Broyage Base

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B

A
S E Biotechnol. Agron. Soc. Environ. 2011 15(2), Le Point sur :

Énergie nécessaire au broyage de la biomasse et des


produits densifiés
Michaël Temmerman
Centre wallon de Recherches agronomiques. Département Valorisation des Productions. Unité Biomasse, Bioproduits et
énergies. Chaussée de Namur, 146. B-5030 Gembloux (Belgique).
E-mail : [email protected]

La littérature concernant la consommation énergétique du broyage dans les industries minières montre que cette problématique
a été, et est encore, étudiée par de nombreux auteurs. Différents modèles de broyage sont donc disponibles pour ces industries,
en particulier pour le broyage des minerais. Les principaux modèles et certaines de leurs évolutions sont repris dans la présente
revue. Le broyage de la biomasse quant à lui a été bien moins étudié. Quelques études ont néanmoins porté sur la mesure des
consommations énergétiques engendrées par le broyage de biomasses particulières, dans des systèmes particuliers. Rares sont
celles qui prennent en compte suffisamment de paramètres relatifs à la matière entrante et sortante (granulométrie, humidité,
origine, etc.) ou les caractéristiques du système de broyage. Pratiquement, aucun modèle de broyage de la biomasse n’a donc
été proposé. Concernant le broyage des produits densifiés, aucune donnée ne semble disponible. À la lueur des théories de
broyage de l’industrie minière, cette étude propose donc les paramètres à prendre en compte pour une éventuelle modélisation
du broyage de la biomasse et des produits densifiés.
Mots-clés. Broyage, biomasse, pellets, briquettes, théories de broyage, énergie.

Milling energy needs for biomass and densified products. The literature about energy requirements for product milling
in mining industry shows the subject has been, and still is, considered by numerous authors. Several milling theories have
been proposed for these industries, especially concerning ores milling. The main mining milling theories and some of their
evolutions are described in this paper. Biomass milling has been, by far, less studied. Nevertheless, few measurements are
available about energy needed for milling of particular biomass, in particular systems. But studies taking into account enough
characteristics of the milled material (origin, moisture content, particle size distribution) are scarce. In consequence, nearly
none biomass milling model has been proposed. Concerning densified products (pellets and briquettes) apparently no data are
available yet. Considering the milling theories, this study selects parameters that have to be taken into account when milling
modeling comes to an end for biomass or densified biomass.
Keywords. Milling, comminution, biomass, pellets, briquettes, milling theories, energy.

1. Introduction du combustible améliore la rentabilité des installations


(Demirbas, 2003 ; Baxter, 2005 ; Demirbas, 2005).
La volonté internationale de réduire les émissions de Les quantités de biomasse nécessaires à l’appro-
gaz à effet de serre, en particulier de gaz carbonique visionnement de telles centrales sont colossales et leur
fossile, a encouragé de nombreux producteurs disponibilité à l’échelle locale souvent insuffisante.
d’électricité à convertir certaines de leurs installations Ainsi, lorsque sont pris en compte les couts engendrés
utilisant du charbon pulvérisé, ou du gaz, en centrales pour atteindre les objectifs de l’Union européenne en
à co-combustion biomasse. Il existe même un exemple matière de réduction des émissions, la dépendance
de conversion d’une centrale à l’utilisation exclusive du continent vis-à-vis des ressources biomasse
de pellets broyés (Ryckmans et al., 2006). En effet, intercontinentales devient indéniable (Bjerg, 2004 ;
l’incorporation de biomasse aux combustibles fossiles Hamelinck et al., 2005). Il demeure cependant
présente de nombreux avantages. D’un point de vue rentable, tant économiquement que du point de vue
environnemental, cette option permet, à court terme environnemental, de transporter des particules de bois
et sans risque majeur pour l’utilisateur, de réduire les sous forme densifiée, même sur de longues distances
émissions de CO2 fossile, de SOx et de NOx. De plus, il (Wahlund et al., 2004 ; Hamelinck et al., 2005).
apparait que, techniquement, l’efficacité des chaudières Les centrales électriques utilisent la biomasse (en
peut s’en trouver accrue et que la réduction du cout général du bois) sous forme de poudre, ce qui nécessite
2 Biotechnol. Agron. Soc. Environ. 2011 15(2), Temmerman M.

un broyage avant utilisation afin d’obtenir des particules conditionneront la taille et la forme des fragments
de bois aux qualités aérodynamiques suffisantes pour résultant de la rupture du matériau. Le résultat d’une
être utilisées dans le process. Dans ces systèmes, opération de broyage est donc la conséquence d’une
les caractéristiques des particules de biomasse sont part, des propriétés du solide broyé et d’autre part, de la
d’une importance capitale, elles influencent en effet nature, de la répartition et de l’intensité des contraintes
l’alimentation, la cinétique de combustion, la quantité que lui applique le broyage.
d’imbrûlés et la température du foyer (Tmej et al., Le choix d’un broyeur dépend principalement
2000 ; Paulrud et al., 2004 ; Nishiyama et al., 2007 ; de trois facteurs : la nature de la matière première,
Rhén et al., 2007). la distribution granulométrique du produit que l’on
Pour la plupart de ces unités de co-combustion, cherche à obtenir et le volume de production que
le cahier des charges impose que la totalité des l’on recherche. Dans l’industrie minérale, cinq
particules passent au travers d’une maille de 6,34 mm caractéristiques principales sont généralement retenues
et que la majorité soient d’une taille de 3 mm (Baxter, pour caractériser la matière à broyer : la dureté
2005). Cependant, les spécifications de certains classiquement représentée sur l’échelle de Mohs,
consommateurs sont parfois plus strictes (Esteban l’abrasivité, l’adhésivité, la forme et la distribution
et al., 2006a ; Ryckmans et al., 2006). granulométrique.
Néanmoins, le broyage des pellets peut s’avérer
problématique. En effet, les données manquent pour 2.2. Les lois de broyage
pouvoir dimensionner le poste broyage lors de la
conception des chaines d’approvisionnement des La théorie de la fragmentation repose sur la relation
centrales électriques. Inversement, dans les chaines liant l’énergie consommée et la taille des particules
existantes, l’acceptation de matières nouvelles passe du produit obtenu à partir d’une taille donnée de
par des essais pilote en vraie grandeur. D’une manière l’alimentation. Dans ce qui suit, E est l’énergie de
générale, c’est le broyage de la biomasse dans son broyage nécessaire par unité de masse broyée (l’énergie
ensemble qui reste peu étudié. spécifique) ; x une caractéristique granulométrique (par
Cette étude tente donc de dégager les pistes qui exemple q80 – la taille de maille laissant passer 80 % de
serviront à caractériser les besoins énergétiques du la matière mesurée – le quartile 80 de la distribution), n
broyage de biomasse solide, en particulier des pellets. est un exposant exprimant la grandeur du processus, C
Pour ce faire, les connaissances en matière de broyage est une constante caractérisant le matériel à broyer dont
de la biomasse sont évaluées à la lumière de ce qui est les unités équilibrent l’équation.
pratiqué dans d’autres domaines d’activités, comme Historiquement, en matière de broyage, de
les industries agro-alimentaires et l’industrie minérale. nombreuse théories ont été proposées (Masson, 1960).
Enfin, l’intérêt d’établir une relation entre les propriétés Cependant, trois d’entres elles méritent une attention
physiques et mécaniques des biocombustibles solides particulière pour avoir traversé les générations et
et l’énergie nécessaire à leur broyage sont évalués. être encore citées, à l’heure actuelle, dans bien des
publications.

2. Les théories du broyage de Les trois piliers de la théorie de broyage


l’industrie minérale Loi de Von Rittinger (1867). C’est la plus ancienne.
Elle établit que l’aire de la nouvelle surface produite
2.1. Les aspects qualitatifs par le broyage est directement proportionnelle à
l’énergie nécessaire au broyage. L’aire de la surface
Les théories de broyage ont avant tout été développées d’une masse de particules de diamètre uniforme x étant
grâce aux travaux effectués par les industries minérales. proportionnelle à 1/x, l’énergie nécessaire au broyage
La variabilité des matières issues du monde vivant, de y est donc proportionnel également. Elle est exprimée
la biomasse, pourrait être plus importante que celle des par la formule générale :
matériaux pour lesquels ces théories ont été élaborées.
Cependant, certaines applications ont été développées
pour des industries agro-alimentaires (Chamayou
et al., 2003) qui permettent de penser qu’elles seront

( )1 1
E1-2 = CVR x - x
2 1
(1)
également applicables aux biocombustibles solides.
Le broyage vise d’abord à fragmenter la matière
pour en réduire la taille afin de lui conférer une forme
utilisable. Les théories de broyage considèrent que où x1 et x2 sont respectivement l’état granulométrique de
des forces de contact sont appliquées sur un volume la matière avant et après broyage et CVR une constante
solide et créent dans celui-ci un réseau de fissures qui caractéristique de la matière.
Broyage de biomasse et produits densifiés 3

Loi de Kick (1885). Kick, pour sa part, émet le postulat aisément mesurables en industrie. Mais Wi peut aussi
que le travail requis est proportionnel à la réduction être calculé à partir de mesures réalisées dans un
de volume des particules en cause. L’équation qu’il broyeur de laboratoire dimensionné par Bond à cet
propose est la suivante : effet.

( )
E1-2 = CK ln(x1) - ln (x2) (2)
La synthèse et l’évolution des lois empiriques.
Les lois de Von Rittinger, Kick et Bond seront
rassemblées par Charles (Charles, 1957) qui constate
que les relations établies entre l’énergie E et l’état
où x1 et x2 sont respectivement l’état granulométrique granulométrique x par ces trois auteurs sont des formes
de la matière avant et après broyage et CK une constante particulières d’une même équation différentielle :
caractéristique de la matière. Le rapport x1/x2 est parfois
appelé le rapport de réduction.
dE = - C dxn (5)
Loi de Bond (1952). D’un point de vue physique, la x
théorie de Bond (Bond, 1952 ; Bond, 1961) suppose
que l’énergie transmise à un corps par effort de l’exposant n de x prenant respectivement pour les lois
compression se répartit d’abord dans la masse et est de Von Rittinger, Bond et Kick les valeurs 2, 1,5 et 1.
proportionnelle à x13, mais que dès le début de la Hukki (1962) montrera que chacune de ces valeurs
fissuration en surface, cette énergie se concentre sur correspond à une plage granulométrique relativement
les fissures et devient alors proportionnelle à x12. Elle restreinte et que l’exposant n’est pas constant, mais
conduit donc à admettre que le travail de broyage est dépendant du niveau granulométrique x lui-même,
proprement dit est intermédiaire entre x12 et x13. comme exprimé par l’équation :
D’après cette théorie, pour des particules de forme
semblable, la longueur de fissure est équivalente à
la racine carrée de la surface. L’énergie nécessaire dE = - C dxf(x) (6)
au broyage étant proportionnelle à cette longueur de x
fissure, elle s’écrit comme suit :
Morell (2004) rappelle les travaux cités ci-dessus

( )
et ceux de Griffith (1920), Weibull (1939) et Rumph
E1-2 = Ck 1 - 1 (3) (1973) qui montrent que pour les minerais, lorsque la
√x2 √x1 taille des particules diminue, le nombre et la densité
des imperfections et des fissures diminuent aussi.
Il postule ensuite que la constante C est elle-même
où x1 et x2 sont respectivement l’état granulométrique dépendante de la granulométrie. Morrell montre aussi
de la matière avant et après broyage et CK une constante que cette fonction, notée g(x), n’est pas la même pour
caractéristique de la matière. toutes les roches :
En pratique, ce sont les quartiles 80 (aussi
appelés d80) qui sont utilisés pour décrire les états
granulométriques x1 et x2. Cette valeur peut être définie dE = - Cg(x) dxf(x) (7)
comme la dimension de la maille du tamis qui autorise x
80 % de passant. Si P et F sont respectivement les
quartiles 80 du produit broyé et de l’alimentation, Or, en pratique, la détermination de ces deux
l’énergie consommée en kWh par unité de masse peut fonctions se révèle particulièrement difficile. Morrell
s’exprimer par l’équation : propose donc une formulation alternative pour la
détermination de la consommation énergétique au

( )
broyage :
W = Wi 10 - 10 (4)
√P √F
( )
W = MiK x2f (x2) - x1f (x1) (8)

où W est l’énergie spécifique réellement consommée


par un circuit de broyage et Wi est l’indice de Bond où W est l’énergie spécifique (en kWh.t-1), K une
ou « Work index » caractéristique de la matière et constante, Mi un indice relatif à la propriété de fracture
du circuit de broyage. Le succès de la loi de Bond de la matière, x1 et x2 les quartiles 80 de l’alimentation
s’explique notamment parce que ces paramètres sont et du produit.
4 Biotechnol. Agron. Soc. Environ. 2011 15(2), Temmerman M.

L’auteur observe que la forme de f(x) donnant les Plus classiquement, Stambioliadis (2002) recense
meilleurs résultats est : plusieurs types de tests pour déterminer la relation
entre l’énergie de broyage et la granulométrie : les
broyeurs sans friction, décrits par Hukki en 1943 ; les
f(x) = - (a+xb) (9) tests de chute ou les impacts de projectiles, décrits par
Charles en 1957 et les tests de compression développés
par Tavares et al. (1998). La relation entre l’énergie de
où a et b sont des constantes et x le quartile 80. broyage et la distribution granulométrique peut aussi
être étudiée à l’aide de broyeurs à barre ou à boulets
Les lois empiriques restent d’actualité. Malgré tels que ceux développés par Bond en 1952 et Charles
l’évolution des théories du broyage, l’indice de Bond en 1957.
fait encore couler beaucoup d’encre, notamment Ces tests permettent d’estimer l’énergie dépensée
lorsqu’il s’agit d’estimer l’efficacité du circuit de pour le broyage à partir du calcul de l’énergie
broyage (Sachihito et al., 2002 ; Coello Velazquez mécanique mise en œuvre.
et al., 2008 ; Tromans, 2008 ; Ahmadi et al., 2009). Pris à la lettre, ces tests sont généralement
En effet, dans l’industrie minérale, le rapport entre représentatifs de situations de broyage très
le W mesuré sur site et le Wi mesuré en laboratoire particulières. À titre d’exemple, pour son importance
est souvent utilisé pour estimer l’efficacité d’un historique et sa polyvalence, la détermination en
circuit de broyage, même si cela peut conduire à des laboratoire du « Work index » de Bond suit une
approximations. procédure très stricte et de nombreux facteurs
Stambioliadis (2002) propose une relation où correctifs sont ensuite nécessaires pour déterminer la
l’influence de la distribution granulométrique des puissance du broyeur industriel qui sera installée en
particules est exprimée sous la forme d’une distribution pratique (Bond, 1961).
théorique de fréquence. C’est celle de Gates Gaudin Par contre, le succès de cette théorie s’explique
Schumann qui est utilisée. Cette relation permet donc par le fait que le « Work index » de Bond peut être
de déterminer l’énergie nécessaire au broyage à partir déterminé directement sur le site de production. En
d’une distribution granulométrique théorique et de la effet, connaissant les caractéristiques de l’équipement,
relation de Charles (5). L’auteur montre également, à la puissance consommée, le débit d’alimentation
partir de données disponibles dans la littérature, que et la granulométrie des produits entrants et sortant,
plus la granulométrie est fine, plus la consommation il est possible d’en déduire le coefficient d’aptitude
énergétique est importante. au concassage et au broyage. Connaissant les
Dans l’optique de leur application au broyage de rendements électriques et mécaniques des différents
la biomasse, ces travaux présentent l’intérêt d’estimer postes du circuit de broyage concernés, il est possible
la consommation d’énergie d’un circuit de broyage de calculer Wi.
à partir d’un petit nombre de paramètres. Elles sont
applicables à des matières très diverses, du moins 2.4. L’expression de la granulométrie
du point de vue dureté. Par contre, elles ont été
développées pour des broyeurs caractéristiques de Bien que d’autres techniques puissent être appliquées
l’industrie minérale, les broyeurs à boulets et à barre, (analyse d’image, diffraction laser, etc.), la mesure
principalement. Il n’en reste pas moins qu’elles de la granulométrie de la biomasse se fait encore
indiquent qu’une relation entre l’énergie consommée principalement par tamisage (Hartmann et al., 2006).
par le broyage d’une matière et la granulométrie du Les résultats s’expriment en diagrammes de
produit et de la matière première peut être recherchée. fréquence et de fréquence cumulées qui sont les
représentations les plus intuitives. La distribution
2.3. Les méthodes de mesure des indices de cumulée est définie comme la proportion d’observation
broyabilité soit inférieure, soit supérieure à une limite de classe
d(i). Si le cumul des proportions s’effectue à partir
De nombreux tests ont été développés pour caractériser de la classe de plus petite dimension (en dessous
la broyabilité, jusque récemment, chaque test étant d’une valeur limite), la distribution est dite en passant
généralement développé pour une application cumulé. Si, au contraire, le cumul s’effectue à partir de
particulière. Werner et al. (1999) développent la classe de plus grande dimension (au-dessus d’une
un broyeur de laboratoire destiné à mesurer le valeur limite), la distribution est dite en refus cumulé.
comportement au broyage de différentes origines de L’emploi de distribution en passant ou en refus
charbon. Lecoq et al. (1999) utilisent un broyeur à jet cumulés est indifférent. De même, les représentations
d’air pour évaluer la relation entre l’énergie d’impact fréquentielles ou cumulées peuvent être utilisées
et la broyabilité des solides projetés. conjointement (Novalès et al., 2003).
Broyage de biomasse et produits densifiés 5

Les distributions n’étant pas toujours aisées à caractérisation granulométrique des produits et des
manipuler dans leur intégralité, l’information est circuits pour lesquels ils sont paramétrés. En effet,
généralement synthétisée par des paramètres qui les fonctions de broyage et de classification comptent
décrivent la tendance centrale et la dispersion des plusieurs facteurs caractéristiques de la matière et
distributions, comme en statistique classique. ne sont validés que sur certains cas particuliers. Le
Le paramètre de tendance centrale a pour objectif but principal de ces modèles étant de déterminer la
de décrire la taille des particules majoritaires dans la granulométrie du produit sortant, l’énergie nécessaire
population. Les notions de mode, médiane et moyenne au broyage n’est considérée que comme un paramètre
sont donc aussi utilisées en granulométrie. Pour du modèle, parmi les autres.
exprimer des résultats de tamisage, c’est principalement
la médiane qui est utilisée. Elle correspond à la 2.6. Le broyage de la biomasse
dimension pour laquelle la valeur de la distribution
cumulée est de 50 %. Elle est parfois appelée diamètre Les broyeurs et la forme de la biomasse. En fonction
médian et notée d50. de la forme sous laquelle se présente la biomasse,
Les paramètres de dispersion permettent d’obtenir plusieurs types de broyeurs peuvent être envisagés
une estimation de la variabilité de la taille. Les (Temmerman et al., 2005). Les broyeurs à disques, à
intervalles interquartiles sont obtenus à partir de la tambours et à vis sont surtout utilisés pour le broyage
courbe des fréquences cumulées, de manière similaire de grosses branches ou d’arbres entiers. Les broyeurs à
à la médiane. On rencontre couramment les valeurs d10- dents et à cisaille sont utilisés pour le broyage de déchets
d90, d75-d25 et d84-d16. Ce dernier écart correspond à un biomasse, comme des palettes ou des bois de démolition
intervalle de ± 1 écart-type, dans le cas où la distribution non traités. À l’exception du broyage d’arbres entiers,
suit une loi normale. L'écart peut être donné en valeur les très polyvalents broyeurs à marteaux sont utilisés
relative par rapport à la tendance centrale. pour la préparation de la matière, quelle que soit sa
Dans le cas du broyage, le calcul de quartiles, le forme de départ. Le choix d’un broyeur est également
d80, est particulièrement utile vu qu’il est utilisé pour la fonction de la quantité de matière à broyer et de la
détermination du « Work index » de Bond. qualité du produit désiré. L’utilisation de grille permet
Les paramètres de tendance centrale et les de calibrer la granulométrie du produit, mais influence
paramètres de dispersion ne permettent pas de décrire le débit du broyeur.
la forme globale de la distribution, c’est pourquoi un
ajustement des distributions observées à des modèles La consommation énergétique du broyage de la
de référence est parfois envisagé. biomasse. Les publications relatives à la consommation
Quatre modèles granulométriques adaptés pour les énergétique de la biomasse sont relativement rares.
distributions unimodales sont couramment utilisés : les Mani et al. (2004) citent quelques auteurs ayant étudié le
lois normales, log-normale, de Rosin Rammler et de sujet dans les années 1980. Plus récemment, Vigneault
Gaudin Schuhmann. Les deux premières proviennent et al. (1992) et Rothwell et al. (1992) publient des
de la statistique usuelle, tandis que les deux dernières consommations énergétiques pour le broyage du maïs.
sont obtenues à partir de modèles construits pour décrire Depuis, les publications relatives au sujet sont surtout
des distributions de produits broyés ou concassés. Elles le fait de trois auteurs, Mani et al. (2004), Esteban et al.
sont, par exemple, intégrées dans certains modèles de (2006a ; 2006b) et Laskowski et al. (1997 ; 1998 ;
simulation de broyage (Austin, 1964 ; Nikolov, 2002 ; 1999). Par ailleurs, le développement de la technique
Stambioliadis, 2002 ; Austin, 2004). Cependant, ce de torréfaction du bois et son impact annoncé sur la
mode d’expression de la granulométrie reste très peu broyabilité de la biomasse (Arias et al., 2008) offrent
utilisé pour caractériser les produits biomasse solide. quelques mesures de consommation énergétique au
broyage de bois (Bergman et al., 2005). Les données
2.5. La modélisation publiées par ces différents auteurs sont synthétisées
dans le tableau 1.
Plus récemment, des modèles de broyage ont été Les études de Vigneault et al. (1992) et Rothwell et al.
proposés, qui estiment la distribution granulométrique (1992) portent sur la comparaison des consommations
du produit à partir des caractéristiques de la matière énergétiques du broyage de maïs induites par la
et du circuit de broyage. Dans des cas simples, la forme des marteaux et le type de crible montés sur le
définition d’une fonction de sélection et d’une fonction broyeur d’une meunerie commerciale. L’étude montre
de broyage permet de modéliser le broyage par une l’influence significative de la forme des marteaux
approche de type bilan de population (Chamayou et al., et de leur vitesse sur la consommation énergétique.
2003). Toutes autres choses restant égales, les consommations
Ces modèles ont d’abord pour intérêt d’être mesurées varient de 10 à 12 kWh.t-1 pour des marteaux
construits sur des bases physiques et de permettre la fins et standards, respectivement. Le type de crible
6 Biotechnol. Agron. Soc. Environ. 2011 15(2), Temmerman M.

Tableau 1. énergie nécessaire au broyage de diverses biomasses — Energy needed for different biomass milling.
Matière PSD 1 (mm) PSD 2 (mm) H1 (%) H2 (%) P En Sp (kWh.t-1) Source
Paille de GM : 7,67 Gd : 0,8 ; 1,6 ; 3,2 NS 8,3 N 11,4 - 51,6 Mani et al., 2004
froment
GM : 7,67 Gd : 0,8 ; 1,6 ; 3,2 NS 12,1 N 24,7 - 45,3
Paille d’orge GM : 20,52 Gd : 0,8 ; 1,6 ; 3,2 NS 6,9 N 13,8 - 53,0 Mani et al., 2004
GM : 20,52 Gd : 0,8 ; 1,6 NS 12,0 N 27,1 - 99,5
Tige de maïs GM : 12,48 Gd : 0,8 ; 1,6 ; 3,2 NS 6,2 N 7,0 - 22,1 Mani et al., 2004
GM : 12,48 Gd : 0,8 ; 1,6 ; 3,2 NS 12,0 N 11,0 - 34,3
Panique érigé GM : 7,15 Gd : 0,8 ; 1,6 ; 3,2 NS 8,0 N 23,8 - 62,6 Mani et al., 2004
GM : 7,15 Gd : 0,8 ; 1,6 ; 3,2 NS 12,0 N 27,6 - 58,5
Peuplier Q50 : 8,0 Q95 : 1 mm 11,8 8,1 G 82,6 - 89,1 Esteban et al., 2006a
Pin Q50 : 9,2 Q95 : 1 mm Δ H1 - H2 = 34 G 113,2 - 119,1 Esteban et al., 2006a
écorces de pin Q50 : 8,25 Q95 : 1 mm Δ H1 - H2 = 9 G 18,1 - 23,6 Esteban et al., 2006a
Peuplier NS MS : 0,2 - 1,2 13 NS N 20,0 - 75,0 Bergman et al., 2005
Peuplier NS MS : 0,2 - 1,2 10 NS N 10,0 - 30,0 Bergman et al., 2005
Haricot NS Gd : 1 10-18 NS NS 27,0 - 64,0 Laskowsky et al., 1999
Pois NS Gd : 1 10-18 NS NS 23,0 - 50,0 Laskowsky et al., 1999
Lupin NS Gd : 1 10-18 NS NS 70,0 - 144,0 Laskowsky et al., 1999
Vesce NS Gd : 1 10-18 NS NS 15,0 - 36,0 Laskowsky et al., 1999
Maïs NS GM : 0,49 - 0,51 NS NS NS 10,0 - 12,4 Vigneault et al., 1992
Chips de pin 8 Gd : 3 ; 4 ; 6 10 - 15 8,6 - 9,3 G 36,0 - 53,0 Esteban et al., 2006b
PSD : distribution granulométrique — article size distribution ; H : humidité — moisture content ; P : mesure de l’énergie
relative à — energy measurement related to ; En Sp : quelques données de la littérature — data from litterature ; indice 1 :
alimentation — feed ; indice 2 : produit — product ; GM : moyenne géométrique — geometric mean ; Gd : grille — grid ; Q50 : quantile
50 — quantile 50 ; Q95 : quantile 95 — quantile 95 ; MS : moyenne — mean ; N : biomasse nette — net biomass ; G : circuit de
broyage global — global milling circuit ; NS : non spécifié — not specified.

utilisé influence lui aussi la consommation énergétique du broyage de bois sec et humide avec celles du
du broyage. bois torréfié, dans un broyeur à couteaux. Selon la
Laskowski et al. (1997 ; 1998 ; 1999) font la relation granulométrie (dimension moyenne des particules de
entre le comportement de grains en compression et 0,2 à 1,2 mm), le broyage de bois anhydre consomme
les consommations énergétiques d’un broyeur de de 10 à 30 kWh.t-1, tandis que le bois un peu plus
laboratoire. La faible taille des échantillons utilisés humide nécessite une gamme de consommation de 20
pour le broyage et le nombre important de variables à 75 kWh.t-1, pour la même gamme de granulométrie.
prises en compte dans le modèle de régression rendent Ces mesures mettent en outre en évidence une tendance
les résultats de ces études difficilement utilisables en nette à de plus fortes consommations énergétiques pour
pratique. Cependant, ces travaux mettent clairement les broyages les plus fins. Le broyage de bois torréfié
en évidence l’influence de l’humidité et de la matière demande, pour sa part, moins d’énergie que le bois
broyée sur la consommation énergétique. Pour une non traité, toujours sous les 10 kWh.t-1, quel que soit
matière donnée, plus le grain est humide, plus élevée le procédé de torréfaction utilisé et la granulométrie du
sera sa consommation énergétique au broyage. produit. Dans ce cas aussi, plus la granulométrie est
Les consommations mesurées s’étendent de 15 à fine, plus le broyage consomme de l’énergie.
144 kWh.t-1. Le broyage du bois a été également étudié par
Dans son étude ayant pour but d’évaluer les Esteban et al. Dans une première étude, concernant
avantages et les inconvénients à combiner torréfaction l’efficacité énergétique d’une chaine de production
du bois avant densification (pelletisation), Bergman de pellets, Esteban et al. (2006b) réalisent des tests
et al. (2005) comparent les consommations énergétiques de broyages. La matière première est constituée de
Broyage de biomasse et produits densifiés 7

plaquettes de rémanents forestiers de pin sylvestre 7,15 mm ; paille de froment : 7,67 mm ; tige de maïs :
conditionnés à une humidité homogène comprise 12,48 mm ; paille d’orge : 20,52 mm). Trois diamètres
entre 10 et 15 % et ayant subi un premier broyage de grille sont utilisés pour le broyage de ces biomasses,
en broyeur à marteaux équipé d’une grille perforée elles sont conditionnées avant broyage à deux niveaux
de maille au diamètre de 8 mm. Cette matière est d’humidité (environ 8 et 12 %). Les consommations
ensuite reprise pour être affinée alternativement à mesurées varient de 11,04 kWh.t-1 à 62,55 kWh.t-1 en
l’aide du même broyeur équipé de grilles de 6, 4 ou fonction des différents facteurs d’influence considérés
3 mm. Les consommations énergétiques globales de ci-dessus. Ces résultats sont illustrés en figure 1.
chaque broyage sont mesurées, elles s’étendent de 29 Sur base de ces données, les auteurs définissent des
à 53 kWh.t-1. relations entre dimension de la grille du broyeur et
Dans une seconde étude, Esteban et al. (2006a) consommation énergétique, elles sont linéaires pour
comparent l’efficacité de différents circuits de broyage, les matières les plus sèches et polynomiales pour le
notamment du point de vue de leur consommation niveau d’humidité le plus élevé.
énergétique. Trois matières aux distributions Mani et al. sont probablement les premiers à
granulométriques très semblables sont testées : des formaliser la relation entre l’énergie consommée et une
chips de peuplier (Q50 : 8 mm), des chips de pin (Q50 : expression de la granulométrie du produit (le diamètre
9,3 mm) et de l’écorce de pin (Q50 : 8,25 mm). Douze de grille), pour du broyage biomasse. Cette publication
circuits de préparation de la matière (en une ou
plusieurs étapes) sont testés avec l’objectif de
PF 8,3
produire des particules utilisables en brûleur 70
à combustibles pulvérisés (Q95 : 1 mm et Q12 : PO 6,9
0,125 mm). Les consommations énergétiques TM 6,2
globales des différentes alternatives sont mesurées 60
PE 8,0
et comparées entre elles. Il faut noter que parmi
PF 12,1
les alternatives testées, peu permettent d’atteindre
énergie consommée (KWh.t-1)

l’objectif granulométrique fixé. Cependant, 50 TM 12,0


la consommation énergétique des différentes PE 12,0
combinaisons matière – process de préparation
varie davantage d’une matière à l’autre que 40
d’un procédé à l’autre. Ainsi, la moyenne des
consommations énergétiques globales de tous les
procédés testés pour le broyage de peuplier est de 30
85,4 kWh.t-1 (avec un écart-type de 4,9 kWh.t-1),
celle relative au chips de pin est de 118,5 kWh.t-1
(l’écart-type est de 6,2 kWh.t-1) et celle de l’écorce
de pin est de 19,7 kWh.t-1 (l’écart-type est de 20
3,9 kWh.t ). D’autre part, les auteurs notent une
-1

forte réduction de l’humidité de la matière due au


broyage, pour les trois matières testées. 10
Mani et al. (2004) étudient les consommations
énergétiques liées au broyage de biomasse. Ces
auteurs considèrent différents facteurs comme 0
ayant une influence possible sur la consommation 0,5 1 1,5 2 2,5 3 3,5
énergétique au broyage. Parmi les propriétés Diamètre de grille (mm)
de la matière, sont citées, la matière elle-même,
l’humidité, la granulométrie (avant et après Figure  1. Consommation énergétique nécessaire au broyage de
broyage), la masse volumique en vrac, la masse différentes biomasses, à deux niveaux d’humidité et trois diamètre
volumique nette. L’installation elle-même peut de grille de broyeur (données d’après Mani et al., 2004) — Energy
avoir une influence également, le type de broyeur consumption needed for biomass milling, at two moisture content
utilisé, ses réglages, le débit d’alimentation, etc. levels, for three hammermill grid diameter (data from Mani et al.,
À l’aide d’un broyeur de petite puissance, 2004).
Mani et al. étudient la consommation énergétique PF : Paille de Froment — Wheat Straw ; PO : Paille d’Orge — Barley
nette du broyage de quatre matières (la paille de Straw ; TM : Tiges de Maïs — Corn Stover ; PE : Panic
froment, la paille d’orge, les tiges de maïs et le érigé — Switchgrass ; ces notations sont suivies de la valeur de
panic érigé) dont la granulométrie est exprimée au l’humidité de la matière — notes are followed by material moisture
moyen de la moyenne géométrique (panic érigé : content value.
8 Biotechnol. Agron. Soc. Environ. 2011 15(2), Temmerman M.

est donc une référence pour de nombreux auteurs et est granulométrique entre l’état initial et final de la matière
même qualifiée de « … probably the best available in est la base même des théories de broyage de l’industrie
the literature … » par Hosseini et al., 2009. Pourtant, minérale. En conséquence, une étude du broyage de
ces résultats soulèvent quelques questions. la biomasse devra prendre en compte cet aspect. Un
Premièrement, pourquoi deux des matières coefficient 3 est donc attribué à ce facteur, quel que
humides consomment-elles moins d’énergie pour le soit le secteur de broyage considéré.
broyage fin humide que pour le sec ? Ces deux valeurs Les broyeurs à marteaux équipés de grilles se prêtent
vont à l’encontre de la tendance dessinée par les autres bien au broyage de la biomasse et constituent donc
mesures qui semblent indiquer que le broyage d’une l’essentiel des données de la littérature. Cette situation
biomasse humide est plus énergivore que celui de la semble conduire la majorité des auteurs à exprimer la
biomasse sèche. Tendance par ailleurs confirmée par granulométrie du produit par la dimension des grilles
Bergman et al. (2005). utilisées pour broyer la matière entrante. Strictement
Ensuite, pourquoi la relation qui semble unir considérées, ces données sont représentatives de
diamètre de grille et consommation énergétique l’énergie consommée avec un diamètre de grille, mais
est-elle linéaire ? Pourtant, les théories du broyage pas d’une granulométrie donnée, même si le diamètre
issues de l’industrie minérale indiquent une tendance des mailles d’une grille influence évidemment la
exponentielle de la consommation énergétique en distribution granulométrique. Ce facteur se voit
fonction de la diminution de la granulométrie de néanmoins attribué le score de 3, pour le broyage de la
produit. Tendance également observée dans Bergman biomasse et des pellets.
et al. (2005) et Esteban et al. (2006b), une partie de L’humidité est probablement le premier facteur
réponse réside probablement dans l’étroitesse de la d’influence additionnel à prendre en compte lorsque
gamme de granulométrie testée. l’utilisation de matières biologiques, de biomasse, est
De plus, il semble réducteur d’estimer la étudiée. Le broyage ne fait pas exception à la règle.
granulométrie du produit sur base du diamètre de grille Peu de données sont pourtant disponibles à ce sujet et
du broyeur. Enfin, pourquoi la granulométrie de départ elles sont parfois contradictoires. Il semble néanmoins
semble-t-elle ne pas influencer la consommation justifié de considérer que plus une matière est humide,
énergétique au broyage ? plus elle consommera d’énergie pour être broyée, a
fortiori si cette énergie est rapportée à la matière sèche
broyée. Pour le broyage de la biomasse et celui des
3. Quelles propriétés de la pellets, le score 3 a donc été attribué.
biomasse pour caractériser son Si la masse volumique en vrac est souvent mesurée
comportement au broyage ? dans les travaux étudiant le broyage, c’est rarement
pour montrer son influence sur la consommation
Le tableau 2 indique, pour chaque facteur d’influence énergétique. C’est davantage son rapport au diamètre
potentiel, son importance au regard des théories du des grilles du broyeur qui est mis en avant. La
broyage de l’industrie minérale et par rapport aux variabilité de la méthode de mesure (Böhm et al.,
informations disponibles à propos du broyage de 2004) rend très aléatoire l’utilisation de cette propriété
biomasse. En fonction de ces deux points de vue, dans un modèle. Le score attribué à cette propriété est
l’importance présumée pour le broyage de la biomasse donc de 1.
et des pellets est hiérarchisée. Des scores sont accordés Aucune information n’est par contre disponible
à chaque propriété, ils s’étendent de 0 à 3, en fonction concernant l’influence dans la masse volumique
de leur importance au regard du broyage. Ils sont unitaire sur le broyage de la biomasse, un score 1 a
fixés de manière empirique en fonction des éléments donc été attribué. Son utilisation dans les modèles de
exposés ci-dessus. simulation de broyage de l’industrie minérale justifie
La matière broyée, son origine, influence le broyage, un score 2 pour ce secteur de broyage, score qui a
elle conduit à une relation entre consommation influencé celui attribué pour le broyage des pellets.
énergétique et granulométrie qui lui est propre, pour Parmi les autres propriétés physiques et mécaniques
un système donné. Ceci a été montré pour les minerais, de la biomasse qui pourraient être considérées, la
peu pour la biomasse. En effet, le faible nombre de résistance à la compression doit être citée, pour
données publiées et la diversité des critères considérés, avoir été étudiée. Cependant, le nombre de facteurs
pour caractériser la biomasse broyée, pourraient être à prendre en compte pour caractériser la relation qui
la cause de différences attribuées à ce facteur. Par l’unit au broyage rendent cette option très peu réaliste
exemple, la granulométrie de la matière de départ n’est en pratique. Le score 1 a donc été attribué à cette
pas toujours mesurée et lorsqu’elle l’est, son écart par propriété.
rapport à la granulométrie du produit n’est pas pris en Aucune donnée n’est disponible dans la littérature
compte dans l’expression des résultats. Or, cet écart au sujet de l’énergie consommée lors du broyage
Broyage de biomasse et produits densifiés 9

Tableau 2. Estimation du degré d’importance des facteurs d’influence sur la consommation énergétique au broyage pour les
minerais, la biomasse et les pellets — Ranking estimation of factors influencing the milling energy consumption for ores,
biomass and pellets.
Propriété Industrie minérale Broyage de biomasse Broyage des pellets
L’origine / la matière 3 3 3
L’humidité 0 3 3
La masse volumique en vrac 1 1 1
La masse volumique unitaire 2 1 2
Granulométrie de l’alimentation 3 1 3
Granulométrie du produit 3 3 3
Résistance à la compression 0 1 1
La durabilité NA NA 3
Granulométrie des constituants des pellets NA NA 3
Type de broyeur 1 1 1
Type de grille 1 3 3
Débit d’alimentation 1 1 1
0,1, 2, 3 : score (sans unité) indiquant un degré croissant d’influence sur la consommation énergétique du broyage — score
(dimensionless) indicating an increasing influence of the parameter on the milling energy consumption ; NA : sans objet — 
not applicable.

de pellets. Il est probable qu’elle soit influencée par Reste l’influence du circuit de broyage dont il n’est
les mêmes facteurs que le broyage de la biomasse. pas aisé de s’affranchir, pourtant l’industrie minérale
Cependant, des propriétés propres aux pellets de caractérise les matières qu’elle traite sans tenir compte
biocombustibles sont à prendre en considération, la de ce facteur. La caractérisation de la matière est faite
durabilité et la granulométrie des consistants, toutes à partir d’une méthode de mesure stricte et clairement
deux reprises dans le cahier des charges des principaux définie (index de Bond, par exemple), utilisant un
utilisateurs de pellets en centrale. modèle réduit des broyeurs utilisés en industrie. La
Avant utilisation en centrale, les constituants des relation entre les données mesurées au laboratoire et
pellets subissent une ultime réduction granulométrique. en industrie est faite grâce à l’utilisation de facteurs
Cette réduction est probablement très consommatrice correctifs. D’après la littérature, le circuit de broyage
d’énergie au regard de celle qui pourrait être exprimée de la biomasse influence assez peu la consommation
à partir de la durabilité. En effet, la cohésion de la énergétique du broyage, s’il est comparé au facteur
matière au sein des particules constitutives des pellets matière par exemple, un score 1 a donc été attribué à
est vraisemblablement supérieure à la cohésion entre ce paramètre.
ces particules. Ces deux propriétés se sont donc vues
attribuer un score 3.
Le dernier facteur d’influence de la consommation 4. Conclusion
énergétique d’un broyage, c’est le circuit de broyage
lui-même. Trois facteurs principaux sont ici à prendre Le gouffre entre les lois énergétiques de broyage
en compte : le type de broyeur ou de broyage, le débit des matières minérales et l’état des connaissances
d’alimentation et enfin la dimension des mailles de concernant la biomasse à ce sujet est flagrant. La
criblage utilisée. Ce dernier point a été abordé lors de mise en pratique de ces lois, certes empiriques,
la discussion de l’influence de la granulométrie. Son semble quotidienne dans l’industrie minière, alors
influence est manifeste et justifie le score 3. Idéalement, que les utilisateurs de biomasse peinent à évaluer la
une relation entre la grille utilisée et la granulométrie granulométrie de l’alimentation et du produit, pour les
produite est à identifier. relier à l’énergie qui aura été consommée par le broyage
Le débit d’alimentation d’un broyeur influence de quelques matières particulières, principalement
probablement le rendement du broyage. Cependant, le agricoles.
fait de rapporter la consommation à la masse de matière Même si sa théorie a été souvent remise en
broyée, du moins si le broyeur est utilisé à son débit question, il demeure que la loi de Bond est un standard
optimum, clarifie l’influence réelle de ce paramètre. de l’industrie minérale. Vraisemblablement, cela est-il
Un score 1 a donc été attribué. dû au nombre de matières caractérisées par l’auteur
10 Biotechnol. Agron. Soc. Environ. 2011 15(2), Temmerman M.

qui, aujourd’hui encore, offre une référence aux nouvelles installations de broyage ou comparer entre
praticiens des industries minérales ? Son application, elles des installations existantes.
à la lettre, au broyage de la biomasse n’est sans doute L’objectif du développement de cette méthode
pas souhaitable, ne fut-ce que parce que le broyeur est donc de fournir aux praticiens de la biomasse des
utilisé pour déterminer le « Work index » de Bond est valeurs de référence, comparables à celles disponibles
un broyeur à boulets qui n’est pas adapté au broyage de dans les industries minérales. Pour ce faire, l’utilisation
la biomasse. La notoriété de la loi de Bond cache ses d’un appareillage à l’échelle laboratoire semble la
évolutions ultérieures, en particulier l’unification avec plus avantageuse. Elle permettra, plus aisément qu’en
les lois de Von Rittinger et Kick. Mais au final, il reste production, la caractérisation d’un grand nombre de
un principe, simple, basé sur très peu de paramètres : matière. De plus, un équipement à petite échelle offre
la matière, sa granulométrie avant et après broyage, suffisamment de souplesse pour réaliser le nombre de
une consommation énergétique et une relation qui les mesures nécessaires à l’identification de l’influence
unifie. de l’état granulométrique sur la consommation.
La simulation, utilisant une approche de type bilan Enfin, le principe de fonctionnement de ce broyeur
de population, s’intéresse moins à la consommation devra être similaire à ceux utilisés en pratique : un
énergétique liée au broyage qu’à la prévision de la broyeur à marteaux de petite puissance, aux grilles
granulométrie qui sera obtenue à l’issue d’un broyage. interchangeables à mailles de diamètres différents,
Ces modèles sont, par ailleurs, généralement conçus équipé d’un dispositif de mesure de la consommation
pour décrire un procédé existant et pouvoir simuler, électrique et d’un dispositif de récolte de la matière
valider ou invalider des options de ce procédé. Cette broyée.
approche est donc prématurée pour caractériser le Les facteurs d’influence identifiés et retenus au
broyage de biomasse. regard de la consommation énergétique au broyage de
La consommation énergétique du broyage des la biomasse sont la matière elle-même, la granulométrie
pellets lors de leur utilisation en centrale électrique de la matière à broyer, la granulométrie du produit,
semble n’avoir encore fait l’objet d’aucune publication. l’humidité avant et après broyage.
Plus globalement, ce sont les données relatives à la L’objet de cette étude est aussi le broyage des
consommation énergétique du broyage de la biomasse pellets et si le broyage de la biomasse, en général, est
qui sont rares. Elles suffisent cependant à montrer tant décrit dans ce qui précède, c’est d’une part par
que la gamme de consommation engendrée par cette manque d’études relatives au broyage des pellets eux-
opération est vaste et qu’une formulation globale du mêmes et d’autre part, parce que les enseignements
procédé est souhaitable, du point de vue technique, tirés de l’étude du broyage de la biomasse seront utiles
mais aussi, économique. Car, actuellement, les données à celle du broyage des pellets. Vraisemblablement,
publiées sont, dans leur grande majorité, relatives à des des propriétés supplémentaires, propres à ces
campagnes de mesures réalisées sur des situations et biocombustibles particuliers, seront à prendre en
des circuits de broyage particuliers. compte : la masse volumique unitaire, la durabilité et
Les données existantes sont donc difficiles à la granulométrie des constituants des pellets.
exploiter et à globaliser. De plus, le nombre de
matières testées reste limité et certains résultats Remerciements
sont parfois contradictoires ou vont à l’encontre des
théories générales du broyage. Au-delà de la diversité L’auteur remercie le Centre Technologique International de
des matériaux d’origine biologique, ce manque la Terre et de la Pierre à Tournai (Belgique) pour l’accueil
d’homogénéité des résultats doit aussi être recherché chaleureux qu’il y a reçu auprès de ses experts et pour
dans les multiples méthodes utilisées pour caractériser l’accès qui lui a été donné à la bibliothèque et à la mine
la matière première, les produits et la consommation d’informations sur le broyage dont dispose ce centre.
au broyage.
L’analyse de la littérature disponible met aussi en Bibliographie
lumière la nécessité d’une méthode de référence pour
la mesure de la broyabilité de la biomasse. Méthode Ahmadi R. & Shahsavari Sh., 2009. Procedure for
qui, idéalement, serait indépendante du système de determination of ball Bond work index in the commercial
broyage. Or, même dans la diversité des méthodes operations. Miner. Eng., 22, 104-106.
développées par les industries minérales, rares sont Arias B. et al., 2008. Influence of torrefaction on the
celles qui parviennent totalement à s’affranchir de cette grindability and reactivity of woody biomass. Fuel
influence. Et lorsqu’elles y parviennent, les données Process. Technol., 89(2), 169-175.
obtenues s’éloignent de la réalité du terrain. Cependant, Austin L.G., 2004. A preliminary simulation model for fine
ces valeurs sont utilisées comme référence et donnent grinding in high speed hammer mills. Powder Technol.,
des indications utilisables pour dimensionner de 143-144, 240-250.
Broyage de biomasse et produits densifiés 11

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