Nostradamus (3e Ιdition) Par (... ) Bareste Eugθne Bpt6k64621580
Nostradamus (3e Ιdition) Par (... ) Bareste Eugθne Bpt6k64621580
Nostradamus (3e Ιdition) Par (... ) Bareste Eugθne Bpt6k64621580
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>08»
1. Vie de Nostradamus.
XX. Histoire des Oracles et des Prophètes,
XXX. Centuries de Nostradamus.
XV.Explication des Quatrains prophétiques.
3e Edition.
«
Il est très-facile
de comprendre le goût
de tous les peuples pour les
:
livres prophétiques. Cette manie est le
résultattout naturei du plus naturelde nos
penchants l'amour du merveilleux etlacuriosité.
4840.
Ce volume est tellement différent de
ceux;
qui se publient journellement
que l'auteur
nes'étonnera points'ilestaccueilli
par lesuns
avec enthousiasme, par les autres avec
un
souverain mépris.
Tout le monde parle de Nostradamus,
t-i
personne ne le connaît. Cela ne pouvait
guère être autrement, à moins de relnii*
notreespèce et de transformer l'humanité..
L'auteur a pensé que l'année 1840 était
une année favorable pour réhabiliter l'un
des médecins les plus célèbres, l'un des plus
grands astrologues du seizième siècle.
Mais il n'a pas voulu faire paraître son
volume au commencement de janvier, afin
ces almanachs ,
qu'on ne le considérât point comme un de
nombreux sans valeur ou
comme une de ces brochures prophétiques,
qui ont toujours le grave inconvénient de
compromettre la cause qu'elles veulent ser-
vir.
L'auteur de cet ouvrage n'est ni astrolo-
gue, ni prophète, ni magicien, ni sorcier,
ni visionnaire, niilluminé, — du moins il
ne le croit pas, — c'est tout simplement un
écrivain consciencieux qui s'est jusqu'à pré-
•
,
sent occupé d'histoire, de philosophie, de
critique et qui consacre sa vie à la recher-
che de la vérité.
Il a vu avec peine que le dix-huitième
siècle dure encore, et que le scepticisme a
remplacé la foi.
Il a étudié profondément son époque, et
ilest resté convaincu que, dans notre société,
rien, — à quelques exceptions près, — n'est
à sa place.
Les théories protestantes émises à la re-
naissance par les partisans de la réforme se
sont vulgarisées pendant deux siècles, et au-
jourd'hui elles sont passées à l'état d'axiome.
Le doute et la défiance: voilà les deux
mobiles de l'homme.
Aussi les prophéties sont-elles regardées
par les esprits forts du temps comme autant
de fourberies et de mensonges.
C'est au milieu de telles idées que l'au-
teur de ce volume a pris la déiense des pro-
phéties et s'est posé l'avocat d'un homme
extraordinaire dont les ignorans iont bien
peu de cas en ce moment.
;
On rira de sa folle prétention car de quoi
ne rit-on pas à l'heure qu'il est?
Mais si, maigré le ridicule qui s'attache
inévitablement à ces sortes d'ouvrages, l'au-
teur réussit à faire lire sérieusement la bio-
graphie qu'il trace, les opinions qu'il
avance, les prophéties qu'il cite , il croira
avoir attaqué, le premier, la philosophie
sceptique et railleuse du dix-huitième siècle
dans ce qu'elle a d'absurde, de vicieux et de
mauvais.
Il fait de ses lecteurs ses juges.
29 juin 18-40.,
TABLE ANALYTIQUE
DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE VOLUME.
Avis
'r ATILEAALYTIQUE v
1
r.
NOSTRADAMUS.
,
la nation, 148.— On les persécutait, 149.
presque tous laboureurs ou artisans id.
-- ^ls étaient
Clarté de
leurs prophéties, 150.—Le docteur Keith, id.-Atta-
-
ques de Voltaire, 151. Pourquoi, 152.
§ IV. —PROPHÈTES ANTIQUES. La révélation précéda
l'établissement des institutions politiques de l'antiquité,
1S5.—LesPélasges consultaient les oracle, id.- Héro-
dote, id. — Citation de Pausanias, 154. —Les croyan-
ces religieuses sont basées sur les prophéties, 155. —
Sentiment de Creuzer à ce sujet, id. — Confusion du
panthéisme, 156. — Hermès, premier prophète égyp-
tien, id. — Almanachs primitifs de l'antiquité, 157. —
Proclus, id. — Les successeurs d'Hermès, id. — Dé-
cadence des prophéties chez les Égyptiens, 158.—
Thalès et Pythagore étaient disciples des prophètes de
l'Egypte, id.- Chez les Grecs et les Romains, les ora-
cles occupaient le premier rang, id.
ia Grèce avait son prophète, 159.
-- Chaque ville de
Van-Dale veut
prouver la fausseté des prophéties antiques, id.- Il se
réfute sans le savoir, 160. — Les oracles grecs suivent
leserremens des prophètes égyptiens, id.—Piutarque.se
prononce en faveur des prophéties, 161.— Prophéties
antiques rapportées par cet historien, 463.— Réponse
du P. Baltus, à Fontenelle, 16-6. — Sentiment de Ben-
jamin Constant sur les prophètes grecs, t67. Com- -
ment se rendaient tes oracles, 168. — Réponse de Lu-
-
cain à ce sujet, id. Un fragment de la Pharsale, 169
et suiv.—Origine des Sibylles, 173.—Les anciens livres
sibyllins,t7. -Corruption des oracles, 176. — Anec-
dote, id. — Les belles femmes d'Athènes et de Rome
-
passaient la nuit dans les temples, 177. — Ce qu'il en
résultait,id. De la cessation des oracles, id. — Cita-
tion du poète Prudence, 178. — Les faux prophètes,
179. — Dans les premiers temps du christianisme il y
avait encore des oracles, id. — Néron va les consulter,
180.— Apollonius de Tyane, Dion Chrysostome, id. —
La statue de Memnon, id. — Philostrate et Pausanias
-
en parlent, iSi. Inscription grecque placée sur la
jambe du colosse, 182. — Réfutation de l'opinion de
- -
M. Dussault, id. Erreurs de Langles, 185. Eusèbe
Salverte, id. — Prophéties romaines, id. — Constantin
réduit les oracles au silence, 184. — Ils se relèvent sous
Julien l'apostat, 185.—Saint Clément d'Alexandriein-
terpelle les oracles, id.
SV. — PROPHÈTES MODERNES. Nouveaux prophètes,
187. — Joachim, fameux visionnaire du douzième siè-
cle, 188. — Le P. Menestrier, 189. — Arnold de Vion,
190. — VOraclepour1840,191. — Prophétie concer-
nant la révolution française, 192.—Jean Muller, iil. -
Le Mirabilis Liber, id.-Le Période de Pierre Turrel,
193. — Ce qu'était Pierre Turrel, 195. — Le Livre de
,
VEstât de Richard Roussat, i99. — Albumazar, 202.'
Sa biographie, id. — Le seigneur duPavillon 205. —
Ses Contredictz, id. — Jugement de M. Ch. Nodier,
209. — Le Journal des Déba M. Ideler (de
Berlin), lecardinal Dailly, 212. —Les Tables alphonsi-
nes, id. —M.deHumboldt, 213.—Prophéties de Mi-
chel Pirus, 214. — Prophéties concernant Napoléon,
2!7. — La prophétie d'Orval, 218. — Prophéties de
Dieudonné-Noël-Olivarius, 225. — Le Capitole, id.
—
L'Empereur et Joséphine, 224. — Authenticité de
la prophétie d'Olivarius, 230. — Le Livre merveilleux,
232. - Jugement de M. Ch. Nodier sur ce livre, 233.
— Prognosticalion de Jean Lichtenbergcr, 234. — Ce
livre a été commenté par M. Ch. Nodier, 236. Pro. -
phéties concernant l'avenir, 239. — L'année 1840, id.
— Les ans 40, 240. — Conclusion, 242. — Prédiction
de Mlle Lenormant, 245. — Destruction de Paris, 244.
- Concordances de cette prophétie avec celle d'Oliva-
rius, 245. — Prédiction du laboureur Thomas Martin,
id — Prophéties du Midi sur l'an 1840 , 246. — Les
Conjectures sur lafin prochaine du monde, id. —Pro-
phéties de M.deMaisire sur une rénovation prochaine;
247. — Que conclure des prophéties? 248.
lli.
CETURIES DE NOSTRADAMUS.
,
édition, id. — Le privilège, id. — Ce que contient ce
vieux volume 254. — Les anciennes éditions que pos-
sède la Bibliothèque royale, 255.— Celle de 1558, id.
—
Description
-
de ce volume, id. -
A qui il apparie
liait,id. D'une édition de 1568 qui ne se trouve
-
dans aucune bibliothèque et n'est pas mentionnée danr;
,
les grandes bibliographies, 256. — Edition de 1589,
id. — Son titre id. — Ce qu'elle renferme, id.
Edition de 1603, id. — Sou titre mensonger, id.-Edi-
-
tion de 1605, 267.— Elle est une des meilleures, id.-
Son titre, id. — Dissertation sur l'édition de 1629 de
Pierre Chevillot, id.-Le titre, 258. — Cette édition a
été annotée par un grand partisan de Nostradamus, id.—
-
Singulier commentaire, 259. Edition contrefaite de
1649, td. — Ce qui la fait recoDnaitre, id. -Elle fut
-
publiée contre Mazarin, id. Les deux quatrains faus--
sement attribués à Nostradamus, id. — Une note de
M. l'abbé James à ce sujet, 260. — Bellnud et le curé de
Louvicamp, id. —A quelle époque fut dcnoncée cette
-
contrefaçon, id Edition de 1650,261.--Edition re-
cherchée par les amateurs, id.-PI'édictions étonnantes
contenues dans cette édition.— Une seconde contrefa-
çon des Centuriesi562.—Editions de 1645, de 1650, de
1667, de 1668, de 1669, de 1689, de 1698, de 1792, de
1816, de 1859, 265. — Prophétie de Michel Nostrada-
mus, 265.—Préface à César, 267. — Centurie première,
-
285.-Centurie seconde, 505. Centurie tierce, 521.
Centurie quarte, 559. — Centurie cinquième, 557.
- Centurie sixième, 375.
.— Lettre à Henri II, 401.
-- Centurie septième, 595.
Centurie huitième 425*
,
— Centurie neuvième, 441. — Centurie dixième, 459.
Nostradamus n'a point parlé sans nécessité et sans
fruit, 478. — Les ignorans ne peuvent comprendre ses
Centuries, id.-Citation de Nostradamus à ce sujet, id.
— Erreurs de Guynaud, id. — Nostradamus avait une
grande affection pour la langue latine, 479. — Il s'est
servi de la synecdoche de l'ellipse, de la métalepse,
,
480.— Toutesles fi^uresde la prosodiegrecque, latine et
française se rencorurentdans les Centuries, 481. — Il
y a souvent aphérèse, syncope, prosthése, épenthèse,
482. — Nostradamus avoue avoir composé ses vers plu-
tôt par instinct que par règles poétiques, id. — Expli-
Nostradamus,
cation des noms de convenance, id. — Du calcul de
485. —Ses prophéties ont été écrites
-
pour durer jusqu'à l'an 3797, id. Prise de la ville de
même, ,
train sur Henri IV, id. — Deux autres quatrains sur le
495. — Supplice de Biron 496. — Mort de
Henri IV, 497. — Mort du duc de Montmorency, 498.
—Avènementde Louis XIV, 499.—Mort de Charles Ier,
roi d'Angleterre, OO.-Avènementde Cromwell, 501.
-Prise de la ville d'Orange, 502.-Mort de Louis XIV,
503. — Citation de M. Charles Nodier sur le livre du
chevalier(leJant,id.—Prédiction du chevalier dl.'
Jant concernant Louis XIV, 503. — Régence du duc
l'Orléans, 507.-Systèmes de Law, 508. — Ministère
du cardinal Fleury, id. — Voltaire, 509.-Ilaladie de
Louis XV, id. — Portrait de Louis XVI, 510. — Vie
de Louis XVI contenue dans un quatrain de Nostrada-
mus, 511. — Révolution française, id. — Assemblée
constituante, 512.-Fuite et arrestation de Louis XVI,
515.— Retour du roi à Paris, 515. —Emigration, 516.
— Fondation de la République française, id. — Nos-
tradamus annonce les malheurs qui doivent accompa-
gnerla République, 517.—Portraitde Robespierre, id.
- Mort de la princesse de Lamballe, 518. —Supplice
de Louis XVI, id. — Mort de Marie Antoinette, 519.
-Noyade de Nantes,520.—Avènementde Napoléon,id.
—Sa naissance,521.-Le nom,lagloire etle mariage de
Napoléon, id.-Vie de l'Empereur contenue dans deux
-
quatrains, 522. — Descente en Angleterre, 525. Les
:
cent jours, 524.—L'Avenir,id.—Quatrains inexplica-
Gouvernement,trahison,conspiration,
bles aujourd'hui
M5. — Révolution, mort, 326.
TXBLE DES CHAPITRES. 17
L
NOSTRADAMUS.
:
mais pour les hommes d'expérience et de raison, ce
mot sonne mal, il est vide c'est une formule men-
songère, inventée à plaisir pour tromper les masses,
un paradoxe ingénieux qui produit le meilleur effet
dans un discours, dans un livre, dans un journal,
mais dont la valeur est complètement nulle, en pre-
nant ce mot tel qu'il est défini par le Dictionnaire
tle l'Académie.
Comment voudriez-vousagir avec impartialité,
vous tous, écrivains, orateurs, publicistes, historiens
qui suivez chaque jour le sentier de la routine, qui
marchez à reculons sans jamais tourner vos regards
vers l'avenir? vous qui acceptez les préjugés de votre
siècle,les erreurs d'une époque négative, protestante,
révolutionnaire, les jugemens que cette même épo-
?
que porta sur les hommes et sur les choses Et vous
osez dire que vous écrivez suivant votre conscience,
que vous cherchez la vérité!.
Mais tâchez donc de répudier le fatal héritage
,
qui vous a conduit au positivisme de l'or, au doute
!
et au suicide Tâchez donc de sortir pendant quel-
que temps de ce monde sceptique et railleur qui salit
tout ce qu'il touche et qui touche àtout! Tâchez donc
d'examiner le passé avec candeur et sans vous pré-
occuper d'aucune théorie philosophique! — Pénétrez
au milieu de ces sociétés aimantes et croyantes qui
;
avaient un espoir dans le cœur et un art pour expri-
mer cet espoir et vous assisterez à quelques scènes
naïves de ces heureux temps organiques, où les
sciences, hiérarchisées comme elles doivent l'être,
s'élaboraient silencieusement dans le temple ou dans
le cloître, et avaient pour but non le sordide désir
d'acquérir des richesses, mais de soulager l'huma-
nité, mais d'enfanter chaque jour de nouvelles jouis-
sances, et de donner au peuple malade et les remèdes
du corps et ceux de l'âme !
Oh! alors quand vous concevrez ainsi les époques
religieuses, vous pourrez écrireavec impartialité et
attacher plus d'importance aux faits qui demandent,
;
seulement vous ne sacrifierez plus la vérité historique
à des considérations particulières vous apprécierez
dignement les hommes et les choses que nous a lé-
gués le passé, et vous ne rejetterez plus loin de vous
certaines individualités que vous condamnez aujour-
d'hui, parce que vous ne pouvez réellement ni les
comprendre ni les juger.
Nostradamus est sans contredit une de ces indivi-
dualités rares, exceptionnelles, acceptées par les uns
avec enthousiasme et rejetées par les autres avec
nn souverain mépris. Si cet astrologue ou ce nou-
veau prophète fût venu du temps de saint Louis,
les peuples chrétiens du moyen-âge en eussent fait
on saint; et peut-être auraient-ils eu raison; car Nos-
tradamus, ainsi que nous le verrons plus loin, n'était
pas un homme ordinaire. Malheureusement pour lui
il naquit au seizième siècle, et les peuples, ou (ce qui
est plus exact) les beaux-esprits de la renaissance en
firent un charlatan.
Etait-il possible de ne point protester contre lui,
qui se disait inspiré de Dieu, qui rattachait toutes
ses pensées à la religion du Christ, qui voyait l'a-
venir avec des yeux surnaturels, quand on niait
tout à la fois Dieu, le pape et le roi? — Un nou-
veau monde, celui de la réforme, s'implantait en
Europe. Tout changeait, se transformait et marchait
à grands pas vers sa ruine. On cherchait déjà à
introduire chez nous le dogme négatif de la raison.
Les nouveaux prédicateurs, prévoyant bien ce qui
allait arriver, avaient substitué la philosophie à la
religion, le scepticisme à ha foi, l'égoïsme personnel
à l'amour général et au dévouement. Les lettres,
les sciences, les arts, protestaient aussi contre
les institutions théologiques du moyen âge, contre le
système cosmographique de la Bible, les récits des li-
vres saints, les naïves légendes d'Orient, les prophé-
ties et les miracles.
Par un hasard inexplicable, les événemens favo-
,
risèrent les projets des réformistes. Les navigateurs
Jean Canus, Diaz, Christophe Colomb Magellan et
Truxillo reculèrent les limites du monde, comme
pour insulter aux connaissances géographiques des
Pères de l'Église. Bien plus, les Capitulaires de
Charlemagne et les Etablissements de saint Louis
furent remplacés par les anciens codes philosophi-
ques et païens des peuples de Rome et de l'Italie.
,
Maintenant que nous croyons avoir fait entrevoir
pourquoi Nostradamus ne pouvait être à cause de
son instinct prophétique, que tourné en ridicule par
les philosophes du seizième et du dix-septième siècle
et traité de charlatan par les encyclopédistes et les
historiens du dix-huitième et du dix-neuvième
siècle, il nous reste à tracer la biographie impar-
tiale et complète de cet homme illustre, si mal
connu, si peu étudié de nos jours.
Michel Nostradamus , ou de Notre-Dame en fran-
cisant son nom, l'homme « le plus renommé et fa-
meux, comme dit Aimé de Chavigny, qu'ait esté
de longs siècles en la prédiction qui se tire de
la congnoissance et jugement des astres t, » naquit
le jeudi 14 décembre de l'an i5o3. Le lieu de sa
naissance fut Saint-Remi, petite ville de Provence,
dans laquelle les anciens gouverneurs de cette contrée
avaient l'habitude de faire battre monnaie. Sa famille
christianisme :
était d'origine juive et nouvellement convertie au
elle fut comprise dans la célèbre
taxe de 1512. Michel, qui savait bien quelle avait
été la religion primitive de ses parens et aussi à
:
que dit à ce sujet Jean Astruc en parlant de la gé-
néalogie de Michel « Son origine n'étoit pas moins
bonne du chef de sa mère, puisqu'il descendoit par
:
l'explication des nombreux phénomènes terrestres
et célestes « A peine avoit-il l'usage de la raison ,
;
dit-il, qu'il décidoit mille petites questions curieuses
entre autres, se promenant un soir avec ses jeunes
camarades, il les détrompa de ce qu ï1s croyoient
que les étoiles se détachoient duciellorsqu'ils
; ,
voyoient ces petites traînées de feu en l'air que les
philosophes appellent astres errants il leur apprit
temps de brouillard ;
vapeurs semblable à celui que l'on voit dans les
il leur disoit encore que le
monde étoit rond comme une boule, et que le soleil
misphère; ,
qui paroissoit à notre horizon,éclairoit l'autre hé-
enfin il parloit si souvent et avec tant
déplaisir des météores et des astres, qu'on l'appe-
loit le jeuneastrologue* .» Ces petits détails, que l'on
;
Sa philosophie terminée, son père l'envoya à
Montpellier poury étudier la médecine car il ne vou-
lait pas, — on en ignore la cause, — que son fils
se lançât dans la science des astres. Le jeune Michel,
qui était fort soumis,et qui voyait en outre quel'é-
tude de la médecine lui serait un jour nécessaire,
obéit aussitôt, et alla tout joyeux suivre les cours
de la faculté de Montpellier. Il paraît que sa prodi-
gieuse facilité ne se ralentit pas un instant; car
à lever la séance ;
posées par des docteurs ennuyés et toujours prêts
il fallait publier, devant tous
les membres de la faculté réunis, le résultat de ses
recherches et de ses études. Il fallait non seulement
;
connaître les remèdes qu'on appliquait et les effets
qu'ils devaient produire mais encore prouver qu'on
savait opérer et qu'on l'avait fait avec succès ce :
,
que, malheureusement pour les malades d'aujour-
d'hui on se garde bien de demander aux jeunes
médecins. Enfin il fallait être savant, habile, expé-
rimenté, ou du moins passer pour tel.
Nostradamus, ayant,comme nous l'avons dit plus
haut, tenté des remèdes que la faculté n'avait pas
autorisés, fut interrogé avec défiance. On lui de-
manda la justification de ses tentatives. Il la donna
et enleva tous les suffrages.On dit qu'il fut reçut doc-
trurau milieu desapplaudissemens et de l'admiration
de cette docte assemblée. L'histoire nous aconservé le
nom de celui qui interrogea le plus souvent le jeunt
:
lauréat c'est le célèbre Antoine Romier, l'un des
plus savans médecins du seizième siècle.
Avant la révolution française on voyait encoie
sur les registres de la faculté de Montpellier la signa-
:
ture de Nostradamus, et plus bas la date suivante
écrite de sa main xxiu octobre MDXXIX.
Quelque temps après, son nom devint si popu-
laire, que les jeunes étudians de la faculté le de-
mandèrent pour professeur. On accéda à leurs
voeux, et le jeune docteur Nostradamus fut nommé ,
ainsi que l'affirment Astruc dans ses Mémoires, et
Bouche dans son Histoire de Provence, professeur
à la faculté de Montpellier.
Ainsi voilà un homme, jeune encore, que les sa-
vans docteurs de cette époque ne craignirent pas
d'élever à la dignité du professorat (et c'enétait une
!
alors). Eh bien cet homme est maintenant traité de
!
charlatan par le premier ignorant venu Après cela
nos descendans ne doivent pas désespérer de voir,en
iIIl-O, ou 1950, les savans Cuvier, Arago, Thénard
cL Dupuytren, considérés,par les rédacteurs des En-
cyclopédies futures, comme autant de charlatans
ridicules. — Quand viendra donc, mon Dieu !
!
le règne de la justice sur la terre
Le jeune docteur, qui aimait beaucoup à voyager,
s'ennuya bientôt à Montpellier. Voulant parcourir
encore une fois les lieux où son cœur avait senti
ies premiersaiguillons de la gloire, il quitta cette
ville, sa chaire, ses élèves, ses amis, et visita
les campagnes de la Provence, témoins de ses suc-
cès. Il reçut partout des témoignages de reconnais-
sance et d'amour. C'était une véritable fête dans
la ville ou dans le bourg quand on savait qu'il allait
s'y présenter. Les malades qu'il avait sauvés se te-
;
naient aux portes les garçons et les jeunes filles
;
marchaient au-devant de leur libérateur en répan-
dant des fleurs sur son passage les notables de l'en-
droit l'invitaient à descendrechezeuxetàpasser quel-
ques moisau milieude leur famille.Enfin, au diredes
chroniqueurs provençaux, jamais roi, prince ou
comte ne fut mieux reçu des paysans du Midi, que
le jeune professeur à la faculté de Montpellier, le
docteur ou le prophète Nostradamus.
Un des plus grands savans de ce siècle, Jules
César Scaliger, ayant entendu parler del'immense
réputation de Nostradamus, lui écrivit pour juger
par lui-même si le bruit qui courait était réellement
fondé. Le jeune docteur lui répondit d'une façon si
ingénieuse, si savante et si spirituelle, que Scaliger
avoua plus tard que ce médecin était véritablement
un homme extraordinaire.
Comme deux génies s'entendent à merveille, Sca-
liger se lia d'amitié avec Nostradamus, et fil tant
à
qu'il força celui-ci à venir s'établir Agen,où il
résidait alors. Nostradamus s'y rendit en passant par
Toulouse, et habita dans cette ville une maison fort
singulière par les écussons, les insignes et les emblè-
mes qui la décoraient. Au milieu du dix-septième
siècle les Toulousains montraient encore avec un
grand respect cette maison aux étrangers.
A
;
Agen, il fit part à Scaliger du résultat de ses
nombreuses recherches ce dernier, joyeux de ren-
contrer, dans son jeune ami, une science si vaste,
une érudition si grande, un jugement si parfait,
un esprit si subtil et si pénétrant, lui exposa ses
théories sur la philosophie, la critique, la poésie et
l'histoire.
x
La ville d'Agen,glorieuse de posséderdeu sav,.OS
remarquables et distingués, leur fit oftrii des pr&
;
sens considérables s'ils voulaient rester mais ceufi-
ci les refusèrent, en disant qu'ils ne s'appartenaient
pas à eux-mêmes, et que si la ville d'Agen avait de3
présens à faire, elle devait, avant de s'occuper d'eux,
penser aux malheureux, aux infirmes, aux malades
et aux vieillards. Cette réponse satisfit tellement les
habitans d'Agen, que le lendemain ils portèrent en
triomphe Scaliger et Nostradamus qui se rendaient
à la promenade.
Un savant de l'âge de Nostradamus et jouissant
d'une si grande réputation fixa l'attention des pères
;
qui avaient des demoiselles à marier. Plusieurs
partis considérables se présentèrent le jeune doc-
teur les refusa. — On croyait qu'il ne se marierait
jamais, lorsqu'il épousa une jeune fille, « dehaut lieu,
très belle, très aimable, de laquelle, ditChavigny, il
eut deux enfans masle et femelle. » Sa femme, son
fils et sa fille étant venus à mourir, il en eut tant de
chagrin qu'il résolut de quitter Agen et de voyager
encore une fois pour éloigner son ennui et acquérir
de nouvelles connaissances. Nostradamus était
peut-être un aussi grand travailleur que Pline l'an-
cien et Cuvier, lesquels travaillaient toujours,
même en marchant.
Après avoir séjourné quatre ans dans la ville
d'Agen, il partit, et parcourut pendant douze ans la
Guienne, le Languedoc, l'Italie et la France. Tous
les biographes, même ceux qui lui donnent le plus
d'éloges, ont passé un fait assez curieux que nons
trouvons dans l'ouvrage d'Astruc, ouvrage, ainsi que
nous l'avons dit, très-sévère à l'égard de Nostrada-
mus. Ce fait servira d'autant mieux à donner une
idée du mérite de notre personnage, en ce sens qu'il
est révélé par l'un des historiens les plus impartiaux
dela Provence. Laissons parler Astruc:« Il ne se con-
;
tenta pas, dit-il, d'examiner les pays et les iieux où il
passoit mais il avoit soin surtout de faire connois-
;
sance avec ceux de sa profession, et de profiter de
leurs lumières on remarque cet esprit et ce goût
dans les observations qu'il a faites dans les deux
(
),
livres des fards dont nous parlerons à la fin de
ce chapitre sur les diverses façons de pratiquer
la médecine, qu'il avoit vues dans ses voyages, et
dans les jugemens qu'il porte du mérite de la plu-
part des médecins qu'il avoit fréquentés. C'est dans
ie cours de ces voyages, ajoute-t-il, qu'on prétend
qu'il s'arrêta quelque temps en Lorraine, et c'est
là qu'il commença à donner des marques de son
habileté à prédire l'avenir, dans une aventure sin-
gulière, où l'on tendoit des piéges à son habi
leté*.»
En l'an 1543 ou 1544? Nostradamus,âgé de 40 à
4ians,revint en Provence riche de faits., d'obser-
vations, d'expérience. Dans ses voyages il avait re-
cueilli non seulement des matériaux très-intéres-
sans, très-utiles sur la pratique de la médecine dans
les autres pays, mais encore il s'était plu à dresser
suruneespèce de journal de voyage ses réflexions
touchant les savansmédecins et pharmaciens qu'il
avait rencontrés.
Ainsi dans la préface de son Opuscule il dit que
de son temps à Marseille la pharmacie était très-
mal administrée, mais qu'il eut le bonheur d'y ren-
contrer un savant personnage du nom de Louis René.
Il cite comme d'excellens pharmaciens René Hé.pi-
lierverd de Lyon, Joseph Mercurin d'Aix, et Antoine
Virgerchi de Savone. Comme il n'était nullement
envieux et qu'il savait rendre justice à qui de droit,
s'il blâme les avares médecins d'Avignon, en revan-
che il fait mille éloges d'Antoine Suporta, de Guil-
laume Rondelet et d'Honoré Castelen, tous trois mé-
decins de Montpellier. Il n'oublie pas non plus Jé-
rôme Montuus et François Masi, célèbres docteurs de
Vienne en Dauphiné, et l'illustre François Valeriale
d'Arles avec lequel il fut lié plusieurs années. Ses
:
n'avons nullement besoin de dire si ses confrères des
grandes villes étaient jaloux de sa gloire cela se
devine aisément.
Le nom de Nostradamus était depuis quelque temps
prononcé avec le plus profond respect, lorsqu'un évé-
nement funeste vint donner un nouveau lustre à la
réputation du célèbre médecin de Salon.
Une horrible peste se déclara en 1516 dans lr
ville d'Aix. Il paraît que depuis long-temps la Pro-
vence n'avait été affligée d'un pareil ;
fléau car cette
Salon ;
l'heureuse idée de penser au célèbre médecin de
c'est ainsi q'uon appelait Nostradamus.
Le comité de la ville d'Aix s'assemble aussitôt et dé-
cide à l'unanimité qu'une députation sera envoyée à
l'ex-professeur de la faculté de Montpellier. Nostra-
:
arrive précipitamment à Aix. La consternation ré-
gnait sur tous les visages l'espérance était bannie
de cette ville antique et opulente, à cette heure triste
et désolée. On ne pensait plus qu'à moui ir, et jamais
peut-être le besoin de vivre ne s'était fait plus vive-
ment sentir !
Nostradamus visite les hôpitaux et les ambu-
lances. Il no craint pasde rester des heures entières
enfermé avec des pestiférés, pour étudier les cau-
ses et les progrès de la maladie. — Après s'être bien
assuré que cette peste était dans l'air, il invente
des remèdes à l'aide desquels il sauve un grand nom-
bre de malheureux atteints du charbon; et ra-
mène la santé au milieu de cette population ma-
lade, prête à rendre le dernier soupir. Astruc,
:
dans ses Mémoires, dit au sujet de la peste de 1546
et du savant libérateur de la ville d'Aix a Nostra-
damus accepta l'emploi (quoique dangereux) qu'on
lui offrit, et tant que la contagion dura, il nenégligea
rien pour le soulagement de ceux qui en étoient
atteints. C'est dans cette occasion qu'il se servit utile-
ment d'une poudre excellente pour chasser les
odeurs pestilentielles, de laquelle il a donné la com-
position dans le Traité des fards 1. »
docteur Nostradamus !
lait de la science, du courage et du dévouement du
Voilà l'homme que d'igno-
;
estrange, mais rend une suauité agréable, et de longue
durée mais ne se peut faire qu'vue fois l'an.
« Prenez de la sieure ou le rament du bois de cyprès la plus
verd que vous pourres trouver vne once, de Iris de Florence
mes; :
six onces de girofles trois onces ; calami odorati trois drag-
ligni aloes six dragmes. Faictes le tout mettre en poudre,
et qu'il ne s'esvente. Et puis prenes des roses rouges incarnées
trois ou quatre cents, qui soyent bien mondées toutes fraîches,
et cueillies avant la rosée: et les feres fort piller et mettre de-
dans la poudre. Quand le tout sera bien meslé, faictes en de
petites balottes plates faittes en la mode de trocisques et les
l'aictes sécher à l'ombre. Et notez que de ceste composition se
laict après savon muscat, poudre de violettes etc. Hors
!
rans biographes ont traité de charlatan — Il serait à
désirer vraiment que le charlatanisme de ces mes-
:
ravant. Enfin, on ne trouva aucun médicament qui feust plus
préservatif de la peste que cette composition tous ceux qui en
portoyent à leur bouche estoient préservés. Vers la fin on trouva
par une expérience manifeste que ceci préserva un monde de
que celui de Nostradamus !
sieurs eûtrendu d'aussi grands services à l'humanité
Malheureusement tous
ceux qui ont attaqué le savant que nous défendons
ici, ont agi avec une insigne mauvaise foi, puisqu'ils
ont insulté sans le connaître un homme plus capable
et cent fois plus dévoué qu'eux !
la contagion., Pour ceulx qui n'en prirent pas, la mort estoit
tant subite, que le père ne tenoit compte de son enfant. Plu-
sieurs entachés de peste se sont iettés dedans lespuits, d'autres
se sont précipités de leurs fenestres, d'autres qui avoient le char-
bon derrière l'espaule et devant la mamelle,leur venoit une sei-
gnée du nez qui duroit nuict et iour : tant qu'ils mouroient.
A brief parler la désolation estoit si grande qu'avec l'or et l'ar-
gent à la main, souventes fois mouroit-on faute d'un verre d'eau.
Entre les choses admirables que ie pense avoir veu, c'est une
femme qui m'appela par la fenestre; le vis qu'elle même toute
seule se cousoit le linceuil sur sa personne, commençant aux
piedz; ie vis venir les alarbres (que nous appelons en nostre
langue provençale, ceulx qui portent et ensevelissent les pesti-
férés), et voulois entrer dedans la maison de cette femme, et la
:
trouvai morte et couchée au milieu de la maison avec son
nayre demy cousu et cela se fist plusieurs fois. le voudrois
bien raconter tout le faict de la pestilence qui advint en la dicte
ville, mais ce seroit rendre nostre labeur confus.»
Si cette citation est longue, du moins renferme-t-elle des dé-
tails excessivement curieux, qui n'ont jamais été publiés autre
part que dans les ouvrages de Nostradamus, qu'on ne trouve plus
aujourd'hui. Ensuite la description de cette fameuse peste, par
le médecin qui la fit cesser, méritait, selon nous, de prendre
place dans cette dissertation historique. On connaît si peu Nos-
tradamus, qu'il ne faut point négliger de rapporter tout ce qui
peut le faire connaître d'une manière directe ou indirecte.
La ville d'Aix, reconnaissante de tant de bienfaits,
lui vota, non seulement des remerciemens comme
cela se pratique ordinairement aujourd'hui, mais
encore une très-forte pension annuelle qui lui fut
continuée jusqu'à la fin de ses jours. Des artistes de
leur libérateur;
cette ville transportèrent sur la toile le portrait de
les notables habitans lui offrirent
de riches présens qu'il distribua en partie aux
veuves et aux orphelins de cette cité malheureuse.
— Certes un
temps qui court ;
pareil charlatanisme est rare par
aussi nous concevons très-bien
que ces traits de générosité passent pour autant de
le
,
L'année suivante, la même peste ayant exercé ses
ravages dans la ville de Lyon Michel Nostradamus
quitta encore une fois Salon, et courut soigner les
pestiférés lyonnais. Un des savans médecins de cet
endroit nommé Jean-Antoine Sarrazin, et l'un des
docteurs de la faculté de Montpellier, voulut arrêter
seul et sans le secours de personne les progrès de la
contagion. Il ambitionnait la gloire du médecin de
Salon et croyait se faire à Lyon une réputation sem-
blable à celle que Nostradamus s'était faite à Aix.
;
S'il avait le dévouement du premier, il lui manquait
la science et cependant, les historiens de Mont-
pellier et de Lyon le considèrent encore comme
un des plus doctes personnages de cette époque.
Nostradamus , qui était fort modeste, quoiqub
connaissant parfaitement sa valeur, fit part à Sarrazin
des observations qu'il avait recueillies à Aix, et l'enga-
gea à suivre une autre route s'il voulait arrêter lej
progrès du fléau. Le médecin de Lyon ne tint aucun
compte des sages conseils de son collègue, et tua ou
laissa mourir tous ceux qu'il se proposait de sauver.
Les Lyonnais, peu satisfaits des remèdes de leur
compatriote, allèrent trouver Nostradamus le- (
quelguérissait en cachette et pour ne point fâcher
,
Sarrazin, les malheureux qui venaient le consulter );
ils se jetèrent à ses pieds, et lui demandèrent à
,
ladéputation s'écria: « C'est le docteur Nostradamus
que nous choisissons le libérateur de la ville d'Aix! »
Un mois après la joie était peinte sur tous les visa-
ges : le fléau dévastateur n'existait plus, etle docteur
Nostradamus, comblé d'honneurs et de présens retour-
nait triomphalement à Salon, escorté des autorités de
la ville que sa science et son dévouement avaient
sauvée.
Voilà des actes qu'on ne peut certes pas nier,
puisqu'ils sont attestés par Astruc, par Bouche, par
les historiens de la ville de Lyon et par les chroni-
ques provençales. Eh bien ! c'est l'auteur de ces
naire ,
actes que d'insipides compilateurs ont appelé vision-
! Nous ne sommes pas Nostradamites qu'on le
croie bien (attendu qu'il n'yen a jamais eu), et en-
core moins illuminés. Nous cherchons conscien-
cieusement la vérité, et c'est lorsque nous l'avons
trouvée, lorsque nous possédons des faits, des preu-
ves, des dates authentiques, que nous ne craignons
point de dire à ces ignorans qui se piquent d'être
esprits forts, et dont tout le talent consiste à copier
des mensonges :
servilement des ouvrages haineux, et à imprimer
«
,
pas ,
comme un feu qui, bien couvert de cendres, ne laisse
de temps en temps de se manifester par les
,
étincelles qu'il jette. Comme donc il lui arrivoit quel-
quefois de faire des prédictions et que ces prédic-
tions avoientleurs effets, cela le fitconsidérer, dans
les endroits où il passoit, comme un homme d'une
vertu extraordinaire, qui, suivant quelques-uns,
avoit le don de percer dans l'avenir, et selon les
un semblant de divination ,
autres, n'avoit que l'adresse de duper les gens par
quoiqu'on le regardât
comme un très-habile médecin. Ce fut de cette
deuxième manière que sa faculté divinatrice fut
prise, en Lorraine, par le seigneur de Florinville.
Ce seigneur ayant amené Nostradamus dans son
château de Fains, il arriva qu'un jour, ce gentil-
homme se promenant dans la basse-cour de son
château avec son hôte, en devisant de présages,
deux petits cochons de lait, dont l'un étoit blanc et
l'autre noir, se présentèrent à eux. A la vue deces
deux animaux, le seigneur de Florinville demanda
à Nostradamus quelle seroit leur destinée, à quoi il
répondit en même temps, qu'il mangeroit le noir et
que le loup mangeroit le blanc. Le seigneur de Flo-
rinville, qui n'avoit fait la demande que parce qu'il
s'imaginoit qu'il étoitcn son pouvoir de faire mentir
le prophète, ordonna secrètement à son cuisinier de
tuer le cochon blanc et de le lui servir à souper.
Suivant cet ordre, le cuisinier tua le blanc, l'habilla
et le mit à la broche prêt à être rôti quand l'heure
;
seroit venue cependant, ayant à faire hors de la
cuisine, un louveteau que l'on nourrissoit pour l'ap-
privoiser, y entra, et, trouvant le préparatif à sa
portée, s'attacha à le manger. Le cuisinier en ren-
trant, surpris de l'accident, se saisit aussitôt du co-
chon noir, le tua, l'apprêta et le servitàtable. Le
seigneur de Florinville, qui ne savoit rien de l'acci-
dent, dit à Nostradamus, avec un air de confiance,
qu'on alloit manger le cochon blanc, et que le loup
;
n'y toucheroit pas à cela Nostradamus reparfit
qu'il ne le croyoit point, et quec'étoit le noir qui
étoit sur la table. Aussitôt le seigneur ordonna à son
cuisinier de faire venir le cochon noir, afin de con-
fondre Nostradamus. Mais il fut fort étonné lorsque
le cuisinier, étant arrivé-, lui déclara le sort des deux
cochons. Comme l'aventure fut trouvée singulière,
on la répandit dans tout le royaume, et il est arrivé
de la multiplicité des narrations qui s'en sont faitesi
qu'on y a changé plusieurs fois le lieu et la scène 1. u
Encore une fois, nous le répétons, nous n'assumons
point la responsabilité de cette anecdote, dont l'au-
thenticité est cependant attestée par plusieurs his-
toriens provençaux.
Jean-Antoine Sarrazin, se rappelant cette prédic-
tion, fit courir le bruit que Nostradamus s'adon-
nait à la magie blanche. Ce qui dotina encore
plus de crédit à ces calomnies, c'est que le médecin
,
de Salon avait soutenu, à Toulouse et à Bordeaux,
devant plusieurs savans distingués que pour gué-
rir il fallait non seulement posséder la science
médicale, mais encore les élémens des mathéma-
tiques et de l'astrologie judiciaire. Lorsque les
opinions de Nostradamus furent connues, on traita
,
leur auteur de fou de visionnaire et de magicien.
Ses détracteurs ne tenaient aucun compte des cures
merveilleuses qu'il opérait chaque jour. On l'atta-
,
tué en employant tels remèdes consacrés par les fa-
cultés qu'on l'aurait regardé comme un grand
:
sionnés qu'ils étaient, ils devinrent ses plus furieux.
adversaires. — Voilà le peuple il honore aujour-
d'hui ceux qu'il renversera demain.
L'historien Astruc nous apprend que Nostrada-
mus se plaisait peu à Salon. « On ne sait point,
dit-il, les raisons qui le retenoient dans cette ville ;
mais il ne paroît point qu'il y fût content. Ilse plaint,
en plus d'un endroit, de l'ignorance, de la barbarie
et de la brutalité dela plupart de ses concitoyens »
Des hommes de conscience et de savoir se ran-
:
oublier à dire qu'il s'exerçoit volontiers en ieusnes, oraisons,
ausmones, à la patience abhorrissoit le vice, et le chastioit sé-
tierement, voire me souuient que donnant aux pauures (enuers
lesquels il estoit fort liberal et charitable) il auoit ce mot en
bouche ordinairement, tiré de l'EscritureSaincte : Faictes-vous
mière Centurie, Nostradamus nous fait lui-même la
description de son laboratoire.
Étant assis de nuict secrète étude,
Seul repose sur la selle d'airain,
Flambe exiguë sortant de solitude
Fait espérer que n'est à croire vain.
:
Ce quatrain peut être expliqué de la manière sui-
vante «
Étant assis seul pendant la nuit dans mon
laboratoire, je m'appuyais sur le trépied d'airain
selle, en provençal, signifie siège ou table à trois
pieds) ; l'aurore venait quelquefois éclairer ma so-
litude. C'est là que la science des astres me faisait
apprendre dans l'avenir des événemens qui se réali-
seront en tous points. » — Il n'est pas, comme on le
voit, très-facile de lire., de comprendre et' d'expli-
quer les quatrains de Nostradamus.
Toutes ses prédictions étaient faites la nuit, ainsi
qu'il le dit dans son Epître à Henri II : « Voyant
;
herné par la puissance de Dieu. » ( Epître à mon fils César.)
Il avait une gr.inde humilité « Suis pecheur plus grand que
nul de ce monde, subiect à toutes humaines afflictions.» (Id.)
-
:
La foi catholique était sa règle, même dans ses calculs astro
iiomiques « Protestant deuant Dieu et ses saincts, que ie ne
prétens de mettre rien quelconque par escrit en la présente
epistre, qui soit contre la vraye foy catholique, conférant les
calculalioni astronomiques. » (Epître à Henri II.)
iostre splendeur Royaileaccompagnée d'une incom-
parable humanité, ay pris mon addresse, non comme
aux roys de Perse.. qu'il n'estoit nullement permis
d'aller à eux, ni moins s'en approcher. Mais à un très
prudent et tres-sage prince i'ai consacré mes noctur-
nes et prophétiques supputations, »
Nostradamus, connaissant parfaitement la ten-
dance des esprits de son époque, prévoyait bien que
la publication de semblables prophéties soulèverait
contre lui le peuple des campagnes et des villes. Il
savait aussi que ses confrères, jaloux et envieux de
sa gloire et de son nom, ne manqueraient pas de lui
faire un crime de s'adonner à l'astrologie et de pré-
dire l'avenir. Il resta long-temps sans oser publier
le fruit de ses veilles. Il écrivit plusieurs fois en
prose et en vers ses prédictions; il leur donna un style
de plus en plus énigmatique,.afin que le vulgaire ne
comprît point sa pensée. « Il fit ses Centuries, dit le
Janusfrançois, lesquelles il garda long temps sans les
vouloir publier, estimant que la nouuelleté de la ma-
tiere failliroit luy susciter infinies detractions, calom-
nies et morsures plus que venimeuses, ainsi qu'il
advint. »
Enfin le premier mars de l'an 1555, il mit au jour
ses Centuries dédiées à son jeune fils César Nostrada-
mus. Celui-ci dans sa curieuse et excellente Histoire
de Provence, à la page 776, parle ainsi de la dédicace
:
qui lui fut faite par son père « Il arrive l'an d'après
(c'est-à-dire en 1555) que Michel de Nostredame
me dédie estant dans le bers (berceau), et met au
iour les Centuries qui, le rendant immortel, me
feront suivre le chemin de vertu que lui avoient
frayé ses pères1. » Le même historien porte sur les
Centuries de Michel un jugement naïf et impar-
tial que l'on ne trouve dans aucune Apologie, et que
:
nous allons rapporter ici « Au demeurant, plutost
ne sont ces prophéties en congnoissance, quoiqu'en
vers obscurs, et d'un style sibyllin (car il ne faut que
telles choses soyent vulgairement profanées), que le
bruit de son nom volle et se faict voir par tout avec
beaucoup plus d'admiration qu'il ne m'est séant de
s.
l'écrire »
Dans l'Epitredédicatoire, que l'on comprend diffi-
cilement, Nostradamus dit à son fils, ou plutôt il pré-
tend lui dire comment il fut porté à la connaissance des
choses futures. «Ton tard aduenement, César Nostra-
dame mon filz, m'a faict mettre mon long temps par
continuelles vigilations nocturnes, etc.» Ce n'est pas
;
très-clair, comme on voit mais ce qui lui fit le plus
: ;
de tort, c'est qu'il osa, dans cette épître, émettre
cette pensée que les calculs seuls ne suffisent pas
pour prédire l'avenir qu'il faut encore être inspiré,
et posséder ce don surnaturel et prophétique que la
Providence accorde seulement à quelques êtres
privilégiés.
,
diciaire ; qu'il ait été somnambule ou illuminé; cela
ne nous regarde en rien pourvu que toutes ses pro-
phéties se réalisent (ou au moins dix-neuf sur
),
vingt
dent : voilà ce que les esprits sensés lui deman-
quant aux moyens employés par lui, nous n'a-
vons pas besoin de les savoir 1.
:
sons parler notre auteur et conservons-lui son ori-
ginalité primitive « Sire, par ce discours ic mets
presque confusément ces prédictions, et quand ce
pourra estre, est l'aduenement d'iceulx, pour le dé-
,
nombrement du temps qui s'ensuit, lequel, tant par
voye astronomique que par aultre, que si ie vou-
:
aduenirse peuuent prophétizerparles nocturnes et célestes lu-
mières, que sont naturelles, et par l'esprit de prophétie non
que ie me veuille attribuer nomination ni effect prophétique,
mais par réuélée inspiration, commehomme mortel esloigné non
moins de sens au ciel, que des piedz en terre, suis pécheur
plus grand que nul de ce monde, subject à toutes humai-
nes afflictions. » (Idem.)
Il déclare que « le tout (de ses prophéties) vient de Dieu, »
et qu'il les a écrites « sans y auoir meslé de la diuination que
provient à fato : mais à Deo, à natura, et la plus part accom-
pagné du mouuement du cours céleste, tellement que voyant
comme dans un grand miroüer ardent,. les grands éuénemenls
lois a vn chacun
,
quatrain mettre le dénombrement
du temps, se pourroît faire mais à tous ne seroit
agréable, ne moins les interpreter, iusques à ce
Sire, que votre maiesté m'aye octroyé ample puis-
sance pour ce faire, pour ne donner cause aux
calomniateurs de me mordre t.)) Cela est assez positif.
Mais les esprits forts nous répondront que si
;
Nostradamus parlait ainsi, c'était par forfanterie et
pour se donner de l'importance car il n'aurait ja-
mais pu fournir de preuves à l'appui de ce qu'il
, , ,
1 LES PROPHÉTIES DE M.MICHEL NosTRADAMYS,reueuil
:
douter de tout ne voudront point croire à l'authenti-
cité de ce fait. A ceux-là nous dirons « Allez à la
Bibliothèque Royale, et vous trouverez dans la col-
lection des livres rares conservés par notre ami
M. Guichard, l'exemplaire que nous venons de citer
et qui a été publié en i6o5. — Allez aux Biblio-
senal,
thèques publiques de Sainte-Geneviève et de l'Ar-
et l'on vous montrera cette lettre dans les
plus anciennes éditions des Centuries de Nostra-
damus. Enfin, lisez la Biographie de Feller*, le
,
par Pierre Rigaud, est resté, au commencement de
l'année 1792, pendant huit jours publiquement ex-
posé aux regards de tous les curieux de Paris.
Si maintenant nous examinons attentivement
cette prophétie, nous sommes étonné de la justesse
des mots employés par Nostradamus. En effet, cette
année ne commença-t-elle pas lakénovatiow? N'est-ce
pas en 1792, que le palaisdesTuileries, jadis habité
par les rois, tomba pour la première fois entre les
mains du peuple? N'est-ce pas en 1792, qu'un mo-
narque (Louis XVI) fut jeté en prison par ses propres
sujets? N'est-ce pas en 1792, qu'on changea les an-
ciennes coutumes en décernant le titre de citoyen
français à Schiller et à tous les philosophes qui
avaient défendu dans leurs écrits les principes de la
liberté? N'est-ce pas en 1792, qu'on égorgea les no-
bles et les prêtres, ceux-là même qu'on respectait
depuis quinze siècles? Enfin, n'est-ce pas en 1792,
que la Convention nationale abolit la royauté, que
commença l'ère de la République française, que fuj
réformé le calendrier, que naquirent les factions de
la montagne et de la plaine, et que l'affreuse guillo-
tine sortit toute sanglante du cerveau de Guillotin?
de siècle !. ;
On ne peut le nier cétait bien là une rénovation
imprimeurs ,
leplus grand tort à son auteur. Voici pourquoi-: Les
, ;
précautions hygiéniques à prendre suivant les phases
de la lune les conjonctions sidérales en ayant le
so:n d'introduire au milieu de cette science astrolo-
gique et de ces conseils médicaux, des enseignemens
religieux, des proverbes et des moralités.
En Europe, du VIIIe au XVe siècle, les calen-
driers ne contenaient simplement que des indica-
tions sommaires sur les phases du soleil et de la lune,
les jours fériés de l'année et le mouvement des pla-
nètes. Ils étaient ordinairement sur une seule feuille
et ressemblaieut assez à nos almanachs de cabinet.
La Bibliothèque Royale possède un fragment d'un
calendrier imprimé en 14^7, et découvert en 1804,
dans les archives de la ville de Mayence, par le
savant bibliographe Fischer. Ce fragment précieux
tout à la fois, et pour l'histoire des almanachs et pour
celle des origines de l'imprimerie, ne se trouve point
encore décrit. Nous sommes heureux de le faire
connaître à nos lecteurs d'après les notes qui nous
ont été données par M. Guichard de la Bibliolhenue
Royale.
Ce fragment appartenait vraisemblablement à
un feuillet de format in-folio. Il est imprimé d'un
seul côté et contient les six premiers mois de l'an-
:
née janvier, février, mars, avril,mai, juin et le
commencement de juillet ; les autres mois man-
;
quent nous rapportons plus bas le passage latin
(jui a rapport à janvier afin de donner une idée
très-exacte de cet ancien almanach 1. Au verso se
:
trouve une note manuscrite en latin dont voici la
traduction «Registredel'EglisedeSaint-Gangolff
Mayence, tenu etmis en ordre pourl'année 57 (I4'J~)
à
parJehan Kessvicaire de lasainte EgliseduSeigneur.»
:
Au dessous de cette note se trouve en chiffres arabes
écrits à la main 1457, 1458. En tête du Calendrier
on voit imprimée la date suivante en chiffres ro-
mains. In ANNO DOMINI MCCCCLVII. — Ainsi l'authen-
ticité de cet ancien fragment ne peut-être mise en
doute.
Fischerappelle ce calendrier ((
le premier monu-
ment typographique en caractères mobiles avec
date connu jusqu'à ce jour. » Il est certain qu'il fut
.imprimé à Mayence, et qu'il parut après les Lettres
d'indulgences de 1454 et de 1455, et avant le
Pseautier de 1457> c'est-à-dire pendant l'impres-
;
des almanachs, nous vous parlerions en détail de
l'Annuaire latin de iqGo1 de l'Annuairealle-
mand de 1470, découvert par Steigenberger!; des
anciennes Ephëmérides de
la Bibliothèque royale3,
manuscrites depuis 1450 jusqu'à 1480, et imprimées
depuis 1481 jusqu'à 1490; ducurieuxAnnuairepublié
en 14S3 par Pierre Drach 4; d'un autre Annuaire al-
lemand de 14845; du Kalendrier des Bergiers de
1488G; du rare Kalendrier publié parVerard(1493),
et dont la Bibliothèque royale possède un magnifique
exemplaire imprimé sur vélin7;des Compostsdes
5 Fischer,loc.cit.,no104.
:
rides.- Driéfve et isagogique introduction sur lajudiciaire
astrologie pour scauoir prognostiquer des choses advenir
par le moyen des dictes Ephémérides auec vn traicté d'al-
cabice nouuellement adjousté, touchant les conionclions en
chascun des douze signes,et deleurprognostications ès ré-
uolution des années Le tout fidèlement et très clèrement
rédigé en langaige françois par ORONCE FINÉ, lecteur,
mathématicien du Roy, en l'uniuersité de Paris. — Paris, de
l'imprimerie de Regnaud Chaudière. 1551. (Biblioth. Roy
Y.2358),
non seulement l'almanach, mais encore le nom dece-
lui-ci. Dans le titre de ses Prognosticationspour 157 i,
il signe Crispin dit Nostradamus. Le très-rare
exemplaire de cetalmanacli1 est de format in-12,
de 3o pages d'impression, et enrichi de fleurons, de
vignettes, delettresbouftones, très-naïves, très-ori-
ginales et grossièrement gravées. On voit en le
lisant que ce Crispin, dans ses prédictions, a voulu
imiter les quatrains de l'astrologue célèbre dont il
avait usurpé le nom.
Revenons maintenant à :notre nouveau prophète.
La guerre entre les partisans et les détracteurs
de Nostradamus ne tarda pas à s'engager. Les faux
astronomes, jaloux du méritedeMichel, protestèrent
contre sescalculs. Les médecins, qui lui en voulaient,
blâmèrent avec ignorance, et sans donner aucune
preuve, l'astrologie et ses partisans. Les philoso-
Nostradamus ,
phes sceptiquess'élevèrent non-seulement contre
mais encore ils se mirent à railler les
prophéties sorties de sa plume. Les poètes — choïc
assez extraordinaire! — entrèrent dans la querelle,
,
Si Nostradamus souleva contre lui un si grand
nombre de critiques de jaloux et d'envieux il
eut aussi le bonheur de s'attacher des hommes de
,
sens, de cœur, d'intelligence et de raison, quile défen-
dirent si bien qu'ils imposèrent silence à la calomnie,
et mirent en grand honneur son nom à la cour de
France. Les gens raisonnables, dit l'auteur ano-
nyme du Testament, regardèrent Nostradamus
comme un de ces hommes privilégiés que la Provi-
dence fait paroître de temps en temps pour avertir
les humains de ce qui leur doit arriver t. »
Henri II et son épouse Catherine de Médicis, ayant
entendu parler très-avantageusement de la science
médicaleetdes connaissances astrologiques du célèbre
médecin de Salon,écrivirent à Claude de Savoie,comte
de Tende, gouverneur de Provence, pour le prier de
décider lui-même Nostradamus à venir à la cour. Le
comte de Tende se tira avec avantage de cette hono-
rablemission ;et le 14 juillet 1556,1enouveau prophète
quittait Salon pour se rendre à Paris. Le 15 du mois
d'août il arriva dans cette ville pendant qu'on y célé-
brait la fête de Notre Dame. Il descendit dans le
;
sa Maiesté luy envoyé cent écus d'or dans une bourse
de velours, et la royne presque autant au moïen de
quoy il n'est plustôt hors de ces violentes douleurs,
que par l'exprès commandement du roy, il prend
chemin de Blois, pour voir les enfans de France
fit
:
ce qu'il très-heureusement. Quant aux honneurs,
despouilles royales, ioyaulx et magnifiques présens
qu'ilreceust de leurs maiestés, des princes, et plus
grands de la cour, l'aime mieux les laisser au bout
de ma plume, que de les dire '.»
On a beaucoup plaisanté sur l'horoscope que Nos- -
tradamus tira aux jeunes princes àBlois. Le fait est
que notre astrologue, dans cette circonstance, dé-
ploya des talens diplomatiques dignes d'un premier
ministre de ce temps-là. Il ne parla pas des dangers
que les jeunes princes devaient courir et que nul
ne pouvait empêcher; cependant il les connais-
sait bien, puisqu'il les aannonces dans ses quatrains.
Interrogé par Henri IIet il
Catherine serenferma
,
dans des généralités qui ne pouvaient le compro-
mettre, ni lui ni sa science et se contenta de ré-
pondre que les trois princes, leurs fils, monteraient
sur le trône. Cette prédiction s'est, en effet, accom-
plie.
C'est à la suite de ce voyage qu'il publia en i558
une nouvelle édition de ses Centuries, augmentée de
plusieurs quatrains, et précédée d'une Lettre adres-
:
sée à Henri II, que nous rapporterons en entier dans
le chapitre troisième attendu qu'elle contient des
prophéties extraordinaires sur les événemens des
trois derniers siècles et sur ceux de l'avenir.
La mort du roi régnant, arrivée en 155g,donna
un nouveau prix aux Centuries de Nostradamus. Lec
courtisans qui connaissaient parfaitement les qua-
trains du médecin de Salon, virent cette mort fu-
:
fut sans lui dire qui j'étois. Je menai seulement avec moi
MM. de Guise et d'Escars ; je les fis passer les premiers l'as.
trologue néanmoins s'adressa d'abord à moi, comme s'il m'elt
jugé le maître des autres. Il me prédit que je serois tué en
duel. Il dit ensuite à M. de Guise qu'il seroit tué par derrière
et à d'Escars, qu'il auroit la tête cassée d'un coup de pied de
cheval. M. de Guise s'offensa quasi de cette prédiction, comme
si on l'eût accusé de devoir fuir. D'Escars ne fut guère plus sa-
tisfait de trouver qu'il devoit finir par un accident si malheu-
reux. Enfin, nous sortîmes ious bien mal contens de l'astrolo-
gue. Je nesçai cequi arrivera àM.de Guise età d'Escars, ajoutz
le roi; mais il n'y a guèred'apparence que je sois tué en duel.
Nous venons de faire la paix, leroi d'Espagne et moi, et quand
nous ne l'aurions pas faite, je doute que nous nous battions,
etque jele fasse appeler, comme le roi mon père fit appe-
ler Charles-Quint. »
Cette anecdote intéressante n'a été rapportée nulle part;
elle se trouve dans la Cçmordance de Guyuaud,pages 88, et
-uivantes.'
Toutes ces calomnies n'empêchèrent pas les
grands dela cour et les gouverneurs des provinces
;
de venir consulter Nostradamus. On arrivait tou-
jours chez lui le sourire à la bouche mais quand
on s'en retournait, on n'avait guère envie de rire :
notre astrologue savait mettre les rieurs à leur pla-
ce, en leur disant de ces vérités que tout le monde
n'aime pas à entendre. Si on lui demandait avec
autorité des renseignemens sur l'avenir, il ne ré-
;
pondait pas si l'on s'adoucissait, il parlait alors ,
mais d'une manière si obscure, si parabolique, que
la plupart des curieux ne comprenait rien.
Quand les interrogateurs lui convenaient, il se
faisait un véritable plaisir de répondre intelligible-
ment. Ainsi, madame de Lesdiguières l'ayant con-
sulté sur l'avenir de son fils, il lui dit, en termes
clairs, que ce jeune homme deviendrait l'un des
!
premiers du royaume. — Et ce descendant des
Lesdiguières fut fait connétable Tronc de Condou-
let, riche bourgeois de Salon, qui fut intimement
lié avec Nostradamus, nous raconte un fait dont il
fut témoin. Un soir, dit-il, Michel, ayant vu le
prince de Béarn, qui était encore enfant, dit à
:
ceux qui en prenaient soin « Ce jeune prince
montera sur le trône de France, et le titre de grand
sera ajouté à son nom. » Les gouverneurs du jeune
Béarnais se mirent à rire et ne voulurent pas croire
à la prédiction de Nostradamus. Ce Béarnais de-
vint, comme chacun le sait, roi de France, sous
le nom d'Henri IV, on, ce qui concorde mieux avec
la prophétie, sons celui d'Henri le Grand!
Une autre fois, Nostradamus, ayant aperçu un
jeune cordelier, nommé Félix Peretti, le salua en
;
mettant un genou en terre ceux qui accompa-
gnaient le moine, surpris de cette déférence, en
demandèrent la raison. — « Parce que, leur répon-
dit l'astrologue, je dois me soumettre et ployer le
genou devant Sa Sainteté. » Les autres cordeliers
haussèrent les épaules et traitèrent le prophète de
fou, de visionnaire. L'avenir, heureusement, ren-
:
dit laconiquement, etsans craindre de blesser lavanité
des autorités de l'endroit « Je ne suis venu en
Provence que pour voir Nostradamus.D Ce dernier,
,
qui se trouvait à la suite des magistrats lui fut
aussitôt présenté. Le roi, le prenant par la main, le
fit monter sur le cheval d'un de ses courtisans, et se
promena dans Salon, Nostradamus à ses côtés. « Ce
gracieux et honorable accueil, observe l'auteur
anonyme du Testament, combla d'une si sensible
joie ce grand homme, qu'alors lui étant venu en pen-
sée l'injurieux traitement qu'il avait reçu de la part
du bas-peuple de ce lieu, il ne put s'empêcher de
*
:
proférer, assez haut, ce reproche contre sa patrie
ingrate 0 ingratapatria ! » 1
,
Le peuple, si mobile dans ses jugemens, changea
tout à coup d'opinion comme si la présence seule
de Charles IX et de Catherine avait eu la puissance
de rendre plus estimable celui qu'il méprisait la veil-
le ! Nostradamus passa alors
pour un homme de gé-
1 ,p. 74.
Le Tçstamcnt de Michel Nostradamus
nie, pour un martyr, pour un révélateur, pour un
dieu! ;
On s'agenouillait devant lui on ne l'oubliait
jamais dans les prières publiques, et, quand il entrait
à l'église, tout le monde se levait et s'inclinait avec
respect. Nous n'avons pas besoin de dire que ses
accusateurs furent chassés de la ville, et que depuis
cette époque on n'osa plus s'élever contre les pro-
phéties de Nostradamus.
toujours le même ! — Pauvre peuple Il!est
Chavigny ,
que quelques amis intimes et dévoués, tels que
Palamèdes et Condoulet. Il voyait bien
sa fin approcher, et en excellent prophète, il écrivit
de sa main même, sur les Ephémérides de Jehan Sta-
dius : hic propè mors est (ma mort n'est pas éloi-
gnée). Jamais, peut-être, il ne prédit si juste car
dix ou douze jours après, son mal s'étant changé
;
en hydropisie, il expira le 2 juillet 1566, âgé de
soixante et deux ans.
surprenante ,
il n'existait plus. Ce qui rend cette mort encore très-
c'est qu'elle a été prédite un an aupa-
ravant par Nostradamus, dans un recueil de Présages
qu'il composait alors. Voici ce fameux quatrain :
De retour d'ambassade, don du roy, mis au lieu,
Plus n'en fera; sera allé à Dieu.
Proches parens, amis, frères du sang,
Trouué tout mort, près du lit et du banc.
le jour. « Il approuuoit ,
quatre ou cinq heures par nuit, et travaillait tout
dit Chavigny dans ses
Coninientaires,les cérémonies de l'Eglise romaine,
et tenoit à la foy et Religion Catholique, hors de
laquelle il asseuroit n'cstre point de salut.)) Les pau-
:
vres trouvaient toujours en lui un père, un soutien,
un ami il donnait aux uns du travail, aux autres
des vêtemens et du pain.
Sa devise, formée des quatre mots suivans : felix
oviiitn prior ætas, semblait regretter les premiers
âges da monde, pendant lesquels les hommes
étaient pasteurs. Ce n'est point par vanité qu'il avait
des armes, mais par gratitude pour la mémoire de
ses aïeux. Son blason était, en nous servant dulan-
gage héraldique, au premier et quatrième, de gueu-
;
les à une roue brisée à huit raies, composée de deux
croix potencées d'argent et au second et troisième,
d'or à une tête d'aigle, de sable.
Outre ses Centuries, Nostradamus a publié d'au-
tres ouvrages très-savans pour l'époque. Le pre-
mier, cité par du Verdier, dans sa Bibliothèque, est
un Opuscule de plusieurs exquises receptes, divisé
tn deux parties et imprimé à Lyon en 1572. Vingt
ans auparavant,parut le Traité des fardenzens, ou
singulière recepte pour entretenir la santé du corps.
:
En i56i il mit au jour Le Remède très vtile contre
la peste et toutes fièvres pestilentielles. Mais l'ou-
vrage qui lui fait le plus d'honneur (quoiqu'il y
ait d'excellentes choses dans ceux que nous venons
de citer), c'est la Paraphrase de Galien sur l'exhor-
tation de Ménodote à l'étude de la médecine, im-
primé à Lyon en 1557, chez Antoine du Rhosne.
Les traités précédens sur les senteurs et les far-
demens ont été réimprimés et publiés par le jeune
Nostradamus, après la mort de son père. Cet ou-
vrage complet est excessivement curieux, puis-
qu'aucun historien ou biographe n'en fait mention.
Nous avons eule bonheur de le découvrir à la Biblio-
thèque de Sainte-Geneviève, mêlé à d'ancienstraités
de médecine. Il a pour titre Bastiment de plu-
:
sieursréceptes ', et manque dans toutes les bibliothè-
ques publiques il n'est même point porté sur les
catalogues de la Bibliothèquehistorique de la
France, ni sur ceux de la Bibliothèque royale.
Ce Traité, comme on le voit par la lettre du pu-
hllcateur, est dédié « à très vertueuse et très haulte
dame, madame Renée d'Espinay, dame de Hugue-
ville. » Nous trouvons dans cette épître dédica-
toire et louangeuse, comme le sont toutes ces sortes
de pièces, des passages qui indiquent assez que cet
ouvrage a été composé par Michel et ensuite revu,
corrigé et publié de nouveau, par Nostradamus le
jeune. « Si est-ce qu'vne folle hardiesse, dit l'auteur
:
senteurs et lauemens pour l'embellissement de la face, et
conseruation du corps en son entier Aussi de plusieurs
confitures liquides, et aultres receptes secrètes et désirées,
non encores veues. — De l'imprimerie de Guillaume do Ny-
verd, imprimeur ordinaire du Roy, et libraire à Paris, tenant sa
boutique en la Cour du Palais.
L'exemplaire de la Bibliothèque Sainte-Geneviève, que nous
avons entre les mains, et qui est porté au T. 2, 1515, est
de format in-8, et sans date. Peut-être l'époque de son im-
pression était-t-elle à la fin du volume; malheureusement les
trois dernières pages de cet exemplaire ont été enlevées!
Nous avons déjà eu occasion de parler de ce précieux vo-
lume dans ce chapitre, à propos de la peste d'Aix, et des
poudres anti-pestilentielles de Nostradamus.
Je l'Epitrc, de me porter plus familièrement à vous
rendre deuoir, m'a persuadé de vous faire présent
de ces deux opuscules, iadis composez par nostre
prédécesseur maistre Michel de Notre Dame, excel-
lent astrologien et médecin. »
Lameilleure aralyse que nous puissions faire de
ce Traité, qui eut dès son apparition un si grand
succès, c'est de citer quelques phrases de l'épître
dédicatoire :
« Le premier liurc, dit le publicateur, contient la
manière de distiller eaux de senteurs, et de faire par-
fums odoriférans, vrays antidotes, et préserriatifs
pour corriger les mauluaises senteurs et puanteurs
d'alemes qui s'acquièrent par lès grants excès que
nous faisons iournellement. D'avantage enseigne les
moïens par lesquels aysément et parfaictement on
pourra embellir le visage humain et iceluy longue-
ment conseruer en vn tel estât. Le second liure
nous apprend et enseigne à faire toutes sortes de
confitures liquides, et ce auee telle dextérité et
promptitude que toutes personnes de gentil esprit,
curieux d'en faire expénence, n'en rapporteront,
t
moins d'utliré et profit que de récréation e plaisir.»
En faisant des recherches à ce sujet, nous avons
découvert sur les catalogues de la Bibliothèque
Royale une grande curiosité bibliographique. Nous
voulons parler du Vray et parfaict embellissement
de la face, par Michel Nostradamus, in-8°, 1552,
et porté à la lettre T. n° 3815. Nous avons vaine-
ment interrogé la placevide laissée par ce petit volu-
nie:
l'un
personne ne nous a répondu. M. Lenormant,
des savans conservateurs de la Bibliothèque, a
cherché lui-même ce précieux ouvrage, et il n'a
rien trouve. Peut-être, etcelaestalffigeant d ire,à
ce livre a-t-il été volé!.
Pour terminer ce chapitre, nous allons donner
les divers jugemens portés par une foule d'écrivains,
d'opinions opposées et de doctrines différentes, sur la
vie et les écrits de Nostradamus. Ces jugemens, qui
gisent épars dans des volumes isolés, la plupart fort
rares, se trouveront pour la première fois réunis dans
un seul et même ouvrage. Comme nous voulons
toujours agir avec la plus grande impartialité, nous
citerons les auteilrs qui ont blâmé et ceux qui ont
loué, d'une manièreabsolue, les prophéties de Nos-
tradamus, et nous laisserons nos lecteurs seuls juges
de la lutte qui va s'engager. — Nous commençons
par les détracteurs.
L'Hospital;
de Lesdiguières, de Créqui, et du maréchal de
il écrivit une insipide apologie publiée
en 1566, et ayant pour titre Histoire du dilc de
Lesdiguières.
Dans sa Déclaration des abus, il semble que
Laurens Videl avait quelques griefs contre Nostra-
damus; car il ne parle point de ses prophéties, mais
seulement de la « faulse » science du médecin de
Salon. Il prétend que ce célèbre astrologue igno-
rait entièrement l'astrologie, et que son ouvrage
« luy seruira de guide pour le conduire au droit
chemin de vérité s'il veut faire prédictions on alma-
nachz. a A part la prétention, nous verrons bi
JI. Laurens Videl avait raison d'écrire ainsi.
mus :
ces deux astrologues, ce n'était certes pas Nostrada-
! Mais continuons Laurens, pour prouver clai-
rement que son adversaire ne sait pas calculer, l'ap-
pelle galeux, roigneux, pauvre sot, ignare, gros
aSile et grosse beste. Ces expressions très-petl conve-
nables donnent une idée de cette discussion scien-
-
tifique. Mais comment les gens de lettres ou les
artistes (nous ne parlons pas des députés de ce
temps-là), devaient-ils discuter si les savans se
disaient de pareilles injures?.
a
Ce qu'il y de fort curieux, c'est que M. Laurens
:
Vidcl répète à chaque page « Si je te vouloisdé-
montrer tous tes abus, il te faudroit réduire tous
lesalmanachs et présages qui sont pleins d'erreurs., »
et qu'il ne démontre jamais rien.
: -
Plus loin il fait dire à Nostradamus ce que ce der-
nier n'a jamais pensé « Tu avances que l'an 1555
sera la renouation des siècles.» Est-ce que Nostra-
damus a écrit cela?. Il a bien parlé de rénovation
de siècle, mais en 1792, comme on le peutvoir
dans sa Lettre à Henri II dont nous avons fait men-
iion, et qui se trouve textuellement rapportée dans
le chapitre troisième de notre ouvrage.
Non content de l'injurier, Videl attaque sa science
médicale. Selon lui il n'était pas un bon médecin,
attendu qu'une femme se plaignit un jour de ses
?
recettes. Qu'est-ce que cela prouve — Rien ou à
peu près; car on peut être un très-bon médecin et
ne pas satisfaire tout le monde. Ensuite la réputation
de Nostradamus, comme docteur, était assez bien
établie, pour ne pas craindre les attaques de M. Lau-
rens Videl.
Ce pauvre critique le chicane encore sur la durée
du monde, comme si l'un et l'autre, —tout bons as-
trologues qu'ils pouvaient être, — entendaient quel-
:
que chose en pareille matière; puis il termine par des
banalités comme celle-ci « Mais quand tu voudrai
retourner faire des prophéties, il te faudra prendre
bonne quantité de semence de lin, auec racine d'al-
the afin d'en faire parfum et ramollir ton cerueau ;
car il est trop dur. »
A force de vouloir paraître savant, ce malheu-
reux Laurens Videl tombe dans l'ignorance la plus
ridicule. Pour apprendre à ses rares lecteurs qu'il
Passons à un autre.
voici : !
s'écrie, animé d'un ridicule enthousiame : « Nostra-
damus n'est point un prophète »— Et la preuve, la
J'entends par prophète un homme qui an-
«
!
noncer aux hommes ce qu'il jugeoit à propos de leur
révéler.. — Très-bien Nous nous entendons
:
àmerveille. Une chose cependant nous afflige vous
vous défendez fort mal. Vous nous dites ingénue-
ment que la fonction de prophète n'a été accordé
qu'à quelques hommes extraordinaires.Nous savons
parfaitement cela! Mais prouvez-nous donc que
Nostradamus n'est pas un de ces hommes extraor-
dinaires envoyés de lapart de Dieu; alors nous se-
rons de votre avis. Jusque-là permettez-nous d'être
du nôtre.
Nos lecteurs croiront peut-être, en voyant les ex-
traits que nous donnons de cette insignifiante attaque,
que nous prenons plaisir à dénaturer toutes les phra-
ses et à citer les passages qui peuvent le plIS
:
compromettre l'auteur anonyme de cette critique.
Qu'ils se rassurent nous citons fidèlement et sans
rien changer au texte.
Voici la phrase qui suit immédiatement celle
rapportée plus haut; elle est excessivement curieuse
en ce sens qu'elle détruit la théorie de son auteur:
« Le don de prophétie est un don de Dieu (comme
tous les dons que l'homme possède; nous savons cela ),
qui ne s'accorde qu'à bien peu de gens, pour de
grandes raisons et pour prédire des faits très-intérêt
sans, comme étoient dans l'ancienne loi, le retour
,
de la captivité de Babylone, le rétablissement du
temple les quatre grandes monarchies, les cir-
constances de la vie et de la mort du Messie. » —
Mais encore une fois dites-nous donc pourquoi Nos-
tradamus n'aurait pu être doué du don de prophé-
tie? Est-ce quesesprédictions ne sont pas très-inté-
ressantes, puisqu'elles ont annoncé au milieu du
seizième siècle ce qui s'est réalisé au dix-septième,
au dix-huitième, au dix-neuvième siècle, et même
ce qui doit arriver dans les siècles sui vans :
quant à ces derniers événemens, nous aurons le
bon esprit de n'en point parler. — Eh mon Dieu!
,
est-ce que la mort de Henri IT, la régence de Ca-
therine de Médicis, le complot d'Amboise la con-
spiration de Lyon, le massacre de la Saint-Bar-
thélemy, l'assassinat du duc de Guise, la révolution
de 1789, l'arrestation de Louis XVI à Varennes, la
venue de Napoléon,etc.,etc.,etc.,annoncés en i555
et en i558 dans les Centuries de Nostradamus, ne
sont pas des prophéties aussi intéressantes quecelles
de la captivité de Babylone, du rétablissement du
:
templeet des quatre grandes monarchies?. De deux
choses l'une ou les anciens prophètes hébreux
étaient de véritables prophètes, ou ils ne l'étaient
pas. Comme l'auteur de cette lettre est forcé d'ad-
mettre ( et comment le nier ) qu'ils possédaient ré-
ellement le don de prophétie, puisque ce qu'ils ont
annoncé est arrivé, nous sommes obligés, logique-
ment parlant, de considérer Nostradamus comme un
excellent prophète, puisque tous les événemens pré-
dits dans ses Centuries se sont aussi parfaitement
réalisés. Cela est assez clair.
Nostradamus avoue lui-même quecertaines orga-
nisations privilégiées possèdent le don de prédire,
non-seulement par l'astrologie, mais encore à l'aide
; ,
qui prédit par la doctrine des astres et prophétisepar
inspiréerévélation laquelle est vne certaine partici-
pation à la diuine éternité moyennant le prophète
vient à iuger decela que son esprit diuin luy a donné
:
par le moien de Dieu le créateur et par vne natu-
relle instigation c'est à sçauoir que ce que pré-
dit est vray et a pris son origine ethéerement 1.a
,
Nous pouvons encore répondre, par les textes
sacrés à cet auteur anonyme qui se dit chrétien
car nous voulons réfuter complètement ce prétendu
;
réfutateur de Nostradamus. Il est si difficile de réha-
biliter un malheureux condamnéinjustement! Ecou-
«
,, ,
tez à ce sujet un des défenseurs de notre astrologue
En matière de médisance dit Guynaud
:
qui va-
:
lait bien ceux qui l'ont critiqué il en est comme de
la morsure d'un chien on en guérit bien la plaie,
mais la cicatrice reste toujoursi. »
L'auteur de la lettre du Mercure a en véritable-
ment du malheur dans ses critiques ; et nous som-
mes surpris que les apologistes de Nostradamus ne
l'aient point critiqué avant nous. Ainsi il prétend
que notre prophète ne pouvait posséder le fameux
don que Dieu accorde à bien peu de gens pour
prédire des faits intéressans. Eh bien! nous allons
citer certains passages des Pères de l'Eglise, qui met-
tront à jour l'ignorance de cet écrivain. On peut
très-bien ignorer la théologie, mais alors on n'amène
,
pas la discussion sur ce terrain.
Saint Thomas dont on ne soupçonnera pas l'or-
thodoxie dit que le don de prophétie a été aussi
,
;
fruit et depuis sa mort on n'a vérifié aucun des
,
l'ordre etla mission de Dieu. Poursuivons. — « Il
a parlé, reprend notre auteur, sans nécessité sans
:
d'ardeur, sa singulière réfutation. Le voici, s'empa-
rant de la seconde question ainsi conçue « Qu'a
:
voulu dire Nostradamus par ses prophéties?)) et la
réfutant de la manière suivante « La seconde rece-
vrait encore moins de difficulté si on s'en tenoit au
:
jugement que Verdier Vauprivas a porté de notre
provençal Michel Nostradamus, écrit ce Verdier, a
fait dix centuries de prophéties par quatrains qui
n'ontsens,rime, ni langage qui vaille.»-En vérité.,
voilà une fameuse preuve ! Parce qu'un contem-
porain de Nostradamus a avancé que ce prophète
était fou, est-ce à dire qu'il le fût réellement? En-
suite, a-t-ilbien compris ceque notre astrologue te-
nait à rendre énigmatique ? -! Mais tous les grands
hommes ont été accusés de folie Galilée, Christophe
Colomb, Bernard de Palissy et tant d'autres réfor-
mateurs de la science, ontpassé dans leurtemps pour
(es fous! -Heureux fous, qui ont fait, comme l'a
dit un de nos poètes, le bonheur du genre humain !
0 Monsieur le correspondant du Mercure de France,
vous savez bien mal attaquer les gens!
:
mus, publiés en 1555, annonçaient des événemens,
qui sont arrivés plus tard voilà tout.
Le P. Mênestrier, qui s'était toujours renfermé
dans de justes limites, s'égare maintenantetsemet à
juger la facture des vers de Nostradamus. Suivant
lui, les quatrains du médecin de Salon ressemblent
«
à des chansons du Pont-Neuf. » Eh bien! nous
,
admettrons encore cela. Mais ce n'était pas la forme
qu'ildevait critiquer, c'était le fond la pensée , les
prophéties,en un mot, que ces vers renferment.'
On a toujours, nous le voyons, peu de bonheur à
—
attaquer une bonne cause !
Plus loin, il réfute notre astrologue en disant :
«
Nostradamus n'étoit ni un saint, ni
qui fit profession d'une vie contemplative
un médecin, un »
judiciaire. Nous
un
;
savons
solitaire
c'étoit
i
cela
Nous savons aussi que, par l'astrologie, il prédit des
choses extraordinaires. L'astrologie est donc une
science ? Nous nous garderons bien de nous pro-
noncer sur cette question, attendu que nous ne som-
mes point astrologue. Seulement, si aujourd'hui un
de ces savans nous prédisait ce qui arrivera dans dix
ans, qu'il nous précisât bien l'année, le mois et le
jour, et que l'événement se réalisât comme il nous
l'aurait prédit, nous serions bien forcé de croire
qu'on arrive à des résultats surprenans par l'as-
trologie judiciaire. — Voilà notre profession de
foi, et nous pensons qu'elle est celle de bien des
gens.
, :
prophéties, dans un Opuscule très-rare et parfai-
tement inconnu intitulé Imposturesd'impiétés
Ce président,nommé de La Lovete, jouit peut-être
;
il a été omis par tous les biographes anciensou mo-
dernes aussi pour ne rien trouver sur sa vie, nous
nous sommes donné, nous vous prions de le croire ,
une peine infinie.
Dans l'épitre dédicatoire, l'auteur commence par
s'élever contre ceux qui veulent tout approfondir.
Nous sommes resté convaincu, après avoir lu cet
ouvrage, que le président de La Lovete avait ses
raisons pour parler ainsi.
Auchapitre III, intitulé De l'Expérience que met-
:
,
tent en auant les Planétaires, il dit « Quant aux
autres choses terrestres quelle asseurance et fonde-
ment peuvent-ils prendre en leur école d'expérience,
quand ils voyent la main et décret de Dieu résister
aux inuentions et enseignemens d'influences et con-
trouuées propriétez qu'ils donnent aux astres,
sans auoir aucune règle, certitude, précepte et en-
seignement? » Il paraît que M. de LaLovete n'avait
;
lu ni Turrel, ni Roussat, ni Nostradamus quand il a
écrit ce que nous venons de rapporter car, sans cela,
,
il aurait vy. que les renseignemens donnés par ces as-
trologues touchant la révolution de mil sept cent
cctante neuf et de mil sept cent nonante deux, sont
assez certains, et que les dates sont assez positives.
M. de La Lovete, ne comprenant pas comment
les prophètes par l'astrologie peuvent interpréter
les mouvemens des astres, avoue que ces interpréta-
tions sont « faulses et erronées w , — Pourquoi
cela donc?. Parce que vous ne les comprenez
pas ? — Ceci vaut mieux eue le reste!
I/auteur conclut en disant : « Tenons aucdegrand
philosophe Plotine, que rien ne peut aduenir aux
hommes par la force et vertu de cors célestes. »-
Mais quenous faitànous le témoignage de cephiloso-
phe,si les prédictions par laforce etvéritédes cors cé.
lestes sont justes? Il y a quelque chose, voyez-vous,
de plus fort que les plus belles théories du monde :
ce sont les faits; et une prophétie qui se réalise est
un fait.
pourquoi :«
,
ciaire, publiée en 1689, porte un singulierjugement
sur Nostradamus. Il l'appelle on ne sait vraiment
diseur de riens, en termes obscurs ». —o
Nousverrons plus loin que ces riens valaient quelque
chose, et qu'ils étaient exprimés en termes assez
clairs.
,
de sa baguette, et en même temps, le cheval sur le-
quel il étoit monté, étant fait à cela lui porta un si
rude coup de pied dans le ventre, qu'il le tua sur
la place. »
Ceci est affirmé par M. Bordelon; malheureuse-
: ,
ment pour lui, il ne dit pas la vérité. Le jeune
César dont il parle, avait, à cette époque soixante-
quatorze ans environ ce qui peut passer pour un
anachronisme. C'est Michel, le jeune, qui mourut
ainsi, et non César Nostradamus. Il est vrai que
Poussin ;
Michel fut écrasé par un cheval, après la prise du
mais, M. Bordelon en conviendra avec
nous t ce malheur peut arriver à tout le monde ,
aux astrologues et même à ceux qui ne le sont
pas. Ce que nous nous permettrons de contester ici ;
,
c'estlarare intelligence du cheval de Saint-Luc. Au
reste en lisant attentivement, comme nous l'avons
fait, les auteurs qui rapportent cette anecdote, tels
que Leclerc dans la Bibliothèque de Richelet, Lamo-
the-Le-V ayer dans son Discours sur l'éducation du
dauphin, on pourra se convaincre que M. Bordelon,
un des détracteurs de Nostradamus, a imité beaucoup
:
plus qu'il ne le devait ceux qu'il avait la préten
tion d'attaquer — les faux prophètes.
Maintenant, jugeons un peu celui qui se permet-
'.ait de juger si sévèrement notre astrologue.
Bordelon était docteur en théologie et auteur
dramatique. Il savait parfaitement s'apprécier en
disant que ses ouvrages étaient ses péchés mortels.
:
Une dame qui l'écoutait, lui répondit un jour « et
dont le public fait pénitence. » Tous les biographes
s'accordent à dire que ses livres ne valent rien.
!
Voici comment on juge la plupart des antagonistes
de Nostradamus Ne voulant influencer personne
nous prendrons la liberté de renvoyer nos lecteurs
,
aux productions dramatiques du docteur Bordelon :
au Malade en belle humeur,. aux Aventures incroya-
blesou croyablesettoutefois et cætera; aux Ima-
;
ginations extravagantes de M. Ou/le à l'Homme
prodigiuxtransporté dans l'air, sur la terre et
;
sous les eaux aux Cheminées de Paris, et enfin aux
Nouveautés dédiées aux différens états, depuis la
lancejiisqit-'aizserptre.- En indiquant ici les ouvra-
ges dramatiques de feu M. Bordelon, c'est peut-
être le plus mauvais tour que nous puissions jouer
à leur auteur.
,
cle, le disciple de Bacon, le digne ami de Galilée et
de Kepler le précurseur de Locke et de Newton,
l'auteur des Exerciiadoncsparadoxicce adversi'ts
;
Aristotelcm du De motu impresso à motore transla-
ta,et deVlnstitutio astronomica, etc.,etc., n'a pas
non plus épargné Nostradamus. Cela se conçoit : il
ne croyait à rien, pas même à la mort. Prêt à rendre
le dernier soupir, il dit à ceux qui l'entouraient.
« J'aurai bientôt éclairci un grand DOUTE. » — Au
tome II de sa Météorologie, il traite notre prophète
d'ignorant, et s'en tient là. On conviendra avec
nous que Gassendi aurait dû prouver ce qu'il ne
craignait pas d'avancer et de soutenir.
1 ArnaliumBaroniicontinuatio ab anno1127,adan.1622.
Paris, 1639; 2 volumes in-folio. — Cette continuation a été
aussi refaite par Frizon, savant historien, à qui nous devons la
meilleure édition des œuvres de Sponde.
astrologue était un rêveur
autrement de lui!
; peut-être pensait-il
,
mancien de nostre âge (Nostradamus), caquetant
m sa rime sur l'arriuée, les progrez et décadence
de ceux qui alloient boire dans le lac de Genève. »
,
Certaines publications philosophiques telles que
la grande Encyclopédie in-folio, le Dictionnaire de
Bayle, et YEncyclopédie moderne de Courtin, n'ont
point parlé de Noslradamus. Elles craignaient, sans
iloute, de secompromettre! — Le grand Dictionnaire
historique de Moreri la Biographie Universelle de
,
Micbaud et le Dictionnaire de Felleront agi avec
pusd'impartialité et de bonne foi. Ils ont fait une
witique peu bienveillante, c'est vrai, des pro-
phéties de Nostradamus, mais au moins, ils ne les ont
point passées sous silence.
Le Dictionnaire de la Conversation publication
moderne, dont le dernier volume a paru il n'y a pas
fort long-temps, a blâmé, ou pour mieux dire, a in-
(
sulté comme un encyclopédiste n'aurait osé le faire)
Nostradamus et ses laborieux travaux. Libre à tout
écrivain d'attaquer; mais il faut que ses attaques
soient dirigées par la conscience, et dans le seul but
de détruire l'erreur et de chercher la vérité.—L'au-
teur de cette biographie a agi avec tant de mauvaise
foi, qu'il n'a pas osé signer son article, surtout dans
un recueil où tous les articles sont signés ! Il se
contente de dire que Nostradamus est un charlatan,
et ne donne aucune preuve à l'appui de son asser-
tion. Comment l'aurait-il pu, puisqu'en par-
courant son article, on voit qu'il n'a jamais lu ni
les Centuries de Nostradamus, ni les apologies, ni les
satires faites sur cet ouvrage, niles auteurs contem-
porains, ni les historiens de Provence, ni les vieilles
chroniques, ni rien enfin, que l'article de la Biogra-
phie Universelle, qu'il a copié en le réduisant et en
le commentant d'une manière défavorable?- Fiez-
vous donc, après cela, aux renseignemens donnés
par les rédacteurs des encyclopédies modernes !
Cet auteur n'a pas même eu le honteux courage
de défigurer les textes. Aussi est-il forcé d'annoncef
que «Nostradamus reçutune pension de la villed'Aix,
pour l'avoir secourue dans un temps de contagion ».
0:', nons le demandons hautement un homme qui
,
se dévoue pour sauver d'autres hommes, et qui con*
sent, au péril de ses jours, à soigner des pestiférés,
peut-il être accusé de charlatanisme, par un écri-
?.
,
vain qui n'ose seulement pas signer ce qu'il écrit
Si Nostradamus fut un charlatan ainsi que vous
osez le dire, comment se fait-il alors que Jules-César
Scaliger devint son ami? Et c'est encore vous qui
!
êtes forcé d'avouer cela Nous savons bien qu'il vous
était impossible d'écrire le contraire, attendu que les
faits existent, et que ni vous ni d'autres ne pouvez
les détruire. Remarquez donc ensuite que nous
n'attacherions aucune importance à cette amitié, si
Scaliger eût été un écrivain obscur., comme tant
connu
(
,
d'autres que nous pourrions nommer, un savant mé-
un génie délaissé. Mais César Scaliger était
)
vous devez le savoir un des hommes les plus
célèbres du seizième siècle. Saliger excellait dans
,
les sciences positives et les travaux d'imagination
dans la médecine
;
la botanique, la philosophie, la
grammaire, la critique et la poésie! — Le judicieux
De Thou disait de Scaliger « qu'il n'y avoit pas dans
»
l'antiquité un homme qui lui fût supérieur ; et Juste
Lipse le plaçait « au même rang qu'Homère, Hippo-
-
crate et Aristote))! Voilà quel fut l'amiintime du
charlatan Nostradamus!
Le même rédacteur, en parlant des Centuries, dit
;
a qu'elles sont d'une obscurité impénétrable. »
Pour lui, c'est possible mais elles ne sont pas im-
-
pénétrables pour tout le monde. — Si cet En-
cjclopédiste veut bien se donner la peine de nous
suivre jusqu'à la fin de ce volume, il verra qu'on
peut très-bienlespénétrer. Pour cela, il faut leï
lire attentivement, et le compilateur de l'article Nos-
tradamus dans le Dictionnaire de la Conversation
ne les a probablement jamais VUES.
Bouche,
grande différence entre eux.
,
après avoir parlé dans son Histoire do
Provence' , de l'honnêteté et de la science de la fâ-
t.
1Essai sur l'histoire de Provence, par Bouche; 2 vol.
in-40. Marseille, 1785. T. il, p. 68 et 69.
; :
mille de Nostradamus, ajoute « Cependant il faut
tout dire il y a quelques prophéties de cet astrolo-
;
Nostradamus. Aimé de Chavigny fit d'excellentes
études il devint, à l'âge de 3o ans, docteur en droit
et en théologie. Celui qui l'engagea à étudier l'as-
trologie judiciaire fut son ami, le célèbre Jean Do-
Il
rat, savant professeur de langue grecque. abandonna
son pays, ses travaux et la position brillante qu'il
s'était faite dans le monde, pour étudier les calculs
astrologiques, sous les ordres de l'illustre médecin de
Salon. On dit qu'il passa vingt-huit ans de sa vie à
acquérir quelques connaissances en cette science, et
que lorsqu'il mourut, en 1604, âgé de plus de 80 ans,
il était encore loin d'égaler son maître.
Dans son Janusfrançois, il porte le jugement sni-
a
vant surNostradamus. M. Michel de Nostradamus,
,
de nation prouençale, personnage bien lettré et qui
pour son sçaltoir, bonnes mœurs et sainctetc devie
;
a esté congneu, fauorisé et honoré de trois roys et
de nostre temps a esté excité et choisi par la bénig-
mens qui nous estoyent proches, les connersions des)
empires et royaumes, le renouuellement des siècles,
»
les guerres, les famines, les pestilences. — Nous
devons ajouter queChavigny était, pour son époque,
un mathématicientrès-distingué.
Un poète proyençal, nommé Ozier, compatriote et
contemporain de Nostradamus, voulant 100er le poète
,
Pierre Paul sur son livre intitulé La Barbouillade,
imprimé à Aix en 1595, parle de tous les grands
hommes nés à Salon, dans un quatrain fort original,
que nous nous empressons de publier.
,
Nos lecteurs comprendront facilement, sans tra-
duction ce curieux quatrain du seizième siècle,
écrit en langue méridionale.
:
Voilà Nostradamus sa vie, ses succès, ses travaux,
et les divers jugemens portés sur ses écrits.
!.
Voilà l'homme qui est resté, pendant trois siècles,
inconnu et méprisé
il.
PROPHÈTES
ET
PROPHÉTIES.
S p.
INTRODUCTION.
!
dissertation philosophique et historique sur les pro-
phètes et les prophéties Mais qui est-ce qui croit
aujourd'hui à ces sortes de superstitions? comme
disent certains esprits forts, dont le mérite con-
siste à ne rien savoir et à douter de tout. Des pro-
phéties? — Il n'y en a point de réalisables! Des
—
prophètes ? — Il n'yen a jamais eu. Comment pou-
!l,
vez-vous croire, (pauvres intelligences vulgaires 1
que des hommes, quivoussont égaux devant la
loi,
puissent prédire ce que vous-mêmes ne pouvez com-
prendre?. — Où irions-nous, bon Dieu! s'il fallait
attacher de l'importance aux prophètes et aux pro-
phe'ties?
Voilà le langage que vous tiendront certainement
;
les hommes qui se croient forts, supérieurs et im-
partiaux. Ils riront de votre faiblesse ils vous accu-
seront de suivre une fausse route ; ils vous traite-
ront de fous, de visionnaires, d'illuminés, d'igno-
rans, de superstitieux.
,
que ce profond politique, qui n'était certes pas su-
:
perstitieux disait dans son Discours sur Tite-Live,
;
à propos de prophéties « Je ne saurois en donner
la raison mais c'est un fait attesté par toute l'his-
toire ancienne et moderne, que jamais il n'est arrivé
,
de grand malheur dans une ville ou dans une pro-
vince qui n'ait été prédit par quelques devins, oc
annoncé par des révélations, des prodigesou autres
signes célestes. Il seroit fort à désirer que la cause eu
fût discutée par des hommes instruits dans les choses
naturelles et surnaturelles, avantage que je n'ai point.
,
Il peut se faire que notre atmosphère étant, comme
l'ont cru certains philosophes habitée par une foule
d'esprits qui prévoient les choses futures par les loi:
mêmes de leur nature, ces intelligences; qui ont
pitié des hommes, les avertissent par ces sortes de
signes, afin qu'ils puissent se tenir sur leurs gardes.
Quoi qu'il en soit, le fait est certain, et toujours,
après ces annonces, on voit arriver des choses nou-
velles et extraordinaires 1. »
penseurs :
avec M. Charles Nodier, le plus spirituel de tous les
;
« Ce sont là certainement de très-gran-
des pauvretés de l'esprit humain mais il est diffi-
cile de se défendre de l'intérêt de curiosité qu'elles
excitent, quand le hasard fait concourir la prédic-
tion d'un charlatan avec l'histoire, et, qui mieax est,
avec la
vérité.2 » — Il est impossibled'êtreplus cir-
conspect et plus adroit que ne l'a été ici l'auteur de
Jean SbogarcX du Roi de Bohêhic.
Mais le plus grand philosophe religieux da dix-
neuvième siècle, l'écrivain le plus profond des temps
modernes, M. le comte Joseph de Maistre, n'a-t-il
,
laisser parler l'homme comme il voulait, suivant les
idées régnantes à telle ou telle époque et tantôt de
cacher, sous des formes en apparence simples et
quelquefois grossières, de hauts mystères qui ne
;
sont pas faits pour tous les yeux or, dans les deux
,
suppositions, quel mal y a-t-il donc à creuser ces
abîmes de la grâce et de la bonté divine comme on
creuse la terre pour en tirer de l'or ou des diamans?
;
Plus que jamais nous devons nous occuper de ces
,
iiautes spéculations car il faut nous tenir prêts pour
an événement immense dans l'ordre divin vers le-
quel nous marchons avec une vitesse accélérée, et qui
:
doit frapper tous les observateurs. Il n'y a plus de
religion sur la terre le genre humain ne peut de-
meurer dans cet état. Des oracles redoutables an-
noncent d'ailleurs que les temps sont arrivés. L'u-
nivers est dans l'attente. Comment mépriserions-
nous cette grande persuasion, et de quel droit con-
,
damnerions-nous les hommes qui, avertis par ces
signes divins se livrent à de saintes recherches '? »
, ,
Mais il reste toujours, au milieu même de ces so-
ciétés positives sceptiques et philosophiques des
hommes qui ont pour mission de faire revivre les
anciens systèmes religieux, ou, pour mieux dire, de
,
ramener l'espoir et la foi parmi les peuples. On ne
voudra sans doute pas nous croire et l'auteur qui a
, ,
écrit les lignes suivantes restera peut-être incrédule,
quand nous dirons que M. Pagès de l'Ariége est
un de ces hommes, etqu'il a accompli, comme M.le
comte de Maistre, une noble tâche en traçant, dans
le Dictionnaire de la Conversation, un tableau
Ires-lidèle des croyances de notre époque, et en
Romains:
les comparant à celles de l'ère philosophique des
«
Jamais, dit-il, l'esprit humain n'a ré-
Cicéron,
offrit une époque aussi déplorable. De Lucrèce à
la reine du monde perdit sa foi religieuse;
:
que les dieux s'en allèrent, puis la liberté
la gloire, puis la nationalité un tyran et des
,
de Marius à César, le peuple-roi perdit sa foi politi-
; puis
de l'intelligencehumaine :
qui avait détruit la religion. Ici éclate l'impuissance
la philosophie ne put
tenir lieu dupolythéisme (la plus misérable des re-
,
ligions) ; et le monde vécut d'incrédulité, de despo-
tisme et de servitude jusqu'au jour où la parole dn
Christ vint rattacher la terre au ciel. Nous tendons
vers une pareille décrépitude, ajoute notre judicieux
auteur, et un autre Christ ne saurait venir rajeunir
l'univers et consoler l'humanité. 1 » — Changeons
les époques, les noms du peuple et de la religion et
nous aurons un excellent tableau de l'incrédulité
,
philosophique de notre siècle.
,
arri vé, quand au seizièmesiècle, des hommes, au nom
de la liberté osèrent combattre l'autorité suprême
de l'Église et du trône, du Pape et du Roi?.—
Chez les Pomains, Ipsinstitutions religieuses s'en
allèrent avant les institutions politiques; chez nous,
la chute de la foi précéda celle de la féodalité. La
liberté illimitée, ou plutôt cette lutte acharnée des
du
,
petits contre les grands, peuple contre la no-
blesse et le clergé amena chez les deux nations
Yexamenquiengendra l'analyse et la défiance,
plus tard, la dissolution et la fin des deux sociétés.
Les imprudens voulaient construire un nouvel
—
, ,
Après Luther,après la personnification vivante de
la protestation viennent Spinosa Hobbes Collins
,
,
et Tolland , qui poussent la vieille et sainte autorité
de l'Eglise catholique vers la licence la servitude,
le désordre et la (légation de l'infini. —Montaigne ,
Rabelais et LamoLhe-le-Vayer préparent, par le
ridicule et le raisonnement, le terrain sur lequel
,
s'implantèrent les hardis philosophes du dix-hui-
tième siècle les Voltaire, les Rousseau, les Dide-
rot, les d'Alembert, les Boulanger, les Helvetius
les Volney et les Dupuis.
Comme on doit le penser, le passé religieux
fut honni et méprisé. On se fit un devoir de douter
, ;
de ce qui n'était point matériel, ni susceptible
d'être raisonné alambiqué,analysé et l'on rejeta
pas,
,
loin du monde les prophètes et les prophéties.—
Nous craignons ta le ridicule que nous n'osons
à quelques exceptions près, braver les préju-
!
gés qui nous lient Si quelques hommes sortent de
la voieconariune, des habitudes de leur époque,
,
et rendent justice à un passé qu'on dédaigne vite
on leur jette la pierre en les traitant d'ignorans et
! !
de fous — 0 mon Dieu et c'est l'analyse etl'exa-
men qui nous ont conduits là!
Cet élan donné par les hommes supérieurs des
seizième et dix-septième siècles, eut un retentis-
sement effrayant. Les théovies protestantes, en des-
; ,
cendant dans les masses passèrent vite à la prati-
que et la Révolution française réalisa ce qu'avaient
prêché Luther, Calvin et le philosophe de Ferney.
Qui donc alors se serait avisé de croire à la foi de
nos pères ou de regretter le passé, quand l'éloquence
de Mirabeau soutenait les plus habiles paradoxes,
et que la guillotine de Robespierre mettait à l'in-
dex tous ceux qui ne savaient point se conformer
aux nouvelles idées républicaines !
Le sophisme, l'erreur, le mensonge furent à l'or-
,
dre du jour. On détruisit la hiérarchie et l'on inventa
l'Égalité, mot superbe mais vide et creux, qui n'a
pas encore pu trouver son application, dans les so-
ciétés modernes, heureusement pour les hommes de
talent et de génie. La foi religieuse étant tombée,
la foi politique, (qui ne vécut qu'un seul jour,
,
celui de la fédération) tomba aussi; et la défiance
entra dans tous les cœurs. Le peuple qu'on voulait
rendre libre,n'eut plus même la liberté de penser
comme il le voulait, et de développer saintement les
facultés qu'il avait reçues de Dieu. En revanche, il
pouvait se tuer ou mourir de faim. — Belle perspec-
!
tive, en vérité
nimée, ,
et déplorable science. Lascience, froide et ina-
manque de sentiment, d'âme en un mot,
seule puissance humaine qui rattache la terre au ciel.
Aussi est-il curieux de la voir, armée de l'erreur
pénétrer dans ce champ sans limite du croyant, at-
,
taquer la foi passive comme superstition, la foi ac-
tive comme fanatisme, et se servir du faux pour dé-
truire le vrai, et du crime pour nier la vertu. Pour
la science, tout est analyse; et ce qui ne laisserait pas
un résidu dans le creuset ne saurait exister. Pauvre
science !. C'est pourtant elle qui, sans la foi, veut
nous expliquer, depuis cent ans, ces mystères de l'iQ
fini, ces ténèbresdel'inconnu, où l'on ne peutpar-
,
venir que par l'intuition. La science a vu des jon-
,
gleurs des médecins, des sibylles. C'est là qu'elle a
trouvé les prophètes. Tout est mensonge art d'em-
;
poisonner ou de guérir; tout est prestidigitation, illu-
sion, fourberie tout est homme, rien n'est Dieu dans
rocher;
la religion. Moïse savait la fontainequ'il fit jaillir du
Elie montait au ciel sur un char d'opéra.
Non, rien aujourd'hui, a joute-t-il, ne peut être dit sur
;
les prophéties, pan jue rien ne peut êtrecompris.
L'oreille ne peut entendre, l'oeil ne peut voir, le cœur
ne peut sentir. On appelle la religion comme un in-
strument dans les affaires publiques; onnes'aperçoit
pas du vide qu'elle laisse dans les âmes.» -Pourquoi
tous les écrivains ne partagent-ils pas les nobles opi-
nions de M. Pagesde l'Ariége! Combien nous serions
;
heureux de les citer ici et combien aussi leurs lec-
teurs (carilsenauraientalors) éprouveraient dejoie,
de contentement et de bonheur à les lire!. Noussom-
mes donc assuré d'avance que nos lecteurs, à nous,
seront assez bienveillans pour nous pardonner cette
longue citation en favaur de son auteur.
,
vons pas admis leur fâcheux état, non comme un
vice de leur organisation native mais comme une
nécessité du milieu dans lequel ils se trouvent. Ce-
doctrine négative ;
pendant, nous ne voulons accuser ni justifier leur
car ces messieurs pourraient,
aussi bien que tant d'autres, croire à un avenir
meilleur, et chercher à régulariser ce qui est.
,
ciétés, qui végètent aujourd'hui ou meurent en lan-
guissant prendraient un nouvel essor. Nous au-
rions alors un plus grand respect pour toutes ces
sciences secrètes, mystérieuses, incompréhensibles,
que les peuples croyans ont adoptées sans raison-
nement, sans calcul, sems examen.
5 IU
au firmament, l'espace, ,
couvrent la surface de la terre, l'étoile qui brille
le temps la foi et !
Dieu
—
Mais
,
votre science
,ignore ce
;
qui
la respiration la circulation la génération ce qui
produit le magnétisme, le somnambulisme, la peste,
constitue
,
pect spirituel, immatériel, intangible et inexami-
nable de l'homme si nous pouvons nous exprimer
ainsi, est encore un mystère pour les savans. Si quel-
,
ques-uns de ces derniers veulent amener la discus-
sion sur ce terrain, ils créent des mots bizarres ils
écrivent des phrases insignifiantes, ils font des li-
vres incompréhensibles, sans faire faire, pour cela,
un pas de plus à la question.
Tous les hommes qui ont en dans le cœur de la
,
sceptique matérielle et incomplète ;
foi et de l'espoir ont flétri cette science froide,
cette science
mathématique qui veut tout prouver, tout raison-
ner, tout embrasser, et qui ne prouve, ne raisonne,
n'embrasse jamais rien. —M. le comte de Maistre,
dans l'ouvrage que nous avons cité précédemment,
:
parle en ces termes de la science moderne et de ses
partisans « La force des choses a contraint quel-
ques savants de l'école matérielle à faire des con-
cessions qui les rapprochent de l'esprit ; et d'au-
tres, ne pouvant s',empêcher de pressentir cette ten-
dance sourde d'une opinion puissante, prennent
contre elle des précautions qui font peut-être,
sur les véritables observateurs, plus d'impression
qu'une résistance directe. De la leur attention scru-
, ,
puleuse à n'employer que des expressions matériel-
les. Il ne s'agit jamais dans leurs écrits que de
lois mécaniques de principes mécaniques, d'astro-
,
nomiephysique, etc., etc. Ce n'est pas qu'ils ne
;
sentent à merveille que les théories matérielles
ne contentent nullement l'intelligence car s'il y a
quelque chose d'évident pour l'esprit humain non
préoccupé, c'est que les mouvemens de l'univers
ne peuvent s'expliquer par des lois mécaniques
mais c'est précisément parce qu'ils le sentent,
;
qu'ils mettent, pour ainsi dire, des mots en
garde contre des -vérités. Les savans européens
sont dans ce moment des espèces de conjurés ou
d'initiés, comme il vous plaira de les appeler, qui
ne veulent pas qu'on sache
,
ont fait de la science une sorte de monopole et qui
plus ou autrement
qu'eux. Mais cette science sera incessamment honnie
par une postérité illuminée, qui accusera justement
les adeptesd'aujourd'hui de n'avoir pas sa tirer,des
ventesque Dieu leur avait livrées, les conséquences
,
les plus précieuses pour l'homme. »
,
Ainsi donc en suivant le raisonnement de M. le
,
,
comte de Maistre, d'après l'état des sciences
,
pour mieux dire d'après les idées sceptiques que
les savans ont répandues dans les masses les pro-
on
,
plus ordinaire, dit le savant dom Calmet, étoit
l'inspiration qui consistoit à éclairer l'esprit et
exciter la volonté des prophètes, afin qu'ils pu-
a
bliassent ce que le Seigneur leur disoit intérieure-
ment. C'est en ce sens que nous tenons pour vrais
,
prophètes et pour réellement inspirés tous les écri-
vains des livres canoniques tant de l'Ancien que du
Nouveau Testament *. »
Il y a encore la prophétie par le calcul, qui n'est
seulement qu'une prédiction. Celle-ci annonce les
choses naturelles et les événemens futurs au moyen
|
;
d'observations naturelles ou mathématiques.
;
Un astronome prédit les éclipses un pilote pré-
voit une tempête un médecin annonce les crises
d'une maladie, sans qu'ils soient pour cela prophè-
, ,
tes. Un homme habile peut présager de loin cer-
taines révolutions et en parler avec certitude sans
être le moins du monde, inspiré de Dieu.
,
les prophéties. Pour que l'on ne nous accuse point
de partialité dans notre choix nous prendrons le
plus consciencieux d'entre tous les encyclopédistes ;
celui qui,n'ayant pas tout-à-fait cessé de croire,
lutta long-temps avec Voltaire, et qui, plus tard,
,
J.-J. Rousseau commence par dire que, pour
croire à une prophétie il faut en être non-seule-
ment témoin, mais encore témoin de l'événement
met ,
cités, ni chefs de nations Moïse, Jésus Maho-
;; ;;
Alexandre-le-Grand, Annibal, Jules César et
Charlemagne Homère, Virgile et Horace Hip-
,
pocrate et Galien Archimède et Newton
:
dias et Apelles sont des types inventés à plaisir
des individualités qui n'ont jamais existé et la
Phi-
;
preuve, c'est qu'on ne les a jamais vus c'est ;,
,
qu'on n'a jamais été témoin de leurs actes de
leur science de leur courage. Pitoyable logique
- Alexandrie Spartes et Rome n'ont jamais été
!
,
,
le berceau des trois plus grands peuples de l'anti-
;
,
,
quité des Egyptiens des Grecs et des Romains
et la preuve c'est que nous n'avons jamais été té-
dote,
moins de ce que nous racontent, à ce sujet, Héro-
,
Diodorede Sicile, Polybe et Tacite.
— Les
guerres, les pestes, les famines les découvertes,
tion; ,
les sciences, les arts, les lettres, l'industrie des
anciens tout cela n'est que mensonge et supposi-
et la preuvec'est que ni nous, ni J.-J.-
Rousseau, n'avons été témoins de ces faits histori-
ques. — La défiance ne pouvait être poussée plus
loin. Chose étrange ! Rousseau accepte Thaïes,
;
Socrate, Aristote, Platon et les autres philosophesde
l'antiquité et il n'admet point Daniel, Ezéchiel,
Isaïe et les prophètes hébreux. — Cependant il n'a
pas plus connu les uns que les autres !
Si cette fausse doctrine eût été suivie, l'historien
d'une époque se serait cru plus grand,plus digne do
foi, que tous ceux qui l'auraient précédé; car,
n'ayant été témoin d'aucun fait ancien, il aurait été
forcé de nier le passé, mais sans jamais chose (
)
inouie! pouvoir affirmer le présent.-Quellecruelie
alternative! Et comme l'histoire eût été facile à
écrire si l'on avait suivi à la lettre, les sages con-
seils de ces messieurs !
A ce sujet, M. l'abbé de Lamennais pense avec
«
autant de logique que d'esprit, nue s'il est, en
effet, permis de douter du témoignage général des
hommes quand ils affirment qu'un autre homme a
prochain ,
dit ou écrit que le soleil cesserait de se lever l'an
il est également permis de douter de leur
témoignage, quand ils affirment qu'un homme a dit
ou écrit que le soleil s'est levé l'an dernier. Que
si vous supposez, dit-il, que les sens d'un grand
nombre d'hommes ont pu les tromper en cette
circonstance, qu'il est possible qu'ils aient cru
voir ou entendre ce qu'ils n'ont ni entendu, ni vu;
sur quel fondement prétendrez-vous que vous ne
pouvez être vous-même trompé par vos sens que
;
leur rapport est toujours fidèle que, seul d'entre
;
les mortels, vous voyez réellement ce que vous
; ,
croyez voir, vous entendez ce que vous croyez
entendre et que la certitude refusée au reste du
genre humain, est un privilège personnel qui n'ap-
partient qu'à vous ? »
:
Écoutons encore M. de Lamennais. Il prouvel'ab-
surdité de la proposition de J.-J. Rousseau « Outre
la condition d'être témoin de la prophétie et de l'é-
vénement qu'elle annonce, dit-il, Rousseau veut
encore qu'il lui soit démontré
que cet événement
n'a pu cadrer fortuitement avec la prophétie parce
que la clarté d'une prophétie faite au hasard, n'en
rend pas l'accomplissement impossible. D'où il suit
que, selon Rousseau, on ne saurait être certain
qu'une prédiction est réellement prophétique que
lorsque son accomplissement est impossible. Ainsi,
d'un côté, s'il y a prophétie, il est impossible qu'elle
s'accomplisse, c'est-à-dire qu'il n'y a pas prophétie;
et d'un autre côté, si elle s'accomplit, ce n'est pas
une prophétie, puisque l'événement prouve que son
accomplissement étaitpossible. N'atlmirez-vouspa3
cette puissante logique?» ajoute fort spirituellement
M. de Lamennais.
Poursuivons à notre tour cette réfutation —
Une prophétie qui serait plus claire, plus précise,
:
III
, ! ;
qui parle. Que voulez-vous, mon Dieu, que nous
répondions à cela Rien car, si une prophétie nous
annonce
destruction de Ninive ,
comme celle de Nahum par exemple, la
alors que cette opulente
,
capitale de l'Assyrie était dans toute sa splen-
deur ! ; si une autre prophétie comme celle de Jé-
,
siège inutile de deux ans, la rivière, grandie par des pluies con-
tinuelles inonda la ville, renversa un pan de muraii: js et ou-
vrit un chemin à l'ennemi. Le roi, désespéré, fit élever un
immense bûcher, et y brûla toutes ses richesses.
«L'Éternel réduira son lieu à néant, ajoute Nahum; la dé-
tresse n'y retournera pas une seconde fois qu'elle ne soit toute
vidée et revidée, même toute épuisée. Il étendraaussi sa main
sur l'aquilon; et il détruira l'Assyrie, et mettra Ninive en dé-
solationenun lieu aride comme un désert. » (Ch. i,v. 8, 9;
Xl, v. 10. ) Cette prophétie est encore surprenante; car Lucien,
qui était originaire d'une des villes situées au bord de l'Etiplirate,
rémie, prédit la ruine de Babylone', quoique ja-
mais villene semblât donner un plus formel démenti
, !
aux écrits des prophètes — En effet, Babylone, à
cette époque était l'une des merveilles du monde ;
Babylone renfermait dans sa magnifique enceinte
le célèbre temple de Bélus, le plus somptueux qui
fut alors; et des jardins suspendus dont les ter-
,
rasses s'élevaient à plus de deux cents coudées des
quais dallés en porphyre des maisons de plaisance
,
en stuc et en marbre, des rues vastes, aérées et spa-
,
,
cieuses des statues en or massi f, et une population
riche et heureuse couverte de soieries et de dia-
mans, portant des joyaux en nacre, en ivoire, en
)
nous assure que de son temps ( au second siècle l'emplace-
ment de Ninive ne formait plus qu'un immense désert. ( Voir
pour plus de détails l'Histoire de l'Ancien Testament, de
M.l'abbéJames, t.n,
pag. 51. )
« JeréduiraiBabylone en des désolations éternelles.De
;najids rois et de grandes nations l'assujétiront. Elle sera
toute la dernière entre les nations; elle sera un désert, un
pays sec, une lande. Elle ne sera point habitée à cause de l'in-
Jignation de l'Éternel; elle ne sera tout entière quedésolation.
Quiconque passera près de Babylone sera étonné, et lui insul-
tera à cause de toutes ses plaies. Les bêtes sauvages des dé-
serts avec celles des îles y habiteront aussi; et elle ne sera ja-
mais plus habitée. On n'y demeurera point à quelque temps
que cela soit. » (Ch. xxxv et ) -
L. Tout le monde sait
que Babylone ne forme plus, aujourd'hui, qu'un amas de dé-
combres; que personne ne l'habite, et que les bêtes sauvages
seules y ont établi leur repaire.
argent et en or.Celte ville pouvait-elle, aux
yeux des hommes supérieurs et des esprits forts du
temps, être jamais détruite? —Si le prophète Isaïe,
après avoir prédit la ruine de Babylone
160 ans, environ, avant l'événement, que cette
écrit ,
ville sera assiégée et prise par CYRUS, l'envoyé
queur ,
du Seigneur; et qu'il donne jusqu'au nom du vain-
plus d'un siècle et demi avant sa nais-
sance ; si le prophète Addo annonce la venue de
1
« :
Le Seigneur dit, en parlant de Cyrus C'est mon envoyé,
il accomplira toute ma volonté. Ainsi a dit l'Eternel à son
envoyé CYRUS, auquel les rois ouvriront leurs portes.»
(Ch. XLIV, 28, XLV, 1 etsuiv. )
! L'an du monde 4002, ou avant JésusChrist 962, lorsque
Jéroboam, premier roi d'Israël, promulguait, dans une assem-
,
blée générale à Béthel, une loi qui proscrivait le culte du
vrai Dieu et établissait l'idolâtrie, le prophète Addo venu de
:
Juda, fit entendre cet oracle au moment même où Jéroboam
:
brûlait de l'enccns sur l'autel du veau d'or « Autel, autel,
voici ce que dit le Seigneur Un fils naitra de la race de Da-
;
vid, il sera nommé Josias il immolera sur toi les prêtres des
hauts-lieux qui l'encensent, et on brûlera sur toi des osse-
mens d'hommes. » — La vérité de cet oracle si remarqua-
ble , dit M. l'abbé James, fut prouvée au moment même par
un double prodige; on demeura incrédule, ce qui ne doit pas
\.OllS surprendre, puisque, étant, pour ainsi dire, témoinsde
Miracles bien plus éclatans, il y a néanmoins des incrédules
;':11'011 nous. La prophétie
d'Addo était claire, ajoute-t-il : elle
annonçait la J
naissance d'un ersonnage qu'elle nommait JOSIAS,
phétise que Sédécias sera le dernier roi de Juda, et
qu'il n'yen aura point d'autre de la postérité de
prophètes:
il ne ménage ni les dieux de l'erreur, ni leurs prêtres, ni leurs
il les traite les uns et les autres, morts ou vivaru,
comme il a traité ceux qui étaient à Béthel. Certes, Josias, fils
d'Amon, est bien le même personnage que celui dont le pro-
phète Addo avait prédit la naissance. Ce qui est plus extraor-
et
dinaire, c'est le zèlepourcette granderéforme, mêmelenom,
prédits environ trois cent quarante ans avant l'entier accomplis-
(
sement des oracles. Histoire de l'Ancien Testament, par
l'abbé A. F. James, tome il, pages 42 à 46.)
;
David, jusqu'à la venuedu Christ1 douterez-vous
encore, et nous répondrez-vous qu'en vérité « cela
prédit a ?.
ne prouve rien, à la rigueur, pour celui qui l'a
; ,
constances particulières de sa vie de ses souffrances
et de sa mort si nous vous disons que Jacob écri-
:
vid jusqu'à la venue du Christ. Voici comment s'exprime, à ce
sujet, M. l'abbé James « L'an 4373 (ou 591 ans avant J.-C
c'est-à-dire quatre ans avant la captivité de Babylone, Ezc-
),
chiel prédit que la couronne sera ûLée à Sédécias et ne sera
plus portée jusqu'à ce que soit venu le temps ou Dfeu la don-
,lIera à CELUI auquel il la destine, au Messie même. « Et toi,
Sédécias, toi, prince impie d'Israël, toi dont le jour est venu,
Seigneur :
et dont l'iniquité est montée à son comble, voici ce que dit le
Otez-lui le bandeau royal; ôtez-lui la couronne;
cette couronne (telle que jel'ai donnée, etnonpastelle
que je
la reprends) est faitepour éleverCELUIquiest
humble et pour terrasser le superbe. Elle est inique, per-
fide, perverse; je la mettrai à l'écart. Elle sera même
comme si elle n'eùt jamais été, jusqu'à ce que vienne CE-
LUI à qui elle appartient de droit éternel (ou CELUI à
qui appartient le jugement). C est à lui que je
la remet-
trai » Cette prophétie a un rapport frappant avec celle de
Daniel (I,17 et suiv.; et II, 1 à,44). La couronne, dont
Sédécias fut privé, ne fut rendue qu'à JÉSUS-CilûjSr s
àfiui
vit qu'un Messie naîtrait de sa race ; qu'Isaïe pré-
dit la nativité du Christ et ses persécutions*
Daniel annonça que l'envoyé de Dieu serait mis à
que ;
mort après soixante-six. semaines, et quatre cent
quatre-vingt-dix ans après la reconstruction de Jé-
rusalem5; et qu'enfin Malachie assura que ce Messie
viendrait dans le second temple que les Juifs re-
bâtissaient alors 4; nous répondrez-vous encore que
cela ne prouverien ?.
Sicesfaitsnepeuventvousconvaincre,—etenvous
parlant à vous, illustre écrivain, nous croyons nous
adresser à tous les sceptiques de notre époque; —
écoutez un philosophe ; oui, un philosophe plus sa-
,
plissement dans le terrible drame de la Passion. Ainsi, la pro-
phétie d'Ezéchiel en ce qui regarde le Christ, fut faite plus
,
de six cents ans avant son accomplissement. (Hist. de l'Anc.
Test., par M. l'abbé James tom. II, p. 73. )
t Le sceptre ne sera point ôté de Juda, et il y aura toujours
un chef de sa race, jusqu'à ce que vienne l'Envoyé, ou Christ,
qui rassemblera les peuples. ( Gen. ch. XLIX, v. 8. )
sIsaïe,ch.vii,v.1.liii.
1Daniel, ch. ix, v. 24, 25,26.
*Malachie. ch. 111, T. 1.
plus pourvu ;
sont les prophéties. C'est aussi à quoi Dieu a le
car l'événement qui les a remplies
est un miracle subsistant depuis la naissance de l'É-
glise jusqu'à la fin. Ainsi Dieu a suscité des pro-
, ;
phètes durant seize cents ans et pendant quatre
cents ans après il a dispersé toutes ces prophéties ,
avec tous les Juifs qui les portoient, dans tous les
lieux du monde. Voilà quelle a été la préparation à
;
la naissance du Christ,dontl'Evangile devoit être
cru par tout le monde il a fallu non-seulement qu'il
y ait eu des prophéties pour le faire croire mais ,
encore que ces prophéties fussent répandues pour
le faire embrasser. Quand un seul homme auroit
fait un livre des prédictions de Jésus-Christ pour le
:
temps et pour la manière, et que Jésus-Christ se-
roit venu conformément à ces prophéties ce seroit
,
suite de l'autre prédire ce même événement. C'est
un peuple tout entier qui l'annonce et qui subsiste
pendant quatre mille années, pour rendre encore
témoignage des assurances qu'il en a, et dont ii
ne peut être détourné par quelques menaces et
persécutions qu'on lui fasse. Ceci est tout autre-
ment considérable »
,
nese serait pas compromis en imitant certains savans
de l'antiquité et il aurait peut-être écrit un bon
livre de plus. Tite-Live, Philon, Machiavel et heau
coup d'historiens qu'il serait trop long de citer ici,
opinion très-ancienne ,
ties. Cicéron disait fort naïvement «:
avaient aussi la faiblesse de ne pas rire des prophé-
C'est une
descendue des temps hé-
roïques jusqu'à nous, et affermie par le consente..
ment du peuple romain et de toutes les nations, qu'il
existe,parmi les hommes, une certaine divination,
que les Grecs appellent d'un nom qui signifie le
pressentiment et la science des choses futures. Chose
magnifique et salutaire ! ,
si elle existe réellement
et qui, plus qu'aucune autre, rapproche notre na-
ture de la nature divine. Or, je ne vois aucune
nation, si polie qu'elle soit, ou si savante ou si
grossière et si barbare qui ne croie que l'avenir est
annoncé; que plusieurs le connaissent et peuvent le
prédire » —
Oui, c'est Cicéron, le sceptique ora-
teur romain qui a écrit cela !
M. le comte de Maistre dans son bel ouvrage des
,
Moirées de Saint-Pétersbourg, nous donne, sous
une forme poétique, la possibilité du don de
prophétie chez certains hommes doués de facultés
V
1 Ciccro, De Divinat. lib. i. cap. i,
:
inconnues «
Comme les poètes, dit-il, qui, jusque
dans nos temps de faiblesse et de décrépitnde,
présentent encore quelques lueurs pâles de l'es-
prit prophétique, qui se manifeste chez eux, par la
faculté de deviner les langues et de les parler pu-
rement avant qu'elles soient formées, de même
les hommes spirituels éprouvent quelquefois des
inomens d'enthousiasme et d'inspiration qui les
transportent dans l'avenir, et leur permettent de
pressentir les événements que le temps mûrit dans
le lointain. » — Quelques pages plus loin, ce
: ,
profond écrivain, s'adressant à son nbble interlo-
cuteur, lui dit ce que nous adresserons, nous à
;
J.-J. Rouisrau et à ses entêtés partisans « Con-
templez ce lugubre tableau joignez-y l'attente des
hommes choisis, et vous verrez si les illuminés
ont tort d'envisager, comme plus ou moins pro-
chaine, une troisième exploration de la toute-puis-
sante bonté, en faveur du genre humain. Je ne
finirais pas, si je voulais rassembler toutes les
preuves qu'ils réunissent pour justifier cette grande
,
attente. Encore une fois ne blâmez pas les gens
qui s'en occupent, et qui voient dans la révélation
même des raisons de prévoir une révélation de la
révélation. Appelez, si vous le voulez, ces hommes
illumines; je serai tout-à-fait d'accord avec vous,
pourvu que vous prononciez le nom sérieusement. »
Nous croyons avoir suffisamment prouvé que le
sentiment de J.-J. Rousseau, touchant les pro-
phétics, était celui d'un écrivain dominé par la
passion de la réforme, et jugeant les faits religieux
plutôt en sophiste qu'en vrai philosophe.
Mais pour complétercetteréfutation, et aussi
pour éclairer nos lecteurs sur un sujet qui n'a pas
,
de l'Histoire.
,
Tacite au livre V de ses Annales, raconte une
anecdote fort curieuse. Tibère avant d'être empe-
reur, dit-il, ne croyait ni à l'astrologie judiciaire, ni
AUX prophéties. Il se plaisait surtout à faire mettre à
-oort les astrologues et les devins. Il avait construit
iur le haut d'un rocher une espèce d'observatoire ;
»t il fallait, pour y arriver, suivre un chemin étroit,
liordé à droite et à gauche par d'affreux précipices.
,
Toutes les fois qu'il appelait un de ces soi-disant
prophètes et quecelui-cine lui disait pas la vérité
ille jetait dans le gouffre. C'était là un de ses plus
,
grands plaisirs. Un des amis de Tibère lui ayant parlé
d'un astrologue nommé Thrasyle qu'on disait fort
habile, et surtout fort modeste, ce qui est encore plus
;
rare Tibère le fait venir et lui demande ce qu'il sera
un jour.
— Empereur, répond aussitôt Thrasyle.
Mais qui te l'a appris?
-L'astrologie.
—
— Alors,puisque
?
tu es si savant, dis-moi si tu
dois bientôt mourir
;
L'astrologue se met à l'œuvre, calcule puis tout-
coup chancèle et pâlit.
— Qu'as-tu lu donc
—
Seigneur, ma
?
vie est menacée , et vous avec
, ,
l'intention de me faire périr.
Le tyran étonné l'embrasse et lui fait grâce.
Tibère étant devenu empereur, Thrasyle resta
toujours son confident et son ami.
Cicéron rapporte que deux amis, voyageantensem-
,
ble, arrivèrent à la-findu jour à la ville de Mégare.
L'un d'eux alla loger dans une hôtellerie l'autre
chez un Mégarien de sa connaissance. Pendant la
nuit, le second voyageur crut voir en songe son com-
pagnon de voyage qui le suppliait de venir à son se-
;
cours, parce que son hôte voulait le tuer. L'im-
pression que lui fit ce rêve le réveilla d'abord mais
ilse rendormit aussitôt, persuadé que ce n'était
: ,
qu'une vaine illusion. Une heure se passe et son
ami lui apparaît de nouveau il lui annonce que le
crime est consommé, et que son hôte, après l'avoir
assassiné, avait caché son corps sous du fumier. Le
mort le priait en outre de se rendre de grand matin
à la porte de l'bôtellerie, avant que son cadavre n'eut
été porté hors de la ville. Troublé par cette vision
terrible, l'ami se lève, court à l'hôtellerie, et trouve
sur son passage un individu prêt à emmener un cha-
riot ;il lui demande ce qu'il va sortir dans sa voi-
ture : le charretier se trouble et prend la fuite. Le
(
voyageur découvre le chariot horreur! ) il aperçoit le
,
cadavre de son malheureux ami enseveli sous ou fu-
mier!. Le maître de l'hôtellerie ajoute Cicéron,
fut condamné au dernier des supplices.
Suétone, dans la Vie de Néron, avance que l'O*
racle de Delphes avertit cet empereur qu'il prît garde
au nombre 73. Néronjcroyant qu'il ne devait mou-
rir qu'à cet âge, ne songea nullement au vieux Galba,
qui, âgé de soixante-treize ans* lui enleva le trône
et l'empire.
, ,
Macrobe dit que lorsque Trajan eut pris la réso-
lution d'attaquer les Parthes on le pria d'aller con-
sulter l'Oracle d'Héliopolis. Trajan pour éprouver
,1a science du prophète, lui envoya, à l'insu de la
cour, un billet blanc. Ce billet lui fut renvoyé le
lendemain même par l'Oracle. Quelques jours après,
,
il fit demander à ce dernier, dans un billet cacheté
s'il reviendrait à Rome, après avoir terminé la guerre
qu'il entreprenait. Pour toute réponse, il reçut un
ceps de Vigne coupé par morceaux. Trajan ne put
dévoiler cette énigme ; mais l'événement vint heu-
reusement justifier la prophétie symbolique de l'Ora-
cle d'Héliopolis. Trajan mourut à l'armée, et fut
apporté à Rome, les membres détachés du tronc;
Ou, comme le représentait le ceps de vigne, le corps
coupé par morceaux.
,
plusieurs officiers, un prophète chaldéen a prédit que
cette ville vous sera funeste. Alexandre sans tenir
compte de cet avertissement, entre triomphalement
à Gahy lone. et y meurt quelques jours après' !
Sylla ayant rêvé que les Parques l'appelaient à
elles, fait le lendemain même son testament. et
meurt dans la journée.
teur et :
,
Jules-César se rendait au Capitole, quand un as-
trologue, fendant la foule s'approche dutriompha-
lui dit «Prends G;¡rde aux ides de mars! »
César s'arrête, le roivrJe, continue sa route, et.
aux ides de mars, ii mourut assassiné !.
Nous nous arrêterons ici; car s'il fallait citer toutes
les prophéties qui nous ont été transmises par les
;
Malachie, ils auraient fait alors assez de bruit con-
tre les prétendues prophéties et les hérétiques
n'enssent pas manqué de mettre à profit les pro-
testations des Hébreux. Ceux-ci n'ont jamais nié:
ils n'ont point admis, c'est vrai, l'avènement
,
du Christ; mais ils ont bien été forcés de croire au
texte de leurs livres saints. Ces textes ils les ont
conservés avec soin, et aujourd'hui ils les respectent
encore, et n'ont aucun doute sur leur authen-
ticité. Il y a plus de deux mille ans que leur anti-
quité a été reconnue. On les traduisit en grec
deux cent cinquante ans avant l'ère chrétienne. On
les lisait publiquement, chaque jour de sabbat,
dans les synagogues. Les livres les plus anciens
étaient regardés comme divinement inspirés. Aucun
écrit humain n'aété gardé avec un soin plus scrupu-
leux. Les savans n'ignorent pas qu'autrefois les Juifs
, ,
ont été même jusqu'à compterles grandesetles petites
sections de leurs livres les versets les mots et les
lettres renfermés dans chaque chapitre de l'An-
cien Testament. «Ces livres, dit Pascal, qui les
déshonorent en tant de façons, ils les conser-
vent iiux dépens de leur vie. C'est uns sincérité
qui n'a pas d'exemple dans le monde, ni sa racine
danslanatare»
;
d'entre eux, sont restées inintelligibles pour toute
la nation parce qu'il y a eu, chez les prêtres d'Is-
raël partialité, ignorance et mauvaise foi.— Voyez
,
où le scepticisme les a conduits !
,
leux procès aux chrétiens. Malheureusement pour
tes critiques les plus anciens livres des Prophètes
hébreux sont en tout semblables aux bibles chré-
tiennes, imprimées ou manuscrites, de toutes les épo*
Ptntéçt,cb.vin,§2.
ques. «La langue même dans laquelle les livres de
l'Ancien Testament avaient été écrits, dit un au-
teur, n'était plus en usage lors de la venue du
Christ. Il serait impossible d'avancer des preuves
plus fortes en faveur de leur antiquité, que celles
dont la vérité est inattaquable. Si on les rejette,
alors il faut également rejeter l'authenticité de l'his-
toire ancienne.' » Porphyre, dans sa Préface de
Daniely veut détruire l'authenticité des écrits des
prophètes, en disant qu'ils ont été altérés du temps
des Machabées, c'est-à-direcent cinquante ans en-
viron avant l'ère chrétienne. Mais en supposant que
cela eût été (ce qui n'est pas
, , ),
;
Porphyre ne de-
vrait pas ce nous semble se plaindre car pré-
dire un événement un siècle et demi avant qu'il
n'arrive c'est déjà quelquechose.— Que les philoso-
phes d'aujourd'hui nous prédisent, et aussi clairement
que l'a fait Daniel, ce qui devra se passer en 1940 ,
et nous ne craindrons pas de les considérer comme
des hommes extraordinaires, dignes d'estime, de
: ,
respect et de vénération. M. de Maistre juge ainsi
ces incrédules « Plaignons ces hommes fu-
science ,
rieux contre la vérité qui, sans foi et sans con-
changent l'état d'une question toute claire
pour chercher des difficultés où il n'yen a point, et
s'amusent à refuter doctement (M. de Maistre leur
fait ici beaucoup d'honneur) ce que nous ne disons
:
ques, laissons le savant M. de Frayssinous nous
éclairer à ce sujet « Je suis loin de prétendre, dit-
,
il que toutes les prophéties contenues dans les livres
de l'Ancien Testament soient claires et faciles à en-
tendre. Les prophéties ne sont pas des histoires écri-
tes avec l'ordre et la précision chronologiques,mais
des tableaux hardis," qui représentent sur un même
fond des objets prochains et des objets éloignés; leur
interprétation et leur pleine intelligence dépendent
quelquefois de leur comparaison exacte avec les évé-
nemens, comparaison qui demande souvent une étude
soutenue et une grande connaissance de l'histoire el
des usages de l'antiquité. J'avouerai donc sans peine
que l'ancienneté de nos livres saints, le style poéti-
que et figuré des prophéties, notre ignorance sur
plusieurs points d'histoire et de géographieancienne9
ont dûaugmenter, avec letemps, l'obscurité qui tient
jusqu'à un certain point à la nature de la prophé.
lie » Cette impartiale et judicieuse appréciation
;
M. de Frayssinous, plus savans et moins passion-
nés pour l'erreur si nous connaissions davantage
l'histoire, les coutumes et les usages du passé" nous
comprendrions beaucoup mieux les prophéties. —
Voilà sans doute pourquoi les Centuries de Nostra-
damus ont trouvé plus de critiques que d'apolo-
gistes.
,-
rité inévitable des prophéties. Avant l'accomplisse-
ment de la prédiction le verset d'Isaïe devait être
inintelligible. Le voici : « Le loup habitera avec
l'agneau; le léopard se coucheraauprès du chevreau;
le veau, le lion et la brebis demeureront ensem-
*-
ble; et un petit enfant les conduira tous1.
,
qui veut dire que les bons et les méchans , Cd
les forts
et les faibles les petits et les grands ne formeront
plus, à l'avenir, qu'une seule famille de frères et se-
ront conduits par Jésus-Christ.
vangile ,
et les plus merveilleux qui soient arrivés sous l'É-
elles n'avoient pas besoin d'un langage fi-
sions ,
guré ; car, quelque claires qu'en fussent les expres-
l'impossibllité apparente de ces événemens
considéréseneux-mêmes , étolt telle, qu'on ne pou-
,
voit guère les entendre dans leur vrai sens littéral.
,
Demander pourquoi les anciennes prophéties ne sont
pas plus claires ajoute-t-il plus loin, c'est la même
chose que si l'on demandoit pourquoi Dieu ne nous
a pas donné plus de raison et ne nous a pas rendus
plus intelligens *. »
•Isaïe,ch.xi,v.G.
1L'usage et les fins de la prophétie dans les divers âges
du monde, par T. Sherlock; traduit de l'anglois par Abraham
Lemoiue, in-SO, Amsterdam, 1729, p. 40 et 41,
Après avoir essaye, dans les deux paragraphes
précédens de tracer un aperçu philosophique des
,
prophéties anciennes, et de faire entrevoir pourquoi
,
les peuples des trois derniers siècles ne pouvaient
croire aux prophéties nous allons maintenant écrire
sommairement l'histoire des prophètes hébreux, et
celle des sibylles, des oracles et des devins, des
Égyptiens, des Grecs et des Romains.
l'objet des deux paragraphes suivans.
- Ce sera
g ni.
rnOPllÈTES HÉBREUX.
M. Robertson ,
régions de l'est pour dévaster leur contrée t. »
en rapportant le discoursdeMon-
tezuma aux grands de son empire, rappelle, les
traditions et les prophéties qui annonçaient depuis
long-temps l'arrivée d'un peuple de la même race
qu'eux etqui devait prendre possession du pouvoir sn-
,
trône par ses vertus, et qu'une autre est près d'en
descendreenpunition de ses crimes Vhomme par-
fait en est instruit par des signes avant-coureurs s.
Les missionnaires européens avaient placé au bas
du texte que nous venons de citer, la note suivante :
,
L'opinion que les prodiges et les phénomènes an-
noncent de grandes catastrophes le changement de
dynastie, les révolutions dans le gouvernement, est
générale parmi nos lettrés3. — Nous le demandons
sincèrement, est-il possible de mettre en doute une
opinion admise par tous les peuples?. Autant vau-
drait nier Dieu!
Le don de prophétie, qui, au dire des philosophes,
fait partie de l'esprit merveilleux, si fort décrié au-
jourd'hui, fut le partage de certains hommes privi-
légiés envoyés, sur la terre, pour révéler lessecreti
de l'avenir aux autres hommes. Les peuples,étonnée
:
des prodiges de leurs prophètes, lesadorèrentcomm,
des dieux de là vient, sans doute, que chez les na-
tions ancienneson n'entreprenait rien sans consulter
auparavant les devins, les sibylles, les oracles,
les prophètes. « Il est très-facile de comprendre, di
:
livres prophétiques. Cette manie est le résultat tout
naturel du plus naturel de nos penchants l'amour do
merveilleux et la curiosité »
SuivantM. de Lamennais, la révélation fut donnée
à l'homme par Dieu pour qu'il révélât à son tour ce
que l'humanité doit savoir. Il lui dit le passé,
c'est-à-dire dequelle manière il l'avait tiré du néant,
lui et tout l'univers qui s'offrait à ses regards. Il lui
dit le présent, c'est-à-dire qu'illui apprit ce qu'il
,
était et ce qu'étaient les êtres qui l'environnaient, les
moyens de se conserver les devoirs qu'il imposait
à sa raison, à son cœur, à ses sens. Il lui dit l'avenir
en l'instruisant de ses immortelles destinées. Pour
être ce que Dieu voulait qu'il fut, ajoute M. de La-
mennais, l'homme devait connaître toutes les choses,
et comme la connaissance en était également indis-
pensable à tous les hommes, le Père du genre hu-
main la transmit parla parole à ses enfans, et ceux-ci
àleurs descendans: voilà l'origine dela tradition. —
Il fallait donc qu'après sa chute l'homme cessât
'd'être homme, ou que Dieu lui révélât ce qu'il avait
résolu à l'égard de ses futures destinées. Il fallait
donc que Dieu lui parlât de nouveau, et que l'homme
auquel il parlerait transmît aux autres hommes sa
parole nécessaire à tous: voilà la prophétie; et l'on
comprend qu'elle forme la partie essentielle de la
deDieu,
« Allons
d'ange,
, :
Saint Augustin, dans sa Sagesse, distingue trois
sortes de prophètes sacre's ceux des juifs et des
gentils les poètes et les devins des Israélites et en-
fin ceux qui ont annoncé la foi chrétienne enprophéti-
sant sa prochaine réalisation.
Si nous voulions remonterjusqu'aux premiers pro-
phètes hébreux, nous verrions Noé prédire un déluge
universel, Isaac annoncer à Jacob la grandeur
et les prérogati ves de sa race, Joseph interpréter
les songes et en tirer des conséquences pour prédire
les événemens futurs.
Jusqu'à Joseph les prophéties n'avaient été que
génération,
verbales;ellesse transmettaientbiendegénérationen
mais on ne les recueillait point dans des
et expliquées au peuple ;
livres.Moïse paraît,et les prophétiessontenregistrées
; l'envoyé du Seigneur
enseigne et prophétise et bientôt Aaron son frère,
Othoniel, Aod, Samson etla prophétesse Débora,
écrivent de nouvelles prophéties sur l'avenir.
La plupart des révélations faites par Dieu aux
, ,
prophètes qui ont succédé à Moïse, nous apprend
[Hies Dupin ont eu lieu par inspiration par vision
;
ou en songe :—par inspiration, quand,remplis de l'es-
prit du Seigneur, ils prophétisaient l'avenir — par
vision du jour, quand, éveillés leur imagination leur
,
représentait certains objets qui étaient des figures de
-
l'avenir ; en songe, quand, en dormant, ils s'ima-
ginaient voir Dieu ou un ange qui leur parlait, ou
lorsque l'avenir leur était représenté sous des fi-
gures et des présages. Dieu faisait encore connaître
sa volonté par l'éphod du grand-prêtre, où était
YUrim etle Thummim,c'est-à-dire la lumière et
;
la vérité. Il n'est point expliqué dans l'Ecriture de
quelle manière cela se pratiquait l'opinion la plus
rommune est que c'était par l'éclat extraordinaire
des pierres précieuses attachées à cet ornement1.
Le don de prophétie, qui s'était tant répandu dans
,
lsrlël après Moïse, disparut entièrement sous la ju-
dicature d'Héli à tel point qu'on ne pouvait alors
, ,
de prophètes, tels que Nathan, Séméias, Elie, Elisée,
Michée, Jonas Johaziel, Isaie Nahum, Jérémie,
,
Habacuc, Ezéchiel, Daniel, Zacharie; et, pour abré-
ger cette longue énumération nous dirons que saint
Epiphane compte chez les Juifs soixante-treize pro-
phètes et douze prophétesses, depuis Adam jusqu'à
la venue du Christ.
Toutes les fois que le don de prophétie se retira
d'un peuple, celui-ci tomba dans un état de marasme
presque mortel. Le savant dom Calmet, en parlant
des temps critiques de la Judée, fait un rappro-
chement singulier que l'on comprendra très-bien au-
,
même créance ; mai s depuis ce temps on se donna ,
rité des prophètes avait retenu les esprits dans une
;
dans la religion. On autorisa des traditions mal fon-
dées et superstitieuses on reçut des interprétations
fausses et dangereuses. La république des Juifs
était partagée en trois ou quatre sectes différentes
lorsque Jésus-Christ parut dans le monde. La mo-
rale des Juifs était alors très-corrompue, et de
fausses traditions avaient pris la place des vraies ex-
plications de la loi du Seigneur
N'est-ce pas là l'histoire ou le tableau de notre
société, qui vit aujourd'hui sans prophètes, qui for-
me plusieurs partis, qui autorise les traditions scep-
tiques et s'agite au milieu de la plus profonde im-
moralité ?.
:
Les prophètes étaient, chez les Hébreux, les seuls
chefs de la nation ils enseignaient dans les temples
et commandaient sur la place publique. Pour que
l'image de Dieu fût toujours présente aux yeux du
peuple, mais de ce Dieu juste, bon et tolérant, qui
avait pitié des faibles et consolait les affligés, cet
,
les prophètes hébreux vivaient heureux, dans l'opu-
lence dans le calme, la solitude et le repos. Quoi-
,
qu'ils fussent considérés comme les premiers de la
nation on ne voulait jamais croire à leurs prophé-
;
ties et il leur arrivait souvent d'être persécutés par
les rois contre lesquels ils s'élevaient avec justice ,
et par le peuple dont ils prenaient toujours la dé-
fense. — Les temps ne sont pas changés J
,,
dait les brebis et cultivait les figuiers.— On leur fai-
sait l'aumône comme à des pauvres mais on ne leur
pffrait jamaisde présens considérables attenduqu'ils
aà
iielesacceptaient jamais. EliséercnvoJ Xaamaules
richesses qu'il lui avait envoyées et donna sa malédic-
tion à Giezi, qui les avait aojeplces.Ces hommes, ani-*
me's de l'esprit de Dieu, étaient exposés chaque jour
aux violences des uns et aux railleries des autres.
Si les siècles marchent, les préjugés restent tou-
jours et partout les mêmes !
Les prophètes ne se contentaient pas seulement de
prédire l'avenir dans les livres inconnus, ils prophé-
,
tisaient encore dans les rues, sur les places et au mi-
lieu du peuple qu'ils prenaient à témoin. On dit
qu'afin de ne laisser aucun doute sur l'authenticité
,
de leurs prophéties, ils les dataient. — Ezéchiel,
étant très-loin de Jérusalem prédit exactement le
le jour et l'heure du siège de cette ville.
;
existe entre elles, et de leur complète adaptation aux
faits qu'elles annoncent et il faudra bientôt reçon-
naître qu'elles portent l'empreinte de l'esprit divin
quilesadictées»
Les prophèteshébreux ayant ététrèssouventpersé-
:
cutés, Voltaire, dansson Dictionnaire philosophique,
lesrailledecettemanière « Il fautconvenirque c'est
un méchantmétierque celui de prophète.Pour un seul
,
qui, comme Élie, va se promener de planète en pla-
nète, dans un beau carrosse de lumière trainé par
quatre chevaux blancs, il y en a cent qui vont à pied
et qui sont obligés d'aller demander leur diner de
porte en porte. Ils ressemblent assez à Homère qui
fut obligé, dit-on, de mendier dans les sept villes qui
,
se disputèrent depuis l'honneur de l'avoir vu naître.
Je ne disconviens pas qu'il n'y eût, d'ailleurs, des
gens instruits de l'avenir. Il n'y a qu'à donner à son
-
âmeun certain degré d'exaltation!D. Cctte insul-
tanteetméprisable diatribe ne doit étonner personne,
puisque nous venons de dire qu'elle est signée Vol-
taire.
Voilà bien l'écrivain qui, sans chercher à com-
prendre les prophètes, les attaque avec l'arme
,
Voltaire appelle l'homme qui prêche
gne qui moralise le peuple
,
basseetlâchedu sophisme etdu mensonge! Un métier!
, ! qui ensei-
un artisan On voit
bien que lui n'a jamais fait qu'un métier en exer-
çant les nobles fonctions de philosophe etd'écrivain !
t Les Prophéties et leur accomplissement littéral, trail.
tie l'anglais. Introduct., p. 7, édit. de 1833.
* Dictionnaire philosophique, art.PrcpJ.c.'cs.
—
Et voyez donc si tous ces
!
martyrs ne méritaient
d'être traités avec plus d'indulgence Est-ce que vous
lesaccusez, par hasard, d'avoir été persécutés?Mais
pas
;,
testiezbien haut, c'est vrai, mais pour vous,noble,
heureux et riche quant aux malheureux qui mou-
,
raient de honte
dites
de misère et de faim à vos pieds,
avez-vous jamais parlé pour eux ?.
gIY.
IfiOPHÈTES ANTIQUES.
-
Larévélation ou la prophétie précéda l'établisse-
ment des institutions politiques de l'antiquité, et ser-
vit à la constitution des religions égyptienne, grecque
etromaine.Dansune narration très intéressante et très
curieuse d'Hérodote) nous voyons que les oracles ont
été) pour ainsi dire, les fondateurs des croyances des
«
temps ,
Hellènes. Les Pélasges, dit-il, dans leurs premiers
se contentaient d'invoquer les dieux. Ils ne
donnaient à aucun d'eux ni surnom ni nom quel-
conque,car ils n'en connaissaient pointencore.Dansla
suite, un long intervalle de temps s'étant écoulé, les
Egyptiens leur apprirent les
noms des dieux. Bien-
tôt ils allèrent consulter sur ces noms l'oracle de Do-
,
done. Cet oracle est regardé comme le plus ancien
entreceux de la Grèce, et dans ce temps-là il était
le seul. LesPélasges donc, ayant consulté à Doilone,
pour savoir s'ils recevraient ces noms qui venaient
des barbares, l'oracle leur répondit qu'ils pouvaient
les adopter1 »— Ainsi, les oracles grecs furent
1 Hérodote
, u, 52.
!
les premiers organisateurs de la mythologie payenne.'
Et, chose extraordinaire ce sont les prophe'tiesqui
,
ont servi de jalons à l'un des plus grands peuples de
l'antiquité pour créer sa foi religieuse ses institu-
tionspolitiques, son industrie, ses sciences, son art,
!
sa civilisation
;<
Les prophètes et les oracles étaient les chefs des
nations de l'antiquité mais seulement sous le rap-
port intellectuel et moral Les philosophes eux-
mêmes, de l'Egypte et delà Grèce, aux époques pri-
en prophétisant :
mitives de foi et d'espoir,enseignaient lespeuples
« Les sages, dans les temps
anciens, dit un historien digne de foi, envelop-
paient leurs pensées sous des formes énigmatiques,
et ne les énonçaient pas clairement f..
Cet enseignement par la révélation ne ressem-
,
blait, en aucune manière, aux enseignemens préten-
dus religieux ou plutôt à cette exposition dogma-
tique que les prêtres du paganisme faisaient aux
époques philosophiques et sceptiques, dans les beaux
jours de la civilisation grecque et romaine. On écou-
tait rel igieusement les prophètes des premiers temps;
on raillait ceux qui leur succédèrent. — C'est que
les premiers parlaient par inspiration et avec con-
science, tandis que les seconds ne croyaient plus
aux doctrines qu'ils prêchaient dans les temples et
aux oracles qu'ils rendaient dans leur antre et sur
leur trépied.
1Pausanias,vin.
On concevra facilement que les croyances reli-
gieuses de l'antiquité aient été basées et établies sur
les révélations des prêtres et des prophètes,puisque le
panthéisme des anciens ayant donné la vie à tous les
:
êtres qui appartiennent au monde matériel et fait
adopter cet axiome « Tout est l'image de la divi-
nité It, l'homme,qui était considéré comme l'être le
plus parfait et la représentation fidèle des dieux, de-
vaitnécessairementsetrouver en rapportaveceux. Or,
,
en admettant, pour quelques instans , le panthéisme
des anciens le don de prophétie semble avoir été
donné par une puissance céleste et inconnue à cer-
tains hommes pour que ceux-ci puissent annoncer
,
aux peuples les décrets émanés de l'Olympe, et dé-
voiler les secrets de l'avenir. « Voilà comment, sous
le double empire de la crainte qui abaisse l'homme
et du sentiment intérieur qui le relève à ses propres
yeux, dit un savant de l'Allemagne, se forma l'antique
,
croyance selon laquelle, seul entre tous les êtres vi-
vans l'homme jouitduprivilèged'êtreencommerce
avecles dieux. La nuit, dans ses songes, le jour, par le
vol desoiseaux, par lesentrailles des victimes,pardes
exhalaisons souterraines, enfin par mille présages di-
versetsoudains,lesdienx parlent à ses sens, pourmani-
festerà son intelligence, soitle présent,soitl'avenir'.»
— Ainsi donc, il n'y avait dans les énigmes des prê-
tres de l'antiquité ni raisonnemens ni démonstrations
,
écrits, les chênes prophétiques comme ceux qui les
avaient consacrés et rendus divins tels qu'Orphée
,
et Mélampe en Grèce, et Hermès en Égypte.
Bien plus chaque arbre devint le symbole ou la
représentation sacrée d'une des divinités païennes.
On rendit au chêne le même culte qu'à Jupiter;
ensuite le pin, l'olivier, lelaurier, le myrte, le
,
cyprès, le frêne, le lierre et le peuplier, furent
,
consacrés à Cybèle, à Minerve, à Vénus àPluton,
à Mars à Bacchus, à Hercule, et adorés comme
eux.
,
Il réforme l'année antique des Égyptiens troglo-
dytes observe de nouveau le lever et le coucher
du.soleil, et tracè sur des colonnes de granit des
maximes morales et religieuses, êtes prophéties sur les
événemens politiques ou sociaux, des prédictions sur
la hauteur future des eaux du Nil et sur la fertilité
des années qui doivent suivre. — Hermès est donc,,
sanscontreditjl'inventeur des almanachs chez l'un des
plus anciens peuples de la terre. « Les colonnes, nous
;
dit Proclus, étoient en Egypte, les dépositaires de
toute science et l'on sait que cette coutumepassa de
bonne heure à Athènes, où des bornes décorées-
du nom d'Hermès offraient auxpassans les saintes
maximes de la morale, etformaient une sorte decaté-
chisme populaire. Tout ce qui s'écrit, ajoute notre
,
auteur, est Hermès ; Hermès est le précepteur par
excellence le prophète; le scribe sacré »
Les successeurs d'Hermès continuèrent à prédire
J'avenir, etàlracer leurs prophéties sur dupapyrus
quel'onconservaitsoigneusemenltlans les temples, et
sar d'autres colonnes- de granit que nous connaissons
sous le nom de pyramides et d'obélisques. -
oracles les plus recherchés des Egyptiens se ren-
Les.
!InPlat Timaeum,p.01.
égyptiens,n'étant plus animés de la religion primi-
tive de leurs ancêtres, firent du sacerdoce un mé-
tier fort lucratif. Ils annonçaient, pour de l'ar-
gent, les événemens futurs à l'aide de l'astrologie
,
qu'ils ne savaient plus. Ils tiraient l'horoscope des
grands et des rois consultaient l'astre sous lequel
iesindividusétaientnés ; mais leurs prédictions avai-
ent l'avantage de ne se réaliser jamais.
Tout le monde s'arrogea les fonctions d'oracles,
de prophètes ou de voyans. Certains rois d'Égypte,
tels que Saphis et Amenophis, demandèrent à être
admis au nombredes voyans sacrés. Les prêtres, qui
,
étaient alors sous la domination des souverains d'E-
;
gypte, leur octroyèrentcette grâce par faveur pro-
bablement mais il est très-certain que ces VOYaTlS,
privilégiés de la fortune, ne voyaient rien du tout.
Les anciens philosophes grecs ne craignirent pas
d'être disciples des prophètes égyptiens de ce temps-
là. Saint Clément d'Alexandrie nous apprend que le
célèbre Thalès suivit assiduement les leçons des
prophètes de l'Egypte, et que Pythagore fut un des
meilleurs élèves de Sonchidès, archi-prophète ou
grand voyant d'Alexandrie 1.
1 Saint-Clémcnt,AIl.Lib. 1 et 6 Slrormt,
Jauger ou lorsqu'on voulait connaître l'avenir.JNOII
seulement chaque ville principale dela Grèce ou de
l'Italie eut son prophète, mais les dieux rendaient
encore des oracles par l'intermédiaire des prêtres.
Ainsi, outre les sibylles de Delphes et de Claros, de
Dodone et d'Ammon, Mars eut un oracle en Thrace.
,
ne manquaient pas chez les anciens.
a
Un philosophe sceptique qui eu l'honneur d'être
,
réfuté par Moebius doyen des professeurs en théo-
logie de Leipsick
,
et traduit par le célèhre auteur
de la Pluralité des Mondes Van Dale enfin
, - — et
avec un nom comme le sien on devait être fort peu
religieux, — a entrepris de prouver la fausseté des
:
prophéties anciennes. Malheureusement pour lui il
::itcle fait suivant « Thulès, dit-il', fut un roid'E-
gypte dont l'empire s'étendoit jusqu'à l'Océan. C'est
lui,àcequ'ondit, qui donna le nom de Thulé à l'île
qu'on appelle présentement Islande. Comme son em-
pire alloit apparemment jusque-là, il étoit d'une belle
étendue. Ce roi, enflé de ses succès et de sa prospé-
, :
rité alla à l'oracle de Sérapis et lui dit Toi qui
es le maître du feu et qui gouvernes le cours
* ,
Histoire des Oracles de Van-Dale, insérée dans le tome
m des OEuvres de Fontenelle, édit. de 1825, p 2CG.
(u ciel, dis-moilavérité. Y a-t-il jamais eu,et y
;
aura-t-il jamais quelqu'un aussi puissant que moi?
L'oracle lui répondit Premièrement Dieu ensuite
;
la parole et l'esprit avec eux tous s'assemblent en
,
un dont le pouvoir ne peut finir. Sors d'ici promp-
tement, mortel, dont la vie est toujours incer-
,
taine. — Au sortir de là ajoute naïvement notre
auteur, Thulès fut égorgé. »
Si en citant de telles choses, Van- Dale prétend
réfuter les oracles, nous pensons qu'il se trompe.
;
Les oracles grecs suivirent entièrement les erre-
,
mens des prophètes égyptiens et après avoir pro-
phétisé avec onction, avec sagesse, avec conscience,
ils tombèrent dans un tel discrédit,que les philo-
;
sophes les tournèrent en ridicule. Cependant les pla-
,
toniciens et les stoïciens prirent leur défense mais
les cyniques les péripatéticiens et les épicuriens
curent le dessus, et les oracles ne furent plus consul-
tés.
:
oracles n'était pas aussi ridicule qu'il avait l'inten-
tion de la faire paraître « Je ne crois point, dit-il,
;
que le premier établissement des oracles ait été une
imposture méditée mais le peuple tomba dans quel-1
que superstition qui donna lieu à des gens un peu
p!us raffinés d'en profiler ; car les actions du peuple
ont telles assez souvent qu'elles n'ont
pu être pré-
vues, et quelquefois ceux qui le trompent ne son
geoient à rien moins, et ont été invités par lui-
même à le tromper »
Pourquoi donc mettre sur le compte du peuple ce
?
qui n'appartient qu'aux prêtres païens — Si ces
,
derniers avaient toujours été les plus capables les
plus moraux, les plusreligieux de la société, les
,
laïques ne seraient point devenus athées, et le don de
prophétie nous en avons la conviction, aurait tou-
jours été l'apanage des serviteurs d'Osiris, d'Her-
mès et de Jupiter. — Il paraît que M. Van-Dale,
tout protestant qu'il était, entendait fort peu de
chose à la philosophie de l'histoire.
Un écrivain de l'antiquité, dont le témoignage
vaut certes bien celui de Van-Dale et deFontenelle,
le judicieux Plutarque, dans son intéressant ouvrage
tie la Cessation tirsoracles, seprononce ouvertement
,
enfaveur des prophéties. « Quoique tout cela,dit-il,
ressemble assez à des fables cependant la ruine de
--
Id.ibid.,p.317.
,
de ces bouillonnemens des mers de ces pierres en'
flammées que ie vent poussoit avec tant de vio-
lence i de la ruine de si grandes villes, qui ont été
tellement détruites que le lendemain même on
n'a pu retrouver la place qu'elles occupoient. s'a
est difficilede croire que la Divinité n'ait point eu
de part à ces événemens à plus forte raison n'a-t-
,
on pu les prédire sans son inspiration J) Les ad- -
,
versaires des oracles et des prophéties ont eu le soin
de ne pas citer ce curieux. passage qui se trouve
peut-êtrereproduit ici' pour la première fois. Il
est vrai que la justesse des observations, le dis-
,
cernement et l'autorité de Plutarque, étaient un
grand obstacle ; mais au moins, quand on veut ré-
futerune doctrine, il faut être impartial,etciter,com-
me nous le faisons ici, les ouvrages des apologistes et
ceux des détracteurs.
Si Plutarque
,
n'avait seulement écrit que ce
que nous venons de rapporter ce serait déjà
,
beaucoup; mais il va plus loin, et, poarnelaisser
aucune prise aux critiques il ajoute : « Quand l'o-
, ,
racle, non content d'annoncer l'événement, spéci-
,
fie la manière
nages
le temps l'occasion et les person-
alors ce n'est plus une conjecture incertaine,
c'est une prédiction réelle de ce qui doit arriver.
»
Tel est encore celui qui regarde l'île que la mer
fit sortir de son sein devant Théra et Thérafia, vers
le temps de la guerre de Philippe avec les Romains:
,
mains aient défait Annibal et soumis les Carthagi-
nois ; que joints aux Etoliens , ils aient vaincu Phi-
; ,
lippe
dans une éruption de flammes ,
qu'enfin une île soit sortie du fond des eaux
peut-on dire que
tous ces événemens aient concouru ensemble par un
effet du liasard? L'ordre dans lequel ils sont arrivés
?
n'atteste-t-il pas la certitude de la prédiction N'en
est-il pas de même de l'oracle qui, plus de cinq cents
ans avant l'événement, prédit aux Romains qu'ils
feroient en même temps la guerre à toutes les na-
tions ce qui se vérifia lorsqu'ils l'entreprirent pour
?
,
,
soumettre leurs esclaves révoltés Il n'y a dans ces
oracles rien d'incertain rien d'obscur. Vouloiren
attribuerl'événement au hasard, c'est se perdre
,
dans l'infini. L'expérience est ici la garantie de la
prédiction et montre, pour ainsi dire la route qu'a
,
tenue le destin. Je n'imagine pas qu'on puisse dire
que le hasard seul a fait cadrer l'événement avec la
prédiction ; car alors qui empêcheroit aussi de sou-
tenir qu'Epicure n'a point écrit son Traité des
Maximescertaines, mais que, le hasard ayant réuni
les lettres et les mots qui le composent, ce
livre s'est
trouvéfait'? »-II estbien malheureux queceslignes
du livre de Plutarque n'aient point été lues. Nous
espérons donc que nos lecteurs nous sauront gré de
leur avoir fait connaître un des passages les plus
intéressans de ce savant ouvrage.
Le critique Fontenelle ayant dit, d'après Van-
Dale, que si on lui donnait une demi-douzaine de
personnes à qui il puisse persuader que ce n'est pas
le soleil qui fait le jour, il ne désespérerait pas de
faire embrasser cette opinion à des nations entiè-
,
res le savant P. Baltus, dans son excellentTraité
sur les oracles, lui fit cette réponse si juste etsi spiri-
,
vre, ya trouvé je ne seai quel venin caché qui lui a
déplu infiniment. Mais sans m'arrêter à vouloir
pénétrer vos intentions, je vous prie de me dire si
vous avez vu dans l'histoire quelque exemple d'une
erreur semblable , et qui se soit établie de la ma-
nière que vous dites. Assurément vous comptez
beaucoup sur la stupidité des hommes. Il me semble
à
néanmoins qu'ils ne se rendent pas facilement tout
ce que l'on veut leur persuader, particulièrement
si ce sont des choses contraires à leurs sens et à leur
expérience. Pourpeuqu "ils aient de l'esprit et de l'in-
telligence, ils demandent des preuves et des raisons.
» Ce n'est pas tout, ils veulent encore, dans ces
occasions, des prodiges et des miracles, ou vrais,
ou au moins qui leur paroissent tels. Ce seroit, en
vérité, une chose bien curieuse de voir comment vous
vous y prendriez pour persuader à cinq ou six per-
sonnes que ce n'est pas le soleil qui fait le jour. Et
quand vous en seriez venu à bout, ce seroit encore
une chose plus curieuse à voir, comment ces cinq ou
six personnes s'y prendroient pour persuader la
même erreur à des nations entières. Il faudroit, pour
cet effet, qu'elles fussent en même temps infiniment
stupidesetinfiniment habiles :-infiniment stupides,
pour donner dans une erreur si grossière et si pal-
;
pable -infiniment habiles, pour la persuadera
des nationsentières.
» Vous dites que quand les oracles se sont éta-
,
blis lignorance étoit beaucoup plus grande qu'elle
ne fut dans la suite. Premièrement tous les oracles
ne se sont pas établis en mêmetemps :on peutvousen
montrer qui ont été établis dans les siècles les plus
éclairés et pour cela je n'ai besoin que de votre té-
moignage. Vous reconnaissez que lesoracles d'Héphes-
,
oracles semblables aux anciens ,
tion, d'Antinous et d'Auguste ont été de véritables
à cela près qu'ils
n'étoient pas si fameux. Et quand est-ce que ces
oracles se sont établis, si ce n'est dans les siècles les
plus cultivés par les sciences et la philosophie? Mais
quand bien même tous les oracles se seroient établis
dans des siècles d'ignorance, n'ont-ils pas subsisté
, , ,
durant les siècles les plus éclairés? Comment s'est-
il pu faire que tant de gens habiles
philosophes
tant de grands
tant de royaumes de villes et de ré-
publiques si florissantes n'aient jamais reconnu qu'ils
étoient les dupes de quelques fourbes quien savoient
beaucoup moins qu'eux en toute manière? Comment
ces fourbes et ces imposteurs ont-ils pu, sans discon-
tinuation se succéder perpétuellement les uns aux
,
autres, et si bien cacher leur jeu, pendant plus dedeux
,
mille ans que personne ne s'en soit jamais aperçu
Etoient-ils d'une espèce différente des autres hommes
?
?
quivivoient de leur temps Naissoient-ilstousinfini-
ment habiles et rusés, tandis que tous les autres nais-
soient stupidcs et hébétésaudernier point? Par quel
artificeavoient-ilspu faire en sorte qu'il n'y eût de
,
l'esprit que parmi eux et que tous les autres hom-
mes en fussentabsolumentdépourvus ?»—Nousn'a-
1
:
quelque analogie avec celles des peuples modernes
sur la noblesse ils pensaient que cette faveur des
,
dieux se transmettait du père au fils s.» On conçoit
parfaitement que ces peuples qui avaient entière-
ment copié les institutions, les lois, les mœurs, les
sciences et les arts des Egyptiens, se fussent aussi
conformés à leur principe stationnaire sur l'hérédité.
Presque toutes les villes de la Grèce possédaient
1
la ,t.
Reponse à l'histoire des Oracles, p 173.
*De Religion 11,liv.v,p.29S.
-siCalchas descendait d'un famille qui prophétisait
depuis trois générations. Amphiloque avait été
prophète comme son père Amphiaraüs. Hérodote
nous raconte fort sérieusement qu'Evenius ayant
été injustement rendu aveugle par les Apolloniates
,
le ciel le gratifia du don de prophétie, lui et son
fils,quiremplissait aussi, dans les armées, les fonc-
tions de devin'
Commentse rendaient les oracles?
Pour répondre à cette importante question,
nous allons interroger un grand poète de l'anti-
quité, et chercher,dans un beau poème latin qu'on
ne lit plus aujourd'hui, desdétails curieux sur les
Lucain,
prophéties païennes.
l'auteur de la Pharsale, le poète ro-
main dont nous voulons vous parier, ne peut être
accusé de tomber dans les idées superstitieuses
(comme disent les esprits forts) ; car on sait qu'il
lut accueilli à bras ouvert par l'école philosophique
cludix-huitièmesiècle,queVoItaire, dans son Essai
sur la Poésie épique, dit que « ce génie original a
ouvert une route nouvelle»(Voltaire ne l'avait
,
sans doute pas bien lu) et que Marmontel et
Laharpe écrivirent que « ce poète seroit goûté
dans tous les siècles ». — Acceptons donc ce juge-
ment, qui nous parait, à nous, très-juste, mais qui
dérange singulièrement les théories sceptiques des en-
f IIéroùùtc,IX,U2 95.
cyclopedistes. Il est à présumer que le passage suivant
leur était probablement inconnu,quand ils ont jugé
l'auteur de la Pharsale.
Lorsque le commandement de la république fut
déçerné à Pompée, Appius,n'osantaffronter les'ha-
sards d'une lutte incertaine, alla consulter l'oracle
tta Delphes : —'« A une distance égale du couchant et
de l'aurore, dit l'élégant traducteur de Lucain, s'é-
lancent dans les airs les deux cimes du Parpasse
montagne chère à Apollon et à Baèchus dont les
,
Ménades thébaines confondent le culte dans lesfêtes
triennales qu'elles viennent célébrer à Delphes.-.
Quelle divinité se cache en ce lieu? Quel dieu possé-
dant tous les mystères du monde éternel et les se-
crets de l'avenir, se résigne au séjour de laterre,
le contact de l'homme ;
toujours prêt à se révéler aux mortels et à souffrir
également admirable et
puissant, soit qu'il révèle seulement la destinée,soit
qu'illa détermine par sa parole ?. Quoi qu'il en
soit, dès que le souffle divin est entré dans le sein
, ;
virginal de la prêtresse, il ébranle avec un bruit
terrible cette âme humaine il fait éclater la bou-
che de la prophétesse comme la flamme déchire en
bouillonnant le cratère de Sicile. Le dieu se mon-
tre accessible à tous, et ne refuse à personne ses
oracles, seulement il ne se rendjamaiscomplice des
passions humaines. Il n'est point permis de venir
;
dans son temple murmurer à voix basse de coupa-
bles vœux car, annonçant l'ordre fixe et immuable
des destins, il n'accorde rien aux prières del'hoTnme.
,
Le plos grand malheur Je notre siècle c'est d'avoir
perdu cet admirable présent du ciel. L'oracle de
Delphes est muet depuis que les rois craignent l'a-
venir et ne veulent plus laisser parler les dieux.
»
immobiles ,
Ainsi dormaient les trépieds depuis long-temps
quand Appius vint troubler ce repos et
demander le dernier mot de la guerre civile. Sur
,
le bord des sources de Castalie, au fond des bois so-
litaires se promenait, joyeuse et sans crainte, la
jeune Phémonoée : le pontife la saisit et l'entraîne
avec force vers le sanctuaire. Tremblante et n'o-
sant toucher le seuil terrible, elle veut par une ruse
inutile détourner Appius de son désir ardent de con-
naître l'avenir. On reconnaît cette ruse, etla terreur
même de la prêtresse fait croire à la présence du
dieu qu'elle avait nié. Alors elle noue ses cheveux
sur son front, et enferme ceux qui flottent sur ses
épaules d'une bandelette blanche et d'une couronnt
;
de laurier de la Phocide. Mais elle hésite encore et
n'ose avancer alors le prêtre la pousse violemment
dans l'intérieur du temple. La vierge court vers le
trépied redoutable; elle s'enfonce dans la grotte et s'y
arrête pour recevoir à regret dans son sein le dieu
que lui envoie le soufile souterrain dont les siècles
n'ont point épuisé la force. Maître enfin du cœur de
,,
sa prêtresse, Apollon s'en empare. Furieuse et
hors d'elle-même la prêtresse court en désordre à
travers le temple agitaut violemment sa tête qui ,
;
ne lui appartient plus ses cheveux se dressent les
bandelettes sacrées et le laurier prophétique bondis-
; ;
sent sur son front elle renverse le trépied qui lui fait
:!
obstacle dans sa course vagabonde elle écume dans
l'ardeur qui la dévore ton souffle brûlant est sur
etles
tout l'avenir se presse
événemens se disputent la
parole prophétique; le premier et le dernier jour
, ,
du monde, la mesure des mers, et le nombre dey
,
grains de sable tout se présente à la fois. — a Tu
,
échapperas dit-elle aux dangers de cette guerre
funeste et seul tu trouveras le repos dans un large
vallonsur lacôte d'Eubée. »
» Le sein
;
de la pythonisse vient heurter la porte
du temple qui cède à son effort ; elle s'échappe mais
sa fureur prophétique n'est pas encore apaisée :
elle n'a pas tout dit et le dieu resté dans son sein la
,
domine toujours. C'est lui qui fait rouler ses yeux
dans leurs orbites et lui donne ce regard farouche et
égaré ; son visage n'a point d'expression fixe la :
menace et la peur s'y peignent tour à tour:une rou-
,
geur enflammée le colore et succède à la pâleur li-
vide de ses joues pâleur quiinspire l'effroi plutôt
qu'elle ne l'exprime. Soncœurbattu de tant d'orages,
ne se calme pas encore; mais il se soulage par de
nombreuxsoupirssemblablesaux gémissemens sourds
que la mer fait encore entendre quand le vent du
nord a cessé de battre les flots. Dans son passage de
cette lumière divine qui lui découvrait l'avenir à la
lumière du jour, il se fit pour elle un intervalle de
ténèbres.Apollonversal'oubli dons son cccrtr. pour
:
lui ôter les secrets du ciel la science de l'avenir s'en
échappe, et la prophétesse retourne aux trépieds fati-
diques. Revenue à elle-même, la malheureuse vierge
tombe expirante »
Cette excellente description de l'état extatique ou
somnambulique dans lequel tombaient les prophètes
anciens, nous fait voirque les oracles de l'antiquité
ne pouvaient se rendre qu'au moyen de certaines
cérémonies préparatoires ignorées des profanes.
Nous savons, tout aussi bien que nos adversaires,
que l'état extatique seul, que l'enthousiasme et le
somnambulisme ne prouvent rien en faveur des pro-
phéties : cela est vrai. Mais ce que nous tenons à
établir, c'est que les prophètes anciens, et princi-
palement ceux des époques rcligieuses, ne rendaient
;
leurs oracles qu'en passant de l'état normal à un
état surnaturel s'ils eussent été de simples char-
latans, comme les devins des temps philosophiques,
ils auraient trouvé d'autres cérémonies moins pro-
pres à laraillerie,et ils ne se seraient pas donné tant
de peine. — Mais, en prenant au pied de la lettre
la narration de Lucain, il est facile de s'aperce-
voir que les sihvllesanciennes et les jeunes prophé-
tesses des temps antiques se rapprochaient assez de
la somnambule clairvoyante qui souleva contre elle
3'Académie et la Faculté.
;
La première femme, dit-on, qui prophétisa, s'ap-
pelaitSibytia nous ne garantissons pointl'authenti-
cité de cette origine. Pausamas nous apprend que
cette femme eut pour père Jupiter, et pour msre
Lamia,fille.de Neptune. On voit, d'après l'antiquité
de ses parens, qu'elledevait vivre bien avant le siège"
de l'ancienne ville de Troie.
,
Varron, cité par Lactance fait dériver le nom
de sibylle de deux termes éoliens ou doriens il le ;
croit même synonyme de Thèoboulè(conseil divin ou
:
(Voir, pour plus de renseignemens ourles oracles, les sibylles
ptles prophètes antiques Observationssurlesrecherchesdes
prédictions écrites, par Fréret; Mém.de l'Acad. des Inscrip-
;
fit cadeau d'une collection des livres sibyllins. On as-
sembla les prêtres, les augures et les oracles et l'on
créa de nouveaux pontifes chargés de garder ce dé-
pôt précieux, où les destinées de Rome se trouvaient
renfermées. Plus tard ces livres furent mis dans un
des souterrains du temple de Jupiterau Capitole-
L'an de Rome 671, ces livres ayant été brûlés,
on en recomposa d'autres qu'Auguste fit renferme;*
dans des coffres d'or et placer sous la base du tem-
ple d'Apollon Palatin. Ils y restèrent jusqu'au règne
rompre,
cles. — Que certains prophètes se soient laissé cor-
encore une fois cela ne veut pas dire qu'ils
a ient été tous corrompus. Il n'y a pas de règle gé-
nérale sans exception.ni d'institutions parfaites. Aussi
, :
l'histoire suivante, que raconte Van-Dale, ne fait
aucun tort aux oracles de l'antiquité « Quand Cléo-
mène, roi de Sparte, dit-il voulut dépouiller de la
royauté Démaratc,l'autre roi, sous prétexte qu'il
n'était pas fils d'Ariston,son prédécesseur, et qu'A-
riston lui-même s'était plaint qu'illui était né trop
peu de temps après son mariage, on envoya à l'oracle
sur une question sidifficile; et, en effet, elle était de
la nature de celles qui ne pouvaient être décidées que
par les dieux. Mais Cléomène avait pris les devans
auprès de la supérieure des prêtresses de Delphes.
Elle déclara que Démocrate n'était point fils d'Aris-
ton. La fourberie fut découverte quelque temps après,
et la prêtresse privée de sa dignité. Il fallait bien
venger l'honneur de l'oracleet tâcher de le réparer'. »
— Maintenant nous le demandons à nos :
lecteurs
cette anecdote prouve-elle que tous les oracles an-
ciens eussent été corrompus? C'est comme si l'on
disait que tous les poètes du dix-neuvième siècle
sont des voleurs et des assassins, attendu que le
poète Lacenaire, qui vivait dans le même temps,
était un voleur et un assassin !.
Aux époques philosophiques, les choses les plus
saintes deviennent ridicules. Le scepticisme se répand
surtout et atrophie les plus nobles facultésde l'homme.
Les peuples cessent de croire, les prêtres doutent
d'eux-mêmes, et l'esprit de Dieu s'éloigne de la
,
Jérôme et Tertullien nous apprennent qu'un prêtre
d'Asie animé d'un faux zèle pour la gloire de saint
Paul, avait composé un livre de miracles et de
révélations, sous le titre dePériodes dePaul et
Thècle Les mêmes historiens ajoutent que saint
Jean prouva l'imposture de ce livre et qu'il fit dé-
grader son auteur.
Ce prêtre ne fut pas le seul qui, par zèle ou paruu
,
tout autre motif, inventa des prédictions relatives
aux événemens futurs et attribua à des personnages
sacrés des prophéties auxquelles ces derniers ne
pensèrent jamais;
: ,
Chez ces prophètes, qui n'avaient aucunement
reçu de Dieu le don de prophétie il y avait cepen-
dant un motif louable ils voulaient contrebalancer
les oracles païens qui existaient encore. Mais si les
premiers chrétiens n'eussent eu que de faux pro-
phètes, certes ils n'auraient jamais triomphé! Il fal-
lait lutter contre le paganisme par le talent et avec
l'arme intelligente de la persuasion. On sait que
les apôtres, animés d'une foi inconnue aux peuples
qu'ils allaient convertir, remportèrent une victoire
digne de la sainte cause qu'ils servaient.
Dans les premiers temps du christianisme, les si-
bylles et les oracles païens, quoique ne possédant
plus le don de prophétie existaient cependant encore,
ainsi que nous venons de le dire. Néron alla consul-
ter l'oracle de Delphes. Il reçut apparemment une
réponse fort peu favorable, car il enleva les statues
et les ornemens qui décoraient le temple du révéla-
teur, et fit égorger de malheureuses victimes hu-
maines (qni n'étaient pour rien dans cette affaire) à
l'entrée même de la caverne d'où sortait l'esprit pré-
tendu divin.
Grèce, ,
lostrate,Soli hiographe, visita tous les oracles de la
ceux de Dodone de Delphes et d'Amphia -
;
raüs. — Sous Adrien, Dion Chrysostome consulta
l'oracle de Delphes mais celui-ci lui répondit d'une
,
si sotte manière que Dion n'eut aucune peine à le
convaincre d'ignorance.
;
de sa ruine. Les uns pensent que Cambyse la fit
briser d'autres, qu'un tremblement la renversa de
dessus son piédestal. La différenceest assez grande
;
entre cesdeux versions mais ce qui rend la dernière
encore plus invraisemblable, c'est que les tremble-
mens de terre sont très-rares en Egypte.
,
Suivant les témoignages des voyageurs, cette sta-
lue rendait des oracles prédisait l'avenir et faisait
,
nérations. Les Ethiopiens pleurent Memnon, comme
j'il était mort dans sa jeunesse. Sa statue tournée
vers l'orient, parle dès qu'un rayon du soleil levant
,
vient tomber sur sa bouche '.a — Celui qui en fait
uns! la description est un témoin digne de foi il
avait entendu lui-même les oracles de la statue de
;
Memnon depuis sa prétendue mutilation par Cam-
h-e.
Pausanias
non pas Memnon ;,
etJuvénal l'appellent Phamenopée
ils sont du même sentiment que
,
et
;
tueusement comme ses alliés et ses amis. Plus heu-
reux, j'ai saisi le sens de ses paroles la nature elle-
même, créatrice de toutes choses, les a proférées*.
,
Ceux qui se croient des hommes supérieurs parce
qu'ils doutent de tout ont voulu trouver dans cette
statuece qui n'y avait jamaisété.Ainsi,M.Dussault,
dans sa traduction de Juvénal, dit que la statue
étant creuse, la chaleur du soleil échauffait l'air
qu'elle contenait, et que cet air, en sortant par
quelque issue,produisait un bruit que les prêtres
interprétaient à leur gré *. Malheureusement pour
M. Dussault, son opinion n'est pas soutenable ;
car
(en nous servant de l'observation fort judicieuse d'un
auteur qui n'est pas toujours judicieux), pour arriver
jusqu'à l'air interne, la chaleur du soleil aurait eu à
pénétrer une couche de pierrestrès-compacte, épaisse
nu moins de deux ou trois décimètres, et cela
instantanément, et lorsque le disque du soleil était à
peine élevé au-dessus de l'horizon s.— Or, M. Dus-
,
granit même, ou des pierres sonores de la nature de
celles qui, depuis des siècles servent aux Chinois
d'instrumens de musique. Tout cela serait fort ingé-
,
nieux; mais on prétend que la théorie de Langlès
tombe d'elle-même attendu qu'il n'a jamais existé
de cavité propre à recevoir le moindre mécanisme)
j
soit dans la base, soit même dans la statue de Mem-
non. Ce qu'il y a de positif c'est qu'à l'époque de.,
l'introduction du christianisme en Egypte, le fameux
colossene fit plus entendre aucun son. — Les nou-
veaux croyans avaient réduit au silence les oracles
anciens et les faux dieux.
,:
empereurs qui se disputaient l'empire, l'emporterait
réellement. L'oracle nous dit Spartien répondit
par le vers suivant
,
Le noir est le meilleur, l'Africain est labon,1eblanc.cstle pire;
Par le noir, on entendait Pescennius Niger; par
,
l'Africain Sévère, qui naquit en Afrique
le blanc Clodius-Albinus.
; et par
;
On versera le sang du blanc et du noir
L'Africain gouvernera le monde.
Sminthien,
vénération et de culte. Ici l'Apollon Pythien le
,
,
les trépieds dans le Cirque, et les MuseS
Héliconides dans le palais furent exposés aux rail-
leries de tout le monde »
;
Les oracles se relevèrent encore une fois sous Ju-
lien-l'Apostat ou le Philosophe ils reçurent de nou-
veaux honneurs et furent mis, comme autrefois, au
i.
i Vit. Constant.,Lib.
rang des dieux protecteurs et adorés. Cette obsti-
nation de Julien à relever ce qui était tombé et à don-
,
s'écrie, animé d'un saint enthousiasme: « Vante-nous,
, ,
si tu veux ces oracles pleins de folie et d'imperti-
'nence ceux de Claros d'Apollon Pythien
,
de Di-
dime, d'Amphilocus ; tu peux y ajouter les augures
et les interprètes des songes et des prodiges. Fais-
nous paraître aussi devant l'Apollon-Pythien ces
gens qui devinaient par la farine et par l'orge, et
,
ceux qui ont été si estimés parce qu'ils parlaient des
entrailles. Que les secrets des temples égyptiens et
;
que la nécromancie des Etrusques demeurent dans
les ténèbres toutes ces choses ne sont certainement
,
que des impostures extravagantes et de pures trom-
peries pareilles à celles des jeux de dés. Les chè-
vres qu'on dresse à la divination, les corbeaux qu'on
(iresse à rendre des oracles, ne sont, pour ainsi dire,
que les associés de ces charlatans qui fourbent tous
les hommes. »
,
Saint Clément n'avait-il pas raison de s'élever
contre ces prêtres menteurs contre ces faux pro-
phètes qui-voulaient enseigner aux autres une reli-
gion à laquelie ils ne croyaient plus, et prédire
l'avenir, sans avoir dans le cœur ni dévouement ni
r.;nvidion,ni espérance ni foi?.
8 V.
PROPHÉTIES MODERNES.
,
ou pour mieux dire, lorsque le peuple, nouvelle-
ment converti au christianisme cessa de les enten-
dre, de nouveaux prophètes parurent; mais des
prophètes sacrés, dignes de la sainte mission qu'ils
,
du Dieu bon tolérant et miséricordieux ,
remplissaient, et animés de l'esprit du vrai Dieu,
qui vou-
lait la fraternité humaine et la liberté des esclaves.
,
écrivains, tels que saint Cyprien et saint Isidore de
Séville prouvèrent l'authenticité des prophéties qui
avaient rapport à l'avènement du Christ et au triom-
phe de la foi. Mais bientôt des théurgistes d'Orient
pénétrèrent en Europe, et donnèrent à un grand
nombre d'individus, nullement doués du don de pro-
phétie, l'idée de prédire l'avenir. Les chefs de J'E-
;
glise s'opposèrent formellement à ces sortes de pré-
dictions mais les défenses n'empêchèrent pas les
magiciens du moyen âge de faire chaque jour de
nouvelles expériences sur la nécromancie, la chiro-
mancie, la géomancie. Quelques Ihéurgistes ce-
;,
pendant arrivèrent à de fort beaux résultats mais,
généralement parlant, les vrais prophètes qui
,
vivaient retirés dans leurs laboratoires ou dam
leurs cellules se contentèrent de tenir leurs prophé-
ties inconnues, et de douter d'elles jusqu'à leur en-
tier accomplissement.
Si tous eussent agi de la sorte certes leP.Menestricr
n'aurait pas rapporté l'histoire dece fameux vision-
naire du douzième siècle, nomméJoachim, qui croyait
«
voircequ'il nevoyaitréellement pas. L'abhéJoachim,
dit-il, étoit allé visiter les lieux saints à peine âgé
de quinze ans; n'ayant, fait aucune étude, il se mit
dans l'esprit qu'il avoit une connaissance infuse et
parfaite de tous les miracles cachés de l'Ecriture,et
il
surtout de lapocalypse,dont croyoit avoir clef.la
Il se mit alors à travailler sur les visions de ce livre,
lesquelles il ajustoit aux siennes, comme il lui plai-
,
soit, prenant ses rêveries pour le vrai sens de ces
sacrés mystères. Richard d'Angleterre qui avoit de
,
em, etc. La septième tête étoit Antéchrist, qui étoit
déjà né à Rome et qu'il seroit pape. Il ajouta qu 'en
l'année onte centquatre-vingt-dix-neuf,lesixième
.sceau dulivre fatalsè romproit,.etque,.bientôt après,
on verroît le règne, la persécution et la mort de l' An-
téchrist. JJ-Voilà quelles étaient les fausses. prédic-
tions de ce visionnaire.Nous savons, par les témoin
gnages de l'histoire, quelles ne se sont point réalisées;
Nous agissons, on le voit, avec une parfaite im-
;
partialité mais cependant nous avons besoin d'ajou-
ter que nous n'admettons pas entièrement les idées
philosophiques du P. Menestrier touchant les pro-
phéties. Ce savant auteur jugeait trop le passé sui-
vant les idées de son siècle. Il est si difficile de se sous-
traire à la contagion; et la contagion, au xvne siècle,
c'était le protestantisme et la négation.
Le P. Menestrier, qui avait été si souvent trompe
par les auteurs, en faisant des recherches pour sa
Méthode dit blason, son Traité de çhcvalcrie, son
Histoire des tournois, et ses autres ouvrages sur la
,
écri ture improprement appelée gothique, si origi-
nale et si gracieuse et enfin tous les incomparables
monumens que nous ont légués le moyen-âge et le
christianisme!
Nous devons pourtant reconnaître avec le P. Me-
,
nestrierqu'il est venu un grand nombre de faux pro-
phètes comme cet Arnold de Vion par exemple,
,
quiattribua à saint Malachie un livre de prophéties
auquel ce bienheureux apôtre ne pensa jamais. Cet
Arnold de Vion,ayant été forcé de se retirer enItalie,
écrivit à l'abbaye du Mont-Cassin le fameux livre
de prophétie qu'il publia en 1595.
La preuve que saint Malachie n'a point écrit de pro-
phéties, c'est qu'un de ses contemporains, l'auteur des
AnnalesdeCîteaux, Ange Manrique, assure qu'ayant
eu en sa possession tous les papiersdu saint, il ne trou-
va aucune prophétie. Mais, sans citer les témoignages
de saint Bernard, le digne ami de saint Malachie,
nous demanderons comment l'auguste personnage
; ,
cité par Arnold de Vion aurait pu faire des prophé-
ties touchant la succession des papes quand de son
temps, le schisme avait cessé, quand l'anti-pape
Anaclet était mort, et qu'Innocent siégeait en toute
sécurité sur le trône de saint Pierre. Ensuite, ni
Othon Frisingen, ni Jean de Sarisbery, ni Pierre-
loVénérable, qui s'occupèrent beaucoup des affaires
ecclésiastiques et des travaux de saint Malachie,
ne parlent des prétendues prophéties publiées
par Arnauld de Vion.
Passons maintenant aux prophéties authentiques.
,
d'une explication savante, claire et impattialc.
Comme nous aurons souvent occasion dans le cours
de ce paragraphe, d'extraire quelques passages de
ce précieux petit ouvrage, nous y renvoyons nos
lecteurs, en les prévenant qu'ils trouveront en en-
t,
tier, dans l'Oracle pour 1840 les merveilleuses
prophéties que nous sommes forcés de mutiler ici,
et bien d'autres encore que l'espace nous empêche
de citer.
Pour coordonner cet historique, nous grouperons
toutes les prophéties qui auront rapport à un fait im-
portant de notre histoire. Ainsi, nous allons com-
mencer par les prédictions concernant le passé,
,
plis
,
:
latine, dont nous ne donnerons seulement que la tra-
1Pages25etsuiv.
t Cette même prédiction est inscrce (jans ie Mirabilis Li.
ler, faussement attribué à saint Césaire, et dans un ouvrage
qui a pour :
titre l'Avenir dévoilé,ou Concordance des
Prophéties de Noslradzmus avec les événements.
diction ne s'est, à la rigueur, seulement trompé qiu;
d'une année. C'est une légère faute qu'on peut bien
pardonner à celui qui l'a laite puisqu'il vivait
troiscentIrcizcalls avant l'événement.Nos lecteursli-
ront avec plaisir, dans YOracle, une foule de dé-
tails sur l'authenlicité de cette prophétie.
Unautre ouvrage ron moins curieux, un livre y
rarissime dont nos plussavans antiquaires igno-
rent l'existence, un bijou bibliographique, qui n'a
probablement jamais été ouvert, contient, sur la
Révolution française, des prédictions merveil-
leuses auxquelles nous n'aurions certainement pas
ajouté foi si nous ne les avions lues nous-mêmes
dans l'édition originale de 1531, — de 1531 remar-
! ,
quez bien c'est-à-dire dans celle qui a été publiée
deux cent cinquante-huit ans avant la Révolution
de 1789!..
Ce livre a pour titie : Le PÉRIODE, c'est-à-dire
,
Uoyale, ni à celles del'ArsenaletMazarine. Brunet, dans son
jfanuel du libraire et l'auteur de la Bibliothèque histori-
ilii,e de la France n'en parlent point. Le P. Lelong l'ait
mention de la
Table$éo</raphique de Bourgogne de P. Tur-
rel,maisnon du Période. LesNouvellesrecherchesbiblio-
graphiques, publiées en 1834, ne contiennent même aucune
..0 m.
,
indication sur cet ouvrage. Le Période a été porté par les an-
ciens génovéfains sur leurs riches catalogues à la lettre V,
;
la .fin du monde contenant la disposition des chou-
i's terrestres par la vertu et influence des corps cé-
lsi s : composéparfeu maistre TURREL, philoso-
phe et astrologue, recteur des escolcs de Diion.
—
Au dessous de ce titreexplicatif, on voit une vi-
gnette sur bois, grossièrement gravée, représentant
-en encadrement les signes du zodiaque ; au milieu le
soleil, la lune, les étoiles et une sphère soutenue par
une main. Au bas de la page, on lit :
ANOMODY 5531. - ESTCRISTUS1531.
en la très-nohle maison
,
son ouvrage:« Escript et composé en latin au mo-
nastère des Trois-V alées et translaté en françoya
de Commarien, la plus illus-
tre et magnifique que soit en larégion de Mandubie.
Faict et terminé le second ioùr de septembre mil cinq
cens trente nng. » — La Croix du Maine n'a
donc point commis d'erreurs en disant que Turrel
composa le Période en latin. La Monnoye, au con-
thèquesfrançoises» ,
traire, s'est trompé dans ses annotations des Biblio-
lorsqu'il a écrit que « ce livre
n'avoit jamais été écrit qu'enfrançois, quoique,
pour le peu qu'il contient, il soit rempli de citations
latines».
L'auteur de ce savant et curieux opuscule était
d'Autun 2. Il naquit à la fin de la dernière moitié du
;
quinzième siècle eten l'an 1531 il était probablement
à cette époque
Turrel».
,
mort, car dans le titre de son ouvrage imprimé
:
on lit « Composé par feu rnaistre
Or, La Monnoye, qui passe pour un anno-
tateurtrès-erudit, s'est encore unefois trompé dans
ses remarques surlesarticlesbibliographiquesdeLa
Croix du Maine et de Du Verdier. « Ce savant, dit-il,
en partant de Turrel, vivoit encore, ce semble, en
1542; Guillaume Paradin, du moins, dans son livre
de Antiquo Burgundice, imprimé cette même année,
parle du vénérable Pierre Turrel comme d'un homme
3
alors vivant ».-On voit bien que M. de La Monnoye
*11 n'était ,
T. m, p. 329, édit. in-o de 1772.
pas de Dijon comme l'a dit Bayle, dans son
,
Dictionnaire historique, d'après l'ouvrage de La Croix du
Maine mais d'Autun. M. de la Monnoye vient à l'appui de
ce que nous avançons, en citant un ouvrage où Turrel se
qualifie d'Acxcpiois (Magistro Petro Turello AUGUSIO-
DUENSI. )
aJ
Remarques sur La Croix du Maine et Du Verdiert
t. p.
m, 829.
a fait comme la plupart des critiques de nos jours :
il a parlé des ouvrages de Turrel sans les connaître.
S'il eut ouvert le petit livredont nous vous entrete-
nons en ce moment, il aurait vu queson auteurn'exis-
faitplusen 1531. Si Guillaume Paradin a commis
un anachronisme, ce n'était pas une raison pour que
ÂI. de La Monnoye l'imitât !
Pierre Turrel 1, quoiqu'astrologue et prophète,
n'était pas un de ces faux savans si commuus à toutes
les époques. Du Verdier dit qu'il fut un des plus
grands mathématiciens de son temps. Chassencutz,
dans son Catalogue de lagloiredumonde,appelle
«
Turrel un très-savant homme2*. Il devint recteur
de l'école de Dijon et professeur de l'illustre Castel-
lan, grand-aumônier de France et l'un des orienta-
leLeslespins distingués du seizième siècle. Baylc
,
rello heduo (ir.quit) quidallerPtolomceusincosmoyraphiâ,
lifter Alcabitiur, in astrologiâ
tli
alter Cicero in artedicen-
alter Bias in philosophiâ, alter Livius in historià
ilicipolest, et unum diccre nonpudebit, qubd nec majo-
rent recipitGallia, etc. , etc.
dit.en parlantdeCastellan,«qu'il étudia sons un
cêlèúre régent qui s'appeloit Pierre Turrel Il. 1
,
C'est-à-dire en 1814. Si nous n'avions en ce moment ce
vieux livre entre les mains nous ne voudrions pas croire à la
prophétie qu'il renferme.
vous pas, comme nous, qu'elle est surprenante
traordinaire, merveillewe ? Turielvadroitaubut;
, ex-
,:
d'énigmes : il dit franchement qu'il y aura une ré-
volution en 1789 et qu'elle se terminera en 181.
Mais ce n'est pas tout il nous promet encore de nou-
velles institutions, des sectes et
unAntéchristpuis-
sant. Nous verrons plus tard si Turrel n'est point un
faux astrologue. En attendant, constatons la justesse
étonnante de ses prédictions touchant la Révolution
française et la chute, en 1814 du dernier représen-
tant de cette grande et malheureuse époque.
L'ouvrage de Turrel, quoique très-rare ( puisqu it
n'est cité dans aucun traité d'astrologie) a été cepen -
dant copié en partie par un auteur fort inconnu du
,
reste, et dont nous allons maintenant nous occuper.
Nous devons ajouter que cet écrivain comme tous
les compilateurs des temps passés ou présens, s'est
biengardé dedire dans quel ouvrage il avait puisé ses
renseignemens.
,
Cet auteur, chanoine de Langres s'appelle Ri-
chard Roussat, et son ouvrage porte le titre sui-
vant : Le Livre de l'estat et mutation des temps,
l'
prouuant parauthoritezde Escripturesaincte etpar
:
nable vulgaire et populeuse multitude, mère d'igno-
rance et d'vn vouloir touiours desréglé et n'en lais-
serez, s'il vous plaist, approcher vn tas de non savants,
et
semblables aux chiens qui crient, jappent abboyenl
aux incongnus ».
A la page 86 de son Livre des temps, il donne un
démenti à tous ceux qui prétendent que les astrolo-
,
:
gues ou les prophètes ne peuvent assigner de datf"
positives à leur prédiction « Maintenant, ie dis que
nous sommes en l'instant et approchons de la future
renouatioo du monde enuiron deux cens quarante-
trois ans, selon la commune supputation des histo-
riographes en prenant à la datte de la compilation
,
de ce présent traicté.. — Nous venons de voir que
;
le Livredes temps fut publié en 1550 or, eu ajou-
tant le nombre deux cent quarante-trois à l'année
mil cinq cent cinquante, nous trouvons naturelle-
ment que cette rénovation doitavoirlieu en MITSEPT
CENT QUATRE-VINGT-TREIZE !.
Ainsi, voilà trois astrologues, Nostradamus, Turrel
'et Roussat,qui ont annoncé tous trois le même évé-
nement, l'un à Salon, en i555, l'autre à Dijon, en
1, et le troisième à Langres, en
153 1550. — Peut-on
rester incrédule en présence de semblables pro-
phélies?
;
A la page 162 du même ouvrage, Roussat s'ex-
prime encore plus clairement mais on voit ici qu'il
a copié presque mot àmotAlbumazar1 et Turrel.
t Ce nom , ,le
en langue arabe s'écrit Abou-Maaschar. D'a-
beux, ,,
près l'excellente traduction que savant orientaliste, M. Du-
de la Bibliothèque Royale a eu l'obligeance de nous
Khorasan l'an de ,
belot, dans sa Bibliothèque Orientale, naquit à Dalkhe, cn
, l'Hégire 190 (805) et mourut à Bagdad en
l'an 472 (885). D'autres, au contraire, placent l'époque de sa
,
mort à l'année 190 (805). Quoique nous ne sachions rien de
plus à cet égard nous devons croire, cependant, qu'il vivait
entre le huitième et le neuvième siècle.
On dit que sa réputation était alors si grande dans toute
l'Arabie, que le kalife Almamon, voulant mettre sa science
a l'épreuve, fiL cacher un de ses officiers dans une pièce voi-
sine, en le forçant de s'asseoir sur un mortier d'or placé au
milieu d'un grand bassin rempli de sang. On introduisit Albu-
mazar, et Almnmon lui demanda où l'un de ses officiers, qu'il
lui désigna par son nom, devait être. L'astrologue consulte son
livre.et sesiustrumens,et répond d'une voix assurée qu'il aper*
roit cet homme assis sur une montagne d'or et entouré d'une mtr
de sang. Cette réponse satisfit tellement le kalife, qu'il récom-
pensa largement Albumazar.
Le Rabi Alakhîar rapporte qu'une dame de Bagdad ayant
«Pour autant,dit-il, changeons de proposetvenons a
parler de la grande et merueilleuse conionetion que
messieurs les astrologues disent estre à venir enuircn
:
d'un grand prix, demanda à Albumazar où étoit son cachet.
Il lui lit cette réponse « Le sceau de Dieu a pris le vôtre. »
Ln effet, quelques jours après elle trouva son cachet entre les
feuillets d'un Alcoran, livre considéré par les musulmans
comme le cachet ou le sceau des promesses de Dieu.
Albumazar est auteur de plusieurs ouvrages d'astrologie et
d'astronomie, très-importans, très-rares et très-estimés au-
; :
jourdhui. — Le premier a pour titre Medkal (Introduction
à l'astronomie) il a été publié en langue latine pendant les an-
nées 1489,1495 et 1515. Ce livre ne se trouve point porté sur
les catalogues de la Bibliothèque Rople. -Le second est inti-
:
tulé : Ekteran al kaouakeb ( de la Conjonction des planètes ).
il aététraduitenlatinsous letitre suivant De magnis conjunc-
tionibus,annorumrevolutionibus, ac eorumprofectionibus,
ucto continens tractatus, et publié à Augsbourg, en 1489, par
Ratdolt, et à Venise en 1515, par Penzius. La Bibliothèque
Royale possède deux exemplaires gothiques de cet ouvrage,
: )
ornés de figures et rangés dans l'V, no 1427. Sur l'und'eux,
on lit ces mots écrits à la main Liber rarus. — Letroi-
sième ouvrage ( celui qui parut le premier porte le titre de
Flores astrologiee. Nous avons découvert, à la Bibliothèque
Royale, un précieux exemplaire de cet ouvrage relié avec le
De magnis de 1489; il est de 14SÎ et n'a probablement ja-
* (
mais été connu ni de Panzer Annalestypographici), ni de
Osner (Bibliotheca instituta et collecta), ni de Louis Hain
'{ Repertorium Bibliographicum) ni même de Brunet Ma. (
,
:
tiuet du libraire). Au folio 205, on lit Impressxim in Veni-
les ans (le nostre Seigneur MIL SEPT CENS OCTANTEET
( ,
On a attribué faussement à Albumazar les livres d'.thkamet
à'Asrar al nogium Jugement sur les astres) qui sont Téri-
,
tablement de Feleki, poète persan. M. d'Herbelot, dans sa
Bibliothèque orientale cite un ouvrage d'Albumazar appelé
,
Olouf (Milliers d'années) dans lequel il est parlé de la nais-
sance
,
de la durée et de la fin du monde. La religion chré-
tienne, suivant les calculs d'Albumazar, ne devait durer que
quinze cents ans, c'est-à-dire,finir au seizième siècle.
Il est fâcheux que nous n'ayons pu nous procurer cet intéres-
sant ouvrage, qui ne se trouve dans aucune bibliothèque pu-
blique, et n'est porté sur aucun catalogue bibliographique. t
Voilà tout ce qu'il est possible de dire sur Albumazar et an.,
',..1 ouvragea.
;
ble et misérable secte à la loy des chrestiens répu-
gnante et totalement contraire, viendra et combien
qu'il ne soit point de son aduenement temps déter-
mtrte-, toutes fbys, en parlantiadeteFminement, peæ-
estrçprobable suspicion par ingenieux et spirituels
calculzastrpnopiiqijes, qu'euuirQn le temps deuant
dict,TCgrteml'anfteclir ist : veu que
selon iceulx oe-
trotogues, aprèsMaymeddoibtvenirung homme par-
honeste ,
sant et de bon crédit, lequel constituera une loy des-
,
menteuse et magique. Potirce, parsembîa-
ble inductionoudémonstration
imaginer, et ,
l'on peut opiner,
coniectureplent conclure que après la
sectedeMaymed , n'en viendra pas d'aultre. que celle
du pernicieux., mauldict et venimeux antechrist JI.
— C'est, comme on le voit, unecopie de la prédic-
tion de Ttirrel.
Cinq#ns après la
,
première publication des Centu-
ries J©Michel Nostradamus c'est-à-dire en 1560,
un certain sieur du Pavillon, nommé Antoine C.
1Etparaitre un ouvragfesatirique contre les pro*
:
phéties, intitulé Les Contrediclz dit seigneur du
Paitillon lez Lorriz, en Gastinois, ou fauîses abu- et
sivesProphéties de Nostradamus et aultres astrolo-
gues;adiousié quelques œuvresde Michel Marot,fila.
deJeu démeiitMarot, prince des poètesfrançois'<
nom ,
croît bien en changer comme lit ce maître des requêtes de même
de même temps et apparemment de même famille.*Un
,
jour que ce magistrat grattoit à la porte du cabinet du Roi ou
de la Reine, comme l'huissier lui demanda son nom il n'osa
le dire distinctement à cause de l'obscénité. L'huissier ne l'en-
;
quêtes changea bien de nom, parce que celui qu'il portait « étoit
obscène » mais nous n'avons point vu qn'il s'appelât C.
., ,
comme l'affirme M. de La Monnoye. Bien plus, dans la
citation latine rapportée par Ménage il n'est fait aucune men-
tion du premier nom de ce magistrat.
L'auteur des Contredicts a écrit un grand nombre d'ouvra-
ges peu connus aujourd'hui, et dont nous allons donner
:
la liste exacte 1° les Instructions et exercices des greffiers
desjusticesroijales, imprimées à Paris, par Jean Lorigis en
1543. — 2° Les Antiquités et singularités du monde, im-
primées (suivant Du Verdier) en 15Î7.Peut-être ce bibliographe
s'est-il trompé de dix ans, car la Bibliothèque Royale possède
doux exemplaires de cet ouvrage, publiés l'un en 1557, et
l'autreen 1578 (G. 12G0 ). - 3° Les fleurs odoriférantes,
;
cueillies ès délectable jardin de Vertu, divisées en deux livres
,
imprimées à Paris par Loys Bégat en 1549.—4° Des Prophé-
ties,où. l'auteur, entre autres choses « démontre que Dieu,
:
sans aide, régit et gouverne toute la machine, et peut seul ju-
r,er des choses futures et, au surplus, que le prophète n'est
à mépriser en son art, où il y a beaucoup plus de p!aisir.
que d'approbation » imprimées à Paris en 1556. — 5° Epi-
tre présentée au très-invincible roy de Pologne, dont nous
avons parlé plus haut, et dans laquelle le seigneur du Pavillon>
promet de mettre en lumière les œuvres qui s'ensuivent
en ce monde notoirement suspects, s'écrie-t-il âvee
,
chaleur, cessez vos audacieuses présumptions car
celuy seroit malheureux que seulement vouldroit
;
approuuer qu'il y ait un seul homme au monde qui
puisse dire ce qui se fera demain. Arrêtons-nous donc
là, et ne jugeons d'aultres choses, sinon que vous-
mêmes estes dignes de feu! »-Ainsi, d'après ses pro-
pres paroles, il est bien évident qu'il voulait faire
pour son époque, ce que Voltaire et Rousseau ont
fait pour la leur. Nous avons cité ce passage afin que
nos lecteurs soient bien convaincus que le seigneur
du Pavillon n'était point partisan de la science as-
trologique.
,
dans le second il traite des abus des faux prophètes dans le
troisième des divines prophéties de l'Ancien Testament; et
dans le quatrième, il avance « que le monde sera plein d'ans et
quasi éternel. »
C.,
,
Ce mot quasi est ravissant. M.
promettre
,
de peur desecom.
ne vonlait sans doute se prononcer ni pour
ceux-ci, qui croient à l'éternité du monde ni pour ceux-là,
i
fav !ion +\jt, pour son temps,
qui prédisent sa prochaine destruction. En vérité, le sieur du
un écrivain fort adroit
cause que certains amis ;
Des ennemis font souvent plus de bien à Utlt
cela est arrivé Ú l'auteur
(les Contredicts : en attaquant à tort Albumazar,
Turrel et Roussat, il a rendu ces astrologues, et par-
ticulièrement leur science, véritablement inattaqua-
:
remarquable, c'est qu'Antoine G ,
bles. M. Charles Nodier, qui connaissait les Contre-
dicts, et qui !es a si spirituellement jugés dans ses
Mélanges, dit, à ce sujet « Une particularité assez.
sieur du
I^avillon, qui a rudement attaqué Nostradamus, et
qui étoit, pour son temps, une espèce de philosophe,
est de tous les auteurs en matière de divination, ce-
lui qui a fourni à nos visionnaires une de leurs au-
torités les plus positives! » En
effet, l'ouvrage du
sieur du Pavillon est certainement celui qui a fourni
)
aux hommes de sens et de jugement ( nous ne dirons
pas, comme M. Nodier, aux visionnaires le plus de
preuvesen faveur des prophéties et des divinations
par l'astrologie.
Les Contredicts ont été composés dans le seul but
d'attaquer les astrologues et ceux. qui se prétendent
capables de prédire l'avenir.
Voici ce que ce prétendu philosophe écrivait cn
1560, en voulanl, comme on doit le penser,
critiquer Alhumazar, Nostradamus, Turrel, Kous-
sat et les prophetes de son temps. En parlant d'eux,
4 s
Mélange lires d'une petite bd/jiiJlhélJue Ch. xxîr,
p. 236.
il s'exprime ainsi : Ils ne donnent vie à noz suc-
«
cesseurs que de deux cens trente-cinq ans, ou enui-
ron , à compter de ce présent an mil cinq cens cin-
quante-cinq Ilz nous promectent vne grande et
merueilleuse conionction enuiron les ans de nostre
Seigneur MIL SEPT CENTZ OCTANTE-NEUF auec dix reuo-
lutions saturnelles. Ilz calculent aussi que vingt-cinq
ans après 1 sera la quatrième et dernière station de
l'altiludinaire firmament. Et combien que Rous-
sat ait amplement déduit que la Réuolution du fir-
mament desnote et nous monstre en la première par-
tic l'uniuerselleRÉUOLVTION DU MONDE, ou bien qu'il
se rNlOllltellera, ou du tout se terminera dans deux
cens quarante-trois ails à compter de l'an milcinq
ans qllamntc-llltlct 3. n — Selon nous, on peut très-
bien n'être pas visionnaire et prendre les passages
quenous venons de citercomme desprophéties claires
et positives.
,
Il est heureux pour plusieurs raisons, que le sieur
:
du Pavillon ait écrit cela — premièrement, pour
confirmer aux incrédules que les citations qui ont
précédé celle-ci nesont pointfausses; —secondement,
,
phéties). Quel est, dit Cicéron, ajoute notre ano-
nyme écrivain l'archer si maladroit qui, s'exer-
çant touteune journée, n'atteintpas une fois le but? »
Nous répondrons à ce monsieur qu'il est im-
Journal(1rsDébatsdu8janvier18Î0.
possible de se servir ici de la comparaison de
Cicéron, lequel, soit dit en passant, a parlé) dans
son Traité de la Divination, pour et contre les pro-
phéties, comme l'aurait pu faire un ayocat d'au-
jourd'hui. Si tous les astrologues que nous avons
mentionnés plus haut ne s'étaient pas accordés, s'ils
n'avaient pas précisé avec un soin scrupuleux le
temps pendant lequel la grande RÉVOUJTIOX devait
s'accomplir, nous comprendrions parfaitement qu'on
se servît de la comparaison de l'archer. Maiscomme
ils ont fait tout ce qu'il était possible de faire en pa-
reil cas, ne les accusons donc pointdefolie !
Cet anonyme, pensantavoir prouvé quelquechose,
continue en ces termes :« Il faut appliquer cette
remarque du bon sens antique (bonsens, si l'on veut)
àlabizarre coïncidence qu'a découverte M. Ideler, de
Berlin, en calculant, à la prière de M. de Humboldt,
quelles années de notre ère répondant aux grandes
conjonctions de Saturne indiquées par le cardinal
d'Ailly dans ses Tables Alphonsincs, comme devant
amener des événemens extraordinaires. M. Ide-
ler, en ayant soin de se servir de la première édi-
tion imprimée à Venise en 1492, y voit qu'une des
grandes périodes de Saturne devait être accomplie
en l'année qui répond à MIT. SEPT CET QUATRE-vr:'(GT-
NEUF. Lecardinald'Ailly, qui écrivait en 1414, dit,
sujet de la conjonction de Saturne, pour 17^9 :
au
Si le monde vit jusqms-là, ce que Dieu seul
«
sait, ily aura alors de grandes et nombreuses vicis-
$:'!lldé'Setd"s révolutionsétonnantes^ surtoutdans les
lois 1, D
M. de Honiboldt, encitant cette coïncidence
accidentelle, se demande si cette prédictiond'une
révolution qui occupe une si grande place dans l'his-
toire du genre humain, a déjà été signalée par ceux
qui se plaisent, de nos jours à tout ce qui est mys-
,
,
tique etténébreux. Comme nous pensons, dit le ré-
dacteur duJournal des Débats qu'il ne l'a pas en-
core été ailleurs que dans son savant ouvrage nous
la consignons ici comme une chose curieuse eu ce
,
moment de recrudescence prophétique. »
Nous nous permettrons de répondre encore une
,
fois à cet anonyme écrivain qu'il s'est placé dans la
même position que le sieur duPavillon en citant un
passage qui renverse toutes ses théories. Nous lui di-
rons en outre que cette cOlncidcnce, regardée par
M. de Humboldt comme accidentelle, ne l'est réel-
:
lement pas et la preuve, c'est que plus de vingt
astrologues français, allemands ou italiens, du quin-
zième et du seizième siècle ont annoncé une grande
révolutionen France pour l'année mil septcensoc-
tante et neuf. Il est certain que M. de Huniholdt,
Débats ,
ainsi que l'auteur anonyme de la note du Journal des
ignoraient entièrement l'existence des li-
;
vres curieux que nous avons soumis à l'examen de
nos lecteurs mais alors on ne se prononce pas sur
,
En disant que ce livre est inconnu nous pensons
ne point nous tromper puisque les biographes Ni-
eeron1, Bayle%Moréri3,Prosper Marchand 4, Chau-
et
aucune mention ;
don de Landine5, Feller6 Michaud7n'en font
et que Jean Vogt8, Jugler ,
Ebert'O, La Croix du Maine et Du Verdier", Fran-
9
3 Diction. histor,
*Diction,histor.
6Biographieuniverselle.
Dictionnaireuniversel.
7Ibid.
1
1 Catalogus historico-crilirits.
9 Bibliotheca historiœ litterarice selccta.
10 Lexicon bibliographisches.
t Bibliothèque instructive,
des livres rares et singuliers.
ou Traité de la connailsanc.
:
par maistre MICHEL PIRUS, grand docteur en l'astrologie.
— Après le titre vient une épigraphe ainsi conçue
»
«7n epis-
tolâ beati Petri apostoli.
,
Au dessous de l'épigraphe se
trouve une vignette grossièrement gravée représentant un as-
,
trologue entouré d'étoiles, et tenant dans sa main gauche una
sphère. En marge de la vignette on aperçoit le timbre impé-
rial de la Bibliothèque du Panthéon. Tout en bas de la page on
:
lit A Paris chez la veuve Du Pont, ruëtfescosse, près le
Puit certain.
,
Ce petit volume nous pourrions dire cette brochure, est de
format in-12, il contient quatorze chapitres et vingt-quatre
pages d'impression. Il est porté sur les catalogues de la Bi-
bliothèque de Sainte-Geneviève dansl'V, nO 710.
Le livre de Michel Pirus a été presque entièrement repro-
dnit flans YOraclr vnur ISÎO. pnges 1(2 rt suivantes.
ieur bibliothèque, aujourd'hui bien apauvrie par
les désastres de la Révolution et les soustractions
continuelles, que nous avons découvert l'exem-
plaire inconnu des Prophéties de Michel Pirus.
;
Ce livre est sans date mais, d'après la forme des
lettres, l'orthographe des mots, et certaines allusions
contenues dans quelques chapitres, il est facile de
roir qu'il a dû être imprimé à la fin du dix-septième
siècle, avant l'an 1674 et par conséquent sous le rè-
gne de Louis XIV.
:
Le chapitre deuxième ayant pour titre Ce qui
doit arriveraux religieux, contient cette étonnante
et merveilleuse prophétie qui s'est réalisée deux siè-
cles plus tard à la Révolution française. aLa
discipline et règle monastique sera oubliée en
beaucoup de monastères, et l'ancien et austère
respect de quelques religieux n'aura plus l'œil sur
leurs professions. Leurs abbayes, prélatures et
possessions seront mises à la possession des laï-
ques, et auec le temps réduites en biens temporels,
et ks monastères seront appauuris et déuêlues de
toutes leur beauté et richesse. Sourdront maintes
religions enpauure habit qui donneront grantcol-
à
lée vous et à votre religion. Ils (les religieux)
seront écoliers du prophète Iliérémie et nommés en-
fants de douleurs, car L'HOMME DE SAITG les fera
mourir pour plus désoler l'Eglise catholique en ses
cnfans. »
D;n:) !e chapitre cinquième nous trouvons difie-
reaspassages non moins curieux. Pour abréger Içq
:t
citations, nous ne citerons que le suivant Le clergé
,
sera méprisé par les laïques,qui ne croiront pas si
parfaitement à l'Église que leurs ancêtres dont ils
quitteront les doctrines. Ils dépouilleront les égli-
,
ses de leur piété, les royaumes de leur honneur, les
villes de leurs moyens les provinces de leur liberté.
:
La noblesse se verra gourmandée par ceux qui lui
doivent obéir car la main du courroux de Dieu sera
,
contre eux et seront tués en plusieurs lieux, lais-
sant leurs seigneuries désertes, à l'abandon de leurs
ennemis. n — Il fallait être bien osé pour écrire
cette prophétie sous le règne de Louis XIV, alors
<lue la noblesse française était dans toute sa splen-
!
deur
Afin de ne point fatiguer nos lecteurs, nous ne
rapporterons aucune autre prophétie annonçant la
Révolution française, et nous renverrons ceux qui
seraient curieux de connaître les pressentimens que
cette grande époque fit naître aux Prédictions da
,
P. Elisée, au Discours surl'Histoire, de M. Moreau,
i la chanson de M. Delille à l'Oraison funèbre de
philosophie de d'Alembert ,
Louis XV, aux Lettres de Voltaire, aux Élémens de
enfin à l'ouvrage de
M. Henri Dujardin, dans lequel se trouvent repro-
duits tous ces pressentimens.
,
Les prophètes modernes ont aussi annoncé la ve-
nue de Napoléon. Sans parler de Nostradamus nous
avons encore Dieu-Donné-Noél Olivarius et Philippe
,
Olivarius, qui tous deux, vivant au seizième siècle
ont prédit tçès-claivenjçnt les çommçnccmens fie la
«mère, la grandeur et la chute de Bonaparte.
Voici, d'après les renseignemens authentiques
qui nous ont été fournis par l'auteur de YOracle
la fameuse prophétie dite d'Orval, écrite en 1544,
par Philippe Olivarius. Cette prophétie a été copiée,
an 1823 , sur un petit livret imprimé à Luxembourg
en l'an 1544 '•
« En ce temps-là un jeune homme venu d'outre-
mer dans le pays du Celte-Gaulois se manifestera
par conseil de force ; mais les Grands ombragés t'eiv
voieront guerroyer dans l'isle de la captivité. La
Ticloire le ramènera au pays premier. Les fils de
Drutus, moult stupides, seront à son approche car
il les dominera, et prendra nom Empereur.
:
» Moult hauts et puissans rois sont en crainte
vraie, car l'aigle enlève moult sceptres et moult
couronnes. Piétons et cavaliers portant aigles san-
glantes, avec lui courrent autant de moucherons
dans les airs; et toute l'Europe est moult ébahie,
aussi moult sanglante, car il sera tant fort que Dieu
;era cru guerroyer avec lui.
L'Église de Dieu se console tant peu en oyant
»
ouvrir encore ses temples à ses brebis tout plein éga.
lées, et Dieu est béni.
:
avec eux le vieux sang des siècles qui reprend place
et lieu en la grande Ville ce pendant que l'homme
dit moult abaissé va au pays d'outre-mer d'où il étoit
advenu.
» Dieu seul est grand ;
la lune onzième n'a pas
lui encore, et le fouet sanguinolent du Seigneur re-
;
vient en la grande ville et le vieux sang quitte la
grande ville.
; ;
» Dieu seul est grand il aime son peuple et a le
sang en haine la cinquième lune a relui sur maints
;
du céleste GauloIs. La fleur blanche est en honneur
moult grand la maison de Dieu chante moult saints
cantiques. Cependant les fils de Brutus oyent avec
ire la fleur blanche et obtiennent réglement puis-
sant : ce pourquoi Dieu est encore moult fâché à
cause de ses élus et pour ce que le saint jour est en-
core moult profané. Pourtant Dieu veut éprouver
lé retour à lui par 18 fois 12 lunes.
-,
»
;
Dieu seul est grand il purge son peuple pai
maintes tribulations mais toujours les mauvais au-
ront fin.
» Sus
donc, lors une grande conspiration contre
;
la fleur blanche chemine dans l'ombre par vue de
compagnie maudite et le pauvre vieux sang de la
Capquitte la grande Ville, et moult gaudissent les fils
de Brutns. Oyez comme les servants de Dieu crient
tout fort à Dieu et que Dieu est sonrd par le bruit
desesflèches qu'il retrempe en son ire pour les
mettre au sein des mauvais.
» Malheur au céleste Gaulois! le coq effacera la
fleur blanche, et un grand s'appelle le Roi du peuple.
C.randu commotion se fera sentir chez les gens,
pnreeq ue la couronne sera posée par des mains
>
Dieu
sera vu
seul
croître;
est grand
mais
;
d'ouvriers qui auront guerroyé dans la grande ville;
qu'ils
le
se
règne
:
hâtent
des mauvais
voilà que
les pensées du céleste Gaulois se choquent et que
grande division est dans l'entendement. Le Roi du
peuple en abord vu moult foible et pourtant contre
ira bien des mauvais. Mais il n'étoit pas bien assis,
etvoilà que Dieu lejette bas.
Hurlez fils de Brutus, appelez sur vous les bêtes
!
qui vont vous dévorer
d'armes
! Dieu grand ! quel bruit
Il n'y a pas encore un nombre plein de
lunes, et voici venir maints guerroyers.
» C'est :
fait la montagne de Dieu désolée a crié
à Dieu; les fils de Judà ont crié à Dieu de la terre
étrangère, et voilà que Dieu n'est plus sourd. Quel
feu va avec ses flèches! Dix fois six lunes et puis en-
core six fois dix lunes ont nourri sa colère. Mal-
\heur à toi grande ville ! Voici des rois armés par
3e Seigneur ; miiis déjà le feu t'a égalée à la terre.
:
Pourtant tes justes ne périront pas Dieu les a écou-
tés. La place du crime est purgée par le feu le ;
grand ruisseau a conduit, toutes rouges de sang, ses
;
eaux à la mer et la Gaule vue comme délabrée va
se rejoi ndre.
Dieu aime la p ux. Venez jeune prince; quittez
»
;
l'isle de la captivité joignez le lion à la fleur
blanche.
» ;
Ce qui est prévu Dieu le veut le vieux saliS
ies siècIC5 terminera encore de longues divisions.
Lors un seul pasteur sera vu dans la céleste Gaule.
L'homme puissant par Dieu s'assoyra bien moult ;
sages règlementsappellerontlapaix. Dieuseracrud'a-
yec luitant prudent et sage sera le rejeton de la Cap.
» Grâce au père de la miséricorde la sainte Sion
rechante dans ses temples un seul Dieu grand !
Moult brebis égarées s'en viennent boire au ruisseau
:
vif trois princes et rois mettent bas le manteau de
l'erreur etoycnt cbir en la foi de Dieu.
» En ce temps-là un grand peuple dela merrcpren-
dra vraie croyance en deux tierces parts. Dieu est
encore béni pendant quatorze fois six lunes et six fois
treize lunes. Dieu est saoûl d'avoirbaillé des miséri-
il
cordes, et ce pourtant ventpour ses bons prolonger
la paixcncore pendant dix fois douze lunes.
»
;
Dieu seul est grand. Les biens sont faits les
saintsvont souffrir. L'homme du mal arrive de deux
sangs, et prend croissance.La fleur blanche s'obscurcie
pendant dixfoissix lunes etsix fois vingtlunes, puis
disparoit pour ne plus paroitre.
»
Moult maux, guère de bien en ce temps-là;moult
villes périssent par le feu. Sus donc Israël vient à
Dieu tout de bon.
» Sectes
maudites et sectes fidèles sont en deux parts
;
bien marquées. Mais c'est fait lors, Dieu seul sera
,
cru et la tierce part de la Gaule et encore la tierce
partetdemie n'a plus de croyance.
Il Comme aussi tout de même des autres gens.
, ,
piloledu 21 octobre 1839. Comme le vieux livre
qui la contenait avait été dit-on présenté à l'em-
.pereur après son sacre, nous allons citer les passages
de notre feuilleton qui retracent l'histoire de cette in-
téressante circonstance. — Nos lecteurs nous permet-
tront sans doute de nous copier nous-mêmes.
,
leux, surtout avec Joséphine qu'il savait être très-
superstitieuse. Un soir donc il arrive parle de ses
immenses projets et termine en remettant entre les
mains de l'impératrice un vieux livre manuscrit
— Tiens ,
composé en 1542.
lui dit l'empereur enouvrantcetïn-i a,
reliéenparchemin etjauni par le temps, regarde
etlis.
Joséphine lut à haute voix :
PRÉDICTIONS DE MAISTRE NOËL OUVARIUS.
,
resta quelques instans à parcourir des yeux les trois
pages de ce chapitre puis, d'une voix assurée, elle
commença ainsi : 1
;
»- La Gaule-Itale verra naître non loin de son sein
un être surnaturel cet homme sortira tout jeune de
Celtes-Gaulois ,,
la mer, viendra prendre langue et mœurs chez les
,
s'ouvrira encore jeune à travers
mille obstacles chez les soldats, un chemin, et de-
;
viendra leur premier chef. Ce chemin sinueux lui
laissera force peines s'en viendra guerroyer près
de son natal pays par un lustre et plus.
» Outre-mer sera vu guerroyant avec grande
;
» Donnera lois aux Germains; pacifiera troubles
et terreurs aux Gaulois-Celtes et sera ainsi nomme,
non roi, mais par après appelé Jmperator par grand
enthousiasme populaire.
Bataillera partoutdansl'empire; déchasseraprin-
,»
,
ces seigneurs, rois par deux lustres et plus. Puis
:
il éle-vera de nouveaux princes et seigneurs à vie, et
parlant Sur son estradecriera 0 sidera, ôsacra:
Il
Sera vu avec une armée forte de quarante-
neuf fois vingt mille hommes piétons armés qui ,
porteront armes et cornets de fer. Il aura sept fois
sept fois sept mille chevaux montés d'hommes qui
porteront, plus que les premiers, grande épée ou
lance et corps d'airain. Il aura sept fois sept fois
deux mille hommes qui feront jouer machines terri-
bles, et vomiront et soufre et feu et mort. La toute
suppute de son armée sera de quarante-neuf fois
vingt mille hommes.
» Portera à
dextre main un aigle, signe de la vic-
toire à guerroyer.
»Donnera maints pays aux nations, et à chacun
paix.
;:
» S'en viendra dans la grande ville, ordonnant
force grandeschoses édifices, ponts, ports de mers,
aqueducs, canaux fera à lui tout seul, par grandes
richesses, autant qu'un Romain, et tout dans la
domination des Gaules.
» Aura femmes deux.
Joséphine s'arrêta.
-
»
;
nssis le roi du viel sang de la Cape, qui se lève, fuit,
;
emportant avec lui ornemens royaux
en son ancienne domination
pose chose
donne aux peuples
forces lois admirables.
» Ains, déchassé de nouveau partrinité popu-
lation européenne, après trois lunes et tiers de lune,
est remis à la sienne place le roi du viel sang de la
Cape. Et lui, cru mort par ses peuples soldats, qui,
dans ce temps, garderont pénates contre leur
coeur.
» Les Celtes et les Gaulois, comme tigres et loups
s'entre-dévoreront. Le sang du viel roi de la Cape
sera le jouet de noires trahisons. Les malencontreux
seront déçus, et par fer et par feu seront occis; le
lis maintenu; mais les derniers rameaux du viel
sang seront encore menacés.
»
Ains guerroyeront entre eux.
Il
Lors un jeune guerrier cheminera vers la grande
ville; il portera lion et coq sur son armure1. Ains
la lance lui sera donnée par grand prince d'Orient.
»
Il sera secondé merveilleusement par peuples
guerriers de la Gaule Belgique qui se réuniront aux
Parisiens pour trancher troubles, réunir soldats,
et les couvrir tous de rameaux d'oliviers.
;
se fait conseil .souverain de toute nation et de tout
peuple pose base de fruit sans fin , et meurt. »
Joséphine, surprise de ce qu'elle venait de lire,
s'arrêta, ferma le livreet interrogea Napoléon sur
cette étrange prédiction. L'empereur, ne voulant pas
:
nonobstant leur rare perspicacité, ils ne pourront
jamais les approfondir témoin cette singulière pro-
,
phétie trouvée chez les bénédictins, soustraite pen-
dant la Révolution et que je connais. Que désigne-
t-elle? Est-ce moi qui en suis l'objet? En vérité, nous
devrions nous en rapporter pour tout à celui qui ré-
git l'univers, et faire notre profit des étincelles de
lumière réparties parfois sur quelques êtres privilé-
giés, pour nous éclairer sur la route véritable qu'il
faut suivre et nous prémunir des écueils que nous
pourrionsrencontrer. »
L'histoire de cette prophétie (qui n'a pas été écrite
après coup, ainsi que nous le démontrerons tout-à-
)
1heure est très-extraordinaire. Celui qui découvrit
ce fameux livre est François de Metz, cousin de
François de Neufchâteau, et secrétaire général de
la Commune de Paris. Comme cette histoire n'est
rapportée nulle part, et que nous seuls avons été à
même de la connaître, nous croyons faireplaisir à
nos lecteurs en la leur donnant en entier.
Tout le monde sait qu'à la fin de 1792, et au com-
mcncement de1793, les maisons royales, les châ-
teaux , les monastères, les abbayes et les églises fu-
rent pillés par ordre des Montagnards. En agissant
ainsi, on voulait, suivant eux, dérol)er et anéantir
tous les papiers qui avaient rapportsoitaux prêtres,
soit aux nobles ou aux rois. Les livres des bibliothè-
,
ques publiques, et particulièrement les actes sur
parchemin
;
les manuscrits de toutes espèces, étaient
,
apportés à la Commune
:
accusation
nation
là, on procédait à leur
à leur mise en liberté ou à leur condam-
les uns étaient gardés intacts, les autres
brûlés sur l'heure.
On avait, un jour du mois de juin 17,93, pillé
bon nombre de bibliothèques. La grande salle dans
laquelleon déposait ces papiers était pleine; Fran-
çois de Metz et plusieurs employés procédaient au
dépouillement de ces manuscrits. Il y avait, ce jour-
là, peu d'ouvrages imprimés. Après avoir enregistré
des livres de théologie, de physique, d'histoire, d'as-
tronomie, etc., ils arrivèrent à un endroit où étaient
étendus des in-12, des in-80 et des in-4°, tous reliés
en parchemin et portant un signe particulier. Quel-
ques employés disaient que ces ouvrages provenaient
de la bibliothèque des bénédictins ; d'autres pen-
saient qu'ils faisaient partie de la riche collection
bibliographique des génovéfains. Quelle fat leur
surprise, en ouvrant ces livres, de voir qu'ils conte-
,
liaient des traités sur les sciences occultes sur l'as-
,
trologie, l'alchimie la nécromancie, la chiromancie
et les prophéties.
Ils avaient presque catalogué tous ces ouvrages
de peu de valeur, et qui ne devaient point rece-
:
voir les honneurs du bûcher, quand un petit in-12
frappa leur attention c'était le Livre des Prophé-
lies, composé par Philippe-Dieudonné-Noël Oliva-
rius, docteur en médecine, chirurgien et astrologue.
,
gnée. A la dernière page on voyait en gothique :
;
Finis et plus bas, 15^2 en chiffres du seizième
siècle. François de Metz la lut en entier mais il
n'en comprit pas le sens, et l'avoua plus tard à sa
,
fille madame de 1'1. Cependant, elle lui sem-
bla si extraordinaire, qu'il la copia et la réunit à
,
plusieurs autres prophéties copiées aussi par lui et
que nous avons retrouvées dans ses papiers. La co-
pie textuelle de la prophétie d'Olivarius, écrite de
la main même de François de Metz, est datée de l'an
1793. — Ainsi il ne peut plus y avoir aucun doute à
cet égard.
On parla beaucoup de cette prophétie, qui fut co-
piée par un grand nombre de personnes, et conser-
vée,ainsi que plusieurs autres ouvrages sur le même
sujet, dans labibliothèque de l'Hôtel-de-Ville.Quand
;
Bonaparte monta sur le trône, on lui parla de l'ori-
ginal de cette prophétie il voulut le voir, et depuis
ce temps on ignore ce qu'ilest devenu.
Elle a été imprimée en IBIS. On l'inséra dans,
les Mémoires de Joséphine (édition de 1820 et de
1827); et enfin Édouard Bricon,libraire, l'a pu-
bliée dans ses Recueils de prophéties.
Maintenant si nous examinons cette prophétie avec
quelque attention, nous trouvons qu'elle est bien
extraordinaire. Tout ce qu'elle a prédit touchant le
règne de Napoléon et le retour des Bourbons s'est
parfaitement réalisé. Les troublesde1827, les
conspirations des libéraux, et la révolution de i83o
!
même s'y trouvent Mais elle va plus loin : — Quel
est ce jeune guerrier qui cheminera vers la grande
ville, et portera sur son armure un lion et un coq,
emblème de la force et de la puissance?
:
Que signifient ces paroles la lance lui sera don-
née par un grand prince d'Orient, et ilsera secondé
merveilleusement par un peuple guerrier qui se
réunira aux Parisiens pour mettre un terme aux
?
troubles et aux révolutions —Et ces malencontreux
maillotins qui doivent encore une fois rougir la Seine
de sang, quels sont-ils —? Et cet homme qui fera
partout respecter la France, qui règlera ladestinée
du monde, et posera les bases d'une société nouvelle,
comment s'appelle-t-il ? — L'avenir nous l'appren-
dra!.
Le Livre merveillcux1, qu'ilne faut pas confondre
ques et de Joachim ;
vrages de Merlin, de Raban, de Théolome de Luc-
car nous craindrions qu'on
nous accusât d'avoir trouvé dans ce livre ce qui n'y
est réellement pas.
Voici le jugement que M. Ch. Nodier a porté sur
cette curieuse et surprenante compilation « Le livre
merveilleux, dit-il qui est du moins aussi célèbre que
le Mirabilis Liber, dont il n'est pas la traduction ,
comme son titre devroit le faire croire, paroît avoir
pour objet spécial d'effrayer le clergé sur les suites
,
spécialement d'un pape qui sera appelé pasteur angelique; et
d'un roi de France nommé Charles sainct homme.—A Lyon,
par Benoist Rigaud, 1572; un volume in-12 de 55 pages.
A la Bibliothèque Royale il est sans couverture. Il se trotYo
porté au Zancien,nO 2537.-M. Ch. Nodier, dans ses Mélanges,
parle de l'édition de Paris, in-8", publiée par Thibaut lîenauiv
ertàGâ
inévitables de ses déréglemens et de lui faire pres-
sentir le schisme que le désordre des mœurs des
catholiques et les excès de la cour de Rome amenè-
rent, en effet, peu de temps après l'époque où l'on
conjecture qu'il fut écrit » i.
y::. Un autre ouvrage non moins merveilleux que Je
précédent et qui a longtemps occupé l'attention des
anciensbibliographes, quoiqu'il ne soit pas plus
connu pour cela, mérite d'entrer dans notre revue des
:
livres prophétiques. Il a pour titre Pvognostiçation
de Jean Lichtenberger2.
,
;J77,et517.LaPrognosticationse trouve
thèque Sainte-Geneviève V, 401.
aussi à la Biblio-
:
1759. Ce savant bibliographe nous a laissé plusieurs ouvrages
parmi lesquels nous citerons le De Bibliothecis mindenli-
busantiquis et novis; le Calalogummanuscriptorum, etc.
Wetteborg;
*Jugler, philologue saxon, naquit le 17 juillet 1714, à
il suivit la carrière de l'enseignemeut, devint
conseiller du roi d'Angleterre et inspecteur équestre de Lune-
bourg. Ses nombreux travaux lui firent perdre la vue. Il
mourut le 9 juin 1791. L'ouvrage cité plus haut par le savant
bibliophile dont nous émettons l'opinion, parut à Jénade 1754
à 1763, en 3 volumes in-8°. Quoique cette Bibliographie ne
soit qu'une nouvelle édition de YIntroductio in notitiam rei
litterariœ de Burck, on peut la considérer comme un ouvrage
nouveau à cause des corrections et des augmentations Introdai-
tes par Jugler dans le Catalogue de Vurçk,
passages lalins que nous donnerons plus Lin : »
Je le
copie textuellement, dit-il, à la page signée Lij, et ie
suis prêt à en donner communication aux douteurs;
car mon exemplaire pourrait bien être unique à Pa-
ris. » — Onl'avait cru jusqu'à présent, mais d'après
lesrecherches que nous avons faites pour nous assurer
de la vérité, nous pouvons dire que quatre exem-
:
Au chapitre intitulé Arcana quœdam in vclustis-
simis reperta scriptures,clemaxintoriiiii regnorum
mutalione, et magnis cladibus, nous trouvons (folio
5g) la singulière prophétie latine dont parle M. No-
dier. Nous traduisons :
» Un empereur1 suivi d'une multitude d'hommes
viendra du côté de l'Orient, ses ailes étendues sur le
soleil, pour secourir le fils de l'homme. A!ors on dé-
truira les forteresses et une grande terreur se répan-
dra parmi le monde. Il s'élèvera dans une partie de
la Flandre8 une guerre plus cruelle que toutes tes
guerres du passé, et des flots de sang couleront dans
les villes.
» Le roi des Français 3
perdra sa couronne; l'em-
;;
» Pendant quatre ans les nations se livreront de
nombreux combats des querelles s'éleveront parmi
les sectaires de la foi et une grande partie du monde
2
sera détruit. La papauté s'écroulera. Alors le filsde
l'homme, traversant les mers, portera le signe mer-
veilleux à la terre de promission. L'empereur et le
fils de l'homme étant devenus vainqueurs feront ré-
la
gner
;
paix dans tout l'univers. » — Cette prophétie
peut être fort curieuse mais nous nenous chargeons
point de l'expliquer. Nous citons plusbas le texte ori-
ginal, afin quenos lecteurs puissent le traduire comme
ils l'entendront3.
;
abattu d'un seul coup, » régner à Rome et être
tué à la fin de cette même année il y eut aussi
d'horribles massacres dans toute l'Italie. — En 140,
les Bretons, les Germains et les Daces se révoltent ;
les historiens parlent en outre d'une fàmine, d'un
débordement du Tibre et d'un incendie à Rome. —
En 4o, Sabinius arbore en Afrique l'étendard de
quer et
; ;
la révolte les barbares forment une ligue pour atta-
détruire l'empire romain septempereurs sont
;
assassinés de 235 à 253.—En 340, Constantin est tué
par ordre de son frère Constant terribles secous-
ses de tremblement de terrer — En 440,lesVanda-
;
llollîn le péril fut grand , surtout pendant trois jours. On dit
que les montagnes d'Arménie t'étant d'abprd écartées l'une de
les ravagent la Sicile; faminecl^ns la grande Breta-
;
gne Attilaenvahitl'Illyrie,renverse les forteresses et
détruit toutes les villes par où il passe. Constantinople
fut, l'année suivante, renversée parun tremblement
de terre. — En 540, Antioche est prise et brûlée;
horrible peste dans l'armée des Francs. — En640,
Alexandrie est prise par les Sarrazins, et sa grande
et belle bibliothèque brûlée par ordre d'Omar.—
En 740, le duché de Spolette est envahi par les Lom-
bards. Constantinople est encore une fois renversée
par un tremblement de terre. — En 840, un grand
nombre de chrétiens sont mis à mort. La noblesse se
révolte. Lonis le Débonnaire meurt d'une fluxion de
poitrine— En 940, les Slaves et les bohémiens sont
chassés de l'Allemagne ; 80,000 Sarrazins sont tué,
par Ramire II. — En 1040, tremblement de terre en
Asie;ti ville de Smyrne est renversée. Révolte des
;
Bulgares. — En n4o, Ladislas II, roi de Pologne,
est chassé de son trône Jean Comnène est blessé
mortellement. — En 1240, une révolte éclate en
Norwège; Thibault, comte de Champagne,est battu
par les infidèles. — En 1340, Edouardenvoie à
Philippe (de Valois) un cartel que celui-ci n'ac-
;
cepte pas les Anglais paraissent sur nos côtes; Phi-
lippeveat s'opposer à leur descente,il est vaincu au
;;
En 1440, insurrection dans le royaume de Castille.
Le roi Jean est fait prisonnier Jacques d'Ecosse est
assassiné par le comte d'Athol Éric, roi de Da-
nemarck, est déposé par ses sujets. Conspiration
contre Charles VIII; le Dauphin (LouisXI) mar-
che à la tête des révoltés. — En 1540.. les habi-
îans de Gand se soulèvent contre Charles-Quint.
Anne de Clèves, est décapitée par ordre deHenri
VIII. — En 1640, les Écossais s'insurgent et pren-
nent Newcastle.Cliarleslll,qui IIwurntplus tard sur
l'échafaud, est battu par les conspirateurs. Insur-
rection générale des Catalans en Espagne. Les Portu-
gais se révoltent. Conjuration contre Richelieu.
— En 1740, nous assistons à la mort d'un
:
pape,
d'un roi, d'une impératrice, et d'un empereur de
Clément XII, de Frédéric-Guillaume, delaczarine
;
Iwanovna et de Charles VI la mort de ce dernier
plonge l'Europe dans les horreurs de cette fameuse
guerre, connue sous le nom de guerre de la maison
d'Autriche.
,
volutions et la mort de plusieurs papes, rois et em-
:
pereurs — rien de bien remarquable. Aussi trou-
vons-nous étonnant que le populaire dicton Je
m'en moque comme de l'an quarante, aiten un
si grand succès.
vantes sont nombreuses ;
Les prophéties faites sur l'année 1840 et les sui-
mais nous ne parlerons
,
des prédictions de Vatiguero, de Saint-Césaire, etc.,,
annonce, pour 1840 de grands événemens.
«
De 1839 à 1840, dit-elle, les Turcs et les Alain
;
détruiront plusieurs îles de la chrétienté et pénétre-
ront dans l'une de nos provinces du midi ils y reste-
ront peu et en seront chassés par le courage belliqueux
des habitans de Marseille. Le peuple de Toulouse-
,
s'armera de son côté, pour terrasser les barbares ,
qui, bientôt après, seront vaincus et ne trouve-
ront parmi les Français que la mort, la honte et des
fers'. D
;
ment concorder cette nouvelle prophétie avec les
événemens de l'Algérie mais comme nous vouions
rester neutre, nous nous garderons bien d'inter-
,
fut publié en 1817, l'auteur annonce un événement
qui vous remplira tous de terreur vous qui êtes
;
assez bons pour nous lire car cet événement n'est
autre que la ruine de la capitale du monde, la des-
truction de Paris!.
lone moderne :-
Ecoutez le nouveau Daniel gémir sur la Baby-
« Si la fureur de l'anarchie
normant,
éclatait encore parmi nous, dit mademoiselle Le-
je frémis en pensant aux fléaux qui
fondraient sur notre malheureuse patrie. Paris
;
surtout subirait le sort le plus épouvantable car il
est prédit que la flamme du ciel seconderait la fu-
reur des ennemis. Guerriers, femmes, enfans,vieil-
lards, tous, sans distinction., seraientlivrésau tran-
chant du glai ve. Le Parisien lui-même, la rage et
le désespoir dans le cœur, et tout plein de la*leçon
,;
que le Moscovite nous donne, aiderait, d'une main
furieuse les efforts des barbares acharnés à la ruine
des cites des torches enflammées s'attacheraient
aux toits des maisons. Tout Paris ne présenterait
;
bientôt n!us qu'un vaste embrasement. Les ponts
s'écrouleraient sur leurs arches renversées le pa-
lais nnnncde nos rois couvrirait la terre de ses rui-
nes. Le temple consacré à l'auguste patrone de la
capita e descendrait sous les carrières. Des fau-
,,
raient échappé àce terrible incendie, et qui frémi-
raient de partager le même sort. Enfin Paris dé-
pouillé de tout ce qu'il renferme de grand de ma-
gnifique, de glorieux, rentrerait une seconde
,
Une prophétie sur 1840, et qui a fait grand bruit
sous la restauration est celle du laboureur Thomas
Martin. Selon ce visionnaire un ange lui annonça
,
,
connaissance d'une singulièreprédiction qui cir-
cule en ce moment dans le midi de la France et
qui diffère entièrement de celle de Thomas Martin.
Elle ne contient que ces deux phrases significatives :
— En 1793 les hommes ont agi;en i84o Dieu
agira.
«
:
Voulez-vous une nouvelle preuve de ce qui se
prépare? Cherchez-la dans les sciences considérez
bien la marche de la chimie, de l'astronomie même,
, ,
vous, par exemple si vous n'en étiez avertis que
Newton nous ramène à Pythagore et qu'incessam-
,
et vous verrez où elles nous conduisent. Croiriez-
,
ment il sera démontré que les corps célestes sont
mus précisément comme le corps humain par des
intelligences qui leur sont innées sans qu'on sache
,
comment? C'est cependant ce qui est sur le point
de se vérifier, sans qu'il y ait bientôt aucun moyen
de disputer. Cette doctrine pourra sembler para-
meux ,;
et peut-être même existe-t-il déjà. Celui-là sera fa-
toujours
et mettra fin au dix-huitième siècle qui dure
car les siècles intellectuels ne se règlent
pas sur le calendrier comme les siècles proprement
dits. Alors des opinions qui nous paraissent au jour-
dhui ou bizarres ou insensées seront des axiomes
dont il ne sera pas permis de douter, et l'on parlera
de notre stupidité actuelb, comme nous parlons de
la superstition du moyen âge.,..
, Tout annonce,
dit-il plus loin je ne sais quelle grande unité vers
laquelle nous marchons à grands pas. Et ne me
dites point que tout est dit, que tout est révélé,
et qu'il ne nous est permis d'attendre rien de nou-
veau. Sans doute que rien ne nous manque pour le
; ;
salut mais du côté des connaissanesdivines, il
nous manque beaucoup et quant aux modifications
futures, j'ai, comme vous voyez, mille raisons pour
m'y attendre, tandis que vous n'en avez pas une
pour me prpuver le contraire, a
CENTURIES
DE
NOSTRADAMUS.
;
leurs travaux. Les uns se sont occupés particuliè-
rement de notre prophète les autres, de l'inter-
prétation de ses quatrains; mais aucun n'a su
réunir, comme nous le faisons ici, la vie de Nos-
tradamus aux Centuries et les Centuries à l'expli-
ration des quatrains prophétiques. Sous ce rapport
notre volume est donc, à lui seul, plus complet
que tous les ouvrages publiés depuis trois siècles
t.ur ces sortes de matières.
Nos lecteurs comprieftclront facilement qu'il
est impossible d'apprécier l'illustre médecin de
Henri II, le célèbre prophète du XVIe siècle, si l'on
étudie seulement sa vie sans connaîtreses ouvrages,
eises ouvrages sans avoir la clé de ses prophéties.
Cette lacune laissée par les éditeurs et les commen-
tateurs de Nostradamus nous explique pourquoi
les Centuries sont si peu connues et si mal famées
aujourd'hui.
Pour réparer cette négligence nous publions, d'a-
près les premières éditions revues et corrigées par
Nostradamus lui-même, lès douze Centuries pro-
phétiques, l'Epître à César et la fameuse Lettre à
Henri II, dont nous avons parlé plus hautetdans
laquelle se trouve annoncée clairement la révolu-
, ,
tion française ou comme le dit l'auteur, la réno-
vation du siècle pour l'an 1792.
Mais avant d'aborder ces anciennes prophéties
si curieuses et si rares à la fois nous caqyons utile
de les faire précéder d'une courte dissertation bi-
bliographique. Nous savons bien 'que le public
proprement dit attache fort peu d'importance à
ces analyses de vieux bouquins poudreux qui dor-
ment depuis si long-temps dans quelque riche bi-
bliothèque. Le publicn'a certes pas tort d'agir
ainsi, car cesonalyses sont toujours froides, sèches,
arides et dénuées d'intérêt. C'est un ancien <i..-
teur qu'on ressuscite, un titre original qu'onsort
du tombeau, un privilège singulier qu'on étale
!
au grand jour. Eh mon Dieu nous vous le deman-
dons sincèrement, qu'est-ce que cela vous fait, à
vous, ami lecteur, qui prenez ce livre pour vous
distraire et vous désennuyer?.
Et n'est-ce pas là en effet un beau délassement
que d'entendre un pédant archéologue vous parler
longuement d'un livre qu'on ne verra probablement
jamais; vousentretenirpendant des heures entières
d'un Alde ou d'un Elzévir; vous exposer scientifi-
quement (c'est-à-dire en langageinintelligible) l'é-
tat de conservation de tel titre, de telle page, de telle
vignette ; vous faire parcourir, en un mot, toutes
ces anciennes éditions du xve et du xvie siècle qui
resteraient constamment tranquilles sur leurs
rayons s'ils n'avaient que vous pour les troubler
dans leur retraite1
Nous savons tout cela, aussi voudrions-nous au
lieu de cette dissertation vous raconter quelque
petite prophétie intéressante comme celle de maî-
tre Olivarius par exemple; mais notre volume
s'adresse à tout le monde, aux savans et à ceux
qui ne le sont pas. Or, pour satisfaire la majorité
de nos lecteurs, nous sommes pour ainsi dire forcé
de parler des anciennes éditions des Centuries de
Nostradamus.
Et puis, si nous passions sous silence la descrip-
tion ou la bibliographie les antiquaires (gens sans
,
pitié s'ilenfut jamais) ne manqueraient pas denous
poursuivre de leurs mépris, de nous accuser hau-
tement d'ignorance et de légèreté. Les antiquaires
sont capables de tout. Et que ferions-nous, grand
Dieu! sans l'appui des antiquaires, des savans, des
paléographes, des bibliophiles, desbibliomanes,
des bibliothécaires et surtout des bibliopoles! On
nous dirait: vous reproduisez des Centuries envieux
;
français et vous ne les faites point précéder d'é-
claircissemens historiques comment voulez-vous
que nous lisions avec intérêt des vers qui sont ex-
?
traits on ne sait d'où Vous ne savez donc pas
qu'on n'a de l'estime que pour ce qui est rare, et
vos Centuries sont-elles réellement rares? — Nous
serions alors obligé de courber la tête et d'avouer
honteusement nos torls.
Il y a ensuite les membres des académies (en
supposant toutefois que ces messieurs veuillent
bien s'occuper de nous) qui nous interrogeraient
sur les premières éditions des Centuries de Nos-
tradamus et sur les réimpressions qui en ont été
faites à la fin du xvie s'ècle. Il y a encore les cri-
tiques savans qui veulent à tout prix des dates,
des vieux mots, des noms romans, des phrases
bizarres, des textes indéchiffrables, afin de pou-
voir exercer avantageusement leur érudition et
vous écraser sous le poids de trois ou quatre er-
1ellrs,
Il faut donc que nous écrivions cette disserta-
tioii nous tâcherons- deîvchiire le plus qu'il
nous sera possible), si nous ne voulons pas queues
bibliographes aillent dire partout que notre vo-
lume est incomplet. Mais nous prévenons nos lec-
teurs qu'ils peuvent, s'ils le veulent, passer toutes
les pages qui ont rapport à la description de ces
vieux et intéressans bouquins.
,
La première édition des Centuries de Nosttada-
mus, et par conséquent la plus ancienne est de
,
1555. Nous l'avons cherchée dans toutes les biblio-
thèques publiques de Paris et nous ne l'avons
point trouvée. Il est même très-probable que nous
l'aurions passée sous silence si M. James, qui la
possède, ne l'eût mise à notre disposition.
:
Ce volume excessivement rare estde format in-18;
sur la première page on lit le titre suivant Les
Prophéties de Me Michel Nostradamus. Lyon, chez
Macé Bonhomme.MDLV. Au verso du titre se
trouve un curieux privilège dont voici le texte.
:
En 158g Pierre Menier publia sous ce titre
: il
nouvelle édition des Centuries Les Prophéties de
M. Michel Nostradamus dont yenatrois cens qui
une
*
n'ont encore étéimprimées,lesquelles sont en ceste
présente édition. Revues et additionnées par l'auteur
pour l'anmilcinq cens soixante etun, de trente-neuf
î-
articles àladernière enturie.— Paris par PIERRt:
MENIER,demeurant à la riui d'Arras, près la porte
;
Toutes les nouvelles Centuries annoncées par l'é-
diteur sont autant de mensonges car ce volumeest
encore moins coinple t que les autres. Il contient l'E
pitre àCésar, les Centuries I, II, III, IVetVcomplè-
-
,
prophéties de M. Michel Nostradamits, qui n'ont
,
jamais étéveué's ny impriméesqu'encetteprésent
*
:
en marge du neuvième quatrain de la première
centurie « Guerre des Turcs et Affriquains centre
les Yenitiens et Italiens dans la Candie et autres
isles et lieux. »En marge du quatrain 17 de la
;
même centurie on lit « Grande sécheresse et
après grandes pluyes. nLe quatrain 31 ainsi conçu :
Outre la course du castulon monarque ;
Tant d'ans en Gaule les guerres dureront
Victoire incerte trois grands couronneront,
Aigle, Coq, Lune, Lion, Soleil en marque.
a été expliqué
:
par notre anonyme commenta-
teur de cette façon « Longue durée de la guerre
en France. L'aigle, le coq, le lion et la lune signi-
fient l'empire, la France, l'Espagne et la Tur-
quie. »
;
Ce livre a été sans aucun doute commenté avant
la révolution française eh bien, nous trouvons le
:
quarante-quatrième quatrain de la première cen-
turie expliqué de la manière suivantè Il Rétablis-
sement du paganisme, persécution des chrestiens
et destruction des ecclésiastiques, pource que l'on
n'usera plus de cire aux églises. »
En 1649 on publia une contrefaçon des prophé-
ties de Nostradamus sous la date de Lyon, 1568.
Bellaud, fin parlant de l'édition faite à L-yon par
:
Benoist Rigaud en 1568, dit « Elle doit être dis-
tinguée d'une contrefaçon qui, quoique datée de
Lyou, 1568. a été imprimée à Paris en 1649, et
dans laquelle il a été inséré deux faux quatrains
qui sont les quarante-deuxième et quarante-troi-
sième de la septième centurie, laquelle, au moyen
de cette addition, se trouve avoir 44 quatrains au
lieu de 42 (1). Cette édition fut tellement répan-
due par les ennemis du cardinal Màzarin, qui com-
posèrent ces deux quatrains, qu'elle est encore
assez commune. » Elle est à la bibliothèque royale
le
sous n° 4621, lettreY, et à celle de Sainte-Gené-
:
mes a écrit la note suivante, que nous avons
trouvée dans l'exemplaire qu'il possède « Les faus-
saires se sont servis de l'édition de 1605, et même
d'un exemplaire où la lettre s du mot vulgus, dans
le quatrain Contra ineptos criticos, n'était pas venue
à l'impression. Ils ont lu et imprimé prophanum
vulgu au lieu de prophanum vulgus. Ils ont aussi
laissé subsister une erreur dans le même quatrain
nature :
en ne substituant pas un in à un n dans le mot
il fallait mature comme dans les autres édi-
tions.—Les contrefacteurs, copiantservilementl'é-
dition de 1605, oublièrent qu'ils donnaient à la leur
la date de 1568; car ils y ont mis aussi les Prédictions
,
recueillies par Vincent Sève, présentées à Henri IV
dès le 19 mars 1605 et publiées pour la première
fois en cette même année. — Bellaud n'est pas le
premier qui ait signalé comme fausse cette édition.
Il
Le curé ou l'anonyme de Louvicamp avait
parlé assez plaisamment de l'introduction frau"
duleuse des deux quatrains adultérins contre Ma-
zarin dans la sixième centurie de cette édition
defausse date. Et avant Jean le Roux, l'auteur de
l'Eclaircissementdes véritables quatrainsde Nostra-
damus, avait dénoncé au public la fraude de ces
esprits de loisirs el de malice, qui vouloient dire qu' In-
nocent Xestantpape, le Nizaramsicilien, quiest Ma-
zarin, au rebours des lettres, périroit dans une guerre
civile, et présager la ruine du même cardinal, lorsque
Paris seroit en guerre, etc. Ce que nous voyons êtrefaux
parlabonté de Dieu.C'estl'auteurde l' Eclaircissement
qui ajoute que cette contrefaçon fut faite en 1649. n
Pierre Leffen, de Leyde, donna, en 1650, une
ies
;
édition des Centuries que nous croyons être la plus
belle
à
mais il faut regretter qu'on n'y ait pas mis
Epîtres César et à Henri II. (Bibliothèque
royale, Y, 4624, et de Sainte-Geneviève, V, 695.)
:
Les amateurs recherchent particulièrement l'é-
dition qui porte le titre suivant « Les vrayes Cen-
turiesetProphéties de M. Michel Nostradamus. Où se
'.Jlt représentétout cequi s'estpassé, tant en France,
Espagne, Italie^Allemagne,Angleterre^qu'autrespar-
et
lesdumonde. Reveucs corrigéessuivant lespremières
i s
,
dition imprimées à Avignon en Van 1556 et à Lyon
;;
partie de la collection des Elzévirs, et c'est pour
cela qu'elle est recherchée des amateurs elle est
plus complète que celle de Pierre Leflèn mais
l'exécution typographique en est moins belle ;
on a eu le tort grave de ne pas y mettre YEpïtre
à César. EUe est fort rare, et se vend très-cher.
;
Elle ne se trouve pas dans nos bibliothèques pu"
bliques mais grâces à la collection de M. James,
nous l'avons eue à notre disposition
Nous avons vu, dans cette même collection, un
exemplaire d'une édition des Prophéties. (Lyon,
Pierre Rigaud, 1566.) Dont il r en a trois cents qui
riontjamais été imprimées. Ajoutées denouveaupar
l'auteur. Imprimées parles soins dufrire Jean Vallier
du couvent deSalon des Mineurs Conventuels de saint
; -Il
François. Cette édition paraît n'avoir été faite que
dans le siècle suivant alors elle porterait faus-
sement la date de 1566. est probable que,
Pierre Rigaud ayant donné plusieurs éditions des
Prophéties, l'exemplaire que nous avons sous les
yeux appartient à une contrefaçon faite dans le dix-
septieme siècle sur une édition préparée par le frère
JfeanVallieretpubliéepar Pierre Rigaud, en 1566,
peu de temps après la mort de Nostradamus. L'é-
dition vraiment donnée par Pierre Rigaud, et que
nousavons mentionnée ci-dessusest in-32; celle dont
nous parlons maintenant, et qui paraît être la con-
trefaçon d'une édition authentique, est in-18. Nous
connaissons une autre édition donn 'e par le frè. e
Pierre Vallier et Rigaud, de format in-18, mais
sans date.
Voici l'indication de plusieurs autres éditions
des Prophéties de Nostradamus, que nous connais-
-
sons. Année 1643, Marseille, Claude Garcin.
— Année 1650, Paris, Sylvestre Moreau. — Année
1667, Amsterdam, Daniel Winkeermans. (Bibliot.
royale, Y, 4626, A, B. Exemplaire tiré de la mai-
son des jésuites de Paris.) — Année 1668, Paris,
Jean Ribou. (Bibliothèque l'opte, lettre Y, 4625.
Exemplaire provenant du couvent des Augustins
,
IL nous reste maintenant, après avoir tracé notre
dissertation bibliographique à entrer prompte-
ment en matière ; c'est ce que nous allons faire de
grandcœur si nos lecteurs veulent bien commen-
cer par lire le titre explicatif de la page suivante.
LES
PROPHETIES
DE M. MICHEL
NOSTRADAMUS.
M.
PRÉFACE
NOSTRADAMUS
à ses
t DE
Prophéties.
VIE ET FELICITE
incertaines :
aduentures de l'humain definement estre
et que le tout est regiiet gu-
Lerné par la puissance de Dieu inextimable,
0 phetico n
nous inspirant non par bacchante fureur,
ne p3P lymphatique môuuement, mais par
astronomiques asaertiôhs Soïinut<rriihe
,
diitino-cifjlatiprœsagiunt, et spiritupro-*
particularià. que
longs temps isar plusieursfoys i:aye prcdiet
long temps au-parauant ce que depuisest
aduenu et en particulières régions, attri-
de
1 Saint-Matthieu, xi,23.
2 Ci-dessous, nOS fa et 50
Ci-dessous, no 15.
31 non clementeres. - Quant à nous qui som-
mes humains ne pouuons rien de nostre
naturellecognoissance, et inclination d'en-
gin cognoistre des secretz obstruses de Dieu
le createur, Quia non estnostrumnoscere
44 'empora,necmomentaetc'.-Combienque
aussi de present peuuent aduenir et estre
personnaiges que Dieu le createur aye voulu
reueler par imaginatiues impressions, quel-
ques secretz de l'aduenir accordés à l'astro-
logie iudicielle2, comme du passé, que cer-
taine puissance et voluntaire facultévenoit
par eulx, comme flambe de feu apparoir,
que luy inspirant on venoit à iuger les diui-
15 nes et humaines inspirations. — Car les
œuures diuines, que totalement sont abso-
lues, Dieu les vient paracheuer3: la moyenne
:
qui est au millieu, les anges la troisiesme,
16 les mauuais.-Mais mon filz ic te parle icy
17 vn peu trop obstrusementmais quant
aux occultes vaticinations que Ion vient à
receuoyr par le subtil esperit du feu4 qui
* Actes des Apôtres, 1, 7.
2 Ci-dessous, no 27, et ceux qui y sont indiqués
—
Épttre à Henri II, no, 11, 21,23, 35,36, 89, 114.
3 Ci-dessus, ns 11, et ci-après 46.
4 Ci-dossus, Ilr, t l
quelque foys par l'entendement agité con-
templant le plus hault des astres, comme
estant vigilant, mesmes que aux prononcia-
tions estant surprins escrits prononceant
sans crainte moins atainct d'inuerecunde lo-
quacité: mais quoy? tout procedoit de la
puissance diuine du grand Dieu eternel, de
.18 qui toute bonté procede. — Encores mon
filz que i'aye inséré le nom de prophete, ic
:
propheta dicitur hodie, olim vocabatur
videns2 car prophete proprement mon filz
est celuy qui voit choses loingtaines de la
cognoissance naturelle de toute creature.-
19 Etcasaduenant que le prophete moyenant
la partaictc lumiere de la prophelie luy ap-
:
paire manifestement des choses diuines,
comme humaines que ne ce peult fayre,
veu les eftectz de la future prediction. s'cs-
20 tendant loing. — Car les secretz de Dieu
sont incompréhensibles, et la vertu elfec-
trice contingent de longue estendue de la
,
uentaquerir celle notice pourestrecognucs
ne par les humains augures ne par aultre
cognoissance ou vertu occulte comprinsc
soubz la concauité du ciel, mesmes du faict
present de la totale eternité que vient en
21 soy embrasser tout le temps.—Mais moien..
nant quelque indiuisible eternité par comi..
tiale agitation lIiraclienne, les causes par le
>> celeste mouuement sont congnuës.
, - ,
dis pas mon filz aflin que bienl'entendes
le ne
:
ne soient à la cognoissance de la creaturc
raisonable si sont nonobstant bonement la
creature de l'ame intellectuelle des causes
:
présentes loingtaincs, ne luy sont du tout ne
23 trop occultes ne trop reserées — mais la
parfaite des causes notice ne se peult aqucrir
sans celle diuine inspiration: veu que toute
Inspiration prophetique reçoit prenant son
Ci-après, 30.
principal principe mouant de Dieu le crea-
24 teur, puis de l'heur, et de nature. -r* Par-
quoyestans les causes indifferantes, inditTe-
rentement produietea, et non produicea, le
presaige partie adnient, ou a esté predit.-
l',,,) Car l'entendement créé intellectuellement
:
chef du-quel estexcepté le jugement de l'as-
trologie iudicielle4 par laquelle et moyen-
nant inspiration et reuelationcttuine par
continuelles veilles et supputations,ayons
;
:
fusse reprouuée, n'ay onques volu présenter
leurs effrenées persuasions combien que
plusieurs volumes qui ont estés cachés par
longs siecles me sont estés manifestés. Mais
doutant ce qui aduiendroit en ay faict, apres
la lecture present àVulcan, que pendant
quil les venoit à deuorer, la flamme Ies-
chant l'air rendoit vne clartéinsolite,plur.
claire que naturelle flamme, comme lumière
de feu de clystre fulgurant, illuminant subit
la maison, comme si elle fust esté en subite
:lU
-
conflagration. Parquoy affin que à l'auc-
nirni feusses abusé prescrutant la parfaicte
,
transformation tant selme que solairc, et
soubz terre metaulx incorruptibles et aux
vEdes occultes, les ay en cendres conuertis.
:o —Mais quant au iugement qui se vient
:
paracheuer moyennant le iugement celeslc
cela te veulx ie manifester parquov auoir
congnoissancc des causes futures reiectant
loing les fantastiques imaginations qui ad-
uiendront, limitant la particularité des lieux
par diuine inspirations supernaturelle accor-
dait aux cclesles figures, les lieux,etvue
:
partie du temps de proprieté occulte pai
Uertu, puissance et faculté diuine en pre
sence de laquelle les troys temps sont com
cause passée ,
21 omnia sunt nuda et apertaetc I.-
:
prins par eternité, reuolution tenant à la
présente, et future quia
Parquoy
mon filz,tu peulx facilement nonobstant ton
tendre cerueau, comprendre que les choses
qui doiuent auenirse peuuent prophetizer
par les nocturnes et celestes lumières, que
sont naturelles, et parl'esprit de prophetie:
T/2 —non que ie mevueille attribuer nomina-
tion ni effect prophétique, mais par reuelée
inspiration, comme homme mortel csloigné
non moins de sens au ciel, que des piedz en
terre, Possum non errare , falli, decipi :
suis peclieur pius grand que nul de ce
monde, subiect à toutes humainesafllictions.
33 — Mais estant surprins parfoys la sepmaine
Iymphatiquaot, et par longuecalculation
rendant les cstudes nocturnes de souefue
odeur, i'ay composé liures de prophé-
ties, contenant chacun cent quatrains as-
tronomiques de prophéties,lesquelles i'ay
* SiâiUPaulauxil'jbuuï,iv,13.
vn peu voulu raboter obscurément et :
34 à l'an 37971. -
sont perpetuelles vaticinations, pour d'yci
Que possible fera re-
tirer le front à quelques vns en voyant si
longue extension, et par souz toute la con-
cauité de la lune aura lieu et intelligence :
et ce entendent vniuersellement par toute la
-
35 terre, les causes mon filz. Que situvis
l'aage naturel et humain2, tu verras dcuers;
ton climat au propre ciel de ta natiuité les
30 futures auantures preuoyr.—Combien que
le seul Dieu eternel,soit celuyseul qui con-
gnoit l'cternité de sa lumicrc, procédant de
37 lui mesmes : — etie dis franchement que à
ceux à qui sa magnitude immense, quiest
sans mesure et incomprehensiblc, ha voulu
par longue inspiration melancholique reue-
ler, que moyennant icelle cause occulte ma-
nifestée diuinemcnt, principalement de deux
causes principales qui sont comprinses à
l'cntcndement de celui inspiré qui prophe-
1Ci-dc
,
Ci-dc^sus
sjs,
27.
25 ci-après, 48.--Cent. 1, (JlJat. 1.
;
res terroir qui ne soit couuert d'eau et:
et si hautes inundations, qu'il ne sera gue-
:
accompli, ce sera, mais non point aultrc-
47 ment —combien que par ambiguës opi-
nions exccdants toutes raisons naturelles par
48songes Mac!Jometiqucs,-:lussi aucune fois
* EpftreàHenriII,69à71.
2Cidesus,15.
3Psaumecm,5.
Dieu le createur par les ministres de ses
,
messagiers de feu en flamme missive1 vient
à proposer aux sens exterieurs mesmement
à nos yeulx les causes de future prédic-
,
tion significatrices du cas futur, qui se doibt
.&9 à cellui qui presaige manifester.-—Car le
presaige quise faict de la lumiere extérieure
vient infailliblement à iuger partie auecques
50 et moyennant le lume exterieur com-
bien vrayement que la partie qui semble
auoir par l'œil de l'entendement, ce que
n'est par la lesion du sens imaginatil : la
raison est par trop euidente, le tout estre
predict par afflation de diuinité, et par le
moyen de l'esprit angelique2 inspiré à
l'homme prophétisant, rendant oinctes de
vaticinations, le venant à illuminer, lui es-
mouuant le deuant de la phantasie par di-
uerses nocturnes aparitions, qui par diurne
certitude prophetise par administration as-
tronomicque3, conioincte de la sanctissime
future prediction, ne consistant ailleurs que
1 Ci-dessus, 59.
a Ci-dessus, 11.
1 à Henri II, 8 à 15.
Ci-ùessus, 27, 53. — Epftre
au courage libre *.—Vient asture entendre
mon filz, que ie trouue par mes reuolutions
que sont accordantes à reuellée inspiration,
que le mortel glaiue s'aproche de nous pour
asture par peste, guerre plus horrible que
à viejçle trois hommes n'a esté, et famine,
souuent, car -
lequel tombera en terre, et retournera
les y
astres s'accordent à lare-
uolution 7: et aussi a dit Visitabo in virga
ferrea iniquitateseorum, et in verberibus
percutiam eos3. Car la miséricorde du Sei-
gneur ne sera point dispergée vn temps mon
filz, que la plus part de mes prophéties se-
ront acomplies, et viendront estre parac-
53 compliment reuoluës'.-Alors
par plusieurs
foys durant les sinistres tempestes, Conte-
et
ram ergo dira le Seigneur, confringam,
54 et non miserebor : et mille autres auan-
—
tures qui auiendront par eaux et continuel-
les pluies, comme plus à plain i'ay redigé
parescript aux miennes autres prophéties
qui sont composées tout au long, in soluta
*Ci-dessus,21
2 Ci-dessus,14.
3 Psaume LXXXVIII,
Epftre à Henri H,
oratione, limitant les lieux, temps, et le
terme prefix que les humains après venus,
verront cognoissants les auentures auenues
:
infailliblement, comme auons noté parles
autres, parlans plus clairement nonobs-
tant que sous nuée seront comprinses les
intelligences : sed quando submouenda
55 erit ignorantia, le cas sera plus esclarci.—
Faisant fin mon filz, prens donc ce don de
ton pere M. Nostradamus, esperant toy de-
clarer vne chascune prophetie des quatrains
ici mis. Priant au Dieu immortel qui te
veuille prestervie longue en bonne et pro-
spéré félicité. De Salon ce j. de Mars 1555.
CENTURIE PREMIÈRE.
1:
ESTANT assis de nuit secret estude;
Seul repousé sur la selle d'aerain,
Flambe exigue sortant de solitude,
Fait proferer qui n'est à croire vain.
2.
La verge en main mise au milieu de BR&NCIIB
De l'onde il moulle et le limbe et le pied.
Vn peur et voix fremissent par les manches,
Splendeur diuine. Le diuin prés s'assied.
3.
Quand la lictiere du tourbillon versée,
Et seront faces de leurs manteaux couuers,
La republique par gens nouueaux vexée,
Lors blancs et rouges iugeront à l'enuers.
4.
Par l'vnivers sera faict viig monarque,
Qu'en paix et vie ne sera longuement
Lors se perdra la piscature barque,
:
Sera rrgieen plus grand dctriment.
5.
Chassés seront sans faire long combat
Par le pays seront plus fort greués :
Bourg et cité auront plus grand débat,
Carcas. Narbonneauront cueurs esprouués»
6.
L'œil de Rauenne sera destitué,
Quand à ses pieds les aesles failliront,
Les deux de Bresse auront constitué
Turin, Verseil que Gauloys fouleront:
7..
Tard arriué l'execution faicte
Le vent contraire, letres au chemin prinses
Les coniures. xiiij. dune secte
Par le Rosseau senez les entreprinses.
8.
Combien de foys prinse cité solaire
Seras, changeant les loys barbares et vaines:
Ton mal s'aproche : Plus seras tributaire
La grand Hadrie reourira tes veines.
9.
De l'Orient viendra le cueur Punique
Fâcher Hadrie et les hoirs Romulides,
Acompaigne de la classe Libycque,
Trembler Hellites : et proches isles vuides.
10.
Scrpens transmis dens la caige de fer
Ou les enfans septains du roy sont pris :
Les vieux et peres sortiront bas de l'enfer;
Ains mourir voir de son fruict mortet crys.
11.
Le mouuement de sens, cueur, pieds, et mains
Seront d'acord. Naples, Leon Secille,
:
Glaifues, feus, eaux puis aux nobles Romains
Plongés, tués, mors par cerueau debile.
12.
Dans peu dira faulce brute, fragile,
De bas en hault esleué promptementa
Puys en instant desloyale et labile
Qui de Veronne aura gouuernement.
13.
Les exiles par ire, haine intestine,
Feront au roy grandconiuration :
Secret mettront ennemis par la mine
Et ses vieux siens contre eux sédition.
14.
Degent esclaue chansons, chantz et requestesi
Captifs par princes et seigneur aux prisons i
A l'auenir par idiots sans testes
Seront receus par diuins oraisons.
15.
Mars nous menasse par sa force belliqua
Septante foys fera le sang espandre:
Auge et ruyne de l'Ecclésiastique
Et plus ceux qui d'eux rien voudront entendre.,
16.
Faulx à l'estang.ioinct vers le Sagitaire
En son hault AVGE de l'exaltation,
Peste, famine, mort de main militaire s
Le siecle approche de renouation.
17.
Par quarante ans l'Iris n'aparoistra,
Par quarante ans tous les iours sera VCUI
La terre aride en siccitécroistra,
Et grands deluges quand sera aperceiu
18.
Par là discorde négligence Gauloyse
a
Sera passaige Maliommet ouuert :
De sang trempé la terre et mer Senoyse
Le port Phocen de voiles et nefs couuert.
19.
Lors que serpens viéndront circuir l'are;
Le sang Troien vexé par les Hespaignes
Par eux grand nombre en sera faicte tare,
Chief, fuyct càche aux mares dans les saignesj
20.
:
L'enfant royal au ieu d'œsteu( blessé.
Au puy brises fulgures alant mouldre:
Trois sous les chaines par le milieu troussas;
66.
Celui qui lors portera les nouuelles,
Apres vn peu il viendra respirer.
Viuiers, Tournon, Montferrant et Pradelles,
Gresle et tempestes les fera souspirer.
67.
La grand famine que ie sens approcher,
Souuent tourner, puis estre vniuersele,
Si grande et longue qu'on viendra arracher
Du bois racine, et l'enfant de mammelle.
68.
0 quel horrible et malheureux torment
,
Troys innocens qu'on viendra à liurer.
Poyson suspecte mal garde tradiment
Mis en horreur par bourreaux ellyurés.
69.
La grand montaigne ronde de sept estades,
Apres paix, guerre, faim, inundation,
Roulera loing abysmant grands contrades,
Kesmes antiques, et grand fondation.
, 70.
Pluie, faim guerre en Perse non cessée
La foy trop grande trahira le monarque,
Par la finie en Gaule commencée:
Secret augure pour à ung estre parque.
71.
La tour marine troysfoys prise et reprise
,
Par Hespagnols, barbares,Ligurins:
Marseille et Aix Arles par ceux de Pise
Vast, feu, fer, pillé Auignon des Tliurins.
72.
Du tout Marseilledesliabitans changée,
Course et poursuitte iusques au pres de Lyon.
Narbonné, Tholoze par Bourdeaux outragée
Tués captifz presque d'vn milion.
ï
73.
France à cinq pars par neglect assailie
Tuuys, Argiels esmeus par Persiens
Leoi), Seuille, Bucelonne faillie
,
N'aura la classe par les Venitiens.
74.
Apres seiourné vogueront en Epire:
Le grandsecours viendra vers Antioche,
Le noir poil crcspe tendra fort à l'empiret
Barbe d'aerain le roustira en broche.
75.
Le tyran Siene occupera Sauone :
Le fort gaigné tiendra classe marine :
Les deux armres par la marque d'Ancone
Par effraieur le chef s'en examine.
76.
D'vn nom farouche tel proferé sera,
:
Que les trois seurs auront fato le nom
Puis grand peuple par langue et faict duira
Plus que nul autre aura bruit et renom.'
77.
Entre deux mers dressera promontoire
Que puis mourra par le mords du cheual:
Le sien Neptune plieravoyle noire,
Par Calpre et classe auprès de Rocbeual.
78.
D'un chief viellard naistra sens liebeté,
Dégénérant par sauoir et par armes
:
Le chef de France par sa sœur redouté
Champs diuisé&,fonoedésaux gendarmes.
79.
Bazaz, Leetore, Condon, Ausch, et Agine
Esmeus par loys, querele et monopole.
Car Bourd. Thoulouze Bay. metra en ruine
Renouueler voulant leur tauropole.
80.
De la sixiesmeclaire splendeur celeste
Viendra tonner si fort en la Bourgoigne :
Puis naistra monstre de tres hideuse beste.
Mars,Apuril, May, Iuinggrand charpiu et l'ongne.
81.
D'humain troupeau neuf serontmisÀ part
:
De iugement et conseil séparés
Leur sort sera diuisé en départ.
:(cm.ebita lambda mors, bannis esgarés.
82.
Quand les colomnes de bois grandetremblée
D'Auster conduicte couuerte de rubriche
Tant vuidera dehors grand assemblée,,
Trembler Vienne et le païs d'Austriche.
83.
La gentestrnnge diuisera butins,
Saturne en Mars son regard furieux :
Horrible strage aux Tosquans et LatinsjJ
Grecs, qui seront à frapper curieux.
84.
Lune obscurcie aux profondes tenebres,
Son frere passe de couleur ferrugine :
Le grand caché long temps sous les latebres,'
Tiedera fer dans la plaie sanguine.
85.
Par la response de daine, roy troublé :
Ambassadeurs mespriseront leur vie :
Le grand ses freres contrefera doublé
Par deus mourront, ire, haine, enuie.
86.
La grande royne quand se verra vaincue Il
Fera exces de masculin courraige :
Sus cheual, fluue passera toute nue,
:
Suite par fer à foy fera oultrage.
87.
Ennosigée feu du centre de terre
Fera trembler au tour de cité neufue :
Deux grands rochiers long temps feront la guerre
Puis Arethusa rougira nouueau fleuue.
4 :
Il y a, dansl'édition originale
;-;:.quancl se verta
vaincu; mais il nous a paru évident que le texte était
défectueux en cet endroit, et qu'il fallait le rétablir
comme nous l'avons fait,
88.
Le diuin mal surprendra le grand prince
Vn peu deuant aura femme espousée,
Son puy et créditavncoup viendra mince,
Conseil mourra pour la teste rasée.
89.
Touts ceux de Ilerde seront dedans Mosselle,
Metans à mort tous ceux de Loyre et Seine
Secours marin viendra près d'haulte velle
:
Quand Hespagnols ouurira toute veine.
90.
Rourdeaux, Poitiers, au son delacampane,
A grande classe ira iusques à l'Angon 1,
Contre Gauloys sera leur tramontane,
Quand monstres hideux naistra pres de Orgon.
91.
Les dieux feront aux humains apparence,
Ce quils seront auteurs de grand conflit
Auant ciel veu serain espée et lance,
Que vers main gauche sera plus grand affiit
92.
Sous vn la paix par tout sera clamée,
Mais non long temps pille et rcbeUioú."
Par refus ville, terre et mer entamée,
Morts et captifzletiers d'vnmilion.
1 ,
Suivant Jean de Roux, curé de Louvicamp il ne
s'agit pas ici de Langon, petite villede la Guienne, sur
la Garonlle. Il suppose que Mostradamus a tiré ce mot
du grec "XyxMv, le coude, de sorte que aller jusqu'à
fangon, signifie allerjusqu'à l'angle. Voyez, quant à
la prononciation du mot grec, et à l'explication de ce
passage, la Clef de J.'iostmdamus, pages i30 à 4AX
93.
Terre Italique pres des monts tremblera.
Lyon et coq non trop confédérés,
En lieu de peur l'un l'autre saidera
Seul Castulon et Celtes modérés.
95.
94.
Au port Selin le tyran misa mort
La liberté non pourtant recouurée
Le nouueauMars par vindicte et remort
Dameparforce de frayeur honorée.
1.
VERS Aquitaine par insults Britanniques,
De par eux niesnies grandes incursions.
Pluies, gelces feront terroirs iniques,
Port Selyn fortes fera inuasions.
j 2.
La teste blue fera la teste blanche
Autant de mal que France a fait leur bien.
Mort à l'antlienne grand pendu sus la branche,
Quand prins des siens le roy dira combien,
3.
Pour la chaleur solaire sus la mer
De Negrepont les poissons demis cuits :
Les habitans les viendront entamer
Quand Rod. et Gennes leur faudra le biscuit.
4.
DepuisMonech iusques au pres de Secile
Toute la plage demourra desolée,
Il ny aura fauxbourg, cité, ne vile
Que par Barbares pillée soit et voilée.
5.
Qu'en dans poisson, fer etletre enfermée
Hors sortira qui puys fera la guerre,
Aura par mer sa classe bien ramée
Appaioissantprès de Latine terre.
6.
Auprès des portes et dedans deux cités
Seront deux fleaux onques n'aperceu vn tel,"
Faim dedans peste, de fer hors gens boutés,
Crier secours au grand Dieu immortel.
7.
Entre plusieurs aux isles deportés
L'vn estre nay à deux dens en la gorge
Mourront de faim les arbres esbrotés
Pour eux neuf roy nouel edict leur forge.
8.
Temples sacrés prime façon Romaine
Reieteront les goffes fondements,
Prenant leurs loyspremieres et humaines,
Chassant, non tout, des saints les cultements..
9.
Neuf ans le regne le maigre en paix tiendra,
:
Puis il cherra en soif si sanguinaire
Pour luy grand peuple sans foy et loy mourra
Tué par vn beaucoup plus de bonnaire,
10.
Auant long temps le tout sera rangé
Nous esperons Vn siecle bien senestre :
L'estat des masques et desseulz bien changé
Peu troueront qu'a son sang veuille estre.
11.
Le prochain fils de l'asnier paruiendra
Tant esleué iusque au regne des fors,
Son aspre gloire vn chascun la craindra,
Mais ses enfants du regne getés hors.
12.
Yeux clos, ouuerts d'antique fantasie
L'habit des seulz seront mis à néant,
Le grand monarque chastiera leur frenesie :
Rauir des temples le trésor par deuant.
13.
Le corps sans ame plus n'estre en sacrifice :
lour de la mort mis en natiuité :
L'esprit diuin fera l'ame felice
Voiant le verbe en son eternité.
14.
A. Tours, lean, garde seront yeux pénétrants.
Descouuriront de loing la grand sereyne,
Elle et sa suitte au port seront entrants
Combat, poulssés, puissance souueraine.
15.
Vn peu deuant monarque trucidé?
Castor Pollux en nef, astre ermite.
L'erain publiq par terre et mer vuidé
Pise, Ast, Ferrare, Turin, terre interdicte.,
16.
Naples, Païenne, Secille, Syracuses
Nouueauxtyrans, fulgures feuz celestes:
Force de Londres, Gand, Brucelles, et Suses
Grand hecatombe, triumplie, faire festes.
17.
Le camp dutemple de la vierge vestale;
Non esloigné d'Ethne et monts Pyrénées
Le grandconduict est caché dens la maie
North. getésfluues et vignes mastinées.
18.
Nouuelle etpluiesubiteimpetueusa
Empescherasubitdeux«xercites.
Pierre, ciel, feuzfaire la mer pierreuse,
La mort de sept terre et marin subites.
19.
Nouueaux venus, lieu basti sans defense,
Occuper place pa:r lors inhabitable.
Prez, maisons, champs, villes prendre a plaisance,
Faim, peste, guerre, arpen long labourable.
20.
Freres et seurs en diuers lieux captifs
Se trouueront passer pres du monarque,
Les contempler ses rameaux ententifz,
Desplaisantvoir menton, front, nez, les marques.
21.
L'embassadeur enuoyé par biremes
A mi chemin d'incongneuz repoulsés t
De sel renfort viendront quatre triremes,
Cordes et chaines en Negrepont troussés.
22.
Le camp Asopd"Eurotte partira.
:
S'adioignant proche de lisle submergée
D'Arton classe phalange pliera,
Nombril du monde plus grandvoixsubrogée.
,le 23.
Palais, oyseaux par oyseau dechassé,
Bien tost après prince preuenu,
Combien qu'hors fleuueenemis repoulsé
Dehors saisi trait d'oyseau soustenu.
24.
Bestes farouches defaim fluues trauner
Plus part du camp encontre Hister sera,
:
Encaige de fer le grandfera treisner,
Quand Rin enfant Germain obseruera.
25.
La garde estrange trahira forteresse :
Espoir et vmbre de plus hault mariage.
Garde deceue, fort prinse dans la presse,
Loyre, Son. Rosne, Gar. à mort oultrage.
26.
Pourla faueur quelacité fera
Au gran qui tost perdra champ de bataille,
Fuis le rang Po, Thesin versera
De sang, feuz, morts, noyés de coup de taille.
27.
Le diuin verbe sera du ciel frapé,
Qui ne pourra procéder plus auant.
Du reserant le secret estoupé
Qu'on marchera par dessus et deuan
28.
Le penultime du surnom du prophete
Prendra Diane pour son iour et repos
Loing vaguera par frenetique teste,
:
Et deliurant vn grand peuple d'impos.
29.
L'oriental sortira de son siege,
Passer les monts Apennins, voir la Gaules
s
Transpercera du ciel les eaux et neige
Et vn chascun frapera de sa gaule.
30.
Vnqui les dieux d'Annibal infernaulx
Fera renaistre, effrayeur des humains
Oncq' plus d'horreurs ne plus pire iournaux
Qu'auint viendra par Babel aux Romains.
31.
En Campanie Cassilin sera tant
Qu'on ne verra que d'eaux les champs couuerts
Deuant apres la pluye de long temps
Hors mis les arbres rien l'on verra de veri..
32.
Laict, sang, grenoilles escoudre en Dalmatie.
Conflit donné, peste près de Balenne :
Cry sera grand par toute Esclauonie
Lors naistra monstre pres el dedans Rancnne.
33.
Par le torrent qui descent de Verone
Par lors qu'au Po guindera son entrée,
Vn grand naufraige, et non mo ns en Garonne
Quant ceux de Gennes marcheront leur contrée.
34.
L'ire insensée du combat furieux
Fera à table par freres le fer luire
Les despartir mort, blessé, curieux:
Le fier duelle viendra en France nuire.
35.
Dans deux logis de nuit le feu prendra.
Plusieurs dedans estoufés et rostis.
Près de deux fleuues pour seur il auiendra
Sol, l'Arq, et Caper tous seront amortis.
36.
Du grand Propliete les letres seront prinses
Entre les mains du tyrant deuiendront :
Frauder son roy seront ses entreprinses,
Mais ses rapiues bien tost le troubleront.
37.
De ce grand nombre que Ion enuoyera
Pour secourir dans le fort assiegés,
Peste et famine tous les deuorera
Hors mis septante qui seront profligés.
38.
Des condemnés sera fait vn grand nombre
Quand les monarques seront conciliés:
Mais à l'vn d'eux viendra si malencombie
Que guerres ensemble ne seront raliés.
39.
Va an deuant le conflit Italique,
(iermain, Gaulois, Hespagnols pour le fort :
Cherra l'escolle maison de republique,
Ou, hors mis peu, seront sulloq ués morts.
40.
Vn peu apres non point longue interualle.
Par mer et terre sera tait grand tumulte,
lleaucoup plus grande sera pugne nauale,
Feus, animaux, qui plus feront d'insulte.
41.
La grand'estoHe par sept iours bruslcra,
Kuée fera deux soleils apparoir:
Le gros mastin toute nuit hurlera
Quand grand-pontife changera de terroir.
, ,
Pluie ,
Le grand mouteur les siecles renouuele.
sang laict, famine fer et peste
Au ciel veu, feu courant longue es.ti:.celc.
47.
L'ennemi grand viel dueil meurt de poison.: ,
Lessouuerains par infinisaubiuguez.
:
Pierres plouuoif, caches sous la toison
Par mort articlesen,vain sent allegués..
48.,
La grand copie que passera les monts.
Saturne en l'Arq tournant du poisson Mars
Venins cachés sous testes de saulmons
Leurs chief pendu, à fil de polemars.
:
49. -
:
Sur le prins temps deux efforts suite
:
Dans plusieurs nuits la terre tremblera
,
Que peste et glaiue n'a peu seu definer
Mort dans le puys sommet du ciel frappé..
L'abbé mourra quand verra ruiner
Ceulx du naufraige l'escueil voulant grapper.
57.
Auant conflit le grand mur tumbera:
Le grand à mort, mort trop subite et plaint
Nay imparfaict: la plus part nagera:
Aupres du fleuue de sang la terre tainte.
58.
Sans pied ne main par dend ayguë et forte
Par globe au fort deporc et laisné nay:
Pres du portail desloyal se transjvxi^
SUcnc luit, petit grand emJ11e"',
59.
Classe Gauloyse par -apuy de grand garde
Du grand Neptune, et ses tridenjts souldars
TCousgée Prouence pour sostenir grand bande:
Plus Mars Narbon. pariauelotz et dards.
60.
La foy Punicque en Orient rompue
Gang. Iud. et Rosne, Loire, et Tag changeront,
Quand du mulet la faim sera repue,
Classe espargie, sang et corps nageront.
61.
Euge, Tamins, Gironde et la Rocliele :
0 sang Troien ! Mars au port de la flesclie
Dertier le fleuue au fort mise l'escliele,
a
Pointes feu gran meurtre sus la bresclie.
62.
Mabus puis tost alors mourra, viendra
:
De gens et bestes vue horrible defaite
Puis tout à coup la vengence on verra
Cent, main, soif, faim, qnand courra la comete.
63.
,
Gaulois, Ausone bien peu subiuguera
Po Marne, et Seine fera Perme l'vrie
:
Qui le grand mur contre eux dressera
Du moindre au mur le grand perdra la vie.
, 64.
Seicher de faim de soifgent Geneuoise
Espoir prochain viendra au défaillir,
Sur point tremblant sera loy Gebenoise.-
Classe au grand port ne se peult-acuilir.
65.
Le parc enclin grande calamitè
:
Par l'Hesperie et Insubre fera
Le feu en nef, peste et captiuité:
Mercure en.l'Arq Saturne fenera.
66.
Par grans dangiers le captif echapé:
Peu de temps grand la fortune changée.
Dans le palais le peuple est atrapé
Par bon augure la cité est assiegée.
67.
Le blonde au nez forclie viendra commettre
Par ie duelle et chassera dehors :
Les exiles dedans fera remettre
Aux lieux marins commetant les plus forts.
68.
De l'Aquilon les effors seront grands:
Sus l'Océan sera la porte ouuerte,
Le regne en l'isle sera reintegrand :
Tremblera Londres par voile descouiierte,"
69.
Le roy Gauloys par la Celtique dextre
Volant discorde de la grand Monarchie,
Sus les trois pars fera fleurir son sceptre,
Contre la cappe de la grand Hirarchie.
70.
Le dard du ciel fera son extendue
Mors en parlant: grande execution.
La pierre enl'arbre, la fiere gent rendue;
Brut, humain monstre, purge expiation..
71.
Les exilés en Secile viendront
::
Pour tleliurer de faim la gent estrange
An point du iour les Celtes lui faudront
La vie demeure à raison: roy serange.
72
Armée Celtique en Italie vexee
,
De toutes pars conflit et grande perte :
Romains fuis ô Gaule repoulsée !
Pres du Thesin, Rubicon pugne încerle.
73.
Au lac Fucin de Benac le riuaige
Prins du Leman au port de FOrguion :
Nay de troys bras predict belliq image,
Par troys couronnes au grand Endymion.
74.
De Sens, d'Autun viendront iusques au Rosnc
Pour passer outre vers les monts Pyrénées
La gent sortir de la Marque d'Anconne:
:
Par terre et mer le suiura à grans trainées.
75.
La voix ouye de l'insolit oyseau,
Sur le canon du respiralestaige,
Si haut viendra du froment le boisseau,
Que l'homme d'homme sera Anthropophage.
76
Foudre en Bourgoigne fera cas porlenicux
,
Que par engin ne pourroit faire
De leur senat sacriste fait boiteux
Fera sauoir aux ennemis l'affaire.
77.
Par arcs feuz poix et par feuz repousses" t
Cris, hurlements sur la minuit ouys.
Dedans sont mis par les remparts cassés
Par cunicules lestraditeurs fuis.
78.
Le grand Neptune du profond de la mer
De gent Punique et sang Gauloys meslée 4
:
Les Isles à sang, pour le tardif ramer
Plus luy nuira que l'occult mal celé.
79.
La barbe crespe et noire par engin
Subiuguera la gent cruele et fiere
Le grand CHYREN ostera du longin
Tous les captifs par Seline banierc.
80.
Apres conflit du lesé l'eloquence
Par peu de temps se tramme faint-repos:
Point l'on admet les grands à deliurance:
Lesennemissontremis propos- à
Par feu du ciel la cité presque aduste?
L'V rne menasse encor Deucalion: -
Vexée Sardaigne par la Punique fuste
Apres que Libralahra son Phaéton.
82.
Par faim la proye fera loup prisonnier
L'assaillant lors en extreme detresse.
Le nay aiant au deuant le dernier,
Le grand n'eschappe au milieu de la presse,
83.
Le gros trafticq du grand Lyon changé
La plus part tourne en pristine ruine
Proye aux souldars par pille vendangé
,
Par Iura mont et Sueue bruine.
84.
Entre Campaigne, Sienne, Flora, Tuscie
Six moys neufz iours ne plouura vne goûte.
JL'estrange langue en terre Dalmatie
:
Courira sus vastant la terre toute.
85.
Le vieux plain barbe sous l'estatut seuer
:
A Lyon fait dessus l'Aigle Celtique
: :
Le petit grand trop outre perseuere
Bruit d'arme au ciel mer rouge Lygustique:
86.
Naufraige a classe pres d'onde Hadriatique:
La terre esmeuë sus l'air en terre mis :
Egypte tremble augment Maliommetique
L'Hérault soy rendre à crier est commis.
87.
Apres viendra des extremes contrées
Prince Germain sus le throsne doré :
La seruitude et eaux rencontrées
La dame serue, son temps plus n'adoré.
88.
Le circuit du grand faict ruineux
Le nom septiesme du cinquiesme sera :
,
D'vn tiers plus grand l'estrange belliqueux.
Monton Lutece Aixne garantira.
,
89.
Du iou seront demis les deux grandz maistres
Leur grand pouuoir se verra augmenté :
La terre neufuesera en ses haults estres :
Au sanguinaire le nombre racompté.
90.
Par vie et mort changé regne d'Ongrie :
La loy sera plus aspre que seruice,
Leur grand cité d'vrlements plaincts et crie:
Castor et Pollux ennemis dans la lyce.
91.
Soleilleuant vn grand feulon verra
Bruit et clarté vers Aquilon tendant:
Dadans le rond mort et cris lont orra
Par glaiue, feu, faim, mort les attendants.
92.
Feu couleur d'or du ciel en terre veu :
Frappé du liault, nay , fait cas merueilleuz:
Grand meurtre humain: prins du grand le nepueu,
Morts d'expectacles eschappé l'orguilleux.
93.
Bien pres du Tymbre presse la Libytine:
Vng peu deuant grand inundation :
Le chef du nef prins, mis a la sentine:
Cliasteau palais en conflagration.
,
94.
Po grand mal Gauloys receura,
ORAN. ,
pour
Vaine terreur au maritin Lyon :
Peuple infini par la mer passera,
Sans escliapper vn quart d'vn milian.
95.
Les lieux peuples seront inhabitables:
Pour champs auoir grande diuision :
Regnes liurés a prudents incapables :
Lors les grands freres mort et dissension.;
96.
Flambeau ardent au cielsoir sera veu
:
Prés de la fin et principe du Rosne :
Famine, glaive tard le secours pourueu;
La Perse tourne enuahir Macedoine.
97.
Romain Pontife garde de t'approcher
De la cité qui deux fleuues arrouse,
Ton sang viendras au pres de la cracher f
Toy et les tiens quand fleurira la rose.
98.
:
Ccluy du sangresperse le visaige
De la victime proche sacrifiée
Tonant en Leo augure par presaige
«
:
Mis estre à mort lors pour la fiancée.
99.
Terroir Romain qu'interpretoit augure,
Par gent Gauloyse sera par trop vexée :
Mais nation Celtique craindra l'heure,
Boreas, classe trop loing l'auoir poussée.
100.
Dedans les isles si horrible tumulte,
Rien on n'orra qu'vne bellique brigue,
Tant grand sera de predateurs l'insulte,
Qu'on se viendra ranger à la grand ligue.
CENTURIE TIERCE
1.
APRES combat et bataille nauale,
Le grand Neptune à son plus hault beffroi
Rouge auersaire de fraieur viendra pasle,
Metant le grand ocean en effroy.
2.
Le diuin verbe donrra à la sustance
Comprins ciel terre, or occult au fait mystique
Corps, ame, esprit aiant toute puissance,
Tant sous ses pieds, comme au siege celique.
3.
Mars et Mercure et l'argent ioint ensemble
Vers le midi extreme siccité :
Au fond d'Asie on dira terre tremble,
Corinthe, Ephese lors en perplexité.
4.
Quand seront proches le defaut des lunaires
Del'yn à l'autre ne distant grandement,
Froid, siccité, danger vers les frontières,
Mesmes ou l'oracle a prins commencement..
5.
Pies, loin défaut de deux grand luminaires
Qui surviendra entre l'Auril et Mars.
0 quel clierté !
mais deux grands debonaires
Par terre et mer secourront toiattgpars.
6. -
,
Dans temples clos le foudre y entrera
Les citadins dedans leurs forts grcués:
,
Chevaux, beufs hommes, l'onde mur touchera
,
Par faim soif sous les plus foiblesaînés«
,
7.
:
Les fuitifs, feu duciel sus les piques
Conflit prochaindescorbeaux Wesbatans,
De terre on crie aide secourceliques
,
Quand pres des murs seront les cômbatairs.
8.
Les Cimbres ioints auecques leurs voisins,
Depopuler viendront presque lUespaigire :
Gents amassés Guienne et Limosins
Seront en ligue, et leur ferontcompagnie-'
, 9.
Bourdeaux Rouen et la Rocliele ioints
,
Tiendront autour la grand meroctane:
Anglois Bretons et les Flamans conioints
Les chasseront iusques au-pres de Roane-
10.
De sang et faim plus grande calamité
Sept fois s'apreste à la marine plage,
Monech de faim, lieu prins, captiuité,
Le grand mené croc en ferrée caige.
11.
Les armes batre au ciel longue saison,
L'arbre au milieu de la cité tumbé :
Vermine, rongne glaiue en face tyson,
,
Lors le monarque cFHadrie succombe.
12..
Par la tumeur de Heb. Po, Tag. Timbre et Rosue
Et par l'estang Léman et Aretin,
Lesdeux graus chefs et cites de Garonne
Prins, morts, noies. Partir humain butina
13.
:
Par foudre en l'arche or et argent fondu
Des deux captifs l'vn l'autre mangera:
De la cité le plus grand estendu,
Quand submergée la classe nagera.
14.
:
Par le rameau du vaillant personage
De France infime par le pere infelice
Honneurs, richesses trauail en son viel aage
Pour auoir creu le conseil d'homme nice.
15.
Cueur, vigueur, gloire le regne changera
De tous points contre aiant son aduersaire.
Lors France enfance par mort subiuguera.
Le grand regent sera lors plus contraire.
16.
Le prince Anglois Mars à son cueur de ciel
Voudra poursuiure la fortune prospere
Des deux duelles l'vn percera le fiel:
llay de lui, bien aymé de sa mere.
17.
Mont Auentine brusler nuit sera veu : :
Le ciel obscur tout à vn coup en Flandres
Quand le monarque chassera son nepueu :
Leurs gens d'Eglise commettront les esclandres.
18.
A pres la pluie laict assés longuete,
En plusieurs lieux de Reins le ciel touclit.
Helas quel meurtre de seng pres d'eux s'apreste,
Peres et filz rois n'oseront aprocher.
19.
En Luques sang et laict viendra plouuoir:
Yn peu devant changement de preteur,
Grand peste et guerre, faim et soif fera VOYN
Loing, ou mourra leur prince recteur.
20.
Par les contrées du grand fleuue Bethique
Loing d'Ibere, au regne de Granade,
Croix repoussées par gens Maliumetiques
Vn de Cordube trahira la contrade.
21
Au crustamin par mer Hadriatique
Apparoistra vn horride poisson,
De face humaine, et la fin aquatique,
Qui se prendra dehors de l'ameçon.
22.
Six iours l'assaut deuant cité donné
:
Liurée sera forte et aspre bataille
:
Trois la rendront et à eux pardonné:
Le reste a feu et sang tranche traille.
23.
Si France passes outre mer lygustique,
:
:
Tu te verras en isles et mers enclos
Mahommet contraire plus mer Hadriatique
Chevaux et d'asnes tu rongeras les os.
;
24.
,
De l'entreprinse grande confusion,
Perte de gens thresor innumerable
Tuny dois faire
:
encor extension
France a mon dire fais que sois recordablf.
25.
Qui au royaume Nauarrois paruiendra
:
Quand de Secile et naples seront ioints
Bigorre et Landes par Foyx Loron tiendra
D'vn qui d'Hespaigne sera par trop conioint.
26.
Des rois et princes dresseront simulacres,
,
Augures, creuz esleués aruspices:
Come,victime d'orée et d'azur, d'acre
Interpretés seront les extispices.
:
27.
Prince Libyque puissant en Occident
Francois d'Arabe viendra tant eiillammer
Scauans aux letrès fera condescendent,
i
La langue Arabe en François translater.
28.
De terre foible et pauure parentele,
Par bout et paix paruiendra dans l'empire.
Long temps regner vne ieune femele,
,
Qu'oncq en regne n'en suruint vn si pire.
29.
Les deux nepueus enaiuers lieux nourris:
Navale pugne, terre, peres tnmbés
:
Viendront si haut esleués enguerris
Venger l'iniure ennemis succombés.
30.
Celuy qu'en luite et fer au fait bellique,
Aura porté plus grand que lui le pris,
De nuit au lit six lui feront la pique,
Nud sans harnois subit sera surpris.
31.
Aux champs de Mede, d'Arabe et d'Armenie;
Deux grands copies trois foys s'assembleront:
Pres du rivage d'Araxes la mesnie,
Du grand Solman en terre tomberont
32.
Le grand sepulcre du peuple Aquitaniqùe
S'aprochera aupres de la Tousquane,
Quand Mars sera pres du coing Germanique,
Et au terroir de la gent Mantuane.
33.
En la cité ou le loup entrera,
Bien pres de là les ennemis seront
Copie estrange grand païs gastera.
:
Aux murs et Alpes les amis passeront.
34.
Quand le defaut du soleil lors sera,
Sus le plain iour le monstre sera veui
:
Tout autrement on l'interpretera.
Cherté n'a garde nul n'y aura pouruen.
35.
Du plus profond de l'Occident d'Europe
De pauures gens vn ieune enfant naistra
,
,
Qui par sa langue seduira grande troupe:
Son bruit au regned'Orient plus croistra.
36.
Enseueli non mort apopletique
Sera trouné auoir les mains mangées
Quand la cité damnera l'heretique
:
,
Qu'auoit leurs loys si leur sembloitchangées,
37.
Auant l'assaut oraison prononcée:
Milan prins d'aigle par embusches deceuz:
Muraille antique par canons enfoncée,
Par feu et sang à mercy peu receuz.
38.
La gent Gauloise et nation estrange
Outre les monts, morts prins et proiligési
Au mois contraire et proche de vendange
Par les seigneurs en accord rédigés.
39.
Les sept en trois mis en concorde
Pour subiuguer des alpes Apennines.
Mais la tempeste et Ligure couarde
Les profligent en subites ruines.
40.
Le grand tlieatre se viendra redresser:
Le dez geté, et les rets ia tendus.
Trop le premier en glaz viendra lasser;
Par arcs prostraits de long temps ia fendus.
41.
Uc.:>:.eu seraesleu par le conseil ,-
Plus hideux monstre en terre n'apcrceu.
Le coup volant prelat creuera l'œil:
Le traisue au roy pour fidele receu.
42.
L'enfant naistra à deux dents à la gorge
Pierres en Tuscie par pluie tomberont:
Peu d'ans après ne sera bled, ne orge,
Pour saouler ceux qui de faim failliront..
43.
Gents d'alentour de Tarn Lotli, et Garonne ,
,
Gardés les monts Apennines passer,
Vostretombeau pres de Rome et d'Anconp"
J-c noir poil crespe fera trophée dresser.
44.
Quand l'animal à l'homme domestique
Apres grands peines et saults viendra parler:
Le foudre à vierge sera si maleficque,
De terre prinse, et suspendue en l'air.
45.
Les cinq estranges entrés dedans le temple,
Leur sang viendra la terre l'rophaner:
Aux Thoulousains sera bien dur exemple
D'un qui viendra ses loys exterminer.
46.
Le ciel (de Plancus la cité) nous presaige
,
Par clairs insignes et par estoiles fixes
,
Que de son change subit s'aproclie l'aage,
Ne pour son bien ne pour ses maletices.
47.
Le vieux monarche deschassé de son regne
Aux Orients son secours ira querre ::
Pour peur des croix pliera son enseigne
En Mitilene ira pour port et terre.
48.
Sept cents captifs estaches rudement
Pour la moitié meurtrir, donné le sort,
Le proche espoir viendra si promptement,
Mais non si tost qu'une quinzième mort.
49.
Regne Gauloys tu seras bien changé:
,
En lieu estrange est translaté l'empire
En autres meurs et loys seras rangé :
Rouan et Chartres te feront bien du pire*
50.
La republicque de la grande cité
A grand rigeur ne voudra consentir
Roy sortir hors par trompete cité
:
L'eschele au mur, la cité repentir.
51.
PARIS coniure vn grand meurtre commelre
:
Bloys le fera sortir en plain effet
Ceux d'Orléans voudront leur chef remetre,
Angiers, Troye, Langres leur feront grand forfait. -
52.
Enla Campaigne sera si longue pluie j
Et en la Pouile si grande siccité.
Coq verra l'aigle, l'aesle mal accomplie;
Par Lyon mise sera en. extremité.
53.
Quand le plus grand emportera le pris
De Nuremberg d'Auspurg, et ceux de Basle
Par Aggripine-chef Francqfort repris
Transuerseront par Flamans iusques en Gale.
54.
L'un des plus grands fuira aux Hespaignes
Qu'en longueplaie apres viendra saigner :
;
Passant copies par les hautes montaignes
Deuastant tout et puis en paix regner.
55.
En l'an qu'un œil en France regnera,
La court sera à vn bien fasclieux trouble :
Le grand de Bloys son ami tuera:
Le reg ne mis on mal et doute double.
56.
Montauban, Nismes, Auignon, et Besier,
Peste, tonnerre et gresle à fin de Mars:
De Paris pontyLyon mur, Montpellier,
Depuis six cent et sept xxni pars.
57.
Sept foys changer verrés gent Britannique
Taintz en sang en deux cent nonante an :
Franche non point par apui Germanique.
Aries doute son pole Bastarnan..
58.
Auprès duRin des montaignes Noriqties
Naistra vn grand de gents trop tart venu
Qui defendra SAVROME et Pannoniques,
,
Qu'on ne saura qu'il sera deuenu.
59.
• Barbare empire-par le tiers vsurpe
La plus grand part de son san g metra à mort
Par mort senile par luy lequart frapé,
:
Pour peur que-sang par le sang ne soit mort.
60.
Par toute Asie grande proscription,
Mesmes en Mysie, L-ysie et Pamphylie:
Sang versera-par absolution
D'un ieune noir rempli de felonnie.
61.
Se dresseraenMésopotamie :
La grande bande et secte crucigere
u
du reste de sang non espandu:
CELA
:
Venise quiert secours estre donné
Apres auoir bien long temps attendu.
Cité liurée au premier cornsonné.
2.
Par mort la France prendra voyage à faire
Classe par mer, marcher monts Pyrenées,
llespagne en trouble, marcher gent militaire :
Des plus grand dames en France emmenées.
3.
D'Arras et Bourges, de Brodes grans enseignes
Vn plus grand nombre de Gascons battre à pied,
Ceulx long du Rosne saigneront les Espaignes:
Proche du mont ou Sagonte s'assied.
4.
L'impotent prince fâché, plainctz etquereles.
:
De rapts et pilles par coqz et par libyques
Grand est par terre, par mer infinies voiles,
Seure Italie sera chassant Celtiques.
5.
Croix, paix, sous vn accompli diuin verbe,
L'Hespaigne et Gaule seront vnis ensemble,
Grand clade proche, et combat tresacerbe
Cueur si hardi ne sera qui ne tremble.
:
6.
:
Marchant prés fleuue, poisson, bec de plongeon,
Verra la queue porte sera serrée.
18.
Des plus letrés dessus les faits celestes
Seront par princes ignorants reprouués s
Punis d'Edit, chassés, comme scelestes,
Et mis à mort la où seront trouués.
19.
Deuant ROVAN d'Insubres mis le siege,
Par terre et mer enfermés les passages.
D'Haynault, et Flandres, de Gand et ceux de Liege
Par dons laenees rauiront les riuages.
20.
Paix vberté long temps lieu louera
Par tout son regne desert la fleur de lis:
Corps morts d'eau, terre la Ion aportera ,-
Sperants vain heur d'estre la enseuelis.
21.
:
Le changement sera fort difficile
:
,
Cité, prouince au change gain fera
Cueur haut, prudent mis chassé lui habile.
Mer, terre, peuple son estat changera.
22.
La grand copie qui sera deschassée,
Dans vn moment fera besoing au roy
La foy promise de loing sera fauscée
:
Nud se verra en piteux desarroy.
23.
La légion dans la marine classe
Calcine, Magnes soulphre, et poix brusîera
Le long repos de lasseuréeplace:
:
Port Selyn, Hercle feu les consumera.
24.
Ouy sous terre saincte d'ame, voix sainte
Humaine flamme pour diuine voyr luire,
,
Fera des seuls de leur sang terre tainte
Et les saints temples pour les impurs destruire.
25.
Corps sublimes sans fin à l'œil visibles
Obnubiler viendront par ses raisons :
Corps, front comprins, sens, chief et inuisibles,
Diminuant les sacrés oraisons.
26.
Lou grand eyssame se leuera d'abelhos
Que non sauran don te siegen venguddos
;
Denuech l'embousque, lou gach dessous las treilhos
P
Cieutad trahido cinq lengos non nudos.
27.
Salon, Mansol, Tarascon de SEX. l'arc,
Ou est debout encor la piramide,
Viendront liurer le prince Dannemarc
Rachat honni au temple d'Artemide.
28.
Lorsque Venus du sol sera couuert,
Souz l'esplendeur sera forme occulte,
Mercure au feu les aura descouuert
Par bruit bellique sera mis à l'insulte.
29.
Le sol caché eclipse par Mercure
Ne sera mis que pour le ciel second.
De Vulcan Hernies sera faite pasturet
Sol sera veu pur rutilant et blond.
30.
Plus xi. fois Luna, Sol ne voudra,
Tous augmentés et baissés de degré
Et si bas mis que peu or Ion coudra:
:
Qu'après faim, peste descouuert le secret.
31.
La lune au plàin de nuit sus le haut mont
Le nouueau sophe d'un seul cerueau la veu Î
Par ses disciples estre immortel semond
Yeux au mydi. En seins mains, corps au feu.
32.
Es lieux et temps chair au poiss. donrra lieu.
La loy commune sera faicte au contraire
Vieux tiendra fort, puis oste du milieu
:
Le TCavTa xoïva cpLÀWP. mis fort arriéré.
33.
luppiter ioint plus Venus qu'à la Luue
Apparoissant de plenitude blanche :
Venus cachée soubs la blancheur Neptune,
De Mars frappé par la granée branche.
34.
Le grand mené captif d'estrange terre, ,
D'or enchainé au roy CHYREN offert,
Qui dans Ausonne, Millan perdra la guerre,
Et tout son ost mis à feu et à fer.
35.
Le feu estaint, les vierges trahiront
La plus grand part de la bande nouuelle ::
Fouldre à fer, lance les seuls roy garderont
Etrusque et Corse, de nuit gorge allumelle.
36.
Les ieux nouueaux en Gaule redressés;
Apres victoire de l'Insubre champaigne:
Monts d'Esperie, les grands liés,troussés:
De peur trembler la Romaigne et l'Espaigne.1
37.
Gaulois par saults, monts viendra penetrer
Occupera le grand lieu de l'Insubre :
:
Au plus profond son ost fera entrer :
Gennes, Monech pousseront classe rubre.
38.
Pendant que duc, roy, royne occupera
Chef Bizant du captif en Samothrace
Auant l'assauit l'vn l'autre mangera:
i
Rebours ferré suyura du sang la trasse.
39.
Les Rodiens demanderont secours
Par le neglet de ses lioyrs délaissée.
L'empire Arabe reualera son cours
Par Hesperies la cause redressée.
40.
Les forteresses des assieges sarrés
Par poudre à feu profondés en abysmes
Les proditeurs seront touts vifs serrés
Onc aux sacristes n'auint si piteux scisme.
41.
Gymnique sexe captive par hostaige
Viendra de nuit custodes deceuoyr :
,
Le chef du camp deceu par son langaige
Lairra à la gente fera piteux à voyr.
42.
Geneue et Langres par ceux de Chartres et Dollô
lit par Grenoble captif au Montlimard
Seysset, Losanne par fraudulente dole
,
Les trahiront par or soyxante marc.
43.
Seront oys au ciel les armes batre :
Celuy an mesme les diuins ennemis
Voudront loix sainctes iniustement debatre
Par foudre et guerre bien croyans à mort mis.
44.
Lous gros de Mende, de Roudés et Milhau
Caliours, Limoges, Castres malo sepmano
De nuech l'intrado, de Bourdeaux vncailhau
Par Perigort au toc de la campano.
45.
Par conflit roy,regne abandonera ::
Le plus grand chef fallira au besoing
Mors profligés peu en rechapera,
Tous destranchés vn en sera tesmoing.
,
46.
Bien defendu le faict par excelence,
Garde toy Tours de ta proche ruine.
Londres et Nantes par Reims fera defense
Ne passés outre au temps de la bruine.
47.
,,
Le noir farouche quand aura essayé
Sa main sanguine par feu fer arcs tendus:
Trestout le peuple sera tant effraié:
Voyr les plus grands par col et pieds pendus.
48.
Plannure Ausonne fertile, spacieuse
Produira taons si trestant sauterelles:
Clarté solaire deuiendra nubileuse,
Ronger le tout, grand peste venir d'elles.
49.
Deuant le peuple sang sera respandu
Que du haut ciel ne viendra eslogner:
Mais d'vn long temps ne sera entendu
L'esprit d'vn seul le viendra tesmoiguer.
50.
Libra verra regner les Hesperies,
De ciel, et terre tenir la monarchie:
D'Asie forces nul ne verra peries
Que sept ne tiennent par rang la hiérarchie.
51.
Le duc cupide son ennemi ensuiure
Dans entrera empesclimt sa phalange:
Astes à pied si pres viendront poursuiure,
Que la iournéeconflite près de Gange.
52.
La cite obsesse aux murs hommes et femmes
Ennemis hors le chef prestz à soy rendres
Vent sera fort encontre les gens-darmes :
Chassés seront par chaux, poussiere et cendre.
53.
Les fuitifs et banuis reuoqués:
Peres et filz grand garnisent les hauts puids:
:
Le cruel pere et les siens suffoqués
Son filz plus pire submergé dans le puis.
54.
Du nom qui oncques ne fut au Roy Gaulois
Iamais ne fut un foudre si craintif,
Tremblant l'Itale, l'Espagne et les Anglois,
De femme estrange grandement attentif.
55.
Quand la corneille sur tout de brique jointe,
Durant sept heures ne fera que crier.
Mort presagée, et de sang statuë teinte.
Tyran meurtry, au Dieu peuple prier.
56.
Après victoire de rabieuse langue,
L'esprit tempté en tranquille repos,
Victeur sanguin par conflict fait harangue
Roustir la langue et la chair, et les os.
:
57.
Ignare envie au grand Roy supportée,
Tiendra propos defendre les escrits :
Sa femme non femme par un autre tentée
Plus double d'eux ne feront fort ne cris.
,
58.
Soleil ardent dans le gosier coller,
De sang humain arrouser terre Etrusque
Chefseille d'eau, mener son fils filer,
Captive Dame conduite terre Turque.
59.
Deux assiegez en ardente ferveur
De soif esteinsdedans deux pleines tassès t
Le fort limé, et un vieillard resveur
Aux Genevois de Nira monstra trasses.
60.
Les septenfans en ostage laissez,
Le tiers viendra son enfant trucider,
:
Deux par son fils seront d'estoc percez
Gennes, Florence lors viendra circonder.
61.
Le vieux mocqué privé de sa place
Par l'estranger qui le subornera,
Mains de son fils mangées devant sa place
Le frere à Chartres, Orléans, Rouen trahira.
62.
Un coronel machine ambition,
Se saisira de la plus grande armée,
Contre son Prince mal feinte invention :
Et descouvert sera sur la ramée.
63.
Armée celtique contre les montagnars,
Qui feront, sçeus et pris à la lipée
Paysans freser pousseront tost fauguars,
Précipitez tous au fil de l'espée.
64.
Le defaillant enhabit de Bourgeois;
Viendra le Roy tenter de son offence.
Quinze soldats la pluspartvillageois,
Vie derniere et chef de sa chevance :
65.
Au deserteur de la grand' forteresse.
Après qu'aura sonlieu abandonné,
Son adversaire fera si grand* prouesse :
L'Empereur tost mort sera condamné.
66.
Sous couleur feinte de sept testes rasées
Seront semez divers explorateurs,
et
Puits fontaines depoison arrousées,
Au fort de Gcnnes humains devorateurs.
67.
Lorsque Saturne et Mars esgaux combust,
;
L'air fort seiche longue trajection
Par feu secret, d'ardeur grand lieu adust,
Peu pluye, vent chaud, guerres, incursion.
68.
En lieu bien proche esloigné de Venus,
Les deux plus grands de l'Asie et d'Afrique
Du thin Hister qu'on dira sont venus,
Cris, pleurs à Malte, et costé ligustique,
69.
La cité grande les exilés tiendront,
Les citadins morts, meurtris et chassez,
Ceux d'Aquilée à Parme promettront
Monstrer l'entrée par les lieux non trassez.
70.
Bien contigu des grandsmontsPyrennées
Vn contre l'Aigle grand copie adresser:
Ouvertes veines, forces exterminées,
Que jusqu'à Pau le chef viendra chasser.
71.
En lieu d'espouseles fillrs trucidées,
Meurtre à grand faute ne fera supertite,
Dedans ses puys vestus les inondées,
L'espouse estcinte par hauste d'Aconite.
72.
Les ArtomiquesparAgen et Lectore,
A sainct Felix feront leur parlement :
Ceux de Basas viendront à la mal'heure
Saisir Condon et Marsan promptement.
73.
Le neveu grand par force prouvera,
Le pache fait du cœur pusillanime:
Ferrare et Ast le Duc esprouvera.
Par lorsqu'au soir sera la Pantomime.
74.
Du lac Leman et ceux de Branonices.
Tous assemblez contre ceux d'Aquitaine,
Germains beaucoup encore plus Suisses,
Seront défaits avec ceux du Maine.
75.
Prest à combattre fera defection,
Chef ad versaire obtiendra la victoire,
L'arriere garde fera defension,
Les defaillans morts au blanc territoire.
76.
Les Nictobriges par ceux de'Pgort,
Seront vexez tenant jusques au Rosne :
L'associé de Gascon et Begorne,
Trahir le temple le Prestre estant au prosne.
77.
SELIN Monarque l'Italie pacifique:
Regnes unis par Roy Chrestien du monde t
Mourant voudra coucher en terre bIesique,
Après pyrates avoir chassé de l'oude.
78.
La grande armée de la pugne civile
Pour de nuict Parme à l'estrange trouvée ;
Septanteneuf meurtris dedans la ville;
Les estrangers passez tout à l'espée.
79.
Sang Royal fuis Monhurt, Mars, Eguillon,
Remplis seront de Bourdelois les landes :
Navarre, Bygorre pointes etesguillons,
Profonds de faim vorer de Lieges glandes.
80.
Prés du grand fleuve, grand force, terre egeste
En quinze parts sera l'eau divisée,
La cité prinse, feu, sang, cris conflict mettre,
Et lapluspart concerne au collisée.
81.
Pont on fera promptement de nacelles
Passer l'armée du grand prince Belgique :
Dans profondrez et non loin de Bruxelles.
Outrepassez detranchez sept àpicque.
82.
Amas s'approche venant de Sclavonie,
L'Olestant vieux cité ruinera,
Fort desolée verra la Romanie,
Puis la grand flamme esteindre ne sçaura.
: 83.
Combat nocturne le vaillant capitaine
Vaincu fuira, peu de gens profligez;
Son peuple émeu, sedition non vaine;
Son propre fils le tiendra assiegé.
84.
Un grand d'Auxerre mourra bien miserable,
Chassé de ceux qui sous lui ont esté ;
Serré de chaisne, après d'un rude cable;
En l'an que Mars, Venus, Sol joints esté.
85.
Le charbon blanc du noir sera chassé,
Prisonnier fait mené au tombereau
More chameau sur pieds entrelassez
;;
Lors le puis nayfilera l'aubereau.
86.
L'an que Saturne en eau sera conjoint
le
:
Avecques Sol Roi fort et puissant
A Reims et Aix sera receu et oinct,
Aprèsconquestes meurtrira innocent.
87.
Un fils du Roi tant de langues appris,
A son aisné auRegne different :
Son pere beau au plus grand fils compris.
Fera perir principal adhérant.
88.
Le grand Antoine de nom de fait sordide
De Phthyriase à son dernier rongé ;
Yn qui de plomb voudra estre cupide,
Passant le port d'esleu sera plongé.
89.
Trente de Londres secret conjureront,
Contre leur Roy, sur le pont l'entreprinse,
Luy, satellites la mort degousteront,
Un Roy esleu blond et natif de Frize.
90.
Les deux copies aux murs ne pourront joindre
Dans cet instant trembler Milan, Ticin.
Faim, soif,doutance si fort les viendra poindre,
Chair, pain, ne vivres n'auront un seul boucin.
91.
1.
Avant venuë de ruine Celtique;
Dedans le temple deux parlementeront,
Poignard cœur d'un monté au Coursier et pique
Sans faire bruit le grand enterreront.
2.
Sept conjurez au banquet feront luire,
Contreles trois le fer hors de navire,
L'un les deux classes au grand fera conduire,
le
Quand par mal. Dernier au front lui tire.
3.
Le successeur de la Duché viendra,
Beaucoup plus outre que la mer de Toscane,
Gauloise branphe la Florence tiendra,
Dans son giron d'accord nautique Rane.
4.
Le gros matin de cité dechassé,
Sera fasché de l'estrange alliance,
Apres aux champs avoir le cerf chassé,
Le loup et l'ours se donront defiance.
5.
Sous ombre feinte d'oster de servitude.
Peuple et cité usurpera lui-mesme,
Pire fera par fraux de jeune pute,
Liuré au eUainp lisaui le faux proësme.
6.
Au Roy l'augursurleclief la main mettre,
:
Viendra prier pour la paix Italique
A la main gauche viendra changer le sceptre,
Du Roy viendra Empereur pacifique,
7.
Du Triumvir seront trouvez les os.
Cherchant profond thresor enigmatique,
Ceux d'Alentour ne seront en repos.
Ce concaver marbre et plomb métallique.
:
Sera laissé feu vif et mort caché,
Dedans les globes horribles espouvantable y
;
De nuict à classe cité en poudre lasché
La cité à feu, l'ennemy favorable.
9.
lusques au fond la grand arq démoluë,
Par chef captifl'amy anticipé,
INaistra de dame front face cheveluë,
Lors par astuce Duc à mort attrapé.
10.
Ynchef celtique dans le conflict blessé,
Auprès de cave voyant siens mort ahbattl'e
De sang et playes, et d'ennemis pressé;
Et estsecours par inconnusde quatre.
11.
Mer par solaires seure ne passera,
Ceux de Venus tiendront toute l'Afirique î
Leur regne plus Saturne n'occupera,
Et changera la part Asiatique.
2.
Auprès du lac Leman sera conduite,
Par grace estrange cité voulant trahir,
Avant son meurtre à Ausbourg la grand suite;
Et ceux du Rhin la viendrontinvahir.
13.
Par grand fureur le Roy Romain Belgique
Vexer voudra par phalange Barbare
Fureur grinssant, chassera gent Libique,
Depuis Pannos jusques Hercules lahare.
14.
Saturne et Mars en Leo Espagne captive,
:
Par chef lybique au conflict attrapé
Proche de Malte, Heredde prinse vive ;
Et Romain sceptre sera par Coq frappé
15.
Et navigant captif prins grand Pontife,
Grand après faillir les Clercs tumultuez *
Second esleu absent son bien debiffe.
Son favory bastard à mort tué
16.
A son haut pris plus la lerme sabée,
D'humaninc chair par mort en cendre mettre
s
A Isle Pharos par Croissai perturbée; ;
Alors qu'à Rhodesparoistra deux espectre.
17.
De nuict passant le Roy prés d'une AndraDe;
Celui de Cyprès, et principale guette.
Le Roy failli la main fuit long du Rosne
à
Les conjurez l'iront la mort mettre.
18.
Dedueil mourra l'infelix profligé,
îlelebrera son victrix l'hecatombe,
Pristine loi, franc edict l'edigé,
Le mur et Prince septième ibur au tombe.
19.
Le grand Royal d'or, d'airain augmenté,
Rompu la pache par jeune ouverte guerre;
Peuple affligé par un chef lamenté
De sang barbare sera couverte terre.
20.
De là les Alpes grand amour passera,
Vn peu devant naistre monstre vapin :
Prodigieux et subit tournera
Le grand Tosquan à son lieu plus propin,
21.
Par le trespas du Monarque Latin,
Ceux qu'il aura par regne secourus;
Le feu luira, divisé le butin.
La mort publique aux hardisincourus.
22.
Avant qu'à Rome grand aye rendu l'amc
Effrayeur grande à l'armée estrangere
Par esquadrons l'embusche prés de Parme ?
Puis les deux rouges ensemble feront chere.
23.
Les deux contens seront uns ensemble,
Quand la pluspart à Mars seront conjoint,
Le grand d'Afrique en effrayeur tremble,
Drvmyjiut la clfjedjsio¡nt.
24.
1.
,
Mompareil regne, puissant et invincible,
Feront par fraudes nuicts trois adVerllr;
Quand le plus grand à table lira Bible,
84.
Naistra dugoulphre et cité immesurée,
Nay de parens obscurs et tenebreux
Qui a puissance du grand Roy reverée,
;
Voudra destruire par Rouen et Eureux.
85.
Par les Sueues et lieux circonuoisins,
Seront en guerre pour cause des nuées;
Camps marins locustes et cousins ,
Du Leman fautes seront bien desnuées.
86.
Par les deux testes, et trois bras separez,
La cité grande sera par eux vexée
Des grands d'entr'eux par exil esgarez
Par teste Perse Bisance fort pressée.
;
87.
L'an que Saturne hors de servage,
Au franc terroir sera d'eau inondé,
De sang Troien sera son mariage,
Et sera seul d'Espagnols circondé.
88.
Sur le sablon par un hideux deluge.
Des autres mers trouvé monstre marin,
Proche du lieu sera faict un refuge,
Tenant Savonne esclave de Turin.
S9.
Dedans Hongrie par Boheme, Navarre;
Et par banniere sainctes séditions,
Par fleurs de lys pays portans la barre,
ContreOrléans fera esmotions.
90.
Dans les cyclades, en perinthe,etlarysse,
Dedans Sparte tout le Peloponesse.
Si grand famine peste par feux connisse,
Weuf mois tiendra, et tout le cheronnesse,
91.
Au grand marché qu'on dit des mensongers
:
Du tout torrent, et champ Athenien
Seront surprins par les chevaux legers,
Par Albanois, Mars, Léo, Sat. un versicn.
92.
Après le siege tenu dix sept ans,
Cinq changeront en tel revolu terme,
Puis sera l'un esleu de mesme temps,
Qui des Romains ne sera trop conforme.
93.
Sous le terroir du rond globe lunaire,
Lors que sera dominateur Mercure:
L'isle d'Ecosse sera un luminaire,
Qui les Anglois mettra à deconfiture.
94.
Translatera en la grand Germanie,
:
Brabant et Flandres, Gand, Bruges et Bolongne
La trefue feinte, le grand Duc d'Armenie
Assaillira Vienne et la Cologne.
95.
Nautique rame inuitera les ombres,
Du grand Empire lors viendra conciter
La mer jEgée des lignes des encombres,
Empeschant l'onde Thirenne de flotter.
96.
Sur le milieu du grand monde la rose
Pour nouveaux faits sang public épandu,
A dire vrayon aura bouche close,
Lors au besoin viendra tard l'attendu.
97.
Le nay difformepar horreur suffoqué
Dans la cité du grand Roy habitable
L'edict severe des captifs revocqué,
:
Gresle et tonnerre, Condon inestimable.
98.
A quarante liuict degré clymacterique,
Afin de Cancer, si grande seicheresse.
Poisson en mer, fleuve, lac cuit hestique,
Bearn Bigorre par feu Ciel en detresse.
99.
et
Milan, Ferrare, Turin, Aquileye.
Capne, Brundis vexez per gent Celtique,
Par le Lyon et phalange aquilée,
Quand Rome aura le chef vieux britannique.
100.
Le Boute feu par son feu attrapé,
Du feu du ciel à Calcas et Cominge :
Foix, Aux, Mazei-e, haut vieillard escliappé,
Par ceux de Hasse des Saxons et Turinge.
.d Ii. w
CENTURIE SIXIEME.
f.
Avtour des monts Pyrenné es grand amas,
De gentestrange secourir Roy nouveau:
Prés de Garonne du grand temple du Mas,
Un Romain chef le craindra dedans l'eau.
2.
En l'an cinq cens octante plus et moins,
On attendra le siecle bien estrange,
Et l'an sept cents et trois (cieux en tesmoins)
Que plusieurs régnés un à cinq feront change.
3.
Fleuve qu'esproulle le nouueaunay Celtique
Sera grande de l'Empire discorde:
Le jeune Prince par gent Ecclésiastique.
Le sceptreosté coronal de concorde.
4.
Le celtique fleuve changera de rivage,
Plus ne tiendra la cité d'Agripine,
Tout transmué hormis le vieil langage,
Saturne, Leo, Mars, Cancer en rapine.
5.
Si grand famine par onde pestifere
Par pluye longue le long du pole arctÍqlte,
Sainarobryn cent lieux de l'hemisphere,
Vivront sans loy exemut de politique.
6.
Apparoistra vers le septentrion.
Non loing de Cancer l'estoile cheveluë;
- Suze, Sienne, Boëce, Eretrion,
Mourra de Rome grand, la nuit disparue.
-,.
Norneigre, Dace, ët l'isie Britanniquej
Par les unis freres seront vexées :
Le chef Romain issu de sang Gallique t
Et les copies aux forests repoussées.
8.
Ceux qui estoient en regne pour sçavoir,
Au Royal change deviendront appauvris;
Un exilé sans appuy, or n'avoir.
Lettrez et lettres ne seront à grand prix.
9.
j
Aux sacrez temples seront fait grands scandales
Comptez seront par honneurs et louanges,
D'un qu'on grave d'argent d'or les medales,
La fin sera en tourmens bien estrànges.
10.
Un peu de temps les temples des couleurs
De blanc et noir, des deux entre meslée,
Rouges, etjaunes leur sembleront les leurs,
Sang, terre, peste, faim, feu, d'eau affolée.
11.
Des sepJ Rameaux à trois serontréduits,
Les plus aisnez seront surpris par mort,
Fratricider les deux seront seduits,
Les conjurez en dormans seront morte
12.
Presser copies pour monter à l'Empire,
Du Vatican le sang loyal tiendra,
Flamans, Anglois, Espagne avec Aspire,
Contre l'Italie et France contendra.
13.
Un dubieux ne viendra loin du règne,
La plus grand part voudra soustenir,
Yn Capitole ne voudra point qu'ilregne.
Sa grande charge ne pourra maintenir.
14.
Loin de sa terre Roy perdra la bataille.
Prompt cschappe poursuivy suivant pris,
Ignare prins sous la dorée maille,
Sous faint habit, et l'ennemi surpris:
15.
Dessous la tombe sera trouvé le prince,
Qu'aura le pris par dessus Nuremberg
L'Espagnol Roi en Capricorne mince,
Feint et trahi par le grandVvitemberg.
16.
Ce que ravi sera de jeune Milue,
Par les Normands de France et Picardie :
Les noirs du temple du lieu de Negrisilue
FerontAulberge, et feu de Lombardie.
17.
Après les limes brûlez le raffiniers
Contraints seront changer d'habits divers t
Les saturnins brûlez par les meusniers,
ilors la pluspart qui ne sera couvera.
18.
Par les Physiques le grand Roi délaissé,
Par sort, non art de l'Ebrieu est en vie :
Lui et son genre au regne haut poussé,
Grâce donnée à gent qui Christ envie.
19.
La vraye flamme engloutira la Dame,
Que voudra mettre les innocens à feu;
Prés de l'assaut l'exercice s'enflamme,
Quand dans Seville monstre en bœuf sera veu.,
20.
L'union feinte sera peu de durée,
Des uns changez reformez la pluspart ?
Dans les vaisseaux sera gent endurée,
Lors aura Rome un nouveau liepart.
21.
Quand ceux du pole arctiq unis ensemble f
Et Orient grandeffrayeur et crainte :
Esleu nouveau soustenu le grand tremble,
Rodes, Bisance de sang barbare teinte.
22.
Dedans la terre du grand Temple Celique,
Neveu à Londres par paix feinte meurtry
La barque alors deviendra schismatiquea
Liberté feinte seraaucorn et cry.
23.
D'esprit de regne numismes descriez,
Et seront peuples esmeus contre leur Roy :
Paix, sainet nouveau, sainteloi empirée,
RAPIS onq fut en si tres dur arroy.
24.
Mars et le sceptre se trouvera conjoint,
Dessous Cancer calamiteuse guerre t
Yn peu après sera nouveau Roi oingt;
Qui par longtemps pacifiera la terre.
25.
Par Mars contraire sera la Monarchie;
Du grand pecheur en trouble ruyneux :
Jeune noir rouge prendra la Hiérarchie,
Les produiteurs iront jour bruineux.
26
Quatre ans le siege quelque peu bien tiendra
Va surviendra libidineux de vie :
Rayonne et Pise, Veronne soustiendront,
Pour eslever la croix de Pape envie.
27.
à
Dedans les Isles decinq fleuves un,
le
Par croissant du grand Chiren Selin :
Par les bruynes de l'air fureur de l'un,
Six échappez, cachez fardeaux de lin.
28.
:
Le grand Celtique entrera dedans Rome
Menant amas d'exilez et bannis :
Le grand Pasteur mettra à mort tout homme,
Qui pour le coq estoient aux Alpes unis.
29.
La vefve saincte entendant les nouvelles
De ses rameaux mis en perplex et trouble.
Qui sera duict appaiser les querelles.
Par son pourchas des Razes sera comble.
30k
Par l'apparence de feinte saincteté,
Serâtrahy aux ennemislesiege.
Nuict qu'on cuidoit dormir en seureté,
Prés de Brabant marcheront ceux de Liege.
31.
Roi trouvera ce qu'il desiroit tant,
:
Quand le Prelat sera repris à tort
Responce au Duc le rendra mal content,
Qui dans Milan mettra plusieurs à mort.
32.
Par trahison de verge à mort battu,
Prins surmonté sera par son desordre,
Conseil frivole augrand captif sentu,
Nez par fureur quand Berich viendra mordre
33.
Sa main derniere par Alus sanguinaire,
Ne se pourra par la mer garantir,
Entre deux fleuves craindra main militaire,
Le noir, l'ireux le fera repentir.
34.
De feu volant la machination,
Viendra troubler au grand chef assieger,
Dedans sera telle sédition,
Qu'en desespoir seront les profligez.
35.
Prés de Rion, et proche à blanche laine,
Aries, Taurus, Cancer, Léo, la Vierge,
Mars, Iupiter, le Sol aidera grand plaiue,
Bois et citez lettres cachez au cierge.
36.
Ne bien ne mal par bataille terrestre,
Ne parviendra aux confins de Perouse,
Rebeller Pise, Florence voir mal estre, -
:
Princes et Rois par plusieurs assistans,
Pilliers faillir, murs mais comme miracle,
Le Roy sauvé, et trente des instans.
52.
Eu lieu du grand qui sera condamné,
De prison hors, son amy en sa plaçe,
L'espoir Troyen en six mois joints, mort né,
Le sol à l'urne seront peins fleuue en glace.
53.
Le grand Prélat Celtique à Roy suspect,
:
De nuict par cours sortira hors de regne
Par Duc fertile à son grand Roy Bretagne,
lîysance à Cyprès et Tunes insuspect.,
54.
Au point du jourau second chant du t
;
deux de Tunes, de Fez, et de Bugie,
le
Jar les Arabes captif Roy Maroq,
L'an milsix cents sept, de Liturgie.
55.
Au chalmé Duc en arrachant l'esponce;
VoileArabesque voir, subit descouverte,
Tripolis, Chio et ceux de Trapesonce,
Du prins : Marnegro et la cité deserte.
56..
La crainte armée de l'ennemy Narbon,
Eflrayeroit si fort les Hesperiques, 1
Parpignan vuide par l'aveugle d'arbon,
Lors Barcelon par mer doma les picques.
57.
Celui qui estoit bien avant dans le règne,
Ayant chef rouge proche à la hiérarchie,
Aspre et cruel, et se fera tant craindre,
Succedera à sacré Monarchie.
58.
Entre les deux Monarques eslongncz,
Lors que le Sol par Selm clair perdue
,
Simulté grandeentre deux indignez
Qu'aux isles, et Siennela liberté rénduë
59.
narne en fureur par rage d'adultère,
Viendra à" son Prince conjurer non de dires
Mars bref cogneu le vitupéré,
Que seront mis dix-sept à martire. - ,',
60.
Le Prince hors de son terroir Celtique,
Sera trahi, deceu par interprete,
Rouen, Rochelle par ceux de l'Armorique,
Au port de Blave deceus par IVIoyne et Prestre.
61.
Le grand tapis plié ne monstrera,
:
Fors qu'à demy la pluspart de l'histoire
Chassez du regne loin aspre apparoistra:
Qu'au fait bellique chacun le viendra croire.
62.
Trop tard tous deux les fleurs seront perduës
Contre la loy serpent ne voudra faire,
Des ligueurs forces pargallots confondues,
Savone, Albingue par Monech grand martyre.
63.
La Dame seule au regne demeurée,
L'unie éteint premier au lict d'honneur
Sept ans sera de douleur explorée,
Puis longue vie au regne par grand heur.
64
On ne tiendra pache aucune arrestée,
Tous recevans iront par tromperie,
De paix et trefue, terre et mer protestée
Par Barcelonne classe prins d'ind ustrie.
65.
Gris et bureau demi ouverte guerre,
:
De nuict seront assaillis et pillez
Le bureau pris passera par la serre,
Son temple ouvert, deux au piastre grillez.
66.
Au fondement de la nouvelle secte,
Seront les os du grand Romain trouvez,
Sepulchre en marbre apparoistra couverte,
Terre trembler en l'Avril, mal enfoüei.
67.
Du grand Empire parviendra tout un autre,
Bonté distant plus de félicité,
Regi par un issu non loin du peautic,
Corruer régnés grande infelicité.
68.
Lors que soldats fureur séditieuse,
Contre leur clief feront de nuict fer luire.
Ennemy d'Albe soit par main furieuse,
Lors vexer Rome, et principaux séduire.
69.
La pitié grande sera sans loin tarder,
Ceux qui donnoient seront contraints de prendre,
Nuds affamez de froid, soif, soy bander,
Les monts passer commettant grand esclandres
70.
Au chef du monde le grand CHYREIN sera.
Plus outre après aymé, craint, redouté,
Son bruit et los les cieux surpassera,
Et du seul tiltre victeur fort contenté.
71.
Quand on viendra le grand Roy parcntcr,
Avant qu'il ait du tout l'aine rendue,
On le verra bien tost apparenter
D'aicles, lyons, croix. Couronne vendufc.
72. -
Par fureur feki,ted'esmotion diviiie,
Sera la femme dAiand fort violée,
Juges voulaus damner telledoctrine, !'
Victime ayi.peupleÈgnqranjkimmQlce.
73.
En cité grande uç-mojne et artisan,
Prés de lapte logez et aux murailles,
Contre Modene secret., cave disant,
Trahis pouy faire sous couleur d'espousailles.
74.
La dechasséeQrgDe tournera,
Ses ennemis trouvez des conjurez,
Plus que jamais son temps triomphera,
Trois et septanteajuorttrop asseurez.
75.
Le grand pillot par Roy sera mandé,
Laisser la classepour plus haut lieu atteindre. 1
1.
L'arc du thresorpar Acliilles deceu
Aux procrez sçeu la quadrangulaire:
Au faict Royal le comment sera sçeu,
s veu pendu au veu du populaire.
Corp
2.
Par Mars ouvers Arles ne donra guerre
De nuict seront les soldats estonnez,
Noir, blanc à l'Inde dissimulez en terre
Sous la feinte ombre traistres yeus et sonner
3.
,
Auprès de France la victoire nauale.
Les Barchinons, Saillimons les Phocens,
Lierre d'or, l'enclume serrez dedans la ball,
Ceux de Ptolon au fraud seront consens
4.
Le Duc deLangres assiegé dedans Dole,
et
Accompagné d'Autun Lyonnois,
Geneve, Ausbourg, joins ceux de Mirandolej
Passer les monts contre les Anconnois.
5.
Vin sur la table en sera respandu,
Le tiers n'aura celle qu'il pretendoitj
Deux fois du noir de Parme descenduj
Peiouse à Pise fera ce qu'il cuidoit.
5
Naples, Palerme, et toute la Sicile,
Par main Barbare sera inhabitée,
Corsique, Salerne, et de Sardaigne l'Isle.
Faim, peste, guerre, fin des maux intentée.
7.
Sur le combat de grands chevaux legersf
Ou criera le grand croissant confond,
De nuict tuer. morts, habits debevgersj
Abismes rouges dans le fossé profond-
8.
Flora, fuis, fuisle plus proche Romaio.,
Au Fesulan seraconflict donné,
Sang espandu les plus grands prinsà main-
Temple ne sexe ne sera pardonné.
9.
Dame à l'absence de son gvandcapitaine,
Sera priée d'amour du Vice-Roy.
Feinte promesse et malheureuse estreine,
Entre les mains du grand Prince Barroy
10.
Par le grand Prince limitrophe du Mana,
Preux et vaillant chef dugrand exercite,
Par mer et terre de Gallois et Normans,,
Caspre passer Barcelonne pille isLe.
11.
L'enfant Royal contemnera lamers,
Oeil, pieds blessez, rude, inobeyssant,
Nouvelle à Dame estrangeet bien amete t
Seront tuez des siens plus de cinqcens.
12.
Le grand puisnay fera fin de la guerre,
Aux Dieux assemble avec les excusez,
Cahors, Moissac iront loin de la serre,
Refus Lestore, les Agenois rasez.
13.
De la cité marine et tributaire
La teste raze prendra la satrapie.
Chasser sordide qui puis sera contraire,
Par quatorze ans tiendra la tyrannie.
14.
Faux exposer viendra topographie,
Seront les cruches desmonumens ouvertes,
Pulluler secte, faincte Philosophie,
Pour blanches noires et pour antiques vertes.
15.
Devant cité de l'insubre contrée,
:
Sept ans sera le siege devant mis
Le très grand Roy y fera son entrée.
Cité puis libre hors de ses ennemis.
16.
Entrée profonde par la Grand Reine faite
Rendra le lieu puissant inaccessible,
L'armée des trois Lyons sera defaite :
Faisant dedans cas hideux et terrible,
17.
Le prince rare en pitié et clemeuce,
Par grand repos leregne travaillé,
Viendra changer par mort grand connoissance,
Après auoir la paix aux siens baillé.
18.
Les assiegez couloureront leurs paches;
Sept jours après ferout cruelle issue,
Dans repoussez, feu, sang. Sept mis à l'hache,
Dame captive qu'avoit la paix issue.
19.
Le fort Nicée ne sera combattu,
Vaincu sera par rutilent métal,
Son fait sera un long-temps débattu,
Aux citadins estrange espouvental.
20.
Ambassadeur de la Toscane langue,
Avril, et May Alpes et mer passer,
Celuy de veau exposera l'harangue,
Vie Gauloise ne venant effacer.
21.
Par pestilente inimitié Volsicque,
Dissimulée chassera le tyran :
Au pont de Sorgues se fera la traffique,
De mettre à mort luy et son adhérant.
22.
Les citoyens de Mesopotamie,
Ires encontre amis de Taraconne,
Jeux, ris, banquets, toute gent endormie,
Vicaire au Rosne, prins cité, ceux d'Ausone.
23.
Le Royal sceptre sera contraint de prendre,
Ce que ses predecesseurs avoient engagé,
Puis que l'anneau on fera mal entendre,
Lors qu'on viendra le palajs saccager.
24.
L'ensevely sortira du tombeau,
Fera de chaisnes lier le fort du pont,
Empoisonné avec œufs de Barbeau,
Grand de Lorraine par le marquis du Pont.
25.
Par guerre longue tout l'exercice expuiser,
Que pour soldats ne trouveront pecune,
Lieu d'or, d'argent, cuir on viendra cuser,
Gaulois, aerin, signe, croissant de lune.
26.
Fustes et galeres autour de sept navires,
Sera livrée une mortelle guerre,
Chefde Madric recevra coup de vires,
Deux eschappées, et cinq menées à terre.
27.
Au ceinct de Vast la grand cavalerie,
Proche à Ferrage empescliée au bagage
Prompt à Turin feront tel volerie,
,
Que dans le fort raviront leur hostage.
28.
Le capitaine conduira la grande proye,
Sur la montagne des ennemis plus proche,
:
Env ironné par feu fera telle voye
Tous escliappez, or trente mis en broche.
29.
Le grand Duc d'Albe se viendra rebeller,
A ses grands peres fera le tradiment,
Le grand de Guise le viendra debeler.
Captif mené et dressé monument.
30.
Le sac s'approche, feu grand sang espandu,
Po, grands fleuves aux bouviers l'entreprise.'
De Gennes, Nice après l'ont attendu,
Foussan, Thurin, à Savillan la prise.
31.
De Languedoc et Guienneplus de dix
Mille voudront les Alpes repasser,
Grand Allobroges marcher contre Brundis,
Aquin, et Dresse les viendront recasser,
32.
Du mont Royal naistra d'une casane,
Qui cave, et compte viendra tyranniser.
Dresser copie de la marche Millane,
Ravenne, Florence d'or, et gens espuiser.
33.
Par fraude, regne force expolier,
La chasse, ohsesse, passages à l'espic,
Deux feints amis se viendront allier,
Esveiller liayne de long-temps assoupie.
34.
En grand regret sera la gent Gauloise,
Cœur vain, léger croira témérité,
Pain, sel, ne vin, eau, venin, ne ceruoise,
Plus grand captif, faim, froid, necessité.
35.
La grande pesche viendra plaindre, plorer,
D'avoir esleu, trompez seront en l'âge,
Guiere avec eux ne voudra demeurer,
Deceu sera par ceux de son langage.
36.
Dieu le ciel, toutle divin Verbe, à l'onde,
Porté par rouges sept razs à Bisance,
Contreles cingt trois cens de Trebisconde,
Deux loix mettront, et horreurs puis credence.
37.
Dix envoyez, chef de nef mettre à mort,
D'unadverty en classe guerre ouverte,
Confusion chef l'un se picque et mord.
Lerin, stecades nerfs, cap dedans la nerte.
38.
L'aisné Royal sur coursier voltigeant,
Picquer viendra si rudement courir,
Gueule, lippée, pied dans l'estrieu plaignant,
Traîné, tiré, horriblement mourir.
39.
Le conducteur de l'armée Françoise,
Cuidant perdre le principal phalange,
Par sus pavé de l'aveine et d'ardoise,
Soy parfondra par Gennes gens estrange.
40.
Dedans tonneaux hors, oingts d'huile et grcsscT
Seront vingt un devant le port fermez,
Au second guet par mort feront prouesse :
Gaigner les portes, et du guet assommez.
41.
Les os des pieds et des mains enserrez,
Par bruit maison longtemps inhabitée,
Seront par songe concavant deterrez,
Maison salubre et sans bruit habitée.
42.
Deux de poison saisis nouveaux venus,
Dans la cuisine du grand Prince verser,
le
Par soùillard tous deux au fait connr.
Prins qui cuidoit de mort l'aisnévexer.
A LlXVlCTISSIMD
TRES-PUISSANT ET TRESCURESTIEH
HENRY SECOND,
Roy de France;
MICHEL NOSTRADAMPS.,
rres-humble et tres-obeyssant seruiteur et subjet.
VICTOIRE ET FÉLICITÉ.
Maiesté, ,
raire audace, ay prins mon adresse envers vostre
n'estant pour cela estonné comme ra-
conte le gravissime autheur Plutarque en la VUÎ
de Lycurgue, que voyant les offres et presens
qu'on faisoit par sacrifices aux temples des dieux
immortels d'iceluy temps, et à celle fin que l'on
ne s'estonnast par trop souuent desdits fraiz et
6 mises, ne s'osoyent présenter aux temples. Ce
—
nonobstant voyant vostre splendeur Royalle, ac-
compagnée d'vne incom parable humanité ,ay prmi
mon adresse, non comme aux Roys de Perse,
qu'il n'estoit nullement permis d'aller à eux ny
1 moins s'en approcher. —Mais, à un ties-prudent,
à un tres-sage Prince, i'ay consacré mes nocturnes
et Prophétiques supputations, composées plutost
d'vn naturel instinct, accompagné d'vne fureur
8 poétique que par reigle de poésie, — et la plus-
part composé et accordé à la calculation Astrono-
mique (3), correspondant aux ans, moysetsemai-
nes des régions, contrées, et de la pluspart des
villes et citez de toute l'Europe, comprenant de
l'Afrique, et une partie de l'Asie par le change-
ment des régions qui s'approchent la pluspart de
tous ces climats, et composé d'une naturelle fac-
(1) La VIW, la IX. et la xe.
(2) Épitre à César, numéros 33 et 54*
(5)lbid.,32,etc.
G tion : — rcspondra quelqu'un qui auroit bien
besoin de soy moucher, la rithme estre autant
facile, comme l'intelligence du sens est difficile.
Et pource, ô tres liumanissime Roy, la pluspart
des quatrins proplietiques sont tellement sca-
breux qu'on n'y sçauroit donner voye, ny moins
,
10 aucuns interpreter, — toutefois espérant de lais-
ser par écrit les ans, villes citez, régions, où la
pluspart aduiendra, même de l'année 1585, et de
l'année 1606, accommençant depuis le temps pre-
11 sent, qui est le 14 de Mars 1557, — et passant
outre bien loing iusques à l'aduenement, qui sera
après au commencement du 7 millénaire profore-
£2 dement supputé, — tant que mon calculastro-
nomique et autre sauoir s'a peu estendre, où les
adversaires de Jésus-Christ et de son Eglise couv-
33 menceront plus fort de pulluler, — le tout a esté
composé et calculé en iours et heures d'electionet
bien disposées et le plus justement qu'il m'a esté
34possible.— Et le tout Minerva libera et non injurJa,
supputant presque autant des aduentures du temps
aduenir, comme des aages passez, comprenant de
present et de ce que par le cours du temps par
toutes régions l'on connoistra aduenir, tout ainsi
nommément comme il est escrit, n'y meslantrieu
de superflu; combien que l'on dit: Quod de fuluris
35 non est determinata omnino veritas. — Il est bien
vray, Sire que pour mon naturel instinct qui m'a
esté donné par mes auites, ne cuidant presager et
aioustant et accordant iceluy naturel instinctavec
ma longue supputation uny et vuidant i'ame, l'ei-
prit, et le courage de toute cure, solicitude et fas-
16 cherie, par repos et tranquillité de l'esprit. — Le
tout accordé et presagé l'une partie tripodeœneo(l).
17 — Combien qu'ils sont plusieurs qui m'attribuent
ce qu'est autant à moy comme de ce que n'en est
rien, Dieu seul eternel, qui est perscrutateur des
,
humains courages, pie, juste et miséricordieux,
est le vray juge auquel je prie qu'il me vueille
18 defendre de la calomnie des ineschans, — qui voii-
droyent aussi calomnieusement s'enquerir pour
quelle cause tous vos antiquissimes progeniteurs
Roys de France ont guery des escrouelles, et des
autres nations ont guery de la morsure des serpens,
les autres ont eu certain instinct de l'art diÜÎna-
trice : et d'autres cas qui seroyent longs icy à ra-
39 conter. — Ce nonobstant ceux à qui la malignité
de l'esprit malin ne sera conprins par le cours du
temps apres laterrienne mienneextinction (2), plus
20 sera mon escrit qu'à mon viuant (3); —cependant
si à ma supputation des aages ie faillois, on ne
21 pourroit estre selon la volonté d'aucuns. — Plaira
à vostre plus qu'impérialleMaiesté me pardonner,
protestant deuant Dieu et ses Saincts que ie ne pré-
,
tends de mettre rien quelconque par escrit^ en la
présente Epistre qui soit contre la Vraye ioy Cà-
(i) Ihid.,27.
(2) Ibid., 52 et les renvoi qui y sont indiqués.
(5) Voyez ci-après, 91 et suivans.
facilement coîligrr quels temps sont passez, si la
mienne supufation n'est bonne et valable par toutes
31 nations, -pource que tout a esté calculé par le
cours celeste, par association d'esmotion infuse à
certaines heures dclaissées, parl'esmotion de mes
32 antiques progeniteurs. —Mais l'iniure du temps,
ô serenissime Roy, requiert que tels secrets euene-
mens ne soient manifestez que par enigmatique
intelligence ,
sentence, n'ayant qu'un seul sens, et unique
:
sans y avoir rien mis d'ambigu ni
33 amphibologique calculation — maisplustost sous
obnubillée obscurité par une naturelle infusion
approchant à la sentence d'vn des mille et deux
Prophetes qui ont esté depuislacréation du monde,
iouste la supputation et Chronique Punique de
Ioèl,Effundam spiritum mcum super omnem carnem
:=4 et prophetabunt filii veslricl filioevesirm. -Mais telle
Prophétie procedoit de la bouche du saint Esprit
qui esloit la souueraine puissance eternelle, ad-
ioincte auec la ccleste à d'aucuns de ce nombre
ont predit de grandesetemerueillablesaduentures.
33 — Moyen ccst endroit ie ne m'attribue nullement
,
tel tiltre ia à Dieu ne plaise (1) ie confesse bien
que le tout vient de Dieu, etluy en rends grâces,
honneur et louange immortelle, sans y avoir meslé
delà diuination queprouientàfato, mais à Deo, à
naturel, — et la pluspart accompagnée du mouue-
ment du cours celeste, tellement que voyant
(i)EpîtreàCésar, 13.
comme dauc vn mirouer ardent, comme par vision
obnubilée, les grand euenemens ristes, prodi-
gieux, et calamiteusesaduentures qui s'approchent
37 par les principaux culteurs. — Premièrement des
temples de Dieu, secondement par ceux qui sont
terrestrement soustenus s'approcher telle deca-
dence avec mille autres calamiteuses aduentures,
que par le cours du temps on cognoistra aduenir :
33 — Car Dieu regardera la longue stérilité de la
grand dame, qui puis aprèsconçeura deux enfans
:1} principaux; —mais elle périclitant, celle qui luy
sera adioustée par la témérité de l'aage de mort
périclitant dedans le dixhuitiémc ne pouuant pas-
ser le trentesixiesme qu'en délaissera trois masles
et vne femelle, et en aura deux celuy qui n'en eut
iamaisd'vn même pcre, de trois freres seront telles
sousieniie et augmentée;
le moindre d'aage sera la Monarchie Chrestienne
sectes eslevées, et subi-
tement abaissées, Arabes reculez, Royaumes unis,
":1 :
nouuelles loix promulguées — des autres enfans
le premier occupera les Lions furieux couronnez,
i) ienans les parens dessus les armes intrépides. —Le
second se profondera si avant parles Latins accom-
pagné, qui sera faicte la seconde voye tremblante
et furibonde au mont Iovis descendant pour mon-
ter aux Pyrennées, ne sera translatée à l'antique
Monarchie, sera faiste la troisième inondation de
sang humain, ne se trouvera de longtemps Mer
£ 3 en Caresme. — Et sera donnée la fille pour la
conseruation de l'Eglise Chrestienne tombant son
dominateur à la Paganisme secte des nouveaux
infidelles, elle aura deux enfans, l'un de fidélité et
l'autre d'infidélité par la confirmation de l'Eglise
4 i Catholique, — et l'autre qui à sa grande confusion
et tarde repentance la voudra ruiner seront trois
:
regions par l'extreme différence des ligues c'est
assavoir la Romaine, la Germanie et l'Espaigne,
45 qui feront diuerses sectes par main militaire, —
1 Delaissant les 50 et 52 degrez d'auteur, et feront
tous hommage des religions loingtaines aux ré-
gions de l'Europe et de Septentrion de 48 degrez
d'auteur, qui premier par vaine timidité trem-
blera, puis les plus Occidentaux, Meridionaux et
45
47
,
Orientaux trembleront, — Telle sera leur puis-
sance que ce qui se fera par concorde et vnion
insupérable des conquestes belliques; — De na-
ture seront esgaux, mais grandement differens de
48 foy. —Après cecy la Dame stérile de plus grande
puissance que la seconde, sera reçue par deux
peuples, par le premier obstiné par celuy qui aeu
puissance sur tous, par le deuxième et par le tiers
qui estendra ses forces vers le circuit de l'Orient
de l'Europe aux pannons l'a profligé et succombe
et par voile marine fera ses extensions, à la Trina-
l'fie Adriatique par Mirmidon et Germaniques du
tout succombé et sera la secte barbarique du tout
40 des Latins grandement affligée et dechassée.—
Puislegrand Empire de l'Antéchrist commencera
dans la Atila et Zerses descendre en nombre grand
et innumerable, tellement que la venuë du S. Es-
:
prit procedant du 48 degré, fera transmigrassion,
dechassant à l'abomination de l'Antéchrist faisant
guerre contre lé Royal,qui sera le grand Vicaire
et
de Jesus.-Clirist contre son Eglise, et son regne per
0 lempus et in occasione temporiséEtsuprecedera de-
vantvne eclypse solaire le plus obscur et le plus te-
nebreux qui soit esté depuis la création du monde
1 iusques-à la mort et passion de Jesus-Christ, — et
de làiusquesicy, et sera au mois d'Octobre que
quelque grande translation sera faicte, et telle que
l'on cuidera la pesanteur de la terre avoir perdu
son naturel mouuement, et estre abismée en per-
pétuelles tenebres, seront precedens au temps
vernal, et s'en suivent après d'extremes change-
mens, permutations de régnés, par grand tremble-
ment de terre, avec pullulation de la neufve
Babylone, fille miserable, augmentée par l'abomi-
f2 nation du premier holocauste, — et ne tiendra
>3 tant seulement que septante trois ans, sept mois,
,
— puis après en sortira du tige celle qui avoit de-
meuré tant long temps sterile procédant du cin-
,
quiesme degré,qui renouvellera toute l'Eglise Chré-
tienne. — Et sera faite grande paix vnion et
concorde entre vn des en fans des fronts esgarez et
5 separez par divers regnes : - et sera faite telle
paix que demeurera attaché au plus profond bara-
thre le suscitateur et promoteur de la martiale
factionparla diuersité des Religieux, et sera-vny
06 le royaume du Rabieux, qui contrefera le sage.
-
Et les contrées, villes, citez, regnes, et provinces
qui auront laissé les premières voyes pour se deli-
urer se captivant plus profondémentserontsecrets
tement laschez de leur liberté, et parfaite religion
perdue, commenceront de frapper dans la partie
* gauche pour retourner à la dextre,
— et remettant
la sainteté protligée de long-temps avec leur pris-
tin escrit, qu'après le grand chien sortira le plut
Gros inastin qui fera destruction de tout, mesme
ie ce qu'auparavant sera esté perpetré, seront re-
dressez les temples comme au premier temps, et
-
f0 sera restitué le Clerc à son pristin estat, et com-
mencera à meretriquer et lnxurier, faire et com-
51) mettre mille forfaits.
— Et estant proche d'vne
autre desolation, par lors qu'elle sera à sa plus
haute et sublime dignité, se dresseront des poten-
Gjtats et maints militaires, -et lny seront ostez
les deux glaiues, et ne luy demeurera que les en-
C seiGnes,
— desquelles par moyen de la curuature
qui les attire, le peuple le faisant allerdroict,etne
voulant'se condescendre à eux par le bout oppo-
site de la main aiguë, touchant terre, voudront
stimuler iusquesà ce que naistra d'un rameau delà
sterile de long-temps, qui délivrera le peuple vni-
vers de celle servitude benigne et volontaire, soy
remettant à la protection de Mars, spoliant lupiter
de tous ses honneurs et dignitez, pour la cité libre,
constituée etassise dans une autre exiguë Mezopo-
G2 tamie. — Et sera le chef et gouverneur jette du
milieu et mis au lien de l'air, ignorant là conspi-
ration des coniurateurs avec le second Trasibulus,
'3 qui de long-temps aura manié tout cecy. —Alors
les immundicitez des abominations seront par
grande honte obieetées et manifestées aux tene-
bres de la lumiere obtenebree, cessera deuers la
4 fin du changement de sow regne, — et les clefs de
1
t
ront,
l'ont, et leur sera
sera ostée *-
fjrand Dog et Dohall, lesquels feront si grande
fraction abominable aux Eglises, que les rouges ne
les blancs sans yeux ne sans mains plusn'eniuge-
-
ostée leur putssance. Alors
A lors
"era faicte plus de persécution aux Eglises, que ne
ofil lamais. — Et sur cesentrefaictesnaistra pesti-
lence si grande, que trois partsdumonde plus que
les deux defaudront. — Tellement qu'on ne aura
1
ne cognoistra les appartenais des champs et mai-
sons, et naistra l'herbe par les rues des citez plw
72 haute que les genoux (1). — Et au Clergé sera faicte;
toute désolation, et usurperont les martiaux ce
que sera retourné de la cité du Soleil de Melite et
des isles Stcchades, et sera ouuerte la grand cliaisne
du port qui prend sa denomination au bœuf ma-
7: rin. — Et sera faicte. nouvelle incursion par les
maritimes plages, voulant le saut Castulum deli-
;i vrer de la premiere reprinse Mahometane. —Et
ne seront de leurs assaillemens vains et au lieu
que iadis fut l'habitation d'Abraham, sera as-
saillie par personnes qui auront en vénération les
75 Iouialistes. — Et icelle cité d'Achem sera enui-
ronnce et assaillie de toutes parts en très-grande
7(5 puissance de gens d'armes. — Seront afioiblies
i77 leurs forces maritimes par les Occidentaux.—Et
à ce regne sera faicte grande désolation, et les plus
grandes citez seront dépeuplées et ceux qui entre-
ront dedans seront comprins à la vengeance de
7g l'ire de Dieu. — Et demeurera le sepulchre de
tant grande veneration par l'espace de long-temps
sous le serain à l'universelle uision des yeux du
Ciel, du Soleil, et de la Lune. — Et sera converly
:
sieurs femmes emprisonnez, et par lorssera accom-
plie la prophétie du Royal Proplieie (Jt audirct
gemitus compcdÙorwn, ut solvrrel filios interempto-
52 runi. —Quelle grande opprcssion, qui par lors sera
mes,
faicte sur les Princes et Gouverneurs des Royau-
mesmes de ceux qui seront maritimes et
à
83 société: -la
Orientaux, et leurs langues entremeslées grande
langue des Latins et des Arabes par la
communication Punique, et seront tous ces Roys
84 -
chassez, profligez, exterminez, non du tout par
le moyen de forces des Roys d'Aquilon, et par la
; proximité de nostre siecl e par le moyen des trois
unissecrettemenl cerchant la mortetinsidiespar
S5 embusches l'vn de l'autre, — et durera le renou-
vellement de Triumvirat, sept ans, que la renom-
mée de telle secte fera son étendue par rvnivers,
et sera soustenu le sacrifice de lasaincte et imma-
86
en nombre d'Aquilon ,
culée Hostie, — et seront lors les Seigneurs deux
victorieux sur les Orien-
taux, et sera en iceux faict si grand bruit et tu-
multe bellique, que tout iceluy Orient tremblera
de la frayeur d'iceux freres, non freres Aquilon-
Si naires. — Et pource, SIRE, que par ce discours
88 iemets presqueconfusément ces predictions,-
et quand ce pourra estre, et par l'aduenement
d'iceux, pour le denonibremert du temps qui
s'ensuit, qu'il n'est nullement ou bien peu con-
89 forme au superieur, —lequel tant par voye Astro-
nomique que par autres, mesme des sacrées Escri-
titres, qui ne peuvent faillir nullement, que si ic
voulois à chaque quatrain mettre le denombre-
00 "lent du temps, se pourroit faire :- mais à tous
ne seroit agreable, ne moins les interpreter ius-
qu'à ce, SIRE, que vostre Maiesté m'aye octroyé
amplepuissance pour ce faire, pour ne donner
91 -
cause aux calomniateurs de me inordt-e. Toit-
tesfois contans les ans depuis la creation dumonde
iusques à la naissance de INoé sont passez mille
92 cinq cens et six ans (1). — Et depuis la naissance
deNoé iusques à laparfaicte fabrication de l'Arche,
approchant de l'universelle inondation, passèrent
six cens ans (si Les ans estoyent solairesou lunai-
res, ou des dix mixtions) ie tiens ce que les saches
93 Escritures tiennent qu'ils estoyent solaires. — Et
à la fin d'iceux six ans, Noé entra dans l'Arche pour
94 estre sauué du deluge, —et fut iceluy deluge uni-
95 versel sur terre, et dura un an etdeux mois.
à
depuis la fin du deluge iusques la nativité d'A-
- Et
de
98
luy passeront cent trente ans. — Et depuisl'entrée
lacob en Egypte iusques à l'issue d'iceluy passe-
(
9 vent quatre cens trente ans, — Et depuis l'issue
d'Egypte iusqu'à l'édification du temple faict par
(l)Ci-dessus,2*"X suivants.
Salomon au quatriesme an de son regne passèrent
100 quatre cens jetante ou quatre vingts ans. —Et
depuis l'édification du temple fctsqnes à Jesus-
Christ, selon la supputationdes Hlcrographes pas-
101 serent quatre cens nouante ans. — Et âinsi par
cette supputation que j'ay faicte, colligée parles
sacrées lettres, sont enrrrbn quatre mille cent
102 septante trois ans et huict mois peu ou moins.—
Or de Jesus-Christ en ça par la diuersité dessectes
303ie laisse, — et ayant supputé et calculé lespré-
sentés prophéties, letont selon l'ordre de lacllêÛsne
qui contient sa révolution, le tout par doctrine
104 Astronomique; et selon mon naturel instinct, -
et après quelque temps et dans îteluy comprenant
depuis le temps que Saturne tourneraentrer à sept
du moysd'Auril jusques au 15 d'Aoust, Iupiter à
14 -de luin jusques au 7 d'Octobr >Mars depuis
1e 17 d'Auril jusques au 22 de luin, Venus depuis
le 9 d'Auril jusques au 22 de May, Mercuredepuis
105 le"3 de Février jusques au 24 dudit. - En après
le 1 de luin jusques au 24 dudit, et du 25 de Sep-
tembre jusques au 16 d'Octobre, Saturne enCa-
pricorne,Iupiter en Aquarius, Mars en Scorpion,
Venus en Pisces, Mercure dans un moys en Capri-
corne, Aquarius et Pisces, la Lune en Aquarius, la
106 fête du Dragon en Libra : — la queue à son -signe
a
ôpposite suivant une conjonction de lupiter Mer-
cure avec vn quadrin aspect de Mars à Mercure ;
et la teste du Dragon sera avec vue conjonction du
Soleil à Iupiter, l'année sera pacitique sans eciypse,
et non du tout, et sera le commencement compre-
307 nant ce de ce que durera. — Et commençant icelle
année sera faicte plus grande persécution à l'E-
glise Chrestienne, qui n'a esté faicte en Afrique, et
durera ceste icy jusques à l'an MIL SEPT CENS NO-
NANTE DEUX que l'on cuidera estre une rénovation
108 desièc le, — après commencera le peuple Romain
de se redresser, et de chasser quelques obscures
tenebres, recevant quelque peu de leur prîstine
clarté, non sans grande diuision et continuel chan-
i09 gement. — Venise en après en grande force et puis-
sance levera ses aisles si tres haut, ne disant gueres
1io auxforces de l'antique Rome.—Et en iceluy temps
grandes voyles Bisantines associées aux Ligustiques,
par l'appuy et puissance Aquilonnaire, donnera
quelque empeschement que des deux Cretenses ne
111 leur sera la foy tenuëe. — Les arcs edifiez par les
antiques Martiaux s'accompagneront aux ondes de
112
i
Neptune. — En l'Adriatique sera faicte discorde
grande, ce que sera vni sera separé approchera
de maison ce que parauant estoit, et est grande
cité, comprenant le Pompotani, la Mesopotamie de
l'Europe à quarante cinq et autres de quarante
113 vn, quarante deux et trente sept. — Et dans iceluy
temps, et en icelles contrées la puissance infer-
nale mettra à l'encontre de l'Eglise de Jesus-Christ
la puissance des adversaires de sa loy qui sera le
second Antéchrist, lequel persécuteraicelle Eglise
,:
et son vray Vicaire par moyen de la puissance des
Roys temporels,qui seront par leur i gnorance
séduitspar,langues qui trancheront-plus que l.l
-
glaiue entre les mains de-l'iiisensé (1).. Le susdit
règnedel'Antéchrist ne, durera que jusquesau
deûniment de ceçay près de l'aage, et de l'autre
à lacilié de Plancus, accompagné de l'esleu de Mo-
doue Fulcy, par Ferrare, maintenu par Liguriens
Adriaûques, et de la proximité de la grande Tri-
nacrie. Puis passera lemontlovis. Le Gallique
ogmium accompagné de si grand nombre que de
bien loin l'Empire de sagrand loy sera présenté,
et par lors et quelque temps après sera-espanclié
profuseement le sang desInnocens par lesnocensun
peu eslevez : alors par grands deluges, la memoire
des choses contenuesde tels instrumens receuià.
innumerable perte, mesmes les lettres":qui sera
devers les Aquilonnaires par la volonté Diuine, et
entre vne fois lié Satan. Et sera faicjtepaix univer-
selle entre les humains, et sera. délivrée l'Eglisè
de Jésus-Christ de toute trihulation, combien que
par les Azostains voudroit mesler dedans le miel du
fiel, et leur pestifere séduction; et cela sera proche
du septième millénaire, que plus le sanctuaire de
Jesus-Chvist ne sera conculqué par les Infideles
qui viendront de l'Aquilon, le monde approchant
de quelque grande conflagration, combien que par
mes supputations en mes Prophéties le cours du
temps aille beaucoup plusloing. Dedans l'Epistre
,
la séduction Apostatique dVn qui tiendra toute
puissance absolue à l'Eglise militante et le sainct
peuple de Dieu, obseruateur de sa loy, et tout
Ordre de Religion sera grandement persecuté et
affiiué, tellement que le sang des vrais Ecclésias-
tiquesnagera par tout, et vn des horribles Roys
temporels par sesadherans luy seront données telles
louangesqu'il aura plus respandu du sang humain
des Innocens Ecclésiastiques,que nul ne sçauroit
avoir du vin et iceluy Roy commettra des forfaits
envers l'Egliseincroyables, coulera le sang humain
par les rues publiques et temples,comme l'eau par
pluye impétueuse, et rougiront de sang plus pro-
tourne dédié.
tées,
124 — Que toutes ces figures sont iustement adap-
par les divines lettres aux choses celestes
visibles (1), c'est asçavoirpar Saturne, Iupiter et
Mars et les autres conjoincts, comme plus à plain
125 par aucuns quatrains l'on pourra voir.—l'eusse
calculé plus profondement, et adapté les uns avec
:
126 les autres — Mais voyant, ô serenissime Roy que
quelques uns de la censure trouuerontdifficulté^
j
qui sera cause de retirer ma plume à mon repos
:
nocturne (2) « Multa etiam, ô Rex omnium po-
tentissime, prœclara et sanè in brevi ventura, sed
omnia in hac tua epistola innectere non possumus,
ncc volumus : sed ad intelligenda quaedam facta
horrida fata, pauca libanda sunt,quamvis tanta
sit in omnes tua amplitudo et humanitas hominés,
Í.
Pau,Này, Loron, plus feu qu'à sang Cera.,
Laudes nager, fuir grand aux 5w'ez.
Les amassas entrée refusera,
Pamponj Durance les tiendra enseu^zJ
2.
Con don et Aux et autour de Mirande*
Je voy du ciel feu qui les environne:
Sol, Mars conjoint au Dyon, puis Jarmaode,
Foudre, grand gresle, mur tombe dan, Garonne.
3.
Au fort chasteauVigilanwe et Reauters
Sera serré le puisnayde Nancy :
Dedans Turin seront ards les premiers,
Lors que de dueil Lyon sera transy.
4.
Dedans Monecli le Coq sera receu,
Le Cardinal de France apparoistra,
Par Location Romain sera deceu,
Foiblesse à lAi,ie, et force au Coq liaisLia.
5.
Apparoistra temple- !!lisant orné,
La lampe et ot-rw à lîome et Bretueil,
Pour la Lu< eiie Canton destorné.
Quand on vei ra le uraml Coq au cercueil.
6. -
Clarté îulgure à Lyon apparanté
i
Luisant, printMalte, subit sera esteinte -
Sardon, Mauris traitera decevante,
Geneve à Londes à Coq trahison feinte.
7.
Verceil, Milan donia intelligence,
Dedans Ticin sera faite la paye,
Courir par Seine eau, sang, feu par Florence,
Unique cheoir d'haut en bas faisant maye.
-8.
:
Cœur de l'amant ouvert d'amour furtive
Dans le ruisseau fera ravir la Dame
Le demy mal contrefera lassive,
Le pereà deux privera corps de l'ame.
26.
De Catonés trouves en Barcelonne,
Mys découverts lieux terrouers et ruine,
Le grand qui tient ne tient vers Pampelonne,
Par l'abbaye de Monferrat bruine.
27.
La voye auxelle l'un sur l'autre fornix
Du muy desert hormis brave et genest,
L'escrit d'Empereur le fenix
Veu en celuy ce qu'à nul autre n'est.
28.
Les simulacres d'or et d'argent enflez,
Qu'après le rapt au lac furent jettez
Au descouvert estaints tous et troublez,
Au marbre escrit prescrits intergetez.
29.
Au quart pillier l'on sacre à Saturne,
Par tremblant terre et deluge fendu
Sous l'edifice Saturnin trouvée urne
D'or Capiott ravy et puis rendu.
30.
DedansTholoze non loin de Beluzer,
Faisant unpuysloitig, palais d'espeétacle,
î resor trouvé un cliacunira vexer,
Ti
Et en deux locs tout et prés devesaclfe.
31.
Premier grand fruit le Prince de Pesquiere
Mais puis viendra bien et cruel malin,
Dedans Venise perdra sa gloire fiere,
Et mis à mal par plus joyue Celin.
32.
Garde toy Roy Gaulois de ton neveu
Qui fera tant que ton unique fils
Sera meurtry à Venus faisant vœu,
Accompagné de nuict que trois et -six.
33.
Le grand naistra de Veronne et Vicence,
Qui portera un surnom Hien indigne
Qui à Venise voudra faire vengeance,
Luy mesme prins homme du guet et signe.
34.
Après victoire du Lyon au Lyon
Sur la montagne de Idra Secatombe
Delues et brodesseptième million
Lyon, Ulme à Mausol mort et tombe.
35.
Dedans l'entrée de Garonne et Baysë
Et la forest nonloin de Damazan
Du marsavesgelées, puis gresle etbize,
Doidonnois gelle par erreur de Mesan.
36.
Sera commis conte oingdre à Duché
De Saulne et sainctAulbin Belœuyrc
et
Paver de marbre de tours loin espluché,
Non Bleteranresister et chef d'oeuvre. -
r
37. :
1.
Dans la maison du traducteur de Bourc,
:
Seront les lettres trouvées sur la table
Borgne, roux blanc, chénu tiendra de court,
Qui changera au nouveau Connestable.
2.
Du haut du mont Aventin, voixouye,
Vuidez, vuidezde tous les deux costez,
Du sang des rouges sera l'ire assouvie,
D'Arimin Prato, Columna debotez.
3.
La magna vaqua à Ravennegrand trouble,'
Conduits par quinze enserres à Fornase
A Rome naistra deux monstres à teste double,
Sang, feu, deluge les plus grands à l'espase.
4.
L'an ensuivant découverts pardéluge,
Deux chefs esleus le premier ne tiendra,
De fuyr ombre à l'un deux le refuge,
Saccagée case qui premier maintiendra.
5.
TIERS doitdu pied au premier semblera,
A un nouveau Monarque de bas haut,
Oui Pyse et Lucques Tyran occupera
Du precedent corriger le dcftaut.
6.
Par la Guyenne infinité d'Anglois
Occuperont par nom d'Anglaquitaîne,
Du Languedoc Ispalme Bourdelois,
Qu'ils nommeront après Barboxitaine.
7.
Qui ouvrira le monument trouvé,
Et ne viendra le serrer promptement,
Malluy viendra et ne pourra prouvé,
Si mieux doit estre Roy Breton ou Norman 1.
8.
Puisnay Roy fait son pere mettre à mort,
Après conflictde mort tres-inhonneste,
Escrit trouvé soupçon donra remort,
Quand loup chassé pose sur la couchette.
9.
Quand lampe ardente de feu inextinguible,
Sera trouvé au temple des Vestales,
Enfant trouvée feu, eau passant par crible,
Périr eau N ysmes. Tholose cheoir les haies.
10.
Moyne moinesse d'enfant mort exposé,
Mourir par ourse et ravi par verrier,
Par Fois et P,.myes le camp sera posé,
Contre Tholose Carcas dresser forrier.
11.
Le juste à tort à mort l'on viendra mettre
Publiquement, et du millieu estaint :
Si grande peste en ce lieu viendra naistre,
Que lesju^eaiisiayrseront contraints.
12.
Le tant d'argent de Diane et Mercure
Les simulacres au lac seront trouvez,
Le figulier cherchant argille neufve.
Lui et les siens d'or seront abbreuvez.
13.
Les exilez autour de la Solongne
Conduits de nuict pour marcher en l'Auxois,
Deux de Modene truculent deBolongne,
Mis découverts par feu de Burançois.
14.
Mis en planure chauderons d'infecteurs,
Vin, miel et huile, el bastis sur forneaux,
Seront plongez sans mal dit mal-facteurs,
Sept. fum. extaint au canon des borneaux,
15.
Prés de Parpan les rouges detenus,
Ceux du milieu paiïondres menés loing,
Trois misen pieces et cinq mal sonstenus
Pour le seigneur et prélat de Bourgoing.
16.
De castel Franco sortira l'assemblée,
L'Ambassadeur non plaisant fera schisme
Ceux de Ribiere seront en la meslée,
:
Et au grand goulphre desnieront l'entrée.
17.
Le tiers premier pis que ne fit Néron,
Vuidez vaillant que sang humain respandrej
Redifier fera leforneron,
Siecle d'oi, mort, nouveau Roygrand esclandre
18.
Le lys DaufTois portera dans Nansy,
lusques en Flandre Electeur de l'empire,
Neufve obturée au grand Montmorency,
Hors lieux prouez delivre à Clerepeine.
19.
Dans le milieu de la forest Mayenne,
Sol au lion la foudre tombera.
Le grand bastard issue du grand du Maine,
Ce jour fougeres pointe en sang entrera.
20.
De nuict viendra par la forest de Rennes
Deux pars voltorte, Herne la pierre blanche,
Le moine noir en gris dedans Varennes
Eleu cap. cause tempeste, feu, sang tranche.
21.
Au temple haut de Bloys sacre Salonne;
Nuit pont de Loyre, prélat, Roy pernicant,
Cuiseur victoire aux marests de la Lone
D'où prelature de blancs à bormeant.
22.
Roy et sa cour au lieu de longue halbe,
Dedans le temple vis à vis du palais,
Dans le jardin Duc de Mantor et d'Albe,
Albe et Mantor poignard langue et palais;
23.
Puisnay jouant au fresch dessous la tonne,
Le haut du toict dumilieu sur la teste,
Le pere Roi au temple saint Salonne,
Sacrifiant sacrera fum defeste.
Ô4.
-
Sur le palais au rocher desfenestres
Seront ravis les deux petits royaux,
Passer aurelle Luthece Denis cIoistres;
Nonain, mallods avaller verts noyaux.
.25.
Passant les ponts venir prés de rosiers,
j
«
92.
Le Roy voudra en cité neufve entrer,
Par ennemis expugner l'on viendra,
Captif Iibere faux dire et perpetrer,
Roy dehors estre, loin d'ennemis tiendra.
93.
Les ennemis du fort bien esloignez
Par chariots conduit le bastion,
Par sus les murs de Bourges esgrongnez
Quand Hercule battra l'jEinathïon.
94.
Foibles galeres seront unies ensemble :
Ennemis faux le plus fort en rempart
Foibles assaillis Vratislave tremble,
:
Lubecq et Mysne tiendront barbare part.
95.
Le nouveau fait conduira l'exercite,
Proche apaméjusqu'auprès du rivage:
Tendant secours de Millanoise eslite,
Duc yeux privé à Milanfer decage.
Da
Dans cité entrer exercit desniée
Duc entrera par persuasion)
Aux foibles portes clam armée amenéc;
Mettront feu, mort, de sang effusion..
97
De mer copies en trois part divisées,
A la seconde les vivres failliront,
Desesperez cherchans champs Helisées,
Premier en breche entrez victoire auront.
98.
Les affligez par faute d'un seul taint,
eontremenant à partie opposite,
Aux Lygonnois mandera que contraint,
Seront de rendre le grand chef de Molitew
99.
Vent Aquilon fera partir le siege,
Par mur jetter cendres, chauls et poussiere s
Par pluye après qui leur fera bien piege
Dernier secours encontre leur frontiere..
100.
Navale pugne nuict sera superée,
f
le feu aux naves à l'Occident l'uine
Iiubriche neufve, la grand nef colorée?
Ire à vaincuj et victoire eu bruine.
- t, -
4
CENTURIE DIXIÈME.
1.
A l'ennemy, l'ennemy foy promise
Ne se tiendra, les captifs retenus :
Prins preme mort, et le reste en chemisef
Donnant le reste pour estre secourus,
2.
Voilegallere, voil de nef cachera,
La grande classe viendra sortir la moindre,
3.
Dix naves proches tourneront repousser,
Grande vaincuë unie, à soy conjoindre.
EXPLICATION
DBS QCATEADIS
DE NOSTttADAMUS.
,
Nostradamus s'est souvent servi de la synec-
doche figure de rhétorique au moyen de laquelle
on fait concevoir à l'esprit plus ou moins que le
mot dont on se sert ne signifie dans le sens propre.
Alors la partie accordée représente bien l'accusatif
des poètes latins comme dans ce vers de la sixième
centurie:
De miel face oinct et de laict substanté.
De cette manière l'adjectif oinct s'accordeavec le
tout comme s'il y avait:
Melle faciem unctus, lacteque sustentatus.
Nos lecteurs verront plus loin que presque touj
les quatrains de Nostradamus sont elliptiques les
articles de, dit, des sont souvent sous-entendus,
;
comme dans or midy, regnefAmerich, Planure Au-
sone, pour or du midy,règne de l'Americh,plaine
d'Ausone. En voici deux exemples :
De sang nager la gent caste Hyppolite
Bearn, Bigorre par feu ciel en détresse.
Le premier vers signifie que la nation du chaste
;
Hyppolite nagera dans le sang et le second, que
les habitants du Béarn et de Bigorre seront désolés
par la foudre qui tombera dans leurs pays.
Si Nostradamus affectionnait la langue latine il
;
On est forcé de reconnaître que la métalepse est
ici indispensable car si ces hommes couverts de
manteaux se cachent le visage, c'est que nécessai-
rement il fera un froid extrême, et s'il fait un si
{;rand froid, c'est que l'hiver sera rude. Ceci est
assez clair, ce nous semble.
Toutes les figures de la prosodie grecque, la-
tine et française se rencontrent dans les Centu-
; ;
ries de Nostradamus. Ainsi il y a aphérèse dans
l'Occident faiblira pour affaiblira tourbillon versce,
l'our renversée bondance de couteau pour abon-
la
ôtant
;
Signifie que Rome tremblera toraquit y aura
désaccord et dissension parmi les habitans car en
première et l'avant-dernière lettresquiwit
été ajoutées au mot trombe parla prosthèseetl'é-
pentlièse, on forme naturellement le mot Rome.
Nostradamus avoue naïvement avoir composé
ses vers « plustot d'un naturel instinct, accompa-
gné d'une fureur poétique, que par resgle de poé-
sie. n Ainsi nous ne devons pas nous étonner si
certains quatrains sont entièrement terminés par
desrimes masculines, et si un grand nombre d'au-
tres ont une ou deux syllabes de plus qu'ils ne le
devraient.
Ceux de nos lecteurs qui ont eu le courage de
parcourir les centuries du précédent chapitre ont
sans doute rencontré une foule de noms de conve-
nance inventés par Nostradamus et qui ne sont
¡;uère intelligibles surtout pour le vulgaire. Nous
allons en expliquer quelques-uns.
Les noms de convenance sont de deux sortes.Les
premiers servent à désigner les rois, les princes ou
les individus à qui ces noms, conviennent. Nostra-
damus emploie ici des expressions figurées qui ont
rapport soit à l'honneur de ces individus, soit à
leur vie ou à leur blason. C'est ainsi qu'il nomme-
le
certainsd'entreeux,
, loup,l'éléphant, le lion,Vours,
lesanglier, la sangsue le pourvoyeur, l'adventirrier,
h sanguinaire, le mercunal, le crocodile, etc., etc.
Les seconds sont composés de mots substantifs ou
adjectifs, et désignent au reste les mêmes personnes.
Le maigreCil paix, le noitfarouche, le noir poil crespe
(la barbe crespe et noire), le grand jovialiste, AUno-
barbe, nez demiche, le gallique Dgmyou, etc., etc.)
sont des noms qui ont une signification assez claire
pour ne pas être expliqués.- Il y a encore les noms
formés à l'aide d'anagrammes; mais nous nous
étendrons davantage à ce sujet en parlant de l'a-
vènement de Henri IV, du supplice de Biron,
et de l'arrestation de Louis XVI à Yarçnnes.
Le calcul de Nostradamus n'est pas un des
,
passages les moins curieux de cette introduction.
Tous les jours les esprits forts qui croient le plus
aisément tout en faisant profession desceptitime,
demandent à ceux qui se sont occupés de l'expli-
cation des Centuries,. quelle sera lidue des pro-
phéties de Nostradamus. Nous leur r pondrons
qu'à pa rtir de cette présente année ils ont encore
;
dix*neufcent cinquantc-sept ans à attendre, puisque
notre prophète a écrit « Et sont perpétuelles
vaticinations, pour d'icy (1555) à l'année 3797. »
Mais, en attendant la réalisation complète de
toutes les prophéties contenues dans lesdouze ce:i-
l,Lu'ies de Nostradamus, nous allons expliquer les
quatrains qui annoncent les évèneme is les plus
iiuportans arrivés en Europe depuis l'an 1555 jus-
qu'à nosjoul's.
PUISE DE LA VILLE DE SIENNE (1555).
Entre les deuxmonarques eslongnez,
Lorsque le sol par Selin clair perduë :
Simullé grande entre deux indignez,
Qu'aux Isles et Sienne la liberté rendue.
(Cent. VI, quel. 58.)
;
La ville de Sienne se trouvait en 1554 entre le»
mains de la France Charles-Quint la fit assiéger
au mois de septembre. Montluc la défendit d'une
manière surprenante; mais les vivres lui ayant
manqué, itla rendit le 21 avril 1555, c'est-à-dire
après avoir soutenu un siège de huit mois. La li-
berté dont parle le dernier vers fut aussi rendue
aux îles de Corse et de Sardaigne.
-
Entre les deux monarques eslongnez est très-exact,
puisque Charles Quint était alors en Espagne et
,
qu'il existait une très-grande dissimulation entre
,
les deux chefs ennemis entre le marquis de Ma-
J'i;}nan qui assiégeait la ville et Montluc
,
, qui la
défendait. Les historiens du temps, venant à l'ap-
pui des prophéties de Nostradamus, ajoutent que
ces
s
deux capitaines
'envoyaient
étaient
mutuellement
si dissimulés
d'excellent vin
d'enivrer les soldats et de pouvoir se surprendre.
,
qu'ils
a5n
GOUVERNEMENT DE CATHERINE DE MÉDICIS (1559).
La Dame seule au regne demeurée,
L'unique esteint premier au lict d'honneur,
Sept ans sera de douleur espleurée :
Puis longue vie au regne par grand heur.
(Cent. vi, quat.63.)
Catherine de Médicis, épouse de Henri II, est la
Dame qui demeura seule au regne,lorsque ce roi, Pu-
nique en France qui ait été esteint, blessé mortel-
lement,aulicl, auchamp, d'honneur, fut mort. Elle
fut sept ans de douleur esplorée, car la mort de son
mari lui causa une si grande affliction qu'elle ne
quitta le deuil qu'en 1566, au retour d'un long
voyage qu'elle fit en France avec Charles IX son
fils. Elleeut enfin une longuevie au regne par grand
heur, car elle gouverna avec bonheur, malgré de
grands obstacles, le royaume sous les règnes de
François II, de Charles IX et de Henri III, jus-
qu'à sa mort, qui arriva trente ans après celle de
son mari, c'est-à-dire le 5 janvier 1589.
,
circonstance bien marquée dans le quatrain que
nous expliquons et où le duc de Savoie est par-
,
faitement désigné par ce blason formé d'aigles, de
lions et de croix. A l'occasion de ces mariages leà
conquêtes faites par Henri et par son père furent
cédées aux princes étrangers, et c'est aimi quela
couronnefutvendue.
,
mais lesvieux serviteurs du roi (les Guises) décou-
vrirent le secret de la conspiration et après avoir
pris leurs mesures pour la laisser éclater sans dan-
ger et en prévenir en même temps l'exécution, ils
se soulevèrent contre les traîtres et les extermine-'
rent à Amboise.
,
vers par abboisdemastins , attendu que les porte-
faix appelés alors abboyeurs ou mâtins, altèrent
prévenir l'abbé d'Achon qui fit arrêter les cou-
,
pables.
;
car les protestans égorgèrent un grand nombre de
catholiques. Nud se verra en piteux désarroy c'est-
à-dire que le roi s'étant dépouillé de ses forces se
trouva dans le fâcheux état de ne pouvoir se défen-
:
dre et de suivre la loi des réformistes. Le quatrain
suivant va plus avant il annonce le commence-
ment des massacres.
Le gros airain qui les heures ordonne
Sur le trespas du Tyran cassera
Pleurs, plaintes et cris. Eaux, glace, pain ne donne
V. S. C. paix. L'armée passera.
(Présages, quat.2.)
Le gros airain est ici pour la grosse cloche du
4?al?ù«et de réglise St-Germain-l'Auxèri ois.
Qui les
heures ordonne signifie que l'heure où ces cloches
devaient sonner fut ordonnée par quelqu'un.
.Nous savons -
parles témoignages de l'histoire que
Catherine deMédicis ordonna le massacre etqu'elle
hâta 1e signal d'une heure. Sur le trépas du tyran cas-
;
seraestune expression hyperbolique qu'on retrouve
dans lesanciens auteurs elle veut dire que les clo-
chessonneront àse casser, la mort deColignyou
du gran(t), comme on l'appelait alors sans doute à
cause de sa grande sévérité.Pleurs, plaintes et cris
n'ont point besoin de commentaire, car personne
n'ignore les pleurs qui furent versées et les plaintes
et les cris qu'on entendit pendant tout le massacre.
:
parmi lesquelles deux restèrent sur la place, ainsi
que Nostradamus l'avait prédit Desquatre deux
plus ne viendront déhal/re. Maugiron et Schonherg se
tuèrent, et le baron de Riberac mourut le lende-
main de ses blessures. Caylusexpira au bout de dix-
huit jours. Les amis de d'Entragues furent exilés et
souffrirent les horreurs de la misère et de la faim.
RÉFORME DU CALENDRIER (1582).
;
l'autre annonçant de nouvelles guerres civiles.
Le premier vers est très-explicite car il prédi-
sait en 1555 un événement qui s'est réalisé en
1582, c'est-à-dire vingt-sept ans après. Si l'ancien
calendrier n'avait pasdu être réformé, c'était assez
de dire les dijç kalendesd'avrilsans y ajouter defaict
gothique. Nostradamus a certainement prédit la ré-
forme du calendrier.
Le calendrier Romain appelé aussi calendrier
Julien, du nom de Jules César son réformateur, est
disposé en périodes de quatre années. Les trois
premiers qu'on appelle communs ont 365 jours, et
le quatrième, qu'on nomme bissextile, en a 366 à
cause de six heures qui restent sur chaque année
et qui dans l'espace de quatre ans composent un
jour. Le pape Grégoire XIII, d'après le conseil de
Clavius et de Ciaconus, ordonna que la centième
année de chaque siècle ne serait point bissextile,
excepté celle du quatrième siècle; c'est-à-dire
qu'on ferait une soustraction de trois jours bissex-
tiles dans l'espace de quatre siècles, à cause de
onze minutes qui manquent dans les six heures
dont l'année bissextile est composée.
!.
qu'au couteau(cultret du latinculiritm) quisertirait
à commettre le meurtre
SUPPLICEDEBIRON (1602).
,
seigneurs dans la conspiration, entre autres l'am-
bassadeur d'Espagne le comte de Fuentes, et un
nommé Lafin, qui alla tout raconter au roi. Nos-
tradamus, non content de nommer Biron, a en-
du troi-
core
sceu par
,
désigné ce
Lafin.
Lafin
La
au
suite de
commencement
sième vers en disant que la conspiration serait
ces vers est de la plus
grandeexactitude. Chefon lui trenchcra est ici pour
le chef de l'entreprise on tranchera ou on lui cou-
pera la tète. Biron eut, comme on le sait, la tête
tranchée à la Bastille en 1602.
MORT DE HENRI FI (1610).
Les armes battre au ciel, longue saison,
L'arbre au milieu de la cité tombé
Vermine, rongne, glaive, en face tyson,
Lors le monarque d'Hadrie succombé.
,
à les guérir de leur erreur, nous allons expliquer
ce quatrain en nous servant des histoires, des
chroniques et des mémoires du temps.
De Pradt, dans son Histoire de France, et l'au-
teur du Mercure de France font mention de signes
extraordinaire., qui précédèrent de quelques jours
la mort de Henri IV. Parmi ces signes, le rédac-
teur du Mercure parle de celui auquelNostrada-
:
mus fait allusion dans son premier vers et On vit,
dit-il, dans les airs un grand nombre d'hommes
de guerre : les paysans et la noblesse se rassemblè-
:
rent pour combattre cette armée aérienne, Il ainsi
que Nostradamus l'avait prédit Les armes battre
au ciel. Les deux mots qui terminent le vers sont
fort justes, car ce phénomène parut dans les grands
jours ou, comme on le disait alors, en longue
saison.
lrauteur dont nous parlions tout à l'heure, dans
son sommaire de VHistoire de France, nous ap-
prend que le mai planté dans la cour du Louvre
tomba le même jour
que le roi fut assassiné, le 24
de mai, ce qui n'était point encore arrivé. Cet
événement, tout futile en apparence, confirme la
:
prophétie du second vers L'arbre au milices de
la cité tombé.
En 1610, lavermine enleva les bestiaux et plon-
gea les cultivateurs dans la désolation. En face
tyson se rapportant au mot ciel du premier vers
signifié qu'une clarté surnaturelle, telle qu'un mé-
téore, paraîtra cette année au ciel. Cela est encore
de la plus grande vérité, Lors lemonarque ilHadri..
succombé peut se lire ainsi: Lorsque tous ces si-
Il
de Trêves,
Flandres combattre les Espagnols et les chasser
où ils tenaient prisonnier l'électeur.
neuve,
Neuve obturée, du latin obturare, signifie unecliose
exactement fermée comme une maison, de
détention. Personne n'ignore que Montmorency
fut eufermé dans la prison de l'hôtel-de-ville nou-
vellement bâti. Hors lieux prouvez, pour appron-
vés, c'est-à-dire hors les lieux ordinairement adop-
tés. Mais ce qu'il y a de plus merveilleux, c'est que
!.
le bourreau qui trancha la tête au duc de Mont-
morency s'appelait Clerepeine
(1) Louis XIII est le premier qui ait porté, après une
interruption de trois régnés, le nom de Dauphin ou
Daa ffois
Henri Itr, Henri Il et Henri III mourureut, le pre-
mier à 55 ans, le second à 41 ans, et le troisième à
:
38 ans, tandis que Henri IV alla jusqu'à 57 ans.
Ce quatrain peut se lire ainsi «
Des fils du
vieux Henri l'on verra le phénix être le premier.»
En ce cas la prophétie est très-vraie, attendu que
Louis XIV fut le premier des enfans de Louis
XIII, fils du vieux Henri. Il fut aussi le dernier,
comme l'avait prédit Nostradamus, en survivant
de quatorze ans à son frère. Les trois derniers vers
sont assez explicites par eux-mêmes pour se pas-
ser d'un commentaire. On sait que plusieurs cour-
tisans du temps appelèrent Louis XIV le phénix
des rois. « Le mot reluire, dit fort judicieusement
un des commentateurs de Nostradamus, le clie-
valierde Jant, est à remarquer, puisqu'il convient
particulièrement au soleil, qui est la devise de
Louis-le-Grand. »— L'avènement de Louis XIV
ne pouvait être prédit avec plus de certitude.
:
Cette prophétie peut se lire de la manière sui-
vante «
Au temps où Gand et Bruxelles marche-
ront contre Anvers, le parlement de Londres met-
;
tra à mort le roi s"s ennemis le dépouilleront de
M force et l'entraîneront hors des voies de la sa-
que
Ce quatrain
seul il
,
suffirait
fdéotrer
gesse pourJjouleverser le royauptie, »
dit Bouys est d'une telle force
pour que
Nostra-
damus voyait dans l'avenir des évènemeus incal-
culables pour le commun des hommes. Ce qu'il y
p de plus extraordinaire en ceci, c'est que jusqu'à
Charles Ier, aucun roi ne fut condamné à mort par
unsénat. Les habitans de Gand et de Bruxelles
marchèrent en effet contre Anvers, lorsque Char-
es Ier mourut sur l'échafaud.
sonnes;
force. Le mot lasche surprendra beaucoup de per-
mais l'histoire nous apprend que cet
intrépide protecteur étaittimide,lâche etpeureux,
à un tel point qu'il n'osa jamais coucher deux
nuits defuite danslaînêmecliambre.
PRISE de LA vfLLt D'ORANGE (1680).
Fille de Laure, asyle du mal sain
Où jusqu'au ciel se voit l'amphithéatre,
Prodige HU, ton mal est fortde prochain,
Sera captive et des fois plus quatre.
(Cent. vi, quat. fOO.)
Nostradamus appelle la ville d'Orange fille de
Laure, parce que laure,en provençal, signifie vent,
et que cette ville, située près d'une montagne, est
continuellement exposée aux Vents. Asyle du mal
sain désigne particulièrement la ville dont il s'a-
,
git car on sait qu'Orange était un lieu de refuge.
OÙjusqrlau ciel se voit Camphithéâtre indique Irs
restesdugrand amphithéâtrebâti par les Rodtiaine.
Prodigeveuaniva en effet. Aimé deChavignyrap-
Tendes ,
porte que le comte de Somnerive, fils ducomte de
gouverneur de Provence, prit cette ville
le G juin 1562 et que quelques mois auparavant
,
il avait paru deux soleils ou deux comètes. Le
dernier vers indique que la ville d'Orange serait
souvent captive, et desfoisplusdequatre. Orange
fut prise, comme l'avait dit Nostradamus, plus de
çttairefois, c'est-à-dire eu 1562, eu15/3, en 1660,
c!i 1713 et en 1731 par Louis XV.
MORTDELODISXIV (1715).
Plusieurs mourront avant que Phœnix meure;
Jusques six cens septante est sa demeure,
Passé quinze ans,\ingt-un, trente-neur.
à
Le premier est subject maladie
Et le second au fer, danger de vie,
Au feu, à l'eau est subject trente-neuf.
(Sixain 53.)
Cette prophétie, que nous trouvons très-extraor.
dinaire, fut expliquée d'une manière remarquable
par le chevallier de Jant en 1673 et présentée à
Louis XIV lorsqu'il n'avait encore que trentc-cinq
ans. Mais avant de parler du sixain de Nostrada-
mus, citons un passage de M. Charles Nodier sur
!e livre du chevalier du Jant. Nous serons impar-
tial et nous ne retrancherons rien de la citation du
spirituel et savant critique.
« Le chevalier de Jant, dit M. Nodier, à force de
compulser Nostradamus pour y trouver des auto-
rités à l'appui des armes et du génie de son maître,
crut y découvrir que Louis XIV vivroit76 ans, et
j'avoue que le sixain de Nostradamus est expliqué
avec plus d'adresse que tout le reste. Les courtisans
XIV mourroit !
pouvoicnt-ils admettre la supposition que Louis
à
Cette hérésie imprimoit un livre
escenl d'une proscription infaillible, et celle-ci
n'est pas trop à déplorer, car c'est un pauvre auteur
cel ui qui épuise le peu de talent qu'il a reçu de la
nature, à établir une probabilité historique et fu-
turc sur l'autorité de Nostradamus (Ah! M. Nodier
(iciest peu fllUeur pour nous; mais qu'impr.rte
si nous parvenons à réhabiliter le nom d'un homme
que vous chérissez en secret.) Le plus curieux de
tout ceci, et ceux de mes amis qui ont daigné me
suivre, ou que le hasard a fait tomber çà et là sur
q nelques-unes de ces pages savent que je m'attache
volontiers à recueillir cette piquante espèce d'ob-
servations, — c'est que le chevalier de Jant, qui
n'étoit certainement pas animé de l'esprit de pro-
phétie, si cet esprit est inséparable du génie,
rencontra presque aussi juste qu'unbiographe, quoi-
qu'il eût le désavantage assez considérable de QUA-
RINTE-DEUX ANSd'anticipation sur ce fait. Louis XIV
;
mourut le 1er septembre 1715, n'ayant pas encore
sri rante dix-sept ans accomplis car il étoit né le 5
septembre 1638. Si de Jant avoit supputé les dates,
1auroit reconnu sans peine que cet événement étoit
caractérisé dans toutes ses circonstances par le sage
Nostradamus qui dit positivement passé quinze
,
eus, car c'étoit dans la seizième année du siècle (1).»
Nous pensons faire plaisir à nos lecteurs en rap-
portant ici la rare et curieuse explication du che-
valier de Jant dont parle M. Nodier.
.Plluicur.r mourront avant que phœnix meure, c'est-
à-dire que le phœnix enverra bien mourir avant
qu'ilfinisse ses jours, d'autant qu'il vivra long-
temps.Jusque six cent septante est sa demeure. Il
;
de plus, commeaunom d'Henric,celan'estpascon-
sidérable puisque dans presque tous les quatrains,
je ferai voir qu'il y a toujours quelques lettres de
obscures;
plus ou de moins, afin de rendre les prophéties
il ne faut donc pas s'arrêter à cela, mais
aller au sens de l'auteur, d'autant plus que si l'on
prenoit le vers au pied (le la lettre quand il dit ;
Jusques six cent septante est sa demeure, dès lorsla
fausseté de la prédiction seroit vérifiée par la vie
présentede sa majesté qui ne seroit plus au monde
dé l'année 1670.
Outre que dans le texte il n'est point parlé de
mille six cent septante, mais seulement de six cent
septante qui étant renversé signifie septante-six
rins. Mais comme le phœnix doit vivre les septante-
six années qui lui sont annoncées, il faut être per-
suadé par la nécessité indispensable de la même
prophétie qui parle si clairement qu'il vivra ce
grand âge, et c'est ce qui se connoît encore plus in-
telligiblement daiis le sixain précédent qui dit que
le phbenix règnéra lfmgtemps, puisque ce mot de
régner présuppose cel ui de vivre, et conclure, par le
sens moral et littéral, que la majesté qui est le
ykœnix vivra les septante-six années. Et c'est ce
.qui se voit. encore mieux parla suite du sixain qui
dit Passé quinze çins, vingt-un, tren(e-neufj, ce Qui
signifie que le phœnix passera le nombre de 15
ans, de 21 et de 39 qui sont les traistemps de 53
vie, qui tousensemble font le nombre deseptante-
cinq ans, et le mot passé signifie qu'il passera ce
nombre, et tout ce que dessus est fort bien rectifié
au pied de la lettre.
:
Le reste du sixain dit Le premiercrt subject à
maladie, le second aufer, danger.de vie, ait fett, à
l'eau est subjeci trenle-neuf.NoBtrardamis, faisant
1 une distinction de trois temps principaux deiavie
du phœnix;, dit que les premières quinze années
seront sujettes à maladie, ce qui s'est rencontré
,-
,-
"S Calais, où tout fut désespéré de sa santé
arriva en 1648.
:
qu'à la vingt-unième, qui fut sa grande maladie
elle
;
ytrs Quand d'or, d'argent trouve nouvelle miné est
très-étonnant car Law trouva une -nouvelle mine
d'or et d'argent en émettant son papier monnaie
qui amena en France la misère et les assignats.
:
Pour avoir cru le conseild'homme nice (d'homme
simple le cardinal Fleury), le rameau de vaillant
personnage, ou Louis XV, petit-fils de Louis XIV,
releva trop tard la France infime. Le troisième vers:
Honneurs,richesses, travail en son vieil aage, peut
s'appliquer au cardinal Fleury qui parvint au mi-
ristère dans un âge très avancé; par lepère infeltc
caractérise Louis XV, qui ne parvint au trône que
par le malheur qu'eut la France de perdre le duc
de Bourgogne son père, et le granddauphin, fils de
Louis XIV son grand-père.
; ,
qui ont déclaré sa maladie mortelle, revient à la
santé par un coup de la Providence et sans que
l'art des juifs y soit pour rien lui et son peuple
poussent des cris jusqu'au ciel pour la prolonga-
tion d'un règne glorieux, et le prince doit sa gué-
rison inespérée auxardentes prièresde la France.
Le texte de ce quatrain est tellement clair et
,
explicite, dit M. Francis Girault, à qui nous de-
vons cette explication qu'il suffit de le lire pour
le comprendre. En effet, Nostradamus est ici d'une
exactitude historique vraiment frappante. Tout
le inonde sait que Louis XV, interrompant le cours
de ses conquêtes dans les Pays-Bas, allait s'oppo-
ser aux progrès du prince Charles, qui avait passé
le Rhin et menaçait la Lorraine et l'Alsace, lors-
qu'en arrivant à Metz il fut tout-à-coup saisi d'une
,
maladie qui le conduisit aux portes du tombeau.
Le peuple encombra les églises et fit pour ainsi
,
dire violence au ciel, qui rendit enfin, contre
toutes les prévisions de la science médicale Louis
XV à son peuple.
, et
certainement à Louis XVI. Faict deffaict est en-r
core très-juste car jamais on ne changea tant de
fois de ministère que sous Louis XVI. Il paraît
alors que ces changemens sont dangereux ,
puis-
qu'ils ont amené au dix-huitième siècle la révolu-
tion française. Il yeut pendant l'espace de dix-
huit ans et demi soixante et sept ministres, parmi
lesquels plusieurs le furent deux fois.Prompt, su-
hit, négligence, caractérise parfaitement Louis XVI.
Léger croira faux rlespouse loyale. On sait qu'il
ajouta foi à de faux rapports sur la reine, relative-
ment au fameux collier. Luy mis à mort par sa bé-
névolencetermine on ne peut mieux ce quatrain
extraordinaire.
RÉVOLUTIONFHANÇAISE (1789).
Despit de règne numismes descriés,
Peuples seront esiaeus contre leur roy
Paix, faict nouveau, sainctes loix empirées.
RAPIS onq fut en si très dur arroy.
(Cent. vi, quat. 23.,
Cequatrains'applique on nepeut mieuxàiarevu?
Iutionde 1789. Onsaitque pardespitcontre le règne
de l'ancien régime les peuples furent esmeus contre
,
leur roy, comme le dit si judicieusement Nostrada-
mus. II yeut un simulacrede paix mais les sainctes
lois ayant empiré, un faict nouveau se présenta en
effet, on ne voulut plus de la formation ancienne
des états - généraux. Tous ces événemens amenè-
rent dans Paris ( désigné par l'anagramme Rapis )
des troubles et des massacres tels qu'ils changèrent
la face des choses.
, ,
puisque, dans les anciennes éditions des Centuries,
il est terminé comme nous l'avons mis par un
:
point, a été placé ici pour Capet. De cette ma-
nière, EsleuCap. signifie Capet est élu roi consti-
tutionnel. Cette élection cause en France tem-
peste,feu, sang et tranche ( latête sous entendu) du
noiroudu roi.
RETOUR DU ROI A PARIS (1792),
Le part solus ruary sera mitre,
Retour conflict passera sur le lhuille.
Parcinq cens un tnhv, sera titré,
NARBON et SAULCE par quartauts avons d'huille.
(Cent. ix, quat. 54.)
Plus nous avançons dans l'explicationde ces
quatrains et plus nous trouvons surprenantes les
prophéties du médecin de Salon. Le quatrain
,
concernant l'arrestation de Louis XVI à Yarennes
est extraordinaire ehLien! en voiciunautre qui,
selon nous, l'est encore plus.
Le part solus mary est un des deux individus que
;
nous avons vus paraître dans le quatrain précé-
dent sera mitre, c'est-à-dire qu'on lui mettra une
:
espèce de mitre sur la tête Louis XVI fut en effet
coiffé du bonnet rouge le 20 juin 1792. Au retour
du roi, il y eut bien un conflict ou bruit d'armes.
Passera sur le tkuillt est une vieille expression si-
gnifiant qu'à son retour le part solurs ou le roi se
rendrait aux Tuileries, endroit où anciennement
on fabriquait des tuiles. Autrefois les écrivains se
servaient du nombre cinq cent un pour désigner la
quantité indéfinie. Parcinqcentun trahy veut dire
que le roi sera trahi par tout le monde. Sera titre
a ici la même significationqu'esleu du quatrain que
nous venons d'expliquer.
Une des choses les plus étonnantes, c'est que
les noms des deux personnages qui trahirent
Louis XVI se trouvent dans ce quatrain. Narboii"'je
ministre Narbonne), au dire de M. Bertrand de
Molleville, auteur de l'Histoire de la révolution, se
;
montra toujours opposé au roi Saulce par quartauts
avons d'huille ( ou qui vend de l'huile par quarte-
)
rons est ce marchand épicier, procureur de la
commune, chez lequel la famille royale passa la
nuit. On sait que ce Saulce alla dénoncer ses hôtes
le lendemain matin.
EMIGRATION (1792).
De batailler ne sera donné signe
Du parc seront contraints de sortir hors,
De Gand l'entour sera cogneu l'enseigne
Qui fera mettre de tous les siens à mort.
(Cent. x, quat. 85.)
;
dant la révolution les nobles et les prêtres furent
coniïaints de quitter la France ils se réfugièrent à
Gand, et cette fuite en exposa un grand nombre,
comme le dit Nostradamus, à être mis à mort.
Ce :
quatrain peut se lire ainsi La Conven-
tion ou le gouvernement condamnera à mort le roi
,-Il
prisonnier;mais la reine aussi prisonnière sera
condamnée par des jurés et son fils perdra la vie
sans formes de jugedient. était impossible de
prédire plus juste que ne l'a fait ici Nostradamus.
Le règne ou l'assemblée régnante (ayant)pl'ins
le ror, conviera (lui), c'est-à-dire ordonnera son
convoi funèbre ou l'enverra à la mort. La dame ou
la reine (ayant été)prinse (sera condamnée) à mort
(par des) jurez à sort, ou tirés au sort. Dans un paVs
où l'on n'avait jamais entendu parler de jurés, dit
un auteur, comment a-t-on pu prévoir, deux cent
trente cinq ans avant l'événement, qu'une reine
seyait envoyée à la mort par des jurés?.
La-vie (au) à royne fils on desniera signifie-que le
même gouvernement refusera de croire à l'exis-
tence du fils de la reine Marie-Antoinette,
NOYADES DE NANTES(1794).
,
Les deux premiers vers sont vraiment extraor-
dinaires. Le simple officier Bonaparte ne pavrint-il
pas à l'empire? Et l'allégorie dusecond versn'est-"
elle pas exacte quand on se reporte au temps où
:
Nostradamus vivait? Nous n'avons pas besoin de
donner d'explication à ces trois mots vaillant aux
armes; car personne n'ignore les hauts faits d'armes
del'empereur, le plus grand capitaine de l'époque.
En l'église ou plus pyre , c'est-à-dire dans le temps
où l'église était le plus persécutée. L'expression
vexée a été employée ici comme dans les quatrains
précédens pour élever, soutenir et protéger, car
l'eau ne vexe point l'éponge, mais la rend au con-
traire plus volumineuse et plus belle. Ainsi le der-
nier vers signifie que ce soldat simple qui parvien-
:
dra à l'empire, soutiendra l'église comme l'eau
soutient l'éponge ce qui eut lieu en effet.
Nostradamus a consacré plusieurs quatrains
non moins explicites à la venue de Napoléon. Ilest
certainement question de l'empereur dans les vers
suivans:
Un Empereur naistra près d'Italie
Qui à l'Empire sera veu du bien cher.
(Cent. i, quaI. CO.t
Du nom qui oncqnes ne fust au roy gaulois,
Jamais ne fust un fouldre si craintif,
Tremblant l'Italie, l'Espagne et les Anglois,
De femmes estrangers grandement attentif.
(Cent. IV, quat. 54.)
;
Les deux premiers vers du deuxième quatrain
sont de la plus grande exactitude jamais un roi de
France ou gaulois ne porta le nom de Napoléon et
jamais aussi il n'y eut depuis Charlemagne un capi-
taine plus victorieux. Il fit véritablementtrembler
l'Italie, l'Espagne et l'Angleterre.
Le dernier vers est prodigieux, comme dirait un
de nos bibliothécaires les plus savans et les plus
spirituels. En effet l'empereur n'épousa-t-il pasJo-
séphine qui était néeenAmérique? et n'eut-il pas
un grand attachement pour cette femme évidem-
ment étrangère?
Nostradamus a tracé la vie de l'empereur dan-
ces deux quatrains :
L'Oriental sortira de son siège,
Passer les monts appenois vers la Gaule;
Transpercera du ciel les eaux et neige,
Et un chacun frappera de sa gaule.
(Cent. n, quai. 29.)
Par deux fois haut, par deux fois mis a bas,
L'Orient aussi, l'Occident foiblira,
Son adversaire après plusieurs combats
Par mer chassé au besoing faillira.
(Cent. vui, quai. 59 )
;
tenter une descente en Angleterre. L'entreprise de-
vait réussir mais l'amiral Villeneuve fit, comme
on le sait, tout avorter.
Cette prophétie a été commentée et expliquée en
1806 par M. Bouys; nous allons rapporter ce tra-
vail qui est pour son époque fort ingénieux.
Ce quatrain, dit notre auteur, est sans doute un
des plus forts de Nostradamus, concernant l'empe-
reur. En effet quel autre prince peut venir dann
Boulogne laver ses fautes, d'avoir été trop confiant,
d'avoir trop bien présumé de la loyauté de ses en-
nemis, de leur fidélité dans l'exécution des traités;
qui n'a pu ni ne pourra réussir au temple du soleil,
;
en Egypte, où jadis le soleil et la lune et même les
animaux avaient des temples qui volera faisant
choses si hautes, qu'en hiérarchie n'en jat onc un
pareil? Qu'on en trouve d'autres, à qui, dans tout
l'univers, un pareil quatrain puisse convenir?
Et peut-on croire raisonnablement que c'est par
hasard que Nostradamus a pu consigner des évè-
,
nemens si étranges, ce prince qui a fait la faute de
troire à la bonne foi des Anglais qui pour avcr
,
ses fautes, fait les préparatifs les plus formidable"
dans Boulogne qui auparavant n'avait puréussi-
dans l'Egypte et qui ferait d'inutiles efforts dans
cette contrée, s'il voulait entreprendre une seconde
tentative, avis que lui donne Nostradamus en di-
sant : il ne pourra réussir au templedu soleil;enfin,
qui volera faisant choses si hautes, qu'en hiérarchie
n'en fut onc pareil.
Non, on ne concevra jamais que de tels hasards
puissent venir dans la tête de quelqu'un par hasard,
et leur accomplissement serait pour les gens sensés
aussi étonnans, on ne peut trop le repeter,que les
prophéties mêmes.
-..mG--
Souvent à force de vouloir tout expliquer on
arrive à ne rien expliquer du tout. Auzsi tenni-
pons-nous ici nos recherches sur les quatrains
prophétiques de Nostradamus. Nous savons bien
que certains auteurs ont trouvé dans les Centuries
une foule de choses qui ne s'y trouvent réelle-
;
ment pas cela dépend des commentateurs et non
du prophète. Mais comme nous voulons être im-
partial, nous dirons qu'ilnous a été impossible de
découvrir aucune prédiction touchant les événe-
ments qui se sont passés en France depuis la chute
del'empirejusqu'à la révolution de 1830.
Cependant nous allons rapporter d'autres qua-
trains qui peuvent s'appliquer à l'époque actuelle.
Nous devons ajouter que tout commentaire nous
càt interdit en pareille circonstance.
GOUVERNEMENT..
CONSPIRATION
MORT.
FIN.
Avis.
Table
1.
II.
III.
SV.
: ?
TABLE DES CHAPITRES.
raisonnée
NOSTRADAMUS.
PROPHÉTIES.
S1.Introduction.
PROPHÈTES ET
prophétique.
hébreux
§ II. Del'Esprit
III. Prophètes
IV.Prohètesgiitiques.
§
César.
Prophètesmodernes
KoSTRADAMUS.
première.
CENTURIES DE
1
v
1
101
id.
112
142
155
187
249
tierce.
II.
Épître à
Centurie
Centurie
Centurie
seconde.
quarte.
267
25
505
521
Centurie
Centurie cinquième.
sixieme. 559
Centurie
Centurie septième. 557
575
595
huitième.
Épitre à Henri
Centurie
401
Centurie dixième.
Centurieneuvième 425
441
DAMUS.
459
IV. EXPLICATION DES QUATRAINS DÉ NOSTRA-
477
On tronvr di 2 2rcsème ^ditciiri
UlSTOnŒ DE L'ANCIENTESTAMENT, ouvnije contenant l'his--
;
toir'(' complète des institutions religieuses, morales, politiques et civiles;
de Moise et du peuple de Dieu formant la première partie de l'histoire
de la religion, depuis le commencement du mondé jusqu'à le venue de
J",lIs-Christ; présentant des remarques littérales et des relierions histo-
riques, critiques, dogmatiques et morales les plus intéressantes pour c<ï
siècle,et dans lequel on s'est particulièrement attaché à réfuter les objec-
tions des incrédules.-Deux volumes irJ-o, renfermant la matière JI'
plus de huit volumes in-8° de chacun 500 pages, ornés de 64 gravures;
par M. l'abbé A. F. James. Prix, à Paris, 18 fr.; et par la poste, 23 fr.
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même, confirmée par l'histoire et par les sciences profanes, depuis l'in-
carnation de JÉSUS-CURIST jusqu'à l'accomplissement de ses prophéties-
relatives à Jérusalem, ou à la destruction de cette ville et de la nation
juive; ouvrage composé, 1°du texte des quatre Evangiles, dont iloiirc'
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pertoire et concordance de tous les textes de l'ancien et du nouveaux
Testament mis par ordre-alphabétique; supplément indispensable à tou-
tes les éditions de la Bible.—Un gros vol. in-8° de 750 pages.—Prix,,
a Paris, 8 fr.; par la poste, IQfr.bO c.
ALPHABET FRANÇAIS, ounouvelle méthode de lecture, en 80 ta-
bleaux et en vers, basée sur des procédés réunissant la triple conditions
de clarté, précision, célérité, contenant de plus que les alphabets é—
(iités jusqu'à ce jour, 1° des tableaux de tous les sons semblables repré-
sentés par. des signes différens; 2° des remarques sur les lettres X,CH,H",.
Y: 3° despréceptes pur la liaison des mots; 4° un traité de ponctuation -
5°lesrègles de laProsçdie française; 6° des morceaux choisis de morale.
ie littérature, d'histoire naturelle, exercices de lecture propres, tout em
instruisant les enfans,àjeter dans leurs jeunes cœurs le germe des vertus
:
fi des nobles sentimens; par M.D* Lansac. Prix 75 c.; par la poste, 1 fr.