Kabylie Avant 1827
Kabylie Avant 1827
Kabylie Avant 1827
JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide
range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and
facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected].
Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at
https://about.jstor.org/terms
Revue des Deux Mondes is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to
Revue des Deux Mondes (1829-1971)
This content downloaded from 80.249.75.92 on Thu, 05 Mar 2020 13:45:28 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
LES
KABYLES DU DJURDJURA
i.
(1) Dellys et Bougie sont les deux ports de la Grande-Kabylie. Le petit port de Dellys,
à vingt-deux lieues est d'Alger, ne présente pas toujours un abri sür ; la rade de Bougie
au contraire, à trente-six lieues est de Dellys, passe pour la meilleure de tout notre lit-
toral africain.
(2) Les montagnes des Babors, où l'on signale quelques troubles qui préoccupent au-
jourd'hui l'opinion publique, sont à l'est et complètement en dehors de la Grande-Kaby-
lie; la plus courte distance qui les sépare de l'Oued-Sahel est de quinze lieues. Les Babors
occupent un territoire fort restreint; la population y est bien d'origine kabyle, mais de
sang mêlé à l'arabe. Peu nombreuse, pauvre, sauvage, sans industrie, elle n'a point de
This content downloaded from 80.249.75.92 on Thu, 05 Mar 2020 13:45:28 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
LES KABYLES DU DJURDJURA. 563
This content downloaded from 80.249.75.92 on Thu, 05 Mar 2020 13:45:28 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
564 REVUE DES DEUX MONDES.
This content downloaded from 80.249.75.92 on Thu, 05 Mar 2020 13:45:28 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
LES KABYLES DU DJURDJURA. 565
This content downloaded from 80.249.75.92 on Thu, 05 Mar 2020 13:45:28 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
566 REVUE BES DEUX MONDES.
This content downloaded from 80.249.75.92 on Thu, 05 Mar 2020 13:45:28 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
LES KABYLES DU DJURDJURÂ. 567
est un village de la confédération des Ait-Iraten, situé sur la crôte qui se prolonge vers
les Aft-Menguellet. Les Kabyles de tous les points du Djurdjura s'y étaient donné ren-
dez-vous; ils avaient élevé, en avant du village, une fortification complète eu terre, abat-
tis, branchages, qu'ils défendirent avec une vigueur acharnée, et dont nous ne nous ren-
dîmes maîtres que par un mouvement tournant.
(1) Nous avons nous-môme entendu cette parole en 1857 dans la vallée du Sébaou.
This content downloaded from 80.249.75.92 on Thu, 05 Mar 2020 13:45:28 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
568 BEVUE DES DEUX MONDES.
This content downloaded from 80.249.75.92 on Thu, 05 Mar 2020 13:45:28 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
LES KABYLES DU DJURDJURA, 569
I.
This content downloaded from 80.249.75.92 on Thu, 05 Mar 2020 13:45:28 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
570 REVÜE DES DEUX MONDES.
(I) Les plus gros villages kabyles n'ont pas plus de 3,000 âmes.
(2) Le mot arch est également arabe. - Les tribus kabyles les
comptent de 6,000 à 7,000 habitans.
(3) Les deux kebilas les plus puissantes du Djurdjura sont les Zo
prennent huit tribus, avec une population totale de 34,000 âmes
formant cinq tribus, avec une population de 18,000 habitans.
(4) Chaque village kabyle porte un nom particulier qui exprime
fait matériel; exemple: Agouni ou Djilbàn (le champ de pois), Ta
rouch (la colline du chêne), Taddert ou Fella (le village d'en h
porte un nom générique; c'est tantôt un nom propre, tantôt un no
précédé généralement de la particule ait , qui correspond au beni d
les gens de.,, ou les enfans de,,. Par exemple, la tribu des Ait-Y
enfans de Yahia, Les Ait-Boudrar sont les gens ou les enfans de la m
Ouassif sont les gens de la rivière, La kebila comprend égalem
même nom les diverses tribus qui la composent; ce nom peut êtr
ticule ait, comme dans les Aît-lraten, ou ne pas l'être, comme da
This content downloaded from 80.249.75.92 on Thu, 05 Mar 2020 13:45:28 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
LES KABYLES DU DJURDJURA. 571
This content downloaded from 80.249.75.92 on Thu, 05 Mar 2020 13:45:28 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
572 REVUE DES DEUX MONDES.
(1; L'étymologie da mot marabout 03t marabeth, qui signifie attaché, lié
This content downloaded from 80.249.75.92 on Thu, 05 Mar 2020 13:45:28 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
LES KABYLES DU DJURDJURA. 573
(1) Exceptó en temps d'invasion, car les marabouts ont, tout comme les autres, pris
les armes contre nous»
(2) Phrase kabyle consacrée.
This content downloaded from 80.249.75.92 on Thu, 05 Mar 2020 13:45:28 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
57A BE TUE OES OECE MONDES.
(1) Dans l'intérieur, point de meubles, sauf les métiers de tissage des femmes; contre
le mur, de grandes jarres renfermant les grains et des vases contenant l'huile.
This content downloaded from 80.249.75.92 on Thu, 05 Mar 2020 13:45:28 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
LES KABYLES DU DJUBDJUBA. 575
(1) Quel que soit cet objet échangé, les Kabyles rappellent toujours, par
souvenir, mzerag, ce qui veut dire lance.
(2) Le Kabyle a un respect religieux pour un vêtement troué d'une balle, e
bien de le jamais réparer.
(3) Le flissa est un grand couteau ou petit sabre droit; il tire son nom
la tribu kabyle qui le fabrique.
(4) Le Kabyle est essentiellement fantassin; le cheval est fort rare dans le
This content downloaded from 80.249.75.92 on Thu, 05 Mar 2020 13:45:28 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
576 REVUE DES DEUX MONDES.
II.
This content downloaded from 80.249.75.92 on Thu, 05 Mar 2020 13:45:28 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
LES KABYLES DU DJURDJURA. 577
(1) Môme Yanaïa donnée par une femme au nom de son mari est regard
inviolable, et le fait suivant a laissé une impression profonde dans la mon
homme des Aït-Bouyoucef, voulant traverser le pays des Aît-Menguellet, alla
Yanaiia d'un ami qu'il avait dans cette tribu. L'ami était absent; sa femme
elle de donner au voyageur, comme signe d'anato, une chienne connue da
Bientôt la chienne revient seule et sanglante au logis : la nouvelle se répan
quiète, on cherche, on découvre le voyageur assassiné auprès d'un village. Gr
tion, recours aux armes, guerre déclarée à la dechra coupable par le villag
qui garda en souvenir le surnom de village de la chienne .
tome lvi. - 1805. 37
This content downloaded from 80.249.75.92 on Thu, 05 Mar 2020 13:45:28 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
678 BEVDE DES DEUX MONDES.
This content downloaded from 80.249.75.92 on Thu, 05 Mar 2020 13:45:28 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
LES KABYLES DU DJURDJUBA. 579
This content downloaded from 80.249.75.92 on Thu, 05 Mar 2020 13:45:28 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
580 REVUE DES DEUX MONDES.
This content downloaded from 80.249.75.92 on Thu, 05 Mar 2020 13:45:28 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
LES KABYLES DU DJURDJURA. 581
This content downloaded from 80.249.75.92 on Thu, 05 Mar 2020 13:45:28 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
¿82 REVUE DES DEUX MONDES.
This content downloaded from 80.249.75.92 on Thu, 05 Mar 2020 13:45:28 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
LES KABYLES DU DJURDJURA. 583
This content downloaded from 80.249.75.92 on Thu, 05 Mar 2020 13:45:28 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
58 Ì REVUE DES DEUX MONDES.
111.
Les règles posées par la coutume, qui les applique? qui rend la
justice? De droit, c'est l'assemblée du peuple; de fait, - au moins
en matière civile, - ce sont des arbitres appelés ulémas (savons)
à qui la dj'emâ cède son pouvoir judiciaire pour ne se réserver que
la consécration suprême des jugemens. Les moindres procès, ap-
portés à la barre de la dj'emâ, pourraient, avec l'animosité des
soff s, dégénérer en sujets de querelles et de luttes qui nécessite-
raient l'intervention conciliante des marabouts. Avoir recours dès
This content downloaded from 80.249.75.92 on Thu, 05 Mar 2020 13:45:28 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
LES KABYLES DU DJURDJURA. 585
This content downloaded from 80.249.75.92 on Thu, 05 Mar 2020 13:45:28 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
586 REVUE DES DEUX MONDES.
Vouloir recommencer un
interposé
Chercher q
femme
Refuser la n
Porter faux témoignage. .
This content downloaded from 80.249.75.92 on Thu, 05 Mar 2020 13:45:28 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
LES KABYLES DU DJUBDJURA. 587
This content downloaded from 80.249.75.92 on Thu, 05 Mar 2020 13:45:28 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
588 REVUE DES DEUX HÖNDES.
IV.
This content downloaded from 80.249.75.92 on Thu, 05 Mar 2020 13:45:28 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
LES KABYLES DU DJURDJURA. 589
This content downloaded from 80.249.75.92 on Thu, 05 Mar 2020 13:45:28 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
590 REVUE DES DEUX MONDES.
This content downloaded from 80.249.75.92 on Thu, 05 Mar 2020 13:45:28 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
LES KABYLES DU DJURDJURA. 591
(2) La tribu des Ait-Ienni est également connue au loin pour sa fausse monnaie;
fabriquée dans les ateliers spéciaux d'un de ses villages, cette fausse monnaie se répand
jusqu'en Tunisie, où elle se vend sur les marchés comme une vraie denrée.
This content downloaded from 80.249.75.92 on Thu, 05 Mar 2020 13:45:28 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
592 REVUE DES DEUX MONDES.
This content downloaded from 80.249.75.92 on Thu, 05 Mar 2020 13:45:28 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
LES KABYLES DU DJURDJUBA. 593
V.
This content downloaded from 80.249.75.92 on Thu, 05 Mar 2020 13:45:28 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
504 REVOE DES DEUX MONDES.
(1) Elle est située dans la tribu des Aï!-Smail (confédération des Guec
(2) Abd-el-Kader lui-même était khouan de Sid-Abderraman. Les sava
M. le général de Neveu et de M. Brosselard ont contribué à élucider l
khouans , jadis si obscure.
(3) Voici la légende de la zaouia de Sid-Abderraman. Le saint marabou
raman vivait au commencement de notre siècle. Originaire d'Alger, il
mourut dans le Djurdjura, chez les Ait-Smail, qui élevèrent une koub
sur sa tombe. Les Algériens, irrités de savoir son corps en terre kabyle,
breux dans la montagne, comme pour prier près du tombeau, et de nu
les restes du saint, qu'ils emportent à Alger et enterrent dans une ko
Grand émoi des Kabyles; ils ne parlent de rien moins que de marc
quand, dans une dernière visite au tombeau qu'ils croyaient vide, ils
intact le corps de Sid-Abderraman. Dieu avait permis que, par miracle, ce
se multipliât, et le saint marabout resta connu depuis sous le nom de
(le père aux deux tombes). .
(4) Quand les élèves d'une zaouia sont en nombre, leurs promenades intéressées
This content downloaded from 80.249.75.92 on Thu, 05 Mar 2020 13:45:28 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
LES KABYLES DU DJURDJURA. 595
This content downloaded from 80.249.75.92 on Thu, 05 Mar 2020 13:45:28 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
596 REVUE DES DEUX MONDES.
This content downloaded from 80.249.75.92 on Thu, 05 Mar 2020 13:45:28 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
LES KABYLES DU DJURDJURÂ. 597
« Infortunée reine des cités; ô Alger, ville aux beaux remparts, colonne
de l'islamisme, te voilà maintenant l'égale des habitans du tombeau 1 La
bannière française t'enveloppe 1... Les fondemens du monde sont ébranlés,
la base sur laquelle il reposait s'écroule. Nous, les survivans, nous sommes
sur une barque à la surface des eaux, sans commandant et sans pilote...
Heureux celui qui dort sous la terrei Au moins son sommeil est paisible;
les nouvelles de ce monde n'arrivent pas jusqu'à lui. »
« Chantons Aît-Erba, ce village qui ne se bat pas. Ce n'est dans les rues
que cuir puant; l'odeur en arrive de loin... J'ai rencontré des chiens qui
semblaient joyeux; ils arrivaient quatorze par la même route; sans doute
ils venaient de là où ils auront trouvé ripaille...
« ... Les hommes y sont mous comme des chiffons; ce sont des poules
aux mauvaises ailes. Leur honneur ne dépasse pas la haie de leur village (3)...
Leurs femmes courent les ravins sans entraves et sans pudeur...
« ... Pour moi, j'ai dû dîner dans un village à côté! »
(1) L'expédition de 1856 prépara celle de 1857 par la soumission des Guechtoulas.
(2) C'est notre infanterie qu'ils désignent de la sorte.
(3) Nous omettons bien des injures qui ne sauraient trouver place ici.
This content downloaded from 80.249.75.92 on Thu, 05 Mar 2020 13:45:28 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
598 REVUE DES DEUX MONDES.
« La femme a mis bas sept petits dont l'un me paraît être la faim et
l'autre V usure; puissent-ils ne jamais sortir de la maison paternelle! »
This content downloaded from 80.249.75.92 on Thu, 05 Mar 2020 13:45:28 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
LES KABYLES DU DJURDJURA. 599
« Seigneur Dieu qui as fait les parts inégales, tu as donné aux uns! les
autres sont jaloux! »
This content downloaded from 80.249.75.92 on Thu, 05 Mar 2020 13:45:28 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
600 REVUE DES DEUX MONDES*
« La neige tombe blanche sur Azrou-Alloul (2), dans une nuit assombrie
par d'épais nuages. Elle courbe les rameaux des arbres et les brise en mor-
ceaux. Les fruits sont perdus sans espoir. Elle emprisonne les Arabes dans
leurs smalahs , elle est descendue jusqu'à Redjas (3).
« Sois mon messager, je t'en conjure, ô faucon au chaperon; depuis long-
temps tu remplis cet office. Si tu es mon ami de cœur, va lui redire mes
chants. Pour Dieu ! pose-toi sur les genoux de celle qui cause mon souci.
Son nom commence par la lettre T... (ù); va, dirige-toi vers sa demeure.
« Dis à celle qui est pure comme l'or des pendans d'oreilles, à la jeune
fille aux yeux et aux sourcils noirs, dis-lui que pour elle j'ai abandonné le
soin de mes affaires. J'ai la tête perdue, nuit et jour je ne peux dormir.
Quand je la vois passer drapée dans ses vêtemens, comment modérer l'im-
patience de mes désirs?
« Elle m'a dit : О noble jeune homme, nous ne serons pas longtemps sé-
parés. Le serment est inutile, j'ai ta promesse, ô jeune homme brun. Ma
belle-mère est méchante, mon mari est fou : tous les jours, il me fait sur-
veiller; mais, je te l'ai juré sur le livre révélé, je serai à toi, dussent-ils
me couper la tête i
« Ces jours derniers, ô mes amis, je l'ai rencontrée. Comme la lune,
lorsqu'elle se lève, elle projetait au loin devant elle sa lumière. Elle fait
l'admiration des hommes et attire tous les regards. Parmi les Arabes du
Sahara et du Tell, il n'y a pas de beauté comparable à la sienne. C'est l'ar-
gent,- source de tant d'abus, - qui a lié ma bien-aimée à ce mauvais
homme!
« О toi qui sais lire dans tous les livres, si tu comprends les comparai*
sons, tu saisiras le sens de mes paroles. Cette enfant a été prise pour femme
(1) Cette chanson a été composée pendant la guerre d'Orient. Si-ben-Ali-Chérif écrit
ses poésies, il est même capable de les traduire en français; il a été le premier pion-
nier de notre influence dans l'Oued-Sahel.
(2) Village de3 Ait-Abbès.
(3) Plaine de la Kabylie orientale où la neige tombe rarement.
(4) Tasaditb, qui correspond au nom de Felicité.
This content downloaded from 80.249.75.92 on Thu, 05 Mar 2020 13:45:28 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms
LES KABYLES DU DJURDJURA. 601
N. Bibesco.
This content downloaded from 80.249.75.92 on Thu, 05 Mar 2020 13:45:28 UTC
All use subject to https://about.jstor.org/terms