Coutume Kabylie
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LES ASSEMBL?ES ALAIN MAH?
VILLAGEOISES
DAIMS LA KABYLIE
CONTEMPORAINE
TRADITIONALISME
RAR EXC?S
DE MODERNIT? i la colonisation subie par ce pays et du volonta
OU JVtODERNISJViE risme de l'administra
politique caract?ristique
PAR EXC?S tion locale depuis l'ind?pendance.
DE TRADITION ?
En effet, les institutions ? traditionnelles ?
cumulaient les condamnations : le ?verdict ?
du tribunal de l'histoire les stigmatisait pour
leur coexistence avec l'administration ?tran
g?re sous le r?gime colonial, et le fait qu'elles
n'aient pas ?t? capables de renverser cet ordre
ou de lui opposer une lutte ouverte suffisait ?
les discr?diter aux yeux de ceux qui poursui
vaient un combat politique moderne. Ces
LES ORGANISATIONS COMMUNAUTAIRES d? derniers ne manquant pas d'invoquer les com
sign?es, ? l'?chelle du Maghreb, par le promissions accept?es par les repr?sentants
terme g?n?rique d'assembl?es (jam?ca-s) traditionnels ainsi que le n?potisme et les
ne sont qu'exceptionnellement l'objet d'?tudes exactions proverbiales des ca?ds et autres
sp?cialis?es, bien que de nombreux travaux chaouchs. Tant et si bien que l'on en arrivait ?
d'histoire, de g?ographie, de sociologie ou consid?rer tout ce que le pays comptait d'ins
ind?pendances maghr?bines dans la c?l?bration du c?l?bre article que J. Favret a consacr? ? deux cas
des traditions et ?tatiques, d'autres
nationales d'insurrection rurale de l'Alg?rie ind?pendante, l'une
dans les Aur?s, l'autre en Kabylie
facteurs ont contribu? ? occulter les traditions [1973].
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ALAINMAM?
180 place dans une Alg?rie ind?pendante, comme une assembl?e informelle de chefs de famille
si l'usage qu'avait essay? d'en faire l'adminis sous la f?rule d'un patriarche ; l?, un ar?opage
tration coloniale les avait d?finitivement composite de repr?sentants de lignages, de
souill?es ? leurs yeux. marabouts, de conseillers et de notables d?li
Les jam?ca-s ont toujours eu ? ren?gocier et b?rant solennellement d'apr?s des proc?dures
? red?finir leurs propres attributions. Histori complexes et rigides.
quement et spatialement, le rapport des forces Pour ce qui concerne l'Alg?rie, il ressort
entre les jam?ca-s et l'Etat ottoman variaient en des travaux consacr?s ? la p?riode coloniale
fonction de nombreux crit?res. Mais il nous que le syst?me mis en place par la France au
importe de souligner que la disparit? des situa rait totalement ?radiqu? les organisations poli
tions locales actuelles ne renvoie pas simple tiques traditionnelles en leur substituant ses
ment ? la diff?rence des rythmes de p?n?tration propres rouages administratifs.
Ainsi, ? la co
- ou postcolonial.
de l'?tat ottoman, colonial lonisation rurale proprement dite et ? la r?pres
C'est dire que la rapidit? plus ou moins grande sion impitoyable des r?voltes tribales qui ont
des transformations induites par l'intrusion de profond?ment corrod? les communaut?s lo
l'?tat ne d?pend pas seulement de sa capacit? cales, les auteurs ajoutent le caract?re sys
ou de sa vocation ? se substituer aux instances t?matique et constant de la politique de
politiques locales. Dans les r?gions rurales o? d?structuration de la soci?t? alg?rienne. C'est
les jam?ca-s ont perdur?, on doit donc se garder dans cette
perspective que les sp?cialistes
d'imputer leurs diff?rences (de statut, de vita abordent les multiples politiques fonci?res et
lit?, de pr?rogatives, de fonctionnement, de administratives : senatus consulte de 1863, loi
composition) ? l'impact qu'ont pu avoir, sur Warnier, code forestier, etc. Il ne s'agit ?vi
ces institutions, les divers ?tats qui se sont suc demment pas pour nous de nier les cons?
c?d? au Maghreb. quences qu'eurent ces mesures sur la soci?t?
Avant m?me l'intervention d'un pouvoir alg?rienne, mais plut?t de relativiser les objec
- remontant de un ? tifs vis?s et les effets obtenus. En fait, si l'exis
ext?rieur de type ?tatique
- les tence d'institutions
plusieurs si?cles, selon les r?gions soci? politiques traditionnelles
t?s rurales maghr?bines pr?sentaient d?j?, pouvait repr?senter un danger pour l'?tat colo
- en
dans leurs organisations politiques locales, nial raison de leur vocation ? impulser et
une vari?t? de situations ? encadrer la r?sistance -
que masque compl? ? la colonisation la
tement le nom jam?ca, berb?ris? en tajmat. disparition compl?te de ces organisations
Mentionnons ? ce titre les cas extr?mes que constituait un danger bien plus grand encore.
constituent la jam?ra la petite unit? de no
de Nul doute que la situation d'anomie qui en au
madisation et la tajmat de gros villages de rait r?sult? aurait abouti ? des d?bordements
Kabylie qui pouvaient regrouper plus d'un sociaux et des
pathologies incontr?lables.
millier d'habitants ? l'?poque de la conqu?te C'est dire qu'il faut bien comprendre qu'au
coloniale. Ici, une institution des plus som del? des objectifs proclam?s d'assimilation de
maires, presque evanescente, et qui se r?sout ? la soci?t? alg?rienne ? la France, l'?tat colonial
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LESASSEMBL?ES DANSLAKABYLIE
VILLAGEOISES CONTEMPORAINE
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ALAINMAH?
jours la justice p?nale de l'?tat s'est largement les individussollicit?s par les assembl?es villa
substitu?e au syst?me vindicatoire et ? la r? geoises pour mettre ces mesures par ?crit fu
pression op?r?e par l'assembl?e villageoise rent toujours des clercs et des marabouts lettr?s
dont le r?le s'est
quasiment restreint aux af en langue arabe. Les q?n?n-s subirent ainsi tra
faires relevant
de la comp?tence d'une muni vestissements et glissements de sens du fait du
cipalit? : l'organisation de la tiwizi (travail passage ? l'?crit et ? une autre langue (du ka
collectif) n?cessaire ? la r?alisation ou ? l'en byle ? l'arabe), et aussi parce que les religieux,
tretien des ouvrages de viabilit? du village - cautionnant une assembl?e de la?cs, avaient
etc. - est la grande tendance les q?n?n-s
? infl?chir selon l'ordre
chemins, voirie, fontaines,
affaire de la tajmat. islamique qu'ils pour vocation
avaient de pro
Si le mot kabyle q?n?n est bien d'origine mouvoir. Que le passage ? l'?crit fut peu cou
grecque (kan?n), il faut se garder de croire rant et que les q?n?n-s soient demeur?s la
gage eccl?siastique de l'?glise romaine, mais de leur origine chr?tienne ; ils s'appellent q?n?n-s.?
avec le sens d?riv? qu'il prit ? l'?poque du [1847 :76]
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LESASSEMBL?ES DANSLAKABYLIE
VILLAGEOISES CONTEMPORAINE
plupart du temps dans la sph?re de l'oralit? publi?s par l'assembl?e. Ceux-ci ignorent au 183
n'implique pas que les injonctions et les sanc tant la comptabilit? de l'honneur que l'intention
tions qu'ils contenaient se soient limit?es ? un criminelle. Ils se bornent ? d?finir le d?lit dans
mode d'existence virtuel et implicite. Certes la plus parfaite objectivit? en pr?cisant ses cir
les r?gles qui inspirent les d?cisions des as constances (vol de nuit, de jour, dans une mai
sembl?es de village forment une ? grammaire son occup?e, inoccup?e, etc.), en d?composant
invisible ?9 ma?tris?e par tous les Kabyles, et la les gestes du criminel ou du d?linquant (a me
plupart des villageois sont capables de r?citer nac? de tuer, mis enjou?, tir? ? blanc, tir? sans
sans ciller le catalogue des d?cisions ponc que joue le chien du fusil, tir? sans toucher) et
tuelles prises par l'assembl?e. Superpos?s ? en assortissant chaque disposition d'une
1'ethos de l'honneur, arr?ts et interdits pronon amende. Autrement dit, bien que la casuistique
c?s de fa?on solennelle b?n?ficiaient d'une qu'exerce l'opinion publique et celle dont se
telle publicit? que l'axiome de notre droit (nul r?clame l'assembl?e du village participent des
n'est cens? ignorer la loi), absurde dans la si m?mes schemes de Vethos de l'honneur, la pre
tuation de l'homme moderne, correspondait en mi?re s'engendre spontan?ment, sans frein et
Kabylie ? un ?tat de fait. C'est dire que cette en prenant en compte le passif et l'actif des
objectivation une partie des sanc
d'au moins deux parties, alors que la seconde doit statuer
tions du code de l'honneur dans un corpus de uniquement sur la nature exacte du d?lit et
- sur ses circonstances,
dispositions l?gales fix? par l'?crit ou dans la excluant toute autre
m?moire - est consid?ration.
des sages indispensable ? l'as
sembl?e du village pour lui permettre de sta La ma?trise de la langue fran?aise par les
tuer sans contestation possible sur certaines Kabyles, ? la faveur d'une scolarisation relati
des affaires qui lui sont soumises. Alors
qu'? vement privil?gi?e et tr?s pr?coce dans cette
l'inverse, la casuistique ? laquelle se livre r?gion, bouleversacompl?tement la situation
l'opinion publique en s'emparant des affaires des q?n?n-s. Ainsi, d?s le d?but du XXe si?cle,
d'honneur qui ?clatent dans les villages peut les assembl?es de village commencent ? trans
aboutir ? des positions contradictoires au re crire en langue fran?aise, sur des registres de
gard de la comptabilit? et des int?r?ts de cha commerce et autres livres de comptes, leurs
cun ? prendre parti. L'assembl?e villageoise ?r?glements? et leurs ?lois du village?.
De
doit n?cessairement prononcer une d?cision puis lors, la plupart des villages dans lesquels
unanime, faute de quoi elle risque d'imploser. nous avons enqu?t? dans le Massif central
Pour cela, elle est oblig?e de se r?f?rer ? une kabyle poss?dent de tels registres.
casuistique beaucoup plus rigide que celle que L'essentiel de nos sources sur les q?n?n-s du
d?cline spontan?ment l'opinion publique. Pour xrxe si?cle proviennent d'enqu?tes men?es ? l'ins
l'institution, le passif et l'actif des ?changes tigation d'officiers fran?ais qui administraient
d'honneur des parties ne sauraient ?tre pris en
compte. C'est pr?cis?ment pour parvenir ? 9. Pour une discussion de de ce par
l'usage concept
cette unanimit? que l'on produit les q?n?n-s Bourdieu [1972 et 1980], cf. A. Mah? [1994].
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la r?gion apr?s sa soumission. Les q?n?n-s codi d?crit un d?lit assorti d'une
amende alors que,
184
fi?s par ?crit pouvaient alors comprendre plus dans le second cas, c'est en jugeant une affaire
d'une centaine de dispositions. Chacune, formu que la tajmat prononce une sentence qui vien
l?e de fa?on t?l?graphique, tenait en deux ou dra allonger la liste du q?n?n. Et cela, la plu
trois courtes phrases10. En moyenne, un q?n?n part du temps (mais pas toujours), en se
comptait une cinquantaine de dispositions. De limitant ? d?crire le d?lit sans rappeler la r?gle
nos jours, et dans les limites de ce qu'il nous a ?t? qui le motive. Il s'agit donc, dans le premier
possible d'observer, il est rare que les q?n?n-s cas, d'une casuistique anticip?e et, dans le se
consign?s dans les registres d?passent une tren cond, d'une sorte de jurisprudence.
taine d'entr?es. Qu'il soit transcrit ou seulement L'argent procur? par les amendes alimente
fix? dans la m?moire du groupe, le q?n?n d'un la caisse du village g?r?e au b?n?fice de la col
village se pr?sente comme un catalogue de dis lectivit?, sous le contr?le de son assembl?e. La
positions l?gales, chacune assortie d'une amende justice est rendue
gratuitement, im et il nous
correspondant ? sa transgression. Aucune orga porte de souligner qu'? l'inverse de ce qui est
nisation ne distribue les sentences en fonction de attest? dans les autres r?gions berb?rophones
cat?gories juridiques. Toutes
les prescriptions o? fonctionnent des institutions comparables,
apparaissent sur un m?me plan, alors que lama ni le pr?sident de l'assembl?e ni aucune autorit?
ti?re juridique va de l'agression physique, du
vol, du statut personnel (mariage, r?pudiation, 10. Il va de soi que tant les q?n?n-s transcrits spontan?
etc.), de l'ordre public au comportement civique ment par les en arabe que ceux qu'ils
Kabyles langue
attendu des citoyens. Dans renonciation orale transmirent ? leur demande aux officiers qui les adminis
des q?n?n-s, l'ordre respect?, quand il y en a un, traient repr?sentaient des tentatives de syst?matisation,
semble plus motiv? par des consid?rations mn? sorte d'exercices de d?clinaison de cette ?grammaire
invisible? dont nous haut. Il n'emp?che
que par une logique juridique.
parlions plus
motechniques
qu'au XIXe si?cle comme aujourd'hui, lorsque les dispo
Les questions de la nature juridique et de la
sitions ne sont pas consign?es par ?crit, compte tenu de ce
formation des q?n?n-s sont tr?s controvers?es. la statuent sur des cas d?lictuels observ?s
que plupart (et
Pour certains auteurs, leur ?laboration est pu pour emp?cher que ceux-ci ne se renouvellent), les villa
rement contractuelle et conventionnelle ; pour geois m?morisent pr?cis?ment le libell? du q?n?n et, bien
et contractuelles, les autres dans le paradoxe existe entre les modalit?s formelle
conventionnelles qui
ment conventionnelles et contractuelles selon lesquelles les
s'?tablissant progressivement, ? la faveur des
assembl?es de village publient des d?cisions et ?noncent
les
jugements prononc?s par l'assembl?e du vil les motivent et le fait que la plupart de ces r?gles
r?gles qui
lage. Dans le premier cas, en anticipant, la de toute fa?on ? des traditions
appartiennent juridiques
tajmat ?nonce une r?gle ou, plus souvent, s?culaires implicites.
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LESASSEMBL?ES
VILLAGEOISES CONTEMPORAINE
DANSLAKABYLIE
judiciaire ext?rieure ne pr?l?vent de quote-part pose ? la p?nalit? promue par la tajmat sans 185
sur les amendes per?ues. Cette caract?ristique pr?judice des amendes qu'encourent l'agres
est, selon nous, essentielle pour comprendre la seur et la victime Par surcro?t, au
vindicative.
singularit? de la Kabylie dans le monde ber del? des d?lits dont la r?pression est du ressort
b?re. En effet, la v?nalit? proverbiale des ins exclusif de la tajmat et de ceux sur lesquels
tances judiciaires du Maghreb rural pr?colonial s'exerce la justice priv?e des lignages, il existe
renvoie directement ? la situation politique des encore une cat?gorie de crimes qui, jusqu'? la
judiciaires ont ?t? plus ou moins d?voy?es de du code de l'honneur gentilice. Ainsi de la plu
leur vocation initiale de service gratuit et part des homicides et injures ? l'honneur des
d?sint?ress?. La direction des assembl?es, au particuliers.
lieu d'?tre une fonction gratuite prestigieuse
De la p?rennit? des institutions muni
(et souvent ruineuse) pour celui qui l'occupait,
? traditionnelles ?
est devenue une charge lucrative impopulaire, cipales
accapar?e par des notables locaux servant de Selon une expression consacr?e, l'accession ?
relais politique ? l'?tat. Ainsi, alors
qu'au l'ind?pendance permet aux Alg?riens de re
Maroc et jusque dans les r?gions traditionnel couvrer l'honneur national. Mais cela n'affecte
lement consid?r?es comme dissidentes (bled gu?re les valeurs de l'honneur gentilice ni le
es-siba) les amendes pr?lev?es par les assem syst?me vindicatoire et, sous le rapport de la
bl?es remplissaient, dans des proportions va criminalit? et de la justice p?nale, l'?tat alg?
riables, la caisse du pr?sident et celle du rien reproduit exactement le m?me type d'ad
village, nous n'avons jamais rencontr? de si ministration judiciaire que l'?tat colonial. Rien
tuation semblable en Kabylie12.
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syst?me communal comparable dans la forme ? Aussi, pour les assembl?es villageoises qui
celui en vigueur en France. Cependant, faute de continuent ? prendre en charge la vie muni
cadres administratifs comp?tents, l'?tat alg? cipale, l'Alg?rie alg?rienne signifie, au pire,
rien r?duit de fa?on drastique le nombre de cir un retour ? la clandestinit?, au mieux, une
l'engagement civique des citoyens tient ? la traditions de leurs propres villages. Les nou
taille des circonscriptions. Celles-ci rassem velles ?quipes municipales, sans jamais recon
blent une ou deux dizaines de villages qui, en na?tre les tajmat-s ou envisager de sanctionner
Grande Kabylie, poss?dent la plupart du temps l?galement leur existence, sont bien oblig?es
leurs propres organisations ?municipales? tra de composer avec leurs repr?sentants. Par
ditionnelles. Pour cette raison les citoyens ont ailleurs, les programmes de d?veloppement et
beaucoup de mal ? s'identifier ? leur commune. de viabilit? dans les communaut?s villageoises
Des ph?nom?nes de client?lisme, de favori (adduction d'eau, electrification, etc.) pr?vus
tisme et de corruption compromettent ?gale dans les plans et les budgets municipaux se
ment la cr?dibilit? d'institutions accapar?es par voient largement compromis par l'incurie des
des militants FLN qui composent leur conseil fonctionnaires locaux ainsi que par le favori
syst?me d'administration locale avait pu, ? plu aspirations et aux attentes qu'a fait na?tre chez
sieurs reprises, une politique
concevoir prag leurs administr?s le combat pour la lutte de
matique qui tenait compte des traditions14, lib?ration nationale et l'accession ? l'ind?pen
autant l'Alg?rie ind?pendante fait preuve d'un dance. Si bien que les tajmat-s continuent,
volontarisme ? tout crin dans l'instauration comme par le pass?, ? assumer une grande
d'un ordre nouveau. Les discours et les projets
modernistes de l'?tat ind?pendant (i.e. la
13. En fait, ? cause de la guerre, le syst?me communal de
construction du socialisme) condamnent sans
1958 n'a r?ellement ?t? mis en uvre.
jamais
appel ces traditions stigmatis?es comme des
?survivances?. sont, en outre, disquali
Elles 14. Sur les diff?rents volets de la politique d'adminis
fi?es pour avoir expos? l'Alg?rie ? la colonisa tration locale en Kabylie, voir A. Mah? [1994 :650-687].
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VILLAGEOISES
LESASSEMBL?ES CONTEMPORAINE
partie des besoins des villageois. Saisissant vers lequel il s'est exprim?. Mais l'av?nement 187
l'occasion de se d?charger de leurs responsa d'un v?ritable mouvement social berb?riste date
bilit?s sur les organismes traditionnels, les de la fin des ann?es soixante-dix.
L'explosion
?quipes municipales coop?rent avec les repr? du ?printemps berb?re?de 1980, anim? par les
sentants des tajmat-s. Les principales attentes enseignants, les ?tudiants et les lyc?ens, amorce
des administr?s concernant l'?quipement en un processus de contestation ?culturelle?, au
viabilit?s de leurs villages, et les mat?riaux sein de comit?s et d'associations informelles,
n?cessaires ? ces r?alisations atteignant des qui ne se concr?tisera et ne sera reconnu qu'? la
prix prohibitifs dans les r?seaux de distribu faveur du nouveau r?gime associatif de 1989,
tion priv?e, l'essentiel de cette collaboration gagn? de haute lutte apr?s une dizaine d'ann?es
consiste, pour les municipalit?s, ? d?livrer des d'action militante, au lendemain des manifesta
?bons officiels? permettant aux
tajmat-s tions sanglantes d'octobre 1988.
d'acqu?rir les mat?riaux au ?prix de la taxe? Jusqu'en 1989, lemonolithisme de la vie po
(prix du march? public, de cinq ? huit fois litique alg?rienne et la r?pression qui s'exerce
moins ?lev? que le march? libre). ? charge sur le mouvement culturel maintiennent l'ex
pour les secondes de r?aliser les travaux. Ce pression berb?re dans la clandestinit?. Tout se
Les effectu?s en 1971 et en lisation des projets d'int?r?t public d?cid?s par l'assem
am?nagements
bl?e villageoise. Depuis la g?n?ralisation des codifications
1974 n'augmentent que l?g?rement le nombre
des q?n?n-s en langue fran?aise, il est significatif que les
des communes. Il faudra attendre la refonte to
villageois n'aient pas retenu le terme de corv?e par lequel
tale du syst?me en 1984 (toujours en vigueur) la litt?rature coloniale l'institution, mais celui de
d?signait
pour se rapprocher du d?coupage op?r? en volontariat.
Le mouvement culturel berb?re et la tives d'instituer en Alg?rie l'espace de libert? auquel tous
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188 c'est-?-dire dans leurs villages. De fait, ? partir sion ? l'ind?pendance, le volontarisme et le
du printemps 1980, les jeunes du mouvement modernisme de l'?tat alg?rien lui ont fait m?
culturel, qui avaient prouv? ? leurs a?n?s leur ca priser les institutions communautaires pourtant
pacit? de mobilisation et leur maturit? politique, susceptibles d'inspirer le r?formateur. Mais en
se mettent ? r?investir leurs villages et ? bouscu r?alit?, pass?e l'?re Boumediene, l'administra
ler les plus ?g?s qui monopolisent depuis tou tion alg?rienne, dans la gestion pragmatique
jours les fonctions d'encadrement et de direction des collectivit?s locales, est bien oblig?e de
au sein de la tajmat. Des conflits surviennent. tenir compte de la p?rennit? de la tajmat, d'au
Dans un village o? nous avons enqu?t?, c?dant ? tant que les instances officielles, pour les nom
la pression des jeunes, les plus ?g?s se d?mirent breuses raisons que nous avons ?num?r?es, se
de leurs fonctions, d?fiant les contestataires de sont av?r?es incapables d'assumer les revendi
g?rer les affaires. Et ce, bien entendu, en multi cations des villageois. Aussi, progressivement,
pliant les blocages et en g?nant l'action de leurs les assembl?es sont-elles pass?es de la stricte
successeurs. ?Tr?s rapidement on s'aper?ut ? une
clandestinit? existence plus ou moins
qu'on ne pouvait pas se passer des vieux?, nous officieuse. Sans avoir la moindre reconnais
confia un des ? ? sance
conjur?s qui avait quand m?me l?gale (le r?gime associatif alg?rien de
la quarantaine. En effet, seuls les anciens l'?poque rendait la chose quasiment impos
connaissaient parfaitement toutes les ficelles et sible), les tajmat-s b?n?ficient de
cependant
disposaient du savoir indispensable pour r? quelques faveurs de l'administration. Ce qui
soudre les probl?mes. Ainsi de la question cru est notamment le cas lorsqu'elles se proposent
ciale des limites du village et des parcelles de de r?aliser les viabilit?s
du village que, par in
terrain, source de tant de conflits (bornes d?pla comp?tence ou d?tournement de budget, les
c?es, empi?tements, etc.). Finalement, ? force de instances auxquelles ce travail incombait n'ont
diplomatie et devant l'enthousiasme et l'esprit pas entreprises. Dans ces circonstances et afin
d'abn?gation des jeunes, les anciens sembl?rent de se procurer les mat?riaux requis, les repr?
se satisfaire du r?le de ?consultants? que ces sentants de la tajmat obtiennent des adminis
derniers leur attribuaient. trations locales des bons d'achat sur le march?
Ce mouvement se g?n?ralise si vite qu'en subventionn?, ce qui illustre bien la reconnais
1987, sur les cinq villages du Massif central ka sance de facto dont jouit alors l'assembl?e
byle o? nous enqu?tions, les tajmat-s ont toutes villageoise.
vu (entre 1983 et 1986) se renouveler et rajeu Toutefois il existe de nombreux autres in
nir l'ensemble de leurs d?l?gu?s. Alors que dices de reconnaissance, bien plus explicites.
l'?ge moyen ?tait d'environ 55 ans, il est d?sor Nous nous en sommes avis?s lors d'entretiens
mais de pr?s de 40 ! avec des villageois. En voici un exemple :dans
Le fait que la jeunesse de Kabylie redyna un village, la tajmat avait r?alis? sur ses
mise la tajmat attire rapidement l'attention de propres fonds le raccordement ? des canalisa
l'administration alg?rienne. Nous avons souli tions d'eau desservant un village voisin. Il avait
gn? pr?c?demment comment, lors de l'acc?s ?t? d?cid? qu'en dehors de l'acc?s aux robinets
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VILLAGEOISES
LESASSEMBL?ES CONTEMPORAINE
DANSLAKABYLIE
La tiwizi de nos jours 18. Car, dans cette soci?t? aux traditions d'?migration
La r?alisation d'art tels un pont ou s?culaires, l'absence n'est pas une cause d'exemption des
d'ouvrages
devoirs civiques. Aussi, et ? condition ?videmment qu'ils
des fontaines aliment?es en eau de source re
ne soient d?tach?s de leur village et
pas compl?tement
quiert des comp?tences techniques pouss?es. continuent d'y s?journer, ne serait-ce que lors de leurs
On recrute l'ouvrier sp?cialis? sur les fonds du vacances annuelles, les immigr?s en France envoient
village. Dans les cas, plus fr?quents, de travaux leurs cotisations habituelles ? la tajmat et versent, la
Aujourd'hui les tiwizi-s sont bien ternes et cha voire de Bou Saada.
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190 dans une r?gion rurale et peu rompue aux r?gles d'int?gration d'une culture politique moderne
d'une ?conomie moderne. pourrait-on trouver que ce mode de fonctionne
Voici maintenant un indice de l'?volution du ment qui permet ? des assembl?es de g?rer
civisme s?cr?t? par la tajmat et dont les implica l'existence d'une minorit? d'opposants !Ces or
tions sont plus directement politiques. Il y a, en ganisations, en effet, n'ont pu uvrer durant des
Kabylie, des groupes statutairement distincts de si?cles que gr?ce ? un strict unanimisme garant
ceux qu'on appelle les ?simples
Kabyles? : ce de l'int?grit? et de la coh?sion du village, sans
sont les marabouts. Beaucoup se r?partissent cesse menac?es par les int?r?ts ?priv?s? des
entre les communaut?s villageoises, mais des fa lignages qui s'opposaient, dans le cadre d'un
milles enti?res sont aussi install?es dans des vil syst?me vindicatoire et d'un code de l'honneur,
lages de la?cs. Traditionnellement, ces familles aux exigences meurtri?res.
jouissaient de franchises particuli?res comme Dans les zones de Kabylie les moins bien
l'exemption de la tiwizi- Certaines, issues d'an loties (ainsi de la cha?ne c?ti?re de Grande
c?tres v?n?r?s, arrivaient m?me ? profiter des Kabylie et d'un large espace de la Petite Kaby
tiwizi-s pour faire cultiver leurs champs par les lie), les assembl?es de village se r?duisent le
villageois. Si ce dernier privil?ge n'a pas r?sist? plus souvent ? un ar?opage de g?rontocrates
? la ? d?paysannisation ? de la soci?t?
kabyle20 incapables de prendre en charge les besoins de
et, de fa?on plus g?n?rale jusqu'? ces derni?res leurs collectivit?s. ? l'inverse, dans de nom
ann?es, ? la s?cularisation des repr?sentations, breux villages du Massif central kabyle, la
les membres des familles maraboutiques les plus tajmat poss?de de nos jours une personnalit?
prestigieuses sont encore souvent dispens?s des morale d?ment enregistr?e comme association,
corv?es collectives. Or, depuis une d?cennie, ? la un compte en banque et pourvoit ? l'essentiel
faveur d'une acc?l?ration de l'?volution des des besoins en viabilit? du village.
tajmat-s, cet ultime avantage s'estompe et les Traditionnellement, l'un des multiples r?les
plus jeunes marabouts rel?vent leurs manches ou, des assembl?es villageoises ?tait de garantir
plus volontiers, sortent leur bourse pour participer l'int?grit? morale et les bonnes m urs des ha
aux tiwizi-s. Tant et si bien que seuls les ma bitants en sanctionnant les ?carts de conduite ?
rabouts qui continuent d'exercer leur magist?re l'aide des listes d'amendes tarif?es (q?n?n-s).
spirituel dans les villages kabyles (c'est-?-dire le Lors de nosenqu?tes aupr?s des assembl?es
culte et l'enseignement coranique) b?n?ficient les plus dynamiques nous avons pu observer
encore de l'exemption des corv?es. un net fl?chissement de ce rigorisme.
Dans le village o? l'organisation nous est
Traditionalisme par exc?s de modernit? comme la plus et la plus
apparue dynamique
ou modernisme par exc?s de tradition ?
Il est des tajmat-s qui, au terme d'une ?volution
20. Sur cette ? ? nous aux
d?paysannisation renvoyons
encore plus radicale dans leur prise de d?cision, ?tudes de sociologie rurale de Bourdieu et
remarquables
ont d?laiss? le principe unanimiste pour adopter d'Abdelmalek Sayad {Travail et travailleurs en Alg?rie,
le principe majoritaire. Quelle meilleure preuve et Alg?rie 60).
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l'assembl?e a opt? pour une que ? la famille du mari? (l'?poux) doit acheter
r?glementation
ou payer ?. Et la conclusion de r?affirmer :
drastique des d?penses somptuaires ? l'occasion
des mariages. Or, non seulement le libell? du
Outre la convivialit?, tous les autres frais sont
q?n?n trahit une culture politique des plus mo
supprim?s.
dernes en ?non?ant explicitement les cinq ? at Tout se d?roulera ? compter du
mariage qui
tendus? qui ont motiv? ?la limitation au strict 17/08/1990 ne peut sous aucun pr?texte d?passer les
minimum de mariage?,
des frais mais les normes cit?es.
membres du comit? restreint du village sont Le comit? de village de Tamkadbut invite par cet avis
tous les comit?s de villages ? s'inspirer de ce pr?sent
all?s jusqu'? faire publier dans le journal local
r?glement et ? l'appliquer enti?rement s'il convient ?
de Tizi Ouzou21 leur r?forme somptuaire ?
leurs aspirations.
l'adresse des habitants des autres villages de la
tribu. Bien que cela soit le seul exemple du Il semblerait que le pros?lytisme en mati?re
genre, le texte en question m?rite d'?tre cit? : de rigorisme moral et social se soit g?n?ralis?
- Ait Maalem-CNE
Comit? de village de Tamkadbut
d'A?t Bouaddou 21. L'hebdomadaire Le Pays, n? 49, du 11 au 17 avril
Avis ? Vintention de la population et des comit?s de 1992 (p. 7). Le texte illustrait un article de deux pages au
du douar d'A?t Bouaddou titre prometteur : ?La tradition porteuse d'avenir?.
villages
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192
en Kabylie gr?ce, notamment, ? la collabora domicile de son mari)
est ?galement fix? ? un
tion entre la jeunesse militante et la g?n?ration maximum de ?deux
(02) voitures l?g?res et
des anciens. Dans tous les cas observ?s de d'une (01) camionnette?. En revanche, en ce
concertation entre
les tajmat-s de villages, les concerne le ? pour ramener la ma
qui cort?ge
mesures envisag?es visent la r?glementation ri?e?, ?le nombre de personnes est illimit?
des d?penses somptuaires. C'est ? ce titre que mais [ils] ne prendront pas de repas. ? En outre,
nous avons pu rep?rer pour la premi?re fois les femmes sont ? ? exclure ? de ce cort?ge, les
la r?activation des assembl?es tribales. Le hauts-parleurs et les boissons alcooliques sont
ufs apport?s par lamari?e). Puis est d?taill?e des bijoux en or rapport?e des grandes villes alg?riennes
s'en cette disposition conservatrice et, bien
la quantit? d'aliments destin?s aux agapes, que prenait
s?r, aux strat?gies de distinctions sociales que trahissait
pour le repas offert par le p?re de la mari?e,
l'exhibition de bijoux en or.
puis pour ceux offerts par le p?re du mari.
Enfin, le nombre de v?hicules formant le cor 24. La graphie des termes tels qu'ils apparaissent dans
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l'ensemble du Massif central kabyle. Toute mitent une sph?re priv?e au sein de laquelle 193
fois des cas similaires ont pu se produire. Mais elles s'interdisent de sanctionner les comporte
ils restent assez exceptionnels25. En tout ?tat ments individuels.
de cause, l'assembl?e tribale,
qui r?unit tous La sacralit? (herma) de l'espace du village a
les repr?sentants des tajmat-s des villages re ?t? peu affect?e par les ?volutions multidimen
levant de la tribu, nous para?t illustrer de fa?on sionnelles qu'a connues la tajmat. La raison en
exemplaire quelques-uns des aspects de l'?vo est que cet aspect est inh?rent au ?civisme?
lution r?cente des activit?s politiques tradi que l'institution est capable de susciter. Ainsi,
tionnelles en Kabylie. ? savoir le caract?re bien que nous ayons pu rep?rer des change
concomitant de la promotion d'id?aux ci ments consid?rables dans les dispositions prises
viques et de justice sociale et d'un rigorisme par les assembl?es pour garantir la herma du
moral qui, bien qu'ancr? dans des valeurs pro village, c'est-?-dire globalement une moins
fanes, n'est pas exclusif de r?f?rence ? l'islam. grande rigueur en mati?re de m urs (voire le
En effet, si l'assembl?e abolit d'un c?t? l'or renoncement ? intervenir dans ce type d'af
ganisation de festivit?s publiques ? l'occasion faires), la sacralit? m?me du village persiste.
du retour des p?lerins26, elle r?affirme la n? Alors qu'une partie essentielle des trans
cessit? de sceller la c?r?monie du mariage pro gressions sanctionn?es ?tait constitu?e, dans le
prement dite dans l'enceinte d'une mosqu?e, pass?, par les atteintes ? la herma des particu
ce qui nous apprend d'ailleurs que tel n'?tait liers, de plus en plus, par l'effet d'une privati
pas toujours le cas. sation des unit?s domestiques dans les villages,
Au-del? del'aspect drastique des mesures la tajmat abandonne aux individus - en fait aux
-
somptuaires, deux lignes du texte laissent aux chefs de famille le soin de g?rer leur propre
particuliers et parents toute latitude pour orga ?capital honneur?. Lorsque le syst?me vindi
niser des c?r?monies : ?Une (01) lahna sym catoire jouait ? plein et n'?tait pas encore brid?
bolique est toujours tol?r?e entre amis, voisins par un syst?me judiciaire ?tatique, la tajmat,
et parents ? Elles confirment de ma soucieuse d'instaurer son ordre public, n'avait
?loign?s.
ni?re explicite la distinction entre un espace de cesse de se substituer aux lignages dans la
public sur lequel l'assembl?e l?gif?re et un r?solution des conflits qui les opposaient. De
espace priv? sur lequel elle n'intervient pas.
Les dispositions des assembl?es villageoises 25. On observe que, comme par le pass?, le domaine d'in
de Kabylie t?moignent d'un raidissement du tervention de l'assembl?e tribale se limite ? des mati?res
rigorisme moral en phase avec ?l'?thique du qui ne concernent pas la pr?servation de l'int?grit? morale
si?cle? promue en Alg?rie par les mouvements et mat?rielle des villages, toutes questions qui ressortis
sent depuis toujours ? la seule comp?tence de l'assembl?e
islamistes. Cependant, ? la diff?rence du pro
du village.
gramme et des actions de ces derniers, non seu
lement ces mesures se rapportent clairement ? 26. La des tawsa-s rituels de dons)
pratique (?changes
une ?thique communautaire profane et sont as lors de la f?te c?l?brant le retour des p?lerins a ?t? intro
sum?es en tant que telles mais encore elles d?li duite dans les ann?es vingt [Maunier 1927].
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nos jours, du fait de la pacification des m urs mati?re d'associations politiques, le jeu natio
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et ?tant donn? que sa souverainet? n'est plus nal d?tourne des affaires municipales une par
menac?e par le syst?me vindicatoire, la tajmat tie des jeunes qui s'investissent d?sormais dans
peut se permettre d'abandonner aux lignages le le militantisme. D'autres, au contraire, profi
r?glement des conflits priv?s. tent de l'occasion pour cr?er dans leur village
Toutefois, le domaine sui generis de l'hon une association culturelle locale (en 1989 nous
neur du village, lui, demeure. La d?fense de la en avons d?nombr? pr?s de 300). Tout en gar
herma du village s'exerce toujours avec une dant leur r?le dans la tajmat, ils se m?nagent
extr?me vigueur, tant lors d'une transgression ainsi une fen?tre sur l'ext?rieur et organisent
de son domaine ?id?al?, c'est-?-dire surtout si des activit?s culturelles (maison des jeunes, pe
des habitants divulguent ? l'ext?rieur des af tite biblioth?que, expositions sur la culture et
faires concernant le village,
que lors d'atteintes l'histoire berb?res, animation de troupes de
? son patrimoine, par exemple s'il y a d?grada th??tre, de chorales, etc.) qui les soustraient un
tion par des particuliers de biens propres au peu ? la monotonie villageoise. Cela leur per
village (mechmel)27. met ?galement de diffuser profond?ment dans
La situation de la tajmat vis-?-vis des admi les villages les revendications culturelles et,
nistrations locales en ?tait ? cette sorte de re partant, d'obtenir de la tajmat l'aide financi?re
connaissance inavou?e quand, au d?but de indispensable ? la poursuite de leurs activit?s.
l'ann?e 1988, le wali (pr?fet) de Tizi Ouzou, La lib?ralisation politique amorc?e au len
s'avisant de la redynamisation de l'institution demain des ?meutes d'octobre 1988 par le
dans le sillage du mouvement culturel
berb?re, gouvernement alg?rien aboutit ? plusieurs
vit l'opportunit? d'anticiper une ?volution fu consultations ?lectorales pluralistes (des mu
ture dont il ne fallait pas ?tre grand clerc pour nicipales en 1990 et des l?gislatives en 1991).
comprendre qu'elle risquait d'?chapper com On sait comment, ? l'?chelle nationale, le pre
entreprit-il, durant l'?t? 1988, une vaste tourn?e ?raz-de-mar?e islamiste? qui d?termina le
de consultation et d'information qui r?unissait, pouvoir ? interrompre la consultation ?lecto
da?ra (groupe de communes) par da?ra, les d? rale entre les deux tours afin d'emp?cher la
l?gu?s des tajmat-s des villages. Il entendit les formation d'une assembl?e nationale ? majo
r?criminations des villageois, re?ut leurs do rit? FIS. Or, en Grande Kabylie, les partis d?
l?ances et promit une prochaine consultation mocratiques remport?rent les ?lections (les
afin de ?r?gulariser les situations?. municipales et le premier tour des l?gislatives)
Les manifestations sanglantes d'octobre dans des proportions encore plus importantes
1988 ne lui en laiss?rent pas le temps. que les islamistes ? l'?chelle nationale.
Depuis l'interruption du processus d?mo
?pilogue cratique en 1991, l'Alg?rie a bascul? dans le
Au d?but de l'ann?e 1989, ? la faveur des nou
velles dispositions prises par l'?tat alg?rien en 27. Sur tous ces points, cf. les qanun-s pr?sent?s en annexe.
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chaos sous l'effet conjugu? du terrorisme et de pr?sident Abdelaziz Bouteflika semble avoir
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la lutte anti-terroriste. En Kabylie, l'opposi d?finitivement discr?dit? ce parti. Pourtant, si
tion acharn?e des deux partis qui se disputent le d?senchantement sans pr?c?dent qui par
- court et des mili
l'?lectorat le Front des forces socialistes les rangs des sympathisants
(FFS) de Hocine Ait Ahmed et le Rassemble tants des partis d?mocratiques a induit un
ment pour la culture et la d?mocratie (RCD) profond du politique,
reflux l'?lan associatif
- a issu du mouvement
de Said Sadi profond?ment affect? la vie culturel berb?re est encore
politique r?gionale et les activit?s municipales relativement fort (on compte actuellement
des villages. Lors du renouvellement des pr?s de 400 associations ?culturelles?). Nul
?quipes municipales, en octobre 1997, le FFS doute que l'ancrage de ces associations locales
a consolid? son avantage au d?triment du m?nage encore ? la culture politique villa
RCD [Mah? 2001]. De surcro?t, la participa geoise des capacit?s de red?ploiement dans la
tion du parti de Sa?d Sadi au gouvernement du vie publique et politique nationale.
R?f?rences bibliographiques
? ?
Basset, R. 1920, Essai sur la litt?rature des cultures 31 : 267-292. 1997, ?Pour une anthro
Berb?res. Alger, J. Carbonel.
? pologie historique des syst?mes juridiques des so
Bourdieu, P. 1972, Esquisse d'une th?orie de la ci?t?s arabo-berb?res. Autonomie, h?t?ronomie,
pratique. Pr?c?d?e de trois ?tudes d'ethnologie conflits de droits et pluralisme juridique : le cas de
?
kabyle. Paris et Gen?ve, Droz. 1980, Le sens pra la Kabylie du XIX? si?cle?, Bulletin de l'Institut de
?
Le sens commun. Paris, Minuit. recherche sur le Maghreb : 3-9.
tique. contemporain
?
Daumas (g?n?ral) et Fabar (capitaine) 1847, La 1998a (en coll. avec D. Cefai), ?Trois perspectives
Grande Kabylie. Etudes historiques. Paris, Hachette, de sociologie juridique :Mauss, Davy et Maunier?,
VIII. L'Ann?e sociologique : 209-228. ? 1998b, ?Vio
?
Favret, J. 1973, ?Traditionalisme par exc?s de lence et m?diation. Th?orie de la segmentarit? ou
modernit? ?, Archives europ?ennes de sociologie pratiques
? juridiques en Kabylie?, Gen?se 32 : 51
VIII: 71-93. 65. 1999, ?Guerre et paix dans la th?orie de la
?
Hanoteau, A. et A. Letourneux 1893 (1873), La segmentarit??, in Guerres civiles, ?conomies de la
Kabylie et les coutumes kabyles. Paris, Challamel. violence et formes de la civilit? dans le monde
3 vol. arabe. Paris/Beyrouth, Karthala :47-67. ? 2001,
?
Ma h?, A. 1993, ? La?cisme et sacralit? dans les Histoire de la Grande Kabylie XIXe-XX* si?cle.
q?n?n-s kabyles ?, Annales islamologiques 27 : Anthropologie historique du lien social dans les
?
137-156. 1994, Anthropologie historique de la communaut?s Paris, Bouch?ne.
? villageoises. ?
Grande Kabylie XIX*-XXe si?cle. Histoire du lien Maunier, R. 1927, Recherches sur les ?changes
social dans les communaut?s villageoises. Paris, rituels en Afrique du Nord?, L'ann?e sociologique,
?
EHESS. 3 vol. 1996, ?Les ?changes rituels de nouvelle s?rie II : 11 -97.
?
dons : de l'analyse de Ren? Maunier ? celle de Sainte Marie, A. 1976, ?Mechmels et biens com
Pierre Bourdieu en passant par celle de Marcel munaux dans la Kabylie du Djurdjura ? la fin du XIXe
Mauss et celle de Claude L?vi-Strauss ?, Droit et si?cle ?, LesCahiers de Tunisie XXIV : 119-147.
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196 Annexe
N.d.a. : la mise en page, la syntaxe et l'orthographe des documents ont ?t? scrupuleusement respect?s.
Le texte qui suit est le seul document de ce type dont nous avons eu connaissance. Il s'agit d'un ensemble de me
sures somptuaires, relatives ? la c?l?bration des mariages, des circoncisions, etc., prises ? l'?chelle d'une tribu Carsh)
regroupant une cinquantaine de villages. Il ne s'agit donc pas d'un q?n?n mais plut?t d'une sorte de trait?. Car si tous
les repr?sentants des comit?s de villages formant la tribu se sont entendus sur l'opportunit? de prendre des mesures
d'ordre village se r?serve la poursuite de ceux qui transgresseront les r?gles adopt?es. De fait, et ?
juridique, chaque
l'inverse des q?n?n-s de villages, les dispositions prises par l'assembl?e tribale ne sont assorties d'aucune sanction ni
amende.
m?faits que peut faire un ?tre sous l'effet de l'alcool!?) pour, dans la phrase suivante, invoquer la caution de l'islam
Ce document est ?galement un t?moignage remarquable de la p?rennisation de la tribu comme espace de socialite
Nous avons reproduit le texte original ron?otyp? (mais peu lisible) r?parti sur huit feuillets.
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VILLAGEOISES
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.../...
L'An 1987 et cinq du mois d'octobre sur invitation, la population du AARCH NATH-JENNAD avait d?l?gu? des
? un rassemblement au lieu Saint SIDI-DJAFFAR sis AGHRIBS afin d'?tudier un
repr?sentants pour chaque village
concernant une r?duction des ? Normes et M?thodes ? des suivants :
projet de propositions d?penses points
-
Mariages
-
Visites familiales pour d'heureuses circonstances (LEHNAOUIS),
- en cas de d?c?s.
L'immolation
Un (01) exemplaire de la plate forme de propositions a ?t? remis ? chaque afin qu'il soit ?tudi? dans un
repr?sentant
rassemblement au sein de chaque village.
Ceci dit, et d'un commun accord un deuxi?me rassemblement aura lieu le 05.11.1987 au lieu Saint SIDI-MANSOUR
village apport?rent leurs v ux, qui par trois secr?taires sont not?s.
P.S. : 1) Les du culte, ainsi que les d?l?gu?s des comit?s de villages satisfaits du r?sultat obtenu assu
personnalit?s
rent la population du AARCH ATH-JENNAD de veiller ? la bonne marche et ? l'application stricte de ce qui a ?t? d?
cid? et approuv?, ce jour le 05.11.1987 au lieu Saint SIDI-MANSOUR.
2) Et font que l'alcoolisme est n?faste pour la sant?, pour la bourse de l'individu. les
appel ? la population Jugez
m?faits que peut faire un ?tre sous l'effet de l'alcool !
C'est pour cela que l'islam l'interdit et le renie. De m?me que le respect du je?ne durant le mois de Ramadan doit
?tre observ?.
En conclusion prot?geons nos m urs et coutumes et v?n?rons l'islam qui est notre religion.
Salutations fraternelles
.J...
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198 I.MARIAGE
A) La mari?e :
a) Dot (THOUTCHITH)
- La somme maximale est de 2.000 DA
(de 50 ? 2.000 DA)
- cas de divorce,
En elle ne sera pas restitu?e.
b) Literie
-
La mari?e ne peut prendre avec elle que :
1) Boucles d'oreilles
2) Collier
3) Bracelets
4) Broche
d) THACHOULIT (g?teaux et ufs de lamari?e)
-
Deux (02) caisses de m?langes entre ufs et g?teaux
-
Une (01) destin?e au mari?
-
Une (01) destin?e ? la future belle-m?re
e) Repas offert par le p?re de la mari?e
-
1 D?ner
- = Couscous
Menu
B) Le mari?
a) Viande
-
Un choix entre 03 moutons ou un veau
* :
Choix de moutons
1 pour la mari?e
2 pour le mari? + 30 KG de viande en cas d'insuffisance.
* :
Choix du veau
1/4 ou 1/2 pour la mari?e selon l'entente des deux parties
b) Thasmerth
-
Viande (voir ci-dessus -A-)
- :50 ? 100 kg (selon
Semoule l'entente)
-
5 litres d'huile de table
-
5 litres d'huile d'olives
-
2 kg de sel
-
1 valise contenant les effets de la mari?e
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c) Cort?ge 199
-
1)Le jour de THASMERTH
Un maximum de :
-
Deux (02) voitures l?g?res
-
Une (01) camionnette
- ? un repas
Dix (10) personnes qui seront convi?es
- ramener la mari?e
2) Cort?ge pour
- ne prendront
Le nombre de personnes est illimit? mais pas de repas.
-
Femmes ? exclure
d) Repas offert par le mari?
- ou 1 d?ner
1 d?jeuner
- au choix
Menu
.../...
e) Au cas o? deux vivants sous un m?me toit se marient le m?me jour. La quantit? de viande selon
IIILEHNAOUIS
a) Mariages
Contenu maximum de la part du fr?re ou de la s ur :
- 1 robe
-
50 ufs
- 10 kg de semoule
-100 ufs
- ou 3 kg de viande
03 Poulets rouge
- sous diff?rentes
15 kg de Semoule (? pr?parer formes).
J,
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d) Toutefois, une (01) LAHNA symbolique est toujours tol?r?e entre amis, voisins et parents ?loign?s.
e) Sont supprim?es LAHNAOUIS suivantes
- aux examens
R?ussite
-
Service national (sortants ou dispens?s)
-
Hadjis
-
Ach?vement de construction
-
Achat de quoi que ce soit
-
?migr? rentrant au pays
-Etc.. Etc..
IV : IMMOLATION
L'immolation et l'achat de viande et les diff?rents desserts sont strictement interdits, le jour du d?c?s ainsi que
le quaranti?me jour.
Toute personne qui enfreindra ce r?glement sera reni?e par la population du AARCH N'ATH
cat?goriquement
DJENNAD.
./...
AGHRIBS THIGHILT
CHEURFA TIMIZART
IGHIL-MAHNI BERBER
IAGACHENE ALMA BOUAMANE
BOUBEKEUR IGHERBIYENE
NADOR AIT BRAHAM
TABOUDOUCHT IBDACHE
HOUBELLI TAOUINT
TIOUIDIOUINE ATH MOUSSA
ISSOUMATHENE ATH OUAHAND
IHNOUCHENE ABIZAR
ADRAR IADJEMADH
AZRO BOUSHEL
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Le village dont nous le ?r?glement int?rieur? se situe dans le Haut Sebaou. Il fait partie d'une tribu qui
pr?sentons
comprend quatre fractions se projetant elles-m?mes en quatre villages dot?s chacun d'une mosqu?e et d'une assembl?e.
Nous avons masqu? le nom du village et des particuliers qui figurent dans ce q?n?n, ? la demande des membres du co
mit? qui nous ont laiss? photographier leur registre ? cette condition. Alors que les comit?s restreints de chaque village
de la tribu se r?unissent ponctuellement pour traiter d'un sujet commun, les assembl?es villageoises se r?unissent
chaque semaine. Celle du village dont il est question ici se tient le vendredi.
Comme dans tous les autres villages dans lesquels nous avons enqu?t?, le comit? restreint de ce village a consid?
en engageant
rablement rajeuni ces derniers temps, notamment des militants et sympathisants du mouvement culturel
berb?re. C'est en octobre 1989 que ces derniers ont fait leur entr?e et ont impuls? de nouvelles orientations.
En fait, les jeunes avaient commenc? ? se constituer en comit? entre 1978 et 1979. Ils avaient tellement critiqu? la
direction leurs a?n?s que ceux-ci
de les mirent en demeure de prendre en charge les destin?es du village. Sit?t dit sit?t
fait. N?anmoins les plus vieux leur ?mirent tellement de b?ton dans les roues ? que les plus jeunes se d?sist?rent apr?s
six mois d'exp?rience. Ce n'est qu'en octobre 1989 que ces m?mes jeunes (de dix ans plus vieux) revinrent aux affaires.
Mais cette fois ils le firent de fa?on concert?e avec les anciens, et sans conflit de g?n?rations. Ils sont ? l'origine de la
derni?re mouture du r?glement int?rieur du village. Par ailleurs leur plus grande r?alisation est la construction d'une
maison des jeunes (d'un co?t de 140 000 DA) sur une parcelle appartenant au village (i.e. un mechme?). Pour conten
ter tout le monde, ils ont ?galement entrepris la r?fection de la cave de la mosqu?e dans le but d'en faire le logement
du clerc qui assurera le culte.
Nous avons choisi d'utiliser les italiques pour indiquer une ?criture au crayon ? papier. De m?me, nous avons
fait ressortir en caract?res gras les passages les plus significatifs quant aux analyses et aux interpr?tations d?velop
p?es dans ce travail.
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LESASSEMBL?ES
VILLAGEOISES
DANSLAKABYLIE
CONTEMPORAINE
Pouvoir/Cessation
. .../...
R?UNION 16/06/78
TRAVAUX DU VILLAGE
Le travail et un devoir et obligatoire ? toute personne de 18 ans au moins.
Toute absence non excus?e est p?nalis?e ainsi que le retard.
-
Retard apr?s lecture de la liste 20,00
-
Absence 10,00 et 20,00 pour la journ?e de travail
-faire la liste apr?s les travaux le 28.11.80
ORDURES Toutes ordures jet?es hors des lieux cit?s par les notables, l'int?ress? sera p?nalis?
de 50, 00
VOL Tout acte de banditisme est puni :vol, mot d?plac? etc..
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ALAINMAH?
. .../...
. .../...
EAU de consomation. La fontaine est interdite aux filles de 12 ans. Chaque femme ne peut que remplir
un r?cipient ? la fois, sans dispute.
infraction est p?nalis?e : crie, gros mots etc.. 50,00 DA le 26.6.81
Chaque
NON-ASSISTANCE
Tout acte de non assistance ? un danger, feux etc..
P?nalisation 20,00
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LESASSEMBL?ES DANSLAKABYLIE
VILLAGEOISES CONTEMPORAINE
B?TES Les b?tes seront sur un terrain autre que leur propri?taire
qui prises 205
AMENDE 10,00
pour les poules 2,50
Le 14.7.78
FONTAINE Pour les femmes de respect l'homme poss?dant la cl?... 50,00 DA...
(suite) qui manqueraient
au -
Les jeux et r?unions sont interdits lieu dit ABROUN TAZEBOUZT
et la mosqu?e
au moins de 16 ans = DA
50,00
et plus de 16 ans = 100,00 DA
ENFANTS Suite, Il est interdit ? tout enfans de s'appuyer aux v?hicules ? Tifrist 5,00
. .../.
TERRAIN ARBRE
FONTAINE
OUTILLAGE :PIOCHE, MADRIER ETC..
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ALAINMAH?
Le 26-6-80
206
CAS DE DIFFICULT?S ENTRE CITOYENS
Le 28.11.80 : Les chemins du village doivent ?tre sans surcharge de pierre et de bois
La marchandise d?pos?e ? Tifrist doit ?tre enlev?e dans le d?lai de 15
= ?tude.
jours 50,00 apr?s
FONTAINE Mosqu?e
L'utilisation des tuyaux est autoris? apr?s le maghreb et avant amende 50,00 DA
Journ?e du 28/07/89
R?union
.../.
-
6 pochettes de caf?
-
2 pochettes de th?
-
3 kg de carottes
-
2 kg de navet
-
2 kg d'oignon
-
3 kg de mandarine
-
10 baguettes
-
3 kg de choux fleurs
-
2 kg de tomates
-
3 kg d'oranges
- 1
bo?te gaufrette
-
3 kg de pomme de terre
-
2 bo?tes de biscuits
-
9 kg de viande
.../...
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LESASSEMBL?ES DANSLAKABYLIE
VILLAGEOISES CONTEMPORAINE
ART. ILDESSERTION
Tout citoyen abandonnant son poste de travail sans autorisation pr?alable sera soumis ? une amende de
50 DA pour cela un contre appel est n?cessaire pour chaque et n'importe heure.
ART. IV TAZEBOUDJT
Les regroupements de femmes ? Tazeboudj sont strictement interdit, toute d?faillance sera
sanctionn? d'une amende de 50, 00 DA.
7,
ART. III.ENTERREMENT
Toute la pr?sence des villageois est obligatoire au cimeti?re et ? l'enterrement. Absence sanctionn?e
de 50 DA.
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ALAINMAH?
MARCHANDS AMBULANTS
Les marchands ambulants sont autoris?s ? vendre ? la place de Tifrest, par cons?quent, il est interdit
de roder ? proximit? du pr?pos? sans raison d'achat, toute d?faillance entra?nera une sanction de 50 DA.
MESURE DE DISCIPLINE
Par mesure de discipline et de respect il est demand? aux villageois d'XXXXXX de ne jamais la
quitter
salle de rassemblement avant la Fatiha du cheikh, toutefois une personne d?sirant sortir pour un motif valable,
celle-ci doit demander l'autorisation du membre du comit? de sa famille, tout abus sera sanctionn? d'une
amende de 50,00DA.
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LESASSEMBL?ES DANSLAKABYLIE
VILLAGEOISES CONTEMPORAINE
Comme pour tous les autres villages enqu?tes, nous avons respect? l'engagement pris de ne divulguer ni son nom
ni celui des habitants mentionn?s dans le registre du village.
Ce village appartient ? la tribu des B?ni Koufi situ?e sur le versant nord de l'Arc du Djurdjura. Il comprend de
nombreux et abrite un ?tablissement ? traditionnel ?
lignages maraboutiques religieux qui accueille annuellement
entre 60 et 100 ?l?ves venant de toutes
les r?gions arabophones d'Alg?rie (notamment de la r?gion de Bou Saada).
Ces deux ?l?mentsexpliquent que que nous
le texte
pr?sentons a ?t? r?dig? en arabe classique en d?pit de l'impor
tance de la diffusion de la langue fran?aise dans le village. Toutefois le registre proprement dit, dans lequel sont consi
gn?s les proc?s-verbaux des r?unions et o? sont not?es les contributions financi?res des villageois et les amendes
per?ues, a ?t? r?dig?, lui, en langue fran?aise. Les membres du comit? qui m'ont laiss? le consulter ne m'ont pas au
toris? ? le photographier. N?anmoins et gr?ce au r?seau de connaissances que j'entretenais plus de dix ans dans
depuis
ce village, les membres du comit? restreint de l'assembl?e ont
accept? de se r?unir sp?cialement pour me recevoir
dans la salle de classe qui leur sert de lieu de r?union. C'est au cours de l'heure de discussion que nous e?mes en
semble (alternativement en kabyle, en arabe dialectal et en fran?ais) me remirent ?adminis
qu'ils plusieurs pi?ces
tratives ? dont celle suit.
qui
Ce document se pr?sente comme une circulaire administrative officielle. Pourtant il n'en est rien. En effet, bien que
le nom du comit? du village soit encadr? par ceux des circonscriptions administratives dans lesquelles il est inclus
village. De surcro?t, une des dispositions qu'il renferme est explicite sur ce point : ? Si quelqu'un, en dehors du comit?,
s'ing?re dans l'une des affaires du comit? au niveau de l'assembl?e populaire communale (A.P.C.), ? la Da?ra, ? laWi
Pour autant, depuis 1982, date ? laquelle ce texte a ?t? r?dig?, les choses ont consid?rablement ?volu?. D'une part,
gr?ce aux am?nagements apport?s au r?gime associatif alg?rien, de nombreux comit?s de villages ont pu se constituer
en associations (ce qu'a fait le comit? en question) ;d'autre part l'organisation d'?lections r?ellement d?
municipales
a permis aux communes de se doter d'?quipes
mocratiques cr?dibles et repr?sentatives. Autant de conditions qui ont
favoris? le dialogue entre les ?quipes municipales (ici celle de Boghni) et les comit?s villageois. De fait, les enqu?tes
que nous avons r?alis?es quelques mois apr?s l'?lection d'une nouvelle ?quipe municipale en 1989 confirment l'?vo
lution de la qualit? de la collaboration entre la municipalit? ?lue d?mocratiquement et les comit?s villageois.
Dans notre traduction de l'arabe, nous avons tenu compte du lexique fran?ais ou kabyle que les int?ress?s
utilisent pour d?signer les m?mes objets.
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ALAINMAH?
1982/8/6
R?publique alg?rienne d?mocratique et populaire
R?glement du comit?
2 - Les retards
Le retardataire d'une demi-heure ? la convocation pr?cise pour le d?but de la r?union paye une amende
de 15DA.
-
3 Absent?isme
Si un membre est absent sans excuse valable ou accept?e, il paye 15 DA d'amende la premi?re et la seconde fois. La
troisi?me fois, il est exclu d?finitivement et il est remplac? par un des notables de son quartier. Ceci est valable en ce qui
concerne les r?unions officielles qui ont lieu la premi?re semaine de chaque mois. Les excuses accept?es sont les f?tes
personnelles, de parents, d'amis ou de voisins (deuil, ou situation imp?rieuse qui r?clame la pr?sence de l'int?ress?).
-
Celui qui est oblig? de s'absenter doit en informer le comit? et lui demander la permission de s'absenter. Celui
qui est en retard trois fois, on le convoque. S'il ne se pr?sente pas ? deux convocations successives il doit payer une
amende de 500 DA. S'il ne s'ex?cute pas, alors, on le juge en assembl?e g?n?rale et tous d?cident du type de la peine
qu'il m?rite.
1.Dans la traduction de l'arabe vers le fran?ais nous avons tenu compte des mots que les villageois emploient en langue fran?aise du
fait que souvent le mot arabe utilis? est compl?tement flou. Ainsi nous avons traduit jama'y? par ?comit?? et non par ?association?.
Comme dans le document pr?c?dent, nous faisons ressortir en caract?res gras les passages les plus significatifs.
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LESASSEMBL?ES DANSLAKABYLIE
VILLAGEOISES CONTEMPORAINE
Remarque. En cas de r?union exceptionnelle il faut absolument convoquer les membres qui n'ont pas ?t? inform?s.
- 211
4 Le boycott de la r?union
Si un membre du comit? sort pendant une s?ance sans en avoir demand? l'autorisation, il doit payer 50 DA.
- concernant le comit? sauf s'il a ?t? convoqu? ou sauf s'il
Il est interdit ? quiconque d'assister ? la r?union s'agit
d'une assembl?e g?n?rale.
- sans en informer au pr?alable
Celui qui introduit un tiers dans une s?ance le comit? doit payer 25 DA.
5 - Si l'un des membres divulgue un secret (on entend ici par secret ce que tous consid?rent comme tel) et si les
preuves sont formelles, celui qui a divulgu? le secret doit payer une amende entre 500 DA et 5000 DA ou alors
il est exclu de l'ordre du comit?. (Cela d?pend de la gravit? de la trahison)
-
6 R?cusation
assiste ? une r?union du comit? et participe aux jugements rendus pour n'importe quelle affaire que ce
Quiconque
soit et ensuite, ?tre sorti de l'assembl?e, d?nonce le jugement ou met en cause certains membres du
apr?s
comit?, il doit payer une amende de 250 DA.
-
7 Demande d'intervention du comit?
Si un particulier ou un groupe sollicite l'intervention du comit? pour r?soudre un probl?me au village et que le de
mandeur s'absente le jour de l'intervention sans une excuse valable ou bien s'il change d'avis, il doit payer une amende
de 100DA.
-
8 Faux t?moignages
Si quelqu'un accuse l'un des membres du comit? et que cette accusation se r?v?le non fond?e et fausse, il doit une
amende de 50 DA.
-
9 L'ing?rence dans les affaires du comit?
(1) Si quelqu'un, en dehors du comit?, s'ing?re dans l'une des affaires du comit? au niveau de l'assembl?e
communale (A.P.C.), ? la Da?ra, ? laWilaya ou ailleurs, il doit payer une amende de 500 DA.
populaire
(2) Quiconque s'immisce dans un projet d'ouverture de route, de raccordement d'eau ou d'?lectricit?, pour l'ar
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