Le Milieu Lacustre

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Le milieu lacustre :

I. Généralités :
Un lac est un corps d'eau permanent enclavé dans le
continent et généralement constitué d'eau douce. La taille
deslacs est très variable, depuis les marécages de faible
profondeur jusqu'aux véritables mers intérieures que sont les
Grands Lacs américains. La salinité est également trés
variable: les corps sursalées du Grand Lac Salé et de la Mer
Morte sont considérés comme des lacs, de même pour la Mer
Caspienne et la Mer Noire qui sont sous-salées par rapport à
l'eau de mer. Les petits lacs ont des origines très diverses:
lagune de plaine cotière (exemple l'étang de Thau), méandre
abandonné de plaine alluviale, lac de plaine deltaïque (étang
de Vaccarès), de surcreusement glaciaire, lac de cratère...Les
grands lacs ont une origine tectonique: lacs du Grand Rift
Africain, Mer Morte... Du fait de leur isolement, les caractères
des lacs varient en fonction du climat, de l'apport des rivières,
de l'environnement géologique, de la végétation sur les
berges et de l'activité biologique dans le lac. Le confinement
est très fréquent; il conduit à la stratification de l'eau et à
l'anoxie du fond, à la précipitation de sels si le climat est
chaud et sec. L'eau d'un lac est soumise à l'action du vent qui
crée des vagues en surface. Des courants profonds peuvent
brasser l'eau dans son ensemble. L'agitation de l'eau est
maximale le long des berges.
II. L’origine des lacs :
Un lac peut être considéré comme une anomalie du
milieu continental. A la surface des terres émergées, le
flux d’énergie véhiculé par l’eau et les transferts de
matière, conduit à créer naturellement des pentes
continues, plus ou moins inclinées, de l’amant vers l’aval
des bassins versants. Un lac est dù à une inversion de
cette pente naturelle, par une contre-pente ou un
barrage dans la topographie, isolant une cuvette dont le
fond doit présenter une certaine perméabilité. De
nombreuses causes naturelles peuvent générer une
cuvette lacustre. Hutchinson (1957) a répertorié 76types
différents de lacs, liés à 9 situation environnementales
(tectonique, glaciaire, volcanique, effondrement,
karstique, fluviatiles…) cependant, 90% des lacs
mondiaux sont d’origine tectonique ou glaciaire.
1. Lacs d’origine tectonique

A Profil après Profil avant érosion


érosion

Substrat

Substrat

Figure 1 : Lacs d’origine tectoniques


Ils occupent une zone affaissée du substrat, limitée
(compartiment de type rift continental) ou non par des failles
marginale nettes (figure 1). Au premier type appartiennent le
lac Baikal en Sibérie, les lacs de l’ouest africain (Victoria,
tanganyika, Malawi…). Parmi les 40 plus grands lacs du
monde superficie, 25 sont d’origine tectonique. Ils sont aussi
souvent les plus profonds, lorsque la vitesse de subsidence
l’emport sur la vitesse du comblement. Le Baikal (1600m) est
le plus profond, suivi par le lac Tanganyika (1400m), et par la
caspienne (980m).

2. Lacs d’origine glaciaire :


Les processus d’érosion et le dépôt glaciaire sont générateurs
deux types de dépressions avec contre-pentes, retenant les
eaux dans des lacs après le retrait glaciaire : d’une part celles
liées au surcreusement du substratum, et d’autre part celles
liées aux reliefs crées par les dépôts morainiques.
On peut distinguer deux types de régions naturelles riches en
lacs d’origine glaciaire :
 Dans les régions de hautes latitudes occupées lors de la
dernière glaciation par les grandes calottes glaciaires
nord européenne (Norvège, Suède, Finlande, nord de la
Russie et de la Pologne) et nord-américaine (bouclier
canadien et régions des grands lacs), les lacs occupent
les dépressions creusées dans un substrat imperméable
(bouclier granitique) et les bassins fermés issus de
l’irrégularité topographique des moraines de fond
abandonnées après le retrait.
 Dans les régions montagneuses occupées lors de la
dernière glaciation par des glaciers de type alpin, les lacs
occupent le fond des vallées sur creusées ou barrées par
les moraines terminales. Les plus grands se situent à la
périphérie des massifs montagneux : leur forme est en
général allongée et ils peuvent être très profonds.

Figure 2 : lacs d’origine glaciaire

III. Fonctionnement des lacs :


Le fonctionnement de la cuvette lacustre est en grande partie
dépendant du bassin versant émergé qui l’alimente, c’est
pourquoi il est préférable de substituer à la notion de lac celle
de système limnologie (lac et son bassin). Le bassin versant
apporte au lac l’essentiel de ses flux hydrologiques, avec les
matières dissoutes et particulaires et l’énergie thermique et
mécanique associées (excepté quelques apports directs :
pluie poussières, énergie solaire). Le système limnologique
comprend l’interaction de deux sous système : le bassin
versant globalement pourvoyeur de matière, et le lac
globalement récepteur.

1. le rôle du sous système pourvoyeur : le bassin


versant
Le bassin versant correspond à la superficie totale de l’aire
drainée (figure 3), par écoulement de surface (ruissellement
et cours d’eau) ou par écoulement souterrain (infiltration,
source sous lacustre). Le bassin versant réel (ou
hydrologique) peut être différent du bassin versant
topographique en contexte calcaire par exemple. L’influence
du bassin versant dépend du rapport entre sa superficie et
celle du lac.
L’influence du bassin versant sur le fonctionnement du
système limnologique s’exprime par ses caractères physiques,
climatiques et anthropiques :
 Les caractères physiques :
 Le relief dans bassin versant à fortes irrégularités
topographiques, les reliefs de type montagneux.
 La nature des roches affleurantes
 Le rapport entre la surface du bassin versant et la
surface du lac
 Les caractères climatiques :
 Régime hydrologique ; l’essentiel des matériaux est
apporté lors des crues.
 Cas de déficit hydrologique ; la plupart des lacs
évacuent leurs eaux d’une part au niveau de leur
exutoire dont l’altitude règle le niveau du lac, et
d’autre part par l’évaporation.
 Présence de glaciers ; l’importance de l’érosion
mécanique.
 Couvert végétale ; la densité du couvert végétale
conditionne la production sédimentaire, liées à
l’intensité des processus d’érosion.
 Les caractères anthropiques :
 Les espaces défrichés puis cultivés augmentent la
production sédimentaire donc la vitesse de
comblement des lacs.
 Les barrages édifiés sur les cours d’eau.
 Les effluents domestiques et miniers modifient la
composition des eaux du système

2. le rôle du sous système récepteur : le lac


Les caractères propres du lac conditionnent le
fonctionnement du système limnologique, mais en étroite
relation avec le bassin versant dont il constitue le récepteur.
 Bilan hydrique et temps de résidence de l’eau
Chaque lac possède son propre bilan hydrique, rapport entre
la somme des entrés et des sortie d’eau.
Le temps de résidence moyen des eaux est le rapport entre
de volume d’eau du lac et le volume des apports annuels : il
varie de quelque jours (petits lacs très alimentés), à plusieurs
centaines d’années.
 Composition chimique des eaux lacustres :
Elle dépend beaucoup du bassin versant (type de roches
affleurantes et d’érosion), du bilan hydrique et du temps de
résidence. La composition en ions majeurs (Ca2+ , Na+ , K+ ,
Cl- , SO42- , HCO3- et CO32-) reflète l’origine des apports du
bassin versant et atmosphériques aérosols).
 Mouvements de l’eau :
Un lac reçoit divers flux d’énergie : énergie thermique par le
soleil, énergie cinétique par les tributaires et le vent cette
énergie est redistribuée par l’eau dont le brassage assure les
échanges thermiques et la répartition des divers produits
(éléments dissous, oxygène, suspension, nutriments…) dans
la cuvette lacustre. Ces mouvements concourent de manière
fondamentale au fonctionnement du lac par la diffusion
d’énergie et de matières. Deux mouvements sont distingués :
 Mouvement liés au vent :
Les vents de forte intensité et de direction régulière peuvent
entrainer les eaux de surface à des vitesses de plusieurs cm.s-
1, engendrant des courants convectifs en profondeur. Le coté
du lac exposé au vent, subit un mouvement convectif en
profondeur. Le coté du lac exposé au vent, subit un
mouvement convectif descendant susceptible d’enrichir les
eaux profondes en oxygène. A l’opposé, un courant convectif
ascendant permet aux eaux froides riches en nutriments
d’atteindre la surface et d’y stimuler l’activité biologique.
 Mouvements liées aux variations de température :
La densité de l’eau varie en fonction de sa température ; elle
est maximale à 40°C. une stratification de l’eau s’établit
généralement en fonction de sa densité. En été ,deux strates
aux caractéristiques thermiques différentes se mettent en
place.
 Etat trophique du lac :
L’état trophique d’un lac reflète l’équilibre physique,
chimique et biologique de son écosystème et en particulier sa
capacité à dégrader la matière organique qu’il reçoit ou qu’il
produit. On distinguer classiquement deux états trophiques
du lac : les lacs oligotrophes et les lacs eutrophes distinct par
la quantité de nutriments et de matière organique, la
productivité biologique, le volume, la quantité de l’eau et
l’oxygénation.
La grande variabilité des facteurs interférant sur le
fonctionnement des lacs, fait de chacun d’entre eux un
écosystème limnologique unique. Cette extrême variabilité se
traduit aussi dans la sédimentation.

IV. Dynamique sédimentaire du milieu lacustre :


1. La sédimentation détritique :
Les matériaux apportés par les rivières se déposent dans un
lac selon une zonation concentrique assez théorique qui
dépend de l'hydrodynamisme: galets le long des rives, sables
dans les zones périphériques soumises à l'action des vagues,
vases dans le centre plus profond et plus calme. En fait la
distribution des matériaux dépend de la position des deltas
dans le lac.

Figure 3 : coupe schématique dans un lac oligotrope


On distingue 3 types de milieux dont les dépôts dépendent de
l'hydrodynamisme et de la nature des apports détritiques.
 les berges: dépôts grossiers (galets, sables); pour les
petits lacs dont l'hydrodynamisme est faible ou qui ne
reçoivent que des parties fines, dépôts fins bioturbés
(vases).
 les pentes et le fond: hydrodynamisme faible, absence
d'oxygène; vases laminées à bulles de méthane provenant
de la décomposition de la matière organique;
précipitation possible de carbonates; horizons sableux
dus à l'arrivée de turbidites. Les vases laminées peuvent
montrer une alternance de lamines claires et sombres
correspondant à une rythmicité annuelle: ce sont des
varves. Dans le Lac de Zurich, les lamines claires sont
carbonatées et se déposent l'été, les lamines sombres
détritiques se déposent l'hiver. Dans le Lac de Constance,
les lamines claires sont des turbidites sableuses mises en
place à la fin de l'hiver, les lamines sombres sont des
vases de décantation d'été.
 l'éventail deltaïque sous-lacustre: il comporte des
chenaux, des lobes, des levées; des glissements et des
courants de turbidité se déclenchent quand l'apport
détritique est important.

2. La sédimentation chimique et biochimique :


Sa nature dépend du climat, du chimisme de l'eau, de l'activité
organique. Sous climat froid, l'hydroxyde ferrique précipite en
pisolites, les frustules siliceuses de diatomées s'accumulent.
Sous climat tempéré, il y a surtout précipitation de carbonate
de calcium par mécanisme purement chimique ou par
l'intermédiaire des organismes (algues, cyanobactéries, plantes
supérieures, mollusques...) La calcite précipite en manchon
autour des plantes et entoure les clastes pour former des
oncolites qui peuvent s'accumuler en un sable calcaire. Les
débris carbonatés du phytoplancton constituent une vase
calcaire sur le fond. En climat humide et frais, la végétation
herbacée se décompose sur place en tourbe. Sous climat chaud
et humide, l'eau se stratifie et le fond devient anoxique. La
matière organique s'accumule en grande quantité et donne un
sapropèle (vase noire) ou un lignite (débris de matière
ligneuse). En climat sec, l'évaporation est forte et les sels
précipitent sur les berges (gypse, halite, silice...)
Les calcaires lacustres sont des travertins. Ils montrent
généralement des traces d'activité ou des débris organiques et
contiennent des détritiques siliceux. Les principaux faciès sont
les calcaires laminés, les calcaires micritiques massifs à
mollusques, à charophytes, à ostracodes. Sur les berges
temporairement émergées et dans les marécages se déposent
les calcaires palustres renfermant des traces de racines, des
restes de plantes aériennes, des fentes de dessication, des
indices de pédogénèse, des traces d'activité algaire
(stromatolites).

Figure 4: Milieux palustres et lacustres


3. Cas des sebkhas continentales :
Dans les régions où l'évaporation est importante (climat
aride), l'eau des lacs s'évapore en partie ou totalement
pendant la saison sèche. Le lac devient sursalé ou disparait en
laissant sa charge dissoute qui précipite sous forme
d'évaporites. Ces étendues salées sont des sebkhas; elles
occupent généralement des dépressions fermées
(endoréiques). Les sels sont mélangés à de nombreux
matériaux détritiques apportés par les rivières temporaires.
C'est le cas des chotts de la marge nord du Sahara, des lacs
salés du Désert Danakil (Afrique de l'Est), du Grand Lac Salé
d'Amérique du Nord.

4. Les sédiments lacustres anciens :


Leurs critères de reconnaissance sont les suivants:
 absence de faune marine; fossiles d'animaux
terrestres ou d'eau douce (Gastropodes pulmonés,
certains bivalves, poissons...); beaucoup de restes
végétaux.
 peu de figures sédimentaires d'origine
hydrodynamique à la différence du milieu marin
(pas de marée, action des vagues faible); traces
d'éxondation fréquentes.
 cortège évaporitique particulier quand la
composition chimique de l'eau est différente de
celle de la mer.
 traces fréquentes de paléo-altérations (croûtes
calcaires, paléosols).
 Parmi les sédiments lacustres ou palustres anciens,
citons en certains qui ont, ou qui ont eu, une
importance économique:
 les dépôts houillers du Stéphanien du Massif
Central (accumulation de végétaux dans des
marécages);
 les lignites du bassin lacustre tertiaire d'Aix en
Provence;
 les calcaires tertiaires de Brie et de Beauce;
 les "Marnes de Pointe Noire" du bassin côtier du
Congo: ce sont des argiles calcaires feuilletées d'âge
crétacé inférieur. Elles sont riches en pyrite et en
matière organique (de 6 à 20 %). La matière
organique est un sapropèle formé des débris d'une
algue lacustre du genreBotryococcus. Ce type de
sapropèle se forme actuellement au fond du Lac
Tanganyika. Ces marnes constituent la roche mère
du pétrole des gisements de la côte du Gabon,
Congo et Cabinda.

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