Article DR Adassé CHIAPO Rige
Article DR Adassé CHIAPO Rige
Article DR Adassé CHIAPO Rige
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Résumé
L’agriculture contractuelle est utilisée dans le secteur rizicole ivoirien dans un contexte de
déficit de l’offre intérieur de riz paddy malgré les potentialités en ressources. L’objectif de
l’étude est d’analyser l’efficacité technique de cette forme d’organisation des échanges de riz
paddy dans le pôle de Yamoussoukro (Côte d’Ivoire). Le modèle frontière de production
stochastique, intégrant l’inverse du ratio de Mills est utilisé pour analyser les données
primaires colletées auprès de 202 riziculteurs dont 104 contractants et 98 non contractants.
Les résultats indiquent que les riziculteurs contractants sont indifféremment efficaces avec ou
sans les contrats. Par ailleurs, les contrats assurant l’accès aux intrants et au marché du riz
paddy sont plus efficaces que ceux assurant uniquement l’accès aux intrants. La politique
rizicole doit favoriser les relations contractuelles stables.
Mots clés : agriculture contractuelle, riz, modèle de sélection, frontière stochastique, efficacité
technique
JEL Codes : C35, L14, Q12
Abstract
Effect of contract farming on technical efficiency of rice farmers within the pole of
Yamoussoukro (Ivory Coast)
Contract farming is used in the Ivorian rice sector in a context of deficit in domestic supply of
paddy rice; despite potential resources. Aim of this study is to technical efficiency of this
form of organization of paddy rice trade in the Yamoussoukro pole (Ivory Coast). The
stochastic production frontier model, integrating the inverse Mills ratio, is used to analyze
primary data collected from 202 rice farmers including 104 with contract and, 98 others
without contract. The results indicate that rice farmers with contract are also effective with or
without contracts. Furthermore, contracts providing access to inputs and paddy rice market
are more effective than those providing only access to inputs. It is necessary that the rice
policy promotes stable contractual relationships.
Keywords: contract farming, rice, model selection, stochastic frontier, technical efficiency.
JEL Codes : C35, L14, Q12
1
Introduction
La Côte d’Ivoire est un pays de l’Afrique de l’Ouest dont l’économie repose sur l’agriculture.
Selon les données publiées dans le document Programme National de Développement,
l’agriculture et le secteur agro-industriel occupent deux tiers de la population active,
contribuent pour 30% au Produit Intérieur Brut (PIB) et pour 40% aux recettes d’exportation.
La performance de l’agriculture est tirée à la fois par les cultures d’exportation dominées par
le binôme café-cacao mais également par les cultures vivrières. Ces dernières, notamment le
riz, représentent une importante source d’augmentation du revenu agricole, contribuent à la
réduction de la pauvreté rurale et à la sécurité alimentaire des ivoiriens (Ministère de
l’agriculture, 2012).
Le riz occupe une place importante dans la politique ivoirienne de sécurité alimentaire et, à
cause de sa forte demande intérieure. En Côte d’Ivoire, le riz est devenu l’aliment principal de
la population ivoirienne. Sa consommation moyenne par habitant et par an est passée de 39 kg
dans les années 60 à 63kg en 2012 (Ministère de l’agriculture, 2012).
Sa production de riz paddy est favorisée par un environnement climatique adéquat (Ministère
de l’agriculture, 2012) d’une part. Les hauteurs des pluies sur l’étendue du territoire (1 000 à
2 200 mm de pluie) et leur répartition saisonnière favorisent la culture du riz paddy. D’autre
part, des efforts d’investissement sont faits pour aménager les bas-fonds et mettre à la
disposition des riziculteurs des semences à haute rendement. Le BNETD (2008) indique que
sur 362 sites aménagés, 184 sites étaient équipés de barrages. Ces aménagements couvrent
54 457 ha sur une superficie totale aménageable évaluée à 180 000 ha. La variété de semence
vulgarisée (Wita 9) peut produire jusqu’à 10 tonnes/ha.
Ainsi, la production ivoirienne de riz paddy est en hausse continue depuis les années
d’indépendances. Elle est passée de 621 805 tonnes en 2000 à 2 053 520 tonnes en 2014 selon
les données de la FAO (2015); soit une moyenne annuelle supérieure à 800 000 tonnes au
cours de la même période. Parallèlement, on assiste à une augmentation des superficies.
Celles-ci sont passées sur la période de 2000 à 2014 de 341 466 hectares à 845 580 hectares
selon les données de la FAO (2015). Toutefois, les rendements sont restés faibles. Sur la
même période le rendement moyen est de 2,1 tonnes, inférieur au rendement attendu situé
entre 3 et 5 tonnes à l’hectare selon les variétés. Certains auteurs tel comme Nuama (2010)
2
impute cette faiblesse à l’inadéquation des incitations à la production d’une part. D’autre part,
elle est liée au manque d’efficacité des riziculteurs.
Parallèlement, la population ivoirienne s’est accrue à un taux moyen de 3% par an ; ce qui
correspond à un accroissement de la demande intérieure en riz. Cette demande n’arrive pas à
être couverte par la production intérieure. Par conséquent, l’on recourt aux importations pour
satisfaire plus de 50% des besoins alimentaires en riz blanchi (Ministère de l’agriculture,
2012). En outre, la crise alimentaire de 2008 va exacerber la situation. L’Etat ivoirien,
conformément aux engagements régionaux, s’engage dans une nouvelle politique rizicole
formulé dans un document conceptuel dénommé Stratégie Nationale du Développement de la
Riziculture (SNDR). L’une des stratégies majeures envisagées par l’Etat pour accroitre la
production de riz paddy est d’encourager la contractualisation entre acteurs.
Cette forme d’organisation des échanges a toujours existé dans le sous-secteur riz.
L’observation du sous-secteur rizicole dans le pôle de Yamoussoukro indique qu’il y a la
production rizicole sous contrat et celle sans contrat. Les contrats sont signés avec diverses
entreprises et offrent diverses incitations aux riziculteurs. Par exemple, les contrats avec
structures privées donnent accès à l’information, à la formation sur le processus de
production, aux facteurs de production et au marché de riz paddy. Les contrats avec structures
publiques, en revanche, donnent seulement accès aux intrants et aux services d’encadrement
et de vulgarisation. Toutefois très peu d’études ont mis en évidence l’efficacité technique de
ces contrats rizicoles en Côte d’Ivoire ; de sorte à aider les pouvoirs publics dans leur choix de
politique agricole.
3
ou sans les contrats. D’autre part, les contrats assurant l’accès aux intrants et au marché du riz
paddy sont plus efficaces que ceux assurant uniquement l’accès aux intrants.
La suite de l’article présente une revue sur l’efficacité technique de l’agriculture contractuelle,
la méthodologie utilisée et les résultats et discussions.
Pour les théories des contrats, l’agriculture contractuelle est une relation de délégation entre
un principal (entreprise agricole) et un agent (producteur) en présence d’asymétrie
d’informations et de rationalité limitée. Si le producteur accepte de participer à la relation
alors il fournit l’effort pour produire l’extrant spécifié (en termes quantitatifs et qualitatifs).
L’extrant est un produit agricole ou animal (Prowse, 2013 et Catelo et Costales, 2008). En
contrepartie, l’entreprise agricole soutient (ou non) la production et achète (ou pas) la denrée.
L’agriculture contractuelle est ainsi un cadre de déploiement de l’effort. Cet effort est à la
discrétion du producteur. Ce dernier doit s’investir, mobiliser son talent, activer ses savoirs et
savoir-faire pour atteindre un niveau optimal de productivité. La capacité du producteur à
produire le maximum d’extrants possible, à partir du panier d’intrants qu’il détient, est appelé
efficacité technique selon Farrell (1957). Par conséquent, l’agriculture contractuelle détermine
donc l’efficacité technique tel que soutenue par Leibenstein (1978) dans sa théorie de
l’efficience-X. Huil (2014) insiste sur le fait que les motivations internes et externes du
producteur peuvent induire un niveau d’efficacité technique plus élevé. Ainsi, l’agriculture
contractuelle peut être un instrument d’amélioration de l’efficacité technique.
De même, les théories des contrats soulignent la nécessité de recourir aux incitations afin
d’assurer l’efficacité technique de l’agriculture contractuelle. Ces incitations portent à la fois
4
sur les prix (théorie de l’agence) et sur les facteurs non-prix (théorie des coûts de transaction,
théorie des droits de propriété). La théorie de l’agence ou théorie des incitations (Green et
Laffont 1977 et Holmstrom, 1979) invite à utiliser des mécanismes d’incitations par le prix
pour motiver à la participation et au choix de l’effort optimal.
Si sur le plan théorique, l’efficacité des incitations par les prix est discutée ; très peu
d’analyses empiriques mettent en évidence l’efficacité technique des mécanismes des prix. En
effet, la théorie des agences présente des limites pour expliquer empiriquement l’efficacité
technique de l’agriculture contractuelle. Les incitations non-prix proposées par la théorie des
coûts de transaction (Williamson 1979, 1998) sont plus adaptées à l’analyse de l’efficacité
technique de l’agriculture contractuelle. Ces incitations sont relatives à la réduction des coûts
de transaction, à l’accès aux services et intrants, à la valorisation des actifs spécifiques, dans
le cadre de l’agriculture contractuelle, et à la répétition de la relation.
Bijman (2008) et Wu (2014) indiquent que les contrats de longue durée ou répétitif favorisent
des relations stables et incitent à investir dans des actifs spécifiques. Par ailleurs, l’utilisation
des actifs spécifiques, tel que les équipements agricoles, influence l’efficacité technique. Leur
utilisation réduit également le temps de travail. Nuama (2010) puis Balde, Kobayashi, Nohmi,
Ishida, Esham et Tolno (2014), à l’aide d’un modèle frontière de production stochastique,
montrent que l’accès aux services (comme l’information, le crédit agricole et à la
vulgarisation) a un effet positif sur l’efficacité technique. De même, Begum, Alam, Buysse
Frija et Van Huylenbroeck (2012), à l’aide d’un modèle de frontière non paramétrique,
montrent que l’efficacité technique de l’aviculture contractuelle au Bangladesh provient du
fait que les fermiers ont eu accès aux services d’assistance technique, aux facteurs de
production et au crédit de production. Rao, Brümmer et Qaim (2011), à l’aide d’un modèle
frontière de production stochastique, ont indiqué des producteurs Kényans de légumes qui
participent au contrat de commercialisation avec des supermarchés sont plus efficaces.
Malgré l’effet positif de l’agriculture contractuelle sur l’efficacité technique, qui motive
l’intérêt de décideurs politiques nationaux et organisations internationales à promouvoir celle-
ci ; il arrive que les résultats soient mitigés. Les théories des contrats indiquent que
l’agriculture contractuelle peut ne pas influencer positivement l’efficacité technique en raison
du contexte de la relation elle-même.
5
Wu (2014) insiste sur les caractères relationnels et incomplets de l’agriculture contractuelle
qui impliquent qu'au moins une partie au contrat a, ex post, une latitude discrétionnaire.
L’agriculture contractuelle peut donner lieu à des paiements tardifs et partiels de la part de
l’entreprise (Eaton et Shepherd, 2002). Les entreprises peuvent manipuler le dispositif
contractuel en raison de leur pouvoir de marché (Eaton et Shepherd, 2002 et Wu, 2014). De
leurs côtés, les producteurs peuvent choisir de vendre hors contrat ou détourner des intrants
fournit dans le cadre du contrat (Prowse, 2013). Cette omniprésence de risques de
contrepartie1 peut induire une absence d’effort optimal (Wu, 2014). De même, l’agriculture
contractuelle peut ne pas être efficace en raison de l’environnement instable de l’agriculture
(volatilité des prix, changement climatique). Par conséquent, les incitations offertes peuvent
ne pas avoir d’effet positif sur l’efficacité technique.
Swain (2008) fut l’un des premiers à mettre en évidence l’inefficacité technique de riziculture
contractuelle à partir d’une étude de cas en Inde. Il montre, à l’aide d’un modèle de frontière
de production stochastique, que les riziculteurs contractants sont moins efficaces malgré ; que
ceux-ci aient accès aux intrants, aux services et au marché du riz paddy. Plus récemment,
Henningsen, Mpeta, Adem et Kuzilwa (2015), à l’aide d’un modèle de frontière de production
stochastique sur données appariées sur fonction de noyau, montrent que les petits producteurs
Tanzaniens de tournesol sont moins efficaces avec le contrat que sans. Ces petits producteurs
avaient accès aux intrants, aux services et au marché du tournesol. Il arrive ainsi que
l’agriculture contractuelle soit inefficace.
En outre, l’agriculture contractuelle peut ne pas avoir d’effet sur l’efficacité technique en
raison du comportement des co-contractants et d’autres variables exogènes. Ce résultat a été
mis en évidence par Bravo-Ureta et Pinheiro (1997) pour les producteurs de la république
Dominicaine, à l’aide d’un modèle frontière non paramétrique, puis, par Saigenji et Zeller
(2009) pour les producteurs thé au Nord-Ouest de Vietnam, à l’aide d’un modèle frontière de
production stochastique. Leurs conclusions indiquent que l’agriculture contractuelle n’a pas
d’effet sur l’efficacité technique des producteurs contractants malgré que ceux-ci aient accès à
l’encadrement.
1
Le risque de contrepartie fait référence au risque qu’une contrepartie à un contrat ne puisse pas respecter ses
engagements jusqu’à la fin l'accord.
6
Il ressort ainsi que la contractualisation constitue un moyen d’incitation des producteurs dans
le cadre d’une relation d’agence. En revanche, l’efficacité technique de l’agriculture
contractuelle n’est pas nécessairement dépendant des incitations offertes. Les services offerts
n’induisent pas nécessairement le choix de l’effort optimal afin d’atteindre un niveau de
productivité maximal. L’efficacité technique de l’agriculture contractuelle est mitigée. Par
ailleurs, la mesure de celle-ci se fait de différente manière. La section suivante présente la
méthodologie de collecte et d’analyse des données.
Les données utilisées pour cette étude proviennent du pôle rizicole de Yamoussoukro. Ce pôle
correspondant à un découpage zonage telle que voulue par la nouvelle politique rizicole. Ce
pôle est situé au Centre de la Côte d’Ivoire à 240 km d’Abidjan. Il s’étend sur une superficie
de 9718 km2 englobant les départements administratifs d’Attiégouakro, Didiévi, Djékanou,
Tiébissou, Toumodi et Yamoussoukro. Le choix de ce pôle repose sur le fait qu’il est le
second grand pôle de production de riz ; il participe pour 24% à la production nationale de riz
paddy après le pôle de Gagnoa. Egalement, des expériences de contractualisation y sont
conduites depuis les années 2000 (Ministère de l’agriculture 2012).
Les données primaires sont collectées, à l’aide d’un questionnaire, auprès d’un échantillon de
205 riziculteurs dont 104 contractants et 101 non contractants ; choisis de façon aléatoire dans
une population de 401 riziculteurs. Ceux-ci cultivent la variété Wita-9 en système irrigué. Le
choix des riziculteurs en système irrigué se justifie par le fait que les entreprises ne
contractualisent qu’avec ce type de riziculteurs. Les entreprises et les riziculteurs minimisent
7
ainsi les risques de production liés à la non-maitrise de l’eau. Un échantillonnage par zone de
production et par périmètre rizicole est réalisé afin de tenir compte de la dispersion spatiale
des riziculteurs. Ainsi les enquêtes sont réalisées dans quatre (4) grandes zones de production
(Yamoussoukro, Didiévi Tiébissou et Toumodi) et sur dix (10) périmètres rizicoles du 18 mai
au 25 septembre 2015.
Une fois obtenue, les données sont appariées afin de trouver le contrefactuel des riziculteurs
contractants. L’appariement est fait sur les variables âge, expérience, distance de la parcelle
par rapport à la route principale et niveau d’instruction comme l’ont utilisé Bravo-Ureta,
Greene et Solis (2012). La méthode d’appariement par score de propension (p-score) est
utilisée. L’appariement est fait sur support commun afin d’éliminer les riziculteurs
contractants dont le score de propension est supérieur au maximum ou inférieur au minimum
du score de propension des riziculteurs non contractants. L’appariement des riziculteurs à
réduire l’échantillon à 202 riziculteurs dont 104 contractants et 98 non contractants. Les
méthodes économétriques implémentées sur ces dernières données sont présentées dans la
sous sections 2.2.
Le cadre analytique des données est implémenté en deux étapes. La première étape permet
d’analyser les déterminants de participation à la riziculture contractuelle (équation de
participation). La seconde étape permet de mesure l’efficacité technique de la riziculture
contractuelle (équation de résultat).
Des différents modèles d’analyse de participation, le modèle économétrique probit est utilisé.
Le choix de ce modèle se fonde sur sa facilité de manipulation à la fois pour estimer les effets
marginaux des variables et pour calculer l’inverse du ratio de Mills qui est introduite dans
l’équation de résultat. Les variables caractérisant les riziculteurs sont « l’âge », le « niveau
d’instruction » et « l’expérience ». La variable de la source de revenu est « activité secondaire
commerce ». Les variables de coûts de transaction sont la « distance entre exploitation et la
route principale » et la « zone de production ». Cette dernière variable est utilisée afin de
mettre en évidence la différence de comportement relative à la zone de production. Le choix
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des variables se fondent sur les analyses de Miyata, Minot et Hu (2009) et de Wainaina,
Okello et Nzuma (2012).
Le niveau d’instruction2 est scindé en quatre sous variables dichotomiques. Le sou variable
Non Scolarise prend la valeur 1 si le riziculteur est non scolarisé et 0 si non. La sous variable
Primaire prend la valeur 1 si le riziculteur a effectué des études primaires et 0 si non. La sous
variable Secondaire premier cycle prend la valeur 1, si le riziculteur a le niveau secondaire
premier cycle (6 en 3ième) et 0 si non. La sous variable secondaire deuxième cycle prend la
valeur 1 si le riziculteur a le niveau secondaire deuxième cycle (2nd à Tle) et 0 si non.
Les analyses de Ramaswami, Birthal et Joshi (2006) ont mis en évidence que les producteurs
moins instruits sont plus susceptibles de participer à l’agriculture contractuelle. Mais celles de
2
En Côte d’Ivoire, les niveaux d’instruction avant le baccalauréat sont divisés en trois cycles. Il y a le cycle
primaire qui part du cours primaire élémentaire (CP1) au cours moyen deuxième année (CM2). Ce cycle dure, en
théorie, 6 ans sans redoublement des classes. Ensuite vient le premier cycle secondaire qui part de la classe de
sixième à la classe de troisième. Ce cycle dure, en théorie, 4 ans. En fin le second cycle secondaire qui part de la
classe de second à la terminale. Ce dernier cycle a une durée théorique de 3 ans. Ces cycles correspondent à
différents niveaux d’aptitudes et de connaissances.
9
Miyata, Minot et Hu (2009) suggèrent que les producteurs qui ont plus d’années d’instruction
(donc plus instruits) sont plus susceptibles de participer à l’agriculture contractuelle au même
titre que les moins instruits. Sagenji (2010) montre que les producteurs Vietnamiens de Thé,
qui ont un niveau d’éducation secondaire sont plus susceptibles de participer au contrat. Ainsi,
l’acquisition des connaissances a une influence controverse sur la participation à l’agriculture
contractuelle. L’effet attendu des variables niveau d’instruction sur la probabilité de
participation est mitigé (+ /-).
La variable Expérience est une variable quantitative qui correspond au nombre d’années de
pratique de la riziculture. Saignenji (2010) indique que les producteurs Vietnamiens de Thé,
plus expérimentés, sont plus susceptibles de participer au contrat. Toutefois, l’effet attendu de
l’expérience sur la probabilité de participation au contrat est mitigé (+/-). En un riziculteur qui
a une longue expérience en riziculture peut avoir vécu une mauvaise et/ou bonne expérience
de contractualisation dans le passé. Cela a un effet sur son comportement actuel face au
contrat et vice versa.
La distance est une variable quantitative exprimée en kilomètre. Elle représente l’écart entre
la parcelle du riziculteur et la route principale. Afin de réduire leurs coûts de recherche
d’acheteurs et de transfert, les riziculteurs dont les parcelles sont éloignées par rapport à la
route principale auront tendance à s’engager dans le contrat. Wainaina, Okello et Nzuma.
(2012) indiquent que les fermiers en bordure de la voie principale ou proche du leader du
groupe sont plus susceptibles de participer au contrat. L’effet attendu est positif (+).
La variable zone de production est scindée en trois sous variables. La sous variable « zone de
production Didievi » prend la valeur 1 si le riziculteur produit à Didievi et 0 si non. La sous
variable « zone de production Tiébissou » prend la valeur 1 si le riziculteur produit à
Tiébissou et 0 si non. La variable « zone de production Toumodi » prend la valeur 1 si le
riziculteur produit à Toumodi et 0 si non. Il s’agit d’apprécier la participation au contrat à
travers la zone de production qui représente également un marché.
Dans le pôle rizicole de Yamoussoukro, le marché le plus important, en termes de taille, est
celui de Yamoussoukro. Les opportunités y sont plus grandes que dans les autres zones de
production. Les entreprises et les commerçants y sont plus implantés. Afin de réduire les
risques de non accès aux facteurs de production et au marché, les riziculteurs sis à Didievi,
10
Tiébissou et Toumodi auront tendance à participer au contrat que les riziculteurs sis à
Yamoussoukro.
L’effet attendu de la zone de production Didiévi sur la probabilité de participation est positif
(+). L’effet attendu de ces variables sur la probabilité de participation est mitigé (+ /-) pour les
autres zones car elles sont faciles d’accès (à proximité du bitume) et quelques acheteurs y sont
présents.
La variable de la source de revenu est « activité secondaire commerce ». Cette variable prend
la valeur 1 si le riziculteur réalise une autre activité commerciale et 0 si non. D’une part, si le
riziculteur connait les mécanismes du marché, il peut participer au contrat pour accéder aux
intrants. D’une part, le riziculteur qui réalise une activité commerciale est moins averse aux
risques car il a une autre source de revenu. De ce fait, il peut ne pas souhaiter participer au
contrat. L’effet attendu est mitigé (+/ -).
Le test de choix de la forme fonctionnelle suggérés par Coelli, Rao, O’Donnell et Battese
(2005) permet de choisir la forme fonctionnelle Cobb-Douglas comme la plus appropriée pour
modéliser la relation. Les coefficients dans les estimations sont interprétés comme des
élasticités de la production par rapport aux facteurs de production. En outre, les variables pour
l’estimation de la fonction de production stochastique sont la superficie, la quantité de
fertilisants, la quantité d’herbicides, la valeur monétaire du capital fixe et la quantité de main
d’œuvre.
11
ln ( Y i ) =β 0+ β1 ln ( ¿i ) + β 2 ln ( MO i ) + β 3 ln ( Fert i ) + β 4 ln ( Herbi ) + β 5 ln ( Capi ) + δ 1 Contrat+ δ 2 Imr + v i−ui
(2)
Les amortissements sont linéaires au taux de 10% comme l’a suggéré Nuama (2010) dans le
cas de la riziculture en Côte d’Ivoire. Le signe attendu est positif (+). La variable quantité de
travail est annotée MO. Le temps total des travaux des hommes, des femmes et des enfants
relatifs aux différentes opérations culturales représente le temps total de travail de la main
d’œuvre évaluée en hommes jours. Le temps de travail des femmes et des enfants a été
converti selon les normes de la FAO en hommes jours équivalents (H/jr). Le signe attendu est
positif.
vi est le terme d’erreur et ui l’inefficacité technique. Les β i sont des paramètres à estimer.
Selon nos hypothèses, les signes des coefficients β i relatifs aux facteurs individuels sont
positifs.
La variable « Contrat » est la variable d’intérêt. Elle est subdivisée en trois sous variables afin
de tenir compte de l’effet spécifique de la participation à chaque type de contrat (Contrat
privée, Contrat public, Contrat particulier). Cette variable est une variable Dummy qui prend
la valeur 1 pour les riziculteurs contractants et 0 pour les riziculteurs non contractants. Le
coefficient δ 1 i représente la différence d’efficacité entre les riziculteurs contractants et les non
contractants. Leurs signes permettent d’apprécier le sens de l’effet de la contractualisation sur
l’efficacité technique. Seuls les sens et le niveau de significativité intéressent l’analyse. Un
signe positif et significatif suggère que les contractants sont plus efficaces avec le contrat.
12
Les résidus du modèle probit servent à calculer le l’inverse du ratio de Mills (Imr). Cette
variable est ensuite intégrée dans un modèle frontière de production stochastique. Le
coefficient δ 2 associé à l’Imr peut être interprété comme la part des caractéristiques non
observées corrélées avec l’inefficacité technique. Son interprétation n’a d’intérêt que par
rapport à son niveau de significativité. S’il est non significatif alors les autres variables
explicatives du modèle sont exemptes des biais causés par les facteurs non pris en compte
dans le modèle initial. Les résultats obtenus à l’aide de ces modèles économétriques sont
présentés et discutés dans la section suivante.
3. Résultats et discussions
Cette section présente dans la première sous-section les caractéristiques des contrats, des
riziculteurs et des facteurs de production. La seconde sous-section traite de la participation
des riziculteurs aux contrats. Dans la dernière sous-section, l’efficacité de la riziculture
contractuelle est analysée et discutée.
Ces entreprises privées et projets étatiques fournissent des intrants agricoles et des services
aux riziculteurs, à divers coûts. Les prix contractuels des herbicides varient de 4500 à 6500
FCFA le litre selon le type. Ceux des engrais (NPK) vont de 306 à 310 FCFA le
kilogramme et ceux de l’Urée varient entre 270 et 280. Le prix contractuel du kilogramme de
semences oscille entre 550 et 600 FCFA. Par ailleurs, les entreprises et projets étatiques
proposent d’autres services (Labour, Semis, récolte, Battage et vannage) à coûts variables.
13
Le prix contractuel du kilogramme de riz paddy est-il de 150 FCFA alors que le prix hors
contrat oscille entre 150 et 280 FCFA sur le marché spot, soit une différence de prix
atteignant 130 FCFA/kg des fois. Selon les clauses du contrat, le riz paddy doit être livré à un
taux d’humidité compris entre 12 et 14% au maximum et sans impureté. Ex post, cette qualité
est contrôlée lors de l’achat du riz paddy. En cas d’impureté (présence de corps étrangers dans
le riz paddy), le contrat prévoit un malus de 8% sur la quantité échangée. Les paiements au
riziculteur se font via ou non son organisation dans un délai de 30 jours calendaires après
l’enlèvement du riz paddy.
Les seconds types d’acteurs sont les fournisseurs de services d’encadrement. Les projets
étatiques engagent également des coûts d’agence pour inciter les riziculteurs à la relation.
Pour ce faire, ils contractualisent avec l’Agence Nationale d’Appui au Développement Rural
(ANADER) pour assurer l’encadrement la vulgarisation auprès des riziculteurs contractants.
Dans les contrats des entreprises privées, cette tâche est confiée à l’organisation à laquelle
appartient le riziculteur.
Les troisièmes types d’acteurs sont les producteurs de riz paddy qui regroupent les riziculteurs
et leurs organisations. Les coopératives participent également au schéma des contrats. Elles
passent des contrats qu’elles sous exécutent avec des membres choisis. Le choix des
riziculteurs qui participent à la production se fait selon des critères propres aux coopératives 3.
Aucun contrat formel n’est signé entre le responsable de la coopérative et le riziculteur choisi.
Les riziculteurs sélectionnés sont suivis et encadrés par l’entreprise privée.
Les riziculteurs sont à majorité des hommes (91%) d’une moyenne d’âge de 45 ans. Ils
cumulent plus de 14 ans d’expérience dans la riziculture. Les parcelles rizicoles, dont les
superficies oscillent entre 0,12 et 8ha, sont situées en moyenne à 1,19 km de la route
principale. En moyenne, les parcelles des riziculteurs non contractants sont significativement
plus éloignées de la route principale que celles des riziculteurs contractants. En outre, la
majorité (57,07%) des riziculteurs est scolarisée. Parmi les riziculteurs de niveau d’instruction
du premier cycle du secondaire, la proportion de riziculteurs contractants est significativement
plus importante que celle des non contractants. Enfin, une minorité (20,9%) de riziculteurs
3
Par exemple, la coopérative des producteurs de riz (COOPRORIZ) de Yamoussoukro utilise comme critères
objectifs de sélection le niveau de performance et la bonne exécution d’un contrat antérieur. Le niveau de
performance fait référence à la production effective de riz paddy par rapport au niveau de production contracté.
La bonne exécution se réfère au respect des engagements pris.
14
réalise une activité commerciale comme activité secondaire qui procure un revenu
additionnel. Le tableau 1 donne les détails des caractéristiques des riziculteurs.
Par ailleurs, la production moyenne de riz paddy est de 3,57 tonnes sur une superficie
moyenne de 1,05 ha. Ce qui donne un rendement moyen de 3,4 tonnes à l’hectare. Ce
rendement moyen est en dessous du rendement moyen (5tonnes/ha) de la variété Wita 9. Les
riziculteurs non contractants sont plus productifs à l’hectare que les contractants. La
différence de rendement est de 358 kg par hectare. La comparaison des niveaux des facteurs
de production indique que les riziculteurs contractants consomment plus de facteurs mais sont
moins productifs. Les riziculteurs non contractants sont plus productifs et moins
consommateurs de ressources. Le tableau 2 indique les détails des différences de
consommation en facteurs de production.
Le contrat rizicole aborde également les questions de partage des droits de décision et partage
de risque. Les droits de décision sur le système de production (choix du site, calendrier
agricole) et sur la récolte sont partagés entre le riziculteur ou la coopérative et l’entreprise. Le
contrat mentionne que 20% de la production de riz paddy revient au riziculteur sans être
indexés par les frais de remboursement. Cette partie est destinée à l’autoconsommation ; elle
représente selon les contractants une contribution à la sécurité alimentaire de la famille du
riziculteur. Le reste de la récolte (soit 80%) doit nécessairement être vendu l’entreprise
contractante.
15
Tableau 1 : Caractéristiques des riziculteurs du pôle de Yamoussoukro
Ensemble Contractants Non Différence
des Contractants
riziculteurs
Variables P=1 P=0 (0 – 1)
N=202 N=104 N=98
Age (ans) 45,41 46,39 44,41 -2,027
Expérience (années) 14,17 14,61 13,69 -0,92
Distance (km) 1,15 0,93 1,38 0,44 ***
Genre (%) 4,4
Féminin 9,4 11,54 7,15
Masculin 90,6 88,46 92,85
Niveau d'instruction (%)
Non Scolarisés 43,56 43,27 43,88 -0,6
Primaire 11,56 22,11 33,67 11,5*
er
Secondaire 1 Cycle 19,8 27,88 11,22 - 17 ***
nd
Secondaire 2 Cycle 6,0 4,8 7,1 2,3
Supérieure 2,9 1,9 4,1 2,2
Autre activité commerciale (%) -12,64**
Réalise 20,79 26,92 14,29
Ne réalise pas 79,21 73,08 85,71
*** Significatif à 1% ** Significatif à 5% * Significatif à 10%
Source : Auteur, estimation sous la base des données d’enquête de la campagne rizicole 2015
16
Le modèle prédit à 71,2% la participation à la riziculture contractuelle. Ce taux est inférieur à
celui Sokchea et Culas (2015). Aussi, le test de Wald indique-t-il un Chi 2 (à 12 degrés de
liberté) de 56,37 hautement significatif. Tous ces tests de spécification du modèle probit
indiquent que celui-ci est hautement significatif. La participation à la riziculture contractuelle
dans le pôle de Yamoussoukro est expliquée par le niveau d’instruction secondaire premier
cycle, l’expérience du riziculteur, la distance de la parcelle par rapport à la route principale et
la zone de production.
17
Le troisième groupe de variable « zone de production » vient confirmer l’influence des coûts
de transactions sur la décision de participation au contrat. Les riziculteurs de Didiévi sont
plus susceptibles de participer au contrat que ceux de Yamoussoukro. Le fait de provenir de
Didievi augmente la probabilité de participation de 31%. Contrairement aux autres zones de
production du pôle de Yamoussoukro, la zone de Didiévi est difficile d’accès. Elle est
enclavée, les infrastructures routières sont dégradées ou parfois inexistantes. Par conséquent,
les riziculteurs de Didiévi éprouvent des difficultés à accéder aux marchés des facteurs de
production de qualité et au marché de riz paddy en raison du coût d’accès. Ces résultats
suggèrent que les infrastructures routières jouent un rôle important dans la décision des
producteurs à participer à l’agriculture contractuelle. Le tableau 3 présente les détails des
résultats du modèle économétrique de la participation à la riziculture contractuelle.
18
On retient que les riziculteurs participent au contrat afin de réduire leur coût de transactions.
Si les incitations sont alignées sur leurs souhaits, ils fournissent l’effort nécessaire pour
atteindre le niveau optimal d’efficacité. La sous-section 3.3 présente l’efficacité technique de
la riziculture contractuelle.
L’analyse du score d’efficacité technique indique qu’il est de 64% pour l’ensemble des
riziculteurs. Celui des riziculteurs contractants est de 63,4% ; moindre que le score
d’efficacité des riziculteurs non contractants (64,5%). Les riziculteurs opèrent en dessous de
leur capacité. Ils peuvent encore accroitre la production de riz paddy avec les intrants et la
technologie dont ils disposent. Ces résultats sont en dessous de ceux de Nuama (2010) et de
Konan, Akanvou, N’Cho, Arouna, Eddy et Kouakou (2014). Dans leur cas le score
d’efficacité moyen est respectivement de 73% et de 71%. Les résultats du modèle frontière
indiquent que l’inefficacité des riziculteurs est également liée à des facteurs exogènes (hors du
contrôle des riziculteurs) au regard de la valeur de σ u =0,65et de celle de λ=2,24; toutes
hautement significatives à 1%.
Les facteurs de production ont un effet positif sur l’efficacité technique des riziculteurs sauf
dans le cas des riziculteurs non contractants où l’effet de l’herbicide et du capital fixe est
négatif.
Par ailleurs, les riziculteurs du pôle de Yamoussoukro opèrent à rendement d’échelle croissant
(1,31 hors coefficient de la variable contrat et Imr) contrairement aux résultats de Nuama
(2010) et de Konan, Akanvou, N’Cho, Arouna, Eddy et Kouakou (2014). Dans leurs cas, les
riziculteurs des zones Nord (Korhogo et Boundiali), Est, Centre-Est et Sud-Ouest de la Côte
d’Ivoire opèrent à rendement d’échelle décroissant. Ce résultat suggère qu’une augmentation
de la quantité des intrants va entrainer une augmentation plus que proportionnelle de la
production de riz paddy dans pôle de Yamoussoukro ; contrairement aux autres régions où la
production baisse.
L’effet marginal de la superficie sur l’efficacité technique est significatif et plus élevé dans les
trois (3) estimations. Ce résultat suggère que les riziculteurs peuvent accroitre leur efficacité
19
technique par l’accroissement des superficies. En effet, l’augmentation d’une unité des
superficies accroit de 47% la production de riz paddy des riziculteurs contractants moindre
que chez les riziculteurs non contractants. Chez ces derniers, l’augmentation de la production
de riz paddy est de 72%. Dans l’ensemble, l’augmentation d’une unité de superficies accroit
de 57% la production rizicole dans le pôle de Yamoussoukro.
La main d’œuvre a un effet marginal de l’ordre de 35,8% sur la production de riz paddy. Ce
résultat suggère qu’une augmentation des quantités d’hommes/jour d’une unité entraîne une
augmentation de la production de paddy de 35,8%. Ce résultat est observé également par
Nuama (2010) chez les riziculteurs de l’Est, du Centre-Est et du Sud-Ouest de la Côte
d’Ivoire.
L’effet global de la riziculture contractuelle sur l’efficacité technique est neutre. Ce résultat
indique que les riziculteurs contractants sont indifféremment efficaces avec ou sans les
contrats. Autrement, la riziculture contractuelle n’a pas d’effet sur l’efficacité technique des
riziculteurs contractants ; ce qui rejoint les conclusions de Bravo-Ureta et Pinheiro (1997) et
Saigenji et Zeller (2009). Aussi ce résultat suggère que l’accès aux intrants, aux services
d’encadrement et au marché du produit ne suffisent pas pour inciter à un effort optimal qui
garantit l’efficacité technique de l’agriculture contractuelle. Le tableau 4 présente les résultats
des modèles frontières de production stochastique et l’effet de la riziculture contractuelle sur
l’efficacité technique.
20
σv 0,290*** 0,049 0,310*** 0,059 0,165*** 0,051
λ 2,241*** 0,123 2,14*** 0,151 4,250*** 0,116
Log-vraisemblance - 136,31*** -73,35*** -54,739***
Nombre d'observations 202 104 98
Source : Auteur, estimation sous la base des données d’enquête de la campagne rizicole 2015
L’analyse de l’efficacité technique des contrats spécifiques indique que l’effet des contrats
publics est significativement négatif. Ce résultat suggère que les riziculteurs contractants sont
moins efficaces avec les contrats publics. L’agriculture contractuelle peut être inefficace
comme l’ont constaté Swain (2008) et Henningsen, Mpeta, Adem et Kuzilwa (2015).
Cette inefficacité des contrats publics provient de la faiblesse des incitations offertes
contrairement aux contrats privés. En effet, le contrat public donne accès aux intrants, aux
services d’encadrement et de vulgarisation et pas au marché du produit. La différence entre
contrat public et contrat privé provient de l’accès au marché du riz paddy. Ce résultat suggère
que l’assurance d’un marché du produit est une incitation additionnelle qui peut conduire le
riziculteur à fournir l’effort optimal. Le tableau 5 présente les résultats de l’estimation des
effets des différents contrats sur l’efficacité technique.
Tableau 5 : Paramètres de la fonction de production incluant les différents types de contrats
Variables Coefficients Erreur standard
lnSup 0,574*** 0,080
lnMO 0,384*** 0,092
lnFert 0,159 ** 0,062
lnHerb 0,113 0,073
lnCap 0,081* 0,043
Contrat_privé 0,063 0,108
Contrat_public - 0,195** 0,092
Contrat_particulier 0,046 0, 114
Imr 0,114 0,092
_Constante 4,97*** 0,602
σu 0,663*** 0,081
σv 0,270*** 0,05
λ 2,45*** 0,123
Log-vraisemblance -133,45***
Nombre d'observations 202
Source : Auteur, estimation sous la base des données d’enquête de la campagne rizicole 2015
21
Conclusion
Cette étude avait pour objectif d’analyser l’efficacité technique de la riziculture contractuelle
dans le pôle de Yamoussoukro. Pour ce faire des données ont été collectées auprès de 202
riziculteurs choisis de manière aléatoire. Les modèles économétriques probit et frontière de
production stochastique sont mobilisés pour réalisées les analyses.
On retient au terme des analyses les infrastructures routières favorisent l’adhésion au contrat à
cause probablement du fait que les entreprises agricoles préfèrent travailler avec les
riziculteurs proches de la route principale. Egalement, l’accès aux marchés des produits et des
intrants est une incitation à la participation au contrat. Ce résultat suggère que l’Etat peut
encourager la contractualisation par l’ouverture et l’entretien régulier des pistes rurales.
Par ailleurs, les riziculteurs opèrent en dessous de leur capacité. Ils peuvent encore accroitre la
production de riz paddy avec les intrants et la technologie dont ils disposent, surtout les
superficies irriguées. En effet, un accroissement des superficies a un effet moteur de l’ordre
de 57% sur l’efficacité technique. Ce résultat suggère qu’une politique rizicole doit aider les
riziculteurs à exploiter davantage les périmètres actuellement aménagés. En effet, le taux
d’occupation des périmètres actuellement aménagés et disponibles pour la riziculture irriguée
est de moins de 30%. Le potentiel exploitable est encore énorme.
Par ailleurs, d’un point de vue global, les riziculteurs contractants sont indifféremment
efficaces avec ou sans les contrats. Toutefois, les analyses plus spécifiques indiquent que les
riziculteurs contractants sont moins efficaces avec les contrats publics. Contrairement aux
contrats privés, ceux-ci donnent accès aux intrants, aux services d’encadrement et de
vulgarisation mais pas au marché du produit. L’assurance d’un accès marché du produit joue
un rôle dans l’efficacité technique de l’agriculture contractuelle ; mais elle n’est pas
suffisante.
Ces deux résultats suggèrent que l’accès aux intrants, aux services d’encadrement et au
marché du produit ne suffisent pas pour inciter à un effort optimal qui garantit l’efficacité
technique de l’agriculture contractuelle. L’environnement des contrats doit être stable ; en
évitant les risques de contrepartie. La politique rizicole doit également aider les acteurs à
22
mettre en place des mécanismes de gouvernances qui assurent la stabilité environnementale
des contrats.
En termes d’axe de recherche, il est pertinent d’explorer la question du type de contrat le plus
efficace au regard de différents sous-secteurs agricoles reste également posée. Ceci
permettrait de mieux cerner l’effet des formes d’organisation des échanges sur l’efficacité des
acteurs dans différents secteurs et d’élaborer des politiques sectorielles plus appropriées.
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