SV Soja
SV Soja
Le soja en Occident
La première apparition en Europe est signalée la fin du XVIIe siècle. C'est le botaniste allemand Kempferl qui le
rapporte après un séjour au Japon. Sans suite !
Un siècle plus tard, un fermier de Géorgie le cultive pour la première fois en Amérique, mais le phénomène reste
marginal.
En 1910, une unité de production de "lait" de soja est créée à Paris, tandis que la culture se développe aux USA et
supplante rapidement celle du coton. On exploite notamment l'huile de soja pour l'agro-alimentaire humaine et
les tourteaux pour l'alimentation animale.
Dans la seconde partie du XXe siècle, la culture du soja prend de l'ampleur. L’objectif au départ était la production
d'huile et la nourriture du bétail. Puis, sont apparus d'autres débouchés dans l’alimentation humaine.
1. fermentation traditionnelle
Elle donne des sauces :
– Tamari : sauce obtenue par fermentation longue avec pas ou très peu de blé.
– Shoyu : sauce obtenue par fermentation accélérée avec présence notable de blé.
Shoyu et tamari sont riches en acides aminés libres dont l’acide glutamique qui donne un goût typé.
– Miso : pâte fermentée à base de graines de soja qui s’utilise comme un « bouillon cube ».
Et des préparations solides :
– le Tempeh : aliment traditionnel indonésien, à partir de graines trempées, cuites puis fermentées par un
champignon producteur de vit B12.
– le Natto, obtenu à partir de graines de soja cuites, puis fermentées dans de la paille de riz.
3. broyage et filtration
On obtient ainsi du jus de soja qui est transformé en tonyu (appelé improprement « lait de soja ») par traitement
à haute température (> 130° selon le procédé U.H.T) pour dégrader le facteur antinutritionnel. Le tonyu sert de
base à d’autres préparations :
- Le tofu, qui est un caillé de tonyu, égoutté et pressé.
- Diverses spécialités mises au point par les industries agro-alimentaires dont le sojami obtenu par lacto-
fermentation du tonyu.
Utilisation du soja
Traditionnellement
Le soja était cultivé de manière naturelle et servait principalement à la fabrication de produits directement
fermentés : tamari, shoyu, miso.
Dans l’industrie alimentaire classique
Le soja provient de cultures intensives, traditionnelles ou de plus en plus à partir de semences OGM.
Les dérivés du soja sont devenus omniprésents dans l’agro-alimentaire du fait de :
– propriétés technologiques fonctionnelles, notamment liées aux capacités émulsionnantes de la lécithine et à
la texture des protéines,
– des propriétés nutritionnelles : richesse en protéines avec une faible teneur en matières grasses.
Ils entrent dans la composition de multiples préparations de l'industrie agroalimentaire.
C’est l’huile de soja qui au départ était la plus recherchée.
Les farines et les protéines étaient au départ des sous-produits. Ils ont ensuite cherché et trouvé leurs
applications !
Le soja en chiffres
Selon le sondage Agence Bio / CSA d’octobre 2005* (sur la base de 382 consommateurs et/ou acheteurs de
produits biologiques tout secteurs de distribution confondus sur un échantillon de 1042 personnes représentatif
de la population française), les produits à base de soja représentent environ ¼ des produits consommés en bio,
et sont achetés pour 2/3 dans les grandes et moyennes surfaces (GSM).
Ils se répartissent de la manière suivante :
Boissons 16 %
Desserts 34 %
"Substituts de viande " 45 %
Aides culinaires 5%
Plus de 500 références de produit sont distribuées en France, proposés par une quinzaine de marques.
* Seul 30 à 50 % de la population dispose de la flore et/ou des enzymes nécessaires à la transformation de daidzéine en équol
Activité antioxydante
Les isoflavones sont des flavonoïdes, c'est-à-dire des polyphénols et comme de nombreuses substances de cette
famille, elles ont des propriétés antioxydantes, c'est-à-dire la capacité de protéger l'organisme contre les dégâts
du stress oxydatif.
œstradiol 1000
génistéine 0,85
daidzéine 0,13
équol 0,61
On voit que d'une part, l'activité phyto-estrogénique est quantitativement faible, environ 1000 fois moins que
celle de l'hormone endogène (œstradiol).
D'autre part, l'équol étant environ 5 fois plus actif que la daidzéine, l'activité globale des isoflavones de soja sera
fortement dépendante de la capacité de l'organisme à transformer l'une en l'autre par son métabolisme.
Conséquences physiologiques
La réalité est bien entendu plus complexe, et il est difficile de savoir ce qui se passe précisément pour chaque
organisme, d'où l'inconstance des résultats des essais cliniques. Inconstance qui se complique encore par la
biodisponibilité différente selon la flore intestinale, dont la composition est variable d'une personne à l'autre.
La seule chose qui soit certaine est que l’introduction de soja dans une alimentation occidentale entraîne une
assimilation de phytohormones dans des proportions plus élevées qu’auparavant. Il y a donc une activité
nouvelle qui entre dans l’équilibre biologique global de l’organisme.
Cet apport est considéré comme bénéfique, néfaste ou neutre, selon les auteurs.
Il y a un vaste de débat, loin du consensus à ce sujet.
Les propriétés bénéfiques ont fait l’objet de publications à partir d'études épidémiologiques portant parfois sur
un grand nombre de sujets.
En plus d’un apport intéressant en protéines et acides gras polyinsaturés, diverses propriétés sont aujourd'hui
plus ou moins bien reconnues :
1. Protection cardio-vasculaire
Le soja correspond aux besoins d’un régime pauvre en cholestérol et en graisses saturées, dans lequel il remplace
avantageusement les produits laitiers. Plusieurs études ont montré un effet bénéfique sur la tension artérielle et
sur la teneur en lipides sanguins (baisse du LDL cholestérol).
Suite à une méta-analyse très concluante, la FDA américaine a autorisé une allégation santé reliant la
consommation de 25 g de protéines de soja par jour dans le cadre de la protection cardiovasculaire. Cette
allégation a été reprise en Angleterre.
La protection cardiovasculaire est la mieux documentée des propriétés bénéfiques du soja par la littérature
scientifique. Cependant, il n'a pas encore été établi d'effet positif significatif sur la baisse de mortalité.
Cette action sur la protection cardio-vasculaire est attribuée aux propriétés nutritionnelles du soja, sans lien avec
les isoflavones.
3. Prévention de l'ostéoporose
C'est un effet souvent mis en avant, mais l'étude bibliographique ne permet pas de valider objectivement cette
propriété. On ne dispose en effet que d'études d'observations, dans lesquelles il y a toujours d'autres facteurs
associés, et pas d'étude d'intervention évaluant les effets du soja comparés à un placebo. Cela n'exclut pas que
l'effet existe, cela dit juste qu'il n'est pas scientifiquement démontré.
Une amélioration de la densité osseuse a été mise en évidence lors de certaines observations. Elle apparaît avec
un effet aléatoire et non significatif après la ménopause. Elle est toujours liée à une forte consommation
apportant environ 100 mg d'isoflavones par jour. Ces isoflavones ont été identifiées comme facteur de
protection, mais elles ne sont pas seules en cause. Un apport supplémentaire de protéines est également
considéré comme protecteur et c'est le cas lors des fortes consommations de soja.
Il semble que la capacité métabolique à synthétiser de l'équol soit un facteur nécessaire à cette protection, et l'on
sait que la population est très inégale de ce point de vue.
6. Perte de poids
On attribue au soja la capacité à favoriser la perte de poids. Peu de preuves là aussi !
Le fait que certains régimes hyperprotéinés à base de soja soient efficaces n'est pas spécifique à la nature des
protéines utilisées et n'est donc pas attribuable au soja.
4. Les saponines
Le soja contient des saponines auxquelles on attribue une influence négative sur la perméabilité de l’intestin.
Cependant, des études in vitro et chez l’animal indiquent que les saponines du soya auraient des propriétés anti-
inflammatoires et permettraient de diminuer la prolifération de cellules cancéreuses du côlon et la progression
de métastases du poumon : des aspects prometteurs pour la prévention du cancer !
Difficile de savoir si au final leur présence est bénéfique ou néfaste !
7. Troubles thyroïdiens
Les isoflavones de soja sont suspectés de perturber la fonction thyroïdienne. Une hypothyroïdie a été décrite
chez un enfant consommateur de dérivés du soja. Il y avait dans ce cas un déficit en iode. Chez l’adulte, il a été
observé que la consommation abondante de soja pouvait augmenter l’excrétion des hormones thyroïdiennes
(avec légère augmentation de la TSH), entraînant un augmentation des besoins en iode (ou en hormone exogène
pour les hypothyroïdiens traités).
D'autres aliments sont connus pour être ainsi "goîtrogènes", c'est-à-dire favoriser l'hypothyroïdie lorsqu'ils sont
consommés en grande quantité. C'est le cas des crucifères (tous les choux), du millet, du manioc… Aucun de ces
aliments ne fait l'objet de principe de précaution ! Il est courant qu'un aliment consommé en abondance
perturbe une fonction biologique. C'est la quantité, plus l'aliment lui-même, qui est alors le vrai problème !
Les troubles thyroïdiens ont été mis en évidence ponctuellement dans des circonstances particulières associant
consommation abondante de soja et déficience en iode. La généralisation de ce risque n'a aucun fondement
scientifique.
Le soja est parfois évoqué comme facteur favorisant le cancer de la thyroïde. L’AFSSA est claire à ce sujet, il n’y a
aucun fondement à cette affirmation.