Bensouda Finances Publiques Et Souveraineté Des Etats
Bensouda Finances Publiques Et Souveraineté Des Etats
Bensouda Finances Publiques Et Souveraineté Des Etats
Rapport introductif
Noureddine BENSOUDA
L’État est dit souverain « parce qu’il a le monopole du véritable pouvoir qu’est le
pouvoir politique, c’est-à-dire le pouvoir de décider et le pouvoir de faire »1.
Ce qui nous intéresse dans la pensée de Jonas c’est le concept de responsabilité des
générations présentes vis-à-vis des générations futures, concept qui est à la base
des principes de développement durable sur lequel l’Etat doit veiller.
En principe, étant souverain, l’Etat n'est subordonné à aucune autorité qui lui est
supérieure, du fait qu’il dispose d’un monopole dans l’exercice de ses missions
fondamentales, comme la défense, la monnaie, la fiscalité, la justice, la police, la
diplomatie, ...
La souveraineté peut ainsi être politique, nationale, intérieure et extérieure pour les
spécialistes du droit. Elle peut être monétaire, budgétaire et fiscale pour les
économistes et les experts en finances publiques ; elle peut même être alimentaire
pour les organisations humanitaires.
Si « la souveraineté est la forme qui donne l’être à l'Etat »5, elle connait de plus en
plus des limites dues aux développements des relations politiques, économiques,
sociales, culturelles et juridiques, à l’adhésion à des zones de libre-échange (UE,
ALENA, Mercosur, UEMOA, ASEAN, …) et en raison de l’importance prise par certains
acteurs qui grignotent chaque jour la souveraineté de l’Etat.
Il apparait ainsi clairement qu’« aucun État ne peut évoluer sur la scène
internationale sans commercer, échanger, dialoguer, négocier, autant d'actions,
autant d'interactions qui bornent peu ou prou sa souveraineté »6.
Il s’agit à titre d’illustration pour les pays de la zone euro, de l’examen du budget des
pays de l’UE par la commission européenne, de la mission de battre monnaie qui est
maintenant exercée par la Banque Centrale Européenne (BCE), du règlement des
litiges commerciaux par l’organisation mondiale du commerce (OMC), des
conditionnalités imposées par le Fonds monétaire international (FMI), de l’application
du droit par le tribunal pénal international (TPI) et par la cour pénale internationale
(CPI), de l’appréciation du risque pays par des agences privées de notation, …
L’Etat est-il toujours en mesure d’assurer la sécurité et le bien-être dont les citoyens
lui ont confié les pouvoirs et d’assumer sa responsabilité vis-à-vis des générations
futures, face à la force de la mondialisation ?
En réalité, l’Etat ne peut pas se soustraire à ce que Max Weber appelait « les
antinomies de l’action historique », c’est-à-dire les contradictions inhérentes à toute
action politique. L’Etat est obligé de choisir entre plusieurs maux ; le principe de
responsabilité lui impose de « faire le choix du moindre mal en toute lucidité »8.
3
La souveraineté budgétaire est traitée en second lieu, afin de montrer quelles sont
les marges de manœuvre de l’Etat dans ce domaine et ce qu’il peut encore faire en
matière de rationalisation budgétaire.
De la même manière, les incitations fiscales octroyées par un Etat aux personnes
physiques et morales font l’objet de plus en plus d’une volonté de neutralisation par
l’autre Etat signataire de la convention qui refuse parfois de prévoir des dispositions
conventionnelles permettant de déduire de leur base d’imposition, l’impôt (fictif) qui
aurait dû être payé dans l’Etat qui accorde l’exonération.
4
Le but est que la fiscalité ne vienne pas affecter les règles de concurrence et des
échanges entre les Etats. Elle ne doit pas non plus servir à des fins de délocalisation
ou freiner la libre circulation des personnes et des capitaux.
Ce principe n’a pas empêché certains pays de l’OCDE de prévoir des impôts dans leur
droit fiscal interne (ex : exit tax) leur permettant de taxer les pensions du secteur
privé dans le pays d’origine où les personnes physiques ont exercé leur activité au
lieu du pays de résidence, considérant que la pension a été constituée dans le pays
où la personne a été active. Ils ont ainsi sacrifié la liberté des retraités sur l’autel de
la responsabilité vis-à-vis de la population active.
Par ailleurs, tous les Etats sont de plus en plus mobilisés pour lutter contre la fraude
et l’évasion fiscales internationales.
Les Etats ont constaté que les multinationales ne payaient que très peu ou pas
d’impôts, y compris dans des pays où elles réalisaient des bénéfices considérables.
En novembre 2015, les chefs d’Etat du G20 ont adopté définitivement le plan mis sur
pied par l’OCDE en matière de lutte contre l’évasion fiscale des multinationales,
baptisé BEPS pour « Base Erosion and Profit Shifting » (érosion de la base fiscale et
transfert des bénéfices).
Ils ont par la même occasion, encouragé les pays en développement à rejoindre ce
mouvement.
Ils ont réaffirmé leurs engagements sur la coopération entre administrations fiscales,
avec pour objectif de mettre en place des systèmes d'échange automatique
d'informations dès 2017, et au plus tard avant la fin 2018.
Ces Etats veulent lutter contre les stratégies de planification fiscale qui exploitent les
failles et les différences dans les règles fiscales, en vue de faire « disparaître » des
bénéfices à des fins fiscales ou de les transférer dans des pays ou territoires où
l’entreprise n’exerce guère d’activité réelle.
Les Etats réclament également, un partage équitable de l’impôt payé par les
multinationales du numérique, tels que Apple, Google, Facebook et autres géants
américains de l’Internet.
Entre 1983 et 1993, s’est ouverte une décennie marquée par la recherche de la
stabilisation du cadre macro-économique et par le désengagement progressif de
l'Etat au profit du secteur privé, la libéralisation du secteur financier et l’ouverture de
l’économie à travers la conclusion de plusieurs accords de libre-échange.
L’Etat était conscient qu’il ne pouvait compter que sur ses propres efforts et sur
ses propres ressources pour rétablir la soutenabilité budgétaire.
Il a fait des choix qui peuvent être rétrospectivement critiqués, mais qui ont permis
au pays d’avancer en s’appuyant sur les tendances de la pensée fiscale de l’époque,
influencée par Laffer et d’autres tenants de l’école néolibérale qui défendaient l’idée
de mieux d’Etat, avec une simplification de la fiscalité et une baisse de la pression
fiscale pour les entreprises et les ménages.
Les taux des impôts ont également baissé concomitamment avec une suppression ou
une réduction progressive des incitations fiscales.
Le taux de l’IS et de l’IR retenus à la source sur le montant des produits des actions,
parts sociales et revenus assimilés a été augmenté de 50%, passant de 10% à 15%
en 2013.
Le taux de l’impôt sur le revenu a été augmenté en 2013 de 20 à 25 et 30% sur les
profits fonciers selon la durée écoulée entre la date d’acquisition des biens
immeubles et celle de leur cession.
Il a augmenté en 2016 le taux de l’impôt sur les sociétés de 30 à 31% pour les
sociétés qui réalisent un bénéfice supérieur à 5 millions de dirhams.
On remarque donc qu’en matière de fiscalité, l’Etat agit selon deux courants
divergents. D’un côté, il doit mobiliser les ressources fiscales nécessaires pour le
financement de ses politiques publiques, alors que de l’autre, il use de l’instrument
fiscal pour accorder des incitations fiscales à plusieurs secteurs d’activités.
Or, dans ce domaine, être conscient et poser sans hésitation les vraies questions est
déjà un début de solution.
L’Etat doit s’inscrire dans une stratégie à long terme où la fiscalité doit jouer des
rôles clairs et structurels et non contradictoires et conjoncturels.
Etre responsable, c’est également avoir le courage d’assumer ses choix qui peuvent
ne pas correspondre aux intérêts sectoriels mais permettent d’assurer une sécurité
financière bénéficiant à tous les citoyens.
Il faut enfin être un acteur actif dans le cadre de la coopération fiscale internationale,
avec une présence soutenue dans les rencontres tenues à ce niveau à l’effet de
contribuer au processus de production de normes fiscales internationales afin de
limiter les pertes pour l’Etat.
7
Les pays en développement ne font que subir les décisions prises au niveau
international. Ils arrivent à faire entendre parfois leurs voix dans les organisations
internationales telles que l’ONU mais encore faut-il que ces Etats soient présents de
manière régulière pour que les principes directeurs au niveau de la fiscalité
internationale intègrent leurs intérêts.
II- La souveraineté budgétaire est de plus en plus encadrée par des règles
S’il est un domaine où les Etats doivent observer des règles c’est bien celui du
budget. En plus des règles, la prudence s’impose puisque par le budget, l’Etat agit
sur la vie des citoyens et doit leur assurer le bien-être, fondement du contrat social.
En effet, le budget est l'acte par lequel sont autorisés le prélèvement des recettes,
l’émission des dépenses et les sources de financement durant un exercice budgétaire
déterminé. Etant adopté par le parlement, le budget représente ainsi un acte de
souveraineté nationale.
Les principaux instruments budgétaires de l’Etat sont les dépenses, notamment les
transferts et les subventions, les impôts, les incitations et les exonérations fiscales,
ainsi que l’emprunt devenu nécessaire pour combler l’écart entre les recettes et les
dépenses.
En réalité, il s’avère que les Etats ne sont plus entièrement libres de leurs choix
budgétaires, c’est le cas par exemple des pays de l’Union européenne qui doivent se
conformer aux exigences de leur intégration régionale.
La politique budgétaire des Etats est également encadrée par des règles dictées par
les organisations internationales, tels que le FMI.
Il en est ainsi des contrôles exercés par le FMI dans le cadre de l’article IV de ses
statuts.
Ainsi, « il apparait […] clairement que le contrôle exercé par le FMI sur les politiques
budgétaires de ses membres se prête à une double lecture. En période normale ou
de croisière, il s’agit d’une simple surveillance à la connotation assez neutre. En
revanche, vienne une crise financière majeure nécessitant l’implication du FMI, et
alors elle se transforme en véritable tutelle »13.
Il en résulte que les pays membres surendettés qui se trouvent dans l’obligation de
recourir à son assistance perdent le libre choix tant de leurs dépenses publiques que
de leurs recettes.
Par exemple, face à la crise des dettes souveraines, des règles budgétaires ont été
instaurées afin d’amener les gouvernements, en les respectant, à suivre une
discipline budgétaire plus efficace nécessaire à l’assainissement des finances
publiques.
L’instauration de règles budgétaires a été fortement préconisée par le FMI, afin de lui
permettre de mieux contrôler les politiques budgétaires des États. Certaines règles
fixent en permanence ce que doit être la politique budgétaire (par exemple : le solde
ordinaire doit être positif, l’emprunt ne doit être utilisé que pour financer
l’investissement), alors que d’autres fixent une limite (le déficit ne doit pas dépasser
3% du PIB, la dette ne doit pas dépasser 60% du PIB).
Par exemple, dans le cadre des consultations au titre de l’article IV, le FMI a souvent
recommandé au Maroc :
D’ailleurs, c’est la mise en œuvre de ces recommandations qui vont permettre aux
pays d’aller emprunter sur le marché international.
L’Union Européenne par exemple, a exigé des pays qui ont perdu l’accès aux
marchés et lui ont demandé une aide financière, de s’engager dans la mise en œuvre
d’un mémorandum d’accord avec les membres de la Troïka (Commission
Européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international) et qu’il
soit validé par le parlement national du pays en question. « À travers ces
mémorandums d’accord, les autorités européennes pèsent sur les choix budgétaires,
économiques et sociaux nationaux. Il ne s’agit donc pas uniquement d’une obligation
de résultats, mais aussi d’une obligation de moyens, les mémorandums incluant une
énumération des mesures concrètes que l’État membre doit adopter. De plus, tout au
long de la mise en œuvre de son programme d’ajustement, l’État membre est soumis
à des évaluations trimestrielles » 23.
On constate ainsi que la souveraineté des Etats est plus limitée qu’il ne parait. Elle
l’est également du fait de l’intervention des agences de notation (Standard &
Poors, Fitch Ratings et Moody’s).
L’évaluation de la qualité de la dette des Etats par les agences de notation pose la
problématique de la souveraineté des Etats, car « nous sommes ainsi arrivés à une
situation originale où des organismes privés à but lucratif, notamment Standard and
Poor’s, Moody’s et Fitch Ratings, jugent sur des critères qu’ils décident eux-mêmes
de la capacité financière d’un Etat souverain »24.
10
La corrélation des dépenses avec les recettes constitue une culture qui devrait
dorénavant régir les comportements des décideurs et des gestionnaires des finances
publiques.
Là encore, nous observons que les Etats disposent d’une souveraineté relative. Le
référentiel comptable international IPSAS (International Public Sector Accounting
Standarts) devant être appliqué pour le secteur public et notamment les opérations
de l’Etat est davantage établi par les pays développés qui sont fortement présents
dans l’IPSAS Board par rapport aux autres pays qui ne font que suivre cette
mouvance internationale.
Il est clair que si la politique budgétaire doit être gérée avec responsabilité. Elle doit
aussi être coordonnée dans le cadre de la policy-mix avec la politique monétaire dans
la poursuite de la stabilité des prix.
La politique monétaire représente l'ensemble des moyens dont disposent les Etats à
travers les banques centrales pour agir sur l'activité économique par l'intermédiaire
de l'offre monétaire, en fixant les conditions de financement de l’économie.
A partir des années 90, les autorités marocaines ont assumé leur responsabilité par
la prise de la décision de réformer le système financier du pays, à travers une
politique monétaire axée sur la libéralisation financière, la régulation par les taux
d’intérêt et l’abandon des « mesures directes à caractère réglementaire et
contraignant »33.
13
Ainsi, les mesures de réforme entreprises ont permis la libéralisation des taux
d’intérêt et la suppression quasi-complète des emplois obligatoires des banques qui
« ont baissé de 53% à 3% à la fin des années 90 » 34.
Elles ont également permis la création d’un marché des adjudications où le Trésor
peut se financer aux conditions du marché, l’abandon des avances de Bank Al-
Maghrib à l’Etat, l’adoption en 2006 d’un statut accordant une plus grande autonomie
de la banque centrale, etc...
Enfin, les pouvoirs publics ont pris leurs responsabilités pour l’élaboration d’un
nouveau statut, qui est en cours d’adoption, pour mieux préciser les missions
dévolues à la banque centrale et lui accorder encore plus d’autonomie.
Dans le projet de statut de 201736, non encore adopté, il est stipulé de manière claire
que la banque définit et conduit la politique monétaire, que son objectif principal est
de maintenir la stabilité des prix, de mettre en œuvre la politique du taux de change
et de détenir et gérer les réserves de changes du pays.
La réforme du système financier marocain n’a toutefois pas été élargie au régime du
taux de change du dirham, qui reste encore déterminé par Bank Al-Maghrib de
manière fixe par rapport à un panier de devises constitué de l’euro et du dollar
américain.
L’adoption progressive d’un taux de change flottant du dirham par rapport aux autres
devises permettra la détermination par le marché de la valeur extérieure de la
monnaie nationale.
A travers tous ces développements, il apparait évident que les Etats sont
interdépendants. Nulle place pour l’égocentrisme et le repli sur soi. Continuer à
regarder vers l’intérieur et considérer que le monde extérieur existe dans une sorte
d’obscurité, comme l’a excellemment décrit le Prix Nobel de littérature 2001
Surajprasad NAIPAUL, constitue de notre point de vue une erreur méthodologique et
un refus d’admettre la réalité.
S’ajoute à tout cela, une toute autre réalité que les gouvernements doivent intégrer :
rien n’est tout à fait stable chez les humains, parce que comme le dit Luc FERRY « ce
sont des êtres libres, non programmés, par un logiciel naturel déterminant. Chez
eux tout est mouvant, changeant, problématique, car historique et culturel, non pas
figé et naturel »38.
Ce sont aussi des êtres qui ont leurs propres rationalités. Ils agissent, anticipent et
ont leurs propres opinions et intelligences.
Il s’agit, comme nous l’avons dit depuis le début, de ce dosage entre responsabilité
et liberté, un dosage savant et équilibré qui permet de sauvegarder une
souveraineté relative en matière de finances publiques et de définir le rôle
de l’Etat.
Le rôle de l’Etat a toujours fait l’objet de débats entre les tenants des différents
courants de pensée économique axés sur le choix entre l’Etat et les marchés, et ce
depuis Adam Smith et la main invisible, en passant par Keynes et la prédominance
de l’Etat dépensier, Milton Friedman et la consécration du rôle du marché et enfin,
l’Etat « pompier » intervenant pour juguler la crise économique et financière de
2008, née de la défaillance des marchés.
16
En ce début du XXIe siècle, marqué, comme nous l’avons dit, par la mondialisation,
la prédominance des marchés financiers et le numérique, « l’État ne disparaît pas,
mais il n’a plus les mains libres et ne contrôle plus les événements »41.
Cependant, « le besoin d’Etat n’a jamais été aussi pressant. On en appelle à l’Etat
pour amortir les chocs auxquels nous sommes confrontés en temps de crises. On en
appelle à l’Etat pour penser et faire vivre la cohésion sociale et territoriale. On en
appelle à l’Etat pour imprimer une direction forte aux politiques économiques,
écologiques et sociales les plus déterminantes pour notre avenir commun »42.
1- l'Etat doit accorder « la priorité à ses responsabilités particulières, celles que nulle
autre institution ne peut exercer à sa place. II s'agit d'abord des fonctions de
souveraineté (la justice, la sécurité, la défense, la diplomatie).
Ainsi, et sauf cas exceptionnels, l'Etat doit laisser les entreprises prendre en charge
les activités de production de biens ou de services ; activités qu’elles accomplissent
dans de meilleures conditions que les services publics.
2- l’Etat doit veiller à la cohérence des normes de droit, à travers l’édiction de règles
de droit claires et lisibles par tous, tout en essayant dans la mesure du possible de
les concilier avec les multiples autres sources de droit, internationales ou locales,
professionnelles ou contractuelles. Il doit surtout veiller à leur application.
3- l’Etat doit tendre à devenir stratège. Il ne doit pas limiter son action à la gestion
des crises, dans l'ordre ou elles surviennent ou que l'urgence impose, étant entendu
que « quand c'est urgent, c'est déjà trop tard »43.
Comme l’a si bien relevé Hubert Védrine, ancien ministre français des affaires
étrangères, « l’État de demain ne doit pas être simplement un pompier, pas
simplement employeur ou social ou emprunteur, propriétaire, gestionnaire, et
souvent mauvais gestionnaire. Il doit bien sûr être un État prévoyant, un État
protecteur, ce qui ne veut pas dire protectionniste, un État régulateur, un État
actionnaire cohérent et constant. […] C’est bien autour de ces notions que se
construit la notion d’État stratège. Nous pensons et nous fonctionnons en mode
court-termiste, que ce soit en termes de marché, ou en termes politiques, qu’il
s’agisse des temps électoraux ou du temps des sondages. Il y a donc un
antagonisme de fond constant entre la notion de stratégie à long terme et
nos modes de fonctionnement à court terme »44.
Mais, le rôle de l’Etat ne pourra guère être rempli sans finances publiques saines.
17
Les pays qui ne parviennent pas à mobiliser pleinement le potentiel fiscal encourent
le risque de surendettement et de perte de l’accès aux marchés financiers, car « la
souveraineté s’arrête là où cesse la solvabilité »45.
Les responsables des politiques fiscale, budgétaire et monétaire n’ont de choix que
de développer la curiosité pour autrui, cette volonté constante d’élargir l’horizon46
c’est-à-dire posséder au plus haut degré ce que Kant nomme « la pensée élargie ».
20
Rapport du FMI relatif aux consultations au titre de l’article IV, février 2016, p.13
21
Idem, p.13
22
Rapport du FMI de 2010 op.cit. p.4
23
Sofia Fernandes, Qui gouverne dans la zone euro : « Bruxelles » ou les États ?, Notre
Europe – Institut Jacques Delors, Policy paper 111, 15 mai 2014, 30p, p.6
24
Michel Dévoluy, Dérégulation financière et dettes publiques, Bulletin de l’Observatoire des
politiques économiques en Eurpoe, n° 28, Eté 2013, p.19
25
Michel Bouvier, « Les collectivités locales : initiatrices et partenaires d’une nouvelle
gouvernance financière publique », Revue française de finances publiques, n° 95, septembre
2006, p.3
26
Franck Waserman, les doctrines financières publiques en France au XIXème siècle,
emprunts économiques et empreinte juridique, préface de Michel Bouvier, L.G.D.J. lextenso
éditions, Paris 2012, 415p., p. 343 à 384.
27
Noureddine Bensouda, Les finances de l’Etat au Maroc, entre l’ambition, la prévision et
l’exécution, colloque international sur les finances publiques : « la transparence des finances
publiques vers un nouveau modèle », 7 et 8 septembre 2012.
28
Noureddine BENSOUDA, La réforme des finances publiques : de la logique juridique vers la
logique gestionnaire, Ecole Nationale d’Administration, Rabat, le 21 mai 2014, Maroc, 16p.
p.10.
29
Idem p. 13 et 14.
30
Jean Messiha, Souveraineté et zone monétaire optimale : construit, coïncidence ou
causalité ?, 13p, p.5
31
Franc CFA signifie franc de la communauté financière d'Afrique pour les pays membres de
l'UEMOA, et franc de la coopération financière en Afrique centrale pour les pays membres de
la CEMAC.
32
M’hamed Sagou, «les politiques macroéconomiques : les politiques budgétaires et
monétaires au Maroc depuis cinquante ans et perspectives pour les vingt prochaines
années». Contribution au rapport sur les « 50 ans de développement humain au Maroc et
perspectives pour 2025» paru en 2006, pp.305-375, p.337
33
Idem p.309
34
Idem p.350
35
www.BKAM.ma
36
Projet de loi 40-17 portant statut de Bank Al Maghrib.
37
Luc FERRY, 7 façons d’être heureux ou les paradoxes du bonheur, XO éditions, France
2016, 237p. p.168
38
Luc FERRY, op. cit. p.67
39
Le Cercle des économistes, Actes des rencontres économiques d’Aix-en-Province 2011, Le
monde dans tous ses Etats, p.11
40
Idem, p.11
41
Samy Cohen, Les États face aux « nouveaux acteurs », 12p. p.1
42
Jean-Marc Sauvé, vice-président du Conseil d’Etat, « Où va l’Etat ? », », Cycle de
conférences du Conseil d’Etat, Mercredi 16 octobre 2013, 8p, p.4
43
Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, ancien ministre des affaires étrangères et du
développement international de la république française (1754-1838)
44
Hubert Védrine, Sine qua non pour des États stratèges, Le cercle des économistes, op. cit.
p.18
45
Sofia Fernandes, op. cit. p.6
46
Idem p. 160 et 161
47
Idem p. 167
48
Luc FERRY, op. cit. p.166 et 167