Werner Michael - Stöckli Thomas - Se Nourrir de Lumiere PDF
Werner Michael - Stöckli Thomas - Se Nourrir de Lumiere PDF
Werner Michael - Stöckli Thomas - Se Nourrir de Lumiere PDF
ISBN : 978-2-915804-20-1
Pour la version française
© aethera pour Triades S.A., La Boissière en Thelle, 2008
www.editions-triades.com
Michael Werner / Thomas Stiickli
Se nourrir de lumière
L'expérience d'un scientifique
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Avertissement important
Avertissement important 4
Préface 7
Introduction 14
Qui est Michael Werner 14
5
Suggestions et aides à la compréhension issues de la
psychologie des profondeurs 193
Postface 208
6
Préface
7
Pour la supervision médicale et l'évaluation de l'examen,
furent engagés non seulement un comité d'experts sanitaires,
mais aussi un professeur de médecine protestant, de l'uni-
versité d'Erlangen, qui a publié les résultats en 1927 dans
le numéro 46 du Münchener Medizinischen Wochenschrift
(« Hebdomadaire médical de Munich »). Aussi bien pour
l'absence de nourriture que pour les saignements, l'hypothèse
d'une fraude fut exclue 2 .
On n'a pas attendu le XXe siècle pour exercer son esprit
critique. Déjà autrefois, on savait qu'il était possible, pour
des motifs religieux, de méconnaître la vérité et de s'exalter,
ce qui pouvait conduire certaines personnes à ne pas voir
qu'ils étaient dans la tromperie et l'illusion. Nicolas de Flue
(1417-1487), le saint national suisse, souvent appelé frère
Nicolas, après avoir réussi sa carrière dans le monde en tant
que paysan, officier de l'armée et homme politique, a quitté
à l'âge de 50 ans sa famille et sa ferme et, après une profonde
expérience mystique, a vécu jusqu'à sa mort les vingt années
suivantes sans manger ni boire. Déjà à l'époque, on ne prenait
pas connaissance du phénomène de l'inédie sans esprit criti-
que. Bien qu'encore relativement éloignés de la conception
matérialiste du monde prédominant aujourd'hui, beaucoup
des contemporains de Nicolas, qui ne fut canonisé que bien
plus tard, ont accueilli avec scepticisme son inédie. C'est ainsi
que l'on a mandaté un certain nombre de jeunes gens pour
bloquer sans faille pendant un mois l'accès du ravin où il
s'était retiré, afin d'exclure toute tentative d'apport fraudu-
leux de nourriture ou de boisson, notamment pendant la nuit.
Malgré cette surveillance, différentes personnalités connues
ne se sont pas départies de leur attitude sceptique. Un envoyé
de l'évêque de Constance voulut par lui-même convain-
cre Nicolas de tromperie en essayant de le forcer à manger.
Pour se montrer obéissant envers ce seigneur ecclésiastique,
le saint homme essaya vraiment de manger. Mais du fait que,
par ce jeûne prolongé, son organisme s'était transformé, la
tentative d'alimentation aboutit à un fiasco et faillit tourner
8
à la catastrophe. L'ecclésiastique de Constance dut rentrer
bredouille. L'histoire ne dit pas s'il avait changé d'avis'.
Il semble cependant qu'au fil du temps, on n'a cessé de
découvrir des tromperies concernant des jeûnes simulés 4.
Pour des scientifiques de formation classique, les cas de
jeûnes prolongés et en particulier l'absence d'apport liqui-
dien sont encore aujourd'hui vécus comme un scandale et
une provocation derrière lesquels ils ne peuvent voir qu'illu-
sion et conduite irresponsable envers sa propre santé. C'est
sans doute ce qui permet de comprendre pourquoi ce phéno-
mène d'un grand intérêt scientifique n'a jusqu'alors pas fait
l'objet de recherches approfondies. Les chercheurs actuels en
biophysique nous apprennent pourtant que, chez l'homme,
les trois quarts des apports et pertes d'énergie se produisent
de toute façon par rayonnement électromagnétique et que
l'approvisionnement énergétique par la nourriture ne joue
donc quantitativement qu'un rôle plutôt secondaire 5. Nous
sommes censés savoir, au plus tard depuis le développement
de la théorie quantique, que la lumière et la matière sont au
fond différents états de la même énergie. Et déjà, depuis la
découverte de la photosynthèse, nous savions qu'avec la
lumière solaire, de l'amidon — c'est-à-dire de la matière solide,
autrement dit de la nourriture — peut être produit à partir de
CO, et H2O, même si encore maintenant nous ne compre-
nons pas scientifiquement ce processus dans tous ses détails.
Si l'on continue à réfléchir au fait que l'influence de l'esprit
humain sur la matière vivante et minérale est prouvée scien-
tifiquement de manière certaine, en réalité il ne devrait plus
y avoir de problème à reconnaître qu'il est en principe possi-
ble de s'abstenir de nourriture et de boisson pour une longue
durée. Cette condition doit absolument être remplie pour que
des chercheurs sérieux examinent attentivement des processus
tels que la privation de nourriture et de boisson.
Par l'expérimentation scientifique qui est décrite dans ce
livre, telle qu'elle a été suivie par Michael Werner dans une
clinique universitaire suisse, on peut espérer que les portes
9
vont s'ouvrir à un domaine qui peut nous apporter encore une
quantité de connaissances scientifiques nouvelles dont on ne
peut se permettre de sous-estimer la valeur. Tous ceux qui y
ont participé peuvent être remerciés pour leur esprit d'ouver-
ture, leur courage et leur persévérance. Ce fut une course
d'obstacles sans pareille pour obtenir les autorisations néces-
saires de la part de la Commission éthique, de l'administra-
tion et d'autres instances officielles. Et effectivement, si cela
avait mal tourné, on n'y serait pas allé de main morte contre
ces autorités.
L'Australienne Ellen Greve alias Jasmuheen, fondatrice de
ce que l'on appelle la «nutrition par la lumière», ou le proces-
sus des 21 jours 7-8 , a elle aussi attiré sur elle les foudres de la
science. Elle a non seulement été accusée de fraude, mais on
l'a aussi affublée de toutes sortes de diagnostics psychiatriques
lourds (portés à distance), ce qu'elle a d'ailleurs supporté rela-
tivement sans dommage. Mais c'est après qu'ait été rapporté
un cas mortel survenu en Nouvelle-Zélande pendant ce
processus des 21 jours, que les médias et les médecins déclen-
chèrent l'assaut. Auparavant, il est possible que quelques
personnes aient procédé d'une façon trop peu circonspecte à
un « jeûne » de ce genre, et les communications des médias
ont peut-être mené à une conduite plus responsable avec le
processus de nutrition par la lumière. Toute cette agitation
devrait toutefois moins être mise en rapport avec le fait que
parmi les 10 000 personnes dont on suppose qu'elles ont suivi
le processus de nutrition par la lumière, quelques cas mortels
sont survenus ; sinon, la même indignation devrait prévaloir
par exemple vis-à-vis d'un grand nombre de sports à haut
risque responsables de nombreux cas mortels et d'une quan-
tité de blessés. Il faut penser aussi que par suite de mauvaise
alimentation à cause de l'excès d'aliments ou de boissons,
ou à cause de leur mauvaise qualité, les cas mortels sont des
dizaines de milliers à des millions de fois plus fréquents, sans
pour autant déclencher une agitation pareille. Ce qui provo-
que l'entrée en lice des médias et des experts médicaux pour
10
protester pourrait bien être l'incompatibilité d'un tel proces-
sus avec la conception du monde qui prévaut actuellement.
J'ai moi-même failli perdre mon poste de chef de service
lorsqu'on apprit — pratiquement trois ans après — que j'avais
expérimenté le processus des 21 jours et écrit à ce sujet 9. On
a voulu m'obliger à faire publiquement une mise en garde et
à déconseiller ce processus. Cela aurait d'ailleurs été diamé-
tralement en contradiction avec mes connaissances scien-
tifiques et il n'en était pour moi pas question. En faveur de
mes responsables hiérarchiques, il faut dire qu'en dépit des
protestations de mes collègues, ils m'ont finalement laissé
mon poste. Pratiquement, le plus impressionnant dans toute
cette expérience, c'est pour moi d'avoir appris que, dans
notre monde scientifique apparemment si éclairé, l'ouver-
ture d'esprit consistant à réviser des idées entrant en jeu de
manière fondamentale dans une conception du monde et à
se poser des questions ne s'est pas accrue depuis l'époque de
Galilée. Il semble plutôt qu'elle s'est restreinte.
Le phénomène de l'inédie me passionne depuis des décen-
nies. Déjà comme lycéen, je lisais avec le plus grand intérêt
des récits sur ce sujet, concernant des yogis ou des saints. En
mon for intérieur, j'ai toujours été intimement convaincu que
ces récits sont authentiques et que, concernant notre connais-
sance du monde et le niveau de notre conscience scientifi-
que, nous ferons un grand pas en avant en reconnaissant ces
phénomènes. Les récits sur l'abstinence humaine de nourri-
ture et de boisson m'ont bouleversé. Ils annoncent peut-être
un élargissement de notre image scientifique et religieuse du
monde et pourraient nous tirer de la captivité oppressante du
matérialisme contemporain.
Un samedi de novembre 1997, j'ai découvert en librairie le
livre Vivre de lumière d'Ellen Greve alias Jasmuheen i0, je l'ai
lu le même week-end et, par un concours de circonstances, je
participais déjà le week-end suivant à un atelier de Jasmuheen.
Déjà à la lecture de ce livre, il m'est apparu clairement que je
suivrai le processus. Ce dont j'avais besoin, c'était un contact
11
immédiat avec Jasmuheen, pour entendre et pour sentir si elle
et son message étaient dignes de foi, et si ce que disaient quel-
ques « simples mortels » qui avaient suivi le processus pourrait
m'assurer que je ne m'engage pas dans une expérience médi-
cale irresponsable. Ma certitude que l'inédie est fondamen-
talement possible ne signifiait pas encore qu'un tel processus
soit sans risque et recommandable pour l'homme ordinaire,
menant une vie ordinaire.
En dépit d'une préparation très insuffisante, je suis entré
dans l'abstinence de nourriture et de boisson avec une éton-
nante facilité. Les premiers jours, averti par les comptes rendus
d'expérience que j'avais lus, je m'attendais à une faiblesse crois-
sante. Et puis j'ai réalisé que chez moi cette faiblesse ne s'était
pas installée, mais débouchait directement sur un sentiment
grandissant de légèreté et de vigilance pendant la journée, et
un besoin réduit de sommeil pendant la nuit. Le processus
a bien été l'événement le plus intense de ma vie d'adulte. La
deuxième et la troisième semaine prirent un cours inattendu.
Beaucoup d'anciens sentiments et de rêves que, plus de 25 ans
auparavant, j'avais travaillés au cours de ma propre thérapie
et dont je croyais être venu à bout, ont resurgi, la plupart du
temps sous la forme de douleurs corporelles, de sensations, de
crispations — principalement dans la région abdominale — et
autres manifestations du même type. Des soins quotidiens
dispensés par la guérisseuse Graziella Schmidt m'ont libéré
de mes douleurs et m'ont ramené le bien-être. Souvent, je me
disais que tout l'ancien ballast que représentent ces sentiments
m'avait été enlevé, jusqu'à ce que, le lendemain, une nouvelle
vague remonte. J'ai pu faire une toute nouvelle mise au point
en psychosomatique : j'ai constaté moi-même comment des
choses qui semblent déjà travaillées et ont plus ou moins
disparu de la conscience peuvent être encore présentes dans
«la mémoire cellulaire» ; des méthodes de mise à jour ou de
thérapie verbale ne peuvent y accéder, et pourtant les forces
d'une guérisseuse le peuvent, même si nous ne les compre-
nons pas encore très bien.
12
Pendant les sept premiers jours, c'est-à-dire également en
abstinence de boisson, et par suite d'un besoin de sommeil
réduit, j'ai dansé intensément dans la joie une à deux heures ;
c'était en général le matin entre quatre et six heures. La
musique, le mouvement et la sensation croissante de légèreté
corporelle m'amenaient alors souvent dans un état proche de
l'extase, submergé par un sentiment de bonheur. De la combi-
naison avec les anciens sentiments resurgis, résultait une alter-
nance continuelle de haut et de bas, entre des douleurs corpo-
relles et psychiques d'origine ancienne, surgissant par vagues
et parfois atroces, et le retour à un sentiment de légèreté, de
bonheur, de gratitude et d'humilité. L'humour de la guéris-
seuse et ma légèreté émotionnelle ont fait que je n'ai pratique-
ment jamais autant ri que pendant ces trois semaines.
Le processus de nutrition par la lumière a-t-il une signifi-
cation sociale ? De nos jours, pratiquement pas ; en tout cas
pas dans le sens où Jasmuheen l'espérait, c'est-à-dire que les
gens des pays pauvres et sous-alimentés modifient leur budget
énergétique et pourraient par là être moins dépendants de la
nourriture. Peut-être cela pourra-t-il être le cas dans un loin-
tain avenir, mais pour les hommes d'aujourd'hui, cela n'a, au
mieux, qu'une importance théorique.
De nos jours, il s'agit principalement de renverser les
barrières de la pensée scientifique ou de notre façon de penser
notre existence. Le changement rapide de conscience sociale
que nous sommes en train de vivre forme le contexte dans
lequel le phénomène qui est abordé dans ce livre trouve sa
place. C'est ainsi qu'il peut contribuer à former une mosaï-
que ornant la longue route du retour de l'homme vers Dieu,
autrement dit, du retour à la connaissance de sa nature fonda-
mentalement divine.
13
Introduction
14
C'est ce qu'il tente, non pas avec de nouvelles théories, mais
avec des «faits bruts », avec des phénomènes matériellement
vérifiables.
15
Contre tout dogme —
Pour une science critique et adoptée à notre temps
16
« Nous ne saisissons plus du tout ce qu'est la matière. Cela
signifie que non seulement on ne peut plus comprendre
l'âme à l'aide de l'image de la matière, mais que c'est
la matière qui se comporte à son tour, pour l'exprimer de
manière provocante, tout comme l'âme » 12.
Ainsi parle Rupert Sheldrake (cité par von Lüpke 13) qui,
en tant que docteur en biologie, se consacre depuis des années
17
à la recherche sur des phénomènes qui ont été classés comme
inexplicables par la science conventionnelle.
18
Tout cela correspond pour l'essentiel aux représentations
que s'en fait la physiologie moderne, et doit être complété
par des processus d'assimilation et de transformation éthé-
riques tels que le scientifique de l'esprit Rudolf Steiner les
a présentés.
II y a là de grandes et de petites circulations, des rapides
et des lentes qui, par leur flux constant, nous maintiennent
en vie physiquement. Dans la nutrition par la lumière, ces
processus reçoivent un nouvel agencement et sont notam-
ment modifiés dès le point de départ de l'équilibre des
flux, car ceux-ci sont de toute évidence nécessaires à la
vie. C'est pourquoi la nutrition par la lumière ne signi-
fie pas seulement qu'une nouvelle source d'énergie est
libérée — ce serait encore relativement facile à penser —,
mais aussi que des substances doivent être densifiées et
condensées, car sans cet apport, les bilans de substances
mesurables ne pourraient pas être expliqués. Le seul fait
de pouvoir maintenir pendant des mois un poids corporel
constant sans aucune absorption de nourriture et avec
un apport liquidien minime, est déjà impossible selon la
manière de penser traditionnelle. Et pourtant, cela mar-
che, et même, sans problème. Les très nombreuses don-
nées physiologiques mesurées ne donnent, de manière
étonnante, jusqu'à présent aucune indication d'irrégulari-
tés ou de particularités.
Cela pose naturellement plus de questions que cela
n'apporte de réponses. Il me tient personnellement à
coeur de me consacrer à ces questions et de me tenir à
disposition pour des observations et des examens. »
19
préétablie, ni naïvement ouverts voire affiliés à n'importe quel
courant du New-Age, autant nous souhaitons nous garder de
tout culte de la personnalité. Non seulement Michael Werner
se décrit lui-même comme une personne ordinaire, mais il l'est
vraiment. S'il se désigne comme « Monsieur Dupont, consom-
mateur normal » c'est un peu en dessous de la réalité, mais
uniquement du fait qu'il appartient à une petite minorité de
personnes qui peuvent se nourrir sans alimentation solide au
sens habituel du terme. En tant que scientifique, c'est lui le plus
étonné, et il ne trouve aucun modèle explicatif simple. Mais
c'est justement cela qui lui rend la science attrayante : explorer
de nouveaux domaines et développer de nouvelles théories, qui
sont de toute façon toujours boiteuses au regard des expérimen-
tations, mis à part lorsque des réalités sont créées sur la base de
théories, comme c'est le cas dans la technique.
Il s'agit donc de prendre tout à fait objectivement le phéno-
mène de ce scientifique avec son expérience comme un défi à
notre pensée, à notre compréhension de la science et à notre
image habituelle du monde. Et cela, sans tomber dans l'erreur
de le suivre de manière crédule, ni celle d'éliminer le phéno-
mène sans l'avoir vérifié.
Pour donner matière à réflexion, remettre en question et
penser de façon neuve des processus apparemment banals
comme l'alimentation, nous citons largement dans la suite
Rudolf Steiner (1861-1925). Ce grand chercheur, qui fut
un précurseur, s'est occupé de ces questions de manière très
approfondie.
20
«Il existe donc une essence fondamentale de l'état terrestre
matériel et toute matière n'en est que la densification. Si
l'on se demande quelle est la matière fondamentale de
notre existence terrestre, la science spirituelle répond :
toute matière est, sur terre, de la lumière condensée ! Rien
n'existe, dans le monde matériel, qui ne soit de la lumière
condensée sous une forme quelconque. [...] Où que vous
portiez la main pour toucher une matière, vous avez par-
tout de la lumière condensée, comprimée. La matière, dans
son essence véritable, est lumière. »
21
«L'homme élimine donc continuellement de la matière et
absorbe sans cesse de nouvelles substances. En sorte que
l'on pense: la matière entre par la bouche et ressort par
l'anus et l'urine, et l'homme est donc un tuyau. Il absorbe
la matière en mangeant, il la rejette, il la garde un certain
temps. Voilà à peu près comment on pense que l'homme
est construit. Mais dans l'homme réel, il n'entre en fait
absolument rien de la matière terrestre, absolument rien.
Ce n'est qu'une illusion. La chose est ainsi, en effet. Si
nous mangeons, disons par exemple des pommes de terre,
il ne s'agit absolument pas d'absorber quoi que ce soit
de la pomme de terre, mais la pomme de terre est simple-
ment quelque chose qui nous stimule, dans les mâchoires,
le gosier, etc. Là, la pomme de terre agit partout. Et sur-
vient alors en nous la force d'expulser à nouveau cette
pomme de terre, et quand nous l'expulsons, vient à notre
rencontre, à partir de l'éther, et non de la matière solide,
ce qui nous construit au cours de sept ans. En réalité, nous
ne nous construisons pas à partir de la matière de la terre.
Ce que nous mangeons, nous le mangeons seulement afin
d'avoir une stimulation [...].
Mais il peut toutefois survenir des irrégularités. En effet, si
nous absorbons trop de nourriture, elle reste à l'intérieur
de nous trop longtemps. Alors nous accumulons en nous
de la matière qui ne devrait pas y être, nous devenons cor-
pulents, gros. Si nous en absorbons trop peu, nous avons
trop peu de stimulation et nous prenons trop peu de ce dont
nous avons besoin, à partir du monde spirituel, à partir du
monde éthérique. Mais c'est quelque chose de tellement
important: nous ne nous construisons absolument pas à
partir de la terre et de sa matière, mais nous nous construi-
sons à partir de ce qui est extérieur à la terre. Et si, en sept
ans, le corps tout entier est renouvelé, alors le coeur aussi
le sera. Le coeur que vous portiez en vous il y a huit ans,
vous ne l'avez désormais plus en vous, mais il a été renou-
velé, renouvelé non pas à partir de la matière de la terre,
mais renouvelé à partir de ce qui entoure la terre dans la
lumière. Votre coeur est de la lumière comprimée ! Vous
avez en fait comprimé votre coeur à partir de la lumière
22
du soleil. Et ce que vous avez absorbé comme nourriture
n'a fait que vous stimuler à comprimer la lumière du soleil
jusque-là. Vous construisez tous vos organes à partir de
l'environnement pénétré de lumière, et manger, absorber
de la nourriture, n'a de sens que pour cette incitation, cette
stimulation. »
23
chaleur au-dessus de la terre. C'est de la substance cosmi-
que. [...] C'est par les sens et la respiration que la matière
cosmique est absorbée. »
24
La nutrition par la lumière comme « message»
25
les années à venir, une nouvelle image du monde et de l'homme
devra prévaloir pour que cette nouvelle réalité puisse ouvrir de
nouvelles perspectives aux plans scientifique et social égale-
ment. Et comme il a été dit au début : il ne s'agit pas en premier
lieu de répandre ce mode d'alimentation. Il s'agit plutôt de
s'ouvrir à de nouvelles forces dans tous les domaines de la vie,
pour mener sa vie et y agir selon des possibilités radicalement
nouvelles. Cela se produit déjà par le développement rapide de
la technique et de ses acquis qui, comme le diraient nos « ancê-
tres », font déjà beaucoup de « miracles ». Nous en sommes
tellement fascinés que nous oublions peut-être qu'il peut aussi
y avoir des miracles dans le domaine de la vie quotidienne, qu'il
en survient en effet chaque jour et que c'est nous-mêmes qui
nous limitons avec notre vision du monde habituelle.
26
C'est ce que dit le Professeur Werner Heisenberg, dans sa
célèbre conférence de 1953 « La nature dans la physique contempo-
raine». H en est de même pour la question de la preuve: là aussi,
les principaux scientifiques sont sortis depuis longtemps de l'abso-
lutisation de la supposée démonstration objective par expéri-
mentation. L'homme qui met en place et conduit une expérience
l'influence avec son optique, ainsi qu'avec son interprétation sous
la forme de modèles — valables temporairement! Maintenant,
que l'homme fasse confiance à des mesures sur un ordinateur ou
à sa propre perception directe, c'est finalement toujours le vécu
immédiat qui doit être rapporté à la raison et à la pensée logico-
critique. Ce qui est le plus puissant, c'est le vécu immédiat du
«c'est comme ça», de ce qui a été éprouvé directement. Si je vois
un poêle chaud, que je le touche et que je me brûle, et si quel-
qu'un arrive en affirmant que ce poêle n'existe pas et que je ne
pourrai pas prouver qu'il existe, alors je répliquerai à ce sceptique
que ma certitude provient de ma perception directe et que cela
représente pour moi la preuve de la réalité.
On peut maintenant transposer cela au phénomène de
la nutrition par la lumière. Comme le scientifique Michael
Werner voulait en être sûr à 100 %, il a essayé lui-même. Et
celui qui veut savoir, mais n'a pas envie de faire l'expérience
sur son propre corps, peut toujours s'enquérir de comptes
rendus des faits ou va peut-être faire la connaissance d'une
personne de son entourage qui l'a fait. Cela aussi a force de
preuve et une rencontre avec une telle personne peut laisser
une impression durable.
27
On peut tout d'abord observer de manière critique son
entourage : que disent ses collaborateurs ? Ils confirment
le sérieux de leur chef d'entreprise. Il occupe un poste de
responsabilité en tant que collaborateur tout à fait normal et
apprécié. C'est aussi un scientifique, docteur en chimie, qui
connaît bien les questions concernant les substances et les
processus physiologiques.
28
l'entourage proche qui est au courant, ne peut pas ou ne veut
pas aborder le sujet. Simplement, « on » n'en parle pas...
29
exprimées très nettement dans son livre La voie de la guérison:
réconcilier médecine et spiritualité 18 . L'existence de tels médecins
et le fait qu'ils occupent également des postes à responsabilité
— Bosch est médecin chef du service de psychiatrie externe du
canton de Bâle-campagne — est sans aucun doute d'une impor-
tance décisive pour l'avenir de la médecine.
Dans l'introduction de son livre, il touche exactement le
point crucial qui se situe aussi au coeur de ce livre-ci : il parle
d'un «deuxième éveil de la science». Il plaide pour une attitude
scientifique de base qui ne se laisse brider ni par des dogmes
scientifiques ni par des croyances ou des motivations matéria-
listes, mais qui au contraire comprend les expériences spirituel-
les et les phénomènes inhabituels justement comme un appel
à un changement de paradigme. Tout son livre est traversé par
l'idée fondamentale qu'il n'existe dans la réalité absolument
aucune séparation rigide entre la matière et l'esprit. La physi-
que moderne a, en ce sens, développé de tout nouveaux modè-
les qui jettent des ponts vers une «conception holistique du
monde ». Il rapporte des expériences dans lesquelles, par exem-
ple, l'action de la prière sur la guérison de malades a pu être
démontrée, même si la fiabilité du protocole expérimental dans
de tels domaines doit toujours être discutée.
La question de la « nutrition par la lumière » ne figure, dans
le contexte d'ensemble de son livre, que de manière margi-
nale, parce que — comme pour nous — ce qui au fond compte
pour lui, c'est quelque chose de beaucoup plus vaste : il s'agit
en fait d'une nouvelle science, de l'intégration du spirituel et
du divin universel à notre vie moderne, avec les répercussions
correspondantes dans toutes les branches des sciences. Ce
processus, Rudolf Steiner, en tant que pionnier, en a ouvert la
voie il y a bientôt cent ans avec sa science anthroposophique
de l'esprit ; Biisch se réfère aussi directement à lui en diffé-
rents endroits de son livre.
Dans le paragraphe intitulé «Accompagnement et recher-
che concernant ce que l'on appelle le processus de nutrition
par la lumière», Bosch écrit à ce sujet :
30
« Le phénomène est important et ne devrait pas être refoulé
dans la clandestinité, sinon les dangers qui, comme le
montrent les décès, existent évidemment aussi, ne feront
qu'augmenter. Il convient d'observer et d'investiguer soi-
gneusement ce processus de nutrition par la lumière, lors
d'un suivi médical rapproché par des médecins et des pra-
ticiens de santé, pour obtenir bientôt des informations fia-
bles. Une clinique de praticiens de santé serait tout à fait
appropriée pour une telle tâche [...]. »
31
L'objectif principal
réaliser une étude scientifique sérieuse
32
encore disponibles, nous nous limitons ici au compte rendu
subjectif, mais extrêmement détaillé et de la plus grande exac-
titude, du sujet lui-même. Il a pour but de fournir au lecteur
critique quelque base lui permettant de se faire une idée de
cette expérience, de sa signification possible et de son éven-
tuelle pertinence scientifique.
33
Compte rendu personnel de Michael Werner sur le
déroulement de l'étude
34
pu aller très vite car, nous étant longuement et efficacement
préparés, nous étions « prêts à intervenir ». Le financement de
l'étude, dont nous devions nous-même nous occuper, fut par
chance assuré par le généreux soutien de la fondation Asa-
Blumfeldt de Dornach. Nous avions également déjà trouvé
un lieu adapté pour conduire l'expérimentation : une chambre
spéciale dans le service de soins intensifs d'un hôpital suisse
disposant d'une vidéosurveillance permanente ainsi que de
tout autres conditions d'encadrement nécessaires pour garantir
sans équivoque la situation d'abstinence alimentaire absolue.
Maintenant, ça y est.
Je suis assis dans le train qui me mène de Bâle à la Suisse
de l'intérieur. Il est six heures du matin, la nuit est froide. Je
dois être à 8 h 30 à l'hôpital. Deux lourdes valises m'accom-
pagnent. Lourdes surtout de tous les livres, de l'ordinateur, de
la mini-chaîne stéréo et d'une quantité de disques de musique
classique. Pendant 10 jours, je ne quitterai plus ma chambre,
ne pouvant ouvrir la fenêtre, dépendant pour le meilleur et
pour le pire de la climatisation de l'hôpital. Quant à la visite,
je n'ai évidemment pas le droit d'en recevoir. Je me demande
ce que cela va donner dans la pratique. Bon, c'est bien moi
qui l'ai voulu ainsi.
Arrivée à la gare. Un peu troublé et agité, je cherche la
ligne de bus. Ça commence à devenir sérieux, Dieu merci.
Puis j'arrive à l'hôpital.
Premier jour
35
intensifs au troisième étage. Le service est récent, moderne,
de ce fait un peu stérile, mais clair et agréable. Une infir-
mière, amicale, me conduit à ma chambre. Brutalement, cela
devient clair pour moi : désormais, tu ne quitteras plus cette
chambre pendant 10 jours. La chambre est plus spacieuse
qu'à l'ordinaire, mais n'a qu'une fenêtre proportionnellement
petite avec vue sur une rangée d'arbres dont on ne voit que la
cime colorée par l'automne. La fenêtre ne peut pas s'ouvrir, la
poignée a été démontée, cela signifie en fait que je dépends de
l'air de la climatisation.
Le mur du fond de la chambre est équipé d'appareils de
mesure comme une capsule spatiale. Ce n'est pas spéciale-
ment agréable. Au mur d'en face se trouve un petit lavabo et
une petite armoire. Bon, c'est clair : service de soins intensifs,
cela veut dire pas de douche, pas de baignoire, pas de toilet-
tes. Alors : soins corporels comme dans l'ancien temps. Dans
un coin de la chambre, se trouve un support avec une caméra
à grand-angle : « Big brocher » me souhaite la bienvenue.
L'appareil fonctionne en permanence et enregistre tous mes
gestes sur bande magnétique. Cela signifie que la nuit aussi, il
doit rester assez de lumière allumée pour que la caméra puisse
voir quelque chose. Mais je suppose que ça ne me dérangera
pas trop, car normalement, je dors comme un ours en hiver.
Il n'y a malheureusement pas de table de travail et, lorsque je
demande prudemment, je me heurte à une incompréhension :
en soins intensifs ! Bon, je vais me débrouiller et détourner la
table à manger.
J'ouvre mes valises. À côté de moi se tient le médecin
responsable qui contrôle très précisément chaque élément de
mes bagages, comme aux pires jours à la douane. Je pourrais en
effet avoir quelque part avec moi quelque chose à manger, peut-
être des aliments de cosmonautes ou quelque chose du genre.
Bon, ça ne me gêne pas. Mes valises sont déposées hors de la
chambre, et aussitôt, commence le programme convenu.
Tout d'abord, l'examen de routine par le médecin respon-
sable du service, de la tête aux pieds, sondant les reins et les
36
coeurs. Tout semble aller bien. Suivent les nécessaires examens
standards qui reviennent quotidiennement : mesure du poids,
de la température, de la pression artérielle, et de la saturation
en oxygène, ainsi qu'un prélèvement sanguin pour bilan assez
complet, que je connais bien, mais autant de tubulures pour
un prélèvement, je n'ai encore jamais vu cela. C'est nouveau.
Ce sont 80 à 90 ml qui me sont aspirés ce matin, pour
toutes les mesures imaginables. Heureusement, un prélève-
ment sanguin de cette importance n'a lieu qu'au premier, au
sixième et au 10e jour, mais les autres jours c'est tout de même
à chaque fois 40 à 50 ml de sang. Puis, pour le contrôle du
coeur et de la circulation, je suis relié de manière désormais
permanente à l'électrocardiographe, par trois électrodes sur le
haut du corps. Ce câblage qui me tient donc « en laisse » reste
avec moi pour les 10 prochains jours. Sortir n'est pas possi-
ble, l'alarme sonnerait aussitôt en salle de surveillance. Dieu
merci, le câble suffit tout juste pour atteindre le lavabo.
Nuit et jour, et heure par heure (!) un membre du person-
nel du service vient mesurer la pression artérielle et la satu-
ration en oxygène de mon sang. Je suppose que c'est pour
pouvoir garantir et rendre compte que régulièrement une
personne a contrôlé comment je vais. Mais la nuit, la mesure
est automatique, c'est-à-dire que le brassard de pression arté-
rielle et le boîtier de mesures de la saturation en oxygène
demeurent en place. Cela me dispense toujours d'une mani-
pulation importune pendant le temps de sommeil, mais cela
fait tout de même deux « laisses » de plus.
Je suis à peine quelques minutes seul à reprendre mon
souffle, que déjà on frappe, et une jeune dame pimpante avec
une grosse valise et une table roulante pleine d'appareils entre
dans ma chambre. Elle est responsable des mesures calo-
rimétriques et vient respectivement au ler, 6e et 10e jour. Je
dois m'étendre sur le lit et disparais pour 15 minutes sous un
demi-globe de plastique hermétiquement fermé : l'air de ma
respiration est analysé. L'air inspiré et expiré est analysé préci-
sément et ce qu'on appelle le quotient respiratoire est calculé.
37
C'est une mesure qui sert à évaluer la qualité de mon méta-
bolisme basal. J'ai déjà fait cela une fois, cela ne me surprend
pas.
Vient ensuite encore une petite mesure de la résistance
électrique corporelle entre le pied droit et la main droite pour
déterminer la composition de mon organisme quant à sa
teneur en eau, en graisse et en masse tissulaire non-adipeuse.
C'est à peine fini qu'on frappe à nouveau, et cela continue.
Un jeune médecin sympathique avec qui j'aurai, dans les jours
suivants, nombre d'intéressantes conversations, me bran-
che pour 24 heures à un appareil de mesure de la fréquence
cardiaque et respiratoire. Cela fait encore trois électrodes de
plus sur la poitrine, et encore un câble qui, comme tous les
autres, cherche en permanence une occasion de rester accro-
ché quelque part ou de s'emmêler avec un de ses collègues.
Heureusement, ce câble n'aboutit pas à un appareil éloigné,
mais dans une petite boîte, de la taille d'un paquet de cigaret-
tes, qui ballotte maintenant sur mon ventre pour 24 heures.
En outre, un autre câble sort du boîtier susdit, pour aboutir
à une prise située sur mon nez pour la mesure de la tempéra-
ture de mon air respiratoire. Un petit câble supplémentaire
mesure en permanence devant ma bouche ma fréquence
respiratoire. Étonnamment, je m'y habitue relativement vite.
Cette mesure supplémentaire n'est heureusement menée que
dans les 24 premières heures.
Ensuite, je remplis quatre (!) questionnaires psychologi-
ques, dont certains vraiment approfondis. Je me sens petit
à petit comme un lapin dans la recherche pharmaceutique,
à la différence près que j'ai dû remplir le questionnaire moi-
même.
À midi, je fais mon premier tour sur l'ergomètre, une sorte
de vélo d'appartement qui calcule et indique automatique-
ment la quantité d'énergie consommée par unité d'entraîne-
ment. Comme j'aime bouger, on a convenu selon mon propre
souhait que je fasse deux fois par jour trente minutes d'entraî-
nement. Je règle au départ pour une consommation d'environ
38
100 kJ, ce qui correspond environ à 12 à 13 km de vélo. Pour
l'instant, je ne suis pas particulièrement en forme, du fait
d'une désagréable coupure à la plante du pied, qui m'a gêné
dans les semaines précédentes et m'a empêché de pratiquer
quelque sport que ce soit, mais l'entraînement fait du bien
et, tant bien que mal, me rend supportable ma petite cage de
soins intensifs.
L'après-midi, une équipe vient faire des mesures sur mon
système nerveux autonome, et je fais à cette occasion la
connaissance du deuxième directeur d'étude avec lequel je
n'avais eu jusqu'à présent qu'un contact téléphonique. Aux six
électrodes déjà en place, on en rajoute, pour un temps limité,
une demi-douzaine. Entre les mesures, a lieu un intéressant
test psychologique de surcharge qui, comme il fallait s'y atten-
dre, me stresse passablement.
De 17 à 18 h, vient ma première pause, bien méritée et
nécessaire. Je prends plaisir à écouter Beethoven, la première
et la deuxième symphonie, et je suis réconcilié avec le monde.
Puis je téléphone au directeur de l'étude, qui justement ces
jours-ci a à faire à l'étranger, d'où il peut cependant tout bien
suivre et coordonner. Jusque-là, tout fonctionne d'ailleurs
comme prévu.
À 19 h 30, arrive le cardiologue de service pour l'exa-
men d'entrée détaillé dans son domaine de compétence.
Il examine mon coeur et ma circulation selon les règles de
l'art. Conclusion : tout va bien. Par ailleurs, nous avons une
conversation très soutenue, ouverte et intéressante, sur mon
mode d'alimentation.
Après les trente minutes vespérales sur l'ergomètre, je n'en
peux plus. J'écoute la troisième et la quatrième symphonie
de Beethoven et me mets au lit. À minuit, je m'endors rapi-
dement malgré tous les câbles et contacts cutanés. Même la
pompe du brassard de pression artérielle qui se met en route
toutes les heures ne peut plus guère m'impressionner.
39
Deuxième jour
40
inconnu. Nous verrons si cela se reproduit au cinquième jour.
À la suite, nous avons une longue conversation, approfondie
et bienfaisante, sur nos points de vue concernant les limites
de la médecine actuelle, ses perspectives et ses possibilités.
À 13 heures, arrive un neurologue pour l'examen d'entrée.
À part une atténuation de mes réflexes à la jambe gauche -
apparemment suite à mon opération des ligaments — tout va
bien.
15 heures le service de radiologie fait son entrée avec un
énorme appareil mobile. (Par précaution, c'est-à-dire pour
exclure que je puisse, de quelque manière que ce soit, en venir
à manger, toutes les investigations doivent avoir lieu dans ma
chambre.) Mon intestin est maintenant radiographié, afin
d'exclure que j'aie, avant le début de l'étude, ingurgité une
réserve alimentaire dont je puisse maintenant me nourrir. Ce
que je n'ai évidemment pas fait. J'apprends un peu plus tard
que mon intestin est entièrement vide, qu'il ne s'y trouve pas
le moindre reste de matière fécale, et qu'il contient étonnam-
ment peu d'air.
En soirée, j'ai une conversation personnelle très agréable
avec le médecin chef de service et j'emmène de bonnes choses
avec moi en grimpant sur mon ergomètre pour me maintenir
en forme en cours de route.
Après tout ce que j'ai vécu ces trois dernières années
dans le cadre de la « nutrition par la lumière » avec des
médecins et autres scientifiques, l'atmosphère qui règne ici
dans cet hôpital est remarquablement ouverte et libre, ce
qui est bien agréable. Cependant, on trouve ici aussi les
préjugés et les malentendus largement répandus, alimen-
tés par l'habituel « hyperscepticisme » scientifique actuel,
selon la devise : ce que je ne comprends pas, je ne le crois
pas. De là vient, chez la plupart des personnes avec lesquel-
les j'ai à faire ici, l'idée évidente mais pourtant fausse que
je suis venu ici pour prouver ma capacité à ne pas manger
pendant dix jours. Quand j'affirme ne plus rien manger
depuis trois ans et demi, et considère que cet état est pour
41
moi « normal », la plupart du temps, on ignore ou on élude
la question.
Il est à noter que toute la journée je n'ai ressenti aucune
envie de boire, en dépit d'une bouche très sèche — due sans
doute à la climatisation — et du danger de perdre nettement
du poids. Sans doute est-ce une des raisons pour lesquelles je
me sens toute la journée plutôt mou. Après une soirée tran-
quille, je suis au lit à 23 heures et tombe aussitôt dans un
sommeil profond et stable.
Troisième jour
42
sors. Après, je suis complètement épuisé et m'accorde enfin
un disque de Vivaldi pour me détendre.
Aujourd'hui je bois un peu mieux, surtout après avoir dilué
l'infusion avec une bonne quantité d'eau minérale gazeuse.
Le soir, je téléphone comme d'habitude au directeur de
l'étude, mais hormis la surprenante perte de poids, il n'y a
rien d'inhabituel à signaler.
Je suis fatigué de bonne heure, vais au lit à 22 heures et
m'endors immédiatement.
Quatrième jour
43
à remplir à nouveau, il n'y a plus rien d'important au
programme. L'après-midi, vient le directeur de l'étude, que je
connais bien depuis de nombreuses années, et nous passons
quelques heures agréables sur des sujets de conversation inté-
ressants.
La soirée se déroule tranquillement, je m'ennuie presque,
et je vais déjà au lit à 22 h 30, étonné d'être si fatigué.
Cinquième jour
44
L'après-midi se déroule agréablement. Dehors, il pleut
avec des rafales. J'apprends d'ailleurs qu'il fait maintenant
très froid. Je lis, écoute de la musique, travaille à l'ordina-
teur, téléphone et regarde un peu de tennis à la télévision.
En fin d'après-midi, le directeur de l'étude revient faire
une visite. Nous commentons les résultats dont nous dispo-
sons jusqu'à présent. Comme mon poids semble désormais
se stabiliser, le problème le plus important semble donc
résolu, mais quelques valeurs biologiques restent anormale-
ment élevées. Les prochains jours montreront quel tour cela
prend.
Du fait des examens de laboratoire et de l'évolution incer-
taine de mon poids, j'ai réduit mon objectif de performance
sur l'ergomètre de 100 à 60 kJ pour 30 minutes. C'est natu-
rellement beaucoup plus agréable et confortable et je vais m'y
tenir quelques jours.
Après une conversation brève mais très agréable avec le
médecin du service, j'ai « ma soirée libre ». À 23 heures, je suis
fatigué et vais dormir.
Je rencontre toujours des gens — ici aussi à l'hôpital
— qui, sans être défavorables au phénomène de la nutrition
par la lumière, s'y montrent cependant indifférents. Sans
doute faut-il, pour prendre conscience de ce processus et
de sa véritable signification de manière adaptée, une sorte
de « masse critique » qui visiblement est loin d'être atteinte.
Une masse critique, pas forcément concernant le nombre de
personnes qui pratiquent la nutrition par la lumière, mais
peut-être plutôt une masse — ou mieux, une densité — criti-
que d'information.
De façon inattendue, j'ai pour la première fois des problè-
mes d'endormissement, ce qui chez moi survient très rare-
ment. Après plusieurs tentatives et une irritation contrariante
— ce à quoi je suis justement très habitué — cela finit par venir,
en sorte que je sombre dans le sommeil à 0 h 30.
45
La vie avec la mesure permanente de la fonction cardiaque (ECG) et de
la fréquence respiratoire.
46
Temps libre et détente en musique.
« Il faut toujours le prendre du bon côté».
47
Sixième jour
48
me place donc trois électrodes supplémentaires pour déter-
miner à nouveau les fréquences cardiaque et respiratoire. Là
aussi, la technique nous joue des tours, mais finalement, cela
fonctionne comme prévu.
Je fais ensuite la connaissance du deuxième médecin du
service qui prend sa garde à son tour aujourd'hui, et nous
entrons rapidement dans une conversation très intéressante
sur le phénomène de la nutrition par la lumière. En deux à
trois questions bien ciblées, il touche à l'essentiel et ne semble
pas craindre d'aborder le sujet. Voilà qui fait vraiment du
bien, mais c'est plutôt rare.
Ensuite, j'ai dans mon programme une pause bien méritée,
interrompue seulement par les mesures heure par heure de la
pression artérielle et de la saturation en oxygène du sang. À
14 h 30, le service de radiologie est de retour et se tient devant
la porte avec son effrayant appareil. Cette fois-ci, on radiogra-
phie mon intestin pendant que je suis couché sur le côté puis
sur le dos, bien sûr uniquement pour s'assurer que, depuis le
premier jour, je n'ai pas pris subrepticement quelque nourri-
ture que ce soit.
La suite de la journée se passe en examens de routine,
travail, lecture, écoute musicale, et téléphone.
À 23 heures, je vais au lit et je suis heureux de pouvoir
m'étirer.
Septième jour
49
Après la routine du matin (cette fois-ci, on me prélève
60 ml de sang), j'ai encore une conversation avec le deuxième
directeur de l'étude. Mon poids est aujourd'hui le même que
les jours passés et, depuis maintenant cinq jours, est pratique-
ment constant. Il m'informe que la valeur des corps cétoni-
ques urinaires est élevée, ce qui est sans doute en rapport avec
ma perte de poids débutante. Cela indique clairement une
consommation des graisses (!). La calorimétrie a donné hier
une proportion de lipides d'environ 16 % (chez les hommes,
cette valeur est habituellement entre 10 et 30 %). Au cas
où cet examen serait confirmé également au 10e jour, une
prolongation de l'expérience pour quelques jours pourrait se
discuter. Malgré quelques problèmes d'agenda, je me déclare
aussitôt prêt, en principe, à cette éventualité, car les questions
qui viennent de survenir maintenant pourraient être une piste
pour aider à éclaircir le « mécanisme » de la nutrition par la
lumière.
En fin de matinée, après 24 heures de mesure permanente,
je suis à nouveau libéré des électrodes de détermination des
fréquences cardiaque et respiratoire. Le jeune médecin qui, à
côté de toutes ses activités professionnelles obligées, a l'ama-
bilité de m'apporter à chaque fois le Neu Archer Zeitung,
m'explique encore une fois la méthode et la signification des
valeurs obtenues ces 24 dernières heures. On voit très clai-
rement les passages entre les phases de sommeil, de repos et
d'activité, et leurs particularités. Cette fois encore, quelques
curieuses particularités sont à observer pendant mon sommeil
de deux heures. Je voudrais bien connaître les résultats de
l'évaluation finale.
L'après-midi se déroule calmement, j'apprécie le « Requiem »
de Mozart, puis, pour une ambiance plus légère, les « Concerti
grossi » de Vivaldi. Dehors, le temps est très pluvieux et a l'air
si désagréable que je dois, même dans ma capsule d'isolation
climatisée, m'habiller plus chaudement. C'est presque une
chance que je n'aie pas à sortir et que je puisse travailler ici
tranquillement.
50
En début de soirée, j'ai une longue conversation télépho-
nique avec le directeur de l'étude. D'après mes dernières
réflexions, je ne suis pas très motivé pour prolonger l'étude,
mais je serais plutôt partisan d'un « follow up », c'est-à-dire
d'un suivi très rapproché et de mesures des paramètres inté-
ressants et remarquables pendant la période qui suivra la
clôture officielle de l'étude prévue dans 10 jours. Bien sûr,
on ne pourrait pas garantir, comme ici à l'hôpital, que je ne
mange rien, mais on pourrait peut-être, avec des mesures
fréquentes des valeurs sanguines, et éventuellement des radio-
graphies de l'intestin, obtenir une garantie relativement fiable
de mon abstinence alimentaire. On verra bien.
Je suis heureux et reconnaissant du bon déroulement de
l'expérience, qu'il s'agisse des conditions extérieures ou de ma
bonne disposition personnelle — celle-ci d'ailleurs en dépit de
ma liberté de mouvement extrêmement limitée, de la vidéo-
surveillance permanente, du manque absolu d'air frais et
de l'éclairage permanent y compris pendant la nuit. À cette
situation globalement réjouissante, contribuent certaine-
ment de manière déterminante l'engagement amical et posi-
tif de tout le personnel sans exception, d'un bon nombre de
personnes qui pensent à moi, ainsi que les forces de lumière
qui aident et qui guérissent, et qui dans cette situation inha-
bituelle apportent leur bienfaisante contribution.
À 23 heures, je vais au lit et m'endors rapidement comme
d'habitude.
Huitième jour
51
«Câblage maximal» pour la mesure des fonctions
du système nerveux autonome.
52
encouru ». Je n'ai malheureusement pas de liaison Internet ni
d'e-mail. À 18 h 30, a lieu la deuxième pesée, comme annoncé.
J'ai encore perdu 500 g; cela ne m'étonne pas particulière-
ment, dans la mesure où j'ai, depuis ce matin, émis une quan-
tité inhabituelle d'urine et n'ai vraiment eu, cette fois encore,
que peu envie de boire. D'après mes notes, il s'ensuit, rien que
par cela, une différence de poids de 600 g. La nouvelle perte
de poids rend d'ailleurs tout plus difficile, autrement dit pour
les sceptiques, plus facile.
Du fait de l'inhabituelle variabilité de mon rythme
cardiaque pendant mes courtes phases de sommeil nocturne,
je suis ce soir encore une fois branché à l'appareil de mesure
des fréquences cardiaque et respiratoire. Nous aurions ainsi
à notre disposition les valeurs mesurées pendant une nuit
supplémentaire, pour reproduire le cas échéant le phénomène.
Avec le jeune médecin responsable de ce matériel, qui repasse
exprès tard ce soir, j'ai une longue et bonne conversation sur
les possibilités et la signification de la nutrition par la lumière.
C'est pour moi une façon bienfaisante de clore la journée. À
23 h 30, je vais au lit et dors une heure d'un sommeil profond
et stable.
Neuvième jour
53
façon encore aujourd'hui à mon tour de porter l'appareil de
mesure pendant 24 heures, nous allons avoir une bonne occa-
sion de contrôler cette particularité. Concernant ces mesures
sur 24 heures, j'ai jusqu'à présent intercalé, à des temps fixés
à l'avance, cinq fois 15 minutes de strict repos corporel et,
autant que possible, mental. Dans ce contexte, et au moyen
d'une vaste étude sur un grand nombre de personnes témoins
en bonne santé, on recherche la possibilité d'obtenir, grâce à
cette méthode de mesure et de ses résultats, une information
fondamentale sur l'état de santé de la personne examinée.
L'après-midi se déroule dans la routine habituelle. Je
commence à m'ennuyer. Commence à se concrétiser en moi
la crainte d'avoir à passer encore trois jours supplémentaires
dans ma «cellule monacale ».
La pesée du soir est une déception, car j'ai encore perdu du
poids. Peut-être bois-je encore trop peu pour les conditions
hygrométriques qui règnent dans cette chambre, où l'air est
très sec. Mais maintenant, c'est bien trop tard. Une fois rentré
chez moi, je pourrai tranquillement revoir la question en
essayant, dans la mesure du possible, de reproduire les mêmes
conditions. Après cette déception concernant l'évolution
actuelle de mon poids, je suppose que l'on ne peut plus sauver
l'étude telle qu'elle était conçue au départ, et nous devrions
plutôt envisager d'y mettre fin demain. En tout cas, je ne
voudrais pas être un «trouble-fête », car cela pourrait influen-
cer défavorablement l'interprétation ultérieure.
Le médecin du service m'informe, lors de notre conver-
sation du soir, juste avant de repartir, qu'à l'exception d'une
augmentation des corps cétoniques urinaires, mes valeurs
sanguines et urinaires standards sont normales.
Après avoir donné quelques coups de téléphone et réins-
tallé l'appareil de mesure des fréquences cardiaques et respi-
ratoires — en inscrivant la phase de repos, je l'avais éteint en
faisant une fausse manoeuvre — je vais au lit à 23 heures.
54
Dixième jour
55
quotient respiratoire, puis de déterminer la composition de
ma masse corporelle. On peut ainsi rendre compte relative-
ment précisément du type de fonctionnement du métabo-
lisme, par exemple si la combustion concerne plutôt les gluci-
des, les lipides ou la masse protéique (musculaire). Lors du
bref échange qui suit pour commenter les valeurs mesurées,
il s'avère qu'aujourd'hui au 10e jour j'ai, en comparaison avec
le 6e jour, un métabolisme basal plus réduit et donc un cata-
bolisme lipidique un peu moindre. Suit alors la mesure de
l'impédance, qui permet de déterminer la proportion d'eau,
de graisses, de tissus non graisseux et de masse musculaire du
corps. Comme les valeurs ne peuvent être calculées qu'à l'aide
d'un programme informatique spécialisé, les chiffres du jour
ne sont malheureusement pas immédiatement accessibles. Si
l'on compare le premier et le sixième jour, la teneur en grais-
ses a réduit d'environ 1,5 %, la masse tissulaire non graisseuse
est restée pratiquement constante et la masse musculaire
a un peu augmenté. Ce dernier fait est inhabituel et n'a pas
d'explication ; c'est peut-être une erreur de mesure.
Cela continue aussitôt après avec les tests du système
nerveux autonome. Par huit à neuf électrodes supplémentai-
res, les impulsions électriques sont enregistrées dans et sur la
partie supérieure de mon corps. On fait les mesures deux fois
10 minutes, une fois après une phase de repos de 15 minutes,
et ensuite juste après un test de stress psychologique, pendant
la phase de récupération qui suit. Les résultats, ou les tendan-
ces, de ces investigations ne sont malheureusement pas encore
disponibles. Comme le type et la signification de ces mesures
sont complètement nouveaux pour moi et me restent encore
obscurs, je suis d'autant plus intéressé d'en connaître l'évalua-
tion finale.
Pendant la conversation très intéressante que j'ai à la
suite avec le médecin du service, survient l'appel attendu du
directeur de l'étude. La question est maintenant de savoir si
l'on continue encore trois jours ou si l'on met fin à l'étude
aujourd'hui comme prévu. Après avoir soupesé brièvement
56
le pour et contre, on décide de terminer l'étude aujourd'hui
selon le plan. Les trois jours supplémentaires n'auraient sans
doute pas pu répondre aux questions survenues en cours
de route, ni même les affiner, mais les auraient, au mieux,
confirmées. Pour terminer, je remplis encore une fois les
quatre questionnaires psychologiques bien connus. Puis je
fais mes bagages et prends congé des collaborateurs et colla-
boratrices du service.
En quittant l'hôpital, j'inspire avec plaisir l'air frais
comme un cosmonaute de retour sur la terre. Il fait un temps
merveilleux et je flâne agréablement jusqu'à la gare. En cours
de route, je perçois les bruits de la ville non pas comme quel-
que chose d'étranger, mais de très agréable. Je rentre d'un
voyage fatigant mais impressionnant et intéressant.
Pendant la durée de l'étude, j'ai ressenti comme très réser-
vées les aides et les indications relatives à la nutrition par
la lumière, que dispensent les forces et les puissances qui y
sont liées et qui en sont responsables. Cela me donne un bon
sentiment, presque un sentiment de sécurité, celui d'être sur
la bonne voie. C'est une voie qui convient à notre temps de
liberté individuelle et de responsabilité personnelle.
Que la nutrition par la lumière fonctionne ou non, c'est-à-
dire que pour quelqu'un, elle entre en ligne de compte, dépend
en fait principalement de la volonté positive que l'on est prêt
à investir ou capable de mettre en oeuvre. Je veux dire par là
une ouverture et un dévouement actifs, courageux et confiants
à quelque chose d'inconnu et d'incroyable. Le reste consiste à
exercer sa fidélité, son espoir et son amour pour la vie.
57 .
finale de toutes les données relevées et leur publication. Le
fait que des personnes puissent vivre sans manger et s'en sentir
bien, tout en ayant de bonnes performances de façon stable
et une capacité de travail normale, mérite d'être connu par
des médecins, en tant que contemporains ouverts, attentifs et
innovants, ainsi que par d'autres personnes courageuses. Mais
aujourd'hui il n'y a pas encore de place dans la science médi-
cale officielle, avec ses modèles éprouvés mais souvent aussi
à toute épreuve, pour des affirmations apparemment dange-
reuses comme : «l'homme peut aussi vivre sans manger! » On,
peut être d'autant plus reconnaissant aux nombreuses person-
nes qui ont contribué à ce que cette étude puisse voir le jour.
De nombreux obstacles, petits et grands, de nombreux préju-
gés durent y être surmontés et remplacés par de la confiance.
Une évaluation scientifique de cette étude n'est pas en mon
pouvoir et il n'est pas non plus question ici d'oser la faire.
D'une part, je n'en ai pas les compétences scientifiques ni
sans doute la neutralité et d'autre part, trop d'informations,
leurs corrélations et leur interprétation sensée nous font en ce
moment encore défaut, de sorte qu'on serait obligé de n'évo-
luer que dans le domaine de la pure spéculation. En outre,
jusqu'à la publication des résultats de l'étude dans une revue
spécialisée reconnue, il ne m'est pas permis, pour des raisons
compréhensibles, de faire connaître la moindre information
spécifique concernant l'évaluation de l'étude. Les considéra-
tions qui suivent ne doivent donc pas quitter le cadre de ce
qui reste général ou entièrement personnel, pour n'anticiper
en aucun cas sur la discussion fondamentale des résultats de
l'étude.
En revenant sur ce que je viens de vivre pendant 10 jours,
il faut tout d'abord retenir qu'à mon avis, pour de futures
investigations de cette sorte, des choses essentielles seraient à
améliorer ou à revoir.
Deux choses me semblent à cet égard particulièrement
importantes à signaler. La première concerne ce qui peut ne
paraître qu'un détail des conditions de l'étude telle qu'elles
58
viennent d'être décrites. Pour exclure tout accès à la nourri-
ture par l'extérieur, les fenêtres ont été verrouillées, et j'ai ainsi
été coupé de tout air frais et naturel, l'air que je pouvais respi-
rer provenant exclusivement de l'installation de climatisation
qui fournit un air partiellement recyclé et bien sûr bactério-
logiquement filtré. De ce fait, j'ai ressenti que sa qualité, en
rapport avec les forces vitales des gouttelettes d'eau en suspen-
sion dans l'air, s'était détériorée, qu'elle était très désagréable,
et qu'elle m'affaiblissait. Ce serait certainement à améliorer à
peu de frais tout en maintenant les précautions convenables,
ou du moins, dans une prochaine expérimentation, il faudrait
absolument l'éviter sous la forme telle que je l'ai vécue.
La deuxième chose concerne ma personne ou le futur sujet
d'expérimentation. J'ai sous-estimé l'importance du change-
ment de situation entre le mode de vie habituel et la néces-
saire mise à l'étroit dans les conditions expérimentales, avec
toutes les restrictions qu'elles comportent ; c'est pourquoi une
préparation plus intensive à l'expérimentation serait certaine-
ment un avantage.
J'espère cependant que cette expérience sera un point de
départ pour des investigations ultérieures et qu'elle mènera
peut-être tel ou tel scientifique à prendre en considération des
idées inhabituelles.
59
Réflexion critique sur l'expérience
60
soit celui d'une science que l'on adopte sans l'avoir comprise,
ou celui d'une croyance naïve et dépassée au miracle.
C'est à une telle compréhension de la science, nouvelle
et élargie, que s'emploie aussi Michael Werner, qui a bien
conscience que son propre savoir, ainsi que son expérience et
ses perceptions, sont limités. Présenter un phénomène sans
y plaquer aussitôt une théorie toute faite, mais s'efforcer au
contraire d'adopter une attitude de recherche ouverte et libre
de toute doctrine préétablie, cela devrait en fait aller de soi
pour de tels phénomènes.
61
les conférences de Michael Werner sur la nutrition
par la lumière
62
rencontrer ceux qui voudraient bien venir, il avait au coin de
la bouche un léger sourire qui témoignait d'une joie contenue
face à l'aventure.
Je l'avais invité pour le dîner et lui avais demandé s'il ne
pourrait pas déjà venir à Stuttgart deux heures avant le début
de sa conférence pour avoir un peu le temps de faire connais-
sance. Ce n'est que pendant les préparatifs immédiats de la
salle de conférence le soir, que j'ai remarqué mon lapsus :
«Tu l'as invité à manger — mais tu sais pourtant bien qu'il ne
mange rien ! » J'étais gêné et confus. Mais Michael Werner
avait accepté l'invitation. Pendant que je mangeais, il était
assis à côté de moi et prenait plaisir à ce que je dégustais, et à
la façon dont j'appréciais. Il avait commandé pour lui un café.
« Parce que j'aime bien cela! » avait-il dit. Nous avons parlé
du déroulement de la soirée. Il voulait faire une conférence
brève, ce qui lui importait étant plutôt d'en venir à l'échange
avec le public, et d'entendre ses questions sur la nutrition par
la lumière.
Il vint 500 personnes. En dépit du hall d'entrée et de
beaucoup d'improvisation dans les couloirs, nous avons dû
refuser 100 personnes. Visages déçus. Pourquoi étaient-ils si
nombreux à être venus ? Le sujet de la nutrition par la lumière
n'est en fait pas si nouveau ; depuis quelques années, des
personnes vivent sans nourriture solide ni liquide, et parmi
elles, certaines en parlent en public. II existe des livres, des
pages internet. Pourtant, il semble que ce soit pour beaucoup
de personnes un sujet tout à fait nouveau et provoquant.
On l'écoute, tous, dès le début. Parce qu'il parle à partir
de son expérience. « Peut-on vivre sans manger ni boire ? »
— « Oui ! » Tout est dit, dès les premiers mots, et il emporte
la conviction. Nul ne peut être aussi convaincant que celui
qui l'a vécu, et qui le vit. La vibration calme et libre de la
voix de Michael Werner laisse immédiatement ressentir son
vécu, le chemin qu'il vient de parcourir. En fait, des explica-
tions complémentaires ne seraient pas nécessaires. L'attention
des auditeurs est complètement éveillée, dans une joie pleine
63
de l'espoir de pouvoir peut-être découvrir, aux limites encore
obscures de la conscience, quelque chose de nouveau. C'est ce
qui me semble être l'impression générale la plus marquante,
mais il y a certainement aussi des personnes qui ont des
doutes face à l'exposé de l'orateur.
Le sujet concerne pourtant chacun d'entre nous : en effet,
ce qu'a vécu Michael Werner n'est pas individuel. Si c'était le
cas, dit-il, il n'en parlerait pas. C'est justement parce que son
point de départ a une valeur générale, parce qu'il est transpo-
sable, qu'il parle de la nutrition par la lumière. De telles phra-
ses concernent chacun, et suscitent en outre chez l'auditeur
une réflexion sur sa propre attitude dans la vie, telle qu'elle est
profondément enracinée. Puis, il amène son motif central : il
espère les questions des participants, et pense qu'ils rentre-
ront chez eux avec encore plus de questions. Car ce qui lui
importe n'est pas de manger ni boire, ni que d'autres cessent
de le faire, mais plutôt que l'on commence à penser autrement
à propos de manger et boire. C'est ce processus de conscience
qui lui importe le plus.
Michael Werner est tout à fait conscient que le sujet de
la nutrition par la lumière se propagera d'une personne à
l'autre. Quelqu'un lui en a parlé un jour comme aujourd'hui
il en parle à d'autres. Et c'est la réaction individuelle qui est
importante pour lui ; cela l'a touché personnellement et il a su
alors : « Moi aussi je ferai cela un jour! » Il souligne d'ailleurs
l'importance de l'occasion concrète qui lui a fait faire le pas
décisif vers la nutrition par la lumière: une maladie grave. Il
incite à observer, à déchiffrer sa propre vie.
Mais il y a une condition de base: il faut croire à la possi-
bilité de la nutrition par la lumière, ou mieux, il faut pouvoir
s'y ouvrir. Et c'est là que cela devient objectivement intéres-
sant, car d'après lui, la possibilité de la nutrition par la lumière
n'existait pas auparavant comme on la connaît de nos jours.
Mais quel rapport pourrait-il y avoir entre la nécessité d'une
conviction relative à la nutrition par la lumière et un chan-
gement dans la situation de l'époque ? La question reste en
64
suspens. Si la possibilité de la nutrition par la lumière dépend
de l'attitude de chaque conscience individuelle, la conscience
ne devrait-elle pas alors avoir le caractère de la lumière, ou la
lumière avoir celui de la conscience — ou au moins un rapport
avec les contenus de la pensée ? Et si autrefois il n'était pas
possible de se nourrir de lumière comme maintenant, alors
peut-être la lumière s'est-elle modifiée depuis, le caractère
de la conscience humaine ou la possibilité de l'homme de
donner forme à sa conscience ont-ils changé ? Et à qui, ou à
quoi, doit-on de tels changements ?
Ce n'était pas une conférence. C'était un compte rendu
personnel, à l'intérêt et à l'intensité duquel contribue le fait
que des questions comme celles que l'on vient de lire ci-dessus
ont été soulevées, mais sans avoir été exprimées ni traitées.
Au bout d'une bonne heure, il termine son compte rendu.
Il se tourne maintenant avec un intérêt plein d'espoir vers
les questions des auditeurs. Il a laissé beaucoup de questions
ouvertes et indique encore qu'il y a beaucoup de questions
auxquelles il ne peut pas répondre. Mais il espère que, par les
questions, on entre dans un processus par lequel de nouveaux
aspects s'éclairent, pour lui aussi. Lui-même voudrait appro-
fondir le sujet, explorer ce qu'il a de nouveau et faire des
découvertes, et il compte pour cela sur l'aide des participants.
Là, ce qui est certainement porteur, c'est que Michael Werner
est un scientifique, un chimiste en activité et par conséquent
aussi un chercheur. Ainsi, de par sa propre impulsion, il a un
profond intérêt à découvrir du nouveau et à le comprendre.
On comprend également que, même s'il est anthroposophe, il
a pu s'engager dans la nutrition par la lumière en suivant un
processus qui ne provient pas d'une source anthroposophi-
que, mais qui a été apporté au monde par un autre courant
ésotérique.
Dans la partie discussion qui dure presque 1 heure 30,
se développe une dense atmosphère d'activité et d'attention
communes qui, en comparaison avec d'autres manifestations,
soulève la question : comment a-t-il été possible de réussir à
65
susciter des questions aussi profondes, aussi pertinentes et
aussi importantes ? Quel rôle joue le caractère sensation-
nel du sujet, et quel est celui du caractère didactique de
la présentation ? Une partie de l'intérêt soutenu provient
certainement du sujet. Mais je suis convaincu que cela tient
en réalité à Michael Werner lui-même. En renonçant à des
explications détaillées et au traitement exhaustif de tous les
aspects, en limitant son compte rendu à une brève présenta-
tion de son vécu, et aux phénomènes tant intérieurs qu'ex-
térieurs dont il a fait personnellement l'expérience, a laissé
à ses auditeurs de l'espace pour qu'ils posent leurs propres
questions.
66
de la transformation et de l'élargissement de conscience qui
s'accomplit aujourd'hui chez les hommes du monde entier. »
67
désincarné ni hypersensible, mais qui donne au contraire
l'impression d'être plein de vie, en bonne santé et modeste,
bref, normal au bon sens du terme, alors les moqueries cessent
vite.
68
La conférence
69
seule chose qui importe, c'est que vous commenciez à penser
autrement à ce sujet. Si cela pouvait se produire d'une façon
ou d'une autre, ce serait déjà quelque chose de considérable.
Nous sommes déjà à la rubrique « questions à la conception
matérialiste du monde », mais nous y reviendrons plus tard.
70
Je suis scientifique, j'ai étudié la chimie, et cela m'a donc
spontanément attiré. Je n'ai jamais eu réellement de problème
avec cela, et je n'ai jamais non plus pensé : cela n'est pas possi-
ble. J'avais déjà lu des choses sur Nicolas de Flue et sur Therese
de Konnersreuth, ainsi que des présentations équivalentes
dans l'Autobiographie d'un yogi de Yogananda. Pourtant, j'ai
toujours pensé qu'il pouvait exister des gens spéciaux, bien
particuliers, qui par leur destin ou par une grâce de Dieu
pour manifester certains phénomènes, ou par un caprice de la
nature, pouvaient mener une vie sans prendre de nourriture.
Mais que, pour un « Monsieur tout le monde, consommateur
ordinaire », comme moi, cela soit simplement possible, là, il
me manquait des éléments. Et voilà que tout d'un coup la
possibilité se présente à moi.
C'était il y a quatre ans, une époque où j'étais très malade.
J'avais un fort excès pondéral, une pression artérielle élevée,
j'avais toutes les douleurs possibles que je n'ai pas l'intention
d'énumérer ici. C'est aussi pourquoi j'avais quelques bonnes
raisons de prendre en considération une telle expérience. Puis,
les trois quarts de l'année se sont écoulés, et pendant ce temps
j'ai bien réfléchi. De nouvelles pathologies s'ajoutèrent, en sorte
que finalement je me suis dit : bon, maintenant c'est terminé,
tu le fais. J'ai donc fait ce changement radical dans mon mode
d'alimentation et depuis, je ne vis plus de ce que je mange ou
bois. Vous non plus d'ailleurs, chères auditrices et chers audi-
teurs, du moins pas exclusivement. Seulement, vous ne le savez
pas. Finalement, nous vivons tous plus ou moins de lumière. La
plupart du temps par l'intermédiaire des plantes qui assimilent
la lumière et la transforment en sucres et autres substances, qui
fixent l'énergie. En réalité, sans lumière, aucune vie n'est possi-
ble. Or cette force de vie, on peut aussi l'absorber directement.
La dénomination « nutrition par la lumière » n'est donc qu'une
des nombreuses étiquettes possibles. On peut aussi parler
d'éthérique, de prana, de qi, ou d'énergie cosmique. Tout cela
est la même chose. Il s'agit d'une énergie divine naturelle qui
est présente partout en abondance.
71 .
Comment cela fonctionne-t-il ?
72
brutalement que j'ai réalisé ce processus des 21 jours début
2001. Bien entendu, je me suis préparé, surtout mentalement.
Et puis j'y suis allé, tout simplement. J'ai passé le réveillon
avec ma famille, je me souviens encore que j'ai mangé une
salade de pommes de terre et du gâteau, j'ai bu du café et
puis, à minuit, c'était terminé !
Il faut que je vous décrive un peu plus précisément le
processus de changement à proprement parler, afin que vous
sachiez que cela ne me tombe pas tout simplement du ciel, il
faut tout de même le faire, il faut s'ouvrir à ce qui se produit.
La première semaine, le commandement absolu est: «ne rien
manger et ne rien boire ! » Et cela signifie réellement : pas une
miette et pas une goutte. Tous les médecins vous le diront :
cela ne se peut pas. On peut peut-être jeûner 40 ou 50 jours,
mais 7 jours sans boire, c'est impossible. En général, on consi-
dère que l'homme peut survivre 5 jours sans boire. C'est aussi
ce que l'on disait dans la navigation en cas de malheur en
mer : on a soif trois jours, le quatrième on devient fou et le
cinquième on meurt. Pourquoi en est-il ainsi ? Pourquoi
chaque jour des milliers de personnes meurent-elles de faim ?
Simplement parce qu'elles sont convaincues que si elles ne
mangent rien, elles vont mourir de faim.
Vivre 7 jours sans boire, cela se fait très bien. Il est vrai
que c'est un changement assez radical, on y perd beaucoup de
poids, on se déshydrate. Et il y a toute une série de symptô-
mes plus ou moins désagréables qui surgissent naturellement
et que l'on devrait absolument connaître au préalable.
73
cependant une expérience très belle et tout à fait particulière.
Du point de vue du vécu, cela commence un peu comme
une cure de jeûne. Souvent, au début, surgissent des maux
de tête, parce que le corps commence à se désintoxiquer. La
désintoxication donne souvent aussi une langue épaisse et
chargée qui a pour conséquence une sensation de bouche
pâteuse et un mauvais goût dans la bouche, comme c'est
également le cas la plupart du temps dans un jeûne.
Après les trois ou quatre premiers jours, survient une modi-
fication. En ce qui me concerne, lorsque je me suis réveillé le
quatrième jour, il était clair pour moi que ce n'était plus un
jeûne. Et je ressentais avec certitude : maintenant, c'est bon.
La deuxième semaine, il s'agit ensuite de : «ne rien manger,
mais boire ». On continue donc à ne pas ingérer la moindre
miette de nourriture solide mais en revanche, on peut boire
des jus dilués (des jus de fruits dilués jusqu'à 25 %), autant
qu'on veut. La première gorgée que l'on boit est comme une
cérémonie, une fête, un bienfait tout particulier. Le sens
et le but de ces boissons est essentiellement de purifier le
corps; il s'adapte ainsi à la nouvelle situation, à la nouvelle
forme de nutrition. La troisième semaine, on continue à ne
rien manger, mais on boit un peu de jus, des jus de fruits,
au mieux du jus d'orange, dilués jusqu'à environ 40 %. Par
les boissons, la nouvelle situation se stabilise au cours de la
deuxième semaine, on le remarque nettement, on reprend
des forces, on prend un peu de poids et, après 21 jours, le
processus est terminé. On est alors libre pour tout ce que l'on
peut imaginer. On peut recommencer à manger si l'on veut,
ou seulement à boire, ou rien du tout. C'est selon ce que l'on
désire et ce qui semble approprié à la situation individuelle et
aux besoins personnels.
Pendant l'ensemble du processus, il est important d'être
conscient que l'on est libre de toutes ses décisions et que l'on
peut interrompre le processus absolument à n'importe quel
moment. Il faut cependant remarquer que je ne connais
personne qui l'ait fait. Le savoir est cependant apaisant et
74
donne un sentiment de sécurité. J'ai moi-même commencé le
processus avec certaines réserves, et j'étais décidé, s'il s'était
passé n'importe quand quelque chose de surprenant ou
d'étrange, à arrêter simplement et à interrompre le processus.
Mais cela n'a absolument pas été le cas.
75 .
à l'avance, dans la plupart des situations, ce qui va se passer,
et que, dans ce contexte, j'ai fini par avoir « la peau épaisse ».
Cela signifie que dans la vie sociale, la pratique de la nutri-
tion par la lumière n'est pas du tout facile. À ce sujet, il faut
encore insister sur le fait que chacun doit se sentir absolument
libre. Ce n'est pas un problème de recommencer à manger,
pas même au plan physiologique. Il faut convenir de cela seul
avec soi-même, et voir si l'on en est heureux.
Par exemple, de bons amis ou ma mère me demandent
souvent : « Mais quand vas-tu donc recommencer à manger ? »
Je ne peux que répondre : «Je ne sais pas », car sur le moment,
et après tout de même plus de trois ans sans manger, je ressens
ma situation de telle façon que je me dis : je serais vraiment
bête de recommencer à manger, car je vais très bien. Même
mieux qu'avant. Et tant que je vais si bien, je ne mange pas.
Peut-être qu'un jour je recommencerai à manger, mais à ce
sujet, je n'ai absolument aucune idée arrêtée.
76
se tenir en meilleure santé. Pour ma part, par exemple, je suis
venu à bout de mon excès pondéral, mon poids s'est stabilisé à
une bonne valeur basse, qui est plus ou moins constante, selon
la quantité que je bois ou l'intensité de mes efforts physiques.
Et, vous pouvez me croire, je vais vraiment bien. Je me sens
physiquement très en forme, et, en outre, j'ai fait l'expérience
que par exemple la guérison des blessures se produit très bien
et rapidement, et même mieux et plus vite qu'auparavant. Les
problèmes de santé que j'avais auparavant se sont normalisés,
par exemple mon hypertension artérielle, qui était certaine-
ment en lien avec mon excès pondéral. Je me sens dans l'ensem-
ble vraiment plein de vitalité.
Entre-temps, j'ai été plusieurs fois examiné médicalement
de façon approfondie, avec le résultat, à ma grande satisfac-
tion et confortant ma démarche, que toutes les valeurs mesu-
rées, sanguines ou urinaires, sont entièrement normales.
77
Naturellement, cette méthode alimentaire n'est pas un
moyen miràcle. Je ne suis pas devenu clairvoyant, je ne peux
pas marcher sur l'eau, mais ce n'est pas non plus ce que je
veux. Pourtant, si on avait des ambitions dans ce domaine,
ce serait sans doute une bonne condition préalable pour
acquérir de telles facultés. Je suis profondément convaincu
que, pour tout développement auquel on aspire personnelle-
ment, la nutrition par la lumière apporte une aide, et dans
tous les cas, elle se fait d'une saine et bonne manière. Elle
peut représenter aussi une aide supplémentaire pour soigner
toutes les maladies possibles, qui persisteront peut-être quand
même ensuite, parce que, selon les circonstances, un certain
processus de maladie ou de guérison est nécessaire et doit être
parcouru. Je veux dire par là qu'avec un tel mode alimentaire,
on ne devrait pas viser un résultat spécifique.
78
Cela signifie que la nutrition par la lumière se produit
continuellement et comme par soi-même. Concernant
l'accompagnement mental du processus, j'ai eu, et j'ai encore
mes méditations individuelles, très personnelles, que j'appré-
cie et pratique régulièrement et qui, dans les temps qui ont
suivi mon changement d'alimentation, se sont également
intensifiées. Mais ce n'est certainement pas une condition
pour pouvoir entreprendre le processus et se nourrir de cette
manière. Concernant l'alimentation, on se sent plutôt comme
un poisson dans l'eau, qui est toujours mouillé et qui peut
faire ce qu'il veut. C'est ainsi que cela se produit également
avec la nutrition par la lumière.
Naturellement, il y a dans la vie quotidienne pour moi
aussi des phases dans lesquelles je suis épuisé et en général,
si je suis fatigué, je n'ai simplement ni l'envie ni les forces de
rester éveillé. Je dors relativement peu, normalement d'un
sommeil profond et stable; quand je me réveille, je me sens
reposé, en sorte que cela suffit pour la journée à venir.
Avec la nutrition par la lumière, il ne s'agit donc pas d'un
mode alimentaire comme on en connaît habituellement, pour
lequel il faut faire quelque chose afin qu'il se produise, mais
au contraire, c'est comme un cadeau inattendu, comme une
grâce.
L'énergie de la vie
79
soleil ? Tu t'allonges en maillot de bain quand les autres
vont manger?» Bien entendu, ce n'est absolument pas le cas
et ce n'est vraiment pas nécessaire non plus. Pour compren-
dre cela, il nous faut comprendre le concept « lumière » et
saisir un peu plus précisément ce que nous entendons par
là: quand nous parlons de lumière, en général, nous relions
à cela les représentations de clarté, d'obscurité et de couleurs
variées. Mais c'est imprécis et ce n'est pas la véritable
lumière. Le clair, l'obscur, et les diverses couleurs ne sont
pas la lumière, mais seulement des effets de la lumière. La
lumière elle-même est invisible. La lumière est partout, mais
on ne peut voir que ses effets, par exemple par la réflexion
de certaines parties de la lumière sur la matière, ce qui fait
apparaître les couleurs. La lumière est présente même sous
la terre, en sorte qu'on pourrait certainement là aussi, dans
l'obscurité, vivre au moins un moment de nutrition par
la lumière. C'est dans cette mesure que la dénomination
«nutrition par la lumière» prête à confusion.
C'est une énergie tout simplement ubiquitaire, présente
partout, qui se manifeste entre autres également dans la
lumière. La lumière forme la limite entre le matériel et l'imma-
tériel. La lumière a aussi ces qualités subtiles contradictoi-
res, d'un côté le caractère d'onde, et de l'autre, le caractère
d'impulsion. Cela se joue donc à la limite entre le matériel
et le spirituel, c'est pourquoi le concept de « nutrition par la
lumière» est tout de même le meilleur possible. Mais il s'agit
aussi de plus que cela, et on peut l'appeler tout à fait diffé-
remment, que ce soit finalement le Christ, Allah, Krishna ou
quel que soit encore son nom.
Aides à la compréhension
80
absorber d'une façon nouvelle et inhabituelle à partir de l'air
ou de la lumière. Mais avec la substantialité, avec la matière,
cela devient nettement plus difficile.
Normalement, on part du principe que l'énergie et la
matière sont, dans la vie quotidienne, incompatibles et
indépendantes l'une de l'autre, bien que tous les physi-
ciens sachent, depuis les découvertes et les travaux d'Albert
Einstein, que l'énergie et la matière sont en réalité la même
chose. Nous sommes habitués à ce que la matière soit stable
et justement ne se transforme pas en énergie, ni inversement.
Pourtant, quand cela arrive, comme par exemple dans la
désintégration radioactive, cela dure en général très long-
temps, et si c'est rapide, comme dans la fission nucléaire de la
bombe atomique, cela se produit avec une puissance énorme
et presque incontrôlable. Il se libère alors de gigantesques
quantités d'énergie, ce qui n'est finalement pas si phénomé-
nal, et que les physiciens comprennent sans problème.
Mais quand on ne mange plus et boit peu, tout en main-
tenant un poids corporel constant, du point de vue de la
substantialité du corps, cela ne semble pas évident. Chaque
personne expire environ un demi-litre d'eau par jour et
évapore par la peau encore un demi-litre pour maintenir
constante sa température corporelle. Il faudrait, rien que
pour cela, boire au moins un litre d'eau, et si on ne le fait
pas, alors que le poids corporel reste constant, c'est incom-
préhensible. Et si en plus les cheveux et les ongles poussent,
la peau desquame et des sels sont éliminés par la sueur, il faut
se demander : « d'où vient donc tout cela ? » C'est la question
décisive : d'où cela vient-il ?
81
de ce phénomène. Il n'y a pratiquement rien, dans son oeuvre
si vaste, sur quoi nous ne puissions trouver des indications
dans le contexte où nous vivons. Directement sur le sujet de
la «nutrition par la lumière », il n'a rien dit. Mais il existe une
série d'indications qui peuvent nous aider.
Sur la matière, sur la substance, Steiner dit que toute subs-
tance, toute matière, est finalement « de la lumière concen-
trée, condensée, comprimée ». Ce sont en fait des processus
congelés. Nous savons tous par expérience que l'eau liquide
et mobile peut prendre la forme de la vapeur, excessive-
ment volatile et finement dispersée, et que si la température
descend, elle peut devenir de la glace solide et donc immo-
bile. Selon cette analogie, pour Steiner, toute matière est de
la lumière condensée, ramassée, concentrée. On peut déjà
bien utiliser cela comme point de départ pour comprendre la
nutrition par la lumière.
Sur l'alimentation elle-même, Rudolf Steiner a dit relative-
ment beaucoup de choses. Il a tenu plusieurs conférences au
sujet de ce dont l'homme a besoin pour se nourrir : protéines,
lipides, glucides, minéraux. Dans ce contexte, il est surprenant
qu'il ne parle pas de l'eau, alors que je pense que l'eau est vrai-
ment ce qu'il y a de plus important. Steiner montre, dans une
intéressante conférence, comment l'alimentation se déroule
normalement, en prenant l'exemple d'une pomme de terre. À
la fin de son exposé, il décrit alors que nous mangeons seule-
ment pour que notre corps reçoive, par l'effort de la diges-
tion, une impulsion à assimiler de l'éthérique, c'est-à-dire de
l'environnement, des forces de vie universelles, quelque chose
qui, de ce fait, devient la substance qui maintient et construit
notre corps. Par exemple, on mange une pomme de terre, on
la broie, la digère, et c'est seulement par ce processus que l'on
est en mesure d'assimiler des forces de vie de l'environnement
éthérique et de les condenser en substances. Cela signifie que
notre corps se compose ou se structure substantiellement par
le fait que la lumière ou les forces de lumière sont absorbées et
concentrées. (Voir aussi p. 20 sq.)
82
Questions des auditeurs
Sur l'ensemble
83
précisément prévoir si le but en sera atteint, pour aider le plus
grand nombre de personnes possible à acquérir des vues nouvel-
les. Il en est comme du soleil qui se lève lentement le matin et
apporte de plus en plus de lumière dans l'obscurité. On verra
alors si c'est une belle journée, chaude et claire, et si les brumes
et les nuages se dissipent. Cela dépend de nombreux facteurs et
n'est pas toujours précisément prévisible.
84
Oui, vraiment. La possibilité de s'ouvrir à la nutrition par
la lumière, tout homme en dispose. La décision de le faire est
naturellement une affaire tout à fait individuelle et person-
nelle. Chaque personne doit savoir elle-même et décider si
cette voie en vaut la peine, a un sens pour elle, et si elle lui
est nécessaire. Cependant, la seule condition que l'on doive
apporter, pour changer son mode alimentaire, c'est de croire,
ou, pour le dire mieux, d'avoir confiance en les forces du
monde spirituel qui aident et nourrissent. Si donc quelqu'un
veut essayer lui-même la nutrition par la lumière et s'y engage
de manière positive et ouverte, cela fonctionnera. Mais natu-
rellement, il faut le vouloir vraiment.
Pour avoir pratiqué ces choses, je sais très précisé-
ment combien il est difficile pour beaucoup de personnes
aujourd'hui de considérer le phénomène de la nutrition par
la lumière de manière ouverte, positive et sans préjugé. C'est
pourquoi finalement peu nombreux sont ceux qui le font, ou
le feront.
85
nombre de choses aujourd'hui sur internet sous le mot-clé de
Living on light, breatharianism ou Lichtnahrung, ainsi que des
forums dans lesquels on échange joyeusement des informa-
tions, mais c'est très incoordonné et, pour moi, toujours un
peu frustrant. Pourtant, c'est un « mouvement » qui est connu
et qui s'est notablement répandu ces dernières années.
86
cela ne l'est pas. Qu'un enfant n'ait peut-être pas la force de la
conscience, la sécurité nécessaire et la confiance à développer,
c'est une autre histoire. On pourrait aussi comprendre que
des enfants renonceraient certainement plus vite et plus faci-
lement par habitude, convention ou pression sociale et disent
qu'en fait ils auraient faim. Mais en principe, il n'est pas possi-
ble de dire que ce n'est pas une chose pour les enfants, ni pour
les diabétiques, ni pour les convalescents, etc. Maintenant,
concernant le problème de la faim, je ne crois absolument pas
que la nutrition par la lumière soit une méthode pour résou-
dre ce problème dans le monde.
87
Concernant la deuxième partie de la question : tous les
jours, des milliers de personnes meurent de faim, principale-
ment des enfants, et si l'on dit : « Mais ils n'ont besoin de rien
manger, puisqu'il leur est possible de se nourrir de lumière »
c'est cynique et méprisant. On ne peut arrêter de manger
que si l'on a auparavant assez mangé. Ce qui serait peut-être
possible, c'est que les personnes qui ont suffisamment cessent
de manger et fassent en sorte que ceux qui ont trop peu reçoi-
vent à manger. Ce serait pour moi personnellement une belle
et bonne voie, tout à fait pensable, mais je suppose que même
cela reste théorique.
88
collaborer, car il me tient personnellement à coeur que l'on
réfléchisse davantage, que l'on recherche davantage, et aussi
que l'on écrive davantage au sujet de la nutrition par la
lumière.
89 .
mon développement personnel le plus consciemment possible
et lui donner sa forme moi-même ou au moins y participer.
90
comme : énergie cosmique, prana, qi, forces christiques, ou
similaires. Ce n'est finalement qu'une question d'usage linguis-
tique ou de contexte culturel, et ce n'est pas déterminant pour
la chose elle-même ni pour la vérité qu'elle recouvre.
Le processus est très intime et subtil; je le ressens comme
très positif, plein d'amour et suscitant la confiance.
91
un petit bout de fromage, que je grignote un morceau de la
pizza de mes enfants, juste pour les énerver, ou quelque chose
du genre. Mais en fait, le véritable plaisir du repas s'arrête de
toute façon au plus tard au niveau du pharynx. Dès que vous
avez avalé l'aliment, habituellement, vous n'avez plus que des
soucis avec lui [...]
Mais pour être sérieux : c'est incroyable comme j'apprécie
d'être à table, de voir manger, de sentir les odeurs — comme
tout à l'heure dans la cafétéria une assiette comme ça de
tomates au four — c'est vraiment bon. Et je peux aussi réelle-
ment y prendre plaisir. De temps en temps, il m'arrive d'avoir
de l'appétit. Alors je mange peut-être quelques grains de
raisin ou des noix ou quoi que ce soit d'autre. Mais je peux
sans problème renoncer à manger.
Question: J'ai entendu dire qu'il existe des personnes qui ont
suivi cette méthode et qui en sont mortes.
J'ai aussi lu cela. Il y aurait trois cas, qui sont rapportés sur
internet ; il y en a peut-être plus, je ne sais pas. Je ne connais
pas assez précisément ces cas pour pouvoir en dire quelque
chose de fiable. Le peu d'informations dont on dispose laisse
pourtant conclure que la situation de départ de ces personnes
était plutôt problématique, avec un lourd passé de drogue et
un mode de vie extrême. Ce sont des situations dans lesquel-
les je suppose que j'aurais dit d'attendre. On devrait dans tous
les cas avoir une certaine stabilité et être, dans une certaine
mesure, sûr de soi et de sa responsabilité individuelle.
D'autre part, il faut toujours restituer des choses dans leur
juste contexte. Si on dit par exemple que tel régime, ou que
se tenir sur la tête 10 minutes chaque matin, est bon pour la
santé et bon contre tous les maux de ce monde, et qu'alors
peut-être des milliers de personnes pratiquent cela régu-
lièrement, il arrivera bien un jour que quelqu'un en meure.
Autrement dit: si des milliers de personnes, comme on le
suppose, ont suivi ce processus, sept jours sans boire, trois
92
semaines sans manger, et que trois d'entre eux sont morts,
cela ne dit rien de plus sur cette méthode. Je tiens à relati-
viser cela, mais sans vouloir en aucune façon en minimiser
la gravité, car dans chacun de ces cas, il s'agit certainement
d'une histoire tragique et pénible pour toutes les person-
nes concernées. Mais l'évaluation, au sens d'une analyse de
risque, c'est à chacun de la faire soi-même.
93
Question: Est-il vrai que vous devez manger de la glace pour
vous rafraîchir? Ou que vous devez vous baigner sans cesse?
94
Question: Pendant le processus des 21 jours, avez-vous été
clairvoyant ou avez-vous fait d'autres « expériences suprasensi-
bles» ?
95
j'ai fait. Il est nécessaire et vraiment important, lorsqu'on
suit un tel changement d'alimentation, d'éviter des décisions
arbitraires et dépendant de l'ambiance, car sinon il pour-
rait se produire n'importe quoi de complètement incontrô-
lable. Dans le livre, concernant la conduite du processus,
on trouve malheureusement une indication qui manque de
clarté, ou plus précisément, qui risque d'être fatale, à savoir
que l'on peut éventuellement déjà, avant la fin des sept jours,
recommencer à boire et que l'on ne devrait pas décider cela
soi-même, mais le faire seulement si l'on reçoit une impul-
sion dont on ressent vraiment la certitude. Une telle asser-
tion peut bien entendu devenir rapidement problématique. Je
pense que, pour des raisons de sécurité, il faut ici être obstiné,
ou mieux, rigoureux, et effectuer les 7 jours comme 7 fois
24 heures, puis peut-être offrir encore quelques heures au
monde spirituel — et alors c'est sûr, ce sera bien.
96
Michael Werner fait du sport régulièrement pendant ses loisirs et va au
bureau tous les jours pour son travail.
97
participer à des entretiens en groupe ou à un échange. Ce
n'est sûrement pas une mauvaise idée. Mais pour moi person-
nellement cela n'aurait sûrement pas été ce qui convient.
Question: Vous avez dit tout à l' heure que vous faisiez pas mal
de sport. Dans quelle mesure peut-on concilier la nutrition par la
lumière avec le sport? Peut-on aller jusqu'aux sports d'endurance?
98
Question: Combien de temps dormez-vous maintenant par
rapport à avant?
99
la question de mes dents. En effet, si les dents n'ont plus rien
à mordre ou si, parce qu'on a par exemple choisi certains
aliments, elles ne doivent plus mâcher que très peu, cela ne doit
pas être bon, du fait que la mastication agit comme un massage
sur la gencive. Les dents devraient théoriquement se déchausser
et risquer de tomber. Mais malgré mon mode d'alimentation,
ce n'est absolument pas ce que je constate, jusqu'à présent mes
dents se comportent tout à fait normalement — même sans avoir
à remplacer les aliments par un os à ronger [...]
100
Question: Vous avez dit que, de temps en temps, vous
preniez tout de même en guise de friandises un peu de raisin,
des noix ou autres. C'est bon ou mauvais? Et puis: vous avez
une famille, comment réagit-elle? Accepte-t-elle ce changement
d'alimentation?
101
En hiver, je vais régulièrement au sauna et là, je transpire
en général très fort, ce que je trouve d'ailleurs très agréable.
J'ai alors la bouche complètement sèche et je bois ensuite à
chaque fois quelque chose. Mais je pense qu'on pourrait, si on
ne voulait pas boire, arranger cela également en se rinçant la
bouche et en se lavant les dents.
102
une conclusion tout à fait erronée et puis cela conduirait à
coup sûr à de nombreuses illusions et frustrations. Le fait est
que, jusqu'à présent, je n'ai remarqué chez moi aucun incon-
vénient dû à ce mode alimentaire, et je ne peux citer que les
avantages déjà évoqués. Je me sens physiquement en bien
meilleure santé, avec plus de vitalité, émotionnellement plus
stable et plus sûr, et mentalement plus vif et plus performant.
103 •
Question : J'ai été surpris que vous disiez être lié avec encore
plus d'intensité à votre corps depuis que vous ne mangez plus.
Habituellement, quand on réduit la nourriture ou que l'on
jeûne, le danger est plutôt de n'être plus bien lié à son propre
corps. Souvent, intervient alors une dissociation trop forte entre
le physique, la perception sensorielle, l'émotionnel et le spirituel.
104
Question : Vous avez dit boire régulièrement quelque chose.
Quel rapport entretenez-vous avec le café, l'eau, les jus de fruits,
le vin et les boissons de ce genre ? Comment était-ce au début et
comment est-ce maintenant?
Métabolisme et nutrition
105
mesurées chez moi à de nombreuses reprises, oscillent pour
l'essentiel dans les limites de la normale. Ma respiration a été
étudiée, ainsi que mon quotient respiratoire, c'est-à-dire le
rapport des teneurs en oxygène et en dioxyde de carbone de
l'air inspiré et expiré, et cela aussi est tout à fait normal. Cela
signifie que le métabolisme normal se situant à la fin de la
chaîne nutritionnelle et donc mesurable, a bien lieu. La ques-
tion reste maintenant de savoir comment et où il commence.
D'où viennent les « matières premières » ? Une condensation
vers les substances de sortie ou vers un approvisionnement
normal en matières premières doit effectivement se produire.
Si c'est réellement le cas et comment cela se déroule dans le
détail de la physiologie, je l'ignore et je suppose que personne
ne le sait.
106
Disons que j'ai certaines excrétions, comme par exemple
l'urine, la sueur et la vapeur d'eau de l'air expiré. Concernant
l'excrétion urinaire, j'en ai pendant longtemps tenu un
compte précis : elle n'est pas aussi élevée que la quantité
de liquide absorbée pendant la journée ; j'élimine en tant
qu'urine quantitativement environ 80 à 90 % de ce que je
bois. Quant aux excrétions solides, j'en ai très peu, environ
une fois par semaine et à peu près gros comme ce que ferait
un lapin. C'est en effet en rapport avec la desquamation des
cellules digestives, ou du ballast provenant des boissons que
j'absorbe et qui s'accumule dans le corps. Pendant les 10
jours de l'investigation scientifique (voir p. 34 sq), au début
j'ai bu de la tisane diluée, puis seulement de l'eau minérale,
et pendant tout ce temps je n'ai eu aucune excrétion solide.
Mon intestin a été plusieurs fois radiographié : il était entiè-
rement vide.
Concernant la question de savoir comment se comportent
les organes digestifs qui, d'une certaine manière, sont deve-
nus superflus comme l'estomac, l'intestin, le foie, la vési-
cule biliaire, etc., je ne ressens aucun problème et ne perçois
aucun indice de leur régression. Les mesures physiologiques
qui ont été menées plaident également contre une dégé-
nérescence. On sait en revanche que, pendant le jeûne, les
organes digestifs peuvent régresser au cours du temps, sans
doute pas par manque d'activités, mais plus par manque de
nourriture et donc par une sorte d'auto-digestion, un «auto-
cannibalisme » qui conduit finalement à la mort. Dans la
nutrition par la lumière, c'est fondamentalement différent.
Je ressens mon état au quotidien plutôt comme étant en
«fonction stand-by ». L'ensemble du système est intact, mais
n'est pas en fonction. Et cela s'explique à son tour par le fait
que les organes sont nourris normalement et suffisamment
comme auparavant — mais seulement d'une autre manière.
Tous les examens de laboratoire qui ont été menés jusqu'à
présent ont donné, pour l'essentiel, ce résultat. Ce n'est
107
absolument pas une privation, ce n'est pas un manque. Je
ressens cet état comme celui que l'on éprouve entre les repas
ou après la digestion, et c'est sûrement ainsi.
108
processus de fourniture d'énergie et de transmutation de la
matière se produit de manière régulière et, s'il est bien spon-
tané, il est très subtilement accordé aux besoins du moment,
équilibré et, du moins pour moi, se produit sans que je le
remarque.
109
des deux sensations, et de façon très vivante, et elles resur-
gissent parfois encore tout naturellement dans les émotions.
Manger ne m'est pas non plus indifférent, au contraire, j'aime
même beaucoup être là quand on mange. Ressentir par sa
présence ce que l'on éprouve en mangeant est pour moi vrai-
ment un plaisir, c'est quelque chose de très agréable.
110
Questions scientifiques.
111
Question: Vous avez dit vous soumettre à une expérimen-
tation sous contrôle permanent et sous surveillance. Quel est
l'énoncé de la question qui motive les recherches? Dans le
meilleur des cas, qu'en attendez-vous? Comment le monde va-
t-il réagir ?
112
début permettant d'accepter le phénomène en tant que tel, et
en tant que phénomène digne d'intérêt pour la recherche.
113
Question: Je crois à tout ce que vous avez raconté et vous
avez réussi à le présenter de manière claire et compréhensible.
Cependant, cela me pose problème d'entendre que cela ne doit
être qu'une question de foi et de confiance. Quand on pense à
tant d'enfants et de nourrissons qui meurent chaque jour de
faim, on devrait tout de même penser qu'il y a là un champ de
réflexion collective qui devrait apporter de l'aide.
114
Je compléterais volontiers le concept de foi dans ce contexte
par une composante supplémentaire, à savoir la confiance. En
effet, croire signifie aussi ne pas savoir.
La foi est une condition importante pour que le processus
des 21 jours, et par la suite la nutrition par la lumière, fonc-
tionnent réellement et pour que l'on ne finisse pas par mourir
de faim ou de soif. Commç je viens de le dire, la confiance y
joue aussi un rôle très important. Il s'agit d'avoir confiance
que cette forme d'alimentation convient, et elle convient tout
naturellement. C'est pourquoi le doute éventuel que l'on peut
encore avoir quelque part n'est pas un problème; pour un
temps c'est tout à fait normal. Le doute et la confiance ne
s'excluent pas mutuellement, au contraire, ils peuvent alter-
ner. Je le dis parce que je me souviens très bien de tout cela.
J'ai suivi le processus et je me suis toujours dit : « Cela va bien
se passer. Ingrid l'a fait et cela a fonctionné, alors tu peux aussi
essayer et cela va bien se passer. Et si jamais cela ne devait
pas marcher, alors il te suffirait d'arrêter, de recommencer à
manger et au moins, après, tu sauras que cela ne marche pas. »
J'avais vraiment aussi quelques réticences et j'étais prêt à arrê-
ter le processus s'il m'était arrivé quelque chose de bizarre.
Mais cette ouverture de principe doit déjà être là, pour ne pas
s'aveugler ou s'enfermer. Avec l'attitude : « On va bien voir que
cela ne marche pas », cela poserait certainement problème.
115 .
immédiatement que vous vouliez suivre ce processus de change-
ment d'alimentation.
116
comme, déjà auparavant, j'ai toujours eu pendant la journée
certaines pauses méditatives qui étaient enrichissantes et qui
ont influé favorablement sur ma vie, je ne peux pas dire préci-
sément comment cela aurait été sans ces méditations. Mais
mon sentiment me dit que le processus de la nutrition par
la lumière, quand on s'y ouvre en toute confiance, vient tout
seul.
117 .
À propos du processus des 21 jours
118
lumière et ne peut en aucun cas remplacer les indications du
livre de Jasmuheen. Celui qui est intéressé par des informa-
tions complémentaires ou des instructions sur la méthode
menant à la nutrition par la lumière est donc instamment prié
de se reporter aux indications originales de l'ouvrage cité.
119
le processus de changement d'alimentation selon ses propres
données en juin 1994, et a rassemblé ses indications et ses
recommandations à ce sujet. Ces données ont d'abord été
diffusées sous forme de brochure en Australie et représentent
à notre avis, aujourd'hui comme hier, la référence pour ce qui
est du chemin vers la nutrition par la lumière.
Mais il ne s'agit ici, et il faut encore le souligner, que de_
conseils généraux, et il est expressément recommandé d'exer-
cer son propre discernement et de suivre son propre guide
intérieur, car ni les descriptions ni les instructions n'expli-
quent tout. Elles ne peuvent ni ne doivent d'ailleurs le faire.
Charmaine Harley divise ses indications et ses recomman-
dations en deux parties, les informations fondamentales pour
la préparation et les détails de la conduite du processus des
21 jours. Les données essentielles sont donc rassemblées ci-
dessous.
La préparation du processus
120
Si possible, on devrait être accompagné par quelqu'un qui
a déjà suivi lui-même le processus. Avec cette personne, on
devrait auparavant évoquer et éclaircir tout ce qui pose encore
question.
Il est recommandé de préparer avec tendresse son corps
— et naturellement aussi soi-même — au changement, afin que
la transition soit le plus facile possible et qu'elle procure de la
joie. Cela signifie en pratique : dans la période qui précède
immédiatement le processus des 21 jours, il serait préférable
de renoncer à la viande, et vers la fin peut-être même ne plus
manger que des crudités, et pour conclure ne vivre si possible
pendant quelques jours que de soupe et de boissons. Au moins
les trois derniers jours, on ne devrait plus boire d'alcool, et les
drogues ainsi que le tabac ne sont évidemment pas indiqués
pendant les trois semaines.
« Engage-toi dans un temps de solitude. C'est un temps
sacré et très précieux, et il serait dommage de ne pas pouvoir,
à cause de conditions extérieures difficiles, profiter du proces-
sus et l'apprécier dans le calme. »
On devrait être conscient du fait que, dans tout le proces-
sus, ce dont il s'agit pour l'essentiel n'est pas de manger ou
non, mais que des niveaux supérieurs d'énergie puissent
s'ouvrir pour ne plus avoir besoin de nourriture physique.
La conduite du processus
121
physique, à la présence du calme nécessaire et pour éviter les
distractions inutiles, car ce doit être un temps sans stress et
détendu, un temps consacré autant que possible uniquement
à soi-même et tourné vers le spirituel. La deuxième personne
a le rôle d'un conseiller et devrait avoir elle-même déjà suivi
le processus, pour pouvoir apporter son soutien grâce à
son expérience personnelle, là où sécurité et assistance sont
souhaités ou nécessaires.
Pendant les 21 jours, on devrait pouvoir laisser de côté
toutes les obligations «mondaines », d'une part celles qui sont
superflues comme la télévision, le téléphone, l'ordinateur,
le bruit, le stress, et d'autre part les obligations familiales et
sociales, les rendez-vous, les réunions et les services (jardin,
animaux domestiques, etc.), afin de se consacrer au processus
si possible entièrement et dans le calme intérieur. Il faudrait
aussi vérifier s'il ne vaut pas mieux suspendre, pour le temps
du processus de changement, les exercices physiques et spiri-
tuels (par exemple, yoga ou méditation) que l'on pratique
normalement.
Une importante condition relative au cadre extérieur est un
environnement si possible agréable et sans stress. Cela signifie
principalement du calme, du confort, de la chaleur, beaucoup
de lumière, de l'air frais et pouvoir faire sans complications
de belles promenades. De bonnes lectures faciles, de la belle
musique harmonieuse ainsi que des jus et de l'eau sont à tenir
à disposition en quantité suffisante.
Tenir un journal de bord détaillé est à recommander abso-
lument.
Pendant le processus, les symptômes les plus variés relatifs
à la purification physique et psychique peuvent apparaître, tels
qu'ils sont déjà connus de nombreuses personnes ayant suivi
des cures de jeûne, à savoir par exemple: maux de tête, bour-
donnements d'oreille, douleurs musculaires, mauvaise haleine,
nausées, insomnie, mauvaise humeur, irritabilité, anxiété. Ces
phénomènes de désintoxication se maintiennent habituelle-
ment dans la limite du supportable et ne causent pas de souci.
122
Le déroulement proprement dit du processus de
changement
On ne mange ni ne boit.
C'est ces jours-là que se situe le véritable changement et le
début de l'indispensable processus de purification.
Ce doit être un temps de calme et de silence pendant
lequel on peut être entièrement adonné à soi-même.
Au deuxième jour, du fait de la désintoxication du corps,
peuvent survenir des « symptômes de jeûne » comme des
maux de tête, des douleurs rénales, des douleurs musculaires,
et une sensation de rugosité de la muqueuse buccale. On se
sent aussi parfois mou, faible et les jambes un peu instables.
La survenue de la soif ne doit être soulagée que par des
bains de bouche ou bien en suçant des glaçons — puis en
recrachant le liquide.
Dans la nuit du troisième au quatrième jour, intervient un
changement décisif, une transformation qui peut être vécue
clairement comme telle, mais passe souvent inaperçu, et n'est
remarqué que le lendemain matin. Lors de la nécessaire méta-
morphose corporelle qui s'installe désormais, peut apparaî-
tre temporairement un sentiment de vide, mais cela n'est pas
obligatoire et n'est souvent pas directement perceptible.
Dans les jours suivants, on ne doit toujours absolument
rien boire ni manger. Le calme et la détente sont prescrits
pour le processus de réorientation s'effectuant alors. Il est
123
d'ailleurs bien possible qu'on se sente abattu et mou, que les
idées jaillissent par saccades et avec effervescence ou que l'on
soit apparemment sans aucun sentiment. On est aussi parfois
nerveux, et légèrement irritable; des bouffées de chaleur
peuvent survenir. Ces processus devraient être accompagnés
sans peur, mais avec confiance et gratitude.
Le soir du septième jour ou en fin d'après-midi, on peut
pour la première fois recommencer à boire. On ne devrait
cependant pas en déterminer soi-même le moment, mais le
fixer après réflexion avec son conseiller. En cas de doute ou
d'incertitude à ce sujet, il est bon d'attendre la fin du septième
jour pour boire.
124
de fruits concentrés (jusqu'à 40 % maximum) sont autorisés
et recommandés. On commence alors à se sentir plus fort et
donc plus «normal ». Le sentiment bienfaisant d'être sur le
« chemin du retour » à une vie nouvelle et de se stabiliser de
plus en plus chaque jour donne force et courage.
Lorsque le 21e jour s'est écoulé, le processus est en géné-
ral terminé. On est désormais nourri et entretenu par le
« prana », la « lumière » ou les énergies du domaine éthérique
de la Création.
125
personnelle. Celui qui aimerait continuer à boire peut choisir
en toute liberté ce qu'il prendra, comment et combien.
Il n'y a pratiquement pas de raisons contre, mais beaucoup
pour poursuivre la participation aux repas habituels dans la
famille, avec les amis et dans un environnement social plus
large. Si l'on boit alors quelque chose, l'expérience montre que
cela se passe bien, et ainsi le fait de ne pas manger est à peine
remarqué et ne dérange pas les autres convives.
Il est important d'être bien conscient que seules sont abso-
lument obligatoires les prescriptions quant à la nourriture
et la boisson pendant les trois semaines. En ce qui concerne
toutes les autres indications et recommandations, finalement
on est libre ; on peut, et on devrait, adapter ses décisions à sa
situation individuelle, à ses propres besoins et à ses propres
exigences et pour cela, finalement toujours écouter la voie
intérieure de son sentiment et de sa conscience.
126
l'inédie hier et aujourd'hui.
127
une faible mesure. La plupart du temps, les circonstances
qui conduisent à l'inédie se situent en outre dans un contexte
pathologique: tous ont eu « dans leurs jeunes années des trou-
bles de la moelle osseuse, c'est-à-dire de la partie du corps
qui produit le sang», dit le Docteur Albert A. Bartel qui a
continué les travaux de Groninger. «Aucun n'avait la hantise
de mourir de faim; les transitions se sont faites sans aucune
peine. »
128
raconté directement son voyage au Dakota du Sud où les
Indiens Lakota, par exemple, pendant leur voyage visionnaire
de quatre jours, non seulement, comme il est usuel dans de
nombreuses tribus, ne mangent rien, mais n'ingèrent aucune
boisson non plus. Le spécialiste des Lakota Gerhard Buzzi
écrit à ce sujet dans son livre Indianische Heilgeheimnisse
(« Secrets de guérison indiens ») paru aux Éditions G. Lübbe,
Bergisch Gladbach, 1997: « Celui qui cherche la vision était
couvert de peinture blanche et accompagné par un homme-
médecine expérimenté qui priait pour lui au pied de la
montagne. Les quatre jours suivants, celui qui cherche était
seul, sans manger ni boire. Seulement plongé dans la prière
avec sa pipe. »
Mais maintenant, comment peut-on expliquer une inédie
plus longue ? Au plan spirituel, cela résonne de manière très
simple: ceux qui se nourrissent de lumière reçoivent leur
nourriture directement de l'éther. On suppose « que tous ces
phénomènes relèvent d'une force primordiale nommée aussi
Psi et qu'il existe, dans des cas d'exception, des personnes
qui peuvent se mettre en relation avec elle et qui y puisent
l'énergie que nous autres devons péniblement tirer de la nour-
riture », dit A. von der Alz, cité par Bartel".
129
dioxyde de carbone. » La question reste ouverte de savoir si
cet état peut être suscité aussi consciemment et intentionnel-
lement, et en dehors de circonstances pathologiques.
Une intéressante explication possible de l'inédie se trouve
actuellement chez le professeur de médecine George Merk123 :
il a découvert que le processus cellulaire dispendieux en énergie
consistant à obtenir de l'adénosine triphosphate (ATP) à partir
d'adénosine diphosphate — un processus de gain d'énergie qui a
lieu notamment dans les mitochondries, les centrales énergéti-
ques des cellules — peut être contourné par une modification de
la conductivité des protéines : « Si toutes nos protéines présen-
taient une supraconductivité (une conductivité illimitée), nous
pourrions, à l'aide de ce matériel génétique, contourner l'ob-
tention d'énergie métabolique et nous ne nous nourririons que
pour le plaisir et non plus par nécessité. » À ce propos, voici ce
que dit le célèbre biophysicien de l'université de Kaiserslautern,
le professeur Fritz-Albert Popp, spécialiste des biophotons :
130
pour tous ceux qui le souhaitent. (Les personnes intéres-
sées peuvent s'adresser à: Christopher Schneider, govind@
web.de). Source: ELRAANIS — Magazin für Lichtnahrung,
Lichtarbeit und Spiritualitiit, 3 (1998) : 60-61, Berlin 1998.
131
bu depuis 65 années et a déconcerté une équipe médicale tout
d'abord incrédule. Le directeur adjoint de l'hôpital où le fakir
a été examiné a dit, d'après un article du Hindustan Times:
« Depuis dix jours, il n'a ingéré ni nourriture ni boisson, et
n'a émis ni urine ni selle. » Tout en étant entièrement sain
de corps et d'esprit, et en n'ayant, au dire d'un de ses « disci-
ples» encore jamais été malade. Un autre médecin reconnaît
n'avoir aucune explication à ce phénomène. Il pourrait s'agir
de « quelque chose de divin ».
132
La rencontre du yogi Yogananda avec Therese
Neumann
133
comme étant de l'araméen ancien. À certains moments de
ses visions, elle parlait hébreu ou grec.
Par permission ecclésiastique, Therese a été à plusieurs
reprises en observation scientifique serrée. Le docteur Fritz
Gerlick, éditeur d'un journal protestant allemand, est venu
à Konnersreuth pour « mettre au jour la supercherie catho-
lique», mais a fini par écrire une biographie de Therese
empreinte d'un profond respect. [...]
Le lendemain matin, notre groupe se mit en route pour le
paisible village de Eichstàtt, aux étroites rues pavées. Le doc-
teur Wutz nous reçut cordialement chez lui: "Oui, Therese
est ici." Et il lui envoya faire part de notre visite. Un messa-
ger apparut bientôt avec sa réponse: "Bien que l'évêque
m'ait demandé de ne voir personne sans sa permission, je
veux recevoir l'homme de Dieu venu d'Inde." Profondément
touché par ces paroles, je suivis le docteur Wutz au salon
situé à l'étage. Therese entra aussitôt, rayonnant une aura
de paix et de joie. Elle portait une robe noire et avait un
foulard d'un blanc immaculé sur la tête. Bien que son âge
fût de 37 ans à l'époque, elle faisait beaucoup plus jeune
et avait réellement la fraîcheur et le charme d'une enfant.
En bonne santé, d'une bonne constitution, les joues roses et
pleine d'entrain, voilà la sainte qui ne mange pas! Therese
me salua d'une très légère poignée de main. Nous nous
sourîmes ensemble dans une communion silencieuse, cha-
cun sachant de l'autre qu'il aime Dieu.
134
"Elle est fine comme du papier et de la taille d'une petite
pièce de monnaie." Elle ajouta : "Je la prends pour des
raisons sacramentelles; si elle n'est pas consacrée, je ne
peux pas l'avaler."
"Vous n'avez certainement pas pu en vivre pendant 12
années pleines?"
"Je vis de la lumière de Dieu. " Comme sa réponse était
simple, comme elle était digne d'Einstein !
"Je vois que vous vous rendez compte que de l'énergie
afflue de l'éther, du soleil et de l'air vers votre corps." Un
sourire fugace passa sur son visage. "Je suis tellement heu-
reuse que vous compreniez comment je vis."
"Votre sainte vie est une démonstration quotidienne de la
vérité de la parole du Christ: 'Ce n'est pas seulement de
pain que l'homme vivra, mais de toute parole sortant de la
bouche de Dieu.' (Matthieu 4,4)"
Mes explications lui suscitèrent à nouveau de la joie. "lien
est vraiment ainsi. Une des raisons de ma présence ici sur
terre aujourd'hui est de prouver que l'on peut vivre de la
lumière invisible de Dieu, et non seulement de nourriture."
"Pouvez-vous apprendre aux autres à vivre sans nourri-
ture ?"
Elle sembla un peu choquée. "Je ne le peux pas. Dieu ne
le souhaite pas."
Comme mon regard tomba sur ses mains puissantes et gra-
cieuses, Therese me montra une petite plaie carrée fraîche-
ment cicatrisée sur chaque paume. Sur le dos de chaque
main, elle me fit voir une plaie plus petite, en forme de
croissant, fraîchement cicatrisée. Chaque plaie traversait
la main de part en part. Cette image rappela distinctement
à mon esprit le souvenir de grands clous de fer carrés à
bout en croissant, encore en usage en Orient, mais que je
ne me souviens pas avoir vu en Occident.
La sainte me raconta ses transes hebdomadaires. "C'est en
observatrice impuissante que je contemple toute la Passion
du Christ."
Chaque semaine du jeudi à minuit au vendredi à une
heure de l'après-midi, ses plaies s'ouvrent et saignent;
elle perd 10 livres sur son poids ordinaire de 121 livres.
135
Souffrant intensément d'un amour plein de compassion,
Therese attend chaque semaine avec joie ces visions de
son Seigneur.
Je réalise alors que sa vie étrange résulte de l'intention de
Dieu qui veut réaffirmer à tous les chrétiens l'authenticité
historique de la vie de Jésus et de la crucifixion telles qu'el-
les sont rapportées dans le Nouveau Testament, et faire
preuve de manière dramatique du lien éternellement vivant
entre le maître galiléen et ses dévots.
136
accompagnant fréquemment mais non nécessairement la
stigmatisation.
137
monde ait la vie. [...] Ma chair est vraie nourriture [...]. »
(Jean 6,32 ; 6,51 ; 6,55)
Au vu des doutes qui surgirent dans le public au sujet de
l'inédie de Therese, l'évêque de Ratisbonne Antonius von
Henle demanda une expertise médicale du phénomène.
Therese, et finalement son père également, acceptèrent des
examens qui eurent lieu du 14 au 28 juillet 1927 sous obser-
vation constante et sous surveillance médicale. Les résultats
des examens, publiés par le professeur Ewald et l'ordinaire du
diocèse de Ratisbonne, confirmèrent l'inédie.
138
Sur ordre de l'évêque Michael Rackl, elle fut tenue sous le
contrôle le plus strict25 . »
Les déclarations sous serment de tous les participants de la
commission de surveillance et d'examen, y compris les méde-
cins et les professeurs d'université chargés de l'affaire ainsi que
différents témoins de l'époque, attestent de l'inédie de Therese
Neumann. Tous les parents et toutes les personnes qui ont eu
l'occasion d'observer précisément l'environnement de Therese
et son comportement attestent également dans le même sens.
Le 15 janvier 1953, Therese a donné sous serment à
Eichstâtt les explications suivantes sur son inédie 26 :
139
Existe-t-il encore aujourd'hui de tels phénomènes?
140
chez Michael Werner, la source de la nutrition par la lumière
est la même, à savoir qu'elle est issue de cet être qui dit de
lui-même : « Je suis la lumière du monde. » Mais le chemin
et la motivation de départ sont différents. Dans l'exemple
ci-dessus, c'est une expérience religieuse qui est le motif et
le point de départ ; chez Michael Werner, c'est la recherche
scientifique et une décision consciente de faire l'expérience
d'une autre forme de nutrition. Et pourtant, les deux chemins
se rencontrent — Michael Werner ne dit-il pas que seule une
confiance profonde et authentique en le monde spirituel rend
cela possible ?
Nicolas de Flue
141
les vingt années qui suivirent à toute ingestion de nourri-
ture, comme cela fut prouvé. Le 21 mars 1487, le jour de son
anniversaire de 70 ans mourut « frère Nicolas », comme on le
nommait, alors qu'il était depuis longtemps déjà connu loin
alentour comme conseiller et comme sage.
Dans un chapitre de son livre sur Nicolas de Flue, le biolo-
giste Johannes Hemleben, prêtre de La Communauté des
Chrétiens, résume ses idées sur la question de la nutrition.
Les réflexions extrêmement pertinentes qu'il consacre à l'iné-
die méritent d'être largement citées ici 27:
142
pour lui rendre l'aliment encore plus facilement accessible
grâce à la cuisson. Si les mains ne sont plus directement
utilisées, l'homme civilisé est habitué à l'usage de «cou-
teau et fourchette» qui viennent encore contribuer à une
fragmentation supplémentaire des dons de la nature dont
il s'alimente.
La bouche et les dents forment la frontière entre «exté-
rieur» et « intérieur». C'est ici que commence le processus
alimentaire au sens propre. Les dents continuent de décou-
per, déchirer et broyer ce qui a franchi les lèvres encore
revêtu d'une forme.
C'est un processus physique simple qui est au service de
la destruction ultérieure de la substance alimentaire avant
que celle-ci soit absorbée par l'organisme. L'aliment, qui
n'était auparavant perçu que par les sens du toucher, de
la vue et de l'odorat, arrive maintenant dans le domaine
de la cavité buccale, de la langue et du palais, en contact
avec le sens du goût et se trouve en même temps imprégné
de salive en vue d'une dissolution ultérieure.
143
La suite du processus corporel de la nutrition s'accom-
plissant dans l'inconscience est d'autant plus étonnante.
En conséquence de la fragmentation des éléments du
bol alimentaire par bris externe et dégradation physi-
que, l'organisme poursuit la dissolution avec d'autres
moyens chimiques. N'évoquons ici que les étapes du
processus de la nutrition les plus importantes qui nous
soient connues. Dès que le bol alimentaire a atteint l'es-
tomac, il est imprégné par la pepsine, enzyme qui pour-
suit la dégradation de la substance nutritive agissant
encore dans l'organisme comme un corps étranger. La
pepsine dissout les liaisons peptidiques des protéines et
libère ainsi des peptides. Sur le chemin de l'estomac à
l'intestin, le flux alimentaire parvient, dans le domaine
du duodénum, jusqu'au pancréas qui sécrète la trypsine.
Ce ferment digestif poursuit le processus de dissolution
et libère toutes les substances protéiques encore présen-
tes dans les aliments, en sorte qu'il ne reste plus mainte-
nant qu'une substance visqueuse homogène dépouillée
de son caractère d'origine.
Après destruction des glucides et des protéines, il ne reste
plus que les lipides qui ont été ingérés. Habituellement,
ceux-ci passent dans le domaine d'activité de la ptyaline et
de la pepsine sans y être modifiés et ne sont dissociés en
glycérine et acides gras que par l'action de la bile et de la
lipase, enzyme pancréatique. Dans une certaine mesure, les
lipides restent intacts dans toutes les étapes antérieures de la
digestion et se retrouvent dans le contenu intestinal pratique-
ment sans modification. Si ces lipides ne sont ni consommés
(comme fournisseurs de chaleur) ni éliminés, ils peuvent être
stockés dans le corps humain et mener facilement, en tant
que corps étrangers, au déclenchement de maladies.
144
point de vue du corps humain, un unique processus de défense
de l'organisme contre la substance étrangère qui y pénètre. »
145
« Ce processus a lieu, comme on l'a vu, essentiellement dans le
domaine métabolique inaccessible à la conscience humaine.
Le secret de cette métamorphose est accompli par le principe
de la nature agissant en l'homme sans qu'il puisse lui-même y
accéder. »
146
Autres comptes rendus du processus des 21 jours
147
Ils présentent au lecteur la variété des expressions indivi-
duelles concernant la nutrition par la lumière et donnent un
aperçu des nombreuses autres possibilités qu'elle comporte.
Le choix limité des personnes interrogées entraîne obligatoi-
rement la présentation d'un bouquet « aléatoire » de témoi-
gnages personnels et d'opinions individuelles.
Ces comptes rendus proviennent tous de personnes que
Michael Werner connaît personnellement. Quelques-unes
d'entre elles ont un lien avec l'anthroposophie ; cela provient
tout naturellement du fait que Michael Werner se trouve
lui-même dans cette orientation de pensée, et aussi du
fait que le premier rapport détaillé sur son cas a été publié
dans l'hebdomadaire de la Société anthroposophique, Das
Goetheanum. Cela ne doit cependant pas suggérer de lien
intérieur obligé.
148
En fait, il était déjà certain que je voulais essayer moi-
même. Mais quelque chose en moi s'y opposait aussi. J'avais,
dans ma jeunesse, pensé devenir paysan, car le travail de la
terre m'apparaissait être l'une des plus grandes exigences de
notre temps. Cette mission était-elle désormais remise globa-
lement en cause ? Je ne pouvais pas me l'imaginer. Et si la
nutrition par la lumière était possible pour tous, cela remet-
trait en cause ce qui est devenu une évidence ne souffrant
pas la contradiction, à savoir le dogme selon lequel: trois
jours sans eau et quelques semaines sans pain, et tu es mort.
L'homme mourrait donc de faim et de soif parce que les habi-
tudes de pensée qui sont les siennes le lui imposent! Cela
m'aurait retiré le sol de sous les pieds.
Peu de temps après la parution de l'article, j'ai fait la
connaissance de son auteur, Michael Werner, et j'ai assisté à
une conférence de lui sur la nutrition par la lumière. Le sujet
m'est devenu plus familier, des questions se sont éclairées, de
nouvelles sont apparues. Il est devenu clair pour moi que la
nutrition par la lumière ne résout pas le problème de l'ali-
mentation dans le monde, car la décision de se nourrir par
la lumière est quelque chose de très individuel et ne peut pas
être décidé pour les autres. Mon souhait d'essayer moi-même
la nutrition par la lumière s'est ainsi renforcé.
Environ un an après avoir entendu parler pour la première
fois de nutrition par la lumière, j'ai commencé le processus
des 21 jours. Outre la curiosité de savoir si la nutrition par
la lumière serait réellement possible aussi pour moi, d'autres
aspects jouaient aussi, comme : plus de temps, plus de force,
la santé ainsi qu'un allégement du budget.
Les obstacles qui suivirent furent variés et vinrent souvent
d'un côté inattendu. La première difficulté a été la date. Se
retirer trois semaines pour le processus fut difficile. Comme
les vacances d'été n'entraient pas en ligne de compte, il ne
restait plus que les autres semaines sans enseignement. Mais
elles ne durent chacune que deux semaines et, en tant qu'ensei-
gnant, je ne peux prendre mes «vacances» qu'à cette période.
149
Par deux fois, j'ai dû déplacer mon projet. Finalement j'ai
fixé le changement d'alimentation aux 16 jours libres d'ensei-
gnement en automne. J'ai accepté de commencer le proces-
sus pendant mes trois derniers jours de travail et de le laisser
déborder deux jours sur mon temps de travail. J'ai toujours
fait beaucoup de sport, j'étais en bonne condition physique
et après en avoir parlé avec le mentor qui m'a accompagné au
cours du processus, cette voie sembla praticable.
J'ai réalisé le processus à la maison, un assistant habitait
chez moi pendant cette période, mon mentor appelait régu-
lièrement et passait aussi à la maison pour discuter. Le strict
isolement qu'indique le livre, je l'ai suivi de manière plus
souple. En revanche, j'ai respecté strictement la régularité de
l'emploi du temps réparti en phases de repos et d'activité, ainsi
que les prescriptions concernant les boissons (absolument
rien pendant 7 fois 24 heures, puis abondamment pendant
14 jours). Ni la faim ni la soif n'ont été un véritable problème.
La bouche sèche (que je ne voulais pas rincer) et l'alitement
prolongé furent difficiles. J'ai été privé de nature, n'ayant ni
balcon ni jardin où je puisse m'asseoir. Pour les promenades
quotidiennes, je me suis fait conduire en auto et accompa-
gner. Vers la fin de la première semaine, j'ai eu une sensa-
tion d'étourdissement et de faiblesse en marchant. Sinon, j'ai
vécu le changement physiquement sans problème notable.
Les conversations avec le mentor m'ont beaucoup aidé, du fait
qu'ont surgi des questions qui n'étaient pas traitées dans les
indications du livre.
J'ai été surpris de m'en être sorti relativement bien sans
boire. C'est là que se trouvait ma plus grande incertitude : ce
que je faisais mettait-il ma vie en danger ? J'avais prévu d'ar-
rêter si les signes correspondants apparaissaient. Mais je n'ai
pas eu la moindre douleur rénale, symptôme censé signaler
un manque de boissons.
Parmi les nombreuses modifications et particularités dont
j'ai fait l'expérience, quatre m'ont semblé particulièrement
marquantes :
150
• Je me réveillais chaque matin à 4 heures avec le senti-
ment d'avoir dormi suffisamment. J'ai continué à avoir beau-
coup moins besoin de sommeil.
• Je pouvais travailler concentré sensiblement plus long-
temps.
• Quand mon assistant cuisinait pour lui, il s'excusait
pour les odeurs. Mais je les humais avidement sans éprou-
ver le besoin de manger. Au contraire, l'idée d'en goûter me
mettait mal à l'aise.
• Les importantes varices qui m'avaient valu six mois
auparavant une incapacité de travail disparurent complète-
ment.
Lorsque j'ai repris mon travail à l'école, les changements
que j'avais vécus ne passèrent pas inaperçus. Finalement j'avais
perdu presque 10 kg et j'avais le visage amaigri. Dans ma classe
(avec des élèves de 15 ans), la cause s'en ébruita et le désir d'en
parler se manifesta. Je mis en place un temps d'échange pour
les intéressés. Tous vinrent, sauf un qui connaissait déjà le
sujet. Les principales questions des élèves étaient : la nutrition
par la lumière est-elle vraiment possible ? Comment cela se
passe-t-il ? Pourquoi faites-vous cela ? Les réactions furent très
diverses. Incrédulité (cela ne se peut pas), incertitude (en fait
c'est impossible, mais il ne va tout de même pas nous mentir),
acceptation (intéressant, je trouve bien qu'il fasse cela), refus
(cela se peut bien, mais comment peut-il donc faire une chose
pareille ?). Certains collègues firent aussi des remarques (mais
comment peut-on donc enseigner alors qu'on ne mange pas ?)
mais cela ne donna jamais lieu à un échange. Cela fit tout
d'abord sensation à l'école et de nombreux élèves voulurent
me parler. Cela ne fut pas toujours agréable, mais cela amena
aussi des épisodes humoristiques. C'est ainsi que l'on a voulu
m'offrir pour mon anniversaire un bon pour des séances au
solarium ou m'inviter à manger avec la question de savoir si je
préférais « manger» 40 ou 60 Watts. Mais j'ai également été
passé spécialement à la loupe et mes actes ont été observés de
manière critique. Tout ce que je faisais et tout ce que je disais
151
était regardé à travers des lunettes qui disaient : c'est ainsi
qu'agit, c'est ainsi que parle quelqu'un qui ne mange plus.
Une réaction de ma part, qui ne convenait pas aux élèves, fut
rejetée rapidement au motif que j'étais encore de mauvaise
humeur — pas étonnant, quand on ne mange rien [...] Pour
ma part, je ne me suis pas trouvé plus lunatique qu'aupara-
vant. Quoi qu'il arrive, la raison de mon comportement était
toujours mise en relation avec l'alimentation, sans pouvoir
prendre en considération d'autres causes possibles.
Après un certain temps, ce qu'il y avait de particulier finit
par s'estomper, on s'y était habitué. Les réactions à mon chan-
gement d'alimentation ont parfois été difficiles à supporter,
mais dans l'ensemble, je me suis toujours senti très bien. Mes
attentes furent comblées, parfois même dépassées. Ainsi, je
trouvais presque difficile au début de savoir quoi faire de tout le
temps dont je disposais désormais — dans une vie de célibataire,
l'économie de temps est particulièrement grande du fait que
disparaissent complètement les courses, la cuisine et la vaisselle.
Il me fut difficile de savoir comment faire avec le repas en tant
qu'événement social. La grand-mère se réjouit de faire cuire
des gâteaux pour le petit-fils, des amis invitent à manger. La
déception était grande si je ne mangeais rien. Je dus alors expli-
quer, donner les raisons, parfois même justifier. Ce ne fut pas
agréable, et j'ai parfois dû manger « par convenance » ou pour
éviter des difficultés. Manger produisit chez moi tout d'abord
une répugnance, mais par la suite j'ai pu aussi apprécier. C'est
ainsi que, de temps à autre, j'ai consommé de la nourriture. La
remise en route irrégulière de l'appareil digestif m'était incom-
mode et je me réjouissais lorsque tout était à nouveau d'aplomb.
À l'entrée du processus des 21 jours, mon poids oscillait autour
de 70 kg. Environ quatre mois après le changement d'alimen-
tation, je me suis soudain remis à perdre du poids sans raison
apparente. Mais je n'ai pas perdu de forces et je ne me suis pas
senti mal. J'ai alors pris conseil et j'ai mangé régulièrement un
peu. C'est ainsi que j'ai pu maintenir mon poids. Mais dès que
je cessais à nouveau de manger, le poids rebaissait. Je n'ai pas
152
cherché à suivre plus loin cet étrange phénomène, car j'ai décidé
de remanger normalement pour un certain temps. La raison
était que ma fille, qui avait alors 11 ans, est venue habiter chez
moi. Du fait de son âge et de sa constitution, je me demandais
ce que cela lui ferait si son père était seulement assis à table avec
elle sans jamais rien manger.
Je suis très heureux d'avoir fait l'expérience du processus
des 21 jours et je ne voudrais en aucun cas être privé de ce
que j'ai vécu. Je regrette l'état dans lequel je me trouvais alors.
Maintenant que je remange, les changements positifs que j'ai
évoqués ont à nouveau disparu : je suis plus vite fatigué, le
besoin de sommeil est redevenu important, et les varices sont
revenues. Après le repas, s'installe fréquemment un malaise
tel que je ressens le corps comme surchargé. Je n'arrive
d'ailleurs plus à ne rien manger, par exemple si ma fille est
partie en voyage de classe ou chez des amis. Mais malgré tout,
ce n'était pas non plus une grande conquête que de participer
à nouveau aux repas en mangeant, car je le sais : « un jour, les
enfants quitteront la maison [...] ! »
Benno Walbeck
153
Neuf mois plus tard, j'ai remarqué une insensibilité du
petit orteil du pied droit. Deux semaines et demi plus tard,
j'étais à l'hôpital avec le diagnostic de tumeur de la moelle
épinière. J'avais pratiquement perdu le contrôle des urines et
des selles. J'avais besoin de béquilles pour marcher. J'ai refusé
une opération comportant 80 % de risque de paraplégie ;
je ne voulais pas non plus de chimio ni radiothérapie. Je ne
voulais plus qu'une chose : rentrer à la maison.
Déjà à l'hôpital, j'ai ressenti une aspiration irrésistible à
rencontrer une personne qui avait une bonne connaissance
du processus de nutrition par la lumière sur son propre corps.
Pendant l'entretien avec cette personne, j'ai eu avec insistance
le sentiment d'être déjà dans le processus. C'est de là que
provient ce journal.
11 heures
Après un bain avec un mélange spécial de vinaigre biolo-
gique, de cidre acide et de sel marin, ma mère, qui a tant de
154
sollicitude pour choyer avec douceur, me fait un enveloppe-
ment chaud du dos avec de la prêle. Espérons qu'avec cela, la
tumeur aura bien compris.
13 heures
Par la fenêtre, je vois haut dans le ciel et observe comment
les formes des nuages se modifient. Parfois, je crois y recon-
naître des anges. Depuis ce jour, je commence à m'humidifier
la bouche avec des glaçons. Cela fait beaucoup de bien.
16 heures
Je suis pleine d'envie envers ma plus jeune fille Jessica Irina
qui prend son goûter sur mes genoux: un biberon rempli à ras
bord de lait chaud avec du chocolat en poudre.
22 heures
Soutenue par les béquilles et accompagnée par ma mère, je
me promène une heure dans le village. Mon chien nous suit.
J'apprécie l'air de la nuit.
4e jour, 3 heures
Je me réveille comme sur ordre, comme s'il m'était inter-
dit de dormir plus longtemps. Il m'est arrivé la même chose
les nuits précédentes. Je vais dans la cuisine pour me rincer
la bouche avec des glaçons. J'apprécie ce froid rafraîchissant
dans la bouche et fais toujours bien attention de ne pas en
avaler l'eau. J'ai plus de mal à écrire et je me tiens sur mes
jambes en chancelant. Mon corps doit avoir perdu déjà quel-
ques kilos. Je suis maigre. Je ne veux pas perdre la confiance
en Dieu. Je veux croire qu'au moins pendant ce processus des
21 jours je ne vais pas mourir.
5ejour, 1 heure
Après deux heures de sommeil, je suis réveillée. Je suis
parfaitement au clair sur l'impression que je fais : je ne dois
pas vraiment être attirante. Mais maintenant, cela m'est égal!
155
Je suis surprise de sentir combien des glaçons tout à fait ordi-
naires et insipides peuvent être merveilleusement rafraîchis-
sants. Ma circulation est très instable. Maintenant, le chemin
de retour vers mon lit ne peut plus être trop long.
2 heures
Bien qu'on m'ait déconseillé de prendre une douche froide
pendant ces jours-ci, j'ai osé le faire. Il s'est avéré que j'avais
fait ce qui convenait, mon corps ayant toujours été habitué à
l'eau froide.
Ce cinquième jour, je ne peux me déplacer que très diffi-
cilement. Je souffre de bourdonnements d'oreilles, de trou-
bles circulatoires et d'une tension dans le dos. S'ajoute à cela
la survenue inattendue de mes règles. Avec l'aide de mon
compagnon de vie, je m'allonge l'après-midi au chaud sous
le grand cerisier derrière la maison pour reprendre des forces
dans la nature. En soirée, je prends un bain chaud.
6e jour, 1 heure
5 heures
Après le réveil, je me rince la bouche en alternance avec
de l'eau, de l'eau citronnée et des glaçons. Ma joie est très
grande de voir arriver le grand jour demain. Et je suis encore
vivante!
13 heures
Il m'est très difficile de bouger. Je suis d'autant plus recon-
naissante de l'aide de mon conjoint. La soif se fait toujours
plus insistante. Orbites creusées, joues tombantes, corps
décharné, troubles circulatoires, tension douloureuse dans
156
le dos, menstruation irrégulière, bourdonnements d'oreilles,
pouls à 64 allongée, grimpant à 88 debout.
7 jour, 0 heure
J'entends ma voix intérieure dire: « bois! » Jusqu'au
huitième jour, un décilitre par heure, il ne faudrait pas que
je m'endorme entre-temps. Je bois donc mon premier jus de
fruits à la petite cuillère, à 1 h 15, à la lumière d'une bougie,
très solennellement, en présence de mon compagnon. Cela
fait du bien, beaucoup de bien! À chaque goutte, je ressens
dans la bouche le goût intense de l'orange. Je suis heureuse.
11 heures
Toutes les heures, je prends un décilitre de jus de fruits,
toujours par petites gorgées, très lentement. Jusqu'à minuit,
j'aimerais mener de cette manière attentive mon corps à reve-
nir à des boissons « normales ». Souvent, je remercie Dieu
pour sa sollicitude, dont j'ai pu bénéficier durant ces quelques
jours.
8e jour, 8 h 30
Jusqu'à présent, j'ai déjà bu aujourd'hui un litre de liquide.
Quant à ma circulation, je me sens plus forte. Ma jambe
droite est très dure au toucher, ce qui s'accompagne d'une
forte tension dans la partie inférieure du mollet. Je remercie
Dieu pour son soutien, que je ressens.
18 heures
Après m'être profondément rendormie, cette fois sans me
souvenir d'aucun rêve, je vais chercher un jus de fruits et le
boit au lit pour reprendre progressivement des forces.
9e jour
Aux heures des repas, je m'assieds à table avec les autres
membres de la famille. Je bois cinq litres de jus de fruit
par jour. C'est tout simple: cela me fait plaisir. À plusieurs
157
reprises, je me fais des enveloppements ou je m'allonge dans
la baignoire pour me détendre.
22-23 heures
La promenade nocturne dans la verdure avec ma mère et mon
avant-dernier enfant, accompagnés par le chien, est très belle.
12e jour
À midi, je suis assise avec ma famille un long moment
dans notre «restaurant avec jardin» devant 6 dl d'eau miné-
rale et 2,5 dl de jus d'orange. Parmi les boissons fruitées, c'est
le jus d'orange que je préfère. Le soir, des doutes m'assaillent :
le processus est-il encore bon pour moi qui ai maintenant un
corps devenu très maigre ? Je m'endors de bonne heure et dors
d'un trait jusqu'au lendemain matin.
11 h30
Pour désintoxiquer mon corps, je me baigne tous les deux
jours comme avant avec un mélange de sel, de vinaigre et de
cidre. Mon corps est très, très maigre. Comme nous n'avons
pas de pèse-personne à la maison, je ne sais pas précisément
158
comment mon poids s'est modifié au cours du processus
jusqu'à maintenant. Dois-je le regretter ? Ou peut-être aurais-
je alors perdu le courage de poursuivre le processus ?
21 h 30
Avant d'aller me coucher, je vais faire une promenade
nocturne, accompagnée par mon conjoint. Je sens mon corps
léger, avec seulement encore un peu de douleurs.
1 5e jour, 0 heure
Je suis au lit, éveillée. Je suis de plus en plus profondément
consciente de l'importance fondamentale de vivre l'instant
présent. À partir de maintenant, il est autorisé de boire du jus
de fruits à 40 %. Mes forces physiques augmentent. Cela me
fait vraiment plaisir de cuisiner le repas pour la famille. Ce qui
me cause un peu de souci, c'est que je suis encore très maigre.
16e jour
J'obtiens de la clinique universitaire un rendez-vous pour
examen le 9 septembre. Bravo! Au cas où je vivrais encore
à cette date-là. Toute la journée, je suis pleine de force. Je
prépare et fais cuire des gâteaux.
18 e jour, » heures
Klaus apporte un pèse-personne. Il veut s'assurer que mon
poids se comporte comme indiqué dans le livre et reste donc
constant. Il indique 50,2 kg.
159
& jour, 7 heures
La balance indique 49,6 kg. Aujourd'hui se révèlent les
premiers succès visibles. Je peux me tenir à nouveau sur la
pointe des pieds ! Depuis trois semaines, c'est la première fois
que je me déplace toute la journée sans béquilles !
22 h30
Après le bain, je me mets sous la couverture avec, comme
toujours, des enveloppements chauds. Mon poids est de
50,9 kg.
20e jour
Je sors du lit avec mal à la tête. Peut-être cela provient-il
des différents jus de fruits que j'ai bus.
22 heures
Un bain chaud, un enveloppement chaud, une tisane
chaude au lit. La balance indique 50,4 kg. Donc, comme
dans le livre.
22 jour, 5 h 30
Les trois semaines sont passées. À cet égard, je suis désor-
mais libre de la nourriture que je vais prendre. Je prépare et
fais cuire des gâteaux. Mon poids est maintenant de 49,6 kg.
À l'été 2004, c'est-à-dire 12 mois après la première fois, j'ai
refait le processus, cette fois, avec une plus grande joie et plus
d'insouciance. Mon corps, mon âme et mon moi ne se sont
jamais sentis aussi bien. Je ressens que la tumeur est encore
160
présente dans une faible mesure. Je programme la prochaine
étape — un nouvel arrêt de l'alimentation normale — au prin-
temps 2005.
Sonja Hartmann
161
cours de la première semaine, naturellement, on s'affaiblit.
J'ai perdu huit kilos — cela ne se rattrape pas du jour au lende-
main. Mais comme je pouvais me coucher et me baigner
aussi souvent que je voulais, le côté physique était bien un
défi, mais pas un problème. Les aperçus que je pus acquérir
sur l'autre côté de l'existence furent si intenses que le physique
passa plus à l'arrière-plan.
Je profitais des nuits comme d'un espace intérieur particu-
lièrement intime, à moi toute seule; j'ai pu me consacrer à mes
affaires et à mes tâches personnelles, ainsi qu'à mon propre
chemin de vie intérieur. J'ai eu besoin de peu de sommeil.
Le reste de la nuit était à ma libre disposition. Encore
aujourd'hui, j'ai besoin de nettement moins de sommeil
qu'avant le processus et je peux employer le temps ainsi gagné
pour mon hygiène de vie intérieure. Ainsi, le lendemain, je
me tiens mieux sur mes jambes, et dans mon environnement,
que si j'avais passé toute la nuit à dormir.
C'est naturellement la première semaine la plus fatigante,
pendant laquelle on vit sans liquide. On s'approche tout près
de la mort — mais on reçoit également pendant cette période
les dons les plus précieux. À celui qui s'approche si près de la
frontière, il revient « par-dessus la clôture » plus d'un cadeau
provenant de l'autre côté. On peut alors l'emporter et, quand
on est de retour parmi les hommes, s'en servir.
Je vais d'abord raconter cette première semaine et ses
cadeaux.
Les deux premiers jours, j'avais encore du stress, des choses
qui ne pouvaient pas attendre jusqu'après. Le soir du deuxième
jour, j'avais enfin du calme pour mettre de l'ordre dans ma
propre âme. Le troisième jour fut repos et attente. C'est seule-
ment le quatrième jour que commence l'essentiel et — pour moi
en tout cas — le plus précieux, à savoir, les trois jours pendant
lesquels on est « remanié ». Il faut pour cela se rendre disponible
trois fois deux heures par jour. Cela signifiait pour moi non pas
dormir et laisser faire, mais une vigilance absolument concen-
trée et un suivi conscient de ce qui se passait.
162
Ce fut tout d'abord un être élevé, d'une grande force de
lumière et d'amour, qui vint vers moi avec d'autres aides et
travailla sur moi avec un dévouement zélé. Je m'attachai beau-
coup à lui et, après qu'il fut venu plusieurs fois auprès de moi,
je lui demandai s'il voulait devenir mon ami. Il y consentit et
ce fut pour nous deux une joyeuse jubilation ! Je lui demandai
son nom. Il n'est pas facile à des oreilles humaines de saisir
une telle parole spirituelle, qui n'est pas un concept, mais
seulement une sonorité. Je compris que c'était Alix ou Arix,
mais je savais que cela ne correspondait pas tout à fait. Je lui
redemandai alors à sa prochaine visite. Comme je n'arrivais
toujours pas à le saisir correctement, je lui demandai s'il était
d'accord pour « Igor ». Et c'était cela. Depuis, Igor est mon
ami.
Outre les périodes durant lesquelles Igor travaillait sur
moi, il était aussi beaucoup avec moi. Il me montra quel était
son rôle dans notre monde terrestre. Il s'agit de toutes les
sortes de manifestations lumineuses dans la nature, en parti-
culier les belles formations nuageuses éclairées par le soleil,
les levers ou les couchers de soleil, les arcs-en-ciel, etc. Tout
cela, ce sont des êtres spirituels qui le produisent dans notre
monde, mais ils ne peuvent voir cela comme nous le voyons
que si nous vivons consciemment ces beautés en y participant
avec l'âme et, si possible, en y faisant aussi participer ces êtres
consciemment. C'est ainsi que nous nous sommes montrés
mutuellement ses oeuvres.
Un matin, alors que j'étais allongée sous mon pommier
après une mauvaise discussion, Igor me consola. Il me montra
les gouttes de rosée d'une manière toute particulière : quand
je regardais dans l'herbe, toutes les gouttes de rosée étaient
bleues. Si je bougeais alors juste un peu la tête, elles étaient
toutes vertes, ou rouges, ou oranges — l'herbe était toujours
ornée de quantité de perles de la même couleur. Je n'avais
encore jamais vu ainsi la rosée, et maintenant je peux le faire.
Une autre fois, alors qu'arrivait une violente averse tandis que
le soleil brillait toujours, Igor me montra de longues gouttes
163
de pluie brillantes qui tombaient comme de l'or liquide vers la
terre. Ce sont des images que l'on n'oublie jamais plus.
J'ai ainsi à peine pu m'occuper de mes symptômes physi-
ques dus au manque. Il y a tant de belles choses auxquelles on
ne prête simplement pas attention quand on suit sa routine
habituelle. Ce processus de proximité de la mort m'a libéré
du train-train quotidien et m'a éveillée. Ainsi passèrent le
quatrième, le cinquième et le sixième jour.
Il était d'ailleurs fatigant de supporter ces trois temps fixes
de « remaniement» avec la vigilance appropriée. Ce qui restait
encore de la journée suffisait à peine pour le bain, la lecture
et ce que l'on veut encore faire pour garder la continuité de
sa vie personnelle et se reposer. Dans mon cas, s'ajoutèrent
encore des décisions familiales qui devaient être discutées en
détail.
Le septième jour, on vit surtout pour le premier verre de
liquide. J'avais choisi du jus d'airelles rouges, dilué bien sûr.
Ce n'était pas très adapté, mais, de par le caractère des airel-
les, c'était pourtant très beau et très précieux. La première
gorgée après sept jours de jeûne absolu fut un événement
« sacré » préparé en profondeur. Les deux semaines suivantes,
je bus surtout du jus de pomme fraîchement pressé de mon
arbre, dilué avec de l'eau.
Après la première semaine, je m'engageai pleine de joie
et de confiance sur la suite du chemin qui est consacré à la
reconstruction et à l'accoutumance. Mais la reconstruction
ne voulait pas commencer. Je prenais bien du poids, mais je le
reperdais ensuite. La force ne vint pas et je fus prise d'étour-
dissements. J'essayai d'abord de donner du sel à mon corps
avec un peu de bouillon de légumes, mais je ne repris pas de
force et devint nerveuse. Je pris contact avec Michael Werner
pour profiter de son expérience. Mais les expériences sur
ce chemin sont si individuelles que, si son aide me redonna
bien de la sécurité et du calme, mon organisme cependant
continua de réagir à sa manière. Le flot nutritionnel affluait
bien en moi, mais trop faiblement. Après cinq semaines, je
164
capitulai et recommençai à manger normalement, avec la
ferme décision de refaire encore une fois ce processus, mais
dans l'isolement.
Ce qui fut dit, fut fait. Quatre mois plus tard, le 17 novem-
bre 2002, on y était. Je disposais d'un appartement au 17C
étage d'un immeuble sur le lac des quatre cantons. C'était
exactement l'idéal pour mon projet. Je pouvais même utiliser
le sauna privatif aussi souvent que je voulais. Les circonstan-
ces ne pouvaient pas être plus heureuses.
Cette fois-ci, j'étais plus active. Une certaine anxiété, pres-
que inévitable la première fois, n'était plus là. J'en étais sûre :
maintenant, cela va réussir! J'avais besoin de mes forces, tant
que j'en avais et même au-delà. Chaque jour je sortais. Je me
promenais au bord du lac, j'allais faire des achats ou partais
en auto dans les environs. J'ai utilisé presque quotidienne-
ment le sauna dans une douce chaleur. Toute seule, parlant
à peine à d'autres personnes, j'étais adonnée au processus.
Cette fois aussi, je me tins aux temps de repos à partir du
quatrième jour. Mais c'était clair : le processus de transforma-
tion avait eu lieu la première fois. La plupart du temps, Igor
s'assit donc seulement près de mon lit et me fit cadeau de sa
présence. Tout fut désormais nettement plus fatigant que la
première fois. Peut-être m'étais-je trop intensément dépensée
avec le sauna et les activités. Je me déshydratai bien plus, mes
yeux souffrirent plus et demandèrent ensuite plus de temps
pour retrouver leur fraîcheur d'antan.
Le dernier jour de la première semaine, le soleil brillait et
il y avait un fort vent de foehn. J'avais une grande nostalgie de
l'eau et je suis allée au lac, mais ne trouvai guère d'endroit où
« toucher» l'eau qui pourrait me rafraîchir. Le foehn m'épui-
sait considérablement et je dus faire très souvent des pauses
pour me reposer. En particulier sur le chemin du retour, où
j'avais le vent de face, qui harcelait mes yeux secs. Je montai
finalement dans l'auto et pris le chemin du retour, mais
soudain je ne sus plus si j'étais sur la bonne route. Dans une
station-service, je demandai à un pompiste. Il me dévisagea et
165
fut visiblement effrayé — j'avais vraiment l'air d'être mourante.
Il alla chercher sa carte routière, m'expliqua le chemin — et
lorsque je partis, il me dit: Dieu vous bénisse! Les paroles de
cet homme me touchèrent dans les profondeurs de mon âme.
Elles s'écoulèrent en moi comme un baume guérissant et me
donnèrent de la chaleur, du réconfort et de la force. L'amour
d'un frère humain m'avait touchée. En roulant sur le chemin
du retour, me vinrent des larmes.
Ce fut donc la première et difficile semaine de ma deuxième
tentative pour changer ma vie selon une nourriture que l'âme
reçoit. Suivit alors l'acte sacré de la première boisson. Mon
corps absorba le liquide et je pris du poids. Mais je dus bientôt
faire l'expérience, et apprendre à accepter, que mon corps ne
voulait pas aller plus loin. Les 21 jours étaient presque passés
et je redevins nerveuse, le poids baissa. Naturellement, j'étais
triste et désemparée. J'ai décidé alors de demander conseil et de
chercher une réponse de «l'autre côté ». On ne m'a pas laissée
sans aide: le processus, que j'avais suivi deux fois — sans succès
—me donna l'occasion de vivre moi-même ce dont je m'étais
rendu coupable dans un lointain passé envers d'autres person-
nes. Une ancienne dette karmique que je connaissais déjà. Ma
mission n'est pas de vivre sans nourriture mais d'avoir avec elle
un rapport conscient. Telle fut la réponse, claire et nette.
Et désormais, que me reste-t-il, hormis l'expérience
—d'ailleurs si précieuse? Le plus important est pour moi
l'amitié avec Igor. Elle luit toujours à travers les beautés les
plus variées de l'environnement et elle est toujours présente
au fond de la conscience de mon âme. D'autre part, à côté
du gain de « temps libre» déjà évoqué, dû à la réduction du
temps de sommeil, c'est un rapport nettement plus conscient
à la nourriture et aux dons de la nature — sachant toujours
qu'en réalité il ne serait pas nécessaire de consommer ces
choses, mais que la perception affectueuse, une fois qu'on l'a
pratiquée et apprise, peut nourrir notre corps. Le respect, le
sérieux et la gratitude deviennent en même temps le lit du
fleuve dans lequel leur force afflue dans notre corps.
166
Le chemin qui vient d'être décrit plus haut et les expérien-
ces qui y ont été acquises sont insérées et « reliées à la terre »
par une biographie qui s'est déroulée tout à fait normale-
ment. Je suis marié depuis 43 ans, j'ai eu quatre enfants, et
j'ai toujours eu assez d'espace libre pour mon chemin inté-
rieur. Au début du premier processus, j'avais 61 ans et j'étais
en pleine santé.
Angela-Sofia Bischof
167
Comment en suis-je venu à prendre une décision aussi
rapide ? Si je regarde ma vie jusqu'alors, je peux rapporter cela
à deux expériences ou évolutions personnelles : premièrement
la préoccupation récurrente envers les formes les plus variées
d'alimentation et deuxièmement l'aspiration à mieux pouvoir
faire agir le bien en moi.
Concernant les points évoqués, voici brièvement quelques
points de repère : à partir de 1950, mes parents et moi-même
adoptèrent une alimentation végétarienne (méthode Waerland,
forme lacto-végétale) que j'ai poursuivie avec ma femme depuis
mon mariage en 1960. À la fin des années 60, prenant en consi-
dération les relations sociales de nos enfants, nous avons adopté
une forme modifiée avec plus d'aliments cuits. Au début des
années 90, je me suis longtemps nourri purement de crudités
pour pouvoir mieux guérir d'une sinusite maxillaire chroni-
que. Ce n'est qu'en 1993 que la guérison est obtenue grâce à
l'eau vivifiée selon la méthode Johann Grander, ce par quoi je
pris conscience de l'importance de la qualité de l'eau. Jusqu'en
2002, je me suis nourri d'alimentation cuite en m'appuyant sur
la cuisine des céréales d'orientation anthroposophique selon
le rythme des jours de la semaine. Concernant le travail au
niveau de la conscience, j'ai pratiqué durant les années 60 et 70
du yoga, des exercices corporels et respiratoires, pour obtenir
le calme de l'âme et pouvoir ainsi mieux penser. Depuis 1976,
je m'intéresse à l'anthroposophie ainsi qu'à une connaissance
générale de l'homme en assistant régulièrement aux conféren-
ces de Berthold Wulf.
Déjà comme jeune homme, j'ai considéré la nutrition par la
lumière comme tout à fait possible et j'étais impressionné par
les exemples de Nicolas de Flue, de Therese Neumann ainsi
que par les récits concernant des moines et des ermites dont
la nourriture étaient extrêmement frugale. Plus tard, j'ai fait
la connaissance d'exemples intéressants dans le domaine de
l'Inde. Dans le livre Unerhârtes aus der Medizin (« De l'inouï
en médecine») de Jürg Reinhard et Adolf Baumann, j'ai
trouvé des indications concernant une nourriture au moyen
168
de la respiration et des organes des sens. Tout cela préparait
au cours du temps les fondements pour qu'en août 2002,
je puisse prendre soudain la décision de me tourner vers la
nutrition par la lumière.
Le processus des 21 jours se déroulait pour moi sans
incident grave. Les premiers jours, le plus remarquable fut
le changement dans la cavité buccale. Il s'y installa un véri-
table feu, non seulement la sensation de brûlure, mais aussi
l'aspect ; tout était rouge feu. Je comparai cela aux illustra-
tions d'un dictionnaire médical et pus m'apaiser : cela ne
ressemblait pas à la scarlatine. Je rafraîchis la langue et la
muqueuse buccale avec des glaçons et recrachai l'eau pour,
conformément aux indications du processus des 21 jours,
n'ingérer aucun liquide. Durant les 21 jours, je me suis senti
continuellement faible, mais j'ai pu bien me ménager.
La première semaine qui suivit le processus des 21 jours, je
me suis senti très bien. J'ai constaté qu'avec mes bras devenus
plus maigres, je pouvais déployer plus de force qu'auparavant.
Durant quelques jours, me parcourut la sensation que l'inté-
rieur de mon corps serait inattaquable par des maladies, le
sentiment que rien ne pourrait venir s'y incruster. Plusieurs
semaines plus tard, la sensation de brûlure dans la bouche
s'était un peu atténuée, mais était toujours présente, de même
que le besoin de rafraîchissement. Partant de la devise fonda-
mentale « boire oui, manger non », je réfléchis que la glace
ou les sorbets ne sont rien d'autre que des liquides gelés et
que je pouvais donc consommer de la glace. Je fis d'abord
attention à en choisir qui aient peu de calories, car je ne
voulais tout de même pas ruser pour me nourrir malgré tout.
Longtemps après, je passai cependant à une autre glace qui
avait meilleur goût, mais toujours en petites quantités seule-
ment. Finalement, s'y ajouta encore un peu de chocolat. J'en
suis maintenant arrivé au stade « bonbon » ; c'est donc plutôt
le désir de sucreries qui persiste.
Qu'en est-il aujourd'hui ? Le désir d'avoir quelque chose
en bouche est maximal en cas de stress nerveux, par exemple
169
lorsque, dans une activité quelconque, je viens à manquer de
temps, et ensuite en cas de détente et de passivité, quand par
exemple je suis assis devant la télévision. Mon palais cesse de
réclamer le plus souvent lorsque je m'adonne à une activité
de pensée intense ou méditative, lorsque j'apprends par coeur
des poèmes, lorsque mon intérêt se porte sur quelque chose
d'inconnu jusqu'alors, et lorsque je me livre à une activité
physique comme fendre du bois ou lancer le javelot.
Sur la base de ces constatations, j'essaie maintenant de
parvenir à la pure nutrition par la lumière. Il s'agit de tendre à
un progrès supplémentaire dans la direction de la pure nutri-
tion par la lumière sans vouloir l'obliger, par une « connais-
sance vers le haut» et une influence « d'en haut ».
Günther Becker
170
yoga, j'ai fait des exercices de conscience corporelle, plus tard
de l'eurythmie, de la danse en cercle, des danses d'initiation.
Lorsque je pratiquais intensivement, ou que je me trouvais
longtemps en pleine nature, de toutes petites quantités de
nourriture me suffisaient, mais je n'avais pas le courage d'aller
plus loin. À Noël 2003, j'ai entendu parler de la nutrition par
la lumière et d'un certain Michael Werner avec qui j'ai pris
contact. Je me suis acheté le livre de Jasmuheen sur la nutri-
tion par la lumière. Au printemps 2004, j'ai alors entrepris de
suivre le « processus » en suivant les instructions du livre.
Ce dont je me souviens surtout, c'est d'avoir eu beaucoup
de temps et de m'en être vraiment réjouie. C'était si tran-
quille et si paisible! J'en ai bien profité. Pendant des heures, je
pouvais passer mon temps à me laver, mâcher de la neige et la
recracher, allumer le poêle à bois, observer la nature, m'occu-
per de moi avec tendresse. Ne rien devoir faire, se reposer,
crier, somnoler, dormir, espérer [...] j'étais heureuse. C'est
lorsque je me suis cognée la tête à la pente du toit, que cela a
tout déclenché : j'ai vraiment pleuré comme je ne l'avais plus
fait depuis longtemps. Tout alla très lentement et pénible-
ment. Je geignais parfois comme une vieille femme et j'avais
mal à la tête. Je m'imaginais comme ce serait bien de pouvoir
reboire et regrettais les bons fruits du marché. Pendant la
première semaine, la plupart du temps, j'eus très chaud.
Quand j'allais me promener, c'était des pas tout légers; plus
tard, j'ai entendu une femme dire de moi qu'elle aurait «vu
quelque chose de lumineux monter le chemin ». Parfois,
plutôt dans la deuxième et la troisième semaine, je jouais de la
flûte, faisais du yoga et de l'eurythmie, lisais la Bible et écri-
vais mon journal, dessinais, modelais de l'argile. Je n'utilisais
pas d'électricité, j'avais la lumière des bougies et des lampes à
huile aromatique.
Dans mon journal, j'ai noté le mercredi 10 mars 2004,
le 11e jour du processus : « Comme les jours passent vite.
Aujourd'hui, j'ai encore bien dormi. Pour le déroulement de
la journée, je me laisse guider complètement par mon « guide
171
intérieur». J'ai même été un moment sur la balançoire qui est
accrochée à l'arbre et j'ai visité la cabane de l'arbre. Enveloppée
dans mes épaisseurs de laine, j'avais chaud en bougeant. Il est
bon d'être si tranquille. Même quand je fais un travail, c'est
tout à fait à mon rythme. Il m'arrive bien parfois de parler
tout haut, mais c'est pourtant calme [...] Je suis heureuse
de pouvoir regarder les crocus et les pousses de jonquilles, la
verdure et le soleil. Qui sait comment le temps va évoluer ? Il
est étrange de voir les palmiers enneigés. Ai-je encore envie de
mâcher de la neige ? De boire ? Peut-être cela me donnera-t-il
de la force, puisque cela convient au climat.
Maintenant, j'ai bien chaud. Cela fait du bien. Je peux
tenter de décrire ainsi mon état : je sens que je m'abandonne
au calme, je suis protégée, aimée, respectée, en paix. Je ne
sens plus mon corps que par endroits, là où se trouve encore
de la "maladie". Quelque chose dans la gorge [...] Pourtant,
je le sens bien, quand je me concentre. »
Après le processus des 21 jours, il ne m'a pas été facile de
retourner en ville, mais cela s'est très bien passé. Je faisais
maintenant 45 kg pour 1,63 m. Avec un lourd sac à dos,
j'ai quitté la cabane, et la première personne que j'ai rencon-
trée fut le chauffeur de bus. J'ai repris mon travail et je suis
restée encore un certain temps au jus de fruits dilué, comme
pendant la deuxième et la troisième semaine du « processus ».
Cela se passait relativement bien. Un matin, je perdis connais-
sance et me réveillai avec une grosse bosse sur la tête. J'en fus
déçue et je passai aux jus de fruits purs pressés par mes soins,
puis bientôt je me remis à manger aussi des fruits, ce qui était
simplement plus pratique et plus digeste. J'ai bien passé l'été,
« stable » avec beaucoup de travail, de grandes quantités de
fruits (figues fraîches, tomates, melons), baignades au lac, et
tout cela avec 50 à 52 kg.
Je me fais parfois remarquer, par exemple à la cantine ou
au marché, mais j'y suis habituée depuis ma « période crudi-
vore », et cela se passe d'ailleurs déjà bien mieux. Parfois je
rends les gens envieux, parfois ils sont irrités, quelques-uns
172
me trouvent imprudente (manque de vitamines, de protéines,
d'enzymes) ou trouvent que je suis folle. Mes parents et mon
frère acceptent ma décision concernant mon alimentation.
Naturellement, c'est bien de manger avec les autres, mais on
peut aussi partager d'autres activités, se promener ensemble,
danser, jouer de la musique [...] L'important est bien que tout
le monde soit heureux et en bonne santé!
J'ai vite remarqué n'avoir plus aucune envie de nombreux
aliments, et même de pouvoir complètement m'en passer. En
ce moment, je ne mange que des fruits car c'est pour moi la
seule source « matérielle » qui soit parfaitement autonome et
indépendante. Un seul fruit, laissé en son état naturel, est une
bénédiction ; je ressens la combinaison d'aliments comme
une perturbation et un compromis.
La lumière, tout y est.
Catherine Zimmermann
173
dure encore. Contrairement à mon entourage, je n'avais
aucun problème à remettre mon existence physique en pleine
confiance en d'autres mains. Maintenant, s'est ajoutée aussi
la possibilité de reconnaître des modèles de croyance et de
résoudre des blocages ; pouvoir employer la « flamme violette »
comme instrument magnifique est un merveilleux cadeau du
monde spirituel. Je suis toute gratitude et tout amour. Je suis
de plus en plus conduite vers ma propre divinité et la recon-
naissance du Christ en moi.
Une coïncidence, en passant : j'ai constaté qu'au début
du processus, j'avais exactement sept fois sept ans, les sept
premiers jours se sont terminés exactement le 23 août, mon
49e anniversaire. Je me suis senti renaître.
Ingrid Axenbeck
174
de la Deuxième Guerre mondiale, qui avais encore connu la
faim, j'aimais manger, et bien manger, que je pouvais pren-
dre du plaisir à table et que j'avais un estomac « de cheval».
C'est ainsi que, pour ce qui me concerne, j'éliminais caté-
goriquement l'inédie. Certes, je pouvais bien imaginer
qu'aujourd'hui, à l'époque de l'individualisme croissant, il
puisse y avoir des personnes à qui cela convienne, mais cela
n'était pas ma voie — c'est ce que je pensais en 2002.
Depuis mes jeunes années, comme le temps libre dont je
disposais était toujours restreint par des exigences profession-
nelles, je m'étais habituée à m'occuper d'un seul sujet pendant
plusieurs mois ou même encore plus longtemps, et à renoncer
à lire en même temps plusieurs livres sur des sujets complète-
ment différents, pour ne pas continuer à faire le grand écart
que je faisais déjà dans ma vie professionnelle. C'est consciem-
ment que je renonçai à un tel attrait. Les exercices de volonté
m'étaient ainsi familiers, et je les pratiquais d'ailleurs sans
arrière-plan ni milieu spirituel. Mais j'étais habituée à prévoir
de faire des choses par une décision volontaire, à les réaliser
et à les mener à bonne fin. J'ai également jeûné la semaine
sainte pendant des années.
Lorsque j'ai rencontré l'anthroposophie en 1980, toute ma
vie a trouvé une base nouvelle, j'ai enfin pu intégrer des pièces
isolées à une image du monde que je considérais comme une
orientation. Sous cette influence, des facultés et des forces
dont je disposais se sont progressivement transformées au
cours des années, ont disparu dans certains domaines pour
réapparaître nouvelles à d'autres endroits. De l'adresse, de la
force, de l'endurance furent développées ; à ce niveau furent
exercées des forces de volonté qui, après leur transforma-
tion, furent disponibles pour des tâches nouvelles et purent y
être engagées. Ces processus de transformation entraînèrent
souvent à leur suite des manifestations physiques extérieures
qui furent alors toujours l'expression de ce que, dans l'orga-
nisme, « quelque chose se faisait» par exemple dans la respi-
ration, dans la circulation et le coeur, dans les articulations.
175
Ces manifestations m'étaient familières et j'en ai fait l'expé-
rience sous les formes les plus variées. Il était clair pour moi
que tous ces symptômes, étant une suite du chemin de déve-
loppement personnel, devaient nécessairement se produire,
car alors seulement pourrait survenir une métamorphose. Il
s'est donc agi de reconnaître ces processus en tant que tels,
même s'ils étaient désagréables, gênants ou douloureux, de
les accepter en tant que tels, de promouvoir leur déroulement
et de le soutenir. Il fallait par exemple éviter qu'un conseil
médical bien intentionné y fasse obstacle et les empêche de se
produire.
Depuis le printemps 2004, de tels processus étaient à
nouveau parvenus à un certain point culminant. Mais un
week-end, des vécus imaginatifs impressionnants déclenchè-
rent pour la première fois des modifications dans l'alimenta-
tion. Cela m'était complètement étranger. Durant des semai-
nes, je me nourris exclusivement de tartines de miel: du miel
au petit-déjeuner, du miel à midi et encore du miel le soir.
C'était presque une avidité vis-à-vis du pot de miel, et aucune
autre nourriture n'était nécessaire. Puis cette phase se termina
très brutalement, sans que je puisse en connaître la raison,
et survint alors une phase semblable avec désir de viande. Je
me découvrais ainsi des besoins totalement inconnus et des
modifications de mon alimentation, et le solide appétit que
j'ai connu ma vie durant se mit à diminuer progressivement.
Tout se passait en moi sans que j'en connaisse les raisons et
sans que j'aie pu influencer ces modifications. Cela se produi-
sit sans décision volontaire consciente. Mais je ressentais avec
certitude que tout cela avait sa justesse même si je ne savais
pas pourquoi. J'ai continué à mener ma vie méditative de la
même manière qu'auparavant.
En juillet 2004, en l'espace de 24 heures, se produisit une
transformation profonde de mon système nutritionnel et
digestif avec le besoin clair et net de ne plus absorber de nour-
riture solide. Toujours marquée d'une certaine manière par la
médecine classique, qui dit que l'homme a besoin de lipides,
176
de glucides, de protides, de vitamines et de beaucoup d'autres
choses pour vivre, je savais grâce à l'article évoqué qu'il existe
des personnes à qui cela ne s'applique pas. Mais il fallut tout
de même encore quelques efforts pour que je puisse accep-
ter d'en faire désormais partie. Les besoins organiques étaient
pourtant si clairs et si évidents que j'ai pu me faire à cette
idée.
Le petit-déjeuner se compose désormais d'une infusion
de fruits, à midi et le soir il y a de délicieux jus de fruits ou
de légumes, et dans les saisons plus froides, également un
bouillon de légumes chaud.
À mon cercle d'amis et de connaissances proches, j'ai fait
part des modifications qui s'étaient installées en moi en ajou-
tant à chaque fois que je n'avais pas d'idée fixe ni de motif
déterminé en tête. Si demain je devais avoir l'impression qu'il
serait juste de remanger, dans tous les cas je le ferais. Ainsi,
nous allons toujours manger ensemble, je suis assise devant
mon jus de tomates et m'excuse auprès du serveur de ne pas
pouvoir manger. Mes amis prennent leur repas et je me réjouis
s'ils apprécient. Je perçois très intensément la vue de leur plat
sur l'assiette, de même que les odeurs. Mais cela me suffit.
Je n'éprouve alors aucune sensation de faim ni aucune envie
d'en manger. Le plus beau pour moi a été que tous mes amis
et toutes mes connaissances ont toléré mon nouveau besoin
et n'ont pas essayé de m'en détourner, mais m'en ont laissé la
responsabilité. Certes, cela n'a peut-être pas été facile à l'un ou
à l'autre, mais en pratique, pour « manger ensemble», c'était
très facile. Comme déjà auparavant, je peux maintenant aussi
remarquer une transformation : la concentration devient
plus forte, des choses nécessaires émergent à la conscience
au moment juste, la raison devient un peu plus éveillée, et
la force grandit ensuite en proportion pour agir. La vie des
pensées devient plus vivante et plus imaginative. Certes, plus
d'une manifestation désagréable s'installe, c'est ainsi qu'appa-
raissent souvent et très facilement une sensation de froid et,
entre autres, de gonflement des jambes. Mais ces phénomènes
177
sont passagers, ils sont supportables et disparaîtront un jour,
ou bien j'apprendrai comment les traiter. C'est ainsi que la vie
réserve toujours des surprises qui demandent de la présence
d'esprit et de la mobilité, ainsi qu'une conscience de cet exer-
cice de funambule entre force de volonté et adaptation.
Dans un texte de 1927, Ita Wegman28, prenant l'exemple
de Therese Neumann, décrit l'inédie au XXe siècle du point
de vue de la science spirituelle et de l'anthropologie. Elle
considère cela comme purement pathologique dans ce cas
et comme impossible à son époque si l'homme veut être à la
hauteur de sa tâche, mais ajoute que, dans des temps ulté-
rieurs de l'évolution humaine, il deviendra possible de vivre
sans nourriture. Compte tenu de l'augmentation sans cesse
croissante des pollutions, des contaminations ou des modifi-
cations pathogènes des denrées alimentaires à notre époque,
on peut tout à fait imaginer que, dans un temps peut-être pas
si éloigné, les fruits de la terre ne pourront plus fournir de
nourriture saine à l'humanité.
Deux phénomènes différents de notre époque, d'une
part le renoncement à la nourriture sans motif particulier, et
d'autre part la dégradation sanitaire des denrées alimentaires,
indiquent ainsi une seule et même direction. Il ne reste qu'à
attendre comment les besoins alimentaires vont, dans l'ave-
nir, se mettre en place individuellement pour chacun.
Wiltrud Schmidt
178
Après sept ans comme religieuse et une formation d'institu-
trice dans le même temps, mon chemin m'a menée plus loin :
enseignement dans des ghettos aux abords de San Francisco,
Peace Corps aux Philippines, un voyage à travers l'Asie. Cela
se termina en Grande-Bretagne où je découvris «par hasard»
Emerson College et adoptai l'anthroposophie comme
mon véritable chemin de vie. Je fis des études d'eurythmie
puis travaillai d'abord en Grande-Bretagne, et plus tard en
Allemagne dans une école Waldorf d'Allemagne du Sud.
Comme je le disais, je connaissais depuis longtemps le
phénomène de la nutrition par la lumière, sans savoir qu'il
est également possible pour de « simples mortels » de suivre ce
chemin. Un jour, j'ai entendu dire qu'il existe des personnes,
principalement en Australie, qui se nourrissent de lumière. À
l'époque, je considérais cela comme complètement absurde et
je l'ai d'ailleurs aussitôt oublié. Mais lorsque j'ai vu à Stuttgart
l'annonce de la conférence de Michael Werner sur la nutri-
tion par la lumière, ma curiosité s'est éveillée. Dès sa première
phrase, j'ai su : cela, moi aussi je vais le faire.
L'un après l'autre, s'ajoutèrent différents motifs pour la
décision. Je pense que le travail spirituel est plus « facile »
à réaliser grâce à la nutrition par la lumière, parce que
l'organisme physique n'est pas sollicité par les processus
digestifs, etc., et parce qu'alors la nourriture est pure. De
nombreuses personnes font état d'un bien moindre besoin de
sommeil, et je souffre de fatigue depuis des années. En tant
que célibataire, j'aurais aussi beaucoup plus de temps dispo-
nible, je devrais moins souvent faire les courses, et je n'aurais
plus à cuisiner. Ce serait bien aussi de disposer d'argent pour
d'autres choses. Mais en tout premier lieu, c'est qu'on devient
une preuve vivante qu'il y a dans notre monde plus que du
matérialisme. Cela me tenait particulièrement à coeur, surtout
du fait de l'orientation très matérialiste de ma famille.
Tout d'abord, j'ai voulu faire le processus pendant les
vacances d'été, mais ce qui semblait être des obstacles m'en a
empêchée. Par la suite j'ai eu la chance de trouver quelqu'un
179
qui s'est déclaré prêt à se tenir à mes côtés à condition qu'un
médecin puisse être joignable. Comme mon propre méde-
cin de famille trouvait tout cela complètement inepte, j'ai
demandé à un médecin anthroposophe, sans plus de justifi-
cation, s'il était disponible à la période prévue. Je n'ai fait part
de mon projet qu'à mes amies les plus proches, qui ont réagi
avec une mauvaise humeur bien compréhensible. À l'occasion
d'une visite chez Michael Werner qui s'est rendu disponible
plusieurs heures durant, mon accompagnatrice et moi-même
obtinrent des réponses satisfaisantes à toutes nos questions.
Il s'est également déclaré prêt à m'accompagner pendant le
processus et a été pour moi presque toujours accessible au
téléphone pendant l'ensemble des 21 jours.
J'ai suivi le processus chez moi, à la maison, exactement
selon les instructions du livre Vivre de lumière de Jasmuheen.
J'avais une confiance absolue que tout se déroulerait entière-
ment naturellement si je m'en tenais aux indications. Il était
également clair pour moi que je pourrais interrompre à tout
moment le processus au cas où je devrais m'en trouver mal. J'ai
informé les amis que je ne serais pas joignable les prochains
jours parce que je voulais faire une sorte de « retreat ». En prévi-
sion, j'avais acheté un grand matelas pneumatique pour le
salon afin de pouvoir aussi m'y reposer (dans ce processus, il
est prescrit beaucoup de repos au lit). Environ deux ans aupa-
ravant, j'avais déjà commencé à faire un entraînement physique
régulier qui m'avait permis d'acquérir une plus grande mobi-
lité (je souffre d'arthrose) et un poids plus idéal. Auparavant, je
m'étais aussi nourrie depuis plusieurs semaines d'un régime de
protection. C'est ainsi que commença le voyage.
Comme j'avais décidé de ne pas écrire de journal, les souve-
nirs suivants sont ce qui reste encore présent après presque un
an. Pour le début, nous avons fait une petite fête dans la joie.
J'ai bien dormi et, les deux jours suivants, pour m'occuper, j'ai
lu un roman passionnant. Une soif véritable n'apparut qu'au
troisième jour. Comme mon accompagnatrice avait acheté de
petits sachets en plastique de glace à congeler, j'ai pu apaiser
180
la sécheresse qui s'installait en laissant fondre de plus en plus
souvent de la glace en bouche. Le plus gros problème à cette
période était de fortes douleurs musculaires aux fesses dues à
une station assise trop prolongée pour la lecture. Même sur
le matelas à eau de mon lit, les douleurs étaient si intenses
que je pouvais à peine dormir. J'étais tendue dans l'attente
des événements que Jasmuheen décrivait, mais je ne perçus
pas être « accrochée à une goutte spirituelle ». Bien que je
sois devenue nettement plus faible les jours suivants, nous
entreprîmes quotidiennement une promenade, ce qui me
fit toujours du bien. J'avais aussi grand besoin de froid, et
comme il y avait de la neige devant ma porte, je sortis souvent
me frictionner vigoureusement aussi bien les mains que le
visage avec de la neige.
Mon accompagnatrice était étonnée qu'en dépit du
processus, je continue à avoir aussi « bonne» mine. Je perdis
bien sûr du poids, mais j'étais fermement convaincue que
cela s'arrangerait tout seul. En dehors des douleurs dont j'ai
parlé, je n'ai pas eu de problème physique particulier. Même
le septième jour, nous sommes encore partis en promenade,
bien que j'aie dû très souvent faire des pauses pour reprendre
mon souffle. Mon besoin de boire augmenta jusqu'à devenir
à peine supportable et c'est ainsi que je décidai de prendre ma
première gorgée le soir du septième jour vers 20 heures. Nous
fîmes cela aussi avec une petite fête. Était-il trop tôt ou non
pour recommencer à boire, la question reste posée. Boire à
nouveau ne fut pas une expérience aussi magnifique que je
me l'étais imaginée, et à la deuxième gorgée, j'ai même dû
rendre.
Suivit un état très étrange. J'étais arrivée dans un «espace
intermédiaire» où je n'avais plus tout à fait le sentiment réel
du temps et de l'espace, mais j'étais en partie comme trans-
portée dans un rêve. J'avais des hallucinations, je devais désor-
mais boire pour deux personnes et j'ai fait un cauchemar qui
a duré presque toute la nuit, transpirant abondamment. Au
réveil, cet étrange état avait disparu. Il était prescrit encore
181
beaucoup de repos, mais maintenant commençait la recons-
truction physique pendant laquelle, selon toute attente, une
reprise progressive de poids devait avoir lieu. Comme cela
ne se produisit pas dans les jours suivants, je commençai à
m'inquiéter, mais Monsieur Werner m'a toujours assuré que
tout allait bien. Conformément à la division en trois fois
sept jours, je remarquai que maintenant, dans la deuxième
semaine, il ne s'agissait plus tant d'un nettoyage physique,
mais plutôt d'une purification de l'âme. Je réfléchis beau-
coup et parvins à quelques connaissances éclairantes sur la
vie affective. J'ai eu également, au milieu de cette semaine,
un besoin irrépressible de faire « place nette » dans mon envi-
ronnement physique. Je me mis alors à faire un grand range-
ment qui s'étala sur deux jours. Chaque jour, je reprenais des
forces et je buvais beaucoup, comme Monsieur Werner l'avait
proposé. Au début de la troisième semaine, j'eus le sentiment
que c'était maintenant au tour de la vie de l'esprit. C'était
magnifique d'avoir autant de calme, de m'appartenir à moi
seule, sans être dérangée, et de pouvoir lire.
Après la fin du processus des 21 jours, il ne me restait plus
qu'un jour avant la reprise de l'école. J'étais un peu inquiète,
car je ne savais pas dans quelle mesure il était connu que
j'avais fait ce processus, ni comment on allait y réagir. En fait,
un seul professeur m'en parla, et je crois avoir remarqué que
quelques enfants me regardèrent bizarrement. J'étais encore
un peu faible mais je pouvais aussi m'asseoir pendant les
cours. À cette époque, j'avais la pensée et le sentiment très
clairs, ce qui me permit d'aborder la vie quotidienne d'une
manière beaucoup plus souveraine.
Mais toutefois, survint un problème avec lequel je n'avais
pas compté. Comme mon bureau se trouvait juste à côté de la
cuisine de l'école, je pouvais toujours sentir ce qui serait servi
au déjeuner. Ce n'est pas seulement cela qui me tourmentait,
mais toute représentation de quelque chose de « délicieux ».
Au début, je restais de marbre, parce que je voulais vraiment
résister, selon la devise : « c'est seulement ainsi que cela en
182
vaut la peine ». Avec le temps, je commençai à grignoter un
petit quelque chose puis à le recracher, bien que cela ne me
convienne pas trop bien du point de vue du sentiment. Puis
je recommençais à boire régulièrement du bouillon. Du point
de vue de la santé, à cette époque, je me sentais vraiment
bien, quoique je ne reprenais toujours pas de poids, ce qui me
déstabilisait un peu. Une amie médecin qui me rendit visite à
cette époque m'a dit plus tard qu'elle n'était pas sûre du tout
que le processus ait réellement eu lieu, parce que je lui parais-
sais si perméable. Après quelques semaines, je recommençai à
avoir des selles régulières et dès lors, mon poids reprit rapide-
ment. Comme j'avais alors plutôt mauvaise mine, il fut clair
pour moi que, quelle qu'en soit la raison, je devais recommen-
cer à manger, ce qui ne présenta d'ailleurs aucune difficulté.
J'ai demandé à des amis qui avaient des perceptions supra-
sensibles si le processus avait vraiment eu lieu chez moi. La
réponse fut : « oui et non » et à la question de savoir quand
je pourrais reprendre la nutrition par la lumière, j'ai reçu la
réponse : «dans dix ans ». Rétrospectivement, je suis heureuse
d'avoir pu faire cette expérience, mais je ne regrette pas non
plus d'avoir abandonné le processus. On verra bien si je
recommence.
Clio H. Osman
183
s'était lentement habitué à ce que je soutienne, concernant
la vie, la mort et notre mission sur terre, d'autres opinions
que celles que l'on apprend à l'école. Le phénomène de la
nutrition par la lumière me fascina tant, après la lecture de
ce livre, que déjà à cette époque, je songeai à me nourrir de
cette manière; j'en ai donc parlé avec ma famille. Mais cela
fut pour mes proches beaucoup trop éloigné de la norme; ma
femme se montra d'abord désemparée, puis elle s'apaisa. Le
soir, elle cuisina mon plat préféré et mit trois petites bougies
allumées à la place de mon assiette pleine. Je me rappelle
encore aujourd'hui cette image : trois assiettes de lasagnes et
une assiette de lumière pour le repas. Nous avons tous ri de
bon coeur et c'est ainsi que j'ai réussi à me libérer de l'illusion
de la nutrition par la lumière, car à l'époque, ce n'était en fait
qu'un désir, ce n'était pas encore un objectif.
Sept ans plus tard, en mai 2004, j'ai lu par hasard le
compte rendu de quelqu'un qui pratique ce « miracle » en
Suisse. Cette fois, j'ai voulu savoir et j'ai pris rendez-vous avec
ce Monsieur Werner dont il s'agissait dans l'article. J'avais
l'intention de rassembler des données pour une éventuelle
décision. L'entretien fut très objectif et ouvert à tous les points
de vue, M. Werner me fit l'effet d'une «personne normale ».
A part son pantalon, qui n'était pas particulièrement seyant,
il n'y avait chez cet homme rien qui attire l'attention, absolu-
ment rien qui soit un indice de ses capacités spéciales. Cette
modestie vis-à-vis de l'extérieur fut pour moi le principal
motif pour faire confiance aux réalisations de M. Werner, et
la voie qu'il avait déjà empruntée fut pour moi digne d'être
suivie.
Avec la certitude d'avoir trouvé un chemin efficace
pour maintenir la santé physique et pour développer ma
conscience, je préparai mon entourage au changement à venir.
La résistance, surtout de mon entourage le plus proche, fut,
cette fois également, massive, mais maintenant mon souhait
était devenu un projet à 100 % et je ne me laissai donc pas si
facilement influencer. Je me suis soumis à fond aux questions
184
de Charmaine Harley, c'est-à-dire que j'ai pris conscience de
mes doutes encore subliminaux et je les ai évacués. Sans la
certitude que je m'étais acquise par ce processus de prise de
conscience, j'aurais à peine pu surmonter si facilement les
obstacles survenus avant et pendant le processus des 21 jours.
En y repensant, après avoir réussi le processus mais inter-
rompu par la suite, je me suis demandé quel avait bien pu
être le véritable motif de ma décision. Il m'est apparu clai-
rement qu'outre les aspects de santé, d'économie de temps,
ou l'augmentation de l'efficacité, le mobile principal était de
me transformer en atteignant une vibration supérieure afin
de pouvoir mieux maîtriser les tâches de la vie.
Fin juin 2004, j'ai donc loué chez quelqu'un que je
connaissais dans le même village un studio qui se trouvait
libre pour trois semaines, j'ai indiqué à ma femme que je ne
prendrais contact avec personne pendant trois semaines et
que personne ne devrait me rendre visite à part mon fils qui
travaillait dans l'entreprise familiale, et que sinon, absolu-
ment personne ne devait savoir où je me trouvais.
Pendant le processus, mon fils m'a accompagné très
affectueusement ; bien qu'il n'ait pas compris ma décision,
il dit: «Tu es mon père, et tu as de bonnes raisons pour ce
que tu penses et ce que tu fais; j'accepte cela même si je ne
le comprends pas. » Il m'a rendu visite presque tous les jours
après le travail, sauf lorsqu'il était vraiment très loin. Je lui avais
donné la consigne de ne rien me faire savoir des affaires de notre
entreprise familiale pendant trois semaines. Il a d'ailleurs stric-
tement respecté cette consigne. Il m'a été, à côté de M. Werner
que je pouvais appeler régulièrement, d'une très grande aide,
surtout lorsqu'après trois jours j'ai soudain eu un hoquet qui
m'a torturé sans interruption quatre jours durant. Après quatre
jours de hoquet, toute contraction du diaphragme était accom-
pagnée d'une douleur d'une telle intensité que j'aurais pu crier
à chaque fois ; en outre, cette crise permanente m'a encore plus
affaibli. Par chance, je m'étais imposé un emploi du temps
quotidien très intensif, presque sans temps libre; c'est pourquoi
185
j'ai ressenti cette douleur comme moins gênante le jour que la
nuit, pendant laquelle je suis parfois resté des heures éveillé,
tordu de douleur sur mon lit. Certes, cela a maintenant l'air
très grave, mais c'est justement grâce à cette douleur que j'ai pu
développer la faculté de reconnaître une situation qui ne me
convient pas telle qu'elle est et de l'accepter sans protester. Cette
faculté me renforçait et soudain, je ne ressentis plus qu'une frac-
tion de la douleur telle qu'elle était auparavant en protestant.
Aujourd'hui, je suis reconnaissant des « tourments » de cette
période. Grâce à une bonne planification du temps pendant le
processus, je ne me suis pas ennuyé une minute, j'avais toujours
quelque chose à faire, une lettre à écrire, un livre à lire, que ce
soit la Bible, la vie du dalaï-lama ou un roman policier, faire
des plans pour ma vie, mettre par écrit des analyses du proces-
sus, faire des promenades, profiter de temps de repos conscient,
écouter de la musique classique, réfléchir sur moi-même, trou-
ver le contact avec le plan causal en obtenant des réponses à
mes questions sous forme d'images claires, et d'autres choses
encore.
Les trois semaines ont filé à toute allure et je m'en souviens
comme d'une des plus belles périodes de ma vie. Bien qu'après
le processus, du fait d'une faiblesse physique persistante, je me
sois laissé tenter à nouveau par la nourriture à l'occasion d'un
buffet géant organisé pour un anniversaire, et qu'aujourd'hui
encore, trois mois après, je mange à nouveau régulièrement, je
ne peux que recommander ce processus à tous ceux qui aspi-
rent sérieusement à la conscience. rai moi-même tiré du proces-
sus et de la rechute qui s'ensuivit d'importants enseignements
qui m'aident encore aujourd'hui, même sans nutrition par la
lumière, à prendre la vie plus légèrement. En tout cas, je suis
devenu plus humble d'un degré. Cela a de telles répercussions
que je suis devenu plus placide, que je suis plus courageux, et
qu'aujourd'hui j'adresse consciemment à mes systèmes corpo-
rels de la reconnaissance pour tout ce qu'ils font pour moi.
Naturellement, j'aspire toujours à acquérir la faculté d'ab-
sorber l'énergie cosmique, mais finalement, il n'est pas si
186
important pour moi que je me nourrisse un jour exclusive-
ment de lumière. Il m'importe beaucoup plus que, dans le
futur, je trouve toujours le courage nécessaire pour me poser
des problèmes que je ne veuille plus fuir en les « survolant »,
ou en « décrochant » d'une tâche, car cette intention proche
de la fuite s'était dissimulée de manière latente derrière les
justifications, si belles apparemment, de ma décision de suivre
le processus des 21 jours. Par ailleurs, j'ai appris qu'atteindre
un objectif tant physique que spirituel libère de l'énergie qui
ne peut ensuite agir en développant la conscience que si je la
prévois déjà dans un plan à des fins concrètes et autant que
possible sensées. Cela signifie qu'à l'avenir j'emploie l'éner-
gie, qui afflue vers moi lorsque j'atteins un but, à une réalisa-
tion supplémentaire pour laquelle la force m'aurait manqué
sans cette énergie atteignant l'objectif. Autrement dit, je
peux travailler plus parce que j'atteins plus d'objectifs. Je n'ai
pris conscience de ces rapports qu'en mettant ma rechute en
lumière. Vu ainsi, l'échec de mon intention de me nourrir
continuellement de lumière fut peut-être plus salutaire que
si elle avait réussi, et cette idée me confère aujourd'hui la
force de trouver consciemment une solution aux tâches et aux
problèmes qui m'incombent.
Peter Zollinger
187
dont 13 ans à l'école Rudolf Steiner d'Ittigen, et deux ans
et demi de collaboration à la mise en place de la cuisine de
la maison de retraite récemment fondée à Rüttihubelbad,
j'ai travaillé jusqu'à mon 70e anniversaire comme membre
du corps enseignant à temps partiel à l'école Rudolf
Steiner de Locarno en tant que professeur d'horticulture.
Je profite maintenant de la liberté dans mon beau petit
appartement bien situé au Tessin, je participe à des grou-
pes de lecture, à un cours d'eurythmie et de danse folklori-
que. La méditation et la prière, de brefs exercices d'euryth-
mie et de flûte traversière font partie de mon programme
quotidien. Je cuisine (régime végétalien) avec joie et je fais
le ménage moi-même. Je m'occupe de deux petits jardins
de notre maison ; je me sens ici bien cachée et liée à la
Suisse méridionale.
Lorsque j'ai lu l'interview de Thomas Stôckli avec
Michael Werner, l'impulsion de me nourrir par la lumière
m'a saisie aussitôt et ne m'a plus quittée; c'était autour du
20 août 2002. Après avoir étudié le livre Vivre de lumière de
Jasmuheen, j'ai fixé le vendredi 13 septembre comme début
du processus. J'en escomptais une amélioration globale de ma
santé. En outre, cela me semble être une expérience de grande
valeur pour encourager toutes les personnes qui ont faim de
par le monde, notamment dans les régions du Sud, à vivre
sans moyens alimentaires grâce à la nutrition par la lumière,
ainsi qu'on le pratique déjà depuis longtemps dans les modes
de vie spirituels d'Afrique et d'Asie.
J'ai fait cadeau de tout ce qui pouvait se manger, et il ne
me resta plus que les jus dont j'avais besoin. Je trouvai une
amie du Tessin, pleine de gentillesse et de bonté, qui fut prête
à me rendre visite une fois par jour pendant cette période
passionnante pour nous et à m'accompagner en participant
avec intérêt.
Je pris très au sérieux les questions destinées à se tester soi-
même et j'essayai d'entrer dans l'ambiance sacrée du proces-
sus. Je vis déjà depuis longtemps comme végétalienne et
188
j'aime manger, ce qui est cependant devenu problématique
avec les aliments génétiquement modifiés. Comme je suis
une personne qui aime le mouvement et le travail, j'ai dès
le début pris trop peu au sérieux la nécessité de se mettre à
l'écart de tout ce qui est « mondain ». Il y avait ainsi chaque
jour deux brèves promenades au lac, l'entretien plein d'entrain
du petit jardin, de deux balcons et des plantes d'intérieur, et
le huitième jour, je suis même allée assister avec une de mes
amies à un merveilleux concert d'orchestre à Locarno. Par
la suite, j'ai reconnu que c'était inacceptable pour le monde
spirituel qui m'accompagne et ce n'est qu'en regrettant
profondément et en implorant sincèrement leur pardon qu'ils
m'ont accordé à nouveau leur aide. Cet événement fut pour
moi l'occasion d'un réveil.
Comme je n'avais donc pas suivi complètement les règles
et que j'avais été trop active pendant le processus, j'ai maigri
beaucoup trop ; j'étais déjà mince au début du processus. Je
me suis pourtant sentie très bien après les trois semaines, bien
qu'un peu faible, et en y repensant, j'ai été aussitôt trop entre-
prenante et trop active.
Concernant mon vécu pendant le processus, je dois dire
que le premier jour sans petit-déjeuner, je me suis sentie très
bien et j'ai travaillé un peu au jardin pleine de joie et d'énergie
(ce que, comme je l'ai dit, je n'aurais pas dû faire). Les brèves
promenades au lac, vécues d'une manière toute nouvelle,
m'ont incitée à respirer profondément et m'ont donné l'occa-
sion, assise sur un bloc de granit chauffé par le soleil en admi-
rant l'eau scintillante, de recevoir la nourriture de la lumière
solaire. En outre, je me reposais sur le balcon exposé au soleil
du matin et de l'après-midi, et je profitais d'une façon toute
nouvelle du calme, du bruissement du torrent et de la nature.
Le soir du troisième jour, je me suis laissée tenter par un bain
délectable dans le lac. Avant de m'endormir, je me mis en
accord avec l'abandon au «corps spirituel ». Pendant la nuit,
j'ai rêvé qu'un rayon de lumière dorée me pénétrait. Mais je
ne pus pas percevoir la direction du rayon vertical. Il resta
189
ainsi pour moi incertain de savoir s'il descendait en moi ou
s'il s'élevait de moi. En tout cas, ce fut pour moi un événe-
ment spirituel impressionnant. Par la suite, j'ai eu le senti-
ment d'avoir été merveilleusement fortifiée d'en haut par ce
rayon d'or. J'ai trouvé une parole de vérité de Rudolf Steiner
qui commence ainsi :
« Rayon de Dieu, bénissant et protecteur,
Emplis mon âme en croissance
Afin qu'elle puisse saisir partout
Les puissances fortifiantes [...] »
Depuis, ces paroles m'accompagnent chaque jour et me
rappellent ce merveilleux moment où j'ai été pénétrée par le
céleste rayon d'or.
Après le troisième jour, ma bouche sèche me donna fort
à faire et je fus contente de pouvoir me rincer la bouche à
plus ou moins grands intervalles et de sucer des glaçons en en
recrachant l'eau. Sinon, je me sentais bien et je profitais du
beau temps d'automne, me reposant régulièrement, lisant et
dormant, et faisant de brèves promenades au lac, interdites en
réalité. Le quatrième ou le cinquième jour, en me réveillant de
la sieste, je perçus une forme de lumière qui planait au-dessus
et à côté de moi. C'était comme si elle amenait vers mon dos
une petite cruche d'eau pour approcher de mes reins les gout-
tes d'eau éthérique dont il est question dans le livre Vivre de
lumière, comme je l'ai lu plus tard. Ce fut, en y repensant, un
événement merveilleux, délicat et plein d'amour, qui m'a fait
percevoir le travail de la fraternité céleste et des êtres spirituels
avec émerveillement et gratitude, et qui m'a considérablement
fortifiée.
Le septième jour, on peut recommencer à boire dans la
soirée. Je savourai avec une profonde gratitude la première
gorgée d'eau, attendue avec ferveur, comme un magnifique
don divin, et je vécus le bienfait tonifiant de l'eau en étant
très profondément reliée à mon humanité, de même que par
la suite, dans une ambiance de fête très solennelle, je bus le
premier jus de fruits.
190
Du huitième au vingt et unième jour, ce sont les données
de Jasmuheen concernant cette phase qui m'ont accompa-
gnée. J'ai relu en la comprenant plus en profondeur la biogra-
phie de Nicolas de Flue ainsi que le dialogue de Jésus-Christ
avec la Samaritaine au puits de Jacob et avec les disciples
(Jean 4). Je fis la connaissance à cette époque d'un architecte
de Sarnen qui réside souvent à Ranft, et j'ai visité l'ermitage
avec lui pour la première fois, après la fin du processus. Ce fut
pour moi une expérience profondément bouleversante, avec
une perception spirituelle très subtile et bien éveillée envers
ce lieu particulier, en cet après-midi pluvieux, dans le froid
et la solitude, avec cet accompagnateur plein de tact. Par la
suite, je me suis sentie très faible et complètement gelée, mais
merveilleusement enrichie.
Pendant toute la durée du processus, j'ai pu, si surgissait
une question ou une incertitude, trouver un conseil télé-
phonique auprès de Monsieur Werner, ce que j'ai beaucoup
apprécié et qui me fut d'une aide précieuse. Deux jours après
la fin du processus le 3 octobre, j'ai participé le dimanche à
l'Acte de Consécration : je le vécus spirituellement de manière
bien plus approfondie et l'hostie fut ma première bouchée de
nourriture solide ; je la savourai très lentement en bouche, et
« l'incorporai » aussi posément que le jus de raisin biodynami-
que fraîchement pressé : un vécu tout nouveau, profondément
solennel et empli de gratitude, de ce que sont « nourriture et
boisson »...
Les jours suivants, je bus du jus aux repas et je me sentais
bien. La visite de l'exposition deux semaines plus tard m'a
menée à la limite de mes forces, et il me fut difficile de ne
rien manger. Lorsque par la suite, comme je le faisais depuis
longtemps déjà plusieurs fois par an, je me rendis chez mes
amis à Palerme, ceux-ci ne voulurent alors m'accepter dans
leur famille que si je remangeais, sinon je devais chercher un
gîte ailleurs. Je ne voulais pas prendre la responsabilité de
nous priver de cette réunion familière, d'autant plus que je
voulais prendre l'avion juste après pour Colombo, Singapour
191
et Melbourne. Après le processus de lumière, je n'avais plus
besoin de médicaments et je n'en emportai d'ailleurs pas en
voyage. Ce n'est qu'en mars 2003, après mon retour de ce
beau voyage réussi, que j'ai dû reprendre des médicaments
pour mon foie, mais beaucoup moins qu'auparavant, et c'est
resté ainsi jusqu'à maintenant. Après mon retour, j'ai mis en
place un jour de jus hebdomadaire en souvenir du proces-
sus de lumière, ce qui me réussit très bien. Je suis à nouveau
très heureuse de mon régime végétalien, biodynamique et
complet, et des repas préparés avec soin et gratitude.
Rétrospectivement, ce processus de lumière est et reste un
énorme événement de la vie de l'âme, qui m'a conféré une
nouvelle énergie vitale de la plus grande valeur après un départ
difficile de l'école après mon 70e anniversaire — un départ
qui a pesé très lourd sur ma santé psychique et physique et
dont j'ai pu surmonter les suites grâce à une aide médicale,
des massages crânio-sacrés, l'aide de mes amis et justement
ce salutaire processus de lumière. Je suis donc emplie d'une
grande reconnaissance envers la sage guidance de ma desti-
née et l'action salutaire du processus de lumière qui, comme
je le crois, continue d'agir utilement.
Gertrud Müller
192
Suggestions et aides à la compréhension issues de la
psychologie des profondeurs
193
mais non pas si elle provient simplement de notre psyché
individuelle.
Comme l'écrit C.G. Jung en rapport avec l'alchimie, la
véritable imagination est bien plus que la fantaisie ou le
rêve. Les processus de l'imagination "se déroulent dans
un règne intermédiaire entre la matière et l'esprit, dans un
domaine psychique de corps subtils auxquels conviennent
aussi bien un mode de manifestation spirituel que matériel,
qui sont quelque peu corporels, un «corpus» subtil de nature
semi-spirituelle"." Jung souligne que l'imagination est "une
force qui peut provoquer des modifications aussi bien dans
le psychique que dans le matériel." Elle est aussi "la force
du sourcier" que l'on pensait liée au Moyen Âge à l'usage
de la baguette de sourcier (Wünschelrute). Le "souhait"
(Wunsch) ne doit pas être compris ici, selon son acception
contemporaine atténuée, comme un simple désir, mais au
sens ancien d'action magique.
Le domaine éthérique est cette subtile dimension de la réa-
lité dans laquelle on ne cesse de souhaiter et de s'ima-
giner des possibilités, c'est comme un stade préalable à
la manifestation. C'est le plan de la réalité virtuelle, dont
les images primordiales sont "situées dans le monde des
archétypes" et où des formes et des événements possibles
"s'élaborent" et essaient pour ainsi dire leur existence,
sans qu'il soit encore décidé sous quelle forme la mani-
festation finale se produira. Sur cette "scène de répétition
de la réalité", des formes et des possibilités sont essayées
mais aussi partiellement rejetées, jusqu'à ce que la déci-
sion soit prise et considérée comme ferme. Cette décision
est prise par le soi, notre être le plus intime, qui agit non
seulement en l'homme individuel mais aussi au centre le
plus intime de tous les processus de la réalité.
Cependant, selon la tradition chiite de "la doctrine des
trois mondes" telle qu'elle est décrite par Henry Corbin,
l'imagination est aussi un organe de perception pour le
"monde de l'imaginal", le plan de l'éthérique, de même
que le monde des objets peut être perçu avec les sept sens
habituels et le monde des "pures formes et intelligences"
(archétypes) avec "l'intuition intellectuelle". Le monde de
194
l'imaginal est, selon Corbin, "moins matériel que le monde
physique, mais plus matériel que le monde de l'intellect.
C'est un monde de corps subtilement matériels, de corps
spirituels, dont le mode d'être est "d'être en suspens" et qui
ont leur propre sorte de matérialité. D'après ma concep-
tion, cette indication que donne la science traditionnelle sur
la nature du règne de la matière subtile en tant que théâtre
des phases préalables aux processus de la manifestation,
et sur la signification essentielle de la conscience humaine
et de l'imagination comme force formatrice coopérant à
ces processus, est de la plus grande importance pour une
exploration scientifique future de la matière subtile.
195
se manifeste sporadiquement à la conscience et n'est pas
accessible immédiatement à la perception sensorielle. [...J
Jung et von Franz s'expriment aussi sur la "question de
l'énergie": tant l'énergie psychique que l'énergie physique,
qui trouvent toutes deux leur source dans l'Unus Mundus et
sont structurées par lui, sont une expression des proces-
sus dynamiques de cet arrière-plan cosmique. Elles sont
également toutes deux structurées de manière numérique;
comme l'écrit von Franz, les nombres naturels sont "les
modèles (pattern) de mouvement communs, revenant par-
tout, de l'énergie psychique et physique 36 ." Jung estimait
que, sur le plan de l'Unus Mundus, le psychique manifeste
une activité et "une certaine énergie physique latente" tan-
dis que la matière possède une nature psychique latente.
Cette énergie psychique consiste, selon Jung, en une cer-
taine "intensité psychique" qui, si elle était mesurable,
devrait se manifester dans l'espace comme quelque chose
d'étendu et en mouvement. Jung admettait également la
possibilité que la réalité psychique s'étende à la matière,
particulièrement dans des moments de synchronicité et
demandait à la science de fonder une nouvelle branche de
recherche pour ce type de phénomènes. »
196
lumière et nutrition — Regard sur l'histoire des
civilisations
Civilisations antiques
197
dieux. Baldur est tué involontairement de manière tragique
dans un jeu turbulent par son frère aveugle Hijdur. Le dieu
ténébreux et rusé Loki avait, par trahison et par tromperie,
fait en sorte qu'Hôdur puisse blesser mortellement son frère
avec une branche de gui. Le monde des dieux est, dans un
premier temps, perdu pour les hommes, et l'humanité doit
retrouver le chemin vers la lumière par sa propre initiative.
On trouve déjà dans l'antique tradition indienne des
indications sur la nourriture. Au coeur de l'épopée du
Mahabharata, dans la Bhagavad Gita — le « chant du sublime »
— le dieu Krishna initie aux mystères divins Arjuna en tant
que représentant de l'humanité, sur le champ de bataille, peu
avant le début du combat. De la nourriture, il dit qu'il n'est
pas très utile de ne rien manger, car ce n'est pas ainsi seule-
ment que l'on peut atteindre l'union avec le divin : « Si quel-
qu'un se prive de nourriture, les objets de ses sens cessent bien
d'agir. Mais l'inclination dans les sens mêmes, rasa, persiste.
Quand on contemple ce qu'il y a de plus élevé, rasa aussi
cesse. » (Ch. II, Yoga de la connaissance, verset 59) En outre,
il est dit que ne doit être mangé que ce qui est consacré: «Les
bons qui mangent ce qui reste du sacrifice sont libérés de
tout péché. Mais sont mauvais et pèchent avec envie ceux qui
préparent [le repas] pour l'amour de leur propre soi. » (Ch. III,
Yoga de l'action, verset 13) « D'autres restreignent la prise de
nourriture et déversent comme sacrifice la force vitale de
leur souffle de vie dans le souffle de vie [qui tout embrasse] »
(Ch. IV, Yoga de la connaissance divine, verset 30) 37.
La tradition occidentale
198
Et Dieu vit que la lumière était bonne. Alors Dieu sépara
la lumière des ténèbres. » (Genèse 1,3-4) il est remarquable
que la création du soleil, de la lune et des étoiles, qui sont
habituellement pour nous inséparables du phénomène de la
lumière sur terre, n'ait lieu qu'au quatrième jour. La question
se pose alors de savoir en réalité ce qui est appelé lumière le
premier jour.
199
de la séduction du serpent rusé, l'on a mangé ce qui ne devait
pas l'être : le fruit de l'arbre de la connaissance. Désormais,
l'homme doit pourvoir lui-même à l'entretien de sa vie : Abel
devient le premier berger et Caïn le premier cultivateur. La
culture de l'aliment physique commence et deviendra de plus
en plus raffinée.
200
du monde et de tous les êtres vivants, a des fondements
tout différents du grec, dialectique et rationnel, ou même
du latin. L'auteur expose cela plus précisément en prenant
l'exemple du Notre Père et des Béatitudes, ce qui lui permet
de présenter au lecteur ces textes dans une compréhension
nouvelle et plus large. Par exemple, le même mot schem peut
être traduit, comme schemaya, par « ciel » comme dans la
première ligne du Notre Père, par « nom » comme dans la
deuxième ligne, ou d'une manière générale par «lumière »,
« son » ou « expérience ». Dans la demande « donne-nous
aujourd'hui notre pain quotidien » (en araméen : Hawvlan
lachma d'sunkanan jaomana), on constate que le mot
araméen lachma a été correctement traduit par « pain ».
Mais ce mot araméen désignant le pain peut aussi bien
se rapporter à toute autre nourriture — y compris d'une
sorte purement spirituelle — et aussi bien signifier «sainte
sagesse ». Cela signifie qu'en araméen, les mots pour « nour-
riture de lumière », « nourriture d'esprit » et « nourriture de
pain » confluent l'un dans l'autre et que des distinctions
linguistiques telles que nous les faisons, et devons les faire,
ne peuvent, ni ne veulent, absolument pas être faites.
En ce sens, se révèle aussi le sens de la distinction entre
l'eau de source matérielle-physique et « l'eau vive » dans le récit
de la rencontre avec la Samaritaine (Jean 4, 1-34), et entre le
pain matériel-physique et le « pain de vie », lorsque le Christ
dit à ses disciples : «Vos pères, dans le désert, ont mangé la
manne et sont morts; ce pain est celui qui descend du ciel
pour qu'on le mange et ne meure pas. » « Qui mange ma chair
et boit mon sang a la vie éternelle» (Jean 6, 49-54).
À la Cène, la transmutation du pain et du vin en les forces
du corps et du sang du Christ et en la vie éternelle, s'accomplit
finalement de manière exemplaire pour tous les temps futurs
(Matthieu 26, 17-30). Les puissances des ténèbres sont ainsi
surmontées, ou peuvent l'être, ce qui fait dire à l'apôtre Paul
ces paroles de rédemption : «O mort, où est ton aiguillon ?
Enfer, où est ta victoire ? »
201
La communion comme modèle explicatif
* C'est le terme grec ktisis qui est employé, signifiant aussi bien «création» que
«créature ».
202
mais plus elle progresse, plus elle entre profondément dans les
couches de l'être humain les plus enfouies et finit par attein-
dre aussi la corporéité. Les premiers chrétiens ont ressenti de
manière vivante que, par le pain et le vin de la Cène, ils se
mettaient en lien avec le corps de résurrection du Christ, la
communion leur était "pharmakon athanasias», remède d'im-
mortalité (Épître d'Ignace aux Ephésiens, XX). »
203
frontière entre la physique et la métaphysique. Arthur Zajonc,
professeur de physique et spécialiste renommé de physique
quantique, s'est entièrement consacré à ce thème dans son
livre L'histoire commune de la lumière et de la conscience40. Il
y aborde aussi la « métaphysique de la lumière » de Rudolf
Steiner, qui concerne les rapports entre le monde naturel et le
monde spirituel-moral.
La question de la lumière et de la nourriture au sens d'une
alternative passe certainement à côté de l'essentiel, car à la
question : «pain ou lumière ? », c'est avec les paroles du mysti-
que Angelus Silesius que l'on peut le mieux répondre :
204
Pour finir
205
riture et sur l'absorption de l'énergie et de la vie. Ne se pour-
rait-il pas que, pour nous tous, un réservoir infini d'énergie
et de forces de vie soit à notre disposition, dont nous nous
coupons seulement par notre image limitée du monde et de
l'homme ? Ces forces dépendent de ce que nous leur fassions
une place consciemment et librement, de ce que nous les invi-
tions à prendre place en nous, et de ce que nous leur donnions
place autour de nous. Car ce sont les forces d'êtres vivants,
provenant de la source de l'être primordial qui a surmonté la
mort et « revient dans les nuées » (c'est-à-dire agissant comme
une pluie nourrissante et dispensatrice de vie) et qui dit de
lui-même : « Je suis la vie! » 41,42
206
«Ecce homo
Oui ! Je sais d'où je proviens I
Inassouvi comme la flamme,
Je brûle et me consume.
Tout ce que je saisis devient lumière,
Tout ce que je laisse devient charbon,
C'est vraiment flamme que je suis. »
(Friedrich Nietzsche, Poésies)
207
Postface
208
processus des 21 jours, et qui ont permis d'enrichir de leur
expérience individuelle et très personnelle la nécessaire palette
de la diversité. Que ces personnes soient ici bien cordialement
remerciées.
209
mieux en tout cas, les possibilités qui s'offrent à tout homme
ou qu'il s'accorde lui-même dans la vie. Ce qui importe n'est
absolument pas de changer son alimentation pour se nourrir
exclusivement de lumière, mais plutôt de réaliser par exemple
pendant le processus des 21 jours quelle place occupe réelle-
ment l'alimentation physique.
Parmi les personnes qui ont suivi le processus des 21 jours,
et que je connais personnellement, la plupart ont tôt ou tard
recommencé à manger. Les raisons en sont naturellement
les plus variées, tout à fait individuelles. La chère habitude,
la pression sociale, l'appétit, etc. mais aussi une certaine
faiblesse à la fin du processus des 21 jours, peuvent motiver
une reprise de la nourriture et des boissons. Parfois il se peut
que ces personnes soient déçues d'elles-mêmes ou du proces-
sus. Je n'y vois vraiment aucun problème, car le processus des
21 jours n'est lui-même que le début d'un processus de nutri-
tion par la lumière et il est naturellement tout à fait individuel
d'en être à tel ou tel stade au bout de 21 jours. Je ne connais
personne qui ait interrompu le processus au cours des 21 jours
ou qui en ait subi des dommages évidents, et personne non
plus qui ait regretté de l'avoir suivi. Au contraire, il a toujours
été décrit comme une belle expérience, importante et intéres-
sante, d'un genre unique.
Je conseille à toute personne qui veut suivre ce processus
d'aborder cette entreprise avec tout le sérieux qui s'impose et
en s'éprouvant soi-même de manière responsable, mais aussi
en étant détendu et sans a priori. Ce dont il s'agit en premier
lieu, ce n'est pas de nourriture ou de boisson, mais de notre
expérience et de notre comportement avec elles. Par notre
éducation et notre culture, nous sommes entraînés à des
situations « ou bien [...] ou bien » et la plupart du temps, c'est
erroné et handicapant. En lien avec le changement d'alimen-
tation pour la nutrition par la lumière, une voie naturelle,
sûre et adaptée est certainement dans de nombreux cas une
alternance de temps où l'on mange et de temps où l'on ne
mange pas, en un rythme incluant aussi bien l'un que l'autre.
210
On peut ainsi par la suite se comporter de manière plus libre
et plus consciente avec la nourriture et l'alimentation et, à
tout moment, chercher puis choisir le comportement qui est
juste et adapté dans la situation de vie tout à fait personnelle
du moment.
Michael Werner
211
les auteurs
212
Notes
213
20 Janetzko, Stephen: Rohe Kost für feine Sinne, in esotera 11 (1996),
p. 54-57.
21 Possin, Roland: Die Stimme des Ketpers. Ernàhrung im Einklang mit
der inneren Führung, Bergisch Gladbach, Bastei-Lübbe, 1998.
22 Bartel, Albert A.: Sie wurden zu menschlichen Pflanzen. Überra-
schende Erldârung für das Phânomen der Nahrungslosigkeit in eso-
tera 11 (1976), p. 1020-1029.
23 Merkl, George: Geflüster aus dem Kosmos, conférence, sur Internet
à: http://ourworld.compuserve.com/homepages/MEngmann/
sumer3.htm
24 Yogananda, Paramahansa: Autobiographie d'un yogi, Adyar, 1973.
Traduction différente.
25 Steiner, Johannes: Therese Neumann von Konnersreuth. Ein Lebens-
bild nach authentischen Berichten, Tagebüchern und Dokumenten,
München/ Zürich, Schnell & Steiner, 1988, p. 28.
26 Cf. Op. cit. note 1, vol.2, p. 287.
27 Cf. note 3.
28 Wegman, Ita: in Naturata, 1927-1928.
29 Bischof, Marco : Tachyonen, Orgonenergie, Skalarwellen. Feinste
liche Felder zwischen Mythos und Wissenschaflt, Aarau, AT Verlag,
2002.
30 Jung, C.G.: Psychologie et alchimie, Buchet Chastel, 1994.
31 Cf. note 21.
32 Franz, Marie-Louise von: Nombre et temps. Psychologie des profon-
deurs et physique moderne, La Fontaine de Pierre, 1998.
33 Arzt, Thomas (Hg.): Unus Mundus — Kosmos und Sympathie, Frank-
furt am Main, Verlag Peter Lang, 1992.
34 Pauli, Wolfgang und Jung, C.G.: Naturerkldrung und Psyche,
Zürich, Rascher Verlag, 1952. Voir aussi : Correspondance 1932-
1958, Paris, Albin Michel, 2000.
35 Jung, C.G.: Mysterium Conjunctionis, Paris, Albin Michel, 1980.
36 Cf. note 32.
37 Cité d'après Sri Aurobindo : Commentaires sur la Bhagavad Gita,
Paris, Albin Michel, 1991. Traduction différente.
38 Douglas-Klotz, Neil: Das Vaterunser, München, Knaur, 1992.
39 Frieling, Rudolf: Christentum und Wiederverkarperung, Stuttgart,
Urachhaus Verlag, 1975.
40 Zajonc, Arthur : Catching the light. The entwined history of light and
mind, Bartam Books, 1993.
41 Heidenreich, Alfred : Die Erscheinung des Christus in der iitherischen
Welt, Dornach, Verlag am Goetheanum, 1990.
42 Stiickli, Thomas: Wege zur Christus-Erfahrung. Das Àtherische
Christuswirken, Dornach, Verlag am Goetheanum 1991.
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Achevé d'imprimer en octobre 2008
sur les presses de la Nouvelle Imprimerie Laballery
58500 Clamecy
Numéro d'impression : 809095
Imprimé en France