Fichier Fiche16 Patient Client Partenairee73e6
Fichier Fiche16 Patient Client Partenairee73e6
Fichier Fiche16 Patient Client Partenairee73e6
Comme nous l’avons brièvement dit dans la fiche précédente, la relation médecin-malade
peut être analysée et décrite sous des angles différents : historique, sociologique, ou encore
psychanalytique. C’est ce qui va être fait dans cette fiche, chaque approche donnant un
éclairage intéressant de cette relation singulière.
Ces trois espaces relationnels peuvent s’ordonner comme un parcours vers une autonomie
de plus en plus grande. Cependant, dans la réalité, il existe souvent des allers et retours,
des intrications, ou des fixations durables.
Discussion
Ces trois approches différentes apportent chacune des éléments intéressants de réflexion
sur la relation entre le médecin et son patient. On remarque par exemple certaines
correspondances entre des modèles historiques et des modèles psychanalytiques : le
modèle négocié de Strauss nécessite que le patient se situe dans l’espace d’autonomisation.
Aucun modèle n’est mauvais en soi, chacun peut être un passage obligé dans la relation
médecin-malade, mais le rôle du médecin généraliste est d’amener son patient, à son
rythme, à une certaine autonomie, c'est-à-dire l’acceptation de sa maladie, et de savoir
composer avec elle. Certains patients resteront dans une relation primaire, ayant besoin
d'une "autorité protectrice", d'autres initialement dans un rapport conflictuel, mûs par la peur,
prendront leur place en partenariat. Le médecin se doit de percevoir ces mécanismes
relationnels pour les respecter, pour s'adapter, pour aider si possible le patient à gérer son
capital santé en fonction de ses représentations.
Illustration
Madame S. a pris rendez-vous après la consultation "d'annonce d'une maladie grave", le
matin même à l'hôpital. Sa lésion cancéreuse lui a très bien été expliquée, ainsi que les
différentes possibilités thérapeutiques. C'est à elle de choisir. Elle est en larmes, pas certaine
d'avoir bien compris, doutant encore de sa maladie : "Je ne sais plus où j'en suis. Ils ont été
très agréables, m'ont tout de suite proposé de voir la psychologue du service. Que dois-je
faire docteur, vous me connaissez bien ?" Le médecin reprend les informations une à une,
puis évoque la peur de la patiente et celle de sa famille. Ils conviennent d'en reparler la
semaine suivante. La patiente sera ainsi revue régulièrement jusqu'à la semaine suivant sa
première séance de chimiothérapie. Madame S. reprend rendez-vous 6 mois plus tard pour
la prolongation de son congé longue maladie. Le traitement a bien avancé. Elle a débuté la
radiothérapie. Elle parle de "cette épreuve", de son ressenti des soins, de la difficulté
presque plus grande pour sa famille que pour elle, qui est plus réellement impliquée.
On peut discerner le cheminement de la patiente : le besoin initial d'une régression légitime à
l’annonce du cancer, permettant en même temps une grande compliance aux soins, puis une
relation passant par la médiation et des rites (rendez-vous programmés) assurant un effet
soutenant du médecin, et enfin l'autonomisation du patient, qui n’a plus besoin du médecin
pour "assumer" sa maladie.
Concepts en médecine générale, tentative de rédaction d’un corpus théorique propre à la discipline. Thèse de médecine - 2013