se fixe p premier et G un p-groupe.

Définition : Un sous-groupe H 6 G est dit maximal s’il est strict et maximal pour l’inclusion. On note M
l’ensemble des sous-groupes maximaux de G.

Lemme : Tout sous-groupe maximal H de G est distingué dans G et G/H ' Z/pZ.

Démonstration : Soit H ∈ M. Soit N = {g ∈ G | gH = Hg} le normalisateur de H dans G. On considère l’action


de H sur l’ensemble des classes à gauche modulo H, et on fixe g1 H, ..., gr H des représentants des classes de G/H.
La formule des classes donne :
r
X |H|
|G/H| =
i=1
|StabH (gi H)|

|H|
On a p | |G/H| et si StabH (gi H) H, alors p | . En passant la formule aux classes modulo p, on
|StabH (gi H)|
obtient :
| {gi H ∈ G/H | ∀h ∈ H, hgi H = gi H} | ≡ 0 [mod p]
| {z }
(G/H)H

Montrons que gH ∈ (G/H)H ⇔ g ∈ N .


Soit gH ∈ (G/H)H . On a pour tout h, h0 ∈ H, hgh0 ∈ gH. En particulier avec h0 = e, on a hg ∈ gH. Donc
gH = Hg, donc g ∈ N . Réciproquement si g ∈ N et h ∈ H, alors hgH = hHg = Hg = gH, donc gH ∈ (G/H)H .
On a donc |N/H| ≡ 0 [mod p], donc |N/H| 6= 1. Or H 6 N et H est maximal, donc N = G, i.e. H est distingué
dans G.
Par maximalité de H, le quotient G/H n’a pas de sous-groupe propre non trivial. Il est donc cyclique (car pour
tout x ∈ G/H avec x 6= 1, hxi est un sous groupe non trivial de G/H, donc hxi = G/H). De plus, le cardinal de
G/H est une puissance de p, donc G/H ' Z/pk Z. Si k 6= 1, alors G/H ' Z/pk Z a des sous groupes propres non
triviaux, absurde. Donc G/H ' Z/pZ.

1
T
Démonstration du théorème : Soit Φ(G) = H le sous-groupe de Frattini de G. Par le lemme, pour tout
H∈M
H ∈ M, H C G. Donc Φ(G) C G.
On montre tout d’abord le résultat pour le p-groupe G/Φ(G). Pour cela, on va munir G/Φ(G) d’une structure de
Fp -espace vectoriel.
Pour tout H ∈ M, G/H est abélien (par le lemme), donc D(G) 6 H. Donc D(G) 6 Φ(G), donc G/Φ(G) est
abélien. De plus, par le lemme, pour tout x ∈ G et pour tout H ∈ M, on a xp ∈ H (car xp = 1 dans G/H ' Z/pZ).
Donc pour tout x ∈ G, xp ∈ Φ(G).
On peut donc poser, pour x, y ∈ G/Φ(G) et λ ∈ Fp , x + y := xy et λ.x := xλ . Ces opérations munissent G/Φ(G)
d’une structure de Fp -espace vectoriel.
De plus, si X ⊂ G/Φ(G) on a hXi = VectFp (X). Or toutes les parties génératrices minimales pour la structure de
Fp -espace vectoriel ont le même cardinal (ce sont des bases), ce qui donne le résultat.
Pour le cas général, on montre que X ⊂ G est génératrice dans G si et seulement si π(X) est génératrice dans
G/Φ(G) (avec π : G → G/Φ(G) la projection canonique).
Le sens direct découle immédiatement de la surjectivité de π. On montre le sens indirect par contraposée : soit
X ⊂ G tel que hXi est un sous groupe strict de G. Alors il existe H ∈ M tel que hXi 6 H < G. Donc
hπ(X)i 6 π(H) < π(G) = G/Φ(G) car H G et Φ(G) 6 H. Donc π(X) n’est pas génératrice dans G/Φ(G),
ce qui termine la démonstration.

Remarque 1 :
Vous pouvez appliquer la formule des classes modulo p directement, et passer rapidement sur l’égalité (G/H)H = N/H
si vous êtes à l’aise, vous aurez plus de temps pour expliquer la partie espace vectoriel. Pour l’égalité hXi = VectFp (X),
il suffit de l’écrire, tout vient de la façon dont on a posé la loi +.

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