Cours D'énergie Solaire Photovoltaique M.Thoffo PDF

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République du Cameroun Republic of Cameroon

**** ****
Paix – Travail – Patrie Peace – Work – Fatherland
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Ministère de l‟Enseignement Supérieur Ministry of Higher Education
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Université de Maroua The University of Maroua
**** B.P./P.O. Box: 46 Maroua ****
Institut Supérieur du Sahel Tel. (+237) 22 62 08 90/22 62 03 76 The Higher Institute of the Sahel
**** Fax: (+237) 22 29 15 41/22 29 31 12 ****
Département des Energies Renouvelables Email: [email protected] Department of Renewable Energies
**** Site: http://www.uni-maroua.citi.cm ****

Intitulé de l’UE :

Energie Solaire Photovoltaïque

Niveau : Licence III

Option : Solaire

Durée : 45 heures

Année académique : 2011/2012

Responsables : Dr HAMAN DJALO & M. TCHOFFO HOUDJI Etienne

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INTRODUCTION
L‟énergie photovoltaïque désigne la transformation d‟une source d‟énergie lumineuse en
électricité et son utilisation. Elle est à distinguer de l‟énergie solaire thermique, qui est une autre
technique destinée au chauffage de l‟eau ou de l‟air par conversion directe de l‟énergie solaire en
calories à l‟aide de capteurs plans. Renouvelable, cette énergie photovoltaïque respecte notre
environnement en réduisant les émissions des gaz à effet de serre (elle n‟en émet aucun lors de son
utilisation ; cependant la fabrication des composants des systèmes photovoltaïques peut en produire).

Les cellules solaires et modules photovoltaïques sont des composants de conversion d‟énergie
qui produisent de l‟électricité lorsqu‟ils sont exposés à la lumière. On parle généralement d‟énergie
solaire photovoltaïque, car le soleil est la source lumineuse la plus utilisée, et la plupart des
applications sont en plein air. Mais certains préfèrent l‟expression énergie lumière, pour insister sur le
fait que toute source de lumière, même artificielle (ampoules, tubes fluorescents…), peut générer de
l‟électricité à travers une cellule solaire. L‟originalité de l‟énergie photovoltaïque telle qu‟on l‟entend
ici est de transformer directement la lumière solaire en électricité. Et quand on sait que l‟apport
énergétique solaire total sur la planète est de plusieurs milliers de fois supérieur à notre consommation
globale d‟énergie, on comprend tout l‟intérêt d‟une telle démarche.

Actuellement le champ d'application des systèmes photovoltaïque s'est étendu : éclairage,


pompage d'eau, télécommunication, réfrigération, etc. Cette diversification est surtout liée à la baisse
des prix des modules photovoltaïques.
Divers auteurs ont montré le rôle que peut jouer l'électricité solaire dans le développement
rural dans les pays en Développement. Pour les zones rurales et isolées la solution photovoltaïque
s'impose dès à présent comme une alternative énergétique rationnelle pour l'électrification dans les
pays en Développement ou Développés.
Cependant dans les pays "du sud", le potentiel de l'électricité solaire est encore mal connu et
reconnu par les responsables et le grand public. La contribution de ces pays se limitant la plupart du
temps à la consommation pure et simple de produits "tout prêt". L'augmentation du prix de l'énergie
traditionnelle et les problèmes de pollution militent en faveur de l'électricité solaire photovoltaïque qui
est une énergie propre.
Disposant généralement d'un bon ensoleillement, les pays en Développement doivent
envisager la conversion photovoltaïque de l'énergie solaire comme une voie possible pour
l'alimentation en électricité des zones rurales. L'énergie photovoltaïque en particulier, les énergies
renouvelables en générale utilisant des flux d'énergies d'origines naturelles, inépuisables et disponibles

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localement sont appelées à prendre une part importante dans le bilan énergétique de nos pays en
Développement.

Ce cours décrit les concepts de base de l‟énergie solaire et de la production d‟électricité grâce
à l‟effet photovoltaïque. Les principaux éléments du système photovoltaïque et les différents types de
systèmes photovoltaïques sont étudiés.

Pour conclure cette introduction, voici quelques détails de terminologie :

Cellule solaire et photopile sont des termes équivalents qui désignent généralement des capteurs de
petite taille, utilisés soit tels quels, soit en assemblage dans un panneau solaire, ou module
photovoltaïque. Ces deux derniers termes, équivalents quand on parle d‟énergie solaire électrique,
désignent un capteur de plus grande taille et donc de puissance supérieure aux photopiles. Il y a
également derrière les mots panneaux et modules, la notion d‟emploi en extérieur de produits plus
complets, avec un cadre, un câble… qu‟il n‟y a pas dans une photopile.

Photogénérateur : il regroupe l‟ensemble de ces composants d‟énergie lumière en électricité.

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Plan du cours

Introduction

Chapitre 1 : L’énergie du soleil

Chapitre 2 : L’effet photovoltaïque et la cellule solaire

Chapitre 3 : Les modules photovoltaïques

Chapitre 4 : Les systèmes photovoltaïques

Chapitre 5 : les applications de l’énergie photovoltaïque

Références bibliographique
1- Anne LABOURET et al. « Energie solaire photovoltaïque ». 2ème édition, Dunod 2005.
2- Anne LABOURET et al. « Cellules solaires : les bases de l’énergie photovoltaïque ». Editions
techniques et Scientifiques Françaises (ETSF). 5ème édition 2010.
3- Antoine LUQUE et al. «Handbook of Photovoltaic Science and Engineering». John Wiley &
sons England, 2009.
4- Stuart R. WENHAM et al. « Applied Photovoltaics». Eartscan, UK, 2007
5- Soteris A. KALOGIROU. « Solar Energy Engineering: Processes and systems ». Elsevier,
2009.
6- Zacharie KOALAGA. « Energie Solaire Photovoltaïque: Cours Master spécialisé Génie
Energétique ». 2iE (Institut International d‟Ingénierie de l‟Eau et de l‟Environnement),
Ouagadougou, 2010.
7- Alain RICAUD. Le gisement solaire. Cythelia sarl, 2009.
8- Stephen FONASH. «Solar cell Device Physics». 2nd edition, Elsevier, 2010.
9- Jimmy Roger et al. « Le pompage Photovoltaïque : Manuel de cours à l’intention des
ingénieurs et des techniciens ». IEPF (Institut de l‟Énergie des Pays ayant en commun l‟usage
du Français), Québec, 1998.

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Thèmes de TPE
(Travaux Personnels Encadrés ou Travaux Personnels de l‟Etudiant)

1- Techniques de mesure et de modélisation du rayonnement solaire.


2- Etapes de fabrication d‟un panneau solaire photovoltaïque.
3- Facteurs influençant le rendement d‟un panneau solaire photovoltaïque
(Ou les limites théoriques et technologiques de la conversion photovoltaïque).
4- Les types de cellules solaires photovoltaïques : Etude comparative des caractéristiques
physiques et électriques.
5- Les appareils de mesure utilisés dans le solaire et leurs calibrations.
6- Les batteries de stockage d‟énergie solaire photovoltaïque.
Autre option : Donner les applications du chapitre 5 sous forme de TPE

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Chapitre 1 : L’énergie du soleil
L'électricité solaire photovoltaïque est basée sur la transformation énergétique du rayonnement
solaire, la ressource la mieux partagée au monde. Il est donc indispensable de connaître ses
caractéristiques essentielles et d'évaluer son niveau de disponibilité en fonction de divers paramètres (
lieu, saison, heures etc.. ).

1- Géométrie Terre – Soleil


Le soleil est une sphère gazeuse d'hydrogène et d'hélium, son diamètre est 1.391.000 de km, soit
110 fois celui de la Terre. La distance Terre-Soleil est de 150 millions de km, soit 500 fois la distance de la
Terre à la Lune. La densité moyenne du soleil est de 1,41 mais elle est de 100 au centre, avec une
température de 10 millions de degrés. L'énergie solaire vient de la réaction de fusion thermonucléaire qui
transforme l'hydrogène en hélium : la puissance contenue dans le rayonnement solaire est de 3,86 1026
W~ pour une consommation annuelle de 2 10 19 kg par an. La durée de vie estimée du Soleil est d‟environ
5 milliards d‟années.
1.1- Mouvements de la Terre
La trajectoire de la Terre (considérée comme une sphère à peu près parfaite) autour du Soleil est une
ellipse dont le Soleil est l‟un des foyers. Le plan de cette ellipse est appelé l‟écliptique. L‟excentricité de
cette ellipse est faible ce qui fait que la distance Terre/Soleil ne varie que de ±1,7% par rapport à la
distance moyenne qui est de 149 675 106 km.
La Terre tourne également sur elle-même autour d‟un axe appelé l‟axe des pôles. Le plan
perpendiculaire à l‟axe des pôles et passant par le centre de la Terre est appelé l‟équateur. L‟axe des pôles
n‟est pas perpendiculaire à l‟écliptique : l‟équateur et l‟écliptique font entre eux un angle appelé
inclinaison et qui vaut 23°27‟. Les mouvements de la Terre autour de son axe et autour du Soleil sont
schématisés sur la figure 1.1.

Figure 1.1 : Schématisation des mouvements de la Terre autour du Soleil

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Le rayonnement solaire divise le globe en deux zones, l'une éclairée, l'autre obscure, séparées par un
grand cercle, le cercle d'illumination. La rotation de la terre sur elle même amène un point de sa
surface à traverser alternativement ces deux zones produisant pour l'observateur local la succession
des jours et des nuits.

On appelle déclinaison δ l‟angle formé par la direction du Soleil avec le plan équatorial
terrestre. Elle varie au cours de l‟année entre -23,45° et +23,45°. Elle est nulle aux équinoxes (21 mars
et 21 septembre), maximale au solstice d‟été (21 juin) et minimale au solstice d‟hiver (21 décembre).
La valeur de la déclinaison peut être calculée par la relation :

δ = 23,45° sin[0,980° (j+ 284)] ou

Où j est le numéro du jour de l‟année.

1.2- Mouvement apparent du Soleil


Pour un observateur situé en un point P de la surface terrestre, on observe, par ciel claire le
mouvement apparent du soleil qui semble décrire un arc de cercle au dessus de l'horizon. La
trajectoire apparente du soleil dépend à la fois de la latitude et de la longitude du point P. (La latitude
est la distance angulaire d‟un point quelconque du globe par rapport à l‟équateur (de 0 à 90° dans
l‟hémisphère nord). La longitude est également un angle donné par rapport au méridien de Greenwich
(arc de cercle passant par les deux pôles et la ville de Greenwich en Angleterre) en se déplaçant vers
l‟Est).

La position du soleil est définie par deux angles : sa hauteur angulaire h (c‟est l‟angle entre la
direction du soleil et le plan horizontal du lieu) et son azimut (c‟est l‟angle entre le méridien du lieu
et le plan vertical passant par le soleil, compté négativement vers l‟est)

Figure 1.2: Définition des positions du Soleil


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 Détermination de la hauteur angulaire du Soleil

En fonction de la saison, un capteur plan horizontal situé à la latitude , verra le rayonnement solaire
sous un angle h à midi solaire. h est donné par la relation suivante : h = 90° - + δ où δ est la
déclinaison au jour considéré (angle entre l'axe des pôles et le cercle d'illumination)

Figure 1.3 : Hauteur angulaire du soleil au cours des saisons


Exemple : pour Ouagadougou à 12° N environ, on a : h = 101° au solstice d'été ( 22 Juin )
h = 78° aux équinoxes ( 21 Mars - 23 septembre )
h = 55° au solstice d'hiver ( 23 Décembre )
Pour Maroua ;;;;;;;;;

La figure ci-dessous donne les trajectoires décrites par le Soleil pour la ville de Genève. On peut y lire
la hauteur et l‟azimut du Soleil pour un instant quelconque de l‟année.

Figure 1.4 : Trajectoire du soleil à Genève (lat.46°12‟ N, long.6°09‟E)

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On peut aussi repérer le soleil par son angle horaire ω : C‟est le déplacement angulaire du soleil à
l‟Est ou à l‟Ouest du méridien local dû à la rotation de la terre autour de son axe (15° par heure).
Le matin est compté négativement et l‟après midi positivement. L‟angle horaire est exprimé
comme suit :

La méthode de calcul de l‟heure solaire est exposée dans le cours de solaire thermique.

2- Nature et caractéristiques du rayonnement solaire

2.1- Nature du rayonnement solaire

Le rayonnement solaire est un rayonnement électromagnétique compris dans une bande de longueur
d'onde variant de 0,22 à 10μm. L'énergie associée à ce rayonnement solaire se décompose
approximativement comme suit :
- 8 % dans l'ultraviolet ( 0,2- 0,4μm),
- 48 % dans le spectre visible ( 0,4 - 2μm),
- 37 % dans le proche infrarouge ( 0,8 -2μm).
La constante solaire est la densité d‟énergie solaire qui atteint la frontière externe de l‟atmosphère
faisant face au Soleil. Sa valeur est communément prise égale à 1 360 W/m2 (bien qu‟elle varie de
quelques % dans l‟année à cause des légères variations de la distance Terre-Soleil).
Remarque : Le watt par m2 (W/m2) est l‟unité la plus utilisée pour quantifier le rayonnement solaire.
C‟est un flux, une puissance par unité de surface. 1 W/m2 est aussi égal à 1 Joule par seconde et par
m2 puisque 1 W = 1 J/s. Ici l‟énergie est électromagnétique, mais les unités sont les mêmes que pour
une énergie électrique.
Lors de la traversée de l‟atmosphère, l‟éclairement de 1 360 W/m2 subit des déperditions, du
fait de son absorption partielle par les gaz atmosphériques et la vapeur d‟eau. Ainsi, le flux reçu sur la
Terre est inférieur au flux « initial » et dépend de l‟angle d‟incidence, et donc de l‟épaisseur
d‟atmosphère traversée. En effet, si l‟on fait face au Soleil, on le voit à une certaine hauteur, qu‟on
appelle hauteur apparente (la hauteur angulaire : C‟est l‟angle h entre le plan horizontal situé sous
nos pieds et une droite pointée vers le Soleil). Cet angle h détermine la distance parcourue par le
soleil à travers l‟atmosphère et donc les pertes engendrées.
On appelle masse d’air ou Air Mass noté m ou AM, le rapport entre l‟épaisseur d‟atmosphère
traversée par le rayonnement direct pour atteindre le sol et l‟épaisseur traversée à la verticale du lieu.
Il se calcule par la relation

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Figure 1.5 : Définition de l‟Air Mass
Les conditions normalisées de test des panneaux solaires correspondent à un rayonnement
instantané de 1 000 W/m2, un spectre solaire AM 1,5 et 25 °C de température ambiante. Ces
conditions sont appelées STC (Standard Test Conditions). La figure ci-dessous montre ce spectre AM
1,5 normalisé : les « trous » que l‟on observe correspondent aux absorptions par les gaz de
l‟atmosphère. Cela correspond à un ensoleillement assez fort, soleil au Zénith (au plus haut de sa
course soit AM1), ciel parfaitement dégagé.
AM0 : hors atmosphère
AM1,5 : une atmosphère traversée avec un angle de 45° ou 1,5 atmosphère verticalement.

Figure 1.6: Spectre énergétique du rayonnement solaire AM1,5 normalisé

2.2- Caractéristiques du rayonnement solaire

2.2.1- Définitions
Le flux énergétique est l‟énergie totale transportée par un rayonnement par unité de temps. Notation :
Φ ; unité le watt (W)

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L’éclairement ou irradiance est le flux (puissance) de rayonnement reçu par unité de surface.
Notation : E ; unité : W/m²
L’irradiation ou ensoleillement ou rayonnement est l‟énergie reçue par une surface. Notation : Hou
G ; unité: J/m² ou kWh/m² (usuel)
Remarque :
L‟éclairement instantané n‟est pas très utile, on se servira plutôt de valeurs globales intégrées
sur une journée pour chiffrer l‟énergie récupérable.
Il faut bien distinguer le rayonnement instantané (en W/m2), appelé aussi éclairement, qui
est un flux lumineux reçu à un moment donné, et le rayonnement intégré (ou cumulé) (en Wh/m2 ou
kWh/m2), qui est l‟énergie totale disponible pendant un certain temps. En général, cette période de
base est de 24 h : on parle alors de Wh/m2·jour (watts-heure par m2 et par jour). On obtient cette
énergie globale en multipliant le rayonnement instantané par le temps. Pour un rayonnement variable,
c‟est l‟intégrale du rayonnement sur le temps considéré.

2.2.2- Le niveau du rayonnement solaire


Hors atmosphère, la puissance moyenne du rayonnement reçue est d'environ 1360 W/m². Elle
est dite constante solaire. Cependant elle varie légèrement au cours de l'année, suivant les variations
de la distance terre-soleil (+/- 3%).
Au sol, la puissance reçue varie de 0 à 1 kW/m² environ. Cette variation est due aux éléments
suivants:
- atténuation atmosphérique (nuages, brouillard, aérosols)
- cycles diurne et saisonnier dus au mouvement de la terre autour du soleil et de sa rotation propre.

2.2.3- L'insolation
C'est la durée effective pendant laquelle le soleil a brillé (éclairement supérieur à un seuil).
Elle est exprimée en heures et dixième d'heures. On la mesure à l'aide d'un héliographe.
Actuellement on utilise des héliographes automatiques constitués de cellules photovoltaïques
disposées sur une bande cylindrique dont l'axe est perpendiculaire au plan de la trajectoire apparente
du soleil. Un dispositif électrique totalise les intervalles de temps d'ensoleillement.

2.2.4- Mesure du rayonnement solaire


Au niveau du sol, le rayonnement global (G) reçu par une surface plane d'orientation et
d'inclinaison quelconque est constitué de 3 composantes principales (voir figure 2 ci-dessous):
* Le rayonnement direct (I) :

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C'est l'éclairement reçu par une surface réceptrice normale aux rayons solaires. C'est le
rayonnement issu directement du soleil. La mesure de cette composante est effectuée avec un
pyrhéliomètre. Pour un plan faisant un angle quelconque avec la direction du soleil, il faut tenir
compte de l'effet cosinus.
En effet, lorsqu‟on considère le rayonnement direct, on appelle rayonnement direct normal le
rayonnement direct mesuré perpendiculairement aux rayons du soleil. Mesuré selon un plan non
perpendiculaire, le même rayonnement irradie une plus grande surface, il est donc moins intense ; on
l‟appelle l’effet cosinus.

* Le rayonnement diffus (D)


C'est l'éclairement provenant de tout objet irradié:
- de la voûte céleste, par ciel très claire. C'est le résultat de la diffusion de Rayleigh par les molécules
- des aérosols
- des nuages, cette diffusion dépend de la texture de la couche nuageuse
- du sol, indirectement, par double diffusion, sol-nuage-sol.
(la diffusion est le phénomène qui repartit un faisceau parallèle en une multitude de faisceaux partant
dans toutes les directions)

*Le rayonnement solaire réfléchi par le sol est appelé Albédo du sol.
Cet albédo peut être important lorsque le sol est particulièrement réfléchissant (eau, neige). Il
dépend donc de l‟environnement du site.

Figure 1.7 : Irradiation solaire totale et ses composantes


Le rayonnement diffus est mesuré à l'aide d'un pyranomètre muni d'un dispositif d'occultation du
rayonnement direct. Pour une inclinaison quelconque, il faut tenir compte de la proportion du ciel qui
est vue par le plan considéré.

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La superposition de ces trois composantes donne le rayonnement Global G. Il peut être mesuré par
pyranomètre.

3- Facteurs influençant la disponibilité de l’énergie solaire


L'intensité du rayonnement reçu est fonction de plusieurs facteurs:
- de l‟orientation et l‟inclinaison de la surface c'est-à-dire de l'orientation du plan: par rapport à
l'horizontal et par rapport au sud (hémisphère nord),
- de la latitude du lieu et son degré de pollution,
- de la période de l‟année,
- des conditions météorologiques (nébulosité, poussières, humidité,....),
- de l‟instant considéré dans la journée.
La combinaison de tous ces paramètres produit la variabilité dans l'espace et le temps de l'irradiation
journalière. Des cartes météorologiques sont établies et nous renseignent sur l‟irradiation moyenne. La
figure 1.8 ci-dessous donne l‟irradiation moyenne annuelle de toutes les régions du monde.

Figure 1.8 : Irradiation moyenne annuelle de toutes les régions du monde.


Etudions la variation de l'irradiation journalière en fonction de quelques paramètres.

3.1 - Variation saisonnière de l'irradiation journalière


L'irradiation journalière reçue sur un plan incliné suivant la latitude du lieu varie en fonction
de la saison comme indique sur les figures 1.9 (a, b et c) représentées ci-dessous. Cette variation est

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liée directement à la déclinaison solaire. L‟intensité maximale (à midi) et la quantité totale de
rayonnement solaire (G) sur un plan horizontal diminuent à mesure qu‟augmente la latitude.

Figure 1.9 : Variation de l'irradiation mensuelle en fonction de la saison pour différentes latitudes

3.2- Variation de l’irradiation journalière reçue en fonction de l’inclinaison du plan et de la


saison
A partir des courbes de la figure 1.10 ci-dessous, il est possible de privilégier l‟utilisation à
telle ou telle période de l‟année en choisissant l‟inclinaison du plan récepteur. En moyenne, sur une
année, l'énergie maximum récupérée sera obtenue pour une inclinaison égale à la latitude avec une
orientation vers l‟équateur.

Figure 1.10 : Effet de l‟inclinaison sur le rayonnement, de mois en mois, à 45° de latitude
3.3- Variation de l’irradiation journalière reçue en fonction des conditions météorologiques
Les courbes de la figure 1.11 ci-dessous donnent les variations par heure de l‟irradiation en fonction
de la saison et de l‟état de couverture nuageuse du ciel.

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Figure 1.11: Courbes d‟ensoleillement typique par heure (latitude 45°)
Remarque : L'irradiation journalière reçue pour une journée ensoleillée est donnée par la formule :
( en Wh/m2)

= éclairement énergétique maximum à midi solaire (en W/m2)


Δt = durée du jour ( en h )
Ce résultat dérive du calcul d'intégrale en approchant la courbe G (t) à une portion de sinusoïde sur la
journée

4- Estimation de l’énergie disponible


En général, les plans de captation du rayonnement sont inclinés par rapport au plan horizontal.
L‟Organisation mondiale de la météorologie publie des cartes à l‟échelle mondiale le plus souvent
pour un plan horizontal. En utilisant des données de rayonnement global sur un plan horizontal, il est
possible de déterminer le rayonnement global pour une surface inclinée d‟un angle ø par rapport à
l‟horizontale. Pour le faire de façon rigoureuse, il faut déterminer le rayonnement solaire diffus et
direct et l‟angle de déclinaison (d) du Soleil. On utilise l‟équation suivante (N.B.: Ne tient pas compte
de la réflexion solaire des environs immédiats) :


Hs est le rayonnement direct sur une surface horizontale,
HD est le rayonnement diffus sur une surface horizontale,
est la latitude du site,
ø est l‟angle d‟inclinaison du capteur,
+ est la déclinaison du Soleil dans l‟hémisphère nord,
- est la déclinaison du Soleil dans l‟hémisphère sud.

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Le rayonnement global sur une surface inclinée est obtenu en multipliant les données sur le
rayonnement global sur un plan horizontal par les facteurs d‟inclinaison FT
E incliné = E horizontal * facteur d'inclinaison
Note : facteur d‟inclinaison est fourni pour les latitudes de 0° à 50° de latitude N et 0 à -50° de
latitude S, pour les angles d‟inclinaison de 15° à 65°par rapport à l‟horizon.

Remarque
Sur Internet on trouve aussi des bases de données de rayonnement solaire, par exemple en
complément des logiciels de dimensionnement comme PVSYST, ARCHELIOS, ou METEONORM.
Ces derniers nécessitent un abonnement payant, mais pas le Canadien RETSCREEN, et la base
européenne SATEL-LIGHT, accessibles à tous.

5- Les sources de lumière artificielles


En parlant d‟énergie photovoltaïque, on parle aussi d‟énergie lumière. Cela signifiant que toute
lumière peut être convertie en électricité. Le soleil n‟est donc pas la seule source d‟énergie lumière.
Les photopiles sous de lumière artificielle fonctionnent exactement comme des panneaux exposés au
soleil, à ceci près que les flux lumineux étant généralement moins intenses, les puissances générées
sont plus modestes. Flammes, lampes et faisceaux en tout genre sont sources de lumière, dont
l‟énergie peut être convertie par les photogénérateurs.
Nous savons que la lumière du soleil se décompose en couleurs, c‟est-à-dire en longueurs d‟onde. Il
en est de même pour les sources artificielles.
Généralement blanches pour le confort de l‟utilisateur, elles se différencient entre elles par leur
spectre (répartition en longueurs d‟onde).
En fait, il existe 4 types de sources de lumière artificielles :
•les sources thermiques utilisent la chaleur pour émettre un rayonnement : lampes à incandescence
classiques, lampes halogènes, flammes, bougies… Leur spectre est dit « continu » car l‟émission est
assez voisine d‟une longueur d‟onde à l‟autre.
•les sources à décharge dans un gaz ionisé ont un spectre présentant de nombreux « trous », dans
lesquels aucune énergie lumineuse n‟est émise (spectre discontinu). C‟est le cas notamment des
lampes à vapeur de mercure ;
•les sources à spectre combiné sont des sources à décharge électrique modifiées qui combinent
spectre continu et spectre discontinu. C‟est le cas des tubes fluorescents;

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Figure 1.12: Spectre d‟un tube fluorescent type Warm white
•les sources à spectre de raies, comme les lasers ou les diodes lasers, n‟émettent que dans quelques
longueurs d‟onde, et avec un filtre, on arrive à en faire des sources monochromatiques (c‟est-à-dire à
une seule couleur ou longueur d‟onde).

Mesures d’éclairement d’une source artificielle


Quand il s‟agit de lumière artificielle, on utilise plus généralement le « lux ». Le lux, ou éclairement
perceptible par l‟œil, représente donc le flux lumineux d‟une source qui est contenu dans la gamme
380-780 nm de notre œil, selon la courbe pointillée de la figure ci-dessous .

Figure : Réponse spectrale des photopiles et sensibilité de l‟œil humain

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Cette unité peut également servir pour le rayonnement global solaire, voici les principaux ordres de
grandeurs :
– 10 lux = pénombre ;
– 100 lux = minimum de visibilité pour lire un texte normal ;
– 1 000 lux = local très bien éclairé (au voisinage d‟une fenêtre) ;
– 10 000 lux = temps extérieur moyen ;
– 20 000 lux = éclairage artificiel intense (à proximité d‟une lampe halogène 50 W par
exemple) ;
– 100 000 lux = temps extérieur très ensoleillé.
La figure 1.13 visualise ces niveaux d‟éclairement.

Figure 1.13 : Pictogrammes d‟éclairement


L‟éclairement en lux s‟évalue à l‟aide d’un luxmètre, dans lequel l‟élément essentiel est une
photodiode dont la sensibilité spectrale coïncide avec celle de l‟œil moyen.
Correspondance entre les lux et les watts/m2 ?
Il est impossible de la déterminer sans connaître le spectre de la source. En effet, un flux de 1 000
W/m2 peut ne contenir aucun lux s‟il s‟agit, par exemple, d‟infrarouge lointain hors de la zone visible
380-780 nm. Ces mêmes 1 000 W/m2, s‟ils proviennent du soleil, selon le spectre normalisé AM 1,5 à
25 °C contiennent entre 100 000 et 112 600 lux selon le mode de calcul.
Remarque : Instruments de mesure
L’héliographe donne la durée d‟insolation ou plus exactement la période du jour pendant laquelle le
rayonnement solaire a dépassé un certain seuil. Pour le photovoltaïque, cet appareil n‟est pas très
intéressant car il ne renseigne pas sur l‟intensité du rayonnement.
Le pyranomètre est l‟appareil le plus utile puisqu‟il évalue, à l‟aide d‟une thermopile, l‟ensemble du
rayonnement solaire (direct+diffus) sur une surface donnée sur un très large spectre, de 0,3 à3µm de
longueur d‟onde.
Il peut également mesurer uniquement la part diffuse du rayonnement : on masque alors le
rayonnement direct avec un cache en forme d‟arceau qui suit la trajectoire du soleil pour éliminer la
contribution directe du rayonnement.
Le pyrhéliomètre ne mesure que le rayonnement direct

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Un simple solarimètre équipé d‟une petite cellule en silicium cristallin peut suffire pour une
évaluation si l‟on ne cherche pas une mesure à moins de 5% de précision. Leur réponse spectrales est
plus étroite que la thermopile (de 400 à 1100nm seulement) mais par définition similaire à celle des
modules au silicium.
Attention cependant, certains constructeurs de capteurs appellent à tort « pyranomètre silicium » ces
sondes de rayonnement solaire à base d‟une cellule silicium.

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Chapitre 2 : L’effet photovoltaïque et la cellule solaire

1- Historique
L‟électricité photovoltaïque est obtenue par la transformation directe de l‟énergie lumineuse à
travers un matériau semi-conducteur appelé cellule photovoltaïque ou photopile, sans pièce tournante.
Le mot « photovoltaïque » vient de grec « photo » qui signifie lumière et de « volta » du nom du
physicien italien qui, en 1800, découvrit la pile électrique.
Quelques dates importantes dans l‟histoire du photovoltaïque :
1839 : Le physicien français Edmond Becquerel découvre le processus de l‟utilisation de
l‟ensoleillement pour produire du courant électrique dans un matériau solide (La variation de
la conductivité d‟un matériau sous l‟effet de la lumière) . C‟est l‟effet photovoltaïque.
1875 : Werner Von Siemens expose devant l‟Académie des Sciences de Berlin un article sur
l‟effet photovoltaïque dans les semi-conducteurs. Mais jusqu‟à la Seconde Guerre Mondiale, le
phénomène reste encore une curiosité de laboratoire.
1954 : Trois chercheurs américains, Chapin, Pearson et Prince, mettent au point une
cellule photovoltaïque à haut rendement au moment où l’industrie spatiale naissante
cherche des solutions nouvelles pour alimenter ses satellites.
1958 : Une cellule avec un rendement de 9 % est mise au point. Les premiers satellites
alimentés par des cellules solaires sont envoyés dans l‟espace.
1973 : La première maison alimentée par des cellules photovoltaïques est construite à
l‟Université de Delaware.
1983 : La première voiture alimentée par énergie photovoltaïque parcourt une distance de 4000
km en Australie.
La première cellule photovoltaïque (ou photopile) a été développée aux États-Unis en 1954 par
les chercheurs des laboratoires Bell, qui ont découvert que la photosensibilité du silicium pouvait être
augmentée en ajoutant des "impuretés". C'est une technique appelée le "dopage" qui est utilisée pour
tous les semi-conducteurs. Mais en dépit de l'intérêt des scientifiques au cours des années, ce n'est que
lors de la course vers l'espace que les cellules ont quitté les laboratoires. En effet, les photopiles
représentent la solution idéale pour satisfaire les besoins en électricité à bord des satellites, ainsi que
dans tout site isolé pour des applications diverses telles que : l‟électrification rurale, le pompage de
l‟eau, le balisage, les télécommunications,....

Remarque :A la différence d‟une pile classique, dont l‟énergie est stockée et restituée à volonté, la
« photo »-pile ne produit de l‟électricité que si elle est exposée à la lumière. Cette différence est
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fondamentale. Tout élément photovoltaïque est un convertisseur d‟énergie qui transforme la lumière
en courant électrique. En se servant d‟une analogie hydraulique, on pourrait comparer la pile
électrique à une citerne d‟eau, et la photopile à une source naturelle dont le débit serait proportionnel
à l‟ensoleillement à un instant donné.

2- Principe de l’effet photovoltaïque


La conversion photovoltaïque met en jeu trois phénomènes physiques, intimement liés et simultanés :
- L‟absorption de la lumière dans le matériau ;
- Le transfert d‟énergie des photons aux charges électriques ;
- La collecte des charges.
Un matériau doit donc avoir des propriétés optiques et électriques spécifiques pour permettre la
conversion photovoltaïque.

2.1- Propriétés optiques des matériaux: l’absorption de la lumière


Comme on le sait, la lumière se compose de photons, « grains de lumière », chacun porteur d‟une
énergie dépendant de sa longueur d‟onde ou couleur du rayon. Ces photons peuvent pénétrer dans la
matière ou passer au travers : les objets transparents pour notre œil laissent passer la lumière visible.
Plus généralement, un rayon lumineux qui arrive sur un solide peut subir trois événements optiques :
- La réflexion : la lumière est renvoyée par la surface de l‟objet ;
- La transmission : la lumière traverse l‟objet ;
- L‟absorption : la lumière pénètre dans l‟objet et n‟en ressort pas, l‟énergie est restituée sous
une autre forme.

Figure 2.1: Réflexion, transmission et absorption


Ce sont les propriétés optiques du matériau rencontré qui conditionnent la répartition de ces diverses
contributions. Dans un matériau photovoltaïque, une partie du flux lumineux absorbé sera restituée
sous forme d‟énergie électrique. Il faut donc au départ que le matériau ait la capacité d‟absorber la

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lumière visible, puisque c‟est ce que l‟on cherche à convertir : lumière du soleil ou des autres sources
artificielles. On prendra soin également de minimiser les pertes purement optiques par réflexion ou
par transmission.
Lorsqu‟un matériau absorbe de la lumière, l‟énergie subit une loi exponentielle décroissante,
car la part qui reste à absorber diminue au fur et à mesure que l‟on pénètre dans la matière. Si est
l‟énergie incidente, l‟énergie restante à la profondeur d s‟écrit :

L‟énergie absorbée dans l‟épaisseur d est :


Le coefficient d‟absorption dépend du matériau et de la longueur d‟onde de la lumière incidente. Il
s‟exprime en cm-1, avec l‟épaisseur d exprimée en cm.
Tableau 2.1 : Absorption optique de quelques matériaux photovoltaïques (à la longueur d‟onde
)
Matériau (cm-1)
Silicium cristallin 4,5x103
Silicium amorphe 2,4x104
Arséniure de Gallium 5,4x104

Dans les cellules au silicium cristallin, il ne peut pas y avoir transmission de la lumière du fait de
l‟épaisseur de silicium ( ). Alors que dans un dispositif en couche mince, de type silicium
amorphe notamment, avec des épaisseurs actives de moins de 1 m, la partie transmise par le matériau
actif n‟est pas négligeable, surtout dans la partie rouge du spectre où l‟absorption est plus faible.
Quelques astuces permettent d‟améliorer la quantité de lumière absorbée.
- Une électrode arrière avec de bonnes propriétés de réflexion comme l‟aluminium, permettra à
la lumière de subir un deuxième passage dans les couches actives.
- La diffusion est aussi un moyen d‟améliorer l‟absorption lorsque les couches sont rugueuses,
une part de la lumière diffusée est « piégée » dans le dispositif et subit de multiples passages.

Figure 2.2: Principe du piégeage par diffusion dans une photopile


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La réflexion dépend avant tout des indices de réfraction des matériaux traversés. Plus la
différence d‟indice est élevée de part et d‟autre d‟une surface, plus elle est réfléchissante.

Le taux de réflexion s‟écrit : si les matériaux en contact sont d‟indice .

Ainsi, le silicium brut (n=3,75 à ) en contact avec l‟air (n=1) réfléchit 33% de la lumière
qu‟il reçoit. Il n‟est pas envisageable de perdre un tiers du flux lumineux juste pour cette raison ! En
pratique, le silicium n‟est pas exposé directement à l‟air. Le silicium cristallin est enrobé dans une
résine EVA (Ethyle Vinyle Acétate), elle-même surmonté d‟une plaque de verre protectrice. L‟EVA
et le verre ont un indice de 1,5, donc il reste un contraste important avec le silicium. Une couche
d‟indice intermédiaire est donc placée sur le silicium, il s‟agit d‟un oxyde d‟indice proche de 2. Son
épaisseur est optimisée pour jouer le rôle d‟antireflet à une longueur d‟onde assez centrale (0,6
pour le silicium cristallin).
Dans le cas du silicium amorphe, l‟empilement des indices de réfraction est plus favorable et
l‟électrode transparente située entre le verre et le silicium joue déjà un rôle d‟antireflet puisque son
indice est de 1,9 à 2,1 (entre le verre d‟indice 1,5 et le silicium d‟indice 3 à4). En revanche, on prendre
soin d‟optimiser son épaisseur pour favoriser l‟entrée de la lumière visible dans le silicium amorphe
(dont la réponse est plutôt centrée à 0,5 )

Figure 2.3: Empilement optique d‟une cellule :a) au silicium cristallin, b) au silicium amorphe.

Remarque : Pour diminuer la réflexivité de la surface, on utilise les traitements suivants:


- une couche antireflet (couche d'oxyde) (figure a)
- une texturisation de la surface: une attaque chimique créée des pyramides (figure b)

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2.2- Propriétés électriques des matériaux
L'effet photovoltaïque qui est à la base du fonctionnement des photopiles se produit au sein de semi-
conducteurs (des corps dont la résistivité est intermédiaire entre celle des conducteurs et celle des
isolants).
Avant de décrire ce qu'est un matériau semi-conducteur, il est nécessaire de décrire certaines
propriétés énergétiques des électrons dans le matériau.

2.2.1- Energie de l'électron dans un solide


La cohésion des atomes d'un solide est due à la mise en commun d'électrons pour former des liaisons
(électrons de valence). Selon leur position dans l'atome du solide, les électrons sont dans différents
états énergétiques : ces états correspondent à certaines "bandes énergétiques" qui sont séparées les
unes des autres par une bande interdite. Dans chaque bande énergétique il y a un grand nombre de
niveaux énergétiques permis, avec un maximum possible de 2 électrons par niveau (Fig.2.4).

Figure 2.4 : Représentation classique du diagramme des bandes d'énergie du solide.

Les électrons du solide comblent les bandes les plus basses comme dans un atome isolé (en
réalité une telle configuration n'existe que lorsque la température absolue est nulle). Quand la
température s'élève l'agitation thermique provoque des déplacements d'électrons de la bande de
valence vers la bande de conduction et réciproquement. (Figure 2.5)

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Figure 2.5 : Générations-Recombinaisons entre bande de conduction et bande de valence

2.2.2- Types de matériaux


Entre la bande de valence et la bande de conduction, on a la bande interdite ou le gap. En
fonction de la largeur de cette bande interdite, on distingue trois types de matériaux, dont les
conducteurs, les isolants et les semi-conducteurs.
a) Les matériaux conducteurs
Les bandes de valence et de conduction ont une partie commune, à toute température il existe des
électrons dont le niveau d'énergie est celui de la bande de conduction et le solide conduit l'électricité
(mobilité suffisante des électrons dans le réseau atomique).

Figure 2.6 : Diagramme de bandes d‟un matériau conducteur


b) Les matériaux isolants
La bande de valence et la bande de conduction sont séparées par une bande interdite de grande largeur
(Eg = 8 à 10 eV) qui ne permet pas aux électrons (même pour des températures élevées) de passer
dans la bande de conduction.

c) Les semi-conducteurs "intrinsèques"


Un matériau semi-conducteur pur ou "intrinsèque" comme le silicium est constitué par des atomes
possédant 4 électrons de valence sur couche périphérique : chaque atome est entouré par 4 autres
atomes et la liaison de cet atome avec ses voisins est réalisée par la mise en commun des électrons de
valence pour atteindre 8 électrons, maximum pour une couche stable. C'est la structure du silicium qui
possède un arrangement des atomes en forme de tétraèdre (un atome central relié à 4 atomes voisins).

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Figure 2.7 : Structure cristalline du silicium
Dans un semi-conducteur la “ largeur ” de la bande interdite est de l‟ordre de 1 eV (Eg de 0,6 eV à 2
ou 3 eV)

Figure 2.8 : Diagramme de bandes d‟un matériau semi-conducteur


Tout se passe comme si chaque atome était entouré de 8 électrons de valence : il est alors dans
une configuration stable où il n'y a pas de mouvement d'électrons entre les atomes. Le matériau semi-
conducteur intrinsèque se comporte alors comme un isolant et son diagramme énergétique se traduit
par une occupation totale de la bande de valence et par un vide complet de la bande de conduction (à
0K). Si un électron reçoit suffisamment d'énergie, il peut passer dans la bande de conduction et le
matériau devient alors conducteur : c'est le cas lorsque l'on n‟est pas à la température du zéro absolu,
le matériau à alors une conductivité intrinsèque, caractéristique du type de semi-conducteur, qui est
très faible comparée à celle d'un matériau conducteur mais qui est une caractéristique fondamentale de
ce type de matériau.
Lorsqu'un électron saute de la bande de valence dans la bande de conduction (ce qui signifie
qu'il a quitté l'atome où il se trouvait pour se déplacer dans le matériau), il laisse à sa place un "trou"
qui est une place vide d'électron : un électron voisin peut prendre cette place et à son ancienne place
un trou va apparaître. Les électrons et les trous peuvent alors se déplacer dans le matériau semi-
conducteur et leur mouvement combiné constitue un courant électrique.

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d) Les matériaux semi-conducteurs "dopés"
Pour renforcer la conduction "dirigée" des matériaux semi-conducteurs "intrinsèques", on peut
"doper" le semi-conducteur de base.
Il est possible de doper ces matériaux de 2 façons :
- soit en introduisant dans ces matériaux plus d'électrons que les niveaux de valence ne peuvent
accepter, ce qui laisse alors des électrons libres dans le matériau et qui se situent dans la bande de
conduction (il n'y a pas de site ou ils pourraient se placer): on est alors en présence d'un semi-
conducteur de type N.
Le dopage est réalisé généralement par l'introduction de phosphore (symbole P) (ou Arsenic
(As)) dans le semi-conducteur intrinsèque (atome à 5 électrons de valence),
- soit en retirant des électrons au matériau semi-conducteur de base, ce qui laisse alors des sites
inoccupés par ces électrons dans les couches de valence, donc des trous et une prédominance positive
du matériau qui sera alors dit du type P. Ceci est généralement réalisé en introduisant des atomes de
bore (B) (ou le Gallium (Ga)) dans le semi-conducteur (atome à 3 électrons de valence).
En résumé : doper un matériau semi-conducteur améliore sa conductivité mais le rend aussi réceptif
de préférence aux électrons ou aux trous.

e) La jonction P-N
Les propriétés des semi-conducteurs dopés P et N sont associées par la création de jonctions de
type P-N, universellement utilisées dans les composants électroniques actifs.
Rappelons qu'un semi-conducteur de type P présente un manque d'électrons (donc des trous en excès)
et que celui de type N présente un excès d'électrons (les deux type de semi- conducteurs étant
équilibrés électriquement).
 avant la réalisation de la jonction P-N
La situation dans chaque type de semi-conducteur dopé est la suivante :

Figure 2.9 : semi-conducteur avant dopage ou en équilibre électrique


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 après la réalisation de la jonction
Lorsque les zones P et N sont mises en contact, les électrons excédentaires de la zone N vont
traverser la jonction, avec pour objectif d'occuper les trous de la zone P. L'énergie possédée par ces
électrons ne leur permet que d'occuper les trous proches de la jonction, les électrons n'ayant pas assez
d'énergie pour aller suffisamment loin dans le matériau P vont créer une charge de type N proche de la
jonction. D'autre part dans la zone N, des électrons qui étaient sur les atomes mais avec un niveau
d'énergie suffisant, vont passer de l'autre côté de la jonction et créer près de celle-ci des trous chargés
P:

Figure 2.10 : Semi-conducteurs après dopage

 création d'une barrière de potentiel


Une fois la jonction formée, le mouvement des électrons et des trous a créé une barrière de potentiel
(la hauteur de cette barrière dépend de la quantité de dopant incluse dans le semi-conducteur) qui
résulte de l'accumulation de charges P et N de chaque coté de cette jonction et qui s'oppose dorénavant
au passage des électrons de la zone N vers la zone P

Figure 2.11 : Barrière de potentiel


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 rôle de la barrière de potentiel
La barrière s'oppose au passage des électrons venant de la zone N et allant vers la zone P. Par contre
les électrons de la zone P peuvent très bien franchir la jonction et sont même attirés par cette barrière
qui est pour eux un "fossé".
La situation dans les 2 parties du matériau est alors la suivante :
- dans la zone N les électrons "intérieurs" sont repoussés par la barrière de potentiel et s'accumulent
sur la face extérieure de cette zone, ils sont rejoints par les électrons "minoritaires" venant de la zone
P.
- dans la zone P, les trous créés par le départ des électrons et les trous non occupés par les électrons
venus de la zone N lors de la création de la jonction sont repoussés par la barrière de potentiel et ils
s'accumulent sur la face extérieure de la zone P.
- finalement il se crée un champ électrique entre les 2 faces extérieures du matériau P-N, et si l'on met
en relation ces 2 faces (par un fil conducteur), les électrons vont migrer par ce fil conducteur pour
aller se recombiner avec les trous dans le matériau .Cette migration d'électrons est un courant
électrique (temporaire).

f) L'effet photovoltaïque et le matériau P-N


Lorsque la lumière du soleil frappe la surface (dopée N) d'une cellule photovoltaïque
(constituée de matériau semi-conducteur formant une jonction P-N), les photons constituant cette
lumière communiquent leur énergie aux atomes du matériau. Cette énergie permet à des électrons de
se libérer des atomes, ce qui génère des charges N (les électrons) et des charges P (les trous).
La barrière de potentiel empêche le passage de la jonction P-N par les électrons et les accumule sur la
surface extérieure de la zone N du matériau (celle face à la lumière), les trous P pouvant au contraire
traverser la jonction mais étant repoussés par cette barrière, ils s'accumulent sur la face extérieure de
la zone P.

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Figure 2.12 : Fonctionnement de la cellule photovoltaïque
Si il n'y a pas de liaison par un conducteur entre les 2 faces où s'accumulent les charges P et N,
il se crée une différence de potentiel Voc ou "tension de circuit ouvert". S'il y a une liaison directe
entre ces 2 faces par un fil conducteur, il circule alors un courant Isc ou "courant de court-circuit".
Voir annexe pour une plus grande explication sur le transfert d‟énergie des photons aux charges
électriques

3- La cellule solaire ou cellule photovoltaïque


La cellule solaire 'est le dispositif photovoltaïque de base qui génère de l'électricité lorsqu'il est
exposé au rayonnement solaire.
Nous avons vu que la cellule photovoltaïque est réalisée à partir d'un semi-conducteur dopé: jonction "
P-N ".
Lorsque cette cellule est exposée au rayonnement électromagnétique solaire, les photons de la
lumière transmettent leur énergie aux atomes de la jonction. Cette énergie permet aux atomes de
libérer des électrons, générant ainsi des électrons (charges N) et des trous (charges P). Ces charges
sont alors maintenues séparées par un champ électrique qui constitue une " barrière de potentiel ".
Une fois les charges P et N isolées, il suffit de fermer le circuit entre ces 2 zones (P et N) pour mettre
en mouvement les électrons et crée ainsi un courant électrique. Le rendement et l‟aspect de la cellule
dépend du choix du matériau.
D‟un point de vue électronique, une cellule photovoltaïque est donc une jonction p-n ou p-i-n
(parfois, on ajoute une couche intrinsèque, c‟est-à-dire non dopée entre la couche p et la couche n)
réalisée dans un semi-conducteur absorbant dans le spectre visible.

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3.1- Choix du matériau semi-conducteur
3.1.1- Rendement de conversion de la cellule photovoltaïque
Le rendement de conversion d'une cellule photovoltaïque est le rapport entre la puissance
électrique maximale pouvant être extraite, à la puissance du rayonnement incident sur la surface S de
la cellule.

η = Im Vm/Φ S

Il est défini sous le spectre de référence et à une température de 25°C. Différents phénomènes
limitent théoriquement le rendement. En effet un photon frappant la cellule peut provoquer les
événements suivants :
- si l'énergie du photon (grain d‟énergie) qui est cédée au matériau est celle nécessaire à la création
d'une paire "électron-trou", elle correspond Eg, le gap ou largeur de la bande interdite.
- si l'énergie du photon Ep est > Eg: l'énergie "superflue" Ep-Eg est dissipée sous forme de chaleur
dans le matériau.
- si Ep<Eg, le photon n'a aucun effet sur le matériau et traverse celui-ci sans action.
- le photon peut être simplement réfléchi sur la surface de la cellule: il ne pénètre pas dans celle-ci et
n'a donc aucune action.
Par rapport à l'énergie contenue dans la lumière solaire, le rendement maximum de conversion
varie selon les matériaux semi-conducteurs utilisés, en particulier parce que la largeur de la bande
interdite (Eg) de chaque matériau est différent : la distribution des photons selon les différentes
catégories décrites ci-dessus varie en conséquence. Le silicium, très utilisé dans la réalisation des
cellules, est un des matériaux présentant le meilleur rendement théorique de conversion : 24% en
laboratoire (26 à 28 % théorique).

3.1.2- Aspect physique des cellules photovoltaïques


a) Cellule photovoltaïque au silicium cristallin
Le silicium peut être à l‟état massif, il est dit dans ce cas cristallin, du fait de sa structure ordonnée. Il
est produit sous forme de barreaux purifiés, de section ronde ou carrée, qui sont ensuite découpés en
plaquettes d‟environ 0,2 mm d‟épaisseur, de dimensions 12 . 12 ou 15 . 15 cm par exemple.

Figure 2.13: Schéma d‟une photopile au silicium cristallin

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 Cellule photovoltaïque au silicium amorphe
Le silicium amorphe a une structure atomique désordonnée, c‟est-à-dire non cristallisée, ou
vitreuse. Cependant, il possède un coefficient d‟absorption de la lumière environ mille fois supérieur à
celui du silicium cristallin. Une fine couche de 0,3 μm (= 0,0003 mm) est donc suffisante pour
absorber l‟essentiel du spectre visible.

Figure 2.14 : Principe d‟une photopile au silicium amorphe


La mise en série est réalisée au cours de la fabrication des couches par un astucieux découpage au
laser des différentes couches, permettant de mettre en contact l‟électrode (–) d‟une photopile avec
l‟électrode (+) de la suivante.

Figure 2.15: Principe de mise en série dans une cellule photovoltaïque au silicium amorphe

3.2- Procédés de fabrication d’une cellule photovoltaïque


Il existe un grand nombre de technologie mettant en œuvre l'effet photovoltaïque. La grande majorité
est encore en phase de recherche. Les principales technologies industrialisées en quantité à ce jour
sont : - le silicium cristallin ; - le silicium en couche mince.

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3.2.1- Le silicium cristallin
Il existe deux types de cellule à base de silicium cristallin
les cellules de type «monocristallines » :
Du silicium à l'état brut est fondu pour crée un barreau. Lorsque le refroidissement du silicium
est lent et maîtrisé, on obtient un monocristal.
Un « wafer » (tranche de silicium) est alors découpé dans le barreau de silicium. Après divers
traitement (traitement de surface à l'acide, dopage et création de la jonction p-n, dépôt de couche
antireflet, pose des collecteurs) le « wafer » devient cellule. Les cellules sont rondes ou presque
carrées et, vues de près, elles ont une couleur uniforme. Elles ont un rendement de 12 à 18%, mais la
méthode de production est laborieuse.
les cellules de type « poly-cristallines »
Le « wafer » est scié dans un barreau de silicium dont le refroidissement forcé a créé une structure
poly-cristalline. Elles ont un rendement de 11 à 15%, mais leur coût de production est moins élevé que
les cellules monocristallines. Ces cellules, grâce à leur potentiel de gain de productivité, se sont
aujourd'hui imposées. L'avantage de ces cellules par rapport au silicium monocristallin est qu'elles
produisent peu de déchets de coupe et qu'elles nécessitent 2 à 3 fois moins d'énergie pour leur
fabrication

3.2.2- La couche mince


La technologie « couche mince » désigne un type de cellule (ou module) obtenu par diffusion
d'une couche mince de silicium amorphe sur un substrat (verre). Plusieurs technologies (fonction de
l'alliage utilisé) sont industrialisées à ce jour. On parle aussi ici de cellule photovoltaïque amorphe.
Leur rendement n'est que 6 à 8% actuellement. Cependant, le silicium amorphe permet de produire
des panneaux de grandes surfaces à bas coût en utilisant peu de matière première.

Figure : Récapitulatif des technologies PV


3.3- Modélisation électrique d’une cellule photovoltaïque
3.3.1- Schéma équivalent
Le schéma équivalent d'une cellule photovoltaïque au silicium sous illumination est composé

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- d'un générateur de courant, produisant un courant Iph généré par la lumière reçue par la cellule,
proportionnel à la quantité de lumière (donc au nombre de photons) reçue
- d'une diode qui représente le fonctionnement de la jonction P-N et qui "absorbe" un courant Id
(courant de "polarisation" de la jonction P-N)
- d'une résistance shunt et d'une résistance série qui caractérisent les qualités du matériau, des
contacts... Ces résistances auront une certaine influence sur la caractéristique I-V de la photopile :
• la résistance série (Rs) est la résistance interne de la cellule ; elle dépend principalement de la
résistance du semi-conducteur utilisé, de la résistance de contact des grilles collectrices et de la
résistivité de ces grilles ;
• la résistance shunt (Rsh) est due à un courant de fuite au niveau de la jonction ; elle dépend de la
façon dont celle-ci a été réalisée.

Figure 2.16 : Schéma équivalent d‟une cellule photovoltaïque

Pour la cellule idéale sous illumination,


I(V) = Iph(ø) – Id (V) où
I(V) = courant disponible ; V = tension aux bornes de la jonction
Iph (ø) = courant produit par la photopile, ce courant est proportionnel au flux lumineux (ø)

Où kT/q = 26 mV à 300 °K (27°C) pour le silicium


J = coefficient d‟idéalité de la diode ; Is = courant de polarisation de la diode

3.3.2- caractéristique courant-tension d’une cellule photovoltaïque


Sous un ensoleillement E et une température T donnés, la caractéristique courant-tension de la cellule
est parfaitement définie. On se rappelle que la cellule photovoltaïque est un générateur de courant.

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Figure 2.17 : Caractéristique courant-tension I=f(V) de la cellule photovoltaïque.

On appelle facteur de forme FF (filling factor), le rapport entre la valeur maximale de la


puissance pouvant être extraite (Im x Vm) de la photopile sous les conditions de mesures
standardisées, et le produit Icc x Vco où:
Icc = courant de court-circuit, c‟est la valeur du courant lorsque la tension V = 0. Icc = Iph
Vco = tension de circuit ouvert, c‟est la valeur de la tension lorsque le courant est nul.

Ce rapport traduit la forme rectangulaire de la caractéristique I-V. Pour une cellule de fabrication
industrielle, le facteur de forme est de l‟ordre de 70%. L'influence des résistances série et shunt se
manifeste directement par une baisse du facteur de forme.
Remarque : Il est important de noter que Vco augmente avec le Log de Iph donc avec le Log de
l‟illumination. En revanche, elle décroit avec la température malgré le terme . En effet, le courant de

saturation dépend de la surface de la cellule et des caractéristiques de la jonction.


Exemple des valeurs caractéristiques : pour une cellule au silicium multicristallin de 10 cm x 10 cm,
soit 100 cm2, avec une température de jonction de 251C et un ensoleillement de 1000 W/m2
Icc = 3,3 A ; Vco ~ 0,55 à 0,6 V ; P max = 1A à 1,5 W ; Ipmax = 2,8 à 3 A ; Vpmax = 0,45 V

3.3.3- Influence de l’ensoleillement et de la température


Le courant produit par la photopile (Iph) est pratiquement proportionnel au flux lumineux (ø). Par
contre, la tension (V) aux bornes de la jonction varie peu car elle est fonction de la différence de

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potentiel à la jonction N-P du matériau lui-même (pour le silicium monocristallin, elle est de 590 mV
pour Tj = 25 °C). La tension de circuit ouvert ne diminuera que légèrement avec le flux lumineux.
Ceci implique donc que :
• la puissance optimale de la cellule (Pm) est pratiquement proportionnelle à l‟éclairement;
• les points de puissance maximale se situent à peu près à la même tension (voir figure 2.18).
Ceci met en évidence un problème de base concernant l'utilisation des cellules photovoltaïques à
savoir l'adaptation de l'impédance de charge.

Figure 2.18 : Influence de l‟ensoleillement sur la caractéristique courant-tension d‟une cellule


photovoltaïque

Le tracé de la caractéristique I=f(V) mettant en évidence l'influence de la température s'effectue à


ensoleillement constant; Les essais expérimentaux ont permis de faire le constat suivant quand la
température augmente:
2
- Augmentation de légère du courant de court circuit(environ 0,025 mA/cm /°C pour le silicium)
- Décroissance marquée de la tension en circuit ouvert (environ 2,2 mV/°C/cellule pour le silicium)
- D'où une diminution de la puissance maximale
Cela se traduit par une baisse de puissance d‟environ 0,4%/°C. Cette influence négative de la
température sur le rendement de la cellule photovoltaïque doit être prise en compte lors du
dimensionnement du générateur photovoltaïque.

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Figure 2.19 : Influence de la température sur la caractéristique courant-tension d‟une cellule
photovoltaïque

Le comportement thermique d‟une cellule est souvent caractérisé par le paramètre NOCT
(Nominal Operating Cell Temperature): il correspond à la température de jonction des cellules pour un
ensoleillement de 80OW/m2, une température ambiante de 20°C et une vitesse de vent inférieure à 1
m/s) :
Note : Une convention internationale définit la puissance d‟une cellule (appelée Puissance crête) en
Watt-crête (Wc). Le Wc (Wp en anglais) est la puissance optimale fournie par une cellule
photovoltaïque sous des conditions de mesures normalisées (STC), c‟est-à-dire pour un ensoleillement
de 1kW/m2 et pour une température de jonction de la cellule de 25 °C. Le rendement de conversion
(efficacité) d‟une cellule est le rapport entre la puissance électrique optimale (Pm) et la puissance
solaire reçue à la température de référence. Ainsi, une simple cellule de silicium monocristallin ayant
une surface de 100 mm x 100 mm aura une efficacité d‟environ 14% et produira environ 1,4 Wc à 0,5
volt.
3.4- Couplage d’une cellule photovoltaïque avec un récepteur
La caractéristique d‟un photogénérateur dépend du circuit extérieur. Nous allons voir deux exemples
types : le couplage avec un récepteur assimilable à un résistor, et le couplage avec une batterie.

Exemple 1 : le ventilateur
Prenons un photogénérateur de Vco = 17 V, Icc = 0,7 A = 700 mA.
Couplons-le directement aux bornes d‟un ventilateur, assimilable à un résistor de 28 Ω.

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La courbe caractéristique de ce dernier, U = rI, est une droite représentée en trait plein sur la figure ci-
dessous.

Figure 2.20: Optimisation du couplage photogénérateur-ventilateur


Ce couplage est idéal : les deux caractéristiques du générateur et du récepteur se croisent au
point de puissance maximale du photogénérateur. Le ventilateur recevra dans ces conditions une
puissance qui le fera fonctionner de : 14 V × 0,5 A = 7 W
Si l‟on avait mis un ventilateur de 10 Ω (droite en pointillés sur la figure ci-dessus), il n‟aurait reçu
que : 7 V × 0,7 A = 4,9 W
Le photogénérateur aurait alors été sous-utilisé, car inadapté en tension.
Un appareil qui est une simple résistance fixe R n'est donc pas adapté pour tirer le maximum de
puissance d'un module solaire; si l'on veut conserver le principe du couplage direct qui a l'avantage
d'être très simple au point de vue installation, il faudra utiliser des appareils dont la caractéristique I-
V est adaptée aux modules solaires.

Exemple 2 : charge d’une batterie

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Figure 2.21: Schéma général d‟un système photovoltaïque sur batterie

Figure 2.22: Couplage d‟un photogénérateur et d‟une batterie

La différence fondamentale par rapport au type de fonctionnement précédent tient à ce que la batterie
d'accumulateurs "impose" sa tension au module solaire car celui-ci se comporte comme un générateur
de courant : dès que l'on branche une batterie à ses bornes, celui-ci voit son point de fonctionnement
imposé :
- en tension, par la tension de la batterie Vbat,
- en courant par le courant de charge I correspondant à la tension Vbat précédente, et ce sur la courbe
caractéristique I = f(V) pour l'ensoleillement du moment.
Lorsque le module solaire envoie le courant Icharge dans la batterie, celle-ci se charge peu à
peu et sa tension monte progressivement : si aucun arrêt de cette charge n'intervient, la tension de la
batterie pourra continuer à monter jusqu'à une valeur proche de la tension de circuit ouvert Vco du
module.
Pour être correctement rechargée une batterie au plomb composée de 6 éléments de 2V doit
pouvoir atteindre une tension de l'ordre de 15 volts : si à cette tension le module solaire ne délivre
qu'un courant insuffisant, la batterie ne sera pas bien chargée.
Il faut tenir compte de plus de l'utilisation entre le module solaire et la batterie d'une diode
"anti-retour" qui empêche la batterie de perdre de l'énergie pendant la nuit (la tension délivrée par le
module diminue avec l'ensoleillement jusqu'à devenir inférieure à la tension batterie, le courant
s'inverse alors et la batterie débite dans le module) mais qui entraîne une chute de tension de 0,5 à 0,7
V : pour obtenir 15 V aux bornes de la batterie, il faut donc atteindre au moins 15,5 à 15,7 V aux
bornes du module.

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Schéma équivalent d’un photogénérateur
En termes électroniques, on peut représenter une photopile (générateur) alimentant directement
un récepteur de la façon suivante (figure ci-dessous) :
G est une source de courant parfaite ;
D est une diode matérialisant le fait que le courant ne circule que dans un sens ;
Rsh est une résistance shunt ;
Rs est une résistance série ;
Ru est l’impédance du récepteur qui impose le point de fonctionnement sur la photopile en fonction
de sa caractéristique courant-tension à l‟éclairement considéré (dans le cas où le récepteur est
assimilable à un résistor).

Figure 2.23: Schéma équivalent d‟un photogénérateur couplé à un récepteur

4- Les différentes technologies des cellules photovoltaïques


Les différents types de photogénérateurs sont :
- Le silicium cristallin et le silicium amorphe ont déjà été évoqués, ils représentent à eux seuls
plus de 80 % du marché mondial des applications terrestres (par opposition aux « spatiales »).
- D‟autres matériaux semi-conducteurs sont également employés pour la fabrication des
photogénérateurs : le CuInSe2 (en abrégé CIS et son dérivé le CIGS), le CdTe (tellurure de
cadmium) et le GaAs (arséniure de gallium).
Leurs propriétés physiques et électriques seront traitées dans le cadre d‟un TPE.

Page 40
Chapitre 3 : Les modules photovoltaïques

3.1- Introduction : Association des cellules photovoltaïques


Les caractéristiques des cellules données ci-dessus montrent qu'une seule cellule n'est pas très
intéressante à exploiter: - tension de travail faible (de l'ordre de 0, 5 V)
- puissance maximum faible
Pour remédier à ce problème, les fabricants associent plusieurs cellules identiques entre elles et
constituent ce que l'on nomme un module photovoltaïque (c’est la plus petite surface de captation
transformable, montable et démontable, sur un site). Les modules sont groupés en panneaux, eux
mêmes associés pour former le champ photovoltaïque. Si dans un champ photovoltaïque existent
deux (2) ou plusieurs sortes de modules, ils seront groupés par catégorie dans des sous-champ de
module.
Le terme générateur est réservé à l‟ensemble producteur d'énergie qui se situe en amont des
charges. Le générateur comprend donc le champ photovoltaïque, le stockage d'énergie, l'électronique
de gestions et la conversion en alternatif si ces éléments existent.
Il est important de noter dès à présent que la caractéristique courant - tension d'un groupement
de cellules photovoltaïques, quelle qu'elle soit, sera directement homothétique de la courbe I - V d'une
cellule de base. Il en sera de même pour tout le réseau de caractéristiques. En conséquence, tout ce qui
a été dit pour une cellule individuelle restera valable pour un groupement.

3.2- Modélisation électrique d’un module photovoltaïque


3.2.1- La cellule illuminé et polarisé à l'aide d'un générateur extérieur.
La caractéristique I - V de la cellule pour tous les domaines de tension et de courant est
représentée sur la figure ci-dessous :

Figure 3.1: Caractéristique I - V de la cellule pour tous les domaines de tension et de courant
Le quadrant 1 correspond au fonctionnement normal en générateur (I > 0, V > 0).

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Dans le quadrant 2, la cellule travaillera en récepteur d'énergie électrique polarisé en direct
(sens passant de la jonction p-n) (I < 0, V > 0).
Dans le quadrant 4, la cellule va également travailler en récepteur (I > 0, V < 0). La jonction
p-n est polarisée en inverse. Dans ce cas la caractéristique I - V présente une courbe correspondant à
un effet d'avalanche vers des tensions voisines de 30 V pour le silicium monocristallin.

3.2.2- Association en série des cellules


a) Cas des cellules identiques
En additionnant des modules (cellules) photovoltaïques identiques en série, le courant dans la
branche reste le même mais la tension augmente proportionnellement au nombre de modules (cellules)
en série.

Figure 3.2: cellules identiques en série

b) Cas des cellules non identiques


Pour une association en série des modules (cellules) non identiques ou si certaines sont
partiellement ombragées on constate :
- Une légèrement diminution de la tension d'utilisation

- Pour une impédance R < Ropt la cellule ou module non efficace devient réceptrice ( I2 >0,
V2<0 ) polarisée en inverse

- En court-circuit (impédance nulle), la cellule non efficace ou ombragée sera soumise à une
tension inverse qui est égale à la somme des tensions délivrées par les autres cellules

- La puissance dissipée par cette cellule sera alors P2 = VtxI ce qui provoquera l'échauffement
de la cellule (hot spot) et son éventuelle destruction. Il est nécessaire donc de limiter la

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tension inverse maximale en installant une diode parallèle (by-pass) au niveau de chaque
module.

Figure 3.3 : Modules (cellules) en séries avec cellules occultées

Figure 3.4: Modules en séries avec protection par diode by-pass

La diode parallèle limite la tension inverse par sa tension directe puisqu‟elle devient passante.
En court-circuit, le courant traversant la diode est I1-I2. La puissance dissipée par la cellule moins
efficace se limite à l‟ordre du watt, ce qui évite toute destruction. La diode parallèle est inopérante en
fonctionnement normal et ne diminue pas le rendement des modules.

3.2.3- Association en parallèle des cellules


a) Cas des modules (cellules) identiques
En associant des modules (cellules) identiques en parallèle, la tension de la branche est égale à
la tension d‟un module et l‟intensité augmente proportionnellement au nombre de modules en
parallèle dans la branche.

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Figure 3.5: Modules (cellules) identiques en parallèle

b) Cas des cellules non identiques


Si les modules en parallèles ne sont pas identiques ou si quelques cellules d‟un module sont
ombragées, on constate que :
- le courant d‟utilisation total des modules sera plus faible.
- Pour une impédance de charge élevée, les modules moins performants deviendront récepteurs
si la tension d‟utilisation est supérieure à la tension produite par ces modules.
- Une dissipation de puissance importante peut devenir dangereuse au niveau de la cellule la
plus faible de ces modules. Ainsi pour le cas le plus critique où la charge est nulle et le circuit ouvert,
le courant des branches des modules performants se dissipera dans la branche la moins performante.
Bien que la cellule puisse dissiper un courant important, il est préférable de disposer d‟une diode
anti-retour. Celle-ci empêche aussi de gaspiller dans le module occulté une partie de la puissance
produite par les modules fonctionnant normalement. Cette solution n‟est valable que si la chute de
tension provoquée par cette diode est négligeable devant la tension produite par les modules de la
branche. En effet, cette diode est traversée, en fonctionnement normal, par le courant de la branche, ce
qui introduit une perte de puissance permanente.

Page 44
Figure 3.6 : Modules (cellules) en parallèle avec cellules occultées

Figure 3.7 : Modules (cellules) en parallèles avec diodes anti-retour

3.3- Caractéristique courant-tension d’un module photovoltaïque


La puissance-crête (Wc) d‟un module photovoltaïque est la puissance électrique maximale qu‟il peut
fournir, dans les conditions de mesures normalisées (STC)
Il s‟agit de conditions idéales conventionnelles qui sont très rarement remplies dans la
pratique. La figure 3.8 montre l‟influence de la luminosité sur la production électrique d‟un module
typique de 50Wc.
Le courant de sortie (A) est affecté principalement par l‟intensité de la lumière. La tension de
sortie (V) du module varie peu. La puissance maximale (Pm) de ce module se situe autour de 16 volts

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à 25 °C et autour de 15 volts à 47 °C. L‟influence de la température est visible surtout au niveau de la
tension.

Figure 3.8: Courbe électrique I-V d‟un module typique

De la caractéristique courant-tension on peut déduire la caractéristique de la puissance électrique


générée par la cellule en fonction de la tension à ses bornes. Il existe une valeur de photo courant
correspondant à une tension aux bornes de la cellule pour laquelle cette puissance électrique générée
est optimum. Ce point s‟appelle le MPPT (Maximum Power Point Tracking)

Figure 3.9 : Courbes de puissances en fonction de la tension aux bornes de la cellule PV (Source :
Ecosystèmes)
3.4- Caractéristiques physiques des modules
Outre le rôle de groupement électrique, le module photovoltaïque doit assurer la protection des
cellules vis à vis des agressions extérieures et le contrôle de leur température.

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3.4.1 - Protection contre les agressions extérieures
La durée de vie d'un module sera essentiellement liée à la bonne encapsulation qui doit résister
dans le temps aux agents atmosphériques les plus durs : température, humidité, brouillard salin, vent,
sable, chocs, etc. Des tests très sévères concernant ces différents critères permettent d'éprouver le type
d'encapsulation
3.4.2 - Problèmes thermiques
L'énergie solaire reçue sur un module n'est pas entièrement convertie en électricité. C'est près
de 85% de l'énergie incidente qui devra être dissipée en chaleur. C'est l'aptitude du matériau
d'encapsulation à évacuer les calories qui déterminera la température d'équilibre. Les calories sont en
général évacuées par convection naturel de l'air ambiant. L'encapsulation doit permettre un bon
contact thermique avec l'extérieur. Plus la température de jonction est basse plus le rendement des
cellules est meilleur.
3.4.3 - Les principaux types d'encapsulation
Il existe deux principaux types d'encapsulation : l'encapsulation bi-verre et l'encapsulation verre -
autre matériau.
a) Encapsulation bi-verre
La face avant comme la face arrière sont constituées de verre trempé. La face avant doit présenter une
bonne transmission optique. Pour combattre l'humidité qui est leur ennemi, les cellules solaires sont
en général noyées dans un matériau intermédiaire, l'EVA (Ethyle - Vinyle - Acétate). C'est un
matériau organique transparent et relativement stable.
L'étanchéité est assurée par un joint maintenu par un cadre métallique (Aluminium, Acier, Inox...) qui
est de plus en plus remplacé par une bordure de matière plastique moulée. Le cadre permet un
montage rapide des modules et assure leur rigidité.
b) Encapsulation verre-autre matériau
La face avant est constituée d'un verre trempé et la face arrière est une feuille de matière plastique
par exemple du tedlar.

3.5- Le test des modules


Tous les modules sont testés en usine sous simulateur de rayonnement et peuvent être classées
en famille. Le client peut demander à ce que les modules satisfassent à une limite, en dispersion pour
un certain nombre de paramètres (Icc, Vco, Pmax, etc...)
Par ailleurs, la majeure partie des modules du marché ont subi un certain nombre de tests
d'endurance permettant de leur attribuer une norme de qualité. Les tests retenus par la commission
Electrotechnique Internationale (CEI) sont effectués par des laboratoires indépendants sur des
modules prélevés en production. Ils sont les suivants :

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* Inspection visuelle
* vérification de l'isolation électrique (entre les modules et l‟armature)
* tracé de caractéristiques du module sous simulateur dans les conditions de référence.
* tracé de la caractéristique du module sous simulateur à la température de travail annoncée par le
constructeur (en anglais NOCT : Normal Operating Cell Temperature). Cette température effective de
fonctionnement est mesurée pour une encapsulation donnée sous des conditions de rayonnement et
convection de l'air définies dans les normes.
* tracé de la caractéristique du module sous simulateur à faible irradiance.
* test de la sensibilité du module à des occultations éventuelles (en anglais hot spot). Ces occultations
accidentelles peuvent en effet induire des élévations locales de la température dangereuses pour les
cellules et l'encapsulation.
* mesure de la résistance mécanique des fils de connexion.
* mesure de la charge mécanique que peut supporter le centre du module
* évaluation de la tenue du module à une torsion de la structure métallique auto-portante
* étude de la tenue à l'impact (graviers, grêlons, etc...)
* étude de la tenue à des cycles de température
* étude de la tenue à l'humidité et au givre.
* analyse de la résistance à un stockage prolongé à haute température en atmosphère humide et sous
ultraviolet.
* étude de la corrosion en milieu agressif (brouillard salin)
La normalisation de tous ces tests est effectuée ou en cours. Il est probable que suivant les
applications souhaitées tous les types de modules ne passeront pas la totalité de ces tests.
Les mesures et les tests d'endurance pour les modules au silicium cristallin sont décrits dans les
normes comme les normes françaises NFC 57 100-103 ou la norme internationale CEI 1215 de la
Commission Electrotechnique Internationale (CEI / IEC). Les spécifications EC 503 de la commission
Européenne du JRC-Ispra (IT) ou UL 1703 (US) sont aussi bien utilisées.
Pour les modules PV en couches minces (a-Si....), le projet de norme CEI 1646 circule parmi les
Comités nationaux d'étude 82 (systèmes de conversion PV) de la CEI et elle a été publiée en 1996/97.

3.6- Le panneau photovoltaïque et le champ de modules

Un champ photovoltaïque est une association série-parallèle de module dans le but d'obtenir
des puissances importantes (supérieure à la centaine de watts). Les lois applicables sur la cellule
élémentaire reste valables pour le champ photovoltaïque. Le champ photovoltaïque aura une
caractéristique I-V théorique semblable à la courbe du module de base, mais modifiée en échelle sur
les deux axes.
Page 48
Le point de fonctionnement du groupement est déterminé par la valeur de l'impédance de la
charge (au sens large du terme) qu'il alimente.
On constatera sur le schéma ci-dessous la protection du champ photovoltaïque:
- Par une diode en série dans chaque branche
- Par une diode parallèle (by-pass) sur chaque module

Figure 3.10 : Module en réseau série-parallèle ou champ photovoltaïque

Page 49
Chapitre 4 : Les systèmes Photovoltaïques

On appelle système photovoltaïque l'ensemble des composants permettant à partir du


rayonnement solaire de fournir un service, ceci par conversion photovoltaïque. Un système
photovoltaïque est donc constitué du générateur, tel que défini précédemment et des charges à
alimenter. Ces charges sont de type courant continu ou courant alternatif.

4.1- Schéma synoptique des systèmes photovoltaïques


Les diverses composantes d'un système photovoltaïque sont représentées symboliquement sur la
figure 30 ci-dessous.

Figure 4.1 : Représentation synoptique des systèmes photovoltaïques

Cette représentation synoptique recouvre à peu près tous les cas de figure, mais il est bien évident
qu'un système photovoltaïque donné ne comporte en général qu'un certain nombre des éléments
représentés ci-dessus. En fonction des éléments utilisés, on peut ainsi les classer les systèmes
photovoltaïques en six groupes distincts. Les trois premiers groupes sont des systèmes autonomes, non
reliés à un réseau électrique. Les trois autres types sont des systèmes PV reliés différemment au réseau
électrique.
- Système autonome sans batterie [1,2] ou [1,4,2] ou [1,5,6]
Ce type de système ne requiert pas de stockage d‟électricité, soit parce que la production d‟énergie des
cellules est suffisante sous un faible éclairage (ex. : calculatrice), soit que le temps de fonctionnement
de la charge n‟est pas critique (ex. : pompe à eau : le réservoir d‟eau sert de stockage).
- Système autonome avec batterie [1,2,3] ou [1,3,5,6]
C‟est le système photovoltaïque le plus commun. Le champ PV sert de chargeur pour la batterie.
L‟électricité peut alors être utilisée en tout temps. Par exemple, ce système est bien adapté pour
l‟éclairage d‟une maison où il faut de l‟électricité lorsqu‟il ne fait plus jour.
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- Système hybride PV/génératrice
Ce système utilise les avantages de l‟énergie photovoltaïque et de la génératrice au diesel, au
propane ou à l‟essence. Le système photovoltaïque fournit une énergie intermittente mais souvent
moins coûteuse en régions éloignées. La génératrice sert d‟énergie d‟appoint, selon la demande. Ce
type de système s‟applique particulièrement bien à des sites éloignés où il est important d‟avoir de
l‟électricité à tout moment, où les coûts de transport du carburant sont élevés et où il n‟est pas encore
rentable d‟utiliser le système photovoltaïque seul avec les batteries. Les systèmes hybrides
PV/génératrices sont souvent utilisés pour les tours de communications ainsi que pour les refuges et
les camps forestiers en régions éloignées. Ils peuvent également être couplés avec d‟autres sources
d‟énergie telles les éoliennes et les microcentrales hydrauliques, lorsqu‟il y a une complémentarité des
productions électriques.
- Système PV sur réseau diesel
Ce système est utilisé principalement dans les communautés ou les villages éloignés. Le générateur
PV est branché en parallèle avec les génératrices au diesel du réseau villageois et fournit l‟électricité
sur ce réseau lorsque l‟ensoleillement le permet. Il permet de réduire la consommation d‟un carburant
diesel très coûteux en régions éloignées et diminue les temps de fonctionnement des génératrices.
- Système PV sur réseau décentralisé
Ce système photovoltaïque est branché directement sur un réseau électrique, mais il est installé près de
la demande. Il peut être installé, par exemple, sur une résidence individuelle ou sur un centre
commercial, de telle sorte qu‟il alimente cette charge et fournit l‟excédent de sa production sur le
réseau durant le jour. Durant la nuit, la charge puise l‟énergie requise sur le réseau. Ce système permet
de diminuer les frais de transport d‟électricité et la surcharge de ligne, particulièrement en ce qui a
trait aux charges adaptées à la production photovoltaïque tels les systèmes d‟air conditionné (gestion
de la demande).
- Système PV centralisé
Ce système fonctionne comme une centrale électrique normale mais doit tenir compte de la fluctuation
de la production d‟énergie qui est liée à l‟ensoleillement.

4.2- Les systèmes photovoltaïques avec stockage d’énergie


4.2.1- Principe de fonctionnement
Un générateur photovoltaïque avec batterie comprend généralement les composants suivants:
- le panneau solaire qui, charge la batterie en période d'ensoleillement
- la batterie d'accumulateurs qui assure le stockage journalier et saisonnier de l‟énergie électrique.
- le régulateur de charge qui protège la batterie contre la surcharge et éventuellement contre les
décharges profondes occasionnelles.

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- la (les) diode(s) anti-retour surtout utiles en cas de déséquilibre dans un réseau série-parallèle.

Figure 4.2 :
Chaque composant du système (figure 4.3) doit être déterminé en fonction des contraintes techniques
et économiques.

Figure 4.3: Schéma de principe [1,2,3]

Pour un système donné, 5 modes de fonctionnement peuvent exister en fonction de


l'ensoleillement et du courant d'utilisation (hors régulation)

a) La charge est déconnectée


* Le courant du panneau solaire, en fonction de l'ensoleillement, charge la batterie .

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Figure 4.4
b) La charge est connectée
* Le courant provenant du panneau solaire est supérieur au courant d'utilisation
*Le courant excédentaire charge la batterie Ip = Ib + Iu

Figure4.5

c) La charge est connectée


* le courant provenant du panneau solaire
se trouve, pour un ensoleillement donné égal
au courant d'utilisation Ip = Iu
Aucun courant ne traverse la batterie Ib = 0
d) La charge est connectée
* Le courant provenant du panneau
solaire est inférieur au courant d'utilisation.
* La batterie se décharge en fournissant
le courant déficitaire Ib = Iu - Ip
e) La charge est connectée
* Le courant provenant du panneau
solaire est nul Ip = 0 (période d'obscurité)
* La diode anti-retour est bloquée
* La batterie se décharge en fournissant le
courant d'utilisation Ib = Iu

Figure 4.6
Dans tous les cas, la tension du système est imposée par la batterie.

4.2.2 - Caractéristiques de fonctionnement


En effectuant la liaison module solaire-batterie, le point de fonctionnement du module sera déterminé
par l'intersection de deux (2) courbes :
- la caractéristique courant-tension du module (ou panneau) Ip = f(Vp)
- la caractéristique de la batterie, diode et câbles

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Vp = Vb + RIp + Vd = Eo + Vd + (r+R)Ip où R = résistance électrique des câbles;
r = résistance interne de la batterie; Vd = chute de tension dans la diode.
Une bonne adaptation est obtenue lorsque la caractéristique de charge est pratiquement
perpendiculaire à l'axe des tensions dans la zone des puissances maximales. Cette condition justifie le
nombre de 36 cellules en moyenne pour les modules adaptées à la recharge d'une batterie de tension
nominale de 12V.
Remarques :
Le rôle des diodes série est d'éviter une décharge des batteries dans le réseau de cellules durant la nuit.
Au fait, ce courant de fuite est très faible et la perte d'énergie correspondante est inférieure à la perte
d'énergie durant le jour dans ces mêmes diodes. Leur rôle essentiel est la protection outre les
déséquilibres.

4.2.3- Le panneau solaire photovoltaïque


Pour obtenir des puissances importantes, nous avons déjà dit que les modules solaires doivent
être associés en série-parallèle, pour constituer un panneau solaire. Ceux-ci sont reliés électriquement
et assemblés sur un châssis. La taille du panneau est donnée par la puissance crête.
Pour définir complètement le système il y a lieu de préciser le mode de groupement des modules.
a - Groupement de modules
Selon la puissance de l'utilisation, la tension de la batterie peut prendre les valeurs suivantes :
6, 12, 24, 48 V etc...
Le nombre de modules en série est déterminé par la tension d'utilisation. Le dimensionnement
(étudié ultérieurement) détermine le nombre de branches à mettre en parallèle pour un
fonctionnement satisfaisant de l'ensemble en fonction de la consommation de l'utilisation et de
l'ensoleillement du lieu.
b - le châssis
Les modules photovoltaïques sont assemblés sur un support généralement métallique pour
constituer le panneau. Cette charpente est réalisée le plus souvent en aluminium ou en acier galvanisé.
Ce choix de matériau est justifié par la contrainte d'environnement : Résistance mécanique (vent),
tenue à la corrosion, conductivité thermique, facilité d'assemblage, poids, etc...
De nombreux types de châssis existent et sont fonction :
- du nombre de module et leur taille,
- du support d'implantation (dalle, mur, toit...)
- de leur hauteur
- de leur inclinaison.

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L'inclinaison des modules est généralement fixé et déterminée par le dimensionnement. Le cas
d'une structure orientale, qui "suit" automatiquement le soleil, n'est justifié que dans les systèmes à
concentration (haut rendement).
c - le câblage
L'ensemble des modules solaire sont regroupés électriquement à l'aide de câbles. Il est
indispensable d'apporter un soin particulier au câblage d'une installation. En effet une chute de tension
trop importante dans les câbles peut réduire considérablement le courant de charge de la batterie. Les
pertes par effet joule peuvent être élevées si le courant fourni est important.
La chute de tension dans les câbles est donnée par la formule suivante
U = 2R. L.I où U en volts, R en /m, L en m, I en A

Figure 4.7

Exemple de résistances de câbles de type H07RNF

4.2.4- La batterie d'accumulateurs


Un organe de stockage d'énergie électrique est utilisé pour permettre un déphasage entre la
production et la consommation (jour/nuit, courtes périodes de mauvais temps).
Pour les systèmes photovoltaïques, on utilise couramment les batteries d'accumulateurs
électriques (plomb/acide, Nickel - Cadmium)
La batterie joue trois (3) rôles essentiels :
- Autonomie : permet de répondre aux besoins de la charge en tout temps (nuit, temps nuageux)
- Stabilisation de la tension : une batterie fournit une tension constante donc un fonctionnement à une
tension optimisée
- Possibilité de courant de surcharge : ceci est nécessaire pour le démarrage des moteurs (Idémarrage = 3
à 5 fois I nominal)

• Accumulateurs plomb/acide (Pb/H²SO4)


- types utilisables pour les applications photovoltaïques

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- Batteries formées d'éléments stationnaires à plaque positive tubulaire (2V) et grande réserve
d'électrolyte: Capacités courantes: de 100 à plus de 3000 Ah.
- Batteries formées d'éléments stationnaires à plaques planes (2V) et grande réserve d'électrolyte:
Capacités courantes: de 10 à 300 Ah.
- Batteries plomb étanche sans entretien (2, 6 et 12V) : capacités courantes : 2 à 100 Ah. Ces batteries
ont une aptitude au cyclage beaucoup moins élevée et ne doivent donc être spécifiées que pour des
applications où la durée de vie n'est pas primordiale par rapport au coût initial.

NOTE : Les batteries dites "de démarrage" (utilisées pour les automobiles et les camions) et celles
dites "de traction" (utilisées par exemple pour les chariots élévateurs) ne sont pas du tout adaptées à
un usage PV.
Seule leur bonne disponibilité locale et le souhait des usagers de ne consacrer qu'un faible
budget à leur achat permet de les préconiser dans le cas des "kits d'éclairage grand public" où de plus
le transport et le stockage poseraient des problèmes commerciaux rédhibitoires. Il est bien évident que
l'usager doit être informé dans ce cas de la nécessité de prévoir un remplacement plus fréquent des
batteries.

• Accumulateurs nickel-cadmium (NiCd) : leurs avantages sont les suivants:


- Possibilité d'un grand nombre de décharges complètes sans destruction (alors que les batteries au
plomb doivent être protégées contre les décharges profondes).
- Utilisation possible par grand froid
Mais elles présentent aussi des inconvénients:
- Coût environ 5 fois plus élevé que pour les batteries plomb/acide
- Mauvais rendement énergétique de charge/décharge
- Tension par élément de 1,2 V
- "Effet de mémoire": il est préférable de vider complètement l'accumulateur avant de procéder à sa
recharge.
Ces caractéristiques les font spécifier actuellement surtout pour les très petits systèmes (appareils
portatifs par exemple) ou les systèmes en conditions climatiques (froid) très sévères.

4.2.5- La régulation électronique


Un régulateur est constitué de deux fonctions principales:
- une fonction de "Régulation de Charge" de la batterie (RC)
- une fonction de "Limitation de décharge" de la batterie(LD)

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La régulation de charge est obtenue par limitation en tension de la batterie afin d'éviter :
- une surcharge entraînant une perte en eau
- un vieillissement prématuré des accumulateurs
Elle est généralement assurée par interruption du circuit d'arrivée du courant solaire (mise en circuit
ouvert du panneau)
La protection contre la décharge profonde est réalisée par un disjoncteur automatique dont le
but est d'éviter la sulfatation des plaques.
Cette fonction interdit une décharge trop profonde de la batterie
Les régulateurs peuvent aussi assurer la compensation thermique (pour les tensions de fin de
charge et de coupure de charge), la charge d'égalisation des accumulateurs, etc. Certains régulateurs
peuvent être câblés en parallèle pour accroître la capacité de traitement de courant. C'est là une
caractéristique importante qui augment la redondance et par conséquent la fiabilité.
Les régulateurs à un étage établissent et coupent le courant du champ. Les régulateurs à deux
étages ont deux modes de fonctionnement. Le mode normal, assuré par le premier étage, permet le
débit du courant total du champ. Le mode de charge de maintien, assuré par le deuxième étage, permet
d'augmenter la tension (c'est-à-dire de la porter jusqu'à 17V ou 18V dans un système à 12V).
Ce type de charge est avantageux pour la plupart des accumulateurs, car il en prolonge la durée
de vie.
Les principes les plus répandus dans les systèmes photovoltaïques sont:

a) Régulation à branchement direct :


Le système fonctionne grâce à la capacité d'autorégulation du réseau photovoltaïque lors qu'il est
branché à un accumulateur. En augmentant le voltage de la batterie, on augmente le voltage du réseau
photovoltaïque. Ce qui entraîne une diminution du courant. Ce type de régulation est adapté pour des
installations placées dans des lieux où la température ambiante ne subit pas de grandes variations
(tension ou puissance maximum presque constante). De plus il faut que la charge électrique n'ait pas
besoin d'un voltage extrêmement constant.

a) Régulation tout ou rien :


Elle consiste à déconnecter complètement le panneau photovoltaïque lorsque la tension atteint un
niveau maximum pré-reglé (seuil haut). Le système peut travailler moyennant l'ouverture du circuit
(régulateur série) ou en branchant un élément de dissipation (régulation parallèle ou shunt).
Les figures ci-dessous illustrent les principes de conception des régulateurs série, shunt et d‟un
régulateur incorporant un dispositif de sectionnement de la charge.

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Figure 4.8 :
b) Régulation - échelonnée :
La régulation est réalisée moyennant le branchement/débranchement d'une section des
panneaux solaires.

c) Régulation à découpage :
Tout en maintenant la tension de sortie constante moyennant des composants électroniques,
ce type de régulateur module le courant de charge en accord avec la tension de la batterie. La
régulation est du type proportionnel.

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d) Régulation MPPT (Maximum Power Point Tracker) :
Ce type de régulateur, suiveur du point de puissance maximum, force le réseau photovoltaïque
à fonctionner au point où il doit délivrer le maximum de puissance étant données les conditions
présentes d'irradiation et de température.
Les régulateurs qui présentent une fabrication simple (branchement direct ou régulateur série)
sont plus économiques et comportent moins de possibilités de pannes.
Cependant les régulateurs plus complexes, comme le MPPT, possèdent un rendement plus élevé,
augmentent la durée de vie de la batterie et peuvent rendre tout le système plus économique et plus
fiable. La figure ci-dessous présente ces différents types de régulateurs

Figure 4.9: Les différents types de régulateurs

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4.2.5- Convertisseurs
a) Onduleurs ou Convertisseurs continu - alternatif
Il faut intégrer un onduleur à tout système photovoltaïque alimentant des charges alternatives
(CA) . L'onduleur convertit la sortie CC du champ ou des accumulateurs en électricité CA standard,
semblable à ce que fournissent les services publics comme la AES-SONEL.
Les onduleurs autonomes sont de trois types, selon la forme de l'onde CA de sortie produite:
• Onde carrée : l'onduleur onde carrée est peu coûteux. Mais le réglage de la tension de sortie
est habituellement médiocre, la capacité de surintensité minimale et la distorsion harmonique
susceptible de causer l'échauffement de moteurs, prononcée. Ce type d'onduleur convient aux petites
charges de chauffage à effet joule et aux systèmes d'éclairage (pour lesquels on ne peut employer de
matériel CC).
• Onde sinusoïdale modifiée : ce type d'onduleur comporte un redresseur transistorisé ou un
thyristor au silicium pour la commutation. Il peut supporter de fortes surintensités (jusqu'à 400%). La
distorsion harmonique à sa sortie est beaucoup moins prononcée que précédemment.
• Onde sinusoïdale : Il convient lorsque la charge exige une forme d'onde de très grande
qualité, telle l'onde nécessaire à des appareils de commutation électroniques délicats. La distorsion
harmonique est faible (< 5%) ; il n'a pas la capacité de surintensité, ni l'efficacité de l'onduleur à onde
sinusoïdale modifiée en général.
Dans l'utilisation des onduleurs, il est nécessaire de rechercher le plus haut rendement possible dans la
plus large plage possible de variation du voltage d'entrée et de charge de sortie et en même temps
réduire la dissipation de chaleur dans l'onduleur.
Quant le système est équipé d'accumulateurs, l'onduleur est habituellement câblé de façon à
prélever le courant directement dans les accumulateurs ou dans leur chargeur. La charge des
accumulateurs peut aussi être l'une des fonctions qu'il assure.
Comme les autres dispositifs conditionneurs d'énergie, l'onduleur peut assurer plusieurs, sinon
toutes les fonctions de commande du système PV.

b) Convertisseur continu-continu (CC-CC)


Ce sont des dispositifs électroniques à semi-conducteurs qui modifient la tension et l'intensité
de courant entre l'entrée et la sortie.
Typiquement, dans un système photovoltaïque, le convertisseur ramène la tension d'entrée (qui
varie selon l'ensoleillement et la température) à un niveau plus constant, spécifié pour la charge.
Les convertisseurs CC-CC sont habituellement nécessaires lorsque les charges sont sensibles à la
tension d'alimentation. Ils peuvent avoir plus d'une tension de sortie (ex : 48 Vcc et 12Vcc), ce qui
constitue un avantage pour les charges mixtes.

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Comme ils fonctionnent à haute fréquence (jusqu'à 20 khz), il se mêle à leur forme d'onde de
sortie une ondulation AC qui peut éventuellement entraîner une perte de rendement, l'échauffement
des moteurs, une panne ou des dommages permanents aux charges électroniques.

4.2.6- Autres composants


Pour le bon fonctionnement d‟un système photovoltaïque autonome, certains éléments sont
indispensables, il s‟agit : les protections contre la foudre, les disjoncteurs et fusibles et les composants
de mesure permettant le suivi de l‟installation.
(voir cours dimensionnement, installation et dépannage des systèmes PV)

4.3- Les systèmes photovoltaïques sans stockage (au "fil du soleil")


Les charges peuvent être continues ou alternatives. La charge continue est alimentée directement
par le champ de modules "au fil du soleil". Aucune batterie ne fixant la tension de travail, c'est
l'impédance de la charge qui va fixer le point de travail. Une adaptation de la charge est parfois
nécessaire pour obtenir un fonctionnement optimal (le point de fonctionnement doit rester sur la
courbe des points de puissance maximale quelle que soit l'irradiation et la température).
Les systèmes photovoltaïques sans batterie sont habituellement utilisés dans les cas suivants :
- l'utilisation finale varie comme l'énergie solaire reçus par les cellules photovoltaïques (ventilation),
- l'utilisation finale permet un stockage secondaire qui lisse les fluctuations de l'énergie solaire
reçue (pompage d'eau + stockage d'eau).

4.3.1- Exemple de charge


a) Charge résistive
En branchant directement une charge résistive sur un panneau solaire, le point de
fonctionnement (I,V) se trouve à l'intersection de la droite de charge I = V/R et de la caractéristique du
panneau solaire I - V. Si la puissance délivrée à la charge est maximale pour l'ensoleillement , ce
n'est plus le cas pour des ensoleillements plus faibles ou plus grand ( figure 4.10.)
La charge de type résistive est donc mal adaptée pour un couplage direct et un ensoleillement variable.

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Figure 10 : point de fonctionnement d'une charge résistive

b) - Charge adaptée (figure 4.11)


Pour avoir une bonne adaptation, il faut brancher une charge dont la caractéristique I - V se rapproche
au plus près de la courbe de puissance maximale du panneau solaire, qui est pratiquement verticale.
Une batterie comme vue précédemment répond à cette contrainte de par sa caractéristique en charge
I(V) pratiquement verticale (Vb = E0 + r I).
Les autres applications telles que l'électrolyse ou les charges du type centrifuge permettent d'obtenir
une bonne adaptation.

Figure 4.11 : cas d'une charge adaptée

Pour un système avec moteur couplé à une charge mécanique:


- le courant sera directement fonction du couple résistant
- la tension sera directement fonction de la vitesse de rotation du moteur
Par conséquent la figure 4.12 ci-dessous montre que pour obtenir une bonne adaptation en couplage
direct, trois conditions devront être satisfaites:
- un faible couple résistant au démarrage,
- une augmentation du couple lente aux faibles vitesses,
- une courbe T = f(N) la plus verticale possible dans la zone de fonctionnement

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On démontre que parmi les moteurs à courant continu, seuls les moteurs à aimants permanents
et les moteurs série sont susceptibles de conduire à des performances correctes de la chaîne complète.

Figure 4.12 : couple résistant T de la charge mécanique en fonction de la vitesse de rotation

4.3.2- Adaptation de charge


Elle consiste à utiliser un dispositif électronique (entre le panneau et la charge) permettant de suivre le
point de puissance maximale du groupement de modules photovoltaïques et donc d'adapter à chaque
instant l'impédance vue par les modules. Ce sont des hacheurs et l'énergie est transmise à la charge
sous forme découpée.
L'adaptateur de charge travaille à tension d'entrée pratiquement constante (V = Vop) alors que
la tension de sortie est fonction de la caractéristique de la charge.

Figure 4.13 : adaptation de charge

* Caractéristiques de fonctionnement
Si on considère la puissance consommée par l'adaptateur négligeable par rapport à la puissance
transférée on peut écrire : Pentrée = Psortie soit Pe = I1 V1 = I2 V2 = Ps

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Deux (2) cas peuvent se présenter :
1. La caractéristique I - V de la charge se trouve à gauche de la courbe de puissance maximale des
panneaux solaires (courbe A). On utilisera alors un adaptateur dévolteur (V2< V1 et I2 > I1).
2. La caractéristique I - V de la charge se trouve à droite de la courbe de puissance maximale des
panneaux solaires (courbe B). On utilisera alors un adaptateur survolteur (V'2 > V1 et I1 < I‟2).

4.3.3- Cas des charges alternatives


Dans ce cas, un convertisseur CC - AC (ou onduleur) est nécessaire. Utilisé "au fil du soleil",
un convertisseur permet également de suivre le point de puissance maximale et fonctionne à fréquence
variable. Les convertisseurs CC-AC sont principalement utilisés en pompage photovoltaïque pour
l'alimentation des moteurs immergés.

4. 4 - Autre systèmes photovoltaïques


4.4 - 1 - Systèmes photovoltaïques avec appoint
Pour éviter de surdimensionner le générateur photovoltaïque (nécessaire si l'on veut satisfaire la
demande énergétique pendant les périodes de plus faibles irradiations avec la seule énergie solaire), on
introduit dans le système des générateurs auxiliaires qui n'interviennent qu'en cas de besoin. On parle
alors de système hybride (exemples : P.V. - éolien ; P.V. - groupe électrogène....).
Ces générateurs auxiliaires peuvent être de type continu ou de type alternatif.

4.4.1- Système photovoltaïques raccordés au réseau de distribution


Pour les systèmes suffisamment importants une connexion au réseau de distribution est
envisageable. Elle concerne les installations avec convertisseurs CC-AC centraux mono ou triphasés.
Pendant les périodes de forte irradiation, le système photovoltaïque injecte l'énergie produite
excédentaire sur le réseau de distribution et peut en extraire lorsqu'il est déficitaire.
Un système de compteur double direction comptabilise les kWh extraits et fournis. Un certain nombre
de contraintes technologiques sont associées à cette liaison, en particulier la qualité du signal
électrique 220V réinjecté sur le réseau.

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Chapitre 5 : Les applications de l’énergie photovoltaïque

1- L‟éclairage
2- Les télécommunications
3- La réfrigération solaire
4- Le pompage solaire
5- Les chargeurs solaires
6- Les voitures solaires
7- L‟alimentation des engins spatiaux
8- L‟électrification rurale
9- Autres applications
9.1- Systèmes PV raccordés au réseau AES-SONEL
9.2- Systèmes hybrides

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Annexes
Annexe 1: Transfert d’énergie des photons aux charges électriques

On s‟intéresse ici à la lumière absorbée dans le matériau photovoltaïque et comment son énergie est
convertie en électricité.
Les charges élémentaires qui vont produire le courant électrique sous illumination sont des électrons
contenus dans la matière semi-conductrice. Les photons absorbés vont tout simplement transférer leur
énergie aux électrons périphériques, leur permettant ainsi des e libérer de l‟attraction de leur noyau.
Ces électrons libérés sont susceptibles de produire un courant électrique si on les „attire‟ ensuite vers
l‟extérieur.
En régime permanent, l‟électron libéré laisse un „‟trou‟‟ qui se traduit par une charge positive. Si
l‟électron est attiré au dehors, c‟est l‟électron d‟un atome voisin qui va combler ce trou, laissant à
nouveau un trou, lui-même comblé par un électron voisin et ainsi de suite. On génère ainsi une
circulation de charge élémentaires, d‟électrons dans un sens et de trous dans l‟autre sens, ce qui donne
un courant électrique.
Ce phénomène physique, dite de photoconductivité, est spécifique aux semi-conducteur car ils
comportent des électrons „‟libérables‟‟ ; contrairement à un isolant où tous les électrons sont fortement
liés ; et à un conducteur électrique, dans lequel il existe une forte densité d‟électrons totalement libres.
On comprend qu‟il existe dans chaque matériau un „‟seuil‟‟ d‟énergie minimum nécessaire à cette
„‟libération‟‟ des électrons par les photons. La dépendance de ce seuil en fonction du matériau est due
au fait que la structure électronique est différente pour chaque type d‟atomes et donc les énergies
mises en jeu également. On appelle ce seuil le gap optique ou la largeur de la bande interdite. Si le
photon a une énergie inférieure, il ne pourra pas créer la paire électron-trou et ne sera pas absorbé. Les
propriétés optiques et électroniques sont donc intimement liées. Si le photon a une énergie supérieure
ou égale au gap optique, c‟est qu‟il a une longueur d‟onde inférieure à une certaine valeur, puisque
ces deux grandeurs sont inversement proportionnelles :

Ce qui se traduit par :

Pour le silicium cristallin, le gap optique est de


. Un photon possédant cette énergie a une longueur d‟onde de 1,13 (proche de
l‟infrarouge). Pour le silicium amorphe, . Un photon ayant cette énergie est en lumière
rouge, avec une longueur d‟onde de 700nm.
Tous les photons d‟énergie supérieure à ces seuils, et donc de longueur d‟onde inférieures, sont
opérationnels pour la conversion photovoltaïque.
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La figure ci-dessous permet de visualiser la portion du spectre solaire qui peut être convertie en
énergie électrique dans le cas du silicium cristallin.

Figure.. : Spectre solaire AM0 et portions exploitables par le silicium cristallin

Pour comprendre ce qu‟il advient de la portion en gris clair, nous utilisons la représentation du
transfert énergétique des photons aux particules chargées.
La figure ci-dessous représente les différents états d‟énergie dans un matériau semi-conducteur.

Figure.. : Diagramme d‟énergie d‟un semi-conducteur : a)dans l‟obscurité ; b) sous illumination


On observe que la bande conduction est vide lorsque le semi-conducteur n‟est pas illuminé. Lorsqu‟un
photon a une énergie suffisante, il est abssorbée et fait passer un électron de la bande de valence à la
bande de conduction.Que ce passe-t-il s‟il a une énergie supérieures à
? Le photon 2 du diagramme génère une paire électron-trou à un niveau supérieur, mais l‟excédent
est perdu par un processus de désexcitation spontané qui produit de la chaleur et ram-ne son énergie à

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. Donc quelle que soit son énergie, pourvu qu‟elle soit supérieure à , chaque photon absorbé ne
crée qu’une seule paire électron-trou d’énergie .
Puisqu‟on connait l‟énergie disponible à chaque longueur d‟onde d‟un spectre solaire donné (AM0
ouAM1,5 par exemple), on peut quantifier la quantité de photons (énergie solaire totale à cette
longueur d‟onde divisée par l‟énergie du photon) et en additionnant tous ces photons, calculer le
courant et la puissance totale qu‟ils peuvent générer, en fonction du gp du matériau. Il s‟agit de
performances électriques purement théoriques, que l‟on pourrait qualifier d‟ultime : elles ne prennent
pas en compte les pertes par réflexion, et supposent que toutes les paires électron-trou photogénérées
sont collectées, ce qui n‟est pas le cas.
Le tableau ci-dessous donne les performances théoriques maximales des semi-conducteurs pour un
rayonnement AM0 d‟une puissance de 1350 W/m2.

Silicium cristallin ( Arséniure de Gallium (

Courant (mA/cm2) 53,5 39


Puissance (mW/cm2) 58,8 55
Rendement 0,44 0,41

La puissance électrique théorique maximale est calculée à l‟aide du courant théorique et le gap
optique du matériau de la façon suivante :

, a étant la charge de l‟électron

Le rendement électrique, lui, est le rapport entre la puissance électrique générée et la puissance du
rayonnement solaire. Dans le cas du spectre AM0 elle vaut 1350 W/m 2. Le rendement théorique du
silicium cristallin sous AM0 est donc .

Ces données sont intéressantes car elles donnent le rendement théorique maximal, que l‟on ne pourra
jamais dépasser avec les matériaux photovoltaïques dont on dispose à ce jour, et avec l‟énergie
lumineuse disponible sur terre, celle du soleil. On voit donc qu‟à ce jour, il n-est pas possible de
convertir plus de 44% du spectre solaire présent au-dessus de l‟atmosphère. Rappelons que cela tient
compte de deux types de pertes inévitables :
- L‟impossibilité de convertir des photons d‟énergie inférieure au gap optique ;
- La perte de l‟énergie du photon qui dépasse celle du gap optique.
- Pour convertir un taux plus élevé d‟énergie lumineuse, il faudrait que tous les photons de la
source de lumière aient la même énergie et que l‟on dispose d‟un matériau dont la gap optique
corresponde exactement à cette énergie.
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Annexe 2 : Réponse spectrale d’une cellule solaire
Les Propriétés optiques des cellules solaires ont leur importance lorsque les cellules sont exposées
sous diverses sources lumineuses. On appelle réponse spectrale la courbe de réponse d‟une cellule en
fonction de la couleur du rayonnement incident. Sur la figure ci-dessous est représentée les réponses
du silicium cristallin et du silicium amorphe (Il n‟y a pas de différence notable entre la réponse du
silicium mon et multicristallin). Le matériau amorphe répond mieux dans le bleu (faibles longueurs
d‟ondes mais le cristallin est plus performant dans le rouge et le proche infrarouge

Figure : Réponses spectrales des différents types de cellules solaires


Cette propriété explique notamment le meilleur comportement du silicium cristallin au soleil, et la
préférence du silicium amorphe pour les éclairages artificiels, plus riches en lumière bleue.
Pour les fabricants, améliorer cette réponse spectrale, c‟est chercher des solutions pour renforcer
l‟absorption des différentes couleurs dans le dispositif, c'est-à-dire en face avant du dispositif pour la
lumière bleue, absorbée dès les premiers nm de matériau, et pour la lumière rouge au cœur ou en face
arrière du dispositif „lorsqu‟il s‟agit de couches minces).
Exemples d‟améliorations possibles de la réponse spectrale :
- Diminution de la réflexion en face avant par une couche antireflet ;
- Utilisation d‟un miroir arrière comme électrode métallique (à l‟argent, qui réfléchit mieux que
l‟aluminium) ;
- Empilement de cellules à gaps optiques différents .

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