Droit Civil Camerounais

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DROIT CIVIL

(Contrat et responsabilité)

09heures

Le droit civil est une branche du droit privé qui régit les rapports entre les personnes, qu’il s’agisse
des personnes physiques ou des personnes morales. Par droit privé on entend l’ensemble des règles
qui régissent les personnes physiques ou personnes morales. On oppose généralement le droit privé
au droit public, qui recouvre les relations avec l’Etat, ou l’Administration, ainsi que les relations entre
institutions publiques. Le droit prive regroupe généralement le droit civil, le droit des affaires et le
droit du travail. Le droit civil comporte pour l’essentiel les matières suivantes :

-le droit des obligations ;

-le droit des personnes ;

-le droit de la famille ;

-le droit des biens ;

-le droit des successions.

Ces matières citées se trouvent substantiellement réglementées dans le Code civil qui est une loi
parlementaire. De toutes ces matières, seul le droit des obligations sera étudié.

Dans le vocabulaire courant, l’obligation est le devoir qui pèse sur une personne. Juridiquement,
l’obligation ou droit personnel, définit le lien de droit par lequel, une ou plusieurs personnes
(physiques ou morales, créancier(ères)) peuvent exiger d’une ou d’autres personnes, (le ou les
débiteurs) l’exécution d’une prestation de faire, de ne pas faire ou de donner. Ce lien de droit est
juridiquement obligatoire. Le propre de l’obligation est de pouvoir être exécuté en justice.
C’est aussi un devoir imposé par la loi.

Le droit des obligations est d’une grande importance en ce sens que les relations juridiques sont le
plus souvent contractualisées. Toutefois les obligations ne se confondent pas avec les contrats, car
elles peuvent naitre en dehors de tout contrat. En dehors du contrat, le Code civil retient comme
autres sources d’obligations le quasi contrat, le délit, le quasi délit et la loi. Nous pouvons ainsi
distinguer des obligations qui naissent de suite de l’accord de volonté entre personnes en
l’occurrence le contrat, de celles qui résultent d’un acte dommageable, entrainant de ce fait la
responsabilité civile de son auteur.

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CHAPITRE PREMIER : LE CONTRAT

Le contrat est une espèce de convention. Le Code civil dans son article 1101 définit le contrat comme
une convention par la laquelle une ou plusieurs personnes s’obligent envers une ou plusieurs autres
à donner, à faire ou ne pas faire quelque chose.

Par le contrat on peut non seulement créer des obligations ou transférer des droits, mais aussi
modifier les obligations préexistantes, ou même les éteindre.

Dans notre droit il existe une théorie générale consacrée au contrat. Celle-ci met l’accent sur ses
conditions de formation, ainsi que sur ses effets. Mais avant il faudra noter qu’il existe plusieurs
types de contrats nécessaires d’identifier en les classifiant.

Section I : la classification des contrats

Les contrats obéissent à un régime juridique différent selon la catégorie à laquelle ils appartiennent.
L’opération de classification consiste à rattacher le contrat à la catégorie qui lui correspond. Ce qui
permet de dégager les règles que la loi lui attache. Traditionnellement, on distingue la classification
selon le mode de formation, la classification selon la qualité des parties et la classification selon
l’objet du contrat.

Paragraphe I : Classification des contrats selon le mode de formation

Les contrats consensuels, les contrats solennels et les contrats réels sont a distinguer des contrats de
gré à gré, d’adhésions et forcés.

A : Les contrats consensuels, solennels et réels

1 : Contrats consensuels
Le contrat consensuel est un contrat qui se forme uniquement par l’accord des volontés des parties.
Dans notre droit, le contrat consensuel est de principe.
En principe, tous les contrats sont consensuels sauf si la loi prescrit qu’ils doivent être solennels ou
réels.
2 : Contrats solennels
Les contrats solennels ou formels supposent non seulement la rencontre de volonté des parties, mais
aussi l’accomplissement de certaines formalités.
Exemples de contrats solennels : acte notarié, contrat de mariage, l’hypothèque…
Si les formalités ne sont pas respectées dans les contrats solennels, l’acte des parties est nul, d’une
nullité absolue.
3 : Contrats réels
Les contrats réels supposent non seulement l’accord de volonté des parties, mais aussi la remise de
la chose qui est ici une condition de validité du contrat.
Exemples des contrats réels : contrat de dépôt, prêt, gage….
Si la chose n’est pas remise dans le contrat réel, il y a nullité de l’acte et même inexistence du
contrat.

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B: Contrats de gré à gré, d’adhésions et forcés

1: Contrats de gré à gré

Les contrats de gré à gré ou négociés sont des contrats dont les stipulations sont discutées librement
par les parties.

Les contrats de vente sont des contrats généralement négociés.

2: Contrats d’adhésion

Le contrat d’adhésion est celui dont les conditions sont rédigées à l’avance par un contractant (un
professionnel assez souvent) et que l’autre ne pourra qu’accepter ou non, y adhérer ou non.

Les contrats de transport, le contrat de travail sont pour la plupart des contrats d’adhésion.

3: Les contrats forcés

Les contrats forces sont des contrats rendus obligatoires par la loi.

Les contrats d’assurance automobile sont très souvent des contrats forcés.

Remarques et conséquences:

• La volonté est respectée dans les contrats négociés.

• Elle l’est moins dans les contrats d’adhésion ou dans les contrats forcés.

• Les contrats d’adhésion sont risqués pour les plus faibles qui peuvent se voir imposer certaines
clauses, notamment celles dites abusives. Dans notre droit des obligations, il existe des moyens de
protection de la partie faible contractante.

Paragraphe II: Classification des contrats selon la qualité des parties

La classification traditionnelle distingue les contrats intuitu personae des contrats sans intuitu
personae; les contrats entre professionnels et consommateurs; les contrats individuels et contrats
collectifs.

A: Les contrats avec ou sans intuitu personae

Un contrat intuitu personae est fait en considération de la personne du cocontractant.

L’intuitu personae peut être très subjectif (une personne déterminée) ou plus objectif

(possession ou non d’un diplôme ou d’une qualification).

Exemples:

La donation est un contrat intuitu personae, ainsi que le contrat de travail…

La vente n’est pas un contrat intuitu personae; ce qui compte, c’est l’objet de la vente et non la
personnalité du vendeur.

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Conséquences

Dans les contrats intuitu personae:

- l’erreur sur la personne est une cause de nullité,

– l’exécution ne peut être faite par un tiers (un salarié ne peut envoyer une autre personne
travailler à sa place).

B: Les contrats entre consommateurs et professionnels

Cette distinction est des plus récentes et procède de la volonté législative de protéger les
consommateurs, parties faibles contractantes.

Les contrats de consommation sont des contrats conclus entre professionnels et consommateurs. Le
consommateur est celui qui contracte dans un domaine qui n’est pas celui de sa compétence. En
revanche les contrats conclus entre professionnels ou consommateurs ne relèvent pas de ce type de
contrat.
Exemples de contrats de consommation: achats chez un commerçant, contrat entre un client et un
constructeur…

Dans les contrats de consommation, il y a un souci majeur de protection renforcée de la partie faible
contractante contre les vices de consentement, les abus de droit, la mauvaise foi du professionnel. La
loi impose dans la relation des parties des obligations d’information, de conseil et de sécurité.

C: Les contrats individuels et contrats collectifs

Le contrat est individuel quand il n’engage que les personnes qui l’ont personnellement conclu (ou
par l’intermédiaire d’un représentant).

Le contrat est collectif quand il s’impose à des personnes faisant partie d’un groupe, d’une
collectivité, alors que quelques personnes seulement l’ont conclu.

Exemple: En droit du travail, les accords collectifs conclus entre représentants des salariés et un ou

plusieurs employeurs (représentés par leurs organisations):

Paragraphe III : Classification des contrats selon l'objet

Rentrent dans cette catégorie : contrat synallagmatique et contrat unilatéral ; contrat à titre onéreux
et contrat à titre gratuit ; contrat commutatif et contrat aléatoire ; contrat à exécution instantanée et
contrat à exécution successive.

A : contrat synallagmatique et contrat unilatéral

Le contrat synallagmatique est celui qui crée des obligations réciproques et interdépendantes :
chaque partie est à la fois créancière et débitrice de l'autre.
Dans un contrat synallagmatique si l'un des contractants ne remplit pas son obligation, l'autre peut
refuser d'exécuter la sienne : c'est l'exception d'inexécution.
Exemple : Le salarié qui n'a pas été payé peut ne pas retourner au travail en toute légitimité.

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Le contrat unilatéral est un acte entre une ou plusieurs personnes qui ne fait naître d'obligation qu'à
la charge d'une seule.
Exemple : Une promesse unilatérale de vente

B : contrat à titre onéreux et contrat à titre gratuit

Le contrat à titre gratuit est un contrat un contrat par lequel l'une des parties procure
volontairement à l'autre un avantage purement gratuit. Sans contrepartie attendue.
Exemples : Donation, prêt sans intérêt.

Le contrat onéreux est un contrat par lequel les parties attendent une réciprocité, des avantages.
Exemples : Vente, contrat de travail, prêt à intérêt

C : contrat commutatif et contrat aléatoire

Dans le contrat commutatif, l'étendue des prestations à fournir est connue ou évaluable dès la
signature du contrat.
Exemples : Achat d'une voiture pour 1000 000f
Le contrat est aléatoire lorsque ce qui est à donner ou à faire dépend d'un événement incertain.
Pour être valide un contrat aléatoire doit comporter un événement incertain.
Exemples : Dans un contrat d'assurance les parties ne savent pas si un sinistre aura lieu ou pas.
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D : contrat à exécution instantanée et contrat à exécution successive

Dans les contrats à exécution instantanée, les parties exécutent leur obligation à un moment précis
et en une seule fois.
Exemples : Vente au comptant

Dans les contrats à exécution successive, l'exécution des obligations est échelonnée dans le temps, la
durée peut être déterminée ou indéterminée.
Exemples : Contrat de travail, contrat d'abonnement.
Conséquences en cas d'inexécution par l'une des parties de ses obligations :
-Le contrat instantané est résolu (effet rétroactif, remise en l'état antérieur)
-Le contrat successif est résilié (annulé pour l'avenir seulement).
- Le contrat successif à durée indéterminée peut être résilié unilatéralement (respect d'un préavis)
- Le contrat successif à durée déterminée peut être renouvelé soit par la volonté des parties, soit par
tacite reconduction.

Section II: Les conditions de formation du contrat

Aux termes de l’article 1108 du Code civil, la formation du contrat est subordonnée au respect de
quatre conditions de fond, à savoir :

- Le consentement du contractant ;
- La capacité de contracter ;

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- L’existence d’un objet certain ;
- Une cause licite de l’obligation.

Paragraphe I : Le consentement

Le consentement est l’expression de la volonté dans le contrat, lors de sa formation. On désigne par
consentement non seulement la manifestation de volonté de chacune des parties au contrat, mais
aussi la rencontre de ces volontés. C’est donc un accord de volonté. La volonté au contrat doit être
autonome.

A : L’autonomie de la volonté

Selon le concept de l’autonomie de la volonté, le contrat n’existe que si et parce que les parties l’ont
voulu. Cet acte reposant tout entier sur leur volonté libre, qui est à la fois la cause et la mesure de
leurs obligations.

Selon la théorie de l’autonomie de la volonté, la volonté de l’homme, apte à se donner sa propre loi,
induit pour l’individu trois conséquences juridiques majeures :

Premièrement, l’individu a la faculté de contracter ou de ne pas contracter : c’est le principe de la


liberté contractuelle qui laisse chacun libre de conclure ou non un contrat, avec la personne de son
choix, et d’en déterminer le contenu. Toutefois, l’article 6 du Code civil dispose que la volonté au
contrat ne doit pas être contraire à l’ordre public et aux bonnes mœurs.

Deuxièmement, après la conclusion du contrat, dans la phase d’exécution de celui-ci, l’autonomie de


la volonté justifie le principe de la force obligatoire qu’exprime l’article 1134 alinéa premier du Code
civil, en ces termes : « les conventions légalement formées tiennent lieu de loi à ceux qui les ont
faites. » C’est en effet parce que l’obligation a été voulue par les parties que celles-ci sont contraintes
de la respecter.

Troisièmement, nous avons enfin le principe de l’effet relatif des contrats, visé à l’article 1165 du
Code civil. Cette disposition exclut que le contrat puisse créer des droits ou obligations à l’égard des
tiers. La justification est que nul ne doit être constitué créancier ou débiteur sans en avoir exprimé la
volonté préalable.

B : La protection du consentement

Le rôle important de la volonté dans la formation du contrat justifie la protection du consentement


de la partie qui s’engage. La loi protège le contractant dont la volonté a été altérée en lui permettant
de demander en justice la nullité du contrat. La protection du consentement est règlementée dans le
Code civil à travers les vices du consentement. Mais avec le temps, la théorie des vices du
consentement s’est avérée d’un médiocre rendement. Le droit contemporain a dû imaginer de
nouveaux modes de protection.

1) les vices du consentement

Selon le Code civil, le consentement n’est juridiquement efficace que s’il est donné par une volonté
libre et éclairée. Aux termes de l’article 1109, « il n’y a point de consentement valable, si le
consentement n’a été donné que par erreur, ou s’il a été extorqué par violence ou surpris par dol. »

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A ces trois vices de consentement, la doctrine ajoute la lésion, une autre cause de nullité du contrat,
disposé par le Code civil.

a) l’erreur

L’erreur prive le consentement de son caractère éclairé. Le Code civil en vise deux types : l’erreur sur
la substance et l’erreur sur la personne.

Le terme substance peut être interprété comme la matière dont est composée la chose objet du
contrat. La jurisprudence admet une conception plus large de l’erreur sur la substance en retenant
l’erreur sur les qualités substantielles de la chose. L’appréciation de cette erreur est généralement
faite in concreto.

Parallèlement le Code civil admet l’erreur sur la personne, notamment lorsqu’elle est la cause de
l’engagement, c'est-à-dire dans les contrats intuitu personae.

Dans les deux cas, l’erreur n’est source de nullité du contrat que si elle est déterminante du
consentement, et aussi excusable.

b) le dol

Le dol est une erreur provoquée par les manœuvres du cocontractant. Il suppose un élément
matériel que sont les manœuvres. Il peut s’agir d’un mensonge ou d’une réticence. Le dol suppose
également un élément intentionnel car il implique la volonté de tromper.

Pour que le dol entraine la nullité du contrat, il doit être déterminant du consentement et émaner du
cocontractant.

c) la violence

La violence vicie le consentement par la contrainte exercée sur la volonté d’une partie au contrat.
Elle peut résulter d’actes d’intimidation physique, ou d’une contrainte morale.

La violence n’est source de nullité du contrat que si elle est illégitime, c'est-à-dire non autorisée par
le droit et déterminante du consentement.

d) la lésion

La lésion est le préjudice subi par un contractant et résultant dans un contrat, du défaut
d’équivalence entre les avantages réciproquement stipulés.

En fixant des seuils, le Code civil admet la rescision du contrat pour lésion dans deux cas :

-dans les ventes d’immeubles lorsque la lésion est supérieure aux sept douzièmes du prix de vente ;

- dans le partage lorsque la lésion est supérieure au quart de la proportion normale.

2) Les moyens contemporains de protection du consentement

La protection de la volonté par la seule théorie des vices du consentement s’est révélée insuffisante.
D’autres techniques de protection, préventives, ont été instituées. Ainsi en est-il de l’obligation

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précontractuelle d’information, imposée par la loi. Cette obligation astreint celui qui détient une
information essentielle au consentement de l’autre partie, à la lui délivrer.

Le droit a également mis en œuvre le formalisme informatif qui consiste en un procédé


d’information du contractant par l’intermédiaire de clauses impératives du contrat, ou de la remise
de documents contractuels.

Pour la jurisprudence, le respect du formalisme interdit d’invoquer un quelconque vice du


consentement.

Dans bien de cas, la responsabilité du professionnel pour violation du devoir de conseil fait
également partie des moyens nouveaux de protection du consentement.

Paragraphe II : les autres conditions de formation du contrat

Outre le consentement, ce sont la capacité, l’objet et la cause.

A : La capacité de contracter

La capacité se défini comme l’aptitude d’une personne à être titulaire des droits et à les exercer. Au
sens de l’article 1124 du Code civil, sont incapables de contracter :

- Les mineurs non émancipés ;


- Les majeurs protégés (personnes atteintes d’imbécilité, démence et fureur) ;
- Tous ceux à qui la loi a interdit certains contrats.

B : L’objet du contrat

L’objet du contrat s’entend de l’opération juridique que les parties cherchent à réaliser. Il peut être
question de donner, de faire ou de ne pas faire quelque chose. La théorie de l’objet concerne
principalement son existence et sa détermination.

La chose qui est objet du contrat doit exister au moment de la conclusion du contrat et son exécution
possible. Les choses futures peuvent aussi faire l’objet de l’obligation. Exceptions sont faites
cependant des pactes sur succession future et hypothèques conventionnelles des biens à venir.

Quant à la détermination de l’objet, l’article 1129 du Code civil dispose que le contrat n’est valable
que si son objet est déterminé. Ainsi pour les corps certains, il faut identifier ou designer la chose
objet du contrat. Lorsqu’il s’agit des choses de genre, l’exigence est qu’il faut spécifier la famille à
laquelle appartient l’objet.

En outre l’objet doit pouvoir être exécuté. On parle de possibilité de l’objet. On parle aussi du
caractère licite de l’objet en ce sens que la chose objet du contrat doit être conforme à l’ordre public.

C : La cause du contrat

La notion de cause du contrat a plusieurs sens. Dans un premier sens la cause est le fait générateur
de l’obligation. On parle de cause efficiente. Dans un second sens la cause est perçue comme le but
poursuivi par les parties qui s’engagent.

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La cause dans le contrat remplit plusieurs fonctions. Elle peut justifier la résolution judiciaire des
contrats synallagmatiques. Elle peut aussi permettre de déterminer l’étendue de l’obligation des
parties. Parfois la cause a servi de qualification des contrats.

Une cause illicite ou immorale peut entrainer la nullité du contrat.

Section III : les effets du contrat

Les effets du contrat sont résumés à l’article 1165 du Code civil, aux termes duquel « les conventions
n’ont d’effets qu’entre les parties contractantes ; elles ne nuisent point au tiers et elles ne lui
profitent que dans le cas prévu par l’article 1121 ». L’article 1121 est relatif à la stipulation pour
autrui. Il y a donc lieu de distinguer la situation des parties de celle des tiers.

Paragraphe I : Les effets du contrat entre les parties

Les effets du contrat entre les parties sont énoncés à l’article 1134 du Code civil en ces termes : « les
conventions légalement formées tiennent lieu de loi à ceux qui les ont faites. » En ce texte se dégage
le grand principe de la force obligatoire.

La force obligatoire du contrat implique une sanction. En principe le créancier peut contraindre le
débiteur à l’exécution au cas où celle-ci n’aurait pas été obtenue volontairement : c’est la question
de l’exécution forcée des obligations contractuelles.

A : Le principe de la force obligatoire du contrat

Il résulte de l’article 1165 du Code civil que les conventions ont effet entre les parties contractantes.
L’article 1134, renforçant cette idée, dispose que « les conventions légalement formées tiennent lieu
de loi à ceux qui les ont faites ». Par les mots « légalement faites » ce texte vise les conventions qui
sont faites conformément à la loi, c'est-à-dire qui sont conformes à l’ordre juridique et ne sont
entachées d’aucune cause de nullité.

La force obligatoire du contrat signifie que le débiteur est obligé de faire ce qu’il a promis, d’exécuter
la prestation à laquelle il s’est engagé. Il doit l’exécuter telle qu’il l’a promise et celui envers lequel il
s’est engagé peut exiger la prestation même qui lui a été promise.

Toutefois, l’impossibilité d’exécuter provenant d’une cause étrangère libère le débiteur. La principale
cause étrangère que cite l’article 1148 du Code civil est le cas fortuit ou la force majeure (accident,
incendie, inondation par exemples).

Dans tous autres cas, le débiteur qui n’exécute pas son obligation peut se voir contraindre par son
créancier.

B : L’exécution forcée des obligations contractuelles

Le contrat ayant une force obligatoire, son inexécution est un fait contraire au droit, qui appelle
normalement une sanction, à moins que l’exécution n’ait été rendue possible par la force majeure.

A défaut d’exécution volontaire par le débiteur, spontanément ou à la suite d’une mise en demeure,
le créancier dispose normalement d’une action en justice pour le contraindre à l’exécution : c’est
l’exécution forcée des obligations.

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Cependant il reste que le créancier ne peut pas toujours obtenir l’exécution forcée ; soit parce qu’il
s’agit d’une obligation de faire, pour laquelle l’article 1142 interdit, en général, que le débiteur puisse
être contraint, soit parce que l’inexécution est définitivement consommée. Dans toutes ces
éventualités, le créancier doit se contenter d’une satisfaction par équivalent. L’obligation
contractuelle se résout en dommages et intérêts, qui réparent le préjudice causé au créancier par
l’inexécution imputable au débiteur, la responsabilité contractuelle de celui-ci étant engagée.

L’inexécution du contrat comporte en outre des effets spéciaux, surtout lorsqu’il s’agit d’un contrat
synallagmatique. La réciprocité et l’interdépendance des obligations qu’il fait naitre à la charge des
deux parties fait que l’inexécution de l’obligation de l’une des parties a une incidence sur l’obligation
de l’autre. Le principe est que si l’un des contractants n’exécute pas sa prestation au moment où il le
doit, l’autre peut refuser lui-même d’exécuter et opposer à la demande de son cocontractant
l’exception d’inexécution.

Paragraphe II : Les effets du contrat à l’égard des tiers

D’après l’article 1165 du Code civil, les contrats ne peuvent ni nuire, ni profiter aux tiers ; c’est le
principe de l’effet relatif des contrats. Il y a lieu de préciser dans la formule de l’article 1165 le sens
des mots.

Premièrement, « nuire et profiter » : Ils signifient que les contrats ne sauraient faire naitre un droit à
l’encontre ou au profit d’un tiers, qu’ils sont impuissants à rendre une tierce personne créancière ou
débitrice. L’idée est qu’en dehors de la loi, seule la volonté de l’individu peut le lier, voir restreindre
sa liberté.

Deuxièmement, la notion de tiers n’est que consécration du principe individualiste dans le contrat.
En règle générale on ne peut par stipulation faire naitre une créance ou une obligation à l’égard d’un
tiers. Une telle volonté sera inefficace. Mais cependant il existe des exceptions à ce principe qu’il
faudra savoir :

- Le principe ne s’applique pas si l’on a contracté au nom d’un tiers. C’est l’hypothèse de la
représentation ;

- L’article 1121 permet dans certains cas de stipuler pour autrui ;

- Il faut ajouter que le droit moderne admet des contrats dits collectifs, par lesquels quelques
individus font naitre des créances et des obligations à l’égard de tout un ensemble de
personnes.

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CHAPITRE : LES DELITS ET QUASI-DELITS : LA RESPONSABILITE CIVILE

Le régime de la responsabilité délictuelle et quasi-délictuelle repose dans le Code civil, sur deux
textes qui rattachent la responsabilité civile à la faute.

D’abord, le plus connu, l’article 1382, relatif au délit civil, c'est-à-dire au fait illicite et dommageable
commis avec l’intention de nuire : « Tout fait quelconque de l’homme qui cause à autrui un
dommage, oblige celui par la faute duquel il est arrivé à le réparer ». Puis l’article 1383, relatif au
quasi-délit civil, c'est-à-dire au fait illicite dommageable commis sans aucune intention de nuire :
« chacun est responsable du dommage qu’il a causé non seulement par son fait, mais encore par sa
négligence ou par son imprudence ».

Le Code civil en ce qui concerne la réparation a opté pour l’individualisme. Le système du Code civil
rattache la responsabilité civile à la responsabilité morale. Ce qui a eu pour conséquence de placer la
notion de faute au centre de la responsabilité civile. Ce système du Code civil a très vite présenté ses
limites, notamment avec l’industrialisation croissante de la société qui avait fait naitre des
dommages, sans qu’on puisse établir la faute d’autrui.

En effet, des victimes d’accidents de travail avaient de plus en plus de difficultés pour rapporter la
preuve de la faute. La jurisprudence les a progressivement dispensé en consacrant la théorie du
risque. Le principe ici est que chacun doit supporter le risque de son activité. Et aussi avec cette
théorie le caractère individuel de la responsabilité sera perdu sous l’influence du développement de
l’assurance : la notion de garantie s’étant substituée à celle du responsable.

Même s’il repose sur les textes de loi, le droit de la responsabilité civile est devenu jurisprudentiel au
fil des années. Cela se vérifie tant au niveau de ses conditions que de ses effets.

Section I : Les conditions de la responsabilité civile

La responsabilité civile suppose la réunion de trois conditions :

-un fait générateur ;

-un dommage ;

-un rapport de causalité entre le fait et le dommage.

Paragraphe I : Le fait générateur de la responsabilité civile

L’article 1384 alinéa premier du Code civil dispose : « On est responsable non seulement du
dommage que l’on cause par son propre fait, mais encore de celui qui est causé par le fait des
personnes dont on doit répondre, ou des choses que l’on a sous sa garde ».

Les tribunaux au regard de la faute et de l’article 1384 alinéa premier dissocient alors le fait
personnel, le fait de la chose et le fait d’autrui.

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A: Le fait personnel

Au sens de l’article 1382 du Code civil, il ne faudrait qu’une faute pour justifier la réparation du
dommage. Le coupable est donc puni par la même occasion. Toutefois ce principe n’est pas
applicable à toutes les situations.

En effet, il est difficile pour certains faits de rattacher la faute au dommage. Seule la théorie du
risque permettra alors l’indemnisation. L’idée est que toute activité qui fonctionne pour autrui,
fonctionne aux risques d’autrui, et c’est celui en a la direction qui doit payer les risques.

B : Le fait des choses

Certes l’alinéa premier de l’article 1384 prévoit la responsabilité du fait des choses que l’on a sous sa
garde. Mais il a fallu attendre l’arrêt TEFFAINE du 16 juin 1896 pour que la Cour de cassation
découvre dans ce texte un principe autonome de responsabilité du fait des choses, autorisant à
condamner le gardien d’une chose indépendamment de toute considération relative à une faute
commise. Le gardien est celui qui a, en fait l’usage, le contrôle et la direction au moment du
dommage.

C : Le fait d’autrui

Le principe est posé à l’article 1384 alinéa premier du Code civil : « on est responsable non
seulement du dommage que l’on cause par son propre fait mais encore de celui qui est causé par le
fait des personnes dont on doit répondre ». Les alinéas 4 et suivants de l’article 1384 indiquent en
outre que :

-les père et mère sont responsables du fait de leurs enfants mineurs ;

-les maîtres et commettants du fait de leurs domestiques et préposés ;

-les instituteurs et artisans du fait de leurs élèves et apprentis.

Paragraphe II : Le dommage

Pour qu’il y ait droit à réparation, il est nécessaire qu’il y ait un dommage. La jurisprudence a fixé les
conditions auxquelles doit satisfaire un dommage pour fonder un droit à réparation. Ces conditions
sont relatives aux caractères du dommage réparable et aux diverses sortes de dommages.

A : Les caractères du dommage

A propos des caractères que doit présenter un dommage, trois sont retenues par la jurisprudence, à
savoir que le dommage doit être certain, le dommage doit être direct et enfin la victime doit avoir un
intérêt légitime à agir.

-Le dommage doit être certain : signifie que le dommage doit être actuel. En effet, sans dommage,
pas de droit à réparation. Mais la jurisprudence va plus loin en décidant qu’un préjudice futur peut
lui aussi être certain, surtout si son évaluation est possible.

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-Le dommage doit être direct : cette exigence signifie que le dommage doit être la suite directe de
l’accident. L’action en réparation du dommage n’est en principe accordée qu’à celui qui directement
en a souffert.

-l’exigence d’un intérêt légitime : la victime d’un dommage doit se prévaloir d’un intérêt légitime.
L’action en justice n’est ouverte qu’à ceux qui ont un intérêt légitime au succès ou au rejet d’une
prétention.

B : Les sortes de dommages


Le dommage peut être corporel, matériel, moral, atteindre des biens ou des personnes.

-Le dommage corporel : ce sont les atteintes à l’intégrité physique. Le dommage corporel est d’abord
et avant tout l’atteinte portée à l’intégrité physique de la personne : les blessures plus ou moins
graves et à plus forte raison la mort. Ces dommages appellent l’indemnisation de la victime. (Mieux
vaut dire indemnisation que réparation). Relèvent aussi de la catégorie des dommages corporels
indemnisables les souffrances physiques et les préjudices esthétiques.

-Le dommage matériel : un fait peut entrainer des dommages matériels de sortes assez divers :
destructions de biens, blessures ou mort d’hommes. Il faudra alors distinguer deux catégories de
victimes : les victimes immédiates et les victimes médiates ou par ricochet. Les victimes immédiates
sont celles qui ont subi une perte ou un manque à gagner. Les victimes médiates sont celles qui
peuvent invoquer un préjudice du fait du dommage causé par l’accident. Par exemple est victime
médiate un enfant dont la mort d’un parent prive des subsides sur lesquels il pouvait suffisamment
compter. Ces deux catégories de victimes ont droit à réparation ou indemnisation.

-Le dommage moral : Ce dommage est aussi réparable. La jurisprudence a décidé que le dommage
réparable pouvait être moral, ce qui lui a notamment permis d’affirmer la responsabilité de son
auteur, en cas d’atteinte à l’honneur ou à la considération, à la pudeur ou aux convictions religieuses
d’une personne. La jurisprudence dans le dommage moral va plus loin en octroyant réparation de la
douleur éprouvée en raison de la mort d’un être cher ou même des seules souffrances physiques
subies par lui.

Paragraphe III : Le rapport de causalité entre le fait et le dommage

L’exigence d’un lien de causalité n’est pas une création de la jurisprudence ou de la doctrine : elle
résulte des textes même du Code civil (articles 1382 à 1386), qui expriment, mais sans la définir,
l’exigence d’un lien de causalité. Cette exigence s’impose quel que soit le fait générateur de
responsabilité : fait personnel, fait d’autrui, fait des choses. Ainsi ne suffit-il pas à la victime d’un
dommage d’établir la faute du défendeur et le préjudice subi, pour obtenir réparation ; encore faut-il
un lien de causalité entre cette faute et le préjudice. Sauf cas d’exonération, la victime pour obtenir
réparation doit absolument rapporter la preuve de la faute du défendeur.

Section II : Les effets de la responsabilité civile : la réparation du dommage

Lorsque les conditions de la responsabilité sont réunies, la victime du dommage a en principe, le


droit d’en obtenir réparation. Mais il faudra savoir de quelle manière il lui est alors possible d’obtenir
cette réparation.

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