Evaluation de La Fatigue Musculaire
Evaluation de La Fatigue Musculaire
Evaluation de La Fatigue Musculaire
RÉSUMÉ SUMMARY
L’exercice mène, à terme, au développement de la The exercise leads to muscular fatigue develop-
fatigue musculaire et peut augmenter le risque de ment and can increase the risk of athlete's injuries.
blessures chez le sportif. The evaluation of fatigue and its components (cen-
L’évaluation de la fatigue et de ses composantes tral and peripheral) can be realized with the asso-
(centrale et périphérique) peut s’effectuer par l’uti- ciated use of surface electromyography and percu-
lisation combinée de l’électromyographie de sur- taneous neurostimulation.
face et de la neurostimulation percutanée. The tests proposed in this study permit to identify
Les tests proposés dans cette étude permettent the fatigue components induced by exercise, and
d’apprécier la nature de la fatigue induite par also to test whether the capacity of delaying the
l’exercice, mais aussi d’apprécier la capacité à onset of fatigue is improved due to a training
repousser le seuil d’apparition de la fatigue grâce program.
à un protocole d’entraînement.
MOTS CLÉS
Électromyographie - Électrostimulation - Entraînement - Tests neuromusculaires
KEYWORDS
Electromyography - Electrostimulation - Training - Neuromuscular tests
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La fatigue centrale
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La valeur efficace du signal EMG, quantifiée à partir des La RMS calculée au cours de la CMV était normalisée par
valeurs de la racine carrée de la moyenne du carré (RMS), l’amplitude de l’onde M au repos (ratio RMS/M), permet-
rend compte de l’activité musculaire globale. Ce paramètre tant de s’affranchir des modifications éventuelles de l’ex-
correspond au nombre d’UMs recrutées et à leur fréquence citabilité et donc des changements périphériques pour
de décharge lors d’une contraction volontaire [8]. Lors des l’interprétation des résultats. Ce rapport est considéré
CMV, la valeur RMS était calculée sur une période de 1 s. comme un indice de la commande centrale [11].
Analyse statistique
▲ Fig. 3 - Localisation des mécanismes potentiels de fatigue et techniques d’évaluation
correspondantes
Les données sont présentées en moyenne des 9 joueurs ±
Schéma du couplage excitation-contraction d’après Fitts et Metzger [14]
l’erreur standard (SE). Les paramètres neuromusculaires
(CMV, Pt, RMS/M, NAV) étaient analysés avec une ANOVA En février, aucune fatigue ne s’est produite.
à deux facteurs [fatigue (pré vs post-séance spécifique) x L’entraînement quotidien des joueurs avait donc permis
temps (6 mois)]. En cas de significativité, des tests post- d’améliorer leur résistance à la fatigue. De plus, les exer-
hoc LSD de Fisher étaient utilisés. Le seuil de significati- cices intermittents sont connus pour avoir des périodes
vité était fixé à p < 0,05. de récupération qui jouent un rôle important dans la limi-
tation du développement de la fatigue [13, 14]. C’est pour-
quoi le temps de repos doit être choisi avec précaution.
RÉSULTATS ET DISCUSSION
Pour s’adapter au niveau de forme des joueurs, les exercices
Les résultats aux tests neuromusculaires lors de l’étude
ont alors été intensifiés à cette période de l’année, en pro-
longitudinale sont présentés sur la figure 4 (page sui-
longeant le temps d’effort à 15 s au lieu de 10 s, et en dimi-
vante). Lors des CMV, la chute significative de force (jus-
nuant le temps de repos à 15 s au lieu de 20 s. Les exercices,
qu’à – 19,2 ± 2,9 % en janvier) témoignait d’une fatigue
rendus plus difficiles en mars, induisaient une perte de force
induite par la séance d’exercices intermittents proposée.
qui était due à une altération du couplage excitation-
Lors de la première séance (décembre), cette diminution contraction, puisque Pt diminuait significativement de – 9,9
de force était en partie expliquée par une adaptation de la ± 2,2 % et – 13,9 ± 3 %, en mars et avril respectivement.
commande centrale, objectivée par une chute de RMS/M
Dans cette deuxième partie d’étude, la séance spécifique
(– 24,9 ± 8,9 %) ainsi qu’une chute du NAV (– 14,3 ± 3,5 %).
tennis induisait davantage une fatigue périphérique, pou-
Elle était également due à une altération du couplage
vant s’expliquer par le fait que les exercices intensifiés
excitation-contraction puisque Pt chutait de – 13,2 ± 6,7 %.
nécessitaient une participation plus importante de la
Cette première séance spécifique induisait donc une fati-
flexion des membres inférieurs (smashs, volées basses)
gue importante, impliquant différents facteurs (centraux
avec moins de temps de récupération, et par l’intensité
et périphériques) et pouvant être due à la période de l’an-
des impacts au sol lors des freinages et des changements
née où les joueurs ne sont pas encore très performants
de direction. Cette forte sollicitation des quadriceps indui-
(début de phase de préparation générale).
sait probablement une altération progressive de la
contractilité du muscle [15].
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▲ Fig. 4 - Pourcentage de chute (moyenne ± SE) entre pré et post-séance spécifique tennis de la contraction maximale volontaire (CMV),
de l’amplitude de la secousse (Pt), du rapport RMS/M du vastus lateralis, et du niveau d’activation volontaire (NAV), de décembre
à mai, à *** p < 0,001, ** p < 0,01, * p < 0,05
L’absence d’altération au niveau de la commande centrale posantes au cours de l’entraînement et pourraient être
pouvait être due à un entraînement et une préparation à la utilisés dans un processus de rééducation. Ainsi, la pré-
compétition optimaux et/ou à un habitus aux exercices vention des blessures pourrait passer par une évaluation
intermittents proposés. précise de la fatigue, pour tenter ensuite de repousser son
apparition par un entraînement individualisé. ■
CONCLUSION
QUIZ [7] Enoka RM, Stuart DG. Neurobiology of muscle fatigue. J Appl Physiol 1992;72(5):
1631-48.
[8] De Luca CJ. The use of surface electromyography in biomechanics. J Appl
1. La fatigue périphérique peut être due à ❑ B- l’amplitude de la force évoquée par Biomech 1997;13:135-63.
[9] Millet GY, Martin V, Lattier G, Ballay Y. Mechanisms contributing to knee exten-
des altérations au niveau : stimulation sor strength loss after prolonged running exercise. J Appl Physiol 2003;94(1):
❑ A- du sarcolemme ❑ C- le rapport RMS/Onde M (RMS étant 193-8.
❑ B- du couplage excitation-contraction la valeur efficace du signal EMG) [10] Behm DG, St-Pierre DM. Effects of fatigue duration and muscle type on voluntary
and evoked contractile properties. J Appl Physiol 1997;82(5):1654-61.
❑ C- de la moelle épinière ❑ D- le niveau d’activation volontaire [11] Millet GY, Lepers R. Alterations of neuromuscular function after prolonged run-
❑ D- du cortex moteur ning, cycling and skiing exercises. Sports Med 2004;34(2):105-16.
4. L’excitabilité du sarcolemme se mesure [12] Merton PA. Voluntary strength and fatigue. J Physiol 1954;123(3):553-64.
2. La fatigue centrale peut être due à des avec : [13] Ratel S, Lazaar N, Williams CA, Bedu M, Duche P. Age differences in human ske-
letal muscle fatigue during high-intensity intermittent exercise. Acta Paediatr
altérations au niveau : ❑ A- l’amplitude de l’onde M 2003;92(11):1248-54.
❑ A- du sarcolemme ❑ B- l’amplitude de la force évoquée par [14] Fitts RH, Metzger JM. Mechanisms of muscular fatigue. In: Poortmans RJ (ed)
❑ B- du couplage excitation-contraction stimulation Medicine and sport science. Principles of exercise biochemistry. Basel : Karger,
1988 : 49-94.
❑ C- de la moelle épinière ❑ C- l’amplitude de la force volontaire [15] Girard O, Lattier G, Micallef JP, Millet GP. Changes in exercise characteristics,
❑ D- du cortex moteur maximal voluntary contraction, and explosive strength during prolonged tennis
playing. Br J Sports Med 2006;40(6):521-6.
3. La fatigue centrale se mesure avec :
❑ A- l’amplitude de l’onde M Réponses page 65
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